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Bernard Noël, L’Outrage aux mots, 1975, incipit

Question d’interprétation
En quoi ce texte est-il violent ?

Éléments de réponse

Un texte traduisant la violence du monde


Violence historique et violence d’une expérience personnelle - mémoire traumatique en « lambeau »
(Lançon)
Expression de la souffrance, du traumatisme – révolte :
Folie : « j’ai hurlé comme un fou »
Saisissement, horreur
Obsession – « quatorze ans »
Souvenir :
Vs. analyse – pathos complaisant rassurant pour le lecteur – distance – catharsis
Ecriture nocturne : nuit, silence, froid
insultes
Violence faite au lecteur

Un texte faisant lui-même violence au langage


« retourner sa langue contre elle-même »
Violence faite à la langue, aux mots, à la littérature – enjeu transcription d’un cri – « un cri mimé »,
silencieux.
Absence de narration : « que voudrais-je raconter ? »
Dislocation - vient de dis-locare et non dis-loquere – langage en loques, en creux – « le creux du cri »
« quelque chose a effacé les mots » - impossibilité de dire et de ne pas dire – expérience limite.
Signifié – signifiant – cri/silence – discours de la contradiction
Sensure – perte du sens rassurant – « nous vivons dans un monde bourgeois, le vocabulaire de
l’indignation est exclusivement moral »
Poésie : « le désespoir neigeait »


Question du langage et de la littérature :
« Il n’y a pas de langue pour dire cela » - Validité du langage, des mots – portée de la littérature :
Cf. Modiano
« à présent, j’ai peur de faire de la littérature ».
Cf. Adorno, écrire de la poésie après Auschwitz. : innocence perdue, naïveté coupable.
Dire l’innommable, le silence, le cri, le rien
Place du lecteur.
Observations et relevés - Éléments d’analyse

Début ex abrupto
Formulation en asyndètes – parataxe – phrases brèves, averbales – interrogations
Ecriture hachée, heurtée – tension, urgence – traits d’oralité : épanorthose (correction) : « qu’on va
violer, qu’on a violée »
Notes spontanées
Contradictions – paradoxes

Flux verbal, texte d’un bloc : monologue intérieur : logorrhée, débordement d’un trop plein de paroles,
écoulement sans frein : « Non » : dialogue avec soi-même.

Paroles directes sans ponctuation

Neutre, impersonnel, indéfini : « il y a » - « cela crie » - « quelque chose»


Cf. le ça freudien : pulsion – violence

Phénomènes d’échos, d’insistance : « j’écoutais » - « j’écoute »


Anaphores : « Des cris »

Jeu sur les sonorités rauques et stridentes : /r/ - /i/

Temps verbaux : passé – présent de l’énonciation – présent de narration

Dramatisation : contexte spatio-temporel flou – nuit – bruits – cris


Déictiques : « cette femme » - « ces cris »

Genre du texte : question générique

Texte expressif : lyrisme, première personne – profession de foi – prose poétique – écriture de la
brûlure intérieure (cf. expressions de la sensibilité).

Littérature de l’urgence, de la brûlure

Texte explicatif, argumentatif


Plaidoyer – réquisitoire
Paratexte, postface, un texte second, à propos du Château de Cêne : métalittérature – art poétique

Théâtre
Écriture didascalique :

Texte narratif
Récit fragmentaire, circulaire, se constituant, se révélant, par passages successifs : écriture du pli, du
retour - obsession

Brouillage des genres et des /du sens : texte obscur, énigmatique – allusif par nuits et éclairs
successifs – contraste

Écriture la douleur, de la folie

Rimbaud, Beckett, Blanchot, Artaud, Bacon, Munch, Eisenstein : l’escalier d’Odessa, Kafka, Modiano,
Perec, Baudelaire, Céline.

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