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com/science/article/pii/S1776981720300018
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© 2020 published by Elsevier. This manuscript is made available under the Elsevier user license
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Résumé
La réalisation d’une chirurgie gynécologique ou obstétricale est susceptible d’entraîner des
complications de survenue précoce ou tardive. L’imagerie possède une place de choix dans la
démarche diagnostique en cas de suspicion de complication post-opératoire. La modalité d’imagerie
(échographie, scanner, IRM) et son protocole doivent être orientés par le type de complication
suspectée.
L’objectif de cette mise au point est de décrire les complications les plus courantes susceptibles de
survenir après une chirurgie gynécologique ou obstétricale en se basant sur deux interventions
fréquentes : l’hystérectomie cœlioscopique et la césarienne.
Mots clefs : complications post-opératoires, gynécologie, obstétrique, hystérectomie, césarienne
Résumé
Performing gynecological or obstetric surgery is susceptible to lead to early or late complications.
Medical imaging plays a key role in the diagnostic approch in case of suspected post-operative
complication. The imaging modality and its protocol must be guided by the clinical hypothesis.
The aim of this article is to describe the most common complications that may occur after gynecological
or obstetric surgery, based on two frequent procedures: laparoscopic hysterectomy and cesarean
section.
Keywords: post-operative complications, gynecology, obstetrics, hysterectomy, caesarian
Pneumopéritoine
Le pneumopéritoine persiste moins longtemps en post-opératoire d’une cœlioscopie que dans les suites
d’une laparotomie du fait d’une absorption du dioxyde de carbone par le péritoine plus rapide que celle
du nitrogène (majoritairement présent dans l’air ambiant).
Un pneumopéritoine peut être visible en TDM jusqu’à 3 semaines après la chirurgie. Il n’a pas de valeur
péjorative en présence de lames ou de drains intra-abdominaux et en l’absence de collection ou
d’anomalie des feuillets péritonéaux.
En cas de doute sur le caractère pathologique d’un pneumopéritoine, un contrôle TDM peut être effectué
afin de s’assurer de l’absence de majoration de l’air intra-péritonéal (3).
Complications précoces
Lésions vasculaires, hémorragies et hématomes profonds
Une lésion vasculaire doit être suspectée devant la survenue d’une déglobulisation ou d’une instabilité
hémodynamique. La réalisation d’un TDM multiphasique permet la localisation du saignement actif sous
la forme d’une extravasation de produit de contraste s’étendant sur les différents temps d’acquisition,
guidant ainsi le geste thérapeutique (reprise chirurgicale ou embolisation).
Un hématome pelvien se présente en TDM sous la forme d’une masse spontanément hyperdense
(>40UH). En l’absence d’instabilité hémodynamique, de saignement actif ou de signe de surinfection,
une surveillance peut être suffisante.
Lésions digestives
La survenue d’une lésion digestive expose aux risques de perforation digestive, de péritonite, d’abcès,
de syndrome occlusif et de fistule.
La moitié des lésions digestives n’étant pas vues en per-opératoire,
elles doivent être suspectées devant l’apparition dans les 12 heures à 7 jours post-opératoires de
douleurs abdominales intenses ou de signes de sepsis (fièvre, tachycardie, syndrome inflammatoire
biologique).
En TDM, une perforation doit être suspectée devant la présence d’un iléus (normalement peu fréquent
après une cœlioscopie), une majoration ou un trop volumineux pneumopéritoine associé à des
collections intra-péritonéales, une solution de continuité ou un défaut de rehaussement focal de la paroi
digestive. En cas de péritonite, il peut exister un rehaussement des feuillets péritonéaux et l’apparition
ou la majoration d’un épanchement intra-péritonéal. En cas d’abcédation, le diagnostic est fait devant la
présence d’une collection hydro-aérique à proximité du tube digestif. Ces lésions atteignent le plus
souvent l’intestin grêle.
Lésions urinaires
Les lésions urinaires doivent être suspectées devant l’apparition de signes fonctionnels urinaires
notamment à type d’hématurie ou d’anurie. Le protocole TDM doit être multiphasique comportant au
moins un temps tardif urinaire ou une opacification vésicale rétrograde. En cas de plaie vésicale,
l’examen TDM peut mettre en évidence un caillot intra-vésical spontanément hyperdense, un urinome
péri-vésical et une fuite extra-vésicale de produit de contraste. En cas de lésion urétérale, il peut exister
un urinome péri-urétéral et rétro-péritonéal et une extravasation extra-urétérale de produit de contraste.
Afin d’éviter ce type de complication, le radiologue doit avertir le chirurgien d’une éventuelle
malformation anatomique urinaire pré-existante (uretère bifide notamment).
Les lésions urinaires évoluent vers une guérison spontanée après éventuelle cicatrisation dirigée par
une sonde JJ, ou vers des complications à type de sténose ou d’obstruction urétérale, d’abcès et de
fistules urétéro-vaginale ou vésico-vaginale (5).
Infections : abcès profond et pariétal
Un abcès intra-abdominal peut survenir secondairement à une surinfection d’hématome ou
secondairement à une lésion intestinale ou urinaire. Il doit être suspecté devant un sepsis ou un
éventuel écoulement anormal par les voies naturelles notamment par le vagin en cas de fistulisation au
moignon vaginal.
En TDM, un abcès se présente sous la forme d’une collection à paroi rehaussée, de contenu variable,
un contenu hydro-aérique signant une origine digestive.
Une surinfection de plaie pariétale peut également survenir, bien que moins fréquente en cœlioscopie
qu’en laparotomie. Le diagnostic est avant tout clinique devant un retard de cicatrisation et un
écoulement purulent par la cicatrice. L’imagerie TDM peut faire le diagnostic d’abcès de paroi et en
apprécier l’étendue.
Fistules
Une fistule correspond à une communication anormale entre un abcès ou un organe creux et la peau ou
un autre organe creux. Dans le cadre d’une hystérectomie, elle est le plus souvent secondaire à une
lésion digestive ou urinaire. Les types de fistule les plus courantes sont la fistule vésico-vaginale,
secondaire à une plaie de la paroi postérieure de la vessie et responsable d’un écoulement d’urines par
le vagin, et la fistule recto-vaginale secondaire à une plaie de la paroi antérieure du rectum et
responsable d’un écoulement fécaloïde par le vagin.
Les deux imageries clés sont la TDM et l’IRM.
En TDM, un temps tardif urinaire ou une opacification vésicale rétrograde mettront en évidence une
fistule vésico-vaginale avec un passage de produit de contraste dans le vagin (Figure 1). Une
opacification rectale pourra de la même manière mettre en évidence une fistule recto-vaginale.
En IRM, une fistule présente un contenu en hypersignal T2, des parois rehaussées sur la séquence T1
avec saturation de graisse après injection de chélates de gadolinium, et un signal fibreux en hyposignal
T2 en périphérie de la fistule.
Complications précoces
Endométrite
Le principal facteur de risque d’endométrite est l’accouchement par césarienne avec un risque 5 à 20
fois supérieur à celui d’un accouchement par voie basse. Ce risque est d’autant plus important que la
césarienne est effectuée en urgence, et il est réduit par l’utilisation d’une antibioprophylaxie. Les taux
d’endométrite suite à des césariennes en urgence et suite à des césariennes programmées sont
respectivement de 11 % et 1,7 % en cas d’antibioprophylaxie et de 28 % et 3,5 % en l’absence
d’antibioprophylaxie.
Le diagnostic est avant tout clinique. Il est suspecté devant la survenue de douleurs pelviennes, d’une
hyperthermie et de lochies fétides et confirmé par une température supérieure à 38° et des douleurs à la
mobilisation utérine. Le délai de survenue est variable, survenant le plus souvent dans la première
semaine post-partum. L’imagerie est non contributive pour poser le diagnostic d’endométrite du post-
partum, la présence d’une hématométrie, de débris et d’air intra-cavitaires étant classiques durant la
premiière semaine post-partum. En l’absence de réponse après 72 heures d’antibiothérapie adaptée,
l’imagerie est nécessaire à la recherche d’une complication (autres complications septiques de type
abcès et thrombophlébite septique) ou d’un diagnostic différentiel (13).
Hématomes (inter-vésico-utérin, extra-péritonéal et pariétal)
Le péritoine étant incisé entre le myomètre et la vessie, il est fréquent de constater un hématome en
région inter-vésico-utérine, qui n’est considéré comme pathologique que lorsqu’il mesure plus de 4 cm.
Un hématome inter-vésico-utérin se présente sous la forme d’une collection hyperéchogène en
échographie et hyperdense en TDM, de topographie sous-péritonéale située entre l’utérus et la vessie,
avec un éventuel effet de masse sur les structures voisines. Bien que contenu par le péritoine sus-
jacent, il peut diffuser dans le ligament large et dans les espaces rétro et intra-péritonéaux en cas de
saignement important.
Lors de l’incision pariétale, une plaie des vaisseaux épigastriques inférieurs peut survenir, responsable
d’un saignement en arrière des muscles grands droits dans l’espace pré-vésical extra-péritonéal (espace
de Retzius). Ce type d’hématome se présente sous la forme d’une collection hyperéchogène en
échographie et hyperdense en TDM, située en arrière des muscles grands droits et refoulant parfois la
vessie en arrière, parfois siège d’une extravasation de produit de contraste en cas de saignement actif.
Enfin, des hématomes pariétaux sous-cutanés peuvent se former (cf. complications de l’hystérectomie
cœlioscopique).
Il est important de distinguer un hématome pariétal (en avant ou au sein des muscles grands droits) d’un
hématome pré-vésical extra-péritonéal (en arrière des muscles grands droits) car le risque de perte
sanguine et de déglobulisation est plus important en extra-péritonéal, notamment en raison de l’absence
de tamponnement par les structures qui délimitent ce grand espace, et peut longtemps rester
asymptomatique.
Abcès pariétal et profond
Les hématomes présentent un risque de surinfection, susceptible d’être à l’origine d’abcès profonds ou
pariétaux selon leur topographie. L’hématome surinfecté se présente alors en imagerie sous la forme
d’une collection liquidienne ou hydro-aérique bien limitée, ayant perdu son caractère hyperdense, parfois
cloisonné, avec une paroi périphérique rehaussée en imagerie injectée (Figure 6, Figure 7). La graisse
en périphérie est souvent inflammatoire, apparaissant hyperéchogène en échographie et infiltrée en
TDM.
Ces abcès sont susceptibles de fistuliser à la paroi ou aux organes voisins notamment à la vessie.
Déhiscence utérine et rupture utérine
La déhiscence utérine correspond à une rupture incomplète du mur utérin, touchant généralement
l’endomètre et le myomètre avec une séreuse intacte.
La rupture utérine correspond à la séparation de toutes les couches du mur utérin (endomètre,
myomètre, séreuse) avec une communication anormale entre la cavité utérine et la cavité pelvienne.
Le diagnostic radiologique est difficile avec une mauvaise corrélation entre le diagnostic chirurgical de
déhiscence ou de rupture et l’aspect en TDM. L’IRM serait meilleure que l’imagerie TDM pour identifier
une séreuse intacte.
Une déhiscence utérine peut cependant être évoquée devant la présence en TDM d’un hématome inter-
vésico-utérin (ou autre topographie pelvienne) de plus de 5 cm.
Une rupture utérine peut être suspectée devant la présence d’air au sein de la cavité utérine s’étendant
en dehors de l’utérus vers les paramètres et au sein des collections sous-péritonéales (Figure 6).
Une déhiscence peut être traitée par antibiothérapie, tandis qu’une rupture est obligatoirement traitée
chirurgicalement.
Thrombophlébite septique ovarienne et pelvienne
La thrombophlébite septique est 10 fois plus fréquente au décours d’une césarienne que dans les suites
d’un accouchement par voie basse. Elle est très souvent associée à une endométrite, ce qui plaide en
faveur de son origine septique et non cruorique. Elle est le plus souvent unilatérale, largement
prédominante du côté droit en lien avec la fréquente dextroversion utérine per partum. Pour des raisons
anatomiques, un thrombus de la veine ovarienne droite s’étend plus facilement à la veine cave inférieure
qu’un thrombus de la veine ovarienne gauche qui s’étend d’abord à la veine rénale gauche. Les
complications redoutées de la thrombophlébite du post-partum sont l’embolie pulmonaire et le choc
septique (7). Ce diagnostic doit être suspecté devant une fièvre du post-partum et des douleurs
pelviennes, de la même façon que la plupart des infections du post-partum.
L’imagerie TDM injectée permet de faire le diagnostic avec la réalisation d’un temps tardif à 90 ou 120
secondes, montrant une veine ovarienne ou pelvienne élargie siège d’un thrombus hypodense au centre
de la lumière, avec une paroi vasculaire rehaussée et une infiltration inflammatoire au pourtour du
vaisseau (Figure 8). Certains thrombus frais peuvent apparaître spontanément denses en scanner avec
un aspect pseudo rehaussé de la veine au temps portal lié à la persistance de l’hyperdensité basale
centroluminale. La mesure de la variation des densités au sein de la veine ovarienne selon les temps
d’injection peut être une aide diagnostique affirmant la thrombose en présence d’une densité similaire,
non fluctuante. L’IRM est également une bonne alternative en cas de contre-indication à l’injection de
produit de contraste iodé ou en cas de diagnostic difficile, les séquences T2 SSFP (Steady State Free
Precession, True FISP, Fiesta ou Balanced FFE selon les constructeurs) sont particulièrement
intéressantes dans cette indication pour mettre en évidence un thrombus en hyposignal au sein d’un
vaisseau qui est normalement en hypersignal lorsqu’il existe un flux circulant en son sein (Figure 9).
Le traitement est basé sur une antibiothérapie et une anticoagulation.
Complications tardives
Isthmocèle
Une « niche » peut se créer au niveau de la cicatrice de césarienne et est corrélée à la présence de
symptômes lorsque l’épaisseur du myomètre au niveau de la niche est inférieure à 50 % de l’épaisseur
du myomètre adjacent (14). Du sang peut s’accumuler au sein de l’isthmocèle, responsable de spotting
dans les 2 à 12 jours après la fin des menstruations (15). Les facteurs de risque d’isthmocèle sont les
césariennes multiples et la réalisation de la césarienne après le début du travail.
L’hystérosonographie permet une bonne détection des isthmocèles avec une sensibilité de 56 % contre
24 % en échographie endovaginale standard. L’isthmocèle est visible sous la forme d’un défect
triangulaire hypoéchogène au niveau de la cicatrice de césarienne (11) (Figure 10). En IRM, une
isthmocèle apparaît sous la forme d’une structure kystique de contenu liquidien ou hémorragique au
niveau de la cicatrice de césarienne, communiquant avec la cavité utérine (Figure 13).
Le traitement est envisagé en cas de symptomatologie invalidante ou d’infertilité secondaire, il consiste
en une reprise de la cicatrice soit par voie cœlioscopique, soit à l’anse diathermique par voie
hystéroscopique.
Grossesse ectopique au niveau de la cicatrice de césarienne
Il s’agit de la localisation de grossesse ectopique la plus rare et concerne moins de 1 % des femmes
ayant eu une césarienne. Le diagnostic est le plus souvent fait au cours du 1er trimestre de grossesse.
Une isthmocèle pourrait prédisposer à une invasion trophoblastique et à une mauvaise implantation du
sac gestationnel, mais il n’existe pas de corrélation évidente entre la largeur d’une éventuelle isthmocèle
et le risque de survenue d’une implantation ectopique.
Deux types de grossesses sont décrits. Soit le sac est implanté superficiellement sur la cicatrice et se
développe dans l’espace cervico-isthmique et la cavité utérine, soit le sac est implanté plus
profondément dans la cicatrice et se développe vers l’extérieur en direction de la vessie et de
l’abdomen. Dans le 1er cas, la grossesse peut être menée à terme. Dans le deuxième cas, il existe d’une
part un risque d’invasion vésicale par le placenta, d’autre part un risque de rupture utérine.
La principale complication de ce type de grossesse ectopique est la rupture utérine avec un risque
d’hémorragie cataclysmique, nécessitant une hystérectomie en urgence. Cette complication pouvant
survenir très précocement au cours de la grossesse et en l’absence de symptômes préalables, il est
important de dépister précocement ce type de grossesse chez les femmes avec antécédents de
césarienne afin de préserver la fertilité et de réduire la mortalité.
Cliniquement, une grossesse ectopique au niveau d’une cicatrice de césarienne peut être
asymptomatique dans 40 % des cas ou bien se manifester sous la forme de métrorragies et/ou de
douleurs pelviennes faibles à modérées (16). La survenue de métrorragies massives et de douleurs
pelviennes intenses doit faire suspecter une rupture imminente.
L’échographie endovaginale a une sensibilité de 86,4 % (16). En début de grossesse, la cavité utérine et
cervicale sont vides, le sac gestationnel est localisé au niveau de la cicatrice isthmique antérieure, avec
un myomètre recouvrant le sac pouvant être très fin. Le doppler montre un flux trophoblastique artériel
de faible résistance situé entre la vessie et le mur utérin antérieur où se situe le sac gestationnel (Figure
12). L’utilisation de l’échographie 3D et sus-pubienne augmentent la confiance du diagnostic.
L’IRM peut être utile dans les cas difficiles. La séquence sagittale T2 met en évidence un sac
gestationnel enchâssé dans la portion basse du myomètre antérieur et du col. L’IRM est utile pour
rechercher une invasion de la vessie par le trophoblaste.
L’imagerie peut également aider à éliminer les diagnostics différentiels, notamment une grossesse en
cours d’avortement (pas de flux trophoblastique adjacent au sac, sac irrégulier de topographie
endocervicale, progression du sac hors de l’utérus sur les imageries de suivi), une grossesse ectopique
cervicale (sac situé dans le canal endocervical et pas dans le myomètre adjacent à la cicatrice, couche
normale de myomètre entre l’embryon et la vessie, aspect de sablier de l’utérus, persistance du sac
dans le col sur les imageries de suivi).
Le traitement d’une grossesse ectopique sur cicatrice de césarienne est basé sur la prise de
méthotrexate et d’une éventuelle chirurgie. En cas de curetage, il existe un risque de rupture utérine ou
de lésion vésicale en cas d’invasion trophoblastique de la vessie (17).
Anomalies de placentation
Les anomalies de placentation correspondent à une invasion en profondeur du myomètre par le
placenta. Elles sont classées en 3 groupes selon la profondeur de l’invasion : placenta accreta en cas
d’adhérence simple au myomètre, placenta increta en cas d’invasion profonde du myomètre, placenta
percreta en cas d’invasion jusqu’à la séreuse de l’utérus.
Les deux principaux facteurs de risque sont l’antécédent de césarienne et l’antécédent de placenta
praevia (placenta bas situé, à moins de 4 cm de l’orifice interne du col utérin). Dans le cas d’un
antécédent de césarienne, une anomalie de placentation peut, ou non, s’associer à une grossesse
ectopique au sein de la cicatrice de césarienne. Le principal risque lié à ces anomalies est l’hémorragie
de la délivrance.
La recherche d’une placentation anormale se fait en échographie à 18-20 SA. Elle met en évidence une
perte de l’interface normale myomètre - placenta avec une augmentation ou diminution focale du doppler
couleur, des lacunes vasculaires au sein du placenta, un gonflement externe des contours utérins. En
cas de présence de tissu ou de vaisseaux placentaires dans la vessie, il s’agit d’un placenta percreta
(18). L’IRM présente un intérêt en cas d’échographie douteuse ou non contributive. Elle met en évidence
un placenta hétérogène, un bombement du placenta dans la portion basse de l’utérus, une
vascularisation placentaire profonde désorganisée (bandes en hyposignal T2) indiquant des lacunes
vasculaires anormales et/ou une perte du liseré myométrial en périphérie du placenta. Les performances
diagnostiques de ces modalités d’imagerie sont variables selon les études, avec des sensibilités et des
spécificités de respectivement 50 % à 87 % et 50 % à 93 % pour l’échographie et de 75 % à 100 % et
65 % à 100 % pour l’IRM.
Endométriose pariétale
L’endométriose correspond à du tissu endométrial fonctionnel situé en dehors de la cavité utérine.
L’endométriose pariétale survient chez 0,03 à 1 % des patientes ayant eu une césarienne (19) avec un
délai moyen de survenue de 3,6 ans (20), et ne serait pas associée à la présence d’une endométriose
pelvienne préalable.
Cliniquement, elle se présente sous la forme d’une masse pariétale abdominale au niveau de la cicatrice
pariétale de césarienne, pouvant être responsable de douleurs rythmées par les cycles.
En imagerie, elle se situe le plus souvent au sein des plans cutanés et sous-cutanés, plus rarement au
sein du plan musculaire.
En échographie réalisée à la sonde linéaire de haute fréquence, son aspect est celui d’une masse
pariétale ronde ou ovalaire, hétérogène, le plus souvent solide hypoéchogène avec de petites portions
kystiques en rapport avec des hémorragies récentes, parfois vascularisée en doppler (d’autant plus que
la lésion est large et les limites irrégulières), associé à une hyperéchogénicité de la graisse au pourtour
témoignant d’une inflammation de contiguïté (19).
En IRM, elle prend l’aspect d’une masse pariétale fibreuse en hyposignal T2 siège de petites logettes en
hypersignal T1 en saturation de graisse en rapport avec des saignements récents. La présence de ces
francs hypersignaux T1 en saturation de graisse permet d’affirmer le diagnostic en excluant les
diagnostics différentiels que sont la simple fibrose post-opératoire, une origine tumorale (tumeur
desmoïde, métastase, sarcome, lymphome, lipome) ou une hernie pariétale (Figure 13).
L’imagerie TDM, moins performante que l’IRM, retrouve une masse solide de densité spontanée
semblable à celle des muscles, rehaussée après injection.
Si nécessaire, le diagnostic peut être confirmé par une ponction-aspiration à l’aiguille fine et une analyse
cytologique.
Le traitement est l’exérèse chirurgicale large, avec un taux de récurrence de 4,3 % (20).
Conclusion
Une bonne compréhension des techniques chirurgicales permet de mieux comprendre et dépister les
complications post-opératoires. Le contexte clinique et la connaissance des éventuelles difficultés per-
opératoires orientent le choix de la modalité d’imagerie et le protocole d’examen. Les complications les
plus fréquentes de l’hystérectomie cœlioscopique sont les plaies vasculaires et digestives et celles de la
césarienne sont les endométrites et les hématomes. Le scanner est souvent l’examen de choix dans le
contexte post-opératoire précoce, il doit alors être réalisé avec injection de produit de contraste iodé.
Déclaration d’intérêt
Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt.
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