Vous êtes sur la page 1sur 2

550 Dictionnaire encyclopédique

Dupuy François, Thoenig Jean-Claude, « Public Transportation Policy Making in France as an


Implementation Problem », Policy Science, 1979, vol. 11/1, p. 1-18.
Gibert Patrick, Thoenig Jean-Claude, La Modernisation de l’État. Une promesse trahie ?, Paris,
Classiques Garnier, 2019.
Kervasdoue Jean (de), Fabius Laurent, Mazodier Myriem, Doublet Francis, « La loi et
le changement social : un diagnostic. La loi du 16 juillet 1971 sur les fusions et regroupements de
communes », Revue française de sociologie, 1976, vol. 17/3, p. 423-450.
Neveu Érik, Sociologie politique des problèmes publics, Paris, Armand Colin, 2015.

Procédure
Gilles Guglielmi
Une procédure est une succession d’étapes formelles à suivre ou de règles posées pour atteindre
un but prédéterminé : produire une décision ou réaliser une opération. Elle peut être présentée
soit comme une méthode de travail selon laquelle on décompose les éléments et la chronologie
des étapes successives d’une opération complexe ; soit comme une norme contraignante qui en
fixe les règles de déroulement.
La notion de procédure, qui fait l’objet de disciplines entières dans le champ du droit et d’un
cadrage particulier dans le champ de l’informatique, n’est pas fréquemment étudiée en tant que
telle dans les sciences de gestion. Elle possède surtout un caractère instrumental et opératoire sans
constituer un objet en soi, ni attirer souvent de réflexions sur sa légitimité, sa pertinence ou son
efficience. Une procédure présente en effet l’avantage d’être à la fois un processus de traitement
de l’information et de production de solutions, et un ensemble de prescriptions qui vont fixer les
rôles, droits et obligations des acteurs.
Une procédure réduit l’incertitude en fixant aux acteurs un cadre limité, qui évacue la complexité
du réel, sa multiplicité d’interprétation, ses contradictions. Elle délimite un environnement et des
variables pertinentes, et manifeste la sécurité d’une anticipation. Toute procédure donne priorité
à sa propre substance pour centrer l’action sur des éléments maîtrisables auxquels elle donne un
sens. À ce titre, par son effet simplificateur, elle standardise les réponses et permet une spécialisa-
tion et un fractionnement du travail qui facilitent le rendement et le contrôle, dans la perspective
d’une gestion des coûts.
Les fonctions principales de la procédure sont de trois types : technique, psychologique et
politique.
La fonction technique se compose des aspects organisationnels, matériels et concrets mis en
œuvre dans la procédure. Elle vise à rationaliser le traitement de l’information en le concentrant
sur des variables prédéfinies, à mieux allouer les ressources, à sécuriser les points de contrôle,

_9782111621053_Dico.indb 550 13/04/2022 12:22:14


Projet stratégique 551

à produire le résultat attendu. Dans ce processus, le risque de gestion réside dans le choix des
variables pertinentes et dans le biais du « marteau de Maslow », consistant à satisfaire la procédure
plutôt que le besoin exprimé.
La fonction psychologique réside en ce que la procédure permet aux acteurs de satisfaire le
besoin qu’ils ont de maîtriser le réel. Elle permet de détecter divers dysfonctionnements, comme
la tendance à multiplier les procédures pour des problèmes d’importance mineure, l’angoisse que
déclenchent les procédures non efficaces, la souffrance au travail que produit une contradiction
manifeste entre les étapes d’une procédure efficace selon les critères posés et la réalité subjective-
ment perçue par les acteurs comme non satisfaisante, au regard de critères ignorés par la procédure
mais dont la valeur est vécue comme supérieure.
Quant à la fonction politique, certaines formes de management encouragent le développement
et la rationalisation des procédures par l’usage de moyens techniques toujours plus sophistiqués.
Or, selon Jürgen Habermas, les processus techniques ne sont pas neutres et constituent même le
modèle idéologique par lequel s’obtiennent le consensus social et la force productive des sociétés
postindustrielles. Ils ne sauraient occulter le débat sur les enjeux, les valeurs et les finalités des
actions. Une procédure soutenable serait donc celle qui, dans son élaboration et son évolution,
rassemblerait des acteurs aux intérêts divers, autour des objectifs et des finalités d’une action. Elle
rejoindrait en cela la théorie de la gouvernance, vue comme technique de gestion sociale dont le
fonctionnement dépend avant tout de la capacité à former une décision, dans la transparence et la
fluidité des relations entre acteurs.

RÉFÉRENCES
Habermas Jürgen, La technique et la science comme idéologie, trad. et préface de Ladmiral Jean-
René, Paris, Gallimard, 1978.
Laoukili Abdelaâli (dir.), « Les procédures comme organisateurs institutionnels », Connexions,
numéro spécial, 2003, vol. 1, n° 79.
Luhmann Niklas, La légitimation par la procédure, Québec, Presses universitaires de Laval, 2001,
trad. Sosoe Lukas et Stéphane Bouchard, Paris, Le Cerf, 2001.

Projet stratégique
David Carassus
Le besoin de stratégie et de management stratégique dans le secteur public n’a jamais été aussi
pressant et légitime qu’au cours de ces dernières années (Favoreu et al., 2016). Ce besoin se
concrétise notamment par le développement de projets stratégiques, qui constituent un outil de

_9782111621053_Dico.indb 551 13/04/2022 12:22:14

Vous aimerez peut-être aussi