Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
ISSN : 2028-4098
Volume : No 9 (2021)
Loubna FOUZI
Doctorante ès Sciences de Gestion
Université Mohamed V – Agdal
Résumé
L’amélioration de la performance de la sphère publique est une problématique qui préoccupe
depuis des décennies, tant sur le plan théorique que sur le plan empirique, les chercheurs et les
décideurs à travers le monde. Le secteur public a dans ce sens, connu un important
mouvement de réformes administratives successives, visant à transformer les organisations
publiques non seulement au niveau de leurs structures d’organisation, mais aussi dans leur
mode de gestion. L’analyse de l’action publique et des processus de changement opérés dans
le secteur public, indique que l’Etat s’est appuyé fortement sur les instruments pour
réformer l’administration [Lascoumes et Le Gales, 2004].
Mots clés : performance publique, instruments de gestion, LOLF, GPR, pilotage de l’action
publique
Page | 1
Revue Marocaine de Contrôle de Gestion
ISSN : 2028-4098
Volume : No 9 (2021)
Introduction
Les instruments de gestion sont des artefacts artificiels qui résultent de l’intelligence et de la
pensée humaine et de son savoir-faire technique et technologique, et comportent donc une
part de subjectivité. Néanmoins, la plupart des auteurss’accordent sur le fait que les outils de
gestion mis sous contingence, qui s’intègrent dans le cadre d’un dispositif de gestion cohérent,
contribuent favorablement au fonctionnement des organismes.Les outils de gestion apportent
de la rationalité et de l’objectivité dans l’organisation, élargissent les capacités cognitives
humaines, bien qu’ils ne puissent être totalement neutres et fidèles à la réalité. Ils imposent
des contraintes, mais ouvrent également le champ des opportunités en permettant aux
individus d’avoir une réflexion réflective sur leurs pratiques. Ils sont à la fois un vecteur de
prescription et de normalisation, et un vecteur de changement et d’apprentissage
organisationnel.
Les organisations modernes sont caractérisées par la multiplication des instruments de gestion
[Moisdon, 1997]. Nous assistons même aujourd’hui, à la fois dans le secteur public et le
secteur privé, à une véritable « emprise des outils de gestion », qui accompagnent le
Page | 2
Revue Marocaine de Contrôle de Gestion
ISSN : 2028-4098
Volume : No 9 (2021)
Dans l’approche classique, les instruments de gestion conçus de manière scientifique, tels que
les « standards » [Taylor, 1911], permettent d’objectiver l’activité, d’imposer des schémas
d’actions et d’améliorer l’efficacité du travail et la productivité. L’outil de gestion s’inscrit
ainsi dans une logique de conformation et de prescription des comportements.
Latour (1987) remet en question la vision duale traditionnelle du monde et estime qu’il faut
analyser les alliances et le résultat de leur interaction, au-delà des frontières entre éléments
humains et non humains, éléments techniques et scientifiques, ou éléments objectifs et
Page | 3
Revue Marocaine de Contrôle de Gestion
ISSN : 2028-4098
Volume : No 9 (2021)
subjectifs1. Les mises en relation sont rendues possibles par le processus de « traduction », qui
est « le mécanisme par lequel un monde social et naturel se met progressivement en forme et
se stabilise pour aboutir, si elle réussit, à une situation dans laquelle certaines entités arrachent
à d’autres, qu’elles mettent en forme, des aveux qui demeurent vrais aussi longtemps qu’ils
demeurent incontestés ». La traduction englobe quatre phases qui dans la réalité peuvent se
chevaucher : la problématisation (« comment se rendre indispensable », l’intéressement
(« comment sceller les alliances »), l’enrôlement (« comment définir et coordonner les
rôles ») et « la mobilisation des alliés » [Callon, 1986].
Jones et Dugdale (2002) conçoivent l’instrument de gestion tel que l’ABC comme « une
structure »2 (dotée des mêmes propriétés de signification, de légitimation et de domination),
qui sert de base à l’action des acteurs compétents. Par analogie, les outils de gestion sont donc
des éléments à la fois habilitants et contraignants [Chiappello et Gilbert, 2013], vecteurs de
réflexibilité dans le sens où ils permettent aux acteurs de repenser les situations auxquelles ils
sont confrontés. Compte-tenu du phénomène de récursivité, avec l’usage les instruments de
gestion sont appelés à connaitre des transformations.
Selon Moisdon (1997) et David (1998), les instruments de gestion ont quatre rôles
principaux qui structurent l’organisation :
un rôle de conformation, c’est-à-dire de normalisation des comportements par rapport
à un optimum défini au niveau de l’outil de gestion ;
un rôle d’investigation, la représentation formalisée permettant de détecter les
dysfonctionnements organisationnels et ouvrant la voie aux acteurs d’imaginer des axes
d’amélioration possibles et de « nouveaux schémas d’évolution » [David, 1998] ;
un rôle de pilotage de la mutation, en jouant le rôle de support de suivi de l’activité, et
d’accompagnement des transformations planifiées et mise en œuvre au niveau de
l’organisation ;
1
« We always feel it is important to decide on the nature of the alliances: are the elements human or non-human?
Are they technical or scientific? Are they objective or subjective? Whereas the only question that really matters
is the following: is new association weaker than that one? »
2
« Following Giddens we may see ABC as a structure (with dimensions of signification, legitimationand
domination) that provides resources, and rules for their use».
Page | 4
Revue Marocaine de Contrôle de Gestion
ISSN : 2028-4098
Volume : No 9 (2021)
un rôle d’exploration du nouveau, les outils de gestion n’instaurant pas une situation
figée et permettant par la remise en question de transformer « les règles
organisationnelles » et « les savoirs techniques » existants [David, 1998].
Berry quant à lieu considère que les outils de gestion jouent plusieurs rôles : « réduction de
la complexité, mise en place d’automatismes de décision, division de la vigilance,
régulation des rapports sociaux et maintien de la cohérence » [Berry 1983].
En premier lieu, les individus utilisent des instruments de gestion pour remédier à leurs
capacités d’analyse limitées, lorsqu’ils sont confrontés à des situations complexes à gérer
dans de courts délais. Toutefois, la simplification de la réalité est une arme à double
tranchant, elle facilite la prise de décision, mais elle peut nuire à l’efficacité de
l’organisation en occultant une partie des phénomènes et des interactions analysés.
Les outils de gestion conduisent aussi à des automatismes de décision et de comportement,
mais la mécanisation des processus à outrance peut occasionner une rigidification du
fonctionnement et un manque de réactivité.
En outre, compte-tenu de la division des rôles dans l’organisation, chaque observateur va
avoir ses propres outils et va privilégier des critères déterminés, ce qui peut nuire à la
cohérence d’ensemble.
Enfin, les instruments de gestion imposent des arbitrages aux forces sociales en présence.
En plus de leur valeur technique officiellement admise, ils revêtent également une valeur
institutionnelle et un rôle politique. Se pose toutefois la problématique de « la rationalité
partielle » ; lorsque les choix en matière d’outils de gestion sont effectués de manière
arbitraire, ils peuvent occasionner des tensions dans l’organisation.
Page | 5
Revue Marocaine de Contrôle de Gestion
ISSN : 2028-4098
Volume : No 9 (2021)
Dans cette perspective, les auteurs sont allés plus loin dans leur réflexion sur la place des
instruments de gestion. En plus, de leurs rôles classiques et de leur contribution au
changement, les instruments de gestion sont vus comme des vecteurs d’apprentissage
collectif, qui permettent de générer des connaissances et des savoir-faire nouveaux et de les
diffuser dans l’organisation.
Pour Moisdon (2005) la contribution des instruments de gestion à l’apprentissage porte sur les
trois niveaux organisationnels :
- Niveau stratégique ou de de pilotage des transformations : l’outil permet aux acteurs de
l’organisation de se repérer sur l’état d’avancement des projets d’évolution et de
transformation et sert ainsi de base à «une reconfiguration des modalités de l’action
collective » ;
- Niveau organisationnel : le processus de mise en place d’un instrument de gestion est
l’occasion de mieux comprendre « les déterminants essentiels de l’organisation en place »
et de remise en question à partir de la confrontation de l’organisation avec ce nouvel outil (qui
est soit absorbé par celle-ci, soit écarté, soit transformé avec l’usage) ;
- Niveau des opérations productives : l’outil ouvre de nouvelles perspectives aux
utilisateurs, il permet d’envisager de nouvelles méthodes de travail et de production.
Lorino remet en question l’hypothèse positiviste selon laquelle les instruments de gestion
induisent de manière systématique un comportement ou des actions clairement déterminés. Il
estime que l’instrument de gestion est un artefact qui produit un résultat déterminé dans un
contexte particulier avec une relation « du type "moyen-conséquence" » et non pas dans une
situation universelle. De plus, l’outil de gestion sera toujours impacté par le « caractère
subjectif de la connaissance et de l’interprétation ». Pour être pertinent, il doit donc s’appuyer
sur une représentation la plus fidèle possible de la réalité, sachant que la fidélité doit être à la
fois d’ordre sémantique et d’ordre syntaxique [Lorino, 2002].
Pour rendre compte de l’apprentissage organisationnel, Lorino et Rabardel considèrent que les
instruments de gestion ont une double nature. Ils sont à la fois artefact c’est-à-dire des objets
artificiels qui « résultent d’un processus d’élaboration à caractère social et qui intègrent des
connaissances » [Rabardel 1995], et un schème d’utilisation à savoir un sujet permettant
d’organiser l’activité, sachant que ces deux dimensions sont associées l’une à l’autre, et sont
Page | 6
Revue Marocaine de Contrôle de Gestion
ISSN : 2028-4098
Volume : No 9 (2021)
De nombreux travaux de recherche portant sur l’appropriation des instruments de gestion dans
l’organisation ont été menés essentiellement à partir des années 1990. Ils ont permis de faire
ressortir les effets de la dynamique d’appropriation des outils de gestion sur l’apprentissage
organisationnel.L’appropriation est un long processus qui commence avant l’utilisation de
l’outil de gestion et se poursuit jusqu’à l’instauration des routines organisationnelles
d’utilisation [De vaujany, 2005]. Lors de la phase de la conception technique de l’instrument,
les connaissances collectives sont mobilisées. Par la suite, « les savoirs, en partie théoriques,
détenus par les prescripteurs à l’origine du processus, (….) s’éprouvent (…) au contact des
destinataires de l’expertise ; c’est au cours de ces échanges réciproques qu’ils se
contextualisent et prennent un sens concret pour les opérationnels » [Aggeri et Hatchuel,
1997].
Page | 7
Revue Marocaine de Contrôle de Gestion
ISSN : 2028-4098
Volume : No 9 (2021)
années 1990, de nombreux pays ont opéré des réformes, en vue d’instaurer une gestion axée
sur la performance, au lieu du modèle classique basé exclusivement sur la stricte régularité et
sur une gestion budgétaire axée sur les moyens.
Les réformes administratives successives ont voulu transformer les organisations publiques
tant au niveau de leurs structures d’organisation, que de leur mode de gestion. Mais les
trajectoires adoptées en matière de systèmes nationaux de gouvernance publique diffèrent
d’un pays à l’autre, de même que les pratiques en matière de management et
d’instrumentation de gestion [Hudon et Mazouz, 2014].Mazouz et al. (2015) situent ainsi « les
phénomènes liés à la transformation de la gouvernance publique à quatre niveaux d’analyse
distincts » :
- Au niveau des institutions : Ce niveau a trait aux valeurs, aux règles et aux normes qui
guident l’action publique ;
- Au niveau des organisations : Ce niveau concerne les structures d’organisation publiques,
qui connaissent des transformations majeures en vue d’améliorer la performance des services
rendus ;
- Au niveau du cadre officiel de gestion : Il s’agit des règles et des normes qui encadrent les
activités des gestionnaires publics, tels que la LOLF en France, LAP au Québec, GPRA aux
USA ;
- Au niveau des outils et instruments de gestion : Il s’agit des instruments managériaux
nouveaux utilisés par les gestionnaires publics pour réaliser leurs activités, et mesurer et
évaluer les résultats obtenus.
Depuis l’avènement du management public, tous sont d’avis que la performance publique
passe par l’amélioration de la gestion, et plus particulièrement du mode de fonctionnement,
des processus de gestion et des instruments existants au niveau des organismes publics. La
mise en place de la gestion par les résultats (GPR) pour laquelle ont opté plusieurs Etats
(Etats-Unis avec la GPRA, le Québec avec la LAP, la France avec la LOLF, etc.) a apporté
des changements importants au cycle de gestion constitué des trois phases principales de
planification stratégique, de planification budgétaire (programmation et budget) et de
reddition des comptes (mesure de la performance par rapport aux objectifs fixés et
communication des résultats).
Page | 8
Revue Marocaine de Contrôle de Gestion
ISSN : 2028-4098
Volume : No 9 (2021)
La Gestion par les résultats nécessite la mise en place d’une instrumentation importante pour
assurer la cohérence entre la mission, la stratégie, les objectifs de résultats et les ressources, et
contribuer à l’amélioration des processus organisationnels. La GPR entend transformer en
profondeur l’organisation et le management de la sphère publique, en s’interrogeant sur la
capacité de l’organisation publique à changer, sa capacité à livrer, sa capacité à comprendre,
et sa capacité à apprendre en vue d’améliorer sa performance globale [Mazouz et Rochet,
2005].
Avec l’approche GPR, les Etats ont voulu changer en profondeur la logique de
fonctionnement de la sphère publique. L’objectif étant de remplacer la gestion budgétaire
classique axée sur les moyens, par une gestion budgétaire axée sur les résultats, appuyés
dans ce sens par des concepts parallèles, tels que le contrôle de gestion et la
contractualisation des relations avec l’Etat. Le pilotage des différentes actions publiques
requiert de ne pas considérer seulement la démarche spécifique en tant que telle, mais de
prendre en compte son insertion dans un plan plus global [Bartoli, 2015]. Toute la ligne
hiérarchique est censée partager des repères clairs, permettant de guider l’action collective de
l’organisation publique [Blondel, 2011]. Les instruments de pilotage de l’action publique
doivent s’intégrer dans un « fit global : mission, vision, stratégies, cibles de résultats et
Page | 9
Revue Marocaine de Contrôle de Gestion
ISSN : 2028-4098
Volume : No 9 (2021)
ressources » [Mazouz et Leclerc, 2008]. « Le facteur clé retenu est la cohérence » [Blondel,
2011]. L’organisation publique doit tout autant mener une réflexion sur sa stratégie, que sur
« les modalités et outils de leurs déclinaisons opérationnelles » [Maazouz, 2014]. Le dispositif
à mettre en place doit comprendre un ensemble d’instruments complémentaires et intégrés,
couvrant à la fois les processus stratégiques et les processus opérationnels qui en découlent,
sachant qu’il existe une relation dynamique entre la stratégie, les actions et la mesure de la
performance [Cauvin et Neunreuther, 2009].
Les pays qui ont opté pour la gestion par les résultats ont généralement adopté une
organisation budgétaire par programmes à l’échelle des administrations et des organismes
publics (plusieurs niveaux d’analyse avec consolidation au niveau des ministères), agencés
entre eux de manière cohérente autour des objectifs stratégiques, avec des projets/actions, des
objectifs et des indicateurs de performance :
Page | 10
Revue Marocaine de Contrôle de Gestion
ISSN : 2028-4098
Volume : No 9 (2021)
les entreprises publiques et autres organismes, puis plus récemment de la loi organique n°130-
13 relative à la loi de finances (LOLF).
La loi 69-00 relative au contrôle financier de l’Etat sur les entreprises publiques et autres
organismes promulguée par le dahir n°1-03-195 du 11 novembre 2003 telle que modifiée et
complétée,a conditionné le remplacement du contrôle préalable par le contrôle
d’accompagnement, par la mise en œuvre effective par les établissements publics d’un
système d'information, de gestion et de contrôle interne, comportant, notamment, les
instruments suivants :
- « un statut du personnel fixant en particulier les conditions de recrutement, de
rémunération et de déroulement de carrière du personnel de l'établissement ;
- un organigramme fixant les structures organisationnelles de gestion et d'audit interne
de l'établissement ainsi que leurs fonctions et attributions ;
- un manuel décrivant les procédures de fonctionnement des structures et de contrôle
interne de l'établissement ;
- un règlement fixant les conditions et formes de passation des marchés ainsi que les
modalités relatives à leur gestion et à leur contrôle ;
- une comptabilité permettant l'établissement d'états de synthèse réguliers, sincères et
certifiés, sans réserves significatives, par un ou plusieurs auditeurs externes habilités à
exercer la profession de commissaire aux comptes ;
- un plan pluriannuel couvrant une période d'au moins trois ans, actualisé
annuellement, devant comporter, notamment, par activité et sous forme consolidée, les
programmes physiques et les projections économiques et financières ;
- un rapport annuel de gestion établi par le directeur de l'établissement ».
L’article 68 de la loi 69-00 prévoit également la possibilité pour les établissements publics de
conclure des contrats de programme avec l’Etat. Pour encourager la contractualisation, la
DEPP relevant du Ministère de l’Economie et des Finances a d’ailleurs établi le Guide
méthodologique de la contractualisation des relations entre l’Etat et les Etablissements et
Entreprises publics. De manière générale, selon ce Guide le contrat de programme doit traiter
des aspects suivants :
- la présentation du contexte général,
- les parties du Contrat, son champ d’application, sa durée,
- l’état des lieux,
Page | 11
Revue Marocaine de Contrôle de Gestion
ISSN : 2028-4098
Volume : No 9 (2021)
Néanmoins, le rapport de la Cour des comptes de juin 2016 intitulé « Le secteur des
établissements et entreprises publics au Maroc : Ancrage stratégique et gouvernance » fait le
constat de la « prédominance du contrôle financier a priori », puisque très peu
d’établissements publics sont passés au contrôle d’accompagnement et ont conclu des contrats
de programme avec l’Etat.
La Loi organique n°130-13 relative à la loi de finances promulguée par le Dahir n°1-15-62 du
02 juin 2015 quant à elle, s'inscrit dans le sillage des réformes budgétaires opérées dans de
nombreux pays, dans une perspective de gestion par les résultats. A l’instar des Etats-Unis ou
de la France, la LOLF au Maroc repose sur une programmation budgétaire pluriannuelle, avec
pour chaque programme des objectifs, des moyens et des indicateurs.La Note de présentation
du projet de Loi organique relative à la loi de finances stipule que les changements apportés
par la LOLF concernent trois axes principaux :
- « le renforcement de la performance de la gestion publique,
- le renforcement des principes et règles financiers et l’approfondissement de la
transparence des finances publiques,
- l’accroissement du contrôle parlementaire sur les finances publiques ».
Page | 12
Revue Marocaine de Contrôle de Gestion
ISSN : 2028-4098
Volume : No 9 (2021)
parlementaires concernées leur programmation pluriannuelle en même temps que leurs projets
de budgets annuels.
- Budget selon une nouvelle nomenclature budgétaire : Les dépenses de fonctionnement
comportent un chapitre pour le personnel et un chapitre pour le matériel et les dépenses
diverses. Les dépenses d’investissement comprennent un chapitre par département ministériel
ou institution. Le budget de tous les organismes publics s’articule autour de programmes
eux-mêmes déclinés en projets ou actions :
- Le programme est « un ensemble cohérent de projets ou actions relevant d’un même
département ministériel ou d’une même institution et auxquels sont associés des
objectifs définis en fonction des finalités d’intérêt général ainsi que des indicateurs
chiffrés permettant de mesurer les résultats escomptés et faisant l’objet d’une
évaluation qui vise à s’assurer des conditions d’efficacité, d’efficience et de qualités
liées aux réalisations » (article 39 de la LOLF).
A cet égard, les ministères et de manière générale tous les organismes publics doivent
déterminer en liaison avec la Direction du Budget du Ministère des finances, la liste
des programmes sur la base des missions qui leur sont confiées dans leurs textes de
création, et des documents formalisant leur stratégie [Guide méthodologique du suivi
de la performance]. Il doit y avoir une cohérence d’ensemble entre les programmes
définis par les organismes publics, qui doivent également être en adéquation avec les
stratégies sectorielles, sachant que l’articulation par programme arrêtée sur le niveau
national doit se retrouver aux niveaux provinciaux et régionaux.
- Le projet ou l’action est « un ensemble délimité d’activités et d’opérations entreprises
dans le but de répondre à un ensemble de besoins définis » (article 40 de la LOLF). Le
projet ou l’action est « décliné en lignes budgétaires qui renseignent sur la nature
économique des dépenses afférentes aux activités et opérations entreprises » (article
41 de la LOLF).
- Trois comptabilités complémentaires : L’Etat doit tenir une comptabilité budgétaire des
recettes et des dépenses, une comptabilité générale de l’ensemble des opérations, et le cas
échéant « une comptabilité destinée à analyser les coûts des différents projets engagés dans le
cadre des programmes ».
- Projet annuel de performance : Le projet annuel de performance et le rapport annuel de
performance sont des documents clés complémentaires du suivi de la performance.Le projet
de performance est présenté par chaque ministère ou institution aux commissions
Page | 13
Revue Marocaine de Contrôle de Gestion
ISSN : 2028-4098
Volume : No 9 (2021)
L’année 2019 est une année charnière pour de nombreux organismes publics. En effet,
conformément aux dispositions de la circulaire du chef du gouvernement n°05/2018 du 22
mars 2018, relative à la programmation budgétaire triennale 2019-2021, les établissements
publics et autres organismes publics sont tenus de mettre en place les instruments de gestion
prévus par la LOLF à partir de l’année budgétaire 2019. A noter que la LOLF au Maroc
prévoit que le projet annuel de performance et le rapport annuel de performance soient établis
par chaque « institution » sans définir l’étendue de ce terme, sachant qu’il est fort probable
Page | 14
Revue Marocaine de Contrôle de Gestion
ISSN : 2028-4098
Volume : No 9 (2021)
que ces rapports ne soient pas établis par les établissements publics, mais uniquement au
niveau de leur ministère de tutelle administrativequi se chargera de la consolidation des
données.
Il existe au Maroc une réelle volonté des pouvoirs publics d’améliorer la performance du
secteur des établissements et entreprises publics (EEP), compte-tenu de son « rôle majeur
dans le développement économique et social de notre pays en raison de son poids dans
l’économie nationale et de la place qu’il occupe dans le processus d’élaboration, de
planification et d’exécution des politiques publiques ». Néanmoins, la Cour des comptes
souligne qu’en pratique certains « EEP disposent d’une organisation moderne et efficiente
alors que d’autres se comportent comme des Administrations publiques en maintenant des
structures lourdes et peu adaptées aux mutations de leur environnement »[Rapport de la cour
des comptes, juin 2016].
Conclusion
Page | 15
Revue Marocaine de Contrôle de Gestion
ISSN : 2028-4098
Volume : No 9 (2021)
années, des progrès ont été réalisés par les EEP en matière de contrôle interne, de révision des
structures organisationnelles dans le sens de plus d’efficacité, d’amélioration dans le choix et
la conduite des projets, d’introduction des systèmes de reporting, d’audit interne et de contrôle
de gestion etc…, et qu’elle a constaté de manière générale « une avancée et une prise de
conscience ... au niveau des réunions des organes de gouvernance des EEP, de la qualité de
leurs instruments de gestion et du style de leur management[Rapport de la cour des
comptes, juin 2016].
Page | 16
Revue Marocaine de Contrôle de Gestion
ISSN : 2028-4098
Volume : No 9 (2021)
Bibliographie
BARTOLI Annie, « Management dans les organisations publiques – 4ème édition », Dunod
2015, PP156
BERRY Michel. « Une technologie invisible - L'impact des instruments de gestion sur
l'évolution des systèmes humains», Texte de synthèse au rapport collectif pour la DGRST, fait
par le CRG, 49, Cahier du laboratoire numéro 1983, PP5 et PP31
Page | 17
Revue Marocaine de Contrôle de Gestion
ISSN : 2028-4098
Volume : No 9 (2021)
GRIMAND Amaury, « La prolifération des outils de gestion : quel espace pour les acteurs
entre contrainte et habilitation ? », Recherches en Sciences de Gestion 2016/1 (N° 112), p.
173-196, PP10
LATOUR Bruno, «Science in action. How to Follow Scientists and Engineers Through
Society», Harvard University Press Cambridge, Massachusetts 1987, PP127
La loi 69-00 relative au contrôle financier de l’Etat sur les entreprises publiques et autres
organismes promulguée par le dahir n°1-03-195 du 11 novembre 2003 telle que complétée et
modifiée
La loi organique n°130-13 relative à la loi de finances promulguée par le Dahir n°1-15-62 du
02 juin 2015
LORINO Philippe, « Vers une théorie pragmatique et sémiotique des outils appliquées aux
instruments de gestion », Workingpaper ESSEC, DR-02015 2002, PP2, PP17 et PP18
Page | 18
Revue Marocaine de Contrôle de Gestion
ISSN : 2028-4098
Volume : No 9 (2021)
MOISDON Jean-Claude, « Comment apprend-on par les outils de gestion ? Retour sur une
doctrine d’usage », PP242, dans l’ouvrage sous la direction de TEULIER Régine et LORINO
Philippe, « Entre connaissance et organisation : l’activité collective - L’entreprise face au défi
de la connaissance », La Découverte, 2003
OIRY Ewan, « Usages imprévus et dynamique des instruments de gestion. Réflexions à partir
du cas d’un instrument de gestion des compétences », Management international 152 (2011) :
11–22., PP12
RABARDEL Pierre, « Les hommes et les technologies ; approche cognitive des instruments
contemporains » Armand Colin, 1995, PP 69 et PP70
ROCHET Claude, «Comment lier innovation dans les organisations et dans les institutions?
Le cas de la LOLF en France», Télescope Revue d’analyse comparée en administration
publique Vol. 12 n° 3 automne 2005- Dossier La gestion par résultats dans le secteur public,
PP90
SIMON Herbert A., 1988, (éd. aug. et rev. de [1969], 1ère. édit : 1981), «The sciences of the
artificial, Cambridge, MIT Press par LEMOIGNE J.-L. (1991), Sciences des Systèmes,
Sciences de l’artificiel, Dunod-Bordas, Paris. [Simon, 1991 p. 7], cité dans l’ouvrage sous la
direction de TEULIER Régine et LORINO Philippe, « Entre connaissance et organisation:
l’activité collective - L’entreprise face au défi de la connaissance », La Découverte, 2003,
PP61
Page | 19