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Psy - Le Traumatisme Psychique. Chez Le Nourrisson, L'enfant Et L'adolescent
Psy - Le Traumatisme Psychique. Chez Le Nourrisson, L'enfant Et L'adolescent
psychique
Chez le nourrisson,
l’enfant et l’adolescent
Évelyne Josse
Le traumatisme
psychique
Chez le nourrisson,
l’enfant et l’adolescent
2e édition
Dépôt légal :
Bibliothèque nationale, Paris : novembre 2019 ISSN : 2030-8906
Bibliothèque Royale de Belgique, Bruxelles : 2019/13647/162 ISBN : 978-2-8073-0783-4
Présentation de l’auteure
5
Liste des abréviations
7
Remerciements
9
Préface
11
Préface
12
Préface
13
Préface
14
Préface
Louis Crocqa
a. Texte, toujours d’actualité, écrit par Louis Crocq en 2011 à l’occasion de la première
édition de l’ouvrage.
15
Introduction
17
Introduction
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1 L’événement traumatique
Définition
L’événement traumatique
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Le traumatisme psychique
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1. L’événement traumatique
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Le traumatisme psychique
Dès lors, ils ne remettent pas en question les menaces qu’ils profèrent et
les tiennent pour vraies.
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1. L’événement traumatique
Tout autant que les adultes, les enfants et les adolescents peuvent être
victimes d’une catastrophe naturelle, d’un conflit armé, d’un accident ou
de la perte d’un être cher. Ils sont aussi particulièrement exposés aux
maltraitances physiques et sexuelles perpétrées par des proches et sont
la proie désignée des prédateurs pédosexuels. Dans certaines contrées, ils
sont également à risque de pâtir de traditions dommageables, notamment
des mutilations sexuelles pratiquées le plus souvent avant l’âge adulte.
L’événement traumatique peut être soit d’origine naturelle (catas-
trophes), soit d’origine humaine (agressions, mauvais traitements, acci-
dents, pertes d’êtres chers).
• Les traumatismes d’origine naturelle. Les enfants et les adolescents
peuvent être affectés par les catastrophes climatiques (ouragans, foudre,
inondations, sécheresse, avalanches, etc.), géologiques (tsunamis, cou-
lées de boue, glissements de terrain, séismes, éruptions volcaniques)
ou biologiques (pandémies8 comme le SIDA et épidémies9 mortelles
dont choléra, shigellose, fièvres hémorragiques, fièvre typhoïde, fièvre
jaune, rougeole, etc.).
• Les traumatismes d’origine humaine. Parmi les traumatismes d’ori-
gine humaine, retenons la violence et les mauvais traitements (agressions,
maltraitance, négligence, violence psychologique, attitudes malsaines,
traditions et pratiques dommageables), les accidents et la perte de per-
sonnes signifiantes.
– Les agressions sexuelles : l’inceste, les abus sexuels, le viol (commis
par un proche, des pervers sexuels, la soldatesque10, le partenaire
sexuel, un prétendant éconduit, une personne voulant humilier ou
imposer son autorité11, etc.), l’esclavage sexuel et la prostitution
forcée (dans les réseaux de prostitutions en Asie12, chez des particu-
liers13, au sein de groupes armés dans les contextes de guerre14, etc.).
Assimilables aux violences sexuelles, retenons les soins abusifs et le
maternage sexualisé. Ils sont le plus souvent attribués aux mères.
Ce nursing pathologique est généralement justifié par des préten-
dues considérations d’ordre hygiénique, médical ou éducatif. Citons
les vérifications anales et vaginales, les toilettes intravaginales, les
lavements excessifs ainsi que les prises de température injustifiées
ou l’administration immodérée de suppositoires par voie rectale.
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Le traumatisme psychique
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1. L’événement traumatique
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Marc a 7 ans, sa sœur trois de moins. Ils sont assis sur le siège
arrière lorsque le garçonnet défie sa sœur de sauter du véhicule en
marche. La petite ouvre la portière, tombe et se blesse grièvement.
Suite à l’accident, Marc développe une souffrance traumatique faite
de cauchemars et de souvenirs intrusifs de la chute.
COMPRENDRE
Plus encore que les adultes, les enfants et les adolescents sont sensibles aux ruptures affectives. En effet,
les relations qu’ils établissent avec des figures d’attachement constituent le substrat sur lequel se tissent
leurs sentiments de sécurité et de confiancec. Une séparation brutale peut compromettre gravement leur
développement émotionnel et conduire ultérieurement à des troubles de la personnalitéd. La privation
de « tuteur de développement »28 non compensée par des « tuteurs de résilience »29 se révèle d’autant
plus pernicieuse qu’elle est précoce.
C’est à Lenore Terr30 que l’on doit la première typologie des traumatismes.
Elle distingue deux catégories : les traumatismes de type I et de type II.
c. Voir infra les différents types d’attachement dans le sous-chapitre : « Les variables
liées à l’enfant », p. 44.
d. Voir infra les attachements insécures et désorganisés dans le sous-chapitre : « Les
variables liées à l’enfant », p. 44.
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1. L’événement traumatique
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A. La transmission du traumatisme
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1. L’événement traumatique
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1. L’événement traumatique
Anne, une fillette de 10 ans, est en vacances avec ses parents. Alors
que la famille est en balade, son père, jusqu’à ce jour en bonne
santé, se plaint subitement de céphalées violentes, se prend la tête
dans les mains et s’écroule raide mort, la bouche ouverte et les yeux
écarquillés. Sa mère, désespérée par la disparition tragique de son
époux, sombrera dans une dépression profonde qui, durant plusieurs
années, la rendra inapte à offrir à sa fille l’affection dont elle a besoin.
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Le traumatisme psychique
Depuis sa plus tendre enfance jusqu’au jour de ses 18 ans où elle fuit
sa famille, Pamela sera régulièrement abusée par son père.
Alain naît dans un foyer heureux jusqu’au jour où, alité de longs mois
suite à un accident de travail, son père désœuvré se met à boire. Très
rapidement, il devient violent avec son épouse qu’il maltraite devant
Alain et son frère. Quelques mois plus tard, il s’en prend aux enfants.
En moins d’un an, les violences sont devenues quotidiennes. À bout
de force, la mère prend la fuite avec ses fils et se réfugie dans un
foyer pour femmes battues.
– La négligence grave.
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1. L’événement traumatique
– La violence psychologique.
« Il y avait les injures, bien sûr. Et les critiques. Rien ne trouvait grâce
à ses yeux. Les cousins, les voisins, tous faisaient toujours mieux,
parlaient mieux, jouaient mieux, réussissaient mieux à l’école, pis-
saient mieux, bref, ils étaient mieux en tout et tout le temps. Mais
finalement, mes pires souvenirs, c’est quand il me promettait quelque
chose qui me faisait vraiment plaisir comme aller au cinéma ou voir
un match de foot et qu’au moment de partir, il disait en ricanant : “Je
n’ai pas le temps, j’ai une urgence, je n’ai pas d’argent, la voiture est
en panne, il n’y a pas suffisamment d’essence” ou un truc du genre. Il
me regardait avec un sourire mauvais. Il prenait un plaisir évident à
me faire mal, à me faire souffrir », rapporte Émile, un grand adolescent
qui vient de quitter le foyer parental.
– Les accidents graves. Ils sont d’autant plus néfastes à la santé mentale
qu’ils ont occasionné des blessures importantes. Une fois guéris,
les enfants blessés souffrent davantage de symptômes psychotrau-
matiques que ceux qui s’en sont sortis sains et saufs. Toutefois,
paradoxalement, dans la phase post-immédiate, ils présentent géné-
ralement moins de troubles que leurs pairs indemnes. La sollicitude
de l’entourage, les soins dont ils sont l’objet et la mobilisation psy-
chique exercée par les sensations physiques douloureuses leur appor-
teraient une diversion temporaire qui postposerait la confrontation
au traumatisme. Les enfants qui n’ont pas été blessés devraient
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Le traumatisme psychique
Suite à une mauvaise chute ayant causé une fracture d’une vertèbre
lombaire, Sarah, 7 ans, sera hospitalisée plusieurs semaines et devra
porter un corset pendant trois mois. Elle se comporte normalement
jusqu’à ce qu’on lui retire ledit corset. Dès cet instant, elle marche
à pas comptés et se montre effrayée par de multiples activités et
situations, refusant de rouler en vélo, de courir et de sauter, de faire
de la gymnastique, de nager, de monter dans un véhicule, etc.
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1. L’événement traumatique
Les conflits armés ont aussi leur cortège d’atrocités telles qu’avoir été
menacé de mort, avoir dû se cacher pour échapper à une mort certaine,
avoir subi un viol, la torture ou des mauvais traitements, avoir été blessé,
avoir échappé à des mitraillages, des pilonnages d’artillerie ou à des
bombardements aériens, avoir vu ses parents, ses frères et sœurs terro-
risés, violés, battus ou tués, avoir été abandonné et laissé seul sans abri,
sans nourriture ni protection, avoir vu des cadavres jonchant les rues,
avoir été expulsé et jeté sur les chemins de l’exode dans des conditions
effrayantes, etc.
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Le traumatisme psychique
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1. L’événement traumatique
Tous les dimanches, Louise est abusée sexuellement par son beau-
frère dans l’atelier où il l’attire en prétextant lui apprendre la méca-
nique. Devenue adulte, Louise se dit très déprimée et angoissée. Elle
n’attend rien de bon de la vie et pense souvent au suicide.
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Le traumatisme psychique
Il y a deux ans, pour échapper aux abus sexuels perpétrés par son
beau-père, François a quitté le foyer familial. Il avait 16 ans à peine.
Depuis, il a abandonné sa scolarité et squatte avec son chien dans
un building désaffecté. Il vit de la générosité des voisins et de men-
dicité. Sa mère, qu’il voit à l’insu du conjoint de celle-ci, lui donne un
peu d’argent. Peu à peu, il s’est mis à consommer de la bière et de
la drogue. Il raconte : « C’était mon père, enfin, mon beau-père, mais
je l’appelais “Papa”. J’avais 5 ans quand il a rencontré ma mère. Je
me demande d’ailleurs si c’est ma mère qu’il a choisie ou moi… Je ne
pouvais pas lui échapper… Ma mère fermait les yeux. Je dis qu’elle
fermait les yeux parce que vous trouvez ça normal, vous, quand elle
sortait le soir avec une copine, qu’elle ne trouve rien d’anormal à ce
que mon beau-père lui dise : “Nous, on va se faire une soirée entre
hommes, on va se mettre au lit et on va regarder un bon film !” ?
OK, quand j’avais 5 ans, ça passe, mais à 15, vous ne trouvez pas
qu’elle aurait dû se poser des questions ? Bon, et puis, quand j’étais
petit, comme tous les enfants, j’avais tout le temps envie d’être avec
elle, mais ado, j’ai continué à être dans ses jupes. J’allais faire les
courses même quand elle allait s’acheter des fringues. Je ne voulais
pas rester seul avec lui. Elle, ça lui faisait plaisir que son fils chéri
l’accompagne, mais moi, je me dis qu’elle aurait quand même dû se
poser des questions. Et puis, ça n’allait pas à l’école. J’avais tout le
temps des échecs. Enfin, voilà, moi, je pense qu’il y avait des tas
de trucs qui montraient que ça n’allait pas, mais j’étais coincé… Je
ne pouvais pas échapper à ce pervers et je ne pouvais pas lui en
parler à elle parce qu’elle n’était pas prête à l’entendre. Avec ses
parents, mes grands-parents, ce n’était pas génial. En fait, ma mère,
c’est quelqu’un de très fragile. Elle n’osait pas affronter ses parents.
Bref, j’ai l’impression qu’elle n’a rien voulu voir pour ne pas se retrou-
ver seule et pour ne pas être la cible des critiques de ses parents.
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1. L’événement traumatique
Pourtant, avec le métier qu’elle fait… mais comme on dit, ce sont les
cordonniers qui sont les plus mal chaussés. J’adore ma mère, mais je
lui en veux de rester avec lui. Lui, je le déteste. »
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Le traumatisme psychique
j’ai compris que ce n’était pas le moment de discuter. Elle nous a fait
faire le grand tour pour éviter qu’on voie le cadavre et elle nous a
conduits chez la voisine. La police est arrivée très rapidement. On a
entendu les sirènes. Mon frère et moi, on regardait par la fenêtre. Je
me souviens qu’il y avait plusieurs combis. Un peu plus tard, plein de
journalistes sont arrivés. Il y avait un fameux remue-ménage devant
la maison. C’était impressionnant… Aujourd’hui, avec le recul, je me
demande comment elle a réussi à garder la tête froide. Elle a vu son
mari dans une mare de sang, transpercé d’une dizaine de coups de
couteau, elle ne s’est pas arrêtée, elle n’a pas hurlé, elle a tout de
suite pensé à ses enfants. C’est fou, non ? Elle a foncé sur nous avec
pour seule idée de nous protéger de cette vision d’horreur et de nous
mettre à l’abri. Quand on y pense… Chapeau ! »
Nous l’avons vu, dans l’univers des enfants, les adultes sont pro-
tecteurs, résistants, courageux et invincibles. Si l’attitude de l’adulte
face à la situation adverse correspond à cette représentation, il peut
être rassuré. A contrario, s’il le perçoit angoissé et impuissant, il peut
être profondément perturbé, ce qui pourra favoriser l’apparition d’un
trouble traumatique.
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1. L’événement traumatique
Florence, victime d’une tentative de viol par son oncle alors qu’elle
était âgée d’une quinzaine d’années, nous livre : « Ça s’est passé
dans ma chambre. Il est venu la nuit et je me suis réveillée parce qu’il
était en train de me toucher. Ce n’était pas la première fois et mes
parents le savaient. Mes parents dormaient dans la chambre à côté.
Ils n’ont pas bougé. Ma mère dit qu’ils ont entendu que je criais :
“Va-t’en ! Va-t’en !”, mais que mon père l’a empêchée de venir voir ce
qui se passait. Il lui aurait dit que j’étais sûrement en train de rêver.
Ils ont été lâches. Ils ont préféré étouffer l’affaire pour qu’il n’y ait pas
un scandale dans la famille. »
Nicolas avait 14 ans lorsque son domicile a été ravagé par un incen-
die. « Mon père s’est sauvé et m’a planté là. Il est passé devant ma
chambre, il a crié pour que je sorte, mais il n’a même pas ouvert
la porte. Chacun pour soi ! C’est le voisin qui est venu me chercher.
L’escalier commençait à brûler quand on est descendu… Jusque-là,
mon père, c’était mon héros ! Ça a complètement changé ce que je
pensais de lui, mais aussi de ce que je pensais de toute l’humanité.
Si mon père avait été capable de manquer de courage au point de
me laisse crever, qu’est-ce que je pouvais espérer des autres ? Jeune
adulte, vers 20 ans, j’ai été voir un psy et j’ai travaillé ça. Je me suis
dit que c’était normal parce que dans ces cas-là, on ne réfléchit pas.
C’est l’instinct, on sauve sa peau. Enfin, en tout cas, j’essayais de
m’en convaincre pour ne plus lui en vouloir. Mais maintenant, je suis
devenu papa, alors, tout ça, ça ne tient plus. Jamais je ne pourrais
laisser mon fils. »
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1. L’événement traumatique
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d’avoir provoqué par la force de leur volonté le drame qui les accable
ou être convaincus qu’il leur est infligé pour les punir. Les sentiments de
culpabilité et de honte qui en découlent sont des éléments importants dans
l’éclosion d’une souffrance traumatique ou dans sa perpétuation.
A contrario, certaines caractéristiques individuelles s’avèrent favorables
au maintien et à la restauration de l’équilibre psychique. Elles constituent
des ressources internes favorisant la résilience. Sans être exhaustifs, citons :
– Les mécanismes de défense : avoir la capacité d’utiliser de façon adé-
quate les mécanismes de défense tels le clivage69, l’intellectualisa-
tion70, l’humour71, la sublimation72, l’altruisme73, l’activisme74, etc.
– Les compétences émotionnelles : être capable de réguler ses affects (en
particulier, la peur, la colère, le rejet, etc.), de vivre une gamme
étendue d’émotions et de relativiser, être assertif75, faire preuve
d’optimisme, etc.
– Les compétences sociales : être doté d’une personnalité sociable, tour-
née vers autrui, empathique, douée de capacité réflexive76, habile
à établir des relations sociales durables et de bonne qualité (dans la
famille, avec les voisins, à l’école, avec les jeunes du quartier, dans
les centres de loisirs, etc.), être capable de solliciter du soutien et
d’accepter de l’aide, être investi dans des activités diverses (scola-
rité, pratique sportive, artistique, religieuse, politique ou citoyenne,
mouvements de jeunesse, lecture, etc.), etc.
– La relation à soi : pouvoir agir avec indépendance, être pourvu d’un
profond sentiment d’identité personnelle, avoir de l’estime pour
soig, éprouver un sentiment d’utilité et de compétence personnelle,
se reconnaître des expériences de réussite, etc.
– L’habileté à résoudre les problèmes : pouvoir faire preuve d’abstrac-
tion, d’analyse et d’introspection, être pragmatique, être flexible
dans la façon de penser, être capable de relativiser, être à même
de trouver des solutions alternatives, etc.
– La capacité à formuler des projets de vie et la détermination à les atteindre :
être à même d’identifier ses besoins et ses attentes, pouvoir se projeter
dans l’avenir et anticiper, se fixer des buts, avoir la volonté et la force de
fournir les efforts nécessaires pour les atteindre, être persévérant, etc.
Davantage encore que celles des adultes, les réactions des enfants
et des adolescents à un événement potentiellement traumatisant sont
g. La qualité des relations précoces avec les figures parentales joue un rôle majeur
dans le développement ultérieur de l’estime de soi et la qualité des relations avec l’entou-
rage à l’âge adulte. Voir supra, p. 45.
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Josiane, abusée dans son enfance par son père et dans son adoles-
cence par son beau-père, raconte : « Quand j’ai dit à ma mère que mon
père me faisait des choses, elle m’a prise sous le bras et on est par-
ties, mais quand ça a recommencé avec son nouveau compagnon, là,
elle m’a dit qu’elle n’avait pas les moyens de le quitter. Elle est restée
avec lui pour son fric ! Moi, je me dis qu’il faut avoir un sacré problème
pour qu’une mère ne protège pas ses enfants ! Je suis partie dès que
j’ai eu 18 ans. Je suis partie vivre avec mon copain. Il m’a beaucoup
soutenue et avec son aide, j’ai entamé un procès contre mon beau-
père. Mon copain m’a poussée à le faire avant qu’il ne soit trop tard,
avant qu’il y ait prescription. Les flics ont fait une perquisition chez
mon beau-père et chez un de ses amis. Pendant que ça se passait, il
me filmait… La police a retrouvé des cassettes vidéo chez son ami…
J’ai prévenu ma mère qu’elle risquait d’être poursuivie pour complicité.
Du coup, elle a eu peur et elle l’a quitté, mais presque dix ans après
les faits ! J’ai pitié d’elle. Je l’aime, mais elle m’énerve. Elle reste pour
le fric et elle part parce qu’elle a peur pour elle, mais moi, là-dedans,
elle n’en avait rien à foutre, je pouvais crever la gueule ouverte. C’est
une pauvre fille… Dans cette famille, ils sont tous malades… »
– Les adultes sont perturbés. Les adultes, aux prises avec leurs propres
difficultés, ne sont parfois plus en mesure d’assurer correctement
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dans ses bras, qu’il fasse des activités avec moi comme avant, qu’on
aille nager, qu’on aille faire du vélo, mais il ne veut plus. Je me sens
vraiment seule. »
Antoine, qui avait dix ans lorsque son père a été incarcéré pour pédo-
philie, relate : « Quand mon père est parti en prison, ma mère s’est
retrouvée seule avec nous six. Elle a dû reprendre un travail pour avoir
de l’argent pour nous élever. Temps plein au boulot et à la maison,
les courses, la lessive pour sept personnes, la cuisine, la vaisselle…
Évidemment, on aidait, mais quand même, le plus gros, c’était elle qui
le faisait… Elle n’avait pas une minute à nous consacrer. On devait
se débrouiller seuls pour les devoirs. Les grands aidaient les petits,
mais pour ce qui est des câlins… Ça, il n’y avait qu’elle qui aurait pu
nous les donner… Et vous savez, on en aurait bien eu besoin… On
était déboussolés avec ce qui s’était passé. Vous pouvez imaginer…
Le père en prison pour des histoires de mœurs, le rejet des copains
de classe, le rejet des gens du village… »
Hubert témoigne : « C’est clair que ça ne devait pas être facile pour
lui. Il avait perdu sa femme et il avait beaucoup de chagrin. C’était
une vraie histoire d’amour entre mon père et ma mère. Mais comme il
s’est retrouvé seul avec deux gamins, il n’y avait pas que le chagrin,
il y avait aussi des choses très terre-à-terre à gérer. Il a dû apprendre
à faire le ménage, la cuisine, la lessive. Il a dû s’occuper de nous
pour l’école. Du temps de ma mère, il ne savait même pas où se
trouvaient les petites cuillères ! Il rentrait de son boulot et il mettait
les pieds sous la table. Tout était fait, la maison était propre, les
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C’est fréquemment le cas des plus jeunes (en dessous de 5 ans). Les
plus grands peuvent adopter des attitudes défensives et contrôler
leurs réactions. En l’absence de troubles évidents, les adultes sont
généralement persuadés que leurs enfants n’ont pas conscience de
la gravité des événements et, par conséquent, négligent leur besoin
de soutien. De plus, il peut leur être difficile de détecter des symp-
tômes qu’ils ne ressentent pas eux-mêmes ou minimiser leur impor-
tance s’ils ne sont pas intenses.
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Notes
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12 Un million d’enfants travailleraient dans le commerce du sexe en Asie du Sud-Est.
13 En Afrique, en Amérique latine et en Asie, des enfants sont « adoptés » ou engagés
par des familles pour remplir diverses tâches ménagères et satisfaire sexuellement les
hommes de la maison.
14 Des enfants (garçons et fillettes) sont enrôlés par les belligérants dans certains pays
d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. Outre les tâches militaires ou ménagères qui leur
échoient, ils sont utilisés pour assouvir les besoins sexuels des adultes.
15 Le fait de secouer un nourrisson peut provoquer un traumatisme crânien nommé
« syndrome du bébé secoué » à l’origine de séquelles irrémédiables (paralysie, retard men-
tal, cécité, épilepsie, etc.) et, dans les cas les plus dramatiques, du décès.
16 Extorsions répétées de biens (argent, objets, vêtements, etc.) ou contraintes à exé-
cuter des actes sous la menace, parfois accompagnées de violence physique.
17 Par exemple, le petit pont massacreur ou jeu de la cannette, le jeu du carton rouge,
le happy slapping (vidéo-lynchage), etc. Ces « jeux » consistent à passer à tabac un cama-
rade désigné de manière arbitraire (par exemple, parce qu’il est celui de la classe portant
le plus grand nombre de pièces vestimentaires d’une certaine couleur) ou parce qu’il a
« raté » une épreuve (ne pas avoir saisi une balle, une cannette de soda, etc.).
18 La cyberintimidation (en anglais, cyberbullying) englobe tout acte d’intimida-
tion commis par le biais du courrier électronique, des blogs, des chats et des sites de
réseautage social (MSN, Facebook, MySpace, etc.). Elle est en constante augmentation et
évolue au rythme des nouvelles technologies. La cyberintimidation cause d’autant plus
de ravages qu’elle n’est limitée ni dans l’espace ni dans le temps. En effet, les données
sensibles (par exemple, révélation de l’orientation sexuelle), les rumeurs et les fausses
allégations sont diffusées rapidement à un grand nombre d’internautes. De plus, l’in-
formation est potentiellement pérenne car enregistrée simultanément sur de multiples
ordinateurs, elle ne peut être éradiquée aisément. Soulignons encore que les attaques
sont souvent plus virulentes que celles lancées dans les cours d’école, les agresseurs
réalisant moins leur portée face à leur écran que lorsqu’ils sont confrontés aux réactions
de leur victime.
19 Ablation de l’extrémité du clitoris ou du capuchon clitoridien.
20 Excision partielle ou totale du clitoris et souvent, des petites lèvres.
21 Également appelée circoncision pharaonique : clitoridectomie totale, ablation des
petites lèvres, incision presque totale des grandes lèvres et suture de ce qui reste des
grandes lèvres couvrant l’urètre et l’entrée du vagin et ne laissant qu’un minime pertuis
très postérieur pour le passage de l’urine et des règles.
22 La coutume consistant à marier des enfants ou de jeunes adolescents (en particulier
des fillettes) est répandue dans de nombreux endroits du monde (par exemple, au Ban-
gladesh, au Népal, en Somalie, en Afrique subsaharienne, etc.).
23 Dans certaines sociétés, la fille violée se voit imposer d’épouser son agresseur afin
de laver l’honneur de sa famille.
24 La douleur et la sexualité occupent une place essentielle dans les rites de passage
(par exemple, douloureuses morsures de fourmis venimeuses sur le sexe des garçonnets).
25 Certains médecins acceptent de pratiquer les excisions à l’hôpital. Si les risques
d’infection et de saignement sont ainsi diminués, il n’en est rien des nombreuses consé-
quences néfastes pour la santé reproductive et sexuelle.
26 AVEGA « Agahozo » (1999), « Étude sur les violences faites aux femmes », document
de l’association, Kigali.
27 Des nombreux cas de cannibalisme ont été rapportés au Libéria durant les diffé-
rentes guerres qui ont secoué le pays jusqu’en 2003. Les enfants soldats mangeaient le
cœur de leurs victimes pour devenir invincibles.
28 Selon l’expression de Boris Cyrulnik.
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29 Selon l’expression de Boris Cyrulnik.
30 L.C. Terr (1991), “Childhood traumas : an outline and overview”, Am. J. Psychiatry,
148: 10-20.
31 E.P. Solomon & K.M. Heide (1999), “Type III Trauma : Toward a More Effective
Conceptualization of Psychological Trauma”, Int J Offender Ther Comp Criminol, 43:202-210.
32 J. Herman (1997), Trauma and recovery : The aftermath of violence from domestic
abuse to political terror, New York, Basic Books.
33 S. Isaacs, S.C. Brown & P.H. Thoulness (1941), The Cambridge evacuation survey,
London, Methuen.
34 Voir M.F. Barnes (1997), Understanding the secondary traumatic stress of parents,
in C.R. Figley, Burnout in Families : The Systemic Costs of Caring, CRC Press, 75-90 ; C.A.
Erickson (1989), Rape and the family, in C.R. Figley (1989), Treating stress in families, New
York, Brunner/Mazel, 257-290 ; C.R. Figley (1983), Catastrophes : A overview of family
reactions, in C.R. Figley & H.I. McCubbin (1983), Stress and the Family : Volume II : Coping
with Catastrophe, New York, Brunner/Mazel, 3-20.
35 Voir H. Barocas & C. Barocas (1973), “Manifestations of concentration camp effect
on the second generation”, American Journal of Psychiatry, 130, 820-821 ; H. Epstein (2005),
Le traumatisme en héritage. Conversations avec des fils et filles de survivants, Paris, La Cause
des Livres ; J. Kestenberg (1983), “Psychoanalysis of children of survivors of the Holocaust :
Case presentation and assessment”, Journal of the American Psyhoanalytic Association, 28,
775-804 ; C. Vegh (1979), Je ne lui ai pas dit au-revoir, Paris, Gallimard ; N. Zajde (2005),
Enfants de survivants, Paris, Odile Jacob ; L. Williams-Keeler (1998), “PTSD transmission : a
review of secondary traumatization in Holocaust survivor families”, Canadian Psychology,
http://findarticles.com/p/articles/mi_qa3711/is_199811/ai_n8810928.
36 Z. Solomon, M. Kotler & M. Mikulincer (1988), “Combat-Related Posttraumatic Stress
Disorder among second-generation Holocaust survivors : Preliminary findings”, American
Journal of Psychiatry, 7, 865-868 ; R. Rosenheck & P. Nathan (1985), “Secondary Trauma-
tization in children of Vietnam Veterans”, Hospital and Community Psychiatry, 5, 538-539.
37 H. Flamand, « La transmission intergénérationnelle : des traumatismes », http://
www.minkowska.com/article.php3?id_article=157 ; M. Vinar (1988), Exil et torture, Paris,
Denoël.
38 Voir J.J. Sigal, V.F. DiNicola & M. Buonvino (1988), “Grandchildren of survivors :
Can negative effects of prolonged exposure to excessive stress be observed two generations
later?” Canadian Journal of Psychiatry, 33, 207-212 ; J. Altounian (1990), Ouvrez-moi seule-
ment les chemins d’Arménie. Un génocide aux déserts de l’inconscient, Paris, Les Belles Lettres ;
V. Yeghicheyan (1983), « Des problèmes de filiation après le vécu collectif d’un géno-
cide (à propos de la minorité arménienne en diaspora) », Revue française de psychanalyse,
4, 971-985 ; M.-L. Aubignat (2007), « Répercussions psychopathologiques de la Seconde
Guerre mondiale sur la troisième génération », JIDV 14, tome 5, no 2, janvier 2007, http://
www.jidv.com/njidv/index.php/archives/par-numero/jidv-14/120-jidv-14/217-repercus-
sions-psychopathologiques-de-la-seconde-guerre-mondiale-sur-la-troisieme-generation-
39 Selon H. Krystal (1988), Integration and Self-healing : Affect-Trauma-Alexithymia,
London, Routledge.
40 C. Rousseau (1994), « La place du non-dit : éthique et méthodologie de la recherche
avec les enfants réfugiés », Santé mentale au Canada, hiver 1993-1994, 13-17.
41 On appelle « résilience » la capacité à rebondir après un événement traumatique ou
une situation difficile prolongée. Actuellement, il n’existe pas de consensus entre spécia-
listes quant aux critères d’évaluation de la résilience. Sont souvent retenues la compétence
sociale (activités, style d’attachement, relations sociales, réussite scolaire et intellectuelle,
insertion professionnelle) et la symptomatologie clinique (bien-être psychologique, absence
de troubles psychiatriques). Notons qu’un individu peut manifester de la résilience dans
un domaine et non dans un autre.
61
42 Voir H. Epstein (2005), Le traumatisme en héritage. Conversations avec des fils et filles
de survivants, Paris, La Cause des Livres.
43 Voir G. Vila, « Maltraitances sexuelles. Quels sont les éléments permettant d’évaluer
les risques de conséquences à moyen et long termes ? », in Fédération française de psychia-
trie (2004), « Conséquences des maltraitances sexuelles : reconnaître, soigner, prévenir »,
http://lincesteparlonsen.org/articles/EVALUA~1.PDF.
44 Ibid.
45 Voir D.A. Wolfe, L. Sas & C. Wekerle (1994), “Factors associated with the develop-
ment of posttraumatic stress disorder among child victims of sexual abuse”, Child abuse
Negl 1994, 18, 37-50.
46 C.J. Frederick (1985), Children traumatized by catastrophic situations, in
S. Eth & R.S. Pynoos (1985), Post-traumatic stress disorders in children, Washington D.C.,
American Psychiatric Press.
47 Les acouphènes sont des perceptions de sensations sonores en l’absence de tout
stimulus extérieur (bourdonnements, sifflements, grésillements, tintements, etc.).
48 Le 13 novembre 2015 à Paris, dans plusieurs rues des 10e et 11e arrondissements,
trois individus ont ouvert le feu sur des personnes attablées à des terrasses de bars et de
restaurants.
49 L.C. Terr (1991), “Childhood Traumas : An Outline and Overview”, Am J Psychiatry
1991, 148, 10-20.
50 G. Realmuto, A. Masten, L.F. Carole, J. Hubbard, A. Grotelhshen & B. Chlun (1992),
“Adolescent survivors of massive childhood trauma in Cambodoa : life events and current
symptoms”, Jal of Traumatic Stress, 5, 4, 589-600.
51 De nombreux cadavres ont été dévorés par les chiens.
52 Camp de concentration serbe en Krajina, dans le nord de la Bosnie.
53 R.S. Pynoos, C.J. Frederick, K. Nader et al. (1987), “Life threat and post-traumatic
stress in school-age children”, Archives of General Psychiatry 1987, 148, 10-20 ; R.S. Pynoos
et al. (1993), “Post-traumatic Stress Reactions in Children After the 1988 Armenian Earth-
quake”, British Journal of Psychiatry 1993, 163, 239-247.
54 M.C. Mouren-Simeoni (1994), Syndrome de stress post-traumatique, in M. C.
Mouren-Siméoni, G. Vila & L. Vera, Troubles anxieux de l’enfant et de l’adolescent, Paris,
Maloine, 42-47.
55 Un home-jacking est un vol de véhicule, souvent violent, commis après s’être
emparé des clés dans une habitation.
56 La fonction réflexive est la capacité de comprendre ses propres attitudes et celles
d’autrui en tenant compte des émotions, des croyances et des attentes implicites qui les
étayent.
57 Terme employé par Freud dans son livre Au-delà du principe du plaisir (S. Freud
[1920, éd. 1971], Au-delà du principe du plaisir, Paris, Petite bibliothèque Payot). « La
fonction consiste à protéger l’organisme contre les excitations en provenance du monde
extérieur, qui par leur intensité, risqueraient de le détruire » (Laplanche et Pontalis [1967,
éd. 1984], Vocabulaire de la psychanalyse, Paris, Presses Universitaires de France). Dans
Au-delà du principe du plaisir, Freud définit le traumatisme comme « toutes excitations
externes assez fortes pour faire effraction dans la vie psychique du sujet ». Il constitue
donc une effraction du pare-excitation. Chez le tout-petit, la fonction de pare-excitation
est essentiellement assumée par la mère.
58 Pédiatre, psychiatre et psychanalyste britannique.
59 Traduction de “There is no such thing as a baby”, déclaration faite en 1942 lors
d’une conférence et qu’il a présentée dans un article en 1952 au colloque de la Bri-
tish Psycho-Analytical Society (D.W. Winnicott [1952, éd. 1992], Anxiety Associated with
62
Insecurity, in Through Paediatrics to Psychoanalysis : Collected Papers, Karnac Books, coll.
Karnac Classics Series, 99).
60 Notons que la notion d’adulte est subjective et dépend de l’âge de l’enfant. Ainsi,
pour les jeunes enfants un adolescent de 14-15 ans est généralement perçu comme un
adulte.
61 Ensemble de croyances inférant les causes des comportements et des événements
et, par là même, leur accordant un sens.
62 M.D.S. Ainsworth, M.C. Blehar, E. Waters & S. Wall (1978), Patterns of attachment :
a psychological study of the strange situation, Hillsdale, NJ, Lawrence Erlbaum Associates.
63 M. Main & J. Solomon (1990), Procedures for identifying infants as disorganized/
disoriented during the Ainsworth Strange Situation, in M.T. Greenberg, D. Cicchetti & E.M.
Cummings, Attachment during the preschool years : Theory, research and intervention, Chicago,
University of Chicago Press, 121-160.
64 K. Lyons-Ruth & D. Jacobvitz (1999), Attachment disorganization : Unresol-
ved loss, relational violence and lapses in behavioral and attentional strategies, in
J. Cassidy & P. Shaver, Handbook of attachment, New York, Guilford Press, 520-554.
65 M. Main & E. Hesse (1990), Parents’ unresolved traumatic experiences are related
to infant disorganized attachment status, in M.T. Greenberg, D. Ciccehetti & E.M. Cummi-
ngs, Attachment in the preschool years : Theory, research, and intervention, Chicago, University
of Chicago Press, 161-184.
66 Voir J. Kagan (1999), The concept of behavioral inhibition, in L.A.
Schmidt & J. Schulkin, Extreme fear, shyness, and social phobia. Origins, biological mecha-
nisms, and clinical outcomes, New York, Oxford University Press.
67 On entend par « émotionnalité » une réactivité émotionnelle intense. Voir A.H.
Buss & R. Plomin (1984), Temperament : early developing personality traits, Hillsdale,
Laurence Erlbaum Associates.
68 Stade défini par Piaget. Cette étape du développement est caractérisée par l’appa-
rition de la fonction symbolique, c’est-à-dire de l’aptitude à évoquer ou invoquer un objet
absent grâce à un substitut le représentant. La pensée magique est l’une des caractéris-
tiques du stade pré-opératoire. Voir J. Piaget (1979, éd. 2005), L’épistémologie génétique,
Paris, Presses Universitaires de France, coll. Que sais-je ?
69 Le clivage du Moi induit une scission entre une partie du Moi en contact avec une
réalité acceptée et une autre partie soustraite d’une réalité anxiogène. Deux potentialités
contradictoires coexistent au sein du Moi, l’une prédisposant à tenir compte de la réalité,
l’autre à la dénier. Dans le contexte d’un traumatisme, le clivage constitue une scission
entre l’expérience effroyable et la partie saine du Moi protégée du souffle traumatique.
70 L’intellectualisation évacue de la conscience la signification émotionnelle des
conflits et des menaces. En donnant au sujet le sentiment de maîtrise et en lui évitant
un affrontement émotionnel trop brutal, ce mécanisme de défense diminue l’anxiété et
préserve l’estime de soi.
71 Au sens restreint retenu par Freud, l’humour consiste à présenter une situation vécue
comme traumatisante de manière à en dégager les aspects plaisants, ironiques ou insolites.
C’est dans ce cas seulement qu’il peut être considéré comme un mécanisme de défense.
72 La sublimation revêt ici une acception différente de celle communément admise
en psychanalyse. Au sens freudien, la sublimation conduit le sujet à remplacer une repré-
sentation sexuelle initiale par une autre non sexuelle. Dans le contexte de la résilience,
la dimension sublimatoire désigne l’investissement de l’imaginaire pour échapper à une
réalité insoutenable. Les rêveries, les souvenirs positifs et l’idéalisation d’une situation ou
de personnes permettent la constitution d’un espace interne inviolable où l’enfant peut
se ressourcer.
63
73 L’altruisme est le dévouement à autrui qui permet au sujet d’échapper à un conflit
intrapsychique.
74 L’activisme est un moyen de gérer des conflits psychiques ou des situations trau-
matiques par le recours à l’action. Ce mécanisme a pour effet d’obérer la réflexion et la
confrontation aux affects, l’hyperactivité empêchant le repos psychique.
75 L’assertivité ou affirmation de soi est la capacité d’exprimer ses sentiments et ses
pensées sans agressivité ni manipulation.
76 En attribuant un sens aux comportements d’autrui, cette fonction les rend plus
prévisibles et donc moins difficiles à gérer sur le plan émotionnel et comportemental. Ceci
explique pourquoi une fonction réflexive adéquate est un facteur majeur de résilience.
Voir P. Fonagy, M. Steele, H. Steele, A. Higgitt & M. Target (1994), “The Emmanuel Miller
memorial lecture 1992. The theory and practice of resilience”, Journal of Child Psychology
and Psychiatry and Allied Disciplines, 35, 231-257 ; O. Bernazzani (2001), « Transmission
intergénérationnelle des problèmes psychologiques liés à la victimisation au cours de
l’enfance : facteurs de risque et de protection », Revue québécoise de psychologie, vol. 22,
no 1, 2001.
77 Voir B.L. Green, M. Korol, M.C. Grace, M.G. Vary, A.C. Leonard, G.C. Gleser & S. Smit-
son-Cohen (1991), “Children and Disaster : Age, Gender, and Parental Effects on PTSD
Symptoms”, J Am Acad Child Adolesc Psychiatry 1991, 30, 945-951 ; G. Vila & M.C. Mou-
ren-Simeoni (1999), « État de stress post-traumatique chez le jeune enfant : mythe ou
réalité ? », Annales médico-psychologiques, 1999, 157, 7, 456-469.
78 En psychanalyse, la période de latence désigne la période débutant au déclin de
la sexualité infantile (vers 6 ans) et s’achevant avec l’avènement de la puberté. Elle est
caractérisée par une diminution des pulsions sexuelles et une augmentation des intérêts
intellectuels.
79 On parle de victimisation secondaire lorsque la victime d’un événement traumati-
sant est confrontée à une réaction inadéquate à l’égard de cette victimisation. Cette réac-
tion peut émaner d’une personne (famille, voisinage, connaissances, condisciples, etc.),
d’une institution (police, justice, services administratifs, etc.), des médias, etc. Elle risque
d’aggraver les dommages physiques ou psychologiques causés par l’incident délétère,
voire d’engendrer de nouvelles souffrances.
64
2 Les réactions
des nourrissons,
enfants et adolescents
face à un événement
traumatisant
65
Le traumatisme psychique
66
2. Les réactions des nourrissons, enfants et adolescents face à un événement traumatisant
67
En résumé
68
Vérifiez vos connaissances
69
Notes
1 La définition des Nations unies entend par « enfant » tout être humain âgé de moins
de 18 ans. Il est évident que les enfants ne forment pas un groupe homogène. En effet,
on ne peut comparer un enfant de 5 ans à un autre de 15 ans. De plus, un enfant peut
être défini différemment au sein de certains groupes culturels et sociaux.
2 L’adolescence « est la période de transition entre l’enfance et l’âge adulte et se
caractérise a) par des efforts en vue d’atteindre des buts en rapport avec les attentes du
milieu culturel dominant, et b) par des poussées de développement physique, psychique,
affectif et social ». « La transition est définie par le développement biologique, depuis le
début de la puberté jusqu’à la pleine maturité sexuelle et génésique ; par le développe-
ment psychique depuis les caractéristiques cognitives et affectives de l’enfance jusqu’à
celles de l’âge adulte ainsi que par le passage de totale dépendance socio-économique qui
caractérise l’enfance à une relative indépendance » (OMS [1986], Les jeunes et la santé : défi
pour la société. Rapport d’un groupe d’étude de l’OMS sur la jeunesse et la santé pour tous d’ici
l’an 2000, Organisation mondiale de la Santé, Série de Rapports techniques 731, Genève,
http://whqlibdoc.who.int/trs/WHO_TRS_731_fre.pdf). Selon l’OMS, cette transition débute
avec la puberté, vers l’âge de 10 ans, et s’achève avec la majorité légale, vers 19 ans.
Cette catégorisation, utile pour la planification sanitaire, est évidemment arbitraire et ne
tient pas compte des différences individuelles et culturelles, parfois considérables. Si l’on
s’accorde généralement à associer le début de l’adolescence à la puberté, sa fin est par
contre incertaine et davantage tributaire de facteurs culturels. En dépit des différences
entre individus et entre cultures, certaines caractéristiques sont communes à tous les ado-
lescents. À tous, cette transition impose des défis à relever.
3 G. Vila, Maltraitances sexuelles. Quels sont les éléments permettant d’évaluer les
risques de conséquences à moyen et long termes ?, in Fédération française de psychiatrie
(2004), Conséquences des maltraitances sexuelles : reconnaître, soigner, prévenir, http://linceste-
parlonsen.org/articles/EVALUA~1.PDF ; P. Birmes, A. Brunet, D. Carreras, J. L. Ducasse,
J.P. Charlet, D. Lauque, H. Sztulman & L. Schmitt (2003), “The predictive power of peri-
traumatic dissociation and acute stress symptoms for posttraumatic stress symptoms :
a three-month prospective study”, Am J Psychiatry 2003, 160, 1337-9 ; J. Difede, J.T. Ptack,
J. Roberts, D. Barocas, W. Rives & W. Apfeldorf (2002), “Acute stress disorder after burn
injury : a predictor of posttraumatic stress disorder?”, Psychosom Med 2002, 64, 826-34.
70
3 La phase aiguë
71
Le traumatisme psychique
Nicole a été violée par son oncle à l’âge de 7 ans. Elle est aujourd’hui
institutrice. Elle dit n’avoir présenté aucun symptôme jusqu’à ce que
soient révélés les abus sexuels subis par une de ses jeunes élèves.
« Je vous assure, avant ça allait. Vous pouvez demander à mes
parents, vous pouvez demander à mon mari, ils vous le diront. C’est
vraiment cette histoire à l’école qui a tout déclenché. Ça a été comme
une bombe. Là, tout d’un coup, je me suis sentie mal, j’ai eu des
vertiges et mon histoire m’est revenue. Ce n’est pas qu’elle avait
disparu, je m’en souvenais, mais ce que je veux dire, c’est qu’elle
m’est revenue émotionnellement et j’ai envie de dire “physiquement”
aussi. J’ai commencé à faire des cauchemars, à avoir des idées noires,
à repousser mon mari et à être super déprimée. J’ai dû arrêter mon
travail. Ce n’était plus possible pour moi de continuer. Je prends des
antidépresseurs et des anxiolytiques, mais ça ne sert à rien. Le psy-
chiatre veut m’hospitaliser en psychiatrie. »
72
3. La phase aiguë
Arthur a perdu son père dans des circonstances tragiques alors qu’il
était adolescent. « À ce moment-là, ça allait. À cet âge-là, c’est la fuite
en avant. Il y avait les sorties, les amis… Le deuil, on le fait après. »
73
Le traumatisme psychique
Anna, 8 ans, vient de perdre son papa. Sans raison, elle court s’enfermer
dans les toilettes.
74
3. La phase aiguë
Après avoir subi une expérience terrifiante, Marc, 14 ans, s’est enfui
dans la rue. Il a couru sans but jusqu’à ce qu’il s’effondre sur le trottoir,
épuisé et hors d’haleine. Lorsque son ami parvient à le rejoindre, il est
agité, ses gestes désordonnés manquent de coordination, son regard
est hagard et il semble « être ailleurs ». Les secours arrivent rapide-
ment. Lorsque les ambulanciers l’interrogent, Marc se tourne vers son
ami en demandant affolé : « Hein ? Qu’est-ce qu’il dit ? Qu’est-ce qu’il
dit ? Quoi ? Quoi ? Qu’est-ce qu’il dit ? »
Dans les cas extrêmes, la jeune victime peut présenter un état confu-
sionnel suivi habituellement d’une amnésie rétrograde11 : elle est obnubi-
lée, perplexe, a des hallucinations ou des visions oniriques, le plus souvent
terrifiantes, vécues comme vraies.
Comme pour les adultes, la dissociation péritraumatique serait forte-
ment corrélée à l’apparition d’un état de stress aigu et d’un syndrome
psychotraumatique chronique12.
Tout comme les adultes, les enfants et les adolescents fragiles avant
l’événement traumatique (par exemple, personnalité prémorbide, névrose
ou psychose avérée) sont susceptibles de réagir de façon excessive ou ina-
daptée devant une situation hautement stressante et a fortiori traumatique.
75
Le traumatisme psychique
76
3. La phase aiguë
Dans les premiers jours suivant l’événement délétère, les réactions sont
souvent intenses. Généralement, elles s’atténuent rapidement pour disparaître
au bout de quelques jours ou de quelques semaines. Cependant, certaines
jeunes victimes voient leurs troubles persister et d’autres commencent à souf-
frir de symptômes préfigurant un syndrome psychotraumatique (symptômes
77
Le traumatisme psychique
78
3. La phase aiguë
Dans les cas d’abus sexuels, ces comportements de répétition sont sou-
vent caractérisés par des aspects sexuels. Par exemple, les enfants peuvent
manifester des préoccupations sexuelles excessives pour leur âge (curiosité
soudaine portée aux parties génitales des êtres humains ou des animaux,
questionnement récurrent sur la sexualité, voyeurisme, allusions répétées
et inadéquates à la sexualité), se livrer à des conduites auto-érotiques
prématurées, parfois compulsives (attouchements des parties génitales,
masturbation excessive, y compris en public, introduction d’objets dans
le vagin ou l’anus) ou adopter des conduites sexuellement provocantes et
exhibitionnistes. Certains présentent un comportement séducteur et sexua-
lisé, érotisant leur rapport à autrui, attribuant une connotation sexuelle
injustifiée aux attitudes des adultes, voire harcelant ou agressant sexuel-
lement des adultes ou d’autres enfants23.
Outre ces comportements adoptés pendant les faits, ces conduites de
répétition se traduisent par le besoin de représenter l’incident critique,
notamment par le biais d’activités ludiques. De manière répétée, voire
compulsive, le plus souvent sans plaisir ni amusement, les enfants et les
adolescents mettent en scène des aspects ou des thèmes de l’événement
traumatique dans leurs dessins, leurs jeux ou leurs fantaisies (saynètes, his-
toires qu’ils s’inventent, etc.). Par exemple, les jeunes victimes d’agressions
79
Le traumatisme psychique
Ana, 11 ans
80
3. La phase aiguë
Adriana, 13 ans
Adela, 14 ans
81
Le traumatisme psychique
82
3. La phase aiguë
Dans les cas d’abus sexuels, les conduites d’évitement peuvent se tra-
duire par une méfiance ou une peur subite des adultes du sexe opposé
ou du même sexe (en fonction du genre de l’abuseur). Les plus petits
peuvent se débattre et hurler vigoureusement au moment de les langer
ou de la toilette de leurs organes génitaux, esquisser des mouvements
de protection à l’approche ou lorsqu’on les touche. Les plus grands
peuvent refuser brutalement de se déshabiller à l’heure du coucher et
de se dévêtir en public dans des lieux ad hoc (piscine, plage, vestiaire
sportif, etc.) ou devant des personnes étrangères, avoir tendance à se
barricader la nuit, négliger subitement leur hygiène, refuser obstiné-
ment, sans raison apparente ni compréhensible, de côtoyer ou de res-
ter seul en présence d’une personne jusqu’alors appréciée ou tolérée,
rejeter tout ce qui touche à la sexualité, etc. Les adolescents peuvent
déclarer leur volonté de ne pas s’engager dans une relation amoureuse
et sexuelle24. Ces évitements peuvent contribuer au développement de
troubles du développement psychosexuel.
L’émoussement de la réactivité générale se traduit par un désintérêt
progressif pour les relations (réduction des interactions avec l’entou-
rage parental, familial et amical, conduites d’évitement relationnel,
83
Le traumatisme psychique
Tout comme les adultes, dans le décours d’un incident critique, les
nourrissons, les enfants et les adolescents manifestent fréquemment
des troubles non spécifiques aux syndromes post-traumatiques29. Parmi les
plus fréquents, citons les troubles anxieux, dépressifs, psychosomatiques
et comportementaux ainsi que les comportements régressifs et les diffi-
cultés d’apprentissage.
Certains symptômes éclosent précocement dès les premiers jours, d’autres
plus tardivementb. Certains disparaissent au bout de quelques semaines ou
de quelques mois (tels les comportements régressifs, les troubles d’appren-
tissage), d’autres peuvent perdurer jusqu’à l’âge adulte (par exemple, les
désordres anxieux et dépressifs, certains troubles du comportement).
84
3. La phase aiguë
85
Le traumatisme psychique
86
3. La phase aiguë
Comme chez les adultes, les troubles anxieux se présentent chez les
enfants et les adolescents sous forme de crises d’angoisse, d’agitation
désordonnée, de fuites en avant et de surveillance inquiète de l’environne-
ment. De nouvelles peurs sans lien apparent avec l’événement traumatique
peuvent également apparaître. Chez les jeunes enfants, ces réactions s’ac-
compagnent fréquemment de pleurs et de cris, de nausées, de céphalées
ou de coliques. Chez les adolescents, elles se doublent de sensations phy-
siques désagréables dues à l’activation neurovégétative orthosympathique
(palpitations, tremblements, sensations d’évanouissement, gêne ou oppres-
sion respiratoire, vomissements, vertiges, etc.).
Ces troubles anxieux induisent fréquemment des conduites d’évite-
ment, des troubles du sommeil, des difficultés de concentration, etc.
Outre ces manifestations anxieuses rencontrées tant chez les enfants
que chez les adultes, on trouve des réactions spécifiques à l’enfance ;
comme l’attachement anxieux et l’exacerbation des peurs infantiles.
• L’attachement anxieuxc. Les jeunes enfants réagissent souvent aux
expériences effrayantes par un attachement anxieux. Ils craignent que
les êtres aimés les abandonnent ou disparaissent, surtout s’ils ont perdu
un proche. Dès lors, les plus petits ont peur lorsque des personnes
qui prennent habituellement soin d’eux, en particulier leur mère,
disparaissent de leur champ visuel et s’agrippent à elles en présence
d’étrangers. Les plus grands manifestent de l’angoisse, de la colère ou
du désespoir quand on les en sépare et protestent lorsqu’on les laisse
seuls (par exemple, dans leur chambre au moment du coucher, à la
toilette, etc.). L’attachement est normalement empreint d’anxiété chez
les petits de moins de trois ans, mais dans les cas de traumatisme, il
est noyauté de plus d’angoisse et le reste à un âge plus avancé.
• L’exacerbation des peurs infantiles. Dès la naissance, le nourris-
son craint les bruits forts et les mouvements soudains. Vers le sixième
mois, il commence à appréhender les lieux et les personnes qu’il ne
connaît pas et redoute d’être séparé de ses dispensateurs de soind. Vers
l’âge de deux-trois ans et jusqu’à cinq-six ans, l’enfant a peur du noir,
des cambrioleurs, des loups, des monstres, des fantômes, des sorcières
et d’autres créatures imaginaires. Chez les jeunes victimes, ces peurs
infantiles sont souvent exacerbées à l’âge auquel elles apparaissent
habituellement et ont tendance à persister aux stades ultérieurs de
développement.
87
Le traumatisme psychique
Dès leur prime enfance, les jeunes victimes peuvent manifester des
symptômes dépressifs après un événement traumatique. Avec le temps,
ceux-ci peuvent évoluer vers une organisation franchement dépressive.
L’humeur des jeunes victimes est souvent labile oscillant entre d’une
part l’excitation, la colère, et l’agressivité et d’autre part, la tristesse, la
prostration et le repli sur soi.
Lorsqu’ils ont des réactions de retrait, les bébés, les enfants et les ado-
lescents délaissent leurs activités (ils cessent de jouer alors, mais se livrent
sans plaisir à des jeux de répétition ; ils se désintéressent des loisirs, de la
télévision, de l’ordinateur, de l’école, etc.) et leurs relations habituelles
(parents, amis, famille, etc.).
Outre ces réactions, les enfants et
COMPRENDRE les adolescents éprouvent fréquem-
ment des sentiments de culpabilité
Chez le nourrisson, la dépression
excessifs ou inappropriés. Confrontés
apparaît après une phase de détresse
à une catastrophe naturelle, un acci-
et de protestation active et bruyante
dent ou le décès tragique d’un être
(agitation, cris, pleurs)e. La prévalence
cher, ils s’interrogent généralement
de la sémiologie dépressive augmente
sur leur implication. Ces sentiments
avec l’âge. Les enfants plus grands et
de culpabilité peuvent être particu-
les adolescents peuvent présenter des
lièrement intenses entre deux et sept
désordres thymiques rapidement après
ans, lorsque les enfants, au stade de
les événements adverses. Ceux-ci se
l’intelligence préopératoire31, accor-
traduisent par du désarroi, de la tristesse,
dent des pouvoirs magiques à la
des sentiments de solitude, de la passi-
pensée et recourent à leur imagina-
vité ainsi que par une inhibition motrice
tion pour expliquer ce qu’ils ne sont
et intellectuelle.
pas en mesure de comprendre. Ainsi,
ils peuvent être persuadés d’avoir
provoqué l’événement dévastateur par la force de leur volonté ou être
convaincus que le malheur qui les accable leur est infligé pour sanctionner
leur comportement. Ces convictions trouvent un terreau fertile dans les
e. D’après René Spitz, cette phase de protestation durerait en moyenne un mois. Voir
la dépression anaclitique dans « Les troubles dépressifs » dans le chapitre consacré à la
phase à long terme, p. 124.
88
3. La phase aiguë
Liliane, 17 ans, a été violée par son oncle. Elle a reçu le soutien de
ses parents, mais a été tenue pour responsable de l’agression par
les autres membres de la famille. Ses grands-parents, auxquels elle
était très attachée, l’ont chassée de chez eux et ses tantes lui ont
demandé : « Mais qu’est-ce que tu as fait, toi, pour qu’il en arrive là ? ».
89
Le traumatisme psychique
90
3. La phase aiguë
91
Le traumatisme psychique
coton, dans une sorte de brouillard, j’ai l’impression que les choses
autour de moi, ce n’est pas réel, que je ne suis pas moi. Je suis moi
sans être moi. C’est difficile à expliquer. C’est comme si j’étais décon-
nectée. Quand je me coupe, c’est comme si on remettait la prise dans
la fiche. Je veux que ça s’arrête. Je n’en peux plus. C’est horrible. J’en
ai marre. Je veux redevenir moi-même, je veux redevenir moi ! »
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3. La phase aiguë
Sybille, 16 ans, a été violée lors d’un festival de musique. Elle est en
colère : « Je ne pense qu’à ça, à le crever, à lui arracher les couilles
et à les lui faire bouffer. Je voudrais le voir souffrir à petit feu. Je ne
veux pas le crever tout de suite, ce serait trop facile, je veux le faire
souffrir. Je veux l’entendre appeler sa mère. Je voudrais lui faire payer
ce qu’il m’a fait. C’est dégueulasse. Il a pris son pied et maintenant,
il est cool, il est avec ses potes, il se promène, personne ne sait que
c’est un porc. Sa vie continue et la mienne, elle est foutue… Je lui en
veux et je m’en veux aussi à moi. Je n’ai même pas crié. Je n’ai même
pas essayé de me défendre. Une nouille, je suis restée comme une
nouille ! »
93
Le traumatisme psychique
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3. La phase aiguë
COMPRENDRE
Notons que les troubles du sommeil sont fréquents chez les nourrissons et les enfants. Ils ne doivent
alerter que s’ils sont combinés à d’autres signes inquiétants. Le coucher est un moment sensible, car
il éloigne l’enfant de ses parents, ce qui réactive ses angoisses de séparation. Pour l’assumer sans le
vivre comme une rupture, il investit un espace transitionnel47 (rituels du coucher tels que raconter
une histoire, doudou). Ce besoin, plus prégnant s’il a vécu des expériences effrayantes ou des
séparations douloureuses, le conduit à allonger la durée des rituels (avoir soif ou devoir se rendre aux
toilettes au moment d’aller dormir, vouloir qu’on lui raconte une deuxième histoire, etc.). Entre trois
et cinq ans, les peurs du noir, des voleurs, du loup, des monstres et autres personnages maléfiques,
normales à ces âges, peuvent contribuer aux difficultés d’endormissement. Lorsqu’ils se réveillent
en proie à leurs cauchemars, ils sont terrorisés et craignent de se rendormir. Les histoires effrayantes
qui peuplent leur sommeil peuvent sembler aux plus petits aussi réelles que leur quotidien, car ils ne
distinguent pas aisément le rêve de la réalité. Les plus grands, même s’ils savent que ce qu’ils ont vu
dans leur sommeil est irréel, redoutent de se rendormir, craignant d’être à nouveau confrontés aux
images redoutables.
95
Le traumatisme psychique
des plus grands peut être ponctué de réveils multiples, parfois anxieux.
Celui des enfants en bas âge peut être agité de terreurs nocturnes et
celui de leurs aînés, de cauchemars. Chez les enfants, le thème des cau-
chemars peut ou non être en rapport avec l’événement traumatisant
(ils éprouvent souvent des difficultés à les décrire), chez les adolescents,
il est généralement en lien avec lui.41
Les hypersomnies42 sont relativement fréquentes chez l’adolescent. Le
sommeil peut devenir un refuge contre des difficultés qu’il doit affron-
ter ou être un signe de dépression.
• Les troubles des conduites alimentaires. Les nourrissons, les enfants
et les adolescents peuvent présenter des troubles alimentaires après
avoir traversé un événement adverse.
Les enfants en bas âge peuvent souffrir d’anorexie : ils serrent les lèvres,
ils refusent de téter ou de manger, ils stockent les aliments dans la
bouche sans déglutir, les recrachent, les régurgitent ou les vomissent.
Notons que l’anorexie est fréquente chez le nourrisson, notamment
à l’occasion du sevrage, d’un changement de régime alimentaire ou
d’une poussée dentaire. Elle ne doit alerter que si elle persiste ou si elle
est associée à des signes psychopathologiques (apathie, immobilité,
retrait, indifférence, retard de développement staturo-pondéral, de la
motricité ou du prélangage, etc.). Généralement, la mère interprète le
refus alimentaire de son enfant comme un rejet de sa personne. Elle
se sent disqualifiée dans son rôle de nourricière et les relations avec sa
progéniture s’en trouvent souvent perturbées. Son angoisse et ses atti-
tudes (par exemple, forcer le refus de s’alimenter) peuvent contribuer
à renforcer les désordres alimentaires du bébé. D’autres nourrissons
peuvent manifester des comportements hyperphagiques : ils réclament
la nourriture en criant, s’agitent lors du repas, sucent le sein ou le
biberon avec avidité et semblent habités par une faim insatiable. Plus
préoccupants, mais heureusement beaucoup plus rares, sont le pica43,
la coprophagie44 et le mérycisme45.
Chez les enfants prépubères, l’anorexie reflète souvent un trouble
sévère. La prédominance féminine est moins nette qu’à l’adoles-
cence. Elle se manifeste par une restriction et un contrôle alimentaires.
L’hyperactivité physique, les vomissements provoqués et la prise de
laxatifs ou de diurétiques, fréquents chez les adolescents, sont excep-
tionnels à cet âge. Moins inquiétants et plus répandus sont l’appétence
excessive pour les sucreries, le grignotage anxieux et l’hyperphagie
(pouvant conduire à l’obésité).
96
3. La phase aiguë
que ses parents ont le dos tourné, il en profite pour se ruer sur le
réfrigérateur, il se lève la nuit pour manger et cache des friandises
sous son lit.
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Le DSM
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3. La phase aiguë
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La CIM
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3. La phase aiguë
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Le traumatisme psychique
Symptômes envahissants
1. Souvenirs répétitifs, involontaires et envahissants du ou des événements
traumatiques provoquant un sentiment de détresse. N.B. Chez les enfants de plus
de 6 ans, on peut observer un jeu répétitif exprimant des thèmes ou des aspects
du traumatisme.
2. Rêves répétitifs provoquant un sentiment de détresse dans lesquels
le contenu et/ou l’affect du rêve sont liés à l’événement/aux événements
traumatiques. N.B. Chez les enfants, il peut y avoir des rêves effrayants sans
contenu reconnaissable.
3. Réactions dissociatives (p. ex. Flashbacks [scènes rétrospectives]) au cours
desquelles l’individu se sent ou agit comme si le ou les événements traumatiques
allaient se reproduire. (De telles réactions peuvent survenir sur un continuum,
102
3. La phase aiguë
Humeur négative
5. Incapacité persistante d’éprouver des émotions positives (p. ex. Incapacité
d’éprouver bonheur, satisfaction ou sentiments affectueux).
Symptômes dissociatifs
6. Altération de la perception de la réalité, de son environnement ou de soi-
même (p. ex. Se voir soi-même d’une manière différente, être dans un état
d’hébétude ou percevoir un ralentissement de l’écoulement du temps).
7. Incapacité de se rappeler un aspect important du ou des événements
traumatiques (typiquement en raison de l’amnésie dissociative et non
pas en raison d’autres facteurs comme un traumatisme crânien, l’alcool
ou des drogues).
Symptômes d’évitement
8. Efforts pour éviter les souvenirs, pensées ou sentiments concernant
(ou étroitement associés) à un ou plusieurs événements traumatiques
et provoquant un sentiment de détresse.
9. Efforts pour éviter les rappels externes (personnes, endroits, conversations,
activités, objets, situations) qui réveillent des souvenirs, des pensées
ou des sentiments associés à un ou plusieurs événements traumatiques et
provoquant un sentiment de détresse.
Symptômes d’éveil
10. Perturbation du sommeil (p. ex. Difficulté d’endormissement ou sommeil
interrompu ou agité).
11. Comportement irritable ou accès de colère (avec peu ou pas de provocation)
qui s’expriment typiquement par une agressivité verbale ou physique envers
des personnes ou des objets.
12. Hypervigilance.
13. Difficultés de concentration.
14. Réaction de sursaut exagérée.
C. La durée de la perturbation (des symptômes du critère B) est de 3 jours
à 1 mois après l’exposition au traumatisme. N.B. Les symptômes débutent
typiquement immédiatement après le traumatisme, mais ils doivent persister
pendant au moins 3 jours et jusqu’à 1 mois pour répondre aux critères
diagnostiques du trouble.
D. La perturbation entraîne une détresse cliniquement significative
ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres
domaines importants.
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Vérifiez vos connaissances
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Notes
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18 Par exemple, pour notre part, nous les associons davantage aux états de transe et
de possessions repris dans les troubles dissociatifs de la CIM-10 qu’au trouble psychotique
transitoire de la même nosographie. Nous les rapprochons également de ce que Crocq
nomme l’état confusionnel post-émotionnel (L. Crocq [1999], Les traumatismes psychiques
de guerre, Paris, Odile Jacob).
19 Terminologie du DSM-5. Le DSM-5 est la cinquième édition du Diagnostic and
Statistical Manual of Mental Disorder de l’American Psychiatric Association.
20 Selon le CIM-10.
21 Nous rejoignons Bessoles pour qui ce type de psychose serait post-traumatique
(P. Bessoles [2006], « Psychose post-traumatique : contribution à une théorisation dyna-
mique du traumatisme aigu post-immédiat », L’Encéphale, vol. 32, no 5, 1, 729-737).
22 Voir M.S. Scheeringa et al. (1995), “Two Approaches to the Diagnosis of Post-traumatic
Stress Disorder in Infancy and Early Childhood”, J Am Acad Child Adolesc Psychiatry 1995, 34,
191-200 ; L.C. Terr (1988), “What Happens to Early Memories of Trauma? A Study of Twenty
Children Under Age Five at the Time of Documented Traumatic Events”, J Am Acad. Child Ado-
lesc Psychiatry, 27, 96-104 ; G. Vila & M.C. Mouren-Simeoni (1999), « État de stress post-trauma-
tique chez le jeune enfant : mythe ou réalité ? », Annales médico-psychologiques, 157, 456-469.
23 Les troubles de la conduite sexuelle et les comportements sexuels précoces doivent
dans tous les cas faire suspecter des abus sexuels. On se rappellera néanmoins qu’ils ne
constituent pas une preuve irréfutable d’agression sexuelle. En effet, les enfants manifestent
généralement une grande curiosité sexuelle. À l’adolescence, les bouleversements hormo-
naux et pulsionnels stimulent également cet intérêt. La masturbation, même intensive, est
banale avant l’âge de 3 ans. De plus, l’enfant peut reproduire des scènes qu’il a surprises
(par exemple, adultes se livrant à des rapports sexuels en réalité ou à la télévision).
24 Pour banales qu’elles puissent être, ces déclarations doivent être interrogées lors-
qu’elles sont couplées à d’autres signes préoccupants.
25 Le système neurovégétatif, également appelé système nerveux autonome, est
constitué des systèmes orthosympathique et parasympathique.
26 Cerveau, cœur, intestin, poumons, etc.
27 Respiration, circulation sanguine, digestion, excrétion de l’urine et des matières fécales.
28 R.A. Bryant, A.G. Harvey, R.M. Guthrie & M.L. Moulds (2000), “A prospective
study of psychophysiological arousal, acute stress disorder and posttraumatic stress disor-
der”, J Abnorm Psychol 2000, 109, 341-4.
29 Ces troubles sont dits non spécifiques dans la mesure où on les retrouve dans des
affections mentales autres que les syndromes psychotraumatiques. Nous préférons la dési-
gnation « symptômes non spécifiques » à celles de « pathologies associées » et de « symp-
tômes co-morbides » fréquemment utilisées. En effet, de notre point de vue, ces troubles
font partie intégrante des syndromes psychotraumatiques, les symptômes pathognomo-
niques ne constituant qu’une fraction du tableau que peuvent manifester les personnes
souffrant des suites d’un événement traumatique.
30 Accident vasculaire cérébral.
31 J. Piaget (1979, éd. 2005), L’épistémologie génétique, Paris, Presses Universitaires
de France, coll. Que sais-je ?
32 Défécation involontaire ou incontinence (impossibilité de retenir des selles sans
cause organique). L’encoprésie est un moyen pour certains enfants d’exprimer leur oppo-
sition ou leur agressivité. Elle est nettement plus rare que l’énurésie.
33 Défini au début des années 1950 par Donald Winnicott, pédiatre, psychiatre et
psychanalyste britannique, l’objet transitionnel est un objet privilégié choisi par l’enfant,
généralement doux au toucher, permettant au bébé de lutter contre l’angoisse de type
dépressif (angoisse de perte d’objet, soit de l’objet maternel).
34 Un car-jacking est un vol de véhicule avec usage de violence et/ou de menace
vis-à-vis du conducteur.
35 Pratique qui consiste à provoquer une asphyxie par strangulation à l’aide d’un lien.
Ces « jeux » portent différents noms : jeu du foulard, rêve indien, rêve bleu, cosmos, jeu
de la tomate, jeu de la grenouille, etc. Ils ne sont pas l’apanage des jeunes traumatisés,
mais ils risquent de les attirer plus encore que leurs pairs.
117
36 Par exemple, le petit pont massacreur ou jeu de la cannette, le jeu du carton rouge,
le happy slapping (vidéo-lynchage), etc. Pas plus que les jeux d’évanouissement, ils ne
sont spécifiquement pratiqués par les enfants et les adolescents ayant traversé une épreuve
traumatogène, mais ils peuvent constituer pour eux un exutoire séduisant.
37 Rouler vite, sans casque en deux roues, sans ceinture en voiture, etc.
38 Infections sexuellement transmissibles.
39 L’ordalie est un rite judiciaire faisant appel au jugement divin pour trancher de l’inno-
cence ou de la culpabilité d’un prévenu. Elle a été pratiquée en Europe jusqu’au Moyen Âge
et l’est encore de nos jours dans certaines peuplades africaines. L’ordalie soumet l’accusé à une
épreuve qu’il réussit si les dieux ou les esprits le considèrent innocent (par exemple, aux temps
anciens, traverser un bûcher sans se brûler ou en Afrique, survivre à l’absorption d’un poison).
Contrairement à l’ordalie, dans les conduites ordaliques, le sujet joue sa vie de son plein gré.
40 La frontière entre conduites ordaliques et comportements suicidaires est néanmoins
parfois très ténue.
41 L’espace « transitionnel » ou « potentiel » défini par Winnicott est une « aire inter-
médiaire » ni intérieure ni extérieure, un « espace paradoxal » entre la réalité intérieure de
l’enfant et la réalité extérieure (entre le Moi et le non-Moi, le dedans et le dehors). L’objet
transitionnel (le doudou) constitue le signe le plus visible des processus transitionnels.
42 Trouble caractérisé par un besoin excessif de sommeil manifesté par un allonge-
ment de la durée de la nuit et une somnolence diurne.
43 Ingestion répétée de substances non comestibles (terre, cailloux, papier, ficelles, che-
veux, etc.), alors que l’enfant est en âge de distinguer les objets des aliments (soit après 18 mois).
44 Ingestion d’excrément.
45 Régurgitation volontaire du bol alimentaire dans la bouche, suivie de sa remasti-
cation avant une nouvelle déglutition.
46 Les troubles somatoformes regroupent les troubles fonctionnels et les douleurs sans
cause organique et les maladies psychosomatiques avec atteinte lésionnelle.
47 Évanouissements de brève durée.
48 Perception inhabituelle des battements du cœur, généralement désagréable.
49 Accélération du rythme cardiaque.
50 « Psychogène » se dit d’un trouble ou d’une affection dont l’origine est purement
psychique.
51 Douleur localisée dans l’estomac.
52 On appelle « anisme » la contraction paradoxale du sphincter anal externe au cours
d’un effort de défécation.
53 American Psychiatric Association (2015), DSM-5 (Manuel diagnostique et statistique
des troubles mentaux, 5e édition, Elsevier Masson).
54 World Health Organization (WHO) (2019), ICD11 Browser application, Geneva.
55 Le DSM-III est la troisième édition du Diagnostic and Statistical Manual of Mental
Disorder, American Psychiatric Association, 1980.
56 https://icd.who.int/browse11/l-m/en. Traduction de l’auteure. Dans la suite de l’ou-
vrage, les extraits de la CIM sont publiés avec l’autorisation de l’Organisation mondiale
de la Santé. La CIM-11 n’étant, au moment de la mise sous presse de cet ouvrage, pas
encore finalisée ni traduite en français, les extraits de la CIM-11 sont traduits par l’auteure.
57 Traduction de l’auteure.
58 Traduction de l’auteure.
59 Rappelons qu’en 1980, le DSM s’efforce d’effacer toute référence à une théorique
spécifique. La névrose, renvoyant aux théories psychanalytiques, disparaît de la nosogra-
phie et ses symptômes se voient redistribués dans d’autres tableaux.
60 https://icd.who.int/browse11/l-m/en. Traduction de l’auteure.
61 (CIM-10, F44).
62 https://icd.who.int/browse11/l-m/en. Traduction de l’auteure.
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4 La phase à long terme
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Le traumatisme psychique
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4. La phase à long terme
pas y penser, mais c’est plus fort que moi. Je n’ai pas d’images, mais
je pense à ces mots “tueries du Brabant”. »
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Le traumatisme psychique
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4. La phase à long terme
Depuis que Laure, 6 ans, a été sévèrement mordue par un chien, elle
se montre craintive et se plaint fréquemment de maux de ventre. Aupa-
ravant prompte à accepter les invitations à déloger chez ses grands-pa-
rents ou ses amies, elle répugne aujourd’hui à quitter son domicile.
123
Le traumatisme psychique
COMPRENDRE
Dès le plus jeune âge, les enfants peuvent présenter une souffrance dépressive patente. La dépression du
nourrisson, heureusement rare, est dite anaclitique. Le terme « anaclitique » indique qu’elle est une réaction
à la perte d’objet80. En effet, elle est liée à la séparation réelle de la figure d’attachement principale (par
exemple, décès de la mère, hospitalisation, placement en institution, etc.) ou à son absence « psychique »
(mère happée par ses difficultés personnelles incapable de satisfaire les besoins affectifs de sa progéniture).
Son processus dynamique diffère fondamentalement de celui qui prévaut dans la dépression de l’adulte.
La dépression du tout-petit est plus proche de l’indifférence morne que de la tristesse : les bébés sont
apathiques (atonie thymique81 sans pleurs ni larmes), leurs gestes sont rares et ralentis et leur regard fixe,
très profond, contraste avec une mimique pauvre. Ce tableau est parfois associé à des conduites répéti-
tives et monotones (se balancer, mordiller sans lien avec la dentition, se masturber à l’excès, se cogner la
tête, etc.)82. Dans les cas les plus graves, cette dépression anaclitique évolue vers l’hospitalisme83.
124
4. La phase à long terme
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Le traumatisme psychique
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4. La phase à long terme
Estelle confie : « Mon père faisait ses saloperies sur moi dans la
remise, au fond du jardin. J’étais gênée quand je revenais dans la
cuisine. J’étais toute rouge. Je me sentais coupable vis-à-vis de ma
mère comme si je lui avais fait quelque chose à elle, comme si je lui
avais fait du mal à elle. C’est ridicule parce que c’est à moi que ça
faisait du mal, mais c’est comme ça. Je redoutais qu’elle l’apprenne
parce que je savais que ça lui ferait tellement mal… »
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4. La phase à long terme
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4. La phase à long terme
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Le traumatisme psychique
Plus que celles des adultes, la personnalité des nourrissons, des enfants
et des adolescents risque de subir des altérations indélébiles, voire d’être
modifiée dans ses fondements. En effet, les événements délétères, en par-
ticulier s’ils sont extrêmes, répétés ou prolongés, sont susceptibles d’impri-
mer des marques durables sur la personnalité en devenir des jeunes victimes
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4. La phase à long terme
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Le traumatisme psychique
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4. La phase à long terme
Les nourrissons gravement négligés, tout comme les enfants et les ado-
lescents soumis à la violence intrafamiliale ou à des abus sexuels répé-
tés, frappent souvent par leur caractère passif, aboulique et apathique.
Cette altération de la personnalité résulte de l’absence de contrôle sur
l’environnement. Si un bébé pleure ou crie sans que son entourage
réagisse et satisfasse ses besoins, il se détache progressivement de la
réalité et s’engourdit dans un état léthargique17. L’incapacité à agir sur
son univers et à mobiliser autrui à considérer ses besoins engendre une
« résignation acquise » ou « impuissance acquise »18. De même, l’ab-
sence de maîtrise sur les violences intrafamiliales et les abus sexuels
réduit les enfants et les adolescents à l’impuissance et provoque leur
défaite mentale devant le danger. Cette démoralisation et cette pas-
sivité induite s’accompagnent souvent d’états dissociatifs, les jeunes
victimes se réfugiant dans l’imaginaire pour échapper à leur environ-
nement mortifère. Dans de tels contextes, elles ne développent qu’un
registre limité de capacités d’autoprotection, d’analyse et d’action.
En instaurant des conditions propices à de nouvelles victimisations, ces
piètres compétences font d’elles des proies faciles pour d’autres agres-
seurs. L’« impuissance apprise » est susceptible d’être réactivée tout au
long de l’existence à chaque fois que la personne est confrontée à un
danger ou à une situation rappelant le traumatisme initial. Elle peut,
pour certains, du nourrisson à l’adolescent, conduire à la dépression.
135
Le traumatisme psychique
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4. La phase à long terme
René, battu par son père durant son enfance, nous livre : « Mon père
commandait et moi, je faisais de mon mieux pour le satisfaire, mais
de toute façon, ce n’était jamais bien. Par exemple, il me demandait
de faire la vaisselle. Je faisais la vaisselle. Il arrivait et il voyait qu’il
y avait quelques gouttes par terre. Il devenait fou furieux et ça tom-
bait. J’avais très peur de lui. Rien qu’à la manière dont il ouvrait la
porte, je savais de quelle humeur il était. Quand il était de mauvaise
humeur, je me faisais tout petit. À force, de me faire tout petit, j’en
étais devenu transparent. Ce n’est pas une blague ! À deux reprises,
mes parents m’ont oublié chez des amis. Au moment de partir, ils ont
oublié de me reprendre avec eux ! J’étais resté sagement assis dans
un coin. Transparent, je vous dis. Encore aujourd’hui, ma mère est
fière de raconter à quel point j’étais un enfant sage. Elle dit toujours :
“René, quand je partais, je l’asseyais quelque part, je lui disais de
ne pas bouger et quand je revenais, il était toujours là où je l’avais
laissé”. Elle ne réalise toujours pas que ce n’était pas normal. C’est
grâce à mon épouse que je me suis rendu compte que j’avais toujours
tout fait pour ne pas déplaire, que je me coupais en quatre pour faire
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Le traumatisme psychique
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4. La phase à long terme
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Le traumatisme psychique
Bernadette, elle aussi abusée dans l’enfance, nous livre à l’âge adulte :
« J’ai le contact assez facile et donc, les gens me parlent facilement,
mais dès que ça devient trop intime, je casse. Soit je disparais, je ne
donne plus de nouvelles et je ne réponds plus au téléphone ou aux
e-mails, bon, ça, en fait, c’est classique, ce n’est jamais moi qui vais
téléphoner ou envoyer un message à quelqu’un et si je réponds, c’est
que c’est vraiment nécessaire, je réponds quand ça concerne des trucs
pratico-pratiques, bon, donc, soit je fuis, soit je deviens carrément
agressive, je dis ou je fais un truc qui fait fuir l’autre. Je n’arrive pas
à accepter quelqu’un dans ma bulle. »
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4. La phase à long terme
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Le traumatisme psychique
Françoise a été abusée par son père dès sa plus tendre enfance
jusqu’à ce qu’elle quitte le foyer familial pour se marier. Elle nous
raconte : « Ça va vous paraître délirant, mais en fait, j’étais très atta-
chée à mon père. Pour moi, la méchante, c’était ma mère, pas lui. Je
savais bien que ce que mon père me faisait et me faisait faire n’était
pas normal, mais il disait que ça se passait parce qu’on s’aimait et
que c’est normal entre des gens qui s’aiment. Il disait que ce n’était
pas courant qu’un papa et sa petite fille s’aiment autant, qu’on avait
beaucoup de chance, mais que c’était notre secret à nous et que
personne ne devait savoir parce que les gens ne comprendraient pas,
ils n’étaient pas assez intelligents pour ça. Ça, c’était quand j’étais
petite. Plus grande, il ne disait plus rien parce que c’était devenu nor-
mal, enfin, je veux dire habituel. Je pense que j’ai quand même capté
assez vite que ce n’était pas normal, mais ma mère était tellement
méchante que je comprenais qu’il n’aille pas vers elle. Et je ne lui en
voulais pas. Je le trouvais tellement malheureux. J’avais un peu pitié
de lui, en fait… Ma mère n’arrêtait pas de l’humilier, de se moquer de
lui, de le critiquer, de le comparer aux autres hommes qui étaient tous
mieux que lui. Un jour, elle l’a même giflé devant moi en disant qu’il
était nul et en plus, que c’était une nouille. Elle était méchante avec
lui, mais elle n’était pas gentille avec moi. Elle me critiquait aussi
assez souvent, pas comme elle le faisait avec mon père, mais quand
même… En tout cas, elle ne me disait jamais de choses gentilles.
Je ne me rappelle pas qu’elle m’ait un jour donné de l’affection, je
142
4. La phase à long terme
ne me souviens pas qu’elle m’ait pris sur les genoux ou qu’elle m’ait
embrassée, par exemple. Un véritable remède contre l’amour ! Mon
père et moi, entre nous, on l’appelait Sœur Sourire. Mon père, lui,
était gentil, il était doux, il m’encourageait, il me félicitait. Il s’inté-
ressait à moi, il me demandait comment ça s’était passé à l’école, il
s’intéressait à mes amis, à mes devoirs, à mes notes scolaires, à mon
sport. Vous voyez, c’était un père, un vrai père en dehors de ces abus.
Bon, évidemment, aujourd’hui, avec le recul, tout ça, c’est difficile… »
Lorsqu’il était adolescent, Khalil a torturé avec son père les ennemis
de ce dernier. Il dit : « À l’époque, j’avais une certaine fierté parce
que si mon père me prenait avec lui, c’est qu’il avait confiance en
moi. Je pense qu’il voulait m’endurcir pour me préparer à la vie.
Il ne faut pas le juger trop vite. Pour que vous compreniez, il faut
que je remette ça dans le contexte. Mon père avait fait la guerre
d’Algérie. Il avait vécu des horreurs. Il était très traumatisé, il se
réveillait en hurlant la nuit. D’ailleurs, il en est mort. Je veux dire
qu’il est devenu alcoolique, et je suis certain que c’est à cause de
tout ce qu’il a vécu qu’il buvait, et l’alcool a fini par l’emporter…
Il ne parlait pas de ce qu’il avait vécu, mais de temps en temps,
il faisait une allusion qui sous-entendait qu’il s’était livré à des
actes de barbarie. Comme je suis moitié algérien dans un pays
assez raciste, il faut le dire, je pense que d’une certaine manière,
il voulait que je sois prêt à me défendre. Bon, donc, j’étais fier
parce que je ne craquais pas, c’était atroce, j’étais terrorisé, j’étais
horrifié, mais je le cachais, je montrais à mon père que j’étais un
homme, un vrai, un dur, un homme comme lui. C’est moche à dire,
mais j’avais du mépris pour ma mère. C’est moche parce que ma
mère, c’est une mère formidable, mais comme elle n’était pas dans
le secret et qu’elle ignorait tout, elle ne faisait pas partie des ini-
tiés. Vous comprenez ? C’était comme si elle était moins que nous.
L’élu, c’était moi !… Aujourd’hui, je me dis que si je lui avais parlé,
elle m’aurait protégé de ce père qui avait de sérieux problèmes
de santé mentale. Bien sûr, elle savait que ça ne tournait pas
très rond dans sa tête, mais jamais elle n’aurait pu imaginer ça,
évidemment… Je n’arrive toujours pas à en vouloir à mon père. Il
a été traumatisé pendant la guerre d’Algérie et c’est évident que
c’est pour ça qu’il était violent, mais ce que je ne comprends tou-
jours pas, c’est pourquoi, alors qu’il a été tellement traumatisé, il
m’a fait vivre ça, à moi aussi… Il m’aimait… C’est pour ça, c’est
parce que je sais qu’il m’aimait que je crois qu’il voulait me rendre
plus fort… C’est raté… »
143
Le traumatisme psychique
144
4. La phase à long terme
Carole a vécu dans une famille violente. Aujourd’hui adulte, elle livre :
« Avant, je ne me rendais pas compte de ça. Les enfants ne s’inter-
rogent pas sur leur passé. Ça commence à l’adolescence, ça, de revi-
siter son passé, parce que c’est à ce moment-là que vous commencez
à avoir des amis et vos premières relations amoureuses. C’est à ce
moment-là que s’établissent les premières relations intimes où on se
raconte, où on explique qui on est, ce qu’on a vécu et tout ça. Et là, je
me suis rendu compte que je ne me souvenais de rien. J’avais quelques
flashs, mais c’est tout. Mes amis pensaient que je mentais, qu’il y avait
des choses que je ne voulais pas leur dire, mais j’avais vraiment oublié
et ça n’est d’ailleurs jamais revenu… Même les chouettes choses, je
les ai oubliées… J’ai pu reconstruire mon histoire avec mes frères et
sœurs, avec ma grand-mère, avec ma voisine et c’est comme ça que je
sais ce qui s’est passé. »
145
Le traumatisme psychique
Les psychopathologies
Les victimes ayant subi dans leur enfance ou leur l’adolescence des
événements délétères, surtout s’ils ont été extrêmes, répétés ou pro-
longés, risquent de développer une psychopathologie névrotique ou
psychotique.
Les événements traumatiques précoces risquent d’induire une orga-
nisation pathologique de la personnalité tandis que les événements plus
tardifs sont davantage des facteurs précipitant la survenue d’une psycho-
pathologie préexistante.
• Les névroses. L’anxiété est présente dans toutes les névroses. Il n’est
donc pas étonnant qu’un événement traumatique puisse instaurer les
circonstances propices au déclenchement de l’anxiété névrotique.
Le trauma se prête principalement au développement des névroses
phobiques36. Les enfants anxieux, sujets à des peurs spécifiques et
ayant tendance à l’évitement, pourront ainsi présenter précocement
une névrose phobique.
L’impact traumatique peut également favoriser l’éclosion d’une
névrose hystérique37. Rappelons au passage que traumatisme et hys-
térie partagent un passé commun dans les théories freudiennes. En
effet, Freud, dans ses premières théories sur l’hystérie, considérait que
les symptômes hystériques étaient la conséquence d’un traumatisme,
généralement sexuel, advenu durant l’enfance et oublié à l’âge adulte.
L’hystérie était donc, selon lui, la réponse corporelle (conversion hysté-
rique) à un traumatisme38.
Nous l’avons vu dans le chapitre consacré aux réactions immédiates,
le traumatisme peut initier une névrose obsessionnelle. Toutefois, lors-
qu’une névrose obsessionnelle est installée, les obsessions et les rituels
protègent généralement les individus des agressions psychiques d’un
événement délétère.
• Les psychoses. Lorsque leur entourage se montre insensible à leurs
besoins ou qu’ils sont plongés dans un climat de violence, certains
enfants échappent à cet environnement mortifère en se repliant dans
l’imaginaire. Les phénomènes dissociatifs tels la dépersonnalisation,
la déréalisation et les phénomènes hallucinatoires corrompent eux
aussi l’appréhension de la réalité (cf. les personnalités multiples). Cette
rupture de contact avec la réalité hypothèque la construction harmo-
nieuse de l’identité des jeunes victimes. Or une identité fragmentée et
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4. La phase à long terme
Le DSM
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La CIM
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4. La phase à long terme
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Le traumatisme psychique
2. Hypervigilance.
3. Réaction de sursaut exagérée.
4. Difficultés de concentration.
5. Perturbation du sommeil (p. ex. Difficulté d’endormissement ou sommeil
interrompu ou agité).
E. La perturbation dure plus d’un mois.
F. La perturbation entraîne une souffrance cliniquement significative ou
une altération des relations avec les parents, la fratrie, les pairs, d’autres aidants
ou une altération du comportement scolaire.
G. La perturbation n’est pas imputable aux effets physiologiques d’une substance
(p. ex. Médicament, alcool) ou une autre affection médicale.
Spécifier le type :
Avec symptômes dissociatifs : les symptômes présentés par le sujet répondent
aux critères d’un trouble stress post-traumatique ; de plus, et en réponse
au facteur de stress, le sujet éprouve l’un ou l’autre des symptômes persistants
ou récurrents suivants :
1. Dépersonnalisation : expériences persistantes ou récurrentes de se sentir
détaché de soi, comme si l’on était un observateur extérieur de ses processus
mentaux ou de son corps (p. ex., sentiment d’être dans un rêve, sentiment
de déréalisation de soi ou de son corps ou sentiment d’un ralentissement
temporel).
2. Déréalisation : expériences persistantes ou récurrentes d’un sentiment
d’irréalité de l’environnement (p. ex. Le monde autour du sujet est vécu
comme irréel, onirique, éloigné ou déformé). N.B. Pour retenir ce sous-
type, les symptômes dissociatifs ne doivent pas être imputables aux effets
physiologiques d’une substance (p. ex. Période d’amnésie [blackouts])
ou à une autre affection médicale (p. ex. Épilepsie partielle complexe).
Spécifier si :
À expression retardée : si l’ensemble de critères diagnostiques n’est présent
que 6 mois après l’événement (alors que le début et l’expression de quelques
symptômes peuvent être immédiats).
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4. La phase à long terme
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Le traumatisme psychique
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4. La phase à long terme
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Le traumatisme psychique
Le DSM
Nous l’avons vu, le DSM-5 a créé une partie distincte pour les troubles
consécutifs à un événement délétère (Troubles liés à des traumatismes ou
à des facteurs de stress).
Outre l’État de Stress Aigu et de l’État de Stress Post-Traumatique détaillés
précédemment, cette classe regroupe le trouble réactionnel de l’attache-
ment, le trouble désinhibition du contact social, les troubles de l’adaptation,
les autres troubles liés à des traumatismes et à des facteurs de stress spécifiés
ainsi que les autres troubles liés à des traumatismes et à des facteurs de stress
non spécifiés. Ces syndromes entretiennent des liens étroits avec les troubles
anxieux, les troubles obsessionnels-compulsifs et les troubles dissociatifs.
Dans le DSM-IV, le diagnostic de trouble réactif de l’attachement com-
porte deux sous-types : émotionnellement retiré (inhibé) et sans discrimi-
nation sociale (désinhibé). Dans le DSM-5, ces sous-types sont scindés et
deviennent des troubles distincts : le trouble réactionnel de l’attachement
et le trouble de désinhibition du contact social. Ils résultent tous deux de
la négligence sociale ou d’autres situations néfastes restreignant l’oppor-
tunité du jeune enfant à nouer des liens d’attachements positifs.
Les troubles de l’adaptation constituent un ensemble hétérogène de
réponses au stress qui surviennent après une exposition à un événement
délétère, traumatique ou non. Le diagnostic est posé lorsque la tota-
lité des critères de l’État de Stress post-traumatique, de la dépression
majeure ou d’un trouble anxieux ne sont pas rencontrés. Les sous-types
du DSM-IV restent inchangés : avec humeur dépressive (humeur dépres-
sive, pleurs, sentiments de désespoir), avec anxiété (nervosité, inquiétude,
agitation, angoisse de séparation), à la fois anxiété et humeur dépressive
(combinaison de manifestations dépressives et anxieuses), avec pertur-
bation des conduites, avec perturbation à la fois des émotions et des
conduites (symptômes émotionnels du registre dépressif et anxieux cumu-
lés à une perturbation des conduites) et non spécifié (réactions inadaptées
inclassables dans les sous-types spécifiques du trouble de l’adaptation).
Le trouble est considéré comme aigu si les symptômes sont présents
depuis une durée inférieure à 6 mois et chronique au-delà. Notons que
le DSM-5 ne spécifie pas la forme chronique, par oubli, semble-t-il.
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En résumé
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Vérifiez vos connaissances
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Notes
1 Première relation amoureuse (par exemple, une victime d’abus sexuel ou de viol qui
s’engage dans une relation sentimentale), accident ou maladie grave du sujet ou d’un de
ses proches, deuil d’un proche, émission télévisée, etc.
2 Présentant peu de symptômes.
3 O. Fenichel (1945, trad. fr. 1987), La théorie psychanalytique des névroses, Paris,
Presses Universitaires de France.
4 Sont appelées « tueries du Brabant Wallon » une vingtaine de crimes et attaques
commis en Belgique (notamment dans des grandes surfaces commerciales), principale-
ment dans la province du Brabant wallon, entre 1982 et 1985 et au cours desquelles
28 personnes ont trouvé la mort.
5 Nous appelons « cadre de référence » ce réseau conceptuel inconscient qui détermine
l’appréhension du monde.
6 A.T. Beck (1983), Cognitive therapy of depression : new perspectives, in P.J.
Clayton & J. Barret, Treatment of depression : old controversies and new approaches, New
York, Raven Press, 265-290.
7 Selon la terminologie de la CIM-10.
8 Selon le DSM-5.
9 La relation d’objet (ou relation objectale) est la relation qu’entretient un individu
avec l’objet vers lequel se tournent ses pulsions (celui-ci pouvant être une personne, en
particulier les figures principales d’attachement comme la mère).
10 Comportement d’indifférence souvent précédé d’une phase de détresse et de pro-
testation.
11 Retrait dans l’autostimulation et l’autosensorialité.
12 D’après Spitz, durant le premier mois de séparation, l’enfant recherche activement
sa mère (ou sa figure d’attachement principale) et refuse le contact avec autrui (phase de
protestation). Il use de tous les moyens dont il dispose pour la faire revenir : il s’agite, crie
et pleure bruyamment ; il se jette par terre, etc. Dès le deuxième mois, constatant que ses
tentatives restent sans effet, il se replie sur lui-même (réaction que l’on peut rapprocher
de l’impuissance acquise de Seligman). Il pleure moins et de manière monotone ; il se
désintéresse de son environnement ; il refuse de jouer, de s’alimenter et de s’habiller ; il
devient inactif et reste de longues heures couché à plat ventre ; il dort peu, passant ses
journées et ses nuits dans une veille et insomnie calmes ; il cesse de se développer tant
physiquement qu’intellectuellement et manifeste de moins en moins d’expressions faciales
(phase de désespoir correspondant à la dépression). À partir du troisième mois, si l’en-
fant est pris en charge par des personnes capables de lui offrir une relation humaine de
qualité suffisante, il commence à accepter le contact, les soins, la nourriture et le jeu. Il
n’est plus en mesure de reconnaître sa mère si celle-ci réapparaît (phase de détachement).
Si au contraire la séparation se prolonge sans qu’il ait pu trouver de substitut maternel,
il cesse de pleurer, refuse tout contact, arrête de s’alimenter, perd ses acquis (moteurs,
intellectuels, etc.), tombe fréquemment malade et évolue vers un état de marasme, voire
vers la mort (hospitalisme).
13 A. Féline, P. Hardy & M. de Bonis (1991), La dépression : études, Issy-les-Moulineaux,
Elsevier Masson, coll. Médecine et psychothérapie.
14 Douleur localisée dans l’estomac.
15 On entend par « contrat social » le pacte établi par la communauté des humains
dans le but d’établir une société organisée et hiérarchisée. Il est un ensemble de conven-
tions et de lois garantissant la perpétuation du corps social.
169
16 L’identification à l’agresseur est un mécanisme de défense. Il a été décrit par Anna
Freud en 1936 (A. Freud [1936, 15e éd. 2001], Le Moi et les mécanismes de défense, Paris,
Presses Universitaires de France, coll. Bibliothèque de psychanalyse).
17 Pouvant, dans les cas les plus sévères, mener à l’hospitalisme.
18 Traduction de « learned helplessness », selon la théorie générale des effets de l’in-
contrôlabilité de Seligman (M.P.E. Seligman [1975], Helplessness : On depression, develop-
ment, and death, San Francisco, Freeman). La résignation acquise est une notion issue des
théories de l’apprentissage et du conditionnement. Elle se définit comme la résultante
d’expériences répétées d’insuccès entraînant l’abandon des efforts et se caractérise par un
déficit de réaction face aux événements.
19 J. Piaget (1979, éd. 2005), L’épistémologie génétique, Paris, Presses Universitaires
de France, coll. Que sais-je ?
20 C’est à Donald Winnicott que l’on doit la notion de faux self. Il la développe
en 1965 dans son article « La théorie de la relation parent-nourrisson » (D. Winnicott
[1969, éd. 1989], De la pédiatrie à la psychanalyse, Paris, Payot). Cette notion recouvre un
fonctionnement tant normal que pathologique. Le faux self normal est la partie du Moi
permettant d’établir des rapports avec le monde extérieur. Il s’exprime par une attitude
sociale polie, de bonnes manières et une certaine réserve. Lorsque l’enfant se soumet aux
exigences de son entourage, c’est au prix d’un clivage du Moi. Dans ce cas, le faux self
exerce une fonction défensive en dissimulant le vrai self. Ce dernier, dissocié du faux, est
privé de moyens d’expression et de satisfaction. Le fonctionnement en faux self devient
alors pathologique. En 1966, Winnicott articule la notion de self à celle de « mère suffisam-
ment bonne ». Dans les premières semaines, la « mère ordinaire normalement dévouée »
s’identifie à son enfant, ce qui lui permet de répondre adéquatement à ses besoins. Ces
expériences répétées permettent au bébé de faire progressivement l’expérience de soi.
Les défaillances de la fonction maternelle (rupture dans la continuité des soins, maladie,
dépression, traumatisme, indisponibilité psychique de la mère, etc.) poussent le nourrisson
à devenir ce que sa mère veut qu’il soit et à se créer un faux self (D. Winnicott [1966,
éd. 2006], La mère suffisamment bonne, Paris, Payot, coll. Petite Bibliothèque Payot).
21 Le sourire intentionnel apparaît vers le troisième mois. Selon René Spitz, psychiatre
et psychanalyste, le sourire, l’angoisse du huitième mois et l’acquisition du « Non » sont
les trois « organisateurs » du développement de la relation objectale. Le sourire, considéré
comme la première réponse « sociale » du nourrisson, témoigne de sa capacité à distinguer
le Moi du non-Moi (relation préobjectale indifférenciée), l’angoisse du huitième mois
marque son aptitude à distinguer les personnes familières des étrangers et l’acquisition
du « Non » signe son accès à la communication sémantique (entrée dans le champ des
relations sociales).
22 La dépression anaclitique et l’hospitalisme ont été décrits peu après la Seconde
Guerre mondiale par René Spitz suite à l’observation d’enfants précocement séparés de
leur mère (long séjour en hôpital d’où le terme hospitalisme, placement en institution).
La dépression anaclitique survient progressivement chez le nourrisson privé de sa mère
après qu’il a eu avec elle une relation normale pendant au moins les six premiers mois de
sa vie. La privation partielle d’affects conduit à un tableau clinique de dépression anacli-
tique allant de réactions d’angoisse à un arrêt du développement, puis après le troisième
mois de séparation, à un état léthargique. Elle est réversible si l’enfant trouve une figure
d’attachement entre la fin du troisième mois et le cinquième mois de séparation (pour
plus de détails, voir la note en bas de page XX dans le chapitre « Les troubles dépressifs »
dans la section consacrée aux réactions à long terme). Dans le cas contraire, la dépres-
sion anaclitique évolue vers l’hospitalisme. L’hospitalisme désigne l’ensemble des troubles
somatiques et psychiques (nanisme psychosocial et retard du développement corporel, de
la maîtrise manipulatoire, de l’adaptation au milieu et du langage, résistance amoindrie
aux infections et dans les cas les plus graves, marasme et mort) présentés par les bébés
privés totalement et durablement de leur mère (ou d’un substitut maternel). Voir R.A. Spitz
(1968, éd. 1997), De la naissance à la parole. La première année de la vie de l’enfant, Paris,
Presses Universitaires de France.
170
23 « Vigilance gelée » est la traduction de « frozen watchfulness », locution définie par
Ounsted et collaborateurs (C. Ounsted, R. Oppenheimer & J. Lindsay (1974), “Aspects of
bonding failure : The psychopathology and psychotherapeutic treatment of families of
battered children”, Developmental Medical Child Neurology, 16,447-456).
24 S. Ferenczi (1932, éd. 2004), Confusion de langue entre les adultes et l’enfant, Paris,
Payot, coll. Petite Bibliothèque Payot.
25 Ces liens d’affection et de confiance avec l’abuseur ou avec le parent violent
rappellent le syndrome de Stockholm rencontré chez les adultes.
26 Selon le DSM-5 et la CIM-11.
27 Selon le DSM-5, le trouble dissociatif de la personnalité désigne une « perturbation
de l’identité caractérisée par deux ou plusieurs états de personnalité distincts ». Le DSM-IV
précisait que chacun de ces « états de personnalité » possédait ses modalités constantes
et particulières de perception, de pensée et de relation concernant l’environnement et
soi-même » (Les différentes personnalités ne constituent pas des entités discrètes et auto-
nomes. Il s’agit davantage d’une dissociation d’une même personnalité, d’une même
identité. Auparavant, ce trouble était dénommé « Trouble de la personnalité multiple ». Des
épisodes aigus de dépersonnalisation anxieuse peuvent prendre le caractère d’un véritable
dédoublement de la personnalité ;
28 Trouble de la personnalité borderline pour le DSM-5 et personnalité émotionnel-
lement labile pour la CIM-10.
29 Selon le DSM-5 et la CIM-10.
30 Selon la terminologie du DSM-5 et de la CIM-10.
31 Trouble de la personnalité évitante selon le DSM-5 et personnalité anxieuse (évi-
tante) pour la CIM-10.
32 Selon le DSM-5 et la CIM-10.
33 Trouble de la personnalité antisociale pour le DSM-5 et personnalité dyssociale
pour la CIM-10.
34 Complex Post-traumatic Stress Disorder, en français état de stress post-traumatique
complexe. Terme proposé par Judith Herman.
35 Malheureusement, le DSM n’a pas cru bon d’introduire cette catégorie diagnos-
tique dans sa dernière version parue en 2013.
36 Trouble de la personnalité évitante selon le DSM-5 et personnalité anxieuse (évi-
tante) pour la CIM-10.
37 Personnalité histrionique selon la terminologie du DSM-5 et de la CIM-10.
38 Théorie connue sous le nom de « neurotica » (théorie des névroses). En 1897, Freud
abandonne l’hypothèse d’un événement traumatique réellement vécu à l’origine de l’hys-
térie et opte pour une étiologie de type fantasmatique.
39 https://icd.who.int/browse11/l-m/en. Traduction de l’auteure.
40 https://icd.who.int/browse11/l-m/en. Traduction de l’auteure.
41 https://icd.who.int/browse11/l-m/en. Traduction de l’auteure.
42 https://icd.who.int/browse11/l-m/en. Traduction de l’auteure.
43 Pour les troubles dissociatifs définis par les classifications internationales, nous
renvoyons le lecteur au chapitre « Les réactions immédiates et post-immédiates selon les
nosographies internationales ». Rappelons que ces diagnostics peuvent également être
posés dans les troubles chroniques.
44 https://icd.who.int/browse11/l-m/en. Traduction de l’auteure.
45 https://icd.who.int/browse11/l-m/en. Traduction de l’auteure.
46 https://icd.who.int/browse11/l-m/en. Traduction de l’auteure.
171
5 Les spécificités
selon l’âge
La phase aiguë
Dès le plus jeune âge, l’enfant peut développer des troubles anxieux,
dépressifs, comportementaux et somatoformes, ainsi que des comporte-
ments régressifs et des difficultés d’apprentissage.
• Les troubles anxieux. Si un de ses proches est la source de ses tour-
ments, il sursaute et esquisse des mouvements de protection à son
approche ou à la vue de personnes ressemblantes (par exemple, les
hommes/les femmes, le personnel médical, etc.). Il pleure en présence
du parent maltraitant ou manifeste une vigilance gelée, est en alerte
et interagit peu avec son entourage. Si la cause de sa souffrance est
externe au noyau familial, il cherche activement protection auprès
173
Le traumatisme psychique
de ses parents (il se réfugie dans leurs bras lorsqu’il est confronté à
l’agresseur, il les alerte en hurlant lorsqu’on le touche, etc.) et réagit
par un attachement anxieux (il s’agrippe à ses figures d’attachement
en présence d’étrangers, il manifeste de l’angoisse, de la colère ou du
désespoir quand il en est séparé et proteste lorsqu’on le laisse seul dans
sa chambre au moment du coucher ou à la toilette, etc.).
• Les troubles dépressifs. Nombreux sont les bébés qui, après avoir
vécu une expérience de perte (séparation, décès, absence « affective »
par indisponibilité « psychique » de la figure d’attachement), pleurent
et crient parce qu’ils sont désorientés ou effrayés par une situation
inconnue. Ils peuvent ensuite manifester des signes de désespoir
tels des pleurs monotones et continus, de l’apathie et un désintérêt
progressif pour l’environnement (personnes, activités, jeux). S’ils ne
reçoivent pas l’attention dont ils ont besoin, ils risquent de dévelop-
per une dépression anaclitique, voire un syndrome d’hospitalisme. Les
jeunes enfants peuvent traverser une période de choc (insensibilité
provisoire), puis manifester du chagrin et/ou de la colère. Ils alternent
souvent hyperactivité (agitation, instabilité motrice, répétition des cris
ou des pleurs) et hypoactivité (retrait, apathie, gestes rares et ralen-
tis, conduites répétitives et monotones comme balancement, rythmies
auto-agressives, etc.).
• Les retards de développement, les difficultés d’apprentissage et
les comportements régressifs. Le ralentissement et l’arrêt du déve-
loppement se traduisent par des retards dans l’acquisition posturale
ou du tonus (position assise, marche), de la coordination (maladresse),
du langage, de la propreté, etc. La régression du développement se
manifeste par un retour à une alimentation liquide, la perte du désir de
marcher, l’agrippement à la mère et la crainte des personnes étrangères
à la famille. Dans le domaine relationnel, ces troubles du développe-
ment se manifestent par un déficit des compétences socio-affectives
(incapacité à communiquer adéquatement avec son entourage), des
altérations de la relation aux autres (diminution des interactions, désin-
térêt progressif pour l’entourage, conduites d’évitement relationnel) ou
un attachement sans discrimination.
• Les troubles du comportement. Possédant peu de moyens d’expri-
mer son malaise et sa souffrance, l’enfant en bas âge les extériorise
principalement à travers son fonctionnement corporel, en particulier
par le biais du sommeil et de l’alimentation, fonctions physiologiques
essentielles, mais également par le support de la relation mère-enfant.
– Les comportements auto-agressifs. Très jeune, l’enfant peut adopter
des comportements agressifs tournés contre lui-même : s’arracher
les cheveux, se griffer, se ronger les ongles à sang, se frapper,
se cogner la tête contre les murs, se blesser volontairement, etc.
174
5. Les spécificités selon l’âge
175
Le traumatisme psychique
COMPRENDRE
La plupart de ces réactions sont banales et n’ont guère de spécificité traumatique. Par exemple, l’atta-
chement empreint d’anxiété, les comportements agressifs, l’instabilité motrice, l’opposition au coucher,
l’insomnie et l’anorexie sont courants chez le nourrisson. D’autres signes sont plus inquiétants tels l’in-
somnie calme, la vigilance gelée, les rythmies, le pica, la coprophagie et le mérycisme. Aucun signe pris
isolément n’atteste à coup sûr d’un traumatisme. C’est la conjonction, la répétition, l’accumulation, la
cohérence et la permanence de signes en rupture avec le comportement antérieur de l’enfant qui per-
mettent d’émettre l’hypothèse d’un psychotraumatisme. Notons toutefois que certains troubles peuvent
signer un autisme ou une psychose infantile sans rapport avec les événements traumatiques ou avoir une
cause organique (par exemple, pour le retard staturo-pondéral ou le développement psychomoteur).
176
5. Les spécificités selon l’âge
177
Le traumatisme psychique
Tout comme leurs cadets, les jeunes enfants sont perméables à la réac-
tion de leur entourage, aux drames qui les accablent, et souffrent de
la perte d’une figure d’attachement (réelle ou affective) ainsi que de la
désorganisation de leur environnement consécutive aux situations délé-
tères. En grandissant, ils prennent progressivement conscience de la gra-
vité d’un événement et la menace vitale perçue peut causer un véritable
traumatisme. Notons toutefois qu’ils sont susceptibles d’interpréter péjo-
rativement des événements sans gravité et qu’un incident mineur peut dès
lors se révéler traumatisant.
La phase aiguë
178
5. Les spécificités selon l’âge
179
Le traumatisme psychique
180
5. Les spécificités selon l’âge
envers les adultes, des crises de colère et des conduites agressives (enco-
présie, brutalités à l’égard des compagnons de jeu, etc.). Ils se tra-
duisent également par des caprices, des cachotteries, des mensonges
et de la mythomanie. Notons toutefois qu’entre deux et sept ans,
période durant laquelle la pensée magique prédomine, il est normal que
l’enfant affabule pour se protéger d’un environnement insécurisant ou
frustrant : il se raconte des histoires, s’invente une vie différente, s’ima-
gine d’autres parents et fantasme sur des situations ou des personnes
qui n’ont d’existence que dans son esprit. En grandissant, ces troubles
caractériels peuvent s’aggraver et déboucher sur des comportements
délinquants, parfois extrêmement violents.
En revanche, d’autres enfants contrôlent, voire inhibent, leurs émotions
et leurs pulsions. Ils deviennent des enfants modèles s’attelant à ne déran-
ger personne et à satisfaire les demandes de leur entourage. Ils évitent de
créer des problèmes, ne crient pas, ne pleurent pas, s’expriment peu, ne
bougent pas, s’isolent, bref se comportent comme s’ils n’existaient pas.
Évoluant dans un climat de menace permanente, ils voient généralement
s’affaiblir leur confiance en eux : ils deviennent des êtres inquiets, indécis,
versatiles et pusillanimes. Ils peuvent toutefois exploser soudainement de
manière violente et inattendue, les rares émotions exprimées relevant
généralement du registre de la colère.
En raison des troubles du développement psychique et socio-affectif,
les relations qu’entretiennent ces jeunes enfants négligés ou soumis à
la violence sont souvent perturbées. Tout comme leurs cadets maltraités
encore plus précocement, ils peuvent présenter un désordre des conduites
sociales, de la méfiance, une anesthésie affective, des attachements sans
discrimination et établir des relations pathologiques avec autrui (sexuali-
sation des relations, liens positifs avec l’agresseur).
Les événements traumatiques extrêmes subis dans la petite enfance
risquent d’induire une organisation pathologique de la personnalité
sur un mode borderline (état-limites), antisocial (psychopathe), dépen-
dant ou narcissique et lorsqu’une structure névrotique a pu s’ébau-
cher, sur un mode obsessionnel, histrionique (hystérique) ou évitant
(phobique). Dans les cas les plus graves, ils peuvent conduire à poser
le diagnostic de trouble dissociatif de l’identité (personnalité multiple)
ou de psychose.
181
Le traumatisme psychique
La phase aiguë
182
5. Les spécificités selon l’âge
• Les troubles dépressifs. Plus fréquemment que leurs cadets, les grands
enfants et les pré-adolescents manifestent des symptômes dépressifs
et expriment des sentiments de culpabilité. En grandissant, la sensa-
tion d’être différents s’accroît. Les jeunes victimes sont convaincues
qu’elles subissent ou ont connu des événements que les autres n’ont
pas vécus. Certaines sont persuadées que c’est visible. Elles fuient le
regard d’autrui qu’elles perçoivent comme menaçant et persécuteur,
elles deviennent agressives et se replient sur elles-mêmes.
• Les comportements régressifs et les difficultés d’apprentissage.
Les enfants peuvent présenter des comportements régressifs et une
perte des acquis (par exemple, perte dans les compétences du langage
parlé, de la lecture et de l’écriture). Avec l’entrée à l’école apparaissent
les perturbations scolaires et les difficultés d’apprentissage consécu-
tives aux troubles de la concentration, de l’attention et de la mémoire.
Outre les difficultés d’apprentissage, les plus jeunes peuvent refuser de
fréquenter l’école (notamment en raison des angoisses de séparation)
ou réclamer la présence constante d’un adulte pour mener à bien leurs
tâches scolaires.
• La prématuration traumatique. Certains enfants manifestent des capa-
cités de développement accrues dans le domaine du langage, des appren-
tissages intellectuels, des habiletés sociales, de l’autonomisation, etc.
• Les troubles du comportement.
– Les comportements auto-agressifs. À partir de six ans, peuvent apparaître
des idées suicidaires et des questionnements sur la mort ainsi que des
conduites destructrices (automutilation, ingestion volontaire de pro-
duits toxiques ou d’objets dangereux, jeux d’évanouissement, etc.).
– Les comportements hétéro-agressifs. Plus que leurs cadets, les grands
enfants et les pré-adolescents manifestent de l’irritabilité, de la
colère et de l’agressivité envers autrui, expriment des idées de ven-
geance et s’adonnent à des jeux violents avec leurs camarades.
– Les troubles du sommeil. Les enfants se plaignent de difficulté d’en-
dormissement, d’insomnies, de réveils nocturnes et de cauchemars.
– Les troubles des conduites alimentaires. Chez les enfants prépubères,
l’anorexie reflète souvent un trouble grave. Les comportements
hyperphagiques, moins inquiétants et plus courants, peuvent conduire
à l’obésité.
• Les troubles somatoformes. Les enfants manifestent des plaintes
somatiques (douleurs psychogènes, maladies dermatologiques, respi-
ratoires, etc.) et des symptômes neurovégétatifs (vertiges, lipothymies,
tremblements, sueurs, palpitations cardiaques, tachycardie, troubles
183
Le traumatisme psychique
Les adolescents
184
5. Les spécificités selon l’âge
La phase aiguë
185
Le traumatisme psychique
186
5. Les spécificités selon l’âge
187
En résumé
188
5. Les spécificités selon l’âge
189
Vérifiez vos connaissances
190
Notes
191
6 Conduites à tenir
avec les enfants
et adolescents victimes
d’un événement
potentiellement
traumatique
193
Le traumatisme psychique
194
6. Conduites à tenir …
195
Le traumatisme psychique
ces comportements sont des moyens adoptés par les enfants pour se
réconforter. C’est une manifestation habituelle de leurs angoisses.
• Ne vous tracassez pas outre mesure des comportements régres-
sifs. Ils disparaissent généralement au bout de quelques jours ou de
quelques semaines après l’événement traumatique.
• Ne réagissez pas avec excès. Ne punissez pas vos enfants, ne les
menacez pas, ne les harcelez pas et ne vous moquez pas d’eux sans quoi
ces comportements risquent de persister beaucoup plus longtemps.
• Rappelez-vous que ces régressions signent une souffrance psycho-
logique. L’angoisse amène vos enfants à régresser à un stade où vous
vous occupiez davantage d’eux. Accordez-leur des moments privilé-
giés. Ce dont ils ont le plus besoin, c’est d’attention et de réconfort.
• Circonscrivez progressivement le problème. Par exemple, permet-
tez-leur de « jouer au bébé » à certains moments (boire un biberon,
sucer une tétine, etc.), en leur indiquant que ce n’est qu’un jeu et qu’ils
devront ensuite revenir au comportement attendu à leur âge.
• En collaboration avec vos enfants, fixez des objectifs et dévelop-
pez un plan de bataille pour devenir « grand ». Choisissez ensemble
des moments précis où il peut sucer son pouce, prendre son « dou-
dou », etc. (par exemple, le matin au réveil et/ou le soir au moment
du coucher, mais pas durant la journée).
• Félicitez-les de tout progrès accompli sur la voie du développement
et de l’autonomie.
196
6. Conduites à tenir …
197
Le traumatisme psychique
• Les enfants ont besoin d’être encadrés par des limites et régis
par des règles claires. La permissivité accroît l’agressivité et les pas-
sages à l’acte agressif. Soyez ferme : refusez catégoriquement les atti-
tudes inacceptables et interdisez les comportements répréhensibles.
• L’agressivité peut être une manière pour les enfants d’exprimer leurs
angoisses ou leurs frustrations. Aidez-les à verbaliser ce qui les
tourmente.
• Racontez-leur des contes. Avec les contes, les enfants apprennent
peu à peu à appréhender le monde, à gérer les relations aux autres,
à contrôler leurs pulsions agressives et leurs peurs, à connaître les
démarches à adopter pour résoudre leurs conflits et fortifier leur per-
sonnalité. Voici deux petites histoires que vous pourriez trouver utiles.
ACCOMPAGNER
Un homme âgé dit à son petit-fils très en colère contre un ami qui s’était montré injuste envers lui :
« Laisse-moi te raconter une histoire… Il m’arrive aussi, parfois, de ressentir de la haine contre ceux
qui se conduisent mal et qui n’en éprouvent aucun regret. Mais la haine t’épuise et ne blesse pas ton
ennemi. C’est comme avaler du poison et désirer que ton ennemi en meure. J’ai souvent combattu
ces sentiments. C’est comme si j’avais deux loups à l’intérieur de moi. Le premier est bon et ne me fait
aucun tort. Il vit en harmonie avec ce qui l’entoure et ne s’offense pas lorsqu’il n’y a pas lieu. Il combat
uniquement lorsque c’est juste de le faire et il le fait de manière juste. Mais l’autre loup est plein de
colère. La plus petite chose le précipite dans des accès de rage. Il se bat contre n’importe qui, tout le
temps, sans raison. Il n’est pas capable de penser parce que sa colère et sa haine sont immenses. Il est
désespérément en colère et pourtant sa colère ne change rien. Il est parfois difficile de vivre avec ces
deux loups à l’intérieur de moi parce que tous deux veulent dominer mon esprit ». Le garçon regarda
attentivement son grand-père dans les yeux et demanda : « Lequel des deux loups l’emporte, grand-
père ? ». Le grand-père sourit et répondit : « Celui que je nourris » (fable amérindienne, auteur inconnu).
C’est l’histoire d’un petit garçon qui avait mauvais caractère. Son père lui donna un sac de clous et lui dit
qu’à chaque fois qu’il perdrait patience, il devrait planter un clou derrière la clôture. Le premier jour, le
jeune garçon planta 37 clous. Les semaines qui suivirent, à mesure qu’il apprenait à contrôler son humeur,
il plantait de moins en moins de clous. Il découvrit qu’il était plus facile de contrôler son humeur que d’aller
planter des clous. Le jour vint où il contrôla son humeur toute la journée. Après en avoir informé son père,
ce dernier lui suggéra de retirer un clou chaque jour où il contrôlerait son humeur. Les jours passèrent et le
jeune homme put finalement annoncer à son père qu’il ne restait plus aucun clou à retirer. Son père le prit
par la main et l’amena à la clôture. Il lui dit : « Tu as travaillé fort, mon fils, mais regarde tous ces trous dans
la clôture. Elle ne sera plus jamais la même. À chaque fois que tu perds patience, cela laisse des cicatrices
comme celles-ci. Tu peux enfoncer un couteau dans un homme et le retirer, peu importe combien de fois
tu lui diras être désolé, la cicatrice demeurera pour toujours. Une offense verbale est aussi néfaste qu’une
offense physique. Les amis sont des joyaux précieux. Ils nous font rire et nous encouragent à réussir. Ils nous
prêtent une oreille attentive, nous louangent et sont toujours prêts à nous ouvrir leur cœur.
198
6. Conduites à tenir …
Plus que les autres groupes d’âge, les adolescents éprouvés par des
événements dramatiques adoptent des comportements à risque. Relations
sexuelles non protégées, consommation fréquente et répétée d’alcool ou
de drogue, décrochage scolaire, comportement provocateur envers l’au-
torité, actes délictuels, adhésion à des bandes délinquantes, automutila-
tions et tentatives de suicide, jeux d’évanouissement (« jeu du foulard »),
sports extrêmes, conduites dangereuses (s’accrocher aux voitures avec une
planche de skateboard, brûler intentionnellement des feux au rouge en
scooter, etc.), la liste est infinie.
• Prenez le temps de discuter avec l’adolescent de ses problèmes
et de ses sentiments. Les jeunes ressentent la nécessité de s’exprimer,
d’être écoutés et compris ; ils éprouvent le besoin d’être encouragés,
de se sentir appréciés et parfois aussi, d’être choyés.
• Ensemble, essayez de comprendre la cause profonde de ces
comportements problématiques. Éprouve-t-il un malaise ? Est-ce une
échappatoire ? Subit-il la pression de ses camarades ? Manque-t-il de
repères ? Se sent-il coupable de vivre alors que d’autres sont morts ?
• Informez-le des risques qu’il prend pour sa santé, sa sécurité et
son avenir.
• La façon de vous comporter exerce une grande influence sur les adoles-
cents. Ils s’inspirent de modèles, c’est-à-dire d’adultes signifiants qu’ils
peuvent prendre en exemple et dont ils peuvent épouser les valeurs
et imiter le comportement. Soyez donc un exemple. Les enseignants
199
Le traumatisme psychique
200
6. Conduites à tenir …
201
Le traumatisme psychique
Les réactions des enfants et des adolescents diffèrent selon leur classe
d’âge, leur personnalité, leur degré d’exposition aux attentats, etc. Les
enfants en bas âge n’ayant pas la maturité et l’expérience pour com-
prendre les événements sont très influencés par la réaction de leur entou-
rage direct. Les enfants plus grands restent perméables au vécu subjectif
de leurs proches et simultanément, prennent conscience de la gravité des
attentats. La menace vitale qu’ils perçoivent peut être à la source d’an-
goisses intenses. La majorité des adolescents sont ébranlés par l’impor-
tance et l’enjeu du drame. Ils peuvent éprouver de la peur et de la colère,
des sentiments d’impuissance et/ou une perte de confiance en l’humanité.
Une faible minorité de jeunes en crise et en quête d’identité adoptent des
attitudes provocatrices. Quelques-uns sont fascinés par la violence meur-
trière et risquent de se laisser séduire par une idéologie radicale, islamiste
ou d’extrême droite.
Il est inutile de taire vos émotions pour protéger vos enfants ; ces
derniers ressentent votre malaise. Ne pas leur en signifier la cause, c’est
courir le risque qu’ils s’attribuent l’origine de cette souffrance ou qu’ils
échafaudent des scénarii pires que la réalité.
202
6. Conduites à tenir …
Rassurez l’enfant
Le plus rassurant pour les enfants, c’est de savoir leurs parents à leurs
côtés. La force du lien d’attachement est le moyen le plus efficace de les
sécuriser et de les aider à surmonter leurs souffrances.
• Si vos enfants sont anxieux ou angoissés, assurez-les de votre pré-
sence : « Nous sommes là, nous sommes avec toi. » Même si nul ne
peut être certain de l’avenir et prémunir ses proches des aléas de la vie,
rassurez-les : « Nous sommes là pour te protéger. » Les enfants en bas
âge ne peuvent comprendre la nature des événements, mais perçoivent
l’ébranlement émotionnel de leur entourage. Si un petit enfant est per-
turbé, vous pouvez lui dire : « Maman/Papa a eu très peur, mais tout va
bien maintenant. » Les gestes d’affection tels que câlins et bisous sont
une manière complémentaire de rassurer les enfants.
• Expliquez que le risque d’un attentat ne peut être nié, mais qu’il
est faible. Même si les terroristes sont dangereux, ils sont peu nom-
breux. Certes, le pays est déstabilisé par les attaques meurtrières, mais
il n’est pas fondamentalement en danger. Les moyens dont il dispose
pour se défendre sont incomparablement plus importants que la force
de frappe des terroristes.
• Informez-les du fait que tout est mis en place pour assurer la
sécurité des citoyens ; l’État et la police se mobilisent pour réduire
au maximum le risque d’un nouvel attentat. Illustrez votre propos :
la sécurité a été renforcée dans les lieux où se rassemble un grand
nombre de personnes, des mesures ont été prises pour protéger les
écoles, les coupables et leurs complices sont recherchés, etc.
• Les enfants entendent parler de carambolages, d’accidents ferro-
viaires et de crashs aériens, de maladies cancéreuses et de crises car-
diaques, etc. La mort peut frapper brusquement, à tout moment. C’est
une réalité et il ne faut pas la nier. Il est important de reconnaître
qu’il existe une part de notre existence qui ne peut être maîtrisée.
203
Le traumatisme psychique
204
6. Conduites à tenir …
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207
Le traumatisme psychique
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6. Conduites à tenir …
209
Le traumatisme psychique
Élargissez le débat
210
Conclusion
211
Le traumatisme psychique
être cher, malmenés par les catastrophes naturelles et les conflits armés,
nous espérons avoir apporté quelques éléments de réflexion.
À ceux qui se demandent comment réagir face aux troubles d’un
enfant ou d’un adolescent traumatisé ou ébranlé par un événement délé-
tère majeur, nous souhaitons avoir fourni quelques conseils utiles.
212
Postface
213
Postface
214
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Ce site a pour vocation de fournir de l’information sur le traumatisme psy-
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çais et en anglais.
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Resilience-psy
http://www.resilience-psy.com
Trauma Psy
http://www.traumapsy.com
Ce site offre de nombreuses informations utiles tant aux personnes vic-
times qu’aux professionnels, chercheurs, médias et décideurs politiques.
En français.
226
Index Index
227
Index
CIM-10 13, 14, 98, 102, 104, 116- Cyberintimidation 24, 25, 60
118, 148, 154, 164, 169, Cyrulnik Boris 61
171, 218
Circoncision pharaonique 60 D
Clitoridectomie 24, 60 Décès 17, 20, 22, 26, 31, 50, 60,
Clivage 46, 63, 170 72, 85, 88, 93, 124, 125,
128, 132, 173, 174
Colère 15, 29, 44, 46, 49, 51, 73,
74, 84, 85, 87, 88, 93, 120, Décorporalisation 75, 116, 185
131, 133-135, 140, 154, 164, Décorporéisation 116
174, 176, 178, 181-183, 185
Défaite mentale 135
Comportement agressif 15, 91, 92,
Dépersonnalisation 15, 75, 91, 104,
132, 134, 174-176, 179
116, 121, 146, 165, 171,
Comportement auto-agressif 91, 182, 185, 186
131, 133, 174, 179, 183, 186
Dépression 13, 14, 31, 44, 45, 49,
Comportement hétéro-agressif 92, 51, 88, 91, 96, 120, 124-126,
131, 175, 183, 186 135, 138, 155, 169, 170,
Comportement régressif 13, 14, 66, 174, 185, 216
71, 84, 90, 123, 128, 173, Dépression agressive 126
174, 179, 183, 185
Dépression anaclitique 88, 124,
Conduite à risque 93, 186 138, 170, 174
Conduite addictive 97, 131, 184, 187 Dépression hostile 126
Conduite alimentaire 65, 96, 131, Déréalisation 75, 104, 121, 144,
175, 180, 183, 187 146, 179, 182, 184, 185
Conduite ordalique 15, 94, 118, DESNOS 7, 145, 222
186
Détresse péritraumatique 65, 74
Conflit armé 17, 23, 25, 26, 34, 35,
Dissociation 11, 13, 15, 65, 70, 75,
53, 59, 80, 211, 212, 222
116, 171, 220, 221
Conversion 76, 116, 146, 165, 178,
Douleur 21, 22, 34, 60, 97, 118,
222
125, 132, 133, 165, 169,
Coprophagie 96, 175, 176 173, 180, 183
Crocq Louis 216, 220, 221 DSM-IV 13, 98, 102, 117, 147,
Culpabilité 15, 29, 46, 49, 53, 74, 154, 169, 171, 215, 222, 223
88, 89, 91, 118-120, 126- DSM-V 59, 145, 148, 164
128, 136, 165, 176, 179,
183, 186 E
Culpabilité du survivant 127
Effroi 13, 21, 42, 45, 74
Culpabilité post-traumatique 127
Encoprésie 90, 117, 133, 179, 181
Cyberbullying 60
228
Index
Freud Anna 170, 217 Incident critique 5, 17, 20, 28, 29,
31, 36, 43, 47, 54, 66, 79,
Freud Sigmund 21, 62, 63, 146, 84, 102, 119, 121, 179, 184
171
Infibulation 24
Fugue dissociative 74, 185
Insomnie 14, 95, 155, 169, 175,
G 176, 180, 183, 186
Instabilité motrice 94, 95, 126, 131,
Génocide 24, 25, 29, 32, 37, 61,
174-176, 180
128, 134, 215, 224
Intellectualisation 46, 63
Guerre 9, 11, 17, 23-25, 28, 29,
59, 61, 72, 73, 80, 85, 117,
J
123, 134, 143, 145, 170,
211, 216, 217, 219-221, 225 Janet Pierre 11, 116, 217, 221
Jeux répétitifs 79
H
Jeux violents 24, 25, 92, 183, 186
Hallucination 35, 74, 75, 77, 78,
154, 178, 182 L
Harcèlement 24, 25 Latence 13, 47, 64, 72, 78, 179
229
Index
Négligence 23, 24, 32, 42, 45, Psychopathologie 19, 45, 51, 78,
124, 129, 137, 173, 180, 211 119, 145, 146, 184
Négligence grave 24, 32, 42, 137, Psychose 13, 51, 75, 77, 117, 146,
173, 180, 211 147, 173, 176, 178, 181
230
Index
Suicide 36, 37, 85, 89, 125, 177 Traumatisme complexe 27, 42
231
Index
232
Table des matières
233
Table des matières
234
Table des matières
235
De la même auteure
Le traumatisme
psychique chez l’adulte
Évelyne Josse
2e édition
Préface de Louis Crocq
Postface de Erik de Soir
Quels sont les événements suscep-
tibles de générer des conséquences
traumatiques ? Quels sont les para-
mètres influençant l’apparition, la fré-
quence et l’intensité des symptômes
traumatiques ainsi que leur maintien
dans le temps ? Qu’entend-on par
résilience ? Quelles sont les spécifi-
cités des traumatismes des victimes
d’attentats ? Et à quels mécanismes
radicaux leurs auteurs obéissent-ils ?
Pour répondre à ces questions et à bien d’autres encore, l’auteure explore
l’ensemble des connaissances théoriques accumulées en matière de trau-
matisme, offrant une synthèse exhaustive et accessible des réactions trau-
matiques chez l’adulte.
Pratique, cet ouvrage étoffera les connaissances des étudiants, psycholo-
gues, psychiatres, médecins et assistants sociaux concernés ou intéressés
par le trauma, ainsi que celles de tous les professionnels en contact avec
des personnes traumatisées.
Compléments en ligne : les classifications utiles mises à jour
Interventions
humanitaires
en santé mentale dans
les violences de masse
Évelyne Josse, Vincent Dubois
Préface de Louis Crocq
À l’heure actuelle, les activités de
santé mentale font partie intégrante
des programmes de nombreuses
ONG et agences internationales inter-
venant dans les contextes de violence
de masse. En effet, les répercussions
des combats et de l’exil sur l’équilibre
psychologique et social des individus
et des communautés sont aujourd’hui
connues et prises en considération
par les acteurs de l’aide au dévelop-
pement dans les processus de paix et
de reconstruction des sociétés.
Pour répondre aux besoins de santé mentale des populations affectées, les
auteurs proposent un ensemble d’activités conciliant l’approche clinique,
centrée sur les sujets les plus fragiles et l’approche psychosociale, visant
à restaurer et maintenir le fonctionnement du groupe communautaire.
L’expérience montre que c’est en couplant ces deux approches que les
projets humanitaires sont à même de relever les défis de santé mentale
soulevés par les tragédies humaines de grande ampleur.
Cet ouvrage décrit de manière détaillée et systématique un grand nombre
d’interventions susceptibles de répondre efficacement aux besoins de ces
populations. Y sont développées pour les personnes vulnérables, des
mesures spécifiques, tant psychologiques que psychiatriques. Pour la com-
munauté, sont suggérées des actions simples visant à atténuer la détresse
générale et à prévenir l’apparition de troubles mentaux et psychosociaux.
Combinant fondements théoriques et expériences de terrain, cet ouvrage
s’adresse à tout intervenant confronté aux conséquences immédiates et
ultérieures des guerres, des troubles internes et de l’exil.
Dans la même collection
L’enfant adopté
Comprendre la blessure primitive
Nancy Newton Verrier
3e édition
Pourquoi, malgré tout l’amour donné
dans leurs familles adoptives, certains
enfants continuent-ils de souffrir ?
Pourquoi refusent-ils de s’attacher et
rejettent-ils leurs proches ? Comment
les comprendre ? Comment les aider ?
Nancy Newton Verrier fut une des
premières à associer les données de
la psychologie prénatale et périnatale
à celles sur l’attachement, la création
du lien et la perte. Cette approche a
permis de changer la façon de pen-
ser l’adoption et de mieux expliquer
les effets de la séparation des enfants
adoptés avec leur mère de naissance.
Dans cette 3e édition actualisée, l’éclairage donné aux expériences
d’abandon et de perte permettra à tout professionnel de l’adoption ou en
contact avec des familles adoptives de les accompagner en toute connais-
sance de cause. Cet ouvrage contribuera non seulement à l’apaisement
des adoptés, de leurs familles adoptives et de leurs mères de naissance,
mais apportera compréhension et encouragement à ceux qui se sont sentis
abandonnés dans leur enfance.
Comment intervenir
efficacement auprès
des jeunes délinquants ?
Michel Born
2e édition