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La croissance et l'internationalisation des activités économiques dans le monde

conduit les entreprises à intervenir indépendamment des frontières juridiques. Cette


mondialisation de la vie économique a favorisé l'émergence 1, les recettes fiscales qui
sont considérées comme apport intérieur exercent une influence grandissant sur les
perspectives développement de l’Afrique et la multiplication de groupes de sociétés
associées sous des formes juridiques variées. En effet, les formes d'association ou
de collaboration entre entreprises recouvrent des réalités diverses avec néanmoins
la caractéristique commune d'une interdépendance organique et financière des
différentes composantes qui peuvent constituer un groupe de sociétés. De ce fait,
nous sommes aujourd'hui témoins d'une compétition économique qui porte sur un
marché aux dimensions planétaires où l'entreprise est perçue comme un agent
présumé de transfert indirect de bénéfices 2 d’où le sujet <<régime fiscal de prix de
transfert >>

Ainsi, le régime fiscal précise à quel type d’impôt sont soumis les revenus suite à la
création d’une entreprise3. Le prix de transfert quant à lui peut être appréhendé selon
la définition de l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques
OCDE4 comme étant « les prix auxquels une entreprise transfère des biens
corporels, des actifs incorporels, ou rend des services à des entreprises appartenant
au même groupe » situé dans des pays différents 5. Il s'agit finalement d'une
opération d'import-export au sein d'un même groupe, ce qui exclut toute transaction à
l'international avec des sociétés indépendantes ainsi que toute transaction
intragroupe sans passage de frontière.

Des lors, la question qui se pose est de savoir quelles sont les moyens mise en
œuvre par le législateur fiscal pour garantir la régularité des prix de transfert par les
entreprises ?

Ce sujet a un intérêt pratique et juridique. Pratique d’une part dans la mesure où il


permet aux entreprises de sauvegarder leur garantie, tout en réduisant le taux de

1
CI.CHAMPAUD, Le pouvoir de concentration dans la société par actions, Sirey, 1962, p. 199.
2
Rapports perspectives économiques en Afrique, BAID, OCDE, PNUD, 2017, p.49.
3
https://www.sumup.com/fr-fr/factures/termes-comptables/regime-fiscal/$
4
L'OCDE est une organisation inter gouvernementale créée en 1961 par 20 états, composés de 35 pays
membres à ces jours et quelques pays non membre auxquels l'OCDE a proposé « programme d'engagement
renforcé » dont la mission est de promouvoir les politiques économique et social partout dans le monde.
5
OCDE, principes directeurs applicables en matière de prix de transfert, à l'intention des entreprises
multinationales et des administrations fiscales, Paris, Ed. De l'OCDE, juillet 2010, $11, p.19

1
fraude et d'évasion fiscale afin d'éviter les contentieux face à l'administration fiscale
et qui ont pour conséquences un manque à gagner pour le fisc. Et juridique d’autre
part, dans la mesure ou la recherche initiée peut contribuer à clarifier les règles
fiscales et les conventions qui gouvernent le contrôle des prix de transfert.

Pour mieux appréhender le sujet nous évoquerons d’une part la détermination du


prix de transfert (I) et d’autre part le contrôle des prix par l’administration fiscale (II)

I- Les méthodes de détermination des prix de transfert

L'OCDE préconise des méthodes en phase avec le principe de pleine concurrence et


invite les entreprises multinationales et les administrations fiscales à les respecter.
L'OCDE distingue les méthodes traditionnelles fondées sur les transactions (A), et
les autres méthodes dites transactionnelles fondées sur les bénéfices (B).

A- Les méthodes traditionnelles

Les méthodes traditionnelles sont fondées sur les transactions, elles sont au nombre
de trois : la méthode du prix comparable sur le marché libre, la méthode du prix de
revente et la méthode du prix de revient majoré.

Tout d'abord, la méthode du prix comparable sur le marché libre consiste à opérer
une comparaison directe du prix de transfert avec le prix pratiqué par des entreprises
indépendantes, dites entreprises référentes, pour des transactions similaires situées
dans des conditions économiques sensiblement analogues à celles de l'entreprise
dont les prix de transfert sont analysés. La nature et les caractéristiques du bien
vendu étant particulièrement significatives au regard de son prix, l'identité du bien
vendu par l'entreprise liée et par les entreprises référentes revêt une grande
importance pour apprécier la pertinence de l'utilisation de cette méthode. Les
éléments comparés doivent, dans toute la mesure du possible, être identiques ou
très fortement similaires. La doctrine administrative considère que la méthode du prix
comparable sur le marché libre est « la plus simple des méthodes ».6

Cette méthode est la plus satisfaisante, car c'est la plus directe et la plus fiable pour
déterminer le prix de pleine concurrence. Cependant, elle suppose qu'il n'existe pas
de différence entre les transactions comparées ou les entreprises effectuant ces
6
Extrait du Bulletin Officiel des Finances Publiques-Impôts, BOI-BIC-BASE-80-10-10-20140218, 2014

2
transactions susceptibles d'avoir une incidence significative sur le prix de marché
(différences de localisation géographique des marchés, de volume, de conditions de
transport, d'assurance, de délais de règlement, de droits de douane...). S'il n'existe
pas de transaction similaire, il convient d'opérer des correctifs (ou ajustements)
lorsque ceux-ci peuvent être effectués avec suffisamment de fiabilité afin de tenir
compte de ces différences pour approcher le juste prix de marché. Cette méthode est
particulièrement adaptée aux entreprises qui commercialisent des marchandises
couramment vendues sur le marché. En revanche, elle est inadaptée aux
transactions portant sur des produits très élaborés ou des biens incorporels (savoir-
faire, brevets).

Le prix de marché peut être obtenu en utilisant un comparable interne ou externe à


l’entreprise :

- interne : l'entreprise concernée ou une autre entreprise du même groupe vend ou


achète à une entreprise indépendante le même type de biens ou de services ;

- externe : une entreprise indépendante vend ou achète le même type de biens ou de


services à une autre entreprise indépendante.

Ensuite la méthode du prix de revente, elle consiste à déterminer le prix de transfert


d'une entreprise en procédant par déduction d'une marge brute du prix de revente
des biens à des tiers par l'entreprise qui s'était procuré ces biens au moyen d'une
transaction intragroupe. En cas d'application d'une méthode du prix de revente, la
transaction en prix de transfert ne se situe pas au moment de la revente, qui est faite
à des tiers, mais a eu lieu en amont, au moment de l'acquisition intragroupe des
marchandises par le revendeur considéré. L'OCDE précise : « Le prix obtenu après
défalcation de la marge brute peut être considéré, après correction des autres coûts
liés à l'achat du produit (par exemple, les droits de douane), comme un prix de pleine
concurrence pour le transfert initial de propriété entre entreprises associées 7». La
doctrine administrative indique que « l'objectif de cette méthode est de connaître le
prix auquel un produit acheté à une entreprise liée est revendu à un client
indépendant (le prix de revente), pour ensuite y soustraire une marge brute (la marge
sur prix de revente) permettant à la société de distribution liée de couvrir ses frais de

7
OCDE, Principes applicables en matière de prix de transfert

3
vente et ses autres charges d'exploitation, et de se voir attribuer un bénéfice tenant
compte des fonctions réalisées et des risques assumés ».8

Il est possible, pour la détermination de la marge de pleine concurrence, de faire


appel à des comparables internes ou externes. Cette position a été également
reprise dans la doctrine administrative9.

Les méthodes consistent donc à :

- retenir le prix de vente final au client indépendant (hors groupe) ;

- déterminer la marge de pleine concurrence à attribuer à la société de distribution


liée;

- soustraire du prix de vente final au client indépendant cette marge afin d'obtenir le
prix de transfert qui doit être appliqué pour la vente du produit au distributeur. Elle
suppose des transactions et des structures de coûts similaires entre les entreprises
comparées. Elle est particulièrement adaptée pour les opérations de
commercialisation, lorsque le distributeur n'est pas l'entrepreneur principal.

Enfin, la méthode du prix de revient majoré, elle consiste tout d'abord à déterminer,
pour les biens ou services transférés à un acheteur associé, les coûts supportés par
le fournisseur dans le cadre d'une transaction entre entreprises associées. On ajoute
ensuite une marge appropriée à ces coûts, de façon à obtenir un juste bénéfice
compte tenu des fonctions exercées et des conditions de marché. On obtient ainsi un
prix pouvant être considéré comme de pleine concurrence pour la transaction initiale
entre entreprises associées.

Autrement dit, le principe de cette méthode consiste à déterminer un prix de revient


de la marchandise ou du service transféré et à ajouter à ces coûts une marge
bénéficiaire appropriée pour déterminer le prix de pleine concurrence. Cette méthode
est particulièrement adaptée aux prestataires de services et aux sous-traitants qui
ont des fonctions et des risques réduits. Elle est également recommandée lorsque
des produits semi-finis sont vendus entre des entreprises liées. Cette méthode est
utilisée à défaut lorsqu'on ne peut appliquer la méthode du prix de revient du fait de
l'absence de partenaire commercial indépendant. En effet, elle impose une analyse

8
BOI-BIC-BASE-80-10-10-20140218, 2014
9
OCDE, Principes applicables en matière de prix de transfert, chapitre l1-C1, 52.22

4
comparative avec ses correctifs habituels pour tenir compte des différences dans les
situations comparées. Selon l'OCDE, la solution idéale est de déterminer la marge
sur coûts du fournisseur dans le cadre d'une transaction contrôlée par référence à la
marge libre (les "comparables internes"). La marge sur coûts qui aurait été ainsi
obtenue dans des transactions comparables par une entreprise indépendante (les
"comparables externes") peut également servir d'indicateur.10

La méthode du prix de revente et celle du prix de revient majoré ont pour avantage
de porter sur la marge bénéficiaire brute. Contrairement à la méthode du prix
comparable sur le marché libre, elles sont donc moins sensibles à une différence
entre les produits ou services comparés. La procédure est sensiblement la même
dans les deux cas et vise à établir la marge bénéficiaire qui correspond aux fonctions
exercées, aux actifs utilisés et aux risques assumés. S'il n'est possible d'appliquer
aucune des trois méthodes présentées plus haut, il est envisageable de se tourner
vers un second type de méthode : les méthodes transactionnelles fondée sur les
bénéfices. Ces méthodes établissent le prix de transfert en fonction du partage
relatif des bénéfices11.

B- Les méthodes transactionnelles

Les méthodes transactionnelles de bénéfices sont au nombre de deux. Ces


méthodes s'appliquent exclusivement à des profits ou bénéfices réalisés sur des
transactions intragroupes spécifiquement identifiées et non de manière globale sur
les profits consolidés d'un groupe ou sur les profits globaux d'une entité particulière.
La doctrine administrative indique que ces méthodes « consistent à comparer les
bénéfices de transactions entre entreprises associées avec ceux réalisés pour des
transactions comparables entre des entreprises indépendantes ». Concrètement,
cette assertion est réalisée pour la MTMN, mais ne concerne la méthode du partage
des bénéfices que de façon théorique. En effet, la dénomination de « méthodes
transactionnelles de bénéfices » recouvre deux méthodes très différentes12.

La première, dite méthode transactionnelle de la marge nette (MTMN), consiste à


déterminer, à partir d'une base appropriée (par exemple les coûts, les ventes ou les

10
OCDE, Principes applicables en matière de prix de transfert, op. cit, chapitre I-p1
11
Marcel Boyer, Prix de transfert efficacité fiscale et organisationnelles dans les firmes
multidivisionnelles, 2017, p.11
12
DALUZEAU Xavier, GELIN Stéphane, GIBERT Bruno, LE BOULANGER Arnaud,

5
actifs), le bénéfice net que réalise un contribuable au titre d'une transaction
contrôlée. Par conséquent, cette méthode s'applique de manière similaire à la
méthode du coût majoré et à la méthode du prix de revente. De ce fait, pour aboutir à
des résultats fiables, elle doit être appliquée selon des modalités compatibles avec
celles de ces méthodes13.

Comme pour les méthodes du prix de revente et du coût majorés, la MTMN consiste
à déterminer le prix de la ou des transactions effectuées en prix de transfert
en appliquant une marge, nette cette fois, à une base constituée par les coûts de
revient (les charges), les ventes (chiffre d'affaires), ou la valeur des actifs utilisés à
l'occasion de l'activité ayant donné lieu aux prix de transfert. Cette méthode a un
champ d'application plus large que les méthodes dites traditionnelles dans la mesure
où elle peut également s'appliquer aux actifs utilisés. Les praticiens considèrent,
d'une façon générale, que les méthodes classiques prennent en compte
essentiellement les charges directes alors que la MTMN y ajoute les charges
indirectes, les faits propres à chaque espèce décidant du traitement économique à
réserver aux dépenses dites d'exploitation (dépenses de contrôle, frais généraux,
dépenses administratives). Il convient d'insister sur le fait que la frontière entre
charges directes et indirectes n'est pas toujours évidente à tracer en pratique, en
particulier en cas d'utilisation de méthodes comptables différentes. Il existe d'une
façon générale certaines difficultés de qualification en matière de charges qui, selon
les circonstances et selon les pratiques propres à chaque juridiction, peuvent entrer
soit dans la définition de la marge brute soit dans celle de la marge nette ; il résulte
de ces constats une grande difficulté à opérer, de façon structurelle, une distinction
théorique définitive entre l'utilisation des méthodes traditionnelles et celle des MTMN.

L'administration fiscale indique que « cette méthode consiste à déterminer à partir de


données appropriées (exemple : les charges, le chiffre d'affaires, la valeur des
actifs...), la marge bénéficiaire nette que réalise une entreprise dans le cadre d'une
transaction intragroupe, et à la comparer à celle qu'une entreprise indépendante
réaliserait pour une transaction comparable ». La doctrine administrative ajoute que
cette méthode « suppose de raisonner en ratio de marge nette (par exemple, des
ratios de bénéfice d'exploitation par rapport au chiffre d'affaires, de rendement des

13
OCDE, Principes applicables en matière de prix de transfert

6
actifs, ou d'autres indicateurs de bénéfice net) et non pas en prix 14». Dans
l'hypothèse où l'entreprise réalise un ratio de marge nette semblable à celui des
entreprises qui réalisent une transaction comparable, ses prix de transfert sont des
prix de pleine concurrence. La qualité essentielle de la MTMN est d'être moins
sensible à des différences mineures, relatives tant aux fonctions qu'aux transactions,
dans la comparaison entre l'entreprise dont les prix de transfert sont analysés et les
entreprises de référence. En revanche, la MTMN a pour défaut d'être sensible à des
éléments n'ayant que peu d'incidences, ou des incidences indirectes, sur les prix.

Concernant la seconde méthode, autrefois appelée « profit split », consiste à


déterminer la répartition des bénéfices à laquelle des entreprises indépendantes
auraient normalement procédé, si elles avaient effectué la ou les transactions
contrôlées. Elle consiste d'abord, pour les entreprises associées, à identifier le
montant global des bénéfices provenant des transactions contrôlées qu'elles
effectuent (les « bénéfices combinés », cette expression désignant également les
pertes). Ces bénéfices combinés sont ensuite partagés entre les entreprises
associées en fonction d'une clé économiquement valable qui se rapproche du
partage des bénéfices qui aurait été anticipé et reflété dans un accord réalisé en
pleine concurrence. Il s'agit, en quelque sorte, de considérer que les entreprises
associées ont fictivement créé une entreprise commune et de déterminer, si tel était
le cas, selon quelles modalités la répartition des profits serait opérée si les
entreprises étaient indépendantes. Cette méthode, qui reste une méthode
transactionnelle, est parfois corrigée par la méthode du « profit résiduel », qui
consiste, après avoir identifié les rémunérations de certaines fonctions précises
(notamment, des fonctions « de routine »), à déterminer un profit résiduel qui est
ensuite réparti (par exemple, pour fixer la rémunération d'éléments incorporels).
L'analyse résiduelle consiste, selon l'OCDE, à répartir en deux phases le montant
des bénéfices combinés provenant des transactions contrôlées. En premier lieu,
chaque participant se voit attribuer une rémunération de pleine concurrence au titre
de ses contributions non uniques concernant les transactions contrôlées auxquelles il
participe, au moyen d'une méthode traditionnelle, de sorte que ne soit pas pris en
compte le revenu procuré par une contribution unique et de valeur apportée par les
participants. Ensuite, tout bénéfice résiduel (ou perte résiduelle) à l'issue du partage

14
BOI-BIC-BASE-80-10-10-20140218

7
opéré précédemment doit être répartie entre les participants en fonction d'une
analyse des faits et circonstances. Autrement dit, cette méthode consiste à
déterminer la répartition des bénéfices à laquelle des entreprises indépendantes
auraient normalement procédé pour une transaction et dans des circonstances
similaires. Il convient tout d'abord d'évaluer le profit global résultant de la transaction
réalisée par les entreprises associées. Dans un second temps, il s'agit d'allouer à
chaque partie la part de ce profit correspondant à sa contribution réelle à la
transaction. Cette allocation du profit doit être la plus proche possible du partage de
bénéfice qu'auraient retenu des tiers indépendants. Elle devra notamment être
fondée sur une analyse fonctionnelle15. Le recours à cette méthode est également
possible lorsque les méthodes traditionnelles ne peuvent pas être utilisées. En effet,
en l'absence de comparables indépendants pertinents, ou dans le cas de mise en
commune d'actifs incorporels significatifs, il sera difficile d'appliquer les méthodes
traditionnelles. On conclut alors que l'application de cette méthode se fait en deux
étapes : d'abord la détermination du résultat consolidé pour le groupe, ensuite la
répartition du résultat consolidé entre les deux entreprises, selon une clé de
répartition appropriée prenant en compte les charges d'exploitation. Cette méthode
ne doit être utilisée qu'en dernier recours et lorsque les autres méthodes se sont
avérées non pertinentes16.

II- LE CONTROLE CONCERTÉ DES PRIX DE TRANSFERT

Le contrôle fiscal des prix de transfert est une épreuve particulièrement ardue. Elle
nécessite un contrôle préventif des prix de transfert (A) et un contrôle répressif (B).

A- LE CONTROLE PREVENTIF

Le contrôle préventif est un contrôle qui permet de s’assurer que toutes les
conditions et tous les paramètres nécessaires pour le fonctionnement de l’entreprise
sont réunis. Le contrôle préventif se manifeste par un accord préalable en matière de
prix de transfert qui est une convention qui fixe, préalablement à des transactions
entre entreprises associées, un ensemble approprié de critères, pour la
détermination des prix de transfert, à titre d’exemple nous pouvons citer la méthode
15
RASSAT Patrick, LAMORLETTE Thierry, CAMELLI Thibault
16
Mourad El JERI, Mission de conseil en matière de gestion des risques fiscaux liés aux Prix de transfert : Cas®
de quatre groupes Français installés en Tunisie, 2013, p.56

8
de calcul, les éléments de comparaison, les correctifs à y apporter et les hypothèses
de base concernant l’évolution future, pour la détermination des prix de transfert
appliqués à ces transactions au cours d’une certaine période. C’est une procédure
engagée à l’initiative du contribuable, elle suppose des négociations entre le
contribuable, une ou plusieurs entreprises associées et une ou plusieurs
administrations fiscales. Le contribuable est libre de choisir s’il souhaite que l’accord
porte sur une partie de son activité, un seul produit, voire un seul type de transaction
ou sur l’ensemble des transactions entre des entreprises liées telles quelles sont
visées à l’article 17 du CGI. Il donne aux entreprises sénégalaise ou étrangère qui le
souhaitent la possibilité d’obtenir de l’administration fiscale un accord sur la méthode
de détermination des prix de transfert qui s’appliquera à leurs transactions futures.
Cependant il est utile de préciser que l’accord préalable ne crée aucune règle
d’assiette nouvelle. Nous avons deux types d’accord préalable à savoir l’accord
préalable bilatérale (ou multilatéral) celui-ci fait intervenir l’administration fiscale
sénégalaise et une ou plusieurs autres administrations puis l’accord préalable
unilatérale, quand il lie l’entreprise à la seule administration sénégalaise.

1- Accord préalable bilatérale

Cet accord est compris entre deux états par les autorités compétentes dans le cadre
juridique de la procédure amiable prévu par les conventions fiscales et de l’article
602 du CGI17, il est utile de préciser que l’accord conclu est pour une durée bien
déterminée. La détermination de cette durée dépendra d’un ensemble de critères
considérés comme le plus approprié par les autorités compétentes et par l’entreprise.
L’avantage de cet accord préalable bilatérale est la suppression des risques de
double imposition par le biais d’un accord entre deux ou plusieurs États contractants
sur le fondement du droit de l’article 2518 du modèle de convention fiscale de l’OCDE
et de l’ONU tout en préservant l’assiette fiscal des états parties à l’accord.
L’ouverture de la procédure est à l’initiative du contribuable auprès de la direction
générale des impôts et domaine. Le contribuable va tout simplement proposer une
17
Article 602 CG I «La garantie prévue à l’article 601 est applicable lorsque… avec le contribuable. »

18
Article 25 convention OCDE « Lorsqu’une personne estime que les mesures prises par un État contractant ou
par les deux États contractants entraînent ou entraîneront pour elle une imposition non conforme aux
dispositions de la présente Convention, elle peut, indépendamment des recours prévus par le droit interne de
ces États, soumettre son cas à l’autorité compétente de l’un ou l’autre État contractant. Le cas doit être soumis
dans les trois ans qui suivent la première notification de la mesure qui entraîne une imposition non conforme
aux dispositions de la Convention ».

9
méthode détermination des prix de Transfert. Pour se faire il fournira un ensemble
des données commerciales, industrielles, financières, juridiques visant à démontrer
que, selon lui, cette méthode conduit à déterminer des prix de manière conforme au
principe de pleine concurrence. Cependant la fourniture de ses informations
n’empêche pas à l’administration d’exercer son droit de contrôle, afin de vérifier
l’exactitude des documents apportés par le contribuable. La demande d’accord
préalable bilatérale au Sénégal doit être effectuée dans un délai de six (06) mois au
moins avant l’ouverture du premier exercice visé par la demande d’accord au
directeur général des impôts et des domaines. Parallèlement à la présentation de la
demande faite au Sénégal, les entreprises doivent formuler leur demande d’accord
préalable dans l’autre état concerné. A cet effet le contribuable doit adresser une
copie de cette demande d’accord préalable dans un délai de deux (02) mois à
compter de la date de demande d’ouverture de la procédure au Sénégal. Ainsi, c’est
à travers toutes les informations données par le contribuable qu’une méthode sera
établie afin d’aboutir à un accord entre les contribuables et l’administration fiscale
pour déterminer la façon dont les prix de transferts seront fixés. Étant donné qu’il y a
la présence d’un contribuable étranger, une fois que l’administration aura établis sa
position avec le contribuable sénégalais, elle poursuivra l’examen conjoint avec
l’autre autorité compétente partie à la négociation.

Pour ce qui est de La conclusion de l’accord préalable bilatéral, quand les parties
auront convenues à un accord, le service chargé de l’instruction de la demande
adressera au contribuable une lettre qui définit les termes de l’accord, il revient au
contribuable de faire alors connaitre en retour son acceptation et s’engage à
respecter les conditions de l’action de cet accord. À l’échange du terme de l’accord il
est donné au contribuable la possibilité de faire une demande de renouvellement 19
(6) mois au moins avant l’expiration du terme de l’accord. Cependant, si au terme de
ces échanges, l’autre autorité compétente parvient à la conclusion qu’elle ne
souhaite pas donner son accord, la procédure prendra fin et le contribuable en sera
informé.

2- L’accord préalable unilatéral

19
Paul Khoury, Contribution Economique Locale ET Prix de Transfert, page 108

10
L’accord préalable unilatéral20 est une procédure d’accord préalable conclue entre le
contribuable et une seule administration fiscale, sans intervention de ou des
administrations fiscales étrangères. Ici l’administration sénégalaise garantie au
contribuable que les prix pratiqués dans ses relations industrielles, commerciales ou
financières intra-groupes n’entrent pas dans les prévisions d’un transfert de
bénéfices au sens de l’article 17 du code général des impôts, il est utile de montrer
qu’ici il n’y a pas l’implication d’une autorité administrative étrangère ce qui constitue
un risque car il peut avoir une double imposition. La procédure d’accord préalable est
la même que celle dite bilatérale.

B- Le contrôle répressif

Enfermée dans son territoire l'administration fiscale sénégalaise n'est pas en mesure
de faire face seule à l'évasion fiscale internationale. À cet égard le Sénégal est
conduit à instituer et à améliorer sa coopération afin de mettre un cadre administratif
et juridique d’échanges internationaux de données qui soient efficaces tout en
respectant les droits des contribuables.

1- Le contrôle administratif

En matière de contrôle des opérations transnationales l'enjeu essentielle est là


maîtrise des opérations du fait de l'éclatement de sa souveraineté l'administration
fiscale sénégalaise reste cloisonnée dans son territoire géographique. Les
informations relatives aux entreprises étrangères associées à celle qui sont
implantées sur son territoire lui échappent totalement or la maîtrise de toutes les
données relatives aux entreprises du groupe et de leur commerce intégré est
indispensable pour le déroulement d'une bonne opération de contrôle.

Afin d'éviter de faire face à ces difficultés, la coopération entre les administrations
fiscales est essentielle et l’aspect fondamental de cette coopération est l'échange de
renseignement comme prévu par les conventions fiscales conclues par le Sénégal.

L'échange de renseignement sur demande correspond à la situation dans laquelle


une autorité compétente demande des renseignements particuliers auprès d'une
autorité compétente. Normalement les renseignements demandés concernent un

20
Paul Khoury, Contribution Economique Locale ET Prix de Transfert, page 108

11
contrôle, une enquête ou des investigations sur l'impôt dû par un contribuable au titre
d'exercice précis.

L'échange des renseignements constitue une partie essentielle de la coopération


internationale en matière fiscale. Il s'agit d'un moyen efficace pour les états de
conserver leur souveraineté sur leur propre base d'imposition et de garantir la bonne
affectation des droits d'imposition entre les parties à des conventions fiscales.
L'échange de renseignement est particulier car elle est constituée d'étapes à savoir
la préparation et l’envoi de la demande, la collecte des renseignements demandés,
la réponse à la demande, au retour d'information.

L'assistance administrative internationale permet de déterminer les faits auxquels


doivent être appliqués les règles d'une convention fiscale. Les échanges sont
effectués pour assister l'un des états contractants à faire respecter sa législation
fiscale. À ce propos nous pouvons citer l'article 37 21 de la convention fiscale signée
entre le Sénégal et la France. Certes le contrôle administratif est très bénéfique, et
permet à l’administration d’être bien renseigner, mais il existe d’autres contrôles qui
permettront à cette administration de mieux analyser tous les outils.

2- Contrôles fiscaux

Pour compléter les renseignements disponibles dans les dossiers des contribuables,
des vérifications peuvent être programmées dans le but de disposer d’informations
plus précises. Ces procédures sont particulièrement efficaces lorsqu’il s’agit de
déterminer le montant exact de l'impôt dû par un contribuable dans les cas où les
charges sont partagées ou imputées et les bénéfices sont répartis entre des
contribuables résidant dans des pays différents ou plus généralement lorsque des
problèmes de prix de transfert se posent. Les contrôles fiscaux coordonnés sont une
forme d'assistance mutuelle pouvant être utilisée dans le cadre des transactions
internationales. Il permet à deux pays ou plus de coopérer activement dans des
enquêtes fiscales. Il existe deux types de contrôles fiscaux à savoir : les contrôles
simultanés qui sont concomitants, mais séparés (1) et les contrôles que nous disons

21
Article 37 de la convention fiscale franco-sénégalaise : « Les autorités fiscales de chacun des Etats contractants transmettent aux
autorités fiscales de l'autre Etat contractant les renseignements d'ordre fiscal qu'elles ont à leur disposition et qui sont utiles à ces dernières
autorités pour assurer l'établissement et le recouvrement réguliers des impôts visés par la présente Convention ainsi que l'application, en
ce qui concerne ces impôts, des dispositions légales relatives à la répression de la fraude fiscale ».

12
« conjoints », plus rares, mais plus efficaces et qui supposent le déplacement
d’agents de l’administration fiscale dans le pays partenaire (2).

1- Les contrôles fiscaux simultanés

Le contrôle fiscal simultané22 est un contrôle entrepris en vertu d’un accord par lequel
deux ou plusieurs États contractants conviennent de contrôler simultanément et de
manière indépendante, chacun sur son territoire, la situation fiscale d’un ou plusieurs
contribuables qui présentent pour elles un intérêt commun ou complémentaire en
vue d’échanger les renseignements ainsi obtenus. Ce contrôle s’avère
particulièrement utile dans le domaine des prix de transfert, ainsi que pour repérer
les éventuels dispositifs de fraude fiscale dans des pays à faible imposition. En tant
qu'outils de discipline fiscale et de contrôle utilisés par les administrations fiscales,
les contrôles fiscaux simultanés sont efficaces lorsque l’existence de pratiques
d’évasion ou de fraude fiscales internationales est suspectée. À côté de ce contrôle,
nous avons aussi le contrôle fiscal conjoint.

2- Les contrôles fiscaux conjoints

Les contrôles que nous qualifions de « conjoints » 23 sont menés de concert par deux
ou plusieurs administrations fiscales. Ils supposent que les vérificateurs d’une
administration se rendent auprès d’une autre administration et avec les agents de
celle-ci, ils exercent ensemble et sur place le contrôle des opérations réalisées par
les multinationales. La procédure de contrôle fiscal à l’étranger permet aux
administrations fiscales, lorsque la demande en a été faite et dans les limites
imposées par les lois de leurs pays, à autoriser les agents des impôts d’un pays
étranger à participer à des contrôles fiscaux menés par le pays requis. Les agents
des impôts autorisés peuvent participer de manière passive ou active au contrôle
effectué par le pays requis. Certains pays n’autorisent qu’une participation passive
des agents étrangers. Celle-ci se limite alors à l’observation de certaines étapes du
contrôle, les contacts directs étant uniquement établis avec les agents du pays
requis. Les fonctionnaires des impôts étrangers ne sont pas autorisés à s’entretenir
directement avec les contribuables ou d’autres personnes. D’autres pays peuvent
permettre aux vérificateurs étrangers de participer activement à la vérification fiscale.
22
M. El Hadji Dialigué BA LE DROIT FISCAL À L’ÉPREUVE DE LA MONDIALISATION : LA RÉGLEMENTATION DES PRIX DE TRANSFERT AU
SÉNÉGAL, THESE, page 329.
23
M. El Hadji Dialigué BA LE DROIT FISCAL À L’ÉPREUVE DE LA MONDIALISATION : LA RÉGLEMENTATION DES PRIX DE TRANSFERT AU
SÉNÉGAL, THESE, Page 330.

13
Certains pays peuvent par exemple autoriser les agents étrangers à mener des
entretiens et à examiner des documents concernant les contribuables en question.

14
BIBLIOGRAPHIE

I-LEGISLATIONS

-La loi 2018-10 du 30 mars 2018 modifiant certaines dispositions du Code Général
des Impôts

-La loi n 2012-31 du 31 décembre 2012 portant code général des impôts (CGI)

-Loi n 91-1391 du 31 décembre 1991 portant convention fiscale entre le Sénégal et


la France tendant à éviter la double imposition et à établir des règles d’assistances
réciproque en matière d’impôts sur le revenu, d’impôts sur les successions, de droit
d’enregistrement et de droits de timbre.

II- OUVRAGES

-EL Hadji Dialigué Ba, procédures fiscales, édition l’harmattan, 2016

-Lexique des termes juridiques 2016-2017

III- THESE

M. El Hadji Dialigué BA, LE DROIT FISCAL À L’ÉPREUVE DE LA


MONDIALISATION : LA RÉGLEMENTATION DES PRIX DE TRANSFERT AU
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