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Compte rendu d’article

E. BROWN Réflexions sur Philippe le Bel

I_ La personnalité de Philippe le Bel analysée par Elisabeth BROWN

E B dans son article tente de pénétrer la personne de Philippe le BEL, tant dans son
individualité que dans sa relation avec les sujets du royaume (A). E B met également en
exergue l’importance croissante qu’occupe la religion au courant de sa vie parfois
paradoxale (B).

A_ Un Roi respecté des contemporains et soucieux d’affirmer son pouvoir royal

EB écrit dans son article que les contemporains de PLB « se sont accordés pour dire
qu’il était beau et blond, distant et réservé, d’aspect imposant, dominant tout par sa haute
taille et par sa majesté silencieuse ».
—> Cet accord commun des contemporains de PLB montre le respect et le prestige dont
bénéficiait ce dernier.
A vrai dire, PLB était respecté certes, mais soucieux de l’être. Il conçoit la mission royale
comme inhérente à sa personne ce qui l’amène tout au long de son règne à être vigilant et
soucieux de l’opinion de ses sujets.

Lors du règne de PLB, Vincent de Beauvais (théologien et encyclopédiste) vient


remettre en cause la légitimé du règne des Capétiens en remontant jusqu’à Hugues Capet
qui présente comme un usurpateur.
Cette accusation a fortement déplu à PLB qui comme nous le rapporte EB « était très
sensible à toute suggestion d’impureté ou d’illégitimité ».
Le roi était en effet très préoccupé par l’idée d’affirmer sa légitimité.

C’est comme une sorte de complexe d’infériorité qui le pousse par exemple à opérer une
nouvelle organisation des tombeaux à Saint-Denis. BUT : asseoir son règne dans la
continuité de la dynastie. Il arrive à réserver pour son propre sépulture l’emplacement de
son père afin d’être a coté de son gp.
PLB dans ce ré-agencement souhaite se rapprocher de son gp car Saint louis a été très
apprécié des contemporains, selon ces derniers St louis méritait d’être canonisé. Ce qui fut
ensuite le cas. Boniface VIII canonise en effet Louis IX le 11 aout 1297 devenant St Louis.
——-> ces actions mettent en lumière le désir constant de PLB d’être associé à ses anciens.
PLB était soucieux de bien régner, EB nous résume cette inquiétude constante de PLB
« Sensible, il se préoccupait beaucoup de sa fama, de sa réputation et de l’opinion comme
du respect des autres. Il craignait les jugements des autres et surtout celui de Dieu ».
Le comportement de PLB peut parfois apparaitre paradoxal dans son approche du pouvoir
royal, et sa façon de gouverner. PLB avait un réel manque de confiance et cherchait ainsi à
s’affirmer par tout moyen. EB évoque la crainte de PLB d’être juger par sujets, cependant
elle ne manque pas de préciser que sa plus grande peur est celle d’être jugé par Dieu.

B_ L’engagement croissant de PLB dans la religion marqué par des événements et des paradoxes
)

L’importance que PLB accorde à la religion a été croissante durant son règne. EB
évoque dans son article cette place centrale de la religion dans la vie du Roi pieux.

EB souligne de réels changements au fil des années marqués par des événements
importants. Il y a en effet un réel tournant après le décès de la reine. 2 avril 1305
EB rapporte la vision de Robert Henri Bautier qui précise qu’après « le désastre de Courtrai
et surtout après la mort de la reine Jeanne PLB se plongea dans le rêve du mysticisme ».
Def mysticisme (doctrine qui affirme la possibilité d’une union directe de l’âme avec Dieu)
PLB accomplit de nombreux pèlerinages après le décès de sa femme.
PLB a créé plusieurs établissements religieux, comme de monastères, des abbayes.

PLB a également demandé de nombreux privilèges pontificaux qui lui ont été
accordés par Clément V.
EB précise dans son article « les dispenses accordées à PLB par Clément V, six semaines
après le couronnement de ce dernier montrent que le roi était préoccupé par son salut tout
en cherchant à se l’assurer à moindre cout ».
La première bulle de Clément V date du 23 décembre 1305.
Dans cette bulle le pape accorde le pardon à Philippe le Bel (facilement) après que ce
dernier ait créé un impôt (la décime) qu’il voulait lever sur les églises et les ecclésiastiques.
Cet impôt créé par PLB a été réalisé sans l’autorisation du Pape Boniface VIII (mort 1303).
Ce qui a conduit à un grand conflit entre le pape BVIII et PLB, tous les deux soucieux
d’affirmer leur primauté ainsi que leurs pouvoirs spirituel et temporel.
(NB Clement V pardonne si facilement à PLB car c’est lui qui l’a élu).
EB évoque également un second privilège daté 6 jours après (29 décembre 1305) où
Clément V délie PLB des voeux de partir en croisade ou d’aider la Terre Sainte.
—> Ces bulles du pape accordant des privilèges à PLB montrent que ce dernier était très
soucieux de son propre salut.

EB le souligne également en évoquant ses testaments de PLB.


« Ses actes testamentaires sont remarquables par l’absence presque totale de dons
personnels et de références à des individus particuliers, ainsi que par l’extravagance des
legs destinés à garantir son salut ».
—> par cet article, EB parvient a analyser la personne qu’était PLB. Roi très chrétien.
Omnibulé par la religion et son salut.

PLB porte une obsession fanatique et aveugle à la religion et à la piété.


Ce fanatisme peut également apparaitre paradoxal car il impose durant son règne à sa
personne et aux autres des pratiques, et moyens condamnés par la papauté. (+ levée
d’impôt sur les ecclésiastiques qui reste incomprise)
Il se considérait comme étant doté d’une mission suprême relative à l’exercice de son
pouvoir qui l’amenait à essayer de rivaliser avec le pape.
EB dans son article analyse ainsi l’implication de PLB dans les actes de son gouvernement.

II_ L’implication / la responsabilité de Philippe IV dans les actes de son gouvernement

La responsabilité de PLB dans les actes de son gouvernement a fait l’objet de vifs débats, de
controverses.
PLB a eu un rôle politique fluctuant mais pas négligeable. Son implication s’est surement
effacée avec ses ministres qui ont pris une place importante.

A_ Un rôle politique fluctuant mais pas négligeable

EB dans son article souligne les différentes intensités d’implications de PLB dans le
gouvernement au cours de son règne.
Elle précise « le rôle de Philippe de Bel dans le gouvernement doit avoir varié en nature et
en intensité, sinon d’un jour à l’autre, du moins d’une année à l’autre ».
EB met en exergue ici l’implication fluctuante de PLB dans les actes du gouvernement.
Le règne de PLB a duré 30 ans, son règne n’est donc pas linéaire et est marqué par des
événements qui ont impacté sa politique et donc inévitablement la place qu’il avait.

EB témoigne qu’au début de son règne PLB « fier de son nouveau statut et de la puissance
qu’il venait d’acquérir, le roi s’est énergiquement occupé de beaucoup de choses »
—> cette vive activité du roi lors de sa montée sur le trône rejoint l’idée qu’on évoquait au
début sur son manque de confiance et son besoin constant de prouver sa légitimité.
Ainsi dès son arrivée au pouvoir, PLB a eu besoin de montrer sa présence, de réaliser des
changements afin de marquer un tournant politique par rapport à ses prédécesseurs
notamment St Louis qui l’admirait.
Par exemple, PLB met fin d’emblée aux guerres contre l’Aragon. Cela montre sa volonté de
changer la politique par rapport avec celle qu’avait adoptée son père.

EB souligne dans son article « les tentatives de promouvoir l’image du roi comme bon
dirigeant du royaume. » Elle ajoute « il en va de même pour la tournée de la famille royale
à travers le Languedoc pendant l’hiver 1303 - 1304. ». Les déplacements participent en
effet pleinement à l’implication politique.
Cela dénote d’un engagement à l’égard de l’unité de son royaume qui cherche à s’affirmer
lorsqu’il se déplace.
Lors de ce déplacement en 1303 dans le Languedoc, PLB est accompagné de la reine ainsi
que de leurs 5 enfants (qui ont entre 14 et 7 ans). La présence des 5 enfants de PLB
participe grandement au prestige royal et joue également un rôle politique qui s’inscrit dans
la volonté de PLB d’affirmer son pouvoir, et de s’impliquer dans la politique de son
royaume.
Cependant cette forte implication a connu un réel tournant avec l’arrivée de ministres
imposants face auxquels PLB a sûrement manqué de s’imposer.

B_ Des ministres omniprésents

Après avoir évoqué la forte implication de PLB au début de son règne, EB souligne un net
changement dans l’implication de PLB avec l’arrivée de ministres importants et imposants
« cela changea avec l’arrivée à la cour de Pierre Flote et de Guillaume de Nogaret ».
—> PLB a su s’entourer de gens de savoir qui ont eu une implication très forte dans le
gouvernement.

Le premier grand légiste / ministre du roi est Pierre Flote

C’est en 1296, Flote prend en main la politique royale face au pape Boniface VIII,
auquel il entendait faire reconnaître le droit du roi à être seul maître dans son royaume,
c'est-à-dire le droit de juger et d'imposer tous ses sujets, y compris les clercs.
+ En 1297, il parvient à négocier à Rome la canonisation de Louis IX.

Chancelier de France en 1300, il joue un rôle essentiel et parfois spectaculaire comme


conseiller et porte-parole du roi. C'est ainsi qu'il fut envoyé à Rome 3 fois et qu'il tente
vainement de faire du pape un instrument de la politique royale.
Mêlé à toutes les affaires du royaume, Flote oeuvre pour un absolutisme royal, ainsi qu’une
indépendance monarchique au sein d'une chrétienté dominée par le pape.

Flote participe à l'expédition de Flandre et fut tué au cours du désastre de Courtrai, le 11


juillet 1302. Guillaume de Nogaret lui succéda.
GDN a été un ministre de PLB d’une extreme importance sur lequel EB s’interroge.

EB précise « GDN eut rejoint la cour en Languedoc début 1304, son influence ne fit que
s’accroitre et encore plus après le décès de la reine le 2 avril 1305 ». EB met en lumière ce
tournant durant le règne de PLB.
En effet ces deux événements majeurs que sont l’arrivée de Nogaret comme ministre et le
décès de la reine sont la cause d’une sorte de chute de l’implication politique de PLB qui se
réfugie dans une pratique de la religion et s’attache à des principes moraux très élevés.

GDN, juriste et fanatique du pouvoir absolu est surement le légiste le plus connu. Il fut le
véritable maitre d’oeuvre de la politique royale.
EB développe la personne de GDN « cela nous révèle son énergie, son intelligence, son
ingéniosité, ses préoccupations et ses fantasmes ». Durant toute sa carrière, Nogaret agit
comme un homme de savoir et d’influence. EB souligne « Nogaret savait inspirer la peur et
plier les autres à sa volonté ».
Il est doté d’une réelle intelligence et d’un pouvoir d’influence voire de manipulation à
l’égard du Roi.
GDN avait deux manières de manipuler le roi, qu’étaient la menace à l’égard de Dieu et la
flatterie. EB rapporte ces deux vices dans son article.
—> Dans le mémoire en forme de lettre adressé à PLB, GDN rappelle que « dieu
avait détruit bien des rois à cause de leur péchés et que PLB serait lui aussi soumis un jour
au jugement de Dieu qui ne peut pas être trompé ». On comprend ici que GDN menace PLB
en utilisant son point sensible qu’est la religion, et précisément son salut.
Cependant, il avait également une autre manière d’influencer le roi qu’est de le flatter
—> EB relate que « Nogaret ne se limitait pas à employer des menaces, il flattait
aussi le roi en exaltant son autorité ». Nogaret évoquait par exemple régulièrement le nom
de St Louis pour lequel PBL avait un attachement presque obsessionnel s’y rattache.
EB nous rapporte même que PLB faisait des efforts épisodiques pour régner en roi
réformateur comme l’était St Louis.

Les ministres de PLB ont ainsi eut un rôle considérable sur sa politique.
Bien que très attaché à son autorité royale et à son statut de Roi, PLB a toutefois été parfois
en retrait dans l’élaboration des actes politiques. Ses ministres ont su en effet s’affirmer,
notamment dans la seconde partie du règne de PLB.

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