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La construction de l'intrigue

La construction de l'intrigue (appelée aussi « fable ») suit un schéma permettant la montée


de la tension dramatique et mettant en œuvre des personnages ayant chacun un rôle
précis au sein de l'intrigue.
VERS L’ANALYSE DE TEXTE
→ En mettant en lumière les rouages de l'intrigue, il est plus facile ensuite d'avoir une
vision globale de l'œuvre et de comprendre l'intérêt de chaque scène au sein de l'histoire.
Il s'agit de présenter une vision dynamique de l'action et de mettre en valeur sa cohérence
et son évolution.
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Les étapes de l'intrigue
• Le progression dramatique d'une pièce comprend généralement quatre étapes.
Elle occupe les premières scènes. Elle présente le cadre de l'action, ses enjeux, les
personnages et le début de l'intrigue. Souvent l'action est déjà bien entamée à l'ouverture
de la pièce (exposition in medias res). (
L'exposition
→ Fiche 28

)
Il correspond au point culminant de l'intrigue. Les problèmes des personnages semblent
Le nœud
sans solution.
Les Elles correspondent aux événements ou épreuves que les personnages principaux doivent
péripéties surmonter.
Le Il apporte une résolution au conflit dramatique. Cette résolution peut être heureuse ou
dénouement malheureuse.
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• La dramatisation de l'action a lieu notamment lors de :
– quiproquos : un malentendu entre les personnages qui crée des tensions ;
– dilemmes : un personnage est confronté à une alternative qui n'offre aucune issue
satisfaisante ;
– coups de théâtre : un événement inattendu et imprévu fait basculer la situation.
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Le personnage théâtral
• Le personnage théâtral (du latin persona, « masque de théâtre »), est un être fictif incarné par un
acteur. Il se définit par son action, son discours et sa présence sur scène. Le lecteur-spectateur n'a
pas accès à son intériorité comme cela est possible dans le roman.
Éléments de construction du
Sens possibles à lui donner
personnage
• Son nom, sa fonction sociale ou
son lien familial • Un rôle traditionnel et codé, un personnage type comme le valet
• Son discours, ses gestes, son rusé.
costume • Un système de valeurs, un symbole incarnant un héros positif, un
• Le discours des autres personnages personnage mythique ou épique.
sur lui
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• Pour connaître les pensées des personnages, deux conventions théâtrales existent : le monologue,
dans lequel le personnage expose seul ses pensées et ses sentiments, et le recours au personnage de
la confidente ou du confident, qui accompagne le personnage principal et recueille ses
impressions sur les événements.
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Les actants au sein de l'intrigue
• Au sein de l'intrigue, les personnages, mais aussi les objets, les lieux et les situations en général
sont des actants, c'est-à-dire qu'ils agissent sur l'histoire. Voici les principaux rôles.
Personnage agissant
Le Sujet
dans un but précis.
Ce qui est recherché par
L'Objet
le Sujet.
Force qui pousse le
personnage à agir (un
Le
personnage, un Dans Britannicus, Néron (Sujet et Destinataire) souhaite
Destinateur
sentiment, une obtenir les faveurs de Junie (Objet) car il l'aime (Destinateur)
situation…). mais cette dernière aime Britannicus (Opposant). Il s'aide donc
Le Bénéficiaire de l'action de son conseiller Narcisse (Adjuvant) pour savoir comment se
Destinataire du Sujet. débarrasser de son rival.
Jean Racine, Britannicus, 1669.
Éléments ou
personnages qui aident
L'Adjuvant
le Sujet dans son action
ou sa quête.
Obstacles à la réalisation
L'Opposant de la quête ou de l'action
du Sujet.
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Reconnaître les étapes de l'intrigue
1
** À votre avis et d'après les indices du texte, à quelle étape de l'intrigue ce moment
correspond-il ?
Orgon s'est entiché jusqu'à l'aveuglement de Tartuffe, qu'il croit être un saint homme alors que
celui-ci tente de séduire son épouse Elmire. Celle-ci a feint de céder pour dévoiler à son mari les
manœuvres de Tartuffe et le convaincre enfin de son hypocrisie.
TARTUFFE, sans voir Orgon.
Tout conspire, madame, à mon contentement.
J'ai visité de l'œil tout cet appartement,
Personne ne s'y trouve et mon âme ravie…
ORGON, en l'arrêtant.
Tout doux ! vous suivez trop votre amoureuse envie,
Et vous ne devez pas vous tant passionner.
Ah ! ah ! l'homme de bien, vous m'en voulez donner !
Comme aux tentations s'abandonne votre âme !
Vous épousiez ma fille, et convoitiez ma femme !
J'ai douté fort longtemps que ce fût tout de bon,
Et je croyais toujours qu'on changerait de ton :
Mais c'est assez avant pousser le témoignage :
Je m'y tiens, et n'en veux, pour moi, pas davantage.
ELMIRE, à Tartuffe.
C'est contre mon humeur que j'ai fait tout ceci ;
Mais on m'a mise au point de vous traiter ainsi.
TARTUFFE
Quoi ! vous croyez…
ORGON
Allons, point de bruit, je vous prie.
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Dénichons de céan, et sans cérémonie.
TARTUFFE
Mon dessein…
ORGON
Ces discours ne sont plus de saison,
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Il faut, tout sur-le-champ, sortir de la maison.
TARTUFFE
C'est à vous d'en sortir, vous qui parlez en maître !
La maison m'appartient, je le ferai connaître,
Et vous montrerai bien qu'en vain on a recours,
Pour me chercher querelle, à ces lâches détours ;
Qu'on n'est pas où l'on pense en me faisant injure ;
Que j'ai de quoi confondre et punir l'imposture,
Venger le ciel qu'on blesse, et faire repentir
Ceux qui parlent ici de me faire sortir !
Molière, Tartuffe, IV, 7, 1669.
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Analyser la construction du personnage
2
a. * À quels conflits Rodrigue et Chimène sont-ils confrontés ?
b. ** Quelles valeurs ces personnages incarnent-ils ?
TEXTE A
Rodrigue et Chimène s'aiment, mais leurs pères se querellent. Le père de Chimène offense Don
Diègue, le père de Rodrigue. Le vieil homme demande à son fils de provoquer en duel le père de
Chimène pour venger son honneur.
DON RODRIGUE, seul.
Percé jusques au fond du cœur
D'une atteinte imprévue aussi bien que mortelle,
Misérable vengeur d'une juste querelle,
Et malheureux objet d'une injuste rigueur,
Je demeure immobile, et mon âme abattue
Cède au coup qui me tue.
Si près de voir mon feu récompensé,
Ô Dieu ! l'étrange peine !
En cet affront mon père est l'offensé,
Et l'offenseur le père de Chimène !
Que je sens de rudes combats !
Contre mon propre honneur mon amour s'intéresse :
Il faut venger un père, et perdre une maîtresse.
L'un m'anime le cœur, l'autre retient mon bras.
Réduit au triste choix ou de trahir ma flamme,
Ou de vivre en infâme,
Des deux côtés mon mal est infini.
Ô Dieu ! l'étrange peine !
Faut-il laisser un affront impuni ?
Faut-il punir le père de Chimène ?
Pierre Corneille, Le Cid, I, 6, 1637.
TEXTE B
ELVIRE. – Il vous prive d'un père, et vous l'aimez encore !
CHIMÈNE. – C'est peu de dire aimer, Elvire, je l'adore ;
Ma passion s'oppose à mon ressentiment ;
Dedans mon ennemi je trouve mon amant ;
Et je sens qu'en dépit de toute ma colère,
Rodrigue dans mon cœur combat encor mon père :
Il l'attaque, il le presse, il cède, il se défend,
Tantôt fort, tantôt faible, et tantôt triomphant :
Mais, en ce dur combat de colère et de flamme,
Il déchire mon cœur sans partager mon âme.
Et, quoi que mon amour ait sur moi de pouvoir,
Je ne consulte point pour suivre mon devoir ;
Je cours sans balancer où mon honneur m'oblige,
Rodrigue m'est bien cher, son intérêt m'afflige ;
Mon cœur prend son parti : mais, malgré son effort,
Je sais ce que je suis, et que mon père est mort.
Pierre Corneille, Le Cid, III, 3, 1637.

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