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Tous les experts s’accordent à dire que l’équilibrage hydraulique des bouclages d’eau chaude sanitaire
est incontournable. Aucun traitement ou système sophistiqué ne pourra corriger des défauts de
circulation dans les réseaux.
Les textes officiels mentionnent clairement la nécessité de l’équilibrage hydraulique, prenons en
exemples :
La circulaire N° 220/243 du 22/04/220
« Les systèmes de distribution sont à l’origine du plus grand nombre de cas de légionellose. La
maîtrise des températures de l’eau en tout point de l’installation, limite, voire supprime la
nécessité des interventions curatives sur les réseaux.»
Préface Recommandation Eau chaude sanitaire 02-2004 AICVF
« La protection contre le risque de légionellose dépend pour beaucoup du bon équilibrage
hydraulique.»
1- Le bouclage ECS
Dans un réseau non bouclé (Fig. 1), en cas de non-puisage, l’eau chaude stagne et se refroidit dans la
tuyauterie du fait des déperditions thermiques. Pour obtenir de l’eau chaude, il faut préalablement
vider la tuyauterie de l’eau froide accumulée, ce qui conduit à une surconsommation d’eau. En outre,
l'attente d'eau chaude génère une situation d’inconfort dès qu’elle avoisine les 10 secondes !
Cette eau stagnante a été préalablement chauffée, conduisant à un gaspillage énergétique (dans le prix
d’1 m3 d’eau chaude, la part de l’énergie représente environ les 2/3). Il est couramment constaté que
les consommations d’eau et d’énergie augmente de 10 à 15 % dans les installations où les
températures ne sont pas correctement maîtrisées.
Fait encore plus grave, cette eau stagnante atteint rapidement une température située entre 30 et 40°C
qui est idéale pour le développement des bactéries (Légionella).
Le bouclage consiste à rajouter une tuyauterie de retour (Fig. 2) équipée d’organes d’équilibrage. Une
pompe assure la circulation permanente de l’eau. Les organes d’équilibrage garantissent que chaque
boucle sera irriguée en permanence par le débit calculé. La vitesse de circulation sera maintenue
supérieure à 0,2 m/s en tout point du circuit de bouclage.
La vanne d’équilibrage placée sur le retour commun permet le contrôle périodique du débit de
bouclage (Recommandation DGS circulaire du 22/04/2002,[RN-6-4]).
Fig 3. Réseau bouclé. L’eau est en circulation permanente même en cas de non-soutirage.
Il est à noter dans la Fig. 3 que seules les colonnes sont bouclées. Le bouclage de chaque point de
puisage est envisagé par certains comme étant une sécurité supplémentaire. En réalité, le bouclage de
chaque point de puisage n’est pas nécessaire si une distance maximale de 5 m (3 l de volume d’eau) du
piquage au puisage est respectée. Boucler chaque point de puisage conduit à avoir un débit global très
élevé, une consommation électrique de pompe très importante et un investissement en tuyauterie plus
lourd. La multiplication du nombre de bouclages augmente le risque d’avoir une eau non-maintenue
en température si les réglages ne sont pas parfaits. Au final, à vouloir mieux faire, on risque de créer
bien plus de problèmes, avec un investissement beaucoup plus important.
Il faut également veiller à éliminer les bouclages « amont » (Fig. 4) qui agiraient comme des « courts-
circuits » ne permettant plus d’irriguer correctement les colonnes. Cette remarque est à transposer pour
les colonnes, si le bouclage est réalisé par étage.
Remarque: Les débits de re-circulation n’ont pas de relation avec les débits de puisage!
La tuyauterie contient de l’eau chaude entre 50°C et 60°C, placée dans une ambiance à une
température inférieure de 20°C ou moins, elle agira comme un radiateur en émettant des calories à
l’extérieur. La température de l’eau qu’elle contient va progressivement chuter.
Les déperditions de la tuyauterie dépendent
De la température de l’eau
De la température ambiante des zones traversées par la tuyauterie
Du diamètre, de l’épaisseur et du type de matériaux
De l’épaisseur et du type d’isolant
…
La formule (Formule. 1) ci-dessous permet un calcul rapide des déperditions des tuyauteries en faisant
abstraction notamment du type de matériaux.
P: déperdition (W/m)
T: différence de température entre l’eau et l’extérieur (°C)
de: diamètre extérieur de la tuyauterie (mm)
I: épaisseur de l’isolant (mm)
: conductivité thermique de l’isolant (W/m.K)
(Formule. 1)
En considérant un coefficient moyen et une température d’eau à 60°C pour une ambiance à 20°C, on
peut simplifier davantage la formule et utiliser les expressions (Formule. 2) ci-dessous.
En réalité, en y regardant de plus près, la vitesse de 0,2 m/s, recommandée dans les textes officiels, ne
garantit pas un écoulement turbulent dans la tuyauterie. Dans un tuyau en cuivre 16x1 (14/16), il faut
un débit de 140 l/h et une vitesse de 0,25 m/s pour atteindre le régime turbulent. A ce jour, une vitesse
de 0,2 m/s semble être satisfaisante, l’expérience et les recherches nous le confirmeront.
Pour les installations utilisées de façon très intermittente, il est préférable de vérifier que les débits
calculés pour le bouclage (déterminés en fonction des vitesses dans la tuyauterie de retour) sont
suffisants pour assurer une vitesse limite dans la tuyauterie aller.
Comme vu précédemment, les débits de re-circulation sont obtenues soit par le calcul des déperditions
de tuyauterie, soit par la vitesse minimale de circulation.
La figure (Fig. 6) permet de déterminer si le calcul doit être mené en fonction des déperditions de la
tuyauterie ou en fonction de la vitesse minimale. Ce graphe est basé sur les valeurs des coefficients
(garde-fou) de perte thermique des tuyaux imposés par la RT 2005. Pour chaque tronçon bouclé, il
conviendra de déterminer, en fonction de la longueur de tuyauterie, si la déperdition est prédominante
par rapport à la vitesse minimale. Par exemple, pour un tuyau en 14/16 d’une longueur supérieure à 54
m, il convient de réaliser le calcul du débit en prenant en compte les déperditions thermiques.
L’installation doit être « réglable ». Les débits calculés en fonction des déperditions de la tuyauterie ou
des vitesses minimales imposées, ne doivent pas conduire à des réglages de vannes trop fermées. En-
dessous d’une ouverture de 25 % de la course totale de la vanne (pour les vannes DN 10 et 15), les
risques d’obstruction (Fig. 7) sont trop importants et la précision de mesure est dégradée. De plus,
pour des ouvertures trop faibles, les vitesses locales ont tendance à être plus importantes augmentant le
risque de corrosion par érosion.
Il faut choisir correctement le diamètre des vannes (souvent DN10). Jusqu’à 230 l/h (tableau fig. 8)
une vanne en DN 10, ayant un kv maximal de 1,47, sera suffisante. Choisir une vanne plus grosse, en
DN 15 ou en DN 20, comme on le rencontre quelques fois, conduirait à positionner les vannes sur de
faibles ouvertures (Fig. 9) créant les problèmes évoqués précédemment.
Fig. 9. La zone en bleu représente l’ouverture des vannes pour un même réglage de débit
Si les pertes de charge à créer sur les vannes d’équilibrage s’avèrent trop importantes (vanne fermée
en dessous de 25%), il est préférable de diviser le réseau (Fig. 10). L’excédent de perte de charge est
alors repris sur les vannes principales situées sur le retour commun. La vanne d’équilibrage, placée sur
le retour général de l’installation, en plus de permettre la mesure du débit et de vérifier le bon
Fig. 10. Division du réseau pour limiter les pertes de charge à créer.
Fig. 11. Le déséquilibre hydraulique se traduit par une prolifération des bactéries.
Un mauvais équilibrage (Fig. 11) de la boucle d’eau chaude sanitaire est source d’inconfort, de
gaspillage d’eau et augmente les risques de développement des bactéries. Le déséquilibre hydraulique
des bouclages d’eau chaude sanitaire est encore plus « marqué » que pour des distributions classiques
de chauffage ou de climatisation. Sur un bouclage ECS, aucun accessoire de type vanne ou batterie, ne
vient créer de pertes de charge locales minimisant les effets de longueur de la tuyauterie. La répartition
des débits basée sur les déperditions de tuyauterie conduit à régler des débits plus importants sur les
derniers circuits par rapport aux premiers. Sans équilibrage, c’est exactement l’inverse qui se
produira !
Véritables outils de réglages et de diagnostic, les vannes d’équilibrage hydraulique (Fig.12) sont
placées sur le retour de chaque boucle. Elles permettent la mesure du débit, de la pression et de la
température. Une mémoire mécanique de la poignée évite les déréglages. Un accessoire de vidange
peut être monté à la demande, même si la vanne est déjà installée et sous pression. Garantissant une
répartition homogène des débits, elles permettent également de réaliser des chocs thermiques ou
chlorés dans de bonnes conditions.
Sur les vannes d’équilibrage thermique, une poignée graduée en température permet de déterminer le
point de consigne à 55°C, par exemple (Fig. 13). Si nécessaire, pour des raisons de choc thermique, il
est possible de régler un point de consigne pouvant atteindre 80°C. La mémorisation du point de
consigne est réalisée par l’intermédiaire d’une clé alène.
Une augmentation de la température de l’eau provoque une fermeture progressive de la vanne de façon
à réduire le débit (Fig. 14). Une diminution de la température de l’eau provoque l’ouverture de la
vanne augmentant ainsi le débit dans la boucle.
Suivant les types de bâtiments et les exigences que l’on s’impose, on choisira, soit les vannes
d’équilibrage, soit l’utilisation des vannes thermiques.
Sur certaines installations, on trouve une vanne 3 voies (Fig. 13) assurant la régulation de la
température de départ générale, par mélange de l’eau froide et l’eau chaude. Le contrôle de cette vanne
3 voies s’avère généralement délicat pour le régulateur, même s’il est de type « proportionnel-
intégral ». Cette instabilité de la boucle de régulation s’explique par le changement brutal de la
température de retour qui s’opère entre une situation de soutirage ou de non-soutirage. En période de
soutirage, de l’eau froide est admise dans l’installation. Cette eau à une température t0 avoisinant 15°C
(Fig. 14) va être mélangée à de l’eau à par exemple 70°C pour obtenir de l’eau à 60°C. La vanne 3
voies, pour ce faire, va adopter une certaine ouverture. L’application de la formule (Formule.3) permet
de déterminer que pour ces températures la vanne sera positionnée à 82% d’ouverture. Si le soutirage
est interrompu, l’eau de retour n’est plus à une température de 15°C mais à 55°C. La vanne 3 voies
doit alors très rapidement retrouver une nouvelle position d’équilibre (33% d’ouverture) permettant
d’obtenir la température consignée à 60°C. Ce changement brutal de position est difficile a gérer pour
le régulateur.
70°C 60°C
15°C ou 55°C
Fig. 13. Une vanne 3 voies régule la température de départ. Fig. 14. La température de retour varie brutalement en
fonction du soutirage ou non.
t g tr (1 ) ts
Avec :
tg : température primaire
tr ou to: température de retour
ts :température de départ
:coefficient positionnement de la vanne 3 voies
(Formule.3)
L’équilibrage hydraulique
La préparation
La réussite d’une opération d’équilibrage dépend en grande partie de la qualité de la
préparation. En outre, il faudra respecter les étapes suivantes :
Préparer un schéma hydraulique de l’installation
Identifier clairement les modules
S’assurer que le schéma hydraulique correspond à la réalité de l’installation
Vérifier l’accessibilité des vannes et que les diamètres correspondent aux indications
du plan
Prérégler les vannes en fonction des calculs, sinon à 50% de leur ouverture maximale.
Indiquer la référence des circuits sur l’étiquette livrée avec la vanne
Les modules
Pour permettre d’appliquer une méthode d’équilibrage optimisée (débit correct et perte de
charge minimale) le réseau sera organisé en modules hydrauliques (Fig. 16). Dans un module
hydraulique, chaque circuit est équipé sur son retour d’une vanne d’équilibrage. Une vanne
générale est mise en place sur le retour commun afin de compenser toutes perturbations
hydrauliques pouvant affecter le bon réglage des circuits. Il ne faut pas oublier la vanne
principale placée sur le retour général de l’installation. Elle permet d’ajuster la pompe au
débit total de l’installation. Elle a également un rôle primordial pour le diagnostic du bon
fonctionnement de la pompe.
La méthode « RéGIS »
A partir d’une campagne de mesure, la méthode « RéGIS » réalise un modèle mathématique
de l’installation. Conformément aux débits souhaités, ce modèle permettra de calculer la
position de réglage des vannes d’équilibrage du module considéré. Il est à noter que ces
réglages sont réalisés en minimisant la hauteur manométrique nécessaire à la pompe. Ceci est
conforme à la RT 2005 visant à réduire la consommation des auxiliaires.
Conclusion
Le bouclage d’eau chaude sanitaire joue un rôle primordial permettant de garantir un confort à
l’utilisateur tout en limitant les consommations d’eau et d’énergie. Le maintien en
température de la distribution d’eau chaude sanitaire est le moyen le plus efficace pour lutter
contre la prolifération des bactéries. L’utilisation des outils d’équilibrage et la mise en œuvre
rigoureuse des méthodes de réglage permettront d’obtenir dans la réalité de l’installation les
débits calculés par les bureaux d’études. La délivrance du rapport d’équilibrage sera pour le
maître d’ouvrage une garantie du bon fonctionnement hydraulique de son installation de
distribution d’eau chaude sanitaire.