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atelier de lecture

ff
Enscène rs12-
1es 5e (Wil-J
niveauA2
PascalePerrier
adaptation Pierre Le Borgne

abrégé
original
Texte
1
Dans la même collection Avant-propos
NiveauA1
Disparition à Saint-Malo Virgule 1
Le casque mystérieux Mais où est Louise? 1
Quinze jours pour réussir ! Lecture:moded'emploi
NiveauA1/A2
S.O.S.Urgences Lire est d'abord un plaisir : ne le gâche pas en t'arrêtant à
NiveauA2 chaque fois que tu rencontres un mot inconnu. Continue !
Le jour où j'ai raté le bus L'ours sort ses griffes La plupart du temps, tu pourras poursuivre ta lecture sans
Carton rouge ou mort subite Un printemps vert panique problème grâce au contexte.
C'est pas compliqué l'amour ! Les disparus de Fort Boyard Si tu as l'impression que tu ne comprends pas quelque chose
Avertissement de conduite La fille qui vivait hors du temps
La révélation
d'important, n'hésite pas : reprends au début du chapitre.
Crime d'auteur
Un agent très secret Avant de passerau chapitre suivant, tu peux - si tu le veux -
faire le point en répondant aux questions posées à la fin
et directionartistiquede la couverture:
Conception du livre, page 54. Si tu as un doute, regarde les réponses
Christian Dubuis Santini © Agence Mercure
page 63 : ainsi, tu sauras tout ce qu'il faut savoir pour
Conception de l'intérieur: Nicole Pellieux
comprendre la suite.
Miseen page: Nelly Benoit
(couvertureet intérieur): Marie Voyelle
Illustrations Pour t'aider, tu trouveras la liste des personnages à la page 6
CréditsCDaudio: et l'explication des expressions marquées* dans le lexique,
Enregistrements, montage et mixage : Fréquence Prod page 58.
Lecture : Nadine Girard
Musique: Pin Up Remix, KMUSIK Le roman En scèneles 5e raconte l'histoire d'une classequi
écrit, puis joue sa propre pièce de théâtre pour montrer à
« Le photocopillage, c'est l'usage abusif et collectif de la photocopie sans autorisation des
auteurs et des éditeurs.
son professeur de français ce qu'elle attend de lui. Le texte
Largement répandu dans les établissements d'enseignement, le photocopillage menace l'ave- que tu vas découvrir est la version originale écrite pour des
nir du livre, car il met en danger son équilibre économique. Il prive les auteurs d'une juste
rémunération. francophones. Cependant, pour que le livre ne soit pas trop
En dehors de l'usage privé du copiste, toute reproduction totale ou partielle de cet ouvrage
est interdite. »
long, nous avons abrégé le texte et résumé certains passages.
« La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, au terme des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que
les copies ou reproductions strictement réservéesà l'usage privé du copiste et non destinées à
Lire n'est pas seulement un plaisir. La lecture te permet
une utilisation collective» et, d'autre part, que les analyseset les courtes citations dans un but d'affermir tes connaissances,de revoir du vocabulaire et de
d'exemple et d'illustration,« toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite
sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite. » (alinéa constater que, grâce au contexte, tu comprends beaucoup
1" de l'article 40) - « Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit,
constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. »
plus de chosesque tu ne le pensais !

ISBN978-2-278-06953-8
Si tu le veux, tu peux noter les expressions qui te semblent
ÉditionsDidier,Paris,2011
© Rageot-Éditeur/Les
Achevéd'imprimer en Italie en mai 2011par G. Canale& C. - Dépôt légal : 6953/01 personnellement utiles dans ton carnet de vocabulaire.
pour le professeur
Remarques Sommaire
Le texte proposé correspond à un bon niveau A2 de compé-
tence en lecture. Les personnages du roman En scèneles 5e
ont sensiblement le même âge que les lecteurs. Ils évoluent Chapitre 1 Une rentrée catastrophe 7
dans un milieu familier aux adolescents : la vie quotidienne Chapitre 2 L'électiondes délégués 10
en famille et au collège.
Chapitre 3 Le club théâtre 15
Les jeunes lectrices et lecteurs se mettront aisément dans Chapitre 4 À nos plumes ! 18
la peau d'Eugénie, la narratrice. Ils retrouveront avec elle Chapitre 5 21
Une inspiration géniale
les conflits qui opposent élèves et professeurs, parents
et enfants, frères et sœurs ainsi que la solidarité entre Chapitre 6 Répétitions 26
camarades de classe. Ils découvriront également comment Chapitre 7 À chacunson rôle 32
un groupe d'élèves engagés gère de manière originale des
situations difficiles que viennent compliquer les problèmes
Chapitre 8 Dansles coulisses 35
que posent l'amitié et la naissancede sentiments amoureux. Chapitre 9 Prendsdu recul 38
Chapitre10 Invitée 42
Les questions et activités proposées pour chaque chapitre
permettent aux lecteurs de vérifier qu'ils ont globalement Chapitre11 Dernière ligne droite 47
compris le texte et qu'ils ont repéré les quelques informa- Chapitre12 Le grand jour 50
tions importantes pour la compréhension du récit.

Quand, pour les besoins spécifiques de l'histoire, le voca-


Questionset activités 54
bulaire utilisé dépasse les connaissancessupposéesacquises Lexique 58
au niveau de compétence A2, nous avons veillé à expliquer Réponsesaux questions 63
dans le lexique, page 58, les mots utiles pour une compré-
hension globale du texte ou une bonne compréhension de
points de détail importants afin de permettre au lecteur de
saisir l'évolution des personnages et de suivre l'intrigue.
Les élèves
Eugénie,la narratrice. Elle est en 5eA et déléguée
de classe.
Louise,la meilleure amie d'Eugénie. Elle est en YG.
Stanislas ou Stan, élève de YA, délégué de classe
Nicolas, un garçon timide, élève de se,mais ni de YA
ni de 5eG
Caroline,élève de YA, est une belle blonde qui sait ce
qu'elle veut et qu'Eugénie n'aime pas. CHRPIT[{E 1
Émilie, les jumelles Malika et Fatiha,Jeanne, Solène,
Mamadou... tous élèves de 5e ecrlditroph6
Un6 rBntréB
et aussi. ..
Marie, la sœur de Nicolas, lycéenne on, vraiment, cette rentrée s'annonce* sous de mau-
Honoré,le frère d'Eugénie, lycéen vais auspices ! D'abord, on a Granier comme prof
principal. Vous imaginez : Granier l'affreux, dont la répu-
Les adultes
tation* dépasse les portes du collège, Granier l'abomi-
monsieur Granier, professeur principal et professeur
nable* va nous faire cours sept heures par semaine ! Mon
de français de la 5eA
frère Honoré l'a supporté il y a deux ans.
madameFoule, l'animatrice du club théâtre du collège
le principal du collège Je ne savais pas à quoi Granier ressemblait, il est digne
la documentaliste,responsable du CDI de sa réputation. Une armoire* à glace avec une voix* de
le prof de sport stentor. Il porte une blouse* bleue comme les anciens insti-
ainsi que ... tuteurs*. Il a tout, d'ailleurs, du vieux prof aux méthodes
monsieur et madame Carouillet,parents d'Eugénie et ancestrales* : l'allure, le ton et la sévérité. Dès les premières
d'Honoré secondes, il a pris un malin plaisir à nous terroriser :
le docteurMalinos, voisin des Carouillet - Voyez-vous, nous serons ensemble pour cinq heures de
français, une heure d'initiation au latin, et une heure d'arts
Lieu : dans la région parisienne plastiques. Car je me targue* d'être à même de vous en
,,.
enseigner les bases. Mais voyez-vous, il se pourra, au cours
de l'année, si j'estime que votre niveau n'est pas à la hauteur Sur la porte de la cantine, une affiche est placardée.
de mes espérances, que cette séquence hebdomadaire soit C'est bien sûr Louise qui a aperçu l'affiche la première:
remplacée par de la grammaire ou un contrôle de français.
Jeunes gens, ne vous leurrez* pas : avec moi, le travail est VOV$ QVI AIM:E'Z. VOV$ METTRE EN $CÈNE
ET JOVE'R .LA COMÉDIE, 'REJOIGN:E'Z. .LE
roi ! Et le français une discipline fon-da-men-tale.
Le soir, j'ai répété le discours de Granier aux parents. ~~Lv~~HtÂ~R~~
Maman a souri, tandis que papa s'exclamait: RÉPÉ'l'l'l'ION$* AV FOYER DV COLLÈGE
- Décidément, il n'a pas changé ! C'est toujours un LE JEVDI E1 LE VENDREDI DE 13 À H !HVRH

drôle* de zozo. Mais rassure-toi, Honoré a fait beaucoup IN$CRIP'l'ION$ n INFORMA'l'ION$

de progrès en français grâce à lui. LE 18 si:P'l'iM»P-i À 13 H 30


Je ne connais pas leur recette, mais les parents ont tou-
jours le chic* pour me réconforter. Louise s'est montrée enthousiaste:
- C'est une bonne idée, non ? Comme ça, on sera en-
Rentrée catastrophe aussi parce que je ne suis pas dans semble au moins deux heures par semaine. Et puis, le
la classe de Louise, ma super copine. C'est vraiment une théâtre, c'est sympa !
amie hors* pair, à laquelle je raconte tout. Tout le monde - Bof! Tu sais que je n'aime pas parler en public. Et puis
apprécie Louise. Elle est bien plus active que moi. Quand il faudra apprendre des textes par cœur. .. Mais si l'idée te
on nous voit toutes les deux, les gens disent« Tiens, voilà tente* vraiment, pourquoi ne pas essayer?
Louise et sa copine » et jamais « Eugénie et sa copine », je Le soir, au dîner, j'ai parlé de mon projet. Honoré a
ricané.
ne sais pas si vous saisissez la différence. D'ailleurs, ça me
convient bien, je suis trop timide pour me faire des amis - Hé, hé ! mademoiselle veut faire* des cabrioles devant
moi-même. Et avec Louise, je ne m'ennuie jamais. Elle a tout le collège !
toujours des idées géniales. Et voilà que maintenant je me - Quelle bonne idée, le théâtre, a repris papa. Au moins,
retrouve seule. tu pourras t'exprimer sans que ton frère s'amuse* à tes
Quelle malchance d'être en YA ! Dans ma classe, tous dépens. C'est une excellente idée de participer à un club.
les élèves se connaissaient avant la rentrée. Jamais je n'ose- Oui, vas-y, Eugénie,je suis persuadé que le théâtre te plaira.
rai m'intégrer à un groupe. Louise, elle, est restée avec la - Oui, vas-y, Eugénie, a répété Honoré, sentencieux*.
bande de l'année dernière. Si seulement il y avait un moyen Ça te fatiguera* un peu les neurones et tu seras moins
pour que je passe en YG, la classe de Louise ! pénible à la maison.
dois parler à un prof, alors si je devais assister au conseil*
de classe devant dix profs et le principal*, je ferais des
cauchemars quinze jours avant.
Sans vraiment réfléchir, et parce que je pensais à la
réunion du club théâtre à treize heures trente, j'ai écrit :
Sij' :&ta1$'rlé~u.ée/ rf e /t<-PfJtJ.s'er-a1$'
:
- 'lu.e ttJa..s'
l'e&'é,~ tl/'/'ar-tié,,lflfel(t à al( el'a.b. vf Ife
btJl(lfe/rir-tié,, riel'{U(/<'ilfet<-j'té,,/1/'a.s'.s'era/t: 1rlé-al'/t1tl.l"
de&'etJtl.l".s'
/'l'a..s'ea&re.s' /
- 'l_a.el'e&' dél'i,-u.é.s'1ar-ttétiel(t à l'o. et11K/t1.s'/tiol(
* de&'

CHJlPITI{E ~
el'o..s'.s'e.s'.
Pt1tl.l"'jt1.tJ/1Kettr-ede-M el(l(e1Kt$'el(.s'e1Kbl'e, ?
Tou.t l'e,/KtJlfrlee.s't/'ilfaf$"é *. ria et1l(tr-a1r-e/ de-M
a/Kt$'.s'edtJl(l(el(t /4 etJtl.l"a,teet 1Kettel(t a.l(ebtJl(l(e
dBidéLBSlr\Bi.
L'éLBction amitâl(ee ria.If&'l'o. el'o..s'.s'e.

a matinée du jeudi 18 a été affreuse. Ce jour-là, on a Bref, je ne me suis pas fatiguée. Quand Granier a
Granier de neuf heures et demie à onze heures et commencé à ramasser les copies, je suis devenue violette
demie. Il a encore trouvé un bon* prétexte pour nous de peur. Moi qui croyais que c'était personnel ! Les autres
garder après la sonnerie : faisaient* aussi une tête d'enterrement.
- Voyez-vous (j'ai compté l'autre jour, il dit « voyez- - Quels sont les candidats ? a demandé Granier, accu-
vous » vingt-quatre fois par heure en moyenne), la récré- sateur, comme s'il s'agissait de dénoncer les auteurs d'un
ation est essentielle. Une pause est toujours bénéfique incendie.
pour des garnements* comme vous. Aujourd'hui, cepen- Personne ne voulait plus se présenter, parce qu'on était
dant, je me vois dans l'obligation de vous retenir pour que sûrs qu'il lirait nos feuilles à voix haute. Un silence de
nous élisions les délégués de classe. mort s'est abattu sur la classe. Seul un garçon, dans le
Avant que les candidats « se dévoilent* », il nous a fond, qui s'appelle Stanislas, gesticulait bruyamment.
demandé d'inscrire sur une feuille, pour notre usage - Personne n'est volontaire* ? Bien, les candidats seront
personnel, les projets que nous aurions « envie de mener donc désignés* d'office.
à bien » si nous étions élus. Moi, cette expérience ne m'a Granier a feuilleté d'un air nonchalant les copies qu'il
jamais tentée. Je suis tétanisée* par la peur dès que je tenait en main. Et ce qui devait arriver arriva.
- Eugénie Carouillet, vous me semblez avoir de bonnes Toute la classe nous soutenait*. Nous sommes partis au
idées, même si elles ne sont pas parfaitement exprimées. moment où la sonnerie de fin de récréation retentissait.
Vous êtes désignée. j'ai essayé de retarder l'échéance* :
- Mais, monsieur, je n'ai pas envie ... ai-je bafouillé. - On ira plus tard, on va se faire assommer par Granier
- Vous n'AVIEZ pas envie, a rectifié le monstre. Impar- si on arrive en retard.
fait de l'indicatif. Et puis voyons ... Stanislas Bergeron. - Si on recule, ce sont les autres qui vont nous tuer.
Vous paraissez avoir de la personnalité. Il faut avoir un Allez, viens! Le principal nous rédigera un mot d'excuse.
certain courage pour oser écrire ce ramassis* de bêtises. Je l'ai suivi mais je n'*en menais pas large.
Ce jeune homme aimerait « qu'une fois dans l'année, les Le principal nous a reçus tout de suite.
profs redeviennent élèves et soient notés par eux ». Voyez- - Qu'est-ce que vous voulez?
vous, les idées neuves ont du bon. Cependant, afin de - Monsieur, a commencé Stanislas, c'est à cause de
calmer vos ardeurs* revanchardes, vous me copierez le l'élection des délégués.
règlement intérieur trois fois pour demain. - Oui, M. Granier nous a élus sans qu'on soit candidats,
Il nous a regardés à tour de rôle dans les yeux : ai-je ajou_té.
- Y a-t-il des objections ? Alors les délégués sont nom- Le principal a d'abord eu l'air amusé, puis intrigué:
més. Allez, en récréation ! Et pas de retard après la sonnerie, - Et vous n'aviez pas envie d'être délégués ?
voyez-vous. - Si, si ! Mais je souhaite être élu normalement. En
Pétrifiée sur ma chaise, j'avais les larmes aux yeux. Moi plus, il m'a collé une punition parce que je ... a commencé
déléguée, quelle horreur ! Non merci ! Et élue de cette Stanislas.
manière, ça ne vaut rien. Stanislas, qui avait l'intention - Non ! Je n'ai pas envie d'être déléguée, ai-je déclaré
de se présenter, semblait plutôt satisfait. N'empêche qu'un subitement en l'interrompant.
vent de contestation s'est élevé dans la cour. j'ai suggéré: - Pourtant, jeune fille, vous avez eu une idée heureuse
- Il faudrait peut-être faire savoir comment cette élec- en venant me trouver. Et vous vous exprimez correcte-
tion s'est déroulée. ment. Vous feriez sûrement une bonne déléguée.
- Tu as raison, a répliqué Stanislas. On va chez le prin- Je suis devenue rouge écarlate, j'aurais vingt fois préféré
cipal pour lui expliquer l'affaire. Si Granier croit que je être en cours avec Granier que dans ce bureau. Stanislas a
vais copier le règlement intérieur parce que j'ai donné rigolé en me regardant. Je l'aurais tué.
mon avis sur ce collège pourri, il se trompe ! - Bien, je m'occuperai de ce petit problème: La procé-
Me présenter devant le principal ne me tentait guère, dure* d'élection est un peu cavalière, je l'avoue, mais le
mais c'était le seul moyen d'annuler le fameux « vote ». résultat apparemment satisfaisant.
Et il nous a congédiés. Stanislas a eu le courage de lui
demander un billet de retard. Le principal a souri et grif-
fonné* un mot illisible. j'ai eu la plus belle peur de ma vie
en frappant à la porte de la classe. Granier a remarqué :
- Les délégués en* vadrouille, tiens donc ! Asseyez-
vous, et pas* d'esclandre.
Il n'a pas jeté un œil sur nous le reste de l'heure. J'étais
toute retournée et n'arrêtais pas de me répéter:« La procé-
dure est cavalière. » Qu'avait voulu dire le principal ? j'ai
passé une heure de désespoir total. !.'.horreur !
Pourtant, j'étais assez flattée* par ce qui arrivait. Être
déléguée avec Stanislas, finalement, c'était peut-être CHJ.IPITl-lE;3
l'occasion de mieux le connaître. Et puis le principal s'était
montré plutôt gentil.
théfuB
LBcLt~b
À midi et demi, Stanislas rejoint Eugénie et Louise au une heure et demie, nous étions tous les trois au
self. Louise apprend qu'Eugénie est déléguée. Elle club avec six autres élèves de Y. Une femme nous
manifeste sa surprise et son enthousiasme, croyant
qu'Eugénie a été élue. Mais Stanislas précise aussi- attendait, qui a pris la parole :
tôt qu'ils sont bien délégués, mais pas élus. - Bonjour à tous. Je suis madame Foule, l'animatrice
de l'atelier théâtre. Certains d'entre vous me connaissent
-Qu'est-ce que ça veut dire? Vous êtes délégués, mais il déjà. Les autres, je suppose, attendent de savoir comment
n'y a pas eu d'élection? Alors ça, c'est la meilleure ! nous allons procéder avant de s'inscrire définitivement.
Nous avons raconté notre histoire, ou plutôt Stan (il veut Tiens, Stanislas, puisque tu connais le club, explique à tes
qu'on l'appelle comme ça, il aime mieux) a tout expliqué camarades comment il fonctionne.
à Louise en la fixant droit dans les yeux, sans même me - Je m'appelle Stan, je suis en YA, avec Eugénie (je suis
jeter un regard. j'ai ressenti un léger pincement au cœur, devenue rouge pivoine). l'.an dernier, on a joué une pièce
qui s'est accentué* quand Louise a soupiré longuement: de Paul Grandier qui s'appelle Le Val d'enfer. Cette année,
- Ah ! comme j'aimerais être déléguée moi aussi, cette je compte m'éclater* au moins autant.
année, comme toi. - Merci Stanislas, a repris Mme Foule. Bien, il* faut que
vous sachiez que préparer et jouer une pièce est un gros

1,1
travail. Nous répéterons deux fois par semaine, vous devrez - Je le répète, a repris Mme Foule, nous en discuterons
apprendre votre rôle par cœur, confectionner les costumes plus longuement la semaine prochaine. En attendant, je
et monter les décors. Ne croyez pas que vous allez rire tous pourrais peut-être en parler à vos professeurs de français:
les jouts. D'autant que je peux me montrer féroce si le tra- si l'un d'eux était d'accord pour vous faire travailler sur le
vail n'avance pas ! Mais continuons les présentations. scénario, ce serait parfait.
Nous étions neuf acteurs potentiels : Stan, Louise et En rentrant du collège, Louise et moi étions aussi
moi, Émilie, un nommé Nicolas, des jumelles aux grosses excitées l'une que l'autre.
lunettes, Malika et Fatiha, une blonde, Jeanne, et pour - Cette fois, ma vocation est trouvée. Je serai actrice.
finir, la plus petite du groupe, Solène. Une star est née ! Ce théâtre, c'est super, super, super !
- Bien. Vous êtes neuf, c'est très bien ! Un bon chiffre. Innocemment*, Louise a enchaîné :
C'est toujours difficile quand on est trop nombreux. Vous - Ton Stanislas, il a vraiment l'air sympa !
êtes tous en s•.C'est à la fois pratique et un peu délicat, car Je l'ai regardée d'un œil noir. Il y a des sujets sur les-
nous risquons d'avoir de la peine à distribuer les rôles ... quels il vaut mieux ne pas trop me chatouiller*.
mais n'anticipons* pas. Pour la semaine prochaine, je
vous demanderai de réfléchir au type de pièce que vous Le lendemain matin, alors que j'attendais Louise à
aimeriez jouer. l'entrée du collège, Stanislas (l'homme de mes pensées)
- Dommage qu'on n'en parle pas tout de suite, j'ai s'est dirigé vers moi :
justement une bonne idée, l'a interrompue Stan. On - Alors, toujours furieuse d'être déléguée ? Viens voir,
pourrait écrire une pièce nous-mêmes. Voilà un scénario j'ai un super plan pour qu'on le reste, et qu'on prenne une
possible : quelques élèves dans une classe sont remontés* bonne revanche* sur Granier.
contre un prof. Ils vont essayer de lui faire comprendre que Il m'a entraînée un peu plus loin :
sa manière de fonctionner n'est pas la bonne, en lui tendant - Tu comprends, d'autres candidats vont se présenter.
un piège. Un truc de ce style, ça ne vous tenterait pas ? Et le principal va mettre* le paquet pour qu'une nouvelle
- Eh bien, voilà un scénario qui promet de faire du bruit, élection se déroule* dans les normes. Il faut qu'on prouve
a souri Mme Foule. Mais peut-être serait-il intéressant de à tout le monde, avant, que nous méritons notre place.
sortir du cadre purement scolaire. Voilà ce que je te propose ...
Trop tard! Lidée était lancée. Tout le monde a approuvé. Je n'ai retenu qu'une chose : Stanislas a envie d'être
Son histoire me faisait doucement rire : voilà qui sentait délégué, avec MOL Alors,je suis prête à tout pour le rester.
Granier à plein nez ! En plus, son plan me semble génial. Il faudra que je prenne
la_parole devant les autres, c'est le seul point délicat.
,~
v-- n
Voyez-vous, comme chaque semaine, nous avons contrôle
de rédaction. Prenez une feuille et notez le sujet.
Nous attendions le sujet, stylo en main, mais Granier,
rêveur, ne* pipait pas.
- Euh, eh bien voyez-vous, vos camarades délégués vien-
nent de me soumettre un projet qui se révèle intéressant. ..
- Monsieur Granier, si vous permettez, je vais expliquer
de quoi il est question. Voilà : Eugénie et moi nous avons
eu l'idée de construire un projet en commun. Au lieu de
rédiger un devoir chacun dans notre coin, pourquoi ne pas
écrire ensemble une pièce de théâtre ?

CHJ.lPIT[{E4
Stanislas propose de mettre la pièce en scène au club
théâtre. La classeaccepte le projet à* l'unanimité moins
une voix, celle de Caroline, qui se demande comment

Il' noi pLt\m61! les élèves seront notés. Eugénie prend alors la parole :

- Monsieur Granier, est-ce que nous sommes libres de


haque vendredi matin est un calvaire*. À onze choisir le sujet de la pièce ?
heures et demie pile, Granier nous dicte le sujet de - Comment ? Oui, oui, si vous le souhaitez, voyez-vous,
la rédaction qu'il relève cinquante minutes plus tard. Mais tant que certaines conditions sont remplies.
ce jour-là, avant qu'il commence le cours, Stan et moi nous - Bien, merci monsieur. Stanislas et moi avons un
sommes précipités à son bureau. scénario à vous proposer. Bien sûr, ce n'est qu'une sugges-
- Monsieur, a commencé Stan, nous aurions aimé pro- tion. Voilà: quelques élèves inventent un stratagème* qui
fiter de vos compétences* et vous demander un service. permettra à leur professeur de comprendre que sa manière
-Oui? d'enseigner n'est pas forcément la meilleure.
Stan a exposé son affaire d'une manière surprenante, en La. classe entière riait* sous cape. I.:allusion à Granier
prenant le point de vue du prof. était nette. Je me demande où j'ai trouvé le courage de le
D'abord intrigué, Granier a paru ensuite surpris. Se narguer* aussi ouvertement. Granier souriait.
reprenant, il a déclaré, aussi sèchement qu'à l'ordinaire: - Voyez-vous, je vous l'avoue, votre projet me plaît. Oui,
- Allez vous asseoir, nous en reparlerons peut-être. vous avez eu une bonne idée. Je vous félicite, délégués.
Et il a ajouté, avec un drôle de rire :
- D'ailleurs, si vous avez un petit rôle à me proposer,
pourquoi pas !
- Merci monsieur, nous y penserons, a enchaîné Stanis-
las en étouffant un rire à l'idée de Granier comédien, mais
comment allons-nous procéder maintenant ?
- Euh, voyez-vous, je n'avais pas vraiment prévu de
discourir sur le théâtre ce matin ... Je vais cependant vous
en expliquer les principes.
Là, nous avons réalisé qu'écrire une pièce de théâtre
n'est pas si simple. En clair, écrire une pièce, ce sera du
travail, mais un travail autrement plus agréable que de
plancher* sur une rédaction ou un contrôle. C'HJ.IPITf{E5
J'étais bien contente de la tournure* que prenaient les
événements, quand Granier a déclaré, juste avant que la JJéni«LB
UnB inipir<rlion
sonnerie retentisse :
- Au fait, quel sujet avez-vous proposé ? Voyez-vous,
Malgré les devoirs donnés par M. Granier, Eugénie
si je vous ai bien entendus, l'originalité n'était pas au ren- passe un week-end de rêve. Son frère est invité chez
dez-vous, et l'intérêt pédagogique plus que contestable. un copain et elle peut répéter les exercices d'articu-
Nous reverrons tout cela ensemble. Mais considérez déjà lation demandés par Mme Foule, debout, devant le
miroir de la salle de bains, sans qu'il se moque d'elle.
que votre idée n'est pas retenue, voyez-vous. Vous pouvez
Le lundi matin, elle retrouve Louise qui lui demande
sortir, en rang et en silence. À demain. de l'accompagner chez le principal pour parler de son
changement de classe. Eugénie n'est pas très enthou-
Eugénie commence à prendre de l'assurance : M. Gra- siaste et convainc* Louise d'attendre encore un peu :
nier et Mme Foule ont accepté le projet de la classe, puisqu'elle joue dans la pièce écrite sous la direction
Stanislas et elle ont été élus délégués à une forte de M. Granier, ne vaudrait-il pas mieux en parler avant
majorité - et dans les règles cette fois ! Mais tout va à Mme Foule pour qu'elle appuie* sa demande ?
mal pour Louise: elle n'a pas été élue déléguée et veut
changer de classe. Le soir, dans son lit, Eugénie réalise
qu'elle n'a pas très envie que Louise soit dans sa classe e prof de techno était absent. Stan et moi avons bien
et qu'elle se débrouille très bien sans elle. profité de l'heure de permanence* : nous sommes
allés au CDI pour rédiger la trame* du futur spectacle de plafond. Nous avons intérêt à trouver des arguments pour
rêve que nous monterons. y parvenir ! Notre vengeance serait alors accomplie.
Après avoir écrit cette trame, nous avons eu des doutes :
Lieu : une salle de réunion. les références littéraires n'étaient pas nombreuses, et
Décor : des tables et des chaises. l'intérêt pédagogique plus que contestable. Est-ce que la
Personnages: pièce allait plaire au sieur Granier? Nous avons demandé
- le président de la société, hommedébonnaire* mais à la documentaliste de nous aider à mettre au point un
impitoyable*, récapitulatif* des intérêts pédagogiques de notre scénario :
- quatre collaborateurs,
- la femme de ménage, Francais:
- le technicien colleur,
- rédaction de la pièce,
- les pots de colle humains.
.:.étude de slogans publicitaires.
Déroulement de l'action : Dans une grande entreprise
SVT*: la colle commematière.
qui fabrique de la colle, le personnel se révolte car la
Techno:
direction est trop sévère. Le président, qui l'ignore,
- gestion d'une entreprise,·
demande à ses subalternes* de trouver une idée de
- développement d'un produit.
publicité. Ils proposent de coller des gens au plafond
Éducation civique :
de lieux publics. L'idée, assez extravagante, attirerait
- la liberté d'expression,
certainement les acheteurs. Le président refuse pour
- le droit de grève.
des raisons de sécurité : et si les « collés » tombaient
Histoire : les rapports maître esclave à travers les âges.
et se blessaient ? Les collaborateurs parviennent à le
Anglais : l'utilisation de termes anglais dans l'entreprise
persuader de se faire coller lui-même : s'il refuse, c'est
et le business.
la preuve de la mauvaisequalité de la colle. S'il accepte,
EPS* : le cochon pendu.
quelle publicité pour l'entreprise! Une fois que le prési-
dent est collé au plafond de la salle de réunion lors d'un
Nous allons maintenant devoir convaincre les profs de
essai, les collaborateurs s'en vont et le laissent seul. Ils
l'intérêt de telles études.
se sont vengés*.
-Ils ne nous feront pas de problème, a espéré Stan. Avec
D'après Stan, cette histoire est la transposition exacte un tel plan, ce serait vraiment dommage !
de la situation que nous vivons avec Granier. Il va mainte- - Si ces points ne font pas partie de leur programme
nant falloir le convaincre d'accepter notre scénario. Udéal habituel, ils risquent de tiquer*. Ça leur donnera du travail
serait de lui attribuer le rôle du président et de le coller au supplémentaire, ai-je rétorqué.
- Pas grave ! Mme Foule nous a juré qu'elle nous avec Granier s'est révélé atrocement pénible. Il a fallu, au
soutiendrait auprès des autres profs. D'ailleurs, pédagogi- fil des semaines :
quement, notre scénario est passionnant. - découper le scénario en actes,
Stan a agité sa feuille en prenant un air supérieur. Quel- - le saucissonner en scènes,
quefois, il est vraiment trop sûr de lui. - analyser le mouvement narratif,
- Reste à trouver un moyen de fixer les collés au plafond, - étudier l'argumentation,
ai-je soupiré. - placer les didascalies*.
- Pas de problème, a assuré le prof de sport appelé à la Granier en profite pour nous faire* ingurgiter des notions
rescousse. Un système de treuillage*, comme en escalade. plus indigestes les unes que les autres. Nous sommes de*
C'est courant, vous savez. bonne composition et le laissons agir* à sa guise. Parce que
nous savons que notre vengeance verra le jour, après.
Stan a eu tôt fait de raconter notre projet. Évidem-
ment toute la classe était enthousiasmée. Sauf Caroline, Granier collé au plafond ... toute la classe en rêve
'
la crâneuse* de service, qui a estimé que « le scénario était Mamadou a proposé qu'on l'habille en danseuse. Granier
tiré* par les cheveux, pardon par la colle, et qu'elle ne en tutu et collant rose, c'est le succès garanti ! Caroline
donnerait pas son accord pour ce projet. » l'a dessiné dans cette tenue, il est irrésistible ! Son dessin
Plus sournoise* qu'un miroir grossissant, cette fille! Elle servira peut-être d'affiche pour la pièce. On le reconnaît
s'est approchée de moi et m'a demandé s'il était encore pos- parfaitement malgré son tutu. Ses bourrelets* sont très bien
sible de s'inscrire au club théâtre.Je lui ai juste répondu : placés, il a un air suffisant qui correspond parfaitement à la
- Non, c'est complet ! En plus, on a déjà beaucoup réalité. C'est bien la première fois que je félicite Caroline !
travaillé. Tu ne pourrais pas rattraper le retard. Avec une telle affiche, je suis persuadée que les anciens
- Tu crois vraiment ? Parce que j'ai de l'expérience, j'ai élèves accourront à notre spectacle. Et comme Granier
joué dans trois pièces de théâtre,je m'exprime plutôt bien. sévit* depuis dix-huit ans dans le collège, à raison de cent
Il faudra que je demande quand même à votre professeur. élèves par an environ, on a au moins mille huit cents spec-
tateurs garantis.
Quand nous avons soumis le scénario à Granier, le Mais Stan a décrété que ce costume n'était pas adapté
miracle a eu lieu : il a souri en le lisant et a accepté de le au rôle, et a déchiré le dessin de Caroline. Elle en avait les
transformer en pièce. Nous ne lui avons pas encore parlé larmes aux yeux. Je ne la plaindrai pas, mais je trouve que
du rôle que nous lui réservons. Stan exagère. Dès qu'une idée n'émane* pas de lui, il se
Le seul inconvénient, c'est qu'écrire une pièce de théâtre débrouille* pour la faire avorter.

c;.
réunir les accessoires et les costumes. Le système de
treuillage est presque au point. La salle de spectacle du
lycée Pagnol où nous jouerons est équipée de machines
ultra-perfectionnées.
Les jumelles seront pendues au plafond, et Nicolas aussi
peut-être. Elles seront habillées en tubes de colle géants
et elles crieront : « La colle Machin colle tout ! Y compris
votre regard ... au plafond ! » ou une autre formule de ce
genre.
On n'est pas encore d'accord pour le slogan, ni pour le
nom de la colle. Nicolas voudrait qu'on l'appelle « colle
Honel » parce que son père est militaire. Louise suggère
CHRPITI{E ~ << colle Lombo », son héros préféré à la télévision. Stanis-

las, pour une fois, n'a fait aucune proposition. « Je vous


[{épétitioni laisse totalement le choix. » N'est-il pas brave, notre petit
héros?
En tout cas, il faudra dire très vite à Granier le nom
Comme Louise n'a pas encore changé de classe, elle se
plaint auprès d'Eugénie de ne pas pouvoir participer à retenu, parce qu'il commence à « se départir* de son
la rédaction du scénario. Elle lui reproche surtout son calme» :
peu d'enthousiasme pour l'aider à rejoindre la classe - Voyez-vous, si vous souhaitez que l'humour porte
de M. Granier. Cependant, Eugénie, qui a observé et soit bienvenu, les jeux de mots devront être longue-
que la belle Caroline s'intéresse un peu trop à son
cher Stanislas, espère un instant que celle-ci pourrait ment travaillés, peaufinés* avec attention. Et il nous faut
échanger avec Louise. De plus, elle a un peu honte de une base de travail dès à présent. Sinon, je finirai par me
voir Louise aussi mal à cause d'elle. Finalement, quand départir du calme dont* je suis coutumier, et je me verrai
Louise, soutenue par Mme Foule, demande son chan- dans l'obligation de choisir un nom de colle arbitrairement.
gement de classe, le principal refuse tout de suite. Il est
trop tard ! Ce n'est pas au bout d'un bon mois d'école On a crié au scandale ! C'est au club théâtre que la
qu'on décide de changer de classe ! décision revient !

M. Granier s'investit* beaucoup. Il assiste même à une


n attendant que la pièce soit écrite, nous improvisons répétition, mais Mme Foule ne supporte pas ses cri-
sur des thèmes très variés. Et nous commençons à tiques. Pour être tranquille, elle lui propose le rôle du
directeur qui exige de l'expérience. M. Granier hésite - Ma sœur a eu Granier l'an dernier quand elle était
en pensant qu'il devra se percher au plafond ... Avant
en troisième. C'est à cause de lui qu'elle devait redoubler.
de se décider, il veut savoir ce que les élèves en pensent.
Ceux-ci répondent en chœur : Il trouvait son niveau insuffisant. Finalement, à la com-
mission* d'appel, elle est passée en seconde, mais le lycée
- Oui monsieur, rejoignez notre groupe ! Vous nous Pagnol n'accepte personne après les commissions d'appel.
donnerez des conseils de diction*. Résultat, elle met une heure et demie pour aller dans un
- Sept heures par semaine, c'est trop peu pour lier un lycée privé. Donc, nous risquons de déménager. Tout ça à
contact approfondi, a ajouté Stan malicieusement. cause de Granier.
- On s'amuse bien, au club théâtre, vous verrez, ont ren- - Quelle histoire ! Et vous partez bientôt?
chéri les jumelles. - Oui, sûrement dans deux ou trois mois, dès que
Subitement, j'ai réalisé les conséquences de cette propo- l'appartement sera vendu. Des acheteurs se présentent
sition : Granier serait présent à chaque répétition. Alors, tous les jours. Tu comprends que je n'ai pas très envie de
j'ai tenté de limiter* les dégâts : côtoyer* Granier !
- Si vous avez peur que cela vous prenne trop de temps, - Alors tu vas quitter le club ?
ne vous inquiétez pas, Mme Foule vous dispensera* sûre- J'étais déçue. j'avais passé tout ce temps à côté d'un
ment de la plupart des répétitions. garçon que j'avais à peine remarqué. Mais de savoir son
- ]'y comptais : je possède déjà quelques rudiments* départ proche m'a incitée* à voir les choses autrement.
de théâtre qui devraient m'éviter une trop grande perte de Nicolas est moins expansif* que Stan, il me ressemble
temps. davantage. Toujours efficace, il est quand même drôle, il
Seul Nicolas semblait consterné*. Sur le moment, je adore les blagues.
n'ai pas compris pourquoi. Une fois Granier parti, je lui À son regard et à la couleur de ses joues, je crois que lui
ai demandé: aussi était déçu. En tout cas, il venait de se confier à moi
- Mais pourquoi fais-tu cette tête d'enterrement? et c'était très agréable.
- Oh ! c'est que je n'aime pas beaucoup Granier. .. m'a- - Allez, ce n'est pas sûr que les visiteurs achètent ton
t-il répondu évasivement. appartement. Tu pourrais peut-être le saccager*. Il se ven-
- Tu l'as déjà eu comme prof ? drait moins vite !
- Moi ? Ah, non alors ! Ma sœur oui. Elle ne le sup- - Et moi aussi, a répondu Nicolas en plaisantant.
portait pas. Défiguré* par les coups de la vengeance parentale, je me
Il semblait avoir un secret à me confier. Je l'ai écouté vendrais nettement moins vite !
avec un intérêt grandissant.
Et il a ajouté très doucement, si doucement que je ne -Au fait, une nouvelle élève s'est inscrite au club. Nous
suis pas certaine d'avoir bien entendu : lui trouverons bien un petit rôle qui devrait lui convenir.
- Déjà que je ne sais pas me vendre, et que je ne* vaux Je sais qu'elle arrive un peu tard dans l'année, mais elle a
pas bien cher ... déjà fait du théâtre et semble savoir ce qu'elle veut.
j'allais répondre quand Stan est intervenu : j'ai senti* le vent venir :
- Qu'est-ce que vous mijotez* tous les deux? - Ce n'est pas Caroline Chavrier, au moins?
Quel curieux, celui-là ! - Si, justement, a répondu Mme Foule. C'est vrai, vous
- Rien, rien ! Je proposais à Nicolas de l'aider à tagger êtes dans la même classe. Eh bien, cette nouvelle ne semble
son appartement. guère te faire plaisir.
- Tu as des idées bizarres, quelquefois, a déclaré Stan. - Si, si, ai-je répliqué mollement*.
Allez, viens m'aider à enfiler un baudrier*, Mme Foule m'a - Si, si ! a dit Stan pas mollement du tout.
demandé de faire un essai. Il avait même l'air très content. Mais où veut-il en venir?
En m'éloignant, j'ai jeté un coup d'œil à Nicolas, il sou- Serait-il tombé* dans le piège de la grande bécasse?
riait en me regardant. - Si, si ! a repris joyeusement Louise, qui guettait* ma
Les jumelles répétaient pour la vingtième fois leur texte, réaction.
dont elles ne se souviennent jamais. Mme Foule les avait Décidément, elle fait exprès de me contrarier en ce
prises à part pour les faire travailler. moment. Qu'est-ce qu'elle lui trouve, à Caroline?
Solène, elle, répétait des phrases pour améliorer son
élocution défectueuse. Au fond de la salle, on entendait : Louise défend Caroline en expliquant qu'il est tout
à fait normal qu'une élève puisse s'inscrire au club
« Les fruits crus coulent sous les fruits cuits, et les fruits
théâtre si elle en a envie, surtout si elle participe à la
cuits croulent sous les fruits crus >>,ou : « Les chaussettes rédaction du scénario. Piquée*, Eugénie reproche à
de l'archiduchesse, qui sèchent sur une souche sèche, son amie de changer tout le temps d'avis. Louise lui
sont-elles sèches, archi-sèches ? » retourne le compliment en lui faisant remarquer que,
si elle est parfois la meilleure amie du monde, elle est
Puis Mme Foule nous a fait répéter à tous: « Papa peint aussi capable de l'ignorer complètement d'autres fois.
quand il peut mais papa ne peint pas quand il pleut, papa
ne peint pas quand il veut » et : « Trois crapauds gris et
gras croquaient des croûtons croustillants dans un grand
restaurant. »
Quand la sonnerie a retenti, Mme Foule a annoncé,
avant que nous nous dispersions :
j'ai affiché dans ma chambre le << récapitulatif de la
psychologie des personnages», comme l'a intitulé Granier.

Mme Gaignard Uouée par moi, Eugénie) est chargée


d'études, efficace mais brouillonne*. Elle perd toujours
ses papiers. Amoureuse de M. Valmeur, elle en subit*
l'influence et l'admire. Commeelle est mariée, elle n'ose
pas lui avouer son inclination*.
M. Valmeur (Stanislas), le directeur-adjoint, est un
ambitieux, qui aimerait prendre la place de son patron,
et se sent prêt à toutes les ignominies* pour y par-
venir. Il se moquetotalement de Mme Gaignard, puisqu'il

CHJlPIT[~E7
cherche d'abord et avant tout à servir ses intérêts. Il a
de l'ascendant* sur ses collègues.

R' ch<1cl,\n
Mme Lemprune (Louise) est une publicitaire près de la
ion rôLB retraite, qui vise la tranquillité. Elle ne supporte pas de
prendre des risques. Personne ne l'écoute, bien qu'elle
soit responsable de cette campagnepublicitaire.
a y est ! La pièce est enfin terminée. Ouf ! On a mis Mlle Jolly (Émilie) est comptable. Elle est la seule à être
du temps, mais on a réussi. Granier nous a fait tra- consciente* du coût d'une telle opération, et cherche
vailler comme des fous, divisés en petits groupes. Au par tous les moyens à en réduire l'investissement. Son
départ, on a fixé le nombre de personnages, leurs traits fiancé vient de la quitter, quinze jours avant leur ma-
principaux, puis le découpage des scènes, leur contenu riage, rien ne va plus dans sa vie.
narratif, les chutes et les transitions. Ensuite, chaque M. Tourny (joué par Granier, si tout se déroule comme
groupe a rédigé une scène en respectant ces contraintes*. prévu), le directeur, est à la fois sérieux et débonnaire.
Très préoccupé par la santé de sa femme, handicapée à
Pour finir, on a retravaillé le tout afin, comme dit Granier,
la suite d'un accident de voiture, il délaisse un peu son
de donner une homogénéité* au texte. Et c'est SUPER!
travail. Il jouit* d'une autorité médiocre auprès de ses
employés, qui n'oublient pas qu'il est près de la retraite
M. Granier a remis le texte définitif de la pièce à
Mme Foule et a expliqué longuement le caractère des et laissera sa place avant peu.
personnages à ceux qui n'avaient pas participé à sa Sa fille Marie-Berthe (Jeanne) vient de temps en temps
rédaction. au bureau pour vérifier que tout va bien et donner des
nouvelles de sa mère dont elle s'occupe. Elle tentera*
d'empêcher son père de se coller au plafond, mais n'y
parviendra pas.
Mlle Gilbert (Solène) est unejeune stagiaire publicitaire,
pleine d'idées* plus farfelues les unes que les autres.
Elle ne saisit pas les motivations qui animent ceux qui
l'entourent, si bien qu'elle gaffe* souvent. Elle répète à
longueur de journée qu'elle a« une idée de génie».
Rosie et Josie (les jumelles) sont deux secrétaires,
dévouées et gentilles. Elles se déguiseront en tubes de
colle et seront accrochées au plafond une bonne partie
du spectacle.
Bertrand (Nicolas) est technicien. Il est chargé d'éva-
luer les risques techniques d'un collage humain. Enthou- CHJ.lPIT[{E8
siasmé par ce projet hors du commun, il s'applique à
trouver de multiples solutions. IJdni LBI eot\Lill611'
Bertille (Caroline si elle accepte, pour l'instant elle fait
durer le suspense) est femme de ménage. Elle est au SCÈNE 2.
courant de beaucoupde choses, car elle est plus obser- Mme Lemprune, Mlle Gilbert, M. Valmeur,
vatrice qu'on ne le croit. Mme Gaignard, Mlle Jolly, Rosie.
Mme Foule, quand elle a réparti les rôles, a provoqué* Mme LEMPRUNE - Mesdames, messieurs, je vous prie-
bien des grincements de dents ! Louise était furieuse. rais de m'écouter. Je suis responsable de cette campagne.
Elle voulait le rôle de Mlle Gilbert. Je ne sais pas pour- Soyez gentils, calmez-vous, voyons. Je vous rappelle qu'il
quoi, d'ailleurs. Il n'est pas plus important que celui de s'agit de trouver une idée originale et porteuse pour cette
Mme Lemprune. C'est vrai que jouer cette femme vieille colle. Je vous propo ...
que personne n'écoute n'est pas très valorisant*, mais je Mlle GILBERT, lui coupant la parole- Ça y est, j'ai trouvé!
suis sûre qu'avec de l'humour elle s'en sortira parfaitement. Une idée de génie, mes amis ! Nous allons fabriquer un
puzzle géant que les passants assembleront eux-mêmes
Solène veut bien échanger avec Louise, mais Mme Foule avec la colle.
refuse. À la sortie du collège, Eugénie doit supporter
la mauvaise humeur de son amie. Éternelle insatisfaite, M. VALMEUR- Pourquoi les passants prendraient-ils le
Louise est persuadée qu'elle a toujours raison. temps de coller votre puzzle ? Soyez réaliste, ma petite.
Mlle GILBERT,penaude* - Je ne sais pas. Il faudra trou- - Plutôt pas mal pour un début, mes enfants, a dit
ver une raison qui puisse les motiver. Une idée de génie, Mme Foule à la fin de la répétition. Il faudra travailler vos
je vous dis. gestes. Pour le ton, je suis assez contente.
Mme GAIGNARD- Votre suggestion me paraît un - Vraiment, je ne peux pas changer de rôle ?
peu compliquée. M. Valmeur a raison. On ne peut pas - Non, Louise ! Je te l'ai déjà rabâché quinze fois. Tu es
solliciter* les passants pour construire notre campagne Mme Lemprune, tu restes Mme Lemprune.
publicitaire ! Et s'il ne passait personne ? - Elle est nulle, cette Mme Lemprune ! Mlle Gilbert est
Mlle GILBERT-Attendez! J'ai une autre idée. Une idée drôlement plus sympa. En plus, Solène est d'accord pour
de génie! Voilà ce qu'on va ... changer.
Mlle JOLLY,l'interrompant - J'aimerais quand même - Louise, ne m'oblige pas à répéter ce que j'ai déjà dit
attirer votre attention sur le coût d'une telle opération. plusieurs fois.
Je vous rappelle que M. Tourny n'a pas encore donné son Louise est partie bouder* dans son coin. Moi, je suis
accord pour le budget de cette campagne. Si elle échoue*, ravie d'avoir le rôle de Mme Gaignard. Le seul élément qui
c'est la mort de notre société. Et notre mort à nous aussi, me gêne, c'est qu'elle embrasse M. Valmeur. C'est peut-être
par la même occasion. pour ça que Mme Foule m'a donné ce rôle, parce qu'elle
Rosrn - Ne sois pas défaitiste*, tout va marcher, tu a vu que j'avais un petit faible pour Stanislas ... Je ne sais
verras. Nous ne serons pas au chômage, sauf si Tourny pas. En tout cas, je jouerai la scène du baiser de façon
décide de mettre* la dé sous la porte sans raison. Le excessive, pour bien montrer qu'il s'agit d'un rôle. Sinon,
budget passera sans problème. j'entends d'ici Louise :
M. VALMEUR,d'un air important - Ce pauvre Tourny - Tu t'es bien débrouillée pour embrasser le garçon le
n'est plus capable de prendre une décision seul. Il s'en plus populaire de ta classe. Ce que tu ne réussis pas dans
remettra à notre avis. J'en fais mon affaire. la vie, tu le joues au théâtre. Elle a de l'idée la petite !
Mme GAIGNARD, admirative - Heureusement que vous
êtes là, monsieur Valmeur. Que ferait-on sans vous? Je réalise peu à peu que Stanislas est très agréable, mais
M. VALMEUR,lui tapotant la joue - Vous êtes gentille, comment dire, peut-être pas tout à fait mon genre. Il en
ma petite. Quoique je ne sois pas directeur, ce brave fait trop, quelquefois. Alors l'embrasser, sur scène ou dans
Tourny se fiera* à moi, vous pouvez me croire. la vie, je ne sais plus bien quoi en penser.
Mme GAIGNARD- Dans combien de temps doit-il Et puis, au club théâtre, il y a d'autres garçons. Nicolas,
partir à la retraite, que vous preniez sa place ? par exemple, est plus réservé et a un charme différent, je
M. VALMEUR, souriant- L'avenir le dira, l'avenir le dira. m'en aperçois peu à peu.
- Vous êtes dans la même classe ?
- Eh non ! C'est la première fois depuis le CE2 ! Elle a
essayé de changer de classe au début de l'année, mais le
principal a refusé.
- Pourtant, elle a dû se mettre* en quatre !
- C'est le moins qu'on puisse dire.Je m'y habitue, moi, à
être séparée d'elle. Et toi, est-ce que tu as un super copain?
- J'en avais un depuis le primaire, Jean-Benoît. Mais on
est allés dans deux collèges différents. Je lui dis encore
qu'il est mon meilleur ami mais ce n'est plus tout à fait
vrai. On se parle, on se dit des choses, mais l'essentiel, je
CHRPITf{E ~ le garde pour moi. Par exemple, je ne lui ai jamais parlé
de toi.
PrBndifCd«rBe1~L j'ai essayé de ne pas devenir couleur tomate, et de garder
mon calme. j'ai enchaîné:
- Alors, ton déménagement, il en est où ? - Moi aussi j'ai l'impression de m'éloigner de Louise.
- Pas de nouvelles. Le visiteur de l'autre jour n'a pas Sans qu'il y ait une raison précise. On se parle, on rentre
donné suite. Mes parents commencent à trouver le temps ensemble du collège, mais je sens qu'un écart* se creuse, je
long. ne sais pas comment le combler*. C'est dommage, surtout
- Super ! Alors tu ne déménagerais plus ... en ce moment où on aurait tant de choses à se raconter.
-Non! - Tu peux peut-être essayer de lui dire.
Nicolas avait les yeux brillants. De beaux yeux bruns, - Lui dire quoi ?
très doux. j'ai amorcé un sourire tout en jetant un coup - Mais ça ... ce que tu viens de m'expliquer. Elle
d'œil à Louise qui se démenait avec Mme Foule pour comprendra sûrement.
modifier une réplique de son rôle. - Tu as raison. Je vais essayer.
- Elle est sympa ta copine, mais qu'est-ce qu'elle est - Et moi aussi avec Jean-Benoît. pn en reparle lundi,
agressive ! d'accord?
- C'est vrai, depuis cette année surtout. Avant, elle -D'accord.
n'était pas comme ça. En ce moment, je ne la reconnais Quelle curieuse impression, Nicolas et moi devenons
plus. complices. Pourtant, je pense encore à Stan le soir avant
de m'endormir. C'est cependant avec Nicolas que je parle - Je vois, je vois ...
le plus sincèrement. j'en ai conclu qu'il fallait absolument que je parvienne à
Tout est tellement brouillé*. Stan, Louise, où êtes-vous? parler avec Louise. C'est vrai: nous sommes proches l'une
de l'autre, et en même temps tant de choses nous sépa-
Dans la nuit, Eugénie fait un drôle de rêve. Une arai- rent. .. Mais c'est difficile de parler !
gnée la retient prisonnière et ne veut la libérer que si
elle prononce la phrase magique. Eugénie propose :
« Stanislas est un amour », « Granier est un idiot », - Louise, tu ne trouves pas qu'on est bizarres en ce
« Vive le théâtre »,... sans résultat. « Il faut prendre du moment?
recul » déclare finalement Eugénie à court d'idées, et - Bizarres ? Pourquoi ?
l'araignée la libère.
- Je ne sais pas, on ne se parle plus comme avant.
- Évidemment, on n'est plus dans la même classe!
Au petit-déjeuner, j'ai demandé à papa:
- Je sais bien, mais il me semble qu'on est moins proches
- Pourquoi doit-on prendre du recul dans la vie?
l'une de l'autre.
-Ah, ma fille ... tu n'en as pas la moindre idée?
- j'ai remarqué aussi. C'est bien qu'on en parle.
- Je ne sais pas. Pour se corriger un peu.
C'est bien qu'on en parle, peut-être, mais on en est
- Tout à fait. Et voir les choses plus objectivement.
restées là. On marchait toutes les deux vers le collège en
- Mais c'est déjà ce que j'essaye de faire !
n'osant pas se regarder. Au moment de passer la grille,
- Peut-être ... Imagine que tu te trouves au vingtième
Louise m'a souri. Elle n'a rien dit, rien ajouté.
étage dans une pièce avec une minuscule fenêtre. Tu
j'étais plutôt déçue, mes efforts étaient restés sans
regardes le monde extérieur par cette seule ouverture, tu
résultats. Je n'avais à m'en prendre* qu'à moi-même :
le conçois* en fonction de ce que tu parviens à apercevoir.
j'aurais dû insister davantage auprès de Louise pour nouer
Tu t'en fais une idée fausse, forcément : des personnages
le dialogue.
minuscules, muets, un espace réduit à un carré de lumière.
- Oui. Et alors?
- Alors tu es dans cette pièce minuscule, toi Eugé-
nie. Tu ne vois pas le millième de ce qui se passe dans le
monde, tu ne comprends pas ce qui se trame* à travers
toi, à travers les événements qui t'arrivent. Prendre du
recul permet de t'ouvrir davantage à ce qui t'entoure et de
mieux comprendre ce qui se passe.

4(")
Louise, ni personne que je connais. La seule fille, quand
même, c'est un peu gênant. Et en même temps, je suis
ravie.
-Ah bon! Je serai la seule fille? Ta sœur ne sera pas là?
- Non,je ne pense pas. Ça te dérange? Tu veux que j'en
invite une autre ?
- Je ne sais pas.
- Tu sais, aucune autre fille ne m'intéresse. Il n'y a que
toi.

CHJ.lPIT[{E 1ô Quand Nicolas m'a dit ça, j'ai senti des tiraillements*
dans le ventre. Il était tout près de moi. Nous étions très
gênés tous les deux et heureux en même temps. Impres-
InvitéB sions incroyables ! Il fallait réagir, c'était trop fort. j'ai
réussi à articuler :
Si le club théâtre veut jouer la pièce en juin, il faut
arrêter de se disputer et de perdre du temps. Après - O.K ! Pas de problème. Je serai la seule fille, ça va être
bien des discussions à propos du slogan de la colle, on super!
retient la suggestion de Stanislas: « Coll'tout colle tout. Je crois qu'il était soulagé que j'aie pris la parole, que
Même vous! » Vexée parce qu'on ignore sa proposition, j'aie cassé l'émotion qui nous envahissait. C'était plus
Louise se met en colère. Mme Foule lui demande si elle
souhaite continuer et, dans ce cas, lui rappelle qu'elle facile maintenant, nous pouvions respirer. Mon cœur
doit respecter les autres. Les décors sont presque ter- battait à cent à l'heure, il cognait. Nicolas l'entendait forcé-
minés. Tout se met en place. Caroline déclare qu'elle ment. Les autres circulaient autour de nous, sans se douter
ne jouera pas cette année, car le rôle qu'on lui propose de ce que nous étions en train de vivre.
ne lui convient pas. Eugénie se montre plus critique vis-
à-vis de Stan et se rapproche de Nicolas. - Génial, a fini par articuler Nicolas.
j'avais presque envie de pleurer. Mes tempes* bourdon-
nvitée chez Nicolas ! Je suis invitée mercredi pour la naient à tout rompre.
fête qu'il donne à l'occasion de son anniversaire. On ne Louise s'est approchée, mais quand elle s'est aperçue
sera pas nombreux, il n'aime pas quand il y a trop de qu'elle nous dérangeait, elle a voulu reculer. Il était trop
monde. Je suis bien de son avis. Juste moi du club théâtre, tard, la magie était rompue.
et trois garçons de sa classe. Il n'invite pas Stanislas, ni - On y va, Eugénie? Ça a sonné depuis cinq minutes.
- Oui, oui, j'arrive ! On discutait avec Nicolas. Nicolas, qui m'a ouvert. On est restés dans l'entrée, un peu
- Je vois. Vous discutiez en silence, c'est une nouvelle gênés. Je lui ai demandé:
technique qui se répand à grande vitesse. Stanislas ne te - Ça va?
plaît plus? - Ça va, a-t-il répondu simplement.
- Stanislas ? Pourquoi ? - Bon anniversaire Nicolas, ai-je déclaré en tendant
- Comme ça, je te vois discuter sans parler avec Nico- mon cadeau.
las. Quand on en est là, c'est que tout va bien. Donc, je te -Oh merci!
demande où tu en es avec Stanislas. Tu te plains que nous Il avait l'air étonné que je lui donne un paquet et, au lieu
ne sommes plus proches l'une de l'autre, je te pose des de l'ouvrir, il m'a soufflé:
questions. Libre à toi de répondre, Eugénie. - Eugénie, il faut que je te dise ...
- Écoute, je ne sais pas ... Stanislas c'est Stanislas, Nico- Sa phrase s'est arrêtée là, coincée à la gorge. Nous étions
las c'est Nicolas. appuyés contre la porte d'entrée, et il m'a doucement
- Je vois. Et Louise c'est Louise. Tu es une grande théori- caressé la joue. Avant que j'aie pu réaliser ce qui nous arri-
cienne, Eugénie. vait, la sonnette d'entrée s'est mise à hurler.
- Laisse-moi tranquille, je t'en prie. - Les voilà déjà, quelle* poisse ! a chuchoté Nicolas.
- Si tu veux, mais ne dis pas que c'est ma faute si nous Cache-toi!
ne sommes plus amies. Je me suis demandé pourquoi, mais j'ai obéi, et me suis
- Mais je ne dis rien, Louise. C'est toi qui m'embêtes logée derrière le portemanteau. Il a ouvert la porte, j'ai
avec tes questions. entendu ses trois copains claironner :
C'est drôle, Louise a du bon sens, Stanislas a totalement - Bon anniversaire vieux frère !
disparu de mes pensées. Peu à peu, Nicolas l'a remplacé. Il leur a fait signe de se taire.
- Ma sœur a 40°C de fièvre. Une crise de goutte*. Ma
Eugénie passe son temps à rêver. À la maison, son frère mère ne veut pas de bruit dans l'appartement. Je suis obligé
se rebelle contre ses parents et l'embête. Du coup, elle
écrit dans un devoir de français que la famille idéale
d'annuler mon anniversaire.
est avec un enfant unique. Cachée derrière les imperméables, j'ai étouffé un rire,
tout en me demandant si cette histoire abracadabrante
Hyper, extra, génial, top fun, trop cool ! Quand je suis était vraie.
arrivée chez Nicolas, mon cœur battait aussi vite que celui - C'est pas grave ! On va le fêter dehors.
d'un joggeur débutant après un marathon. j'ai sonné. - Non, je dois rester pour surveiller mon abominable
Iappartement était totalement silencieux. Il y avait juste sœur, au cas où ... Arrêtez de rire, ce n'est pas drôle !

44
- Attends ! Tu nous fais* marcher? C'est une blague !
Tu rigoles à moitié. Allez, laisse-nous entrer au moins !
- Non, non ! je suis désolé. Les ordres sont formels. On
remet ça à la semaine prochaine, c'est promis.
Ils sont partis en bougonnant. On a entendu :
- On garde le cadeau. Tant pis pour toi, Nicolas.
Quand le silence a été complet, j'ai dégagé ma tête des
manteaux et on s'est regardés en éclatant de rire.
Une fête extraordinaire, en comité très réduit.

Jeudi, au club théâtre, Nicolas m'a expliqué qu'il avait


eu un peu de mal à justifier auprès de sa mère que le gâteau
soit resté quasiment intact.
- Vous n'aviez pas faim?
CHJ.lPITI{E 11
- Barnabé avait apporté des bonbons. On s'est goinfrés. IJBrnièr6
Li!Jn6
droitB
Quand le téléphone a sonné pendant le dîner, la sœur
de Nicolas est allée répondre. Toute la famille entendait la
ette fois, le grand jour approche. La représentation
conversation :
a lieu mercredi prochain. Les décors sont prêts et les
- Salut Barnabé !... Oui, je vais bien, je te remercie de ta
costumes repassés*, y compris ceux des pots de colle.
sollicitude ... Une crise de quoi? Mais tu es complètement
Des affiches ont été placardées dans le collège et les ma-
fou mon pauvre !. .. Hein? Il t'a dit quoi? Non mais, ça
gasins de la ville, de beaux panneaux vert et jaune, aux
ne va pas ? Allez, au revoir ! Tu rappelleras quand tu iras
couleurs de : « Coll'tout, la colle qui colle tout. Même
mieux!
vous ! » Quand Stanislas est arrivé au collège, l'affiche
Marie s'est rassise. Elle a dit à Nicolas que son copain en main, on était tous enthousiastes. C'est plus tard que
débloquait* et qu'il avait raccroché sans vouloir lui j'ai appris qu'elle était l'œuvre de Caroline. Ces deux-là
parler, puis elle a demandé à ses parents si la goutte
sont inséparables maintenant. Après réflexion, l'affiche
était bien une maladie de personnes âgées.
n'est pas si jolie : les couleurs sont criardes, la signature de
Nicolas m'a montré la liste des cadeaux qu'il devra offrir Caroline est énorme.
à sa sœur en échange de son silence. Elle est longue Je tremble de peur. Je ne pense qu'à ce spectacle. Quand
l'équivalent de trois mois d'argent de poche ! je me dis que la semaine prochaine je serai sur scène, j'ai

47
du mal à déglutir*. Nicolas fanfaronne, mais je sais bien Il a souri et m'a déclaré :
qu'il a le trac* autant que moi. [excitation de Louise n'a - Garde ton calme, Eugénie. Tout se passera bien.
pas de limites. Elle en devient super agressive. Tout le - Il paraît. Tout le monde me serine le même refrain.
monde l'a surnommée « Lemprune vieille prune », ce qui Vous me donneriez des antianxioliques, comme ma grand-
la fait hurler. Elle n'a toujours pas digéré ce rôle, et nous mère? Ma mère lui dit toujours qu'elle en prend trop. Moi,
le fait payer souvent. ce serait juste un peu, pour me calmer.
- On dit des anxiolytiques, a répondu le docteur en écla-
C'est l'horreur totale ! j'en suis sûre, je vais avoir un tant de rire. Ce sont des médicaments contre l'angoisse,
trou* de mémoire, Granier va nous fausser* compagnie, certes, mais on ne les utilise qu'à l'âge adulte. Ils calment,
Nicolas se cassera* la figure sur scène, bref, je suis per- c'est vrai, mais ils te rendraient amorphe et incapable de
suadée qu'une catastrophe va survenir. jouer correctement ton rôle. Quand je serai assis dans
- Calmez-vous, surtout gardez votre sérénité* ! s'éver- mon fauteuil mercredi, je veux applaudir une Eugénie en
tue à nous répéter Mme Foule. pleine forme.
- On voit bien que ce n'est pas vous qui serez sur scène - Parce que vous venez aussi ? Voilà qui n'est pas fait
à débiter* un tas de bêtises sur un ton monocorde ! pour m'apaiser.
- Stanislas, modère tes propos s'il te plaît. Je vous donne en mille ce qu'il m'a prescrit: de l'homéo-
- Mais c'est vrai, quoi ! a repris Nicolas. Je suis persuadé pathie. Trois granules trois fois par jour, à laisser fondre
que je ne me souviendrai de rien. lentement sous la langue. C'est tout. Rien d'autre.
- Calme-toi. Tout ce que je vous demande, c'est de jouer
le mieux possible. Et quand bien même vous oublieriez Demain c'est dimanche, après c'est lundi, et puis mardi,
une phrase, ce ne serait pas un drame, allez ... le grand jour. Répétition générale, avant la représenta-
On dirait que même Mme Foule ne se rend pas compte tion de mercredi. rapproche du spectacle n'empêche pas
de l'importance de ce spectacle. j'aurai l'air de quoi auprès Granier de nous donner encore des tas de devoirs :
d'Honoré et du public si j'oublie une réplique, hein? D'une - Si vous souhaitez poursuivre des activités parallèles
imbécile incapable de mémoriser* trois mots les uns à la au cours, il vous faut une organisation impeccable. C'est
suite des autres, voilà tout ! un excellent exercice que d'apprendre à gérer son temps.
Par prudence, j'ai préféré sonner chez le docteur Mali- Les quelques minutes que vous passerez en la compagnie
nos, notre voisin de palier. Peut-être pourrait-il me donner d'exercices de conjugaison calmeront votre esprit.
un médicament miracle.
Une pièce de théâtre, c'est un· long tourbillon sans fin,
même dans les coulisses où on est tendu, dans l'attente
de la prochaine entrée sur scène. On prie pour que les
autres ne commettent* pas d'impairs, on attend, on se
calme, on répète son texte, on tremble. Une fois sur scène,
la concentration est si grande qu'elle ne laisse pas de place
à l'angoisse. Le temps s'écoule doucement, il faut respecter
le texte, les silences. On savoure, tendu à l'extrême.

Granier nous a fait une belle peur. J'étais sur scène,


quand j'ai entendu un « han ! » sourd mais énorme. Et
au moment où M. Tourny aurait dû rentrer sur scène,
CHRPITI{E 1~ personne. Nous avons attendu quelques secondes. Tou-
jours personne. Louise a été géniale. Elle a improvisé*,
LBsr<1ndJot~r imperturbable :
- Je me demande si notre directeur n'a pas eu quelques
ercredi. Le grand soir. Et les trois* coups réson- problèmes. Vous permettez ? Je vais jeter un coup d' œil
nent dans ma tête comme des coups de gong. Le dans son bureau.
rideau s'ouvre. Stan hésite un peu, se racle la gorge. Il a - Allez-y, madame Lemprune, prenez votre temps. Si
démarré, ça y est ! Il est parfait, c'est génial ! Mon cœur le directeur se fait attendre, je prendrai sa place, a répon-
bat, c'est bientôt mon tour. Eugénie, surtout n'oublie pas du Stan, totalement calme.
de jeter un coup d'œil circulaire sur la scène avant de Louise est revenue, elle tirait Granier par la manche, il
prononcer ta première réplique. Tu n'auras pas de trou de saignait* au front. On voyait qu'elle se retenait difficile-
mémoire, tout se passera bien, Eugénie calme-toi, avale les ment de rire. Rien de drôle pourtant, parce que si Granier
trois derniers granules d'homéopathie. Tout ira bien, il refusait d'aller se coller au plafond à cause de sa blessure,
suffit de rester tranquille et serein ... C'est mon tour. nous étions* dans de beaux draps. Pour l'instant, le public
Coup d'œil circulaire sur la scène. j'y ai pensé, je suis ne réagissait pas. Tout lui semblait normal.
l'as* des as. En entrant, M. Granier a avoué* piteusement:
- La réunion n'a pas encore commencé ? C'est une - Voyez-vous, un téléphone géant m'est tombé sur la
chance : je craignais d'être en retard. tête.
Puis il a enchaîné avec son texte habituel : petit picotement de satisfaction au cœur. Qu'il se console*
- Mesdames, messieurs, nous n'avons pas de temps à avec sa Caroline chérie.
perdre. La situation est délicate, mais je l'ai bien en main. En sortant des coulisses, Stan, Nicolas et moi avons
rencontré Granier qui discutait avec Mme Foule.
Durant toute la scène, il s'est épongé* le front, sans
- Alors, vous êtes contents, jeunes gens ? nous a-t-il
modifier quoi que ce soit à son rôle. Son costume était
parsemé de petites taches rouges, mais il est resté d'un demandé d'un ton* jovial.
flegme* parfait. Il n'a pas hésité une seconde à enfiler - C'était super, hein monsieur?
- Tout à fait. Je vous décerne un satisfecit* presque sans
son baudrier et à se percher au plafond. La salle était en
délire. Granier habillé en pot de colle, gesticulant comme réserve ; vous avez écrit une belle pièce. Et vous avez su la
un perdu, à cinq mètres du sol, était d'un comique rare. jouer correctement.
- Vous avez fait un tabac en tube de colle, a ajouté
Toutes les huit secondes, une goutte de sang tombait de
Stan. Vraiment, je ne vous aurais pas cru capable de vous
son front et atterrissait sur la table de réunion avec un son
mat. Si bien que Nicolas a dû reculer sa chaise, parce qu'il percher là-haut devant tout le monde !
- Pour tout avouer, je suis assez satisfait de ma presta-
était éclaboussé par les gouttelettes.
tion. Soyez contents, vous avez eu votre revanche !
Nous en sommes restés bouche bée. Comment a-t-il
Nous* avons fait un tabac!
pu deviner qu'à l'origine nous projetions effectivement de
« l'.année prochaine, c'est sûr, on recommence ! » Tout nous moquer de lui ?
- Je ne suis pas aveugle, voyez-vous. Je perçois* les
le monde était d'accord. Seul Nicolas s'est tu.
sentiments qui vous animent. À vrai dire, ce petit jeu m'a
- Cet été, je déménage. Vous jouerez la prochaine pièce
beaucoup amusé. Je me suis conformé au rôle que vous
sans moi.
aviez décidé de m'assigner* : le rapport professeur-élève
Il avait les larmes aux yeux.
-Ne t'inquiète pas, lui ai-je dit. Tu déménages, c'est vrai, n'est pas aussi dichotomique* que vous le pensez.
Dichotomique, je ne sais pas ce que cela veut dire, mais
mais tu es bien installé dans ma tête ! Et puis, attends, mon
en tout cas Granier est plus fin que nous ne le croyions. Il
frère serait bien capable de se faire virer* de son lycée, au-
quel cas toute la famille suivrait le même chemin que toi. serait temps de s'en apercevoir !
Nicolas a souri, nous sommes tombés dans les bras l'un
de l'autre. Stan nous regardait d'un air mauvais, un air qui
ressemblait bien à de la jalousie. ]'ai ressenti comme un
Aprèsla lecturedu chapitre5
Questions et activités Dissi les affirmations suivantessont justes ou non.
1. La pièce est une transposition de la situation que vit
Aprèsla lecturedu chapitre1 la classe avec Granier.
Dissi les affirmations suivantessont justes ou non. 2. La documentaliste aide Eugénie et Stan à trouver
1. M. Granier, le prof principal, est très sévère. des intérêts pédagogiques au scénario.
2. Le frère d'Eugénie l'a supporté deux ans plus tôt. 3. Caroline est enthousiasmée par le projet de scénario.
3. Eugénie aimerait être en seGavec son amie Louise. 4. Écrire une pièce avec Granier est extrêmement pénible.
4. Le père d'Eugénie pense que le club théâtre n'est pas
une bonne chose pour elle. Aprèsla lecturedu chapitre6
Dissi les affirmations suivantessont justes ou non.
Aprèsla lecturedu chapitre2 1. Le club théâtre ne veut pas que Granier choisisse le nom
Dissi les affirmations suivantessont justes ou non. de la colle.
1. M. Granier demande aux élèves d'inscrire sur une feuille 2. Eugénie souhaite que Granier assiste à toutes
les projets qu'ils aimeraient réaliser s'ils étaient élus. les répétitions.
2. Eugénie n'accepte pas d'avoir été désignée déléguée 3. Eugénie est déçue quand elle apprend que Nicolas devra
de classe par M. Granier, sans élection. bientôt quitter le club théâtre.
3. M. Granier a donné une punition à Stanislas. 4. L'arrivée de Caroline dans le club rend les rapports
4. Le principal ne veut pas recevoir Eugénie et Stanislas. d'Eugénie avec Louise plus faciles.

Aprèsla lecturedu chapitre3 Aprèsla lecturedu chapitre7


Répondsaux questions. Répondsaux questions.
1. Combien est-ce qu'il y a d'élèves au club théâtre? 1. Comment est-ce qu'Eugénie trouve la pièce terminée?
2. Stan a une bonne idée pour le club. De quoi s'agit-il ? 2. Avec le temps, les personnages de la pièce ont évolué.
3. Pourquoi est-ce qu'Eugénie regarde sa copine Louise Quelles sont les différences entre le président de
d'un œil noir ? la page 22 et le directeur Tourny de la page 33 ?
4. Que retient Eugénie de sa conversation avec Stan ? 3. Quels rôles jouent Eugénie, Louise, Stan et Nicolas?
4. Qu'est-ce qu'Eugénie pense de sa copine Louise ?
Aprèsla lecturedu chapitre4
Dissi les affirmations suivantessont justes ou non. Aprèsla lecturedu chapitre8
1. Tous les vendredis, Granier fait faire une rédaction. Dissi les affirmations suivantessont justes ou non.
2. Le projet exposé par Stan est tellement intérèssant 1. Mme Foule est très contente de la répétition.
que Granier ne donne pas le sujet de rédaction prévu. 2. Louise et Solène vont pouvoir échanger leurs rôles.
3. ~ranier est prêt à accepter de jouer dans la pièce. 3. Eugénie est contente d'embrasser Stan sur scène.
4. A la fin, Granier trouve le sujet proposé excellent. 4. Eugénie comprend qu'il y a d'autres garçons que Stan.
Aprèsla lecturedu chapitre9 Aprèsla lecturede tout le roman
Dis si les affirmations suivantessont justes ou non. Faisles activités suivantes.
1. Nicolasa beaucoup parlé d'Eugénie à Jean-Benoît. 1. Écrisune critique de ce roman pour le journal de ton
2. Eugénieest partagée entre Stan et Nicolas. école.
3. En prenant du recul, Eugénie pourrait mieux 2. Parlede En scèneles sesur ton blog ou sur celui de ton
comprendre ce qui se passe. collège.
4. Eugénieet Louisesont de plus en plus prochesl'une 3. Écrisune lettre à l'auteure de ce roman.
de l'autre. 4. Proposeà ton professeurde français un projet de
sketch à écrire en classeet à jouer en français avectes
Aprèsla lecturedu chapitre10 camarades.
Dis si les affirmations suivantessont justes ou non.
1. Eugénieoublie Stan et ne pense plus qu'à Nicolas.
2. Marie, la sœur de Nicolas,est gravement malade.
3. Nicolasa fêté son anniversaireseul avec Eugénie.
4. Pour que sa sœur ne dise rien à sesparents, Nicolas
devra lui faire de nombreux cadeaux.

Aprèsla lecturedu chapitre11


Dis si les affirmations suivantessont justes ou non.
1. Stanislaset Caroline sont toujours ensemble.
2. Même Stanislasa peur d'oublier son texte.
3. Eugéniedemande au médecin des médicamentspour
sa grand-mère pour qu'elle puissevenir voir la pièce.
4. Granier donne moins de devoirs pour que les élèves
puissent répéter la pièce.

Aprèsla lecturedu chapitre12


Répondsaux questions.
1. Pourquoi Granier est-il entré en scèneen retard?
2. Comment Louiseet Stan ont-ils sauvéla situation ?
3. Stan regarde Nicolaset Eugénied'un air mauvais.
Pourquoi?
4. « Granier est plus fin que nous ne le croyions. » Explique
cette remarque d'Eugénie.
comblerqqch. : supprimer, faire disparaître qqch.
Lexique commettreun impair: faire une erreur
la commissiond'appel: comité qui peut changer une décision
Lesexplicationsdonnéesne tiennent compte que du sensdes la compétence:capacité, savoir et savoir-faire, expérience
expressionsdans le texte. la compositiondesclasses : formation des classes
concevoirqqch. : comprendre, imaginer qqch.
fam. = familier ; f. = féminin ; m. = masculin ; qqn = quelqu'un ; être conscient(e)du coûtde qqch. : savoir l'importance du prix
qqch.= quelque chose de qqch.
le conseilde classe: réunion en fin de trimestre des professeurs,
à l'unanimité: avec l'accord de tout le monde des représentants d'élèves et des parents avec le principal
abominable: affreux; monstrueux du collège
s'accentuer:devenir plus fort se consoleravec qqn : trouver du réconfort auprès de qqn
laisser qqn agir à saguise: laisser qqn faire ce qu'il veut être consterné: profondément triste, désolé
s'amuseraux dépensde qqn : s'amuser en se moquant de qqn les contraintesf. : exigences, demandes
ancestral* récent, moderne convaincre qqn de faire qqch. : amener qqn à faire qqch.
cette rentrée s'annonce sousde mauvaisauspices:cette rentrée côtoyerqqn : être souvent avec qqn, voir souvent qqn
va être difficile les coulisses f. : partie de la scène située derrière les décors
n'anticiponspas: n'allons pas trop vite la crâneusede service:celle qui se croit toujours supérieure
appuyerla demandede qqn : aider qqn à obtenir qqch. débiterun tas de bêtises: raconter beaucoup d'idioties
l'ardeurrevancharde f. : énergie dirigée contre les profs débloquer: dire des bêtises, faire l'idiot
une armoireà glacefam. : se dit de qqn de grand, avec de larges débonnaire: doux, patient, bon
épaules : tout supporter
être de bonnecomposition
je suis l'as des as m. : je suis une grande championne, je suis se débrouillerpourfaire avorterqqch. : trouver un moyen
excellente
pour que qqch. ne marche pas
l'ascendant m. : autorité, influence
défaitiste: qui ne croit pas à la réussite d'un projet
assignerun rôleà qqn : donner, imposer un rôle à qqn être défiguré:avoir le visage abîmé par qqch.
avouerpiteusementqqch. : reconnaître qqch. en s'excusant déglutir: avaler sa salive
le baudrier: ceintures assurant la sécurité du treuillage* le/la délégué(e) : élève agissant au nom de sa classe
la blouse: vêtement de travail qu'on met par-dessusles autres se départirde soncalme: perdre son calme, s'énerver
pour les protéger se déroulerdanslesnormes: se passerselon les règles
un bon prétexte: bonne raison être désignéd'office: être nommé sans l'avoir demandé
bouder:montrer par son attitude qu'on n'est pas content se dévoiler: se montrer, se présenter
le bourrelet: pli de graisse qu'ont les gens trop gros dichotomique : qui se divise en deux parties qui s'opposent
être brouillé: ne pas être clair, être confus la diction: manière de dire son texte
brouillon(onne) : qui n'a pas d'ordre, confus(e) la didascalie : indication de mise en scène dans une pièce
le calvaire: dure épreuve, moment pénible et difficile dispenserqqn de qqch. : permettre à qqn de ne pas faire qqch.
se casserla figurefam. : tomber dontje suiscoutumier: qui me caractérise
chatouillerqqn fam. : énerver, provoquer qqn le drôlede zozofam. : qqn de bizarre, qui étonne
avoir le chicpourréconforter:avoir la manière pour/réussir à un écartsecreuse: de plus en plus de distance nous sépare
donner du courage
l'échéance f. : moment où qqch. doit arriver se leurrer: se faire des illusions, se tromper
échouer:ne pas réussir, ne pas avoir de succès limiterlesdégâts:éviter le pire
s'éclaterfam. : s'amuser beaucoup mémoriserqqch. : retenir qqch., ne pas oublier qqch.
émanerde qqn : venir de qqn mettrela clésousla porte: fermer l'entreprise
en vadrouille: en promenade mettrele paquetfam. : faire le maximum
s'épongerle front: s'essuyer le front se mettreen quatrefam. : se donner beaucoup de mal,
EPS: Éducation Physique et Sportive tout faire (pour}
être dansde beauxdraps: être dans une situation impossible mijoterqqch. : préparer qqch. en secret
expansif(ive} : qui parle beaucoup, démonstratif(ive} mollement: sans enthousiasme
faire descabrioles:sauter et s'agiter comme un clown narguerqqn : provoquer qqn; braver, ne pas respecter qqn
faire ingurgiterlesnotionslesplusindigestes: enseigner ne pasen menerlarge: ne pas être rassuré, avoir peur
des connaissancesde base difficiles à apprendre ne paspiper: ne rien dire, garder le silence
faire marcherqqn : inventer qqch. pour se moquer de qqn ne pasvaloircher: être médiocre, inintéressant
faire unetête d'enterrement:avoir un visage triste Nousavonsfait un tabac! : Nous avons eu un énorme succès!
fatiguerlesneuronesde qqn fam. : obliger qqn à réfléchir pasd'esclandre m. : je ne veux pas vous entendre
faussercompagnieà qqn: quitter qqn sans prévenir peaufinerqqch. : préparer avec soin
se fier à qqn : faire confiance à qqn, écouter qqn
être pénalisé: supporter les désavantages de qqch.
être flatté(e}: être content(e}, fier(ère}
penaud(e}: désolé(e} et honteux(euse}, embarrassé(e}
le flegme: calme, sang-froid
percevoir:voir, comprendre
gaffer: faire des erreurs ou des bêtises quand on agit, la permanence : heure pendant laquelle il n'y a pas cours
agir maladroitement piqué(e}: blessé(e}dans son amour-propre, touché(e} dans safierté
le garnement: enfant insupportable plancher'surqqch. fam. : faire un travail écrit en classe
la goutte : maladie des articulations chez les gens âgés prendredu recul: s'éloigner pour mieux comprendre qqch.
griffonner: écrire très rapidement s'en prendreà qqn : rendre qqn responsable
guetter: attendre le principal: directeur d'un collège
l'homogénéitéf. : qualité de ce qui est équilibré, harmonieux la procédure d'électionest cavalière: les élections ont eu lieu
horspair : sans égal, exceptionnel sanstenir compte des règles habituelles
des idéesfarfelues: idées folles, bizarres provoquerdesgrincements de dents: rendre mécontent
les ignominiesf. : manœuvres les plus basses,coups honteux quellepoisse! : quel manque de chance ! quelle malchance !
il faut que voussachiezque: il faut savoir que le ramassisde bêtises: ensemble d'idioties
impitoyable: sans pitié, inflexible, sévère le récapitulatif:liste des points principaux
elle a improvisé,imperturbable: elle a inventé un texte être remontécontreqqn fam. : être en colère contre qqn
sans perdre son calme repasser un vêtement: lui rendre sa forme avec un fer chaud
inciterqqn à faire qqch. : pousser qqn à faire qqch. la répétition: séance de travail pendant laquelle les comédiens
l'inclinationf. : amour, faible pour qqn s'entraînent à jouer une pièce
innocemment:sansvouloir faire de mal, naïvement la réputationde qqn : manière dont qqn est considéré/connu
l'instituteurm. : qqn qui enseigne dans une école primaire la revanche: avantage sur qqn qui vous a fait souffrir
s'investir:s'engager, accorder beaucoup de temps (à qqch.} riresouscape: rire en se cachant, sans le montrer
jouird'uneautoritémédiocre: ne pas être respecté les rudimentsm. : connaissancesde base
saccagerqqch. : abîmer qqch., casserce qui est à l'intérieur Réponses aux questions
saigner: perdre son sang à cause d'une blessure
le satisfecit:expression de satisfaction, félicitations Chapitre1
sentencieux: du ton d'un professeur, très sérieux Oui: 1, 2, 3 Non:4
sentirle vent venir: comprendre ce qui va se passer
la sérénité: calme Chapitre2
sévirfam. : exercer son activité, travailler Oui: 1, 2, 3 Non:4
solliciterqqn : demander à qqn, prier qqn de faire qqch.
sournois(e): hypocrite, qui trompe en faisant semblant Chapitre3
d'être honnête
1. Il y en a neuf.
soutenirqqn : encourager, aider qqn
le stratagème: ruse, moyen habile 2. Stan propose que les élèves écrivent la pièce eux-mêmes.
le/la subalterne: employé(e) 3. Parce que Louise trouve Stan sympa. Eugénie est sans doute
subirl'influencede qqn : imiter qqn, penser comme qqn un peu jalouse.
SVT: Science et Vie de la Terre 4. Eugénie ne retient qu'une seule chose : Stan a envie d'être
délégué avec elle.
se targuerd'être à mêmede faire qqch. : affirmer avec orgueil
qu'on peut faire qqch.
mes tempesbourdonnent:j'entends mon sang dans les oreilles Chapitre4
tenter: attirer, intéresser; essayerde (faire qqch.) Oui: 1, 2, 3 Non:4
être tétanisé: ne plus pouvoir réagir, être bloqué
tiquer: ne pas être d'accord Chapitre5
le tiraillement: douleur, tension, crampe Oui: 1;2, 4 Non:3
tiré par lescheveuxfam. : pas naturel et peu logique
tomberdansle piègede la grandebécasse:croire les arguments Chapitre6
de la grande idiote= faire ce que veut Caroline Oui: 1, 3 Non: 2, 4
d'un ton jovial : gaiement, joyeusement
la tournuredesévénements: manière dont les choses se passent Chapitre7
le trac : peur d'un acteur devant les spectateurs 1. Elle la trouve super.
la trame : schéma, déroulement d'une histoire 2. Le présidentétait débonnaire, mais impitoyable. Il était
se tramer : se passer extrêmement sévère et avait le sensdes responsabilités.
le système de treuillage: câble pour monter qqch. ou qqn
Le directeurTourny,lui, est à la fois sérieux et débonnaire.
à une certaine hauteur
11délaisse un peu son travail et n'a pas beaucoup d'autorité
les troiscoups: signal qui annonce l'ouverture du rideau
auprès de sesemployés.
avoir un trou de mémoire: ne plus se souvenir du texte
3. Eugénie joue Mme Gaignard (une chargée d'études
être valorisant:permettre d'être fier de ce qu'on fait
amoureuse du directeur-adjoint) ; Louise joue Mme Lemprune
se vengerde qqn : prendre sa vengeance, sa revanche sur qqn
(une publicitaire que personne n'écoute); Stan joue
virerqqn fam. : renvoyer qqn, mettre qqn à la porte
une voix de stentor: voix très puissante et sonore M. Valmeur (le directeur-adjoint qui voudrait prendre la place
volontaire: qui agit librement, sans obligation de son patron); Nicolas joue Bertrand (un technicien qui doit
trouver des solutions à tous les problèmes techniques).
4. Elle ne comprend pas toujours très bien sa copine :
en effet, Louise est insatisfaite parce qu'elle est persuadée
d'avoir toujours raison. Eugénie est cependant sûre que Louise
jouera bien le rôle de Mme Lemprune.

Chapitre8
Oui: 1, 4 Non: 2, 3

Chapitre9
Oui: 2, 3 Non: 1, 4

Chapitre10
Oui: 1, 3, 4 Non:2

Chapitre11
Oui: 1, 2 Non: 3, 4

Chapitre12
1. Parcequ'un élément du décor- un téléphone géant - lui est
tombé sur la tête et l'a blessé.
2. Ils ont spontanément improvisé et ont fait comme si le
retard de Granier/Tourny, le directeur, était prévu dans le
déroulement de la pièce.
3. Bien qu'il soit maintenant avec Caroline, Stan est jaloux de
Nicolas qui a pris sa place auprès d'Eugénie.
4. Il est maintenant clair que Granier comprend mieux ses élèves
qu'ils ne le pensaient au début de l'année. En bon pédagogue,
il a su reconnaître l'intérêt du projet de théâtre pour sesélèves
et leur a accordé la liberté dont ils avaient besoin tout en
les faisant beaucoup travailler. Son attitude, faite d'opposition
et de provocation, suscite chez ses élèves des réactions qui leur
permettent finalement de donner le meilleur d'eux-mêmes.

Aprèsla lecturede tout le roman


Réponsesindividuelles

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