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atelier de lecture
ff
Enscène rs12-
1es 5e (Wil-J
niveauA2
PascalePerrier
adaptation Pierre Le Borgne
abrégé
original
Texte
1
Dans la même collection Avant-propos
NiveauA1
Disparition à Saint-Malo Virgule 1
Le casque mystérieux Mais où est Louise? 1
Quinze jours pour réussir ! Lecture:moded'emploi
NiveauA1/A2
S.O.S.Urgences Lire est d'abord un plaisir : ne le gâche pas en t'arrêtant à
NiveauA2 chaque fois que tu rencontres un mot inconnu. Continue !
Le jour où j'ai raté le bus L'ours sort ses griffes La plupart du temps, tu pourras poursuivre ta lecture sans
Carton rouge ou mort subite Un printemps vert panique problème grâce au contexte.
C'est pas compliqué l'amour ! Les disparus de Fort Boyard Si tu as l'impression que tu ne comprends pas quelque chose
Avertissement de conduite La fille qui vivait hors du temps
La révélation
d'important, n'hésite pas : reprends au début du chapitre.
Crime d'auteur
Un agent très secret Avant de passerau chapitre suivant, tu peux - si tu le veux -
faire le point en répondant aux questions posées à la fin
et directionartistiquede la couverture:
Conception du livre, page 54. Si tu as un doute, regarde les réponses
Christian Dubuis Santini © Agence Mercure
page 63 : ainsi, tu sauras tout ce qu'il faut savoir pour
Conception de l'intérieur: Nicole Pellieux
comprendre la suite.
Miseen page: Nelly Benoit
(couvertureet intérieur): Marie Voyelle
Illustrations Pour t'aider, tu trouveras la liste des personnages à la page 6
CréditsCDaudio: et l'explication des expressions marquées* dans le lexique,
Enregistrements, montage et mixage : Fréquence Prod page 58.
Lecture : Nadine Girard
Musique: Pin Up Remix, KMUSIK Le roman En scèneles 5e raconte l'histoire d'une classequi
écrit, puis joue sa propre pièce de théâtre pour montrer à
« Le photocopillage, c'est l'usage abusif et collectif de la photocopie sans autorisation des
auteurs et des éditeurs.
son professeur de français ce qu'elle attend de lui. Le texte
Largement répandu dans les établissements d'enseignement, le photocopillage menace l'ave- que tu vas découvrir est la version originale écrite pour des
nir du livre, car il met en danger son équilibre économique. Il prive les auteurs d'une juste
rémunération. francophones. Cependant, pour que le livre ne soit pas trop
En dehors de l'usage privé du copiste, toute reproduction totale ou partielle de cet ouvrage
est interdite. »
long, nous avons abrégé le texte et résumé certains passages.
« La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, au terme des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que
les copies ou reproductions strictement réservéesà l'usage privé du copiste et non destinées à
Lire n'est pas seulement un plaisir. La lecture te permet
une utilisation collective» et, d'autre part, que les analyseset les courtes citations dans un but d'affermir tes connaissances,de revoir du vocabulaire et de
d'exemple et d'illustration,« toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite
sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite. » (alinéa constater que, grâce au contexte, tu comprends beaucoup
1" de l'article 40) - « Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit,
constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. »
plus de chosesque tu ne le pensais !
ISBN978-2-278-06953-8
Si tu le veux, tu peux noter les expressions qui te semblent
ÉditionsDidier,Paris,2011
© Rageot-Éditeur/Les
Achevéd'imprimer en Italie en mai 2011par G. Canale& C. - Dépôt légal : 6953/01 personnellement utiles dans ton carnet de vocabulaire.
pour le professeur
Remarques Sommaire
Le texte proposé correspond à un bon niveau A2 de compé-
tence en lecture. Les personnages du roman En scèneles 5e
ont sensiblement le même âge que les lecteurs. Ils évoluent Chapitre 1 Une rentrée catastrophe 7
dans un milieu familier aux adolescents : la vie quotidienne Chapitre 2 L'électiondes délégués 10
en famille et au collège.
Chapitre 3 Le club théâtre 15
Les jeunes lectrices et lecteurs se mettront aisément dans Chapitre 4 À nos plumes ! 18
la peau d'Eugénie, la narratrice. Ils retrouveront avec elle Chapitre 5 21
Une inspiration géniale
les conflits qui opposent élèves et professeurs, parents
et enfants, frères et sœurs ainsi que la solidarité entre Chapitre 6 Répétitions 26
camarades de classe. Ils découvriront également comment Chapitre 7 À chacunson rôle 32
un groupe d'élèves engagés gère de manière originale des
situations difficiles que viennent compliquer les problèmes
Chapitre 8 Dansles coulisses 35
que posent l'amitié et la naissancede sentiments amoureux. Chapitre 9 Prendsdu recul 38
Chapitre10 Invitée 42
Les questions et activités proposées pour chaque chapitre
permettent aux lecteurs de vérifier qu'ils ont globalement Chapitre11 Dernière ligne droite 47
compris le texte et qu'ils ont repéré les quelques informa- Chapitre12 Le grand jour 50
tions importantes pour la compréhension du récit.
CHJlPITI{E ~
el'o..s'.s'e.s'.
Pt1tl.l"'jt1.tJ/1Kettr-ede-M el(l(e1Kt$'el(.s'e1Kbl'e, ?
Tou.t l'e,/KtJlfrlee.s't/'ilfaf$"é *. ria et1l(tr-a1r-e/ de-M
a/Kt$'.s'edtJl(l(el(t /4 etJtl.l"a,teet 1Kettel(t a.l(ebtJl(l(e
dBidéLBSlr\Bi.
L'éLBction amitâl(ee ria.If&'l'o. el'o..s'.s'e.
a matinée du jeudi 18 a été affreuse. Ce jour-là, on a Bref, je ne me suis pas fatiguée. Quand Granier a
Granier de neuf heures et demie à onze heures et commencé à ramasser les copies, je suis devenue violette
demie. Il a encore trouvé un bon* prétexte pour nous de peur. Moi qui croyais que c'était personnel ! Les autres
garder après la sonnerie : faisaient* aussi une tête d'enterrement.
- Voyez-vous (j'ai compté l'autre jour, il dit « voyez- - Quels sont les candidats ? a demandé Granier, accu-
vous » vingt-quatre fois par heure en moyenne), la récré- sateur, comme s'il s'agissait de dénoncer les auteurs d'un
ation est essentielle. Une pause est toujours bénéfique incendie.
pour des garnements* comme vous. Aujourd'hui, cepen- Personne ne voulait plus se présenter, parce qu'on était
dant, je me vois dans l'obligation de vous retenir pour que sûrs qu'il lirait nos feuilles à voix haute. Un silence de
nous élisions les délégués de classe. mort s'est abattu sur la classe. Seul un garçon, dans le
Avant que les candidats « se dévoilent* », il nous a fond, qui s'appelle Stanislas, gesticulait bruyamment.
demandé d'inscrire sur une feuille, pour notre usage - Personne n'est volontaire* ? Bien, les candidats seront
personnel, les projets que nous aurions « envie de mener donc désignés* d'office.
à bien » si nous étions élus. Moi, cette expérience ne m'a Granier a feuilleté d'un air nonchalant les copies qu'il
jamais tentée. Je suis tétanisée* par la peur dès que je tenait en main. Et ce qui devait arriver arriva.
- Eugénie Carouillet, vous me semblez avoir de bonnes Toute la classe nous soutenait*. Nous sommes partis au
idées, même si elles ne sont pas parfaitement exprimées. moment où la sonnerie de fin de récréation retentissait.
Vous êtes désignée. j'ai essayé de retarder l'échéance* :
- Mais, monsieur, je n'ai pas envie ... ai-je bafouillé. - On ira plus tard, on va se faire assommer par Granier
- Vous n'AVIEZ pas envie, a rectifié le monstre. Impar- si on arrive en retard.
fait de l'indicatif. Et puis voyons ... Stanislas Bergeron. - Si on recule, ce sont les autres qui vont nous tuer.
Vous paraissez avoir de la personnalité. Il faut avoir un Allez, viens! Le principal nous rédigera un mot d'excuse.
certain courage pour oser écrire ce ramassis* de bêtises. Je l'ai suivi mais je n'*en menais pas large.
Ce jeune homme aimerait « qu'une fois dans l'année, les Le principal nous a reçus tout de suite.
profs redeviennent élèves et soient notés par eux ». Voyez- - Qu'est-ce que vous voulez?
vous, les idées neuves ont du bon. Cependant, afin de - Monsieur, a commencé Stanislas, c'est à cause de
calmer vos ardeurs* revanchardes, vous me copierez le l'élection des délégués.
règlement intérieur trois fois pour demain. - Oui, M. Granier nous a élus sans qu'on soit candidats,
Il nous a regardés à tour de rôle dans les yeux : ai-je ajou_té.
- Y a-t-il des objections ? Alors les délégués sont nom- Le principal a d'abord eu l'air amusé, puis intrigué:
més. Allez, en récréation ! Et pas de retard après la sonnerie, - Et vous n'aviez pas envie d'être délégués ?
voyez-vous. - Si, si ! Mais je souhaite être élu normalement. En
Pétrifiée sur ma chaise, j'avais les larmes aux yeux. Moi plus, il m'a collé une punition parce que je ... a commencé
déléguée, quelle horreur ! Non merci ! Et élue de cette Stanislas.
manière, ça ne vaut rien. Stanislas, qui avait l'intention - Non ! Je n'ai pas envie d'être déléguée, ai-je déclaré
de se présenter, semblait plutôt satisfait. N'empêche qu'un subitement en l'interrompant.
vent de contestation s'est élevé dans la cour. j'ai suggéré: - Pourtant, jeune fille, vous avez eu une idée heureuse
- Il faudrait peut-être faire savoir comment cette élec- en venant me trouver. Et vous vous exprimez correcte-
tion s'est déroulée. ment. Vous feriez sûrement une bonne déléguée.
- Tu as raison, a répliqué Stanislas. On va chez le prin- Je suis devenue rouge écarlate, j'aurais vingt fois préféré
cipal pour lui expliquer l'affaire. Si Granier croit que je être en cours avec Granier que dans ce bureau. Stanislas a
vais copier le règlement intérieur parce que j'ai donné rigolé en me regardant. Je l'aurais tué.
mon avis sur ce collège pourri, il se trompe ! - Bien, je m'occuperai de ce petit problème: La procé-
Me présenter devant le principal ne me tentait guère, dure* d'élection est un peu cavalière, je l'avoue, mais le
mais c'était le seul moyen d'annuler le fameux « vote ». résultat apparemment satisfaisant.
Et il nous a congédiés. Stanislas a eu le courage de lui
demander un billet de retard. Le principal a souri et grif-
fonné* un mot illisible. j'ai eu la plus belle peur de ma vie
en frappant à la porte de la classe. Granier a remarqué :
- Les délégués en* vadrouille, tiens donc ! Asseyez-
vous, et pas* d'esclandre.
Il n'a pas jeté un œil sur nous le reste de l'heure. J'étais
toute retournée et n'arrêtais pas de me répéter:« La procé-
dure est cavalière. » Qu'avait voulu dire le principal ? j'ai
passé une heure de désespoir total. !.'.horreur !
Pourtant, j'étais assez flattée* par ce qui arrivait. Être
déléguée avec Stanislas, finalement, c'était peut-être CHJ.IPITl-lE;3
l'occasion de mieux le connaître. Et puis le principal s'était
montré plutôt gentil.
théfuB
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À midi et demi, Stanislas rejoint Eugénie et Louise au une heure et demie, nous étions tous les trois au
self. Louise apprend qu'Eugénie est déléguée. Elle club avec six autres élèves de Y. Une femme nous
manifeste sa surprise et son enthousiasme, croyant
qu'Eugénie a été élue. Mais Stanislas précise aussi- attendait, qui a pris la parole :
tôt qu'ils sont bien délégués, mais pas élus. - Bonjour à tous. Je suis madame Foule, l'animatrice
de l'atelier théâtre. Certains d'entre vous me connaissent
-Qu'est-ce que ça veut dire? Vous êtes délégués, mais il déjà. Les autres, je suppose, attendent de savoir comment
n'y a pas eu d'élection? Alors ça, c'est la meilleure ! nous allons procéder avant de s'inscrire définitivement.
Nous avons raconté notre histoire, ou plutôt Stan (il veut Tiens, Stanislas, puisque tu connais le club, explique à tes
qu'on l'appelle comme ça, il aime mieux) a tout expliqué camarades comment il fonctionne.
à Louise en la fixant droit dans les yeux, sans même me - Je m'appelle Stan, je suis en YA, avec Eugénie (je suis
jeter un regard. j'ai ressenti un léger pincement au cœur, devenue rouge pivoine). l'.an dernier, on a joué une pièce
qui s'est accentué* quand Louise a soupiré longuement: de Paul Grandier qui s'appelle Le Val d'enfer. Cette année,
- Ah ! comme j'aimerais être déléguée moi aussi, cette je compte m'éclater* au moins autant.
année, comme toi. - Merci Stanislas, a repris Mme Foule. Bien, il* faut que
vous sachiez que préparer et jouer une pièce est un gros
1,1
travail. Nous répéterons deux fois par semaine, vous devrez - Je le répète, a repris Mme Foule, nous en discuterons
apprendre votre rôle par cœur, confectionner les costumes plus longuement la semaine prochaine. En attendant, je
et monter les décors. Ne croyez pas que vous allez rire tous pourrais peut-être en parler à vos professeurs de français:
les jouts. D'autant que je peux me montrer féroce si le tra- si l'un d'eux était d'accord pour vous faire travailler sur le
vail n'avance pas ! Mais continuons les présentations. scénario, ce serait parfait.
Nous étions neuf acteurs potentiels : Stan, Louise et En rentrant du collège, Louise et moi étions aussi
moi, Émilie, un nommé Nicolas, des jumelles aux grosses excitées l'une que l'autre.
lunettes, Malika et Fatiha, une blonde, Jeanne, et pour - Cette fois, ma vocation est trouvée. Je serai actrice.
finir, la plus petite du groupe, Solène. Une star est née ! Ce théâtre, c'est super, super, super !
- Bien. Vous êtes neuf, c'est très bien ! Un bon chiffre. Innocemment*, Louise a enchaîné :
C'est toujours difficile quand on est trop nombreux. Vous - Ton Stanislas, il a vraiment l'air sympa !
êtes tous en s•.C'est à la fois pratique et un peu délicat, car Je l'ai regardée d'un œil noir. Il y a des sujets sur les-
nous risquons d'avoir de la peine à distribuer les rôles ... quels il vaut mieux ne pas trop me chatouiller*.
mais n'anticipons* pas. Pour la semaine prochaine, je
vous demanderai de réfléchir au type de pièce que vous Le lendemain matin, alors que j'attendais Louise à
aimeriez jouer. l'entrée du collège, Stanislas (l'homme de mes pensées)
- Dommage qu'on n'en parle pas tout de suite, j'ai s'est dirigé vers moi :
justement une bonne idée, l'a interrompue Stan. On - Alors, toujours furieuse d'être déléguée ? Viens voir,
pourrait écrire une pièce nous-mêmes. Voilà un scénario j'ai un super plan pour qu'on le reste, et qu'on prenne une
possible : quelques élèves dans une classe sont remontés* bonne revanche* sur Granier.
contre un prof. Ils vont essayer de lui faire comprendre que Il m'a entraînée un peu plus loin :
sa manière de fonctionner n'est pas la bonne, en lui tendant - Tu comprends, d'autres candidats vont se présenter.
un piège. Un truc de ce style, ça ne vous tenterait pas ? Et le principal va mettre* le paquet pour qu'une nouvelle
- Eh bien, voilà un scénario qui promet de faire du bruit, élection se déroule* dans les normes. Il faut qu'on prouve
a souri Mme Foule. Mais peut-être serait-il intéressant de à tout le monde, avant, que nous méritons notre place.
sortir du cadre purement scolaire. Voilà ce que je te propose ...
Trop tard! Lidée était lancée. Tout le monde a approuvé. Je n'ai retenu qu'une chose : Stanislas a envie d'être
Son histoire me faisait doucement rire : voilà qui sentait délégué, avec MOL Alors,je suis prête à tout pour le rester.
Granier à plein nez ! En plus, son plan me semble génial. Il faudra que je prenne
la_parole devant les autres, c'est le seul point délicat.
,~
v-- n
Voyez-vous, comme chaque semaine, nous avons contrôle
de rédaction. Prenez une feuille et notez le sujet.
Nous attendions le sujet, stylo en main, mais Granier,
rêveur, ne* pipait pas.
- Euh, eh bien voyez-vous, vos camarades délégués vien-
nent de me soumettre un projet qui se révèle intéressant. ..
- Monsieur Granier, si vous permettez, je vais expliquer
de quoi il est question. Voilà : Eugénie et moi nous avons
eu l'idée de construire un projet en commun. Au lieu de
rédiger un devoir chacun dans notre coin, pourquoi ne pas
écrire ensemble une pièce de théâtre ?
CHJ.lPIT[{E4
Stanislas propose de mettre la pièce en scène au club
théâtre. La classeaccepte le projet à* l'unanimité moins
une voix, celle de Caroline, qui se demande comment
Il' noi pLt\m61! les élèves seront notés. Eugénie prend alors la parole :
c;.
réunir les accessoires et les costumes. Le système de
treuillage est presque au point. La salle de spectacle du
lycée Pagnol où nous jouerons est équipée de machines
ultra-perfectionnées.
Les jumelles seront pendues au plafond, et Nicolas aussi
peut-être. Elles seront habillées en tubes de colle géants
et elles crieront : « La colle Machin colle tout ! Y compris
votre regard ... au plafond ! » ou une autre formule de ce
genre.
On n'est pas encore d'accord pour le slogan, ni pour le
nom de la colle. Nicolas voudrait qu'on l'appelle « colle
Honel » parce que son père est militaire. Louise suggère
CHRPITI{E ~ << colle Lombo », son héros préféré à la télévision. Stanis-
CHJlPIT[~E7
cherche d'abord et avant tout à servir ses intérêts. Il a
de l'ascendant* sur ses collègues.
R' ch<1cl,\n
Mme Lemprune (Louise) est une publicitaire près de la
ion rôLB retraite, qui vise la tranquillité. Elle ne supporte pas de
prendre des risques. Personne ne l'écoute, bien qu'elle
soit responsable de cette campagnepublicitaire.
a y est ! La pièce est enfin terminée. Ouf ! On a mis Mlle Jolly (Émilie) est comptable. Elle est la seule à être
du temps, mais on a réussi. Granier nous a fait tra- consciente* du coût d'une telle opération, et cherche
vailler comme des fous, divisés en petits groupes. Au par tous les moyens à en réduire l'investissement. Son
départ, on a fixé le nombre de personnages, leurs traits fiancé vient de la quitter, quinze jours avant leur ma-
principaux, puis le découpage des scènes, leur contenu riage, rien ne va plus dans sa vie.
narratif, les chutes et les transitions. Ensuite, chaque M. Tourny (joué par Granier, si tout se déroule comme
groupe a rédigé une scène en respectant ces contraintes*. prévu), le directeur, est à la fois sérieux et débonnaire.
Très préoccupé par la santé de sa femme, handicapée à
Pour finir, on a retravaillé le tout afin, comme dit Granier,
la suite d'un accident de voiture, il délaisse un peu son
de donner une homogénéité* au texte. Et c'est SUPER!
travail. Il jouit* d'une autorité médiocre auprès de ses
employés, qui n'oublient pas qu'il est près de la retraite
M. Granier a remis le texte définitif de la pièce à
Mme Foule et a expliqué longuement le caractère des et laissera sa place avant peu.
personnages à ceux qui n'avaient pas participé à sa Sa fille Marie-Berthe (Jeanne) vient de temps en temps
rédaction. au bureau pour vérifier que tout va bien et donner des
nouvelles de sa mère dont elle s'occupe. Elle tentera*
d'empêcher son père de se coller au plafond, mais n'y
parviendra pas.
Mlle Gilbert (Solène) est unejeune stagiaire publicitaire,
pleine d'idées* plus farfelues les unes que les autres.
Elle ne saisit pas les motivations qui animent ceux qui
l'entourent, si bien qu'elle gaffe* souvent. Elle répète à
longueur de journée qu'elle a« une idée de génie».
Rosie et Josie (les jumelles) sont deux secrétaires,
dévouées et gentilles. Elles se déguiseront en tubes de
colle et seront accrochées au plafond une bonne partie
du spectacle.
Bertrand (Nicolas) est technicien. Il est chargé d'éva-
luer les risques techniques d'un collage humain. Enthou- CHJ.lPIT[{E8
siasmé par ce projet hors du commun, il s'applique à
trouver de multiples solutions. IJdni LBI eot\Lill611'
Bertille (Caroline si elle accepte, pour l'instant elle fait
durer le suspense) est femme de ménage. Elle est au SCÈNE 2.
courant de beaucoupde choses, car elle est plus obser- Mme Lemprune, Mlle Gilbert, M. Valmeur,
vatrice qu'on ne le croit. Mme Gaignard, Mlle Jolly, Rosie.
Mme Foule, quand elle a réparti les rôles, a provoqué* Mme LEMPRUNE - Mesdames, messieurs, je vous prie-
bien des grincements de dents ! Louise était furieuse. rais de m'écouter. Je suis responsable de cette campagne.
Elle voulait le rôle de Mlle Gilbert. Je ne sais pas pour- Soyez gentils, calmez-vous, voyons. Je vous rappelle qu'il
quoi, d'ailleurs. Il n'est pas plus important que celui de s'agit de trouver une idée originale et porteuse pour cette
Mme Lemprune. C'est vrai que jouer cette femme vieille colle. Je vous propo ...
que personne n'écoute n'est pas très valorisant*, mais je Mlle GILBERT, lui coupant la parole- Ça y est, j'ai trouvé!
suis sûre qu'avec de l'humour elle s'en sortira parfaitement. Une idée de génie, mes amis ! Nous allons fabriquer un
puzzle géant que les passants assembleront eux-mêmes
Solène veut bien échanger avec Louise, mais Mme Foule avec la colle.
refuse. À la sortie du collège, Eugénie doit supporter
la mauvaise humeur de son amie. Éternelle insatisfaite, M. VALMEUR- Pourquoi les passants prendraient-ils le
Louise est persuadée qu'elle a toujours raison. temps de coller votre puzzle ? Soyez réaliste, ma petite.
Mlle GILBERT,penaude* - Je ne sais pas. Il faudra trou- - Plutôt pas mal pour un début, mes enfants, a dit
ver une raison qui puisse les motiver. Une idée de génie, Mme Foule à la fin de la répétition. Il faudra travailler vos
je vous dis. gestes. Pour le ton, je suis assez contente.
Mme GAIGNARD- Votre suggestion me paraît un - Vraiment, je ne peux pas changer de rôle ?
peu compliquée. M. Valmeur a raison. On ne peut pas - Non, Louise ! Je te l'ai déjà rabâché quinze fois. Tu es
solliciter* les passants pour construire notre campagne Mme Lemprune, tu restes Mme Lemprune.
publicitaire ! Et s'il ne passait personne ? - Elle est nulle, cette Mme Lemprune ! Mlle Gilbert est
Mlle GILBERT-Attendez! J'ai une autre idée. Une idée drôlement plus sympa. En plus, Solène est d'accord pour
de génie! Voilà ce qu'on va ... changer.
Mlle JOLLY,l'interrompant - J'aimerais quand même - Louise, ne m'oblige pas à répéter ce que j'ai déjà dit
attirer votre attention sur le coût d'une telle opération. plusieurs fois.
Je vous rappelle que M. Tourny n'a pas encore donné son Louise est partie bouder* dans son coin. Moi, je suis
accord pour le budget de cette campagne. Si elle échoue*, ravie d'avoir le rôle de Mme Gaignard. Le seul élément qui
c'est la mort de notre société. Et notre mort à nous aussi, me gêne, c'est qu'elle embrasse M. Valmeur. C'est peut-être
par la même occasion. pour ça que Mme Foule m'a donné ce rôle, parce qu'elle
Rosrn - Ne sois pas défaitiste*, tout va marcher, tu a vu que j'avais un petit faible pour Stanislas ... Je ne sais
verras. Nous ne serons pas au chômage, sauf si Tourny pas. En tout cas, je jouerai la scène du baiser de façon
décide de mettre* la dé sous la porte sans raison. Le excessive, pour bien montrer qu'il s'agit d'un rôle. Sinon,
budget passera sans problème. j'entends d'ici Louise :
M. VALMEUR,d'un air important - Ce pauvre Tourny - Tu t'es bien débrouillée pour embrasser le garçon le
n'est plus capable de prendre une décision seul. Il s'en plus populaire de ta classe. Ce que tu ne réussis pas dans
remettra à notre avis. J'en fais mon affaire. la vie, tu le joues au théâtre. Elle a de l'idée la petite !
Mme GAIGNARD, admirative - Heureusement que vous
êtes là, monsieur Valmeur. Que ferait-on sans vous? Je réalise peu à peu que Stanislas est très agréable, mais
M. VALMEUR,lui tapotant la joue - Vous êtes gentille, comment dire, peut-être pas tout à fait mon genre. Il en
ma petite. Quoique je ne sois pas directeur, ce brave fait trop, quelquefois. Alors l'embrasser, sur scène ou dans
Tourny se fiera* à moi, vous pouvez me croire. la vie, je ne sais plus bien quoi en penser.
Mme GAIGNARD- Dans combien de temps doit-il Et puis, au club théâtre, il y a d'autres garçons. Nicolas,
partir à la retraite, que vous preniez sa place ? par exemple, est plus réservé et a un charme différent, je
M. VALMEUR, souriant- L'avenir le dira, l'avenir le dira. m'en aperçois peu à peu.
- Vous êtes dans la même classe ?
- Eh non ! C'est la première fois depuis le CE2 ! Elle a
essayé de changer de classe au début de l'année, mais le
principal a refusé.
- Pourtant, elle a dû se mettre* en quatre !
- C'est le moins qu'on puisse dire.Je m'y habitue, moi, à
être séparée d'elle. Et toi, est-ce que tu as un super copain?
- J'en avais un depuis le primaire, Jean-Benoît. Mais on
est allés dans deux collèges différents. Je lui dis encore
qu'il est mon meilleur ami mais ce n'est plus tout à fait
vrai. On se parle, on se dit des choses, mais l'essentiel, je
CHRPITf{E ~ le garde pour moi. Par exemple, je ne lui ai jamais parlé
de toi.
PrBndifCd«rBe1~L j'ai essayé de ne pas devenir couleur tomate, et de garder
mon calme. j'ai enchaîné:
- Alors, ton déménagement, il en est où ? - Moi aussi j'ai l'impression de m'éloigner de Louise.
- Pas de nouvelles. Le visiteur de l'autre jour n'a pas Sans qu'il y ait une raison précise. On se parle, on rentre
donné suite. Mes parents commencent à trouver le temps ensemble du collège, mais je sens qu'un écart* se creuse, je
long. ne sais pas comment le combler*. C'est dommage, surtout
- Super ! Alors tu ne déménagerais plus ... en ce moment où on aurait tant de choses à se raconter.
-Non! - Tu peux peut-être essayer de lui dire.
Nicolas avait les yeux brillants. De beaux yeux bruns, - Lui dire quoi ?
très doux. j'ai amorcé un sourire tout en jetant un coup - Mais ça ... ce que tu viens de m'expliquer. Elle
d'œil à Louise qui se démenait avec Mme Foule pour comprendra sûrement.
modifier une réplique de son rôle. - Tu as raison. Je vais essayer.
- Elle est sympa ta copine, mais qu'est-ce qu'elle est - Et moi aussi avec Jean-Benoît. pn en reparle lundi,
agressive ! d'accord?
- C'est vrai, depuis cette année surtout. Avant, elle -D'accord.
n'était pas comme ça. En ce moment, je ne la reconnais Quelle curieuse impression, Nicolas et moi devenons
plus. complices. Pourtant, je pense encore à Stan le soir avant
de m'endormir. C'est cependant avec Nicolas que je parle - Je vois, je vois ...
le plus sincèrement. j'en ai conclu qu'il fallait absolument que je parvienne à
Tout est tellement brouillé*. Stan, Louise, où êtes-vous? parler avec Louise. C'est vrai: nous sommes proches l'une
de l'autre, et en même temps tant de choses nous sépa-
Dans la nuit, Eugénie fait un drôle de rêve. Une arai- rent. .. Mais c'est difficile de parler !
gnée la retient prisonnière et ne veut la libérer que si
elle prononce la phrase magique. Eugénie propose :
« Stanislas est un amour », « Granier est un idiot », - Louise, tu ne trouves pas qu'on est bizarres en ce
« Vive le théâtre »,... sans résultat. « Il faut prendre du moment?
recul » déclare finalement Eugénie à court d'idées, et - Bizarres ? Pourquoi ?
l'araignée la libère.
- Je ne sais pas, on ne se parle plus comme avant.
- Évidemment, on n'est plus dans la même classe!
Au petit-déjeuner, j'ai demandé à papa:
- Je sais bien, mais il me semble qu'on est moins proches
- Pourquoi doit-on prendre du recul dans la vie?
l'une de l'autre.
-Ah, ma fille ... tu n'en as pas la moindre idée?
- j'ai remarqué aussi. C'est bien qu'on en parle.
- Je ne sais pas. Pour se corriger un peu.
C'est bien qu'on en parle, peut-être, mais on en est
- Tout à fait. Et voir les choses plus objectivement.
restées là. On marchait toutes les deux vers le collège en
- Mais c'est déjà ce que j'essaye de faire !
n'osant pas se regarder. Au moment de passer la grille,
- Peut-être ... Imagine que tu te trouves au vingtième
Louise m'a souri. Elle n'a rien dit, rien ajouté.
étage dans une pièce avec une minuscule fenêtre. Tu
j'étais plutôt déçue, mes efforts étaient restés sans
regardes le monde extérieur par cette seule ouverture, tu
résultats. Je n'avais à m'en prendre* qu'à moi-même :
le conçois* en fonction de ce que tu parviens à apercevoir.
j'aurais dû insister davantage auprès de Louise pour nouer
Tu t'en fais une idée fausse, forcément : des personnages
le dialogue.
minuscules, muets, un espace réduit à un carré de lumière.
- Oui. Et alors?
- Alors tu es dans cette pièce minuscule, toi Eugé-
nie. Tu ne vois pas le millième de ce qui se passe dans le
monde, tu ne comprends pas ce qui se trame* à travers
toi, à travers les événements qui t'arrivent. Prendre du
recul permet de t'ouvrir davantage à ce qui t'entoure et de
mieux comprendre ce qui se passe.
4(")
Louise, ni personne que je connais. La seule fille, quand
même, c'est un peu gênant. Et en même temps, je suis
ravie.
-Ah bon! Je serai la seule fille? Ta sœur ne sera pas là?
- Non,je ne pense pas. Ça te dérange? Tu veux que j'en
invite une autre ?
- Je ne sais pas.
- Tu sais, aucune autre fille ne m'intéresse. Il n'y a que
toi.
CHJ.lPIT[{E 1ô Quand Nicolas m'a dit ça, j'ai senti des tiraillements*
dans le ventre. Il était tout près de moi. Nous étions très
gênés tous les deux et heureux en même temps. Impres-
InvitéB sions incroyables ! Il fallait réagir, c'était trop fort. j'ai
réussi à articuler :
Si le club théâtre veut jouer la pièce en juin, il faut
arrêter de se disputer et de perdre du temps. Après - O.K ! Pas de problème. Je serai la seule fille, ça va être
bien des discussions à propos du slogan de la colle, on super!
retient la suggestion de Stanislas: « Coll'tout colle tout. Je crois qu'il était soulagé que j'aie pris la parole, que
Même vous! » Vexée parce qu'on ignore sa proposition, j'aie cassé l'émotion qui nous envahissait. C'était plus
Louise se met en colère. Mme Foule lui demande si elle
souhaite continuer et, dans ce cas, lui rappelle qu'elle facile maintenant, nous pouvions respirer. Mon cœur
doit respecter les autres. Les décors sont presque ter- battait à cent à l'heure, il cognait. Nicolas l'entendait forcé-
minés. Tout se met en place. Caroline déclare qu'elle ment. Les autres circulaient autour de nous, sans se douter
ne jouera pas cette année, car le rôle qu'on lui propose de ce que nous étions en train de vivre.
ne lui convient pas. Eugénie se montre plus critique vis-
à-vis de Stan et se rapproche de Nicolas. - Génial, a fini par articuler Nicolas.
j'avais presque envie de pleurer. Mes tempes* bourdon-
nvitée chez Nicolas ! Je suis invitée mercredi pour la naient à tout rompre.
fête qu'il donne à l'occasion de son anniversaire. On ne Louise s'est approchée, mais quand elle s'est aperçue
sera pas nombreux, il n'aime pas quand il y a trop de qu'elle nous dérangeait, elle a voulu reculer. Il était trop
monde. Je suis bien de son avis. Juste moi du club théâtre, tard, la magie était rompue.
et trois garçons de sa classe. Il n'invite pas Stanislas, ni - On y va, Eugénie? Ça a sonné depuis cinq minutes.
- Oui, oui, j'arrive ! On discutait avec Nicolas. Nicolas, qui m'a ouvert. On est restés dans l'entrée, un peu
- Je vois. Vous discutiez en silence, c'est une nouvelle gênés. Je lui ai demandé:
technique qui se répand à grande vitesse. Stanislas ne te - Ça va?
plaît plus? - Ça va, a-t-il répondu simplement.
- Stanislas ? Pourquoi ? - Bon anniversaire Nicolas, ai-je déclaré en tendant
- Comme ça, je te vois discuter sans parler avec Nico- mon cadeau.
las. Quand on en est là, c'est que tout va bien. Donc, je te -Oh merci!
demande où tu en es avec Stanislas. Tu te plains que nous Il avait l'air étonné que je lui donne un paquet et, au lieu
ne sommes plus proches l'une de l'autre, je te pose des de l'ouvrir, il m'a soufflé:
questions. Libre à toi de répondre, Eugénie. - Eugénie, il faut que je te dise ...
- Écoute, je ne sais pas ... Stanislas c'est Stanislas, Nico- Sa phrase s'est arrêtée là, coincée à la gorge. Nous étions
las c'est Nicolas. appuyés contre la porte d'entrée, et il m'a doucement
- Je vois. Et Louise c'est Louise. Tu es une grande théori- caressé la joue. Avant que j'aie pu réaliser ce qui nous arri-
cienne, Eugénie. vait, la sonnette d'entrée s'est mise à hurler.
- Laisse-moi tranquille, je t'en prie. - Les voilà déjà, quelle* poisse ! a chuchoté Nicolas.
- Si tu veux, mais ne dis pas que c'est ma faute si nous Cache-toi!
ne sommes plus amies. Je me suis demandé pourquoi, mais j'ai obéi, et me suis
- Mais je ne dis rien, Louise. C'est toi qui m'embêtes logée derrière le portemanteau. Il a ouvert la porte, j'ai
avec tes questions. entendu ses trois copains claironner :
C'est drôle, Louise a du bon sens, Stanislas a totalement - Bon anniversaire vieux frère !
disparu de mes pensées. Peu à peu, Nicolas l'a remplacé. Il leur a fait signe de se taire.
- Ma sœur a 40°C de fièvre. Une crise de goutte*. Ma
Eugénie passe son temps à rêver. À la maison, son frère mère ne veut pas de bruit dans l'appartement. Je suis obligé
se rebelle contre ses parents et l'embête. Du coup, elle
écrit dans un devoir de français que la famille idéale
d'annuler mon anniversaire.
est avec un enfant unique. Cachée derrière les imperméables, j'ai étouffé un rire,
tout en me demandant si cette histoire abracadabrante
Hyper, extra, génial, top fun, trop cool ! Quand je suis était vraie.
arrivée chez Nicolas, mon cœur battait aussi vite que celui - C'est pas grave ! On va le fêter dehors.
d'un joggeur débutant après un marathon. j'ai sonné. - Non, je dois rester pour surveiller mon abominable
Iappartement était totalement silencieux. Il y avait juste sœur, au cas où ... Arrêtez de rire, ce n'est pas drôle !
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- Attends ! Tu nous fais* marcher? C'est une blague !
Tu rigoles à moitié. Allez, laisse-nous entrer au moins !
- Non, non ! je suis désolé. Les ordres sont formels. On
remet ça à la semaine prochaine, c'est promis.
Ils sont partis en bougonnant. On a entendu :
- On garde le cadeau. Tant pis pour toi, Nicolas.
Quand le silence a été complet, j'ai dégagé ma tête des
manteaux et on s'est regardés en éclatant de rire.
Une fête extraordinaire, en comité très réduit.
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du mal à déglutir*. Nicolas fanfaronne, mais je sais bien Il a souri et m'a déclaré :
qu'il a le trac* autant que moi. [excitation de Louise n'a - Garde ton calme, Eugénie. Tout se passera bien.
pas de limites. Elle en devient super agressive. Tout le - Il paraît. Tout le monde me serine le même refrain.
monde l'a surnommée « Lemprune vieille prune », ce qui Vous me donneriez des antianxioliques, comme ma grand-
la fait hurler. Elle n'a toujours pas digéré ce rôle, et nous mère? Ma mère lui dit toujours qu'elle en prend trop. Moi,
le fait payer souvent. ce serait juste un peu, pour me calmer.
- On dit des anxiolytiques, a répondu le docteur en écla-
C'est l'horreur totale ! j'en suis sûre, je vais avoir un tant de rire. Ce sont des médicaments contre l'angoisse,
trou* de mémoire, Granier va nous fausser* compagnie, certes, mais on ne les utilise qu'à l'âge adulte. Ils calment,
Nicolas se cassera* la figure sur scène, bref, je suis per- c'est vrai, mais ils te rendraient amorphe et incapable de
suadée qu'une catastrophe va survenir. jouer correctement ton rôle. Quand je serai assis dans
- Calmez-vous, surtout gardez votre sérénité* ! s'éver- mon fauteuil mercredi, je veux applaudir une Eugénie en
tue à nous répéter Mme Foule. pleine forme.
- On voit bien que ce n'est pas vous qui serez sur scène - Parce que vous venez aussi ? Voilà qui n'est pas fait
à débiter* un tas de bêtises sur un ton monocorde ! pour m'apaiser.
- Stanislas, modère tes propos s'il te plaît. Je vous donne en mille ce qu'il m'a prescrit: de l'homéo-
- Mais c'est vrai, quoi ! a repris Nicolas. Je suis persuadé pathie. Trois granules trois fois par jour, à laisser fondre
que je ne me souviendrai de rien. lentement sous la langue. C'est tout. Rien d'autre.
- Calme-toi. Tout ce que je vous demande, c'est de jouer
le mieux possible. Et quand bien même vous oublieriez Demain c'est dimanche, après c'est lundi, et puis mardi,
une phrase, ce ne serait pas un drame, allez ... le grand jour. Répétition générale, avant la représenta-
On dirait que même Mme Foule ne se rend pas compte tion de mercredi. rapproche du spectacle n'empêche pas
de l'importance de ce spectacle. j'aurai l'air de quoi auprès Granier de nous donner encore des tas de devoirs :
d'Honoré et du public si j'oublie une réplique, hein? D'une - Si vous souhaitez poursuivre des activités parallèles
imbécile incapable de mémoriser* trois mots les uns à la au cours, il vous faut une organisation impeccable. C'est
suite des autres, voilà tout ! un excellent exercice que d'apprendre à gérer son temps.
Par prudence, j'ai préféré sonner chez le docteur Mali- Les quelques minutes que vous passerez en la compagnie
nos, notre voisin de palier. Peut-être pourrait-il me donner d'exercices de conjugaison calmeront votre esprit.
un médicament miracle.
Une pièce de théâtre, c'est un· long tourbillon sans fin,
même dans les coulisses où on est tendu, dans l'attente
de la prochaine entrée sur scène. On prie pour que les
autres ne commettent* pas d'impairs, on attend, on se
calme, on répète son texte, on tremble. Une fois sur scène,
la concentration est si grande qu'elle ne laisse pas de place
à l'angoisse. Le temps s'écoule doucement, il faut respecter
le texte, les silences. On savoure, tendu à l'extrême.
Chapitre8
Oui: 1, 4 Non: 2, 3
Chapitre9
Oui: 2, 3 Non: 1, 4
Chapitre10
Oui: 1, 3, 4 Non:2
Chapitre11
Oui: 1, 2 Non: 3, 4
Chapitre12
1. Parcequ'un élément du décor- un téléphone géant - lui est
tombé sur la tête et l'a blessé.
2. Ils ont spontanément improvisé et ont fait comme si le
retard de Granier/Tourny, le directeur, était prévu dans le
déroulement de la pièce.
3. Bien qu'il soit maintenant avec Caroline, Stan est jaloux de
Nicolas qui a pris sa place auprès d'Eugénie.
4. Il est maintenant clair que Granier comprend mieux ses élèves
qu'ils ne le pensaient au début de l'année. En bon pédagogue,
il a su reconnaître l'intérêt du projet de théâtre pour sesélèves
et leur a accordé la liberté dont ils avaient besoin tout en
les faisant beaucoup travailler. Son attitude, faite d'opposition
et de provocation, suscite chez ses élèves des réactions qui leur
permettent finalement de donner le meilleur d'eux-mêmes.