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Cycles 2 • 3
CM2 langue française
CM1 littérature (dire, lire, écrire)
CE2
CE1 Les classiques du théâtre et de la littérature
fiche
pratique 5
CP
Le petit de Crac par Bruno Clavier et Paul Maucourt

Cette saynète, inspirée conseils de • Pour le travail d’écriture et d’improvisa-

de la comtesse de
Ségur, donnera notam-
ment l’occasion de
réfléchir aux causes
et aux conséquences
du mensonge.
matériel
■ Photocopie des fiches nos 1
à 4 : textes de la pièce
et de la chanson.
mise en scène
le décor
• Même sans décor, on matérialisera dans
l’espace : une entrée, une sortie, les deux
pouvant être confondues.
les accessoires
et les costumes
• Dans la première scène, les deux premiers
enfants ont en mains un cahier. Aucun cos-
tume particulier n’est à prévoir.
tion à deux à partir d’un dialogue, on lira un
autre extrait de la comtesse de Ségur (texte
condensé autour de deux personnages) en
rapport avec la scène de l’ours :
Léonce : La masse approche, devient
plus grande, et je vois… devinez quoi ?
Gudule : Rien du tout.
Léonce : Tu n’y es pas.
Gudule : Un voleur ?
Léonce : Pis que cela.

fiche pratique
■ CD Les classiques Gudule : Un chien ?
du théâtre et de la littérature Léonce : Pis que cela.

12
préparation du jeu Gudule : Un cheval, un taureau ?
travail d’écriture Léonce : Pis que cela.
et d’improvisation Gudule : C’était donc le diable ?
• Dans le texte original de la comtesse de Léonce : Pas tout à fait, c’était un ours !
Ségur, Léonce apporte à ses mensonges da-
vantage de détails. Ainsi de l’épisode du
cheval :

« Un cheval avait glissé, était tombé, se

A commander p. 54.
trouvait pris dans les cordes qu’il avait
sur le dos et ne pouvait pas se relever ;
une foule de gens s’était rassemblée
autour de lui ; on le tirait, on le poussait,
rien n’y faisait. Qu’est-ce que je fais ?
J’écarte tout le monde ; j’arrive au

C. MOREAU
cheval, je le pousse de mes deux mains ;
je le soutiens ; il se relève un peu, puis
encore un peu, puis tout à fait. Et la
foule s’est mise à crier : Bravo !… »

De la même manière, on pourra proposer

aux élèves de développer, oralement ou par
écrit, un autre mensonge de Léonce. L’épi-
sode de l’ours se prêterait particulièrement à
l’exercice. (Dans le fascicule Documents
d’accompagnement des programmes sur la
littérature au Cycle 3 (CNDP), il est préco-
nisé de favoriser « l’oralisation, la mise en
jeu, la théâtralisation », et de « travailler la
mise en voix du texte » qui peut « s’accom-
pagner de la mémorisation du texte. »)
Ce type de dialogue peut se décliner à partir
de toutes sortes de propositions. Les en-
fants, réunis par deux, créeront et joueront
leur propre texte sur le même modèle : le
premier personnage essaie de deviner la ren-
contre extraordinaire (un renard, un tigre)
qu’a faite son interlocuteur, qui répondra
toujours (ou à peu près) de la même manière
(consigne de répétition).
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Le petit de Crac
Acte I Léonce
Toi, Hector, gare à toi ! Car avec ma force, je pourrais
t’écraser entre mon pouce et mon index. D’ailleurs,
pas plus tard que la semaine dernière, j’ai relevé un
Le rideau s’ouvre sur les deux enfants, Gertrude et cheval qui était tombé. Tout le monde m’a acclamé
Hector, ou bien les deux enfants entrent sur la scène. mais je me suis enfui.
Gertrude
Scène 1 - Gertrude, Hector C’était quel jour de la semaine ?
et Léonce Léonce
Je ne me souviens pas. Chaque jour, je fais des
Le narrateur choses exceptionnelles.
Trois enfants : Gertrude, Hector et Léonce. Gertrude
Gertrude Et le cahier ?
Nous sommes tous là pour répéter notre pièce de Léonce
théâtre. Chacun a amené 30 centimes et un cahier Je l’ai oublié chez moi, je vais le chercher.
pour le texte ? (Léonce entre à son tour.)
(Léonce sort.)
Hector
Léonce, tu es en retard. As-tu amené les 30 centimes
1 et le cahier ?
Léonce
Scène 2 - Les mêmes.
Non, car j’étais enfermé dans ma chambre. Je suis
passé par la fenêtre. Le narrateur
Un peu plus tard, Léonce revient sans le cahier.
Gertrude
Du troisième étage ? (Léonce entre.)

Léonce Léonce
Oui, et dehors, je me suis accroché au mur, puis j’ai Vous n’imaginez pas ce qui m’est arrivé.
sauté sur un omnibus qui passait en bas. Ensuite, cet
omnibus m’a amené très loin. Voilà pourquoi je suis en Hector
retard sans les 30 centimes. Non !
Hector Léonce
Tu racontes des histoires. Tu as acheté des bonbons Je suis allé dans ma chambre. Par la porte, j’ai entendu
chez le pâtissier, c’est tout. un grognement.

Gertrude
Un chien ?

Léonce
Pire. C’était un ours ! Alors, j’ai pris un couteau sur une
table, nous nous sommes battus, je l’ai tué, il s’est
effondré devant ma porte. Imaginez, un ours ! Impos-
sible d’aller chercher le cahier.

Hector
Tu as bien soulevé un cheval. Allons voir cet ours.

Léonce
Il n’y en a plus.

Gertrude
Tu sais, à force de nous mentir, un jour, tu seras en
danger et nous ne te croirons plus. Partons, les amis.

(Les enfants sortent et Léonce reste tout seul.)

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Scène 2 - Madame de Ramière,

Monsieur de Pontisse, Léonce.

Madame de Ramière et monsieur de Pontisse entrent.

Le narrateur
Madame de Ramière revient avec monsieur de Pontisse,
le père de Léonce.

Monsieur de Pontisse
Le voilà.

Madame de Ramière
Attention, il est enragé.

Léonce
Mais non, ne vous inquiétez pas, tout cela n’était que
de l’invention. Je voulais me rendre intéressant.

Madame de Ramière
Léonce, c’est tout à ton honneur d’avoir dit la vérité.

Monsieur de Pontisse
Acte II Mon enfant, viens dans mes bras. Désormais, nous te
croirons. Chantons tous ensemble la chanson du 2
menteur.
Scène 1 - Léonce, Le reste de la classe vient sur scène pour chanter la
Madame de Ramière chanson.

Léonce
J’ai été trop loin. J’aurais dû parler d’un chien enragé.

Le narrateur
Madame de Ramière entre.

Madame de Ramière
Vous êtes tout seul, Léonce ?

Léonce
Oui, madame de Ramière. Ils sont partis
car ils ont eu peur d’être mordus.

Madame de Ramière
Par qui ?

Léonce
Par moi, madame. J’ai eu un accès de rage. Ah, ça me
reprend. Ouaf, ouaf, grr.

Madame de Ramière D’après la comtesse de Ségur

A l’aide ! Au secours ! Adaptation : Bruno Clavier et Paul Maucourt
Madame de Ramière sort, Léonce reste seul. Illustrations : Charlotte Moreau

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La chanson
du menteur
Paroles et musique :
Bruno Clavier et Paul Maucourt
CD à commander p. 54.

U
EA
OR
C. M
1. Ce matin Je l’ai rattrapée 4. C’était il y a
Au petit-déjeuner Je sais Quelques minutes
J’étais tranquille C’est dangereux Je racontais
Un crocodile Mais je ne peux pas Toutes mes histoires
Par surprise M’empêcher de J’ai bien senti
M’a attaqué Faire des exploits Qu’on ne me croyait pas
J’lui ai fait une prise Que voulez-vous Je sais
J’l’ai transformé Je suis comme ça C’est sûr que je raconte
En sac à main Au refrain N’importe quoi
Mais je ne peux pas
1. Refrain M’empêcher de
3. Tout à l’heure Vouloir que l’on m’aime
Menteur, menteur Là dans ma chambre
Menteur J’étais tranquille
Raconte-nous ton histoire Un gros ours 1. Refrain
Est apparu Menteur, menteur
2. C’était hier soir Il a voulu Menteur
J’ai vu tomber Me dévorer tout cru Pas besoin de mentir
Par la fenêtre Il a fini en Menteur, menteur
Une pauvre dame Descente de lit Menteur
Sans hésiter Au refrain On t’aime quand même
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Voiture publique de
la « Compagnie générale
des omnibus » – ligne
de la Monnaie au Jardin
du roi. Lithographie
de Gihaut
d’après Auguste Raffet.
Vers 1830.
étude du personnage
de Léonce
• L’enseignant introduira un débat collectif
à partir du questionnement suivant :
– Pourquoi, à votre avis, Léonce ment-il ?
(Une partie du final de la pièce et de la
chanson tente de donner une réponse : pour
se rendre intéressant, parce qu’il veut qu’on
l’aime.)
U
C. MOREA
– Pourquoi ment-on en général ? (Pour voler,
pour tricher, pour tromper, par peur…)
– Y a-t-il de bons mensonges ? (Cacher un
Juif, pendant la Deuxième Guerre mondiale,
était un bon mensonge, par exemple.)
– Quelles sont les mauvaises conséquences
du mensonge ? (Une réponse est contenue
dans le texte : « On ne te croira plus ».)
– Quelles sont les autres situations, en
classe par exemple, où quelqu’un cherche à
se rendre intéressant ? (Ce sera l’occasion
d’organiser un débat sur l’élève qui fait des
bêtises, qui est dissipé, qui a une mauvaise
conduite. On peut tenter de comprendre que
« se rendre intéressant » est bien souvent ce
qui motive l’élève indiscipliné.)
© COLLECTION ROGER-VIOLLET
vocabulaire
• Cette pièce se situe au XIXe siècle. Quels
indices, prélevés dans le texte, permettent
de l’affirmer ? (Allusion est faite à 2 moyens
de transport qui n’existent plus aujourd’hui :
l’omnibus et le cheval.)
fiche pratique
– L’omnibus était une voiture publique, hip-
pomobile puis automobile, qui suivait un
12
trajet déterminé à l’intérieur d’une ville,
prenant et déposant des voyageurs qu’elle
transportait pour un prix modique. Les om-
nibus parisiens furent, à partir de 1905, rem-
placés par les autobus. (Mot latin, « pour
tous », de omnes, « tous ».)
Au Cycle 3, on évoquera d’autres mots
construits à partir de la racine omn-.
Ainsi omnivore, qui désigne un être qui
mange de tout, ou omniprésent, qui qualifie
une chose ou un homme présent partout.
– Les chevaux présents dans la ville confir-
ment que la pièce ne se déroule pas à notre
époque.
explication de texte
• On demandera aux enfants de relever, dans
les déclarations de Léonce, ce qui relève de
l’affabulation :
– Il passe par la fenêtre et s’accroche au
mur.
– Il saute du troisième étage sans se blesser.
– Il reste sur le toit d’un omnibus.
– Il prétend écraser quelqu’un entre son
pouce et son index.
– Il a relevé un cheval avec ses bras.
– Il s’est battu avec un ours et l’a tué.
Quel autre mensonge serait presque crédible ?
(Enragé, Léonce pourrait vouloir mordre les
gens, encore que cela reste difficile à croire
– Madame de Ramière le croit).
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contexte et historique le petit de Crac

de la pièce • Publié en 1865 avec une dédicace à
Henriette Fresneau, petite-fille de l’auteur,
© HARLINGUE / ROGER-VIOLLET

Comédies et proverbes est une suite de

saynètes dont deux s’appliquent à des
proverbes. Illustré par Emile Bayard, le
livre comprend 5 histoires : On ne prend pas
les mouches avec du vinaigre, Le forçat ou à
tout péché miséricorde, Les caprices de
Gizelle, Le dîner de Mademoiselle Justine et
Le petit de Crac.
• « Le petit de Crac », c’est Léonce de Pon-
tisse, 14 ans, qui raconte les mensonges les
plus invraisemblables pour se faire remar-
quer et se mettre en valeur aux yeux de ses
cousins et cousines.
L’argument s’inspire d’une comédie bouf-
fonne de Collin d’Harleville (1791) intitulée
Monsieur de Crac dans son petit castel, per-
sonnage dont les aventures sont tirées de
La comtesse de Ségur (1799-1874), celles du baron Von Münchhausen.
femme de lettres françaises. Tantôt Léonce tombe
par la fenêtre sur un
la comtesse de Ségur omnibus, tantôt il se
(1799-1874) prend pour Jean Val-
• Sophie Rostopchine, dite la comtesse de jean et relève un che-
Ségur, est née en 1799 en Russie. Elle est la val tombé dans la rue,
fille du comte Rostopchine, ministre du tsar tantôt c’est un ours
et gouverneur de Moscou. La famille Ros- auquel il s’affronte
topchine tombe en disgrâce et doit quitter le dans le corridor de sa
pays pour se réfugier en France en 1817. maison, à moins que,
Deux ans plus tard, Sophie épouse le comte mordu par un chien
Eugène de Ségur dont elle aura 8 enfants. enragé, il ne soit aus-
Quand naîtront ses petits-enfants, elle leur sitôt guéri par un mé-
racontera des histoires, qui deviendront decin qui passait là
célèbres lorsqu’elles les publiera. par hasard. Il se dé-
La comtesse de Ségur mourra à Paris en barrassera de cette dan-
1874. gereuse manie après
qu’un autre énorme
ses œuvres mensonge aura failli
• Parmi la vingtaine de romans qu’a publiés coûter la vie de sa Léonce terrassé par l’ours.
la comtesse de Ségur, certains sont des clas- sœur Gudule. Illustration d’Emile Bayard.
siques comme Le général Dourakine, Les
malheurs de Sophie, Mémoires d’un âne, notre adaptation
Les petites filles modèles ou Un bon petit • L’adaptation que nous vous proposons
diable. ne reprend pas l’intégralité des scènes de la
Comédies et proverbes, d’où est tirée notre pièce originale (où Léonce est menacé
saynète, est une œuvre dite de « théâtre de d’être envoyé en pension par son père). De
salon », très connue au milieu du XIXe même, un certain nombre de personnages
siècle. Jouées en famille ou entre amis, ces secondaires n’apparaissent pas ici. La pièce
petites pièces cherchaient essentiellement à gagne ainsi en sobriété, et les textes peuvent
distraire, mais tentaient aussi de délivrer une être mémorisés plus facilement par les
leçon de morale. acteurs en herbe.
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histoire
• L’omnibus, qui n’existe plus aujourd’hui, a été remplacé par l’autobus, appelé plus cou-
ramment « bus ». On partira de cet exemple pour dresser l’inventaire de ce qui existait aupa-
ravant et n’existe plus aujourd’hui et inversement, de toutes les inventions récentes.
Dans les tableaux ci-dessous, les enfants devront ainsi, en cochant la bonne case, situer
l’époque d’invention des différents objets proposés.
Remarque : La paternité de certaines inventions est parfois source de contestation : ainsi,
la draisienne peut être considérée comme l’ancêtre de la bicyclette.

E3
CYCL
2 A B
CLE Avant XX-XXI e La roue - 3000 + 1500
CY
le XXe siècle siècle
L’horloge - 1000 - 300
La télévision
Le thermomètre - 1597 597
L’avion
Le pneu - 1490 1890
L’imprimerie
Le vaccin contre la rage - 1885 1955
La boussole
Le téléphone Le CD - 1982 1942

fiche pratique
La roue La télévision
- 1927 1967
en couleurs en France
Le papier

12
La photocopie - 1950 1905
L’ordinateur
Le CD La bicyclette - 1937 1817
L’écriture Le téléphone - 1906 1876

SOLUTIONS
CYCLE 2
La télévision : B – L’avion : B – L’imprimerie : A –
La boussole : A – Le téléphone : A – La roue : A – Le
papier : A – L’ordinateur : B – Le CD : B – L’écriture : A.
CYCLE 3
La roue (- 3 000) – L’horloge (- 300) – Le thermomètre
(1597) – Le pneu (1890) – Le vaccin contre la rage
(1885) – Le CD (1982) – La télévision en couleurs en
France (1967) – La photocopie (1950) – La bicyclette
(1817) – Le téléphone (1876).
éducation musicale
• Les enfants s’exerceront à chanter sur la
bande-son : un enfant (celui qui joue Léonce
dans la pièce) chantera les couplets tandis
que le reste de la classe entonnera en chœur
les refrains.
du côté des IO
• On trouvera dans le fascicule Documents
d’accompagnement des programmes sur
la littérature au Cycle 3 (CNDP) matière à
resituer ce travail dans un cadre plus large
sur la lecture :
« La lecture d’œuvres théâtrales doit évi-
demment déboucher sur leur mise en voix,
puis sur l’inscription dans l’espace de la dic-
tion du texte… On peut aller jusqu’à une vé-
ritable mise en scène sans toutefois qu’elle
occupe tout le temps disponible. »
Par sa brièveté, Le petit de Crac s’inscrit
parfaitement dans cette perspective, de
même que les exercices proposés.
En effet, l’importance des programmes sco-
laires ne permet pas de se lancer dans des
créations trop ambitieuses : l’énergie et le
temps mobilisés risqueraient de faire défaut
par ailleurs…

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