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Travail TP3
APA1150-A-A
APA1150 22 APPROCHE DE LA RÉCEPTION DES
-A-A22
PAYSAGE TP3 « ENTREVUE SEMI-DIRIGÉE ET ARTICLE SUR LA
PERCEPTION ET L’APPRÉCIATION D’UN LIEU PUBLIC»
Outremont.
MÉTHODOLOGIE
La vocation de ce travail vise à analyser la perception et l’appréciation d’un lieu public par ses usagers à travers diverses
Pour ce faire, nous avons entrepris la réalisation de 5 entrevues semi-dirigées élaborées lors d’entretiens de 30 à 45min.
Selon Benoît Gauthier et Isabelle Bourgeois, une entrevue semi-dirigée permet de « rendre explicite l’univers de l’autre.
Dans cette forme d’entrevue, un contact direct et personnel entre les deux parties est établi ; le participant à la recherche
est ainsi en mesure de décrire, de façon détaillée et nuancée, son expérience, son savoir, son expertise. ». (Isabelle
Bourgeois et Benoît Gauthier (2009), Recherche sociale : de la problématique à la collecte des données, Sainte-Foy, Les Presses de
l’Université du Québec).
Nous avons ainsi préalablement établi une vingtaine de questions, l’entrevue consistant en « une interaction verbale
animée de façon souple par le chercheur. Celui-ci se laissera guider par le rythme et le contenu unique de l’échange dans
le but d’aborder, sur un mode qui ressemble à celui de la conversation, les thèmes généraux qu’il souhaite explorer avec
le participant à la recherche. Grâce à cette interaction, une compréhension riche du phénomène à l’étude sera construite
conjointement avec l’interviewé ». (Isabelle Bourgeois et Benoît Gauthier (2009), Recherche sociale : de la problématique à la
L’entièreté de ces entrevues ont été réalisées via la plateforme Zoom, un service de vidéoconférence.
Les questions posées en premier lieu portaient sur les informations personnelles des participants, comme leur âge, leur
niveau d’éducation ainsi que leurs origines. Nous avons ensuite abordé leurs expériences vis-à-vis du Parc Outremont : la
fréquence de leurs visites, la date de leur première expérience du parc, leur élément préféré du site, ….
Pour finir, nous avons ajouté des questions basées sur la mémoire et le souvenir, avec leur expérience la plus marquante
Au terme de celles-ci, il a également été demandé aux participants de réaliser une carte mentale du site. Pour ce faire,
les participants bénéficiaient de l’ensemble du matériel de dessin qu’ils avaient en leur possession (crayons de couleurs,
Selon Kevin Lynch dans son ouvrage “The image of the city”, “Les images de l’environnement sont le résultat d’une
opération de va-et-vient entre l’observateur et son milieu. L’environnement suggère des distinctions et des relations et
l’observateur […] choisit, organise et charge de sens ce qu’il voit. L’image ainsi mise en valeur limite et amplifie alors
ce qui est vu, tandis qu’elle-même est mise à l’épreuve des impressions sensorielles filtrées, en un processus constant
d’interaction. Aussi l’image d’une réalité donnée peut présenter des variations significatives d’un observateur à un autre. ”.
L’analyse des cartes mentales réalisées par notre échantillon permet ainsi de mettre en lumière les éléments du parc et de
son contexte qui ont marqué les participants lors de leurs diverses visites du site, pour en tirer des conclusions.
DESCRIPTION DE L’ÉCHANTILLON
Notre échantillon est composé de personnes d’âges, d’origine et de niveau d’éducation différents. Une seule de ces
personnes habite dans le quartier à ce jour, les autres logent à proximité où y ont vécu dans le passé.
La moyenne d’âge est de 49,6 ans. La plus jeune personne interviewée étant âgée de 25 ans contre 69 ans pour la plus
âgée. Deux des participants sont des hommes, trois sont des femmes.
ANALYSE
ENTREVUES SEMI-DIRIGÉES [VOIR ANNEXE]
Au terme de nos cinq entrevues, plusieurs points communs entre les discours tenus par les participants se sont dévoilés.
Plusieurs similitudes sont apparues concernant leur vision quant au contexte du Parc Outremont. En effet, hormis les
personnes habitant ou ayant auparavant habité dans Outremont, ce quartier est qualifié de riche et bourgeois. Mais cet
ancrage du parc au sein d’un tel quartier offre un sentiment de sécurité souligné par les participants.
Selon les dires des participants, le Parc Outremont semble avoir majoritairement une vocation résidentielle. En effet, ce
n’est pas un parc qui vaut le détour car il est situé à proximité d’autres parcs bien plus grands et plus polyvalents. Ainsi, il
profite majoritairement aux habitants du quartiers, ce qui explique pourquoi les participants s’y rendent majoritairement
en moyen de transports doux, comme la marche ou le vélo. De cela résulte une faible fréquentation du parc, qui le rend
A travers leurs réponses, les participants dévoilent un attrait pour l’écrin de verdure qu’offre le parc, et soulignent en
particulier l’apaisement et le caractère esthétique de l’étang et de sa fontaine. Cette étendue d’eau est l’endroit du parc le
plus apprécié par 4 personnes sur les 5 interrogées, soit 80% de l’échantillon.
Le parc semble majoritairement fréquenté en été, ou du moins quand les températures et l’ensoleillement sont propices à
la détente. Trois des participants fréquentent principalement le parc en groupes retreints. De plus, les rassemblements de
personnes au sein du Parc Outremont lors des périodes de restrictions due à la COVID19 ont été mentionnés trois fois lors
obtenues est la forme carrée, bien définie, qui a été donnée au parc. Cela fait écho réponses
obtenues lors des entrevues semi-dirigées, qui mentionnent l’ancrage du parc au sein
participants ont d’ailleurs représenté les habitations qui encerclent le parc, avec quelques
SOPHIE
fois des inscriptions qui permettent de se localiser dans l’espace (comme le nom d’une
Dans la réalité, le parc adopte effectivement une forme carrée, qui semble donc être bien
Le second élément le plus flagrant est la représentation de l’étang sur la totalité des cartes
mentales, c’est d’ailleurs à chaque fois le premier élément tracé par les participants pour
CHARLES
débuter leur carte mentale. Pour quatre personnes sur cinq, il est représenté au centre du
parc, les dimensions qui lui sont données en font à chaque fois l’élément le plus imposant
du dessin. Les bancs qui longent l’étang sont d’ailleurs représentés sur trois des cinq cartes.
On remarque également que tous les participants ont représenté les toilettes du chalet.
Mais après réflexion, il est possible que l’entrevue semi-dirigée préalablement réalisée ait
bâtiment.
Les parcours qui traversent le parc adoptent sensiblement le même itinéraire pour les 4
participants qui les ont représentés. Il s’agit des chemins principaux qui divisent le parc
transversalement.
Enfin, un autre point qu’il est intéressant d’observer est la représentation de la végétation à
travers ces cinq cartes mentales. Trois participants n’ont représenté aucun élément végétal,
tandis que les deux autres ont uniquement indiqué la présence de quelques arbres, bien
FRANCIS
moins nombreux que dans la réalité. Cette quasi absence de représentation de la végétation
peut s’expliquer par le fait que cette présence végétale est tellement intégrée dans l’esprit
des participants, qu’ils ne pensent pas à le représenter lors de l’exercice, car cela semble
Dans l’ensemble, la programmation du parc semble être bien comprise par les participants,
SUZANNE
qui indiquent en général l’étang, le chalet, les itinéraires de marche, les zones d’assises et la
plaine de jeux.
APPROFONDISSEMENT DE 4 CONCEPTS
INTRODUCTION
L’analyse de ces entrevues nous a permis de faire émerger cinq thèmes principaux, qu’il nous semble pertinent
• Les raisons pour lesquelles la présence de verdure apaise et est appréciée des visiteurs.
• Les effets de l’été, de la lumière et des températures optimales sur l’appréciation du lieu par les promeneurs.
• Les effets de la présence d’eau dans le parc, et comment celle-ci capte l’attention et apaise le promeneur.
• Comment l’ancrage du parc dans un quartier résidentiel et qualifié de bourgeois influence le sentiment de sécurité.
Dans les pages qui suivent, nous appuierons nos propos grâce à des textes et recherches de divers auteurs, pour explorer
d’éléments naturels au sein du Parc Outremont. Deux d’entre eux conseillaient même l’ajout d’arbres supplémentaires
Cette appréciation des espaces verdurisé et du contact avec la nature s’explique par différents éléments. Tout d’abord,
l’arborescence des arbres matures offre un sentiment de sécurité, car il forme une espèce de petit cocon privé, qui donne
l’impression d’être ailleurs. (Waldeinsamkeit : La solitude dans la forêt, Parc Ontario, 2021). Et cela en réduisant l’impact des
îlots de chaleur en ville. (Verdir Montréal pour s’adapter aux changements climatiques, Auteur inconnu, 2020)
Il a également été prouvé que la couleur vert foncé du feuillage et de la pelouse est d’une grande aide pour faciliter le
sentiment de calme, et pour nous ramener vers des évènements plus doux et relaxants. Il s’agit en fait d’une couleur
apaisante qui réduit notre sensibilité au stress. (PORTAL Frédéric «Des couleurs symboliques dans l’antiquité, le moyen âge et
Francis Hallé, célèbre botaniste français, a d’ailleurs déclaré dans une entrevue accordée à Radio-Canada en 2015 : « Je
suis absolument persuadé que nous dépendons des plantes pour notre survie ».
Pour illustrer les impacts considérables sur la santé physique et mentale des gens qui côtoient des es-paces verdurisés,
nous pouvons mentionner une étude menée en 2015 au Royaume-Uni (BioScience, Volume 65, Issue 12, 01 December 2015,
Pages 1141–1153, T.M. Beardsley). L’étude fut pratiquée sur un laps de temps de sept jours et avait pour objet les habitudes
Un ensemble d’environ 20 000 cobayes s’est prêté à une série de tests pour déterminer deux facteurs :
• le temps idéal d’exposition nécessaire afin de maximiser les bénéfices offerts lors d’un contact avec un espace vert,
Il ressort de ces recherches qu’une exposition intermittente de deux heures par semaine serait assez forte pour contribuer
à une meilleure santé mentale. Cette exposition peut être directe, comme lors d’une visite dans un parc de voisinage, mais
peut également être indirecte, comme l’orientation vers une fenêtre avec une vue sur de la verdure. Car malgré la distance,
les effets bénéfiques de la végétation restent les mêmes, que l’on soit assis sur un banc sous une canopée dense ou bien
penchée sur la corrélation qu’il existe entre la présence de nature et les taux de criminalité dans des communautés
hostiles. Cette étude constate que le taux de criminalité est drastiquement plus faible dans les villes plus vertes et
sauvages.
La présence de la nature contribue donc également au sentiment de sécurité, qui est souligné par l’ensemble des
Pour finir, en se basant sur les expériences des dernières années, il est clair que la pandémie mondiale de COVID19 a su
confirmer l’importance d’un accès rapide et de la proximité avec des environnements extérieurs apaisants. Les espaces
verdurisés se sont avérés être bénéfiques pour le maintien de la santé, tant mentale que physique (Dr. Scott Lear «Les
bienfaits de la nature sur votre santé», 2020). Il a également été démontré que, suite aux mesures sanitaires mises en
place, les Montréalais, ainsi que plusieurs autres communautés, ont drastiquement changé leurs habitudes de sorties
extérieures, ce qui a été un pilier important au maintien de la santé des citoyens (A. Eykelbosh A. Chow «Espaces verts
canadiens durant la pandémie de COVID-19 : avantages pour la santé publique et planification de la résilience», 2022). Cela
s’observe dans les réponses obtenues à notre questionnaire, où trois des participants mentionnent la présence de
rassemblements de personnes au sein du Parc Outremont lors des périodes de restrictions due à la COVID19.
En résumé, la présence de végétaux est un des éléments clés du parc, qui le rend reposant et rassurant, et qui est
Un second élément relevé lors de nos entrevues est l’impact des conditions météorologiques sur l’expérience vécue au
sein du parc. En effet, la dernière visite du Parc Outremont remonte à l’été pour 80% de notre échantillon, période de
l’année où les températures sont souvent douces et où l’ensoleillement est important. Plusieurs participants mentionnent
Lors de notre précédent travail d’observation sur ce même site (J. Philippot,
zones d’ensoleillement.
Nous avions notifié que les assises et zones du parc les plus sollicitées par
le public sont celles exposées au soleil, tandis que les assises orientées à
l’ombre sont plutôt utilisées par dépit, lorsque les places ensoleillées sont
comparaison
comp araison entre les zones ensoleillées et la localisation des
activités stationnaires du 2 octobre
(JP, LV, JB, IA, CP «Approche de la réception des paysages, TP1 Ainsi, l’utilisation du mobilier est dictée par notre désir d’être au soleil.
- observations : le Parc Outremont»)
Avant de tenter d’expliquer les bienfaits que procure l’ensoleillement, penchons-nous d’abord sur l’importance qui lui est
Dans la deuxième moitié du 19ième siècle, les chercheurs mettent en évidence l’importance de l’air et de la lumière sur la
prévention des maladies comme la Tuberculose (cf. Pasteur et la pénicilline). L’ensoleillement est alors décrit comme facteur
microbien. C’est le début de l’intérêt porté au soleil dans les projets d’urbanisme et d’architecture. Le principal objectif est
d’optimiser l’accès au soleil en toute saison afin que les utilisateurs puissent profiter au maximum de ses bienfaits.
La recherche de l’ensoleillement pour lutter contre les maladies devient une thématique phare dans l’architecture, si bien
Une des théories emblématiques du 20ième siècle est celle de Rey, Pidoux et Barde, développée dans un ouvrage
appelé « Science des plans de villes ». C’est ce qu’on appelle la théorie héliothermique. Elle est supposée conduire à une
solaire. Les chercheurs déterminent ainsi l’orientation optimale des bâtiments (autour de 20° par rapport à l’axe Nord-Sud).
Le Corbusier, architecte pionnier du mouvement moderniste, adhère à cette théorie et l’intègre dans ses cités radieuses. Il
De nos jours, avec les progrès de la science, les maladies contagieuses se font de plus en plus rares et la théorie
héliothermique est abandonnée. Cependant, l’ensoleillement reste au cœur des préoccupations des architectes.
Des recherches ont en effet démontré que l’exposition au soleil pourrait diminuer les risques de maladies et notamment
l’apparition de certains cancers (sein, colorectal) en plus d’avoir des impacts bénéfiques sur l’hypertension et autres
maladies cardiovasculaires.
On distingue trois types de rayonnements émis par le soleil : les ultraviolets (responsable la production de mélatonine), les
rayons infra-rouges (responsable de l’effet de chaleur) et la lumière visible. Ces trois rayonnements ont tous un impact sur
notre santé.
Ce sont des opiacés naturels qui atténuent la douleur et nous font nous sentir bien. (d’après Jean-François Doré, directeur
de recherche à l’Inserm au centre de recherche de cancérologie de Lyon). Ils permettent la libération de la sérotonine,
appelée également « hormone du bonheur ». Ainsi, le manque de luminosité chronique peut entrainer de la dépression
saisonnière.
Les UV permettent également de réguler notre horloge interne et synthétiser la vitamine D qui permet de solidifier les os.
• Les rayons infra-rouges permettent de ressentir la chaleur qui permet la dilatation des vaisseaux sanguins et améliore
la respiration (car il y a augmentation de l’apport en oxygène). Ces rayonnements seraient également bénéfiques pour
Le soleil aide à faire fleurir les relations sociales. En effet, d’après les travaux de Guéguen, deux individus sont plus aptes à
L’exposition aux rayons lumineux nous rend plus disponible aux autres. Ce résultat provient d’une étude sur l’analyse
de l’effet du soleil sur les comportements humains, produite par Cunningham en 1979. Il tente d’isoler le poids de
l’ensoleillement sur l’altruisme. Pour ce faire, il a été demandé à plusieurs participants de répondre à une série de 80
questions, en ayant la possibilité d’interrompre l’échange dès qu’ils le souhaitaient. Les résultats montrent que plus il
y avait d’ensoleillement, plus les participants répondaient à davantage de questions. Et cela à n’importe quelle saison.
Ce n’est donc pas la température qui influe mais l’ensoleillement. Ainsi, il est important de prêter attention au niveau
météorologiques influent grandement sur les comportements dans l’espace public, car en hiver, la luminosité est plus
faible et l’ensoleillement est présent sur une plage horaire plus restreinte qu’en été. L’objectif est donc de continuer à
Comme le décrit Jean Gehl, la présence d’individus dans l’espace public permet d’en évaluer le succès. Mais, même si nous
devons tirer profit du maximum d’ensoleillement en hiver pour attirer des gens et continuer à maintenir un lien social, il
faut également valoriser la réalité climatique de l’hiver. Selon Gehl, l’environnement urbain se doit d’apporter des activités
hivernales, comme la reconversion d’un lac en patinoire par exemple. Cela permettrait d’attirer les gens, et cela même si
En résumé, la présence de lumière et de soleil a un impact non négligeable sur notre bien-être et notre perception d’un
lieu. Mais malgré tout, même si l’ensoleillement manque en hiver et que les températures n’incitent pas à occuper l’espace
l’étang. Cela signifie que les usagers du parc lui accordent une grande importance.
De plus, lors de notre précédent travail d’observation du Parc Outremont (J. Philippot, L. Vlaemynck, J. Boulé, Augé et C.
Parents « Approche de la réception des paysage, TP1 - observations : le Parc Outremont »), nous avons pu observer la tendance
des visiteurs du parc à se promener autour de l’étang, quitte à emprunter un détour par rapport à leur itinéraire initial. Les
activités stationnaires étaient également principalement concentrées vers cette étendue d’eau, et les places assises les
[1] [2]
La présence d’eau dans un parc est en effet bénéfique pour les individus, car, comme l’affirme Marc Berman « L’eau aide
De nombreuses recherches ont démontré l’impact de la présence d’eau sur le bien-être mental des humains. Dans son
livre « Blue Mind », le Docteur en biologie Wallace J. Nichols déclare que le contact de l’eau améliore nos performances,
nous apaise et réduit notre anxiété. Nichols nomme ce lien entre l’homme et l’eau « l’esprit bleu ». Cet esprit explique les
changements neurologiques, psychologiques et émotionnels auxquels notre cerveau fait face lorsque nous sommes à
proximité d’une étendue d’eau. Ainsi, « L’esprit bleu » illustre non seulement le caractère essentiel de notre connexion à
Lors de notre travail d’observation Outremont (J. Philippot, L. Vlaemynck, J. Boulé, Augé et C. Parents « Approche de la
réception des paysage, TP1 - observations : le Parc Outremont »), nous avons également notifié plusieurs interactions entre
les usagers et l’eau. En effet, en plus d’être irrésistiblement attirés le long de l’étang, plusieurs individus entretiennent une
interaction physique avec lui, et plus uniquement un simple contact visuel. Certains visiteurs viennent y nourrir les canards
où y tremper leurs mains, les enfants viennent toucher l’eau, jouer avec elle en y lançant des cailloux, …
Parc Outremont : interaction des usagers avec l’eau (JP, LV, JB, IA, CP «Approche de la réception des paysages, TP1 - observations : le Parc Outremont»)
Pour expliquer cela, le biologiste et naturaliste Edward O. Wilson emprunte le terme « biophilia » pour exposer son
hypothèse concernant le lien intuitif qui lie l’homme à la nature. « L’homme est instinctivement lié à la nature, à l’eau,
et ce, physiquement, cognitivement et émotionnellement. Le concept de biophilie renvoie au besoin inné de l’homme
de s’intégrer au monde naturel. Ayant perdu ses repères, l’homme moderne doit renouer avec son amour fondamental
pour le vivant. Un amour inné aussi fort qu’indispensable. Le contact visuel avec l’eau et la nature procurerait des effets
rassurants et bénéfiques sur le cerveau. Aussi simple que cela puisse paraître, l’homme y retrouverait ce qui lui a permis de
En suivant les propos de Nichols et Wilson, il semble donc crucial pour l’humain de se retrouver dans des milieux qui
contiennent des éléments naturels. Cela lui permet un retour aux sources, en plus s’évader, le temps d’un instant, de la vie
contemporaine mouvementée.
Mais cette attirance des individus pour l’étang et ces multiples interactions avec l’eau peuvent également être rapportées
au concept de triangulation théorisé par William Whyte dans son livre « The Social Life of Small Urban Spaces », qui est
défini comme « Le processus par lequel des stimulus externes créent une opportunité d’interaction sociale qui incite des
étrangers à se parler ». Ainsi, l’étang, par sa centralité dans le parc, endosse le rôle de ce stimulus externe, qui entraine des
En plus de ses bienfaits sur le bien-être mental des humains, l’eau est étroitement liée à la rêverie et à l’imaginaire des
hommes. Comme Gaston Bachelard l’exprime à travers son ouvrage « L’Eau et les Rêves », « En capturant l’image du ciel
et de la nature, le cours d’eau fait miroiter son propre décor. De son reflet émerge une réalité nouvelle, une forme d’unité
vouée à la rêverie créatrice. Multipliant les images et les possibilités, l’infini au sein du rêveur est aussi profond que les
eaux qu’il observe. Ici, l’eau se fait muse ou encore source d’inspiration illimitée. ». Ainsi, si nous suivons les propos de
Gaston Bachelard, l’eau est un élément qui nous permet de nous échapper de la réalité et nous offre la possibilité à notre
imaginaire de se révéler.
APPROFONDISSEMENT DE 4 CONCEPTS
LA SÉCURITÉ AU SEIN DU PARC OUTREMONT
Lors de nos cinq entrevues semi-dirigées, l’unanimité des participants a affirmé se sentir en sécurité au sein du Parc
Outremont. Après l’analyse de leurs réponses, il semblerait que le contexte du site joue un rôle important dans ce
sentiment de tranquillité. En effet, le cadre résidentiel, qualifié de bourgeois par les participants, abrite principalement des
familles et des personnes âgées. Cet environnement réservé à l’habitation offre une ambiance plus calme, communautaire
et rassurante.
Pour expliquer l’effet rassurant d’un cadre principalement à vocation résidentielle, Oscar Newman théorise le «defensible
space» qui est « un modèle d’environnement résidentiel qui décourage la criminalité en créant l’expression matérielle d’un
tissu social qui assure sa propre défense ». Il s’agit donc « d’encourager la formation d’une communauté réelle de gens
partageant un sentiment de responsabilité collective et d’un droit de regard sur un territoire qui leur est commun et dont
ils assurent ensemble la sécurité en exerçant un contrôle social sur toutes les activités qui s’y déroulent. » (Michel Conan,
1988)
Les habitations du quartier Outremont sont principalement des maisons victoriennes ne dépassant pas les 2 ou 3 étages.
Cette faible hauteur des bâtiments est encouragée par Jane Jacobs pour renforcer le sentiment de sécurité au sein de
l’espace public car « les quartiers à usage mixte de faible hauteur avec les yeux sur la rue permettent aux résidents de
contrôler leur propre quartier. L’auto-surveillance permise par la conception pourrait améliorer l’ambiance urbaine et le
taux réel de criminalité, dans le cadre de Jacobs, car la peur réelle et rhétorique du crime étaient étroitement liées. » (Joie
Mais il n’y a pas uniquement le sentiment de communauté et l’altimétrie du bâti qui impactent le sentiment de sécurité au
sein du parc. En effet, les compositions végétales et les strates végétatives imaginées par le concepteur paysager peuvent
Dans le cas du Parc Outremont, la strate arbustive est complètement absente, au profit de grands arbres qui parsèment
une vaste étendue de pelouse. Cette composition végétale permet un contact visuel constant vers l’intérieur et l’extérieur
du parc, et réduit les espaces propices pour se cacher. De ce fait, les usagers avec des intentions malveillantes n’ont pas
la possibilité de s’y dissimuler. Comme l’explique Éric Valerio « La visibilité se rapporte au fait « de voir et d’être vu ». Les
habitants d’un quartier veulent savoir et voir tout ce qui s’y déroule et se sentent rassurés du fait que les autres citoyens
sont également informés de ce qui se passe. Il convient d’interpréter dans un sens large le concept de « voir et être vu ».
Cela signifie qu’un nombre suffisant de personnes doit être présent pour voir et entendre tout ce qui se passe et
qu’il faut une certaine contiguïté grâce à laquelle les habitants d’un quartier connaîtront rapidement leurs voisins et
Un autre point qui vient renforcer le sentiment de sécurité dans le parc est la multitude d’activités diverses que l’on
peut y pratiquer. Cela signifie que parc est accueille en permanence divers usagers, d’âges et de cultures différents. Or,
« la mixité de fonctions doit également être étendue à la population : le fait que des résidents plus âgés et des familles
plus jeunes vivent dans un même quartier peut réduire le sentiment d’insécurité éprouvé par les personnes âgées. En
effet, cette mixité intergénérationnelle dans les quartiers facilite des rencontres entre ces deux types de population qui
autrement n’auraient pas eu lieu. Ces échanges peuvent, à leur tour, diminuer les préjugés et les craintes que certains
seniors pourraient avoir à l’égard des plus jeunes. En même temps, les jeunes ont la possibilité d’apprendre à connaître
En analysant le concept de sécurité, il apparaît qu’une multitude de facteurs différents influencent ce sentiment. C’est en
combinant ces différents facteurs entre eux que l’on parvient à créer des aménagements sécuritaires où la population se
sent rassurée.
CONCLUSION
En conclusion, en s’appuyant sur les cartes mentales et les réponses obtenues lors de nos cinq entrevues semi-dirigées
et en s’appuyant sur les concepts et théories de différents auteurs et scientifiques, nous pouvons dégager les différents
Tout d’abord, son contexte bourgeois et résidentiel, de même que sa programmation végétale en font un lieu sécuritaire,
De plus l’écrin de verdure qu’il offre au quartier ainsi que la possibilité de reconnexion aux éléments naturels tels que l’eau,
la nature et le soleil impactent positivement la santé mentale et physique des usagers. Tout en offrant un cadre propice à
• LYNCH Kevin “The image of the city”, The MIT Press, 1990
• GHEL Jan et SVARRE Birgitte “La vie dans l’espace public : comment l’étudier”, Ecosociété, 2019
• CHAPOULIE Jean-Michel “Le travail de terrain, l’observation des actions et des interactions, et la sociologie” article PDF
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• · Article ‘’L’analyse de la perception de la place’’ https://unt.unice.fr/uoh/espaces-publics-places/essentiel_
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• Article ‘’Design : comment mener un entretien semi-directif’’ https://blog.openclassrooms.com/2019/04/12/design-
comment-mener-un-entretien-semi-directif/
• Guide ‘’Conduire un entretien semi-directif’’ https://ritabencivenga.files.wordpress.com/2018/03/guide_entretien.pdf
• Livre ‘’Guide d’organisation d’entretiens semi-dirigés avec des informations clés’’ https://numerique.banq.qc.ca/
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• Article ‘’Création et analyse de cartes mentales’’ https://ourednik.info/maps/2021/11/07/creation-et-analyse-de-
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• Daniel Siret, Rayonnement solaire et environnement urbain : de l’héliotropisme au désenchantement, histoire et
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Site Web : https://journals.openedition.org/developpementdurable/9767
Consulté le 13 décembre 2022
• Marie-Hélène Lessard, Les impacts de l’exposition au soleil sur notre santé
Site web : https://anaq.ca/habitudes-de-vie/impacts-exposition-au-soleil-sante/
Consulté le 13 décembre 2022
• Vever, Marine (2012). Comprendre la sociabilité des espaces publics à travers leur potentiel piétonnier : le cas
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Site web : https://espace.inrs.ca/id/eprint/113/
Consulté le 13 décembre 2022
• Michel Parazelli, Les enjeux du partage de l’espace public avec les personnes itinérantes et sa gestion à Montréal et
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Site web : https://frq.gouv.qc.ca/app/uploads/2021/09/pc_pazarellim_rapport-2013_espaces-publics-vs-itinerance.pdf
Consulté le 13 décembre 2022
• NICOLAS GUÉGUEN, L’effet du soleil sur notre humeur et nos comportements (10 juin 2012)
Site web : https://www.futura-sciences.com/sante/dossiers/medecine-bien-etre-sante-nature-1491/page/6/
Consulté le 13 décembre 2022
LA PRÉSENCE D’EAU ET COMMENT CELLE-CI CAPTE L’ATTENTION ET APAISE L’USAGER
• Diane Cacciarella, L’eau serait bénéfique pour la santé mentale ( 5 septembre 2022)
Site web : https://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/40531-L-eau-serait-benefique-sante-mentale
Consulté le 13 décembre 2022
• Medias Citoyens Diois, LES BIENFAITS INSOUPÇONNÉS DE L’EAU SUR NOTRE SANTÉ MENTALE (11 septembre 2022)
Site web : https://mediascitoyens-diois.info/2022/09/les-bienfaits-insoupconnes-de-leau-sur-notre-sante-mentale/
Consulté le 13 décembre 2022
• Strøm spa nordique, L’homme et l’eau : miroir d’une relation multidimensionnelle
Site web : https://www.stromspa.com/magazine/bien-etre/lhomme-et-leau-miroir-dune-relation-multidimensionnelle/
Consulté le 13 décembre 2022
• Bachelard, Gason (1942). L’Eau et les Rêves. Paris, France
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• Wilson, Edward (1984). Biophilia. Paris, France
Site web : https://fliphtml5.com/yseht/azrx/basic
Consulté le 14 décembre 2022
• Nichols, Wallace (2014). Blue Mind. New York, États-Unis
Consulté le 14 décembre 2022
• Strøm spa nordique, L’architecture de l’eau
Site web : https://www.stromspa.com/magazine/architecture-design/larchitecture-de-leau/
Consulté le 14 décembre 2022
• Strøm spa nordique, Ode à l’or bleu, une leçon de vie sous-marine : Entrevue avec Mario Cyr
Site web : https://www.stromspa.com/magazine/entrevues/ode-a-lor-bleu-une-lecon-de-vie-sous-marine/
Consulté le 14 décembre 2022