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: G8405 V2
Développement durable et
Date de publication :
10 mars 2022
responsabilité sociale de
l’entreprise (RSE)
Keywords Abstract Sustainable development suggests a new social project that invites us to rethink
sustainable development | the relationship between societies and nature, while corporate social responsibility
Corporate social responsibility
reflects a new role for business, that now extends beyond the economic sphere. Both
concepts refer to a transformation of economies through a transition to a green and
inclusive economy. They involve all actors in society and are based on new standards
often resulting from participatory processes.
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Développement durable
et responsabilité sociale
de l’entreprise (RSE)
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1. Développement durable menace, tant pour eux que pour les régions les plus prospères. […]
Je crois que nous devrions mettre à la disposition des peuples
pacifiques les avantages de notre réserve de connaissances tech-
niques afin de les aider à réaliser la vie meilleure à laquelle ils
Le développement durable est défini comme étant : aspirent. Et, en collaboration avec d’autres nations, nous devrions
Un développement permettant de répondre aux besoins du encourager l’investissement de capitaux dans les régions où le
présent sans compromettre la capacité des générations futures développement fait défaut. […] Une production plus grande est la
de répondre aux leurs, qui tient compte des dimensions envi- clef de la prospérité et de la paix. »
ronnementale, sociale et économique dans une perspective La nouvelle terminologie du développement n’est pas anodine
d’équité. sur le plan géopolitique. Elle véhicule une perspective des rela-
tions internationales où les pays sous-développés peuvent tous
prétendre au développement. Elle rompt ainsi avec une logique
Cette définition est inspirée par le rapport Brundtland, intitulé
coloniale où les colonies étaient maintenues sous l’emprise des
Notre avenir à tous et publié en 1987 par la Commission mondiale
grandes puissances. Alors qu’ils ne pouvaient prétendre à de tels
sur l’environnement et le développement (CMED) que présidait
liens coloniaux, cette terminologie va légitimer l’intervention éco-
Gro Harlem Brundtland, à l’époque première ministre de la Nor-
nomique des États-Unis auprès des anciennes colonies grâce à la
vège. Ce rapport, qui servit de base aux travaux du Sommet de la
nouvelle rhétorique de l’aide au développement.
Terre de Rio en 1992 (encadré 1), a popularisé l’expression
« développement durable » [1].
1.1.1 La croissance comme modèle de société
Encadré 1 – Sommet de la Terre La terminologie développement/sous-développement est animée
de Rio de Janeiro en 1992 par une métaphore naturaliste qui assimile les sociétés à des orga-
nismes vivants [8] : à l’instar de la plante qui passe de la graine à
Le Sommet de la Terre, ou Sommet de Rio, a réuni plus l’arbre, les sociétés évoluent vers un stade de maturité. Propo-
d’une centaine de chefs d’État ainsi que des ONG et des entre- sée par Rostow en 1960 [9], la théorie des étapes de la crois-
prises. En ont découlé trois conventions internationales : la sance explique que toute société passe par plusieurs stades
Convention sur la diversité biologique, la Convention évolutifs avant d’en arriver à l’âge de la consommation de masse,
cadre des Nations unies sur les changements clima- son idéal, et stade ultime de développement.
tiques et la Convention des Nations unies sur la lutte Les étapes de la croissance économique de Rostow (1960), illus-
contre la désertification. On y adopta également la Décla- trées par la figure 1, sont :
ration de Rio, qui fixe de grands principes de gouvernance, – la société traditionnelle (Traditional society) ;
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ainsi que le programme Action 21, qui énonce une série de – les conditions préalables au décollage (Preconditions for take-
recommandations à l’attention des pays et dont s’emparèrent off) ;
aussi les collectivités locales (Agendas 21 locaux). C’est dans – le décollage (Take-off) ;
la foulée de ce sommet que sera fondé le Conseil mondial des – la phase de maturité (Drive to maturity) ;
affaires pour le développement durable (WBCSD) qui réunit – l’âge de la consommation de masse (Age of High mass
les hauts dirigeants de plus de deux cents grandes entre- consumption).
prises. Le Sommet de Rio fut suivi dix ans plus tard par le
Sommet mondial sur le développement durable à Johannes-
burg, puis par Rio + 20, en juin 2012.
Société de
Production
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Très populaire dans les années qui ont suivi sa publication, cette
théorie a néanmoins fait l’objet de nombreuses critiques, tout spé- Encadré 2 – Le concept d’externalité
cialement dans les pays du Sud qui en ont dénoncé le caractère environnementale
linéaire et déterministe, mais aussi le manque de perspective his-
torique et politique. Le modèle de Rostow occulte en effet les rela- Supposons une usine qui produit un bien en utilisant des
tions que les sociétés entretiennent entre elles et leur histoire arbres et de l’eau, et qui rejette des effluents toxiques dans
commune ; certaines sociétés se sont développées au détriment une rivière. La réduction du nombre d’arbres et de la quantité
d’autres sociétés en leur imposant par exemple des relations d’eau de même que la pollution de la rivière correspondent à
commerciales inéquitables et un modèle économique désavanta- des coûts pour les autres agents qui n’ont plus le même accès
geux. Par ailleurs, la société de consommation de masse ne à ces ressources. L’internalisation des externalités environne-
marque pas la fin du processus de transformation d’une société mentales consiste à imputer à l’usine les coûts écologiques
comme s’il était indépassable, et n’est pas le seul modèle vers qu’elle fait supporter aux tiers. Dans notre exemple, cela peut
lequel une société peut tendre ; si bien qu’ériger la consommation se traduire par l’imposition, à l’usine, de redevances sur les
de masse en idéal s’apparente davantage à une position idéolo- ressources naturelles qu’elle utilise ainsi que d’une taxe sur
gique qu’à un constat scientifique. ses effluents. Ces sommes servent à compenser les agents
économiques lésés ou à financer la restauration des biens et
Ces critiques ont inspiré de nouvelles approches du développe- services écologiques détériorés. À travers l’internalisation de
ment sensibles à l’autonomie et à l’autodétermination des peuples, ses externalités, l’usine est donc forcée d’assumer le coût des
qui cherchèrent à rendre compte de l’impact des relations ressources naturelles et de la capacité de charge qu’elle faisait
commerciales puis du mode d’insertion dans l’espace économique supporter par les autres agents. Cela l’incite à moderniser son
mondial sur les formes et la vitalité du développement d’une processus de production pour réduire ce coût de manière à
société. L’idéal d’un développement industriel alimentant une maintenir sa profitabilité.
consommation de masse fit place aux concepts de développement
endogène, autocentré, et même de post-développement. En distin-
guant notamment le développement du développement écono- Cette confusion est notamment alimentée par la représentation
mique, ces théories mirent en valeur les formes non traditionnelle du développement durable (figure 2) qui insiste sur
économiques d’un développement dit « humain ». une intégration des trois dimensions économique, sociale et envi-
ronnementale dans la prise de décision et la conception des pro-
jets. Simple, cette représentation ne donne néanmoins aucune
1.1.2 Crise écologique indication sur la manière de procéder à cette intégration ni sur la
façon de résoudre les éventuelles contradictions susceptibles de se
Le développement durable fait intervenir une toute nouvelle faire jour entre les différentes dimensions. Par ailleurs, cette repré-
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dimension aux théories sur le développement. Avec la prise de sentation donne l’impression que le développement durable prend
conscience d’une crise écologique à grande échelle au tournant la forme d’un équilibre harmonieux entre les trois sphères de
des années 1970, les pays du Sud pouvaient craindre que leurs vel- l’environnement, de l’économie et du social. Or, les décisions et
léités de développement ne soient entravées par les nouveaux les projets impliquent bien souvent des arbitrages dont le dévelop-
impératifs de protection de l’environnement. Ce qui conduisit pement durable prétend infléchir l’issue : à la prédominance des
Indira Gandhi à faire un premier rapprochement entre les deux objectifs économiques, il cherche à substituer l’urgence des impé-
enjeux en déclarant, à l’occasion de la conférence des Nations ratifs écologiques. C’est pourquoi le développement durable
unies sur l’environnement en 1972 : « La pauvreté est la forme requiert une rupture souvent douloureuse avec d’anciennes pra-
la plus grave de pollution ». C’est précisément au dilemme tiques que reflète mal ce schéma conciliant.
entre développement économique ou conservation de la nature
que le rapport Brundtland et le Sommet de Rio cherchèrent à
répondre : le concept de développement durable est une tentative
de concilier la protection de l’environnement et le dévelop-
pement économique. Or, cette conciliation, nécessaire sur le
plan politique, allait s’avérer difficile en pratique.
L’opérationnalisation du développement durable s’est heurtée à
un système économique étranger aux paramètres écologiques : les
ressources naturelles et la capacité de charge des écosystèmes
sont gratuites ou peu coûteuses, si bien que les agents écono-
miques n’en tiennent pas compte dans leurs décisions. Ce faisant,
ils engendrent ce qu’on appelle des « externalités Économie Société
environnementales » (voir encadré 2), c’est-à-dire que leur pro-
duction entraîne des coûts écologiques qu’ils n’assument pas
puisque ces coûts ne sont pas comptabilisés dans le bilan de leurs
opérations ; ces coûts se répercutent donc sur des tiers ou sont
assumés par l’ensemble de la collectivité. L’intégration de para-
mètres écologiques au système économique se traduit par de nou-
velles exigences qui entrainent souvent des coûts pour les
entreprises. En modifiant leur schéma de rentabilité, ces coûts sup-
plémentaires peuvent fragiliser des secteurs économiques entiers
et, par conséquent, les emplois qui en dépendent. Environnement
Développement
S’il propose de concilier l’économie, l’environnement et le durable
social, le développement durable n’aborde pas de front l’épineux
problème de la modernisation écologique de l’économie, c’est-à-
dire la manière d’intégrer les paramètres écologiques dans le fonc-
tionnement de l’économie. Cela a donné lieu à beaucoup de confu-
sion sur sa véritable signification et sa mise en œuvre, et nourri
des critiques quant à sa portée réelle. Figure 2 – Représentation traditionnelle du développement durable
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Sans pour autant résoudre les ambiguïtés du concept, les objec- la croissance économique et la protection de l’environnement, qui
tifs de développement durable (ODD) (initialement objectifs du postule un rapport fixe entre les deux.
millénaire pour le développement OMD) de l’ONU enrichissent le
Pourtant, certains secteurs économiques ont plus d’impacts éco-
sens à donner au développement durable en précisant des
logiques que d’autres. En d’autres termes, une hausse du PIB peut
domaines d’intervention prioritaires. Les dix-sept ODD fixent des
correspondre à une dégradation de l’environnement ou non selon
cibles visant à éradiquer l’extrême pauvreté et la faim en favori-
l’activité qui en est à l’origine. Le rapport entre la croissance éco-
sant notamment l’agriculture durable, à promouvoir la santé et le
nomique et la préservation de l’environnement dépend donc de la
bien-être, à donner accès à l’éducation, à parvenir à l’égalité des
structure industrielle de l’économie et peut évoluer. C’est ce
sexes, à garantir l’accès à l’eau et à préserver les océans et leurs
qu’exprime le concept d’intensité écologique de l’activité écono-
ressources, à garantir l’accès à l’énergie, à promouvoir la crois-
mique, voisin du concept d’intensité énergétique et de celui, plus
sance économique et le plein emploi ainsi que des modes de pro-
récent, d’intensité carbone (encadré 3 et figures 3 et 4).
duction et de consommation durables, à bâtir une infrastructure
résiliente au sein de villes sécuritaires, à réduire les inégalités et à
promouvoir la paix et la justice, à lutter contre les changements cli- L’intensité écologique de l’économie traduit le degré de
matiques, à préserver les écosystèmes terrestres et à nouer des dégradation écologique par unité économique (en point de PIB
partenariats en vue de réaliser ces objectifs. par exemple).
Nota : la décroissance est un courant de pensée qui prône la nécessité d’une réduc- ■ L’intensité carbone représente, quant à elle, l’évolution
tion de la taille de l’économie en vue de contenir et de résoudre la crise écologique. des émissions de gaz à effet de serre par rapport à la produc-
tion économique d’un pays. Elle est exprimée en kilogrammes
Selon la seconde, seule la croissance économique permet les de CO2 par dollar de PIB.
investissements nécessaires à la protection de l’environnement. Il
ne faut donc pas la contraindre, mais bien la stimuler pour réinves-
tir ses fruits dans la conservation écologique et la modernisation Par conséquent, on peut imaginer une croissance économique
technologique. qui ne serait pas dommageable pour l’environnement (figure 5). A
contrario, même si elles restaient stationnaires, la plupart des éco-
Paradoxalement, ces positions antinomiques reposent toutes nomies actuelles continueraient de menacer les équilibres écolo-
deux sur une compréhension incomplète des liens existants entre giques.
1,80 2,5
(en kg de CO2 par dollar de PIB. PPA 1000)
Intensité carbone
États-Unis
États-Unis 2
UE 15
1,5
1,60
1
0,5
1,40 Japon
0
1870 1890 1910 1930 1950 1970 1990
1,20
Ensemble des pays
Europe développés étudiés
1,00
des 15
0,80
0,60
Japon
0,40
1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
Source : CDIAC, Groningen Growth and Development Centre and the Conference Board, Maddison.
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150 PIB
120
CO2
Émissions de
CO2 liées à
+ 1,8 %
Changement du G20 depuis 1990
90 l’énergie (2018)
Approvisionnement
total en énergie
60 primaire
Population
30
Intensité carbone
0 CO2 du secteur de l’énergie
(CO2/ATEP)
– 30 Intensité carbone
de l’économie
(ATEP/PIB)
– 60
1990 1995 2000 2005 2010 2015 2018
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Figure 4 – Principaux facteurs ayant influencé l'augmentation des émissions de CO2 dans les pays du G20 en 2018
Le lien entre l’économie et l’environnement ne se résume innovations techniques et comportementales qui réduisent l’inten-
donc pas au débat sur la croissance, et doit d’abord être sité écologique des produits et services (figure 7).
appréhendé à travers l’effet qu’une économie a sur l’envi-
ronnement à un moment précis. Bien entendu, la croissance La réduction de l’intensité écologique de l’économie peut résul-
est susceptible d’aggraver l’impact d’une économie déjà nuisible à ter de plusieurs stratégies. Elle peut reposer sur une modification
l’environnement. Mais on peut aussi imaginer une croissance qui de la structure industrielle qui favorise les activités à faible inten-
soit sans effet, car portée par des activités dématérialisées, ou sité écologique au détriment des activités intensives : ainsi la ter-
même une croissance entraînant une réduction de l’intensité tiarisation, c’est-à-dire l’augmentation du secteur des services par
écologique grâce au développement de nouvelles technologies rapport aux secteurs primaires et secondaires, participe de la
ou de nouveaux schémas de consommation (pour une illustration réduction de l’intensité écologique d’une économie prise dans son
de l’évaluation de l’intensité écologique de l’économie, voir les ensemble. Plus précisément, une évolution des schémas de
encadrés 4 et 5 et figures 8, 9 et 10 ci-après). consommation vers le secteur des services au détriment de biens
périssables a pour effet de dématérialiser l’économie.
En résumé, si le rapport entre l’activité économique et son impact
sur l’environnement demeure inchangé (figure 6), la croissance Par ailleurs, au sein même d’un secteur industriel particulier, il
d’une économie déjà nuisible à l’environnement entraînera une est possible de dématérialiser un processus de production grâce à
dégradation accrue. Pour que la croissance n’entraîne pas d’impact une modernisation technologique ; par exemple, un nouveau pro-
écologique supplémentaire, elle devra être découplée de la cédé de fabrication qui minimise la quantité d’eau ou de matières
dégradation écologique, ou si l’on préfère « dématérialisée », en premières nécessaires à la production d’un bien permet une réduc-
étant portée par des activités à intensité écologique nulle ou par des tion de son intensité écologique.
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jeux vidéos/importation de
Dépenses en éducation
matières premières
Exportation de
énergétique
Programme
Achat de billets
d’efficacité
de théâtre
PIB = C + I + G + X−I
importation de services
Achat d’une voiture
matières premières/
Exploitation de
Construction
Exportation de
de routes
pétrole
Figure 5 – Illustration de la variabilité de l'impact écologique de la croissance économique à partir d'une décomposition des éléments de la
demande globale
Environnement
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l’environnement
Dégradation de
Économie
Croissance économique
Figure 6 – Deux représentations postulant un rapport fixe entre l’économie et l’environnement (où toute croissance engendre nécessairement
une dégradation écologique)
Figure 7 – Dynamique du rapport entre la croissance économique et l’environnement postulant une variation de l’intensité écologique de
l’activité économique (adapté de Gendron, 2012, [3])
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Les données fournies par la Banque mondiale montrent une Pour évaluer l’incidence sur l’environnement des change-
réduction continue des émissions de CO2 par dollar de PIB ments réels, anticipés ou hypothétiques de l’activité écono-
entre les années 1960 et 2014 (figure 8). Cependant, sur cette mique québécoise, l’Institut de la statistique du Québec (ISQ)
même période, nous remarquons une augmentation continue utilise le modèle intersectoriel du Québec. Ce modèle cal-
des émissions de CO2 (figure 9). cule l’intensité des émissions de GES par secteur d’activités
économiques en divisant les flux physiques d’émissions de
GES par la valeur ajoutée aux prix de base du secteur corres-
pondant. Pour opérer ses calculs, l’ISQ se base sur les don-
nées fournies par le Système de comptabilité économique et
Émissions de CO2 (kg par $ US de 2010 de PIB) environnementale du Canada. Il est dès lors possible d’évaluer
Ligne l’impact total sur la valeur ajoutée et les émissions de GES
pour une dépense d’exploitation de 100 M$ dans un secteur
1,0 (figure 10).
0,9
0,8 Bref, le défi du développement durable consiste à transformer
0,7
l’économie de manière qu’elle permette de répondre aux besoins
tout en respectant les limites écologiques. L’économie correspond
0,6 à un moyen, l’environnement à une condition, tandis que le social
MONDE incarne l’objectif du développement durable. Pour bien visualiser
0,5
0,4
cette perspective, il est utile de remplacer la représentation tradi-
tionnelle du développement durable par une nouvelle figure qui
0,3 situe les dimensions écologique, environnementale et sociale les
0,2 unes par rapport aux autres (figure 11).
0,1 Nota : le concept de limite planétaire proposé par l’équipe de Rockström (2009)
0,0 précise neuf processus biophysiques perturbateurs de la biosphère : le changement cli-
matique, l’érosion de la biodiversité, la perturbation des cycles biogéochimiques de
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1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 l’azote et du phosphore, les changements d’utilisation des sols, l’acidification des océans,
l’utilisation mondiale de l’eau, l’appauvrissement de l’ozone stratosphérique, l’augmenta-
1960-2014 tion des aérosols dans l’atmosphère et l’introduction de nouvelles entités dans la
biosphère.
Centre d’analyse des informations relatives au dioxyde de carbone,
division des sciences de l’environnement, Oak Ridge National Cette figure inclut l’équité (inter et intragénérationnelle) qui est à
Laboratory, Tennessee, États-Unis. la fois une condition, un moyen et un objectif du développement
durable. S’ajoute la gouvernance, qui suppose une coordination
entre les niveaux décisionnels (internationaux, régionaux, natio-
Figure 8 – Émissions de CO2 par dollar US de 2010 de PIB naux, locaux et individuels) et le respect du principe de subsidia-
rité selon lequel les décisions doivent être prises à l’échelon le plus
proche possible des individus concernés. Par ailleurs, cette repré-
sentation montre bien que l’économie n’est qu’un moyen et qu’à
Émissions de CO2 (kt)
ce titre elle doit être structurée de manière à répondre aux fins
sociales tout en respectant les conditions écologiques.
Ligne
Million
Le développement durable invite par conséquent à évaluer l’éco-
nomie en fonction de son impact écologique d’une part et de ses
35 MONDE retombées sociales d’autre part. Plutôt que d’opposer l’économie
et la protection de l’environnement, il s’agit de penser une écono-
mie qui soit en accord avec l’environnement et efficace en regard
30
des objectifs sociaux. C’est ce dont tente de rendre compte le
concept d’économie verte.
25
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60 000 60,00
52 910
50 000 50,00
40 000 40,00
27,11 30,00
30 000
20 000 20,00
10,96
8,63
10 000 3,76 10,00
2,67
0 0,00
Secteur primaire Services publics Construction Fabrication Autres services Secteurs
non commerciaux
Valeur ajoutée aux prix de base Émissions de gaz à effet de serre
Figure 10 – Impact total sur la valeur ajoutée et les émissions de gaz à effet de serre d’une dépense d’exploitation de 100 M$, par secteur
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■ Environnement
L’adjectif « social » est parfois remplacé par l’adjectif 7. Les entreprises sont invitées à appliquer l’approche de
« sociétal » pour préciser qu’on s’intéresse non seulement aux précaution face aux problèmes touchant l’environnement ;
relations de travail mais aux enjeux sociaux plus larges tels 8. À entreprendre des initiatives tendant à promouvoir une
que les relations avec les riverains, la consommation, les iné- plus grande responsabilité en matière d’environnement ; et
galités… Dans cet article, nous utilisons l’adjectif « social »
9. À favoriser la mise au point et la diffusion de technologies
dans un sens large, qui inclut d’emblée l’ensemble des enjeux
respectueuses de l’environnement.
sociaux, sans se restreindre aux relations de travail.
■ Lutte contre la corruption
10. Les entreprises sont invitées à agir contre la corruption
Principaux acteurs de l’économie, les entreprises ont été très tôt sous toutes ses formes, y compris l’extorsion de fonds et les
interpellées pour participer aux efforts visant un développement pots-de-vin.
durable. À l’occasion du sommet de Davos de 1999, le secrétaire
général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Kofi Annan,
invita formellement les entreprises à respecter et à promouvoir les
grands engagements internationaux en matière d’environnement
et de droits humains en adhérant notamment au Pacte mondial Tableau 1 – Évolution de l'attitude des entreprises
(encadré 6). Ce Pacte invite les entreprises à contribuer aux objec- vis-à-vis de l’environnement des années 1950
tifs de développement durable de l’ONU grâce au respect de dix à nos jours (adapté de Gendron, 2004 [6])
principes. Attitude de l’entreprise face
Décennie à la problématique environnementale
1950 Ignorance
Encadré 6 – Dix principes du Pacte mondial
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1960 Dénégation
(Global Compact)
(source : Nations unies, Global Compact, 1970 Débats
https://www.unglobalcompact.org/what-is-gc/mission/
principles) 1980 Reconnaissance
1990 Engagement
Le Pacte mondial invite les entreprises à adopter, à soutenir
et à appliquer dans leur sphère d’influence un ensemble de 2000 Performance
valeurs fondamentales, dans les domaines des droits de
l’Homme, des normes du travail et de l’environnement et de la 2010 Appropriation
lutte contre la corruption.
2020 Transition
Les dix principes sont inspirés par une série de conventions
internationales :
– la Déclaration universelle des droits de l’homme, 1948 ; L’engagement des entreprises vis-à-vis du développement
– la Déclaration de l’Organisation internationale du travail durable s’inscrit dans une longue évolution à travers laquelle elles
relative aux principes et droits fondamentaux au travail, 1998 ; se sont peu à peu ouvertes au problème environnemental, ont
– la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développe- accepté d’en assumer une part de responsabilité, pour finalement
ment, 1992 ; participer aux efforts de protection (tableau 1). Cet engagement
varie selon les entreprises en fonction de l’historique du secteur,
– la Convention des Nations unies contre la corruption, 2003. de la culture organisationnelle ou des convictions personnelles des
Les principes, catégorie par catégorie, sont les suivants : plus hauts dirigeants. De plus, chaque secteur économique com-
porte des défis écologiques particuliers et requiert des efforts qui
■ Droits de l’homme lui sont propres : la protection de l’environnement n’a pas les
1. Les entreprises sont invitées à promouvoir et à respecter mêmes implications pour l’industrie extractive et pour les institu-
la protection du droit international relatif aux droits de tions financières par exemple.
l’Homme dans leur sphère d’influence ; et
2. À veiller à ce que leurs propres compagnies ne se rendent
pas complices de violations des droits de l’Homme. 2.1 Positionnement et stratégie
des entreprises en regard
■ Droit du travail
du développement durable
3. Les entreprises sont invitées à respecter la liberté d’asso-
ciation et à reconnaître le droit de négociation collective ; Le positionnement de l’entreprise à l’égard de l’environnement
4. L’élimination de toutes les formes de travail forcé ou et de la société est partie intégrante de sa stratégie et se décline à
obligatoire ; tous les niveaux de l’organisation. Il peut prendre plusieurs
5. L’abolition effective du travail des enfants ; et configurations :
– l’entreprise délictuelle fait fi des exigences écologiques et
6. L’élimination de la discrimination en matière d’emploi et sociales au risque de basculer dans l’illégalité ; sa gestion n’intègre
de profession. pas de principes écologiques et elle n’a ni politique environnemen-
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Responsabilité et
maîtrise Responsable, Pas de référence
opérationnelles fonction ou comité à l’environnement Respect de
Conforme Image neutre
environnemental ou à la responsabilité la réglementation
Entretien des ou RSE sociale
équipements
Politique et système Dialogue avec
Modernisation des de gestion Référence les pouvoirs publics
procédés et environnementale, Bonne image à l’excellence
Chef de file Participation à
nouvelles direction publique environnementale
technologies environnement et sociale l’élaboration du
ou RSE cadre réglementaire
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2.2 La responsabilité sociale et ses outils Longtemps réduite aux initiatives volontaires allant au-delà de la
loi et au dialogue avec les parties prenantes, la responsabilité
L’engagement des entreprises vis-à-vis du développement durable sociale des entreprises désigne aujourd’hui l’ensemble des
s’est formalisé ces dernières années à travers le concept de respon- obligations et des attentes sociales ainsi que les comporte-
sabilité sociale. La responsabilité sociale n’est pas un concept ments et initiatives correspondants des entreprises, de
nouveau ; on y faisait référence dès le début du XXe siècle pour qua- même que les mécanismes susceptibles de les structurer
lifier les bonnes pratiques patronales vis-à-vis des employés notam- ou d’en rendre compte.
ment. Mais ce concept d’origine managériale a évolué au fil des Le besoin de fournir aux entreprises des moyens d’assumer leur
décennies, pour être approprié, au tournant des années 2000, par responsabilité sociale a donné lieu au développement d’une
d’autres acteurs sociaux qui l’ont redéfini, notamment en regard des trousse à outils allant des normes aux rapports de développement
nouveaux impératifs du développement durable. durable, en passant par les approches d’écoconception.
Nota : dans cet article, l’expression « responsabilité sociale » est utilisée dans le
même sens que « responsabilité sociétale », c’est-à-dire qu’elle inclut les préoccupations
en matière de relations de travail, d’environnement et de lien avec la communauté 2.2.1 Norme ISO 26000
notamment.
Tout en reconnaissant son caractère évolutif, la norme
Formulations de la responsabilité sociale depuis le début du ISO 26000:2010 « Lignes directrices relatives à la respon-
XXe siècle : sabilité sociétale » propose une cartographie de la responsabi-
– les années 1920 et ss : l’éthique en affaire du bon patron ; lité sociale en précisant plusieurs domaines de responsabilité de
– les années 1970 et ss : le discours et les pratiques de responsa- l’entreprise ainsi que les comportements attendus pour chacun. La
bilité sociale comme alternative au communisme ; norme précise que la responsabilité sociale est le moyen par
– les années 1990 et ss : l’institutionnalisation de la responsabi- lequel les entreprises peuvent contribuer au développe-
lité sociale comme réconciliation entre l’intérêt de l’entreprise et ment durable. Selon cette norme, une entreprise responsable
l’intérêt général ; doit d’abord respecter plusieurs principes : redevabilité (rendre des
– les années 2000 : la responsabilité sociale comme problématique comptes), transparence, comportement éthique, reconnaissance
et débat social en regard des impératifs du développement durable ; des intérêts des parties prenantes, respect du principe de légalité,
– les années 2010 : la responsabilité sociale comme participation prise en compte des normes internationales de comportement et
à la transition vers le développement durable. respect des droits de l’Homme (figure 12).
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Développement durable
Principes de responsabilité Actions et attentes associées
sociétale Article 4
Intégration de la Article 7
responsabilité sociétale Relation entre les
Redevabilité Appréhender la
caractéristiques de
dans l’ensemble de responsabilité sociétale
l’organisation et la
l’organisation responsabilité sociétale
de l’organisation
Transparence
Respect des droits de I’Homme Bibliographie : Sources officielles et lignes Annexe : Exemples d’initiatives volontaires et
directrices complémentaires d’outils en matière de responsabilité
sociétale
Figure 12 – Vue d'ensemble de la norme ISO 26000:2010 – Lignes directrices relatives à la responsabilité sociétale (ISO, 2010)
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mentale.
ment environnemental » précise les exigences d’un système de
gestion environnementale. Elle s’appuie sur le principe d’amélio- 14. Non-conformité, action corrective et action préventive :
ration continue en s’inspirant de la roue de Deming et en repre- processus d’identification des non-conformités et mesures
nant l’architecture de la norme ISO 9000 en gestion de la qualité : correctives.
planifier, faire, contrôler, agir. Elle se résume à 17 exigences que 15. Registres : procédure de gestion des rapports environne-
doit respecter un système de gestion environnementale si l’organi- mentaux (mesures, résultats des vérifications environnemen-
sation souhaite être certifiée 14001 (encadré 7). tales…).
16. Vérification du système de gestion environnementale.
2.2.3 Codes de conduite 17. Revue par la direction du fonctionnement du système et
de l’atteinte des objectifs, mesures d’amélioration continue.
Dans une économie mondialisée, une part importante de la pro-
duction est fragmentée et délocalisée. Afin d’éviter d’être mises en
cause advenant des pratiques condamnables de la part de leurs
sous-traitants, plusieurs grandes entreprises ont adopté des codes
de conduite à leur intention, et les soumettent à des audits pério- Encadré 8 – Les neuf éléments
diques. Ces multinationales ont notamment recours à des certifica- de SA8000:2014 – Social Accountability
tions telles que SA8000 (Social Accountability) en matière de
droits humains (encadré 8) ou encore FLA (Fair Labor Association) 1. Travail des enfants.
dans le domaine du textile. Ces initiatives répondent aux prescrip- 2. Travail forcé et obligatoire.
tions du Pacte mondial ou encore de la norme ISO 26000 qui pré-
3. Hygiène et sécurité.
cise que l’entreprise doit exercer sa responsabilité sociale dans
toute sa sphère d’influence, ce qui inclut ses sous-traitants. 4. Liberté syndicale et droit de négociation collective.
Nota : le lecteur pourra également consulter l’article [G 8 021] sur la norme SA8000.
5. Discrimination.
6. Pratiques disciplinaires.
7. Temps de travail.
2.2.4 Écoconception 8. Rémunération.
Au-delà de ces normes, les entreprises ont aussi recours à de 9. Système de gestion.
nouvelles pratiques pour améliorer leur performance environne-
mentale, dont l’écoconception. Il existe plusieurs stratégies d’écoconception qui peuvent
s’appuyer sur des outils plus ou moins complexes que l’entreprise
peut choisir selon ses besoins, ses ambitions ou la législation
Sachant que l’impact écologique d’un produit est presque
applicable : liste de contrôle, matrice énergie-matière, lignes direc-
entièrement déterminé lors de sa phase de conception, l’éco-
trices, analyse du cycle de vie… (tableau 4). L’écoconception est
conception consiste à intégrer au processus de conception
un outil indispensable à l’économie circulaire. Dans cette pers-
des produits et des services des considérations écologiques
pective, le concept plus récent de Safe and sustainable by design
mais aussi le souci d’une maximisation de l’utilité sociale.
suppose d’intégrer des objectifs de réduction des produits
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Boycott/désinvestissement
Agences de notation/Index
Label et étiquette Code de conduite
Buycott/pression actionnariale
Figure 13 – Outils de structuration sociopolitique du marché (adapté de Gendron et al. 2006 [5])
Le développement durable pose des défis majeurs à nos écono- Développement durable ; sustainable development
mies, mais aussi à nos entreprises qui en sont les premiers
acteurs. Or, la modernisation des unes ne pourra se faire sans la Le développement durable est un développement permettant de
transformation des autres. Comment l’entreprise de demain répon- répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité
dra-t-elle à ces nouveaux défis ? Lui suffira-t-il d’intégrer de nou- des générations futures de répondre aux leurs, et qui tient compte
veaux paramètres de gestion, ou faudra-t-il repenser les des dimensions environnementale, sociale et économique dans
fondements mêmes de l’économie en questionnant l’adéquation une perspective d’équité. L’économie correspond à un moyen,
entre consommation et bien-être, production et protection de l’environnement à une condition, tandis que le social incarne
l’environnement, profit et performance sociale, innovation techno- l’objectif du développement durable. Pour sa part, l’équité en est à
logique et progrès ? la fois un moyen, une condition et une fin.
Au cœur de ces questionnements, l’entreprise s’est engagée
dans la transition écologique en participant à l’effort collectif que Économie verte ; green economy
requiert le développement durable et modernise ses processus de
L’économie verte est une économie qui entraîne une améliora-
production. Elle s’insère également dans un dialogue social qui
tion du bien-être humain et de l’équité sociale tout en réduisant de
n’est pas exempt de conflictualité. Mais en regard des défis
manière significative les risques environnementaux et la pénurie
sociaux et environnementaux actuels, sa légitimité et sa pertinence
de ressources (source : PNUE, Économie verte [16]).
à titre d’institution sociale sont questionnées.
Les États doivent aussi relever de nouveaux défis qui se Empreinte écologique
conjuguent à l’échelle planétaire et nécessitent une gouvernance
mondiale qui demeure ancrée dans les principes de démocratie. Indicateur d’utilisation ou de pression sur l’environnement
Enfin, c’est notre mode de vie qu’interroge le développement exprimé en surface géographique. On parle aussi du « jour du
durable, en proposant de redéfinir la prospérité en dehors d’un dépassement planétaire » pour référer au jour de l’année où la
modèle de consommation de masse, d’où les appels à une décrois- pression cumulée sur l’environnement excède la production écolo-
sance [7]. gique annuelle.
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P
O
U
Développement durable R
et responsabilité sociale
de l’entreprise (RSE) E
N
par Corinne GENDRON
Avocate, MBA, PhD
Professeure titulaire, département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale
École des sciences de la gestion, UQAM, Canada S
A
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