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Fiche élève La résolution des équations du second degré par Al Khwarizmi

I. Contexte historique
Nous sommes au IX e siècle, à Bagdad. Le calife Al-Ma'mûn ( 813 – 833) est entouré de savants
qui rassemblent les connaissances de leur époque. Ils sont traducteurs, philosophes, astronomes,
mathématiciens, théologiens.

Parmi eux, Mohammed ibn Musa al Khwarizmi ( 780 – 850) va marquer l'histoire des
mathématiques. Il est originaire d'une ville d'Ouzbékistan dans la province du Khwarizm. Il a écrit
trois ouvrages sur les mathématiques dont un qui traite de la résolution des équations du second
degré et qui a été conservé dans sa version originale, en arabe.

La première page de l'abrégé de calcul


par l'algèbre et la muqabala d'Al-
Khwarizmi ( IX e s).

Le mot algèbre vient d'ailleurs de « al-jabr » ( compensation) qui est une opération consistant à
ajouter aux deux membres d'une équation le même terme afin de faire disparaître les termes affectés
du signe -.
3 x−5=2 x devient 3 x=2 x+5 par al-jabr

Mais, à cette époque, l'usage des lettres était inconnu et ceci est dit en phrase :
« si 3 choses diminuées de 5 valent 2 choses, je compense avec 5 ; alors 3 choses diminuées de 5 et
augmentées de 5 valent 2 choses augmentées de 5 ; 3 choses valent 2 choses et 5 ».

Pourquoi s'intéresse t-on à la résolution des équations au IX e siècle ?


Voici ce qu'écrit Al Khwarizmi :
« J'ai rédigé sur le sujet (…) un livre abrégé englobant les choses les plus subtiles et les plus
nobles du calcul dont ont besoin les gens dans leurs héritages, dans leurs donations, dans leurs
partages, dans leurs jugements, dans leurs commerces et dans toutes les transactions qu'il y a
entre eux à propos de l'arpentage des terres, du creusement des canaux, de la géométrie et
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d'autres choses relatives à ses aspects et à ses arts (…). J'ai découvert ainsi que les nombres
dont on a besoin dans le calcul sont de trois types : ce sont les racines, les biens et le nombre
seul... »

II. Les six types d'équations étudiées


Al Khwarizmi fait une étude systématique des équations de degré inférieur ou égal à 2. Il distingue
six types d'équations, pour lui, les coefficients sont toujours positifs :
Equation de type 1 : Des biens égalent des racines
Equation de type 2 : Des biens égalent un nombre
Equation de type 3 : Des racines égalent un nombre
Equation de type 4 : Des biens et des racines égalent un nombre
Equation de type 5 : Des biens et un nombre égalent des racines
Equation de type 6 : Des racines et un nombre égalent des biens.
Questions
1°) Traduire en langage algébrique actuel ces six équations. Exemple : 1. se traduit par : ax 2=bx .
2°) Relier chaque équation ci-dessous à l'un des six types :
1. 2 x 2 −x=5

2. ( 13 x+1)× x4 =20
3. 4 x−5=0
4. x 2=4 x (10−x )
5. x 2=8
6. 2 x 2 +42=20 x
Al Khwarizmi fournit pour chacune des six équations, un procédé de résolution permettant d'obtenir
la valeur de la racine (positive), c'est à dire l'inconnue.

III. Méthode de résolution pour les équations du type


ax 2+bx =c
Exemple : « Un bien et dix de ses racines égalent trente-neuf dirhams ».
Ce qui donne en langage symbolique actuel : x 2+10 x=39 .
Voici la règle :
« Son procédé de résolution consiste à diviser les racines par deux, et c'est cinq dans ce
problème. Tu le multiples par lui-même et ce sera vingt-cinq. Tu l'ajoutes à trente-neuf. Cela
donnera soixante-quatre. Tu prends alors sa racine carrée qui est huit et tu en retranches la
moitié du nombre des racines et c'est cinq. Il reste trois et c'est la racine du bien que tu cherches
et le bien est neuf. »
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Cette méthode est appelée « complétion du


carré ».

Traduction avec nos symboles actuels :

Le carré de côté x+5 a pour aire 39+25=64


donc x+5=8 d'où x=3 .

Questions
1°) Résoudre algébriquement l'équation x 2+10 x=39 . Quelle est la valeur qu'Al Khwarizmi
n'obtient pas ?
2°) Appliquer la règle d'Al Khwarizmi à l'équation x 2+8 x=84 . Puis résoudre cette équation avec
la méthode actuelle.
3°) Mêmes questions pour x 2+12 x =85 .
4°) Cas général : Appliquer la règle d'Al Khwarizmi à l'équation x 2+ax=b où a et b sont des
nombres positifs. Résoudre cette équation avec la méthode actuelle. Commenter ces résultats.

Page du traité d'Al-Khwarizmi


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IV. Méthode de résolution pour les équations du type ax =bx+c

Exemple : un bien égale trois de ses racines et quatre dirhams.


Questions :
1°) Traduire cette équation avec les notations symboliques actuelles.
2°) On construit un carré ABCD de côté x. On partage ce carré en deux rectangles ABHF d'aire 4 et
FHCD d'aire 3 x . Soit E le milieu de [FD].

Attention, inversion des lettres C et D !

Construire le carré AGJE à l'intérieur du carré ABCD . Déterminer son aire en fonction de x.
3°) Soit I le point intersection de [GJ] et [FH]. Exprimer l'aire du rectangle GBHI en fonction de x.
4°) Construire alors le carré EFLK à l'intérieur du carré ABCD. Montrer que les deux rectangles
GBHI et KLIJ ont même aire.
5°)Ecrire alors l'aire de la figure AGJKLF de deux façons puis en déduire la valeur de x obtenue par
Al Khwarizmi.
6°) Résoudre algébriquement l'équation de départ. Quelle est la valeur qu'Al Khwarizmi n'obtient
pas ?
7°) Résoudre l'équation x 2=5 x +14
a) par la méthode d'Al Khwarizmi, pour obtenir la racine positive
b) par la méthode algébrique actuelle.

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