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Chapitre 3 : L’approfondissement des concepts de la qualité pour la compétitivité

RENFORCER
LA COMPETITIVITE
PAR LA QUALITE
(Competitiveness and quality)

Pr Pierre MAILLARD
Consultant,
Ancien Directeur Général de l'Institut de Recherche et de Développement de la Qualité (IRDQ)
Email : maillard.pierre@wanadoo.fr

RESUME ABSTRACT
Toutes les actions destinées à produire de la qualité Many action plans designed to produce quality in a
dans une entreprise ne génèrent pas automatique- company did not automatically generate competitive
ment des facteurs de compétitivité. Celles qui factors. Those who meet this objective implement
répondent à cet objectif mettent en œuvre des tac- custom tactics, often confidential, highlighting the
tiques personnalisées, souvent confidentielles, qui strengths of the company more attractive than the
valorisent certains atouts de l’entreprise, plus attractifs competition.
que ceux de la concurrence. Le but de l’article est de The purpose of the paper is to show how to distin-
montrer l’intérêt des démarches qualité compétitives guish quality competitive approaches of those
et comment les distinguer des démarches qualité qui pursuing other goals.
poursuivent d’autres finalités.

KEYWORDS
MOTS-CLEFS
Competitive quality, tactical competitive quality,
Qualité compétitive, tactique qualité compétitive, stakeholder, productivity, competitiveness
partie prenante, productivité, compétitivité

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Introduction des informations destinées à prouver leur qualité, sans


que les clients reconnaissent ces preuves [3].
La qualité est un des moyens utilisés par l’entreprise
pour réaliser sa politique. Il existe de nombreuses En résumé et en personnalisant : "Si mes concurrents
manières de s’en servir. Certaines formes de mana- sont certifiés relativement à la norme ISO 9001, et
gement de la qualité servent à améliorer la que je décide de faire également certifier mon entre-
productivité en réduisant le nombre de tâches qui prise de la même manière, je ne fais pas émerger des
produisent de la non qualité, ou de la sur qualité facteurs de compétitivité.
(qualité non valorisée par les actes d’achats des clients Au mieux je me place au même niveau pour donner
ou les apports à l’entreprise de toute autre partie confiance à mes clients, Je ne fais que faire disparaître,
prenante). Les méthodes du « lean manufacturing », peut-être, un manque de compétitivité à condition
par exemple, facilitent ces démarches. que les clients accordent de l’importance à la certifica-
D’autres formes de management de la qualité contri- tion ISO 9001 pour avoir confiance dans les annonces
buent à faire émerger des facteurs de compétitivité commerciales de mon entreprise".
en cherchant à provoquer de la part des clients, ou Dans un passé récent, des entreprises ont disparu en
des autres parties prenantes, des perceptions de la voulant investir dans la qualité sans réflexions straté-
qualité des prestations de l’entreprise qui les rendent giques ou tactiques, mais en se contentant de suivre
plus attractives que celles des concurrents. une mode portant sur des méthodes de management
L’innovation, par exemple s’inscrit dans ce type de ou d’organisation [1].
démarche, mais ce n’est pas le seul moyen. Si la qualité est au cœur des facteurs possibles de
Ces usages de la qualité sont étiquetés sous le vo- compétitivité, ce n’est pas en investissant aveuglément
cable « démarche qualité compétitive » [1]. dans ce domaine, qu’une entreprise peut lutter contre
1 . PRODUCTIVITE ET COMPETITIVITE la concurrence.
2 . LES TACTIQUES QUALITE COMPETITIVES
Il existe principalement trois grandes logiques pour
faire émerger des facteurs de compétitivité : Pour se servir de la qualité comme vecteur de com-
• Demander moins d’efforts pour se procu- pétitivité, les entreprises doivent s’assurer que leur
rer un produit ou un service (exemple : prix démarche qualité met en valeur des caractéristiques
de vente inférieur à ceux de la concurrence), de leurs prestations, ou de leurs modes de produc-
tion, qui provoquent des jugements qualité plus
• Satisfaire mieux que la concurrence les attractifs que ceux de la concurrence, de la part de
besoins d’usage (exemple : fonctions d’usages certaines de leurs parties prenantes.
plus performantes),
Pour ce faire elles doivent choisir des modes d’action
• Donner plus confiance que la concur- qui constituent ce qu’on appelle des « tactiques quali-
rence dans la capacité du produit ou du service à té compétitives » [1]. Ces tactiques peuvent reposer
se conformer à la qualité annoncée (exemple : les sur les trois grandes logiques décrites précédemment
labels). pour faire émerger des facteurs de compétitivité.
La productivité ne contribue qu’à la première de ces Elles doivent :
trois logiques. Certains économistes pensent que la
• anticiper les grandes tendances
chasse à l’amélioration de la productivité est un signe
d’évolutions sociétales ;
de perte de viabilité de l’entreprise, qui montre
qu’elle n’est plus capable, par l’attractivité de ses pres- • valoriser les atouts de l’entreprise ;
tations, de rester sur les marchés à forte rentabilité. • être très ciblées pour éviter de disperser les
D’autres pensent, au contraire, que l’amélioration de efforts des entreprises ;
la productivité permet d’accroître rapidement la capa-
• comporter d’importants moyens
cité d’investissement pour s’adapter aux évolutions de
l’environnement, ou de pratiquer des prix de vente d’accompagnement pour les commercialiser
afin d’accélérer les retours sur investissement et
très bas sur des produits de première nécessité, et de
exploiter le plus rapidement possible l’ouverture
réaliser ainsi durablement des gains importants, en
de « fenêtres commerciales ».
faisant disparaître la concurrence sur des marchés
volumineux où les produits sont banalisés [2]. Nous Une entreprise élabore une « tactique qualité
n’entrerons pas dans ce débat qui est du ressort du compétitive » :
marketing stratégique. • en ciblant une classe des ses parties pre-
On laisse souvent croire aux entreprises que toute nantes avec laquelle elle veut maintenir, ou
démarche d’amélioration de la qualité, quelle que soit continuer à amplifier ses échanges, malgré la pres-
la nature des améliorations, permet obligatoirement sion de la concurrence ;
de renforcer leur compétitivité. Cette affirmation est • en caractérisant les « jugements qualité
fausse. George Akerlof, prix Nobel d’économie en compétitifs » des parties prenantes les plus ren-
2001, a montré qu’une entreprise peut s’affaiblir au tables que l’entreprise à la capacité de provoquer
point de disparaître, lorsqu’elle dépense beaucoup pour lutter contre cette concurrence ;
d’énergie pour produire des prestations qui émettent

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• en définissant les gains que l’entreprise peut ingénieurs qui possèdent les compétences requises
espérer en provoquant ces jugements ; pour ce secteur d’activités. Ce sont les fonctions
« Ressources Humaines » de ces entreprises qui
• en choisissant les logiques d’action, et les
mettent en œuvre ce genre de tactiques.
moyens les plus rentables, à mettre en œuvre
pour provoquer ces jugements qualité compétitifs. Ces exemples montrent que les « démarches qualité
compétitives » sont souvent décidées comme solu-
On appelle : « jugement qualité compétitif » un
jugement de la « qualité perçue » d’une prestation, tions à des situations de crises probables ou
émergentes.
exprimé par un de ses bénéficiaires potentiels, qui
l’incite, malgré les offres de la concurrence, à se la Cet usage particulier de la qualité par les entreprises,
procurer en fournissant les contreparties que s’appuie d’abord sur les fondements d’un jeu écono-
l’entreprise lui demande. mique qu’on appelle «jeu de la qualité» et sur les
bases conceptuelles du «Total Quality Management»
Une « tactique qualité compétitive » n’est pas
[1].
exposée sur la place publique, elle reste le plus pos-
sible confidentielle. Ce jeu particulier repose sur le constat suivant :
Ces « tactiques qualité compétitives » apparaissent « Dans une relation d’échanges, chaque
souvent « naturellement » dans les entreprises qui partie peut essayer d’obtenir la meilleure
possèdent une forte culture qualité et qui sont sou- qualité possible de ce qu’elle reçoit, en
mises à une pression concurrentielle. agissant sur la qualité perçue de ce qu’elle
Cette forme de management de la qualité semble se fournit. »
développer plus fortement dans certains pays comme La production de la qualité perçue est la mise du jeu
l’Allemagne, le Japon, et les Etats-Unis, parallèlement, de la qualité, et ce que reçoit l’entreprise en contre-
au développement du marketing, ou sous son in- partie constitue ses gains.
fluence [2]. Par exemple, dans les échanges entre une entreprise
Elle s’applique initialement aux échanges avec les et ses clients potentiels, l’entreprise peut chercher à
clients, puis progressivement aux échanges avec vendre plus cher ses produits et demander à ses
d’autres classes de parties prenantes soumis égale- clients de faire des efforts plus importants pour accé-
ment à une forte concurrence. On observe, par der aux points de vente, en répondant à des besoins
exemple, que dans le secteur du luxe, certaines en- auxquels ils accordent une grande importance. Le
treprises appliquent cette démarche dans leurs secteur du luxe qui joue sur le besoin de reconnais-
relations avec certains fournisseurs qui possèdent un sance sociale par des signes émis par les produits
savoir faire pointu, rare, et indispensable, afin d’éviter achetés, illustre cette démarche.
de les perdre. La concurrence cherche à les attirer en Dans ce contexte, le but de la «qualité compétitive»
leur proposant des revenus importants et durables en est d’utiliser la qualité, de manière ciblée, pour pro-
contrepartie d’une certaine exclusivité. duire les valeurs ajoutées les plus compétitives et les
Cette situation est différente des relations mutuelle- plus rentables, dans les é changes que l’entreprise
ment bénéfiques avec les fournisseurs préconisées par veut maintenir, ou développer, avec certaines parties
W. E. Deming [4] et reprises dans l'ISO 9004 [5]. On prenantes, dans un environnement fortement concur-
est confronté à une situation vitale pour le donneur rentiel.
d’ordres : c’est le fournisseur qui prend le pouvoir On peut définir « la qualité compétitive d’une
dans la relation, et le donneur d’ordres doit éviter à prestation » comme l’ensemble de ses caractéris-
tout prix, que la concurrence coupe ses liens avec ce tiques qui provoquent «les jugements qualité
fournisseur unique. On est plutôt dans un schéma de compétitifs» de ses bénéficiaires potentiels, qui rap-
guerre économique. portent le plus à l’entreprise.
Dans d’autres secteurs, qui ont besoin d’ingénieurs Une « démarche qualité compétitive » est
possédant une qualification particulière, très deman- l’ensemble des actions au sein de
dée par ailleurs, les entreprises ont recours à la « l’entreprise qui assurent la production de
qualité compétitive », souvent de manière empirique, ces jugements qualité compétitifs (figure 1).
pour les attirer. Les entreprises qui développent, par
Elle doit être permanente dans l’entreprise.
exemple, des systèmes de contrôle de la qualité des
logiciels, se battent entre elles pour recruter des

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qualité potentielle offres concurrentes


Espérances de gains
de l’entreprise Jugements qualité
potentielle
Tactique qualité compétitive offres concurrentes
par partie prenante

conception potentiel qualité compétitif


des prestations

Perceptions qualité potentielle

Proposition offre de prestations des prestations Jugement qualité


par partie prenante potentielle
des prestations
Contractualisation de l’entreprise
échange
avec l’entreprise

Co production de la qualité
de l’échange

Perception qualité des prestations

Perception de la qualité
Jugement qualité
des gains
des prestations
de l’entreprise
Figure 1 : Schéma représentant les interactions entre les parties concernées par la qualité compétitive d'une prestation.

3 . LES SPECIFICITES D’UNE DEMARCHE de certification relativement à une norme de mana-


QUALITE COMPETITIVE gement (ISO 9001 par exemple) est une démarche
qualité compétitive ? »
Une « démarche qualité compétitive » est le plus
souvent un investissement important. Une grande Si les concurrents ne sont pas certifiés par rapport à
partie des actions que l’entreprise peut consacrer à la cette norme, et si les parties prenantes visées recon-
qualité se focalise en général sur elle. C’est toujours naissent cette certification comme un signe crédible
une démarche offensive volontaire, déclenchée pour qui leur donne confiance dans la qualité annoncée des
renforcer sa position par rapport à la concurrence prestations des entreprises, alors cette démarche peut
dans une, ou plusieurs, classes bien ciblées de ses être une « démarche qualité compétitive ». Mais dès
parties prenantes. que les concurrents obtiennent cette certification, ou
lorsque les parties prenantes ne considèrent pas cette
Elle peut s’inscrire dans le très long terme lorsque
certification comme une marque significative de con-
l’entreprise veut créer une «notoriété différenciatrice» fiance, les dirigeants des entreprises ne peuvent plus
par rapport à la concurrence, mais aussi dans le court
considérer cette démarche comme une « démarche
ou moyen terme, pour « faire un coup » qui déstabi- qualité compétitive ».
lise durablement la concurrence. Une innovation
technologique relève souvent aujourd’hui de cette Par définition une norme est destinée à être appli-
deuxième catégorie de démarche. quée par le plus grand nombre. Elle ne peut pas, par
conséquent, être utilisée longtemps pour lutter contre
La première catégorie de démarche peut répondre, la concurrence.
par exemple, à la politique volontariste d’une collecti-
vité d’entreprises qui cherchent à acquérir une C’est seulement, sur de courtes périodes, lorsque les
notoriété en répondant à un grand courant entreprises commencent à s’y conformer, et que
d’évolution de la Société. La « robustesse » est, par certaines parties prenantes, sur lesquelles s’exercent la
exemple, une notoriété recherchée, et acquise, depuis concurrence, la considère comme un facteur attractif,
de nombreuses années par les constructeurs qu’elle peut servir de facteur de compétitivité. Par
d’automobiles allemands. conséquent la norme ISO 9001, par exemple, ne peut
plus que rarement, en 2013, être considérée comme
Une démarche qualité compétitive peut se mettre en un vecteur de compétitivité.
place simultanément dans plusieurs direc-
tions. Par exemple dans une « Start Up », il est Elle a pu jouer ce rôle à une période où, dans certains
souhaitable que le porteur du projet engage simulta- secteurs d’activités comme l’automobile, les donneurs
nément une telle démarche dans ses relations avec les d’’ordres commençaient à l’imposer dans les cahiers
clients et dans celles avec les acteurs qui lui fournis- des charges de leurs commandes. Elle a très vite été
sent des ressources financières [1]. remplacée par des normes sectorielles qui aujourd’hui
sont appliquées dans la plupart des entreprises.
Les dirigeants des entreprises posent souvent la ques-
tion suivante : « Peut-on considérer qu’une démarche

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Actuellement, même ces normes sectorielles, appli- 3. les parties prenantes vont fournir à
quées quasi systématiquement par les fournisseurs, ne l’entreprise les gains attendus
peuvent plus servir de «faire valoir» par rapport à la • Concevoir les émetteurs de CTC intégrés
concurrence. Elles font partie des exigences basiques aux prestations de l’entreprise (Critical To Quality
communes à tous les donneurs d’ordres. Par contre, (CTQ) (M3)
un système de management de la qualité qui se con-
forme aux grands principes de ces normes, en restant • Concevoir les systèmes de production de
suffisamment flexible, et qui s’appuie sur un corps ces émetteurs en intégrant la maintenance et la
social qui partage une forte culture qualité, possède surveillance de leur capabilité (M4)
des fondations solides pour engager des «démarches • Qualifier le système de production des
qualité compétitives». CTQ (M5)
Mais ce ne sont pas des conditions nécessaires pour • Valider le marketing qualité avant contrac-
améliorer, ou maintenir, des performances écono- tualisation avec les parties prenantes (M6)
miques d’une entreprise dans un environnement
• Surveiller la capabilité du système de
concurrentiel. Il existe de nombreuses entreprises qui
production des CTQ (M7)
ont construit le socle de leur système de manage-
ment de la qualité, et de leur culture qualité, en • Traiter les non conformités des émetteurs à
découvrant empiriquement les mécanismes de base leurs spécifications (M8)
de la production de la qualité d’une prestation. Cette • Surveiller la réalisation du scénario du mar-
construction se réalise au fur et à mesure qu’elles keting qualité (M9)
définissent et déploient des «tactiques qualité compé-
titives», pour mieux percer les marchés, sans • Surveiller la conformité des jugements
s’appuyer sur des repères normatifs. qualité compétitifs aux descriptions de la tac-
tique qualité compétitive (M10)
On ne parle plus ni de politique qualité, ni de straté-
gie qualité lorsqu’on définit les orientations d’une • Surveiller la conformité des gains de
démarche qualité compétitive. Les objectifs sont plus l’entreprise aux objectifs de la tactique qualité
opérationnels. Ils sont ciblés par les « tactiques compétitive (M11)
qualité compétitives ». • Améliorer en permanence la capacité de
Ces tactiques délimitent le cadre opérationnel, dans l’entreprise à utiliser de la manière la plus per-
lequel devront se déployer les démarches qualité formante possible les jugements qualité
compétitives. Elles combinent souvent les trois compétitifs des parties prenantes (M12)
grandes logiques énoncées précédemment pour faire Il n’est pas possible d’établir un ordre temporel géné-
émerger des facteurs de compétitivité. rique dans la réalisation de ces macro-tâches. Les
Nous proposons la description fonctionnelle suivante circonstances dans lesquelles s’intègre une démarche
des macro-tâches de tout processus de mise en qualité au sein d’un processus de production d’une
œuvre d’une « démarche qualité compétitive » [1]. prestation d’une entreprise, ou d’utilisation de cette
production pour réaliser des gains, sont spécifiques à
• Elaborer une tactique qualité compétitive chaque situation rencontrée.
dans les échanges avec une classe identifiée de
parties prenantes (M1) La planification de ces macro-tâches doit s’insérée de
la manière la plus efficiente possible dans la pro-
• Concevoir le marketing qualité des grammation générale de ces processus. Certaines
échanges avec les parties prenantes (M2) macro-tâches peuvent même se dérouler simultané-
Le marketing qualité consiste à : ment.
• caractériser les informations émises par les Il est donc impossible de proposer un guide général
prestations de l’entreprise pour provoquer les ju- pour réaliser ce type de planning.
gements qualité compétitifs de la tactique qualité Par contre les liens logiques d’antériorités entre ces
compétitive (Critical To Custumer) (CTC) macro-tâches sont des invariants. On a recours, en
• imaginer le scénario du film qui porte sur la général, à une représentation sous forme de graphe
manière dont : pour décrire ce type de caractéristiques. Pour cela,
1. les prestations vont émettre ces informa- nous proposons le modèle de la figure 2.
tions, au cours des d’échanges avec les Il existe aujourd’hui de nombreux supports méthodo-
parties prenantes, logiques spécifiques pour aider les entreprises à
2. les parties prenantes vont capter, interpréter mettre en œuvre ces « démarches qualité compéti-
ces informations, et exprimer leurs juge- tives ». Par exemple, les principaux concepts et
ments qualité compétitifs, supports méthodologiques sont exposés dans notre
livre « Competitive Quality Strategies » [1].

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M1
M2

M11 M3

M10 M12 M4

M9 M5

M8
M6
M7
Figure 2 : Graphe des antériorités entre les macro-tâches d’une démarche qualité compétitive.

Conclusion C’est sans doute un signe fort de croissance de


l’intérêt porté par les entreprises internationales pour
La guerre économique, qui s’amplifie depuis 2008,
ce vecteur classique de compétitivité. Il est normal
conduit les entreprises à accélérer la concentration de
que la qualité, par son caractère sociétal général,
leurs investissements sur l’amélioration de leur com-
soit utilisée par les entreprises pour renforcer leur
pétitivité.
compétitivité, au même titre que son usage pour
La solution perçue souvent par les dirigeants comme améliorer la sécurité, la protection de
étant la plus efficace, est l’augmentation de la produc- l’environnement, ou la responsabilité sociétale.
tivité. Les Pouvoirs Publics préfèrent promouvoir la
voie de l’innovation technologique.
La réalité est plus complexe, et la « qualité compé- Références bibliographiques
titive » qui est encore peu médiatisée, et conseillée, [1] P. Maillard « Competitive Quality strategies » Focus indus-
ouvre de nouvelles voies qui laissent plus de liberté trial engineering series, Ed. Iste Wiley, 176 pages, décembre
aux entreprises pour adopter des politiques et des 2012
tactiques individualisées mieux adaptées à leurs spé- [2] Mara C. Harvey « Croissance, emploi, et productivité dans le
secteur tertiaire. Controverses théoriques et réalité suisses »,
cificités. Thèse présentée à la Faculté des sciences économiques et
La maîtrise des risques d’échecs, comme des chances sociales, Université de Fribourg (Suisse), cote O6.5762, lien
de succès, est intégrée naturellement aux méthodolo- permanent : http://doc.cee-
recherche.fr/opac/index.php?lvl=notice_display&id=66316, le
gies préconisées. 1er décembre 1999
Si ces démarches, qui sont mises en œuvre dans de [3] G. Akerlof « The market for “lemons”, quality uncertainly
nombreuses entreprises, ne sont pas encore suffi- and the market mechanism », The quarterly journal of
samment connues c’est en grande partie parce que economics, lien
http://qje.oxfordjournals.org/cgi/reprint/84/3/488?sid=83c10c
les entreprises, qui obtiennent des succès écono- da-193c-4e27-bdb6-fcdff181b507, Vol. 84, n°3, p 488 500,
miques en les appliquant, ne souhaitent pas le faire 1970
savoir pour conserver leur avance sur la concurrence. [4] W. E. Deming “Out of the Crisis”, Ed. Massachusetts Insti-
Il est notamment quasi impossible de faire du « Ben- tute of Technology, Center for Advanced Engineering Study,
Seventh Printing, p 507, April 1989
chmarking ». L’analyse de la littérature anglo-saxonne,
[5] Norme NF EN ISO 9004 "Gestion des performances du-
montre que de nombreux ouvrages commencent à rables d'un organisme - Approche de management par la
être publiés sur ce sujet. qualité", Ed Afnor, www.afnor.org, décembre 2009

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Les Cahiers de la Qualité – Volume 2


ISBN : 978-2-36233-150-3– Dépôt légal : septembre 2015. © Lexitis Éditions 2015.

Lexitis Éditions, 76, rue Gay-Lussac, 75005 Paris


Cet ouvrage a été imprimé au sein de l’Union européenne sur du papier certifié issu de forêts durablement gérées.

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