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NOTIONS DE THERAPEUTIQUE LOCALE ET DE

PANSEMENTS EN DERMATOLOGIE
PLAN
I. Thérapeutique locale
1-1. Premier principe: les savons
1-2. Deuxième principe : le bain
1-3. Troisième principe : les colorants
1-4. Quatrième principe : Les préparations couvrantes actives
1-5. Cinquième principe : La cryothérapie

II. Les pansements


2-1. Les pansements secs
2-2. Les pansements humides
2-3. Les pansements occlusifs
I. Thérapeutique locale
1-1. Premier principe : les savons

a. Propriétés
Le savon est antiseptique, il est détergent (ramollit les débris et les croûtes) et
facilite leur ablation.
b. Types
➢ Le savon ordinaire: il est alcalin. Inconvénient : il dessèche la peau.
➢ Les savons acides : Inconvénient : ils favorisent une surinfection à levures
dans les plis et au niveau des muqueuses. Certains sont photosensibilisants
(savons à base de dérivés halogénés, d’hexachlorophène).
➢ Les savons surgras, ils sont bien supportés.
1-2. Deuxième principe : le bain
a. Types et propriétés
➢ Bain ordinaire : avec de l’eau courante est détergent.
➢ Bain antiseptique : à base de permanganate de potassium (Mn04K au 1/10000, au
1/20000), il est détergent et anti-prurigineux.
➢ Bain adoucissant à base d’amidon est aussi anti-prurigineux.
On peut utiliser :
• Soit de l’amidon : 500mg d’amidon préparé puis diluer dans l’eau du bain ;
• Soit des spécialités : Aveenoderm (extrait d’avoine), Aveenoderm surgras comportant
en plus des corps gras permettant une meilleure humidification de la couche cornée.
b. Méthodes
➢ Le bain peut être partiel par exemple : bain de pied, de main, de siège ou total effectué
alors dans une baignoire.
➢ La durée est variable : de 10 à 30 mn.
➢ Il faut faire pénétrer l’eau de bain au fond des plis, particulièrement chez les obèses où
les fonds des plis sont souvent macérés.

c. Indications
➢ Les bains à action antiseptique et détergente sont indiqués en cas de lésions infectées,
d’érosions et d’ulcérations, de lésions croûteuses, de lésions suintantes.
➢ Les bains d’amidon et de MnO4K calment le prurit et augmentent le confort du
malade.
➢ Les bains fréquents et prolongés décapent davantage les lésions et sont indiqués dans
le psoriasis.
d. Incidents
Ils sont rares :
➢Un malade dans un bain doit être l’objet de surveillance car il peut s’endormir
surtout s’il est sous calmants ou sous anti-histaminiques.
➢Les bains d’amidon rendent la baignoire glissante, le malade doit être maintenu
lors de l’entrée ou de la sortie du bain : risque de facture.
➢Pour les comprimés de MnO4K, surveiller le respect de la concentration
prescrite et la dissolution totale du comprimé dans l’eau car un contact prolongé
du comprimé sur une peau normale entraîne une ulcération.
1-3. Troisième principe : Les colorants
a. Propriétés
Ils couvrent, assèchent les lésions, sont antiseptiques certains sont antifongiques.
b. Types et exemples
Certains ont pour solvant de l’eau ou du sérum physiologique, d’autres ont pour solvant
l’alcool.
Exemples : Eosine à 1 ou 2%, violet de gentiane à 0,1%, Fluorescéine à l’eau ou à
l’alcool, alcool iodé à 1 à 2%, Nitrate d’argent à 2%, très antiseptique, le plus asséchant,
il est toujours à l’eau.
c. Méthode d’application
Sur une peau préalablement lavée et séchée le colorant est appliqué à la compresse puis
laissé sécher.
1-3. Troisième principe : Les colorants
a. Indication
➢ Les colorants s’appliquent sur les lésions suintantes après ablation des croûtes.
➢ Sur les lésions sèches, on risque après un certain nombre d’applications d’augmenter
la dessiccation.

b. Incidents
➢Le solvant alcoolique est mal toléré quand les lésions sont inflammatoires ou érosives,
l’application est douloureuse.
➢Un principe actif trop concentré peut aller à l’encontre de l’effet recherché (Exemple :
une solution forte de Nitrate d’argent peut aggraver le suintement).
➢Deux principes actifs peuvent être incompatibles. Iode et Mercure.
➢Un produit peut être caustique par lui-même.
1-4. Quatrième principe : Les préparations couvrantes actives
a. Les crèmes
➢Elles sont hydrophiles.
➢La crème est un mélange de corps gras et d’une proportion importante d’eau ou
de solution aqueuse + le principe actif.
➢On distingue :
• des crèmes grasses contenant 17% d’eau,
• des crèmes fluides contenants 50% d’eau.
Quand la proportion d’eau dépasse 50%, on obtient des laits qui sont surtout
utilisés en cosmétologie.
Indications des crèmes : lésions suintantes.
1-4. Quatrième principe : Les préparations couvrantes actives (suite)
b. Les pommades
➢ Elles sont hydrophobes.
➢La pommade est un mélange d’un véhicule gras fait d’un ou de plusieurs
constituants + le principe actif.
➢ Exemples de constituants gras : la vaseline, la lanoline, la glycérine.
➢Elles ont l’avantage d’adhérer facilement aux lésions sur lesquelles elles sont
appliquées permettant ainsi une meilleure pénétration des corps actifs. Mais elles
sont imperméables aux transpirations et aux sérosités.
Indications des pommades : les lésions sèches squameuses et kératosiques.
1-4. Quatrième principe : Les préparations couvrantes actives (suite)

c. Les pâtes
➢ La pâte est un mélange de poudre inerte, un corps gras (crème ou pommade) +/- eau +
principe actif.
➢Couvrantes, elles collent sur la peau.
➢On distingue des pâtes dures à base de vaseline, lanoline et d’une quantité assez
importante de poudre, des pâtes molles : huile + poudre + eau + principe actif.
Indications : dermatoses sèches comme suintantes.
1-4. Quatrième principe : Les préparations couvrantes actives (suite)
d. Quelques exemples de principes actifs
➢ Les préparations antiseptiques
• à base de sulfate de cuivre, de Zn : Dermocuivre,
• à base d’ammonium quaternaire (Cétavlon).
➢ Les préparations antibiotiques
• à base de terramycine, à base d’auréomycine, mieux supportées.
• à base de pénicilline, à base de sulfamide, de néomycine sont allergisantes.
➢ Les kératolytiques
• Sont des solvants des squames.
• Les préparations à base d’acide salicylique sont les plus communes : vaseline salicylée à 2%
chez le nourrisson, 5 à 10% chez l’adulte, 20 à 30% en cas de lésions hyperkératosiques par
épaississement de la couche cornée et en cas de lésions lichénifiées par épaississement de
l’épiderme.
1-4. Quatrième principe : Les préparations couvrantes actives (suite)
d. Quelques exemples de principes actifs (suite)
➢ Les anti-inflammatoires
• Surtout ceux à base de corticoïdes sont les plus couramment utilisés et sont
les meilleurs.
• Ils sont efficaces mais ont comme inconvénients l’accoutumance, la
tachyphylaxie. Ils sont classés selon leur puissante en action anti
inflammatoire de niveau 1 à 4 : faible, modérée, forte, et très forte.
1-4. Quatrième principe : Les préparations couvrantes actives (suite)
d. Quelques exemples de principes actifs (suite)
Tableau : exemples de DC selon leur niveau d’activité

Classe 4 clobétasol propionate Dermoval®


très forte bétaméthasone dipropionate Diprolène®

Classe 3 bétaméthasone valérate Betneval®


forte bétaméthasone dipropionate Diprosone®
diflucortolone valérate Nérisone®
hydrocortisone acéponate Locoïd®

Classe 2 Locapred®
modérée désonide Tridésonit®

Hydrocortisone®
Classe 1 hydrocortisone Hydracort®
faible
1-4. Quatrième principe : Les préparations couvrantes actives (suite)
d. Quelques exemples de principes actifs (suite)
➢ Les anti-inflammatoires
• Les incidents sont fréquents :
- Infections mycosiques ou bactériennes ;
- Atrophie cutanée avec purpura et télangiectasie ;
- Vergeture ;
- Hyperpilosité localisée ;
- Dépigmentation ;
- Dermite péri-orale.

• Contre-indications : dermatoses infectieuses microbiennes, fongiques, parasitaires, virales.


1-5. Cinquième principe : la cryothérapie

a. Azote liquide.
D’emploi très aisé en pratique quotidienne, rend d’indéniables services à condition
que ses indications et son application soient correctes.
➢ Le matériel
• L’azote liquide est délivré en containers spéciaux.
• Le point d’ébullition de l’azote liquide étant voisin de – 195 °C, le contenu d’une
bouteille thermos ne dure, en général, guère plus de 36 heures.
1-5. Cinquième principe : la cryothérapie (suite)
a. Azote liquide (suite)
➢ Méthode d’application
• On utilise un bâtonnet dont l’extrémité est couverte par de fines couches successives de coton.
• On trempe quelques secondes cette extrémité dans l’azote liquide ce qui provoque son
durcissement.
• On applique, tout de suite, cette sorte de coton-tige sur la lésion à traiter, pendant quelques
secondes, avec une durée et une pression variable selon la nature de celle-ci.
• La lésion traitée blanchit et se durcit sous l’influence du froid.
• C’est souvent dans les minutes qui suivent l’application que la douleur est la plus importante.
• La gelure occasionnée après le traitement est à l’ origine d’une vasoconstriction et une mort
cellulaire par l’hypertonie extracellulaire qu’elle provoque.
• Une zone nécrotique en est la conséquence : elle s’éliminera par la suite.
1-5. Cinquième principe : la cryothérapie (suite)

a. Azote liquide (suite)


➢Indications
• Les verrues : C’est l’indication type de l’azote liquide
• Les kératoses séborrhéiques
• Les kératoses actiniques
• Les chéloïdes ;
• Les pelades.
1-5. Cinquième principe : la cryothérapie (suite)

b. Neige carbonique
➢Même principe que l’azote liquide avec une durée d’application plus longue
de 2 à 3 mn.
➢Principale indication : Pelade.
II. Les pansements
II. Les pansements

➢ Ils consistent à mettre sur une partie de la peau à traiter un matériel


de recouvrement adapté. Ils sont inertes ou actifs. Ils ont deux buts :
protéger et soigner. Le rôle de protection est double :
➢Le pansement isole une partie ayant perdu ses moyens de protection
naturels des agressions extérieures ;
➢Empêche la dissémination des germes à partir d’une lésion septique.
2-1. Type et indications
a. Les pansements secs
➢ Après une biopsie cutanée par exemple, un désinfectant est passé sur la peau
alentour qui est ensuite dégraissé à l’éther. Une compresse stérile est appliquée
sur la zone biopsiée et fixée par un adhésif ou par un bandage.
➢ Après désinfection d’une lésion, on applique une pâte ou une crème ou une
poudre plus un pansement (compresses – adhésif ou crème). Le produit actif
peut être incorporé par le fabriquant dans la gaze : Biogaze à l’hydrocortisone
et à la néomycine par exemple.
➢ L’adhésif ne doit jamais être mis sur une peau anormale.
➢ Indications
Lésions détergées risquant d’être surinfectées.
2-1. Type et indications (suite)
b. Les pansements humides
➢Principe : Par un apport exogène de liquide, on cherche à ramollir les coûtes.
• Deux méthodes :
- La compresse imbibée d’une solution traitante est placée sur la lésion et recouverte ensuite d’une
feuille en plastique et d’un bandage. L’humidification ici n’a pas besoin d’être renouvelée.
- Une couche de gaze très épaisse est maintenue au niveau de la lésion par un bandage perméable (gaze)
On irrigue ensuite toutes les heures avec la solution traitante pour maintenir une humidification
permanente.
• La solution traitante est variable : eau stérile alcoolisée, sérum-zinc, solution de MnO4K etc…
➢Indications :
• Lésions recouvertes de croûtes, l’infection sous-jacente est une indication à la décrustation.
• Par contre une croûte qui recouvre une plaie stérile doit être respectée car c’est un élément utile à la
cicatrisation.
• Exemples d’indications : impétigo bulleux, eczéma surinfecté, ulcère de jambe.
2-1. Type et indications (suite)

b. Les pansements humides (suite)


➢Inconvénients
• Diffusion de l’infection à la peau normale alentour, il faut donc protéger
cette dernière par une solution antiseptique colorée.
• Le pansement humide doit être changé au moins 2 fois/jour, si ce temps
d’application du même pansement est plus prolongé, il y a risque de
macération.
2-1. Type et indications (suite)
c. Les pansements occlusifs
➢La zone traitée est recouverte par une feuille plastique imperméable, cet occlusif est fixé
par une bande ou par un adhésif hypoallergique.
➢Selon les régions, on peut utiliser un doigtier, un bonnet ou des gants en plastiques.
➢L’occlusion imperméable prolonge l’action d’un traitement préalablement appliqué.
➢Le pansement doit être changé au moins tous les jours, l’occlusion recouvre la plupart
du temps une pommade ou une crème, la feuille occlusive s’appliquant directement sur
la lésion traitée. Les produits appliqués contiennent un kératolytique = acide salicylique
ou dérivés cortisoniques.
➢Indications : Lésions kératosiques et hyperkératosiques, Lésions lichénifiées
➢Incidence
• L’occlusion facilite la macération, la pullulation microbienne et lévurique.
• Si la lésion suinte ou suppure, il faut arrêter l’occlusion.

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