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Jürgen Miethke (Heidelberg)
William J. Courtenay (Madison)
Jeremy Catto (Oxford)
Jacques Verger (Paris)
VOLUME 30
Les universités et la ville
au Moyen Âge
Cohabitation et tension
Édité par
LEIDEN • BOSTON
2007
This book is printed on acid-free paper.
ISSN: 0926-6070
ISBN: 978 90 04 15876 4
Patrick Gilli
pu créer des institutions de savoir qui n’auraient pas été des universités ?
Cette question m’est venue à l’esprit en pensant au cas orentin, où
pour des raisons diverses, la Seigneurie va à partir de 1373 appointer
des professeurs pour enseigner « in civitate » et non « in studio » : cela
commence avec la lecture sur Dante par Boccace, se poursuit avec
celle de Filippo Villani qui a oscillé entre lecture in civitate et lecture in
studio ; le cas le plus célèbre étant celui d’Emanuel Chrysoloras appelé
à enseigner le grec en 1396, clairement in civitate et nullement à l’uni-
versité ; l’affaire se continue pendant tout le XVe siècle plus ou moins
régulièrement.
Cela suggère que l’offre universitaire classique n’apparaissait pas
adaptée à la demande sociale locale, peut-être parce qu’elle était trop
uniforme, qu’un besoin de formation particulière émergeait. Bien sûr,
nous sommes à Florence, ville à la tradition culturelle puissante. Ne
peut-on pas trouver des équivalents ailleurs ? En Italie, on trouverait
d’autres exemples, mais il n’est pas exclu que d’autres villes de l’Europe
aient, à des rythmes différents, enregistré ce besoin de compléter,
voire de concurrencer l’université locale. Ce n’est pas un hasard si
l’humanisme naissant, autrement dit le nouveau paradigme culturel
de l’Europe, s’est afché volontiers comme anti-universitaire, avant de
conquérir des chaires universitaires, mais aussi dans certains cas comme
anti-urbain, à travers des académies, des cénacles hors des enceintes
urbaines : la villa di Careggi pour les Platoniciens orentins. Sans forcer
le trait, il apparaît bien qu’à la n du Moyen Âge, le lien organique
ville-université-institution de savoir s’est quelque peu distendu, faisant
place à de nouvelles structures concurrentes de l’université, en ville ou
ailleurs.
Il y a donc au cœur même de la problématique de ce colloque une
dimension, moins apparente, d’histoire intellectuelle et non plus seule-
ment d’histoire politique, sociale, économique ou urbanistique, parce
que les conditionnements qui pèsent sur l’institution académique ne
peuvent manquer de modier le contenu de l’enseignement, au point
peut-être de mettre en grave danger la survie de ce modèle universel
qu’avait représenté l’université médiévale.
Au risque d’être hors limite, c’était sur ces perspectives que je vou-
lais insister, laissant aux orateurs présents le soin de dénir avec plus
de précisions des modalités d’insertion ou de rejet de l’université et
des universitaires dans leur cité : vaste sujet dont on devine sans peine
l’actualité très contemporaine !
I. L’UNIVERSITÉ DANS SES MURS ET DANS LA VILLE
LE CAMPUS DE L’UNIVERSITÉ DE SALAMANQUE AU
MOYEN ÂGE. BESOINS FONCTIONNELS ET RÉPONSES
IMMOBILIÈRES
1
González Dávila G., Historia de las antigüedades de la ciudad de Salamanca, rééd. B. Cuart
10 ángel vaca lorenzo
Moner (Salamanca : 1994) 6. Une idée similaire, quoique plus catégorique, fut exprimée
à la n du XIXe siècle par Alarcón P. A. de, « Dos días en Salamanca », dans Viajes por
España (Grenade : 1989) 276 : « L’université a été, moralement et matérialement, l’âme
et la vie de Salamanque, la source de sa grandeur et de sa renommée, l’occasion et
l’origine de presque tous ses plus beaux monuments ».
2
En grande partie publiée par Onís J. M., « Los documentos reales del Archivo uni-
versitario de Salamanca », dans Memorias de la universidad de Salamanca. Cursos : 1881-1891.
Esperabé Arteaga E., Historia pragmática é interna de la universidad de Salamanca (Salamanca :
1914) 2 vol., Marcos Rodríguez F., Extractos de los libros de claustros de la universidad de
Salamanca. Siglo XV (1464-1481) (Salamanca : 1964) et Vaca Lorenzo Á., Diplomatario del
Archivo de la Universidad de Salamanca. La documentacion privada de época medieval (Salamanca :
1996) édi. elec., préalablement édité comme « Regesta de los documentos medievales
de carácter privado existentes en el Archivo de la Universidad de Salamanca », dans
Studia historica. Historia Medieval 13 (1995) 111-183.
3
J’ai utilisé fondamentalement ses Actas Capitulares, encore inédits qui, quoique
remontant à l’année 1298, ont été en partie conservés jusqu’à la n du XVe siècle.
4
Beltrán de Heredia V., Bulario de la Universidad de Salamanca (1219-1549) (Salamanca :
1966-1967) 3 vol.
5
Id., Cartulario de la Universidad de Salamanca (1218-1549) (Salamanca : 1970-1973)
6 vol.
6
Le premier fut fondé en 1386 par Gutierre de Tolède, évêque d’Oviedo, et le second
en 1401 par Diego de Anaya, à l’imitation du collège San Clemente des Espagnols de
Bologne, qui avait été fondé en 1367 par le cardinal Álvarez de Albornoz.
le campus de l’université de salamanque au moyen âge 11
7
J’y ai consacré un petit article il y a peu auquel je renvoie : Vaca Á., « Orígenes y
fundación de la universidad de Salamanca », Papeles del Novelty 8 (2003) 79-94.
8
Lucae Tudensis, Chronicon Mundi, ed. E. Falque (Turnhout : 2003) 335, et dont la
traduction dans la Crónica de España dit textuellement : « Este,/por consejo saludable
llamó maestros muy sabios en /las sanctas escripturas y establesció que se ziessen/
escuelas en Salamanca, [e] desde aquel dia màs se/endereçó la salud (del sacricio)
[de la victoria] en /su mano », dans Lucas de Tuy, Crónica de España, ed. J. Puyol
(Madrid : 1926) 422.
9
« de buen aire e de fermosas salidas . . . los maestros que muestran los saberes e los
escolares que los aprenden vivan sanos e puedan folgar e recibir placer en la tarde
cuando se levantaren cansados del estudio . . . abondada de pan e de vino e de buenas
posadas en que puedan morar e pasar su tiempo sin gran costa . . . mucho guardar e
honrar a los maestros e a los escolares e a todas sus cosas », dans Alfonso X, roi de
Castille, Las Siete partidas del rey don Alfonso el Sabio (Madrid : 1807) II, 340. Telles furent
les raisons qui, selon Pedro Chacón, le premier historien de l’université de Salamanque,
poussèrent Alphonse IX à choisir la cité de Salamanque comme siège de son université,
ainsi qu’il le dit : « [Cerca de los años del Senor de mil y doscientos], según se cuenta
de un privilegio del Rey Fernando el Santo, Don Afonso el Noveno, Rey de León,
hijo del Rey Don Fernando el Segundo, y nieto del mesmo emperador Don Alonso
Séptimo, ordenó de hacer él también Escuelas en su Reino, porque sus naturales no
tubiesen necesidad de salir fuera de él a aprender, y escojió para el asunto de ellas, la
ciudad de Salamanca, por ser lugar sano, de buenas aguas y proveído de muchos y
buenos bastimientos ; que son la qualidad que el Sabio Rey Don Alonso pone en sus
Partidas, que ha de tener el lugar donde estudio general se hiciere, y por otras conmo-
didades que para el propósito halló en ella », dans Chacón P., Historia de la Universidad
de Salamanca, ed. A. Carabias Torres (Salamanca : 1990) 51-52.
12 ángel vaca lorenzo
10
« La çibdad de Salamança uençie a las otras çipdades del regno de Leon de
muchos moradores et de grandes et anchos terminos », dans Primera crónica general.
Estoria de España que mandó componer Alfonso el Sabio y se continuaba bajo Sancho IV en 1289,
ed. R. Menéndez Pidal (Madrid : 1906) I, 673.
11
Il ne faudrait pas pour autant oublier son caractère de cité-frontière entre la
Castille, le Portugal et le monde islamique, situation qui la transforma en capitale
et résidence quasi-permanente du monarque et en centre géographique du royaume
de Léon, si, comme le voulait le roi, il devait s’étendre vers le sud vers les terres des
royaumes musulmans de Badajoz et de Séville. Qui plus est, l’université pouvait être
un facteur supplémentaire d’union entre les habitants du León depuis la Galice et les
Asturies jusqu’à l’Extrémadure et l’Andalousie, comme le fait bien remarquer Martín
J. L., « Saber es poder. El Estudio Salmantino », dans Historia de Salamanca, II : Edad
Media (Salamanca : 1997) 487.
12
Beltrán de Heredia (1966-1967) I, doc. 10.
13
Id., doc. 15.
14
Id., doc. 28.
le campus de l’université de salamanque au moyen âge 13
15
C’est ce que l’on déduit de la présence d’un archischola, délégué du chapitre,
au concile de Carrión, où l’on avait élu comme chancelier don Berenguer, évêque
de Salamanque, dans Beltrán de Heredia V., Los orígenes de la Universidad de Salamanca
(Salamanca : 1983) 16.
16
C’est ce que l’on peut observer à travers le testament du chanoine don Vela, un
des promoteurs de la construction du ciboire de la cathédrale romane, qui en 1163
testa en faveur de Munio Gallego une aranzada de vigne, à condition qu’après sa mort
« tornet se a Sancta Maria, et quantum remanserit de illa vinea, vendant illa, et precio
quod inde acceperint invient ad illos IIIIor clerizones qui sunt a Francia legere », dans
Martín Martín J. L. et alii, Documentos de los archivos catedralicio y diocesano de Salamanca (siglos
XII-XIII) (Salamanca : 1977) doc. 27.
17
Martín Martín J. L., El cabildo de la catedral de Salamanca (siglos XII-XIII) (Salamanca :
1975) 61. En effet, d’après le roi Alphonse X « para seer el estudio general complido
quantas son las ciencas tantos deben seer los maestros que las muestren, asi que cada
una dellas haya hi un maestro á lo menos : pero si todas las ciencias non pudiesen
haber maestros, abonda que haya de gramática, et de lógica, et de retórica, et de leyes
et de decretos », dans Alfonso X (1807) II, 341.
18
Sánchez Sánchez D., « Catedral y Universidad en sus orígenes », dans La Universidad
de Salamanca, éd. M. Fernández Álvarez, L. Robles Carcedo y L. E. Rodríguez-San
Pedro (Salamanca : 1989) I, 330 y « Catedral y Universidad, una relación secular »,
dans Historia de la Universidad de Salamanca, éd., L. E. Rodríguez-San Pedro Bezares
(Salamanca : 2002) I, 410.
14 ángel vaca lorenzo
19
Auteur qui signale que « durant les deux premiers siècles de son existence, l’Aca-
démie, en raison de l’impossibilité pour elle de mener une vie autonome, dépendait
de façon presque absolue du chapitre cathédral. Les rentes pour son maintien étaient
d’origine ecclésiastique, elles furent gérées jusqu’au début du XIVe siècle par le chapitre.
Les attributions des grades et les actes académiques étaient célébrés dans les dépen-
dances de ce dernier. Les salles étaient des locaux qu’il cédait. La masse des étudiants
était composée presque exclusivement de clercs et d’aspirants à la clergie, c’était en
tout cas un personnel qui était assimilé aux privilèges des clercs », dans Beltrán de
Heredia (1970-1973) I, 83.
20
Lequel afrme « A la n de 1218 ou au début de 1219, sur décision expresse du
monarque, l’école cathédrale fut transformée en Studium generale », dans Riesco Terrero
A., Proyección histórico-social de la Universidad de Salamanca a través de sus colegios (siglos XV y
XVI) (Salamanca : 1970) 15.
21
Lequel, à son tour, soutient que « le Studium primitif de Salamanque était à l’origine
une extension de l’école de la cathédrale, exécutée par Alphonse X », mais qui cependant
continua à être « soumis au chapître tant sur le plan disciplimaire qu’intellectuel, car
les premiers maîtres de l’Etude furent, sans doute, des personnes liées au Chapître »
en dehors du fait que le premier dépendait du point de vue académique de l’écolâtre,
personnalité chargée de diriger l’école de la Cathedrale, dans Martín Martín (1975) 59.
22
Lequel, de son côté, afrme que l’université de Salamanque naquit de la oris-
sante école cathédrale de Salamanque dans laquelle Alphonse IX comptait des amis
qui probablement inuencèrent sa décision et qui fournirent au nouveau centre des
maîtres et des locaux où ils commencèrent à faire cours, dans Alonso Romero M. L.,
Universidad y sociedad corporativa. Historia del privilegio jurisdiccional del Estudio salmantino
(Madrid : 1997), 25 et sq.
23
Cette situation distingue la naissance de Salamanque des modèles européens des
universités nées spontanément, selon Monsalvo Antón J. M., « El Estudio y la ciudad en
el período medieval », dans Historia de la Universidad de Salamanca, ed., L. E. Rodríguez-
San Pedro Bezares (Salamanca : 2002) I, 444, qui en outre, signale la présence plus ou
moins subalterne, aléatoire ou nulle du conseil urbain dans le schéma de l’organisation
de l’université, même si leurs rares relations ne furent pas exemptes de quelques conits
suscités par le logement ou l’approvisionnement des membres de l’université, et surtout
par le statut spécial de l’université qui lui permettait de bénécier d’une juridiction
propre et exempte à celle de la cité.
le campus de l’université de salamanque au moyen âge 15
24
Beltrán de Heredia (1966-67) I, docs. 162, 220 et 341.
25
« Dans le parchemin de 1381 on recense 342 numéros desquels il faut retrancher
les professeurs et quatre numéros qui sont répétés, ce qui aboutit à 326 étudiants. Le
parchemin de 1393 fait état de 122 personnes, dont il reste, une fois faits les mêmes
retranchements que précédemment, 110 étudiants. Enn, le rotulus de 1403 fait appa-
raître 324 personnes, qui aboutissent à 311 étudiants, une fois retranchés celles qui
n’étaient pas des étudiants. A vrai dire, il faut ajouter un étudiant supplémentaire à
chacun de ces tableaux car en aucun d’eux n’apparaît le recteur de l’université de
Salamanque qui était également un étudiant », d’après García y García A., « Génesis
de la Universidad de Salamanca, siglos XIII-XIV », dans Historia de la Universidad de
Salamanca, ed. L. E. Rodríguez-San Pedro Bezares (Salamanca : 2002) I, 33.
16 ángel vaca lorenzo
26
Sur ce voyage, voir Herbers K., « Aspectos del ‘tiempo libre’ y de ‘estas’ en algunos
relatos de viajeros y peregrinos del siglo XV », dans Fiesta, juego y ocio en la Historia. XIV
Jornadas de Estudios Históricos, ed. Á. Vaca Lorenzo (Salamanca : 2002) 79-102.
27
Beltrán de Heredia (1970-1973) II, 160.
28
« Multo etiam ditiorem urbem hanc atque opulentiorem in dies faciunt et inquilini
qui studiorum gratia urbem incolunt. Huc enim, ut superius scriptum est, ex omnibus
ferme totius Hispaniae urbibus et oppidis undique conveniunt, atque etiam plures ex
esternis gentibus . . . Inquilinorum autem omnium numerus septem fere milium censetur,
qui omnes exempto quotidie vivunt », dans Id., III, 140.
29
C’est, par ailleurs, le chiffre des étudiants permanents tel qu’il apparaît dans
l’enquête effectuée par l’écolâtre Sancho de Castilla durant le procès qu’il maintint au
début du XVIe siècle avec Juan de Landeira, autre prétendant à la fonction d’écolâtre,
devant la Rota romaine, d’après Id., II, 39-40.
le campus de l’université de salamanque au moyen âge 17
30
García et García A., « Consolidaciones del siglo XV », dans Historia de la Universidad
de Salamanca, ed. L. E. Rodríguez-San Pedro Bezares (Salamanca : 2002) I, 62.
31
Selon un recensement de 1504, l’Université comptait un total de 2.694 personnes
(‘dotores e maestros e oçiales e estudiantes e personas del dicho Estudio’), ce qui
représentait presque 15% du cens de la ville (18.489), d’après Martín Martín J. L.,
« Estructura demográca y profesional de Salamanca a nales de la Edad Media »,
dans Provincia de Salamanca. Revista de Estudios, 1 (1982) 21.
32
« aquelas costumbres e aquellos fueros que ouieron los escolares en Salamanca
en tiempo de mýo padre quando estableció hý las escuelas », dans Onís (1888-91)
doc. I.
18 ángel vaca lorenzo
33
Malheureusement, l’original n’a pas été conservé ; il devait être « escripta en par-
gamino de cuero e sellada con su sello de çera colgado », voire inséré dans une charte
de privilège et conrmation du roi Henri III octroyée à Valladolid le 20 septembre
1401, dans Id., doc. XXXV.
34
« De los maestros mando e tengo por bien que ayan vn maestro en leys e yo quel
de quinientos maravedis de salario por el anno e el que aya vn bachiller canonigo. Otrosi
mando que aya vn maestro de decretos e yo le de tresientos maravedis cada anno.
Otrosi mando que ayan dos maestros en decretales e yo les de quinientos maravedis
cada anno. Otrosi tengo por bien que ayan dos maestros en logica e yo que les de
dosientos maravedis cada anno. Otrosi mando e tengo por bien que ayan dos maestros
en lo gramatica e yo que les de dosientos maravedis cada anno. Otrosi mando e tengo
por bien que ayan dos maestros en fìsica e yo que les de dosientos maravedis cada
anno. Otrosi mando e tengo por bien que ayan vn estacionario e yo que le de çient
maravedis cada anno e el que tenga todos los exenprarios buenos e correchos. Otrosi
mando e tengo por bien que ayan un maestro de organo e yo que le (de) çinquenta
maravedis cada anno. Otrosi mando e tengo por bien que ayan un apotecario e yo que
le de cincuenta maravedis cada anno. Otrosi tengo por bien que el dean de Salamanca
e Arnal de sençaque que yo fago conseruadores del estudio ayan cada anno dosientos
maravedis por su trabaio », dans Onís (1888-1891) doc. XXXV.
35
Sur les dîmes prélevées par le diocèse de Salamanque, un tiers des revenus de la
fabrique du diocèse (tercias reales) revenait à l’université. Voir ici-même l’article de José
Luis Martín Martín, N.d. T.]
le campus de l’université de salamanque au moyen âge 19
36
Beltrán de Heredia (1970-1973) I, 659 et 661.
37
« Si legens autem de hebraica cum aliis duabus linguis sibi ex certo statuto dicti
studii annexis, videlicet, chaldaea et arabica, fuerit magister legens de biblia, ut prae-
fertur ; si vero non fuerit magister in teologia, et in ipsis linguis, vel saltem in duabus
earum, ut praemittitur, sit peritus, triginta orenos similiter recipiant annuatim », dans
d’après Id., (1966-67) II, doc. 444.
38
« Tertiam partem de huiusmodi tertia decimarum praedictarum civitatis et dio.
Salamantin. in salaria magistrorum et doctorum, quos in decretis, decretalibus, legibus,
medicina, logicalibus et grammaticalibus et musica regere ac docere pro tempore in
dicta civitate contigerit », dans Id., I, doc. 24.
39
Le responsable de cet accroissement fut le pape Benoît XIII puisque, entre autres
choses, « il augmenta les salaires des chaires et institua trois nouvelles en théologie et
beaucoup d’autres en toutes les facultés pour que dans cette célèbre et générale uni-
versité, on ne manque pas d’enseigner aucune des choses qui sont enseignées dans les
autres universités. Il ordonna qu’il y en ait davantage à l’heure de prime, d’autres à
tierce, d’autres à vêpres, et il les signala toutes comme étant nécessaires mais avec des
salaires différents », d’après Chacón (1990) 77-78.
40
Beltrán de Heredia (1966-67) I, doc. 220.
41
Id., (1970-1973) I, 659.
42
Id., 659 et 661.
20 ángel vaca lorenzo
une autre de vêpres et une autre de Bible), les deux de médecine (prime
et vêpres), les deux de logique (nova et veteri), les deux de philosophie
(naturali ac morali), les deux de grammaire, celle de de rhétorique, de
musique, d’astrologie, de géométrie et d’arithmétique, d’hébreu, de
chaldéen et d’arabe qui apparaissent dans les Constitutions que Benoît
XIII avait accordées à Peñíscola, le 26 juillet 141143, cela fait un total
de 14 disciplines et 25 chaires dotées, ce qui équivaut, en outre, au
chiffre qui gure dans une requête envoyée au pape Eugène IV par
l’université le 24 février 143244 (voir Tableau 1).
Tout au long du XVe siècle, le nombre de chaires et de disciplines
continua d’augmenter. Bien qu’on ne puisse pas suivre cet accroissement
point par point, Lucio Marineo Sículo rapporte, dans son De Hispaniae
laudibus, outre les nombreuses chaires extraordinaires, un total de 36
chaires ordinaires, qui se répartissaient de la manière suivante : 5 de
théologie, 6 de droit canon, 7 de droit civil, 4 de philosophie, 3 de
médecine, 1 d’astrologie, 1 de musique, 3 de dialectique, 1 de rhétori-
que, 1 de grec et 4 de grammaire45.
La seule faculté de création récente fut celle de théologie qui, à
Salamanque, à la différence des autres universités, n’existait pas avant la
venue de Pedro de Luna en 1380, bien qu’il ait été établi que depuis le
début du XIVe siècle, il y avait déjà un enseignement de cette discipline
dans les couvents de San Esteban (dominicains) et de San Francisco.
Dans les livres sus-mentionnés de tercias de 1406, de 1407 et 1408, deux
chaires de théologie (une de prime et une autre de vêpres) apparaissent
dotées, quoiqu’Andrés Martín pense que leur fondation avait eu lieu
43
Id., (1966-67) II, doc. 444. Nombre de ces chaires gurent déjà dans les registres
de tercias de 1406, 1407 et 1408.
44
« Item veatissime pater, cum in dicta universitate Salamantin. viginti quinque
cathedrae ordinariae de publico salariatae sint », dans Id., doc. 837.
45
« Profesiones autem hujus academiae primae sunt : Theologiae divinarumque rerum
quinque : in quibus una est sermonis hebraici, atque alia Psalterii. Juris vero ponticii
sunt sex ; civilis autem septem ; philosophiae quatuor, quarum una mores, aliae vero
rerum naturas edocent. Medicinae tres. Se Syderum quoque motu et cognitione una,
alia musicae ; dialecticae tres atque rhetorices una et una linguae graecae ; grammaticae
quatuor. Sunt etiam aliae extraordinariae plures » dans Id., III, doc. 851. Le nombre
de chaires continua d’augmenter durant le siècle suivant et en 1569, il y en avait
soixante-dix, « a saber : de Cánones diez ; de Leyes, otras diez ; de Teología, siete ; de
Medicina, siete ; de Lógica y Física once ; de Astrología una ; de Música otra ; de las
Lenguas Hebrea y Caldea dos y de Lengua Griega ; quatro de Retórica y gramática
diez y siete cáthedra », en plus de « más de quarenta ociales, que para el servicio,
gobierno y ornato de ella son necesarios », selon Chacón (1990) 83.
le campus de l’université de salamanque au moyen âge 21
Tableau 1 (cont.)
Centre Alphonse X Benoît XIII L. Marineo Pedro Chacón
1254 1381-1411 Sículo1496 1569
Sans
F 2 Grammaire 2 Grammaire 4 Grammaire 17 Grammaire
A (prime) 1 Grec 2 Langues hébraï-
C 1 Hébreu, 1 Rhétorique que, chaldéenne
U chaldéen et 1 Astrologie et grecque
L arabe 3 Dialectique 4 Rhétorique
T 1 Rhétorique 1 Musique 1 Astrologie
É 1 Astrologie, 1 Musique
géométrie et
arithmétique
1 Musique
46
Andrés Martín M., « La faculdad de Teología », dans La Universidad de Salamanca,
ed. M. Fernández Álvarez, L. Robles Carcedo et L. E. Rodríguez-San Pedro (Sala-
manca : 1989) II, 63.
47
Particulièrement dans ses articles 1 et 12, dans Beltrán de Heredia (1966-67)
II, doc. 444 et Valero García P. et Pérez Martín M., « Pedro de Luna y el estudio
salmantino. Aspecto Institucional : su Constitución », dans Stvdia Historica. Ha Moderna
VIII (1990) 131-149.
48
En particulier dans ses articles 15-20, dans Beltrán de Heredia (1966-67) II, doc.
le campus de l’université de salamanque au moyen âge 23
Tableau 2 : Régime des enseignements et durée des études dans l’USAL au Moyen Âge.
GRADES Droit Droit ARTS MÉDE- THÉO-
CIVIL CANON CINE LOGIE
6 cours 6 cours 3 cours Bachelier 6 cours de
BACHELIER de Civil de Canon de Logi- en Arts, Sentences
et 10 (deux de que 4 cours de (4 de Bible),
lectures Décret) et et de Médecine 10 lectures et
10 lectures Philoso- et 10 une tentativa.
phie lectures
49
Dans les constitutions de Martin V, article 16, on détaille un peu plus : la première
année devait être consacrée à la Logique ancienne et nouvelle ; la deuxième, Logique
et Philosophie naturelle ; la troisième, Philosophie morale et naturelle ; de plus, il fallait
avoir réalisé simultanément trois explications de Logique, quatre de Philosophie naturelle
et trois de Morale dans les écoles d’Arts.
50
D’après la bulle délivrée par Benoît XIII le 16 mars 1416 à Peñíscola, qui exigeait,
en plus des mendiants aspirants à devenir théologiens, exigeait d’autres pré-requis, notam-
ment, l’intervention de leur propre ordre, dans Beltrán de Heredia (1966-67) II, doc. 514.
51
C’est pourquoi le 6 juillet 1493, les Rois Catholiques ayant été informés de ce
le campus de l’université de salamanque au moyen âge 25
que « muchos de nuestros súbditos e naturales que van a estudiar cánones e leyes en
esos studios [Salamanca et Valladolid], con cobdicia de haber ocios de justicia e otros
cargos de gobernación, salen del estudio mozos e antes que deben, sin tener las letras
e suciencia que deberían e podrían tener, e sin tener tanta edad cuanta sería menes-
ter para semejantes cargos e ocios de justicia ; lo cual es causa que en esas dichas
Universidades y estudios no haya doctores ni tales estudiantes como debría, e los que
salen de los dichos estudios en los cargos que les son encomendados non saben ni dan
la cuenta que debrían » ordonnèrent qu’aucun étudiant de droit canon ou civil qui
n’aurait pas suivi des cours pendant dix ans « no pueda haber ni haya ocio ni cargo
de justicia ni pesquisidor ni de relator en el nuestro Consejo ni en la nuestra Audiencia
e Chancillería ni en ninguna cibdad ni en villa ni lugar de nuestros reinos », de même
que « haya a lo menos edad de veinte e seis años », dans Id., (1970-1973) II, 144-45.
52
En 1290, « las tercias de los otros dos quartos de Salamanca, que son Almuña
e Peña del Rey, con la villa de Salamanca, andan en cuenta de la moneda nueua,
al seys tanto, mill-dccccxxxiii mr [e] terçia, que son de la guerra xi-mill-dc mr. Son
puestos en esta guissa : Al Estudio de Salamanca, x-mill mr. A don Johan Ferrandez,
en los otros lugares quél ý a, que son Arçidiano e Palençuela e otros logares destos
quartos, mill-dc-mr » et en 1292, « las terçias de los otros quartos de Salamanca, que
son Almuña e Peña del Rey, con la villa de Salamanca, andan de cuenta de la moneda
nueua, al seys tanto, mill-dccccxxxiii mr [e] terçia, que son de la guerra xi-mill-dc
26 ángel vaca lorenzo
mr. Son puestos en esta guissa : A don Johan Ferrandez, maordomo, en los terçios de
Veguiella e de Arçediano e Palençuela e otros logares que el a en estos dos quartos,
mill-dc-mr. Al Estudio de Salamanca, los otros que ncan, que son, x-mill mr », chez
Hernández F. J., Las rentas del rey. Sociedad y sco en el reino castellano del siglo XIII (Madrid :
1993) I, 308-09.
53
Certaines de ces difcultés, et surtout, l’organisation economico-administrative
de l’université au Moyen Âge ont été étudiées par Martín Lamouroux F., La revelación
contable en la Salamanca histórica. La Universidad de Salamanca en la encrucijada contable de los
siglos XV y XVI a través de sus cuentas (Salamanca : 1988) 35 sq.
54
« alos cogedores e alos arrendadores e a aquellos que ouiessen de veer las terçias,
que ssi dar non quisiesen los XI mil DC mr. al estudio de salamanca queles tomase
pan e vino ffata en quantia destos mr sobredichos », dans Gaibrois de Ballesteros
M., Historia del reinado de Sancho IV de Castilla (Madrid : 1922) I, CLXXXII.
55
« a las veces cesan de leer los maestros por mengua de las pagas de los salarios, e
que es gran daño de los escolares », dans Beltrán de Heredia (1970-1973) I, 626.
le campus de l’université de salamanque au moyen âge 27
retrouva sans ressources économiques pour payer les salaires des pro-
fesseurs et des employés.
Face à cette situation de faillite économique, « à cause des tercias que
le pape avait enlevées au roi, et avec lesquelles on avait coutume de
payer les maîtres de l’université de Salamanque ; et que pour ce motif
l’université dépérissait tant qu’il n’y aurait aucun prélèvement pour
payer les maîtres, et que cela causerait un grand dommage pour le
roi et pour tout le royaume, et plus encore pour l’église et la ville de
Salamanque, car une chose aussi noble périrait, et si prestigieuse que
l’université », le conseil municipal de Salamanque, en lien avec le cha-
pitre de la cathédrale, décidèrent de demander au roi qu’il « ordonnât
de leur envoyer de l’argent pour payer les maîtres cette année et pour
que l’université ne pérît pas », et le roi y consentit, ordonnant « que l’on
envoie depuis ce territoire douze mille maravédis pour l’université, ce
qu’il faudrait pour payer les maîtres cette année ». De cette façon, le
précité conseil municipal, en accord avec le chapitre, décidérent répartir
l’assiette de ces impôts entre les habitants de la terre de Salamanque,
sans « qu’aucun n’esquivât de les payer, qu’il fût clerc ou laïc, parmi tous
ceux qui possédaient des biens d’au moins soixante maravédis, même
s’ils avaient une lettre privilège les dispensant de le faire », à l’exception
des brassiers et des serviteurs des clercs et des chevaliers, ainsi que tous
ceux qui habitaient dans le château de Monleón56.
Face à ce fait accompli et à la demande insistante de la reine María
de Molina, Clément V accorda la suppression de l’embargo des tercias
royales en 1309 et, pour que l’université n’eût pas à renouveler sa
demande tous les trois ans, sur suggestion de l’évêque de Salamanque,
Pedro Pérez, le pape ordonna à l’archevêque de Compostellle de le tenir
informé de la valeur des dites tercias, sur le nombre d’enseignants et le
56
« razon de las tercias, que el Papa había tirado al Rey, onde se solían pagar los
maestros del Estudio de Salamanca, é que por esta razon el Estudio perecía, si algun
recaudo non oviese de pagar los maestros, é esto que seria muy grande danno del
Rey é de todo el reino, e sennaladamentre de la iglesia é de la villa de Salamanca,
do se perecería tan noble cosa, é tan honrada como el Estudio . . . mandase echar
algunos dineros entre si, para pagar á los maestros por este anno, porque el Estudio
non pereciese . . . echasen por la tierra doce mill maravedís para el Estudio, cuanto
por este anno para pagar los maestros . . . sin que ninguno no se escusase de pechar en
ello, nin clérigo nin lego, de quantos ouiessen ualía de sesenta mrs., por carta nin por
preuillegio que touiese », ainsi il est dit littéralement dans un document du 9 janvier
1306 dont une copie est conservée dans l’Archivo de la Catedral de Salamanca, caj.
16, leg. 1, núm 28. Publ., entre autres, chez Villar y Macías M., Historia de Salamanca
(Salamanca : 1974) III, Apén. XVI, réed.
28 ángel vaca lorenzo
57
Bulle délivrée en Avignon le 13 mars 1313, dans Beltrán de Heredia (1966-67)
I, doc. 23.
58
Bulle délivrée dans le prieuré de Grausello le 14 octobre 1313, dans Id., doc. 24.
59
Ainsi, on sait qu’en 1318, les revenus réels n’étaient pas sufsants, comme le
signale un extrait copié dans le Tumbo del Archivo Municipal de Salamanca, d’un
document disparu où il est dit : « un despacho en latin del señor arzobispo de Santiago,
en virtud del breve de su Santidad inserto en él, para que, mediante la parte que se
había señalado en las tercias de la Universidad desta ciudad para la manutención
de los doctores y maestros de sus estudios no había bastante para sus alimentos,
por cuyo motivo se hallaba deteriorada, de ello se le acrecentase otra parte más en
dichas tercias ; y asimismo está inserto un poder dado por la ciudad para tratar con
dicho señor arzobispo sobre la forma en que se había de ordenar y establecer dicho
estudio. Su data de el referido despacho en Zamora a 16 de octubre de 1318 », dans
Id., (1970-73) I, 117.
60
Qui le 17 novembre 1324, d’après un document conservé dans l’Archivo de la
Catedral de Salamanca, caj. 26, leg. 1, nùm.19, ordonna à l’évêque, au chapitre et à
l’écolâtre de Salamanque d’obliger le conseil, l’archiprêtre, les clercs, les paroissiens et
les collecteurs des tercias d’Alba de Tormes à payer le tiers de la tierce part des dîmes
des églises qui étaient obligées à cela par concession du pape, an de payer les salaires
des maîtres de l’université. Cit. dans Marcos Rodríguez F., Catálogo de los documentos del
Archivo Catedralicio de Salamanca (siglos XII-XV) (Salamanca : 1962) doc. 519.
le campus de l’université de salamanque au moyen âge 29
61
Il fonde cette assertion sur quelques vers du poème intitulé « Triunfo Raimun-
dino » écrit par le bachelier Juan Ramón de Transmiera au début du XVIe siècle :
« Don Martin sumo prelado /Este estudio edicó, /Y de sus rentas dotò /Universal
afamado », dans Villar y Macías (1974) III, 27 et 73, et V, 166. Evidemment, il faut
également interpréter le mot « edicó » du Triunfo Raimundino dans un sens non pas
strictement littéral, mais dans celui de créer.
62
González J., « Notas sobre los orígenes de la Universidad de Salamanca », dans
Boletìn de la Biblioteca de Menéndez Pelayo XXII (1946) 56.
63
Selon Monsalvo Antón (2002) 453.
30 ángel vaca lorenzo
64
« Estando en cabillo don Remón Bodín, deán de Salamanca, et personas et canó-
nigos et raçioneros, todos juntos, segúnt que lo han de huso et de costunbre, paresçió en
el dicho cabillo Alfonso Ferrández, bedel ; et dixo que por quanto él tenía las escuelas
de las Decretales, que son cerca de la eglesia, sacadas en renta por su vida, por ciento
et sesenta maravedís cada año, et que si los dichos deán et Cabillo le quitasen de la
renta quarenta maravedís, que él repararía bien las dichas escuelas et que faría el suelo
del sobrado todo de tablas aserradaças ; et otrosí que faría asentamientos en derredor
de las dichas escuelas todas las paredes en que se asentasen los escolares ; et otrosí, por
medio de las dichas escuelas en el dicho sobrado asentamientos, los que fuesen menes-
ter, todos de buenas tablas plegadas en manera que non se podiesen tirar ; et otrosí,
conplimiento de bancos para en que tengan los libros delante sí los escolares, delante
todos los asentamientos, así en derredor commo en medio, e que estén plegados et de
yuso de los pies tablas plegadas en que tengan los pies. Et esto todo que lo cunpliríe en
derredor de las escuelas, cabe las paredes et por medio, commo dicho es, en manera
que podiesen estar hý asentados e copiesen a los menos dozientos scolares . . . Et obligóse
de los dar fechos e endereçados desde día de Sant Miguel de setienbre, primero que
viene, fasta un año conplido », dans Actas Capitulares, livre 1, fol. 49.
le campus de l’université de salamanque au moyen âge 31
65
« en las quales morava don Beltrán Beltr[aner], maestrescuela que Dios perdone »,
dans Id., livre 1, fol. 77 v. Les maisons oú vivait le chantre Martín García « son a do
venden los peçe » (1383, juillet 24), dans Id., livre 1, fol. 80.
66
Les maisons des Peces « son en esta çibdat, cerca la dicha eglesia, fronteras de las
[Esc]uelas Nuevas », dans Id., livre 2, fol. 188 v. En 1499 on document sur la « Plaça
de Santa María unas casas al cantón de la calle, frontero de las Escuelas Mayores [en
marge : « que se llaman de los Peçes »] a mano derecha », selon le Libro de las posesiones
del cabildo y de los capellanes del coro, mss. de l’Archivo Catedralicio, fol. XIV.
67
Au moins en deux occasions distinctes, 1414 et 1421, le conseil de l’université
s’y réunit, tandis qu’en 1428 la réunion eut lieu dans les écoles de Décret, selon Vaca
Lorenzo (1996) docs. 4, 7 et 15. Par la suite, le lieu ordinaire pour la célébration des
conseils universitaires fut la chapelle de Saint-Jérôme, située dans les Escuelas Mayores,
même si dans la seconde moitié du XVe siècle, elles se tinrent aussi en d’autres lieux :
cloître de la cathédrale, maisons particulières de l’écolâtre, du recteur, du vice-recteur,
des docteurs, monastère de la Vega, etc., d’après Marcos Rodríguez (1964) 13-14.
32 ángel vaca lorenzo
68
« que solía tener don Hay en la Rúa Nueva », dans Actas Capitulares, livre 2, fols.
53 v, 56 v et 99 v.
69
Id., livre 1, fol. 55 v, 80 et 95 v. : encore au début du XVIe siècle, on se souvenait
de cette localisation, proche de la place de San Cebrián d’alors, d’après ce qui apparaît
dans le Libro de las posesiones del cabildo y de los capellanes de coro, fol. XL.
70
« Ítem, este dicho día (15 de septiembre), Juan Sánchez de Pavía, estudiante en
Artes, sacó en renta e le dexó en renta por su vida en cabillo García Díaz, racionero de
Salamanca, unas casas quél tenía por su vida, que son a las escuelas viejas de Gramática.
Las quales casas son al canto de la calleja que va del Desaadero para Sant Agostín.
En las quales casas ha quatro cámaras con su corral ; la una con un sobrado alto, e la
otra con otro sobrado, e la otra con un pedaço de sobrado e la otra sin sobrado. Estas
dichas cámaras son con su portal general de parte de dentro. De las quales dichas
casas son linderos : de la una parte, el corral de las escuelas de Alfonso Martínez, que
son casas de San Benito, e de la otra parte casas de Santa María, que tiene Juan de
Bonilla, e de las otras dos partes la calle », dans Actas Capitulares, livre 2, fol. 7 v.
71
« Fiança de las casas de Miguel Martínez . . . de las casas que él tiene en renta del
Cabillo, en que solía morar el dotor Juan Gonçález, e de las casas en que él mora, las
quales son commo van del Desaadero a las escuelas de la Gramática, a manezquerda »,
dans Id., livre 2, fol. 98 v.
72
« Martín Fernández de Paredes, bachiller en Decretos, racionero en la dicha
eglesia, sacó en renta por su vida una casa que vacó por muerte de Ça Cabaña, judío,
que está junta con el arco (dans l’interligne : de la iglesia) de Sant Salvador, que ha por
34 ángel vaca lorenzo
linderos : de una parte, (dans l’interligne : el dicho) arco e de la otra parte (biffé : casas) las
escuelas de la Gramática, por ochenta e çinco maravedís viejos e un par de gallinas
cada año », dans Id., livre 2, fol. 112 v.
73
Beltrán de Heredia (1970-73) II, 196-97 et dans les Actas Capitulares, livre 2, fol. 135.
le campus de l’université de salamanque au moyen âge 35
74
« Las escuelas del estudio general deben seer en logar apartado de la villa, las unas
cerca de las otras, porque los escolares que hobieren sabor de aprender aina puedan
tomar dos liciones ó mas si quisieren en diversas horas del dia, et que puedan los unos
preguntar á los otros en las cosas que dubdaren : pero deben las unas escuelas seer
tanto arredradas de las otras, que los maestros non se embarguen oyendo los unos lo
que leen los otros », dans Alfonso X (1807) II, 342.
75
Sa nomination comme légat de Clément VII pour les royaumes de Castille,
Aragon, Portugal et Navarre eut lieu par la bulle In summis coelorum du 18 décembre
1378 et il fut doté d’amples pouvoirs, parmi lesquels la juridiction sur la hiérarchie
espagnole, sur les cathédrales et les religieux de tous ordres, ainsi que sur les Studia
generalia, d’après Zunzunegui J., « La legación en España del Cardenal Pedro de Luna,
1379-1390 », dans Miscellanea Historiae Ponticae, 7 (1943) 97-101 et docs. 1-5. Pour la
bibliographie de ce pape, voir Suárez Fernández L., Benedicto XIII. ¿ Antipapa o papa ?
(1328-1423) (Barcelone : 2002).
76
Beltrán P., « Don Pedro de Luna, papa Benedicto XIII : semblanza de un ara-
gonés exceptional », dans VI Centenario del Papa Luna, 1394-1994. Jornadas de Estudio
(Calatayud : 1996) 375.
36 ángel vaca lorenzo
77
Valero García P., « El nivel institucional. 1. Gobierno estatutario », dans La Univer-
sidad de Salamanca, ed. M. Fernández Álvarez, L. Robles Carcedo et L. E. Rodríguez-San
Pedro (Salamanca : 1989) II, 329.
78
Álvarez Villar J., La Universidad de Salamanca. III : Arte y Tradiciones (Salamanca :
1990) 74.
79
« para refacimiento del dicho estudio e para conplimiento para pagar las cáte-
dras . . . syn sobre ellos fazer grandes costas e espensas », dans Onís (1881-91) doc.
XX.
80
En utilisant les deux seuls Libros de Tercias y Rentas del Estudio qui sous les cotes
AUS/1647 et AUS/1648 sont conservés dans l’Archivo de la Universidad et qui cor
respondent aux années 1403-1408 et 1435-1447, Martìn Lamouroux (1988) 160-62
a pu obtenir l’adjudication nale de toutes les tercias assignées à l’université qui se
trouvent dans les ms. suivants : 160.942,4 (1403), 159.558,4 (1404), 153.653,3 (1405),
188.683,3 (1406), 170.775 (1407), 184.273,5 (1408), 220.950,5 (1435), 292.541,4 (1436),
231.006,7 (1437), 258.423,2 (1438), 320.655,5 (1439), 376.944,8 (1440), 280.757,7
(1441), 240.480,9 (1442), 348.860 (1443), 415.817,6 (1444), 376.124,9 (1445), 321.775,3
(1446) et 324.142,3 (1447).
81
Beltrán Heredia (1966-67) II, doc. 556 et (1970-73) I, 123.
le campus de l’université de salamanque au moyen âge 37
82
Par exemple, en 1464, elle donna 40.000 mrs sous forme de prêt au licencié Antón
Núñez de Ciudad Rodrigo et 100 orins au docteur Gonzalo Méndez ; en 1475, elle
prêta 10.0000 mrs à la Couronne ; en 1504, ce fut à la ville qu’elle concéda un prêt
de 50.000 mrs pour l’approvisionnement en viande ; en 1506, ce fut Philippe le Beau
qui reçut 150.000 mrs de l’université et l’empereur Charles Quint lui-même, au moins
en deux occasions, en 1529 et 1552 qui bénécia de deux prêts universitaires qui s’éle-
vaient à 3.000 et 8.000 ducats, d’après Fernández Álvarez M., « La etapa renacentista,
1475-1555 », dans Historia de la Universidad de Salamanca, ed. L. E. Rodríguez-San Pedro
Bezares (Salamanca : 2002), I, 72 et 87. Voir aussi Marcos Rodríguez (1964), num.
54, 92, 93 et beaucoup d’autres. Sur la gestion des prêts, voir Martín Lamouroux
(1988) 49-53.
83
« 3. Quodque si hujusmodi salariis persolutis, praedicti reditus superabundaverunt,
illud quod restabit cum aliis pecuniis arcae universitatis praedictae, in fabricandas domos
pro quatuor auditoriis juristarum, et tribus theologorum, medicorum et philosophorum,
et interim conducendas domos, primo », dans Beltrán de Heredia (1966-67) II, doc.
444, et traduction dans Valero García et Pérez Martín (1990) 139.
84
Beltrán de Heredia (1966-67) II, doc. 480.
85
« para los hedicar, avían tractado muchas vezes del logar e forma », dans Vaca
Lorenzo (1996) doc. 480.
38 ángel vaca lorenzo
86
Même si n’existait pas la rue aujourd’hui appelée Calderón de la Barca et avant
rue Nueva.
87
« casas, suelos e corrales que la dicha eglesia de Sant Ysidro tien[e], que salen a
la Rúa Nueva », dans Vaca Lorenzo (1996) doc. 4.
88
L’université donne pouvoir pour « obligar los bienes de la dicha Universidad que
agora ha e averá de aquí adelante, así de las terçias commo de las multas, e doblas,
e penas e otras rentas, salvo los salarios de los leyentes e oçiales que los non puedan
obligar ; mas ellos pagados de sus salarios, que los otros bienes que quedaren, los
puedan todos obligar, commo dicho es », dans Id., doc. 4.
89
« Aquì, en esta dicha cibdat, en la Rúa Nueva, enfruente de las casas en que
mora Juana Rodríguez, de que son linderos : de la una parte, casas de Santa María la
Se desta dicha çiudat e, de la otra parte, casas del beneçio de Pero Alfonso, clérigo
de la dicha eglesia de Sant Ysidrio e la calle del rey », dans Id., doc. 3.
90
La date de cette vente, 31 décembre 1415, dans Id., doc. 2.
91
Il en était ainsi avec les maisons de la Parra qui le 5 février 1416 « Pero Alonso,
clérigo de Valdonziel que ý estava presente, sacó en renta las dichas casas por su vida
por noventa e un maravedís », dans Actas Capitulares, livre 2, fol. 99 v. Il faut imaginer
qu’ensuite ces maisons nirent par faire partie du patrimoine universitaire au moyen
d’un bail emphythéotique et d’un cens rachetable, car, même si l’on a plus d’autres
le campus de l’université de salamanque au moyen âge 39
nouvelles d’elles, dans la réunion du chapitre du 7 avril 1473, celui-ci décida de vendre
« a la universidad del Estudio en la dicha çibdad de Salamana e a vos, el bachiller Pedro
de Camargo, canónigo en la dicha yglesia, vicerrector de la Universidad e Estudio, que
presente estades, en su nonbre e para la dicha Universidad, el çenso e tributo de mill e
çient maravedís de la moneda corriente e un par de gallinas que nos, el dicho Cabillo,
e nuestra mesa capitular tenemos en la dicha universidad del dicho Estudio e la dicha
Universidad nos es obligada a dar e pagar en cada año perpetuamente para sienpre
jamás, por razón de çiertas casas que nos, el dicho Cabildo, ovimos dado a çenso por
los dichos maravedís e gallinas en cada año a la dicha Universidad. Los quales dichos
mill e çient maravedís e un par de gallinas del dicho çenso que así tenemos en la dicha
Universidad vendemos commo mejor podemos a la dicha Universidad e a vos, el dicho
vicerrector, en su nombre e para la dicha universidad del dicho Estudio, segúnt dicho es,
por preçio nonbrado de quarenta mill maravedís de la moneda corriente en Castilla y
Léon ». La nalité de cette vente était d’obtenir de l’argent pour pouvoir payer l’achat
des terrains de Zorita et Gejuelo de Manceras (actuelle del Barco) que le chapitre avait
effectués dans le nage de Ledesma, dans Vaca Lorenzo (1996) doc. 53.
92
« tratado [e ha]blado por muchas vezes . . . unas casas que son del beneçio del
dicho Diego García, . . . , las quales dichas casas son en la Rúa Nueva de la dicha çiudat,
en enphiteosyn, para hedicar e fazer escuelas para el dicho Estudio, según manda el
dicho señor papa . . . (las) quales darán e pagarán en cada año al dicho Diego García o al
que su poder tovier, fasta quel dicho Estudio conpre posesión o posesiones que ryndan
en salvo los dichos çiento e çinquenta maravedís viejos en cada año en salvo, a vista
de dos omes buenos », dans Id., doc. 4. En ce cas, le rachat du cens fut réalisé avant
celui des maisons du chapitre, puisque le 22 septembre 1440 Diego García accorde à
son cousin Pedro Aires, étudiant de droit canon à Salamanque, « especial poder para
que por mí e en mi nombre podades reçebir e tomar posesión de la universidad del
estudio en la dicha cibdad o de aquél que en nombre della lo feziere, una posesión en
la dicha cibdad que rynda trezientos maravedís cada un año desta moneda que agora
corre, o los dineros que montaren para conprar e pagar la dicha posesión para en
rendiçión e descargo de la pensión que la dicha Universidad es obligada a pagar cada
año al dicho bneçio e al beneciado dél ; e para que podades así, commo procurador
susodicho, recebir la dicha posesión e los dichos dineros, podades dar por libre e quita
a la dicha Universidad en la dicha pensión o çenso », dans Id., doc. 21.
40
ángel vaca lorenzo
Figure 2 : Escuelas Mayores. Vue en Hauteur (A. García Gil, Plan Directeur, Junta Castilla y Léon, 1999).
le campus de l’université de salamanque au moyen âge 41
comme l’a démontré Pereda, trouve son origine dans un projet qui,
bien qu’ayant été inuencé par l’architecture monastique et palatiale,
fut élaboré dans le collège de Saint-Clément de Bologne, qui avait été
fondé par le cardinal Albornoz en 1361, et importé à Salamanque au
début du XVe siècle par Diego de Anaya93, le fondateur du collège
majeur de San Bartolomé, dont le bâtiment ancien avait été construit
durant les mêmes années que celui-ci et qui était structuré autour d’une
cour centrale de deux étages94. Ces deux constructions devinrent des
modèles qui seraient imités par les autres bâtiments universitaires de
la péninsule.
Je ne vais pas suivre pas à pas le processus de construction et de
restructuration des Escuelas Mayores de cette époque, ayant déjà eu
l’occasion de le faire95, mais il est intéressant de relever quelques faits
et moments signicatifs :
Le 25 mai 1420 le bâtiment étaient déjà achevé, puisque le roi
castillan, Jean II, put dire ceci : Que « l’université a édié les écoles où
l’on enseigne les sciences dans un certain endroit et enceinte, avec son
cloître, au milieu de cette cité », ordonnant au corregidor et aux autres
autorités de Salamanque qu’ils les sauvegardent et les protègent, car « il
arrive parfois que des gens très osés et avec beaucoup d’audace, sans
craindre ma colère ni ma justice, guettent les étudiants qui viennent là
pour écouter les leçons quand ils entrent dans lesdites écoles et dans
ledit cloître et ils se jettent sur eux et sur leur famille avec des armes
et force esclandres et coups cherchant à les blesser et les tuer, d’où il
résulte des dommages non seulement contre ceux que l’on veut ainsi
blesser et tuer, mais aussi contre les tous les autres qui fréquentent le
studium où ils écoutent les leçons, lesquels sont perturbés de ces lectures
à cause desdits bruits et scandales »96.
93
Pereda F., La arquitectura elocuente. El edicio de la Universidad de Salamanca bajo el
reinado de Carlos V (Madrid : 2000), principalement le premier chapitre « El estudio y el
problema de la tipologìa del colegio universitario », 17-75.
94
Grâce à des données documentaires éparses, Rupérez Almajano M. N., El colegio
mayor de San Bartolomé o de Anaya (Salamanca : 2003) 19 sq., a pu reconstruire les traits
essentiels de cet ancien collège.
95
Vaca Lorenzo A., « Origen y formación del primitivo campus de la Universidad
de Salamanca : las Escuelas Mayores », dans Salamanca. Revista de Estudios, 43 (1999)
143-169.
96
Que la « vniuersidat ha hedicado las escuelas en que leen las çiençias en çierto
ánbitu e çírculo, con su claustra, en medio en esa dicha çibdad . . . acaesçe algunas veses
que algunas personas con grand osadía e atreuimiento, non temiendo a mi ira nin a la
42 ángel vaca lorenzo
mi justicia, aguardan a los estudiantes que vienen a oír sus leçiones quando entran en
las dichas escuelas e en la dicha claustra, e vienen contra ellos e contra sus familiares
armados e bueluen roydos e peleas con ellos queriéndolos ferir e matar, de lo qual diz
que non solamente viene danno a los que asý quieren ferir e matar, mas avn a todos los
otros del estudio que están oyendo sus liçiones, las quales se estoruan de leer por rasón
de los dichos ruydos e escándalos ». Bien faible dut être le résultat de ce mandement
de Jean II puisque six années plus tard (le 15 avril 1426), il dut en emettre un autre
dans des termes très semblables, dans Onís (1888-1891) docs. XLIX et LXI.
97
La première mention documentaire de l’appellation Escuelas Mayores date du 26
août 1443 et se trouve dans un cession réalisée par le docteur Gil García, chanoine de
Salamanque, en faveur du docteur don Diego de Comontes, écolâtre de l’université,
de « las casas en que agora él morava, que son çerca de las Escuelas Mayores », dans
Actas Capitulares, liv. 2, s. fol.
98
L’intervention de ces deux derniers personnages resterait imprimée dans le bâti-
ment lui-même. Celle du pape Luna est symbolisée dans une scène sculptée dans le corps
supérieur de la façade plateresque qui pourrait le représenter, et dans l’énumération
de plusieurs de ses armoiries (lune décroissante, sous la tiare, et clés ponticales) en
divers endroits de l’édice, comme aussi au-dessus de la porte de la façade orientale.
Alors que l’intervention de l’écolâtre Antonio Ruiz de Ségovia aurait été matérialisée à
travers la sculpture dans une clé inférieure de la seconde voûte du vestibule de l’entrée
par l’actuelle rue Libreros, c’est une armoirie (sur une croix d’un ordre militaire, un
chêne avec des glands, anqué de deux lions assis et se faisant face, au-dessus d’un
aqueduc de deux rangées d’arcs) que le professeur Álvarez Villar attribue, selon toute
probabilité, à l’écolâtre. Voir Álvarez Villar J., De héraldica salmantina. Historia de la ciudad
en el arte de sus blasones (Salamanca : 1997) 35-38.
99
Parce que son côté occidental possède cinq arcs, alors que les trois autres côtés en
ont six. Il s’agit d’un genre d’arcs en demi-pointe, dépouillés, qui reposent directement
sur les piliers de section rectangulaire, inconnus dans l’architecture de Salamanque du
XVe siècle, ce qui conduit Pereda (2000) 33 à les dater chronologiquement parlant
du milieu du XVe siècle, nés d’une deuxième phase de construction qui pourrait bien
être celle que la chronique du bachelier Pedro de Torres attribue à Alfonso Madrigal
‘el Tostado’, lors de son mandat d’écolâtre (1446-1454), quand il dit : « El Tostado,
siendo maestrescuela de Salamanca, cercó las Escuelas de piedra y las exentó [aisló]
que ninguna casa llegase a ellas, y hizo reedicar los generales y están allí sus armas »,
dans Beltrán de Heredia (1970-73) III, 86.
le campus de l’université de salamanque au moyen âge 43
Figure 3 : Escuelas Mayores. Rez-de-chaussée (A. García Gil, Plan Directeur, Junta de
Castilla y León, 1999).
100
D’après ce qui apparaît dans l’autorisation donnée par don Sancho, évêque de
Salamanque, le 28 avril 1429, « para que la casa que fue hedicada en las S[cuelas]
Nuevas de la universidat del Studio de Salamanca a honra de señor Sant Jherónimo,
que es entre la scuela del Decreto e la casa del bedel, de aquí adelante e para sienpre
sea capilla ; e . . . se puedan en ella dezir misas e los oçios divinales pública e secreta-
mente. E otrosý, rogamos a don frey Juan, por esa mesma gracia obispo de Sebaste,
que vaya a la dicha capilla e, sparziendo en ella agua bendita, ponga en ella una
señal de cruz a do él entendiere”, dans Vaca Lorenzo (1996) doc.16. Les dimensions
réduites de cette chapelle, 9 u 5,50 m, ont certainement été la raison pour laquelle
elle fut transférée plus tard dans un lieu plus ample de la façade méridionale, comme
le remarque justement Álvarez Villar (1990) 72.
44 ángel vaca lorenzo
101
« todos los días lectivos durante dos horas después de Prima, y hora y media
después de las tres de la tarde para que puedan estudiar los que quisieren », d’après la
décision de la réunion du 23 octobre 1467 : Marcos Rodríguez (1964), num. 287.
102
Le 15 septembre 1449, protant du besoin d’argent du chapitre pour payer
l’achat du « logar de Segovia de la Sierra (actuel hameau abandonné dans le territoire
de Monterrubio de la Sierra), con todo su término redondo », l’université acquit pour
50.000 mrs. « unas casas quel dicho cabildo avía, tenía, e poseýa en esta çibdat, juntas
con las Escuelas Mayores ». Le 31 décembre de cette année, elle acheta à Gonzalo
García de Castro, notaire de l’Audiencia Real, et à sa femme, Catalina Guedeja,
deux groupes de maisons « que conjuntan e lindan las unas con las otras » avec celles
qui « son linderos : de la una parte e de la otra, casas de la yglesia mayor de Santa
María la See desta dicha cibdat e, de la otra parte, la calle pública del rey » et qui se
trouvaient « en la Rúa Nueva desta dicha çibdat » pour un prix de 50.500 mrs., « con
todos sus cámaras, e sobrados, e retretes, e vergeles e corrales e con lo alto e lo baxo
de las dichas casas », dans Vaca Lorenzo (1995) docs. 25 et 26.
103
« que por cuanto ha mucho que está ordenado e mandado que se faga la librería
del Estudio, e non se comenzaba, lo qual era grand danno e obprobio e vergüença de
la Universidad, por ende que mandavan e mandaron que començase luego a hedicar
e obrar », dans Marcos Rodríguez (1964), num. 618.
104
« fablando sobre la obra de la dicha librería, después de mucho altercado el
negocio, acordaron todos que fuese de bóveda bien labrada », dans Id., num. 749.
le campus de l’université de salamanque au moyen âge 45
105
Id., num. 1.246.
106
D’après Pereda (2000) 41.
107
D’après Hieronymus Münzer, chose que ne décrit pas Lucio Marineo, qui
curieusement enseignait les arts libéraux à Salamanque, dans Pereda (2000) 43.
Approximativement un tiers de ces peintures ont été conservées au Musée universitaire
des Escuelas Menores, où elles furent transférées après leur enlèvement par les frères
Guidol, en 1951.
108
« faser las bancas de la librería . . ., a preçio de tresientos maravedís cada banca
con su banco, de la manera e forma que está fecha otra, e con sus molduras ». Infor-
mation tirée du ms. de Ricardo Espinosa Maeso, Datos documentales para la Historia
artistica de Salamanca en el siglo XVI, conservé à l’archive de l’université de Salamanque,
Espinosa, 20, fol. 261 r.
46 ángel vaca lorenzo
109
Les dernières publications sur l’évolution de ce développement sont celle de Pereda
(2000) 54-75 et celle de Castro Santamaría A., Juan de Álava. Arquitecto del Renacimiento
(Salamanca: 2002) 407-428.
110
« Artes y Philosophía, y ahora (año 1569) las de Gramática que a dicho de hom-
bres que han visto las demás Universidades, son las más nobles y magnícas obras que
hay en ninguna otra de la Cristiandad », selon Chacón (1990) 83.
le campus de l’université de salamanque au moyen âge 47
111
« Item statuimus et ordinamus . . . et ubi praedictis omnibus integre persolutis prae-
dicti reditus superabundaverint, illud quod supererit, cum aliis pecuniis arcae predictae,
convertatur in perciendo et reparando scolas juristarum, theologorum, medicorum,
philosophorum », dans Beltrán de Heredia (1966-67) II, doc. 647, et Valero García et
Pérez Martín (1991) 154.
112
« que por quanto para fazer e edicar las escuelas de la Gramática eran mucho
complideros e nesçesarios unos corrales que son del beneçio de Garçía Ferrández de
Arévalo, que tiene en la yglesia de Sant Bartholomé de la dicha çibdad », dans Vaca
Lorenzo (1996) doc. 15.
113
Exactement « en la calleja del espital que dizen de Santo Tomás ; las quales casas son
al rincón de la dicha calleja, de que son linderos : de la una parte, solar que solía ser casa
en que morava Rabí Yudá, capellán que fue de los judíos, e de la otra parte, corral que
fue mío que vos yo ove vendido, e a las espaldas, corral que es de la universidat del Estu-
dio de Salamanca, el qual fue de Santa María la Se de la dicha çiudat », dans Id., doc. 17.
114
Ainsi qu’il apparaît d’après un contrat de vente que t cette année-là Alfonso de
Villalón à Gonzalo García Pie de Camino, tisserand de soie, de quelques maisons qui
se trouvaient « en la dicha Rùa Nueva, enfruente de las Escuelas Mayores e al entrada
de la calle de las Cadenas que va al ospital del Estudio e a las Escuelas Menores, a la
qual dicha casa dizen la Casa de la Moneda ; de que a por linderos : sobrados e casas
del beneçio de Sant Martín de la Plaça de la dicha cibdat e por delante la dicha Rúa
Nueva e la dicha calle », dans Id., doc. 42. Jusqu’au XVIIe siècle, on n’ouvrit pas l’actuel
Patio de Escuelas, à propos duquel on peut consulter Rupérez Almajano M. N., « La
Universidad de Salamanca en la ciudad : aspectos urbanisticos (siglos XV-XVIII) »,
dans Miscelànea Alfonso IX (2000) 123-137.
48 ángel vaca lorenzo
plus de celle-ci, elle possédait un autre accès à arc brisé, qui donnait sur
la rue de l’Argent. Et, à l’instar de l’autre bâtiment universitaire, celui-
ci fut conçu autour d’une cour centrale avec porche d’un seul étage,
également de forme trapézoïdale, avec deux longs côtés munis de huit
arcs et de deux plus courts de six arcs, ajourés de manière différente ;
elle était entourée de corridors à partir desquels on accédait aux salles
principales de Logique et de Grammaire (voir Figure 4). Mais, tout
comme son grand frère, le bâtiment fut en constante métamorphose à
cause des changeants besoins fonctionnels, comme on peut le déduire
de l’achat en 1483 des maisons limitrophes de Gabriel García contre
70.000 mrs. en vue de son extension115.
De toutes manières, au début du XVIe siècle, il menaçait ruine et en
1510 les professeurs de Grec et de Grammaire sollicitèrent de nouvelles
salles de classe pour faire cours « parce que les salles principales étaient
impratiquables » ; le recteur, l’écolâtre et d’autres représentants tentèrent
de pallier cet état de fait au moyen de réformes partielles, car ils ne
voulaient pas qu’« on fasse d’autres travaux avant que l’on ait terminé
ceux de la bibliothèque qui étaient commencés, pour éviter qu’il n’y
ait deux chantiers en cours ». De même, quelques mois après, on tenta
d’approuver le projet de l’évêque Diego Ramírez de Villaescusa visant
à construire un collège plus grand, qui respecterait « les deux salles
principales de Grammaire . . . plus la salle principale de logique, . . . pour
que au dessus de ces salles principales sa seigneurie puisse, si tel est
son souhait, bâtir ledit collège, car ledit Studium et l’université en ont
grand besoin et doivent avoir les trois salles principales susdites » ; en
échange, l’évêque s’engageait à verser cinq millions de maravédis et « à
élargir et agrandir la maison et l’hôpital que possède ledit Studium, en
115
Ces maisons, situées Rúa Nueva et limitrophes : « de la una parte, las Escuelas
Menores del dicho Estudio e, de la otra parte, casas pequeñas de uno de los beneçios
de Sant Martín de la dicha çibdad, e por las espaldas casas del ospital del dicho Estu-
dio que está en las dichas Escuelas Menores, e en la frontera las Escuelas Mayores »,
possédaient les pièces suivantes : « primeramente el portal delantero, de pared a pared,
ansý de ancho commo de largo fasta el tejado postrero, e con la sala toda trasera, ansý
de ancho commo de luengo, e entremedias de la dicha sala e portal una callejuela en
que está una panera pequeña ; e en el primero sobrado, ençima del portal, un terçero
e, ençima del terçero, otro sobrado, e delantera con sus ventanas que salen a la calle ; e
ençima de la sala baxa, una cámara clara e otra oscura mayor, en que está leña e
carvón ; e en el segundo sobrado de ençima de la sala baxa, ençima de la cámara
clara, quanto toma la cámara clara, es la meytad de la dicha casa, fasta el tejado, e la
otra meytad del dicho Estudio, segúnd está apartado ; e en el segundo sobrado, sobre
la cámara oscura, la delantera, segúnd está apartado, es del dicho beneçio de Sant
Martín e la trasera es del dicho Estudio », d’après Vaca Lorenzo (1996) doc. 64.
le campus de l’université de salamanque au moyen âge 49
Figure 4 : Plan des Escuelas Menores (A. García Gil, Plan Directeur,
Junta de Castilla y León, 1999).
116
Castro Santamaria A. et Rupérez Almajano M. N., Monumentos salmantinos desa-
parecidos. El colegio de Cuenca (Salamanca : 1993) 18 sq.
50 ángel vaca lorenzo
117
« una casa que dezían del Midrás, con unas casas e corrales al derrededor que
fueran de los judíos, de la aljama de los judíos de la dicha çibdat . . . por quanto los
judíos de la dicha çibdat eran tornados e convertidos a la santa fee católica, tanto que
non avía en ella salvo muy pocos judíos . . . fazer en ella ospital para el dicho Estudio,
para en que se acogiesen los pobres enfermos del dicho Estudio », dans Onís (1881-
1891) doc. XLVII et Santander T., El hospital del Estudio. (Asistencia y hospitalidad de la
Universidad de Salamanca) 1413-1810 (Salamanca : 1993) doc. 1.
118
« Cum itaque, sicut accepimus, in studio Salamantin. quoddam hospitale in quo
studentes pauperes in suis inrmitatibus receptentur, sub vocabulo beati Thomae de
Aquino noviter fundantum existat », dans Beltrán de Heredia (1966-67) II, doc. 481.
119
Concrètement, « los estudiantes y bachilleres que no cursaren para recibir los
grados y de los licenciados que no aspiren a recibir los distintivos del doctorado o
magisterio esté obligado a pagar una multa de dos orines al rector en pro del hospital
del Estudio », ou, de même, on imposait une sanction de vingt orins destinés à l’hôpital
universitaire auquel « del cuerpo de la universidad se atreva a dar a alguien consejo,
favor o ayuda contra dicha universidad o algún bien suyo determinado », dans Valero
García et Pérez Martín (1991) 140 et 143.
120
Lorsque le 15 avril 1426, il ordonna que personne n’ose « entrar nin tomar las
dichas escuelas nin se apoderar dellas por fuerça con armas, commo dicho es, nin ven-
gan armados nin envíen omes armados a las escuelas del dicho estudio a fazer fuerça
nin ofensa alguna a los actos escolásticos que se fazen por el maestrescuela o rector o
doctores o leyentes del dicho estudio, so pena que qualquier que lo contrario zieren,
por el mesmo fecho, aya perdido e pierda todos sus bienes, los quales yo desde agora
aplico para el hospital de Santo Tomás de la dicha çibdat, de que yo ze merced al
dicho mi estudio », dans Onís (1881-91) doc. LXI.
121
Le 28 avril 1429, l’évêque de Salamanque, don Sancho, donna « licençia e aucto-
ridat para que la casa, que es en la Rúa Nueva, en una calleja, que fue midrás e casa
de oración de judíos, que es agora de la dicha universidat e poseýda por ella, de la qual
lo zo merçed nuestro señor el rey para que fuese el hospital Santo Thomás, con las
casas a ella pertenesçientes, sea de aquí adelante hospital e en la dicha casa prinçipal
puedan de aquí adelante estar uno o dos altares,en los quales se puedan dezir misas
a serviçio de Dios e provecho de las personas e pobres que aý estovieren, e se puedan
dezir en la dicha casa, cuando cunpliere, otros oçios divinales. E eso rogamos al dicho
obispo, don frey Juan, que vaya a la dicha casa e derrame en ella agua bendita e ponga
en ella la señal de la cruz a do el entendiere », dans Vaca Lorenzo (1996) doc. 16.
le campus de l’université de salamanque au moyen âge 51
C’était une petite maison, l’ancien Bet-midrás, située entre les deux
bâtiments précédents, avec entrée dans la ruelle « des Chaînes qui va
(de la Rúa Nueva) à l’hôpital de l’université et aux Escuelas Menores » qui
bientôt, en raison de la croissance des effectifs étudiants, fut débordée
pour effectuer son action de bienfaisance ; c’est pourquoi il fallut procé-
der à son extension, avec comme préalable l’acquisition des immeubles
limitrophes : en 1427, ce furent des cours et des maisons qui avaient
servi d’hôpital à la confrérie de la Trinité pour 13.000 mrs., et l’année
suivante, ce furent cinq autres maisons dont deux, par échange avec
doña Bienvenida, la femme de don Mosé Moçoniego, juifs d’Arévalo ;
une autre pour 33 orins achetée à Bartolomé Martínez, prêtre de San
Pelayo ; et, nalement, deux autres maisons, un verger et une cour, pour
4.250 mrs., au chapitre cathédral de Salamanque122.
Il est difcile de savoir si l’agrandissement de l’hôpital commença
rapidement ou bien s’il fut reporté jusqu’au 13 juin 1472, date à laquelle
le conseil d’université décida « que l’on commence à reconstruire ledit
hôpital et que l’on dise à monsieur l’écolâtre que l’université fournira le
bois dont elle dispose, qui vaut plus de trente mille maravédis, et qu’une
fois dépensés les vingt mille maravédis que monsieur écolâtre donne, que
l’université verse cinquante mille maravédis pour ladite reconstruction »,
à la fois qu’on pria l’écolâtre, Juan Ruiz Camargo, de se charger des
modications123. En tout état de cause, ce que l’on peut afrmer, grâce
aux trois blasons qui sont sculptés sur sa façade, c’est qu’il fut achevé avant
1492, non sans avoir récupéré auparavant quelques immeubles supplé-
mentaires124, jusqu’à nir par acquérir presque tout le pâté limitrophe à
la rue des Libreros, ce qu’il réussira à faire au XVIe siècle, même si tous
ces immeubles ne furent pas destinés à l’agrandissement de l’Hôpital ;
on construisit également des logements, dont certains furent loués à des
libraires, comme Micer Léonardo Nicoloci ou Simón de Portes.
122
Id., doc. 10, 11, 12, 13 et 14.
123
« quel dicho hospital se comience a reedicar e que se diga al señor maestrescuela
que la Vniuersidad dará la madera que tiene, que vale más de treynta mill maravedís,
e que acabados de gastar los veynte mill maravedís quel dicho señor maestrescuela da,
que la Vniuersidad dé çinquenta mill para la dicha rehedicaçión », dans l’Archivo de
la Universidad de Salamanca, Libro de Claustros, 1, fol. 222.
124
En 1476, le bachelier Gonzalo Sánchez de Burgos abandonna les maisons du
Midrás qu’il occupait pour l’hôpital de l’université, dans Marcos Rodríguez (1964)
núm. 946, et en 1487, la petite maison avec son étable et ses combles, de Juan Pereira,
bénécier de San Martìn, « para volver con las dichas sus casas e hospital », dans Vaca
Lorenzo (1996) doc. 74.
52
ángel vaca lorenzo
Figure 5: Hospital del Estudio et Escuelas Menores. Elévation (A. García Gil, 1979).
le campus de l’université de salamanque au moyen âge 53
125
« demás de lo que se gastó en la obra de él, que fue mucho, se curan cada año
gran número de estudiantes enfermos con tanto cuidado y limpieza y con tan buen
recado de todo lo necesario como el más aventajado de Europa. Y así es gran suma
la que en él de ordinario se gasta », dans Chacón (1990) 83.
OXFORD: THE MEDIEVAL UNIVERSITY AND THE TOWN
Julian Munby
The late Saxon town had already become a prominent regional centre,
being used for national councils, and also functioning as a market town
for the county of Oxfordshire, and one of the select group of towns
with a mint < monnaie >. All of this continued after the conquest, and
Oxford was assured of prominence on the Thames valley and Wessex
circuit of the peripatetic Norman and Angevin monarchy. The Kings of
England regularly travelled out from Windsor round a circuit of royal
castles, houses, and monasteries. Oxford was en route from Windsor –
Reading – Oxford – Woodstock, where the royal palace (now Blenheim
Palace) was adjacent to the royal forest of Wychwood. Oxford castle
was a royal castle, but the kings preferred to stay in Beaumont Palace
(under the present Beaumont Street), which from the time of Henry
I until Edward II was an important royal house, in which both King
Richard I (Coeur de lyon) and King John (Sans terre) were born.
Oxford had numerous churches (including the college of St George
in the Castle), and Augustinian abbeys of St Frideswide and Oseney,
with which schools or scholars were associated. The frequent visits of
the peripatetic royal court, together with the peripatetic royal courts
of justice (and ecclesiastical courts) meant that lawyers and business
men were often to be found in Oxford, and towards the end of the
12th century (c. 1190) there were enough masters and pupils in Oxford
scholars for the university to become a reality. The rst foreign student
was a Frisian Emo c. 1190, and many others are heard of in the 1190s.
In 1197 Abbot Samson of Bury St Edmunds was involved in a lawsuit at
Oxford, and held a dinner for the monks and invited the masters of the
schools at another table. Alexander Nequam was also teaching Theology
at Oxford in 1190s. The magister scolarum was rst mentioned in 1201, and
the university was shaped by the disputes with the townsmen over food
and lodgings – on the occasion of its dispersal in 1209 the University of
Cambridge came into being (and until the 19th century graduates had
oxford: the medieval university and the town 57
The colleges, rather like the halls, began on the back streets of Oxford
(apart from Balliol), and Merton, Exeter, Oriel and Queens were not on
main streets. College property holding was much more extensive that
the land they occupied, and the scale of landed investment to endow
the colleges was spread all over the town, as can be seen in the 1348
map of college properties.
By 1400 the colleges were scarcely more prominent in the space they
occupied, and the large extent of New College was because the founder
acquired a large tract of waste land in the north-east quarter that had
become de-populated after the Black Death. The number of halls in
1444 was smaller than before, but with about the same distribution,
and mostly located in the east part of town around the colleges.
The spread of the university did not necessarily alter the functioning
of the town, which maintained its commercial centre around Carfax,
and still had shops right along High Street in the university zone. The
business zone of the town is perhaps reected in the distribution of
inns and taverns in 1400. The urban ‘inn’ (hospitium) appeared in the
mid 14th century as a place for travellers to stay and be fed (there were
non so-called in Oxford in 1279), and the twenty inns that existed in
oxford: the medieval university and the town 61
topographical work), it can be seen that the university and colleges also
became established in a less prominent quarter of the town, backing
onto the river, and leaving the market town of Cambridge on one
side. Better known, if not as a collegiate university, is the distribution
of colleges and schools in Paris, which have been mapped in the 14th
century.
LES LIEUX DU SAVOIR : CONTRIBUTION À LA
TOPOGRAPHIE UNIVERSITAIRE PRAGOISE (1348-1415)
Olivier Marin*
Introduction
A première vue, l’université de Prague ne doit rien à la ville qui l’a vue
naître. Le mérite revient tout entier au roi des Romains et à l’archevê-
que, non aux autorités urbaines, de l’avoir fondée, dotée et organisée.
C’est donc sans vraiment l’avoir voulu que les habitants de Prague
et les scolares furent amenés à vivre dans les mêmes lieux. Comment
apprirent-ils alors à cohabiter ? Et s’il est vrai que l’organisation de
l’espace réfracte les oppositions, les compromis et les solidarités qui
travaillent le corps social, quelle place se tailla le studium dans le tissu
urbain ? Mon propos est d’étudier sous cet angle la lente formation du
paysage universitaire pragois au contact du milieu physique et humain
environnant.
Pour ce faire, il n’est pas inutile de rappeler d’abord quelques faits
généraux dont la topographie universitaire pragoise a inévitablement
porté la marque1. Le premier tient à la concentration dans le même lieu
des trois pouvoirs que distinguait la taxinomie de l’époque : le regnum,
le sacerdotium et le studium. On sait que Prague était devenue dès la n
du IXème siècle le centre de la principauté p4bemyslide, et depuis lors,
son importance comme « tête de la Bohême » ne s’était plus démentie.
Sur l’éperon rocheux de Hradoany, les souverains avaient d’abord fait
élever leur palais ; c’est là que bientôt s’était installé le tribunal du pays
et que se tenaient régulièrement les états du royaume. Avec l’accession
de Charles IV au trône de roi des Romains (1346), puis d’empereur
(1355), la capitale tchèque était de plus devenue la résidence impériale.
Même si elle n’abrita jamais les diètes impériales, y afuèrent nobles,
2
Sur cette histoire, on dispose de la synthèse due à M. Svatoš (dir.), Dîjiny univerzity
Karlovy 1347/8-1622, tome 1, Prague, 1995.
3
« Scholae, collegia et bursae universitatis Pragensis. Ein Beitrag zum Wortschatz
der mittelalterlichen Universitäten », dans O. Weijers (dir.), Le vocabulaire des collèges
universitaires (XIIIème-XVIème s.), Turnhout, 1993, p. 115-130 (ici p. 116).
66 olivier marin
étudiants4. Beaucoup plus riches de notre point de vue sont bien sûr ce
que l’on est convenu d’appeler les « actes de la pratique », qu’il s’agisse
de procès, de transactions ou de testaments. La difculté proviendrait
plutôt ici de l’abondance et de l’éparpillement des données. Ainsi, les
livres de la Grande Ville, qui furent tenus de manière sporadique à partir
de 1310, constituent une mine inépuisable sur le marché immobilier
pragois, mais attendent toujours d’êtres édités. Et comme par ailleurs
d’autres actes de la pratique peuvent se trouver dans les fonds les plus
inattendus, des découvertes sont encore possibles dans les bibliothèques
pragoises. Enn, un troisième type de sources est constitué des textes
produits par les universitaires eux-mêmes, ou tout au moins dans leur
mouvance. Parmi eux, les écrits de controverse et les chroniques méri-
tent une attention particulière dans la mesure où ils peuvent éclairer
de loin en loin la manière dont les scolares appréhendaient les réalités
territoriales5. Ajoutons que l’étude systématique des colophons suscep-
tibles d’indiquer où ces œuvres ont été copiées pourrait permettre de
constituer un corpus intéressant sur les divers lieux de savoir pragois.
Naturellement, toutes ces données textuelles doivent, autant que
faire se peut, être confrontées avec l’enseignement du terrain. A la
différence d’Oxford, Prague ne dispose certes plus de vastes comple-
xes universitaires remontant au Moyen Age. Beaucoup de ses collèges
furent dévastés dès l’époque hussite, et les autres bâtiments ont disparu
ou subi, en changeant d’usage, de radicales transformations : même le
siège actuel de l’université Charles, le Carolinum, a été si profondément
remanié au cours des âges que sa structure médiévale est devenue en
grande partie méconnaissable. En revanche, le centre historique de
Prague n’a guère été affecté par les opérations d’assainissement et de
haussmannisation qui remodelèrent ailleurs le plan des capitales euro-
péennes. L’étude de la trame urbaine s’en trouve grandement facilitée.
Elle a donné matière dans les années 1860 à une somme qui fait encore
autorité en matière de topographie pragoise, les Základy starého místopisu
praiského de V. V. Tomek6. L’auteur, qui fut le premier recteur de l’uni-
versité tchèque restaurée, écrivait à un moment où les antagonismes
4
Ces textes ont été édités pour l’essentiel dans le recueil commémoratif Monumenta
Historica Universitatis Carolo-Ferdinandae Pragensis, 3 volumes, Prague, 1830-1848 (désor-
mais abrégé MHUP).
5
On trouvera une présentation générale de ces sources dans J. Nechutová, Latinská
literatura peského stredovîku do roku 1400 (La littérature latine du Moyen Age tchèque
jusqu’en 1400), Prague, 2000.
6
Eléments de l’ancienne topographie pragoise, 2 volumes, Prague, 1866-1872.
les lieux du savoir 67
I.
7
Dîjepis mîsta Prahy, Prague, 1855-1911.
8
Sur les motivations du pape, voir F. Rexroth, Deutsche Universitätsstiftungen von Prag
bis Köln, Cologne-Weimar-Vienne, 1991, p. 60-74.
9
MHUP, 2, p. 224 : « in quo siquidem studio doctores, magistri et scolares erunt in
qualibet facultate, quibus bona magnica promittimus, et eis, quos dignos viderimus,
regalia donaria conferemus . . . ».
68 olivier marin
naquit donc sans qu’aucun lieu lui ait été préalablement affecté. C’est
dire que son insertion dans la ville et dans ses réseaux de sociabilité a
été le fruit de l’expérience, des initiatives, individuelles ou collectives,
et du hasard : ce fut une création continuée.
Durant la première phase, correspondant approximativement à la
décennie 1350, la géographie universitaire se calqua sur celle des centres
d’enseignement préexistants (carte 1). L’armature était formée des cou-
vents mendiants et de leurs studia, dont le réseau s’organisait autour de
trois principaux pôles10. La Grande Ville abritait les deux plus anciens :
le couvent Saint-Clément, que les Frères prêcheurs avaient acquis dans
les années 1230 au débouché du pont de Judith ; le couvent franciscain
Saint-Jacques, situé lui aussi depuis 1228 intra muros, mais de l’autre
côté de la ville, à l’extrême est. L’un et l’autre furent aussitôt après la
création de l’université érigés en studia generalia de manière à fournir les
premiers professeurs de théologie. Enn, sur l’autre rive de la Vltava,
au nord-est de la Petite Ville, s’élevait le couvent Saint-Thomas des
Ermites-de-Saint-Augustin. Créé en 1285, l’établissement abritait un
centre d’enseignement qui t rapidement ofce de studium generale de la
province bavaroise de l’ordre. Il fut lui aussi naturellement incorporé à
la jeune fondation universitaire11. Retenons donc pour notre propos que
ces maisons étaient fort éloignées les unes des autres. Toutes s’étaient
intercalées dans des espaces plus ou moins périphériques de l’agglomé-
ration pragoise, qui étaient encore peu touchés par le développement
urbain au moment de leur installation. Toutes se trouvaient néanmoins
à proximité de lieux de passage souvent très fréquentés comme le pont
sur la Vltava, la cour du Týn (Ungelt) dans la Grande Ville et la porte
de Písek dans la Petite.
En dehors des établissements des Frères, Prague possédait une dou-
zaine d’écoles séculières, au premier rang desquelles l’école cathédrale12.
Ancienne et prestigieuse, pourvue d’une riche bibliothèque, celle-ci avait
connu son heure de gloire dans la seconde moitié du XIIIème siècle,
quand elle avait attiré à Prague d’aussi grands esprits qu’Engelbert
d’Admont. Puis l’extinction des P4bemyslides et les troubles qui s’ensui-
10
J. Kadlec, «eholní generální studia p4bi Karlovî universitî v dobî p4bedhusitské »
(Les studia generalia réguliers à l’université Charles durant la période préhussite), Acta
Universitatis Carolinae – Historia Universitatis Carolinae Pragensis, 7, 1966, p. 63-108.
11
J. Kadlec, Das Augustiner Kloster Sankt Thomas in Prag. Vom Gründungsjahr 1285 bis zu
den Hussitenkriegen mit Edition seines Urkundenbuches, Wurzbourg, 1985.
12
M. Bláhová, « Prahské školy p4beduniverzitního období » (Les écoles pragoises avant
l’université) Documenta Pragensia, 11, 1993, p. 26-39.
les lieux du savoir 69
13
François de Prague, Fontes Rerum Bohemicarum, tome 4, éd. J. Emler, Prague, 1884,
p. 452 : « Fuerunt autem quinque magistri theologie, quorum unus legit in ecclesia
Pragensi et predicavit. Cui venerabilis pater et dominus, dominus Arnestus, primus
archiepiscopus Pragensis, honorice providit et copiose . . . ».
14
Ibidem : « ius canonicum legit in ecclesia Pragensi magister Stephanus, prefati
domini archiepiscopi cancellarius ».
15
V. V. Tomek, Dîjepis mîsta Prahy, tome 2, p. 269.
16
K. Beránek, « O pooátcích prahské léka4bské fakulty 1348-1622 » (A propos des
débuts de la faculté de médecine de l’université de Prague, 1348-1622), dans Acta Uni-
versitatis Carolinae – Historia Universitatis Carolinae Pragensis, 9, 1968, p. 44-87 (ici p. 54-55).
17
Cela n’autorise toutefois pas à en faire une simple paper university : voir F. Šmahel,
« Pooátky prahského obecného uoení » (Les débuts du studium generale de Prague), oeský
oasopis Historický, 96, 1998, p. 253-291, notamment p. 268-273.
18
Ainsi le 12 juin 1359, la promotion d’Henri de Libšice se t « in aula nostra
70 olivier marin
archiepiscopali Pragensi », selon une formule qui devint usuelle (éd. V. Chaloupecký,
Karlova universita v Praze, Prague, 1948, document 4, p. 123). Sur les liens entre l’arche-
vêché et l’université, voir M. Svatoš, « Prahské arcibiskupství a univerzita do husitství »
(L’archevêché de Prague et l’université jusqu’au hussitisme), dans Praiské arcibiskupství
1344-1994, Prague, 1994, p. 85-96.
19
Chronicon universitatis pragensis, dans Fontes Rerum Bohemicarum tome 5, éd. J. Goll, Pra-
gue, 1893, p. 567 : « Cuius (studii) locus primo fuit in domo contigua cimiterii S. Francisci ».
20
Beneš de Weitmile, Fontes Rerum Bohemicarum, tome 4, éd. citée, p. 518 : « Dominus
vero Karolus videns, quod studium huiusmodi notabiliter et laudabiliter augebatur,
donavit scolaribus domos Judeorum et instituit in eisdem collegium magistrorum, qui
singulis diebus actu legerent et disputarent, quibus bibliothecam fecit et libros pro studio
necessarios tribuit in habundancia, et hii magistri ultra pastum, quem recipiebant a
studentibus, habent certos annos reditus ditati sufcienter ».
les lieux du savoir 71
les loger, l’empereur jeta son dévolu sur la maison de Lazare Mann, le
rejeton d’une des familles les plus en vue de la communauté juive de
Prague. Sise en bordure du ghetto, la résidence occupait une position
assez excentrée au nord-ouest de la Grande Ville. Le même jour, l’em-
pereur statua d’autre part que les canonicats vacants du chapitre de
Tous-les-Saints, prestigieuse collégiale implantée au cœur du Château,
reviendraient aux membres dudit collège par ordre d’ancienneté. Une
maison devait accueillir non loin de là les heureux élus ; cette ancienne
propriété du chanoine Bohuta se situait en face de l’église Saint-Nicolas,
dans la Petite Ville21. Tant de libéralités n’étaient pas, cela va de soi,
purement désintéressées. En même temps qu’elles pouvaient servir à
former des serviteurs dévoués et compétents, elles réafrmaient solen-
nellement le caractère royal de l’université. Le nom que prit le nouveau
collège le dit assez. Collegium Caroli : la gloire impériale devait par ce
moyen passer à la postérité22.
Si les arts avaient désormais de solides assises matérielles, il restait
à doter les autres disciplines d’infrastructures similaires. Là encore,
l’action de Charles IV s’avéra décisive. Le deuxième collège à voir le
jour fut celui des juristes. Cela se t dans un contexte tendu, marqué
par la scission entre les canonistes d’une part et les artiens, médecins et
théologiens de l’autre. Dès 1373, Charles IV acheta au prix fort à son
intendant Pešlín une riche demeure, idéalement placée au centre de la
Grande Ville, près du couvent Saint-Jacques derrière la rue Celetná, et
la donna à la toute nouvelle université de droit23 ; le docteur Guillaume
Horborch, qui avec le recteur Jean de Granzogue avait inspiré à l’empe-
reur cette superbe acquisition, s’empressa d’y emménager. La fondation
du collège des médecins suivit peu après. De taille beaucoup plus
21
MHUP, p. 238 : « . . . et pro usu et commoda inhabitacione dictorum magistrorum
et studentium communiter et divisim, dum canonicatus et praebendas hujusmodi asse-
cuti fuerint, ut eo convenentius in dicta ecclesia Omnium Sanctorum divinis obsequiis
vacare possint, et valeant, domum illam in minori civitate Pragensi, quae fuit aliquando,
bonae recordationis, Bohutae quondam Pragensis canonici, quae sita est ex opposito
curiae plebani ecclesiae sancti Nicolai dictae minoris civitatis Pragensis, ipsis et eorum
successoribus in perpetuum damus . . . ». Sur cette institution, voir M. Svatoš, « Prahská
univerzitní kolej Všech svatých » (Le collège universitaire pragois de Tous-les-saints),
Acta Universitatis Carolinae – Historia Universitatis Carolinae Pragensis, 31, 1991, p. 85-93.
22
MHUP, p. 232 : « . . . eique ex nomine nostro, auctore Domino, felicibus auspiciis
nomen imponimus, ut collegium Caroli perpetuis temporibus appelletur . . . ».
23
MHUP, 2, p. 25 : « Karolus IV . . . quandam domum sitam in media civitate Pra-
gensi apud ecclesiam S. Jacobi in angulo iuxta domum Francisci Nuemburgensi, civis
Pragensis, pro centum et quinquaginta sexagenis Pragensis a Pesselino, camerilingho
suo, comparavit et universitati juristarum dedit et assignavit ».
72 olivier marin
24
K. Beránek, « P4bíspîvek k nejstarším dîjinám prahských univerzitních kolejí »
(Contribution à l’histoire primitive des collèges universitaires pragois), dans Acta Uni-
versitatis Carolinae – Histoira Universitatis Carolinae Pragensis, 23, 1983, p. 57-63 (ici
p. 57-58).
25
M. Svatoš, « Kolej krále Václava univerzity » (Le collège universitaire du roi
Venceslas), Památky a príroda, 1977, p. 257-262.
26
V. V. Tomek, Základy . . ., éd. citée, tome 2, p. 26.
27
Ibidem.
28
V. V. Tomek, Základy . . ., éd. citée, tome 1, p. 322.
les lieux du savoir 73
29
R. Holinka, Církevní politika arcibiskupa Jana z Jenštejna za pontikátu Urbana VI. ( La
politique ecclésiastique de l’archevêque Jean de Jenštejn sous le ponticat d’Urbain
VI), Bratislava, 1933, ici p. 69.
30
V. J. Koudelka, « Raimund von Capua und Böhmen », AFP, 30, 1960, p. 206-
226, document 2, ici p. 221 : « Insuper pro fortiori colligatione mutue conversationis
inter vos et fratres meos prefatos, tenore presencium, pro servitio universitatis vestre,
tam in missis celebrandis quam in particularibus consiliis seu congregationibus per vos
endis, quam etiam in etiam in quibuscumque aliis vobis opportunis et placitis, sive
in vita sive in morte, deputo cappellam S. Vincentii positam in capitulo conventus
Pragensis supradicti ; cujus unam clavem volo per vos dominum rectorem, ut liberum
possit habere accessum in perpetuum, prohibens cuique me inferiori, ne in hoc vos
valeat quomodo impedire ».
74 olivier marin
31
Sur ce collège, voir S. Bredl, « Das Collegium S. Bernardi in Prag : 1. Periode
1375-1409 », Studien und Mitteilungen aus dem Benediktiner- und Cistercienserorden, 13, 1892,
p. 493-399.
32
F. B. Lickteig, The German Carmelites at the medieval universities, Rome, 1981,
p. 280-284.
33
Déposition du bourgeois Lauthinus de Wyenna, dans Protocollum visitationis archi-
diaconatus Pragensis annis 1379-1382 per Paulum de Janowicz archidiaconum Pragensem factae,
éd. I. Hlaváoek et Z. Hledíková, Prague, 1973, p. 79. « Item dicit, quod multe sunt
in parrochia ipsorum (Saint Nicolas dans la Grande Ville) et in aliis, ubi studentes
morantur et rara domus est in quibus morantur, in qua non foverentur meretrices
publice, de quo multum homines scandalisantur ».
34
Déposition de Jean de Hiersperg, prêtre du diocese de Wroclaw, ibidem, p. 103.
« Dicit, quod ipse deponens morat in domo quadam in platea, que dicitur Czaltne-
rii . . . que quidem domus est per dominam Annam, relictam Bernhardi pistoris, donata
pro presbyteris, ut ibidem morantur pronunc . . . Qui quidem supradicti ibidem bursam
les lieux du savoir 75
37
MHUP, p. 267 : « . . . habitacionem eandem propter nonnulla magistrorum et stu-
dentium incommoda, certisque aliis causis notabilibus, eisdem non fore utilem… ».
38
L’état de la question est donné dans le volume Karolinum statek národní, Prague,
1935.
les lieux du savoir 77
39
L’information provient à nouveau du Chronicon universitatis pragensis, éd. citée, p. 567 :
« translato collegio de domo Lazari in domum Rotlebi Nicolaus Luthomysl, magister
arcium, fuit ibidem electus primus rector ».
40
Présentation générale par M. Svatoš et J. Havránek, « University Colleges from
the Fourteenth Century to the Eighteenth Century », dans D. Maffei et H. de Ridder-
Symoens (ed), I collegi universitari tra il XIV e il XVIIII secolo, Milan, 1991, p. 143-154.
41
M. Svatoš, « Husitští mecenáší prahské univerzity » (Les mécènes hussites de l’uni-
versité de Prague), Husitský Tahor, 2, 1979, p. 47-54.
42
M. Svatoš, « Litevská kolej prahské univerzity (1397-1622) » (Le collège lituanien de
l’université de Prague (1397-1622)), dans Praha-Vilnius, Prague, 1981, p. 19-32.
78 olivier marin
43
I. Hlaváoek, « Jeden dokument k vztahu university a prahských mîst v druhé
polovinî 14. století » (Un document sur les relations entre l’université et les villes de
Prague dans la seconde moitié du XIVème siècle), Acta Universitatis Carolinae – Historia Uni-
versitatis Carolinae Pragensis, 2, 1961, p. 89-96. Sur cette évolution, cf. M. Svatoš, « Mîsto
a univerzita » (La ville et l’université), Documenta Pragensia, 11, 1994, p. 40-46.
44
Ainsi que l’a bien montré M. Svatoš dans son étude « Sociální integrace absol-
ventu prahské
univerzity 1348-1419 » (L’insertion sociale des anciens étudiants de
l’université de Prague 1348-1622), dans Husitství – reformace – renesance, 1, Prague, 1994,
p. 157-166.
45
MHUP, tome 2, p. 257 : « Item assignavit et dedit octo marcas ad emendum domum
unam pro pauperibus scolaribus Pragensis studii supradicti ». Le théologien Nicolas de
Gubín gurait parmi ses exécuteurs testamentaires. A l’opposé de la Grande Ville, la
paroisse Saint-Benoît abrita une institution similaire, également nommée collegium paupe-
rum, mais dont l’origine reste pour l’heure inconnue : V. V. Tomek, Základy . . . , p. 54.
46
Sur ce personnage et son action, voir F.-M. Bartoš, « M. Jenek z Prahy », Jihopeský
Sborník Historický, 9, 1936, p. 41-43.
les lieux du savoir 79
47
Ibidem : « Item legavit, dedit et assignavit centum et decem marcas ejusdem monetae
(polonicalis) pro uno altari erigendo et dotando in ecclesia S. Stephani in Ribenik novae
civitatis Pragensis, et hujus altaris esse voluit et constituit honorabilem virum, rectorem
universitatis studii Pragensis, qui pro tempore fuerit, perpetuum collatorem ».
48
MHUP, tome 2, p. 304 : « De jure autem patronatus seu praesentandi ejusdem
capellae ita duxi ordinandum : Ut habita prima praesentatione per me de persona,
quam voluero, eodem cedente vel decedente tres magistri de collegio Caroli, natione
Boemi et seniores, assumto ad se in consilium magistro civium majoris civitatis Pragensis,
qui fuerint pr tempore, mihi aut heredibus et successoribus meis tres personas habiles
et idoenas, et quas meliores in veritate et utiliores in praedicationis ofcio omnibus
affectionibus, favoribus et aliis circumductis noverint, praesentabunt… ».
80 olivier marin
49
Des exemples similaires sont cités, pour les villes allemandes du XVème siècle,
par M. Menzel, « Predigt und Predigtorganisation im Mittelalter », Historisches Jahrbuch,
111, 1991, p. 337-384.
les lieux du savoir 81
II.
50
M. Polívka, « K ší4bení husitství v Praze (Bratrstvo a kaple Bohího tîla na Novém
Mîstî prahském v p4bedhusitské dobî) » (A propos de la diffusion du hussitisme à Prague :
la confrérie et la chapelle du Corpus Christi dans la Nouvelle Ville de Prague à l’époque
préhussite), Folia Historica Bohemica, 5, 1983, p. 95-118.
51
V. V. Tomek, Základy . . ., éd. citée, p. 205.
52
Sur cette tentative avortée, qui ne fut nalement réalisée qu’en 1422 à l’université
de Leipzig, voir F. Machilek, « Die Schlesier an der Universität Prag vor 1409. Eine
Forschungsbericht », Archiv für schlesische Kirchengeschichte, 32, 1974, p. 81-102, ici p. 95.
82 olivier marin
53
Sur Hus, la meilleure synthèse est désormais celle de P. Hilsch, Johannes Hus,
Ratisbonne, 1999.
54
« Antiqui studentes, ut olym beate memorie Mag. J. Hus narrabat, dum studens
erat, bis pro 1 halensi dari sibi fecit preposito burse cerevisiam per diem videlicet mane
et vespere » (cité par F.-M. Bartoš, « Hus jako student a profesor Karlovy university »,
dans Acta Universitatis Carolinae – Historia Universitatis Carolinae Pragensis, 2, 1958, p. 11).
55
« Nos quoque Bohemi juvenes studentes cum Johanne Huss et Jeronymo, item
cum Jacobello et Marco et aliis studentibus, morabamur in collegio regis Wenceslai »
(cité par V. Novotný, M. Jan Hus, I/2, Prague, 1921, p. 236, n. 1). Voir cependant les
réserves de F. Šmahel, Jeroným Praiský, Prague, 1966, p. 31.
56
D’après le témoignage de l’humaniste Frischlin : cf. F.-M. Bartoš, « Hus jako student
a profesor Karlovy university », éd. citée.
les lieux du savoir 83
57
Lettre de Jean Hus à Jean XXIII, 4 septembre 1411 (éd. V. Novotný, M. Jana Husi
korespondence a dokumenty, Prague, 1920, no31, p. 95) : « in Maiori civitate Pragensi, in
stuba facultatis collegii Karoli, ubi facta et negocia ardua universitatis studii Pragensis
tractari solent… »
58
Comme nous l’apprend la déposition d’André à Constance (éd. F. Palacký, Docu-
menta Mag. Iohannis Hus vitam . . . illustrantia, Prague, 1869, p. 182) : « M. Iohannes Hus
veniens ad aestuarium suum in collegio Caroli, in quo tunc dictus testis habitabat,
dixit inter cetera : ‘ecce isti sacerdotes rurales me male tractant’. . . ». Le témoignage
est conrmé par Nicolas de Podivín (ibid., p. 183).
59
F. Šmahel, Die hussitische Revolution (Monumenta Germanie historica Schriften 43),
Hanovre, 2002, tome 2, p. 815.
60
L’acte notarié a été édité par V. Novotný, Korespondence, no5, 28 juin 1403,
p. 9-11.
84 olivier marin
61
Il précisa ainsi à Constance : « . . . numquam boemice praedicavi ad S. Gal-
lum » (éd. F. Palacký, Documenta, éd. citée, p. 179). Sur tout ceci, voir les remarques
d’A. Schmidtová-Vidmanová dans son édition des Positiones, recommendationes, sermones,
Prague, 1958, p. 232.
62
En particulier par Jean Protiva, de qui nous tirons ces informations : « dictus
M. Ioannis Hus in dote S. Michaelis in civitate majori Pragae, coram magistris et
presbyteris de dignis contra determinacionem sanctae matris Romanae et universalis
ecclesiae dixit et dicere non erubuit, quod sacerdos existens in mortali peccato non
potest concere venerabile corporis Christi sacramentum et alia ecclesiastica sacramenta
porrigere » (éd. F. Palacký, Documenta, p. 164). La déposition fut reprise et précisée
en 1414 à Constance : « fuit praesens in dote D. Bernardi, tunc plebani ecclesiae S.
Michaelis majoris civitatis Pragensis post prandium, quando M. Joannes Hus incepit
tractare materiam sacramenti corporis dominici » ; en marge, Hus nota : « erat disputatio,
quia erant ibi magistri et baccalaurei » (ibidem, p. 174).
les lieux du savoir 85
63
Ibid., p. 164 : « in domo Wenceslai picariatoris, post prandium immediate, coram
magistro quodam et presbytero et aliquibus laicis dicere non erubuit atque dixit, quando
facta fuit mentio de submersione D. Joannis piae memoriae et Puchnik ac decani Pra-
gensis detentione, quod interdictum poni debuisset, predictus M. Joann. Hus scandalose
dixit : ‘Magnum quid, quod illi popones detinentur !’ ». Protiva conrma à Constance :
« Anno domini M°CCCC°I°, in domo, ut in articulo, et praesentibus M. Hieronymo
de Praga, tunc baccalaureo in artibus, Wenceslao hospite domus, Mikeska genere suo,
Cruce institore et cive majoris civitatis Pragensis » (ibid., p. 175).
64
Ed. V. Novotný, Korespondence, no154, 27 juin ? 1415, p. 321 : « Ecclesiam semper
retine, ut deles confugiant tamquam ad pium patrem ».
65
Sa présence n’y est clairement attestée qu’à l’hiver 1412, date à laquelle un
instrument notarié fait mention de la chambre qu’il occupait là (3 mars 1412, éd.
V. Novotný, Korespondence, no40, p. 118) : « . . . in Maiori civitate Pragensi, in capella
sanctorum Innocentum Bethleem nuncupata, in camera comodi habitacionis venerabilis
et scientici viri, domini et magistri Johannis Hus… ».
66
27 juin 1415, éd. V. Novotný, Korespondence, no155, p. 323 : « Rogo, diligatis
Bethleem… ».
86 olivier marin
67
Voir par exemple ce qu’il en dit dans son Lectionarium bipartitum – pars hiemalis, éd.
A. Schmidtová-Vidmanová, Prague, 1988 (M. J. Hus Opera Omnia 9), sermon X,
p. 115 : « Moraliter : In Nazareth Deus concipitur, id est orente virtutibus, in Bethleem
nascitur, dum verbo Dei et pane corporis Cristi mens humilis saciatur ».
68
R. Nový, « Šlechtické rezidence v p4bedhusitské Praze » (Les résidences des nobles
à Prague avant le hussitisme), Documenta Pragensia, 9, 1991, p. 7-24.
69
« Doctores, meos fratres in Christo dilectos, sutores, sartores et scriptores etiam
salutabis… », éd. V. Novotný, lettre 132, 16 juin 1415, p. 278. Sur ce passage, qui a
fait couler beaucoup d’encre, voir F. Šmahel, « Husitští ‘doko4bi’ jehly a verpánku », dans
Smerování, Prague, 1983, p. 89-96.
70
Sur ces communautés, voir en dernier lieu R. Nový, « genské 4beholní a laické
komunity v p4bedhusitské Praze » (Les communautés féminines régulières et laïques à
Prague avant le hussitisme), Documenta Pragensia, 13, 1996, p. 41-46.
les lieux du savoir 87
71
V. V. Tomek, Základy…, éd. citée, tome 1, p. 82.
72
Voir entre autres ce passage de sa Defensio libri de Trinitate : « Ubi ergo Scriptura vel
racio, quod in ecclesia, consecrata per dyocesanum et ad predicacionem principaliter
erecta et a papa conrmata, debet ewangelisacio in tam loco patenti et disposito in
medio magne civitatis Pragensis insalubriter prohiberi ? » (éd. J. Eršil, Polemica, M. J.
Hus Opera Omnia 22, Prague, 1966, p. 49).
73
« O Praga civitas, in te refulget excelsa dignitas, universitas philosophorum, magis-
trorum et doctorum mira subtilitas, quam in suis elegantibus positionibus actenus
clarissime ostenderunt . . . O preclarissimum regnum Bohemie, o Praga, gloriosa civitas,
surge, contemplare et gaude ! Omnes isti congregati sunt, venerunt tibi, lii tui sunt,
tibi venerunt, ut tuos in prudentia et sapientia edocerent, tibi venerunt. Gaude, Praga
civitas ! », éd. B. Ryba, Magistri Johannis Hus Quodlibet disputationis de quolibet Pragae in
facultate artium mense januario anni 1411 habitae Enchiridion, Prague, 1948, p. 215-216.
88 olivier marin
74
Voir là-dessus les analyses de J. Mezník, Praha pred husitskou revoluci (Prague avant
la révolution hussite), Prague, 1990, p. 158 et sv.
75
Antihuss, éd. J. Sedlák, Hlídka, 29, 1912, p. 76.
76
On trouvera le résumé des événements dans F. Šmahel, Die hussitische Revolution,
éd. citée, tome 2, p. 875-876.
77
Ed. F. Palacký, Documenta, p. 176.
les lieux du savoir 89
Conclusion
78
F. Šmahel, Die hussitische Revolution, éd. citée, p. 882-883.
90 olivier marin
79
« Note sur le polycentrisme religieux urbain à la n du Moyen Age », dans
P. Boucheron et J. Chiffoleau (dir.), Religion et société urbaine au Moyen Age. Etudes offertes à
J.-L. Biget, Paris, 2000, p. 227-252.
les lieux du savoir 91
1
Rodríguez-San Pedro L. E., ed., Historia de la Universidad de Salamanca,
I : Trayectoria y vinculaciones (Salamanca : 2002) ; Fernández Álvarez M., ed., La
Universidad de Salamanca. I : Trayectoria histórica y Proyecciones (Salamanca : 1989).
On trouvera dans ces deux ouvrages la bibliographie fondamentale sur l’université de
Salamanque ; au sujet de la bibliographie, consulter également Polo Rodríguez J. L.
et Rodríguez-San Pedro L. E., “Bibliografía sobre la Historia de la Universidad de
Salamanca (1989-1999)”, dans Miscelánea Alfonso IX, 1999 (Salamanca : 2000) 107-188,
avec 750 entrées.
2
“Postquam aliquis magistrorum vel scholarium in Salamantino studio in quacumque facultate,
examine legitimo praecedente, inventus fuerit idoneus ad regendum, in quolibet generali studio, Parisiensi
et Bononiensi dumtaxat exceptis, in facultate ipsa pro qua ibi semel examen subiit, sine iterato examine
ac alicujus contradictione regere valeat, vobis et vestris successoribus auctoritate praesentium indulgemus”,
Beltrán de Heredia V., Bulario de la Universidad de Salamanca (1216-1549), I et II,
(Salamanca : 1966) doc. 15.
98 josé l. martín martín
3
Beltrán de Heredia V., Cartulario de la Universidad de Salamanca (1218-1600),
I et II (Salamanca : 1970) doc. 23.
l’université et son environnement 99
Tableau 1
Tercio de la
hiérarchie 33%
Tercio de
serviteurs 33%
Tercia oeuvre 22%
22% de
Tercio de la Armuña, Baños
Fabrique 33% Tercia Univers. 11% y Peña del Rey.
(à partie de 1313) 11% del resto
(à partir de 1397)
Tercias de l’Université
(Archivo de la Universidad de Salamanca, Mss. 1647 y 1648)
ANNEE 1403 ANNEE 1435
Zone
d’adjudication Première enchère Qualication Montant 1ère enchère
4
Id., doc. 46.
100 josé l. martín martín
5
Archivo de la Catedral de Salamanca, caj. 16, leg. 1, nº28.
6
“Dijeron que razon de las tercias, que el Papa habia tirado al Rey, onde se solian pagar
los maestros del Estudio de Salamanca, é que por esta razon el Estudio perecia, . . . é esto
que seria muy grande danno del Rey é de todo el reino, e sennaladamentre de la iglesia
é de la villa de Salamanca, do se peresceria tan notable cosa é tan honrada como el
Estudio”, Villar et Macías M., Historia de Salamanca, libro III (Salamanca : 1974) 171.
7
A. Gieysztor considère que l’université de Salamanque administrait un tiers des
dîmes dans “Management and Resources”, De Ridder-Symoens H., ed., A History of
the University in Europe I (Cambridge : 1992) 136. La bulle de Clément V qui précise
le pourcentage et la désignation des personnes chargées de l’administrer est publiée dans
Beltrán de Heredia (1966) doc. 24. Les auteurs modernes insistent sur le fait qu’il s’agit
d’un neuvième, voir Martín Lamouroux F., “Bases económicas : I. Hacienda Universi-
taria, siglos XV y XVI”, dans Fernández Álvarez ed., La Universidad de Salamanca
II Docencia y Investigación (Salamanca : 1990) 405-406, ou Polo Rodríguez J. L., “La
Universidad de Salamanca : un poder en lo económico (1700-1750”, dans L’Université
en Espagne et en Amérique latine du Moyen Âge à nos jours, II (Tours : 1998) 65.
l’université et son environnement 101
8
“Quare por parte universitatis ipsius studii s. v. humiliter supplicatur, quatenus praemissis attentis,
dignetur eadem sanctitas duas partes tertiae partis decimarum omnium in locis de Almuña et Baños
et Peña del Rey, Salamantin. dioc. fabricis ecclessiarum ipsorum locorum pertinentes, tertias vulgariter
nuncupatas, quae per reges Castellae ex concessione apostolica ab aliquibus temporibus citra fuerunt
receptae, per illum vel illos per quem vel quos alia bona preadicta universitatis colliguntur et distribuun-
tur, levandis, percipiendis et habendis, ac salariis et omnibus supradictis, convertendas, universitati et
studio hujusmodi perpetuo concedere, donare et assignare . . . Fiat et concedimus”, Beltrán de Heredia
(1966) doc. 515. Voir aussi Rodríguez San-Pedro L. E., La Universidad Salmantina
del Barroco, período 1598-1625, 3 t. (Salamanca : 1986) 522.
102 josé l. martín martín
que pour d’autres on peut en trouver jusqu’à trois. Ce que l’on déduit
des données que nous présentons, c’est que la croissance de cette res-
source pour l’université en 1435 par rapport à 1403 a été très légère
sur les territoires où elle percevait seulement un neuvième : elle n’a crû
que de 109%, en dépit du temps passé, même si 1435 a pu être une
mauvaise année. Pour la même période, mais rapportée aux territoires
où l’université percevait deux neuvièmes, la croissance de la ressource
s’avère plus claire, à 146%.
En outre, peu à peu l’université a obtenu un nancement plus diver-
sié en bénéciant de quelques donations9. Elle a aussitôt pu acquérir
des propriétés dans la ville et sur le campus, sur lesquelles on trouvait
quelque latifundium, et de même, elle a réussi à administrer des cens,
des amendes, et autres ressources d’origine diverse10.
Malgré cela, la clé du nancement de l’université était externe et
continuait à résider dans les tercias. A l’époque médiévale tous savaient,
des papes jusqu’aux autorités municipales, qu’elles constituaient la base
de l’essor de l’institution, tandis que les taxes internes avaient peu de
poids. C’est pourquoi les responsables de l’université se sont efforcés
d’étendre leur participation dans ces dîmes ; à la n du Moyen Âge,
on repère plusieurs procès dans lesquels l’université réclame les deux
neuvièmes des tercias des nouvelles églises. En 1481, les juges-arbitres
nommés par le chapitre et par l’université ont attribué à cette dernière,
en faisant valoir l’existence de documents ponticaux qui le justiaient,
les deux neuvièmes des bénéces du territoire de la Valdobla, ainsi que
ceux du vicariat de Monleón et, en 1497, notre institution a obtenu la
même part des dîmes du village de El Puerto11.
Grâce à l’accroissement des tercias et aux autres recettes on a pu
payer un nombre plus grand de professeurs, dont la liste constituait le
poste fondamental des dépenses ; par conséquent, on a pu diversier
les enseignements et les étudiants se sont multipliés. Évidemment, on
maintenait une répartition salariale peu équitable entre les professeurs,
au bénéce des juristes. Si dans le premier livre de comptes conservé,
qui comprend les années 1403 à 1408, le salaire moyen du professeur
se situait autour des 3.000 maravedís annuels, ceux de droit pouvaient
9
Vaca Lorenzo A., Diplomatario del archivo de la Universidad de Salamanca
(Salamanca : 1996) docs. 76, 139.
10
Martín Lamouroux F., La revelación contable en la Salamanca histórica (Sala-
manca : 1988).
11
Archivo de la Universidad de Salamanca (AUS), Ms. 2964, fols. 8-10 et 13.
l’université et son environnement 103
12
AUS, Ms. 1647.
13
AUS, Ms. 1243.
104 josé l. martín martín
14
La liste des témoins d’un document de la cathédrale en 1156 commençait par
Johannes prior, suivie d’un archidiacre, un archiprêtre, diverses personnes sans qualication
apparente, Christoforus precentor et Iohannes sacrista, Martín J. L., Villar L. M., Marcos F.,
Sánchez M., Documentos de los archivos catedralicio y diocesano de Salamanca (siglos
XII-XIII) (Salamanca : 1977) doc. 19.
15
Informations supplémentaires sur la composition du chapitre de Salamanque chez
Martín, Villar, Marcos et Sánchez (1977) docs. 24, de l’année 1163, 29, de 1164, 32,
de 1167, 57, de 1173.
16
“Precio quod inde acceperint invient ad illos IIIIor clerizones qui sunt a Francia legere”, Martín,
Villar, Marcos et Sánchez (1977) doc. 27.
l’université et son environnement 105
17
Martín, Villar, Marcos et Sánchez (1977) doc. 74 ; Fletcher R. A., “Notes on the
early history the cult of St. Thomas Becket in Western Spain”, en Salamanca y su
proyección en el mundo (Salamanca : 1992) 491-497.
18
Martín, Villar, Marcos et Sánchez (1977) doc. 85.
19
“Randulphus plene qui phisim novit utramque,
Mens bene disposuit, sermo docuit, manus egit
Hujus dicta, bonus melior fuit optimus ipse ;
Terra pauperibus moritur, vivens sibi celo”,
Villar et Macías M., Historia de Salamanca II (1973) 86.
20
Martín, Villar, Marcos et Sánchez (1977) doc. 72.
21
Martín, Villar, Marcos et Sánchez (1977) doc. 61.
22
Cette réalité est documentée aussi par la législation civile de l’époque, comme en
témoignent par exemple les Siete Partidas en 1.6.7 : “Maestrescuela tanto quiere decir
como maestro y proveedor de las escuelas : y pertenece á su ocio de dar maestros en
la eglesia que muestren á los mozos leer et cantar, y él debe emendar los libros en que
leyeren en la eglesia, y otrosí al que leyere en el coro quando errare” ; on lui assigne
aussi la charge des examens, la collation des grades académiques et le contrôle de la
correspondance ofcielle du chapitre.
106 josé l. martín martín
23
Parmi les écolâtres à cette période, on trouve Pedro Abad, qui conrme en tant
que premier témoin une donation à la cathédrale en 1191 (Martín, Villar, Marcos
et Sánchez, doc. 101) ; Froila, qui était en même temps doyen de Léon et est attesté
entre 1207 et 1214 (Ibid., docs. 123, 133, 137) ; Froila conrme la concession d’un fuero
aux habitants de San Cristobal en 1220 (Ibid., doc. 145) ou Juan Árias, témoin d’une
vente en 1232 (Ibid., doc. 188). D. Sánchez a attiré l’attention sur le lien de Froila et
de son cousin Pedro Pérez, dans “Catedral y Universidad, una relación secular”, dans
Rodríguez-San Pedro (2002) 410.
24
Le déroulement des examens dans la chapelle de Sainte-Catherine est attesté
en de nombreux passages des libros de claustros ; Marcos F., Extractos de los libros de
claustros de la Universidad de Salamanca. Siglo XV (1464-1481) (Salamanca : 1964)
pour le 23-8-1472.
l’université et son environnement 107
25
Martín J. L., “Alfabetización y poder del clero secular de la Península Ibérica en
la Edad Media”, dans Burke P., Martín J. L., Navas T., Guereña J.-L., Educación y
transmisión de conocimientos en la Historia (Salamanca : 2002) 95-132, et Beltrán de
Heredia (1966) 116-120.
108 josé l. martín martín
26
Beltrán de Heredia (1966) 93.
l’université et son environnement 109
Tableau 2 (cont.)
Titre acad. Nom Bénéce de la Charge académique
cathédrale
Docteur Ruy Sánchez Chanoine
Almodóvar
Bachelier Luis González Chanoine Député (1478)
de Medina
Juan de Gata Chanoine
Pedro de Chanoine
Palenzuela
Alonso de Vivero Chanoine Vice-recteur (1471)
Recteur (1473)
Diego de Lobera Chanoine
Bachelier Pedro Fernández Chanoine Conseiller (1471
de Toro Député (1472)
Vice-recteur (1474)
Recteur (1475)
Vicescolástico (1479)
Juan Martínez Chanoine
Cantalapiedra
Bachelier Juan Sánchez Chanoine
de Frias
Docteur Alonso de Torres Chanoine
Gonzalo de Castro Chanoine
Pedro Suárez Chanoine
Licencié Fernando de Chanoine Député (1464)
Villalpando
Juan de Fonseca Chanoine Député (1469)
Vice-recteur (1480)
Docteur Diego Rguez. Chanoine Professeur (1464)
San Isidro Député (1467, 79)
Fernando de Chanoine
Maluenda
Maître Bernardino de Chanoine Député (1477)
Carvajal Recteur (1480)
Rodrigo Arias Chanoine
Maldonado
Docteur Infante Prébendier
Gonzalo Pérez Prébendier
Alfonso González Prébendier
Pedro García Prébendier
Diego Nieto Prébendier
Alfonso de Paz Prébendier
Juan Gómez Prébendier
Bachelier Juan Fernández Prébendier Conseiller (1467, 76)
Robalino Député (1472)
Vice-recteur (1477)
l’université et son environnement 111
Tableau 2 (cont.)
Titre acad. Nom Bénéce de la Charge académique
cathédrale
Bachelier Martín Fernández Prébendier Député (1473)
Treviño
Bachelier Espinosa Prébendier
Juan Flores Prébendier Recteur (1472)
Bachelier Juan Gzlez. de Prébendier Député (1478)
Mendaño
Juan Álvarez Prébendier
Fermoselle Prébendier
Arias Maldonado Prébendier
Maître Pedro Martínez Prébendier Professeur (1464 +)
d’Osma Député (1465 +)
Comptable (1465)
Primicier (1471)
* Sources : Archives de la Cathédrale Salamanque, Calendriers de 1480 et 1481 ; Actes
Capitulaires, Livre 4.
Marcos F., Catálogo de documentos del Archivo Catedralicio de Salamanca (Salamanque :
1962). Marcos (1964). Vaca (1996).
27
D’après les constitutions de Martin V de 1422 dans Beltrán de Heredia (1966)
doc. 647.
28
Marcos (1964), 10-11-1471 ou du 10-11-1472.
l’université et son environnement 113
29
García et García A., “Consolidaciones del siglo XV”, dans Fernández Álvarez
(1989) 38-39. L’importance de la charge transparaît aussi dans les pré-requis que
devaient assumer les personnes proposées : docteur en droit canon ou en droit civil,
ou maître en théologie.
30
“Dignitatibus quoque seu personatibus cum vacaverint, que per episcopum et capitulum com-
muniter conferuntur, sicut sunt decanatus, chantoria, thesauraria, magistrum scholarum, de canonicis
primo gradu si reperiri possit idoneus consulatur, alioquin de portionariis cui nihil obviet de canonicis
institutis”, Martín, Villar, Marcos et Sánchez (1977) doc. 217.
31
Beltrán de Heredia (1966) docs. 26, 425, 708 et 726, respectivement.
32
Ainsi, en 1414, une bulle de Benoît XIII ordonnait l’annexion à cette charge des
prêts forcés de Cantalpino, Narros, La Mata, Robliza, Las Navas, Pedraza, Aldehuela,
Muelas, El Pino, Muño Dono et Berrocal, dans Marcos (1962) doc. 852 et Hernández
Jiménez M., “Fuentes documentales del archivo de la catedral de Salamanca relacio-
nadas con su Universidad (1306-1556)”, en Miscelánea Alfonso IX (Salamanca : 2002)
doc. 25.
114 josé l. martín martín
33
Beltrán de Heredia (1970) docs. 159 et 326.
34
Martín, Villar, Marcos et Sánchez (1977) docs. 568, 591 et 850.
35
Belloso Martín N., Política y humanismo en el siglo XV. El maestro Alfonso de
Madrigal el Tostado (Valladolid : 1989).
36
Marcos (1962) docs. 943 et 960.
l’université et son environnement 115
37
Alonso Romero Mª. P., Universidad y sociedad corporativa. Historia del privilegio
jurisdiccional del Estudio salmantino (Madrid : 1997). Id., “El fuero universitario sal-
mantino (siglos XIII-XIX)”, Miscelánea Alfonso X, 2002, (Salamanca : 2003) 63-90.
38
“Ordinamus atque concedimus ut dilectus lius scholasticus ipsius ecclesiae qui nunc est et is qui
pro tempore fuerit, possit per se vel alium seu alios dare licentiam regendi ubique ac insignia huius-
modi et honorem concedere illis qui reperti fuerint in studio praedicto idonei in qualibet facultate . . .”,
Beltrán de Heredia (1966) doc. 28.
39
García et García (1989) 43.
40
Beltrán de Heredia (1966) doc. 447, de 1411.
116 josé l. martín martín
41
De nombreux cas chez Marcos (1964) ; voir, par exemple, 19-7-1464.
42
Le Dr. De Burgos nomma comme remplaçant son ls le 1er juillet 1468 et le Dr.
Cornejo t de même le 4 avril 1479.
43
Marcos (1964) 30-7-1473.
44
Marcos (1964) 12-6-1473.
l’université et son environnement 117
45
On ne constate pas un accord pour admettre la subornation dans les concours
de recrutement dans Marcos (1964) en date du 15-6-1469 ; mais quelques jours après,
la réunion du recteur et des conseillers rejette les votes “amenazados, dadivados y
conventiculados” (Ibid., 27-6-1469).
46
Beltrán de Heredia (1966) docs. 75, 76, 122 et 138.
47
Beltrán de Heredia (1966) 157 et ss.
118 josé l. martín martín
48
Beltrán de Heredia (1970) 226, 244-245.
49
Fernando Martínez de Olivenza, chanoine de la cathédrale de Salamanque, doyen
de celle de Badajoz et professeur de l’université, fut nommé en 1408 représentant de
l’université et de son chapitre au concile de Perpignan. Beltrán de Heredia (1970) 251.
l’université et son environnement 119
50
Ils prêtèrent de l’argent à l’évêque de Salamanque et à l’élu d’Orense ; des livres
également à l’évêque de Salamanque et un exemplaire du coran à l’archevêque de
Santiago : Marcos (1964) 29-10-1467, 17-3-1470, 29-9-1468, entre autres.
120 josé l. martín martín
51
Marcos (1964) 27-8-76.
52
J.M. Monsalvo Antón décrit même l’exclusion de la cité du pouvoir universitaire :
“Dans ce schéma d’organisation si profondément lié à des pouvoirs extérieurs aussi riches
que l’Eglise ou la monarchie, où insérer la cité avec ses pouvoirs propres ? N’hésitons
pas à le dire : il n’y avait pas de place pour elle, “El Estudio y la ciudad en la época
medieval”, en Rodríguez-San Pedro (2002) p. 448.
l’université et son environnement 121
53
Beltrán de Heredia (1970) 582.
54
“Sepades que por parte de la Universidad del dicho Estudio me fue querellado que
vos los sobredichos o algunos de vos de fecho e contra derecho vos queredes entremeter
e entremetedes en las provisiones de las cátedras del dicho Estudio cuando acaecen
vacar, dando favor e ayuda e teniendo manera que las hayan e sean proveídas dellas
algunas personas, e que por ruegos o menazas o por fuerza e impresión o por otra
cualquier vía hayan e ocupen una ves las dichas cátedras”, Beltrán de Heredia (1970)
199. Monsalvo a proposé récemment une analyse de la conictualité entre les autorités
urbaines et les membres de l’université : dans Rodríguez-San Pedro (2002) 459 et s.
55
Beltrán de Heredia (1970) doc. 307 et Martín Rodríguez (1997) 499.
56
Beltrán de Heredia (1970) 123.
l’université et son environnement 123
57
Martín Rodríguez J.-L., “Villoria y el testamento de Arias Díaz Maldonado”,
Provincia de Salamanca 5-6 (Salamanca : 1982) 197-208 ; Sánchez Pascual R. et al.,
“Arias Díaz Maldonado y el Cabildo Salamantino”, Salamanca y su proyección en el
mundo (Salamanca 1992) 367-387.
58
Beltrán de Heredia (1970) 584-585.
59
“Nin rigen las dichas cátedras nin las leen según que quieren e mandan las consti-
tuciones del dicho Estudio. E los dichos estudiantes, entendiendo en los dichos bandos,
se distraen de sus estudios”, Cortes de los antiguos reinos de León y de Castilla, III
(Madrid : 1866) 707-708.
60
Fernández Álvarez (1989) 63. Nous savons qu’à ces dates, des incidents très sérieux
se produisirent, fomentés par les ls d’un docteur qui causèrent des blessures à certains
members du college de San Bartolomé, ce qui suscita la concession par les rois d’une
charte de sauvegarde (Beltran de Heredia (1970, II) 106–107), mais nous ignorons si
l’événement eut un lien avec la situation de guerre.
124 josé l. martín martín
61
Marcos (1964) 4-10-1475, et 15-11-1475.
62
A titre d’exemple, ce fragment des Actas de Claustros : “Entró el doctor Martín de
Ávila y expuso el justo temor que tenía de venir a leer, y que no lo podía hacer sin peligro
de su persona . . . porque sus parientes, los del bando de San Benito se han marchado
de la ciudad, y sus enemigos tienen libertad por donde quieren, de donde se le sigue
gran peligro”, Marcos (1964) 203, claustro de rector y consiliarios de 21-11-1474.
63
Beltrán de Heredia (1966) 72-74.
64
Beltrán de Heredia (1970) 266-267.
l’université et son environnement 125
C’est alors que commencent à être plus visibles les problèmes entre
le conseil urbain et l’université qui ont fondamentalement deux sujets
de friction : l’économique et le juridictionnel.
a) les problèmes économiques perceptibles sont liés à la coexistence dans le
tissu urbain d’un groupe particulier, les universitaires, qui défend certains
privilèges et, en même temps, se montre réticent et fait valoir son indé-
pendance au moment de faire face aux frais et aux charges communes.
Un sujet problématique a été celui de l’approvisionnement des étu-
diants, en particulier le désir des universitaires étrangers d’introduire
du vin dans la population en provenance de leurs localités d’origine, en
cassant ainsi les mesures protectionnistes très fortes dans cette matière
qui obligeaient à consommer d’abord le vin produit localement, avant
d’admettre celui de l’extérieur. Les problèmes d’approvisionnement sont
déjà visibles dans le document royal de 1254, mais ils apparaissent avec
davantage de virulence à la n du XIVe siècle de sorte que, en l’an
1388, l’Audience royale a cité à comparaître les ofciers du conseil pour
qu’ils répondent de la plainte de l’université contre les impôts qu’ils
cherchaient à percevoir sur les étudiants qui apportaient des aliments65.
Mais l’intervention de ces instances n’a pas résolu le problème qui a
duré plus de trente années, jusqu’à ce qu’on ait pu, nalement, obtenir
un accord entre le conseil et l’université qui autorisait l’importation,
pourvu qu’elle soit limitée au nécessaire pour la consommation des
professeurs et des étudiants parce que, avant tout, il s’agissait d’éviter
que ce vin ne soit vendu66.
Un caractère plus ponctuel, mais qui vient manifester une différence
de fond, est la plainte qui porte la ville contre le chapitre et l’univer-
sité parce qu’ils refusaient de participer à l’impôt du sel. L’université
avait même jeté l’interdit sur les autorités municipales parce qu’elles
faisaient pression pour que les membres de l’université collaborent. Le
souverain a considéré la mesure excessive et a ordonné à l’écolâtre de
lever la sanction67.
D’une importance beaucoup plus grande est la plainte du conseil
parvenue jusqu’aux Cortes de 1436, parce que, selon les procureurs,
65
Beltrán de Heredia (1970) 266-267.
66
L’accord comportait la promesse que les étudiants “fagan juramento en manos del
rector e el rector en manos del maestrescuela quel vino que demandaren e traxieren
que es para su bever e provisión de sus familiares continuos comensales e non para
vender nin dar a otra persona alguna”, Vaca (1996) doc. 7, de 1421.
67
Beltrán de Heredia (1971) docs. 756 y 757, de 1509 et 1510, respectivement.
126 josé l. martín martín
68
Cortes de los antiguos reinos de León y de Castilla, III, 306-307 ; Beltrán de
Heredia (1970) 586.
69
Le comte d’Alba ordonna en 1439 que le conseil facilite le recouvrement des
“tercias del Estudio de la dicha villa y de los lugares de su tierra”, Beltrán de Heredia
(1970) doc. 99.
70
Marcos (1964) 10-9-1468, 13-4-1470, 18-3-1472, 27-11-1478.
71
Devant la difculté de la collecte des tercias sur les territoires seigneuriaux, les
professeurs décidèrent de s’organiser pour s’assurer du recouvrement, d’après Marcos
22-2-1472.
l’université et son environnement 127
72
Martín Martín J. L., “La iglesia salmantina”, dans Martín Rodríguez (1997) 204.
73
Beltrán de Heredia (1970, II) 120 et 178, qui renvoie aux événements de 1465. Des
conits ultérieurs en raison de l’incarcération d’un étudiant par les autorités urbaines
ou pour la blessure d’un bachelier, dans Marcos (1964) 30-4-1467 et 10-12-1467.
74
Beltrán de Heredia (1970) docs. 207 et 220.
128 josé l. martín martín
75
Beltrán de Heredia (1970) doc. 328.
76
Les souverains manifestaient d’autres motifs de préoccupation par rapport à
l’université, comme le caractère viager des chaires universitaires, ce qui ne plaisait pas
aux souverains qui considéraient que certains professeurs, une fois obtenu le poste, se
désintéressait de l’enseignement.
l’université et son environnement 129
4. Conclusions
77
Beltrán de Heredia (1970) doc. 201, de 1485, et doc. 322, de 1503-4.
78
Archivo General de Simancas, Registro General del Sello, 10-9-1485 ; 17-12-1485 ;
18-6-1486 ; 29-1-1489 ; 17-11-1491 ; 22-11-1485 et d’autres encore.
130 josé l. martín martín
79
Une de ces plaintes dans Marcos (1964) 20-10-1464.
VILLES ET UNIVERSITÉS
DANS LA COURONNE D’ARAGON (XIVE–XVIE SIÈCLES)
Carlos Heusch
1
On peut consulter, entre autres, Alvar M., « La ‘Partida segunda’ y la vida acadé-
mica del siglo xiii », dans Las abreviaturas en la enseñanza medieval y la transmisión del saber
(Barcelone : Universidad, 1990), 197-219 ; Cárceles C., « La educación en Castilla. La
aportación de Alfonso X el Sabio », dans Historia de la educación en España y América.
La educación en la Hispania antigua y medieval (Madrid : Ediciones SM, 1992), 309-318
et l’ouvrage dirigé par Robert Burns, Emperor of Culture. Alfonso X the Learned of Castile
and His Thirteenth-Century Renaissance (Philadelphie : University of Pennsylvania Press,
1990). Les rapports entre les pouvoirs urbain, ecclésiastique et royal sur la question
du contrôle des universités en Castille sont étudiés par Del Val Valdivieso M. I., « La
universidad en las ciudades castellanas bajomedievales » dans Estudios sobre los orígenes
de las universidades españolas (Valladolid : Universidad, 1988), 43-67.
134 carlos heusch
2
Cf. Falcón M.I., Ledesma M.L., Orcastegui C. et Sarasa E., « Las universidades
del reino de Aragón (Huesca y Zaragoza) y de Lérida en la Edad Media » dans Estudios
sobre los orígenes de las universidades españolas (Valladolid : Universidad, 1988), 85-95. Au
sujet des différentes écoles, notamment, cathédrales, dans la Couronne d’Aragon, on
peut consulter l’étude de Delgado B., « La educación en Aragón. Política educativa e
instituciones docentes » dans Historia de la educación en España y América. La educación en
la Hispania antigua y medieval (Madrid : Ediciones SM, 1992), 318-345.
villes et universités dans la couronne d’aragon 135
3
Voir, parmi d’autres, Claramunt S., « Origen de las universidades catalanas medie-
vales » dans Estudios sobre los orígenes de las universidades españolas (Valladolid : Universidad,
1988), 97-111, p. 97 sq.
4
Cf. Denie H., Die Enstehung der Universitäten des Mittelalters bis 1400 (Berlin : 1885).
Cf. Delgado B., El Cartulario del colegio universitario de Santa María de Lérida (1376-564)
(Barcelone : 1982), p. 22 : « documento que, a juicio de Denie [. . .] considera el más
completo e interesante hasta esa fecha, sólo comparable al del emperdor Rodolfo para
la universidad de Viena ». Les statuts de l’Université de Lérida (« liber constitutionum et
statutorum generalis studii ilerdensis an. MCCC ») ont été jadis publiés par Villanueva J., Viage
literario a las iglesias de España (Madrid : Real Academia de la Historia, 1851), XVI,
206 sqq.
5
Apud Delgado (1982), p. 21.
136 carlos heusch
6
Des doutes pèsent encore sur la réalité du fonctionnement universitaire du studium
de Palencia, fondé par Alphonse VIII, vers 1212. À la lumière des sources documentai-
res, B. Bartolomé est forcé de conclure : « todos estos datos nos acercan a la denitiva
sospecha de que, si bien las formalidades jurídicas nos conrman la existencia de
una universidad o estudio general, en la práctica creemos que nunca se despegó de
su condición de escuela catedralicia » (Bartolomé B., « Las universidades medievales
españolas » dans Historia de la educación en España y América. La educación en la Hispania
antigua y medieval [Madrid : Ediciones SM, 1992], 556-604, p. 557).
7
L’université portugaise ne sera transportée à Coimbra qu’en 1308.
8
Voir, entre autres, Lladonosa J., L’Estudi general de Lleida del 1430 al 1524 (Barcelone :
Institut d’Estudis Catalans, 1970), 64.
villes et universités dans la couronne d’aragon 137
9
Cf. Delgado (1982), p. 30.
10
Le roulement devait se faire de la façon suivante : d’abord un étudiant du diocèse
de Barcelone, Tarragone, Majorque, Tortosa ou Lérida ; l’an d’après, de Saragosse ou
Segorbe ; ensuite d’Urgel de Vic ou de Gérone ; puis de Huesca ou Téruel ; Valence,
Murcie ou Carthagène, pour la 5e année ; quelqu’un des autres royaumes hispaniques,
la 6e année ; l’an d’après, un étudiant de la Narbonnaise ; au bout de la 8e année,
c’était le tour de Basques, Gaulois ou Bourguignons ; puis quelqu’un d’Italie ; à la 10e
année on retrouve les Gaulois et Bourguignons et toutes les nations comprises entre
les Pyrénées et l’Allemagne ; 11e année : un Allemand et, enn, pour la 12e année on
prévoyait un Anglais ou un Écossais. Cf. Villanueva (1851), XVI, p. 214 et les remar-
ques de Llorens i Fàbrega J., La universitat de Lleyda (Lérida : Imprempta i Llibreria de
Sol i Benet, 1901), p. 26 et Delgado (1982), p. 32.
11
Cf. Delgado (1982), p. 22 sqq.
12
Comme l’indiquent Falcón et alii (1988), p. 88, Pierre IV voulut « punir » le Concejo
de Saragosse à cause de ses prises de position sur la question de l’« Union Aragonaise »,
138 carlos heusch
cette ligue de nobles et de villes d’Aragon, créée à Tarazona en 1283, pour défendre,
entre autres, leurs intérêts face au pouvoir royal. L’« Union » fut dissoute après la prise
d’Épila par Pierre IV, en 1348, qui, une fois à Saragosse, châtia les responsables de l’in-
surrection et mit un terme aux privilèges concédés précédemment par le monarque.
13
Cf. Serra Ràfols E., Una universidad medieval. El Estudio general de Lérida (Madrid :
Librería General de Victoriano Suárez, 1931), p. 44.
14
Cf. Heusch C., « Aristotelianism in Catalan Studia at the Close of the Middle
Ages », dans Learning and Society in Spain from Humanism to the Enlightenment : the Expansion
of University Culture, 1300-1800, éd. B. Taylor and N. Grifn (Manchester : Cañada
Blanch Centre for Advanced Hispanic Studies, sous presse) et « De Lérida à Barcelone.
Universités et État en Catalogne à la n du Moyen Âge » dans Languedoc, Roussillon,
Catalogne : État, nation, identité culturelle régionale, éd. C. Camps et C. Heusch (Montpellier :
Université, 1998).
15
Au sujet de l’école léridane de médecine, voir Lladonosa J., La facultat de medicina
de l’antiga universitat de Lleida (Barcelona : Rafael Dalmau, 1969) et Claramunt S. (1988),
p. 105-6.
16
Cf. Serra Ràfols (1931), p. 44.
villes et universités dans la couronne d’aragon 139
présents, d’ailleurs à tous les conseils, y compris ceux des autres discipli-
nes – pouvaient élire le recteur17, contrairement aux bonnes dispositions
théoriques de Jacques II. Enn, seuls les juristes peuvent recevoir le
traitement honorique de « Micer » (Messire) et accéder au doctorat.
Enn, l’on constate des différences très importantes en matière d’émo-
luments. Les enseignants de Médecine et de Philosophie (Logique et
Philosophie naturelle) touchaient le tiers du salaire de la plupart des
juristes et bien moins encore que le docteur le mieux payé de l’université,
le décrétaliste. Mais, que dire de la situation nancière des malheureux
grammairiens et professeurs de poésie qui avaient une seule paye par an
(au lieu des 3 payes des autres enseignants) correspondant à la moitié
du premier salaire des juristes18!
Le résultat de cette hypertrophie du Droit souhaitée par la munici-
palité est une osmose qui se constitue très rapidement entre les juristes
de l’université et les fonctions politiques de la ville, signe manifeste que
l’université était en train de remplir la seule véritable mission pédago-
gique pour laquelle elle avait été créée aux yeux des classes dirigean-
tes. On trouve dans les archives de la couronne d’Aragon et dans les
archives municipales de Lérida, surtout à partir du XVe siècle, maints
personnages issus de l’estudi qui ont occupé des charges politiques dans
la ville, notamment dans le groupe des paers. Bon nombre d’entre eux
ont même été nommés « premier paer », espèce de conseiller en chef ou
premier conseiller. Ainsi, le docteur en Droit Ramon d’Ossó, dans les
années 1430, est nommé paer de la ville en 1447. De même, Bernabeu
Assam, est déjà docteur en droit canon en 1456 quand il est nommé
premier conseiller. On sait qu’un sien probable condisciple, Gabriel
Beralda, professeur en Droit, était paer en 1456. Le léridan célèbre Joan
Rossell, sur lequel une bonne biographie est, apparemment, toujours à
faire19, initie sa fertile carrière politique au sein de l’université : docteur et
professeur dans les années 1466-1467, il sera nommé premier conseiller
en 1470, puis avocat du Conseil, et même, plus tard représentant de
la municipalité auprès du parlement de Catalogne et de la cour. Un
autre « paer en cap » issu de l’université, en 1482 : Francesc Pastor,
professeur et avocat de la ville. Parcours semblable que celui de Gispert
de Remolins, premier paer en 1472 et 1482. Bartomeu Mahull, issu,
17
Cf. Delgado (1982), p. 20n.
18
Cf. Llorens i Fàbrega (1901), p. 28 sqq. et Delgado (1982), p. 35.
19
« Gran polític i home de madur consell i amb temperament de governant, l’estudi
de les seves gestions i activitats donaria per a una biograa interessantíssima per a
conéixer la ciutat de Lleida a la darreria del segle XV ». Lladonosa (1970), p. 112.
140 carlos heusch
20
Je renvoie à l’étude prosopographique de Lladonosa (1970), p. 94-117.
21
Un serment était exigé aux nouveaux enseignants dans lequel ils promettaient de ne
pas se quereller contre la ville ni contre ses privilèges. Cf. Lladonosa (1970), p. 122.
22
Plus précisément, si l’on suit Delgado (1982), p. 37, parmi les quatre clavaris de
l’université, théoriquement, deux étaient nommés par l’évêque et les deux autres par le
Conseil municipal, mais on peut supposer que celui-ci disposait de moyens de pression
sufsants pour contrôler toutes les nominations. Les tâches des clavaris concernaient,
outre la mise en application des décisions du Conseil, l’entretien des bâtiments, la
gestion des salaires et la recherche et embauche du corps enseignant.
23
Le chancelier était, cependant, nommé à vie par le roi, parmi les membres du
chapitre de Lérida.
24
Cf. Lérida, A. P. 408, fol. 70 et Serra Ràfols (1931), p. 73.
villes et universités dans la couronne d’aragon 141
25
Cf. Claramunt (1988), p. 102 et Gaya Massot R., « Las rentas del Estudio General
de Lérida », Analecta Sacra Tarraconensia XXV (1952), 293-338.
26
À la demande de Jacques II, l’évêché et le chapitre devaient contribuer nancière-
ment aux dépenses du studium. Cf. Delgado (1982), p. 38.
27
Pour l’anecdote, les étudiants en Droit payaient 12 deniers pour leur banc alors
que les « artiens » ne payaient que 2 deniers. Cf. Gaya Massot (1952), p. 293.
142 carlos heusch
28
« La ciutat té privilegi de nomenar un hom de sciència ll de la ciutat a legir
en cada facultat, a legir l’hora doctoral » (Lérida, A. P. 412, f. 44). Apud Serra Ràfols
(1931), p. 39.
29
Il s’agit de la querelle entre Bertràn Pinós et Micer Sblada, « ciutadà de la present
ciutat ». Cf. Serra Ràfols (1931), p. 39.
30
Cf. Lladonosa (1970), p. 73.
villes et universités dans la couronne d’aragon 143
31
Cf. Claramunt (1988), p. 107-108.
144 carlos heusch
Robert Gramsch
1
Zu Erfurt als Stadtuniversität vgl. insbes. Kleineidam E., Universitas Studii Erffordensis.
Überblick über die Geschichte der Universität Erfurt im Mittelalter, 2 Bde., (Erfurter theologische
Studien, 14 u. 22), 2. erw. Au., Leipzig 1985/92, hier: Bd. 1, S. 220-224 sowie Weiss
U., Die frommen Bürger von Erfurt. Die Stadt und ihre Kirche im Spätmittelalter und in der Refor-
mationszeit, Weimar 1988, S. 54-58. Zum Vergleichsfall Köln vgl. insbes. Meuthen E.,
Kölner Universitätsgeschichte, Bd. 1: Die alte Universität, Köln / Wien 1988. Die frühesten
deutschen Universitätsgründungen behandelt im Zusammenhang Rexroth F., Deutsche
Universitätsstiftungen von Prag bis Köln. Die Intentionen des Stifters und die Wege und Chancen
ihrer Verwirklichung im spätmittelalterlichen deutschen Territorialstaat, (Beiheft zum Archiv für
Kulturgeschichte, 34), Köln / Weimar / Wien 1992. Zur Universitätsgründung in Erfurt
siehe unten S. 147f. Über Leipzig fehlen neuere Untersuchungen, vgl. Ullrich P.W.,
Die Anfänge der Universität Leipzig (1409-1419), Werdau 1894; Hoyer S., „Die Gründung
der Leipziger Universität und Probleme ihrer Frühgeschichte“, in: Karl-Marx-Universität
Leipzig 1409-1959, Leipzig 1959, S. 1-33.
2
Vgl. die Erfurter Universitätsstatuten von 1447, Rubr. IX, §16, ed. in: Weissenborn
J. C. H., Acten der Erfurter Universität (1392-1636), 3 Bde., (Geschichtsquellen der Provinz
Sachsen, 8/1-3), Halle 1881-1899, hier: Bd. 1, S. 22/11ff.: „Item quodlibet membrum
universitatis debet procurare et conservare honorem et utilitatem communitatis consulum et incolarum
opidi Erffordensis, donec privilegiis et libertatibus universitatis gaudere voluerit et pro membro univer-
sitatis haberi.“ Im Immatrikulationseid hatten sich die neuaufgenommenen Studenten
zu verpichten, die Statuten der Universität zu beachten, was obige Vorschrift also mit
einschließt, vgl. das Iuramentum intitulandorum (ebda., S. 34/1-34/19, hier: Z. 3f.).
3
Dieses Mitspracherecht bestand insbesondere bei der Berufung der Artistenmagister
146 robert gramsch
die Stadt Erfurt von der Universität hatte – auf sie wird weiter unten
ausführlicher einzugehen sein –, überwogen die geringen Kosten, die
ihr bei der Finanzierung des „laufenden Betriebes“ der Universität
erwuchsen, bei weitem: Die jährlichen Zahlungen an die Universität
beliefen sich auf nur einige hundert Gulden, weniger als ein Prozent
des gesamten städtischen Etats.4
Ziel des folgenden Aufsatzes ist es, die Beziehungen zwischen Stadt
und Universität Erfurt im 15. Jahrhundert näher zu beleuchten und
dabei zuweilen auch den Vergleich mit anderen deutschen Hochschulen,
insbesondere mit der anderen großen Stadtuniversität Köln zu suchen.
Quellenlage und Forschungsstand diktieren freilich gewisse Beschrän-
kungen. So muß die Geschichte der thüringischen Metropole im 14.
und 15. Jahrhundert in vielen Punkten noch immer als recht dunkel
bezeichnet werden.5 Über die Universität sind wir vergleichsweise sehr
gut unterrichtet, doch zeigt sich, daß bestimmte Aspekte wie die Frage
nach der Vernetzung zwischen der Universität und ihrer Umwelt bisher
nicht ausreichend erforscht beziehungsweise in den Quellen nur unzu-
reichend dokumentiert worden sind.6 Wenn uns aber Ratsprotokolle,
städtische Chronistik und Urkundenüberlieferung im Stich lassen, so
sehe ich doch einen Ansatz, um unsere Kenntnisse zu erweitern, in der
Prosopographie. Da die Universität im Wesen ein Personenverband ist,
ist ihre Geschichte zuerst einmal die Geschichte ihrer Mitglieder, der
im wichtigsten Universitätskolleg, dem Collegium maius, weiterhin bei den (städtisch sala-
rierten) Ordinarien der juristischen und medizinischen Fakultät sowie bei den Inhabern
der Lektoralpräbenden, vgl. hierzu Kleineidam, Univ. Studii Erffordensis (Anm. 1), Bd. 1,
S. 221f., Weiss, Die frommen Bürger (Anm. 1), S. 55.
4
Kleineidam, Univ. Studii Erffordensis (Anm. 1), Bd. 1, S. 223f.
5
Vgl. insbes. Beyer C. / Biereye J., Geschichte der Stadt Erfurt von der ältesten bis auf die
neueste Zeit, Bd. 1: bis 1664, Erfurt 1935; Weiss U. (Hg.), Erfurt 742-1992. Stadtgeschichte-
Universitätsgeschichte, Weimar 1992 sowie Weiss U. (Hg.), Erfurt. Geschichte und Gegenwart,
(Schriften des Vereins für die Geschichte und Altertumskunde von Erfurt, Bd. 2), Weimar
1995. Verschiedenen älteren Einzelstudien kommt angesichts der Forschungslage nach
wie vor ein Wert zu, so etwa: Neubauer Th., „Die sozialen und wirtschaftlichen Ver-
hältnisse der Stadt Erfurt vor Beginn der Reformation“, in: Mitteilungen des Vereins für
Geschichte und Altertumskunde von Erfurt 34 (1913), S. 11-78; Benary F., Die Vorgeschichte der
Erfurter Revolution von 1509, Erfurt 1911 sowie ders., Zur Geschichte der Stadt und Universität
Erfurt am Ausgang des Mittelalters (hg. von A. Overmann), Gotha 1919; Schmidt A., „Die
Kanzlei der Stadt Erfurt bis zum Jahre 1500“, in: Mitteilungen des Vereins für Geschichte
und Altertumskunde von Erfurt 40/41 (1921), S. 1-88.
6
Eine wohl noch auf lange Sicht gültige Gesamtdarstellung zur Erfurter Universitäts-
geschichte liefert die oben zitierte Monographie „Universitas Studii Erffordensis“ von Erich
Kleineidam (Anm. 1), deren erste zwei Bände von der Universitätsgründung (1379/92)
bis zur Reformation (1521) reichen.
universität, städtische politik 147
Dozenten und Studenten. Dies können wir uns auch für die gegebene
Fragestellung zunutze machen.7
Besonders schwer wiegt das Fehlen direkter Quellenaussagen über das
Verhältnis des Erfurter Rates zur Universität für die Zeit der Universi-
tätsgründung. Diese muß ganz zwangsläug vom Rat getragen worden
sein, doch vermitteln die zwei päpstlichen Privilegien von 1379 und
1389 wie auch eine viel jüngere Stadtchronik nur ein sehr schemenhaftes
Bild.8 Hier ergibt sich nunmehr ein Befund, der Erwähnung verdient –
daß nämlich der Personenkreis von Klerikern, die das Universitäts-
gründungsprojekt aktiv betrieben, wie auch der Kreis der ersten Univer-
sitätslehrergeneration praktisch zur Gänze aus Nicht-Erfurtern besteht.
Die erste Gründungsinitiative, die auf das Jahr nach dem Ausbruch
des Großen Schismas datiert, scheint vielmehr maßgeblich von einem
Netzwerk hessischer Kleriker um den damaligen Erfurter Protonotar
Hartung Gernodi, der selbst aus Hessen stammte, ausgegangen zu sein.
Den Erfolg der Universitätseröffnung 1392 sicherten dann zahlreiche
ehemalige Prager Magister überwiegend westfälisch-niedersächsisch-
thüringischer Provenienz. „Eingeborene“ Erfurter fehlen demgegenüber
in ganz auffälliger Weise. Es ist hier nicht der Ort, diese neuen proso-
pographischen Befunde zur Gründungsgeschichte näher vorzustellen,
doch festzuhalten ist, daß die Universität mit Billigung des Rates
gewisser maßen „von außen“, von interessierten gebildeten Klerikern
in die Stadt eingepanzt wurde. Trotzdem kann man natürlich nicht –
7
Die Dissertationsschrift des Verfassers ist diesem konsequenten prosopographischen
Ansatz verpichtet: Gramsch R., Erfurter Juristen im Spätmittelalter. Die Karrieremuster und
Tätigkeitsfelder einer gelehrten Elite des 14. und 15. Jahrhunderts, (Education and society in
the middle ages and Renaissance, 17), Leiden / Boston 2003. Die Themenstellung
dieses Aufsatzes entwickelt sich aus Beobachtungen, die der Verfasser im Laufe dieser
Arbeit gemacht hat.
8
Privileg Clemens VII. vom 16.9.1379 in Weissenborn, Acten (Anm. 2), Bd. 1,
S. 1ff. sowie erneute Privilegierung durch Urban VI. am 4.5.1389 in Weissenborn,
ebda., S. 3ff. Für die Gründungsgeschichte ohne großen Wert sind die Notizen der
Hogelschen Stadtchronik von ca. 1670, abgedruckt in: Benl R. / Blaha W., Erfurt – ein
spätmittelalterliches Wissenschaftszentrum. Katalog zur Ausstellung des Stadtarchivs Erfurt, Köthen
2001, S. 20f. Den Forschungsstand repräsentieren Kleineidam, Univ. Studii Erffordensis
(Anm. 1), Bd. 1, S. 7-20; Lorenz S., „Erfurt – die älteste Hochschule Mitteleuropas?“,
in: Gockel M. (Hg.), Aspekte thüringisch-hessischer Geschichte, Marburg a. d. Lahn 1992,
S. 139-146; Schmidt R., „Erfurt, eine städtische Universitätsgründung und die päpst-
lichen Urkunden von 1379 und 1389“, in: ders., Fundatio et conrmatio universitatis. Von den
Anfängen deutscher Universitäten, (Bibliotheca eruditorum, 13), Goldbach 1998, S. 47*-59*.
Über die Gründungsvorgänge in Erfurt (1379-92) beabsichtige ich, an anderer Stelle
eine Neuinterpretation vorzulegen, vgl. einstweilen die maschinenschriftliche Fassung
der Dissertation, Kapitel 2.
148 robert gramsch
9
Archivio Segreto Vaticano, Registra Supplicationum, Bd. 57, fol. 96r/v. Dieser Rotulus
fand in den bisherigen Untersuchungen zu Erfurt und seiner Universitätsgeschichte
keine Beachtung, was sich ganz offensichtlich aus dem ungenügenden Erschließungs-
stand der vatikanischen Quellen jener Zeit begründet, vgl. hierzu künftig den in Anm.
8 angekündigten Aufsatz sowie Gramsch R., „Der Bestand Repertorium Germanicum
im Archiv des Deutschen Historischen Instituts in Rom. Archivalien zu einem über
hundertjährigen Editionswerk“, in: Quellen und Forschungen aus italienischen Archiven und
Bibliotheken 81 (2001), S. 562-569, hier: S. 565f.
10
Gramsch, Erfurter Juristen (Anm. 7), S. 169 (Tabelle 6/a). Die Zahl der Erfurter
Rektorate ist dort etwas zu niedrig angegeben: auf den Zeitraum 1410-29 entfallen
5 statt 3 Rektorate, auf die 1430er und 1440er Jahre insgesamt 7. Insgesamt haben
zwischen 1392 und 1509 Erfurter Bürger 29 mal das Rektorat innegehabt (bei insge-
samt 233 Amtszeiten).
11
Moraw P., „Die Universität Prag im Mittelalter. Grundzüge ihrer Geschichte“, in:
Die Universität zu Prag, (Schriften der Sudetendeutschen Akademie der Wissenschaften
und Künste, 7), München 1986, S. 9-134, hier S. 111.
12
Gramsch, Erfurter Juristen (Anm. 7), S. 171. Zur von sozialen Kriterien und Klien-
telbeziehungen deter minierten Besetzung des Rektoramts vgl. auch die Untersuchung
von Schwinges R.C., Rektorwahlen. Ein Beitrag zur Verfassungs-, Sozial- und Universitätsgeschichte
des alten Reichs im 15. Jahrhunderts, mit Rektoren- und Wahlmännerverzeichnissen der Universitäten
universität, städtische politik 149
Hinsichtlich des Lehrkörpers ist als erstes zu betonen, daß die Artisten-,
die Theologen- und wohl auch die kleine medizinische Fakultät immer
Domänen der „Auswärtigen“ blieben.13 Anders hingegen die elitäre
Juristenfakultät. Hier ist das anwachsende Engagement einheimischer
städtischer Führungsgruppen überdeutlich zu erkennen:14 Nachdem
aus Erfurt stammende Rechtslehrer lange Zeit völlig fehlen, promoviert
der erste Erfurter Patriziersohn im Jahre 1424. Es folgen bis 1447 fünf
weitere. Dann klafft zunächst wieder jene auch für die Rektorate zu
konstatierende Lücke, bis Ende der 1460er zwei weitere Angehörige
von Erfurter Patrizierfamilien in das Doktorenkollegium aufsteigen. Der
große Durchbruch erfolgt ungefähr um 1480: In den 45 Jahren von 1478
bis 1513 treten insgesamt 10 „Einheimische“ in den Lehrkörper der
Fakultät ein, denen 13 „Auswärtige“ gegenüberstehen. Das heißt, daß in
der Spätphase der mittelalterlichen Universität Angehörige der Erfurter
städtischen Elite fast 45% des Lehrkörpers bei den Juristen stellten,
nachdem es in der Zeit bis 1480 nur etwa 16% (8 von 51) gewesen waren.
Das Verhältnis der Bürger von Erfurt, speziell der Angehörigen
der städtischen Führungsschicht, gegenüber dem neuen Bildungs-
und Karriereangebot in der Stadt erlebte mithin im Verlauf des 15.
Jahrhunderts einen tiefgreifenden Wandel. Erst standen sie ihm etwa
vierzig Jahre lang ziemlich indifferent gegenüber. Dann aber erfolgte
um 1430 und noch stärker um 1470 ein deutlicher Umschwung zu
einer starken Beteiligung vor allem bei der Besetzung des Rektoramtes
wie der Lehrstühle der juristischen Fakultät. Es fand in dieser Phase
eine Konzentration von inneruniversitärer Macht in der Hand einhei-
mischer Eliten statt, während die bisher überwiegenden „polyglotten“
Elemente zurückgedrängt wurden. Mir erscheint es dabei evident, daß
die Verengung des (bis dahin sehr weitgespannten) Einzugsbereiches der
Studentenschaft in den Jahrzehnten nach 1470 und der Frequenzrück-
gang während dieser Jahrzehnte in einem kausalen Zusammenhang mit
dieser relativen Monopolisierung universitärer Führungspositionen in
der Hand der Einheimischen steht.15
Köln und Erfurt aus der 2. Hälfte des 15. Jahrhunderts, (Vorträge und Forschungen, Sonder-
band 38), Sigmaringen 1992.
13
Siehe unten Anm. 27.
14
Vgl. das Doktorenverzeichnis der Juristenfakultät bei Kleineidam, Univ. Studii Erffor-
densis (Anm. 1), Bd. 1, S. 395f. sowie die chronologische Übersicht über den Lehrkörper
der Fakultät in Gramsch, Erfurter Juristen (Anm. 7), S. 177ff. (Tabelle 7/a).
15
Dieser Zusammenhang ergibt sich aus der bekannten Tatsache, daß freundschaft-
lich/verwandtschaftliche oder landsmannschaftliche Bindungen für den Anschluß an
150 robert gramsch
einen bestimmten Magister und damit für die Wahl der Hochschule in der Regel
wichtiger waren als etwa das wissenschaftliche Ansehen einer Universität (Schwinges,
Rektorwahlen, Anm. 12, S. 14). Das Verschwinden auswärtiger Universitätslehrer mußte
demnach über kurz oder lang auch das Verschwinden der mit ihnen verbundenen
Studentenklientel zur Folge haben. Ein weiteres Argument ergibt sich aus der schon
erwähnten Beobachtung, daß während des (überwiegend von auswärtigen Studenten
getragenen) Frequenzbooms der 1450er und 1460er Jahre der Einuß der aus Erfurt
selbst stammenden Dozenten an der Universität zeitweise wieder zurückgegangen war.
Zur Frequenzentwicklung der Erfurter Universität im Mittelalter vgl. insbes. Schwinges
R.C., Deutsche Universitätsbesucher im 14. und 15. Jahrhundert, (Beiträge zur Sozial- und
Verfassungsgeschichte des Alten Reiches, 6), Stuttgart 1986, S. 93-105 sowie ders.,
„Erfurts Universitätsbesucher im 15. Jahrhundert“, in: Weiss (Hg.), Erfurt (Anm. 5),
S. 207-222 und Gramsch, Erfurter Juristen (Anm. 7), S. 71-100.
16
Meuthen, Universität Köln (Anm. 1), S. 80.
17
Das Verzeichnis der Kölner Rechtsdozenten bei Keussen H., Die alte Universität Köln,
Köln 1934, S. 449-460 (192 Dozenten bis 1517) nennt Kölner vermehrt erst für die
Zeit nach 1460/70, ohne daß sie jedoch auch nur annähernd jene Dominanz erreicht
hätten wie in Erfurt. Selbst als ihr Anteil nach 1500 noch weiter anstieg, blieb man hier
doch von „Erfurter Verhältnissen“ meilenweit entfernt. Zu berücksichtigen ist freilich
auch, daß es in Köln eine sehr viel größere Zahl von Dozenten gab.
18
Auszählung nach dem Doktorenverzeichnis der Juristenfakultät bei Friedberg E.,
Die Leipziger Juristenfakultät, ihre Doktoren und ihr Heim 1409-1909, (Festschrift zur Feier
universität, städtische politik 151
Das Jahr 1480 markiert also auch hier einen Umschwung im Verhältnis
führender Stadtbürgerschichten zur Universität. Eine Vorherrschaft an
derselben erlangten sie jedoch nicht, was sicher auch damit zusammen-
hängt, daß dort, wo die Universität an einen fürstlichen Gründer und
„Erhalter“ angelehnt war, der städtische Einuß sich in der Regel in
Grenzen halten mußte.19 In kleineren Universitätsstädten, etwa Heidel-
berg, war dieser um so mehr eingeschränkt, als es hier auch gar keine
ausreichend (nanz-)kräftige bürgerliche Elite gab.20
Unter den nach der Jahrhundertmitte gegründeten Universitäten,
die freilich nicht mehr dieselbe numerische Bedeutung erlangten wie
etwa Erfurt und Köln, nden sich weitere Stadtuniversitäten, bei denen
der Einuß des einheimischen Ratsbürgertums auf die Geschicke der
Hochschulen zuweilen deutlich erkennbar ist. Als Paradefall sei die
Universität Greifswald (nur nominell eine landesfürstliche Gründung
der Herzöge von Pommern) genannt. Deren faktischer Gründer und
großzügiger Förderer, der in Erfurt studierte Jurist Heinrich Rubenow,
entstammte einem einußreichen Greifswalder Patriziergeschlecht, ja als
Bürgermeister seiner Heimatstadt verkörperte er geradezu den auch in
Deutschland zuweilen vorkommenden Typus eines spätmittelalterlichen
„Stadttyrannen“.21 Die Juristenfakultät war auch hier von Einheimischen
des 500 jährigen Bestehens der Universität Leipzig, Bd. 2), Leipzig 1909, S. 122-127
(bis 1505). Siehe auch ebda., S. 37f. zur Herkunft der Doktoren.
19
Der Einuß der wettinischen Landesherren manifestierte sich in Leipzig insbeson-
dere in den Universitätsreformen des beginnenden 16. Jahrhunderts. – Noch deutlich
geringer als in Leipzig el in Wien der Anteil der Bürger am Geistesleben der Universität
aus, so Koller H., „Stadt und Universität im Spätmittelalter“, in: Maschke E. / Sydow J.
(Hg.), Stadt und Universität im Mittelalter und in der frühen Neuzeit, (Stadt in der Geschichte, 3),
Sigmaringen 1977, S. 9-26, hier: S. 22. Zur im allgemeinen größeren Distanz zwischen
landesfürstlichen Universitäten und den sie beherbergenden Städten siehe unten Anm. 25.
20
Vgl. hierzu Moraw P., „Heidelberg: Universität, Hof und Stadt im ausgehenden
Mittelalter“, in: Moeller B. / Patze H. / Stackmann K. (Hg.), Studien zum städtischen
Bildungswesen des späten Mittelalters und der frühen Neuzeit, (Abhandlungen der Akademie der
Wissenschaften in Göttingen, phil.-hist. Kl., 3. Folge, 137), Göttingen 1983, S. 524-552.
Er konstatiert, daß es in Heidelberg de facto keinen Aufstieg von Heidelbergern in
universitäre Führungspositionen gegeben hat (S. 550f.), sondern daß hier fürstennahe
Personen das Feld dominierten (S. 527). Beide Faktoren – das Fehlen einer potenten
Bürgerschicht und der Status der Universität als landesherrlich – wirkten hier mithin
städtischer Einußnahme entgegen.
21
So die Formulierung von Boockmann H., „Spätmittelalterliche deutsche Stadt-
Tyrannen“, in: Blätter für deutsche Landesgeschichte 119 (1983), S. 73-91. Zu Rubenow
und seiner Gründung vgl. insbes. Schmidt R., „Heinrich Rubenow und die Gründung
der Universität Greifswald 1456“, in: Lorenz S. (Hg.), Attempto – oder wie stiftet man eine
Universität. Die Universitätsgründungen der sogenannten zweiten Gründungswelle im Vergleich, (Con-
tubernium, 50), Stuttgart 1999, S. 19-34 mit unfangreichen Literaturangaben.
152 robert gramsch
dominiert, die etwa 40% der Dozenten stellten.22 Greifswald ist übri-
gens auch ein Beispiel – und nicht der einzige Fall –, daß Städte, die
eine Universität gründeten, sich zu jener Zeit gerade an Erfurt als dem
erfolgreichen Prototyp einer Stadtuniversität orientierten.23
Nach diesen Blick auf die Universitätsspitze wenden wir uns nunmehr
der Studentenschaft zu. Es sei jetzt die Gesamtheit der Immatrikulier-
ten betrachtet, welche aus Erfurt selbst, genauer: aus den führenden
Familien der Stadt stammten. Welche weitergehenden Erkenntnisse
lassen sich mit Blick auf diese Untersuchungsgruppe gewinnen? Ich
berücksichtige im folgenden insgesamt 33 patrizische Familien (in Erfurt
Gefrunden genannt) sowie 35 Familien, die ratsfähig waren und im einen
oder anderen Fall wohl auch noch zu den Gefrunden gerechnet werden
könnten. Somit dürften wohl die bedeutendsten Familien erfaßt und
eine halbwegs repräsentative Auswahl von Vertretern der Erfurter Ober-
schicht sowie der oberen Mittelschicht getroffen worden sein.24
22
11 von 28 der bei Kosegarten genannten Professoren der Rechtsfakultät für die
Zeit von der Universitätsgründung 1456 bis ins frühe 16. Jahrhundert waren gebürtige
Greifswalder. Greifswald kam ohnehin aus der regionalen Enge nie heraus, denn auch
die übrigen Dozenten stammten zumeist aus benachbarten Städten, etwa aus Stralsund,
Stettin und Kolberg. Vgl. Kosegarten J. G. L., Geschichte der Universität Greifswald mit
urkundlichen Beilagen, Bd. 1, Greifswald 1856, S. 92-99 und S. 147-150. Die regionale
Herkunft der Greifswalder Studenten behandelt ausführlich Link A., Auf dem Weg zur
Landesuniversität. Studien zur Herkunft spätmittelalterlicher Studenten am Beispiel Greifswald (1456-
1524), (Beiträge zur Geschichte der Universität Greifswald, 1), Stuttgart 2000.
23
Diese Anlehnung wird auch im Falle Basels sehr deutlich. In beiden Fällen hatten
zahlreiche Dozenten der ersten Generation in Erfurt studiert und war die Universität „ad
instar studii Erfordensis“ eingerichtet worden. Zur Gründung der Universitäten Greifswald
und Basel und deren Bezug zu Erfurt siehe Kleineidam, Univ. studii Erffordensis (Anm. 1),
Bd. 1, S. 162-176. Die ebenfalls vom Erfurter Vorbild beeinußte Gründung der Trie-
rer Hochschule (unter maßgeblicher Beteiligung des in Erfurt studierten Theologen
Johannes Leyendecker, der einer Trierer Ratsfamilie entstammte) stellt ausführlich vor
Matheus M., „Zum Verhältnis der Stadt Trier zur Universität in der zweiten Hälfte
des 15. Jahrhunderts“, in: Kurtrierisches Jahrbuch 20 (1980), S. 60-139, insbes. S. 80ff.,
wobei er gleichfalls die Bedeutung dieser – allerdings ganz unbedeutend gebliebenen –
Universität für die Angehörigen der städtischen Oberschicht betont (S. 101).
24
Eine zusammenfassende Untersuchung über die Erfurter Oberschichten des 15.
Jahrhunderts, wie sie für den hier verfolgten Zweck sehr nützlich wäre, existiert nicht,
sondern nur Einzelstudien zu verschiedenen Patrizierfamilien. Vgl. aber auch Kramm H.,
Studien über die Oberschichten der mitteldeutschen Städte im 16. Jahrhundert, 2 Bde., (Mittel-
deutsche Forschungen, 87/1 und 2), Köln / Wien 1981. Das Stadtarchiv bzw. die
Stadtbücherei Erfurt besitzen mehrere Materialsammlungen über die führenden Erfurter
Familien. Meine Zusammenstellung basiert insbes. auf den Belegen bei Benary, Vorge-
schichte (Anm. 5); Frank B., Das Erfurter Peterskloster im 15. Jahrhundert. Studien zur Geschichte
der Klosterreform und der Bursfelder Union, (Veröffentlichungen des Max-Planck-Instituts für
Geschichte, 34 = Studien zur Germania Sacra, 11), Göttingen 1973; Overmann A.
(Bearb.), Urkundenbuch der Erfurter Stifter und Klöster, Teil 2, (Geschichtsquellen der Provinz
Sachsen, 7), Magdeburg 1929 und Beyer C. (Bearb.), Urkundenbuch der Stadt Erfurt, Teil 2,
universität, städtische politik 153
(Geschichtsquellen der Provinz Sachsen, 24), Halle 1897. Berücksichtigt sind folgende
Familien: Allenblumen, von Apolda, von Benstete, Bock, Bodewitz, Brambach, Brun,
Dangstorff, von Eckersberg, Emchen, Emeleben, Färber, von Frankenhausen, Friederun,
Funke, Gräfe (Grefe), Gromann, Gunderam, von Gutenshausen, von Halle, Hartmann
(von Oberingen), ( Junker von) Hirschbach, Hottermann, von Hundolf, Huttener,
Immenrod, Kellner, Kesselborn, von Kölleda (Collede), König, Kranichfeld, von
Kreuzburg, Läufer, Lange (Hugonen), Legate(n), Lengefeld, von der Marthen (Mar-
garethen), von Milwitz, von Molschleben, von Mücheln, von Mühlhausen, von Nord-
hausen, Oler, Ottera, Paradies, von Plauwe, Rabe, von Reinbothe, Rosenzweig, von
Saalfeld, von der Sachsen, von Sangerhausen, Schuller (Scholler), von Schwanring, von
Seen, von Soyken, Starke, von Stotternheim, Tennstedt (Denstedt), von Tottelstedt,
von Treffurt, Utzberg, Vitzthum (von Eckelstedt), Voilsberg (alias Vogelsburg), von
Weissensee, von Wunne(n), Ziegler und von Zimmern.
25
Gemäß einer auf Stichproben basierenden Auszählung in Schwinges, Deutsche
Universitätsbesucher (Anm. 15), S. 277 betrug im 15. Jahrhundert der Anteil aller aus Erfurt
gebürtigen Studenten an der Gesamtstudentenschaft gut 4%. Damit ist Erfurt recht gut
mit Köln vergleichbar, wo der entsprechende Anteil bei 5% lag. Einige andere Universitä-
ten (Rostock, Basel, Greifswald) kommen zwar noch auf etwas höhere Werte, hatten aber
auch eine sehr viel kleinere Besucherzahl. Auffällig ist jedenfalls, daß der Anteil der Ein-
heimischen gerade an den Stadtuniversitäten hoch war, während er in den landesfürstli-
chen Gründungen wie Wien, Heidelberg, Leipzig und Freiburg unter 3% lag. Schwinges,
ebda., S. 278, spricht denn auch von einer „unerhört wirksame(n) Distanz zwischen
Hochschule und Stadtgemeinde“, die in den letzteren Fällen zum Ausdruck kommt.
154 robert gramsch
26
Unter Berücksichtigung von 60 nur unsicher als Erfurter zu identizierenden Per-
sonen ergibt sich ein etwas anderes Bild, da dann die Unterrepräsentanz der Erfurter
Patriziersöhne in den ersten Jahrzehnten nach Universitätsgründung weniger deutlich
hervortritt. Die meisten unsicheren Belege fallen nämlich in diese frühe Zeit, da die in
der Matrikel verwendeten Namensformen zu diesem Zeitpunkt weniger Eindeutigkeit
aufweisen als später. Allerdings sind viele dieser Belege wirklich als sehr unsicher ein-
zustufen, etwa wenn wir es mit häugen cognomina zu tun haben (Bock, Färber, Grefe)
ohne daß eine Herkunftsbezeichnung eine Identizierung ermöglicht, oder wenn
Erfurter Patrizierfamilien als cognomen einen Herkunftsnamen führen (von Kreuzburg,
von Nordhausen) und bei entsprechend benannten Personen eher zu vermuten steht,
daß sie wirklich aus dem genannten Ort kamen.
27
Vgl. hierzu die Doktoren- und Magisterverzeichnisse der Universität, ediert in
Kleineidam, Univ. Studii Erffordensis (Anm. 1), Bd. 1, S. 389-449 und Bd. 2, S. 351-374.
23 Personen (= 7,2%) erwarben den Magistertitel, womit die Erfurter Patriziersöhne
reichlich das Doppelte der durchschnittlichen Magisterquote (3,4%) erreichten. Sogar
unterdurchschnittlich fällt ihre Bakkalarenquote aus – siehe unten. Bei den Medizinern
sind unter insgesamt 35 Professoren vier Erfurter, doch stammen diese alle aus zweit-
rangigen Familien. Unter den 106 Professoren im Doktorenverzeichnis der Theologen
bis 1510 benden sich, soweit feststellbar, zwei Erfurter, unter denen sich ebenfalls
kein Patriziersohn bendet (allerdings steigt die Zahl der aus Erfurt stammenden
Theologen im Jahrzehnt nach 1510 bedeutend an). Dasselbe Phänomen begegnet uns
auch in Köln, wo die Universitätsstädter nur 5% der Lehrer der Artisten- und der
Theologenfakultät stellten, 10% der Mediziner, aber 15% der Juristen, vgl. Meuthen,
Universität Köln (Anm. 1), S. 80.
universität, städtische politik 155
von seinem Wohlwollen abhing, die Wege geebnet. Der Anteil von
Gratisimmatrikulationen bei den Patriziersöhnen beispielsweise beträgt
ein gutes Sechstel – ein Vielfaches des Üblichen.28 Zur Begründung
heißt es etwa bei der Immatrikulation des Heinrich Brambach 1434 mit
entwaffnender Offenheit: „gratis, quia lius cuiusdam potentis de consulatu
Erffordensis“.29 Und nachdem erst einmal Erfurter in die universitären
Führungspositionen aufgestiegen waren, konnten sie bequem ihnen
Nahestehende nachziehen. In den Rektoratsjahren von Erfurtern
häufen sich mithin die Einschreibungen von Patriziersöhnen und zwar
oftmals gleich in ganzen Gruppen.30 Auch ging der Wandel in der
Zusammensetzung des Lehrkörpers der Juristenfakultät mit einer bemer-
kenswerten Veränderung des Promotionsverhaltens seiner Doktoren
einher: Während bis 1470 die Mehrheit der Professoren an auswär-
tigen Universitäten und insbesondere in Italien promoviert wurden,
überwogen nach 1470 die „Hauspromotionen“ ganz entschieden.31
Dies war zwar eine (in Deutschland) ubiquitäre Erscheinung (welche
in Erfurt sogar erst verzögert einsetzte), sie trug aber gerade hier zur
Majorisierung der Rechtsfakultät durch Angehörige der einheimischen
Oligarchie bei.32 „Vetternwirtschaft“ von der Immatrikulation bis zur
Promotion – nicht das Phänomen an sich war das Neue, sondern die
Ausschließlichkeit, mit der sie in Erfurt zugunsten der Einheimischen
wirkte.33 Dies kann der Attraktivität der Hochschule auf auswärtige
Besucher auf Dauer schwerlich zuträglich gewesen sein und war somit
28
Vergleichbares begegnet an anderen Universitäten, etwa in Köln, siehe Schwinges,
Deutsche Universitätsbesucher (Anm. 15), S. 423.
29
Weissenborn, Acten (Anm. 2), Bd. 1, S. 162/21.
30
Vgl. hierzu etwa den ersten Matrikeleintrag zum Wintersemester 1496 unter dem
Rektor Martin von der Marthen, vgl. Weissenborn, Acten (Anm. 2), Bd. 2, S. 194/
13-20: „Herbordus, Gerlacus, Wolfgangus, Leo – fratres Margrithensis familie; agnati dni. rectoris
tm., Bertoldus, Johannes – Molhusensis familie, lii sororis dni. rectoris tm., Henricus, Hermannus –
Dangstorffensis familie; lii sororis dni. rectoris tm.“. Unter Johannes Reinboth immatrikulierten
sich im Wintersemester 1506 gemeinsam zwei Reinbothes, drei Ziegler, zwei Starcks
und noch zehn weitere Erfurter (Weissenborn, ebda., S. 247/25-248/16).
31
Gramsch, Erfurter Juristen (Anm. 7), S. 173-186, insbes. S. 185f.
32
Zum Vergleichsfall Köln siehe Schwinges, Deutsche Universitätsbesucher (Anm. 15),
S. 387. Schwinges betont völlig zu Recht, daß eine derartige „Einigelung“ der Qualität
der Lehre auf die Dauer eher abträglich gewesen sein muß.
33
Auffällig ist im übrigen, daß die Erfurter Patriziersöhne sich zwar zu einer Kar-
riere als Rechtslehrer in Erfurt herbeiließen, daß sie aber ein auswärtiges Engagement
in der Regel scheuten – also weder als Rechtslehrer an andere Universitäten gingen,
noch andere Juristenberufe, etwa im kirchlichen Bereich (Kurientätigkeit, geistliche
Gerichtsbarkeit) oder als Gelehrte Räte weltlicher Fürsten, anstrebten. Ihre beruiche
Fixierung auf Erfurt unterstreicht ebenfalls die Sonderstellung, die diese Gruppe
innerhalb der Erfurter (Rechts-)Studenten einnimmt.
156 robert gramsch
vielleicht mit ursächlich für die (etwa im Vergleich zu Köln oder Leip-
zig) verfrüht – nämlich schon lange vor 1500 – einsetzende Krise (Sta-
gnationsphase) der Erfurter alma mater.
Doch diente die Hochschule den Patriziersöhnen mitnichten nur
als ein Ort, wo sie, wie es Peter Moraw ausdrückt, auf recht bequeme
Weise „ökonomisch unterbaute in akademisch unterbaute Positionen“
umwandeln konnten.34 Es ist im Gegenteil eher auffällig, wie viele
Studenten aus der Untersuchungsgruppe akademisch völlig konturlos
bleiben. Der Anteil derer, die den niedrigsten Grad eines Bakkalaren der
Artes erwarben, ist gegenüber der Gesamtstudentenschaft sogar deutlich
unterdurchschnittlich und die, die diesen Grad erwarben, brauchten bis
dahin zudem auch im Schnitt mindestens 1 bis 1½ Jahre länger als
üblich.35 Die Ursache für dieses Phänomen wird darin zu suchen sein,
daß viele Patriziersöhne die Universität nur aufgrund der sich bietenden
günstigen Gelegenheit und ohne weitergehende Ambitionen aufsuchten,
praktisch nur als eine Art Schulersatz bis zur Rückkehr ins bürgerliche
Leben. Die höhere Studierdauer der Bakkalaren wird sich in diesem
Sinne dahingehend deuten lassen, daß sich Angehörige der Erfurter
Oberschicht häug deutlich früher als im üblichen Studieneintrittsalter
von 16 bis 17 Jahren immatrikulieren ließen.36
In welch starkem Maße sich das Universitätsstudium des männlichen
Nachwuchses in einigen Familien einbürgerte, zeigt sich bei einigen
34
Moraw, Heidelberg (Anm. 20), S. 551.
35
Die Bakkalarenquote innerhalb der Untersuchungsgruppe beträgt knapp 25%
gegenüber 30% innerhalb der Gesamtstudentenschaft. Die durchschnittliche Studien-
dauer bis zum Bakkalariat beträgt für die 79 Erfurter Patriziersöhne 4,4 Jahre gegenüber
normalerweise 2-3 Jahren. Die Vergleichswerte für die Gesamtstudentenschaft ergeben
sich aus Schwinges R.C. / Wriedt K. (Hg.), Das Bakkalarenregister der Artistenfakultät der
Universität Erfurt 1392-1521, (Veröffentlichungen der Historischen Kommission für
Thüringen, Große Reihe, 3), Jena / Stuttgart 1995, S. XXXII und S. XV.
36
Zum durchschnittlichen Studieneintrittsalter vgl. Gramsch, Erfurter Juristen (Anm.
7), S. 188ff. mit weiterer Literatur. Besonders extreme Fälle unter den Erfurter Patrizier-
söhnen sind Johannes Brambach, immatrikuliert 1444, der 1455 das Bakkalariatsexamen
ablegte und 1461 auch Magister wurde sowie Heinrich Brun, immatrikuliert 1460 und
zum Bakkalaren promoviert 1477, vgl. (zu Brambach) Weissenborn, Acten (Anm. 2),
Bd. 1, S. 199/1; Schwinges / Wriedt, Bakkalarenregister (Anm. 35), S. 97/121.47 und
Kleineidam, Univ. Studii Erffordensis (Anm. 1), Bd. 1, S. 449 und (zu Brun) Weissenborn,
ebda., S. 280/24 und Schwinges / Wriedt, ebda., S. 186/186.25. Auffällig ist auch der
große Unterschied in der Quote der Gratisimmatrikulationen: Während die innerhalb
von maximal 4 Jahren zum Bakkalar promovierten Patriziersöhne eine nur leicht über-
durchschnittliche Quote der Gratisimmatrikulationen von 4% aufweisen, liegt diese
Quote bei den langzeitstudierten Bakkalaren bei 21%! Kinder konnten offenbar eher
auf einen Gebührennachlaß hoffen.
universität, städtische politik 157
37
Dies sind die Familien Milwitz (16), von der Sachsen (19), von Tennstedt (20)
und Ziegler (40).
38
Dies trifft für die Familien Kellner (13), von Paradies (10), Reinboth (12) und
Starcke (10) zu. In allen diesen Fällen, mit der Ausnahme der Familie von Paradies,
entfallen mindestens die Hälfte der Immatrikulationen auf das letzte Drittel des hier
betrachteten Zeitraums, also auf die Zeit nach 1470.
39
So haben beispielsweise in der Vatergeneration des Doktor Günther Milwitz (der
sein Studium 1454 begann) zwei von drei Brüdern studiert, in seiner eigenen Gene-
ration waren es von vier Brüdern (ihn selbst mitgerechnet) drei und von seinen fünf
Söhnen studierten vier. Aus der Familie der Huttener studierten 9 von 15 männlichen
Nachkommen (bis 1500) und auch bei der Familie Kellner beträgt der Anteil der stu-
dierten Söhne etwa zwei Drittel. Vgl. hierzu Scholle J., Das Erfurter Patriziergeschlecht von
Milwitz, (Erfurter Genealogischer Abend), Erfurt 1931; Billig W., „Adolarius Huttener
(1481-1560), berühmter Verfechter der Reformation in Erfurt und fünf Generationen
seiner Vorfahren“, in: Familienforschung in Mitteldeutschland, Bd. 44, Heft 3, Berlin 2003,
S. 141-152 sowie Biereye W., „Die Familie Kellner in Erfurt“, in: Mitteilungen des Vereins
für Geschichte und Altertumskunde von Erfurt 26 (1905), S. 83-103.
40
So etwa die von Legaten, die von Seen oder die Friederun.
41
Vgl. hierzu die Aufstellung bei Feldkamm J., „Das Benecial- oder Vicarienbuch
von Erfurt“, in: Mitteilungen des Vereins für Geschichte und Altertumskunde von Erfurt 30/31
(1909/10), S. 45-226, passim.
42
So präsentierten die von der Sachsen, die man zu den universitätsnahen Familien
zählen kann – sie stellten neben ihren 19 Studenten auch zwei Rechtslehrer und zweimal
den Rektor der Universität –, auf eine Vikarie in der Pfarrkirche St. Matthias zwischen
158 robert gramsch
1460 und 1500 zwei Universitätslehrer, die einem einußreichen Netzwerk westfälischer
Kleriker angehörten, dann den Dortmunder Patriziersohn, Juristen und Dekan von St.
Kunibert zu Köln Dietmar Berswort und zuletzt einen weiteren aus Halle stammenden
Rechtslehrer. Nur einmal wurde diese Pfründe an einen sonst Unbekannten vergeben.
Feldkamm, ebda., S. 110f. Siehe auch Gramsch, Erfurter Juristen (Anm. 7), S. 301.
43
Zu den Intentionen der Universitätsgründer und -träger vgl. neben der in Anm. 1
genannten Literatur auch etwa die Überblicksdarstellung von Schubert E., „Motive und
Probleme deutscher Universitätsgründungen des 15. Jahrhunderts“, in: Baumgart P. /
Hammerstein N. (Hg.), Beiträge zu Problemen deutscher Universitätsgründungen der frühen Neu-
zeit, (Wolfenbütteler Forschungen, 4), Nendeln / Liechtenstein 1978, S. 13-74; ferner
die Beiträge in den Sammelbänden von Schmidt, Fundatio (Anm. 8) und Lorenz (Hg.),
Attempto (Anm. 21).
44
Vgl. hierzu Schmidt, Kanzlei Erfurt (Anm. 5).
45
Auch wenn es hierzu an Quellenaussagen gänzlich fehlt, muß ein solcher Aspekt –
die Hoffnung, hunderte zahlungskräftige Studenten nach Erfurt zu ziehen – doch wohl
die Beachtung des Rates gefunden haben. Im Vorfeld der Gründung der Universität
Basel (1459) ist neben anderen Motiven der zu erwartende wirtschaftliche Nutzen
durch den Stadtschreiber Konrad Kienlin deutlich herausgestrichen worden, vgl.
Walther H.G., „Gelehrtes Recht, Stadt und Reich in der politischen Theorie des Basler
Kanonisten Peter von Andlau“, in: Boockmann H. / Moeller B. / Stackmann K. (Hg.),
Lebenslehren und Weltentwürfe im Übergang vom Mittelalter zur Neuzeit, (Abhandlungen der
AdW in Göttingen, Phil-hist. Klasse, 3. Folge, Nr. 179), Göttingen 1989, S. 77-111, hier
universität, städtische politik 159
Gespür besessen haben, denn ihre Stadt hatte schon seit dem späten
13. Jahrhundert bis circa 1360 ein studium generale von überregionaler
Anziehungskraft (wenn auch ohne den Status einer privilegierten Uni-
versität) besessen, dessen Magister dann aber nach Prag abgewandert
waren.46
Hieran mochte man sich 1379/92 erinnern, doch hat man bezeich-
nenderweise an die Organisationsformen des alten Studiums nicht
wieder angeknüpft, welches institutionell an die Schulen der größten
geistlichen Institutionen der Stadt, insbesondere der Stifter St. Marien
und St. Severi angebunden gewesen war. Gerade deswegen verbietet es
sich, in der Erfurter Gründung die bloße Fortschreibung des alten studium
generale zu sehen –47 sie war nunmehr eine primär städtische Angelegen-
heit, auch wenn in der Folgezeit viele Stiftskanoniker auch Universi-
tätsmitglieder waren.48 Die Mittlerstellung der Universität zwischen der
Stadt und den kirchlichen Institutionen ist meines Erachtens bisher zu
wenig beachtet worden. Es scheint mir angesichts der Umstände der
Universitätsgründung, welche im Zeichen einer Auseinandersetzung um
den Mainzer Erzbischofsstuhl erfolgte,49 sogar sehr wahrscheinlich zu
sein, daß den Rat ursprünglich vor allem kirchenpolitische Erwägun-
gen dazu veranlaßten, eine Universität zu gründen. Damit wurde ein
Gegengewicht gegen die lange Zeit strukturell eher gegen die Ratspolitik
ausgerichteten Stifter geschaffen und letztlich ein Einfallstor, um über
Personalpolitik den Domberg besser kontrollieren zu können.50
S. 92. Vgl. auch etwa Schubert E., „Zusammenfassung“, in: Lorenz (Hg.), Attempto
(Anm. 21), S. 237-256, hier: S. 248f.
46
Lorenz S., Studium Generale Erfordense. Zum Erfurter Schulleben im 13. und 14. Jahrhundert,
(Monographien zur Geschichte des Mittelalters, 34), Stuttgart 1989.
47
So sah es Rexroth, Universitätsstiftungen (Anm. 1), S. 183.
48
Vgl. hierzu Gramsch, Erfurter Juristen (Anm. 7), S. 353-359.
49
Zu den Ereignissen des Mainzer Bistumsstreits (1373-81) vgl. insbes. die eingehen-
den Darstellungen von Vigener F., Kaiser Karl IV. und der Mainzer Bistumsstreit 1373-1378,
Trier 1908 und Gerlich A., „Die Anfänge des Großen abendländischen Schismas und
der Mainzer Bistumsstreit“, in: Hessisches Jahrbuch für Landesgeschichte 6 (1956), S. 25-76;
ferner Jürgensmeier F. (Hg.), Handbuch der Mainzer Kirchengeschichte, Bd. 1/1: Christliche
Antike und Mittelalter, (Beiträge zur Mainzer Kirchengeschichte, 6/1), Würzburg 2000,
S. 482-487; bzgl. der Stellung Erfurts auch Beyer / Biereye, Erfurt (Anm. 5), S. 118 u.
ff.; Kleineidam, Univ. Studii Erffordensis (Anm. 1), Bd. 1, S. 8-11 sowie Patze H. / Schle-
singer W., Geschichte Thüringens, Bd. 2: Hohes und spätes Mittelalter, Teil 1, (Mitteldeutsche
Forschungen, 48/II.2), Köln / Wien 1974, S. 107 u. ff.
50
Diesen Punkt näher zu erweisen muß der in Anm. 8 angekündigten Publikation
zur Erfurter Universitätsgründung überlassen bleiben.
160 robert gramsch
51
Eine Gesamtübersicht über spätmittelalterliche Schulstreite fehlt, soweit ich sehe.
Hier seien nur einige Beispiele genannt: Kintzinger M., Das Bildungswesen in der Stadt
Braunschweig im hohen und späten Mittelalter, (Beiheft zum Archiv für Kulturgeschichte,
32), Köln / Wien 1990, S. 230-338 behandelt detailliert den bis vor das Konzils- bzw.
Kuriengericht getragenen Braunschweiger Schulstreit (1415-1420). Zum Schulstreit in
Nordhausen (1319-1326), bei dem sich der Streit um die Schule mit der Auseinanderset-
zung um die geistliche Gerichtsbarkeit und innerpolitischen Umwälzungen verband, vgl.
Silberborth H., Geschichte der Freien Reichsstadt Nordhausen, (Das tausendjährige Nordhausen,
1), Nordhausen 1927, S. 112-117. Ein Hinweis auf einen Schulkonikt in Rothenburg
ob der Tauber (14. Jahrhundert) ndet sich bei Endres R., „Das Schulwesen in Franken
im ausgehenden Mittelalter“, in: Moeller B. / Patze H. / Stackmann K. (Hg.), Studien
zum städtischen Bildungswesen des späten Mittelalters und der frühen Neuzeit, (Abhandlungen der
Akademie der Wissenschaften in Göttingen, phil.-hist. Klasse, 3. Folge, 137), Göttingen
1983, S. 173-213, hier: S. 175 (mit weiterer Literatur).
52
Die auf beiden Seiten hohen Aufwendungen für den Konzils- bzw. Kurienprozeß
dokumentiert im Falle Braunschweig Kintzinger, Bildungswesen (Anm. 51), S. 277 und
312ff. Die Ausgaben summierten sich demnach insgesamt (unter Einschluß weiterer
causae, die sich mit der Schulangelegenheit verbanden) auf mehrere tausend Gulden –
ganz außerordentlich hohe Beträge, wenn wir sie etwa ins Verhältnis setzen mit dem
zu erwartenden jährlichen „Umsatz“ einer solchen Institution (Schulgebühren und
dergleichen).
53
Vgl. etwa Rexroth, Universitätsstiftungen (Anm. 1), passim sowie Schubert, in: Lorenz
(Hg.), Attempto (Anm. 21), S. 251-256.
54
Weiss, Die frommen Bürger (Anm. 1), S. 54.
universität, städtische politik 161
55
Vgl. hierzu die Studie von Abe H.R., „Die mittelalterliche Universität Erfurt
im Spiegel der zeitgenössischen Chroniken des Hartung Cammermeister (gest. 1467)
und des Conrad Stolle (1505)“, in: Beiträge zur Geschichte der Universität Erfurt 3, 2. Au.,
Erfurt 1962, S. 7-18.
56
Zu den städtischen Unruhen von 1509/10, die von einer Plünderung des Großen
Universitätskollegs durch Landsknechte und Bürger begleitet waren, vgl. Neubauer
Th., Das tolle Jahr von Erfurt (hg. v. M. Waehler), Weimar 1948; Kleineidam, Univ. Studii
Erffordensis (Anm. 1), Bd. 2, S. 184-188. Eine ähnliche gewalttätige Auseinandersetzung
zwischen Studenten und Stadtbewohnern ist für 1513/14 auch in Wien bezeugt, vgl.
Maisel Th., „Der ‘Lateinische Krieg’. Eine studentische Revolte des frühen 16. Jahr-
hunderts in Wien“, in: Historische Anthropologie 3 (1995), S. 389-411.
57
Zu den strukturellen Gründen für den Bedeutungsverlust Erfurts vgl. auch Klein-
eidam, Univ. Studii Erffordensis (Anm. 1), Bd. 2, S. 4ff. und S. 21.
162 robert gramsch
E. Martellozzo Forin
1
Bertanza E.-Dalla Santa G., Documenti per la storia della cultura in Venezia, I (Venezia :
1907 = Vicenza : 1993) ; Nardi B., “Letteratura e cultura veneziana del Quattrocento”
e “La scuola di Rialto”, in Nardi B., Saggi sulla cultura veneta del Quattro e Cinquecento, a
cura di Mazzantini P. (Padova : 1971), 3-98 ; Grendler P. F., La scuola nel Rinascimento
italiano (Roma-Bari : 1991), 71 ; Ortalli G., Scuole e maestri tra Medioevo e Rinascimento. Il
caso veneziano (Bologna : 1996).
164 e. martellozzo forin
2
Priuli G., I diarii, in Rerum Italicarum Scriptores, a cura di Cessi, XXIV (Città di
Castello-Bologna : 1912-41) p. III.
3
De Sandre G., “Dottori, Università, Comune a Padova nel Quattrocento”, Quaderni
per la storia dell’Università di Padova I (1968), 17.
évêque et chanoines dans une université d’état 165
4
Sabbadini R., Giovanni da Ravenna insigne gura d’umanista (1343-1408) (Como :
1924), 194 ; De Sandre (1968), 19 ; Gallo D., Università e Signoria a Padova dal XIV
al XV secolo (Trieste : 1998), 60.
5
Dupuigrenet Desroussilles F., “L’Università di Padova dal 1405 al Concilio di
Trento”, in Storia della cultura veneta, vol. III. Dal primo Quattrocento al Concilio di Trento, II
(Vicenza : 1980), 612.
6
Dupuigrenet Desroussilles (1980), 618.
7
G. Sandre (1968), 18-19 ; Dupuigrenet Desroussilles (1980), 611 ; Girgensohn D.,
“Studenti e tradizione delle opere di Francesco Zabarella nell’Europa centrale”, in
Studenti, Università, città nella storia padovana, a cura di Piovan F.-Sitran Rea L. (Trieste :
2001), 146-148.
166 e. martellozzo forin
8
Gallo (1998), 50 ; Gallo D., “L’età medioevale”, in L’Università di Padova. Otto secoli
di storia, a cura di Del Negro P. (Padova : 2001), 26.
9
De Sandre (1968), 20-21 ; Depuigrenet Desroussilles (1980), 612 ; Gallo (1998),
51-53 ; Gallo (2001), 27.
évêque et chanoines dans une université d’état 167
10
De Sandre (1968), 46-47.
168 e. martellozzo forin
11
Poppi A., “Chiesa e Università”, in Diocesi di Padova (Storia religiosa del Veneto, 6)
(Padova : 1996), 546-548 ; Gallo (1998), 54.
12
Gios P., “Disciplinamento ecclesiastico durante il dominio della Repubblica
veneta”, in Diocesi di Padova (1996), 165.
13
Gios (1996), 178-179.
14
Collodo S., “Per lo studio della popolazione e della società” e “Artigiani e salariati :
évêque et chanoines dans une université d’état 169
il maestro cartaro Nicolò di Antonio da Fabriano”, in Collodo S., Una società in trasfor-
mazione. Padova tra XI e XV secolo (Padova : 1990), 407-443 e 445-472.
15
Segarizzi A., “Francesco Capodilista rimatore padovano del secolo XV”, Atti
dell’Accademia scientica veneto-trentino-istriana I (1904), 53-55 ; Cessi R., “La biblioteca di
Prosdocimo de’ Conti”, in Cessi R., Padova medioevale. Studi e documenti, a cura di Gallo
D. (Padova : 1985), 731 ; Belloni A., Professori giuristi a Padova nel secolo XV. Proli bio-
bibliograci e cattedre (Frankfurt A. M. : 1986), 254-258 ; Gallo (1996), 55.
16
Gallo (1996), 55-56.
17
Gallo (1996), 57.
170 e. martellozzo forin
18
De Sandre (1968), 25 ; Poppi (1996), 548 ; Gallo (1996), 57. Per la gura di Paolo
Dotti, membro di un’antica famiglia padovana e docente emergente nello Studio,
Sambin P., “Giuristi padovani del Quattrocento tra attività universitaria e attività
pubblica. I. Paolo d’Arezzo (+1443) e i suoi libri”, in Università e società nei secoli XII-XVI
(Pistoia : 1982), 372-374 ; Belloni (1986), 292-294 ; Di Renzo Villata G., “Dotti Paolo”,
in Dizionario biograco degli Italiani 41 (Roma : 1992), 543-548.
19
Gallo (1998), 58.
20
Gios P., L’attività pastorale del vescovo Pietro Barozzi a Padova (1487-1507) (Padova :
1977), 291-310 ; Poppi (1996), 547-548.
évêque et chanoines dans une université d’état 171
21
Archivio di Stato di Padova, Notarile, 39, f. 296r ; 40, f. 107r–v, 112r–v, 201r–v,
304r–v : ces documents rapportent la composition du chapitre entre 1388 et 1403 et
démontrent sans l’ombre d’un doute que tous les canonicats avaient été assignés à des
hommes appartenant à l’entourage le plus rapproché du seigneur, ce qui conrme ce
qu’a écrit Collodo S., “Lo sfruttamento dei beneci canonicali”, in Collodo S., Una
società in trasformazione (1990), 277-296 ; Gios (1996), 184.
22
Battioni G., “Il capitolo cattedrale di Parma (1450-1500)”, in I canonici al servizio
dello stato in Europa. Secoli XIII-XVI. Les chanoines au service de l’Etat en Europe du XIII e au
XVI e siècle, a cura di Millet H. (Modena : 1998), 70.
23
Martellozzo Forin E., “Leonardo di Coluccio Salutati, canonico padovano (+1437) :
notizie biograche e un inventarietto di codici paterni”, Atti e memorie dell’Accademia
Galileiana di scienze, lettere ed arti in Padova CXV (2003), 245.
172 e. martellozzo forin
24
Notarile, 43, f. 312r-v, 315r, 316r-v, 331r.
25
Notarile, 43, f. 312r-v, 312v, 316v, 317r. Sur les Panico, membres de l’ancienne
noblesse bolonaise transférés à Padoue dans la deuxième moitié du XIVe siècle,
Martellozzo Forin E., “Su una camposampierese del secolo XV : Dorotea Chiericati
contessa di Panico fondatrice del monastero di S. Bernardino in Padova, in Studi storici
su Camposampiero in onore di mons. Guido Santalucia, a cura di Tolomio I. (Abbazia Pisani :
1998), 242-245.
26
Notarile, 44, f. 7r, 44v, 57r-v, 65v-66r, 67r-v, 79v-80v, 82r, 93v, 95r-96v ; Archivio della
Curia Vescovile di Padova, Acta capituli, 1, f. 35r-36r
27
Notarile, 44, f. 70v-71v.
28
Notarile, 44, f. 85r-v, 86r.
29
Notarile, 44, f. 138v-140r.
évêque et chanoines dans une université d’état 173
30
L’admission provisoire comme concanonicus n’était pas une garantie de succes-
sion future et effective, parce qu’il fallait la force nécessaire pour prévaloir contre les
nombreux antagonistes qui régulièrement se présentaient [Pellegrini M., “Il capitolo
della cattedrale di Pavia in età sforzesca (1450-1535)”, in I canonici al servizio dello stato
(1998), 90].
31
Le canonicat de Dotto Dotti fut une histoire de famille : le père, le chevalier
Francesco, remit les lettres apostoliques le 23 octobre 1413 ; le jour suivant, ce fut le
frère Paolo, le futur juriste, qui se présenta avec une autre bulle et t un discours, avec
succès, en faveur de Dotto qui le 30 novembre obtenait le bénéce qui avait été celui
d’Andrea Dandolo, et le même jour cona ses affaires à son frère en le nommant pro-
cureur (Notarile, 44, f. 123r, 123v-124r, 124v-125r, 389v, 390r-391r). Nicolò Savonarola,
docteur en arts et étudiant en droit civil fut accepté sub aspectativa le 27 octobre 1413 ; le
19 novembre, il demanda l’assignation de la prébende à laquelle avait renoncé Andrea
Surian et provoqua un esclandre ; en janvier de l’année suivante, il obtint un bénéce
(Notarile, 44, f. 126v-127r, 135v-136r, 137r-v, 157r). La concomittance des nominations
de Dotti et de Savonarola ne fut pas le fruit du hasard. Nicolò, ls du lanarius Giovanni
et frère du docteur en arts et médecine Michele, aurait été proche de Paolo Dotti en
1439 : une vieille amitié les liait et ainsi qu’une hostilté partagée contre le gouvernement
vénitien [Pesenti Marangon T., “Michele Savonarola a Padova : l’ambiente, le opere, la
cultura medica”, Quaderni per la storia dell’Università di Padova 9-10 (1976-1977), 65-70].
Sigismondo Polcastri, qui aurait disputé à Michel Savonarola la réputation d’être un
des plus fameux médecins padouans [Pesenti T., Professori e promotori di medicina nello
Studio di Padova dal 1405 al 1509 (Trieste : 1984), 167-170 ; Marconato R., La famiglia
Polcastro (sec. XV-XIX). Personaggi, vicende e luoghi di storia padovana, (Camposampiero :
1999), 25-36 ; Bottaro F., “Un glio d’arte e una cattedra d’arti ; due documenti per
Girolamo Polcastro (1470-1477)”, Quaderni per la storia dell’Università di Padova 36 (2003),
179-185], présenta les lettres apostoliques le 2 novembre 1413 à l’abbé S. Giustina qui
le déclara idoine au canonicat et le jour suivant, au chapitre cathédral qui l’accepta ;
six mois après, le 18 avril, il obtint un bénéce. Dans ces trois occasions, Polcastro a
été accompagné soit de Nicolò, soit de Michele, soit de Ludovico (Notarile, 44, f. 128r,
129r-v, 157v) : conrmation de la forte amitié qui liait depuis leurs jeunes années les
deux grands médecins et que Tiziana Pesenti avait mise en lumière sur la base d’autres
sources archivistiques [Pesenti (1976-1977), 63-64, 79-81].
32
Les demandes de participation aux distributions ont été avancées entre 1414 et
174 e. martellozzo forin
1415, naturellement au mois de juillet, peu de temps après avoir rentré les récoltes. Les
trois chanoines vénitiens n’avaient pas dix-huit ans ni pris leur résidence à Padoue : les
résidents eurent beau jeu en 1414 à en appeler au statut (Notarile, 44, f. 189r). Mais une
année plus tard, les patriciens Carlo Zeno au nom de son ls Luca, Roberto Morosini
pour son ls Adoardo et Andrea Dandolo pour son ls Andrea se sont présentés,
décidés et remontés, et commencèrent à se lamenter des revenus qui faisaient défaut et
nirent par en exiger le recouvrement. Les chanoines se référèrent aux ordonnements
en vigueur, mais ne réussirent pas à s’y opposer. Pour sauver la face, ils se retirèrent
en réafrmant de s’en être seulement tenus à la loi et indiquèrent une échappatoire :
l’évêque pouvait concéder une dérogation. Marcello intervint, y condescendant mais ne
capitulant pas. Les trois chanoines auraient reçu 60 livres par an jusqu’à leur dix-huit
ans accomplis ; par la suite, ils auraient participé aux distributions mais à condition
d’être résidents à Padoue, d’y étudier et de participer aux convocations du chapitre.
Pour garantir la légalité de l’opération de l’évêque et des chanoines, trois juristes experts
étaient présents : le vénitien Nicolò Contarini et les Padouans Prosdocimo Conti et
Enrico da Alano (Notarile, 40, f. 380v-381r ; 44, f. 285r-v).
33
Girgensohn (2001), 14.
34
J’ai retracé un prol précis des deux savants, substantiellement mis à jour d’un
point de vue bibliographique, Belloni (1986), 296-298, 303-306.
évêque et chanoines dans une université d’état 175
35
Sambin P., “I libri di Bartolomeo e Bono Astorelli dottori giuristi (1421)”, in Libri
e stampatori in Padova. Miscellanea di studi storici in onore di mons. G. Bellini, tipografo editore
libraio (Padova : 1959), 335-343.
36
Girgensohn (2001), 135
37
Zonta F., Francesco Zabarella (Padova : 1915), 127-134 ; Girgensohn (2001), 146-152 ;
Martellozzo Forin (2003), 254-255.
38
Girgensohn (2001), 160-176.
39
Il prenait part aux réunions du chapitre des chanoines (Notarile, 40, f. 226r-v ; 41,
f. 92r ; 43, f. 309v-310r, 312r-v, 315r, 316r-v, 316v) même s’il n’avait pas l’assiduité de son
concitoyen Paolo da Portogruaro (Notarile, 39, f. 242r-243r ; 40, f. 226r-v, 357r-358r, 360r,
362r, 380v-381r, 384r-v, 407v-408v, 475v-476v ; 41, f. 92r, 309v-310r, 312r-v, 315r, 316v ;
43, f. 331r, 357v ; 44, f. 5r-6r, 7r, 8r-v, 93v), qui partage avec Nicolò la vie de chanoine
et la charge de vicaire de l’évêque [Acta graduum academicorum Gymnasii Patavini ab anno
176 e. martellozzo forin
1406 ad annum 1450, a cura di Zonta G.-Brotto G. (Padova : 19702), sub voce Nicolaus
de Portugruario], mais aussi l’intérêt pour l’étude de droit canon [Acta graduum (19702),
sub voce Paulus de Portugruario]. Nicolò, chanoine et docteur en droit canon, ne doit
pas être confondu avec l’homonyme Nicolò da Portogruaro di Cristoforo qui le 18
novembre 1410 a été nommé représentant du chapitre (Notarile, 44, f. 40v ).
40
La présence d’Antonio di Agostino da San Daniele remonte à septembre (Notarile,
44, f. 121r-v) et à novembre 1413 : ce second témoignage est particulièrement intéres-
sant, parce le Fiulan nous présente en même temps un de ses maîtres, le chanoine
Domenico Da Ponte, vénitien, “actu legente in iure canonico in Studio Paduano”
(Notarile, 40, f. 207r-v). Antonio se trouvait à Padoue depuis au moins deux ans : le
13 décembre 1411, il allait devenir témoin du diplôme de Federico Bugni d’Udine,
en même temps qu’un petit groupe d’amis du Friul presque étouffés par la présence
encombrante d’un ensemble d’évêques et d’abbés ; ensuite, le néo-lauréat était élève
de Da Ponte, qui lui avait conféré les insignes doctoraux [Acta graduum (19702), 217].
Cet Antonio est quelqu’un de différent d’Antonio da San Daniele, docteur dans les
deux droits et qui avait étudié à Bologne et mourut avant le 22 juin 1445, en laissant
une bonne bibliothèque et pas seulement juridique [Scalon C., Produzione e fruizione del
libro nel basso Medioevo. Il caso Friuli (Padova : 1995), 92-93].
41
Il fut témoin d’une ratication de Nicolò da Portogruaro, en même temps que
les Frioulans Guecello Da Prata et le représentant du chapitre Nicolò (Notarile, 44, f.
83v ).
42
Epistolario di Coluccio Salutati, a cura di Novati F. III (Roma : 1891), 408-412, 422,
456, 459, 479 ; IV (Roma : 1911), 350-351 ; Zonta (1915), 8-9 ; Girgensohn (2001),
164-165.
évêque et chanoines dans une université d’état 177
43
Je me permets de renvoyer à Martellozzo Forin (2003), 242-297.
44
Elm K., “L’osservanza francescana come riforma culturale”, in Predicazione fran-
cescana e società veneta nel Quattrocento : committenza, ascolto, ricezione (Padova : 1995), 15-16 ;
Gallo D., “Predicatori francescani nella cattedrale di Padova durante il Quattrocento”,
in Predicazione francescana (1995), 160-161.
évêque et chanoines dans une université d’état 179
Salutati qui les avait vécues et faisait donc siennes les exhortations du
franciscain aux jeunes arrivés en ville pour entendre les professeurs
et s’appliquer sur les manuscrits, mais aussi pour savourer la libertas :
« Fuge il vaghegiare et l’andare drieto a le ribalde et le meççane, che ti
pelano et fannoti perdare l’anima e “l corpo . . . Non istare alla loggia di
messer Zero, che non vi sono altro che tavolieri, dadi e naibi, che sono
i libri del diavolo.” Ma “Istudia, adunque, e viverai lieto e giocondo” »
Mais « Istudia, adunque, et viverai lieto et giocondo ». Et après toutes
ces sévères mises en garde probablement aura-t-il ajouté : « Ne te laisse
pas trop aller à la mélancolie, qui te gâcherait les études. Sois heureux
autant que tu peux45 ».
Ainsi, dans la première moitié du XVe siècle, pendant que le pouvoir
politique rappelait directement à lui le fonctionnement de l’université et
que le pouvoir ecclésiastique était forcé à limiter son action à la sphère
religieuse et à une fonction de représentation, un rapport fort s’instaurait
entre chanoines, enseignants et des écoliers. L’étude de ces relations,
encore en phase de recherche et d’élaboration, se révèle extrêmement
intéressante : parce qu’ici, dans la vie quotidienne et au-delà du caractère
ofciel, on découvre des liens entre des personnes, liens nés d’un libre
choix et donc pour cela encore plus vivants et plus vrais.
45
Les citations se réfèrent à des passages des trois prédications tenues par san
Bernardino aux étudiants de Padoue en 1423, de Florence et de Sienne en 1425
[Bernardino da Siena, Le prediche volgari inedite, a cura di Pacetti D. (Siena ; 1935), 190,
192, 195 ; Pacetti D., “La necessità dello studio. Predica inedita di san Bernardino”,
Bullettino di Studi bernardiniani II (1936), 302, 317].
COMUNAUTÉ ESTUDIANTINE, SOCIETÉ CITADINE ET
POUVOIR POLITIQUE À PADOUE AUX XIII-XIVE SIÈCLES
Sante Bortolami
« C’est une réexion globale sur la place des universités dans l’ensemble
des systèmes des pouvoirs qui organisaient les sociétés médiévales qu’il
faut entreprendre1 ». Cette exhortation par laquelle Jacques Verger
introduisit en novembre 1987 à Bologne son intervention sur les uni-
versités européennes est en même temps une suggestion de méthode
particulièrement utile dans le cas de l’université de Padoue, ancien et
prestigieux studium generale qui, par son origine en 1222, est comme sorti
de la côte de l’organisme universitaire bolonais alors bien structuré2.
Pour ce qui concerne l’Italie et la phase des origines des universités,
les deux paradigmes habituels de référence dans la littérature générale,
même en ce qui concerne le rapport entre les pouvoirs politiques et de
la structure universitaire, sont notoirement Bologne, d’un coté, système
précoce d’écoles spontanées où un climat de tensions aiguës est repé-
rable depuis les origines aussi bien entre corps estudiantin et autorités
communales qu’entre celles-ci et l’empereur Frédéric II lui-même3 ; et
d’autre Naples, créée et développée par délibération souveraine comme
université d’état en 12244. Deux modèles, dont on a peut-être exagéré
1
J. Verger, Les universités entre pouvoirs universels et pouvoirs locaux au Moyen Age, dans
« Universitates » et université, Atti del Convegno (Bologna, 16-21 novembre 1987), Bolo-
gne, 1995, p. 29-38.
2
Sur cette question, articles fondamentaux de G. Arnaldi, Scuole della Marca Trevigiana
e a Venezia nel secolo XIII, in Storia della cultura veneta, I, Dalle origini al Trecento, Vicenza
1976, p. 350-386 ; ID., Il primo secolo dello studio di Padova, ibid., II, Il Trecento, Vicenza
1976, p. 4-12 ; ID., Le origini dello studio di Padova. Dalla migrazione universitaria del 1222
alla ne del periodo ezzeliniano, “La cultura”, 15 (1977), p. 388-431.
3
Parmi les synthèses les plus récentes, avec bibliographie essentielle, voir le volume
L’università di Bologna. Personaggi, momenti e luoghi dalle origini al XVI secolo, a cura di
O. Capitani, Milan, 1987 et l’article de G. Arnaldi, L’università di Bologna, in Le uni-
versità dell’Europa. La nascita delle università, a c. di G.P. Brizzi e J. Verger, Milan, 1990,
p. 85-115.
4
Voir G. Arnaldi, Fondazione e rifondazione dello Studio di napoli in età sveva, in Uni-
versità e società nei secoli XII-XVI, Pistoia 1982, p. 81-109, et maintenant également,
L. Capo, Federico II e lo studio di Napoli, in Studi sul medioevo per Girolamo Araldi, a cura di
G. Barone, L. Capo, S. Gasparri, Roma 2000, p. 25-54 (également pour les soi-disant
“refondations” de 1235 et 1239).
182 sante bortolami
5
G. Tabacco, Egemonie sociali e strutture di potere nel medioevo italiano, Turin, 1979,
p. 226-396.
6
L’expression est de H. Wieruszowski, The medieval Universities, Toronto-New York-
London 1966, p. 86.
7
A côté du classique répertoire de Rashdall, il faut tenir présente la plus récente
synthèse, avec bibliographie mise à jour, de J. K. Hyde, Universities and the cities in
medieval Italy, in The University and the city. From medioeval origins to the present, a cura di T.
Bender, New York-Oxford 1988, p. 13-21 et la réexion de P. Denley, Communities within
communities: student identity and student groups in late medieval italian Universities, in Studenti,
università, città nella storia padovana, Atti del Convegno (Padova 6-8 febbraio 1998), a cura di
F. Piovan e L. Sitran Rea,Trieste 2001, p. 723-744. Plus génériques sont les réexions
de G. Fasoli, Rapporti fra le città e gli “Studia”, in Università e società, p. 1-2. Parmi les
différents travaux spéciques parus ces dernières années, dont il serait trop long de faire
le compte, je rappelle uniquement pour Sienne et Pérouse, les deux seules universités qui
parvinrent à s’installer durablement comme sièges universitaires de prestige, G. Prunai,
Lo Studio senese dalla “migratio” bolognese alla fondazione della “Domus sapientiae” (1321-1408),
“Bollettino senese di storia patria”, 62(1950), p. 3-54 ; G. Ermini, Storia dell’università di
Perugina, Firenze 1971. Un réexamen attentif de la question de l’université médiévale
de Verceil se trouve désormais dans L’università di Vercelli nel medioevo, Atti del Convegno
(Vercelli, 3-25 ottobre 1992), a cura di R. Ordano, Vercelli 1994.
8
Sur les vicissitudes de cette université, voir désormais le volume L’università medievale
di Treviso, Treviso 2000, dans lequel, à côté de la réédition des vieilles contributions de
Denie et d’Angelo Marchesan (ce dernier enrichi des sources qui subsistent), tout le
processus génétique est rediscuté de manière renouvelée par G. M. Varanini, Come si
progetta uno Studium generale. Università, società comune cittadino a Treviso (1314-1318), ibid.,
p. 12-46, qui très opportunément rappelle l’afrmation de Rashdall selon lequel “. . . it
comunauté estudiantine 183
nouveaux éléments d’évalution, mais non décisifs, se trouvent chez J. K. Hyde, Com-
mune, University and Society in early medieval Bologna, in Universities in politics. Case studies from
the late Middle Ages and Early Modern period, a cura di J. W. Baldwin e R. A. Goldtwaite,
The John Hopkins Press, Baltimore-London 1972, p. 17-46 ; G. Fasoli, Università, città,
principe e poteri ecclesiastici nei secoli XI-XV, in ‘Universitates’ e università, p. 39-46 ; C. Dolcini,
Lo ‘studio’ nei rapporti colle realtà cittadine e il mondo esterno nei secoli XII-XIV, in L’università
a Bologna, p. 29-59.
13
S. Bortolami, Da Bologna a Padova, da Padova, Vercelli, in L’università di Vercelli,
p. 35-75.
14
G. Arnaldi, Scuole della Marca Trevigiana e a Venezia nel secolo XIII, in Storia della cultura
veneta, I, Dalle origini al Trecento, Vicenza 1976, p. 382-383. Sur l’orthodoxie des
Padouans de l’époque, reconnue publiquement même par les papes, voir aussi
comunauté estudiantine 185
A. Rigon, Chiesa e vita religiosa a Padova nel Duecento, in S. Antonio, 1231-1991. Il suo tempo.
Il suo culto e la sua città, Padova 1981, p. 293.
15
S. Bortolami, “Fra ‘alte domus’ e ‘populares homines’. Il comune di Padova e il suo sviluppo
prima di Ezzelino, in Storia e cultura a Padova nell’età di sant’Antonio, Atti del Convegno
internazionale di studi (Padova-Monselice, 1-4 ottobre 1981), Padova 1985, p. 3-74.
16
E. Delaruelle, De la croisade à l’université : sociétés et mentalités à Toulouse au début du XIII e
siècle, in Les universités de Languedoc au XIII e siècle, Toulouse 1970, (Cahiers de Fanjeaux,
5) p. 19-34.
17
La formule est de J. K. Hyde.
186 sante bortolami
18
Voir à ce sujet les articles de P. Marangon, Gli ‘Studia’ degli ordini mendicanti e Il
rapporto culturale tra Università e ordini mendicanti nella Padova del Duecento, in ID, “Ad cogni-
tionem scientie festinare”. Gli studi nell’Università e nei conventi di Padova nei secoli XIII-XIV,
a cura di T. Pesenti, Trieste 1997, p. 65-69 ; e 81-82. Sur ce sujet sont revenus
A. Tilatti, L’“Assidua” ispirazione francescana e funzionalità patavina, “Il Santo. Rivista di storia,
dottrina, arte”, 36(1996), p. 62-69 ; R. Paciocco, “Nondum post mortem beati Antonimi annus
efuxerat”. La santità romano-apostolica di Antonio e l’esemplarità di Padova nel contesto dei coevi
processi di canonizzazione, ibid. p. 124-129.
19
L’expression est rapportée en dernier lieu par A. Rigon, Dal pulpito alla folla. Antonio
di Padova e il francescanesimo medioevale, Roma 2002, p. 37, 45.
20
G. Arnaldi, Il primo secolo della studio di Padova, in Storia della cultura veneta, II, Il Trecento,
Vicenza 1976, p. 14-16; ID., Studi sui cronisti della Marca Trevigiana nell’età di Ezzelino da
Romano, Roma 1963, p. 98-105. La citation de Rolandini Patavini Cronica in factis et circa
facta Marchie Trivixane (aa. 1200 cc.-1262), a cura di A. Bonardi, RIS2, VIII, I, Città di
Castello 1905, p. 173-174 (maintenant disponible également en édition italienne : Vita
e morte di Ezzelino da Romano (Cronaca), a cura di F. Fiorese, Milano 2004).
comunauté estudiantine 187
21
Voir G. Billanovich, Il preumanesimo padovano, in Storia della cultura veneta, II, Il Trecento,
p. 83, et la plus récent Albertini Muxati De obsidione domini Canis de Verona ante civitatem
Paduanam, a cura di G. M. Gianola, Padova 1999, avec une ample introduction qui
rappelle la riche bibliographie sur le sujet.
22
S. Bortolami, Da Rolandino al Mussato. Tensioni ideali e senso della storia nella storio-
graa padovana di tradizione repubblicana, in Il senso della storia nella cultura medioevale italiana
(1100-1350), Atti del Convegno (Pistoia, 14-17 maggio 1993), Pistoia 1995, p. 64-85 ;
P. Marangon, Principi di teoria politica nella Marca Trevigiana. Clero e comune a Padova ai tempi
di Marsilio, in ID., “Ad cognitionem scientiae festinare”, p. 391-406.
23
Statuti del comune di Padova dal secolo XII all’anno 1285, a cura di G. Gloria, Padova
1973, p. 350. Pour un éclaircissement historique de ces provisions, voir Arnaldi, Le
origini dello studio, p. 414-415. M. Bellomo, Saggio sull’università nell’età del diritto comune,
Catania 1978, p. 105, 153, 157 ; Id., Studenti e “populus”, p. 75-76.
24
Voir par exemples les entrées Padua, Universität, in Lexicon des Mittelalters Padua, par
J. Verger, in Lexicon des Mittelalters, VI, München-Zürich 1993, col. 1621-1623.
188 sante bortolami
25
Sur les plus anciens statuts padouans et sur les pacta vetera qui réglaient les relations
avec la commune, voir Arnaldi, Le origini dello Studio, p. 393-398. Sur ce sujet est revenu
G. Mantovani, In margine all’edizione degli statuti del’università giurista padovana, in La storia
delle università italiane. Archivi, fonti, indirizzi di ricerca, Atti del Convegno (Padova 27-29
ottobre 1994), a cura di L. Sitran Rea, Trieste 1996, p. 237-250.
comunauté estudiantine 189
26
Denie, Die Statuten, p. 72-75. Pour une analyse de ces provisions dans une
perspective plus générale cfr. M. Bellomo, Saggio sull’università nell’età del diritto comune,
Catania 1978, p. 105, 153, 157.
27
Denie, Die Statuten, p. 74.
28
Denie, Die Statuten, p. 74.
190 sante bortolami
29
Statuti del comune di Padova, p. 375-379.
30
Bellomo, Saggio sull’università, p. 157.
31
Statuti del comune di Padova, 1221 p. 375.
32
Statuti del comune di Padova, 1222-1230, p. 375-376.
comunauté estudiantine 191
33
Statuti del comune di Padova, 1233 p. 376.
34
Statuti del comune di Padova, 1231, 1232 p. 376.
35
Statuti del comune di Padova, 1234, 1235 p. 376.
36
Statuti del comune di Padova, 1234, 1235 p. 376.
37
Statuti del comune di Padova, 1236 p. 376.
38
Statuti del comune di Padova, 1240 p. 377.
39
Statuti del comune di Padova, 1244, 1245 p. 377.
40
Statuti del comune di Padova, 1248 p. 377.
41
Statuti del comune di Padova, 1242 p. 377.
42
Statuti del comune di Padova, 1249, 1250 p. 377-378.
192 sante bortolami
quia hoc poterat non cadere in aures assessoris43 ». Les résistances des
autorités politiques et des tribunaux communaux aux revendications
d’immunités invoquées par les étudiants et partagées par les professeurs
devaient en somme être encore fortes à l’époque, malgré le fort enga-
gement à les faire valoir de la part des intéressés. On ne peut passer
sous silence que ce même Elisei est auteur d’un petit traité, conservé
dans un manuscrit peut-être autographe, contenant en appendice aussi
« les plus anciennes règles statutaires de l’Universitas scholarium bolo-
naise jusqu’à présent parvenue, autant dire que c’est l’exemple le plus
insigne, pour l’époque et en raison de l’importance de cette université,
de la législation universitaire de tout le monde médiéval44 ». Sans vou-
loir établir des rapports automatiques de cause à effet, on peut assez
spontanément penser que le modèle statutaire bolonais, remontant à
1252, a pu être divulgué dans le cadre universitaire padouan de 1260
et au delà, dans une ville où reeurissait la liberté et qui était revenue
depuis peu dans la grâce de la curie ponticale, précisément grâce à la
mobilité des professeurs comme Elisei, ou d’étudiants qui n’ignoraient
pas les récentes expériences bolonaises45.
43
D. Maffei, Un trattato di Bonaccorso degli Elisei e I più antichi statuiti dello studio di Bologna
nel manoscritto 22 della Robbins Collection, “Bulletin of medieval canon law”, n.s., 5 (1975),
p. 75-76. Maffei lui-même n’exclut pas un séjour padouan postérieur à l’exil gibelin
de 1267, “même après 1273”, quand il se trouvait à Bologne. De fait, à la lumière de
quelques documents inédits sur lesquels j’ai l’intention de revenir, je crois que l’on peut
avancer l’hypothèse non pas d’une, mais de plusieurs expériences d’enseignement à
Padoue. En septembre 1290 “Bonacursio de Liseo” o “de Eliseo”, Bovetino Bovetini et
Nicolò Mattarello sont qualiés de “legum doctores regentes in Padua” et formulent un
consilium sapientum devant le tribunal épiscopal en présence de l’évêque français Bernard
d’Agde, depuis peu préposé à la direction du diocèse padouan (ce qui pourrait constituer
une piste d’enquête pour comprendre l’inexplicable appartenance d’Elisei à la nation
catalono-provençale quand il était titulaire d’un cours extraordinaire (lectio extraordinaria)
à Bologne : ibid., p. 77-78) ; le 28 novembre de cette même année, Elisei était encore
présent dans le palais épiscopal de Padoue comme “iuris utriusque doctore” : Archivio
della Curia vescovile, Miscellanea Feudorum, fasc. perg., f. 84v, 91v.
44
Maffei, Un trattato, p. 74.
45
Il est intéressant de rapporter ce qu’observe Maffei, Un trattato, p. 87 note 78, en
référence au recteur des ultramontains à l’époque de la rédaction du statut universitaire
de Bologne, l’archidiacre de Salamanque, plus tard évêque d’Urgel, Aprile : “Il n’est
pas inutile de relever que si Aprile a joué un rôle de premier plan dans la formation
des plus anciens statuts de Bologne, le poids dans les événements de l’autre grande
université d’un certain ‘quidam Hyspanus nomine Gosaldus, archidyaconus Concensis,
rector universitatis utriusque’, n’en fut pas moindre, lui qui en 1260 ‘tamquam diligens
et discretus statutis et regulacionibus fundavit studium Paduanum, laudabiliter, licet
imperfecte’. C’est assurément une singulière coïncidence que de voir deux archidiacres
espagnols, l’un de Salamanque, l’autre de Cuenca, respectivement actifs dans l’élabo-
ration des premiers statuts universitaires de Bologne et de Padoue”.
comunauté estudiantine 193
46
M. Bellomo, Studenti e “populus” nelle università italiane dal secolo XII al XIV, in Uni-
versità e società, p. 74.
47
Bellomo, Studenti e “populus”, p. 77, qui par ailleurs se démarque des interprétations
plus radicales et unilatérales comme celle de Steffen, d’après qui après 1259, année
critique et de grands compromis entre universités et commune de Bologne, la grande
force des étudiants dans les universités italiennes dériverait du chantage économique
qu’ils étaient en mesure d’exercer grâce au paiement des collectae : cfr. W. Steffen, Il potere
studentesco a Bologna nei secoli XIII e XIV, in Università e società, p. 177-187, et la réponse
de Bellomo aux p. 190 –193.
48
Bellomo, Studenti e “populus”, p. 73, l’hypothèse de Bellomo se fonde en l’occurrence
sur l’analyse des pacta vetera de 1262 sur les victuailles.
194 sante bortolami
49
G. Santini, Università e società a Modena tra il XII e il XIII secolo, in Università e
società, p. 327-362 ; sur le développement des ordonnances “populaires” de Bologne,
voir maintenant R. Dondarini, Bologna medievale nella storia delle città, Bologna, 2000,
p. 193-224, avec renvoi à la bibliographie antérieure.
50
Statuti del comune di Padova, 1237 p. 376 e 1241 p. 377: “Intuicione et iusticie
exibicione ubicumque in Padua et Paduano districtu de utilitate scolarium tractabitur,
pro civibus habeantur, salvis eorum privilleiis scolasticis”. Sur l’évolution sociale et
constitutionnelle de la commune du “peuple” de Padoue, voir M. A. Zorzi, L’ordinamento
comunale padovano nella seconda metà del secolo XIII, tiré-à-part avec pagination autonome
des Miscellanea di storia edita per cura della Deputazione di patria per le Venezie, ser. IV, V,
Venezia 1931 ; J. K. Hyde, Padova nell’età di Dante. Storia sociale di una città-stato italiana,
Trieste 1985.
51
Denie, Die Statuten, p. 73.
comunauté estudiantine 195
52
E. langlois, Bulle relative à une élection de Jacques de Arena à l’université de Padoue, “Mélan-
ges d’archéologie et d’histoire”, 4 (1884), p. 653-656 ; S. Bortolami, Studenti e città nel
primo secolo dello studio padovano, in Studenti, università, città, p. 13-14.
53
Bortolami, Studenti e città, p. 14-15. Sur la politique ecclésiastique des régimes
communaux du “peuple” cfr. A. Rigon, Il ruolo delle chiese locali nelle lotte fra magnati e
popolani, in Magnati e popolani nell’Italia comunale, Atti del Convegno ((Pistoia, 15-18 maggio
1995), Pistoia, 1997, p. 117-136.
196 sante bortolami
54
Bortolami, Studenti e città, p. 22.
55
Cfr. F. Filippini, L’esodo degli studenti da Bologna neò 1321 e il “Polifemo” dantesco, “Studi
e memorie per la storia dell’Università di Bologna”, 6(1921), p. 105-185, à qui l’on doit
une reconstitution avisée des événements. Sur certains aspects de ce dialogue, je me
suis arrêté plusieurs fois dans l’article plusieurs fois cité ci-dessus Studenti e città.
56
Pour Padoue, je me permets de renvouer à S. Bortolami, Le ‘nationes’ universitarie
medioevali di Padova: comunità forestiere o realtà sovranazionali ?, in Comunità forestiere e ‘nationes’
nell’Europa dei secoli XIII-VI, a cura dui G. Petti Balbi, Napoli 2001, p. 41-66.
57
Bortolami, Studenti e città, p. 22-23.
58
Bortolami, Studenti e città, p. 16.
comunauté estudiantine 197
59
Ibid.
60
Ibid.
61
Hyde, Padova nell’età di Dante, p. 223-246 ; S. Collodo, Padova e gli Scaligeri, in Gli
Scaligeri, 1277-1387, a cura di G. M. Varanini, Verona 1988, p. 41-50.
62
La bibliographie la plus à jour sur ce sujet est celle de B. J. Kohl, Padua under the
Carrara, 1318-1405, Baltimore-London 1998, en particulier p. 35-99.
63
D. Gallo, Università e signoria a Padova dal XIV al XV secolo, Trieste 1998, synthèse récente
sur le sujet de laquelle je tire ce point et d’autres données fondamentales ci-après.
198 sante bortolami
64
Les travaux classiques de référence sont R. Sabbadini, Giovanni da Ravenna, insigne gura
d’umanista (1343-1408), Como 1924 (rist. anast. Torino 1961) ; Gius. Billanovich, Petrarca
letterato, I. Lo scrittoio del Petrarca, Roma 1947 (rist. Roma 1995) ; G. M. McManamon,
Per Paolo Vergerio the Elder: the humanist as orator, Tempe (Arizona) 1996 ; mais voir aussi
Kohl, Padua under the Carrara, p. 259, 308.
65
Sur la stagnation de l’université de Bologne au XIVe siècle, unanimement admise
dans l’historiographie, voir les travaux cités supra n. 3, en particulier A. Vasina, Lo
Studio nei rapporti colle realtà cittadine e il mondo esterno nei secoli XIII-XIV, in L’università di
Bologna, p. 29-59, duquel on peut rapprocher le volume Cultura universitaria e pubblici
poteri a Bologna dal XII al XV secolo, Atti del Convegno (Bologna, 20 –21 maggio 1988),
a cura di O. Capitani, Bologna 1990. Pour les rapports avec Padoue, il faut conserver
présents également les articles de A. Favaro, Di un tentativo di procurare una nuova emigrazione
dallo Studio di Bologna a quello di Padova intorno alla metà del secolo XIV, “Nuovo archivio
veneto”, n.s., 36 (1919-1920), p. 254-259 ; ID., Ancora del tentativo di procurare una nuova
emigrazione di scolari dallo Studio di Bologna a quello di Padova intorno alla metà del secolo XIV,
“Atti e memorie della r. Deputazione di storia patria per le province di Romagna, ser.
IV, 7(1917), p. 195-205.
66
Gallo, Università e signoria, p. 26-28.
67
G. Cencetti, Lo Studio di Bologna, Aspetti, momenti e problemi, a cura di G. Orlandelli,
R. Ferrara, A. Vasina, Bologna 1989, p. 331-334.
comunauté estudiantine 199
68
Gallo, Università e signoria, p. 34.
69
Dans ces nominations de professeurs de prestige, une vraie opposition entre enti-
tés politiques s’était déchaînée comme le démontre le fait qu’un personnage comme
Riccardo da Saliceto, ainsi que son ls Roberto, a reçu une amende du podestat de
Bologne, précisément pour avoir accepté de venir à Padoue pour un cours de droit
civil. Ce n’est qu’en 1360 que l’intervention du cardinal Egidio di Albornoz le libéra
de cette peine : G. Pace, Riccardo da Saliceto, un giurista bolognese del Trecento, Roma 1995,
p. 15-16.
70
Gallo, Università e signoria, p. 29-35.
71
Parmi ces derniers, par exemple, des personnages comme Giacomo da Santa
Croce, Bartolomeo Capodivacca, Francesco da Conselve, Ottonello Descalzi: Kohl,
Padua under the Carrara, p. 32-33.
200 sante bortolami
eut comme objectif surtout ce dernier. Dans le respect formel des pré-
rogatives des évêques, la seigneurie réalisa de fait une action de lourd
contrôle de l’église diocésaine, en l’attirant avec succès dans l’orbite
de la cour et des clientèles seigneuriales72. Les effets d’une semblable
politique apparaissent bien évidents, par exemple, en 1346, lorsque les
corporations estudiantines revendiquèrent la participation avec droit de
vote aux examens de licence et de doctorat, en trouvant l’opposition
de l’évêque, Ildebrandino Conti : le seigneur de la ville, Giacomo II
de Carrare, exprima alors une sentence à la Salomon entre les parties
comme « arbiter et arbitrator et denitor amicabilisque compositor ».
Encore plus éloquente fut la sentence arbitrale que, sur demande des
parties, Francesco Novello de Carrare prononça en 1399 dans un sens
favorable aux artiens pour débloquer dénitivement la vieille querelle
ouverte entre ceux-ci et les juristes73. En somme, à la longue, la sei-
gneurie arriva à se substituer, sans aucune charge organique mais avec
un poids réel très concret, à la fonction que recouvrait dans l’ancienne
coutume l’évêque-chancelier.
En troisième lieu, on ne peut pas oublier l’activité de soutien à l’uni-
versité déployée par la fondation des collèges universitaires. Francesco
l’Ancien déjà en 1362 en avait fondé un pour les étudiants pauvres
de droit. Mais non moins actifs furent les autres représentants de la
classe dirigeante citadine ou de l’église. L’évêque Pileo de Prata, par
exemple, prélat de réputation européenne et parent du seigneur, qui
depuis 1360 s’était révélé un inuent médiateur dans les controverses
internes au monde universitaire et qui favorisa peut-être la création à
Padoue d’une faculté de théologie en 1363, fut à coup sûr celui qui
donna les premières constitutions au collège universitaire Tornacense et,
en 1394, créa avec un seigneur de la ville le collège universitaire pour
les étudiants friulans, appelé en son honneur collège Pratense74.
Au-delà de cette action publique visible de patronage et de contrôle,
il faudrait enn garder en tête le niveau d’utilisation du personnel du
Studium que la seigneurie des Carrare a exprimé par des voies ofcieuses
et privées. Il suft, pour en donner un seul témoignage concernant le
72
Voir en dernier lieu, L. Gaffuri, D. Gallo, Signoria ed episcopato a Padova nel Trecento:
spunti per una ricerca, in Vescovi e diocesi in talia dal XIV al-la metà del XVI secolo, Atti del Convegno
di storia della Chiesa in Italia (21-25 settembre 1987), a cura di G. De Sandre Gasparini,
A. Rigon, F. G. B. Trolese, G. M. Varanini, Roma 1990, II, p. 923-956.
73
Gallo, Università e signoria, p. 38-41.
74
P. Stacul, Il cardinale Pileo da Prata, Roma 1957.
comunauté estudiantine 201
75
Une reconstruction originale et pénétrante de cette gure peut se lire désormais
chez T. Pesenti, Marsilio Santasoa tra corti e università. La carriera di un “monarcha medicinae”
del Trecento, Treviso 2003, en particulier aux p. 126-130.
Voir au moins P. Vaccari, Storia dell’università di Pavia, Pavia 19833; B. Pagnin, L’isti-
tuzione dello “Studium generale” di Pavia, in Discipline e maestri dell’Ateneo pavese, Pavia 1961;
A. Visconti, La storia dell’università di Ferrara, Bologna 1950.
76
Gallo, Università e signoria, p. 36.
202 sante bortolami
77
Gallo, Università e signoria, p. 36.
78
Gallo, Università e signoria, p. 44.
79
Kohl, Padua under the Carrara, p. 34.
80
Bortolami, Le ‘nationes’ universitarie, p. 54-56.
81
Contrairement à ce qui a été soutenu même par des auteurs de premier plan : voir
par exemple J. Le Goff, Spese universitarie a Padova nel secolo XV, in ID., Tempo della Chiesa,
tempo del mercante, Torino 1977, p. 126, pour qui l’université de Padoue “tend à se replier
sur une base locale et devient l’université de Venise” : l’afrmation est incontestable,
mais il faut préciser que cela ne signie en aucune façon une restriction du bassin
de recrutement de la population étudiante ; et cela ne doit surtout pas faire penser à
une “nationalisation, c’est-à-dire à une tendance à se limiter, et au moins pour ce qui
concerne les maîtres, à un recrutement local” (ibid., p. 122).
comunauté estudiantine 203
82
Sur les mécanismes et les moments de cette structuration de l’université du XVe
siècle en terme de prestige international de la part du pouvoir vénitien, voir D. Gallo,
L’età medioevale, in L’università di Padova. Otto secoli di storia, a cura di P. Del Negro, Padova
2001, en particulier p. 25-33.
83
L’expression est de P. Del Negro, L’età moderna, in L’università di Padova, p. 35.
84
Bortolami, Le ‘nationes’ universitarie, p. 65.
UNIVERSITÉ ET POUVOIRS URBAINS DANS
UNE VILLE COMMUNALE : PÉROUSE
Carla Frova
1
Une synthèse très claire de la discussion, avec la bibliographie essentielle, dans
Renato Bordone, “Nascita e sviluppo delle autonomie cittadine”, dans La storia. I
grandi problemi dal Medioevo all’Età contemporanea, éd. Nicola Tranfaglia – Massimo Firpo,
II.2. Il Medioevo. Popoli e strutture politiche (Torino, 1986), p. 427-460, spécialement aux
p. 449-460 : “La particolarità del caso italiano”.
2
Marino Berengo, L ‘Europa delle città. Il volto della società urbana europea tra Medioevo
ed Età moderna (Torino, 1999), p. 574-586 et passim.
206 carla frova
J’ai parlé de Pérouse comme d’un cas exemplaire. Il suft tout d’abord
de constater que la bulle de Clément V, qui l’érigeait en Studium generale,
ne survint que deux ans après que le conseil municipal avait pourvu le
nouvel établissement d’un long et minutieux statut, c’est à dire de tout
ce qui lui était juridiquement nécessaire au niveau du droit local3. La
volonté et la diligence de l’administration publique ne sufsaient pas, la
bulle – comme chacun le sait – était indispensable et fut recherchée à
tout prix. Et jusqu’ici rien de nouveau : le processus par lequel la ville
parvient à se douer d’un Studium universitaire est semblable à d’autres
qui ont déjà été évoqués au cours de ce colloque, sauf peut-être en ce
qui concerne les difcultés que les hommes de Pérouse ont dû facer
avant de conduire l’entreprise à bon n : les démarches échouées, les
ambassadeurs revenant plusieurs fois sans rien n’avoir obtenu, l’emploi
d’une quantité extraordinaire d’argent – au moins 2000 orins –, et
enn la bulle arrachée, pour ainsi dire, à la chancellerie du pape, qu’on
a dû réjoindre a Saintes : et c’est un document d’une qualité modeste,
en ce qui concerne la forme littéraire ainsi que l’écriture.
Mais voyons le contexte dans lequel s’est développée l’initiative de
la ville, en remontant un peu en arrière dans le temps. L’idée d’em-
planter un Studium generale à Pérouse (qui serait le cinquième en Italie,
après Bologne, Padoue, Naples et Rome, si l’on exclut ces quelques
fondations qui ont eu une vie éphémère) arrivait à la n d’une période
qu’on peut faire commencer au moins de 1275/1276, et dans lequel un
intérêt croissant à l’égard du problème de l’éducation supérieure avait
été déployé par les autorités publiques. 1276 est justement la date qui
apparaît sur l’étendard du Studium generale Perusiae, qui faussement se dit
constitutum anno millesimo ducentesimo sexto. Ce dernier quart du XIIIe siècle
avait été marqué par plusieurs initiatives dans le secteur des ‘politiques
pour l’université’.
La municipalité avait mis en place un effort remarquable, nancier et
d’organisation, visant à assurer à la ville des lecturae de niveau supérieur,
en chargeant des cours telle année un maître de grammaire, de logique,
3
Heinrich Denie, Die Entstehung der Universitäten des Mittelalters bis 1400 (Berlin, 1885,
réimpr. Graz, 1956), p. 538 ; Giuseppe Ermini, Storia dell’università di Perugia (Firenze,
1971), 2 voll., I p. 25-26 ; le texte de la bulle, dont l’original se trouve dans l’ASPg,
ASCPg , Bolle, Brevi e Diplomi, B. 1, a été imprimé plusieurs fois : v. Adamo Rossi, Documenti
per la storia dell’università di Perugia, con l’albo dei professori a ogni quarto di secolo (Perugia,
1876-1878), doc. 4.
université et pouvours urbains dans une ville communale 207
des arts libéraux, telle autre un docteur de droit, telle autre encore un
médecin. Il s’agit là d’initiatives isolées, semblables à celles qu’on a et
qu’on aura un peu partout, même dans les villes qui n’auront jamais
d’université4. À l’époque on ne pense pas encore à un organisme com-
plet, à un Studium in qualibet facultate. En même temps on prévoit des
initiatives de propagande adressées à ceux qui pourraient être intéres-
sés à venir suivre des cours à Pérouse. Elles sont d’abord limitées aux
environs de la ville (terrae circumstantes), ensuite ouvertes à des objectifs
plus ambitieux : des nuntii et des litterae sont envoyés même plus loin5.
On retrouve aussi, dans les décisions que prend la municipalité (ce sont
toujours les procès verbaux des séances des conseils qui nous renseignent
sur ces évènements), le souci pour la condition juridique des étudiants
qui viendraient de l’extérieur, auquels on assure en avant la protection
de la ville contre toute represalia, dans l’esprit de la constitution Habita
de Frédéric I6. La rhétorique simple mais efcace des documents arrive
même à exprimer d’une façon assez claire la conscience de la valeur que
cette activité a pour la ville : ces sont évidemment des lieux communs,
qu’il vaut pourtant la peine de retenir. En 1285 on s’organise pour avoir
un juriste qui enseigne dans la ville, on prévoit pour lui un salaire de
300 lires, naturellement aux frais de la municipalité : on fait ça ut civitas
Perusii sapientia valeat elucere et in ea studium habeatur 7 (studium ou Studium ?
l’interprétation du mot n’est pas facile : “an que l’on y puisse étudier”,
ou bien cette lectura est censée être la première pierre d’un édice plus
complexe dont le projet, à ce moment là, est déjà en quelque sorte
ébauché?). Et il ne faut pas passer sous silence le fait qu’en 1287 on eut
même l’idée d’inviter à Pérouse, en allant le chercher à Bologna, où il
était en train de tenir ses cours, le fameux médecin Taddeo Alderotti,
pour le charger d’une expertise : il doit décider si civitas Perusii apta sit
studio et utilitati studentium8. L’épisode est très curieux : on y retrouve l’un
4
Au cours de ce colloque, Jacques Verger a rappelé qu’il est important de ne pas
négliger ces formes d’enseignement qui ne sont pas encadrées dans une institution
universitaire, pour comprendre d’un façon globale l’attitude des villes à l’égard de
l’éducation supérieure ; il s’agit bien entendu d’un phénomène qu’il n’est pas facile de
saisir, car il est morcelé dans une quantité d’épisodes, dont les documents se retrouvent
parfois avec difculté.
5
Rossi, Documenti, doc. 2, 3, 4 (années 1276 et 1277).
6
Ibidem, doc. 1 bis, 3 (années 1275 et 1276).
7
Ibidem, doc. 4 bis ; v. aussi Oscar Scalvanti, “Il seminario giuridico secondo le tra-
dizioni delle università medievali”, dans L ’opera di Baldo, per cura dell’Università di Perugia
nel V centenario della morte del grande giureconsulto (Perugia, 1901), p. 471-472.
8
Rossi, Documenti, doc. 4 ter ; Ugolino Nicolini, “Documenti su Pietro Ispano (poi
208 carla frova
des tópoi les plus fréquemment employés par les documents de fondation
pour souligner les liens nécessaires entre une université et la ville qui
l’accueille, celui de l’aptitudo loci (on en a parlé au cours de ce colloque) ; ici
le tópos, bien qu’on reste à mon avis dans le domaine de la rhétorique –
les autorités de Pérouse visent évidemment à la propagande, n’ont pas
besoin d’un consilium technique –, s’incarne de quelque façon dans un
épisode réel, ou du moins souhaité comme tel9.
Pourtant il n’y a pas là, encore une fois, rien de nouveau. Sauf peut-être
que pour ce dernier détail, le climat est le même qu’on retrouve dans
plusieurs villes communales d’Italie, au moment où la société urbaine
prend conscience de la valeur des études universitaires pour le dévelop-
pement de la ville. Ce qui est plus intéressant, dans le cas de Pérouse,
c’est le statut de 1306, précédant- on l’a anticipé au début – la bulle de
Clément V10. C’est la précocité et l’autonomie de l’effort par lequel la
ville s’applique à dénir dans les moindres détails le mécanisme qui doit
régler son université, bien avant que l’autorité du pape n’intervienne
à rendre parfaite l’institution par son autorité ‘universelle’. Car, à ce
moment là, et pour ce qui est des pouvoirs de la ville, il s’agit vraiment
d’un Studium universitaire. Toutes les disciplines y sont prévues (il est
constitué in qualibet facultate) ; on parle d’une universitas qui doit repré-
senter les étudiants ; une procédure est xée pour le choix des maîtres
et la détermination de leur salaires, qui devront être concertées entre
l’universitas et la commune (mais nous reviendrons sur ce point) ; l’on
précise la façon par laquelle devra être constitué le budget nécessaire
au Studium ; des privilèges sont assurés aux maîtres et aux écoliers. Il
ne vaut pas la peine d’en dire davantage. Il s’agit là d’un schéma bien
Giovanni XXI?) e Taddeo degli Alderotti nei loro rapporti con Perugia”, dans Filosoa
e cultura in Umbria tra Medioevo e Rinascimento. Atti del IV Convegno di Studi umbri (Gubbio,
22-25 maaggio 1966) (Perugia, 1967), p. 271-284, réimpr. dans Nicolini, Scritti di storia,
(Napoli, 1993), p. 199-210.
9
Pour l’aptitudo loci il est utile de renvoyer encore à Girolamo Amaldi, “Fondazione e
rifondazioni dello Studio di Napoli in età sveva”, dans Università e società nei secoli XII-XVI.
Atti del nono Convegno Internazionale di studio tenuto a Pistoia nei giorni 20 –25 settembre 1979
(Pistoia, 1983), p. 81-105.
10
Rossi, Documenti, doc. 3 ; Ermini, Storia, I, p. 23-25 ; Severino Caprioli, “Una città
nello specchio delle sue norme”, dans Società e istituzioni dell’Italia comunale : l’esempio di
Perugia (secoli XII-XIV). Congresso storico internzionale (Perugia, 6-9 novembre 1985) (Perugia,
1988) 2 voll., I, p. 381 ; Statuto del Comune di Perugia del 1279, éd. Severino Caprioli
(Perugia, 1996), p. 451 ; Doctores excellentissimi. Giuristi, medici, loso e teologi dell’Università di
Perugia (secoli XIV-XIX). Mostra documentaria Perugia 20 maggio –15 giugno 2003, éd. Carla
Frova, Giovanna Giubbini, Maria Alessandra Panzanelli Fratoni (Città di Castello,
2003), p. 72-73 (avec facs.)
université et pouvours urbains dans une ville communale 209
11
Giustiniano Degli Azzi, Statuti di Perugia dell’anno MCCCXLII (Milano 1913-1916), 2
voll., I 1. I, r. 7 ; pour l’ensemble des status cfr. Erika Bellini, L’univesità a Perugia negli statuti
cittadini (secoli XIII-XVI) (Perugia 2007) (Fonti per la storia dello Studium Perusinum, 1).
12
Ermini, Storia, I p. 24.
13
Ibidem, p. 27-29 ; cfr. Rossi, Documenti, doc. 28 et 33.
210 carla frova
pur n’avoir fait que de rappeler des données déjà connues. Les quel-
ques réexions que je vais présenter maintenant ne dépasseront pas les
limites que je me suis xées. Des limites de temps : toujours la période
communale ; et des limites d’approche historiographique, toujours l’his-
toire des institutions, ce qui veut dire aussi des limites dans le choix et
l’emploi des sources. Je me rends bien compte que cela entraîne des
risques, car le rapports dont il est question dans cette section de notre
colloque, même si l’on y parle de “pouvoirs urbains” et non, encore
plus en général, de “ville”, ne concernent pas seulement l’histoire des
institutions, mais également l’histoire de la société, de la politique, de
l’économie, toutes impliquées par ce réseau de ‘pouvoirs’ dont l’un ne
peut vraiment se comprendre sans l’autre.
La première évidence est celle de la documentation. Il suft de par-
courir rapidement les traces qui nous restent des deux premiers siècles
du Studium de Pérouse pour se rendre compte du souci que la ville avait
pour son université. La richesse des matériaux que les archives commu-
nales (maintenant aux Archives de l’État) nous offrent pour la période
des origines est en elle même une donnée éloquente. En effet, même
avant d’aller extraire des documents les renseignements qu’ils peuvent
nous donner, il est intéressant de constater que des renseignements on
les trouve presque seul dans les écritures qui sortent de l’administration
publique de la ville. Trois séries en particulier méritent d’être exploitées :
celle des statuts, dont on vient de parler ; celle des actes des conseils
de la ville, notamment le conseil des dix priores artium et populi ; et celle
des magistratures chargées des nances, notamment les Conservatori
della moneta. Jusqu’à présent, seule la première a été sufsamment uti-
lisée, mais les progrès qu’ensuite a fait la recherche sur l’histoire des
compilations statutaires à Pérouse, en géneral, oblige même en ce cas
à revenir sur certaines conclusions14. Les Consilia et Reformantiae, qui
gardent des témoignages précieux sur les conductae des maîtres, ainsi
que, plus en général, sur l’attitude de la ville à l’égard des problèmes
de l’organisation des études universitaires, n’ont été édités que pour
le XIVe siècle, et pas complètement : la littérature n’ajoute que peu
aux témoignages déjà connus par l’édition de Rossi15. Le documents
14
Une mise à jour de la question a été présentée par Erika Bellini au Colloque sur
les Statuts universitaires organisé à Messina (14-16 avril 2004) par Gian Paolo Brizzi
et Andrea Romano, dont les comptes-rendus sont sous presse.
15
La littérature ancienne, jusqu’à Ermini, cite cette série sous le nom d’Annales
decemvirales ; maintenant on s’y réfère sous le nom de Consilia et Reformantiae. Cette
université et pouvours urbains dans une ville communale 211
série, avec celle des Statuts, a fourni la plupart des documents pour l’édition de Rossi,
Documenti, qui n’arrive pourtant qu’aux années ’80 du XIVe siècle ; une édition complète
des documents qui intéressent l’université dans les Consilia et Reformantiae est en train
d’être préparée par les soins de Andrea Maiarelli et Sonia Merli et de Erika Bellini.
16
Une analyse de cette série dans une perspective d’histoire de l’université fait l’objet
d’une thèse préparée par Stefania Zucchini pour le doctorat en histoire de l’Université
de Pérouse. Quelques notices extraites des documents nanciers sont utilsées par Ugolino
Nicolini, “Dottori, scolari, programmi e salari alla Università di Perugia verso la metà
del sec. XV”, Bollettino della Deputazione di storia patria per l’Umbria, 58 (1961), p. 139-159,
réimpr. dans Nicolini, Scritti, p. 161-179. L’emploi systématique de ces sources pour
l’histoire de l’université est assez récent. Parmi les exemples on peut citer : Katleen Park,
“The Readers at the Florentine Studio According to the Communal Fiscal Records
(1357-1380, 1413-1446)”, Rinascimento, 20 (1980), p. 249-310 ; Paolo Rosso, “Forme di
reclutamento del corpo docente. I “rotuli” dei professori e dei salari”, dans Alma felix
Universitas Studii Taurinensis. Lo Studio generale dalle origini al primo Cinquecento, éd. Irma
Naso, Torino, 2004, p. 235-268.
17
En 1389 l’ofce des Sapientes Studii fut attribué à la magistrature nancière des
Conservatori della moneta pour en être séparé peu après : cfr. Ermini, Storia, 1, p. 42, et
ad indicem pour les vicissitudes de cet ofce.
212 carla frova
18
Ibidem, I p. 321-322. Les statuts de 1457 ont été publiés par Guido Padelletti,
Contributo alla storia dello Studio di Perugia nei secoli XIV e XV (Bologna, 1872) ; toute la
question de ces statuts doit être reprise à partir des hypothèses, qui restent le point
de départ obligé, de Heinrich Denie, “Die Statuten der Juristen-Universität Bologna
vom J. 1317-1347, und deren Verhältniss zu jenen Paduas, Perugias, Florenz”, Archiv
für Litteratur und Kirchengeschicte, 3 (1887), p. 196-408.
19
Sur les collèges des docteurs à Pérouse, v. Ermini, Storia, I ad indicem. À ce sujet a
été consacré toute la récente exposition dont le catalogue a paru sous le titre Doctores
excellentissimi (v. n. 10) : on y trouvera entre autre les renseignements sur les statuts,
dont le premiers parurent pour les juristes en 1407-1420, pour les médecins et artistes
ante 1507, pour les théologiens en 1416, ainsi que l’indication de la riche littérature
qu’a été produite pour les autres universités italiennes sur ce thème. Pour les rapports
entre ville et université on peut consulter dans le même catalogue : Erika Bellini, “Il
Collegio dei giuristi”, p. 25-29 ; Erminia Irace, “Il Collegio dei teologi (1416-1841) :
primi appunti per future ricerche”, p. 30-36 ; Regina Lupi, “Il Collegio dei medici di
Perugia e il governo autonomo della professione”, p. 37-41.
université et pouvours urbains dans une ville communale 213
20
Sur ce point restent à mon avis très utiles plusieurs remarques de Francesco
Gaeta, “Dal comune alla corte rinascimentale”, dans Letteratura italiana, I. Il letterato e le
istituzioni (Torino, 1982), p. 149-255. Je me permets de renvoyer aussi à CarIa Frova,
“Ecoles et universités en Italie (XIe-XIVe siècle)”, dans Cultures italiennes (XII e XV e siècle),
éd. Isabelle Heullant-Donat (Paris 2000), p. 53-85 et en général à plusieurs travaux
contenus dans le même volume. Pour la période qui précède l’essor universitaire, cfr.
Sara Menzinger, Giuristi e politica nei comuni di popolo. Siena, Perugia e Bologna: tre governi a
confronto. (Roma 2006).
21
Diego Quaglioni, Politica e diritto nel Trecento italiano. Il “De tyranno” di Bartolo da
Sassoferrato (1314-1357). Con l’edizione critica dei trattati “De Guelphis et Gebellinis”,
“De regimine civitatis” e “De tyranno” (Firenze, 1983), p. 129-146.
214 carla frova
22
Ermini, Storia, I p. 172-176, avec bibliographie. Les données biographiques sur
Gentile sont réunies dans Fausto Bonora – George Kern, “Does anyone really know
the life of Gentile da Foligno?”, Medicina nei secoli, 9 (1972), p. 29-53.
université et pouvours urbains dans une ville communale 215
23
En recevant la complète soumission de la ville en 1540, le pape Paul III assura
comme d’habitude de maintenir et de faire progresser l’université, qui depuis long-
temps était en effet gouvernée par le souverain pontife ou par ses représentants au
niveau local, les collège doctoraux s’assumant le rôle de la médiation entre les attentes
municipales et les lignes directives de l’autorité centrale. V. aussi Giuseppe Ermini, “Lo
Studio perugino nel Cinquecento”, Bollettino della Deputazione di storia patria per l’Umbria,
43 (1946), p. 80-94.
24
Comme on l’a plusieurs fois remarqué, un manifeste de ce courant d’interprétation
se trouve dans le discours que Giosue Carducci lut lors de l’ouverture du huitième cen-
tenaire de l’université de Bologne (1888) : édition récente Giosue Carducci, Discorso per
l’Ottavo Centenario, éd. Giuseppe Caputo (Bologna, 1988) (Memorie documenti dello Studio
bolognese, 4). Bien qu’évidemment inspiré à une méthode critique tout à fait différente,
même l’ouvrage d’Ermini n’est pas complètement libre de ce jugement de valeur.
VILLES CAPITALES, ÉTATS TERRITORIAUX ET
UNIVERSITÉS (XIVE–XVE SIÈCLE) :
PAVIE-MILAN, PADOUE-VENISE, PISE-FLORENCE
Patrick Gilli
1
Parmi une large littérature, voir Paolo Nardi, « Licentia ubique docendi e studium generale
nel pensiero giuridico del sec. XIII », dans A Ennio Cortese. Scritti promossi da D. Maffei,
I. Birocchi, M. Caravale, E. Conte, U. Petronio éd. (Rome : 2001), 471-478.
218 patrick gilli
2
Sur toutes ces données, Jacques Verger, « Patterns », dans W. Ruëgg general ed.,
History of the university in Europe. I, Universities the Middle Ages, H. de Ridder Simoens éd.
(Cambridge : 1992) 54-57.
3
Antonio Ivan Pini, “Federico II, lo Studio di Bologna e il « Falso Teodosiano », dans
Federico II e Bologna (Bologne: 1996) 29-60 (réédité dans R. Greci, Il pragmatismo degli
intellettuali. Origini e primi sviluppi delle istituzioni universitarie (Turin : 1996) 67-89).
4
Les documents sont édités par E. Spagnesi, « I documenti costitutivi dalla provi-
sione del 1321 allo statuto del 1388 », dans Storia del ateneo orentino, I (Florence : 1986)
118-122 ; voir Gian Carlo Garfagnini, « Città e studio a Firenze nel XIV secolo : una
difcile convivenza », dans Luciano Gargan, Oronzo Limone éd., Luoghi e metodi di
insegnamento nell’Italia medievale (Galatina : 1989) 103-120.
5
Rappelons toutefois que la cité obtint un privilège de studium generale de Clément
VI le 31 mai 1349, puis le 2 juin 1364 de l’empereur Charles IV, signes d’un besoin
indéniable d’une autorité supra-urbaine (C. Piana, La facoltà teologica dell’università di
Firenze nel Quattro e Cinquecento (Grottaferrata : 1977) 20-22).
6
Mario Ascheri, « I Consilia dei giuristi: una fonte per il tardo medio evo », Bulletino
dell’Istituto storico italiano per il Medio Evo 105 (2003).
villes capitales, états territoriaux et universités 219
7
Sur ce thème, qu’il soit permis de renvoyer à Patrick Gilli, Villes et sociétés urbaines
en Italie (milieu XII e-milieu XIV e s.) (Paris : 2005).
8
Sur cette importance encore trop peu connue et appréciée, voir P. Gilli, « Les
collèges de juristes en Italie centro-septentrionale au XV e siècle : autorité doctorale et
contrôle social », dans F. Attal, T. Kouamé et alii éd., Les universités en Europe du XIII e
siècle à nos jours. Espaces, modèles, fonctions (Paris : 2005) 235-251.
9
S. Di Noto Marrella, ‘Doctores’. Contributo alla storia degli intellettuali nella dottrina del
diritto comune, (Padoue : 1994) t.2.
10
A. Sorbelli, Il « Liber secretus iuris caesarei » dell’Università di Bologna, I (1378-1420)
(Bologne : 1938) XLII-XLIII.
220 patrick gilli
11
G. Tamba, La società dei notai di Bologna. Saggio storico e inventario (Rome : 1988), et
A. L. Trombetti Budriesi, Gli statuti del collegio dei dottori, giudici e avvocati di Bologna (1393-
1467) (Bologne : 1990) 9.
12
G. Tamba, Una corporazione per il potere. Il notariato a Bologna in età comunale (Bologne :
1998).
13
A. L. Trombetti Budriesi (Bologne : 1990) 16-17. Je n’ai pu consulter à temps la
récente édition partielle de ces statuts : V. Braidi éd., Gli statuti di Bologna degli anni 1357,
1376, 1389 (Bologne : 2002).
14
Les statuts urbains de 1357 précisent même qu’ils légifèrent sur le collège des
juges et avocats en l’absence d’une législation propre émanée dudit du collège : « Quia
in multis nostris et aliis statutis comunis Bononie et maxime in precedenti statuto t
mentio de iudicibus civitatis Bonoie et eorum collegio et non reperiatur provisum
aliquid de auctoritate dicti collegii aut de hiis qui possint esse vel non esse de dicto
collegio, idcirco ac nostra lege statuimus . . . » ; il est piquant de constater que les
nouveaux statuts urbains de 1389 réitèrent dans les mêmes termes les raisons de leur
intervention dans la législation du collège ! (édition donnée en annexe à l’ouvrage de
A. L. Trombetti Budriesi (1990) 277 et 282).
villes capitales, états territoriaux et universités 221
15
Ibid., 280 : « Et quod omnes de dicto collegio iudicum teneantur singulis annis in
die festivitatis sancte Crucis de mense maii ire una cum doctoribus iuris civilis civitatis
Bononie ad ecclesiam sancte Crucis . . . ».
16
La bibliographie sur les consilia s’est considérablement enrichie ces dernières
années : en dernier lieu, voir M. Ascheri, « I consilia dei giuristi: una fonte per il tardo
Medioevo », 105, B.I.S.I.M.E. (2003) 304-334.
17
Ainsi les statuts du collège des docteurs en droit civil de 1397 précisent-ils même
le caractère collégial de la réponse et imposent-ils la conservation dans les archives
du collège de la réponse apportée à un client par la communauté doctorale : « facta
autem predicta conclusione, predictus prior committat duobus vel tribus doctoribus
dicti collegii quod consilium et decisionem predictam in formam consilii reducant
(. . .) De predicto autem consilio per notarium collegii incontinenti ant et scribantur
duo consilia et decisiones eiusdem modi et continente, et quod unum ex predictis (. . .)
debeat dari et tradi petenti dictum consilium (. . .). Aliud vero consilium debeat poni
in libro consiliorum dicti collegii », dans C. Malagola, Statuti delle università e dei collegii
dello studio bolognese (Bologne : 1888) 389-90 ; les statuts de 1393 du collège des juges et
docteurs évoque aussi les consilia des membres dudit collège, demandant aux consiliatores
de défendre leur client sans se salir réciproquement pour ne pas déshonorer le collège
(A. M. Trombetti Budriesi (1990) 151-152).
18
A. M. Trombetti Budriesi (1990) 90 : « Cum civitas Bononie sit tanquam principale
nutrimentum iuris civilis et canonici et in ea doctorum et advocatorum et aliorum
iurisperitorum continue copia habeatur, providemus et mandamus quod nullus iudex
seu ofcialis communis Bononie, vel aliquis iurisdictionem exercens, possit, audeat vel
presumat comittere aliquam questionem consulendam ac referendam vel ad colloquium
habendum alicui forensi, vel qui non sit in collegio vel matricola descriptus in collegio
et matricola advocatorum seu iudicum civitatis Bononie ».
222 patrick gilli
la moitié pour le consultor, l’autre pour le collège19. Dans tous les cas,
le fondement de la démarche collégiale consiste dans la fermeture de
l’institution aux non-Bolonais. Que les docteurs aient été membres de
deux collèges, à titre d’enseignants ou à titre de praticiens de la justice
selon les cas, l’essentiel de leur qualication provenait de leur citoyenneté
bolonaise et surtout de leur appartenance au groupe social et politique
dominant. Il est aisé de repérer dans les statuts des deux collèges, dont
on remarquera la proximité chronologique de leur première rédaction
(1393 et 1397)20, tous les points de discrimination interdisant l’intégra-
tion dans le collège doctoral des non-Bolonais. En outre, la liation
biologique entre le père déjà collegiatus (ou le grand-père ou l’oncle
avunculaire) et le candidat au collège permet à ce dernier de réduire
par moitié les droits d’agrégation21 ; mieux encore, à partir du XIV e
siècle, des actes attestent de cérémonies quasi-familiales de conventus,
c’est-à-dire de cérémonies doctorales, tenues dans des salles privées
au cours desquelles les membres du collège « intronisaient » un ls, un
petit-ls, un neveu, comme docteurs et ce, au mépris de l’obligation de
publicité du conventus22. Une telle disposition d’auto-reproduction sociale
s’afche clairement dans les statuts de 1397 du collège des civilistes où
il est dit que les ls et frères des docteurs collegiati ont priorité en cas de
vacance de siège23. Au XIV e siècle, certains maîtres, pour parer à toute
éventualité, n’acceptent de faire passer le conventus qu’à des étudiants
19
Ibid., 153-154.
20
Il est difcile de dire si ce furent les dates des premières rédactions réelles des statuts
ou celles des premiers statuts conservés ; les statuts du collège des civilistes s’ouvrent par
un prologue qui évoque les antiqu(a) volumin(a) ipsarum constitutionum (Malagola (1888)
369), mais rien ne prouve que ces antiques ouvrages aient constitué à proprement parler
une rédaction statutaire plutôt qu’une compilation successive d’usages.
21
A. M. Trombetti Budriesi (1990) 121.
22
C. Piana, Nuove ricerche su le università di Bologna e di Parma (Florence : 1966) 260 sq.
Les statuts de 1397 interdisent de conventare secrete. Voir E. Brambilla « Genealogie del
sapere. Per una storia delle professioni giuridiche nell’Italia padana, secoli XIV-XVI »,
Schifanoia, 8, 129.
23
Malagola (Bologne : 1888) 395. Sur cette clôture familiale et l’exclusion des docteurs
tiers du collège des civilistes au cours du XIV e siècle insiste fortement A. Sorbelli (1938)
LVII-LVIII, en rappelant toutefois que le contrôle de l’archevêque Giovanni Visconti
en 1350 sur la ville autorisa provisoirement la réouverture des chaires d’enseignement à
des forestieri. Mais pour autant, le collège manifesta une ferme opposition à l’intégration
de ces étrangers en son sein, au point que l’assemblée des Anciens, organe législatif de
la commune, intervienne auprès de l’archevêque pour qu’il donnât acte à la résistance
du collège et n’imposât pas l’agrégation des étrangers. Il faut ajouter que les statuts de
la ville de Bologne de 1357 prévoyaient déjà le principe de la citoyenneté (dénie par
trois générations nées dans la cité) pour l’admission au collège.
villes capitales, états territoriaux et universités 223
24
R. Greci, « L’associazionismo degli studenti dalle origini alla ne del XIV secolo »,
dans G. P. Brizzi et A. I. Pini éd., Studenti e università degli studenti dal XII al XIX secolo
(Bologne : 1988) 14-44, ici 44.
25
La rubrique 17 précise que l’attribution de cette responsabilité nancière au collège
est récente, car antérieurement, le paiement des professeurs se faisait directement par
les caisses communes de la cité, alors que désormais il y a un ‘depositorium speciale’
géré par le collège : A. M. Trombetti Budriesi (1990) 143.
26
Pour ce dernier, on a longtemps pensé que les premiers statuts conservés ne
dataient que de 1460 (C. Malagola, (Bologne : 1888) 327-sq) ; récemment a été
découvert un manuscrit du début du XV e siècle qui permet de rétrodater à 1402
une mouture de ces statuts de 1460 : S. Bernardinello, « Un nuovo statuto (1402) del
Collegio canonista bolognese e i primi statuti del Collegio dei giuristi padovani », dans
Studi di storia dell’università e della cultura (sec. XV-XX) in onore di Lucia Rossetti, I, a cura di
G. Mantovani E. Veronese Ceseracciu, [= Quaderni per la storia dell’Università di Padova,
24, 1991 (mais 1994), 1-29].
27
A. M. Trombetti Budriesi (1990) 140 : “Item etiam teneantur et cum effectu operari
debeant, quod omnes et singuli ad quascunquas lecturas quomodolibet deputati seu
deputandi, scribantur et scribi debeant anno quolibet per notarium thesaurarie civitatis
224 patrick gilli
I podestà dell’Italia comunale. Parte I, Reclutamento e circolazione degli ufciali forestieri ( ne XII
sec. – metà XIV sec.). (Rome : 2000) vol. 1, Introduction.
33
Qu’il soit permis de renvoyer, à titre d’exemple, à P. Gilli, « Les consilia de Baldo
degli Ubaldi et l’élévation ducale de Gian Galeazzo Visconti », dans P. Gilli éd., Les
élites lettrées au Moyen Âge, à paraître en 2007 aux presses universitaires de Montpellier-
III. La question de la créativité des juristes et de leur place dans la culture urbaine est
au centre de mon livre La noblesse du droit. Débats et controverses sur la culture juridique et le
rôle des juristes dans l’Italie médiévale (XII e-XV e siècles) (Paris : 2003). Rappelons que l’appel
au consultor pouvait être requis dans la procédure judiciaire elle-même par le juge et
que celui-ci était alors sommé, dans certaines circonstances, de rendre une sentence
conforme à l’opinion doctorale.
34
Statuti di Bologna dell’anno 1288, G. Fasoli et P. Sella éd., II (Rome : 1939) 15-16 :
« nullus possit assumere consiliarius alicuius questionis nisi fuerit de collegio iudicum
civitatis Bononie et scriptus in eorum matricula ».
35
E. Brambilla (1989) 143.
36
S. Di Noto Marrella, (Padoue : 1994) 87-165. Ouvrage très riche par ses sources
et ses analyses, dont on regrettera toutefois l’approche an-historique puisque les sources
s’échelonnent du XIII au XVIIIe siècle sans que les analyses ne leur restituent cette
profondeur chronologique.
226 patrick gilli
37
R. Maiocchi, Codice diplomatico dell’Università di Pavia (Pavia : 1905) II, 1, 104 (année
1408).
38
Ibid., 97.
39
Ibid., II, 86: “nec videntes unde huic expense debeat introitus respondere, cum
in reliquis proventus sumptibus ullo modo non suppetant, volumus quod deliberetis
de convenienti salario dando predicto magistro Johanni, et unde, et quomodo eidem
premissis attentis, debita solutio eri possit, ne, solo salariati nomine, frustratur labo-
ribus et expensis”.
40
R. Maiocchi (1905) I, 98-99 (1389).
villes capitales, états territoriaux et universités 227
41
Id., II/1, 88.
42
Id., I, 212: “Preterea ut omnibus et singulis ipsius nostri felicis studii scolas advent-
antibus favorum et gratiarum, nostra nedum, sed potius apostolica, indulta pateant, per
que melioris conditionis et dispositionis effectus concrescat ad ipsum nostrum studium
libentius accedendi, volumus quod exemplaria privilegiorum papalium, quorum copias
mittimus tibi presentibus inclusas, foribus ecclesie cathedralis nostre civitatis Mediolani
afgi facias et apponi”.
43
Hypohèses rapidement évoquées par P. Grendler, The Universities of the Italian
Renaissance, (Baltimore-Londres : 2002) 82-83.
44
R. Maiocchi (1905) 1, 409 : « quod hoc maxime non eri posse comprehendimus,
si pluribus in locis non fuerint generalia studia constituta, ad quae pro virtutibus et
scientiis acquirendis utiliter homines transferre se habeant ».
45
Voir e.g. la formule suivante : « Nos, qui ducalem hanc nostram monarchiam
desideramus scientiis et virtutibus foecundare et huiusmodi veris ornamentis extollere,
non immerito, motu proprio, de nostrae plenitudine potestatis, a caesarea nobis digni-
tate nobis et nostris successoribus attributa, Deo auctore, ex certa scientia, et omni
modo quo melius possumus, duximus in civitate nostra Placentiae generale studium
instaurandum ».
228 patrick gilli
46
On pourrait certes expliquer ce délai de grâce par le temps nécessaire à l’instau-
ration réelle du studium placentin dont l’ouverture est ofciellement proclamée par un
héraut communal après le 28 avril 1401 (Id., II.1, p. 8).
47
Id., 10-11.
48
Id., 17.
49
Ibid. 17.
50
A l’époque du ducat de Giovanni Maria Visconti, la création de l’université de
Parme en 1409, lorsque la ville sortit du dominium ducal créa une compétition plus
sérieuse, seulement réduite quand la ville revint dans le giron viscontéen (en 1420) et
que l’université fut fermée.
51
Maiocchi (1905) II/1, 367.
villes capitales, états territoriaux et universités 229
52
Id., 242-244. Il est vrai que la vie universitaire pavesane semble particulièrement
agitée et que les conits sont nombreux : quelques cas sont rapportés à propos des
étudiants allemands par A. Sottili dans son recueil Università e cultura. Studi sui rapporti
italo-tedeschi nelletà dell’Umanesimo (Goldbach : 1993).
53
C’est une constance que l’on retrouve jusque sous Francesco Sforza, qui n’hésite pas
par exemple à licencier deux professeurs pavesans en janvier 1450, au motif qu’ils ne
sont d’aucune utilité pour le studium, faute d’étudiants en nombre sufsant (II/2, 548).
54
Id., II/2, 527-528.
230 patrick gilli
55
P. Grendler (2002) 27.
56
E. Martellozzo Forin, « Vescovo e canonici in una università di stato: il caso di
Padova nella prima metà del secolo XV », dans le présent volume.
57
P. Grendler (2002) 28, et surtout F. Dupuigrenet Desroussilles, « L’università di
Padova dal 1405 al Concilio di Trento », dans G. Arnaldi et alii éd., Storia della cultura
veneta, III, 2 (Vicence : 1980) 607-647.
58
P. Gilli, « Les collèges de juristes en Italie . . . », art. cit.
59
Sur ce thème, voir P. Gilli (2003).
villes capitales, états territoriaux et universités 231
60
Jonathan Davies, « The Studio Pisano under Florentine Domination, 1406-1472 »
dans History of Universities 16 (2000) et Rodolfo del Gratta, « L’età della dominazione
orentina (1406-1543) », dans Storia dell’università di Pisa, I* 1343-1737 (Pise : 1993)
32-38.
61
Jonathan Davies, Florence and Its University During the Early Renaissance (Leyde: 1998);
sur la Sapienza orentine, voir P. Denley, “Academic Rivalry and Interchange: The
Universities of Siena and Florence”, dans C. Elam et P. Denley éd., Florence and Italy:
Renaissance Studies in Honour of Nicolai Rubinstein (Londres : 1988) 193-208.
62
R. Black, “Higher Education in Florentine Tuscany: New Documents from the
Second Half of the Fifteenth Century”, dans C. Elam et P. Denley éd. (Londres:
1988) 209-222.
232 patrick gilli
est une cité marchande qui a toujours négligé les choses de l’esprit. Il
est donc nécessaire d’en tenir compte et de transférer les études à Pise
parce que Florence ne rivalisera jamais avec Bologne ou Pérouse63. Ce
transfert, alors retardé, prend place en 1473 à l’initiative de Laurent
de Médicis, qui en devient le protecteur dans une claire volonté d’or-
ganisation territoriale de la domination orentine et médicéenne. La
dimension politique est nettement afrmée à travers la promotion des
ofciers du studium chargés de recruter les professeurs qui deviennent à
partir de 1475 ofciers des grâces, c’est-à-dire chargés de prélever les
taxes sur le clergé accordées le pape et destinées à nancer le studium ;
plus encore, les ofciers doivent élire en leur sein le capitaine du peu-
ple de Pise : c’est dire l’importance politique de l’institution à laquelle
d’ailleurs Laurent lui-même appartient sans discontinuer de 1473 à
148364. Dans l’esprit de ses promoteurs, et donc du Magnique, la
création ou le transfert vers Pise65 avait une visée multiple : revitaliser
une économie urbaine affaiblie par une décroissance dramatique de la
ville, conforter la mainmise des Florentins sur la région en montrant
la bienveillance de leurs gouvernants à l’endroit d’une cité sujette (les
Ufciali dello studio qui géraient l’institution à distance étaient Florentins : à
eux de choisir les enseignants, de les rétribuer selon des modalités xées
par les conseils orentins66), faire du Studium une création princière, ce
que ne pouvait être l’université de Florence.
Encore faut-il noter les limites de cet aménagement territorial : à
Pise, le droit et la médecine et les arts, à Florence les studia humanitatis
qui, de fait, n’aboutissaient pas à des grades et concernaient un public
plus adulte. Plus que d’un transfert, il conviendrait de parler d’une
université multi-sites, comme l’atteste la provision des 18-22 décembre
1472 qui parle explicitement d’un studio de la cité de Florence, délo-
calisé pour des raisons conjoncturelles (rareté des maisons disponibles)
et cone aux Ufciali dello Studio la double mission de pourvoir aux
enseignements de Pise et à ceux destinés aux citoyens orentins67. De
63
Texte édité par Gene Brucker, « A Civic Debate on Florentine Higher Education
(1460) », Renaissance Quarterly, 34 (1981) 517-533.
64
J. Davies (1998) 126.
65
C’est une question encore ouverte que de savoir si la décision de décembre 1472
et l’ouverture du Studium en 1473 constituent un transfert de Florence à Pise ou la
revitalisation du Studium pisan (voir R. del Gratta, art. cit., 34).
66
Peter Denley, “Signore e Studio: Lorenzo in a Comparative Context”, dans Michael
Mallett et Nicolas Mann éd., Lorenzo the Magnicent. Culture and Politics (Londres : 1996)
202-216.
67
Alessandro Gherardi, Statuti dell’università e studio orentino dell’anno MCCCLXXXVII
villes capitales, états territoriaux et universités 233
(Florence : 1881) 274 : « Che per gli Ufciali dello studio [. . .] s’abbia non solamente a
provedere di quegli che legghino nello studio a Pisa nelle facultà necessarie negli studi
generali e degni, ma anchora di quegli che nella città di Firenze s’addoctrinano nel
modo detto e cittadini orentini e chi nella città di Firenze habitasse ».
68
P. Grendler (2002) 73.
69
J. Davies (1998) 54-58.
70
Ibid.
234 patrick gilli
Jacques Verger
1
Hastings Rashdall, The Universities of Europe in the Middle Ages, a new ed. by Fre-
derick M. Powicke and Alfred B. Emden, Londres, 1936 [1ère éd. 1895 ], vol. III,
p. 427-435.
2
Encore présent dans des ouvrages de vulgarisation tels que ceux de Chantal Del-
pille, Les enragés du XV e siècle. Les étudiants au Moyen-Age, Paris, 1969, ou de Léo Moulin,
La vie des étudiants au Moyen Age, Paris, 1991, p. 95-118.
3
Sur ce thème, voir la communication de Lyse Roy, « Le jardin du savoir. Repré-
sentation de l’espace universitaire du XIIIe au XXIe siècle », à paraître dans les Actes
du colloque Transformation et mutation des universités en Europe et en Amérique, XIII e-XXI e
siècle, Montréal, 18-20 septembre 2003.
238 jacques verger
4
Voir les exemples donnés dans Elisabeth Mornet et Jacques Verger, « Heurs et
maheurs de l’étudiant étranger », dans L’étranger au Moyen Age. XXXe Congrès de la
SHMES (Göttingen, juin 1999), Paris, 2000, p. 217-232.
5
Pensons par ex. aux bagarres récurrentes à Oxford entre Boreales et Australes (réfé-
rences dans The History of the University of Oxford, vol. I, The Early Oxford Schools, ed. by
Jeremy I. Catto, Oxford, 1984, p. 186).
6
Pour ne citer qu’un exemple littéraire célèbre, rappelons, en 1455, la rixe mortelle
dans laquelle maître François Villon tua le prêtre Sermoise ( Jean Favier, François Villon,
Paris, 1982, p. 195-198).
les conflits « town and gown » au moyen âge 239
7
Si certaines « sécessions » se produisirent en fait à la suite de véritables affrontements
entre « town and gown », comme celles qui virent le départ d’étudiants d’Oxford pour
Cambridge en 1209 ou de Paris pour Orléans en 1229 (cf. Rashdall, The Universities of
Europe, cité supra n. 1, vol. I, p. 334-336 et vol. III, p. 33-34), d’autres paraissent n’avoir
été précédées que de tensions avec les autorités urbaines (sécession de Bologne vers
Padoue en 1222, ibid., vol. I, p. 171) ou à l’intérieur même de l’université (départ des
étudiants et maîtres allemands de Prague vers Leipzig en 1409, ibid., vol. II, p. 228).
8
Pour citer une affaire tout à fait comparable aux conits entre « town and gown »
des villes universitaires, le 30 novembre 1312, les bourgeois de Soissons s’en prirent
violemment à un groupe d’élèves de l’école cathédrale, ce qui leur valut d’être condam-
nés par le Parlement à de lourdes amendes d’un montant total de 2200 livres tournois
(Les Olim ou registres des arrêts rendus par la cour du roi . . ., par le comte Auguste-Arthur
Beugnot, t. III/2, Paris, 1848, n° LXXXII, p. 797-799).
9
C’est ainsi par ex. qu’en 1251, à Paris et Orléans, les « Pastoureaux » s’en prirent
aux étudiants en même temps qu’à l’ensemble du clergé urbain (voir la lettre du gardien
des Franciscains de Paris publ. dans Chartularium Universitatis Parisiensis, éd. par Heinrich
Denie et Émile Châtelain [désormais cité CUP ], t. I, Paris, 1889, n° 198 ; à Mont-
pellier, au moment de la grande révolte scale du 25 octobre 1379, les universitaires
ne semblent guère avoir participé aux violences ; certains étudiants, effrayés, prirent
la fuite et l’université elle-même t partie de la délégation qui alla ensuite implorer
pour la ville la clémence du duc d’Anjou, lieutenant du roi en Languedoc, lequel t
connaître sa sentence par la bouche d’un de ses conseillers, Raymond-Bernard Fla-
menc, professeur ès-lois de Montpellier (Alexandre Germain, Histoire de la Commune
de Montpellier, Montpellier, 1851, t. II, p. 177-199) ; à Cambridge, au moment de la
240 jacques verger
Sur les conits entre « town and gown » qui retiendront prioritai-
rement notre attention, il y a deux grandes catégories de sources : les
chroniques, au moins pour les événements les plus importants, et les
sources judiciaires (plaintes, enquêtes, mémoires, plaidoieries, sentences,
rémissions, etc.) ; les registres universitaires ou urbains, là où il en existe,
peuvent aussi porter quelques traces de ce genre d’affaires. De toute
façon, dans la plupart des cas, il est clair que les sources reètent de
manière privilégiée le point de vue d’un des deux camps, elles doivent
donc être maniées avec toutes les précautions nécessaires. D’autre
part, ces sources sont certainement lacunaires, beaucoup d’épisodes
– surtout en l’absence de suites judiciaires – n’ont pas laissé de traces
écrites ; les silences chronologiques ou géographiques de la documen-
tation doivent donc être interprêtés avec beaucoup de prudence et il
serait dangereux d’inférer du manque d’informations conservées que
certaines périodes ou certaines universités ont nécessairement été plus
paisibles que d’autres.
« révolte des travailleurs » de 1381, l’université et les collèges furent parmi les princi-
pales cibles des paysans soulevés (A History of the University of Cambridge, vol. I, Damian
R. Leader, The University to 1546, Cambridge, 1988, p. 215-218) ; à Toulouse enn,
des gens de l’université participèrent à la bagarre meutrière qui opposa en pleine
cathédrale, le 13 novembre 1406, les partisans des deux prétendants à l’archevêché,
Vital de Castel-Moron et Pierre Ravat, plutôt dans le camp de ce dernier qui était
le candidat de Benoît XIII (Noël Valois, La France et le Grand Schisme d’Occident, t. III,
Paris, 1901, p. 453-455).
10
Querelle de taverne à Paris en 1200 (Chronica magistri Rogeri de Houedene, éd. William
les conflits « town and gown » au moyen âge 241
Stubbs, vol. IV, Londres, 1871, p. 120) et en 1231 (d’après la chronique de Matthieu
Paris, citée dans Charles Vulliez, « Un texte fondateur de l’université de Paris au
Moyen Age : la bulle Parens scientiarum du pape Grégoire IX (13 avril 1231) », Les cahiers
de l’ISP, 20, 1992, p. 50-72, spéc. p. 51-53) comme à Oxford en 1355 (Rashdall, The
Universities of Europe, cité supra n. 1, vol. III, p. 96-97), affaire de femme à Orléans en
1236 (Marcel Fournier, Les statuts et privilèges des universités françaises depuis leur fondation
jusqu’en 1789 [désormais cité Fournier, Statuts et privilèges ], t. I, Paris, 1890, n° 4, n. 1)
ou vers 1387 (cf. Charles Vulliez, « Pouvoir royal, université et pouvoir municipal à
Orléans dans les « années 80 » du XIVe siècle », Actes du 105 ème Congrès nat. des Soc. savantes,
Section de philologie, Paris, 1984, p. 187-200, spéc. p. 194) ou à Toulouse en 1427
(Fournier, Statuts et privilèges, t. III, Paris, 1892., n° 1195, p. 611), cris, danses et tapage
dans les rues à Paris en 1275 (CUP, I, n° 461) et 1367 (CUP, III, Paris, 1894, n° 1340,
p. 166-167) et à Toulouse en 1332 (Fournier, Statuts et privilèges, I, n° 563, n. 1) ; une
farce ou « moralité honneste », mais sans doute quelque peu irrévérencieuse, que les
étudiants voulaient jouer au collège Saint-Germain à Montpellier en 1494 (Fournier,
Statuts et privilèges, II, n° 1199).
11
Guet-apens caractérisé à Paris en 1365 (CUP, III, n° 1311) ; de même, des expé-
ditions nocturnes d’étudiants armés sont dénoncées aussi bien à Paris au début du
XIIIe siècle (extraits d’un sermon de Philippe le Chancelier et de la Vita de Guillaume
de Seignelay cités dans Jacques Verger, « Des écoles à l’université : la mutation insti-
tutionnelle », dans La France de Philippe Auguste. Le temps des mutations, dir. par Robert-
H. Bautier, Paris, 1982, p. 817-846, spéc. p. 824-825) qu’à Montpellier en 1423 et 1442
(Arch. com. de Montpellier, BB 46, f ° 20-22 et BB 51, f ° 56-57v°) et à Toulouse en
1447 (Arch. dép. Hte-Garonne, B 1979, f ° 186, 188v°–192v°).
12
Cf. supra note 10.
13
Pour prendre les incidents parisiens, celui de 1231 a lieu au faubourg Saint-Mar-
cel (cf. supra note 10), celui de 1278 vers le Pré-aux Clercs, à Saint-Germain des Prés
(CUP, I n° 480), celui de 1365 près de la place Maubert (CUP, III, n° 1311), celui de
1367 rue de la Bûcherie (CUP, III, 1340), ceux de 1380 au faubourg Saint-Antoine
(CUP, III, n° 1454) etc.
14
Le caractère nocturne, circonstance aggravante manifeste, est noté à Paris en
1275 (CUP, I, n° 470) comme en 1376 (CUP, III, n° 1340), à Orléans en 1307 et
1319 (Fournier, Statuts et privilèges, I, n° 23, 53) comme en 1382 (Vulliez, « Pouvoir
royal, université et pouvoir municipal », cité supra note 10, p. 193), à Montpellier et à
Toulouse au XVe siècle (cf. supra note 11).
242 jacques verger
et jours où les leçons vaquaient pour les écoliers, ce qui leur donnait
le loisir de se promener ou de faire la fête, créant ainsi une impression
d’oisiveté qui pouvait exaspérer les travailleurs urbains15.
2. L’affrontement : parfois immédiat, il a plus souvent lieu dans les
heures ou les jours qui suivent l’incident initial16. Ceux qui s’estimaient
offensés ou menacés allaient en effet chercher des renforts, plus ou
moins nombreux et organisés ; de part et d’autre, on s’armait, tout en
continuant à s’injurier : au minimum des pierres et des bâtons, plus
souvent des épées et des dagues, voire quelques lances, arcs ou arbalètes,
sans parler des armes défensives, casques et cottes de maille, parfois
signalées dans les sources17.
L’affrontement, c’était d’abord la bagarre, avec son lot prévisible de
coups, blessures sérieuses ou légères, morts d’homme dans les cas les
plus graves18 ; un des deux camps – le plus souvent, il faut bien le dire,
les étudiants – nissait par prendre la fuite et, poursuivi par l’adversaire,
15
À Paris, l’affaire de 1229 éclate lors du Mardi Gras (Vulliez, « Un texte fondateur »,
cité supra note 10, p. 51), celle de 1367 pour la Saint-Nicolas (CUP, III, n° 1340, p. 166) ;
`à Toulouse, l’« affaire Ayméry Bérenger » commence le jour de Pâques 1332 (Fournier,
Statuts et privilèges, I, n° 563; n. 1), etc.
16
À Paris, l’affaire de 1231 dure deux jours (Vulliez, « Un texte fondateur », cité
supra note 10, p. 51-53), tout comme les désordres liés aux funérailles du roi Charles
V (CUP, III, n° 1454) ; à Oxford, en 1355, le « massacre de la Ste-Scolastique » se
prolonge au moins trois jours (Rashdall, The Universities of Europe, cité supra n. 1, vol.
III, p. 96-99)
17
Même si les étudiants se disent parfois sine armaturis quibuscumque (CUP, III, n° 1340,
p. 166), d’autres, comme ceux qui, en 1365, assaillirent des sergents place Maubert ou
ceux qui, en 1367, furent assiégés dans la maison de Pierre de Zippa par le chevalier
du guet et ses hommes, disposaient d’un arsenal impressionnant (CUP, III, n° 1311 et
1340, p. 170) ; à Oxford, en 1355, les sources évoquent « deux centz et plus de escolers
armez, a fuer de guerre » (Munimenta civitatis Oxonie, H. E. Salter ed., Oxford, 1920, p. 126)
et, au total, la présence d’armes de part et d’autre est universellement signalée dans
les sources relatives aux incidents entre « town and gown » ; l’interdiction constamment
faite aux étudiants de porter (sinon de posséder) des armes (voir par ex., pour Orléans,
Fournier, Statuts et privilèges, I, n° 23, § 20 ou n° 30, ou, pour Montpellier, Fournier,
Statuts et privilèges, t. II, Paris, 1891, n° 923), restait lettre morte.
18
Si les citadins attaquaient généralement les étudiants au cri de « Tuez ! » ou « À
mort les clercs ! », les sources, lorsqu’elles ne restent pas dans le vague, n’évoquent
qu’un nombre restreint de morts : à Paris cinq en 1200 (Chronica magistri Rogeri de
Houedene, citée supra note 10, p. 120-121), deux au moins en 1231 (Vulliez, « Un texte
fondateur », cité supra note 10, p. 53) comme en 1278 (CUP, I, n° 480), un en 1365
(CUP, III, n° 1311) et un en 1380 (CUP, III, n° 1454) ; en 1367, on signale un disparu,
mais qui avait peut-être simplement fui Paris (CUP, III, n° 1340) ; il en va de même
en province : quatre morts au moins à Orléans en 1236 ((Fournier, Statuts et privilèges, I,
n° 4, n. 1), un disparu à Toulouse en 1427 (Fournier, Statuts et privilèges, III, n° 1915) ;
seul le « massacre de la Ste-Scolastique » à Oxford fut peut-être réellement sanglant,
mais les sources ne donnent pas de chiffres précis.
les conflits « town and gown » au moyen âge 243
cherchait le salut à l’intérieur de la ville (si les portes n’en avaient pas
été fermées)19 ou des maisons et collèges (dont les poursuivants allaient
parfois jusqu’à enfoncer les portes, voire les murs)20 même les églises
n’étaient pas toujours un refuge inviolable21; à Paris, à plusieurs reprises,
bloqués par la fermeture des portes ou des ponts, certains étudiants
essayèrent de s’enfuir par la Seine et s’y noyèrent22.
À la bagarre succédait le pillage. Les maisons des étudiants ou des
maîtres et surtout les collèges pouvaient être mis à sac par la foule :
archives et livres jetés ou brûlés, argent dérobé, tonneaux de vin mis
en perce sont des scènes parfois rapportées par les chroniques23.
19
À Paris, en 1278, les hommes de Saint-Germain des Prés devancent les étudiants
en fuite et leur coupent l’accès aux portes qui leur aurait permis de trouver refuge dans
Paris intra muros (CUP, I, n° 480) ; à Oxford, en 1355, les étudiants essaient de fermer
les portes de la ville, mais trop tard pour empêcher un contingent de quelques 2000
(?) paysans des environs, appelés en renfort par les bourgeois, d’y pénétrer (Rashdall,
The Universities of Europe, cité supra n. 1, vol. III, p. 97).
20
À Paris, en 1367, les sergents du guet pénètrent dans la maison de maître Pierre
de Zippa en enfonçant le mur de la maison voisine (CUP, III, n° 1340, p. 168 et 172) ;
à Toulouse, en 1427, les portes du collège de Narbonne sont enfoncées (Fournier,
Statuts et privilèges, III, n° 1915, p. 608) ; à Montpellier, c’est le collège Saint-Germain
Saint-Benoît qui subit le même sort en 1494 (Fournier, Statuts et privilèges, II, n° 1199) ;
à Nevers, où une partie des maîtres et étudiants orléanais avaient fait sécession, ce
furent des écoles et des logements d’étudiants qui, en 1319, furent envahis et saccagés
par la foule (Fournier, Statuts et privilèges, I, n° 53 et 71).
21
À Orléans, en 1311, la foule envahit et saccage le couvent des Prêcheurs où se
tenait l’assemblée de l’université (Fournier, Statuts et privilèges, I, n° 29) ; à Oxford, en
1355, des étudiants auraient été massacrés dans les églises des Mendiants (Rashdall, The
Universities of Europe, cité supra n. 1, vol. III, p. 98) ; à Paris, lors de l’« affaire Savoisy »,
on se bat en plein ofce dans Sainte-Catherine du Val-des-Écoliers (Laurent Tournier,
« L’université de Paris et Charles de Savoisy ; une affaire d’honneur et d’État », Bulletin de
la Société de l’histoire de Paris et de l’Ile-de-France, 122-124, 1995-97, p. 71-88, spéc. p. 74) ;
à Toulouse, en 1427, des étudiants réfugiés à Saint-Sernin en sont arrachés de force
et blessés (Fournier, Statuts et privilèges, III, n° 1915, p. 600) et à Montpellier, en 1494,
les émeutiers « jectèrent [cinq ou six maîtres régents] hors des esglises où ilz s’estoient
retirés » (Fournier, Statuts et privilèges, II, n° 1199).
22
Des étudiants noyés ou en tout cas obligés de fuir à la nage sont mentionnés à
Paris en 1278 (CUP, I, n° 480), 1367 (CUP, III, n° 1340, p. 168) et 1380 (CUP, III, n°
1454, p. 294), à Orléans en 1236 (Fournier, Statuts et privilèges, I, n° 4, n. 1) ; à Nevers,
en 1319, ce furent simplement les chaires et bancs des écoles qui furent symbolique-
ment jetés dans la Loire au cri de « De par le diable, retournez à Orléans d’où vous
venez ! » (Fournier, Statuts et privilèges, I, n° 71).
23
Maisons ou collèges pillés sont signalés à Paris en 1367 (CUP, III, n° 1340, p. 168),
à Oxford en 1355 (Rashdall, The Universities of Europe, cité supra n. 1, vol. III, p. 98),
à Cambridge en 1378 (A History of the University of Cambridge, I, cité supra note 9,
p. 216-217), à Toulouse en 1427 (Fournier, Statuts et privilèges, III, n° 1915, p. 602), à
Montpellier en 1494 (Fournier, Statuts et privilèges, II, n° 1199, p. 273) ; étudiants et
maîtres dépouillés de leur argent et de leurs effets personnels sont mentionnés à Paris
en 1278 (CUP, I, n° 480) et 1380 (CUP, III, n° 1454, p. 294), à Oxford en 1355 (voir
244 jacques verger
Enn, rattrapés par leurs poursuivants, parfois jusque dans les églises,
maîtres et étudiants pouvaient être plus ou moins brutalement arrêtés
et jetés en prison24 ; dans le pire des cas, comme à Toulouse en 1332,
cette arrestation pouvait être suivie du procès expéditif et de l’exécution
sommaire des supposés fauteurs de troubles25. Cette dernière phase
de l’affrontement avait évidemment lieu lorsque les forces de l’ordre,
d’elles-mêmes ou appelées en renfort par les citadins, se mêlaient de
l’affaire ; du moins à en croire les universitaires, leur attitude était rien
moins qu’impartiale26 et les sergents, complices des rancœurs populaires,
passaient pour avoir le verbe haut et la main lourde lorsqu’il s’agissait
de saisir, humilier, maltraiter et dépouiller de dignes professeurs, vêtus
pourtant de leur cape magistrale, ou de jeunes étudiants que leur ton-
sure ostensible et leur comportement – selon eux – inoffensif auraient
pourtant dû mettre à l’abri de ces violences séculières27.
dans Munimenta civitatis Oxonie, cité supra note 17, p. 130-132, la liste des bona et catalla
in conictu de hospitiis clericorum capta et asportata, surtout des livres, des vêtements et des
pièces d’étoffe).
24
Des étudiants ou des maîtres brutalisés « sans raison » et jetés plus ou moins
arbitrairement en prison sont régulièrement cités dans les plaintes des universitaires, à
Paris en 1278 (CUP, I, n° 480 ; en l’occurrence, c’est le prévôt de Saint-Germain des
Prés qui jette quelques maîtres et étudiants dans la prison de l’abbaye), 1367 (CUP, III,
n° 1340, p. 168-169) et 1380 où le prévôt Hugues Aubriot se montra particulièrement
vindicatif (« . . . il me deplaist quant il n’en a plus en prison, et que le recteur n’est
avecques eulx » – CUP, III, n° 1454, p. 295) ou encore à Oxford en 1355 (Rashdall,
The Universities of Europe, cité supra n. 1, vol. III, p. 98) ou à Montpellier en 1494
(« . . . prindrent et emprisonnèrent très inhumainement tous ceulx que trouvèrent » –
Fournier, Statuts et privilèges, II, n° 1199, p. 272).
25
Pour avoir insulté et gravement blessé un capitoul le 19 avril 1332, Aymery
Bérenger, écuyer au service des étudiants nobles de la famille de Penne, fut immé-
diatement arrêté, jugé et exécuté dès le 22 avril, nonobstant son appel à la justice du
roi (Fournier, Statuts et privilèges, I, n° 565 ; l’« affaire Aymery Bérenger » a été étudiée
assez sommairement dans Juliette Puget, « L’Université de Toulouse au XIVe et au XVe
siècle », Annales du Midi, 42, 1930, p. 345-381).
26
Les plaintes des universitaires dénoncent à l’envi à la fois la « cruauté » des sergents
(Paris, 1229 – Vulliez, « Un texte fondateur », cité supra note 10, p. 52), « la haine et
la rancœur » qui les animent (Paris, 1367 – CUP, III, n° 1340, p. 169), leur violence
gratuite (Paris, 1380 – CUP, III, n° 1454) et la partialité et la mauvaise foi des ofciers
royaux, tels le prévôt Hugues Aubriot (« . . . qui de long temps a en indignation vostre
dicte lle [l’université] » – CUP, III, n° 1454, p. 293) à Paris en 1380 ou le maître du
guet à Orléans en 1389 (Vulliez, « Pouvoir royal, université et pouvoir municipal »,
cité supra note 10, p. 193) ou des magistrats communaux, le maire à Oxford en 1355
(Munimenta civitatis Oxonie, cité supra note 17, p. 133), plusieurs capitouls à Toulouse en
1427 (Fournier, Statuts et privilèges, III, n° 1915, p. 601-602), deux consuls à Montpellier
en 1494 (Fournier, Statuts et privilèges, II, n° 1199).
27
À Paris, en 1229, les sergents s’en prennent à « des clercs occupés à jouer, . . . ,
des innocents désarmés » (Vulliez, « Un texte fondateur », cité supra note 10, p. 52-53),
en 1367 à des étudiants sine armaturis quibuscumque et absque voluntate injuriam, malum vel
les conflits « town and gown » au moyen âge 245
gravamen faciendi (CUP, III, n° 1340, p. 166), en 1278, ceux de Saint-Germain des
Prés en blessent un qui redibat de campis in pace (CUP, I, n° 480) ; même à Oxford, en
1355 contre toute évidence, les étudiants se font qualier par l’évêque de Lincoln de
pacicos lios [nostros ] Magistros et Scholares Universitatis Oxoniensis (Munimenta Academica or
Documents Illustrative of Academical Life and Studies at Oxford, I, Henry Anstey ed., Londres,
1868, p. 190).
28
En 1200, Philippe Auguste condamne le prévôt de Paris à la prison perpétuelle
ou au bannissement (CUP, I, n° 1), en 1278, l’abbaye de Saint-Germain des Prés est
condamnée par le roi à doter deux chapelles expiatoires, à verser 1000 livres tournois
de dommages et intérêts et à raser les tourelles de son portail, tandis que dix de ses
hommes étaient provisoirement bannis de Paris ou du domaine royal (CUP, I, n°
482), en 1367, 7 sergents du guet sont condamnés à l’amende honorable et révoqués,
trois d’entre eux faisant de plus un ou deux mois de prison (CUP, III, n° 1340,
p. 173-174), en 1404, le Parlement décida que Charles de Savoisy verrait son hôtel
rasé et serait condamné à l’amende protable, la dotation d’une chapelle expiatoire et
2000 livres d’indemnités et frais de procès, trois de ses valets étant condamnés, quant
à eux, à l’amende honorable (Tournier, « L’université de Paris et Charles de Savoisy »,
cité supra note 21, p. 86).
À Orléans, en 1311, 23 bourgeois furent collectivement condamnés à 1000 livres
tournois d’amende (et amende honorable pour deux d’entre eux), à Nevers en 1319,
ce furent 59 habitants qui furent mis à l’amende pour un montant total de 7800 livres
(Fournier, Statuts et privilèges, I, n° 29 et 71), en 1389, le Parlement imposa l’amende
honorable et des dommages et intérêts au maître du guet et aux autres responsables
des incidents de 1382 (Vulliez, « Pouvoir royal, université et pouvoir municipal », cité
supra note 10, p. 197).
Mais c’est à Toulouse en 1335, suite à l’« affaire Aymery Bérenger », et à Oxford en
1355 que s’abattit sur les responsables des troubles anti-étudiants le châtiment le plus
sévère : à Toulouse, l’abolition du capitoulat et la conscation des biens communaux
(rapportées dès l’année suivante, il est vrai) et une amende de 50000 livres tournois,
ramenée ultérieurement à 36000 (Fournier, Statuts et privilèges, I, n° 576 à 585), à Oxford,
le sheriff fut révoqué, divers revenus et droits furent transférés de la ville à l’université,
les bourgeois se virent imposer de lourdes pénalités (250 £) et la fondation d’une messe
anniversaire pour le jour de la Ste-Scolastique (Rashdall, The Universities of Europe, cité
supra n. 1, vol. III, p. 99-101).
246 jacques verger
29
Contraint à abdiquer après l’affaire du Pré-aux-Clercs de 1278, l’abbé de Saint-
Germain des Prés conserva cependant la faveur ponticale et obtint diverses compen-
sations personnelles (CUP, I, n° 509). Des lettres de rémission furent octroyées à divers
habitants de Toulouse en 1336 (Fournier, Statuts et privilèges, I, n° 586) et aux sergents
parisiens coupables du meurtre d’un étudiant en 1365 (CUP, III, n° 1311). Même à
Oxford, aucun des bourgeois mis en cause dans le « massacre de la Ste-Scolastique » ne
semble avoir été, en n de compte, exécuté ni même banni (Rashdall, The Universities
of Europe, cité supra n. 1, vol. III, p. 102).
Rendre justice à l’université n’empêchait d’ailleurs pas le roi de l’avertir que de
nouveaux excès ne seraient pas tolérés (ainsi en 1367 : . . . caveantque sibi dicti magister
Petrus et scolares ac quicumque alii ne decetero nobis . . . rebelles vel inobedientes existant – CUP,
III, n° 1340, p. 175) ou de proter des circonstances pour lui imposer une réforme
(cf. note suivante).
30
C’est ainsi qu’à Orléans la sentence de 1389 fut rapidement suivie par la réforma-
tion générale du 5 juillet de la même année, préparée sur commission royale par deux
conseillers au Parlement (Vulliez, « Pouvoir royal, université et pouvoir municipal », cité
supra note 10, p. 197) ; à Toulouse, l’« affaire Aymery Bérenger » servit de prétexte au
roi, en 1335-36, pour abolir le capitoulat puis le rétablir tout en le réformant (Fournier,
Statuts et privilèges, I, n° 576 à 584).
31
Dans l’affaire de 1367, l’ancien recteur Pierre de Zippa se présente comme dictos
militem [gueti], servientes et alios invadentes seu obsidentes compescere et pacem fovere cupiens, alors
que, pour ses adversaires, il était tout aussi rebellis et inobediens que ses étudiants (CUP,
III, n° 1340, p. 168 et 171).
les conflits « town and gown » au moyen âge 247
32
C’est, par ex., typiquement le cas de l’« affaire Aymery Bérenger » à Toulouse,
provoquée par des serviteurs et écuyers d’étudiants nobles (Fournier, Statuts et privilèges,
I, n° 563 ; voir aussi supra note 25).
33
En 1367 à Paris, par ex., est essentiellement en cause la bande formée par Petrus
de Zippa, magister in artibus, . . . et nonnulli scolares sui (CUP, III, n° 1340, p. 166).
34
À Paris, en 1229, ce sont des Picards qui sont mis en cause (Vulliez, « Un texte
fondateur », cité supra note 10, p. 52), en 1365 un Hollandais (CUP, III, n° 1311), en
1367 des Flamands qui de partibus alienis oriundi linguam gallicam nequaquam intelligebant ple-
narie (CUP, III, n° 1340, p. 171) ; en 1312, Philippe le Bel interdit à Orléans le système
des nations propter pericula discordiarum, cedium, vulnerum, que facile contingere solent in studiis
nationum divisionis casum [prestantibus] (Fournier, Statuts et privilèges, I, n° 36).
35
C’est par ex. le cas à Paris en 1200 (cf. supra note 10), à Orléans en 1236 (scholares
juvenes illustrissimi et genere praeclari – Fournier, Statuts et privilèges, I, n° 4, n. 1), à Tou-
louse en 1332 (cf. supra note 25) et 1427 (où le principal étudiant en cause, le prieur
de Saint-Circq, était un cousin du comte de Foix – Fournier, Statuts et privilèges, III, n°
1915, p. 617).
248 jacques verger
Il faut enn se demander quel était le rôle tenu par les gens de
l’université dans les conits entre « town and gown » : provocateurs ou
victimes ? Il est difcile de trancher, les documents donnant souvent
sur ce point, selon leur nature et leur origine, des versions diamétra-
lement opposées des faits, entre lesquelles l’historien a de la peine à
choisir, sauf à dire prudemment que les deux cas de gure ont pu se
produire et que, de surcroît, les torts devaient être parfois partagés.
Deux éléments vont d’ailleurs en ce sens : d’abord, on est frappé de la
facilité qu’avaient les uns et les autres à s’armer ; même chez les scola-
res, en dépit des interdictions ofcielles il était apparemment aisé de se
procurer des engins tant offensifs que défensifs. Ensuite, on rappellera
que la relative fréquence de ces conits ne peut elle-même s’expliquer
que par l’existence préalable d’un « mauvais climat » entre gens des
écoles et populations urbaines, favorable, d’un côté comme de l’autre,
à l’explosion de ce genre de violences.
2. La population urbaine : les documents parlent ici du « peuple »,
des « bourgeois », des « laïcs »36. L’analyse de leur rôle amène à se poser
les mêmes questions que pour les gens des écoles.
Combien étaient-ils ? Certaines sources donnent des chiffres suspects –
« cinq à six mille personnes » à Montpellier en 149437 ; en réalité,
généralement, une fraction seulement de la population urbaine devait
en venir aux mains. Quelle fraction ? Les jeunes ou les homes d’âge
mûr ? Les populares ou les « gras » ? Les habitants du quartier des éco-
les, seuls directement affectés par la cohabitation quotidienne avec les
étudiants ? Telle ou telle faction politique, tel ou tel corps de métier ?
Certains épisodes font apparaître le comportement aggressif des valets
et serviteurs de la suite de grands personnages38 : jeunes, célibataires,
armés, habitués à vivre en bande, forts de la protection de leur maître,
ces individus se trouvaient tout naturellement en concurrence avec les
étudiants, version populaire et juvénile en somme de la vieille « dispute
36
Les documents parisiens (par ex. CUP, I, n° 482) et oxfordiens (par ex. Munimenta
Academica, I, cité supra note 27, p. 190 et 201) parlent souvent simplement de laici par
opposition aux étudiants qualiés de clerici. À Orléans, on préfère opposer scholares et
cives (Fournier, Statuts et privilèges, I, n° 4, n. 1 et n° 29).
37
Fournier, Statuts et privilèges, II, n° 1199 ; à Toulouse, le chiffre de 200 hommes
rameutés par les capitouls pour arrêter Aymery Bérenger que donne la chronique de
Guillaume Bardin, paraît plus vraisemblable (Fournier, Statuts et privilèges, I, n° 575). À
Nevers, en 1319, on parle seulement d’une magna multitudo (ibid., n° 71).
38
Ce sont par ex. les valets du chambellan du roi Charles de Savoisy qui, en 1404,
perturbent une procession de l’université qui passait devant l’hôtel de leur maître
(Tournier, « L’université de Paris et Charles de Savoisy », cité supra note 21, p. 73).
les conflits « town and gown » au moyen âge 249
39
En 1278, l’abbé de Saint-Germain des Près rameute ses tenanciers à son de
cloche pour donner la chasse aux étudiants (CUP, I, n° 480) ; en 1312, à Orléans,
les cives Aurelianenses ont étendu leur « conspiration » anti-universitaire aux villis civitati
Aurelianensi vicinis (Fournier, Statuts et privilèges, I, n° 31) ; en 1355, les bourgeois d’Oxford
font appel à des paysans des environs (Rashdall, The Universities of Europe, cité supra n. 1,
vol. III, p. 97).
40
C’est ainsi que le mandement royal relatif à l’émeute anti-étudiante montpellié-
raine de 1494 parle d’individus « ainssi assemblés, armez et embastonnés, tous esmeux
et comme furieux, sans toutes foys savoir pourquoy » ; mais il faut noter que le même
texte désigne comme les instigateurs du mouvement le bayle et deux consuls de la ville
(Fournier, Statuts et privilèges, II, n° 1199, p. 272).
41
On constate que, bien souvent, quelques individus sont désignés comme les
responsables directs des violences anti-étudiantes et plus sévèrement punis que les
autres : à Saint-Germain des Prés en 1278, les hommes de l’abbaye qui ont attaqué
les étudiants l’ont fait non absque consensu Gerardi abbatis et quorumdam in dicto monasterio
administrationem habentium (CUP, I, n° 482) ; à Orléans en 1311 deux bourgeois sur les
23 condamnés sont désignés comme les principaux responsables (Fournier, Statuts et
privilèges, I, n° 29) et à Nevers en 1319 ce sont quatre élus de la ville qui, sur les 59
coupables, sont spécialement visés quia dictos excessus non curaverunt impedire, sed potius
affectare videbantur dictos excessus eri et malefactores ipsos excessus predictos faciendo fovere (ibid.,
n° 71) ; à Oxford, une lettre royale du 20 mai 1355 distingue bien, dans l’ensemble des
émeutiers, les miseros et pauperes et bone fame qui pourront être libérés de prison et ceux
qu’il faut y maintenir, les de feloniis et transgressionibus predictis principales ductores, aucores et
fautores ad ipsas felonis faciendas seu principales perpetratores earundem feloniarum et transgressionum
(Munimenta civitatis Oxonie, cité supra note 17, p. 139). Bien souvent, en fait, ces meneurs
étaient des ofciers locaux du roi ou des magistrats municipaux (cf. les exemples cités
supra notes 26 et 40).
42
Cf. les exemples cités supra note 26.
250 jacques verger
43
Les trois sergents du Châtelet attaqués le 25 juillet 1365 par une douzaine d’étu-
diants armés, protestent qu’ils « s’en retournaient tout courtoisement et en paix sans
meffaire ne mesdire a autruy » (CUP, III, n° 1311).
44
Ainsi, en 1278, ce sont le prévôt et les sergents de Saint-Germain des Prés qui
s’en prennent aux étudiants sous prétexte de défendre les droits de l’abbaye sur le
Pré-aux-Clercs (CUP, I, n° 480).
les conflits « town and gown » au moyen âge 251
45
Cf. supra note 9.
252 jacques verger
46
Cf. supra note 18.
47
Ainsi en 1380, au lendemain des graves incidents qui avaient marqué le début des
funérailles de Charles V, une délégation de l’université vint réclamer la libération des
maîtres et étudiants emprisonnés au Châtelet (et la restitution des biens consqués) au
prévôt Hugues Aubriot, « mais il ne tint compte d’eulx », les couvrit d’injures et attendit
deux jours pour élargir les prisonniers entre les mains non d’ailleurs du recteur, mais de
l’évêque de Paris ; ce que voyant, l’université porta plainte devant le roi en lui demandant
de faire ouvrir une enquête par deux conseillers au Parlement (CUP, III, n° 1454).
48
Cité dans Vulliez, « Pouvoir royal, université et pouvoir municipal », cité supra
note 10, p. 191.
les conflits « town and gown » au moyen âge 253
49
Comme l’a bien monté Simone Roux, La rive gauche des escholiers (XV e siècle), Paris,
1992.
50
L’importance de cette notion a été bien mise en valeur dans Serge Lusignan,
« Vérité garde le roy ». La construction d’une identité universitaire en France (XIII e-XV e siècle),
Paris, 1999.
51
Très signicatifs sont à cet égard les termes par lesquels le roi condamne l’émeute
anti-étudiante suscitée à Montpellier par quelques magistrats municipaux en 1494 :
alors que les étudiants avaient « demandé au gouverneur de la ville . . . et obteneue
licence » pour organiser une représentation théâtrale au collège Saint-Germain, leurs
adversaires n’ont pas hésité, « en très grand esclandre et irrévérance de nous et de
justice » à « sonner la cloche de la maison commune » pour faire « congrégation illicite
et commotion », bien que « toutes voyes de faict, force publicque, assemblée illicite,
congrégation, sédicion, tumulte, pilleries, batteries, larrecins et autres crimes et délitz
soyent prohibés et deffendues en nostre royaulme » ; et le roi n’hésite pas, de manière
bien excessive, à comparer cette affaire « de très maulvaiz et très pernicieux exemple »
à la « male nuit » de la grande émeute anti-scale du 25 octobre 1379 (Fournier, Statuts
et privilèges, II, n° 1199).
52
Cf. Jacques Verger, « The University of Paris at the End of the Hundred Years’
War », dans Universities in Politics. Case Studies from the Late Middle Ages and Early Modern
Period, John W. Baldwin and Richard A. Goldthwaite eds., Baltimore-Londres, 1972,
p. 313-358 (réimpr. dans Jacques Verger, Les Universités françaises au Moyen Age, Leiden,
1995, p. 199-227).
254 jacques verger
53
Le sentiment que les étudiants jouissaient d’une impunité insupportable s’exprime
souvent dans les plaintes urbaines : ainsi à Orléans en 1311 ([dixerunt] quod dicti scolares
pacem cum ipsis civibus imperpetuum non haberent nisi renunciarent eorum privilegiis – Fournier,
Statuts et privilèges, II, n° 29) et en 1388 (« Malgré Dieu ! quant nous batons aucuns esco-
liers, il le nous convient amender en chemise. Par le Sanc-Dieu ! il nous convient jouer
au désespéré. Par le Sanc-Dieu ! nous serons maistres, ou les escoliers le seront . . . », cité
dans Vulliez, « Pouvoir royal, université et pouvoir municipal », cité supra note 10, p. 194)
ou à Montpellier en 1442 (sunt clerici et studentes et quando sunt capti, ofcialis Magalonensis
requirit eos . . . et dimittit abire – Arch. com. de Montpellier, BB 51, f ° 56-57v°).
Il faut dire que les universitaires eux-mêmes entretenaient cette suspicion, par ex.
lorsqu’ils proclamaient, comme à Paris en 1364-66 : « . . . quar pour ceulz qui sont fos
et desordenez font mestier [= sont nécessaires ] les privileges, et pour cause de ceulz
furent octroys, . . . ; quar ceulz qui sont sages et se gardent de faillir n’ont mestier [=
n’ont pas besoin] desdiz privileges » (CUP, III, n° 1324).
54
À ma connaissance, la violence universitaire a été beaucoup moins étudiée pour
l’époque moderne ; citons quand même Sophie Cassagnes-Brouquet, « La violence des
étudiants à Toulouse à la n du XV e et au XVIe siècle (1460-1610) », Annales du Midi,
94, 1982, p. 245-262.
les conflits « town and gown » au moyen âge 255
Nathalie Gorochov
1
J. Le Goff, Les intellectuels au Moyen Age, Paris, 1ère édition, 1960.
2
Parmi les principaux ouvrages de synthèse sur les écoles urbaines du XIIe siècle,
citons G. Paré, A. Brunet, P. Tremblay, La Renaissance du XII e siècle. Les écoles et l’ensei-
gnement, Paris-Ottawa, 1933 ; E. Lesne, Les Ecoles de la n du VIII e siècle à la n du XII e
siècle, dans Histoire de la propriété ecclésiastique en France, vol. V, Lille, 1940 ; Ph. Delhaye,
« L’organisation scolaire au XIIe siècle », Traditio, 5 (1947), p. 211-268 ; J. Ehlers, Die
höhen Schulen, Weimar, 1981 ; D. E. Luscombe, « Trivium, Quadrivium and the Orga-
nisation of Schools », dans L’Europa nei secoli XI e XII. Fra novità e tradizione : sviluppi di
una cultura, Milan, 1989, p. 81-100 ; J. Verger, La Renaissance du XII e siècle, Paris, 1996.
Sur la naissance des premières universités, on peut notamment consulter H. Rashdall,
The Universities of Europe in the Middle Ages, nouvelle édition par F. M. Powicke et A. B.
Emden, 3 vol., Oxford, 1936 ; H. Grundmann, Vom Ursprung der Universitaten im Mittelal-
ters, Darmstadt, 1964 ; G. Arnaldi éd., Le origini dell’Università, Bologne, 1974 ; Università
e Società nei secoli XII-XIV, Pistoia, 1982, en particulier, dans cet ouvrage, l’article de
G. Fasoli, « Rapporti tra le Città e gli Studia », p. 1-21 ; H. de Ridder-Symoens éd.,
Universities in the Middle Ages, Cambridge, 1992 ; J. Verger, L’essor des universités au XIII e
siècle, Paris, 1997. Sur la naissance de l’Université de Paris, voir : S. C. Ferruolo, The
origins of the University: the Schools of Paris and their Critics 1100-1215, Stanford, 1985,
ainsi que deux articles de synthèse de Jacques Verger sur la naissance de l’Université
de Paris, « Des écoles à l’Université : la mutation institutionnelle » dans La France de
Philippe Auguste. Le temps des mutations, R.-H. Bautier éd., Paris, 1982, p. 817-846 et
« A propos de la naissance de l’Université de Paris : contexte social, enjeu politique,
portée intellectuelle », initialement paru dans Schulen und Studium im sozialen Wandel des
hohen und späten Mittelalters, J. Fried éd., Sigmaringen, 1986, p. 69-96, réédité dans Les
Universités françaises au Moyen Age, Leyde, 1995, p. 1-35. Pour la France, la bibliographie
complète antérieure à 1980 a été rassemblée par S. Guenée dans Bibliographie de l’histoire
258 nathalie gorochov
des universités françaises des origines à la Révolution, t. 1, Paris, 1981. Sur la naissance des
universités d’Oxford et Cambridge, on peut notamment se reporter à T. H. Aston éd.,
The History of the University of Oxford. Vol. 1 : The Early Oxford Schools, Oxford, 1984 ; A. B.
Cobban, The Medieval English Universities : Oxford and Cambridge to c. 1500, Berkeley-Los
Angeles, 1988 ; D. Leader, A History of the University of Cambridge. Vol. 1 : to 1546, Cam-
bridge, 1988. Sur la naissance de l’Université de Bologne, voir, outre les travaux cités
plus haut, G. Arnaldi, « Alle origini dello Studio di Bologna », O. Capitani éd., Le sedi
della cultura nell’Emilia Romagna : l’Età Comunale, Milan, 1984, p. 99-115.
3
Selon Raymond Cazelles dans Nouvelle histoire de Paris, de la n du règne de Philippe
Auguste à la mort de Charles V 1223-1380, Paris, 1972, p. 131 et s.
4
Pour les villes d’Italie, voir Maria Ginatempo et Lucia Sandri, L’Italia delle Città. Il
popolamento urbano tra il Medioevo e Rinascimento (secoli XIII-XVI), Florence, 1990 ; Jacques
Le Goff, dans l’Histoire de la France urbaine, tome 2 : la ville médiévale, Paris, 1980, aux pages
190 et s, donne un certain nombre de chiffres de population urbaine parmi lesquels
40 000 habitants pour Montpellier et 35 000 pour Toulouse.
5
J. Verger, « La mobilité étudiante au Moyen Age », dans Educations médiévales. N°
spécial de la revue Histoire de l’Education, 1991, p. 65-90.
6
S. Lusignan, « Vérité garde le Roy ». La construction d’une identité universitaire en France
(XIII e-XV e siècle), Paris, 1999.
l’université recrute-t-elle dans la ville ? 259
7
J. Verger, « La mobilité étudiante . . . »
8
Dans le cadre de la préparation d’une habilitation à diriger des recherches, sur
l’Université de Paris et ses collèges au XIIIe siècle, menée sous la direction de M. le
Professeur J. Verger (Paris IV).
260 nathalie gorochov
9
Par exemple l’étude du milieu échevinal par B. Bove, Dominer la ville. Prévôts des
marchands et échevins parisiens de 1260 à 1350, Paris, CTHS, 2004. Voir aussi la synthése
récente de J. W. Balduin, Paris 1200, Paris, 2006.
10
H. Denie et E. Châtelain, Chartularium Universitatis Parisiensis, t. 1 (des origines à
1286), Paris, 1899 et t. 2 (1286-1342), Paris, 1891 ; P. Glorieux, Aux origines de la Sorbonne,
t. 1 : L’homme, l’œuvre, t. 2 : le Cartulaire, Paris, 2 vol., 1965-1966.
11
P. Glorieux, Répertoire des maîtres en théologie de Paris au XIII e siècle, Paris, 2 vol.,
1933 et La faculté des arts et ses maîtres au XIII e siècle, Paris, 1971 ; E. Wickersheimer,
Dictionnaire biographique des médecins en France au Moyen Age, 2 vol., Genève, 1936 et son
supplément par D. Jacquart, paru en 1979 ; Fr. Stegmüller, Repertorium biblicum medii
aevi, 7 vol., 1940-1960 ; A. B. Emden, A biographical Register of the University of Oxford to
1500, Londres, 3 vol., 1957 ; Fr. Stegmüller, Repertorium Commentatorium in Sententias Petri
Lombardi, Würzburg, 2 vol., 1947 ; Ch. Lohr, « Medieval Latin Aristotle Commentaries
authors », Traditio, 23 (1967), p. 313-413, 24 (1968), p. 149-245, 26 (1970), p. 135-216, 27
(1971), p. 251-351, 28 (1972), p. 281-396, 29 (1973), p. 93-197, 30 (1974), p. 119-144 ;
J. B. Schneyer, Repertorium der Lateinischen Sermones des Mittelalters für die Zeit von 1150-1350,
Münster, 11 vol., 1969-1980 ; O. Weijers, Le travail intellectuel à la faculté des arts de Paris :
textes et maîtres (ca 1200-1500), 6 vol. parus, Turnhout, 1994-2003.
l’université recrute-t-elle dans la ville ? 261
les12. Le prosopographe devant faire feu de tout bois, toutes les mentions
d’individus ayant à un moment fréquenté les écoles parisiennes doivent
être relevées dans les obituaires13, les cartulaires de cathédrales et de
chapitres de chanoines14, les textes historiographiques, les manuscrits
universitaires dont le dépouillement est loin d’être achevé . . . Le chier
prosopographique contient à ce jour, pour la faculté de théologie, les
noms de la plupart des maîtres et des bacheliers, plus visibles dans la
documentation ecclésiastique notamment, ainsi qu’un certain nombre
de noms de maîtres et d’étudiants pour la faculté de décret et la faculté
de médecine. La faculté des arts, la plus nombreuse (peut-être 2500 à
3000 étudiants au milieu du XIIIe siècle),15 est la moins bien connue,
12
Ont été dépouillées les éditions suivantes, par ordre chronologique des ponticats :
O. Hageneder et alii, Die Register Innocenz, I, II, V, VI, VII, Rome-Vienne, 1964-1997 ;
P. Pressutti éd., Regesta Honorii Papae, 2 vol., Rome, 1888-1895 ; L. Auvray éd., Les registres
de Grégoire IX, Paris, 1896-1955 ; E. Berger éd., Les registres d’Innocent IV, Paris, 1884-
1921 ; C. Bourel de la Roncière, J. Loye et A. Coulon éd., Les registres d’Alexandre IV,
Paris, 1902-1959 ; J. Guiraud éd., Les registres d’Urbain IV, Paris, 1899-1958 ; E. Jordan
et S. Clémencet éd., Les registres de Clément IV, Paris, 1893-1945 ; J. Guiraud éd., Les
registres de Grégoire X, Paris, 1892-1960 ; M.-H. Laurent, Le bienheureux Innocent V et son
temps, Vatican, 1947 (nombreuses lettres ponticales éditées) ; E. Cadier éd., Le registre
de Jean XXI, Paris, 1898-1960 ; J. Gay et S. Vitte éd., Les registres de Nicolas III, Paris,
1898-1938 ; O. Martin éd., Les registres de Martin IV, Paris, 1901-1935 ; M. Prou éd.,
Les registres de Honorius IV, Paris, 1886-1888 ; E. Langlois éd., Les registres de Nicolas IV,
Paris, 1887-1905 ; G. Digard, M. Faucon, A. Thomas, R. Fawtier éd., Les registres de
Boniface VIII, Paris, 1883-1904.
13
Les obituaires français de cathédrales, chapitres cathédraux et collégiaux et de
couvents mendiants antérieurs à 1350 ont été dépouillés, les références des manuscrits
et éditions ayant été recueillies dans l’ouvrage de J.-L. Lemaître, Répertoire des documents
nécrologiques français, 4 vol., Paris, 1987-1992. Les résultats de ce dépouillement sont pré-
sentés dans un article : N. Gorochov, « Les obituaires, sources de l’histoire des universités
médiévales. Les fondations de messes-anniversaires par les universitaires parisiens au
XIIIe siècle », Revue d’histoire de l’Eglise de France, Rome 92 ( janvier-juin 2006), p. 5-23.
14
Parmi les principaux, B. Guérard, Cartulaire de Notre-Dame de Paris, 4 vol., Paris,
1850 ou encore E. De Lépinois et L. Merlet, Cartulaire de Notre-Dame de Chartres, 3 vol.,
Chartres, 1862. Les études prosopographiques menées sur des chapitres de chanoines
ont aussi été dépouillées, parmi lesquelles H. Millet, Les chanoines du chapitre cathédral de
Laon 1272-1412, Rome-Paris, 1982, J. Pycke, Le chapitre cathédral Notre-Dame de Tournai de
la n du XI e siècle à la n du XIII e siècle. Son organisation, sa vie, ses membres, Louvain, 1986,
et du même auteur, Répertoire biographique des chanoines de Tournai 1080-1300, Louvain,
1988. Les neuf volumes parus dans la collection des Fasti Ecclesiae Gallicanae publiés
sous la direction d’H. Millet fournissent aussi quelques mentions : P. Desportes, 1-Diocèse
d’Amiens, Turnhout, 1996 ; V. Tabbagh, 2-Diocèse de Rouen, Turnhout, 1998 ; P. Desportes,
3-Diocèse de Reims, Turnhout, 1998 ; H. Hours, 4-Diocèse de Besançon, Turnhout, 1999 ;
P. Ryckebush, 5-Diocèse d’Agen, Turnhout, 2001 ; M. Desachy, 6-Diocèse de Rodez, Turnhout,
2002 ; J.M. Matz et F. Comte, 7-Diocèse d’Angers, Turnhout, 2003 ; Ph. Maurice, 8-Diocèse
de Mende, Turnhout, 2004 ; P. Desportes et alii, 9-Diocèse de Sées, Turnhout, 2005.
15
Selon l’évaluation de J. Verger dans « Le chancelier et l’Université de Paris à la
n du XIIIe siècle », Les universités françaises au Moyen Age, Leyde, 1995, p. 68-102, en
particulier aux p. 101-102.
262 nathalie gorochov
16
On se reportera aux notices biographiques accompagnées de références à la n
du présent travail, en annexe 1.
l’université recrute-t-elle dans la ville ? 263
17
Voir leurs notices biographiques à la n du présent travail, en annexe 1.
18
Voir notamment sur Amaury de Bène : G. C. Capelle, Autour du décret de 1210.
III : Amaury de Bène. Etude sur son panthéisme formel, Paris, 1932 ; K. Albert, « Amalrich
von Bena und der Mittelalterliche Pantheismus », dans Die Auseinandersetzungen an der
Pariser Universität im XIII Jahrundert, éd. A. Zimmermann, Berlin, 1976, p. 193-212 ;
G. Dickson, « The Burning of Amalricians », Journal of Ecclesiastical History, 40 (1989),
p. 347-369 ; J. M. M. H. Thijssen, « Master Amalric and the Amalricians. Inquisitorial
Procedure and the Suppression of Heresy at the University of Paris », Speculum, 71
(1996), p. 43-65.
19
Edité par H. Denie et E. Châtelain dans le Chartularium, op. cit., t. 1, p. 70-71. Le
cistercien Césaire de Heisterbach donne des précisions sur ces clercs et la présence de
certains d’entre eux dans les écoles parisiennes dans son ouvrage Dialogus Miraculorum,
cap. 22, éd. J. Strange, Cologne, 1851, I, p. 304-307.
l’université recrute-t-elle dans la ville ? 265
Paris en 121020. Bien sûr, ne sont condamnés que des clercs des dio-
cèses des évêques concernés, Sens et Paris, mais le document n’est pas
sans intérêt ; il livre les noms de huit clercs ayant fréquenté l’école du
maître en théologie Amaury de Bène, un peu avant 1210, huit dont
quatre nous intéressent ici pour les noms qu’ils portent et qui indiquent
leur origine géographique: Etienne prêtre du Vieux-Corbeil, Etienne
prêtre de la Celle, Pierre de Saint-Cloud, moine de Saint-Denis, et
Garin prêtre de Corbeil. Par contraste, les maîtres-régents actifs à
Paris cette année-là sont presque tous Anglais, Italiens ou Flamands à
l’exception de Philippe le Chancelier, maître en théologie, ls bâtard de
l’archidiacre de Paris Philippe, Gilles de Corbeil, maître en médecine
et Etienne Bérout maître ès arts. Sur 53 universitaires présents à Paris
en 1210, maîtres et étudiants et toutes facultés confondus, 7 viennent
de Paris ou de l’Ile de France, dont 4 sont les disciples d’Amaury de
Bène21. La présence des Amauriciens des diocèses de Sens et Paris
accroît le pourcentage de Parisiens au sens large pour l’année 1210 :
ceux-ci représentent plus de 13% des maîtres et étudiants se trouvant
assurément à l’Université cette année-là22.
Soixante-dix ans plus tard, pour l’année 1280, parmi les 82 univer-
sitaires repérés dans des sources très diverses23, on ne compte plus que
6 personnes venant de l’actuelle Ile de France24 soit 7,5%, pourcentage
un peu inférieur à celui de 1210 ; mais subsiste une marge d’incertitude,
du fait de l’origine géographique inconnue de quelques maîtres.
20
Voir la liste accompagnée de leurs notices à la n de ce travail, en annexe 2.
21
Il s’agit de : Etienne Bérout, Etienne prêtre de Corbeil, Etienne prêtre de la
Celle, Garin, prêtre de Corbeil, Gilles de Corbeil, Philippe le Chancelier, Pierre de
Saint-Cloud.
22
Sans les huit Amauriciens, le groupe des universitaires de 1210, réduit à 45 per-
sonnages, ne comporte plus que trois maîtres originaires de Paris et de ses environs
soient 6% du total.
23
Voir la liste accompagnée de leurs notices à la n de ce travail, en annexe 3.
24
Anselme de Boissy, Berthaud de Saint-Denis, Jean Quidort de Paris, Eudes de
Saint-Denis, Philippe de Thoiry, Simon de Montlhéry.
266 nathalie gorochov
25
Edité par M. L. Colker, « The Karolinus of Egidius Parisiensis », Traditio, 29
(1973), p. 199-325.
26
Ibidem : « Tantorum mater fecunda Lutetia vatum ».
27
A. Molinier, Obituaires de la province de Sens. Tome 1 : diocèse de Paris, Paris, 1902, p. 455,
dans l’obituaire de Saint-Martin des Champs, sa notice nécrologique est un éloge de
ce maître : « omnis civitas et omnes magistri de ejus sapientia mirarentur ».
28
Guillaume le Breton, Philippide, H. F. Delaborde éd., Paris, 1882, vol. 1, vers
100-101.
29
Denie et Châtelain, Chartularium, op. cit., tome 1, p. 51.
l’université recrute-t-elle dans la ville ? 267
et XIIIe siècles, qu’elle fait afuer vers la cité des étudiants de toute
l’Europe qui sont à la recherche non plus d’un maître particulièrement
renommé comme ce fut le cas jusqu’aux années 1160, mais d’un maître
de qualité qu’ils sont sûrs de pouvoir choisir parmi bien d’autres30. A
Paris, dès les dernières années du XIIe siècle et tout au long du XIIIe
siècle, maîtres comme étudiants viennent de loin.
30
E. Lesne, Histoire de la propriété ecclésiastique en France, tome V : Les écoles de la n du
VIII e siècle à la n du XII e siècle, Lille, 1940, p. 259 et s.
31
L’acte de fondation est édité par Denie et Châtelain dans le Chartularium, t. 1,
p. 68-69.
32
B. Bove, Dominer la ville. Prévôts des marchands et échevins parisiens de 1260 à 1350,
Paris, CTHS, p. 470.
268 nathalie gorochov
33
B. Guérard, Cartulaire de Notre-Dame de Paris, op. cit., t. 1, p. 348.
34
B. Guérard, op. cit., t. 2, p. 474-475.
35
Denie et Châtelain, Chartularium, t. 1, p. 165 et E. Berger, Registres d’Innocent IV,
année I, lettre n°330.
36
M. M. Davy, Les sermons de l’année universitaire 1230-1231, Paris, 1931.
37
Molinier, Obituaires de la province de Sens, t. I : diocèse de Paris, p. 446, 502, 794.
38
B. Bove, op. cit., p 470 et s.
l’université recrute-t-elle dans la ville ? 269
39
Denie et Châtelain, Chartularium, t. 1, p. 209-211.
40
J. B. Schneyer, Repertorium, t. 3, p. 673-674.
41
P. Glorieux, Répertoire des maîtres en théologie, t. 1, p. 82.
42
P. Glorieux, Aux origines de la Sorbonne, op. cit., t. 2 : Le cartulaire, actes n°47, 62, 115,
147, 151, 153, 161, 163, 186, 191, 197, 264.
43
Beaucoup d’achats semblent avoir été réalisés par le Roi.
270 nathalie gorochov
44
De Lépinois et Merlet, op. cit., t. 3, p. 4-5.
45
Denie et Châtelain, Chartularium, t. 1, p. 108.
46
Denie et Châtelain, Chartularium, t. 1, p. 503.
47
Molinier, Obituaires de la province de Sens, t. 1 : diocèse de Paris, p. 575. Il est en effet
chanoine de Beauvais en 1267 selon W. N. Newman, Les seigneurs de Nesle en Picardie
(XII e-XIII e siècles), Philadelphie, 1971, p. 235. Newman émet l’hypothèse – sans la
justier – de son appartenance à la célèbre famille bourgeoise parisienne des Le Riche,
à la page 122.
48
Molinier, Obituaires de la province de Sens, t. 1 : diocèse de Paris, p. 129 et 438.
49
F. Arnaldi et P. Smiraglia, « Filippo de Grève o Filippo il Cancelliere », Estudis
romanics, 8 (1961), p. 25-34.
50
Denie et Châtelain, Chartularium, t. 1, p. 599.
l’université recrute-t-elle dans la ville ? 271
51
P. Desportes, Fasti Ecclesie Gallicanae : diocèse de Reims, Turnhout, 1998, p. 277 ;
sur cette famille échevinale voir B. Bove, op. cit., qui la mentionne dans son livre à
maintes reprises.
52
R. Cazelles, op. cit., p. 48.
53
Ce nom est porté par plusieurs homonymes de la même famille et il est difcile de
savoir auquel on a ici affaire : il ne peut s’agir du frère du prévôt des marchands Etienne
Barbette, puisque leur père s’appelait Etienne, d’après B. Bove, op. cit., p. 474.
54
Glorieux, Aux origines de la Sorbonne, t. 2 : le cartulaire, n°329, p. 391-392.
55
Ibidem, p. 650.
56
Le Roi fait des dons aux collèges parisiens, dont les comptes gardent la trace : Arch.
nat., KK 5, fol. 368 (1341), ce collège est encore attesté en 1409 (KK 17, fol. 85).
57
B. Bove, op. cit., en particulier p. 474-475.
272 nathalie gorochov
58
B. Bove, op. cit., p. 447 et suivantes.
59
P. Glorieux, Répertoire des maîtres en théologie, p. 282-283 ; Ph. Meyer, dans son
article « Henri d’Andeli et le chancelier Philippe », Romania, 1872, p. 190-215, réunit
un certain nombre d’informations sur Henri d’Andelys, auteur du Dit du chancelier
Philippe dont il présente l’édition, mais il confond Philippe le Chancelier et Philippe
de Grève. Voir sur Philippe le Chancelier la mise au point de Nicole Bériou dans le
Dictionnaire des Lettres françaises, réédité sous la direction de G. Hasenohr et M. Zink,
Paris, 1992, p. 1142-1143, ainsi que, du même auteur, L’Avènement des maîtres de la parole,
2 vol., Paris, 1998 et les nombreux passages où Philippe le Chancelier y est évoqué
comme prédicateur.
60
Auvray, Registres de Grégoire IX, lettres n° 965 et 982 (1232). Devenu évêque de
Noyon, Pierre Charlot accompagne Louis IX en Orient et il y meurt en 1249.
l’université recrute-t-elle dans la ville ? 273
61
Repérés dans l’ouvrage de Dom L. H. Cottineau, Répertoire topo-bibliographique des
abbayes et prieurés, 4 vol., réimprimé à Turnhout par Brépols en 1995.
62
Cottineau, vol. I, col. 145 et 1075.
63
Cottineau, vol. I, col. 867-868.
64
Cottineau, vol. I, col. 1078.
65
Cottineau, vol. I, col. 1282.
66
Cottineau, vol. I, col. 1300.
274 nathalie gorochov
67
Cottineau, vol. II, col. 1961.
68
Cottineau, vol. I, 644-647.
69
Cottineau, vol. II, col. 1967.
70
Cottineau, vol. II, col. 2496.
71
Cottineau, vol. II, col. 2538.
72
Cottineau, vol. II, col. 3150.
73
Cottineau, vol. II, col. 3395 et 2708.
74
Cottineau, vol. II, col. 2637, 2650-2657.
75
E. Lesne, Histoire de la propriété ecclésiastique en France, tome V : Les écoles de la n du
VIII e siècle à la n du XII e siècle, Lille 1940.
76
Sur ce sujet voir l’ouvrage récent de J. Verger, L’amour castré, Paris, 1996.
l’université recrute-t-elle dans la ville ? 275
Conclusion
77
Ont été dépouillés les cartulaires de quelques établissements, sans le moindre
résultat : Cartulaire de Notre-Dame d’Etampes (1046-1572), 1888 ; E. Couard-Luys, Cartulaire
de Saint-Spire de Corbeil (XIII e siècle), Rambouillet, 1882 ; G. Lebel, Catalogue des actes de
l’abbaye de Saint-Denis relatifs à la province ecclésiastique de Sens 1151-1346, Paris, 1935. Un
dépouillement systématique des sources manuscrites s’imposerait . . .
276 nathalie gorochov
Annexe 1
Brèves notices biographiques des maîtres et étudiants de l’Université de Paris au
XIII e siècle originaires du diocèse de Paris80
78
Les maîtres originaires du diocèse de Paris ne représentent que 5,5% en 1403
d’après J. Verger, « Le recrutement géographique des universités françaises au début
du XVe siècle d’après les suppliques de 1403 », Mélanges de l’Ecole française de Rome, 82
(1970), p. 855-902. Au collège de Navarre, la part de boursiers originaires du diocèse
de Paris s’accroît entre le début du XIVe siècle et le début du XVe siècle, passant de
11% à 15%, tandis que les ls, neveux et cousins de serviteurs du Roi y obtiennent de
plus en plus de bourses, d’après N. Gorochov, Le collège de Navarre de sa fondation (1305)
au début du XV e siècle (1418) : histoire de l’institution, de sa vie intellectuelle et de son recrutement,
Paris, 1997.
79
J. Verger, Les gens de savoir en Europe à la n du Moyen Age, Paris, 1997.
80
Ces notices ne contiennent pas la totalité des mentions rassemblées dans le chier
prosopographique mais présentent seulement quelques indications sur l’origine géo-
graphique, le cursus et la carrière de ces clercs.
l’université recrute-t-elle dans la ville ? 277
Annexe 281
Liste et origine géographique des maîtres et étudiants présents
à l’Université de Paris en 1210
81
De même que dans l’annexe 1 et l’annexe 3, les notices non exhaustives précisent
seulement l’origine géographique du clerc lorsqu’elle est connue ainsi que quelques
éléments de son cursus.
l’université recrute-t-elle dans la ville ? 285
Annexe 3
Liste et origine géographique des maîtres et étudiants présents
à l’Université de Paris en 128082
82
Voir note précédente.
290 nathalie gorochov
Karl Ubl
Die Gründung der Universität Wien durch Rudolf IV. im Jahr 1365 ist
zum großen Teil gescheitert.1 Da der Herzog wenige Monate nach der
Ausstellung des Gründungsprivilegs starb, wurden die meisten Bestim-
mungen der Urkunde nicht verwirklicht. Das übertrieben anspruchsvolle
Projekt, der Universität ein eigenes Stadtviertel zu widmen, ist nicht
in Angriff genommen worden. Es kam weder zu einer ausreichenden
nanziellen Dotation, noch wurden der Universität eigene Gebäude zur
Verfügung gestellt. In den folgenden Jahren verschmolz die Universität
folglich mit der Vorgängerinstitution, der Wiener Stephansschule. Das
von Rudolf vorgesehene Studium der Theologie wurde von Papst Urban
V. nicht genehmigt, da in Wien keine Theologieprofessoren verfügbar
waren, die die erforderliche Doktorpromotion an einer anerkannten
Universität absolviert hatten. Der Unterricht in römischem Recht und
Medizin ist wegen Mangel an Angebot und Nachfrage nicht aufgenom-
men worden. Lediglich das Studium des Kirchenrechts wurde über das
artistische Lehrangebot der Stephansschule hinaus seit 1366 durch einen
Dozenten angeboten. Finanziert wurde dieser Dozent vorübergehend
durch die niederösterreichische Pfarre von Laa an der Thaya. Die
Widmung dieser Pfarre wurde als einzige nachweisbare Dotation der
Universität noch von Rudolf IV. in die Wege geleitet.2 Akademische
Grade konnten jedoch in der kirchenrechtlichen Fakultät nicht erworben
werden, da ein prüfungsberechtigtes Doktorenkollegium fehlte. Selbst in
1
Zur Geschichte der Universität Wien: Kink R., Geschichte der kaiserlichen Universität zu
Wien (Wien: 1854); Aschbach J., Geschichte der Wiener Universität im ersten Jahrhunderte ihres
Bestehens (Wien: 1865); Schrauf K., Studien zur Geschichte der Wiener Universität im Mittelalter
(Wien: 1904); Schrauf K., „Die Universität“, Geschichte der Stadt Wien (Wien: 1905) II/2
961-1017; Rexroth F., Deutsche Universitätsstiftungen von Prag bis Köln. Die Intentionen des Stifters
und die Wege und Chancen ihrer Verwirklichung im spätmittelalterlichen deutschen Territorialstaat
(Beihefte zum Archiv für Kulturgeschichte 34, Köln/Weimar/Wien: 1992) 108-146;
Uiblein P., Die Universität Wien im Mittelalter. Beiträge und Forschungen (Schriftenreihe des
Universitätsarchivs 11, Wien: 1999).
2
Uiblein P., „Zur ersten Dotation der Universität Wien“, Jahrbuch des Stiftes Kloster-
neuburg NF 16 (1997) 353-367, jetzt in Uiblein (1999) 101-120.
298 karl ubl
3
Schrauf (1904) 51.
4
Lackner Ch., Hof und Herrschaft. Rat, Kanzlei und Regierung der österreichischen Herzoge
(1365-1406) (Mitteilungen des Instituts für Österreichische Geschichtsforschung, Erg.-
Bd. 41, Wien/München: 2002) 17.
5
Zur Konkurrenz mit Prag: Feuchtmüller R., „Die ‚Imitatio’ Karls IV. in den Stif-
tungen der Habsburger“, Kaiser Karl IV. Staatsmann und Mäzen, ed. F. Seibt (München
1978) 378-386; Berger H., „Albertus de Saxonia († 1390), Conradus de Waldhausen
(† 1369) und Ganderus recte Sanderus de Meppen († 1401/06). Eine Begegnung in
Prag im Jahr 1364“, Mitteilungen des Instituts für Österreichische Geschichtsforschung 106 (1998)
31-50; Sauter A., Fürstliche Herrschaftsrepräsentation. Die Habsburger im 14. Jahrhundert
(Mittelalter-Forschungen 12, Stuttgart: 2003) 232-237. Zur außenpolitischen Wende:
Niederstätter A., Die Herrschaft Österreich. Fürst und Land im Spätmittelalter (Österreichische
Geschichte 1278-1411, Wien: 2001) 172-3; Lackner (2002) 26.
die stellung der stadt wien zur universität 299
6
Paravicini W., Die Preußenreisen des europäischen Adels (Beihefte der Francia 17, Sig-
maringen: 1989-1995) I 148, II 32.
7
Lackner (2002) 17-26.
8
Zur albertinischen Reform: Strnad A. A., „Kanzler und Kirchenfürst. Streiichter
zu einem Lebensbilde Bertholds von Wehingen“, Jahrbuch des Stiftes Klosterneuburg NF 3
(1963) 79-107; Uiblein (1997); Lackner Ch., „Diplomatische Bemerkungen zum Privileg
Herzog Albrechts III. für die Universität Wien vom Jahre 1384“, Mitteilungen des Instituts
für Österreichische Geschichtsforschung 105 (1997) 114-129; Wagner W. E., Universitätsstift
und Kollegium in Prag, Wien und Heidelberg. Eine vergleichende Untersuchung spätmittelalterlicher
Stiftungen im Spannungsfeld von Herrschaft und Genossenschaft (Europa im Mittelalter 2, Berlin:
1999) 106-124.
9
Kink (1854) 12; Aschbach (1865) 21; Schrauf (1905) 969 ; Lhotsky A., Die Wiener
Artistenfakultät, 1365-1497 (Österreichische Akademie der Wissenschaften, phil.-hist.
Klasse 247/2, Wien: 1965) 36.
300 karl ubl
10
Edition in: Die Rechtsquellen der Stadt Wien, ed. P. Csendes (Fontes rerum Austriacarum
III/9, Wien/Köln/Graz: 1986) 141-173; zur Interpretation: Rexroth (1992) 116-127.
Anklänge an das Gründungsprivileg von Krakau notiert Schrauf (1905) 966.
11
Schrauf (1905) 966 Anm. 2; Kibre P., Scholarly Privileges in the Middle Ages. The
Rights, Privileges, and Immunities, of Scholars and Universities at Bologna, Padua, Paris, and Oxford
(London: 1961) 90 und 270.
12
Kink (1854) I/1 25 Anm. 31 mit dem Hinweis auf Rechtsquellen (1986) 66-7.
Zur unterlassenen Hilfeleistung: Planitz H., „Studien zur Geschichte des deutschen
Arrestprozesses. Der Fremdenarrest“, Zeitschrift für Rechtsgeschichte, Germanistische Abteilung
39 (1918) 223-308, hier 295. Zur Körperverletzung: His R., Das Strafrecht des deutschen
Mittelalters, 2: Die einzelnen Verbrechen (Weimar: 1935) 95-103; Frenz B., Frieden, Rechtsbruch
und Sanktion in deutschen Städten vor 1300. Mit einer tabellarischen Quellenübersicht nach Delikten
und Deliktgruppen (Köln/Weimar/Wien: 2003) 373-435.
13
Edition: Kink (1854) I/2 4-5.
14
Edition: Rechtsquellen (1986) 173-5.
die stellung der stadt wien zur universität 301
12. April aufgehoben werden, die von der Stadt auf Drängen Rudolfs
IV. ausgefertigt worden war. Der Bürgermeister von Wien bestätigte
diese Übereinkunft mit Leutold von Stadeck am 20. Dezember 1365
in einer eigenen Urkunde.15 Leutold von Stadeck war schon unter
Rudolf Landmarschall von Österreich und bekleidete dieses Amt bis
zu seinem Tod 1367.16 Von 1365 bis 1367 zählte er zu den wichtigsten
Räten am Hof Albrechts III. Er wird sich daher nicht dem Druck der
Stadt gebeugt, sondern mit der Suspendierung auch das Anliegen des
herzoglichen Hofs vertreten haben. Wie erwähnt war man dort nämlich
ebenso wenig am Aufbau der Universität interessiert.
Die Suspendierung des Gründungsprivilegs nimmt Frank Rexroth
zum Anlass, der Wiener Bürgerschaft eine „grundsätzliche Gegner-
schaft“ gegen die Universität zu unterstellen. Sie habe befürchten
müssen, „durch die Universität die Oberaufsicht über das städtische
Bildungswesen zu verlieren“. Der Tod Rudolfs „erlaubte der civitas, ihre
Ansprüche geltend zu machen und die Stiftung auf das ihr genehme
Maß zu reduzieren.“17 Rexroth stützt seine Argumentation auf die
Tatsache, dass der Herzog der Universität ein eigenes Stadtviertel
widmete und den Studenten und Magistern weitreichende Privilegien
im Bereich der Jurisdiktion erteilte. Die in der Obhut der Bürgerschaft
stehende Schule bei St. Stephan sei somit ins Abseits gedrängt worden.
Die Stadt habe deshalb nur widerwillig eine Unterstützungserklärung
für die Universität abgegeben, da auf diese Weise „eine Stadt in der
Stadt eingepanzt werden sollte“. Noch im selben Jahr, nach dem
Tod Rudolfs, habe die Stadt die Aussetzung des Privilegs für die näch-
sten zwei Jahre durchgesetzt und die Zustimmung der Landesfürsten
Albrecht und Leopold erwirkt. Als weiteren Beleg für seine These, die
Stadt habe „sich ein Mitspracherecht in Hochschulangelegenheiten
angemaßt“, zieht Rexroth die Urkunde über die Verteilung der Ein-
künfte aus der Pfarrei von Laa heran. Die Hälfte dieser Einkünfte sollte
laut einer herzöglichen Verfügung vom 17. Juli 1366 den Professoren
der Universität zustehen und durch die Entscheidung des Rektors, der
Prokuratoren, des Kanzlers, des Landmarschalls und des Bürgermeisters
verteilt werden. Die Mitsprache des Bürgermeisters unterstreiche, dass
15
Edition: Kink (1854) 5-6.
16
Lackner (2002) 125-6.
17
Rexroth (1992) 136-8; Rexroth F., „Städtisches Bürgertum und landesherrliche
Universitätsstiftung in Wien und Freiburg“, Stadt und Universität, ed. H. Duchhardt
(Städteforschung, Reihe A: Darstellungen 33, Köln: 1993) 13-31, hier 31.
302 karl ubl
18
Rexroth (1992) 137.
19
Uiblein P., „Beiträge zur Frühgeschichte der Universität Wien“, Mitteilungen des
Instituts für Österreichische Geschichtsforschung 71 (1963) 284-310, hier 306-7, jetzt in Uiblein
(1999) 15-44.
20
Lhotsky (1965) 36.
21
Schrauf (1905) 974.
22
Chmel J., „Zur Geschichte der Stadt Wien. Wiener Stadtrechnungen u.s.w. von
1368 bis 1403“, Notizenblatt. Beilage zum Archiv für Kunde österreichischer Geschichtsquellen 5
(1855) 325-328; 350-2; 365-76; 391-400, hier 326.
23
Chmel (1855) 370.
24
Brunner O., Die Finanzen der Stadt Wien von den Anfängen bis ins 16. Jahrhundert (Studien
aus dem Archiv der Stadt Wien 1/2, Wien: 1929) 219.
die stellung der stadt wien zur universität 303
gleicht man das Verdienst des Thomas von Kleve mit den Einkünften
anderer Gelehrter dieser Zeit. So zahlte die Stadt im 15. Jahrhundert
nur weniger als die Hälfte an den Rektor der Stephansschule (32 tl.).
Heinrich von Langenstein hingegen, der nicht als Artist, sondern als
Doktor der Theologie und Organisator der Universitätsreform nach
Wien gekommen war, erhielt bei seiner ersten Auszahlung im Jahr 1384
die doppelte Summe (150 tl.). Der weit gereiste Heinrich Totting von
Oyta, lange Zeit die berühmte Koryphäe der Prager Universität und
ebenfalls Doktor der Theologie, bezog bei seinem Umzug nach Wien
80 Pfund Pfennige von Albrecht III.25 Die hohe Besoldung für Thomas
von Kleve war insofern gerechtfertigt, als er kein Unbekannter war.26
Er graduierte im Jahr 1364 in Paris zum Magister artium, lehrte dort
bis 1375 und verfasste mehrere Abhandlungen zur Logik. Sein Kollege
Gerhard Vischbeck aus Osnabrück absolvierte seine Ausbildung in
Prag.27 1370 erreichte er das Magisterium in den Artes und bekleidete
das Amt des Dekans. 1372 wechselte er an die Juristenuniversität in Prag,
wo er das Vizerektorat innehatte. Die Differenz in der Besoldung der
beiden Professoren spiegelt die unterschiedliche Wertschätzung der
Universitäten von Paris und Prag wider.
Der Stadt Wien gebührt also das Verdienst, mit der Berufung zweier
renommierter Lehrer im Jahr 1376 die Universität vor der Bedeu-
tungslosigkeit gerettet zu haben. Ein Jahr danach ist erstmals wieder
der Name eines Rektors überliefert: Johann von Randegg. Er war
es, der eine Matrikel anlegen ließ und so den erfolgreichen Start der
Universität dokumentierte.28 Am Beginn der Matrikel treffen wir die
Namen der von der Stadt nanzierten Professoren wieder. Ab 1377
sind durchgehend Rektoren gewählt und Jahreseinträge über die neu
immatrikulierten Studenten erstellt worden. Die Universität konnte sich
auf niedrigem Niveau konsolidieren.
Diese Tatsache wirft ein anderes Licht auf die Rolle der Stadt unmit-
telbar nach dem Tod Rudolfs IV. Die Mitsprache der Bürgerschaft
sowohl bei der Suspendierung des Gründungsprivilegs als auch bei
25
Vgl. Kreuzer G., Heinrich von Langenstein. Studien zur Biographie und zu den Schismatrak-
taten unter besonderer Berücksichtigung der Epistola pacis und der Epistola concilii pacis (Quellen
und Forschungen aus dem Gebiet der Geschichte NF 6, Paderborn: 1987) 79-93.
26
Uiblein (1963) 309; Concepts: the treatises of Thomas of Cleves and Paul of Gelria: An
edition of the texts with a systematic introduction, ed. E. Bos/St. Read (Philosophes médiévaux
42, Louvain-la-Neuve: 2001).
27
Uiblein (1963) 310.
28
Die Matrikel der Universität Wien, 1: 1377-1450, ed. F. Gall et al. (Publikationen des
Instituts für Österreichische Geschichtsforschung VI/1, Graz/Köln: 1956).
304 karl ubl
der Vergabe der Einkünfte aus der Laaer Pfarre muss jetzt nicht mehr
als Teil einer Strategie gesehen werden, die Universität als autonome
Bildungseinrichtung in jeder Hinsicht zu verhindern. Es scheint vor
allem fraglich, der Bürgerschaft eine so starke Position gegenüber der
Dynastie zuzuschreiben, dass es ihr möglich gewesen wäre, die Verhin-
derung der Universität durchzusetzen. Nach Otto Brunner war man in
Wien „für die Handelsstellung, aber nicht nur für diese, auf die engste
Zusammenarbeit mit dem Stadtherrn angewiesen und konnte sich auf
die Dauer unmöglich selbständig behaupten.“ Brunner folgert daraus,
man könne „von einer eigenständigen Politik Wiens kaum sprechen“.29
Auch Rexroths These eines Kampfes um das ‚Bildungsmonopol’ in Wien
mutet anachronistisch an. Die Stephansschule30 war jedenfalls nicht
ausschließliches Reservat der Bürgerschaft. Zwar erteilte Albrecht I.
1296 der Stadt das Privileg der Ernennung des Schulmeisters, doch in
der Praxis behielt sich der Landesfürst ein Mitspracherecht vor. Bereits
die Berufung Johann Ebernants aus Konstanz (1337) an die Wiener
Stephansschule steht vermutlich in Verbindung mit einer Reise Albrechts
II. in die Vorlande.31 Ebernants Nachfolger, Konrad von Megenberg,
ließ sich 1340 von der englisch-deutschen Nation der Universität Paris
ein Empfehlungsschreiben an den Herzog Albrecht II. und an die Stadt
Wien ausstellen.32 Der Landesfürst als Patronatsherr33 von St. Stephan
griff also durchaus in den Schulbetrieb ein.
Das Verhältnis zwischen dem Landesfürsten und der Stadt manife-
stiert sich deutlich im Stiftsbrief von 1384, der die Reform der Uni-
versität einleitete. Albrecht III. verkündete am Anfang der Urkunde,
29
Brunner O., „Hamburg und Wien. Versuch einer sozialgeschichtlichen Gegen-
überstellung“, Untersuchungen zur gesellschaftlichen Struktur der mittelalterlichen Stadt in Europa
(Vorträge und Forschungen 11, Konstanz: 1966) 277-289, hier 279. Dieser Aufsatz
beruht auf früheren Studien Brunners: „Die Politik der Stadt Wien im späteren Mit-
telalter, 1396-1526“, Historische Studien. Alfred Francis Pribram zum 70. Geburtstag dargebracht
(Wien: 1929) 5-39; Brunner (1929).
30
“Bürgerschule” wurde sie in Quellen des 14. Jahrhunderts niemals genannt. So
durchgehend Rexroth (1992) nach Mayer A., Die Bürgerschule zu St. Stephan in Wien. Eine
historisch-pädagogische Studie (Wien: 1880).
31
Lhotsky A., Geschichte Österreichs seit der Mitte des 13. Jahrhunderts (1281-1358) (Veröf-
fentlichungen der Kommission für Geschichte Österreichs 1, Wien: 1967) 332. Ebernant
diente später als Gesandter Albrechts II. an der Kurie: Uiblein (1963) 295.
32
Auctuarium chartularii universitatis Parisiensis, ed. H. Denie/E. Chatelain (Paris:
1893) 43.
33
Flieder V., Stephansdom und Wiener Bistumsgründung. Eine diözesan- und rechtsgeschichtliche
Untersuchung (Veröffentlichungen des kirchenhistorischen Instituts der katholisch-theolo-
gischen Fakultät der Universität Wien 6, Wien: 1968) 58-70.
die stellung der stadt wien zur universität 305
34
Edition in: Kink (1854) II 49-71, hier 50.
35
Kink (1854) II 65-7.
36
Kink (1854) II 64; zur Anwendung vgl. Kink (1854) I/1 21.
37
Hier ist besonders die geänderte rechtliche Stellung von Rektor und Kanzler zu
erwähnen sowie Bestimmungen zur Rektorwahl und zur Einteilung der Nationen: Kink
(1854) I/1 21; Lackner (1997).
306 karl ubl
mit ihrem Siegel die Zustimmung zum Privileg zu geben, konnte sich
die Stadt einen solchen Affront nicht leisten.38
Die Missachtung der Anliegen der Bürgerschaft machte sich in den
Jahren nach 1384 bemerkbar. 1386 reichten die Bürger bei Albrecht
III. eine Klage gegen bewaffnete und streitsüchtige Studenten ein. Auch
der Herzog war mit der Universität nicht zufrieden, weil sie diesen
Misstand nicht beseitigen würde.39 Die Universität musste sich ihrerseits
gegen Übergriffe der städtischen Verwaltung wehren. 1387 und 1390
drohte sie mit der Suspendierung des Unterrichts, da Mitglieder der
Universität verfolgt, verwundet und vor den städtischen Richter gebracht
worden waren.40 In einer Denkschrift für Albrecht III. vom Jahr 1388
zeigt Heinrich von Langenstein Verständnis für die Bürgerschaft: „Es
ist nicht verwunderlich, wenn einige Konikte ausbrechen, besonders zu
Beginn [der Einrichtung der Universität], da die Bevölkerung an den
Stand und an die Sitten der Studenten noch nicht gewöhnt ist und da
die einfachen Menschen den weltlichen und geistlichen Nutzen einer
wissenschaftlichen Schule so schnell nicht einsehen können.“41 Dennoch
sieht Heinrich die Schuld für die Konikte in erster Linie bei der Bür-
gerschaft: Über die Stadtverwaltung müsse er sich sehr wundern, da
sie den Handel und die Gerichtsbarkeit nicht vernünftig organisieren
könne. Die Wiener Bürger dürften ohne Unterschied Waffen tragen
und ungestraft Fremde mit gotteslästerlichen und schändlichen Worten
belästigen. Es grenze daher an ein Wunder, dass überhaupt noch ein
Student in Wien bleiben wolle. Zur Beseitigung dieser Missstände sei
Albrecht aufgefordert, die Privilegien mit starker Hand durchzusetzen
und der Universität die Mittel in die Hand zu geben, um mit strei-
tsüchtigen Studenten fertig zu werden. Hierzu sei die Besiegelung des
albertinischen Stiftsbriefs durch den Erzbischof von Salzburg und den
Bischof von Passau vonnöten, damit die Gerichtsgewalt des Rektors
voll anerkannt werde. Könne dies nicht erreicht werden, müsse er den
38
Lackner (1997) 118-125. Das an der Urkunde hängende Wiener Stadtsiegel ist
beschrieben in Die Zeit der frühen Habsburger. Dome und Klöster 1279-1379 (Katalog des
Niederösterreichischen Landesmuseums 85, Wien 1979) 375.
39
Nach den Rektoratsakten zitiert bei Uiblein P., „Die österreichischen Landesfür-
sten und die Wiener Universität im Mittelalter“, Mitteilungen des Instituts für Österreichische
Geschichtsforschung 72 (1964) 382-408, hier 390, jetzt in Uiblein (1999) 45-73.
40
Uiblein (1964) 391.
41
Informacio serenissimi principis ducis Alberti de stabiliendo studio Wiennensi, ed. Gustav
Sommerfeldt, „Aus der Zeit der Begründung der Universität Wien“, Mitteilungen des
Instituts für Österreichische Geschichtsforschung 29 (1908) 291-322, hier 307.
die stellung der stadt wien zur universität 307
42
Schrauf (1905) 966.
43
Kink (1854) I/1 25 Anm. 31.
44
Krieger K.-F., Die Habsburger im Mittelalter. Von Rudolf I. bis Friedrich III. (Stuttgart:
1994) 138; Lackner (2002) 339.
COIMBRA ET L’UNIVERSITÉ : COMPLÉMENTARITÉS
ET OPPOSITIONS
1
Pour une synthèse sur l’histoire de l’Université à l’époque médiévale, on lira
l’ouvrage classique de Brandão M. et Almeida M. L., A Universidade de Coimbra. Esboço
da sua História (Coimbra : 1937) la plus récente História da Universidade em Portugal, vol. I,
t. I (1290-1536) (Coimbra : 1997).
2
On trouvera une analyse de l’époque et du gouvernement de D. Dinis dans l’étude
de Coelho M. H. C., “O reino de Portugal ao tempo de D. Dinis, in Imagen de la Reina
Santa. Santa Isabel. Infanta de Aragón y Reyna de Portugal, II, Estudios (Zaragoza : 1999)
50-83.
3
Chartularium Universitatis Portugalensis (1288-1537), documents rassemblés et publiés
par Moreira A. de S., vol. I, (1288-1377) (Lisboa : 1966), doc. 2 (nous citerons désor-
mais ce cartulaire sous le sigle CUP ). Sur le mérite de la publication de ce cartulaire,
on consultera Caeiro F. da G., “Para uma história das instituições universitárias. Uma
contribuição portuguesa fundamental”, in Dispersos, vol. III (Lisboa : 2000), 81-88. Pour
la contextualisation de la charte de D. Dinis, lire Vasconcelos A. de, “Um documento
precioso”, Revista da Universidade de Coimbra (1912) 363-373 et A. Moreira A. de S.,
“Dúvidas e problemas sobre a Universidade Medieval Portuguesa [1]”, Revista da
Faculdade de Letras, III série, nº8 (1964) 5-38.
310 maria helena da cruz coelho
4
Pour la localisation de ces maisons religieuses, voir la carte présentée par Coelho
M. H. da C., dans son étude “As Finanças”, in História da Universidade em Portugal, vol. I,
t. I, 52 et ici reproduite.
5
Caractérisant les universités d’Espagne et de Portugal, Hastings Rashdall souligne
leurs liens avec la Couronne, l’adoption du modèle de Boulogne dans leur organisa-
tion, leur interrelation avec les cathédrales et autres églises, le rôle, dans certains cas,
des villes dans leur surgissement et, enn, leur nancement fait essentiellement sur
des fonds ecclésiastiques (Rashdall H., The Universities of Europe in the Middle Ages, new
edition edited by F. M. Powicke and A. B. Emden, vol. II, Italy, Spain, France, Germany,
Scotland (New York, Oxford University Press : 1997) 64-65).
6
CUP, I, docs 4 et 5. Cette fondation royale fait l’objet de l’étude déjà classique,
publiée en 1912, de Vasconcelos A. R. de, O Diploma dionisiano da fundação primitiva da
Universidade Portuguesa (1 de Março de 1290), reed. (Coimbra : 1990) et reprise, dans cette
décennie, par Costa A. D. de S., “Considerações à volta da fundação da Universidade
Portuguesa no dia 1 de Março de 1290, in Universidade(s), História, Perspectivas. Actas do
Congresso “História da Universidade (No 7º Centenário da sua Fundação)”, vol. 1 (Coimbra :
1991) 71-82.
7
CUP, I, docs 6 et 7.
8
Sur ce thème, consulter Pacheco M. C. M., “Trivium e Quadrivium”, in História
da Universidade em Portugal, vol. I, t. I, 155-177.
9
Hastings Rashdall (1997), vol. II, 109, écrit que l’université portugaise fut celle,
parmi toutes les universités européennes, qui déménagea le plus souvent. Pour la
contextualisation européenne de l’Université portugaise, consulter aussi Serrão J. V.,
História das Universidades (Porto : 1983) 56-64.
10
Dias P., “Espaços escolares”, in História da Universidade em Portugal, 33.
coimbra et l’université : complémentarités et oppositions 311
11
A cette passion des écoliers européens pour la mobilité à travers les diverses uni-
versités se réfère Ridder-Symoens H. de, “A Mobilidade”, in Uma História da Universidade
na Europa, coord. geral de Walter Ruegg, vol. I, As Universidades na Idade Média, coord.
de Hilde de Ridder-Symoens (Lisboa : 1996) 279-281.
12
Pour une mise en contexte de Coimbra durant ces siècles du Moyen Age, on
lira Coelho M. H. da C., “Coimbra Trecentista. A Cidade e o Estudo”, Biblos, LXVIII
(Coimbra : 1982) 335-356 et “Coimbra em Tempos Medievais. (Séculos XIV-XV)”, in
A História tal qual se faz (Lisboa : 2003) 65-78. Nous nous dispenserons désormais de citer
dans cette étude la bibliographie mentionnée plus haut sur le développement de la vie
urbaine de Coimbra. Voire la charte “Coimbra au XIV e siècle” ici reproduite.
312 maria helena da cruz coelho
13
Coelho M. H. da C., “A feira de Coimbra no contexto das feiras medievais por-
tuguesas”, in Ócio e Negócio (Coimbra : 1998) 13-14. Mais déjà en 1273, les autorités de
Coimbra demandaient que le marché ait lieu à l’endroit qu’elles jugeaient le plus com-
mode et dont nous ignorons s’il se trouvait à l’intérieur ou à l’extérieur de l’Almedina.
Voir “art. cit.”, docs 2, de Coimbra, du 25 janvier 1269 et doc. 3, du 7 mai 1273.
coimbra et l’université : complémentarités et oppositions 313
14
Sur l’enseignement avant la fondation de l’université et sur les écoles capitulaires,
lire Caeiro F. da G., “A organização do ensino em Portugal dans la période antérieure
à la fondation de l’Université” et “As escolas capitulares no primeiro século da naciona-
lidade portuguesa”, in Dispersos, vol. II (Lisboa : 2000), respectivement, 9-23, 25-65.
15
Consulter Costa Pe. A. de J. da, A Biblioteca e o Tesouro da Sé de Coimbra nos séculos XI
a XVI (Coimbra : 1983) 3-31. Et, plus généralement, Pereira I. da R., “Escolas e livros
na Idade Média em Portugal”, in Universidade(s). História, Memória, Perspectivas, vol. 1
(Coimbra : 1991) 55-69.
16
Gomes S. A., In limine Conscriptionis, Documentos, chancelaria e cultura no Mosteiro de
Santa Cruz de Coimbra (séc. XII a XIV), vol. I (Coimbra : 2000) (policopié) 243-330.
17
Sur cette thématique, lire Coelho M. H. da C., “Santo António em Santa Cruz
de Coimbra”, in Actas do Congresso Internacional “Pensamentos e Testemunho”. 8º Centenário
do Nascimento de Santo António (Braga : 1996), vol. I, 179-205.
coimbra et l’université : complémentarités et oppositions 315
accru ses privilèges dans une autre charte, égale à celles de Lisbonne
et de Santarém, en 117918. La ville avait deux juges élus et un ofcier
qui veillait sur les affaires économiques, l’almotacé ; le pouvoir central s’y
faisait représenter par l’alcaide, chef militaire, et le mordomo, magistrat
chargé de collecter les impôts royaux.
Avec l’évolution sociale, économique et politique du XIVe s., les
monarques contrôleront désormais le pouvoir municipal par le truche-
ment de corregidors, qui inspectaient les communes de leur domaine de
juridiction (comarca), et de juges nommés par le roi pour les communes.
Sur le plan interne, la complexité de la vie municipale, exigea de plus en
plus d’ofciers spécialisés, tels les vereadores, administrateurs municipaux,
et un nouvel organe, la câmara, conseil municipal, qui se réunissait à
huis clos, et où délibéraient les ofciers du conseil et quelques détenteurs
de pouvoir économique et social. Le gouvernement de la ville devint,
ainsi, au long du XIVe s. et du suivant, un gouvernement aristocratique,
pour ne pas dire oligarchique19.
C’est donc dans cette ville citadelle, dans cette ville commerçante,
religieuse, culturelle et municipale que vint s’installer le Studium entre
1308-1338 et 1354-1377.
Comme l’indique la bulle de Clément V, du 26 février, autorisant
le transfert du Studium à Coimbra avec tous ses privilèges antérieurs,
D. Dinis avait décidé de le déplacer à la suite de “graviam dissentio-
nes et scandala”, survenus à Lisbonne, et parce Coimbra était “locus
magis accomudus et conveniens”20. Coimbra était, assurément, une
ville moyenne et moins peuplée que Lisbonne. Plus intérieure, moins
agitée par les nouveautés ou les inuences extérieures. Elle offrait,
cependant, de bonnes conditions pour accueillir une université. Elle
était naturellement bien située au centre du royaume et bien placée à
un carrefour de voies de communication qui la traversaient longitudi-
nalement comme horizontalement. Sur plan urbanistique, elle disposait
de vastes espaces inoccupés, surtout sur la hauteur. Economiquement,
elle avait les ressources lui permettant de pourvoir aux besoins jour-
naliers des maîtres et des écoliers. Sur le plan religieux et culturel, elle
18
On trouvera l’analyse détaillée de ces chartes de franchise dans l’étude de Coelho
M. H. da C., “A propósito do foral de Coimbra de 1179”, in Homens, Espaços e Poderes.
Séculos XI-XVI, vol. I, Notas do Viver Social (Lisboa : 1990) 105-120.
19
Pour un meilleur encadrement du tableau municipal aux XIV et XVe s., lire Coelho
M. H. da C., et Magalhães J. R., O Poder Concelhio das Origens às Cortes Constituintes. Notas
de História Social (Coimbra : 1986) 9-28.
20
CUP, I, doc. 23.
316 maria helena da cruz coelho
21
Dias (1997) 34-35.
22
Coelho (1982) 346-347.
23
CUP, I, docs 25, 26 et 27 février 1309.
24
Comme le montre Gieysztor A., “Gestão e Recursos”, in Uma História da Univer-
sidade na Europa, vol. I, As Universidades na Idade Média, 135-138, la plupart des édices
universitaires conçus comme tels datent du XVe s., le Studium et les écoliers étant
jusqu’alors logés dans des maisons dispersées, bien que parfois concentrées dans des
quartiers, comme le Quartier latin à Paris.
25
Sur cet aspect on lira Vasconcelos A. de, Estabelecimento primitivo da Universidade
em Coimbra (Coimbra : 1914) ; Dias (1997) 34-35 ; Rossa W., Diversedade. Urbanograa do
espaço de Coimbra até ao estabelecimento denitivo da Universidade (Coimbra ; 2001) (polycopié)
498-512.
coimbra et l’université : complémentarités et oppositions 317
26
Coelho (1997) 42, note 9. Et déjà en 1327, aux limites des maisons se trouvaient
les écoles de Grammaire (CUP. I, doc. 73, du 10 janvier 1327).
27
Université qui voit ses privilèges conrmés encore par D. Dinis (CUP, I, doc. 41, du
25 mai 1312 ; doc. 48, du 27 janvier 1317, conrmant la constitution entre les écoliers
et l’université) puis par les monarques ultérieurs Afonso IV, D. Pedro et D. Fernando
(CUP, I, docs 64, du 22 mai 1325 ; 197, du 6 décembre 1354 ; 207, du 7 septembre
1357 ; 246, du 20 mai 1367 ; doc. 273, du 14 octobre 1370). Et sur les fondations
princières des universités, lireVerger J., Les Universités au Moyen Age (Paris : 1973) 142-147
et “Université et pouvoir politique du Moyen Age à la Renaissance”, in Universidade(s),
História, Memórias, Perspectivas, vol. 5, 11-23.
28
Cette exemption est conrmée par D. Fernando, dans la charte du 13 juillet 1367
(CUP, I, doc. 247).
29
CUP, I, doc. 39, du 25 mai 1312.
30
CUP, I, doc. 40, du 25 mai 1312.
31
CUP, I, doc, 42, du 1er décembre 1312. Curieusement, dès le 10 octobre 1314,
nous trouvons un achat de maison, non par un écolier mais par un professeur de
physique du Studium (CUP, doc. 43). Mais déjà le 15 juillet 1326, un certain D. Pedro
Anes, archidiacre de Cerveira, très probablement un étudiant, achetait des maisons
appartenant à la cathédrale, vendues par le juge de Coimbra (CUP, I, doc. 70).
318 maria helena da cruz coelho
32
CUP, I, doc. 109, du 17 août 1338.
33
CUP, I, doc. 197, du 6 décembre 1354. Ainsi, le 16 avril 1357 (CUP, I, doc. 207)
nous trouvons déjà un bail de maisons consenti à Pero Vasques, maître de logique.
34
CUP, I, doc. 217, du 11 avril 1361.
35
CUP, I, doc. 211, du 19 octobre 1358 ; doc. 233, du 22 février 1365.
36
CUP, I, doc. 272, du 14 octobre 1370.
37
CUP, II, doc. 1, de Coimbra, 3 juillet 1377. De fait, les députés, aux Cortes de Lis-
bonne de 1371, regrettaient déjà que l’Étude manquât de professeurs, ce qui expliquait
que les écoliers se rendissent à l’étranger pour approfondir leurs connaissances, état de
choses auquel D. Fernando s’engage à remédier. (CUP, I, doc. 276, du 8 août 1371).
coimbra et l’université : complémentarités et oppositions 319
38
Une analyse des relations entre les universités et les autorités séculières au Moyen
Age est présentée par Nardi P., “Relações com as Autoridades”, in Uma História da
Universidade na Europa, vol. I, 89-97.
39
Sur ce thème, lire Marques J., “Os corpos académicos e os servidores”, in História
da Universidade . . ., 114-127.
40
CUP, I, doc. 28, du 15 février 1309.
41
CUP, I, doc. 38, du 25 mai 1312.
42
CUP, I, doc. 49, du 29 décembre 1317.
43
Pour une ample mise en contexte des privilèges universitaires et des résistances
bourgeoises qu’ils suscitaient, on consultera, Verger (1973) 53-56.
44
CUP, I, doc. 24, du 27 novembre 1308 ; doc. 29, du 1er juillet 1309 (où il est
résolu que les quatre bouchers pourvoyeurs des écoliers seraient choisis parmi les plus
riches an que le ravitaillement en viande soit le meilleur) ; doc. 36, du 1er décembre
1311, D. Dinis autorise les écoliers à avoir leurs propres contrôleurs (almotacés).
45
CUP, I, doc. 34, du 16 décembre 1310 ; doc. 37, du 1er décembre 1311.
46
CUP, I, doc. 37, du 1er décembre 1311.
320 maria helena da cruz coelho
les obtiendraient à des coûts moins élevés, étant exemptés de taxes. Ils
obtinrent par surcroît que D. Pedro obligeât les vendeurs de denrées
alimentaires à les commercialiser dans l’Almedina, pour la commodité
des étudiants. De la même façon, il leur fallait être pourvus de serviteurs
les libérant des inévitables tâches domestiques47.
Les autorités municipales voyaient d’un mauvais oeil ces prérogatives
et cherchaient à y faire obstacle. Elles leur retiraient leurs fournisseurs
propres48 et leur prenaient les bêtes que les écoliers et leurs hommes uti-
lisaient pour se déplacer ou transporter leurs biens49. Mais D. Fernando
donnait raison aux ofciers municipaux lorsque ceux-ci se plaignaient
que, même en période de vacances, les quelques écoliers qui restaient
à Coimbra avec leurs contrôleurs (almotacés) voulussent continuer à
se tailler la part du lion dans le ravitaillement, faisant tort à tous les
habitants de la ville50.
Encore plus dommageable à la cité que ces privilèges économiques
était la situation d’exception dont jouissaient le Studium et les universi-
taires dans le domaine de la justice.
Depuis sa fondation, le Studium ne relevait pas de la justice séculière
mais se trouvait placé sous la juridiction de l’évêque de Lisbonne. Et de
cette justice ecclésiastique il passa à une juridiction propre exercée par
le conservateur du Studium51. Si cet ofcier à l’origine devait se limiter à
faire respecter les privilèges de l’institution, dès avant 1315 il jugeait les
causes civiles impliquant les écoliers, ofciers et serviteurs de l’Etude,
ou ces derniers et des tiers, suivant les appels, mais seulement en ce qui
relevait des principales questions, jusqu’au roi52. Et des causes civiles on
était passé aux affaires criminelles qu’il jugeait dès 135553.
47
CUP, I, doc. 211, du 19 décembre 1358.
48
CUP, I, doc. 214, du 26 décembre 1360.
49
CUP, I, doc. 248, du 24 juillet 1367 ; doc. 275, du 6 novembre 1370.
50
CUP, I, doc. 283, du 19 décembre 1374. Il était également résolu dans cette charte
que le conservateur ne ferait usage de ses pouvoirs que lorsque les écoliers séjourneraient
à l’université, et non par conséquent en période de vacances.
51
Ainsi, le 3 décembre 1310, D. Dinis nomme deux conservateurs pour le Studium
de Coimbra (CUP, I, doc. 33). Sur cette problématique du tribunal académique, voir
Vasconcelos A. de, Origem e evolução do foro académico privativo da antiga Universidade Portuguesa
(Coimbra : 1917) ; Brandão et Almeida (1937) 71-73 et 92-99.
52
CUP, I, doc. 44, du 18 juillet 1315. Par charte du 6 juin 1327, D. Afonso IV
ordonne que toutes les autorités du royaume exécutent les sentences émises par les
conservateurs de l’Université (CUP, I, doc. 78). Le 13 avril 1365, D. Pedro conrme
le droit des conservateurs à arbitrer les litiges entre les écoliers et d’autres personnes
(CUP, I, doc. 218) et le 12 septembre 1368 (CUP, I, doc. 262), D. Fernando précise
les modalités d’appel.
53
CUP, doc. 199, du 5 janvier 1355, mais ici il y avait déjà seulement un conser-
coimbra et l’université : complémentarités et oppositions 321
vateur. La juridiction lui en fut ensuite retirée par D. Fernando, ce même monarque
qui la lui rendit, le conservateur l’exerçant à nouveau en 1368.
54
CUP, I, doc. 219, du 30 mai 1361.
55
CUP, I, doc. 255, du 14 avril 1358 ; doc. 268, du 12 avril 1369 ; doc. 273, du 14
octobre 1370 ; doc. 274, du 6 novembre 1370.
56
Ainsi, D. Fernando, par charte du 24 juillet 1367 (CUP, I, doc. 249) ordonnait
que le conservateur procédât aux audiences dans le palais du roi, et nulle part ailleurs,
et qu’il ne fît pas payer plus de droits que la commune pour l’administration de la
justice. Cependant, dans un autre document, du 14 avril 1368 (CUP, I, doc. 255), il
décrétait que le juge de Coimbra devait respectait les privilèges de l’université et les
décisions de justice prises par le conservateur, l’alcaide ne devant pas élargir les pri-
sonniers arrêtés par ce dernier.
57
Pour plus de détails sur la biographie de ce personnage, voir Coelho (1982) 348,
351-352.
322 maria helena da cruz coelho
58
Coelho (1982) 352.
59
Chose curieuse, on connaît une bulle, du 25 mars 1375, de Grégoire XI, dans
laquelle le Pape, à la demande du roi D. Fernando, permet que l’abbé d’Alcobaça
envoie quatre de ses moines à l’université an qu’ils apprennent le Droit canon et le
Droit civil (CUP, I, doc. 285).
60
Coelho (1982) 353-354 ; CUP, I, docs. 220, 236, 244 . . .
61
Sur ces écoliers religieux, en particulier les bacheliers de la cathédrale, regroupés
en confrérie, lire Gomes S. A., “A solidariedade ecclesial na promoção de escolares
pobres a estudos universitários. O exemplo coimbrão nos séculos XIV e XV”, in
Universidade(s). História. Memória. Perspectivas, vol. 4, 195-234.
coimbra et l’université : complémentarités et oppositions 323
62
La conrmation de ces données se trouve chez Coelho (1982) 354-356.
63
Coelho (1997) 54-55.
324 maria helena da cruz coelho
Annexe
Carte 2
DISCIPLINES ACADÉMIQUES ET MODERNITÉ DES
SAVOIRS : LE CHOIX D’UNE POLITIQUE CULTURELLE
À FLORENCE (FIN XIVE-MILIEU XVE SIÈCLE)
Patrick Gilli
1
Voir Benjamin G. Kohl, « The changing concept of the Studia humanitatis in the
early Renaissance », Renaissance Studies, 6 (1992) 185-209.
2
Voir à ce sujet, l’ouvrage récent de Jean Boutier, Sandro Landi, Olivier Rouchon éd.,
Florence et la Toscane (XIV e-XIX e siècles). Les dynamiques d’un Etat italien (Rennes : 2004).
328 patrick gilli
3
Jonathan Davies, Florence and its University during the Early Renaissance (Leyde:
1998).
4
Peter Denley, “The Collegiate Movement in Italian Universities in the Late Mid-
dle Ages”, History of Universities, 10 (1991) 29-91, en particulier 45. Pour un examen
général de l’investissement politique des villes italiennes dans les institutions scolaires,
voir P. Denley, “Governments and Schools in Late Medieval Italy”, in Trevor Dean
and Chris Wichkam ed., City and Countryside in Late medieval and Renaissance Italy. Essays
in honor of Philip Jones (Londres: 1990) 93-107.
5
A l’intérieur de Santa Maria del Fiore, coeur de la religion civique orentine, un
authentique patronage public se dégage des monuments équestres in affresco dédiés aux
condottieri, comme John Hawkwood par Paolo Uccello en 1436, Niccolo de Tolentino
par Andrea del Castagno en 1456, ou des portraits des grands hommes de Florence
comme celui de Dante par Domenico di Michelino en 1465 ou ceux de Giotto, Bru-
nelleschi ou Marsile Ficin.
6
Jonathan Davies (1998) 25-40.
disciplines académiques et modernité des savoirs 329
7
Pétrarque, De vera sapientia, dans Id., Opera quae extant omnia (Bâle : 1581) I, 324:
« Venit iuvenis stultus ad templum doctoris insignia recepturus. Praeceptores illum sui
celebrant seu amore seu errore. Tumet ille, vulgus stupet, applaudunt afnes et amici.
Ipse iussus cathedram scandit iam ex alto despiciens et nescio quid confusus murmu-
rans. Tunc maiores certatim ceu divina locutum laudibus ad coelum tollunt. Tinniunt
interim campanae, strepunt tubae, volant anuli, guntur oscula, vertici rotundus ac
magistralis bonnetus apponitur. His percatis descendit sapiens qui stultus ascenderat.
Mira prorsus transformatio nec Ovidio cognita. Sic unt hodie sapientes ». Traduction
in P. Gilli, La noblesse du droit. Débats et controverses sur la culture juridique et le rôle des juristes
dans l’Italie médiévale (Paris : 2003) 175-178.
8
Ibid. : « Sapiens attamen sum ».
330 patrick gilli
9
Francesco Bottin, « La polemica umanistica contro la scolastica : l’origine di un
topos storiograco », in Id., La scienza degli occamisti (Rimini : 1982) 277-31.
10
Sur ce point, voir Ronald G. Witt, In the footsteps of the ancients : the origins of human-
ism from Lovato to Bruni (Leyde : 2000), C. Mésoniat, Poetica theologia. La « Lucula noctis » di
Giovanni Dominici e le dispute letterarie tra ’300 e ’400 (Rome : 1984), Anne Reltgen-Tallon
« L’observance dominicaine et son opposition à l’humanisme : l’exemple de Jean Domi-
nici » dans P. Gilli éd., Humanisme et Eglise en France méridionale et en Italie (XV e siècle-milieu
XVI e siècle) (Rome : 2004) 43-62, et R. Quinto, « Scholastica. Contributo alla storia del
concetto, II, Secoli XIII-XVI », Medioevo. Rivista di storia della losoa medievale, XIX
(1993) 67-165.
disciplines académiques et modernité des savoirs 331
11
Sur toutes ces critiques, voir Patrick Gilli (2003).
12
Cité par Daniela De Rosa, Coluccio Salutati. Il cancelliere e il pensatore politico (Flo-
rence : 1980).
13
Archivio di Stato di Firenze, A. S. F., Missive, reg. 21, f.108-109 : « Non debet tua
dilectio, non debet etiam quicunque civis, voluntati patrie contraire. Quid enim magis
incongruum ? Quid deformius magisque moribus inhonestum quam, cum omnia patrie
debeamus, eius ordinationi resistere ? Nichil enim humanitus contingere solet quod a
patrie reverentia ac reipublice cultu possunt hominem excusare, cum nullus tantus
cogitari valeat labor tantumque periculum quod non sit pro salute patrie subeundum,
cum etiam non licet mortem, que quidem ultimum terribilium est, pro exaltatione
patria, que nos genuit evitare. [. . .] Tecumque recogites quot et quanti tue artis tuique
exercitii professores loco maximi muneris ducerent, si ad legendum in tam celebri
civitate, ne dicamus in patria, vocarentur ». Il faut ajouter qu’Antonio, né à Scarperia,
a obtenu la citoyenneté orentine en 1382 seulement (voir Epistolario di Coluccio Salutati,
F. Novati éd., t. 3 (Rome : 1896) 239).
332 patrick gilli
14
Voir par exemple, Antonio Gherardi, Statuti della Università e Studio orentino dell’anno
MCCCLXXXVII (Florence : 1881) 389 sq., où sont édités les contrats d’embauche de
deux Florentins en 1415. Le devetum (interdiction d’engager des citoyens) n’et pas une
singularité orentine, mais se retrouve dans d’autres cités, comme à Padoue (H. Denie,
« Die Statuten der Juristen-Universität Padua vom Jahr 1331 », Archiv für Literatur und
Kirchengeschichte des Mittelalters, 6 (1892) 112-113).
15
Accurse se désignait en son temps comme Florentinus.
16
La provision évoque l’honneur dû à ceux qui illustrèrent la patrie orentine :
« Quantum honoris et fame perpetuo durature elegantia ac nobilissima opera illorum
qui erunt inferius nominati peperint eorum Patrie Florentine cum debita diligentia
cogitantes » : texte dans Riccardo Fubini, « All’uscita dalla scolastica medievale : Salu-
tati, Bruni e i ‘Dialogi ad Petrum Histrum’ », Archivio Storico Italiano, CL (1992) 1101
(désormais dans Id., L’umanesimo italiano e i suoi storici. Origini rinascimentali-critica moderna
(Milan : 2001) 75-103).
17
Roberto Grandi, I monumenti dei dottori e la scultura a Bologna (1267-1348) (Bologna :
1982).
18
Voir Filippo Villani, De origine civitatis orentie et de eiusdem famosis civibus, Giuliano
Tanturli éd. (Padoue : 1997). L’ouvrage a bénécié d’une double rédaction, l’une vers
1381, l’autre dénitive vers 1396. Il faut évidemment retenir cette deuxième date,
contemporaine de la provision publique et voisine du De nobilitate legum du chancelier,
signe d’une véritable réexion commune engageant l’élite politique des Albizzi qui
contrôlait la cité et l’élite intellectuelle ; à l’articulation des deux, se tenait la gure
centrale du chancelier Salutati. Pour une présentation raisonnée de l’œuvre, Lorenzo
Tanzini, « Le due redazioni del ‘Liber de origine civitatis Florentie et eiusdem famosis
civibus’. Osservazioni sulla recente edizione », Archivio storico italiano, 48 (2000) 141-161.
disciplines académiques et modernité des savoirs 333
lecteur de Dante (il a tenu une lecture sur Dante en 1373, puis en 1404)
faisait un sort particulier à côté des cinq grands poètes orentins (Dante,
Boccace, Pétrarque, Zanobi et Salutati lui-même) aux juristes locaux,
premières gloires à être citées dans l’ouvrage : étaient ainsi étudiés un
certain Cyprianus, les Accurse, père et ls, Dino da Mugello et Giovanni
Andrea. Après les juristes venaient les médecins, puis les musiciens, et
enn, les semipoetae. Il s’agit clairement d’un projet cohérent d’exaltation
patriotique à un moment où la politique extérieure du régime des Albizzi
est menacée par la pression lombarde, et où surtout la politique intérieure
se caractérise par un effort particulièrement sensible de propagande et
de défense du régime19. Dans ce contexte local, la mise en commun des
juristes et des poètes dans un ensemble unique tendu tout entier à montrer
la puissance intellectuelle de la capitale toscane illustre une tentative de
conciliation des disciplines, qui allait à rebours des débats sur les arts et
de l’héritage pétrarquien.
Aussi Salutati écrit-il vers 1400 un ouvrage intitulé De nobilitate legum
et medicinae : première mouture d’une dispute des arts selon la taxinomie
médiévale, le De nobilitate s’écarte de la tradition pétrarquienne en faisant
du droit le maître-étalon de la philosophie morale. On peut véritable-
ment parler d’un coup de force, puisque Pétrarque avait au contraire
dénoncé l’inconséquence philosophique des juristes. Pour Salutati, le
droit repose sur la nature et sur ses principes fondamentaux qui ont été
insérés ab origine dans l’esprit des hommes : c’est ce que l’on appelle une
scientia propter quid, qui part de la cause pour arriver à l’effet ; à l’inverse,
la médecine procède de l’effet vers la cause supposée : c’est une scientia
quia. L’une repose sur des certitudes, l’autre sur des conjectures et des
hypothèses20. C’est un aspect très important de la démonstration qui tend
à réduire la médecine à un empirisme approximatif : qui peut connaître,
par exemple, les propriétés précises des simples sur le malade, quand on
voit bien que, certaines fois, ils sont efcaces, d’autres fois non21. Tout
19
Voir Richard Trexler, Public Life in Renaissance Florence (New York : 1980).
20
Coluccio Salutati, De nobilitate legum et medicinae, Eugenio Garin éd. (Florence : 1946)
84 : « quod medicus ab effectu progrediens in ipsam pervenit rationem, que quidem
sciendi ratio dici solet a logicis scientia quia. Legalis autem scientia, principium habens a
natura et summis illis primis equitatibus, que humanis mentibus inserte sunt, scientia que
dicitur propter quid, de ratione cause graditur in effectum. [. . .] Vestra vero medicina
ex certitudine « quia sic est » coniecturam sumit eius quod dici valeat « propter quid ».
Coniecturam dixi, nam de veritate rationis, licet videatur esse probabilis, difcile potest
per aliquam afrmari (Le médecin parvient à la raison en partant de l’effet, selon un
type de science que les logiciens appellent scientia quia ; la science juridique, au contraire,
se fonde sur la nature et à partir de ces premières règles qui sont inscrites dans l’esprit
des hommes procède des effets vers les causes : c’est une science qui est dite propter quid
[. . .] Ta médecine, inversement, tire de la constatation qu’une chose est l’hypothèse de
la cause du phénomène. Et je dis bien conjecture, car on pourrait difcilement parler
de raison, nonobstant le caractère probable). Les traductions sont miennes.
21
Id., 92 : « Quis novit cur ferrum trahitur a magnete ? Quis vestrum innitas
simplicium virtutes, quibus vestras concitis medicinas, ratione poterit assignare ? ». Il
334 patrick gilli
est intéressant de constater que plus loin dans le traité, analysant « la certitude » de
chacune des disciplines, Salutati évoque des problèmes très bien sentis sur les lacunes
de la connaissance médicale : que connaissez-vous, demande-t-il aux médecins, de
l’innité des nerfs qui parcourt le corps humain et qui comme on aide un vicaire ne
peuvent manquer d’avoir un effet sur lui ? Pouvez-vous sans craindre d’être contredits
assigner une fonction à chacun d’eux ? (Id., 120-122).
22
Id. : « Ego temet et alios medicos obtestor et rogo, respondete michi, precor,
quid sibi vult permixta medicaminum multitudo, nisi quia nescitis quod magis pro-
prie prodesse possit, et quoniam vobis occurrat multa quandoque percere quod in
unius virtute nequeas reperire ? [. . .] Nonne satis patet vos non uti scientia, sed potius
coniectura».
23
Id., 98 : « Scientia vero legalis quoniam humanorum actuum, qui de voluntate et
libertatis arbitrio proscuntur, regulatrix est, et animam que vult, et eius partes, habitus
atque potentias speculatur ; qua quidem speculatio nescio que maior, que iucundior
queve divinior valeat assignari, cum etiam non hec ut huius vel illius hominis, sed
simpliciter ut hominis pertractentur, non respectu cuiusquam singularis hominis, sed
ut cum omnibus hominibus regno, civitate, familia, vel amicis, omnium et denique
mortalium societate, quam adispici possumus, convivere debeamus (La science juridi-
que, en tant que régulatrice des actes humains qui dérivent de la volonté et du libre
arbitre, considère l’âme en tant qu’elle possède la volonté, ses différentes parties, son
fonctionnement, et ses forces. Investigation qui me paraît n’avoir rien de supérieur, ni
rien de plus grand ou de plus divin, elle qui regarde non pas les questions de propriétés
ou de tel individu particulier, mais ce qui nous fait vivre ensemble dans un royaume,
une cité, une famille, entre amis, et nalement dans toute la société des mortels à
laquelle nous devons nous rattacher) ».
24
Id., 50 : « Leges autem ad politicam pertinere, sicut tu ipse fateris, sic nemo
negaverit. Non tamen, sicut tu vis, tamquam inmum aliquid quod politice subiciatur,
sed velut imperans imperato. Politica quidem, hoc est activa vita, regulatur, ut supra
tetegimus, institutione legali, legibusque subicitur veluti regulatum supponitur regulanti
(Les lois relèvent de la politique comme tu l’as reconnu, et je ne le nierai pas. Mais non
pas de la politique comme tu l’entends, comme quelque chose d’inme soumis à la politique ;
tout au contraire comme le rapport de celui qui commande à celui qui est commandé.
La politique, c’est-à-dire la vie active, est régulée, comme je l’ai dit précédemment, par
les lois et est soumise aux lois comme la règle l’est à celui qui dénit la règle) ».
disciplines académiques et modernité des savoirs 335
25
Filippo Villani (1997) 370 : « Referente siquidem eodem Lombardo, de quo supra
habui mentionem, veritatis amico, presens audivi ex ore Petrarce, dum totum efaret
spiritum, aerem tenuissimum exalasse in candidissime nubecule speciem, qui, more
fumi exhusti thuris in altum surgens, usque ad laquearia testudinis morose saliendo se
extulit ibique paululum requievit, tandem paulatim resolutus in aerem limpidissimum
desiit comparere (D’après un certain Lombard, dont j’ai parlé ci-dessus, homme enclin
à la vérité, de la bouche de Pétrarque, alors que son soufe vital le quittait, s’exhalait
quelque chose de très n, une sorte de nuage très blanc, qui à la façon d’une fumée
s’élevant d’une tour, se déplaça en montant minutieusement jusqu’au plafond à caissons,
et là s’arrêta un peu ; ensuite, insensiblement, dissout dans un air très pur, il cessa de
se manifester) ».
26
Archivio di Stato di Firenze, Statuti del comune di Firenze, 23, c.1rb : « Vir prudentissimus
et in iuris civilis scientia peritissimus dominus Johannes de Montegranaro, doctor egre-
gius, quive in omnibus pene Italie civitatibus illustribus non semel tantum, sed pluribus
in diversis temporibus vicibus iuridicendo prefuerat. Eius erant mores virtus et scientia
et bonitas civibus cunctis nota. Sex enim vicibus intra annos triginta cum potestatibus
huius urbis iuridicendo prefuerat atque primum locum tenuerat. Noverat vir hic acris
ingeni mores et leges omnes orentinas, formam etiam qua gubernatur civitas hec et
omnes nostras consuetudines civiumque ingenia egregie tenebat. Et ad orentinam rem
publicam singularem benevolentiam tenebat ». Les statuts de 1409 sont encore inédits,
mais ils ont fait l’objet d’une étude de Lorenzo Tanzini qui a livré quelques unes de
ses conclusions dans une communication au séminaire tenu à Rome le 23 novembre
336 patrick gilli
30
Sur le Dialogue et son auteur, voir Robert Black, « Ancients and Moderns in the
Renaissance : Rhetoric and History in Accolti’Dialogue on the preeminence of men of
his own Time », Journal of the History of Ideas, 43 (1982) 3-32. Mais l’auteur n’accorde
guère de crédit à cet ouvrage, considérant qu’il ne s’agit que d’un morceau de rhétorique
sans enjeu; R. Black réafrme ces idées dans sa biographie d’Accolti : Robert Black,
Benedetto Accolti and the Florentine Renaissance (Cambridge : 1985) 184-223.
31
Voir les remarques de Hans Baron, « The Querelle of the Ancients and the Mod-
erns as a problem for Present Renaissance Scolarship », dans Id., In Search of Florentine
Civic Humanism (Princeton : 1988) II, 94, qui dénit le traité d’Accolti comme « the
most comprehensive glorication of the moderns to appear in Italy before the seven-
teenth-Century ».
338 patrick gilli
32
Leonardo Bruni, Dialogi ad Petrum Paulum Histrum, dans Id., Opera letterarie e politiche,
Paolo Viti éd. (Turin : 1996) 254 : “Neque enim hominibus ingenia desunt, neque
discendi voluntas ; sed sunt, ut opinor, hac perturbatione scientiarum desideratione
librorum omnes viae addiscendi praeclusae, ut etiam si quis existat maxime ingenio
validus maximeque discendi cupidus, tamen, rerum difficultate impeditus, eo quo cupiat
pervenire non possit ».
33
R. Fubini (2001) 122-127.
34
Leonardo Bruni, Epistolae, éd. Luigi Mehus (Florence : 1748) 28 : « atque ut ego
nunc video, et tu clamare plerumque soles, nos et plane hoc tempore homunculi
sumus, quibus etsi magnitudo animi non deesset, materiam certe deest ad nominis
atque gloriae amplicationem [. . .] Neque enim hominibus ingenia desunt, neque
discendi voluntas ; sed sunt, ut opinor, hac perturbatione scientiarum desideratione
librorum omnes viae addiscendi praeclusae, ut etiam si quis existat maxime ingenio
validus maximeque discendi cupidus, tamen, rerum difcultate impeditus, eo quo cupiat
pervenire non possit »
35
A titre d’exemple, citons le passage suivant : Benedetto Accolti, Dialogus de praes-
tancia virorum sua aetate, Benedetto Bacchini éd. (Parme : 1689) réédition anastatique
dans La storiograa umanistica, II (Messine : 1992) 102-128, ici 123 : « Si ergo vera fateri
volumus, non minor hoc tempore, aut satis ante Philosophorum numerus fuit, quam
in veteribus fuit seculis ; et quantum ad Medicinam attinet, longe illa uberius a nostris,
quam ab antiquis demonstrata est, pluresque de hac ipsa re a nostris libri, quam a
veteribus illis scripti reperiuntur. Nec in sacra Theologiae sapientia primis Ecclesiae
doctoribus moderniores, quorum aliquos supra reindigent, protinus cedunt. Siquidem
in his disserendis quaestionibus, quae demonstratione indigent, perfectius et acutius hi
postremi, quam illi veteres veritatem ipsam aperuere, Augustino excepto, qui divino
quodam ingenio superavit omnes. Morales vero seu mysticos scripturarum sensus, et
admirabilem earum qualibet in re copiam longe illi melius tradiderunt. Neque haec
disciplines académiques et modernité des savoirs 339
ego auderem dicere, nisi idem esse doctissimorum in his artibus iudicium comperissem,
quibus pro summa, quae illis inest, eruditione dem adhibendam censeo ». Faire l’éloge
des quaestiones, technique typique de l’argumentation universitaire, n’était-ce pas revenir
sur toutes les polémiques depuis Pétrarque contre la scolastique, dans un esprit certes
de conciliation, mais qui revenait à faire litière des efforts pour fonder un nouveau
paradigme culturel tel que l’espéraient les défenseurs des studia humanitatis ?
36
Ibid. : « neque etiam si iurisconsultos veteres cum novissimis compares, illis videli-
cet, qui super Digestis et Codicis commentarios scripserunt, scientia, ingenii acumine,
diligenti casuum discussione, nulla ex parte hi primis inferiores cuiquam videbuntur,
qui, dici vix potest, quam miro ordine, quibus argumentis, quam subtili investigatione,
ut Poetae verbis utar, legum nodos et aenigmata dissolverunt, casusque a legibus ipsis
indecisos demonstratione optima deciserunt. Quo magis admirari soleo, quosdam
iuris ignaros iuris arrogantia, quadam inani litterarum peritiae seu rhetoricae artis,
cuius eruditi videri volunt, illorum scriptis detrahere, velut si non insignes fuissent
viri, sed indocti penitus et rudes. Quibus ego assentirer, si dumtaxat eiusmodi libros
absque ornatu eloquentiae scriptos arguerent, nec propterea consequens est, ut in iure
interpretando declarandoque non summi et peritissimi fuerunt, cuius cum ignari ipsi
sint, modestius agerent, si doctorum in ea re, non suum iudicium sequerentur. Igitur
fateri aequum est, priores quidem iurisconsultos elegantia, eloquio, literarum peritia
nostros anteisse : scientia vero et ingenii acumine recentiorum libros magis refertos
esse, magisque ubique terrarum facultatem hanc aetate nostra, quam vigente Romano
imperio oruisse ».
37
Ibid., 124 : « Itaque feliciora haec secula putanda sunt, in quibus remotis prorsus
vanis Deorum sacris, Christi sancta et vere beata religio supervenit, qua cum honeste
praesens agitur vita, et ea exacta innocentes viri divinitatis participes efciuntur, et in
qua nil unquam reprehensione dignum repertum est ».
38
Voir, à ce propos, les lumineuses analyses de Riccardo Fubini, « Leonardo Bruni
e la discussa recezione dell’opera : Giannozzo Manetti e il Dialogus di Benedetto
340 patrick gilli
Accolti », dans Id., L’umanesimo italiano e i suoi storici. Origini rinascimentali-critica moderna,
Milan, 2001, 104-130, spécialement 122-127.
39
Riccardo Fubini, (2001) 128 sq., et Patrick Gilli, « Les formes de l’anticléricalisme
humaniste : anti-monachisme, anti-ponticalisme ou anti-christianisme ? », dans Patrick
Gilli éd. (2004) 63-95.
NICHTJURISTISCHE KARRIEREN
VON UNIVERSITÄTSBESUCHERN
Jürgen Miethke
Der Streit der Fakultäten ist alt. Bereits vor der endgültigen Entstehung
der Universitäten, schon im 12. Jahrhundert wurden darauf Verse
geschmiedet, wie Stephan Kuttner eindrücklich gezeigt hat:1
Dat Galienus opes et sanctio Iustiniana
Ex aliis paleas, ex istis collige grana
[ Was sich etwa verdeutschen läßt mit:
Reichtum bringt dir Galen und die Justinianische Weisung,
von anderen nimm nur Stroh, von diesen Korn dir zur Speisung].
Futterneid also ist ein starkes Motiv gewesen, das zeigt allein die
benutzte Metaphorik. Die Unterscheidung zwischen den Wissenschaf-
ten geschieht allein nach dem Gesichtspunkt, was sie ihrem Träger am
Ende wirtschaftlich einbringen. Und das geschieht nicht etwa nur in
der Frühzeit der europäischen Universität. Als scientia lucrativa blieb –
zumindest in der Sicht der anderen, der ihrer Meinung nach zu kurz
Gekommenen – die Jurisprudenz auch noch am Ende des Mittelalters
beneidet, wie es Pierre d’Ailly noch im 15. Jahrhundert auf dem Kon-
stanzer Konzil erklärt hat, wenn er über den “Mißbrauch der Römischen
Kurie” klagt, “die die Theologen verachtet und bei jedem kirchlichen Rang die
Studenten der lukrativen Wissenschaften vorgezogen hat.”2 Und, seien wir uns
1
Stephan Kuttner, “Dat Galienus opes et sanctio Iustiniana”, in: Literary and Linguistic
Studies in Honor of Helmut A. Hatzfeld, ed. A. S. Chrysafulli, Washington, DC 1964,
S. 237-246, jetzt in: Kuttner, The History of Ideas and Doctrines of Canon Law in
the Middle Ages (Collected Studies Series, CS 113), London 21992, nr. x.
2
[. . . cum . . .] ipsa quoque theologia in statu secularium paucos habeat sectatores propter abusum
Romane curie, que theologos contempsit et in omni ecclesiastico gradu lucrativarum scienciarum studiosos
preposuit . . .: De reformacione ecclesie, cap. 4, hier zitiert nach: Quellen zur Kirchenre-
form im Zeitalter der großen Konzilien des 15. Jahrhunderts, Band I.: Die Konzilien
von Pisa (1409) und Konstanz (1414-1418), edd. Jürgen Miethke, Lorenz Weinrich
(Freiherr vom Stein-Gedächtnisausgabe, A. 38a), Darmstadt 1995, S. 338-377, hier S. 364;
zu den Einleitungsfragen vgl. ebendort, S. 35-39; zum biographischen Rahmen vor
allem Bernard Guenée, Entre l’Église et l’État. Quatre vies de prélats français à la n
du moyen âge, XIIIe-XVe siècle (Bibliothèque des histoires), Paris 1987, 270ff.
342 jürgen miethke
darüber klar, eigentlich sind diese Wissenschaften bis heute Ziel der
Kritik durch die ärmeren Konkurrenten aus der Philosophischen Fakul-
tät geblieben, auch wenn wir heute unsere Metaphern vielleicht nicht
mehr ganz so eng an Bauernhof und Scheune gebunden haben. Das
Einklagen gerechter, d.h. gleicher Chancen ist ein unendliches Spiel, an
dem sich jedermann gerne aus seiner spezischen Sicht beteiligt!
Aber was hat dieser Streit zwischen den verschiedenen Disziplinen
und Fakultäten mit den Städten zu tun? Was hat eine Überlegung zu
den nichtjuristischen Karrieren von Universitätsbesuchern auf unserem
Colloquium zu suchen, das sich mit “Universitäten und den städtischen
Institutionen in Mittelalter und Renaissance” beschäftigen soll.3 Ich
möchte mit meinem kurzen Beitrag daran erinnern, daß die Städte
als bedeutsames Auffangbecken und bevorzugter Aufnahmeplatz für
Universitätsbesucher nach ihrem Studium waren und daß sie in dieser
Rolle zunehmend in den Quellen hervortreten, auch wo die Univer-
sitätsbesucher nicht den Königsweg der “lukrativen Wissenschaften”
gewählt hatten.
Der Blick auf die Rezeption universitärer Bildung in der Gesellschaft
des späteren Mittelalters hat sich erst in der zweiten Hälfte des ver-
gangenen Jahrhunderts wirklich allgemein durchgesetzt. Zuvor stand
die Geschichte der universitären Institutionen und der Lehrinhalte der
scholastischen Wissenschaften ganz im Vordergrund des Forschungs-
interesses. Heute aber fragen die Historiker in breiter Front eher nach
den Bedingungen eines Universitätsstudiums, den Kosten und Förde-
rungsmöglichkeiten, dem Nutzen und Nachteil eines Abschlusses oder
gar einer Graduierung, den Motiven wie den Erfolgen von Universi-
tätsbesuchern. Damit wurde die mittelalterliche Universität gewisser-
maßen wieder vom Kopf auf die Füße gestellt. Hatte noch Herbert
Grundmann in den 50er Jahren das Hauptmotiv für die Entstehung
der europäischen Universität im amor sciendi gesucht und gefunden,4 so
3
Eine Bibliographie zum Thema Stadt und Universität würde leicht ausufern. Ich
erlaube mir, auf einen eigenen Beitrag hinzuweisen, der wohl erst 2008 im Heidel-
berger Parallell-Unternehmen im Rahmen des EUxIN-Programms erscheinen wird:
Stadt und Universität im Spätmittelalter, in: Die Stadt in der europäischen Geschichte,
hrsg. von Heinz-Dieter Löwe.
4
Grundmann, Herbert: Vom Ursprung der Universität im Mittelalter, SB Akad.
Leipzig 103,2, Berlin 1957 [ Neudruck Darmstadt 19602 mit Nachtrag], jetzt in Grund-
mann: Ausgewählte Aufsätze, Bd. III: Bildung und Sprache (MGH Schriften, 25/3),
Stuttgart 1978, 292-342.
nichtjuristische karrieren von universitätsbesuchern 343
machte ein Jahrzehnt später etwa Peter Classen klar,5 daß es der gesell-
schaftliche Bedarf war, der Erwartungsdruck und die Leistungsbeweise
der Universitätsabgänger, die die Erfolgsgeschichte der Hohen Schulen
im Spätmittelalter begründet haben. Heute versucht die Forschung,
die Universität nicht von ihrer gesellschaftlichen Umwelt zu isolieren,
vielmehr soll immer wieder die Paßgenauigkeit ihres Angebots an die
Gesellschaft ermittelt werden und aus den Reibungen sollen sich auch
Motive und Richtung von Wandlungsprozessen erklären lassen.
Die mittelalterliche Universität als Teil der sie umgebenden und
sie durchdringenden Gesellschaft! Sie spiegelt, wie Peter Moraw und
seine Schüler in Deutschland unermüdlich unterstrichen haben,6 auch
in ihrem Leben, in den Beziehungen ihrer Mitglieder untereinan-
der, in ihrem Auftreten nach außen die Prinzipien der allgemeinen
gesellschaftlichen Gliederung. So entspricht der Umgang miteinander
auch in der Universität exakt dem, was damals üblich war. Man darf
dabei freilich nicht vergessen, daß dieses Bild nicht vollständig ist. Die
Universität war gewiß auch als Personengruppe Teil und somit auch
Abbild der sie umgebenden Gesellschaftsstrukturen. Sie konnte das
jedoch nicht als rein passiver Spiegel sein, sie mußte sich nach diesen
Mustern aktiv richten und dieses ihr Verhalten auch in ein Verhältnis
zu ihren eigentlichen Aufgaben setzen. Ihre Aufgabe, um deretwillen
sie überhaupt existierte, war es aber nicht, die Gesellschaftsordnung
einer hocharistokratischen Verfassung zu spiegeln, ihre Aufgabe bestand
vielmehr darin, wissenschaftliches Denken zu lehren, die autoritativen
Texte ihrer Disziplinen durch Auslegung und Anwendung auf die zeit-
lich von den Texten doch weit entfernten Umstände ihrer Gegenwart
anwendbar zu machen. Sie sollte lehren, Probleme unter der Anleitung
der in diesen autoritativen Texten entwickelten Gesichtspunkte und
unter Berücksichtigung der Interessen, die sich in ihrer Lebenswelt
vorfanden, in zunächst leichter überschaubaren Teilschritten anzugehen
5
Peter Classen, Die hohen Schulen und die Gesellschaft im 12. Jahrhundert, in:
Archiv für Kulturgeschichte 48 (1966) S. 155-180; jetzt in: Classen, Studium und
Gesellschaft im Mittelalter, hrsg. v. Johannes Fried (Monumenta Germaniae Historica
[MGH ] Schriften, 29), Stuttgart 1983, S. 1-26.
6
Vgl. besonders Peter Moraw, Zur Sozialgeschichte der deutschen Universität im
späten Mittelalter, in: Gießener Universitätsblätter 8/2 (1975) S. 44-60; vgl. unter
vielen anederen auch den Sammelband: Gelehrte im Reich, Zur Sozial- und Wirkungs-
geschichte akademischer Eliten des 14. bis 16. Jahrhunderts, hg. Rainer Christoph
Schwinges [gewidmet Peter Moraw und Klaus Wriedt zum 60. Geburtstag 1995]
(Zeitschrift für Historische Forschung, Beiheft 18), Berlin 1996.
344 jürgen miethke
und einer Lösung zuzuführen, das Für und Wider sorgfältig einander
gegenüber zu stellen, um erst dann am Ende ein Fazit zu ziehen. Wenn
diese Beschreibung der Aufgabenstellung scholastischer Wissenschaft
einigermaßen richtig ist, dann läßt sich der gewaltige Erfolg der Uni-
versitäten leichter verstehen. Und zugleich werden auch die großen
Hoffnungen verständlich, die die mittelalterlichen Universitätsgründer
in aller Regel mit ihrer Initiative verbunden sahen: wir können uns
das klar machen, wenn wir die Gründungsprivilegien auf die Erwar-
tungen hin lesen, die hier optimistisch mit der zukünftigen Hochschule
verbunden werden.
Um ein mir naheliegendes Beispiel zu gebrauchen: Als 1385 der
römische Schismapapst Urban VI. dem Pfalzgrafen bei Rhein Rup-
recht I. ein Universitätsgründungsprivileg erteilte, sollte nicht nur die
kleine Region der Pfalz durch die neue Einrichtung einer Hochschule
lebendiges Wasser schöpfen können, sondern auch alle Nachbarregio-
nen sollten an diesem Vorteil partizipieren, die Menschen allgemein,
nicht nur die wenigen Heidelberger Bürger und der pfälzische Hof
sollten den Gewinn davon haben, daß die damals noch sehr beschei-
dene Stadt Heidelberg, ein Ort von vielleicht 4000 Einwohnern, “mit
den Gaben der Wissenschaft derart geziert werde, daß sie Menschen hervorbringe,
die von reiichem Rat ansehnlich, mit allem Tugendschmuck bekränzt und in den
Lehren der verschiedenen Disziplinen erzogen sind, so daß dort ein lebendiger Quell
der Wissenschaften sprudele, von dessen Fülle alle schöpfen können, die sich von
den Texten der Bildung durchtränken lassen wollen.”7 Das alles wird nicht etwa
in einer Gefühlsaufwallung überschwenglich formuliert, sondern trifft
so deutlich die allgemeinen Erwartungen, daß diese Formulierungen
bald in das Formular päpstlicher Gründungsprivilegien übergehen und
7
Cum . . . ipse dux non solum ad utilitatem et prosperitatem huiusmodi rei publice ac incolarum
terrarum sibi subiectarum, sed etiam aliarum partium vicinarum laudabiliter intendens in villa sua
Heydelberg . . . desideret plurimum eri et ordinari per sedem apostolicam studium generale in qualibet
licita facultate . . ., ut ibidem des ipsa dilatetur, erudiantur simplices, equitas servetur iudicii, vigeat
ratio, illuminentur mentes et intellectus hominum illustrentur, nos premissa . . . attente considerantes ferventi
desiderio ducimur, quod villa predicta scientiarum ornetur muneribus, ita ut viros producat consilii
maturitate conspicuos, virtutum redimitos ornatibus ac diversarum facultatum dogmatibus eruditos,
sitque ibi scientiarum fons iriguus, de cuius plenitudine hauriant universi litterarum cupientes imbui
documentis. (Gründungsprivileg Papst Urbans VI., hier zitiert nach Miethke, Heidelberg
1385/86, in: Charters of Foundation and Early Documents of the Universities of the
COIMBRA-Group, edd. Jos. M. M. Hermans, Marc Nelissen, Groningen 1994, S. 100a).
Zu den Erwartungen, die sich aus den Gründungsprivilegien ablesen lassen etwa
J. Miethke, Die mittelalterliche Universität und die Gesellschaft, in: Erfurt, Geschichte
und Gegenwart, hrsg. von Ulman Weiss (Schriften des Vereins für die Geschichte und
Altertumskunde von Erfurt, 2), Weimar 1995, S. 169-188.
nichtjuristische karrieren von universitätsbesuchern 345
8
Johannes von Salisbury, Metalogicon, I.5, ed. J. B. Hall, auxiliata K. S. B. Keats-
Rohan (CCCM 98), Turnhout 1991, S. 20: Solebat magister Gillebertus, tunc quidem can-
cellarius Carnotensis et postmodum venerabilis episcopus Pictavorum, temporis eius nescio ridens aut
dolens insaniam, cum eos videbat ad studia quae praedicta sunt evolare, eis artem pistoriam polliceri,
quoniam illa est ut aiebat in gente sua quae sola excipere consuevit omnes aliis opibus aut articio
destitutos. Ars enim haec facillime exercetur et subsidiaria est aliarum, praesertim apud eos qui panem
potius quam articium quaerunt. Darauf hat bereits Peter Classen hingewiesen, Studium
und Gesellschaft (1983), S. 7.
346 jürgen miethke
9
In Frankreich forderte bereits im Jahre 1236 eine Synode in Tours von einem
Ofzial ein fünfjähriges juristisches Studium (demnach noch keine juristische Graduie-
rung!), setzt aber damals schon realistisch als Mindestqualikation fest: vel per causarum
exercitium iudicandi ofcio sint merito approbati, vgl. Jean Hardouin, Acta conciliorum et
epistolae decretales ac constitutiones summorum ponticum, Bd. 7 (1714), col. 263E.
Noch 1422 (also fast zwei Jahrhunderte später) verpichteten dann in Deutschland
Würzburger Statuten die Ofziale zumindest, in bedeutenden und schwierigen Fällen
qualiziertere Fachleute (iurisperiti ) herbeizuziehen und um Rat zu fragen: Johann von
Brunn, Ecclesiastica statuta (1422), gedruckt in: Josef Maria Schneidt, Thesaurus iuris
Franconici, Bd. 2 (Würzburg 1787) S. 287: Kirchliche Richter sollten in iure peritos et
expertos, noticiam causarum habentes, sein, vel saltem duo vel plures ex iudicibus ipsis talem peritum
habeant in iure ofcialem, si commode possint; si autem bono modo tales ofciales ut premittitur in iure
peritos habere non possint [!], tunc habeant ofciales idoneos saltem aliqualiter intelligentes et expertos,
qui de consilio iuris peritorum sententias tam difnitivas quam interlocutorias ferant, praesertim in
causis matrimonialibus, in quibus aliquod dubium fuerit et aliis gravibus et arduis causis ac negotiis
in ipsorum iudiciis pro tempore agitandis.
nichtjuristische karrieren von universitätsbesuchern 347
zwei Jahren reichte jedoch in keinem Falle für ein ernsthaftes Studium
in irgend einer Disziplin, so kann diese Frist nur als Versuch gewertet
werden, den Stiftskanonikern eine üchtige Kenntnis und Achtung
für die Wissenschaften zu vermitteln. Deshalb konnten die Kanoni-
ker mit dieser Zeit auch beides tun, entweder mochte das biennium
nur den Anfang eines längeren Studiums, bisweilen sogar mit einem
Promotionsabschluß, bilden, oder aber diese Zeit verschwamm bis zur
Ununterscheidbarkeit mit Badereisen oder einer bloßen Teilnahme am
studentischen Leben in der Universitätsstadt. So ließ sich, um nur ein
besonders krasses Beispiel zu nennen, Antonius Zachariae, Kanonikus
des Domkapitels in Tournai, von 1330 bis 1338 nicht weniger als
zwanzigmal die Erlaubnis zu einer Pilgerreise geben, zehnmal davon
in Verbindung mit einer licentia eundi ad scolas, dreimal darüberhinaus
mit der Maßgabe, sich causa sanitatis recuperandae an einen Kurort seiner
Wahl begeben zu dürfen.10
Die sozialgeschichtlichen Forschungen der letzten Jahrzehnte haben
es immer wieder deutlich gemacht, daß die Universität keineswegs
automatisch als alleinige Qualikationsinstanz karrierefördernd wirken
konnte. Die alten Mechanismen sozialen Aufstiegs galten noch bis tief
in die Neuzeit hinein in voller Stärke weiter. Das Ansehen, das vor-
nehme Herkunft, hochadlige Verwandtschaft, überhaupt die ständische
Zugehörigkeit verleihen konnten, war ebenso ungebrochen wirksam
wie Protektion durch hochgestellte Gönner, Verbindungen zu reichen
Patronen, Konnexionen mit wichtigen Zentren oder langjährig gut
gepegten Netzwerken von Freunden und Helfern. Eine universitäre
Qualikation konnte das alles nicht ersetzen, wenn vielleicht auch ein
Netz von persönlichen Beziehungen auf der Schulbank geknüpft werden
mochte, das einer späteren Karriere förderlich war. Wissenschaftliche
Qualikation trat aber, und das wird heute zu Unrecht weniger betont,
durchaus als zunächst neuartige Zusatzqualikation auf. Daß sich im
Spätmittelalter die Zahl der Graduierungen nicht nur nach den abso-
luten Zahlen steigerte, sondern daß sich auch der prozentuale Anteil
von formell Qualizierten an bestimmten Stellen des sozialen Systems
beständig erhöhte, ist bezeichnend genug: bei den Graduierungen der
Artistenfakultät, dem untersten Rang eines Bakkalarius der Artes, steigert
10
Jacques Pycke, Les chanoines de Tournai aux études, 1330-1338, in: The Uni-
versities in the Late Middle Ages, edd. Jacques Paquet et Jozef Ijsewijn (Mediaevalia
Lovaniensia, I.6), Löwen 1978, S. 598-613, hier S. 613.
348 jürgen miethke
sich etwa der Anteil derer, die sie überhaupt erreichten, an der Gesamt-
zahl der Studierenden von anfänglich ca. 20% auf über 50%.11
So wird auch verständlich, daß sich jetzt zunehmend die Besitzer der
“alten” Qualikationen auch noch zusätzlich um den Erwerb dieser
neuen Qualikation bemühen. Gewiß taten das keineswegs alle, aber
doch ausreichend viele, die dann an und in der Universität vielleicht
auch noch mit Selbstverständlichkeit ein “Adelsrektorat” übernahmen
(d.h. ohne eigene wissenschaftliche Graduierung die repräsentative
Leitung der die Universität tragenden Personengemeinschaft). Die
aus dem Adel stammenden Studenten beanspruchten aber jedenfalls
überall die vorderen Bankreihen in den Hörsälen, die besseren Positio-
nen bei demonstrativen Prozessionen durch die Universitätsstadt, die
aussichtsreicheren Plätze auch auf den Rotuli, jenen langen Listen von
Pfründbewerbern, die an der Kurie um eine päpstliche Provision mit
einer ausreichenden Pfründe supplizierten.12 Gleichwohl beweist all dies,
so meine ich, die Attraktion, die gelehrte Qualikation zusätzlich für
den Lebenserfolg der Universitätsabgänger erbringen konnte.
Die Rolle des Studiums als Zusatzqualikation bedeutete jedoch
zugleich, daß die mitgebrachte soziale Umwelt häug eine bleibende
Rolle für den künftigen Lebensweg der Universitätsbesucher spielte. Ein
radikaler Wechsel des Milieus durch sozialen Aufstieg ist zwar nicht ausge-
schlossen, wie berühmte Beispiele zeigen. Solcher Aufstieg ist aber stets –
auch und gerade im Mittelalter – eher die Ausnahme als die Regel.
Sozialer Aufstieg ndet höchst selten und nur in Aufsehen erregenden
Ausnahmefällen dramatisch und von ganz unten nach ganz oben statt,
viel häuger und für den Zustand der Gesellschaft viel bezeichnender
bleibt die Möglichkeit einer allmählichen, manchmal über mehrere
Generationen hinweg vollzogenen Verbesserung des sozialen Status.
Solch langsamen Aufstieg müssen wir auch bei den mittelalterlichen
Universitätsbesuchern in Rechnung stellen. Er läßt sich im allgemeinen
11
Vgl. etwa Klaus Wriedt, University Scholars in German Cities during the Late
Middle Ages, Employment, Recruitment, and Support, in: Universities and Schooling
in Medieval Society, hrsg. von William J. Courtenay, Jürgen Miethke (Education and
Society in the Middle Ages and Renaissance, 10), Leiden-Köln 2000, S. 49-64.
12
Zu den Rotuli vgl. zuletzt knapp und präzise die Einleitung zu William J. Courtenay,
“Rotuli Parisienses”, Supplications to the Pope from the University of Paris, vol. I:
1316-1349 (Education and Society in the Middle Ages and the Renaissance, 14),
Leiden-Boston 2002. [ Vol. II (edd. by W. J. Courtenay and Eric D. Goddard): 1352-1378
(Education and Society . . ., 15), Leiden-Boston 2004, kann sich auf diese Ausführungen
im I. Band beziehen].
nichtjuristische karrieren von universitätsbesuchern 349
13
Eine zusammenfassende generelle statistische Auswertung deutscher Matrikelli-
sten liegt vor bei Rainer C. Schwinges, Deutsche Universitätsbesucher im 14. und 15.
Jahrhundert, Studien zur Sozialgeschichte des Alten Reiches (Veröff. des Instituts für
Europäische Geschichte Mainz, 123), Stuttgart 1986. Ein jüngstes Beispiel an einem
Ausschnitt liefert Robert Gramsch, Erfurter Juristen im Spätmittelalter, Die Karrieremu-
ster und Tätigkeitsfelder einer gelehrten Elite des 14. und 15. Jahrhunderts (Education
and Society in the Middle Ages and the Renaissance, 17), Leiden-Boston 2003.
350 jürgen miethke
14
Zusammenfassend vor allem Klaus Wriedt, Studium und Tätigkeitsfelder der
Artisten im späten Mittelalter, in: Artisten und Philosophen, Wissenschafts- und Wir-
kungsgeschichte einer Fakultät vom 13. bis zum 19. Jahrhundert, hrsg. von Rainer
Christoph Schwinges, Redaktion Barbara Studer (Veröffentlichungen der Gesellschaft für
Universitäts- und Wissenschaftsgeschichte, 1), Basel 2000, S. 9-24; vgl. auch K. Wriedt,
Gelehrte in Gesellschaft, Kirche und Verwaltung norddeutscher Städte, in: Gelehrte
im Reich (1996) S. 437-452.
15
Dazu etwa Christian Hesse, Artisten im Stift, Die Chancen, in schweizerischen
Stiften des Spätmittelalters eine Pfründe zu erhalten, in: Gelehrte im Reich (1996),
S. 85-112; Urs Martin Zahnd, Studium und Kanzlei, Der Bildungsweg von Stadt- und
Ratsschreibern in eidgenössischen Städten des ausgehenden Mittelalters, in: Gelehrte
im Reich (1996) S. 453-476.
16
Dazu etwa Helmut G. Walther, Italienisches gelehrtes Recht im Nürnberg des
15. Jahrhunderts, in: Recht und Verfassung im Übergang vom Mittelalter zur Neu-
nichtjuristische karrieren von universitätsbesuchern 351
zeit, I. Teil: Bericht über Kolloquien der Kommission zur Erforschung der Kultur des
Spätmittelalters, 1994 bis 1995, hrsg. von Hartmut Boockmann, Ludger Grenzmann,
Bernd Moeller, Martin Staehelin (Abhandlungen der Akademie der Wissenschaften zu
Göttingen, Philologisch-historische Klasse, III.228), Göttingen 2001, S. 215-229 [ jetzt
in: Walther, Von der Veränderbarkeit der Welt, Ausgewählte Aufsätze, Ferstgabe zu
seinem 60. Geburtstag; hrsg. von Stephan Freund, Klaus Krüger, Matthias Werner,
Frankfurt/Main, Berlin (usw.) 2004, S. 221-238]; Eberhard Isenmann, Recht, Verfas-
sung und Politik in Rechtsgutachten spätmittelalterlicher deutscher und italienischer
Juristen, vornehmlich des 15. Jahrhunderts, in: Recht und Verfassung im Übergang
vom Mittelalter zur Neuzeit, II. Teil: Bericht über Kolloquien der Kommission zur
Erforschung der Kultur des Spätmittelalters, 1996 bis 1997, hrsg. von Hartmut Boock-
mann (†), Ludger Grenzmann, Bernd Moeller, Martin Staehelin (Abhandlungen der
Akademie der Wissenschaften zu Göttingen, Philologisch-historische Klasse, III.239),
Göttingen 2001, S. 47-245.
17
Marsilius von Padua, Defensor pacis, II.24.5-7, ed. Richard Scholz (MGH Fontes
iuris germ. ant., 7) Hannover 1932/1933, S. 454f: Quis enim non admirabitur aut stupebit,
divinarum scripturarum ignaros iuniores, morum convenienti gravitate carentes, inexpertos, indiscipli-
natos et quandoque notorie criminosos ad maiores ecclesie thronos esse perfectos simoniaca pravitate
vel prece potentum, non dico quandoque terrore, obsequio vel sanguinis afnitate, repulsis aut neglectis
scripture sacre doctoribus, viris honestate probatis? Fictane loquor aut falsa? Ab numeranti quippe
provinciarum episcopos aut archiepiscopos, patriarchas et reliquos inferiores prelatos, sacre theologie
doctor aut in ipsa sufcienter instructus non reperietur unus ex decem. Et quod referre pudet, quamvis
non pigeat, quia verum, episcopi modernorum neque predicare populo verbum Dei, nec hereticorum, si
qui apparuerint, noverunt erroris adversari doctrinis, sed in predictis eventibus imprudenter mendicant
aliorum doctrinas. . . .
18
In Yconomica III.1 cap. 12, ed. Sabine Krüger (MGH Staatsschriften des späteren
Mittelalters, III, 5/3), Stuttgart 1984, S. 46f., beschwert sich Konrad, daß Schulmei-
ster nicht gebührend mit Pfarrpfründen belohnt würden: Sed huic nostris temporibus in
352 jürgen miethke
nicht Theologen, sondern Juristen das Rennen für sich entschieden. Die
großen Konzilien des 15. Jahrhunderts versuchten dann, durch ihre
Reformdekrete sicherzustellen, daß Universitätsqualikationen wenig-
stens anteilig bei der Vergabe von Pfründen Berücksichtigung fänden.
Die Kasuistik, mit der das Basler Konzil die verschiedenen Graduie-
rungen bzw. die Verweildauer in den einzelnen Fakultäten mit den zu
vergebenden Pfründen in Bezug gesetzt hat, ist höchst differenziert.
Sie zeigt das Bemühen, den Streit der Fakultäten generell durch Äqui-
valenzregelungen still zu stellen. So heißt es in dem Dekret (vom 22.
Dez. 1437) etwa: “In jeder Kathedral-oder Kollegiatskirche soll über die genannte
Pfründe hinaus, die einem Theologen zuzuweisen ist, ein Drittel der Pfründen
Graduierten (. . .) zugewendet werden, . . . so daß die erste freiwerdende Pfründe solch
einem geeigneten Graduierten, sodann nach weiteren zwei die folgende ebenso vergeben
wird, usf., d.h. an Magister, Lizentiaten oder in Theologie examinierte Bakkalare,
die zehn Jahre lang an einer anerkannten Universität studiert haben, an Doktoren
und Lizentiaten in einem der beiden Rechte bzw. in Medizin, die sieben Jahre lang
an ihrer Fakultät an einer Universität (wie oben), an Magister oder Lizentiaten
der Artes, im Rigorosum geprüft, die fünf Jahre an einer Universität von der Logik
angefangen und darüber hinaus bei den Artes oder in einer der Höheren Fakultäten
studiert haben, sowie den Studenten der Theologie, die sechs Jahre lang studiert haben,
oder Bakkalaren der beiden Rechte, die, wenn sie von beiden Eltern her adlig sind und
aus altem Geschlecht, mindestens drei Jahre, sonst zumindest fünf Jahre ebenfalls
an einer anerkannten Universität ihr Studium verbracht haben, die hinsichtlich der
genannten akademischen Grade der Studienzeit und ihres Adels durch beglaubigte
schriftliche Zeugnisse dem Pfründverleiher Sicherheit bieten müssen . . .”19
plerisque locis Teutonie cura minima subministrat<ur>, quoniam scolarium rectoribus, ut deceret [!],
minime providetur nec eorum promocionibus ab episcopis intenditur, ut oporteret. Quapropter ab hac
sollicitudine illuminati viri apostatare coguntur et aliis statibus immorari, surguntque miseri quidam,
qui se numquam dignos noverunt discipulos, et quod penitus nesciunt docere presumunt atque, quod
condolendo refero, tales nobilibus ingeniis pocius seductores quam doctores preciuntur.
19
Dekret der 31. Sitzung vom 24. Januar 1438, hier zitiert nach Quellen zur
Kirchenreform im Zeitalter der großen Konzilien des 15. Jahrhunderts, Band II:
Die Konzilien von Pavia-Siena (1423/1424), Basel (1431/1449) und Ferrara-Florenz
(1438/1445), edd. Jürgen Miethke, Lorenz Weinrich (Freiherr vom Stein-Gedächtnis-
ausgabe, A.38b), Darmstadt: 2002, S. 390-395 [nr. 22c]: . . . Insuper quod in qualibet ecclesia
cathedrali vel collegiata ultra predictam prebendam theologo . . . assignandam tercia pars prebendarum
conferatur graduatis alias ydoneis modo et forma infrascriptis, sic quod prima vacatura huiusmodi
graduato, et deinde post alias duas sequens eo modo conferatur, et sic deinceps, videlicet magistris aut
licentiatis seu baccalariis formatis in theologia, qui per decennium in aliqua universitäte privilegiata,
doctoribus seu licentiatis in altero iurium vel medicina, qui per septem annos in sua facultate studuerint
in universitate ut supra, magistris seu licentiatis in artibus cum rigore examinis, qui per quinquennium in
aliqua universitate a logicalibus inclusive ut supra in artibus, vel in aliqua facultate studuerint, necnon
in theologia, qui per sex annos, vel in utroque aut in altero iurium baccalariis, qui per triennium, si
nichtjuristische karrieren von universitätsbesuchern 353
nobiles ex utroque parente et ex antiquo genere, alias autem per quinquennium consimiliter in aliqua
universitate privilegiata ad minus suum studium fecerint, qui de predictis gradibus, tempore, nobilitate
supradictis dem facere teneantur collatori per legitima documenta.
20
Quellen zur Kirchenreform II (2002), S. 412-441 [nr. 26], bes. S. 424 [§5-6 der
modizierenden Ergänzungen zu dem in dem vorigen Anmerkung zitierten Basler
Dekret]: Item placuit ipsi congregacioni, ut tanto magis studia et universitates studiorum regni et
Delphinatus cum scienciarum augmento foveantur, quod suppositis universitarum predictarum conferantur
due partes prebendarum illius tercie, que secundum decretum sacri Basiliensis concilii de collacionibus
benecuiorum est conferenda solis graduatis, et idem ordo in parochialibus ecclesiis et cappellanis
observetur, ita quod parochialis ecclesia respectu parochialis ecclesie faciat turnum (. . .). Item quod
ad dictas duas partes secundum ordinem predictum poterunt universitates cuilibet ecclesastico patrono
seu ecclesiastico collatori nominare certrum numerum suorum graduatorum, qui tunc in ipsis univer-
sitatibus actu residebunt et qui pro presentibus iuxta morem universitatum et studiorum censebuntur
habendi per easdem (. . .).
21
Quellen zur Kirchenreform II (2002), S. 442-449 [nr. 27].
22
Vgl. den Text in: Quellen zur Verfassungsgeschichte des Römisch-Deutschen Reiches
im Spätmittelalter (1250-1500), ausgewählt und übersetzt von Lorenz Weinrich (Freiherr
vom Stein-Gedächtnisausgabe, A.33), Darmstadt 1983, S. 498-507 [nr. 127].
354 jürgen miethke
ihnen jene gelehrten Männer zu melden, die für die Leitung von Kirchen Eignung
besitzen, welchen sie dann unter Übergehung der weniger Geeigneten (d. h. der
Nichtuniversitätsbesucher) bei der Vergabe von Pfründen, insbesondere von
Pfarrpfründen den Vorzug geben könnten.”23 Eine praktische Wirkung haben
diese Vorstellungen freilich nicht üben können.
Bekanntlich ist es im gesamten Mittelalter zuvor ebenfalls niemals
gelungen, die Pfründen der Kirche, sei es in den Städten oder auf
dem Lande, durch die Durchsetzung entsprechender Normen denitiv
an eine universitäre Qualikation zu binden. Auch die Kirchen der
Reformation haben das zunächst nicht geändert, wenn auch das neue
Verständnis des Pfarramtes als Amt der Wortverkündigung ein theologi-
sches Studium allmählich immer stärker und schließlich unausweichlich
nötig machte. Auch die Katholische Reform hat auf dem Konzil von
Trient in dieser Hinsicht mit der Einführung derSeminarien dann wei-
tere Schritte zur Akademisierung ihrer Priesterschaft gemacht.
Im Mittelalter tat sich an den Kirchen vorwiegend der städtischen
Gemeinden im Spätmittelalter noch ein weiteres Feld auf, das den
Universiätsabgängern zwar nicht ausschließlich und konkurrenzlos, aber
doch faktisch bevorzugt eine Versorgung und eine gewisse Karriere
öffnete: die Predigerstellen an den großen Kirchen, die in breiter Front
gestiftet wurden. Jan Hus predigte in Prag an der Bethlehem-Kapelle,
Gailer von Kaisersberg am Straßburger Münster, Gabriel Biel am Dom
zu Mainz. Diese Möglichkeit, von einer Praedikatur aus, die natürlich
entsprechend durch Pfründen abgesichert war, durch eine intensive
Predigtverpichtung auf eine Gemeinde einzuwirken, war vielfältig und
sehr unterschiedlich organisiert,24 es zeigt sich aber auch hier zumindest
die zunehmende Bedeutung akademischer Bildung und der Bedarf an
nichtjuristischer Qualikation in der Gesellschaft.
23
Acta reformationis catholicae ecclesiam Germaniae concernentia saeculi XVI,
Bd. VI, hrsg. von Georg Pfeilschifter, Regensburg 1974, S. 348-380, Zitat S. 359: Nulla
re magis ecclesiae publicaeque utilitati consuleretur, quam si summus pontifex et collatores ordinarii
secundum concilii Basiliensis placita academiis purioribus et incorruptis [!] potestatem facerent signi-
candi eis subinde viros litteratos ad regendum ecclesias idoneos, quos ipsi quibuscumque aliis minus
idoneis in collatione beneciorum et praesertim parochialium ecclesiarum praeferrent . . .
24
Dazu etwa Jürgen Miethke, Karrierechancen eines Theologiestudiums im Spät-
mittelalter, in: Gelehrte im Reich, Zur Sozial- und Wirkungsgeschichte akademischer
Eliten des 14. bis 16. Jahrhunderts, hrsg. von Rainer Christoph Schwinges (Zeitschrift
für historische Forschung, Beiheft 18), Berlin 1996, S. 181-209, bes. S. 203-209 [ jetzt
in: Miethke, Studieren an mittelalterlichen Universitäten, Chancen und Risiken,
Gesammelte Aufsätze (Education and Society in the Middle Ages and Renaissance,
19), Leiden-Boston 2004, S. 97-131, bes. 123ff.].
nichtjuristische karrieren von universitätsbesuchern 355
25
Informationsprozeß zur Heiligsprechung Papst Urbans V. (†1370) von 1390 (ed. J. H.
Albanès und U. Chevalier, in: Actes anciens et documents concernant le bienheureux
Urbain V, pape, sa famille, sa personne, son ponticat, ses miracles et son culte,
Paris/Marseilles 1897, Bd. 1, S. 414 (Nr. 131): Item quod dictus dominus Urbanus tqantum
intendit et intendebat procere proximis ut dum aliquando sibi diceretur: ‚Quare facitis vos tot clericos
et studentes et cotidie eorum numerum ampliatis?‘ idem dominus Urbanus dulcissime respondens dixit
etr dicebatr, quod multum erat appetibile et ipse appetebat quod bone persone in dei ecclesia habun-
darent, et licet non et licet non omnes illi quos tenebat in studio essent futuri ecclesiastici beneciati,
tamen essent multum [lies multi?] religiosi et multi seculares et uxorati, ita quod ad quemcumque
statum devenerint, etiamsio venirent ad opera mechanica, semper prfuerit eis studium et essent melius
docibiles et magis apti.
CONCLUSION
Jacques Verger
1
C’est pourquoi, dans cette conclusion, je me suis permis d’utiliser certains exemples
qui n’apparaissaient pas dans les communications ; les références en sont données en
notes ; pour les autres, on se reportera aux communications correspondantes.
2
Ce lien est, on le sait, un des leit-motive de Jacques Le Goff, Les intellectuels au
Moyen Age, Paris, 19852.
358 jacques verger
3
La célèbre lettre de l’empereur Frédéric II annonçant la fondation du studium de
Naples est sans doute un des premiers documents à user ouvertement de ce topos : quibus
[scolaribus] ad inhabitandum eum locum concedimus ubi rerum copia, ubi ample domus et spatiose
satis et ubi mores cuiuscumque sunt benigni et ubi necessaria vite hominum per terras et maritimas
facile transvehuntur (Storia della università di Napoli, Naples, 1924, réimpr. Bologne, 1993,
p. 214).
4
L’importance du nancement urbain est par ex. bien mis en valeur pour le cas
de Louvain dans Jacques Paquet, Salaires et prébendes des professeurs de l’université de Lou-
vain au quinzième siècle, Léopoldville, 1958, pour celui de Poitiers dans Robert Favreau,
« L’université de Poitiers et la société poitevine à la n du Moyen Age », dans Les
universités à la n du Moyen Age, éd. par Jacques Paquet et Jozef Ijsewijn, Louvain, 1978,
p. 549-583.
360 jacques verger
on peut leur opposer d’autres cas où les efforts des magistrats urbains,
non relayés par le prince, se sont avérés insufsants pour aboutir (Lyon)5,
et même des cas où les groupes dominants de la société urbaine ont
efcacement et durablement freiné, voire empêché, l’implantation
universitaire (Barcelone)6. Bref, ce qu’on pourrait appeler le « désir
d’université », qui fait qu’aujourd’hui il n’est guère de ville de quelque
importance qui ne cherche à avoir « son » université, parfois au mépris
de toute rationalité politique ou géographique, n’existait pas encore vrai-
ment dans les sociétés européennes du Moyen Age et de la Renaissance,
même si on en approchait déjà en Italie du Nord et en Toscane. En
revanche, l’idée que tout souverain ou même tout prince territorial de
quelque ambition se devait de posséder dans sa capitale ou à proximité
une université, au même titre qu’une cour de justice souveraine, une
Chambre des comptes ou une armée permanente, est clairement expri-
mée dans certains actes de fondation et trouve son illustration concrète
sur la carte des nouvelles implantations universitaires d’Allemagne, de
France, de Scandinavie, d’Europe centrale au XVe siècle7.
De cette université souhaitée ou imposée, qu’attendait la ville qui
l’accueillait ? Il faut distinguer, me semble-t-il, les bénéces indirects et
parfois difcilement mesurables et les implications politiques et sociales
immédiates. Au titre des premiers, elle pouvait escompter une certaine
relance de la vie économique avec l’afux de nouveaux consommateurs
(médiocrement solvables, il est vrai, et bénéciaires de privilèges et
exemptions scales diverses) et de nouveaux métiers (ceux du livre) et
ofces (bedeaux, messagers)8, afux particulièrement apprécié dans les
villes aux prises avec le déclin de leur économie traditionnelle fondée
5
Cf. René Fédou, « Imprimerie et culture : la vie intellectuelle à Lyon avant l’appa-
rition du livre », dans Cinq études lyonnaises, Paris-Genève, 1966, p. 9-25.
6
Cf. Claude Carrère, « Refus d’une création universitaire et niveaux de culture à
Barcelone : hypothèses d’explication », Le Moyen Age, 85 (1979), p. 245-273.
7
Cf. la formule du Dauphin Louis dans la charte de fondation de l’université de
Valence du 24 juillet 1452 : « Nous jugeons nécessaire et convenable d’instituer en notre
pays, sur les terres à nous soumises, une université où l’on enseignera la théologie, le
droit canonique, le droit civil, la médecine et les arts libéraux ; il n’est guère en effet
de prince sur les domaines de qui n’ait été fondée une université ; or il n’y en a pas
dans les nôtres . . . » (cité et trad. dans Jacques Verger, « Les universités européennes
à la n du XVe siècle », dans Les échanges entre les universités européennes à la Renaissance,
éd. par Michel Bideaux et Marie-Madeleine Fragonard (Travaux d’Humanisme et
Renaissance, CCCLXXXIV), Genève, 2003, p. 20).
8
Sur le succès de ce type d’emplois dans les populations urbaines, voir par ex. Lyse
Roy, « University Ofcers and the Universities’ Institutional Crisis : Caen (1450-1549) »,
History of Universities, 15 (1997-99), p. 103-122.
conclusion 361
9
Pour Louvain, voir E. J. M. van Eijl, « The Foundation of the University of
Louvain », dans Les universités à la n du Moyen Age, cité supra n. 4, p. 29-41, et Edward
De Maesschalck, « The Relationship Between the University and the City of Louvain
in the Fifteenth Century », History of Universities, 9 (1990), p. 45-71.
10
Cf. Patrick Gilli, « Dictature, monarchie et absolutisme en Italie aux XIVe-XVe
siècles », Revue française d’histoire des idées politiques, 6 (1997) [Actes du colloque international
Dictature, absolutisme, totalitarisme, Paris, mai 1996], p. 275-290.
362 jacques verger
11
Cf. Jacques Verger, « Géographie universitaire et mobilité étudiante au Moyen
Age : quelques remarques », dans Ecoles et vie intellectuelle à Lausanne au Moyen Age, textes
réunis par Agostino Paravicini Bagliani (Études et documents pour servir à l’histoire
de l’Université de Lausanne, XII), Lausanne, 1987, p. 9-23.
12
Pour Verceil par ex., voir L’università di Vercelli nel Medioevo. Atti del secondo Congresso
Storico Vercellese, Verceil, 1994, spéc. Irma Naso, « La ne dell’esperienza universitaria
vercellese », p. 335-357.
13
Voir par ex. le cas de Poitiers, bien évoqué dans Robert Favreau, « L’univer-
sité de Poitiers et la société poitevine à la n du Moyen Age », cité supra n. 4, spéc.
p. 568-571.
conclusion 363
de la ville qu’elle leur concède des bâtiments pour installer les écoles,
voire, de manière plus large et plus diffuse, un espace, un « quartier
latin » qu’ils puissent investir plus ou moins complètement, malgré les
contraintes du marché immobilier, an d’y vivre à leur aise selon les
modes de sociabilité jugés propices aux études et au travail intellectuel ;
ce processus avait démarré à Paris, on le sait, dès le XIIe siècle, on le
voit se reproduire à Prague, de manière spectaculaire, dans les dernières
décennies du XIVe. Il serait trop long de vouloir décrire ici, dans ses
aspects à la fois matériels et psychologiques, les caractères spéciques de
cette sociabilité universitaire qui n’était pas forcément la même que celle
des autres composantes de la population urbaine, ce qui était la source
d’innombrables malentendus et conits. Mais on peut facilement deviner
qu’aux exigences classiques de la vie quotidienne (se loger, se nourrir,
se distraire) venaient s’ajouter celles qui étaient propres à l’étude : trou-
ver des livres, accéder sans peine aux salles de cours, pouvoir prier et
assister aux ofces et aux sermons dans des oratoires et des chapelles
plus ou moins réservés, bénécier d’une certaine tranquillité enn, ce
qui exigeait notamment le départ des métiers bruyants et polluants ;
on connaît les plaintes des universitaires parisiens contre les bouchers
de Sainte-Geneviève14.
Enn et surtout, l’université attendait de la ville et de ses habitants
qu’ils respectassent ses statuts et privilèges, d’origine essentiellement
ponticale et princière. Ces privilèges, surtout judiciaires et scaux,
manifestement dérogatoires au droit commun des villes, posaient tou-
jours problème, mais les choses se passaient peut-être mieux lorsque les
universités avaient affaire à des interlocuteurs compétents et spécialisés
dans les affaires universitaires comme ces taxatores, reformatores, tractatores
studii et autres Savi allo studio que la plupart des villes universitaires
italiennes ont institués entre le XIVe et le XVIe siècle.
Ailleurs, notamment en France et en Angleterre, les universités
n’avaient en face d’elles que les représentants ordinaires du pouvoir
royal (sheriffs, baillis, sénéchaux, prévôts, etc.) et leurs agents d’exé-
cution (sergents et notaires) qui, écartelés entre leur triple qualité de
« conservateurs des privilèges universitaires » mais aussi de défenseurs des
prérogatives royales et de l’ordre public et enn, au moins de facto, de
14
Voir par ex. l’arrêt du Parlement du 7 septembre 1366 donnant raison à l’université
et aux collèges publié dans Chartularium Universitatis Parisiensis, éd. par Henri Denie et
Émile Châtelain, t. III, Paris, 1894, n° 1326, p. 153-155.
364 jacques verger
Alba de Tormes 28, 28 n. 60 n. 18, 316, 316 n. 25, 317 n. 31, 318,
Alcalá 16 318 n. 37, 319-320, 320 n. 51, 321,
Alcobaça 309, 322, 322 n. 59 321 n. 56, 322, 322 n. 61, 323, 344
Allemagne 16 n. 7, 359
Andalousie 12 n. 11, 112 Cologne (Kölner) 145 n. 1, 150, 150
Angleterre 104, 285-286 n. 17, 285, 349
Aragon (Aragonais) 35 n. 75, 108, 136, Constance (Konstanzer) 81, 83 n. 58,
142 84 nn. 61-62, 85 n. 63, 89, 229 n. 53,
d’Armuña, Baños y Peña del Rey 36, 341
99, 101 Coria 118
Astorga 99, 108 Cracovie 70, 189
Asturies (asturiennes) 12 n. 11, 112 Cuenca 31, 49, 49 n. 116, 188, 192 n. 45
Àvila 117, 124 n. 62
Dornelas 322
Badajoz 12 n. 11, 117-118, 118 n. 49
Bâle (Basler) 158 n. 45, 352-353, 353 El Puerto 102
n. 20 Emilie 259
Baños 36, 99, 101, 101 n. 8 Erfurt (Erfurter) 145, 145 nn. 1-2, 146,
Barcelone 2, 135, 137 n. 10, 138 n. 14, 146 nn. 5-6, 147, 147 nn. 7-8, 148,
143-144, 358, 360, 360 n. 6 148 nn. 9-10, 12, 149, 149 nn. 12, 14,
Bohême 63, 67, 80, 82-83, 87, 237 150, 150 nn. 15, 17, 151-152, 152 nn.
Bologne 3, 10 n. 6, 12, 16, 18, 41, 131, 23-24, 153, 153 n. 25, 154, 154 nn.
134, 137, 143, 164, 176 n. 40, 181, 26-27, 155, 155 nn. 30-31, 33, 156,
183-185, 190, 192 nn. 43, 45, 193, 193 156 nn. 35-36, 157, 157 nn. 39, 41,
n. 47, 194 n. 49, 196, 198, 198 158, 158 nn. 42, 44-45, 159, 159 nn.
n. 65, 199 n. 69, 201-202, 206, 215 46, 48-50, 160-161, 161 nn. 55-57,
n. 24, 217-221, 222 n. 23, 225, 228, 232, 344 n. 7, 349, 349 n. 13, 359
239 n. 7, 258, 258 n. 2, 259, 287, 332 Estrémadure 12 n. 11, 112
Bourges 288, 292, 353 Évora 322
Bruges 358
Florence 5, 172, 177, 179 n. 45,
Cahors 358 217-218, 229, 231, 231 n. 61, 232, 232
Cambridge 2, 56, 61-62, 239 nn. 7, 9, n. 65, 234, 327, 327 n. 2, 328, 328 nn.
240 n. 9, 243 n. 23, 258 n. 2, 362 3, 5, 330-332, 333 n. 19, 335, 338-340,
Cantalapiedra 110, 124 358
Carthagène 118, 137 n. 10
Castille 11 n. 9, 12 n. 11, 16, 25, 30, 35 Galice (galiciennes/Galiciens) 12 n. 11,
n. 75, 98, 108, 112, 117, 124, 133, 133 108, 112
n. 1, 136 Gênes 358
Castronuño 126 Guimarães 309, 322
Catalogne 138 n. 14, 139, 143
Cervera 144 Heidelberg 145, 151, 151 n. 20, 156
Chartres 261 n. 14, 262, 269-270, 274, n. 34, 183, 299 n. 8, 344, 344 n. 7,
276, 279-280, 283-288, 294 359
Coimbra 136 n. 7, 309, 309 nn. 1, 3, Hongrie 65
310, 311, 311 n. 12, 312, 312 n. 13, Huesca 134 n. 2, 137, 137 n. 10
313-314, 314 nn. 15-17, 315, 315 Husinec 67, 82
370 index locorum