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Otto Gerhard Oexle et Jean-Claude Schmitt (dir.

Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en


France et en Allemagne

Éditions de la Sorbonne

Travailler, produire. Eléments pour une histoire de


la consommation
Philippe Braunstein, Philippe Bernardi et Mathieu Arnoux

DOI : 10.4000/books.psorbonne.20839
Éditeur : Éditions de la Sorbonne
Lieu d’édition : Paris
Année d’édition : 2003
Date de mise en ligne : 12 avril 2019
Collection : Histoire ancienne et médiévale
EAN électronique : 9791035102098

http://books.openedition.org

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Référence électronique
BRAUNSTEIN, Philippe ; BERNARDI, Philippe ; et ARNOUX, Mathieu. Travailler, produire. Eléments pour
une histoire de la consommation In : Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en
Allemagne [en ligne]. Paris : Éditions de la Sorbonne, 2003 (généré le 05 septembre 2023). Disponible
sur Internet : <http://books.openedition.org/psorbonne/20839>. ISBN : 9791035102098. DOI : https://
doi.org/10.4000/books.psorbonne.20839.

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Travailler, produire. Eléments pour une histoire de la consommation 1

Travailler, produire. Eléments pour


une histoire de la consommation
Philippe Braunstein, Philippe Bernardi et Mathieu Arnoux

1 Un rapport récent sur l’histoire économique et sociale du haut Moyen Age 1 rappelait
que l’essentiel du débat historiographique s’était cristallisé sur la chronologie de la
croissance et le « tournant » de l’an Mil. Mais quelle croissance, si l’on ne sait pas d’où
l’on part ? Une croissance pour qui, le maître ou le paysan ? Et quel modèle de
développement, à partir du VIIe siècle ? Pour les convaincus de la continuité, au moins
deux modèles, l’un, fondé sur l’initiative seigneuriale et répondant à un réveil de la
consommation, l’autre, porté par l’autonomie conquise de l’exploitation paysanne.
Dans les deux modèles, se juxtaposent des secteurs monétaires et non monétaires de
l’économie, selon le niveau des exploitations et, plus généralement, des entreprises, les
unes ouvertes sur le marché, les autres, vouées à 1’autoconsommation.
2 Nous tenions, même si nous situons notre exposé dans une perspective
historiographique centrée sur la fin du Moyen Age, à rappeler ces prémisses et ce débat
qui fonde une vision d’ensemble, dans la longue durée, de la production, du travail et
de la consommation au Moyen Age. On retrouve dans l’historiographie relative à la
période des XIIIe-XVe siècles d’abord, une appréciation contrastée de la conjoncture
selon les secteurs et les régions par rapport à ce qu’on a appelé la « crise du
XIVe siècle » qui a joué le même rôle focalisateur pour la recherche que le « tournant »
de l’an mil pour la période antérieure2 ; ensuite, et suivant la profonde intuition de
Fernand Braudel d’une économie à plusieurs étages3, des emboîtements structurels, qui
font, selon les points de vue, apparaître ou disparaître les incitations du marché 4 ;
enfin, on ne peut échapper au débat, lancé il y a quelques années et renouvelé ici même
à Göttingen par les modernistes, sur les étapes et les formes de la proto-
industrialisation5.
3 Plutôt que d’aborder les recherches françaises sous l’angle de ces interrogations
majeures abondamment traitées depuis vingt ans, il a paru plus utile de présenter des
approches modestes qui se sont imposées depuis quelque temps sur les bases

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matérielles de la vie sociale ; modestes, c’est-à-dire vues du terrain et des sources, et


non plus à partir de propositions globales d’interprétation.
4 Si, comme l’écrivent Jean-Claude Schmitt et Dominique Iogna-Prat dans leur rapport de
synthèse, la répartition par champs de recherche en France semble inscrire l’histoire
de l’économie et des technique comme une variante de l’histoire sociale ; si une revue
comme Annales ESC a cru nécessaire en 1989 de se déclarer en crise et de faire
disparaître l’économique de son intitulé, on doit s’interroger sur la désaffection
affichée pour un secteur de la recherche qui ne cesse de s’illustrer par des travaux
magistraux6, ou la moindre visibilité d’enquêtes novatrices7, dont les résultats
enrichissent l’histoire sociale précisément parce qu’ils sont fondés sur des réalités
matérielles et sur des nombres8.
5 Une génération qui avait cru mettre ensemble réalité et vérité a-t-elle mal encaissé le
contrecoup d’affaissements théoriques, qui rendent suspectes, voire incorrectes, des
expressions telles que « capitalisme » ou « modes de production » ? L’anthropologie,
qui nous a tant appris, est-elle devenue pour les historiens médiévistes la maison
rassurante où les manières de vivre, de dire et de croire des individus et des groupes
dispensent de calculer à grand peine des indices généraux d’activité, de tracer des
courbes de population estimée, de confronter, dans le maquis des instruments de
mesure, des salaires et des prix de reconstruction demeure soit discutable soit
insuffisante ? A vrai dire, les historiens de l’économie ont eux-mêmes mis en question
la capacité de modèles à saisir dans sa densité corporelle la masse la plus nombreuse de
populations sans parole, celles qui vivent dans l’opacité de ce que Fernand Braudel
appelait « l’infra-économie » et qu’un beau livre récent construit à partir de sources
nurembergeoises, appelle Ökonomie ohne Haus9 ; c’est pourtant sur les forces de travail et
les besoin de consommation de cette masse nombreuse qu’est fondée l’organisation
sociale et politique des espaces européens10.

Les sources
6 In principio sunt fontes. Des médiévistes ont toujours intérêt à rappeler qu’il faut publier
des sources et les critiquer, et pour cela les lire11. L’histoire de la production, du travail
et de la consommation oblige à composer avec des sources dont aucune n’a été
produite, conservée et mise en série pour favoriser des enquêtes : nous sommes
toujours tributaires de deux siècles de publications érudites, dont le mouvement
d’édition tend à se ralentir12, et qui émergent d’un océan d’archives inconnues, très
inégalement inventoriées ; nous constituons des banques de données d’images, dont il
faut décrypter l’usage intentionnel avant de les convaincre de répondre à nos
demandes sur l’économie au quotidien ; nous comptons beaucoup sur des objets
identifiés et classés pour éclairer des textes obscurs et se substituer au silence de
l’écrit : la fouille archéologique pose à l’historien des usages des questions difficiles sur
l’évolution des techniques ou la consommation des ménages.
7 Savoir lire les sources, c’est passer des mots aux choses, démarche inverse de celle des
notaires, des administrateurs et des juges ; Lucien Febvre raillait gentiment une
histoire rurale dont les acteurs senblent labourer avec des chartes 13. Mais combien
d’inventaires de maisons et d’ateliers, après décès, saisie ou renouvellement de bail,
établissent des listes d’objets pour nous « virtuels », que leur désignation ne permet
d’inscrire dans aucune série identifiée ? Quant au terrain de fouille, quel est le

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pourcentage d’objets qui nous sont parvenus comme des éléments énigmatiques d’un
ensemble décomposé ? Jean-Pierre Brun rappelait récemment14 que l’absence du
moulin hydraulique dans l’historiographie de l’Antiquité tardive tenait peut-être à ce
que, pendant longtemps, on n’a pas su reconnaître ses traces en creux sur des
dérivations asséchées ; avec 1 es conséquences qui en dérivent sur la chronologie de ses
usages et l’interprétation d’ensemble d’une histoire sociale du travail.
8 En France comme ailleurs, l’histoire de la production à l’époque médiévale est de plus
en plus attentive au comparatisme et à la conjonction des approches, tandis que dans
certains secteurs, comme la métallurgie, l’analyse de laboratoire enrichit la
connaissance des savoir-faire par l’étude des méthodes, des choix, voire des gestes,
inclus dans la structure des objets15. Analysées et rassemblées, les sources sont
nécessairement ordonnées par-rapport à des questions de fond (que produire ?
Comment le produire ? Comment distribuer le produit ?) qui obligent à utiliser des
concepts et un vocabulaire élaborés par des spécialistes d’autres disciplines que
l’histoire ou par des historiens de l’époque moderne et contemporaine. C’est ainsi en
connaissance de cause que des médiévistes emploient le terme de « salaire » 16, tout en
sachant qu’il n’a pris son sens actuel qu’au temps de la « révolution industrielle » ; de
même, le terme d’« entrepreneur » applique à la réalité médiévale un mot qui a changé
de sens depuis son usage dans le roman courtois, le risque individuel qu’il implique ne
fondant qu’à partir du XVIIe siècle une théorie du profit17.

Technique, entreprise, industrie


9 Sources et concepts de l’histoire économique sont centrés sur des objets matériels,
donc techniques, autour desquels se nouent relations personnelles et sociales, les
échanges commerciaux et les représentations politiques18. La « zone grise » occupée
jusqu’à une époque récente par l’histoire des techniques de production dans l’ensemble
des disciplines historiques devient, lorsqu’on s’y aventure bravement, zone de clarté
sur l’ensemble de la société19. Il nous semble même que toute réflexion sur
l’organisation économique de la vie sociale demeure inachevée si elle ne prend pas en
compte les processus, l’outillage et les capacités qui définissent à la fois des filières
productives et des catégories professionnelles. Une récente et magistrale
démonstration en a été donnée par l’étude de la programmation de la production de
draps dans une entreprise florentine à la fin du XIVe siècle : la société laborieuse à
Florence, où un actif sur trois est engagé dans le secteur textile, est fondée sur une
filière technique à peu près exclusive, qui se traduit aussitôt en rapports sociaux
puisqu’elle forge par les formes calculées de la rétribution (à l’année, au forfait, à la
pièce, au poids, au temps) une division du travail sous le regard centralisateur de la
comptabilité patronale et une hiérarchie de la dépendance : cadres dirigeants, sous-
traitants, travailleurs à domicile, ouvriers qualifiés, ouvriers sans qualifications. La
manufacture florentine est une invention intellectuelle, mise au point dans un milieu
rompu aux calculs et aux anticipations20.
10 Mais cet exemple éclairant ne prétend pas réserver à l’histoire des métiers urbains les
développements d’une réflexion sur le rôle des techniques dans la vie économique et
sociale, ni à accorder une place exclusive à l’innovation. Le processus productif suppose
toujours des choix opérationnels, y compris celui de la routine, si l’on entend par là le
savoir-faire éprouvé21. Les historiens de la société rurale, lorsqu’ils réfléchissent aux

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gestes et aux pratiques paysannes22, se gardent bien de célébrer le changement pour


lui-même, d’autant plus que les évolutions techniques obéissent à des règles
d’adaptation qui se moquent du linéaire. Ainsi, dans le temps long, la taille des animaux
domestiques a varié dans un sens, puis dans un autre, en fonction des conditions
générales de la vie agro-pastorale23 ; de même, on n’affirmerait plus sans nuances le
triomphe de l’assolement triennal dans l’organisation des campagnes occidentales les
plus dynamiques du ΧΙΙIe siècle : la complexité des rotations, la diversité des pratiques
collectives, l’inégale réglementation des activités pastorales mettent à mal, pour peu
qu’on lise les sources, l’image d’un affrontement séculaire entre un archaïsme
progressivement marginalisé et des signes évidents du progrès et de la modernité
conquérante24.
11 Dans les secteurs les plus variés de la vie économique, les choix opérationnels s’opèrent
en fonction des enjeux : c’est ainsi qu’un propriétaire de forêts se vit proposer par ses
administrateurs pour rentabiliser ses bois, soit le flottage du bois d’œuvre, soit la
production de charbon de bois, soit la création de verreries ou de forges 25. L’entreprise,
ce mot qui désigne l’esprit d’initiative autant que le lieu où cette dernière s’exerce, est
une notion décisive pour approcher l’organisation économique de la vie sociale, non
seulement ses rouages, mais la vision qu’en ont les contemporains, même si ceux qui
écrivent n’en parlent pas : un ordre des opérations techniques, des moyens matériels
assurés (sources d’énergie, matières premières, outils et machines), un capital de
savoir-faire et de ressources financières, enfin une mise en mémoire qui suppose la
saisie comptable pour le contrôle de gestion. Le vocabulaire est moderne, mais la
recherche du rendement est de tous les temps, et à des niveaux différents de
l’entreprise, et le médiéviste n’est pas désarmé face à la conception et la gestion des
activités productives ; mais il est vrai que des habitudes pédagogiques et des exigences
éditoriales ont conduit à séparer « France rurale » et « France urbaine », faisant
disparaître les liens profonds qui unissent deux mondes que l’on ne peut comprendre
que comme un tout, qu’il s’agisse de la rente foncière ou de l’investissement industriel
et du Verlag.
12 Des recherches récentes sont attentives à des phénomènes d’ensemble qui
perfectionnent par étapes les équipements de base de la société productive. Ces phases
de perfectionnement répondent à une demande forte, partout où le marché incite à
conquérir des terres nouvelles, à implanter des cultures spécialisées, à développer des
races de bétail ; elles se caractérisent aussi par la diffusion massive de produits semi-
finis, indispensables au travail des métiers, aux chantiers, à la demande publique,
particulièrement dans les secteurs où s’affirme la puissance de l’Etat : monnaie,
arsenaux, chantiers navals, fortifications.
13 Une première phase, à partir des années 1260, met au point pendant trois quarts de
siècle l’équipement énergétique en généralisant l’application de l’hydraulique à la
transformation des produits, et en introduisant la coupe réglée dans les forêts,
répartissant l’usage du bois, source d’énergie renouvelable, entre les besoins sociaux et
les besoins industriels.
14 Une seconde phase débute vers 1440 et l’on pourrait énumérer les secteurs de
l’économie marqués par le souci de rationaliser la production par la gestion de l’espace
naturel et souterrain, la mesure du temps, la diffusion des instruments de crédit et de
contrôle, les progrès techniques de la navigation.

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15 Cette périodisation, qui ne contredit pas d’autres découpages chronologiques, le « beau


XIIIe siècle », le « temps des crises », la « reconstruction des campagnes », 1’« ouverture
des mondes », est évidemment fondée sur un principe dynamique dans une société
souvent définie comme immobile par les tenants intellectuels d’un ordre immuable des
choses, qui serait l’ordre divin.
16 L’entreprise nous a mis sur la voie d’un autre terme, non moins indispensable, nous
semble-t-il, pour comprendre l’histoire de la production et du travail au Moyen Age
comme à toute époque : c’est le terme d’« industrie »26. Alors qu’un ouvrage de
synthèse, vieilli et non encore remplacé, place l’histoire générale du travail entre V e et
XVIIIe siècles sous le signe de l’artisanat27, il est temps de rassurer tous ceux qui
examinent les pratiques sans s’embarrasser de définitions périmées, et d’adopter le
point de vue des archéologues (qui scrutent les déchets de la production minière et
métallurgique, la seule qui laisse des traces indestructibles de la protohistoire à nos
jours) : ce qui distingue l’industrie de l’artisanat, à toute époque, c’est la mise sur le
marché d’une production de masse, fabriquée en série et de qualité constante. Même si
les sources ne nous offrent que des matériaux épars pour une pesée d’ensemble, la
première conversion mentale à laquelle les médiévistes doivent se prêter pour se
défaire d’une vision étriquée de la production et de l’entreprise, c’est d’évoquer des
quantités répondant à une demande soutenue et parfois lointaine, c’est d’évoquer des
volumes, des mouvements, des niveaux d’activité. Prenons l’exemple du volume annuel
de la frappe de métaux précieux à Venise vers 1420 : quatre tonnes d’or et trente
tonnes d’argent fin à la marque de la Monnaie vénitienne 28. C’est une part appréciable
de la contre-valeur des importations d’Outremer, essentiellement fournie par l’essor de
la production minière d’Europe centrale. Il faut imaginer un instant ce que cette
production représente de prospection minière et d’investissements en pure perte, de
déblais accumulés, de réseaux d’adduction d’eau construits et entretenus, d’installation
de machines en surface et en profondeur, de mise en coupe de forêts, de transports
pondéreux sur des centaines de kilomètres : c’est-à-dire, en amont du marché,
l’existence de districts miniers et métallurgiques qui, dans les sociétés anciennes,
constituent la plus concentration d’entreprises, de capitaux, d’ouvriers, d’ouvrages
d’intérêt commun modifiant profondément et durablement les paysages naturels.
17 Il est incontestable que l’incitation donnée par Bertrand Gille au développement des
recherches dans le secteur des mines et de la métallurgie a produit en France et
continue de produire ses fruits29 ; plusieurs colloques et des réunions régulières ont
joué et jouent encore un rôle moteur dans les efforts qui rapprochent historiens des
textes et archéologues sur le territoire français et à l’étranger. L’analyse du
vocabulaire, des installations et des produits, la reconnaissance des sites et des
aménagements, l’étude des transferts, les notices sur des spécialistes et leurs
déplacements novateurs permettent progressivement de mieux comprendre, au niveau
local comme au niveau des affaires au long cours, les choix techniques d’investissement
et, par conséquent, les stratégies d’une production tournée vers une consommation
massive30.
18 Il n’est pas question ici de recenser les secteurs dans lesquels les publications françaises
ont fait progresser, dans les dernières années, la connaissance des économies
médiévales ; mais de façon générale, l’attention a été portée aux produits et aux
matériaux, à leur mise en œuvre et à leur transformation : carrières et construction de
pierre, plâtre, chaux et mortiers, tuileries et poteries, produits de la forêt et

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constructions de bois, céramique enfin sortie de la céramologie, salines, verrerie et


l’ensemble de ses produits (gobeletterie et verre plat), mécanique et filières de
l’armement ; signalons enfin le renouveau récent d’une histoire des textiles, fondée sur
l’expertise de tissus archéologiques, la connaissance des procédés de tissage et de
teinture et, en amont, l’attention portée aux fibres et à leur mélange 31.
19 Toutes les structures matérielles et économiques de la production ont été ainsi
réécrites par fragments, constituant, toujours plus haut dans le temps, les
interminables « préludes » médiévaux à ce que les modernistes ont appelé la proto-
industrialisation.

Le travail : chantiers, salariat, métiers


20 La documentation comptable, abondamment conservée dans les fonds d’archives
français, qu’il s’agisse de communautés d’habitants ou de l’appareil d’Etat, est
particulièrement riche, comme en d’autres pays européens, pour une étude des grands
chantiers de construction, parfois aussi fructueuse pour des ouvrages de longue haleine
en régie directe. S’ajoutent à cette documentation comptable des fonds notariaux et
judiciaires, qui enrichissent l’histoire de l’entreprise et du travail par le biais des
relations sociales et professionnelles (apprentissage, prix-faits, amodiations) et
l’analyse de leur dysfonctionnement (concurrence illicite, rupture de contrats, conflits
de travail)32.
21 Ainsi le bâtiment est-il devenu, en France comme ailleurs, un secteur de référence pour
l’histoire du travail au Moyen Age33. D’abord, parce qu’il offre, grâce à des sources
sérielles, le moyen de saisir l’organisation de chantiers de longue durée, avec ce qu’elle
comporte de prévision et de maîtrise de l’espace, mais aussi de hiérarchie construite
entre groupes et, à l’intérieur des groupes, entre des individus 34. Ensuite, parce que le
salariat y est un mode de rémunération assez usuel pour qu’on ait été tenté d’établir, à
partir des salaires journaliers des différentes catégories professionnelles, des indices
économiques de conjoncture35. Les recherches récentes sont plus réservées sur l’usage
que l’on peut faire de ces informations pour apprécier des niveaux de vie, si l’on ne
possède pas d’éléments complémentaires sur lesquels ces sources sont peu loquaces ou
tout à fait muettes : rétributions en vêtements et distribution de vin 36, valeur de
l’ensemble des revenus d’un feu, nombre de jours d’emploi de travailleurs qualifiés ou
non qualifiés qui apparaissent fugitivement dans les comptes, cumul d’engagements de
certains maîtres.
22 La lumière qui a été apportée sur des grands chantiers, c’est-à-dire sur des structures
exceptionnelles dans le tissu urbain, pose évidemment la question de l’exemplarité, ou
celle des liens qui existent entre l’architecture monumentale et le reste du bâti, entre
ce que l’on construit à grands frais et ce qu’ailleurs, plus modestement, on transforme
ou restaure ; elle oblige aussi à réfléchir aux rapports entre travail et métiers 37. Ces
derniers, lorsqu’ils ont une structure institutionnelle, ce qui n’est le cas ni en tout lieu
ni à toute époque, apparaissent, à travers leurs statuts octroyés ou confirmés, comme
une harmonieuse construction, confortée par une hiérarchie à trois niveaux (maîtres,
compagnons, apprentis), dont les instances se réservent au nom d’une légitimité et
d’une compétence technique de gérer, réglementer et juger les ressortissants 38.
23 Si la réglementation professionnelle, communale ou seigneuriale vise effectivement à
répartir le travail et à assurer la qualité des produits finis, l’égalité proclamée des

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chances masque souvent la réelle inégalité sociale qui traverse les métiers et brouille
les repères : qu’est-ce qu’un maître voué à demeurer le compagnon d’un autre maître ?
Qu’est-ce qu’un compagnon si le terme de famulus le désigne à l’égal d’un apprenti ?
Qu’est-ce qu’un apprenti si le même terme de servitor s’applique autant à lui qu’à
l’homme de bras embauché à la journée39 ? Et combien d’acteurs méconnus sous la
dépendance des maîtres ou des entrepreneurs, femmes au travail dans nombre de
professions, sur des chantiers, dans des ateliers mais aussi à domicile, enfants, voire
esclaves que la norme des métiers n’a pas pris en compte 40 ? L’histoire du travail doit
s’accommoder d’un vocabulaire qui subvertit les valeurs professionnelles vers le bas,
lorsque le marché du travail gère une masse d’individus condamnés à l’intérim ou à la
recherche d’occupations indifférenciées (le fa il ou le ta con des registres fiscaux
florentins disent la précarité de l’instantané)41 ; mais le désordre gagne aussi le haut du
tableau, lorsqu’on constate par exemple à Aix-en-Provence que dans les métiers du
bâtiment aucune compétence technique n’est officiellement requise « pour toute
personne qui se voudra faire maître », et que la polyvalence est un fait répandu 42 : tel
maçon est aussi aubergiste et à Liège au XIVe siècle, des boulangers apparaissent
comme marchands de fer pour des sommes très importantes 43. Jean-Pierre Sosson avait
noté qu’à Bruges et dans d’autres villes flamandes le capital s’engouffre dans les
brèches - volontairement ouvertes ? – qui déstabilisent les métiers les mieux réglés :
marchés « francs », sous-traitance, adjudications au rabais 44.
24 C’est du milieu complexe et mouvant des métiers, et souvent parce qu’ils ont pratiqué
la marchandise ou le courtage dans le secteur professionnel qu’ils connaissaient le
mieux, qu’émergent des figures d’entrepreneurs, de transporteurs, de fournisseurs
attitrés d’un chapitre ou d’un prince, de concepteurs d’édifices qui prennent en charge
l’approvisionnement rémunérateur en matériaux ; c’est aussi à partir d’anciens métiers
du métal, comme celui de serrurier, qu’apparaissent, avec de nouveaux objets
techniques, les horlogers, les affineurs, les bombardiers de la fin du Moyen Age 45. Il faut
enfin faire leur place à des techniciens qui ajoutent à leur compétence la conception,
l’arbitrage ou la direction d’entreprises. Depuis les recherches pionnières de Bertrand
Gille46, qui avait situé la personnalité de l’ingénieur dans la nouvelle configuration de la
science et de la technique, on a montré le rôle de ces spécialistes dans la définition de
nouveaux offices publics et l’intérêt croissant que leur porte le pouvoir politique 47.
Souvent itinérants, aptes à faire valoir les mérites acquis d’une intervention à l’autre,
les techniciens (maîtres des mines, maîtres d’œuvre, ingénieurs des machines,
hydrauliciens) constituent par leurs déplacements48, leurs expertises, leur réseau de
relations un élément-clé d’une histoire européenne du travail à la fin du Moyen Age. On
peut même se demander si les rapports chiffrés, les comptabilités d’entreprise en régie
directe, sur lesquelles s’appuie souvent une histoire de l’innovation, ne sont pas
destinés à fournir aux entrepreneurs les plus liés à la commande publique des
informations de première main sur les coûts et les profits 49. Une étude
prosopographique de ce groupe constitue un enjeu à la fois pour l’histoire des filières
techniques, pour l’histoire de la réussite sociale et pour une définition rigoureuse de la
rationalité productive.

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A la recherche des consommateurs


25 Hors des navires coulés avec leur chargement et du matériel abandonné sur les champs
de bataille et promis au recyclage, tous les circuits des objets de l’échange ont abouti en
des lieux bien définis : silos, hangars, greniers, et naturellement au domicile des
puissants et des pauvres. Les chantiers se sont effacés au fur et à mesure que des
édifices les remplaçaient ; l’or des cathédrales50, ce sont les emplois que la construction
a créés à la ronde, pendant une génération, grâce aux satellites du chantier (les
carrières) et aux fournisseurs de matériaux et de services, du four à chaux à la grosse
forge et aux entreprises de transport51. Quant aux sommes investies dans les
équipements collectifs polders, canaux dérivés, digues, forêts industrielles, murailles
urbaines, elles ont été fossilisées dans des paysages et sur des sites parfois
partiellement conservés, parfois totalement disparus.
26 La vie matérielle que scrute le médiéviste est faite de ces accumulations indéchiffrables,
mutilées ou évanouies de traces et de signes, auxquelles, pour faire bon poids, nous
devons ajouter tous les mécanismes immatériels qui les ont produites, que l’on range
parfois dans les superstructures, alors qu’ils sont inscrits dans le quotidien vécu : la
dette et l’emprunt, la rente et la fiscalité52. Comment une politique fiscale a-t-elle
soutenu l’emploi ou imposé ses limites aux dépenses des consommateurs en taxent des
produits de base ? Quelle est la part de la guerre dans des restrictions imposées aux
uns, dans la bonne fortune des autres, dans les choix budgétaires de la fortification à
outrance au XIVe siècle ?53
27 La demande a-t-elle été stimulée par la concurrence entre produits, par les modes
dominantes et l’imitation de pratiques sociales qui se diffusent ? Les sources reflètent
rarement la dynamique de la consommation, lorsque l’on sort de comptes publics
limités dans leur objet, un achat massif d’armes ou la construction urgente d’un canon
pour l’armée royale54, ou des dépenses courantes d’hôtels princiers, d’hôpitaux et de
fondations pieuses.
28 Du consommateur de base on ignore généralement le comportement, la comparaison
des prix et des salaires, avec toutes les difficultés qu’elle comporte, aboutissant le plus
souvent au constat que la population médiévale vit aux confins de la médiocrité. Hors
de l’alimentation – et ce, dans des cas particuliers55 – des secteurs essentiels comme
l’habillement et l’outillage ont été récemment renouvelés par l’approche de la micro-
histoire, combinée avec les progrès de l’archéologie. La fouille d’un château, d’une
grange, de maisons rurales en Bourgogne, d’un village entier en Sicile, des parages du
Louvre apporte des éléments essentiels à l’étude des modes de vie et des habitudes de
consommation56. Des catalogues d’objets usuels ont été établis57, qu’il est bien difficile
de situer dans une vision d’ensemble. Une méthode rigoureuse d’exploitation des
données de terrain associée à une attention renouvelée aux sources écrites a abouti
dans un cas précis à la confrontation de deux séries d’objets, la soustraction faisant
apparaître tout ce que l’incendie avait fait disparaître du terrain 58. Dans le cas de la
fouille de Brucato, on peut en revanche parler d’un véritable manifeste pour une
histoire totale de la vie matérielle59. Une autre approche, celle de l’histoire des
matériaux, ajoute à l’inventaire d’une coupe datée l’évolution des usages : ainsi,
l’histoire du verre témoigne dans le temps long d’une profonde mutation, à la faveur
d’une innovation technique, des manières d’habiter un espace privé exposé à la
lumière60 ; on sait la place qu’occupe l’histoire matérielle du papier, de l’encre 61 et du

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livre imprimé pour une histoire de la consommation culturelle ; autre exemple, une
enquête associant la compétence d’un céramologue et le regard d’une historienne,
Anne-Marie Flambard, a conféré à l’apparition de la poterie de grès sa véritable
signification : symptôme des mutations des modes de consommation et non
conséquence d’un changement technique62. Etudiant enfin des masses imposantes
d’inventaires après décès en Bourgogne, Françoise Piponnier est entrée dans des
intérieurs de tout niveau social, enrichissant l’analyse des objets en série des
paramètres qui indiquent l’influence des modes sur les comportements (couleur et
ornementation des robes63) mais aussi les limites apportées au train de maison par le
prix des matériaux (vaisselle de bois, d’étain ou de laiton).
29 Reprenons l’exemple du fer, parce qu’à la différence d’autres biens de consommation
courante il indique par son usage et par les volumes calculés à partir des unités de
production non seulement la satisfaction des besoins des ménages, mais encore
l’équipement d’une société64.
30 Remarquons d’abord qu’il peut contribuer à restaurer l’image d’un haut Moyen Age
moins démuni qu’on l’a dit : les redevances des paysans de Sainte-Julie de Brescia au
Xe siècle, un texte décapé de Pierre le Vénérable, des sites de fouille aussi différents que
le château d’Andonne au Xe siècle et les maisons-fortes du lac de Paladru vers l’an 1000
prouve que le fer circule plus qu’on ne l’a cru65.
31 Quant à la fin du Moyen Age, on découvre un usage si intense du fer dans la
construction et dans les équipements urbains que la dépense militaire, dont on connaît
l’importance, particulièrement pendant la guerre de Cent Ans, est remise à sa juste
place66. Deux indices mettent en garde contre toute généralisation à partir de la seule
demande publique connue ; le premier témoigne de la zone obscure qui inscrit une
partie de la consommation « au-dessous du marché ». Un exemple en est fourni par les
comptes de forge des seigneurs d’Ancenis au milieu du XV e siècle ; il s’agit de forges à
bras « paellières », « sochières », « paronères », « maréchalières » qui, au lieu de livrer
des produits semi-finis, vont au-devant du consommateur local. Instruments de cuisine
comme les poëles, outils agricoles comme les socs de charrue, les timons et les fers à
cheval ne sont pas mentionnés dans les comptes parce que la seigneurie ne perçoit pas
de taxe sur des produits de consommation villageoise. Ce cas singulier se répète à l’envi
dans toute la France, même si l’attitude des seigneurs n’est pas toujours la même 67.
32 L’autre indice se situe au niveau global du royaume, et par défaut : à la différence des
lames de Styrie exportées vers l’Est par centaines de milliers, de l’acier milanais
présent en quantités réduites sur tous les marchés du luxe guerrier, du fer espagnol qui
parcourt la mer avant de figurer dans les entrepôts de marchands rouennais ou sur les
chantiers de construction des ducs de Bourgogne68, le fer de France ne quitte pas le
territoire. Aucun tarif douanier étranger au royaume n’enregistre son passage, alors
que la France et l’Angleterre sont les pays dont les réserves de minerai sont les plus
élevées69 et que les traces d’exploitation et de réduction sont en France attestées dans
les bassins sédimentaires comme dans les massifs anciens. Si le fer français ne voyage
pas, c’est qu’il est massivement utilisé dans les campagnes comme dans les villes : la
couronne est du Bassin parisien, du Nivernais à la Lorraine, mais aussi de la forêt
d’Orléans au Soissonnais, fournit les plus anciennes attestations d’exploitation
sidérurgique pendant le demi-siècle où s’édifie l’ensemble des cathédrales dites
« gothiques » : les hautes fenêtres et les tirants porteurs représentent des tonnages

Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne


Travailler, produire. Eléments pour une histoire de la consommation 10

dont on commence seulement à mesurer ce qu’ils impliquent de production et de


travail70.
33 Au terme de ce parcours, on peut être saisi de doute sur l’importance des
investissements exigés par rapport à la dispersion et à la modestie des résultats. Le
bilan témoigne à tout le moins d’une révision des enjeux et de la solidité des acquis,
chaque fois qu’une filière productive est visitée à la fois sous l’angle de l’histoire
technique et de l’histoire sociale. 11 serait en revanche vain d’espérer qu’une
entreprise, à quelque niveau que ce soit, révèle un jour aux chercheurs l’ensemble
d’une comptabilité qui permette de comprendre les secrets de sa réussite ou les raisons
de son échec ; à plus forte raison, qu’on étende aux confins du royaume la pesée globale
d’une économie sociale. Il n’y a guère d’espoir qu’une Histoire de la France matérielle soit
dans un proche avenir mise au programme par un éditeur.
34 Pourtant, de la production agricole au bâtiment, du textile à la métallurgie, toutes les
structures économiques et matérielles de la France « profonde » ont été révisées dans
les quinze dernières années : on n’en dira pas autant de l’histoire agile de la monnaie,
de la fiscalité et des instruments de crédit qui dominent les « jeux de l’échange » et le
« Temps du monde », où le royaume tient sa place, qui n’est pas la première dans
l’économie européenne, entre la Méditerranée et les Pays-Bas.
35 Les « structures du quotidien »71 ont assuré de solides assises à la monarchie ; l’histoire
sociale, qui se fonde sur les réalités autant que sur les représentations, prend en
compte ces acquis et ces promesses lorsqu’elle s’interroge sur les groupes, les carrières,
les ménages, la transmission des patrimoines et les difficultés de la survie. Les
publications de sources inédites sur le travail et la production ont nettement accru
depuis quelques années le capital des connaissances ; formons le vœu que les chantiers
ouverts ne manquent pas de travailleurs.

NOTES
1. J.P. Devroey, « Histoire économique et sociale du haut Moyen Age : les tendances majeures de
la recherche depuis la seconde guerre mondiale dans le monde franc », dans Bilan et perspectives
des études médiévales en Europe, Actes du premier Congrès européen d’Etudes Médiévales (Spolète, 1993),
P.J. Hamesse éd., Louvain-la-Neuve, 1995, p. 181-216.
2. F. Seibt, W. Eberhard, Europa 1400. Die Krise des Spätmittelalters, Stuttgart, 1984.
3. F. Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme (XV e-XVIIIe siecles), I. Les structures du
quotidien ; II. Les jeux de l’échange ; III. Le temps du monde, Paris, 1979.
4. Les historiens de l’économie s’accordent à déclarer fondamental le rôle de la demande, en
reconnaissant cependant la difficulté qu’il y a à en présenter une description cohérente. Cf. G.
Bois, « D’une histoire des faits économiques à une histoire de l’économie médiévale », dans
Histoire des sociétés rurales, 3 ; A. Guerreau, « L’étude de l’économie médiévale. Genèse et
problèmes actuels », dans J. Le Goff et G. Lobrichon, Le Moyen Age aujourd’hui, Cahiers du Léopard
d’or, 7 (1997), p. 31-8.
5. P. Kriedte, H. Medick et J. Schlumbohm, Industrialisierung vor der Industrialisierung. Gewerbliche
Warenproduktion auf dem Land in der Formationsperiode des Kapitalismus, (Veröffentlichungen des

Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne


Travailler, produire. Eléments pour une histoire de la consommation 11

Max-Planck-Instituts für Geschichte, 53), Göttingen, 1977 ; P. Jeannin, « La


protoindustrialisation : développement ou impasse ? Note critique », Annales, ESC, 1980, p. 52-65.
6. Par exemple, J.Y. Grenier, L’économie d’Ancien Régime. Un monde de l’échange et de l’incertitude,
Paris, 1996 ; G. Postel-Vinay, La terre et l’argent. L’agriculture et le crédit en France du XVIII e au début
du XXe siècle, Paris, 1998 ; citons aussi deux thèses d’histoire médiévale : C. Verna, Le temps des
moulines. Fer, technique et société dans les Pyrénées centrales (XIII e siecle-XVI e siècle), Paris, 2001 ; Ph.
Cailleux, Trois paroisses de Rouen (XIIIe-XVe siècle). Etude de topographie et d’urbanime, Paris IV, 1998 (à
paraître).
7. Par exemple, Le sol et l’immeuble. Les formes dissociées de la propriété immobilière dans les villes de
France et d’Italie (XIIe-XIXe siècles), C. Faron et E. Hubert dir., Lyon, 1995.
8. Par exemple, A. Stella, La révolte des Ciompi. Les hommes, les lieux, le travail, Préface de Ch.
Klapisch-Zuber, Paris, 1993.
9. V. Groebner, Ökonomie ohne Haus. Zum Wirtschaften armer Leute in Nürnberg am Ende des 15.
Jahrhunderts, Göttingen, 1993.
10. D. Barthélemy, La société dans le comté de Vendôme de l’an Mil au XIV e siècle, Paris, 1993, p. 905 :
« faute de toute véritable source sur les dominés, on est bien obligé ici de les laisser tomber »,
cité par M. Arnoux, qui note dans son compte rendu le nombre d’informations sur la production,
les modes de faire-valoir et la mise en valeur des terroirs, effectivement utilisées dans d’autres
passages du livre : Histoire et sociétés rurales, I (1994), p. 216.
11. M. Arnoux, G. Brunei, « Réflexions sur les sources médiévales de l’histoire des campagnes. De
l’intérêt de publier les sources, de les critiquer et de les lire », Histoire et sociétés rurales, I (1994),
p. 11-35.
12. Sans vouloir reproduire ou mettre à jour les bilans bibliographiques successifs sur le sujet,
rappelions d’abord la lente progression des éditions de sources, qui demeurent de toute façon
sous-exploitées, même si des publications récentes s’acharnent à extraire des informations de
quelques polyptyques (par exemple, E. Champion, « Les moulins à eau dans les polyptyques
carolingiens d’entre Loire et Rhin », dans L’hydraulique monastique, L. Pressouyre et P. Benoit dir.,
Ed. Créaphis, 1996, p. 321-335). A la récente réédition du Recueil de textes relatifs à l’histoire de
l’architecture et à la condition des architectes en France au Moyen Age, par V. Mortet et P. Deschamps,
préface de L. Pressouyre, bibliographie des sources par O. Guyotjeannin, Paris, 1995, s’ajoutent les
Sources d’histoire médiévale (IXe-milieu du XIVe siècle), G. Brunei et E. Lalou dir., Paris, 1992, qui
ouvrent la voie à toutes les aspirations à la recherche.
Des inventaires systématiques de sources sont en cours, identifiant et localisant des milliers de
registres notariés, de comptes, de cadastres, censiers et terriers : R.H. Bautier et J. Sornay,
Les.sources de l’histoire économique et sociale du Moyen Age, dont plusieurs volumes sont parus
de 1968 à 1984 ; on estime à 20 000 les comptes de châtellenies sur rouleaux pour les anciens pays
de Savoie depuis 1257 : Ch. Guilleré et J.L. Gaulin, « Des rouleaux et des hommes : premières
recherches sur les comptes des châtellenies savoyardes », dans Etudes savoisiennes, I (1992),
p. 51-108. Inventaires et publications de sources abondent, in extenso ou en régestes, dans nombre
de monographies d’histoire rurale ou d’histoire urbaine qui s’inscrivent dans la tradition de
l’érudition française régionale ; parmi ces dernières, citons, pour marquer la diversité des
approches : G. Sivéry, Terroirs et communautés rurales dans l’Europe occidentale au Moyen Age, P.U.L.,
1990 (comptabilités de paroisses et d’œuvres charitables) ; M. Arnoux, Mineurs, férons et maîtres de
forge. Etude sur la production du fer dans la Normandie du Moyen Age (XI e-XVe siècles), Paris, 1993
(« cartulaire » de la sidérurgie normand et « papier de la manière de Beaumont ») ; V. Weiss,
Etude de topographie parisienne : la censive du prieuré de Saint-Martin-des-Champs à Paris du XIII e au
début du XVe siècle, Thèse de l’Ecole des Chartes, 1993 ; C. Verna, Le temps des moulines..., op. cit. note
6 (chartriers comtaux, fonds notariaux et judiciaires). Aux confins de l’économie, de la gestion
des espaces et de la politique, citons, dans la tradition illustrée par les publications de l’Ecole
Française de Rome, E. Crouzet-Pavan, « Sopra le acque salse ». Espaces, pouvoir et société à Venise à la

Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne


Travailler, produire. Eléments pour une histoire de la consommation 12

fin du Moyen Age, Rome, 1992 (la construction d’un espace urbain), P. Boucheron, Le pouvoir de
bâtir. Urbanisme et politique édilitaire à Milan (XIVe-XVe siècles), Rome, 1998 (les matériaux et les
ingénieurs), L. Feiler, Les Abruzzes médiévales. Territoire, économie et société en Italie centrale du IX au
XIIe siècle, Rome, 1998.
Rappelons enfin des recherches décisives sur la consommation à partir des comptabilités et des
inventaires notariaux : L. Stouff, Ravitaillement et alimentation en Provence aux XIV e et XV e siècles,
Paris, 1970 ; H. Bresc, Un monde méditerranéen : économie et société en Sicile (1300-1460), Rome, 1986 ;
F. Piponnier, « Une maison villageoise au XIVe siècle le mobilier », dans Rotterdam Papers, 1975,
p. 139-170.
13. Cité par Y. Cohen et D. Pestre dans leur présentation d’un numéro spécial des Annales. Histoire,
Sciences Sociales consacré à l’histoire des techniques (juillet-octobre, 1998, p. 721).
14. Lors des Journées organisées en avril 1998 à l’EHESS sur le thème : « L’archéologie et les
études sur la civilisation matérielle ».
15. Par exemple, Ph. Dillmann, Ph. Fluzin et P. Benoit, « Du fer à la fonte : nouvelles approches
archéométriques », dans L’innovation technique au Moyen Age. Actes du VIII e Congrès international
d’archéologie médiévale, P. Beck dir., Paris, 1998, p. 160-168 (analyse de structure de pièces
d’artillerie du XVe siècle).
16. B. Geremek. Le salariat dans l’artisanat parisien aux XIII e-XVe siècles. Etude sur le marché de la main-
d’œuvre au Moyen Age, Paris-La Haye, 1968.
17. H. Vérin, Entrepreneurs, entreprise. Histoire d’une idée, Paris, 1982 ; J.P. Sosson, « L’entrepreneur
médiéval », dans L’impresa. Industria, commercio, banca (s. XIII-XVII), S. Cavaciocchi éd., Prato, 1991,
p. 275-276.
18. L. Boltanski et L. Thévenot, De la justification. Les économies de la grandeur, Paris, 1991, p. 35, sur
les rapports « entre le tissage des liens sociaux et la confection des objets ».
19. Ph. Braunstein, « Pour une histoire économique et sociale des techniques », dans Des sciences
et des techniques : un débat, R. Guesnerie et F. Hartog dir., Cahiers des Annales, 45 (1998), p. 209-217.
20. A. Stella, « Ars lane ou ars rationandi ? » dans Le marchand au Moyen Age, Actes du XIX e Congrès de
la Société des Historiens Médiévistes de l’Enseignement Supérieur Public, 1992, p. 113-119. ; Id., La révolte
des Ciompi..., op. cit. note 8, p. 99 et suiv.
21. G. Cornet, Le paysan et son outil. Essai d’histoire technique des céréales (France, VIII e-XVe siècles),
Rome, 1992, p. 600.
22. P. Mane, Calendriers et techniques agricoles (France-Italie, ΧΙI e-ΧΙΙIe siècles), Préface de J. Le Goff,
Paris, 1983.
23. F. Audoin-Rouzeau, Hommes et animaux en Europe de l’Antiquité aux Temps Modernes. Corpus de
données historiques et archéozoologiques, CRA-CNRS, 1993. Id., « Cheptel antique, cheptel médiéval :
mutations ou innovations ? », dans L’innovation technique au Moyen Age..., op. cit. note 15, p. 30-34.
24. G. Duby, L’économie rurale et la vie des campagnes dans l’Occident médiéval, Paris, 1962, 1, p. 170 et
suiv. ; F. Sigaut, « L’évolution technique des agricultures européennes avant l’époque
industrielle », Revue archéologique du Centre de la France, 27/1 (1988,) p. 8-41 ; M. Arnoux, « Paysage
avec cultures et animaux. Variations autour du thème des pratiques agraires », Etudes Rurales,
145-146 (1997), 1999, p. 133-145.
25. Ph. Braunstein, « Les forges champenoises de la comtesse de Flandre (1372-1404) », Annales
ESC, 1987, p. 747-777.
26. Ph. Braunstein, « L’industrie à la fin du Moyen Age : un objet historique nouveau ? », dans La
France n’est-elle pas douée pour l’industrie ?, L. Bergeron et P. Bourdelais dir., Paris, 1998, p. 25-40.
27. Histoire générale du Travail, II. L’Age de l’artisanat (V e-XVIIIe siècles), Ph. Wolff et F. Mauro dir.,
Paris, 1960.
28. F.C. Lane, « Exportations vénitiennes d’or et d’argent de 1200 à 1450 », dans Etudes d’histoire
monétaire (XIIe-XIX siècles), Textes réunis par J. Day, P.U.L., 1984, p. 29-48.

Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne


Travailler, produire. Eléments pour une histoire de la consommation 13

29. La revue fondée et dirigée par B. Gille, Revue d’histoire de la sidérurgie, devenue Revue d’histoire
des mines et de la métallurgie en 1969, a joué jusqu’à sa disparition précoce un rôle fédérateur.
Après Le fer à travers les âges, Colloque international de Nancy, 1956, vinrent Mines et métallurgie. Actes
du 98e Congrès National des Sociétés Savantes de St. Etienne, Paris, 1975 ; Mines et mineurs en Languedoc-
Roussillon, Actes du 49e Congrès de la Fédération Historique du Languedoc méditerranéen et du Roussillon,
Montpellier, 1977 ; Mines et fonderies antiques de la Gaule, Table Ronde du CNRS, 1980, Paris, 1982 ;
Mines, carrières, métallurgie de la France médiévale, Actes du Colloque de Paris, 1980, publiés par P.
Benoit et Ph. Braunstein, 1983 ; Les ressources minérales et l’histoire de leur exploitation, CTHS, 1986 ;
Les techniques minières de l’Antiquité au XVIIIe siècle, Actes du Colloque international de Strasbourg, 1988,
Paris, 1992 ; La sidérurgie ancienne de l’Est de la France dans son contexte européen. Archéologie et
archéométrie, Actes du Colloque de Besançon 1993, publiés par M. Mangin, Besançon, 1994 ;
Paléométallurgie du fer et cultures, Actes du symposium international de Sévenans, publiés par P. Benoit
et Ph. Fluzin, Belfort, 1995 ; La sidérurgie alpine en Italie (XII e-XVIIe siècle), Etudes réunies par Ph.
Braunstein, Rome, 2001 (Collection de l’Ecole française de Rome, 90).
30. Une entreprise systématique en cours, assurée par les Cahiers de l’Inventaire du Ministère de
la Culture : Les forges du pays de Châteaubriant, 1984 ; La métallurgie normande (XII e-XVIIe siècles),
1991 ; La métallurgie comtoise (XV e-XIX siècles), 1994 ; La métallurgie de la Haute-Marne du Moyen Age
au XX siècle, 1997. A signaler un ouvrage publié à l’occasion d’une exposition au Musée
Dauphinois, Les maîtres de l’acier. Histoire du fer dans les Alpes, Grenoble, 1996.
31. D. Cardon a présenté des recherches au VI e Congrès international d’archélogie médiévale de
Dijon (1997), sous le titre : « Des toisons aux étoffes, la deuxième vague d’innovations dans
l’industrie lainière médiévale », L’innovation technique au Moyen Age..., op. cit. note 15, p. 35-42.
Depuis est paru son livre La draperie au Moyen Age. Essor d’une grande industrie européenne, Paris,
1999.
32. Ph. Bernardi, Métiers du bâtiment et techniques de construction à Aix-en-Provence à la fin de l’époque
gothique (1400-1550), Aix-en-Provence, 1995, a fondé son enquête sur un millier de contrats et trois
cents transactions et documents de la pratique ; sur les apprentissages, Ph. Didier,
« L’apprentissage médiéval en France : formation professionnelle, entretien ou emploi de la main
d’œuvre juvénile ? » Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte, Germ. Abt., 101 (1984),
p. 200-255, F. Michaud-Fréjaville, « Bons et loyaux services : les contrats d’apprentissage en
Orléanais (1380-1480) », dans Les entrées dans la vie. Initiations et apprentissages. Actes du XII e Congrès
de la Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public, Annales del’Est, 5 e série, 1-2,
1982, p. 183-208. Un exemple de conflit sur le temps de travail dans les vignobles de Sens et
d’Auxerre de 1383 à 1447, dans G. Dohrn van Rossum, L’histoire de l’heure, Paris, 1997, p. 307-309,
et A. Stella, « Un conflit du travail dans les vignes d’Auxerre aux XIV e et XV e siècles », Histoire et
Sociétés Rurales, 1996, p. 221-251.
33. Pierre et métal dans le bâtiment au Moyen Age, Etudes réunies par O. Chapelot et P. Benoit, Paris,
1985 ; Artistes, artisans et production artistique. Actes du Colloque de Rennes, X. Barrai i Altet éd., 3 vol.,
Paris, 1986 ; R. Recht, Les bâtisseurs des cathédrales gothiques, Strasbourg, 1989 ; Carrières et
construction en France et dans les pays limitrophes, Paris, 1991 ; Le bois et la ville du Moyen Age au
XXe siècle, Actes du Colloque de Saint-Cloud, 1988, Paris, 1991 ; Le bois dans le château de pierre, Colloque
de Lons-le-Saulnier, 1997 (à paraître) ; Du projet au chantier. Maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre XIV e-
XVIe siècles, O. Chapelot dir., Paris, 2001.
34. Par exemple, Ph. Braunstein, « Les salaires sur les chantiers monumentaux du Milanais à la
fin du XIVe siècle », dans Artistes, artisans et production artistique..., op. cit. note 33, p. 123-132 ; sur
l’échelle salariale dans le secteur minier, cf. Ph. Braunstein, « Le travail minier au Moyen Age »,
dans Le travail au Moyen Age. Une approche interdisciplinaire, Actes du Colloque international de Louvain-
la-Neuve, J. Hamesse et C. Muraille-Samaran éd., Louvain-la-Neuve, 1990, p. 329-338.
35. Citons une entreprise magistrale : Ch. de La Roncière, Prix et salaires à Florence au XIV e siècle
(1280-1380), Ecole Française de Rome, 1982 ; l’incidence d’une crise sur les salaires du bâtiment :

Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne


Travailler, produire. Eléments pour une histoire de la consommation 14

Ph. Lardin, « La crise monétaire de 1420-1422 en Normandie », dans L’argent au Moyen Age, Actes du
XVIIIe Congrès de la Société des Historiens Médiévistes, Paris, 1998, p. 101-143.
36. Ph. Lardin, « Le rôle du vin et de la nourriture dans la rémunération des ouvriers du Bâtiment
à la fin du Moyen Age », dans La sociabilité à table. Commensalité et convivialité à travers les âges. Actes
du Colloque de Rouen, 1990, publiés par M. Aureli, O. Dumoulin et F. Thélamon, Rouen, 1992,
p. 209-215.
37. D. Menjot, « Les métiers en Castille au Bas Moyen Age : approche des vécus
socioéconomiques », dans Les métiers au Moyen Age. Aspects économique et sociaux, Actes du Colloque
international de Louvain-la-Neuve (1993), P. Lambrechts et J.P. Sosson éd., Louvain-la-Neuve, 1994,
p. 205-227. M. Hébert, « Travail et vie urbaine : Manosque à la fin du Moyen Age », dans Travail et
travailleurs en Europe au Moyen Age et au début des Temps Modernes, Cl. Dolan dir. (Papers in Mediaeval
Studies, 13), Toronto, 1991, p. 147-173.
38. J.P. Sosson, « Les métiers : norme et réalité. L’exemple des anciens Pays-Bas méridionaux aux
XIVe et XVe siècles », dans Le travail au Moyen Age..., op. cit. note 34, p. 339-348.
39. Ph. Bernardi, Métiers du bâtiment..., op. cit. note 32, p. 23 et suiv. ; J.P. Leguay, « Les métiers de
l’artisanat dans les villes du duché de Bretagne aux XIV e et XVe siècle », dans Les métiers au Moyen
Age..., op. cit. note 37, p. 157-204 ; Id., « Les manœuvres des chantiers et carrières en France et
dans les pays voisins au Moyen Age », dans Il modo di costruire, Actes du Congrès de Rome, Rome, 1990,
p. 29-48 ; Id., « Boutiquiers, artisans et gens mécaniques” en Savoie médiévale », dans Chemins
d’histoire alpine, Mélanges à la mémoire de R. Devos, Annecy, 1997,p. 269-301 ; F. Michaud,
« Apprentissage et salariat à Marseille avant la Peste Noire », Revue Historique, 1994, p. 3-36.
40. Cf. les études rassemblées sous le titre « Les dépendances au travail », Médiévales, 30 (1996).
41. A. Stella, La révolte des Ciompi..., op. cit. note 8 :« Occupation exercée et groupe
d’appartenance », p. 154-156.
42. Ph. Bernardi, Métiers du bâtiments..., op. cit. note 32, p. 27.
43. Indication communiquée par F. Muret, qui dépouille des fonds liégeois.
44. J.P. Sosson, « L’histoire économique et sociale du Bas Moyen Age : quelques réflexions à
propos des acquis et des perspectives de recherches, dans Bilan et perspectives des études médiévales
en Europe, Actes du premier Congrès européen d’Etudes Médiévales (Spolète, 1993), Louvain-la-Neuve,
1995, p. 217-251, particulièrement p. 246.
45. Hommes et travail du métal dans les villes médiévales, Etudes réunies par P. Benoit et D. Cailleaux,
Paris, 1988 ; G. Dohrn Van Rossum, « Les « orlogeurs » : artistes et experts (XIV e-XVe siècles) »,
dans Prosopographie et genèse de l’Etat moderne, Actes édités par F. Autrand, Ecole Normale
Supérieure de Jeunes Filles, 30 (1986), p. 231-247 ; A. Girardot, « Fondeurs d’artillerie et
sidérurgistes : une direction de recherches ? » dans Mines, carrières, métallurgie..., op. cit. note 29,
p. 67-76 ; P. Benoit, « Artisans ou combattants ? Les canonniers dans le royaume de France à la fin
du Moyen Age », dans Le combattant au Moyen Age, Actes du XVIII e Congrès de la Société des Historiens
Médiévistes, Paris, 1991, p. 287-296.
46. B. Gille, Les ingénieurs de la Renaissance, Paris, 1964.
47. Ph. Braunstein, « Les techniciens et le pouvoir à la fin du Moyen Age. Une direction de
recherche », dans Prosopographie et genèse de l’Etat moderne..., op. cit. note 45, p. 221-229 ; P. Benoit
et Ph. Lardin, « Les élites artisanales au service de la ville », dans Les élites urbaines au Moyen Age,
Actes du XXVIIe Congrès de la Société des Historiens Médiévistes, Paris-Rome, 1997, p. 287-304.
48. C. Billot, « Métiers de la métallurgie et migrations en France à la fin du Moyen Age », dans
Hommes et travail du métal..., op. cit. note 45, p. 227-239.
49. M. Mollat, Les affaires de Jacques Cœur. Le Journal du Procureur Dauvet, Paris, 1952. ; en écho, A.
Weitnauer, Venezianischer - Handel der Fugger nach der Musterbuchhaltung des Matthäus Schwarz,
Munich-Leipzig, 1931 ; J. Strieder, « Ein Bericht des Fuggerschen Faktors Flans Dernschwam über
den Siebenbürener Salzbergbaues um 1528 », Ungarische Jahrbücher, 13 (1933), p. 260-290 ; J.
Bottin et J. Hoock, « Structures et formes d’organisation du commerce à Rouen au début du

Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne


Travailler, produire. Eléments pour une histoire de la consommation 15

XVIIe siècle : le cas de Michel Van Damme », dans Le négoce international (XIII e-XXe siècles), F.
Crouzet dir, Paris, 1989, p. 59-93.
50. Pour le reprendre en le dévoyant, c’est le titre du livre de H. Kraus, Gold was the Mortar. The
Economics of Cathedral Building, Londres, 1979.
51. Par exemple, Ph. Braunstein, « Il cantiere del Duomo di Milano alla fine del XIV secolo : lo
spazio, gli uomini, l’opera » dans Ars et ratio. Dalla torre di Babele al ponte di Rialto, J.C. Maire-
Vigueur et A. Paravicini-Bagliani dir., Palerme, 1990, p. 147-164.
52. Sur la politique fiscale, ses buts plus que ses effets, cf. des contributions à l’histoire des pays
bourguignons dans le volume L’Argent au Moyen Age..., op. cit. note 35 : H. Dubois, « Les fermes du
vingtième à Dijon à la fin du XIVe siècle », et M. Boone, « Stratégies fiscales et financières des
élites urbaines et de l’Etat bourguignon naissant dans l’ancien comté de Flandre (XIV e-
XVe siècles) », p. 159-171 et 235-253. Cf. J. Day, Monnaies et marchés au Moyen Age, Comité pour
l’histoire économique et financière de la France, Paris, 1994.
53. Ph. Contamine, « Les fortifications urbaines en France à la fin du Moyen Age : aspects
financiers et économiques », Revue Historique, 1978, p. 23-47.
54. C. Gaier, L’industrie et le commerce des armes dans les anciennes principautés belges de la fin du XIII e
à la fin du XVe siècle, Paris, 1973, particulièrement la pièce de l’annexe II, p. 327 et suiv. ; Ph.
Contamine, « Consommation et demande militaire en France et en Angleterre », XIII e-
XIVe siècles, dans Domanda e consumi, Actes de la Vf semaine d’étude, Prato, 1974, Florence, 1978,
p. 409-428.
55. Depuis les travaux de L. Stouff, Ravitaillaient et alimentation..., op. cit. note 12, citons A.Th.
Rendu, « La main d’œuvre d’une grande exploitation minière au milieu du XV e siècle : la mine de
Pampailly en Lyonnais 1455-1457 », Cahiers d’Histoire, XXVIII, 1983, p. 59-95 ; Ph. Braunstein,
« Lebensmittelverbrauch und Regelungen der Versorgung in französischen Bergbauzentren am
Ende des Mittelalters und im 16. Jahrhundert », dans Bergbaureviere als Verbrauchzentren, E.
Westermann dir., VSWG, Beiheft 130 (1997), p. 415-427.
56. Sur l’habitat fortifié, la bibliographie est considérable et continue, des publications telles que
Archéologie Médiévale et Château-Gaillard permettent de se tenir informé des découvertes et des
analyses ; citons seulement le colloque La maison forte au Moyen Age, Paris, 1986 et une étude
monographique de P. Beck, Une ferme seigneuriale au XIV e siècle : la grange du Mont (Charny, Côte-
d’Or), Paris, 1989.
57. Par exemple, Corpus des objets domestiques et des armes de fer de Normandie, du I er au XV e siècle,
Caen, 1986.
58. F. Piponnier, « Une maison villageoise au XIV e siècle le mobilier », Rotterdam Papers, 1975,
p. 151-170.
59. J.M. Pesez, Brucato. Histoire et archéologie d’un habitat médiéval en Sicile, Rome, 1984.
60. M. Philippe, « Chantier ou atelier. Aspects de la verrerie normande aux XIV e et XVe siècles »,
Annales de Normandie, 1992, p. 239-257 ; J.F. Belhoste, « Les verreries du pays de Lyons. Impact sur
la forêt et l’économie agraire (XVIe-XVIIIe siècles) » dans Le monde rural en Normandie, Caen, 1998,
p. 347-362 ; Fenêtres de Paris (XVII e-XVIIIe siècles), Cahiers de la Rotonde, 18, Commission du Vieux
Paris, 1997.
61. J. Bocquentin, « Origine et développement des encres d’impression au XV e siècle », dans
L’innovation technique au Moyen Age..., op. cit. note 15, p. 285-286.
62. A.M. Flambard, D. Dufournier, « Réflexions à propos de l’apparition du grès en Europe
occidentale », dans La céramique (V e-XIXe siècles). Fabrication, commercialisation, utilisation, Premier
Congrès international d’archéologie médiévale, Caen, 1987, p. 139-147.
63. F. Piponnier, « Cloth Merchants Inventories in Dijon in the Fourteenth and Fifteenth
Centuries », dans Cloth and Clothing in Medieval Europe, Londres, 1983, p. 230-247.

Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne


Travailler, produire. Eléments pour une histoire de la consommation 16

64. M. Arnoux, « Matières premières, innovation technique, marché du fer : les logiques de la
carte sidérurgique de l’Europe (XIIIe-XVIe siècles) dans Gli insediamenti economici e le loro logiche, V.
Giura dir., Naples, 1998, p. 1-14.
65. F. Menant, « Pour une histoire médiévale de l’entreprise minière en Lombardie », Annales ESC,
1987, p. 779-796, particulièrement p. 786. V. Chomel, « Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, et les
mineurs de la Ferrière (1120-1135) », dans Les maîtres de l’acier. Histoire du fer dans les Alpes,
Grenoble, 1996, p. 60-61 ; A. Debord, « La fouille du castrum d’Andonne », Aquitania, 1 (1983),
p. 173-197 ; M. Colardelle et E. Verdel, Chevaliers-paysans de l’an Mil, Grenoble, 1993.
66. Ph. Contamine, « La guerre de Cent Ans en France : une approche économique », Bulletin of the
Institute of Historical Research, XL VII (1974), p. 125-149 ; Id., « Les chaînes dans les bonnes villes de
France (XIVe-XVIe siècles) », dans Ph. Contamine, C. Giry-Deloison, M.H. Keen, Guerre et société en
France, Angleterre et Bourgogne (XIVe-XVe siècles) Lille 1991, p. 293-314.
67. C. Herbaut, « La métallurgie de la châtellenie de la Poitevinière à travers les comptes de ses
revenus », dans Les Forges du pays de Châteaubriant, Cahiers de l’Inventaire, 3 (1984), p. 41-53 ; P.
Gresser, « Pour une histoire de la petite métallurgie : l’apport des comptes domaniaux en
Franche-Comté aux XIVe et XV e siècles », dans Mines, carrières et métallurgie..., op. cit. note 29,
p. 207-262.
68. M. Mollat, Le commerce maritime normand à la fin du Moyen Age, Paris, 1952, p. 279-280 ; Ph.
Braunstein et O. Chapelot, « Mines et métallurgie en Bourgogne à la fin du Moyen Age : première
esquisse », dans Mines, carrières, et métallurgie..., op. cit. note 29, p. 45 et 62 ; O. Chapelot, « Les
ouvriers du métal en Bourgogne à la fin du Moyen Age, l’exemple du Châtillonnais », dans Pierre
et métal..., op. cit. note 33, p. 308.
69. R. Sprandel, Das Eisengewerbe im Mittelalter, Stuttgart, 1968, « Die Eisenerze Europas », p. 17 et
suiv. ; Ph. Braunstein, « Das französische Eisen und die europäische Eisenlandschaft (13. bis 16.
Jahrhundert) », Die europäische Eisenstrasse, R. Sandgruber et G. Speri Linz dir. (à paraître).
70. M. Ferauge et P. Mignerey, « L’utilisation du fer dans l’architecture gothique : l’exemple de la
cathédrale de Bourges », Bulletin Monumental, 1996, p. 129-148 ; J.L. Taupin, « Le fer dans les
cathédrales », Monumental, 13 (1996), p. 18-27 ; une estimation pionnière relative à la cathédrale
de Ratisbonne (40 tonnes de fer) dans W. Haas, « Die Rolle des Eisens in der vorindustriellen
Architektur, dargestellt an ostbayrischen Beispielen », dans Die Oberpfalz, ein europäisches
Eisenzentrum, Amberg, 1987, p. 495-504.
71. Ce sont les titres des volumes de F. Braudel, rassemblés sous l’intitulé général Civilisation
matérielle, économie et capitalisme (XVe-XVIIIe siècle).

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