MESURE ET EVALUATION

Notes de cours du Pr NKECK BIDIAS Renée Solange

Chapitre 2 : LES CONCEPTS FONDAMENTAUX EN EVALUATION

2.1.Evaluation,

Au sens étymologique du terme, évaluer vient de « ex-valuere », c'est-à-dire « extraire la

valeur de », « faire ressortir la valeur de ».

Évaluer : dans le cadre scolaire évaluer c’est donner une valeur à une production d’un élève.
Cette valeur peut être donnée sous différentes formes (appréciation, indicateur ou code
numérique, alphabétique, couleur …) Corollaires : - On évalue une production, un travail, des
acquis d’élève, pas une personne qui serait l’élève lui-même dans sa globalité.. - On parle
improprement de l’évaluation des élèves. On devrait parler de l’évaluation des acquis des
élèves.

Selon De Ketele (1989)1, « Evaluer signifie :

Recueillir un ensemble d'informations suffisamment pertinentes, valides et

fiables,
 Et examiner le degré d'adéquation entre cet ensemble d'informations et un
ensemble de critères adéquats aux objectifs fixés au départ ou ajustés en cours de
route
 En vue de prendre une décision. »
Par ailleurs selon Tsafak (2003)2 « l’évaluation est le fait de porter un jugement de valeur
sur un programme ou sur la performance ou le rendement de l'élève à partir d'informations
sur la base des critères ou normes en vue d'une prise de décision »
Selon Monnier3 L'évaluation est à la fois instrument de gestion et réponse à une double
exigence de transparence et d'efficacité. Concernant la gestion publique, l'évaluation fait
partie d'une conception de celle-ci qui se veut moins centralisée, plus proche des citoyens et
plus responsabilisant pour les agents publics. Mais pour obtenir de l'évaluation ce qu'elle
peut apporter et pour apprécier "sa valeur ajoutée par rapport à des exercices connexes qui ne
sont pas les siens, tels que le contrôle et le suivi" il est nécessaire d'avoir une vision claire des
définitions et des apports de ces différents exercices

Commentaires

C1 : Pour Gérard et Roegiers (2003)4 : L’évaluation prépare une décision (En vue de prendre
une décision).

1
L'évaluation de la productivité des institutions d'éducation. Cahier de la fondation universitaire :
université et société, le rendement de l'enseignement universitaire
2
Tsafack, G. Comprendre les sciences de l’éducation. Harmattan
3
(Monnier Eric, in L'évaluation au service de l'avenir),.
4
Gérard F.M et Roegiers, X. (2003} Des manuels scolaires pour apprendre Bruxelles : De Boeck
Université

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L'évaluation n'est pas une décision, mais la prépare. Un aspect fondamental de l'évaluation
réside dans le fait qu'elle est orientée vers la prise de décision, qu'elle doit préparer la prise de
décision. C'est cet aspect du processus qui différencie fondamentalement l'évaluation du
jugement ou d'une appréciation.
Le fait de juger une personne ou une action, relève d'un processus empirique, souvent spontané
(instinctif), et basé sur des impressions ou sur des critères implicites.
Au contraire du jugement, l'évaluation est un processus intentionnel, systématique, basé sur
des critères explicites et orientés vers une prise de décision. C'est ainsi qu'en matière
d'évaluation des apprentissages des élèves, on peut par exemple évaluer :
 en début d'année les performances des élèves pour décider si on peut commencer
les apprentissages comme prévu ;
 en cours d'année les performances d'un élève pour décider s'il est nécessaire de
mettre en place une procédure de remédiation ;
 en fin d'année les performances d'un élève pour décides s'il peut passer dans la classe
supérieure.

C2L'évaluation se fonde sur des objectifs en relation avec la décision à prendre

 Aux objectifs

S'il est vrai que l'évaluation prépare une décision, cette décision n'est pas forcement connue au
départ, si non l'évaluation ne serait pas nécessaire : d'où la nécessité d'avoir une idée bien
précise du type de décision qui pourrait être prise.
Exemple : Un enseignant peut évaluer les performances de ses élèves pour prononcer la réussite
ou l'échec, soit pour décider ou non de proposer à certains une remédiation individualisée, soit
pour commencer de nouveaux apprentissages, passer au module suivant, développer un
nouvel objectif d'apprentissage, développer une nouvelle compétence.

Ces trois types de décisions provoquent des évaluations très différentes. C'est là le rôle des
objectifs de l'évaluation. Ils déterminent en vue de quoi on évalue. Il peut s’agir de : sonder
les façons dont les élèves ont appris et les raisons de leurs difficultés, de sonder les acquis de
base des élèves sans trop se savoir si certains ont un niveau de maîtrise largement supérieur au niveau de
base requit pour passer aux apprentissages suivants.

 Fixés au départ ou ajusté en cours de route

II y a dans le processus d'évaluation un jeu de va et vient entre les objectifs et les informations
recueillies.

C3 Les objectifs débouchent sur des critères d'évaluation

Un ensemble de critères adéquats aux objectifs
Les critères d'évaluation sont plus qualitatifs que quantitatifs : maîtrise des compétences de
base même si certains savoirs et savoir-faire ne sont pas maîtrisés : critères par lesquels on

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recueille les informations

Les critères de décision sont plus quantitatifs 12/20 critères par les quels on prend une
décision.

C4 L'évaluation nécessite de recueillir des informations

Pour préparer la décision l'évaluateur doit recueillir des informations sures les faits qui sont
des informations objectivables (valides et pertinentes),les représentations ou perceptions, les
opinions...

2.2. Mesure

La mesure et l'évaluation sont souvent confondues ; pourtant, il s'agit de deux opérations

distinctes. En éducation les deux concepts contribuent à répondre à un type de questions
que toute institution scolaire, tout enseignant, se posent régulièrement.
 Comment évaluer le rendement des étudiants dans telle ou telle matière ?
 En fonction de quels objectifs doit-on faire l'évaluation et à l'aide de quels
instruments de mesure ?
 Comment construire de tels outils ?
 Comment évaluer l'enseignement donné et les programmes d'études offerts ?
Il s'agit donc, comme on le voit, de mesurer et d'évaluer l'apprentissage lui-même
(le rendement des étudiants, leurs attitudes, leurs progrès), ainsi que l'aide à
l'apprentissage (les activités d'enseignement, les programmes et les institutions elles-
mêmes).

La mesure est définie comme l’attribution des symboles numériques à des objets, à des
événements ou à des personnes selon des règles déterminées5 ou encore « l'assignation d'un
nombre à un objet ou à un événement selon une règle logiquement acceptable »6

On la définit aussi comme la comparaison de deux quantités dont l’une est considérée comme
unité afin de déterminer combien de fois l'une est contenue dans l’autre : c'est la notation.
Pour mesurer un terrain de football, l'objet à mesurer est le terrain et l'instrument le mètre qui
correspond à la longueur étalonnée. Un nombre traduit le résultat de la mesure.
Mesurer le rendement scolaire c'est attribuer un résultat quantitatif traduisant la performance
dans une mesure.

2.3.Jugement

Le jugement est l’action de juger quelqu'un, une affaire, dans le respect des lois et règlements
en vigueur. Il s’agit aussi de la décision rendue par une juridiction (exemple un tribunal
d'instance).

5
(Fred Kerlinger, 1973)
6
(Guilford).

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Le jugement est une activité de l'esprit permettant de juger, d'apprécier les êtres, les choses,
les situations de la vie pratique et de déterminer sa conduite : Une éducation qui vise à former
le jugement.
Aptitude à bien juger, à former des appréciations lucides, justes : Un homme dépourvu de
jugement.
Action de se faire une opinion sur quelqu'un ou sur quelque chose ; manière de juger : Je m'en
remets à votre jugement.
Appréciation, favorable ou défavorable, portée sur quelqu'un ou sur quelque chose : Formuler
un jugement sur un ouvrage.
Activité de la pensée qui affirme ou nie une proposition, pour faire apparaître le vrai.

En résumé : le jugement se fait à partir d'informations qui sont généralement fournies par le
résultat de la mesure, par exemple les notes des élèves mais aussi par d'autres évaluations.

Le jugement de valeur n'est pas arbitraire, il se formule sur la base de critères ou normes.

Exemple de Jugement de valeur

Nul (Nul)
Très mal (Very bad)
Mal (Bad)
Très médiocre (Very indiffèrent)
Médiocre (indiffèrent)
Passable (Tolerable)
Assez bien (good enough)
Bien (Goog)
Bien (Good)
Très bien (Very good)
Parfait (Excellent)

Le jugement se fait en vue d'une décision. Si le résultat de l'évaluation est insatisfaisant,

l'école peut soit demander à l'élève de reprendre pour récupérer, soit l'exclure ou le réorienter dans
un autre programme.
Si la mesure et l'évaluation sont souvent confondues dans notre système, ce n'est pas seulement
parce que ces notions ne sont pas systématiquement enseignées, c'est parce que les résultats de
la mesure sont immédiatement et sans transition associés à un cadre de référence qui correspond
à notre expérience vécue : la durée de vie, la moyenne des notes d'une classe 10 sur 20, la taille
en mètres des individus. Si je dis/par exemple qu'un élève a eu 120 à une épreuve (résultat de
la mesure), vous n'êtes pas en mesure de me dire s'il est médiocre,

2.4.Docimologie

Etymologiquement docimologie vient de la racine grecque, “ dokimé ” qui signifie épreuve et

“ logos ” qui signifie science. Il s’agit de la science des examens et des concours. Son
initiateur reconnu est le psychologue français. Henri Piéron (1881-1964). Elle étudie la qualité

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et la validité des différents systèmes de notation scolaires et de contrôle des connaissances.

Elle permet d’évaluer la manière dont les notes sont distribuées par les correcteurs.
Dans l'enseignement secondaire, la docimologie intéresse plus particulièrement le système
de notation et le régime des compositions, qui constituent le mode traditionnel de contrôle des
connaissances et de classement des élèves (Pédag.1972)

2.5.Contrôle

Le contrôle consiste à vérifier le respect de normes. Il s’exerce en référence à des règles et-
des critères préétablis, ensemble appelé référentiel. Ces règles et ces critères sont explicites,
réputés connus de tous les acteurs concernés auxquelles ils s'imposent. Le référentiel est dit
externe et fermé. Selon les cas, il s'agit des textes législatifs ou réglementaires,
nomenclatures et enveloppes budgétaires, instructions administratives ou comptables,
normes juridiques ou professionnelles...
Le contrôleur doit s'assurer que, pour une procédure donnée, les services et les personnes
chargés de la mettre en œuvre, ont fait preuve du respect des règles et des critères préétablis
ainsi que du savoir-faire requis pour leur bonne application. Le contrôleur doit posséder une
bonne connaissance de ces règles et critères et se garder de toute connivence ou empathie
avec les personnes contrôlées.
Le contrôle constate, mesure les écarts à la norme et en rend compte. Il peut révéler des
irrégularités dans l'action des individus, des non-conformités matérielles ou des
dysfonctionnements patents dans l'organisation collective. Inévitablement il met alors en
cause des personnes et peut entraîner des sanctions, ce qui n'est pas sans peser sur les
relations entre contrôleur et contrôlés.

2.6.Audit

L'audit comprend une part de contrôle de régularité et de conformité et une part de contrôle
d'efficacité débouchant sur des propositions d'amélioration. Le terme audit est un vocable
fréquemment utilisé mais dont la définition et les méthodes sont souvent mal connues.
Pourtant des normes internationales existent depuis plusieurs années .L'audit s'est élargi du
domaine financier d'autres champs, par exemple la gestion des risques, les procédures de
contrôle, l'organisation et le management. Il peut être externe ou interne.
L'auditeur collecte de l'information, questionne et écoute afin d'analyser et d'apprécier
l'emploi des ressources et l'organisation mise en place au regard d'un référentiel qu'il s'est
donné et qu'il fait connaître aux audités. L'auditeur livre son diagnostic et formule des
recommandations d'amélioration de la structure ou des procédures.
S'agissant de la gestion publique, les Cours des comptes et institutions analogues rassemblées
dans l'International Organisation of Suprême Audit Institutions (INTOSAI) ont élaboré en
1992, et révisé en 1995, des normes qui font référence, en particulier auprès de la
Commission européenne. Dans ce cadre, l'audit vise le contrôle et la justification de l'emploi
des ressources relatives à un organisme ou à un programme ; il s'étend au contrôle
d'efficacité, à la recherche d'économies ainsi qu'à des propositions d'amélioration de la
rentabilité ou des performances.

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2.7.Inspection

L'inspection englobe plusieurs activités, exercées séparément ou simultanément, allant

du contrôle et de la surveillance d'activités réglementées jusqu'à l'analyse et la
qualification de pratiques individuelles ou de fonctionnement de systèmes.

L'inspection est souvent exercée par un corps à compétence technique particulière ou à

autorité spécifique, spécialement investi de cette mission : le corps des inspecteurs. Elle
comprend des travaux d'investigation "sur pièces et sur place" y compris parfois pour
confirmer ou infirmer un doute sérieux, voire pour rechercher les preuves d'une anomalie
grave et mettre en évidence les responsabilités. Elle peut donc déboucher sur des
propositions de sanction. Elle comporte une fonction d'expertise, d'analyse de pratiques ou de
modes d'organisation, dans le but soit de les valider, soit de les améliorer soit de les valoriser
soit encore de les promouvoir.

En Recherche, on accorde une grande importance à la réflexion sur les conditions de

l'évaluation, le rapport des méthodes d'évaluation avec les objectifs globaux de
l'enseignement et leur impact sur les étudiants. Ainsi s'interroge-t-on sur les conséquences
de l'utilisation des divers types de tests sur l'apprentissage, ou de tout autre moyen
d'évaluation sur le développement de telle ou telle attitude chez les étudiants.

En mesure et évaluation, on vise entre autres à élaborer des tests permettant de mieux
mesurer la progression dans l'apprentissage, ce qui devrait conduire à une amélioration
des méthodes. On cherche aussi à mettre au point divers instruments d'observation pour
analyser le comportement des enseignants, et à adapter des méthodes quantitatives
pour toutes sortes de besoins particuliers en mesure et évaluation. Des chercheurs
s'intéressent également à l'élaboration des méthodes non verbales pour mesurer les
intérêts des étudiants tandis que d'autres analysent l'impact de l'utilisation de telle ou
telle méthode d'évaluation sur le développement de leur matière ou un ensemble de matières
données. Lorsque je corrige la copie d'un élève, je mesure ses performances scolaires et le résultat
se traduit par une note chiffrée qui est aussi un symbole.

Les échelles de mesure se distinguent sur la base de leur distance par rapport aux règles de la
mesure. Elles ont été rationnellement classifiées en quatre niveaux ou sortes de données
numériques hiérarchisées ; nominal, ordinal, intervalle et rationnelle

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