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Département de psychopédagogie
1FFO1370 : Docimologie et outils d’évaluation
Public-cible
L’étudiant nouvellement inscrits à l’Ecole Normale Supérieure d’Atakpamé pour une Licence
Professionnelle d’enseignement au niveau secondaire 1er cycle.
Pré-réquis
Avoir des notions en différentes conceptions et pratiques pédagogiques qui donnent plus de sens aux
apprentissages en situation de classe.
Compétences : Mobiliser les ressources nécessaires en vue d’une bonne évaluation des apprentissages
en situation de classe.
Plan du contenu
Introduction
Séquence 1 : Evaluation des apprentissages
- Définition et rôle de la docimologie
- Types, moments et nature de l’évaluation
Séquence 2 : Stratégies d’évaluation
Séquence 3 : Biais d’évaluation
- Les problèmes et les conflits en évaluation
- Réduire la subjectivité et les conflits en évaluation et exploiter les résultats
- Les caractéristiques d’une évaluation fonctionnelle
Séquence 4 : Outils d’évaluation (QCM, QROC, étude de cas, question rédactionnelle, etc.)
- Le choix ou la construction des outils d’évaluation
Mode d’évaluation
Devoirs sur tables
Contrat de recherche
Examen de fin de semestre
Bibliographie
Gaston Mialaret, Pédagogie générale, PUF, Paris, 1991
Patrice Pelpel, Se former pour enseigner, Dunod, Paris, 2002
Georgette et Jean Pastiaux, Précis de pédagogie, Nathan, Paris, 1997.
Olivier Reboul, Qu’est-ce qu’apprendre ? PUF, Paris, 2001.
René Amigues, La notation des copies en situation d’examen et de classe, (article tiré de l’Internet…)
Jean-Pierre Astolfi, et al., Mots-clés de la didactique des sciences, De Boeck, Bruxelles, 1997.
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Introduction
L’évaluation est un sujet d’actualité qui mobilise actuellement et depuis longtemps chercheurs et monde
politique afin de réfléchir à des dispositifs plus bénéfiques pour les apprentissages. Il fait actuellement
l’objet de beaucoup de débats autour du type d’évaluation, de ses modalités. Cela témoigne de
l’importance de ce sujet, de ses enjeux eu égard aux controverses, tensions que cela suscite dans notre
société que l’on soit chercheur, politicien, enseignant ou parent d’élève.
Au sens étymologique, évaluation vient de « ex-valuere », c'est-à-dire « extraire la valeur de ». Parmi
les nombreuses définitions de l’évaluation, on peut retenir que évaluer signifie recueillir un ensemble
d’informations pertinentes, valables et fiables en vue de prendre une décision.
Dans le domaine scolaire, évaluer consiste à porter un jugement sur les apprentissages de l’élève, sur la
qualité de l’enseignement, sur les programmes à partir de critères précis, après avoir recueilli et analysé
des informations.
L'évaluation joue un rôle essentiel dans la façon dont les élèves apprennent, dans leur motivation à
apprendre et dans la façon dont les enseignants enseignent.
L'évaluation de l'apprentissage s'entend du processus qui consiste à juger de la qualité du travail
accompli par l'élève en fonction des normes de performance établies et à déterminer la note finale qui
représente cette qualité.
A travers cette UE, nous allons amener les futurs enseignants à s’approprier :
- la définition et le rôle de la docimologie
- les différents types, moments et nature de l’évaluation et leur fonction,
- Le choix et la construction des outils d’évaluation,
- les problèmes et conflits liés à la pratique de l’évaluation en situation
d’enseignement/apprentissage,
- et les stratégies pour réduire la subjectivité et éviter les conflits en évaluation.
- au début d'un enseignement ou d'une formation, lors d'un recrutement professionnel, souvent
avec un objectif de sélection (concours ou recrutement à un niveau donné), on parle de pré-
requis d'un apprentissage antérieur, autodidacte ou fruit d'un enseignement ou des pré-acquis ;
- Pendant la formation pour réguler les apprentissages ;
- au terme d'un enseignement ou d'une formation où elles évaluent les performances des
étudiants et l'enseignement.
Les contenus et les modalités des épreuves (à condition qu'ils soient connus) constituent les objectifs
de fait d'un enseignement, d'une formation; Les contenus et les modalités des épreuves déterminent
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les modalités d'apprentissage; Les modalités des contrôles des connaissances constituent un indicateur
objectif et simple de l'évaluation d'un enseignement.
Mesurer des apprentissages dans le but d’une évaluation juste des apprenants pose le problème du «
pourquoi » et du « comment » évaluer ainsi que la question de la communication des résultats
d’évaluation.
La préparation des instruments de mesure va de pair avec la formulation des objectifs et l’élaboration
des stratégies d’enseignement.
1.2. Qu’est-ce qu’évaluer ?
L’évaluation est au cœur de la formation. Il n’y a pas de formation valable sans la mise en œuvre d’un
dispositif d’évaluation cohérent. L’organisation de ce dispositif n’est possible que si les intentions
pédagogiques ont été clairement définies sous forme d’objectifs de formation.
Le concept d’évaluation prête souvent à équivoque. Par exemple, l’on peut penser que :
• Evaluer, c’est mesurer ; non, car l’idée de mesure implique la notion d’unité;
• Evaluer, c’est sanctionner ; non puisque la sanction est soit positive, soit négative.
Or, il ne s’agit pas de juger l’élève, mais plutôt de juger son travail, ses performances.
Étymologiquement, le terme évaluation signifie « déterminer la valeur de quelque chose ». En réponse
aux questions fondamentales posées par l’évaluation, les experts en sciences de l’éducation proposent
plusieurs définitions du mot évaluation. Quatre grandes tendances se dégagent : évaluation et mesure ;
évaluation et jugement ; évaluation et attente des objectifs; évaluation et prise de décision.
• Pour DE KETELE (1980, p.114), «Evaluer signifie confronter un ensemble d'informations à
un ensemble de critères en vue de prendre une décision».
• Pour EBEL (1965, cité par Nadeau, 1988, p.44), l'évaluation est : « un jugement de mérite
quelque fois basé uniquement sur des mesures comme des résultats à des tests, mais plus
fréquemment impliquant la synthèse de plusieurs mesures, incidents critiques, impressions
subjectives et autres évidences ».
• Pour TYLER (1950, cité par STUFFLEBEAM, 1980, p.13), « le processus de l'évaluation
consiste essentiellement à déterminer dans quelle mesure les objectifs d'évaluation sont en
voie d'être atteints par le programme d'étude en cours »
• Pour BARBIER (1985 cité par HENRY, 1991, p.63), l'évaluation peut être définie comme: «un
acte délibéré et spécialement organisé aboutissant à la production de jugement de valeur».
• L’évaluation est une estimation par une note d’une modalité ou d’un critère considéré dans un
comportement ou un produit. (Gilbert DELANDSHEERE). L’évaluation comprend à la fois une
description qualitative, une description quantitative et des jugements de valeurs.
Autres définitions
« Opération qui consiste à estimer, à apprécier, à porter un jugement de valeur ou à accorder une
importance à une personne, à un processus, à un événement, à une institution ou à tout objet à partir
d’informations qualitatives et/ou quantitatives et de critères précis en vue d’une prise de décision.
Évaluer, c’est comprendre, éclairer l’action de façon à pouvoir décider avec justesse de la suite des
événements. » (Renald LEGENDRE - Dictionnaire actuel de l’éducation, 1993 - GUÉRIN / ESKA).
« Démarche ou processus conduisant au jugement et à la prise de décision. Jugement qualitatif ou
quantitatif sur la valeur d’une personne, d’un objet, d’un processus, d’une situation ou d’une
organisation, en comparant les caractéristiques observables à des normes établies, à partir de critères
explicites, en vue de fournir des données utiles à la prise de décision dans la poursuite d’un but ou d’un
objectif. » (Renald LEGENDRE - Dictionnaire actuel de l’éducation, 1993 - GUÉRIN / ESKA).
Pour François Muller, l'évaluation est un « processus (1) par lequel on définit (2), obtient (3) et fournit
(4) des informations (5) utiles (6) permettant de juger les décisions possibles (7).
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3. on obtient = collecte, analyse, mesure des données
4. on fournit = communiquer ces données
5. des informations = faits à interpréter
6. informations utiles = qui satisfont aux critères de pertinence
7. décisions possibles = actions d'enseignement, d'orientation etc.
« L’évaluation pédagogique peut être définie comme le processus systématique visant à déterminer
dans quelle mesure des objectifs éducatifs sont atteints par des élèves ». (Dictionnaire de l’évaluation et
de la recherche pédagogique)
Évaluer et noter : Dans l’histoire de l’évaluation, terme qui n’est apparu qu’aux alentours de 1960
selon Daniel Hameline (2005), la note s’installe en fin du 19ème siècle dans les pratiques scolaires, après
un usage quasi exclusif du classement qui permettait de dégager une petite élite utile à la nation
(F.Castincaud, J.M Zakhartchouk, 2014). La note apparait donc comme une valeur chiffrée permettant
d’apprécier le niveau, le travail des élèves. Complétons cette définition par celle donnée par Charles
Hadji (1989) : « originellement la note est notation, au double sens de représentation par un symbole, et
de brève communication écrite ». La note est utilisée pour donner la valeur d’un résultat mais est aussi
un moyen pour transmettre un résultat à l’évalué, à ses parents, à l’institution du fait de sa lisibilité
rapide. Une autre définition s’appuyant sur la philosophie, est apportée par Bruno Lomenède (2014) : la
note serait donc fondée philosophiquement à mesurer un écart par rapport à la perfection ».
La note est donc une valeur appréciative, un moyen de communication, un outil de mesure mais les
limites de la note, selon Charles Hadji (1989) résident justement dans le fait que « pour le sens commun,
noter, c’est mesurer ». En effet, pour établir une mesure, il est nécessaire de s’appuyer sur des unités de
mesure permettant d’obtenir un résultat objectif et fiable.
Globalement, évaluer consiste à attribuer des valeurs à des objets ou à porter un jugement sur la valeur
d’un objet.
La définition de l’évaluation fait appel aux préoccupations suivantes : mesure, jugement, atteinte des
objectifs, prise de décision.
Dans le contexte général de l’éducation, l’évaluation peut porter sur plusieurs aspects du système
éducatif au niveau national, régional, local.
On peut évaluer la gestion administrative ou financière, les infrastructures, l’utilisation des ressources
humaines, l’utilisation des matériels didactiques, la prestation des enseignants, les programmes
d’enseignement, les manuels, les pratiques d’évaluation, les politiques éducatives, etc.
Dans la situation d’enseignement/apprentissage,
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Évaluer consiste à recueillir des informations sur les performances des apprenants,
– soit pour déterminer les pré-acquis des apprenants et organiser
l’enseignement,
– soit pour s’informer sur la progression de l’acquisition des nouveaux
comportements,
– soit pour apprécier la qualité du processus d’apprentissage, en vue de
l’améliorer,
– soit encore pour sanctionner et certifier la formation.
L’évaluation fait partie intégrante du processus d’enseignement/apprentissage dans lequel elle joue le
rôle d’outil de diagnostic, de régulation, de motivation des apprenants, de validation des acquis ou de
certification de la formation.
Avant toute évaluation, l’enseignant doit identifier les éléments suivants :
Les objectifs de l’évaluation: pourquoi évalue-t-on ?
l’objet de l’évaluation: sur quoi va porter l’évaluation ?
les instruments de mesure: avec quoi va-t-on évaluer ? (recueillir les informations et les
mesurer)
Le moment de l’évaluation: quand va-t-on évaluer : au début? pendant? à la fin de
l’enseignement/apprentissage?
les informations à recueillir: quelles informations va-t-on recueillir?
le jugement: Quels sont les critères de jugement ou d’appréciation des informations recueillies?
Quels sont les standards? (grille de correction)
la décision : Comment va-t-on utiliser les résultats ? Quelle décision va-t-on prendre ? Qui
prendra la décision ?
Avant d’évaluer, il faut donc déterminer l’objectif de l’évaluation, c’est-à-dire ce pour quoi on veut
évaluer, ou ce à quoi les résultats vont servir.
C’est en fonction des réponses à ces questions qu’on choisit la stratégie d’évaluation (outils, moment,
critères, etc.) en relation avec les objectifs, contenus, activités et contexte d’enseignement/apprentissage.
Les objets de l’évaluation : des savoirs, des savoir-faire, des attitudes, des habiletés, des connaissances,
des compétences, des ressources, des processus (fonctionnement cognitif, affectif, méthodologique,
etc.).
Les objectifs de l’évaluation :
• situer par rapport à des objectifs donnés
• réguler, réajuster, adapter, améliorer, informer, guider, aider
• remédier
• valoriser, motiver, renforcer, stimuler, encourager
• certifier
• orienter
• sélectionner
• etc.
En enseignement, l’évaluation repose sur trois fonctions essentielles :
- Orienter l’apprentissage
- Réguler l’apprentissage
- Certifier l’apprentissage
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L’apprenant doit être capable de formuler 10 objectifs pédagogiques en relation avec le cours de
géographie. Il dispose de la matière du cours. Il doit définir la performance attendue, les conditions et
les critères d’évaluation de chaque objectif. Aucune erreur ou oubli n’est toléré
L'objectif de cette évaluation est d'estimer les chances de réussite d'un apprenant. Elle fonde des
décisions de sélection ou d’orientation en fonction de l’aptitude présumée à suivre cette nouvelle
formation.
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L’évaluation diagnostique ou d’orientation :
Cette évaluation a pour but de permettre aux enseignants d'analyser des situations, des besoins, les
profils et pré-requis d'apprenants, d'apprécier leurs compétences et leurs difficultés éventuelles au début
ou au cours d'un apprentissage ou d'une formation :
• soit afin de leur fournir des repères pédagogiques pour organiser la suite des
apprentissages.
Elle responsabilise, en outre, l'apprenant en lui permettant de prendre conscience de ses forces,
de ses faiblesses et donc des points sur lesquels il doit se mobiliser.
• soit afin d'estimer si l'apprenant possède les capacités nécessaires pour entreprendre
une formation ou pour suivre un apprentissage.
Cette évaluation vise moins à juger des acquis que des aptitudes. Elle a lieu au début d’une formation
ou d’une séquence d’enseignement/apprentissage. Elle permet de contrôler les pré-acquis des
apprenants.
• Si les pré-requis sont acquis, l’enseignant peut débuter la séquence ; sinon, il doit revenir sur les
aspects non acquis, afin de réunir les conditions favorables nécessaires au bon déroulement de
la séquence d‘enseignement qu’il va débuter.
• C’est donc une évaluation qui permet de voir si l’apprenant est pourvu des qualités
intellectuelles et caractérielles et des connaissances nécessaires pour aborder une formation
nouvelle ou un cycle suivant d‘études, ou encore une nouvelle section d’enseignement.
• En d‘autres termes, on cherche à savoir s’il a le niveau requis.
L’évaluation diagnostique permet donc avant la formation :
- à l’enseignant de déterminer les pré-requis ou les pré-acquis de l’étudiant ;
- à l'enseignant, de former des groupes ou d’effectuer des mises à niveau et si
nécessaire, de modifier le contenu ou les modalités.
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- à l'étudiant, d'évaluer les résultats de son travail, de situer le niveau de ses connaissances
par rapport à ses efforts et par rapport aux objectifs d’étape définis et par rapport aux
autres ;
- à l'enseignant, d'évaluer la qualité et le niveau de son enseignement et, si nécessaire, d'en
modifier le contenu ou les modalités.
L’évaluation sommative :
Elle a lieu à la fin de plusieurs séquences d‘enseignement ou à la fin d‘une formation. Elle conduit à la
décision d‘accorder une promotion ou une reconnaissance ou une certification des études. Elle permet
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à l‘enseignant d‘avoir des notes pour confectionner les bulletins et décider du passage ou du
redoublement de l‘élève. Pour les gestionnaires du système éducatif, elle permet de décerner les
certificats et diplômes.
L’évaluation sommative intervient en fin de formation et permet :
- à l'étudiant, d'évaluer les résultats de son travail, de situer le niveau de ses
connaissances par rapport à ses efforts et par rapport aux objectifs définis et par
rapport aux autres ;
- à l'enseignant, d'évaluer la qualité et le niveau de son enseignement et, si
nécessaire, d'en modifier le contenu ou les modalités.
« L'évaluation sommative attribue une note chiffrée à une performance jugée représentative de
l'apprentissage terminé, et ceci aux fins de classer ou de sélectionner les élèves. La procédure ne
poursuit donc plus, en théorie, aucun dessein pédagogique, mais répond à des exigences
administratives, institutionnelles et sociales.» (M. Minder)
Cette évaluation bilan s’intéresse aux résultats et aux produits qu’on appréhende avec un référentiel
élaboré au préalable afin de répondre à une demande de vérification et/ou de contrôle de la progression
de l’élève. Cette évaluation permet à l'enseignant de s’assurer que le travail des élèves correspond aux
exigences préétablies par lui et par le programme pédagogique. Elle permet de situer les performances
de l’élève par rapport à une norme.
L'évaluation certificative est une évaluation sommative qui vise la délivrance d’un diplôme, d’un
certificat attestant des capacités et compétences de l'apprenant.
L’évaluation certificative est destinée à l'étudiant et à la société. Elle certifie à l'étudiant qu'il a
acquis des compétences, et à la société qu'elle peut faire confiance au détenteur du diplôme.
Les moments de l’évaluation : Avant, pendant, à la fin de la formation
1.4. Les différents champs que peut couvrir une évaluation scolaire
Les centres d’intérêts de l’évaluation scolaire
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La question de l’évaluation est devenue un des problèmes majeurs qu’on rencontre fréquemment dans
les activités d’enseignement et de formation.
- aux procédures de notation ...
- à l’examen de la qualité de l’enseignement dispensé ...
- à l’appréciation des résultats d’un programme …
- à l’analyse des besoins d’une population donnée, concernée par un programme scolaire ...
- à l’étude des réactions de la population concernée par un programme d’enseignement ou de
formation...
Certains spécialistes ont estimé, à juste titre que le concept d’évaluation est un carrefour sémantique de
plusieurs éléments : les domaines de l’évaluation et les perspectives pour l’aborder.
Les domaines de l’évaluation: On en trouve plusieurs qu’on peut répartir en trois catégories :
- Le problème d’ordre philosophique et moral...
- -Le problème de modalités et des fondements scientifiques...
- Le rôle de l’évaluation dans les relations qui existent entre les enseignants et les élèves.
Les perspectives de l’évaluation scolaire
Les perspectives pour aborder le problème de l’évaluation sont également diverses et concernent : -
L’éducateur - L’évalué- Le chercheur - L’utilisateur des résultats
Le choix du type d’évaluation ne se fait pas au hasard. Il répond à des objectifs et des besoins précis.
Avant d’élaborer un sujet d’évaluation, il faut répondre à un certain nombre d’interrogations qui sont:
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- Qu’est-ce qu’on évalue ? sur quels objectifs du programme ou sur quelles leçons porte
l’évaluation ?
- Pourquoi évalue-t-on ? quelle décision sera prise au terme de l’évaluation ?
- Quand doit-on évaluer ? à quel moment de l’apprentissage dois-je évaluer et avec quel type
d’évaluation ?
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1.7.Les fonctions de l’évaluation
Selon Pelpel, l’évaluation a 3 fonctions principales:
1.7.1. La fonction sociale
Vue sous l’angle social, l’évaluation assure une fonction globale du système d’enseignement d’un pays,
qui vise l’insertion sociale et professionnelle de ses jeunes. Cette insertion tient alors compte des
capacités, des besoins et des caractéristiques des individus et de la société actuelle et future.
Il existe alors une corrélation entre l’évaluation scolaire et le monde socioprofessionnel et avec la vie
économique de chaque individu (sa rémunération) dans la société.
1.7.2. La fonction pédagogique
Sur le plan pédagogique, l’évaluation a une fonction à deux dimensions: l’une centrée sur l’élève et
l’autre sur le professeur.
a) La fonction pédagogique de l’évaluation concernant l’élève consiste à voir quel profit ce dernier
tire de l’enseignement qu’il reçoit.
b) La fonction pédagogique de l’évaluation est aussi centrée sur l’activité du professeur, sur ses
objectifs et sur ses méthodes.
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Le concept de ‘’la mesure d’un rendement scolaire’’ est une assertion qui va au-delà de la simple
évaluation d’un enseignement ou d’un cours.
Aujourd’hui, il existe deux types de mesures du rendement scolaire: la mesure critériée et la mesure
normative.
Pour décrire le processus du rendement scolaire, il existe principalement trois énoncés principaux
articulés en 6 concepts (le cours, l’examen, le résultat, la notation, l’évaluation et la décision). Le
processus de mesure peut se schématiser comme suit:
- Enoncé 1: Un Cours est mesuré par un Examen
- Enoncé 2: Le Résultat obtenu suite à un examen est exprimé en terme de Notation.
- Enoncé 3: L’Evaluation du Résultat obtenu après Notation de l’Examen prépare à la prise d’une
Décision.
2.2.1. Qu’est-ce qu’un cours?
Quand il s’agit de regarder le cours sous l’angle de la méthode qu’on suit et des objectifs poursuivis, il
prend un sens légèrement différent. Ici l’on s’intéresse alors à ce qui peut conduire à une mesure, et
principalement à la mesure critériée. Il existe en effet un deuxième type de mesure : la mesure normative.
2.2.2. L’examen
Dans le domaine scolaire comme universitaire, l’examen est la forme la plus répandue pour contrôler ce
que les élèves ou les étudiants ont appris et acquis après un enseignement donné.
Ce que l’on cherche à contrôler à travers un examen, c’est une simple assimilation d’une information,
c’est le contenu de la matière étudiée ; c’est aussi le niveau de maîtrise de ce contenu par les apprenants.
L’examen permet de faire une double analyse : l’analyse de la matière dispensée comme cours et analyse
du niveau de maîtrise que l’élève a de cette matière.
2.2.3. Le Résultat
Un résultat se présente souvent sous deux aspects : Ainsi parle-t-on de résultat brut et de résultat
significatif.
Le résultat brut est celui qui apparaît sur la copie de l’examen. Ce résultat pris en lui seul n’a aucune
signification dans le sens où il ne donne aucun renseignement sur le rendement du sujet.
Le résultat significatif est, par ricochet, celui qui donne des informations ou des renseignements sur le
rendement de l’élève. Pour rendre significatif un résultat brut, il existe deux manières : on peut le faire
en utilisant les objectifs (résultat critérié) ou en utilisant le groupe des examinés (résultat normatif).
- Le résultat significatif critérié
- Le résultat significatif normatif
2.2.4. La notation
Pour situer un résultat, l’on se sert le plus souvent de la notation. Et on distingue deux types de notations
qui correspondent conformément aux deux types de résultats décrits plus haut, on parle donc de : la
notation absolue, la notation relative.
En bref, nous retiendrons que :
- Le résultat critérié est exprimé à travers la notation absolue où on utilise les objectifs : les
objectifs sont-ils atteints, ou non ?
- Le résultat normatif est transmis par la notation relative où l’on s’intéresse à la moyenne, au
rang…
Lors d’un concours, la notation a un but différent de celui qu’elle a dans un examen. C’est ainsi que
dans un concours, elle a pour but de classer les candidats.
Dans un examen ce but se dédouble conformément à la double signification que prend le mot notation
à ce niveau précis: la signification quantitative et la signification qualitative.
Lors d’une notation à un examen, donner la moyenne à un candidat équivaut à la conclusion qu’il a
atteint les performances qu’on attendait de lui. Cela revient à dire qu’il est admis.
2.2.5. L’évaluation et la décision
Nous remarquons que l’évaluation revêt une grande importance dans le domaine scolaire, parce qu’elle
aboutit nécessairement à une prise de décision.
Retenons tout simplement ici qu’il n’est pas facile d’évaluer puisque la bonne décision, suite à
l’évaluation n’est pas toujours donnée. Evaluer et décider relève d’une certaine minutie et d’un certain
discernement; puisque tout cela touche la vie humaine.
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La décision constitue le but ultime de l’évaluation, car quand on juge la situation d’un apprenant c’est
dans le but de prendre une bonne décision. Nous voyons également que la décision ne doit pas être prise
à la hâte après un seul jugement.
L’évaluation formative: rôle et pratique
Elle intervient en cours d’apprentissage avec l’intention de rétroagir sur la formation. Elle permet à
l’enseignant de différencier et de réajuster son action (si nécessaire). Elle situe les élèves par rapports
aux objectifs fixés.
Suite à une évaluation formative, l’on peut décider de réviser telle ou telle notion, de motiver tel ou tel
élève…
Evaluation sommative et évaluation certificative: rôle et pratique
Elle intervient à la fin du cours ou de l’enseignement. C’est une sorte de bilan. Elle joue le rôle de
certification d’une formation, d’un éventuel classement des élèves, d’une communication des résultats
aux parents sur un bulletin scolaire. Elle peut aussi attribuer un certificat ou un diplôme à l’élève. Ici les
décisions ont des effets à long terme. Elles sont d’ordre administratif et non pédagogique.
Cette évaluation est dite sommative dans le sens où elle se base sur la somme des résultats et non sur les
détails.
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Les épreuves d’évaluation peuvent être administrées sous diverses formes selon les objectifs et les
types d’évaluation :
– interrogation orale,
– interrogation écrite,
– Travaux pratiques,
– devoir de maison,
– travail en groupe,
– devoir mensuel,
– examen trimestriel ou semestriel ou annuel, etc.
Les exercices en classe : Les meilleurs se cherchent en ayant sous les yeux une situation réelle. Le
choix des énoncés d’exercice doit s’effectuer en éliminant tous les problèmes abstraits ou les situations
irréalisables ; il convient d’utiliser beaucoup d’exercices très simples. Malheureusement beaucoup de
Prof estiment ne pas devoir de temps sur ces exercices jugés simples, ils passent aux “choses sérieuses”.
Les exercices à la maison : Si le Professeur a proposé en classe un exercice trop difficile ou mal conçu,
il s’en aperçoit en constatant les échecs. En revanche, les exercices à la maison se doivent de ne
comporter que des questions très modestes et les énoncés ne doivent pas être obscurs ou incomplets,
d’où la nécessité de les préparer avec soin et de les résoudre en dehors de la classe pour que tous les
élèves fassent ce travail ; pour ce faire, il faut respecter certaines règles : Choisir des exercices visant
surtout à encourager l’élève; Apporter une aide à l’élève afin de lui la éviter la tentation de copier ; Dès
son entrée en classe, le Prof doit montrer l’importance qu’il attache à ces exercices. Ainsi le Professeur
vérifiera que tous les élèves ont fait leurs exercices, puis posera quelques questions sur les difficultés
rencontrées et leurs genres, enverra 2 ou 3 élèves au tableau (il est inutile de perdre du temps si toute
la classe a trouvé l’exercice), encouragera les élèves, surtout ceux en difficulté, ce qui présente des
avantages psychologiques évidents ; puis il indiquera que ces mêmes exercices peuvent intervenir
pendant les compositions.
Les devoir de maison : Ils sont rédigés sur feuille de copie et corrigés par le Prof. Ils sont
indispensables à tous les niveaux et leurs fréquences augmentent fortement entre les collèges et les
terminales scientifiques du lycée. Les notes des devoir de maison ne sont pas généralement
comptabilisées dans les moyennes de classe. La contrainte majeure ici est le nombre d’élèves donc de
copies à corriger. Il faut donc nécessairement trouver une méthode qui permet de palier cette difficulté
(technique de la pédagogie des grands groupes). Chaque fois qu’on donne un devoir de maison, il faut
rappeler les termes du contrat (ex : compte pour 1/3 dans les moyennes ; peut revenir dans les devoirs
prochains ; prépare à l’examen). Le devoir ne doit pas décourager trop d’élèves ; il doit donc comporter
des questions immédiates, puis des questions assez faciles et enfin une question plus difficile. Lors de
la remise des copies, il faut féliciter et encourager les élèves dont le travail est visiblement personnel
même si la note est basse. Enfin, tout devoir maison fait partie du programme de révision pour le
prochain contrôle (chaque contrôle doit reprendre, sans modification autre que numérique, une question
du devoir).
Les interrogations, contrôles : L’efficacité de ces contrôles dépend plus de leur fréquence que de leur
durée.
Les interrogations écrites : Ce sont de petits contrôles rapides (10 à 20 mn, corrections comprises) et
auto corrigés par la classe. Comme les contrôles, elles doivent permettre de savoir si les objectifs ont
été atteints ou non à l’aide de tests tels que : applications numériques, graphiques, schéma, exercice,
etc. Elles seront constituées de questions courtes, précises, concises et éliminant toute ambiguïté. La
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correction est faite par les élèves. Au bout de 10 mn l’interrogation est terminée et les élèves
s’échangent les copies. Chaque correcteur aura pris de porter son nom sur la copie qu’il corrige et la
note finale qu’il attribue à son collègue. Le Prof ne prendra qu’un échantillon des copies (ex : 10) pour
vérifier les écarts à la note réelle afin de prendre des sanctions contre les fraudeurs éventuels.
NB : pour la 1ère fois, il sera nécessaire que le Professeur corrige toutes les copies pour amener les
élèves à prendre leur responsabilité.
Les contrôles proprement dits : Dans les conditions normales (classe à effectif non pléthorique,
homogène, année sans trouble) les contrôles sont mensuels. Limiter la durée d’un contrôle à 30 mn au
collège et 1 h au Lycée. On fournira la liste détaillée et limitative des questions qui pourront être posées.
Il est souhaitable qu’un contrat fasse l’objet d’une discussion rapide et disciplinée entre la classe et le
Prof, par exemple en s’engageant à ne poser que les questions sur les devoirs-maison, les exercices à la
maison, etc. On peut même convenir que les questions préparées seront notées sur 15 points et qu’un
exercice un peu plus difficile se verra attribuer 5 points. On peut estimer qu’il y a un gain de temps lié
à la méthode puisque les exercices ont fait l’objet d’une recherche et d’une correction. On peut alors
proposer en une heure un problème (déjà corrigé) demandant 2 h.
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- pour estimer avec précision le temps nécessaire pour réaliser la tâche ;
- pour s’assurer de la bonne compréhension des supports (par exemple la lisibilité des
illustrations) ;
- pour s’assurer que toutes les informations nécessaires sont contenues dans la tâche ;
- pour s’assurer de la bonne formulation des consignes : une formulation claire, précise, adaptée
au niveau des élèves et ne prêtant pas à plusieurs interprétations.
La formulation ne doit en aucun cas induire les réponses mais elle doit susciter la créativité des
apprenants.
Fiabilité
La fiabilité d'un test est démontrée lorsqu'on obtient les mêmes résultats en soumettant plusieurs fois les
mêmes sujets aux mêmes épreuves et dans les mêmes conditions.
Cette qualité ne s'applique qu'aux situations expérimentales dont on contrôle tous les paramètres. Dans
les examens auxquels sont soumis les étudiants, une méthodologie expérimentale étudiant la fiabilité,
démontrerait probablement est un idéal inaccessible du fait de l'impossibilité de reproduire des
conditions identiques.
Les étudiants doutent toujours de la fiabilité d'un examen ou d'un concours comme le démontrent les
protestations que suscite le fait de recommencer une épreuve à cause d'une erreur matérielle
Structure
Un libellé est suivi d'une question dont on choisit la ou les bonnes réponse(s) parmi 3, 4 ou
5 propositions (rarement plus). A côté de la ou des bonne(s) réponse(s) il faut des leurres
crédibles.
Avantages
- Facilité de correction et possible automatisation ont fait le succès des QCM.
- Possibilité de balayer tout le champ d’un enseignement.
- La correction d'une QCM est fiable et objective, et il y a aisément possibilité de faire des
études statistiques sur les résultats.
Inconvénients : exercice artificiel et mauvaise utilisation
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-Exercice artificiel
L’exercice est artificiel, l'offre d'un choix de réponses ne fait pas appel à la réflexion spontanée.
Mauvaise utilisation
Simple, la méthode est pénalisée par sa mauvaise utilisation.
- Il est difficile de rédiger des QCM sans ambiguïté, comportant toutes les données nécessaires, avec de
vrais leurres.
- On attache à tort aux QCM la notion de rapidité de réponses, ce qui ne permet de tester que la mémoire
ou des automatismes. Il est possible d'exposer un problème difficile et de poser une QCM nécessitant
plusieurs minutes de réflexion.
Les QCM simplistes sont des QCM bâclées.
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- répondre se limite à restituer une partie de cours sans faire appel à la réflexion.
Inconvénients
Ces épreuves peuvent manquer de validité : portant sur une partie de l’enseignement, elles incitent les
étudiants à gérer les impasses.
Elles manquent d’objectivité. Pour les enseignants rédiger une question sans ambiguïté est plus ou moins
aisé. La correction est longue si le nombre de copies est important. • L'établissement d'une grille de
correction (voir plus loin) est indispensable dans un concours, et souvent dans un examen, pour
augmenter l'objectivité de la correction.
Pour les étudiants plus une question est complexe, plus il est possible de faire preuve d'originalité. Un
style médiocre, une écriture difficile à déchiffrer, nuisent à la qualité de la copie même si le fond est
correct.
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L'ordinateur assiste de plus en plus la mémoire humaine pour le stockage de connaissances.
Actuellement il devient préférable de juger les étudiants plus sur l'utilisation de leurs connaissances
que directement sur celles-ci.
Il apparaît ainsi souhaitable de privilégier les épreuves où les étudiants doivent résoudre des problèmes
en ayant à leur disposition les sources d'informations nécessaires, à condition de respecter l'équité dans
l'accès aux ressources.
3.2.5. Correction
3.2.5.1. Les notations dans un concours et dans un examen
Dans un concours, la notation a simplement pour but de classer les candidats.
Dans un examen, la notation a deux significations :
- une qualitative, valider ou non une formation,
- l'autre quantitative, indiquer à l'étudiant l’ampleur de son succès ou de son échec, situer ses
performances par rapport à celles attendues et celles des autres
.
3.2.5.2. Donner la moyenne
Donner la moyenne, donc recevoir l'étudiant, et conclure qu’il a atteint le niveau nécessaire de
performances.
Si cette notion apparaît évidente dans la notation de questions rédactionnelles, elle s'efface parfois
devant la sommation des notes de QROC ou de QCM au point d'aboutir à ce qu'on attribue la
moyenne à l'étudiant qui sait répondre à une question sur deux ! Ceci a donc amené à envisager
différentes solutions.
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6-7 = travail très insuffisant ;
8-9 = travail insuffisant ;
10-11 = passable ;
12-13 = assez bien ;
14-15 = bien ;
16-17 = très bien ;
18-19-20 = excellent.
Par exemple :
Pour Excellent : Le correcteur peut écrire sur la copie ce qui suit : le travail est excellent ; le texte est
développé de façon exceptionnelle ; les concepts sont clairs, bien intégrés et développés avec
originalité.
Très bien : Le travail est très bien réalisé ; le sujet est très bien développé et intelligemment abordé ;
tous les éléments du cours apparaissent de façon évidente dans le texte et sont très bien abordés ; le
texte est clair, bien structuré, intéressant et très bien écrit ; le travail répond totalement aux exigences
du cours.
Passable : Le travail est passable ; le sujet quoique mentionné, n’est pas suffisamment développé : les
concepts du cours sont très peu intégré, le texte manque de structure, quoique celle-ci est apparente
occasionnellement ; les erreurs sont plutôt nombreuses; le texte devra être revu en profondeur pour
répondre aux exigences du cours.
Insuffisant : Le travail est nettement insuffisant ; le sujet est très peu défini ; aucune intégration des
concepts du cours ; les erreurs sont nombreuses ; la structure du cours inexistante.
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3.2.8. Des sources d’erreurs en évaluation scolaire
Etant née à la suite d'une remise en cause de la manière de noter, la docimologie peut nous paraître, à
juste titre, comme une science négative: Et pourtant, elle n'a pas que cet aspect; elle intervient aussi dans
l'établissement des barèmes, des critères de correction et de notation et dans les efforts d'amélioration
des systèmes d'évaluation pour plus d'objectivité.
Pour y parvenir il faut connaître les sources qui poussent aux erreurs. C’est dans cet ordre d’idées que
des spécialistes ont cherché et trouvé plusieurs sources d’erreurs que nous pouvons résumer ici en trois.
L’évaluateur
Il y a bien souvent de grands écarts entre plusieurs professeurs sur la notation d’une copie donnée. En
outre l’évaluateur ne s’accorde pas aussi avec lui-même.
Il existe plusieurs autres facteurs qui peuvent influencer la notation de l’enseignant. Nous limiterons
seulement à deux facteurs généraux:
- La familiarité entre les enseignants et leurs élèves
- Des idées préconçues ou préjugés.
Le sujet
La manière de formuler et de présenter un sujet ou une épreuve peut être source d’erreurs. La note de
l’évalué en dépendra. Il faudra aussi retenir que tous les élèves ne comprennent pas de la même manière.
L’évalué
La 3ème source d’erreur en évaluation et en notation scolaires se situe au niveau de l’élève lui-même. En
effet le résultat qu’il fournit à l’examen dépend de sa stabilité émotionnelle du moment, de son état de
santé, de la situation professionnelle et financière de ses parents.
En bref, la note attribuée à un élève lors d’une évaluation n’est pas une mesure. C’est plutôt un message
avec toute l’ambiguïté de tous les messages.
4.1. La subjectivité
• La grande difficulté en évaluation est liée à l’objectivité dans les appréciations des performances
des apprenants.
• Certaines épreuves sont complexes et induisent toujours la subjectivité : Production ou
composition de texte, dessin, croquis, schémas, traduction, etc.
• Bref, chaque fois que le correcteur doit faire appel régulièrement à des jugements personnels
pour apprécier les réponses des apprenants, alors le test est subjectif.
• Pour chaque question, il y a autant de réponses que d‘apprenants.
• Le correcteur doit comparer chaque réponse avec une réponse qu‘il juge idéal pour attribuer les
notes.
• Ce problème se pose beaucoup moins pour les disciplines scientifiques ;
• car pour elles, il est relativement aisé de se mettre d’accord sur un nombre de points attribués à
chaque question d’un problème, de décider d’une pénalisation uniforme pour les erreurs de
calcul, etc.
• Mais il est très accru dans les disciplines littéraires et les humanités.
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• Ici, les critères auxquels on affecte les points sont difficiles à définir et leur appréciation dépend
toujours fortement du correcteur.
• Les critères souvent utilisés sont :
• lisibilité, esthétique, présentation, exactitude de l’orthographe, exactitude syntaxique, structure
de l’exposé, richesse des idées, pertinence des idées, précision de l’information, concision, style,
originalité, maturité, imagination, etc.
• Certains enseignants se font une opinion personnelle sur un sujet donné (en littérature, en
philosophie, et dans les humanités) et ils veulent que le candidat trouve la même idée ou le
même mot qu’ils ont dans l’esprit, ce qui ne serait possible que par un miracle !
- l’effet de stéréotypie: l’enseignant persiste à noter de la même façon le même élève, quelles
que soient ses performances réelles, d’où parfois le sentiment d’injustice vécu par l’élève qui a
le sentiment que quoi qu’il fasse, il vaut tant !
Une immuabilité plus ou moins accusée s’installe dans la correction que fait l’enseignant sur le
travail de l’apprenant. Les mêmes élèves se retrouvent très souvent avec les mêmes notes. Ou
encore, selon que la première copie est bonne ou médiocre, sa correction peut influencer les
copies suivantes.
- l’effet de halo: le correcteur survalorise les aspects secondaires (écriture, présentation,
orthographe, etc.) par rapport à la performance réelle de l’élève dans un domaine donné.
Les réponses d’un élève de belle allure peuvent être surestimées. Cela est valable à l’oral. A
l’écrit, une écriture lisible, le soin apporté à la copie (présentation) peut influencer le correcteur
de façon positive.
- l’effet de contamination : les différents aspects d’un même devoir s’influencent mutuellement
et contribuent à laisser échapper une remarque pertinente dans un ensemble jugé médiocre.
L’avis des confrères a un rôle influent sur le jugement du correcteur.
- l’effet de tendance centrale: par peur de surévaluer ou de sous-évaluer, le correcteur tend à
n’utiliser que les notes médianes.
Ce phénomène est particulièrement net dans certaines disciplines comme la composition
française, la philosophie, où les très faibles notes et les notes les plus élevées sont rarement
données.
- l’effet de trop grande indulgence ou de trop grande sévérité: Les correcteurs sont
inégalement sévères.
- l’effet de l’ordre des corrections ou la place de la copie : Quand nous évaluons
successivement plusieurs copies d’élèves, notre jugement fluctue selon la place de la copie. En
effet, si une même copie est placée dans le premier tiers du tas de copie elle recevra
généralement une moins bonne note que si elle est placée dans le second et surtout le troisième
tiers.
Par le fait que le professeur a encore à l’esprit les arguments avancés par dans la première copie,
cela peut influencer la copie suivante.
Plus encore, quand une copie moyenne est placée juste après une excellente copie, nous avons
tendance à être plus exigeants avec cette deuxième.
Réciproquement, nous serons plus indulgents si cette copie moyenne est corrigée juste après
une très mauvaise copie.
- L’effet de contexte : Une même copie, et plus largement un même élève, ne seront pas notés
de la même manière s’ils sont dans une classe (dans un établissement) où globalement les
autres élèves sont meilleurs : on aura alors tendance à être plus exigeant.
Réciproquement, nous serons moins exigeants avec cette copie ou cet élève s’il fait partie d’une
classe (d’un établissement) où globalement les autres élèves sont moins performants.
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- L’effet du genre : il est lié aux stéréotypes sexistes. Certains enseignants hommes attribuent
moins de qualités aux filles dans le domaine des sciences en général et des mathématiques en
particulier.
En conséquence, une même copie attribuée à un garçon aura en moyenne une meilleure note
que si elle est attribuée à une fille… quand on la donne à corriger à plusieurs correcteurs
masculins.
- L’effet de l’âge de l’enseignant : En début de carrière, certains d’entre nous ont tendance à être
très exigeants, cette exigence s’assouplit quelque peu avec les années d’expérience.
- Le piège de la réponse attendue : Quand nous avons précisément une idée de la tâche que
l’élève doit réaliser, de la manière dont il doit la réaliser, nous nous fermons parfois à la
possibilité qu’une autre réponse correcte existe, qu’une autre manière de faire est pertinente.
Nous avons tendance alors à juger non pas du fait que la réponse de l’élève soit correcte ou
incorrecte, mais du fait qu’elle correspond ou pas à notre attente.
Cet effet est particulièrement contre-productif.
- L’effet de l’idéologie du correcteur : C’est lorsque l’idéologie du correcteur tend à primer sur
celle de l’élève, malgré les bons arguments qu’il avance pour défendre son point de vue.
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En résumé, l’enseignant choisit la stratégie d’évaluation (moment de l’évaluation, type d’évaluation,
outils de collecte d’informations et instruments de mesure) de façon qu’elle mesure effectivement
l’atteinte des objectifs d’enseignement.
Les résultats de l‘évaluation doivent ensuite être exploités pour l‘amélioration de la qualité du processus
d’enseignement apprentissage.
C’est pourquoi, en situation d’enseignement/apprentissage, de mauvais résultats d’évaluation ne doivent
jamais être interprétés automatiquement par la paresse des apprenants.
Ils doivent plutôt amener à un questionnement rigoureux sur le processus d’enseignement/apprentissage,
le contexte social et d’apprentissage, la nature et les conditions de l’évaluation.
Pour exploiter les résultats d’une évaluation, l’enseignant doit regrouper les apprenants en différentes
catégories en fonction de leur performance.
Ce regroupement permet d’identifier les élèves qui ont de faibles performances et de leur accorder une
attention particulière.
Des entretiens pédagogiques permettront ensuite de déceler les niveaux de difficultés qui sont très
variables d’un individu à l’autre et d’apporter l’assistance qu’il faut à chaque élève.
Les résultats des évaluations doivent également permettre à l’enseignant de s’interroger sur la qualité et
la pertinence de ses actions pédagogiques (enseignement, évaluation), de déceler les manquements et de
rectifier le tir.
4.4. Caractéristiques d’une évaluation fonctionnelle
Aucun apprentissage n’est possible sans feed-back, donc sans bilans fréquents et réguliers ; aucun
progrès n’est possible si les erreurs ne sont pas identifiées comme telles et ensuite analysées dans leurs
causes.
L’enseignant lui-même a aussi besoin de bilans pour gérer la formation, sinon il risque la fuite en avant
et se prépare des surprises douloureuses.
La pratique de l’évaluation n’est donc pas un élément surajouté à l’apprentissage; elle fait partie
intégrante du processus d’enseignement/apprentissage et aide à sa meilleure réalisation. Pour cela,
l’évaluation doit au mieux respecter les principes suivants:
i. Elle doit être centrée sur l’apprenant, c’est-à-dire le renseigner sur les qualités et les
défauts d’une prestation fournie. L’élève doit savoir où il en est et comprendre les
causes de ses erreurs.
ii. Elle doit être également centrée sur l’enseignant : lui permettre d’assumer sa
responsabilité, de remettre en cause sa démarche ou sa stratégie, de repenser son action.
iii. Elle doit être permanente : la nécessité de faire le point régulièrement prévient le
risque de voir les élèves persévérer indûment dans une erreur. En outre, les élèves ont
besoin d’être informés dès que possible des résultats de leur travail. Par exemple, la
composition française rendue 15 jours après sa production n’offre pas l’occasion d’un
intérêt réel pour l’analyse des erreurs. L’idéal est de concevoir des travaux qui se prêtent
à un bilan aussi rapide que possible.
iv. Elle est transparente: les partenaires (enseignant et élèves) du processus
d’apprentissage doivent être informés des critères pris en compte, ce qui oblige
l’enseignant à expliciter ses outils d’évaluation et implique que les élèves sont en
mesure de comprendre les dysfonctionnements signalés. Une telle exigence permet de
désamorcer les conflits et donne lieu à un apprentissage plus authentique. Un critère
non assimilé par l’apprenant ne rend aucun service lors du bilan.
v. Elle est réflexive; d’une part, elle doit amener l’élève à réfléchir sur le processus
d’apprentissage; d’autre part, elle reflète à l’élève son fonctionnement intellectuel et
l’aide ainsi à s’améliorer.
vi. Elle permet un diagnostic: l’élève découvre ses atouts, ses qualités et ses faiblesses. Il
pourra en tirer les conséquences et se donner les moyens pour réussir. Ici, on peut faire
appel à la pédagogie différenciée et au dialogue pédagogique avec l’élève.
vii. Elle est dynamique, c’est-à-dire qu’elle stimule aussi bien l’apprenant que
l’enseignant. Lorsque les échecs sont analysés, les obstacles cernés, les moyens de
surmonter la difficulté envisagés, il n’y a plus de place pour un stérile fatalisme. Même
si on connaît ses limites, on sait comment on peut mieux faire.
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viii. Elle est éducative: Lorsque les performances sont analysées de sorte qu’on puisse les
améliorer, l’élève se rassure sur ses possibilités et son affectivité est positivement
investie dans la tâche. Ainsi, on agit sur l’ensemble de sa personnalité.
ix. Elle ne porte pas de jugement de valeur: l’analyse des productions des apprenants
doit être prioritairement un jugement de réalité : tel texte est ou n’est pas cohérent ; tel
passage de composition de texte est ou n’est pas pertinent par rapport au sujet traité ;
tel problème de mathématiques est ou n’est pas résolu, etc.
Ces caractéristiques qui ne sont pas exhaustives, indiquent le cadre idéal d’une évaluation fonctionnelle,
cependant, Il faut rappeler que l’action pédagogique est très complexe et navigue dans les deux pôles
du souhaitable et du possible. L’idéal en évaluation des apprentissages c’est le souci de l’objectivité, le
choix des critères suivant les objectifs, la nature et les conditions de l’enseignement, le souci de la
mesure, l’analyse des dysfonctionnement et la régulation de l’apprentissage, mais la réalité peut être
toute autre, car l’enseignant est une personne, et lui-même et ses techniques n’ont pas forcément la
neutralité souhaitée.
Parfois, l’institution pose des tâches incontournables et difficiles à critérier; tout n’est pas mesurable, ni
réductible à un jugement de réalité; on ne maîtrise jamais tous les paramètres d’une activité humaine, et
les conditions concrètes de l’apprentissage échappent souvent à l’enseignant.
Toutefois, l’enseignant, informé de la difficulté de la pratique de l’évaluation, doit toujours rechercher
le maximum d’objectivité, afin de désamorcer les conflits et de mieux réguler son enseignement.
Conclusion
L’évaluation en milieu scolaire est certes indispensable, mais elle demeure complexe quant à sa mise
en œuvre. Il importe pour l’enseignant d’avoir toujours à l’esprit les objectifs qu’il a définis dans sa
leçon autour de laquelle sera construite l’évaluation (Congruence entre objectifs et items d’évaluation).
De même, il ne doit pas perdre de vue que son travail d’évaluateur servira à prendre une décision
pouvant influencer la vie personnelle de l’élève. Pour cela, l’évaluateur doit être pondéré et manipuler
les outils avec précaution.
Pour qu’une évaluation soit efficace, il faut que les outils utilisés pour la réaliser soient bien élaborés,
bien pensés et très constructifs. Pour bien élaborer des outils d’évaluation, il faut suivre un processus
rigoureux.
Il est alors bien et normal de donner des consignes claires et des énoncés sans ambiguïtés. Ces consignes
et ces énoncés doivent être conformes aux objectifs poursuivis et aux compétences que l’on recherche.
Tout test ou toute évaluation doit suivre une grille qui lui est propre pour favoriser une correction
objective, en donnant les mêmes critères (de correction) à des correcteurs différents. Dans cette grille
les critères de mesure et d’appréciation du travail réalisé devront être définis, aussi bien pour
l’enseignant que pour les élèves. La grille de correction doit aussi comporter le coefficient d’évaluation.
Une grille de correction doit inclure également le barème de correction qui permet d’affecter des points
(chiffrés) à chaque critère retenu. Un barème est indispensable si l’évaluation vise des résultats chiffrés.
L’examiné (l’élève) doit pouvoir connaître cette grille pour savoir sur quoi se basera l’enseignant pour
l’apprécier et pour apprécier sa réalisation.
Il existe des parasites qui ternissent la fidélité du correcteur, surtout quand l’exercice n’est pas constitué
de QCM où une seule réponse est attendue pour chaque item.
Hormis les évaluations composées de QCM, il existe des critères parasites qui peuvent interférer et
affecter la fidélité et l’objectivité du correcteur dans les autres types d’évaluation.
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