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La position des puissances (Le Monde diplomatique, août 1954) https://www.monde-diplomatique.

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La position des puissances

I. – La Grande-Bretagne se déclare
en faveur de l’élargissement de la
frontière occidentale de la Pologne
« Vous avez demandé en premier lieu si, même s’il s’avérait que le gouvernement des États-Unis ne
peut donner son accord aux modifications de la frontière occidentale polonaise envisagées au cours
des dernières conversations à Moscou, le gouvernement de sa majesté appuierait ces modifications au
moment de la conclusion de la paix. La réponse du gouvernement de sa majesté à cette question est
affirmative.

» En second lieu, vous avez demandé si le gouvernement de sa majesté est définitivement en faveur du
déplacement de la frontière polonaise jusqu’à la ligne de l’Oder, le port de Szczecin inclus. La réponse
est que le gouvernement de sa majesté considère en fait que la Pologne devrait avoir le droit d’élargir
son territoire dans cette mesure. »

(Note du gouvernement britannique, signée Alexandre Cadogan, à M. Romer, ministre des affaires
étrangères du gouvernement polonais en exil, en réponse à une démarche faite par celui-ci le 31 octobre
1944.)

II. –La France admet la cession à la Pologne de la


Prusse-Orientale, de la Pomeranie et de la Silésie
« Nous n’avons pas d’objections au tracé des frontières que le gouvernement soviétique envisage à l’est.
Nous avons donc admis la cession à la Pologne de la Prusse-Orientale, de la Poméranie et de la
Silésie ; ce transfert devant, dans notre esprit, constituer une compensation à la renonciation de la
Pologne à ses provinces de l’est et retirer en même temps à l’Allemagne d’une part les régions d’où est
sorti le militarisme prussien et, d’autre part, la totalité du bassin industriel de la Silésie. »

(Déclaration de M. Georges Bidault, ministre des affaires étrangères, 21 décembre 1944.)

III. – À Yalta les trois grandes puissances


promettent à la Pologne de substantielles

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compensations territoriales
« Les trois chefs de gouvernement considèrent que la frontière est de la Pologne devra suivre la ligne
Curzon avec, en certains points, quelques changements de 5 à 8 kilomètres en faveur de la Pologne. Ils
reconnaissent que la Pologne doit recevoir de substantielles compensations territoriales au nord et à
l’ouest. Ils estiment que l’opinion du nouveau gouvernement provisoire polonais d’unité nationale
devra être consultée, en temps voulu, au sujet de l’étendue de ces territoires cédés et que la
délimitation finale de la frontière ouest de la Pologne devra, par conséquent, attendre la conférence de
la paix. »

IV. – Le président Roosevelt déclare que la


frontière occidentale de la Pologne sera fixée
définitivement à la conférence de la paix
« Le tracé de la frontière occidentale sera fixé définitivement à la conférence finale de la paix. Nous
savons en gros que cette frontière inclura dans une nouvelle Pologne puissante ce qui est
présentement appelé Allemagne. Il a été convenu également que la nouvelle Pologne comprendrait un
important secteur côtier et de nouveaux ports. Également la Prusse-Orientale – la plus grande partie
-ira à la Pologne ; un morceau en ira à la Russie. Quant à l’anomalie de l’état libre de Danzig, je pense
que Danzig serait beaucoup mieux s’il était polonais. »

(Message du président Roosevelt au congrès américain, relatif à la conférence de Yalta, 1er mars 1945.)

V. – À Potsdam les trois Grandes puissances remettent à l’administration de l’état polonais les
territoires ex-allemands situés à l’est de la ligne Oder-Neisse

« L’accord suivant a été conclu sur la frontière occidentale de la Pologne :

» les chefs des trois gouvernements sont d’accord sur le fait que, en attendant le tracé définitif, les
territoires ex-allemands à l’est d’une ligne partant de la baltique à l’ouest de Swinemunde, descendant
le long de l’Oder jusqu’au confluent de la Neisse occidentale, puis le long de celle-ci jusqu’ à la
frontière tchécoslovaque et comprenant la région de l’excité libre de Danzig, seront remis à
l’administration de l’état polonais et à cette fin ne devront pas être considérés comme partie de la zone
soviétique d’occupation de l’Allemagne. »

VI. – Décision des « trois » sur le


transfert des Allemands de Pologne
« Les trois gouvernements, après avoir examiné la question sous tous ses aspects, reconnaissent que
l’on devra procéder au transfert en Allemagne des populations allemandes demeurées en Pologne, en
Tchécoslovaquie et en Hongrie. Ils sont d’accord sur le fait que ces transferts doivent être exécutés de
façon ordonnée et humaine... »

(Communiqué publié au sujet des accords de Potsdam, 17 juillet-2 août 1945.)

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VII. – M. Byrne, secrétaire d’État américain,


déclare que les frontières occidentales de la
Pologne sont provisoires
« En ce qui concerne la Silésie et les autres régions orientales de l’Allemagne, leur attribution à la
Pologne par la Russie, à des fins administratives, avait eu lieu avant la conférence de Potsdam. Les
chefs des gouvernements se sont mis d’accord pour que, en attendant la délimitation finale de la
frontière occidentale de la Pologne, la Silésie et les autres régions orientales de l’Allemagne soient
administrées par l’état polonais et ne soient donc pas considérées comme faisant partie de la zone
soviétique d’occupation de l’Allemagne. Cependant, comme le protocole de la conférence de Potsdam
le dit clairement, les chefs des gouvernements ne se sont pas engagés à appuyer, lors du règlement de
la paix, la cession de telle ou telle région particulière.

» Les soviets et les polonais ont lourdement souffert des armées d’invasion de Hitler. À la suite des
accords de Yalta, la Pologne a cédé à l’union soviétique des territoires à l’est de la ligne Curzon. À
cause de cela, la Pologne a demandé une révision de ses frontières du nord et de l’ouest. Les États-
Unis appuieront une révision de ces frontières en faveur de la Pologne. Cependant l’étendue de la
région à céder à la Pologne doit être fixée lorsque le règlement définitif sera convenu. »

(Discours prononcé à Stuttgart, le 6 septembre 1946.)

VIII. – M. Molotov affirme que pour


l’U.R.S.S. les frontières occidentales de la
Pologne ont un caractère définitif
« Cette décision n’était que l’exécution de la décision des trois puissances prise à la conférence de
Crimée, où, six mois auparavant, celles-ci avaient reconnu que la Pologne devait obtenir un
agrandissement substantiel de son territoire au nord et à l’ouest. De cette façon, la conférence de
Berlin n’a fait que réaliser ce qui a été prévu, encore du temps de la participation de Roosevelt, à la
conférence de Crimée...

» La décision historique de la conférence de Berlin ne peut être mise en cause par personne. Les faits
mêmes témoignent que, tout simplement, il n’est déjà plus possible de le faire. »

IX. – Proposition de compromis


du secrétaire d’État Marshall
« La solution des problèmes liés au caractère et à l’emplacement de la frontière polono-allemande doit
être cherchée. Bien que cela demande des recherches précises et bien documentées, les cadres
essentiels de cette recherche peuvent être précisés dès maintenant. On acceptera, je le pense, que le
sud de la Prusse-Orientale devienne territoire polonais. La haute-Silésie allemande et son bassin
industriel devraient également devenir polonais, mais des garanties devraient être prises afin que son
charbon et ses autres ressources soient disponibles pour aider à alimenter l’économie de l’Europe. La
division du territoire restant, qui est essentiellement territoire agricole, nécessite la prise en
considération des besoins des peuples polonais et allemand et de l’Europe conçus comme un tout. »

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(Moscou, 9 avril 1947.)

X. – Le gouvernement de la République
populaire de Pologne rejette la proposition de
compromis du général Marshall
« Le gouvernement polonais considère la question des frontières occidentales de la Pologne comme
définitivement résolue, conformément aux décisions de Yalta et de Potsdam, ainsi qu’aux accords
relatifs au transfert de la population allemande, conclus avec les autorités alliées, sur la base des
décisions de Potsdam.

» Cette attitude du gouvernement polonais s’appuie sur la résolution unanime du peuple polonais,
exprimée dans son gigantesque effort pour la repopulation et la mise en valeur des territoires
recouvrés à l’ouest.

(Déclaration du gouvernement polonais, Varsovie, 10 avril 1947.)

XI. – M. Wilhelm Pieck, président de la république


démocratique allemande : « la frontière sur l’Oder et la
Neisse est une frontière de la paix. »
« La frontière Oder Neisse est une frontière de la paix et cette question ne troublera jamais nos
relations amicales avec la nation polonaise. Nous désirons développer au maximum nos relations
économiques dans l’intérêt des deux pays. »

XII. – L’accord conclu le 6 juillet 1950 entre la


Pologne et la république démocratique
allemande sur la frontière Oder-Neisse
Article premier. – Les hautes parties contractantes déclarent d’un commun accord que la frontière
établie et existante, qui, depuis la mer baltique suit la ligne à l’ouest de la localité de Swinoujscie puis
le fleuve Oder jusqu’à la jonction de la Neisse de Lusace, puis la Neisse de Lusace jusqu’à la frontière
tchécoslovaque, constitue la frontière d’état entre la Pologne et l’Allemagne.

Art. 2. – La frontière d’état polono-allemande, fixée conformément à l’article premier, délimite


également en ligne perpendiculaire, le territoire aérien, maritime, de chaque pays.

(Extrait.)

XIII. – Protestation du gouvernement de la


république fédérale d’Allemagne à l’ occasion de
la conclusion de l’accord germano-polonais au

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sujet de la frontière sur l’Oder et la Neisse


« Le gouvernement fédéral allemand ne reconnaît pas la ligne de démarcation fixée dans l’accord que
le gouvernement communiste actuel, imposé à la population de la zone soviétique, a conclu avec le
gouvernement polonais. Le soi-disant gouvernement de la zone soviétique n’a pas le droit de parler au
nom du peuple allemand, et tous ces accords et arrangements sont nuls et non avenus. La décision
concernant les territoires orientaux actuellement sous administration soviétique ou polonaise ne
pourra être et ne sera prise que dans le futur traité de paix lorsque l’Allemagne sera unifiée. La
république fédérale allemande, en tant que porte-parole de tout le peuple allemand, n’acceptera jamais
l’aliénation de ces territoires purement allemands contrairement au principe de droit et d’humanité.
Dans les futures négociations de paix le gouvernement fédéral recherchera une juste solution de cette
question entre une Pologne réellement démocratique et une Allemagne démocratique et unifiée. »

(Déclaration du gouvernement fédéral allemand en date du 9 juin 1950.)

XIV. – Protestation du parlement de Bonn


Une résolution condamnant l’accord sur la ligne Oder-Neisse fut adoptée par le Bundestag à Bonn le
13 juin 1950 avec l’approbation de tous les partis, excepté les communistes.

XV. – Les États-Unis ne reconnaissent


pas l’accord germano-polonais sur la
frontière Oder Neisse
« Le gouvernement des États-Unis n’a jamais reconnu que la frontière Oder Neisse est la frontière
orientale définitive de l’Allemagne et ne reconnaît pas la décision actuelle du gouvernement polonais
et de l’administration de l’Allemagne orientale.

XVI. – Nouvelle confirmation


du point de vue soviétique
Dans son projet relatif au traité de paix avec l’Allemagne, le gouvernement soviétique a confirmé sa
position à l’égard de la frontière germano-polonaise en déclarant que « le territoire de l’Allemagne se
trouve défini par les frontières établies en vertu des décisions de la conférence des grandes puissances
à Potsdam ».

(Annexe de la note soviétique du 10 mars 1952.)

XVII. – L’attitude des Polonais en exil.

Les Polonais émigrés, divisés entre eux sur bien des questions, sont unanimes à proclamer le caractère
définitif de la frontière Oder Neisse.

Mot clés: Frontières URSS Pologne États-Unis RDA 1949-1990 RFA 1949-1990

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