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RÉSUMÉ
La frontière est une délimitation politique qui sépare deux États. Le tracé et la 8xation
des frontières sont des enjeux géopolitiques majeurs. Reconnaître une frontière est
soit un choix, soit la conséquence de con?its ou de négociations diplomatiques :
c'est ce qu'illustre la frontière germano-polonaise, dont le tracé et la reconnaissance
ont évolué entre 1939 et 1990. On peut aussi dépasser les frontières : c'est ce
qu'illustre le droit de la mer, qui questionne les frontières entre les États.
Pourquoi le tracé de la frontière germano-polonaise a-t-il été l'objet d'un débat
marqué par l'instabilité, la con?ictualité et la négociation entre 1939 et 1990, entre la
Pologne et l'Allemagne, puis entre les deux Allemagnes et les grandes puissances ?
Dans quelle mesure les délimitations des espaces maritimes sont-elles des enjeux
géopolitiques majeurs entre les puissances, et quelles sont leurs formes et leurs
fonctions ?
Quand, en août 1939, l'Allemagne et l'URSS signent un pacte, c'est la stupeur en Europe.
Ce pacte germano-soviétique est composé d'un accord de non-agression entre
l'Allemagne nazie et l'URSS, mais aussi d'un protocole secret où le partage de la
Pologne est clairement envisagé. Le 1er septembre 1939, la Pologne est envahie par
l'Allemagne, suivie le 17 septembre par l'URSS. La Pologne est annexée par les deux
:
puissances victorieuses. La Pologne, en tant qu'État, disparaît à nouveau, tout comme
la frontière germano-polonaise.
En juin 1941, l'URSS, envahie par l'Allemagne, rejoint le camp des Alliés (Royaume-Uni et
États-Unis) et la question polonaise se pose à nouveau.
La frontière à l'Est entre la Pologne et l'URSS est 8xée sur la ligne Curzon.
La frontière germano-polonaise est 8xée sur la rivière Neisse et le ?euve Oder, ce qui
donne la ligne Oder-Neisse (472 kilomètres). Cette frontière est déplacée de près de
200 kilomètres vers l'ouest par rapport à celle de 1939.
:
L'Allemagne n'existe plus en tant qu'État et elle est occupée par les 4 puissances
victorieuses : les États-Unis, l'URSS, le Royaume-Uni et la France.
Avec la guerre froide, les frontières provisoires deviennent un véritable enjeu, la frontière
germano-polonaise incluse. En effet, la Grande Alliance entre les États-Unis et l'URSS
s'effondre entre 1945 et 1947 pour laisser la place à une confrontation
multidimensionnelle (idéologique, politico-militaire, économique, etc.). L'Europe est
divisée en deux blocs. Au lendemain de la première crise de Berlin (1948-1949),
l'Allemagne est divisée en deux États :
La RDA, dans le même camp que la Pologne, par l'accord de Görlitz (1950) signé avec
celle-ci, reconnaît cette frontière qui devient celle de « la paix », alors que la RFA en nie
l'existence juridique.
Le rôle de Willy Brandt (1913-1992) est majeur. En effet, c'est un homme politique
social-démocrate (socialiste) et un homme d'État ouest-allemand. De son vrai nom Karl
:
Herbert Frahm, il s'engage très tôt dans les jeunesses socialistes et, à l'arrivée au
pouvoir de Hitler en 1933, il émigre. Au lendemain de 1945, il revient en Allemagne et
devient un membre actif du parti social-démocrate allemand (SPD), le parti socialiste
ouest-allemand. Il gravit les échelons du pouvoir politique :
REMARQUE
Le traité de Moscou en août 1970 avec l'URSS et le traité de Varsovie avec la Pologne
en décembre 1970 permettent une reconnaissance de la ligne Oder-Neisse (frontière
RDA-Pologne) et la renonciation de la souveraineté allemande sur ces territoires.
Le traité avec la RDA en 1972, appelé aussi « traité fondamental », acte la
reconnaissance mutuelle des deux Allemagnes pour la première fois depuis 1945.
Mikhaïl Gorbatchev arrive au pouvoir en 1985. Sa politique est beaucoup plus souple et
permet plus de libertés dans les pays contrôlés par l'URSS.
EXEMPLE
Des élections semi-libres ont lieu en Pologne et des élections libres ont lieu en
Hongrie au printemps 1989.
La convention de Montego Bay a été rati8ée par 167 États à l'exception des États
enclavés, et certains autres États.
EXEMPLE
André Vigarié
« Les États et la mer : une bien longue histoire », © Bulletin d'étude de la marine -
juin 2005
INTERPRÉTATION
« Les États sont pris entre deux tensions contradictoires : se protéger et se projeter.
À l'inverse d'une frontière terrestre, la mer impose une discontinuité avec les autres
États. […] La frontière maritime, rempart naturel, est aussi ?oue et perméable. […]
:
Au-delà de la ZEE débutent la haute mer et les eaux internationales. Pour les États,
il s'agit d'un espace de projection vers l'extérieur […]. »
Antoine Frémont
« Géographie des espaces maritimes », © Documentation photographique, n° 8104 -
mars-avril 2015
REMARQUE
La puissance maritime est le re?et de l'inégale maîtrise des mers et des océans par les
États, par la voie de leur ?otte militaire. Les grandes puissances mondiales ont peu ou
moins de divcultés à faire respecter leur souveraineté maritime, car elles possèdent
des ?ottes militaires.
A contrario, les États fragiles (en guerre civile ou minés par de graves divcultés
économiques et sociales) ont des espaces maritimes peu ou mal contrôlés.
EXEMPLE
En8n les rivalités de puissance entre les États se projettent sur les espaces maritimes
et créent de nouvelles tensions. La montée en puissance de la Chine s'incarne tant en
termes d'ambitions que de moyens militaires.
Il y a les revendications envers le Japon concernant les îles Senkaku ; celles concernant
:
les îles Paracels, occupées par la Chine mais revendiquées par le Vietnam, et en8n les
îles Spratleys, revendiquées par la Chine et les États limitrophes (Vietnam, Malaisie,
Philippines).
L'Asie est aussi la région du monde dont les dépenses militaires maritimes ont connu la
plus forte croissance : celles de la Chine (2 porte-avions et 4 sous-marins lanceurs de
missiles nucléaires), des autres États de la région (Japon, Taïwan, Inde, etc.) et de leur
allié, les États-Unis, qui ont opéré depuis les présidences de Barack Obama un transfert
de leurs forces de l'Europe et du Proche et Moyen-Orient vers l'Asie.
EXEMPLE
La mondialisation reposant sur la mise en relation des territoires, les littoraux sont donc
des espaces privilégiés et stratégiques à condition qu'ils soient bien connectés à leur
hinterland (arrière-pays) et à leur avant-pays par la mise en place d'infrastructures
adaptées - terre-pleins (avancées de portions de terre sur la mer) ; ports et zones
industrialo-portuaires – permettant la constitution de façades maritimes dynamiques.
Ainsi, dans le monde, 25 ports polarisent 50 % des ?ux.
Les enjeux sont également liés aux ressources à exploiter, présentes et à venir. En effet,
la mer, c'est d'abord du poisson. Les ressources halieutiques - activités liées à la pêche
:
- sont estimées à 90 millions de tonnes de poissons pêchés dans le monde,
principalement dans les océans Paci8que et Atlantique nord. Les ressources sont
également énergétiques : les espaces maritimes représentent 22 % des réserves de
pétrole et 30 % des réserves de gaz. Les gisements offshore (en pleine mer) de plus en
plus profonds sont permis grâce aux progrès des forages. On comprend mieux
l'importance de la possession d'une ZEE la plus vaste possible : son potentiel en
richesses est d'autant plus élevé que la zone sera étendue et permettra une projection
sécurisée vers la haute mer. Ainsi la délimitation du zonage des espaces maritimes
constitue un enjeu capital ainsi qu'une source de tensions et de con?its entre les États.
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