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La logique de l'atome : pas de guerre sans châtiment mutuel, par Pierre.-... https://www.monde-diplomatique.

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La logique de l’atome : pas de guerre sans


châtiment mutuel
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��� cent soixante-dix bombardiers ayant franchi les défenses du Nouveau Monde, deux
cent cinquante projectiles thermonucléaires et atomiques explosèrent sur les objectifs
civils et militaires américains. Le joui même de l’attaque, 36 millions de tués et
57 millions de blessés auraient pu être comptés. Deux mois plus tard, à cause des effets
de la radio-activité d’une part et des soins d’autre part, le nombre des morts atteindrait
72 millions et celui des blessés serait ramené à 21 millions. Tel était le bilan de l’exercice « Sentinel »,
qui fut conduit durant l’été 1958 par des experts américains.

Un an plus tard le bureau de la Défense civile et de la mobilisation, en liaison avec un sous-comité du


Congrès, établissait de nouvelles prévisions de pertes en organisant un nouvel exercice. Cette fois l’on
supposait qu’au cours d’un mois d’octobre qui se situerait dans les toutes prochaines années, l’U.R.S.S.
attaquait la coalition occidentale et plus particulièrement les États-Unis. Les plus importants objectifs
militaires et civils américains étaient détruits par 263 projectiles nucléaires dont la puissance variait
de 1 à 10 mégatonnes (1). Les aérodromes, les sites de lancement de missiles, les installations
militaires des États-Unis recevaient 154 ogives nucléaires, tandis que 109 autres explosaient au-dessus
des grandes agglomérations. Utilisant leurs machines à calculer, se servant de données statistiques
pour tenir compte des conditions atmosphériques les plus probables, physiciens, météorologues et
militaires dessinèrent les zones des précipitations radio-actives et en déduisirent les pertes. Le bilan
général de cette « attaque » aboutissait aux chiffres suivants : 71 cités auraient été détruites et
154 installations militaires anéanties ou rendues inutilisables, le quart de la population aurait disparu
(on compterait plus de six millions de tués dans la seule zone de New York), la moitié de l’habitat
américain serait détruit ou inutilisable durant une longue période, et 6 % environ de la surface du
territoire américain aurait été rendue inhabitable. Les États-Unis auraient encaissé un coup très rude,
mais la nation aurait échappé à l’anéantissement, et après vingt ou trente ans d’efforts les traces et les
effets d’une telle attaque auraient pratiquement disparu.

Un tel coup d’arrêt dans la vie d’un grand peuple aurait été porté en bénéficiant de la surprise la plus
totale et au cours de quelques heures de guerre seulement.

Parce que la fission de l’atome et surtout la fusion des atomes légers permettent d’emmagasiner sous
un faible poids et un volume réduit d’énormes puissances de destruction, toutes les lois de la guerre et
par conséquent celles aussi qui règlent les relations internationales se trouvent bouleversées de fond
en comble. Donnons encore quelques chiffres pour marquer le formidable bond enregistré durant ces
quinze dernières années en matière de pouvoir de destruction. La plus puissante des bombes d’avions
– qui fut construite et lancée en 1944 – contenait près de 10 tonnes de poudre au T.N.T. Elle avait

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pratiquement un rayon de destruction de 100 à 150 mètres lorsqu’on l’utilisait contre les surfaces
bâties. Un an plus tard les projectiles à fission lancés au-dessus de Hiroshima et de Nagasaki
exerçaient des ravages analogues sur un rayon de 2 000 à 2 500 mètres, et aux effets mécaniques de
l’explosion s’ajoutaient des effets de radio-activité. En 1954 une explosion expérimentale dégageait
une énergie équivalente à quelque 15 à 18 millions de tonnes de poudre – plus qu’on en avait
consommé durant la deuxième guerre mondiale. Un projectile ayant une telle puissance aurait détruit
quelque 500 kilomètres carrés par le souffle et la chaleur et infesté des étendues mesurées en dizaines
de milliers de kilomètres carrés. Explosant à haute altitude, une charge nucléaire de 20 mégatonnes
émet une telle quantité de chaleur qu’à 45 kilomètres de l’explosion l’on pourrait encore mesurer près
de 30 calories par centimètre carré, et par conséquent enregistrer des brûlures du troisième degré.

À cet accroissement rapide de la puissance de destruction par unité de feu vient de s’ajouter une
révolution analogue dans le domaine du porteur. L’avion de bombardement qui en 1944 transportait
sur Hiroshima une charge atomique pesant près de 5 tonnes a fait place au missile balistique capable
d’enlever une charge explosive trois fois moins volumineuse, dix fois moins lourde, cent fois plus
puissante, à 8 000 ou 10 000 kilomètres de distance et à des vitesses de chute vingt fois plus grandes
que celles du bombardier de jadis. Quant à la précision de telles armes, elle progresse rapidement. Il y
a trois ans, l’on cherchait à les faire tomber dans un rayon de 20 à 30 kilomètres d’un objectif distant
de 5 000 kilomètres. Aujourd’hui M. Khrouchtchev déclare que les missiles soviétiques ont une
précision voisine du millième, c’est-à-dire qu’en moyenne ils tomberaient à 5 kilomètres d’un but situé
à 5 000 kilomètres de leur point de départ. Et depuis que les Soviétiques ont réussi de spectaculaires
lancements en matière de satellites l’on est bien forcé d’admettre qu’une précision de cet ordre est
maintenant en voie d’être obtenue.

Les conséquences de cette évolution technologique sont immenses. Un nouveau système stratégique
est créé qui n’a guère de points communs avec celui que nous avons connu et que l’histoire nous
enseigne.

Depuis des siècles les guerres étaient précédées d’un lent rassemblement des moyens de combattre.
Plus récemment elles furent précédées d’efforts de réarmement dont chacun avait connaissance. Si
elle en avait la volonté et les moyens, la nation visée par ces préparatifs pouvait, à son tour, lancer son
industrie dans la voie du réarmement et se préparer à l’affrontement. Puis il y avait tension,
mobilisation et lutte. Le passage de la paix semi-armée à la guerre d’extermination exigeait des
années.

L’explosif nucléaire a tout changé. En n’usant que d’une modeste part de leur appareil militaire
actuel, l’U.R.S.S. pourrait rejeter un demi-siècle en arrière un pays aussi vaste et aussi puissant que les
États-Unis. Hier, en une douzaine d’heures, 500 bombardiers étaient capables de ces dévastations.
Demain, un nombre analogue de missiles aboutiraient aux mêmes résultats, mais en moins d’une
heure.

Il en résulte que désormais l’agression surprise est techniquement possible. Jadis donnée au moment
où démarraient les plans de réarmement, l’alerte ne serait plus fournie, demain, que quelques heures
avant la chute des bombes si elles étaient transportées par avion, ou que quelques minutes avant
l’explosion des charges nucléaires si l’agresseur usait de missiles balistiques. Si les dispositions
nécessaires ne sont pas prises de manière permanente par le parti qui se borne à pratiquer une
politique strictement défensive, l’adversaire pourrait donc l’attaquer et le détruire au cours d’une
véritable opération éclair.

Le second des bouleversements introduits dans la stratégie, c’est que le recours à des armes défensives
est maintenant – et temporairement peut-être -dépourvu de sens. Déjà, à l’époque du bombardier

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larguant des charges atomiques, la défense anti-aérienne était presque sans objet tant était faible son
efficacité. Si par miracle la défense réussissait à détruire en vol la moitié d’une formation offensive de
100 bombardiers, les 50 appareils restants, lâchant leurs bombes thermonucléaires, auraient suffi à
casser la structure démographique et sociale d’un grand peuple. Mais depuis que les missiles
balistiques s’ajoutent à la panoplie offensive les armes et les techniques de la défense n’ont d’autre
utilité que d’obliger l’agresseur à l’emploi d’engins imparables. Chacun travaille à l’étude de missiles
antimissiles, mais personne ne sait encore quand et comment ils pourront remplir leur mission
d’interception.

Voici donc que les nations les plus pacifiques, les coalitions les plus résolument défensives ne peuvent
plus fonder leur sécurité que sur des armes offensives. Si leur stratégie diffère de celle de l’agresseur,
c’est que celui-ci attaque le premier alors que le parti sur la défensive ne frappe que le second, en
riposte.

C’est cette révolution technique et l’extraordinaire avance prise par la balle sur la cuirasse qui sont à
l’origine de la « stratégie de dissuasion ». Voici des années que les États-Unis équilibrent ainsi
l’énorme puissance soviétique en forces conventionnelles et aussi, depuis trois ou quatre ans, les forces
atomiques dont dispose maintenant l’U.R.S.S. Il s’agit de laisser entendre qu’à toute attaque il sera
répondu par une riposte aéronucléaire. Pour que cette menace apparaisse plausible, et par conséquent
pour qu’elle ait une réelle valeur de dissuasion, il faut que les États-Unis disposent d’une force de
représailles ayant les caractéristiques suivantes : cette force doit échapper en toutes circonstances à
une éventuelle attaque-surprise soviétique ; elle doit être capable de franchir les défenses du territoire
soviétique et, enfin, il faut qu’elle puisse porter à l’agresseur des coups suffisamment rudes pour que
celui-ci subisse des pertes que ne pourrait compenser la réussite de son agression. Le Strategic Air
Command américain, avec ses gros multiréacteurs aujourd’hui et ses missiles Atlas, Titan et
Minuteman, demain, est l’instrument essentiel de cette politique de dissuasion.

La troisième des conséquences de la généralisation des nouvelles armes à grand pouvoir de


destruction, c’est que l’attaque d’une puissance qui en est pourvue ne peut se concevoir que si
l’agresseur est sûr de pouvoir détruire les armes de la riposte avant que sa victime s’en serve. Comme
ces armes – surtout lorsqu’elles sont composées de missiles -sont imparables et qu’on ne connaît
encore aucun moyen d’en prévenir la chute, il faut d’abord les détruire au stationnement, sur leurs
bases ou dans leurs alvéoles de lancement s’il s’agit de missiles protégés par enfouissement.

Certes, détruire l’habitat adverse, ravager un grand pays, en contaminer l’air et le sol sont choses
relativement faciles à l’âge thermonucléaire. Quelques centaines de missiles y suffiraient. Mais pareille
attaque n’empêcherait pas que, quelques dizaines de minutes plus tard l’agresseur subisse un sort
analogue. Hier la Grande-Bretagne pouvait « absorber » un Coventry et le III’ Reich supporter la
lente destruction de la Ruhr. Demain c’est l’ensemble du pays assaillant qui serait frappé en quelques
minutes si les forces de représailles du pays attaqué n’avaient pas été au préalable anéanties.

Les objectifs prioritaires d’une guerre atomique, chronologiquement et aussi en importance, ne sont
donc ni les cités, ni l’industrie, ni les ports, ni les voies de communication de l’adversaire, ce sont ses
forces de riposte.

Cet impératif a eu jusqu’à maintenant les résultats les plus heureux. Il est à l’origine du solide
équilibre établi entre les États-Unis et l’U.R.S.S., chacun de ces pays pouvant ravager l’autre mais
aucun d’eux n’étant capable de détruire les forces de riposte opposées et, par conséquent, de s’assurer
l’impunité.

Détruire – simultanément – les bombardiers américains au stationnement sur quelque cinquante ou


soixante aérodromes dont ils usent outre-Atlantique, et aussi ailleurs dans le monde, n’était pas à la

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mesure des forces aériennes stratégiques soviétiques. Leurs bombardiers ne pouvaient à la fois
attaquer en même temps les aérodromes américains en Grande-Bretagne et ceux du Texas sans que la
détection radar donne l’alerte. La géographie concourait à la préservation du potentiel de riposte
américain et le recul, l’espace, garantissait la survie des instruments de la politique de dissuasion.

À partir du moment où les missiles balistiques sont progressivement substitués à l’avion de


bombardement les données du problème sont modifiées à l’avantage de l’offense. Comme il suffit, en
gros, d’une demi-heure pour qu’un missile balistique décrive sa formidable trajectoire exosphérique,
joignant par exemple la presqu’île de Kola au Nebraska, l’échelonnement en profondeur des bases
aériennes américaines ne fournit plus une alerte aussi substantielle qu’auparavant. Toutefois le calcul
montre que pour avoir l’assurance de détruire sur leurs bases aériennes les avions du Strategic Air
Command l’U.R.S.S. devrait lancer contre ces aérodromes près de cinq cents missiles. Un tel arsenal
n’existe pas encore, et il ne pourra guère être constitué avant 1962. Mais dans deux ans les
Américains aussi auront ajouté à leur panoplie de la dissuasion quelques sites de lancement de missiles
balistiques. Et les destructions de ces sites ou leur mise hors service sont autrement plus difficiles à
obtenir que l’annihilation d’une escale aérienne au stationnement sur un aérodrome. Les tables de tir
déjà établies fixent par exemple à une quarantaine le nombre de missiles à ogive de 1 MT qu’il
faudrait lancer contre un alvéole de lancement distant de 7 000 kilomètres et seulement protégé par
une carapace de béton. Que les cinquante aérodromes du S.A.C. soient remplacés par des sites, et voici
l’agresseur potentiel conduit à lancer contre eux – simultanément ou presque – quelque deux mille
missiles de 1 MT chacun. En riposte, avec le dixième de cet arsenal, les États-Unis pourraient
détruire une centaine de grandes cités soviétiques.

Telle est la loi de la dissuasion et aussi la logique d’utilisation de ses instruments.

La situation du parti sur la défensive y apparaît éminemment favorable. À condition qu’il possède une
puissante force de riposte et que l’agresseur soit persuadé qu’il n’hésiterait pas à en user.

Le nouvel arsenal balistico-nucléaire a d’autres implications encore. Comme il pourrait être utilisé en
bénéficiant de la surprise – si l’adversaire n’était pas préparé à « décourager » cette forme d’attaque –
et puisque quelques dizaines de minutes pourraient suffire pour porter un coup quasi mortel à un
grand peuple, toutes les formules classiques de mobilisation, d’utilisation de réserves, d’adaptation de
l’état de paix à l’état de guerre sont périmées. Qu’il s’agisse de l’une ou de l’autre le temps manque
pour qu’elles conservent un sens.

Le rapport des forces entre grandes nations ne se mesure plus comme on le faisait jadis. Avant que le
monde s’engage dans la course aéro-nucléaire la division terrestre était l’étalon de la puissance
militaire. Un pays qui alignait cent divisions devait l’emporter sur celui qui n’en avait que cinquante.
D’ailleurs ce dernier n’avait qu’à accepter la loi du plus fort, tant était évidente l’issue d’une telle lutte.
Il n’en va plus de même aujourd’hui. Une nation riche de cinq cents missiles à ogives nucléaires ne
l’emporterait pas forcément sur celui qui n’en aurait que deux cents, bien au contraire. La supériorité
ne s’acquiert que si, numériquement, la marge est considérable. Nous avons vu que disposant d’un
stock de deux mille missiles les Soviétiques ne pourraient l’emporter impunément sur une Amérique
forte de deux cents engins analogues protégés par l’enfouissement ou la mobilité.

De ces déductions il apparaît que le « grand conflit » peut être rendu assez aisément impossible.
M. Khrouchtchev est persuadé que durant les années qui viennent ni l’U.R.S.S. ni les États-Unis ne se
donneront une telle avance que l’un de ces pays puisse l’emporter sur l’autre. Il vaut donc mieux
admettre la coexistence et en tirer le meilleur parti.

Est-ce à dire que les conflits limités également sont proscrits et qu’avec la paix générale l’âge d’or est
en vue ? Le conflit limité – comme celui de Corée – était un sous-produit des armes atomiques.

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Comme le moins puissant de ces explosifs était encore écrasant et que son emploi évoquait Hiroshima
et la capitulation du Japon, le risque était mince de convoiter, les armes conventionnelles à la main,
un enjeu par trop limité pour qu’on le défende à coups de bombe atomique.

Mais depuis l’invasion de la Corée du Nord par la Corée du Sud les physiciens américains ont
travaillé. À la réduction des dimensions et du poids de la charge atomique ils ont ajouté la limitation
de la force explosive. Descendant progressivement la gamme des puissances – au détriment du
« rendement de l’explosif – ces physiciens ont réussi à expérimenter des charges équivalentes à
quelques dizaines de tonnes de T.N.T. La réussite technique a d’importantes conséquences militaires,
et par conséquent politiques. Voici que depuis quelques mois entre le projectile à l’explosif chimique le
plus puissant que l’on ait utilisé et l’explosif nucléaire le moins puissant il n’y a plus de solution de
continuité. Il n’y a plus de seuil entre l’arme d’hier et celle d’aujourd’hui. N’était-ce l’apparition des
phénomènes de radio-activité l’on passerait de l’une à l’autre sans bouleversement tactique.

De la grenade à main à la bombe thermonucléaire désormais la puissance de destruction unitaire est


continue. Cette continuité généralise l’efficacité de la politique de dissuasion. Hier limitée au grand
affrontement thermonucléaire la dissuasion pourrait intervenir demain au niveau de l’escarmouche.
C’est que nul ne sait où s’arrêterait le processus « d’escalade ’. Pour quelles raisons un des belligérants
accepterait-il de perdre, alors qu’il possède dans ses stocks les moyens de l’emporter ? Et pourquoi
l’adversaire placé alors dans une mauvaise posture n’aurait-il pas recours à l’arme plus puissante qu’il
détient et qui inverserait la situation à son profit ? Et ainsi de suite... jusqu’à ce que l’un des partis
capitule ou jusqu’à la grande catastrophe si aucun ne cède.

Cette réduction brutale de la puissance de destruction des charges atomiques ne signifie pas encore
que la guerre sera mise hors la loi. Elle ferait seulement peser sur tout agresseur un risque nouveau et
démesuré : il n’est plus sûr que le conflit soit maintenu dans des limites acceptables. Si demain l’état-
major de la Corée du Nord étudiait une nouvelle attaque de la Corée du Sud il ne pourrait écarter
l’hypothèse d’un conflit d’abord conventionnel, dégénérant en une réaction atomique. Et il lui faudrait
renoncer à ses desseins belliqueux. S’il disposait lui aussi d’un arsenal nucléaire, il ne serait pas plus
avancé car il redouterait « l’escalade et des destructions hors de proportion avec l’enjeu qu’il convoite.

Si l’emploi de la force n’est pas encore accompagnée de risques excessifs, c’est en usant de la guérilla,
de la subversion ou du coup d’État. Voici des années déjà que le Kremlin a tenu compte de l’évolution
des techniques d’armement et qu’il a spéculé sur des épreuves de force au cours desquelles, même si
elle existait, la grenade à main à fission serait difficilement utilisable.

Reste la force du nombre, même désarmé. C’est là le dilemme dans lequel l’Occident s’enferme. S’il
désarme il est placé dans une telle situation d’infériorité qu’il lui faudrait tout accepter. S’il refuse la
négociation sur le désarmement il va à l’encontre des principes dont il se réclame.

P�����.-M. G������
Général

(1) Mégatonne : un million de tonnes. Puissance d’explosion théoriquement équivalente à celle de 1 million de tonnes de
Poudre au T.N.T.

Mot clés: Conflit Armement Défense Énergie Désarmement Relations Est-Ouest Nucléaire militaire URSS
États-Unis

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