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SÉANCE 2
JALON 1 : Les enjeux géopolitiques d'une conquête. La course à l'espace des années 1950 à
l'arrivée de nouveaux acteurs.
Introduction
Le 4 octobre 1957, l’URSS de Nikita Khrouchtchev parvient à mettre sur orbite le premier satellite artificiel : le Spoutnik. Cette date constitue sans aucun doute
une rupture dans l’histoire humaine, bouleversant surtout le contexte géopolitique et insufflant une nouvelle dynamique à la guerre froide. La « course à
l’espace » devient dès lors l’objet d’une intense compétition, à la fois militaire et culturelle, entre les deux grands vainqueurs de la Seconde guerre mondiale.
Une histoire de la conquête spatiale profondément marquée par la compétition entre les deux pays : mise en orbite de satellite, envoi de sondes, puis d’animaux,
et enfin d’humains, dans l’espace. Apogée de cette dynamique, la course à la Lune, qui se solde par la victoire américaine, est une revanche sur Spoutnik, et
consacre la suprématie américaine. Soixante ans plus tard, l’espace n’a pourtant rien perdu de ses enjeux géopolitiques : la diffusion des technologies spatiales
dans un monde multipolaire semble aujourd’hui relancer la course à l’espace, dans laquelle s’affirment également désormais des acteurs privés. Entre course à
l’armement ( hard power ) et compétition technologique afin de démontrer sa suprématie culturelle ( soft power ), l’espace semble être devenu, au cours du
dernier siècle, l’un des lieux où les États peuvent et cherchent à affirmer leur puissance.
Dans quelle mesure l’espace s’est-il affirmé comme un enjeu géopolitique majeur depuis 1945 ? En quoi la course à l’espace est-elle aujourd’hui
encore un enjeu de la puissance politique et militaire au début du XXI ème siècle ?
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I. Les débuts de « l’ère spatiale » dans un Comprendre le contexte des débuts de la conquête spatiale. Course à
contexte marqué par la « guerre froide » Comprendre les enjeux militaires de ce contexte. l’espace
1. De la course aux missiles… Comprendre les enjeux technologiques et culturels de la compétition spatiale. Hard power et
2. … à la course à la lune Soft power
Monde bipolaire
II. La fin de la guerre froide : de l’affirmation Comprendre l’affirmation de la suprématie technologique et militaire américaine entre la Monde
de la suprématie américaine à la relance de la réussite de la mission Appolo et la fin de la guerre froide. multipolaire
compétition internationale pour l’espace Comprendre la multiplication des acteurs étatiques qui s’inves-tissent progressivement Puissances
1. L’affirmation de la suprématie américaine dans ce secteur (UE, Chine, Inde) dans le dernier quart du XXe siècle, pour saisir à quel spatiales
2. La multiplication des puissances spatiales point l’espace devient alors un « lieu » d’affirmation de la puissance terrestre. Suprématie
III. La relance de la course à l’espace : un Comprendre la diversification des acteurs de l’espace avec l’apparition d’entreprises Secteur privé
renouvellement des enjeux au XXI e siècle ? privés qui viennent compléter et parfois remplacer les puissances spatiales étatiques. Militarisation
1. Un marché de plus en plus ouvert aux privés Saisir les dynamiques de militarisation de l’espace dans le contexte présent et les enjeux Territorialisation
2. Un « territoire » de plus en plus militarisé de la régulation internationale de ce « nouveau territoire » qu’est l’espace
I. Les débuts de « l’ère spatiale » dans un contexte marqué par la « guerre froide » (1945-1969)
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Si « la gestation de la fusée fut longue », l’opposition entre les États-Unis et l’URSS donne un coup d’accélérateur à la recherche technologique qui permettra,
dès la fin des années 1960, d’envoyer de premiers engins au-delà de l’atmosphère – là où commence « l’espace ». Ce dernier n’est pas initialement l’objet de
cette compétition : le but initial est de créer et de développer des missiles balistiques* intercontinentaux pour s’assurer la supériorité militaire en cas de conflit
nucléaire. Or la technologie en la matière a fortement progressé pendant la Seconde guerre mondiale, du fait des recherches menées par les scientifiques et
ingénieurs du régime nazi, qui ont notamment développé le Vergeltungswaffe 2 – ou V2*. Une technologie développée par l’équipe du professeur Wernher von
Braun* . Ingénieur de formation et Sturmbannführer de la SS, il dirige depuis 1936 le centre de recherche de Peenemünde (Baltique), à partir duquel sont
développés les V2.
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Bien qu’encore imparfaite, cette technologie suscite la convoitise des États-Unis et de l’URSS, qui entendent profiter de l’occupation du territoire allemand pour
récupérer le matériel et le savoir-faire allemand, dont les ingénieurs sont les dépositaires. L’opération américaine Paperclip, menée entre 1945 et 1957, vise à
exfiltrer 1500 scientifiques allemands et à les enrôler dans la lutte contre l’URSS qui s’amorce alors. Von Braun choisit alors de se rapprocher des Américains,
entraînant avec lui plusieurs centaines de membres de son équipe. Transféré aux États-Unis (1945) puis naturalisé (1955), il joue un rôle moteur dans le
développement de la technologie de tir balistique américaine dans les années 1950. Dans le même temps, Staline envoie à Berlin nombre de scientifiques et
d’ingénieurs soviétiques, parmi lesquels Sergueï Korolev* , futur fondateur du programme spatial soviétique, chargé d’enrôler d’anciens ingénieurs de
Peenemünde. Au total, près de 5 000 savants allemands sont ainsi recrutés par l’URSS, contre 3 000 par les États-Unis.
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Les 104 ingénieurs allemands recrutés dans le cadre de l’opération Paperclip, à Fort Bliss, Texas (1946). Von Braun se tient au premier rang, pantalon noir et
main dans la poche.
Cette course au missile balistique est d’autant urgente pour l’URSS que les États-Unis viennent de faire la démonstration de leur supériorité technologique lors
du bombardement atomique de Hiroshima et Nagasaki (6-9 août 1945). Réduite pendant la guerre, la recherche aéro-militaire soviétique reprend avec la
fondation de l’institut de recherches scientifiques TsNIIMash en 1946, placé sous la direction de Sergueï Korolev. Ce dernier est chargé de mettre rapidement
en œuvre un programme de missiles balistiques à longue portée. Sous sa direction, les ingénieurs soviétiques parviennent à reconstituer puis à lancer un ersatz
de V2 (oct. 1947), qu’ils perfectionnent grâce aux recherches sur la motorisation des fusées de lancement menées par l’ingénieur Valentin Glouchko.
Le développement de l’arme atomique (1949) puis de l’arme thermonucléaire (bombe H, 1953), confère à cette recherche une toute autre envergure : Korolev
reçoit la mission de réaliser un missile intercontinental capable de frapper les États-Unis sur leur propre sol. Ces recherches conduisent peu à peu à l’élaboration
du R7 Semiorka, premier missile balistique intercontinental de l’histoire. Le 21 août 1957, le premier tir réussi de ce missile à partir de la base de lancement de
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Baïkonour (Kazakhstan), fait de l’URSS la première nation à disposer d’une puissance de frappe intercontinentale, détrônant les États-Unis de leur supériorité
technologique militaire. Depuis 1946, ces derniers se sont appuyés sur les recherches de von Braun au sein de l’Army Ballistic Missile Agency (ABMA),
agence de l’US Army, pour reconstituer leur propre modèle de V2. S’ils sont parvenus à élaborer leur propre modèle de V2 (missile Redstone, 1953), puis des
modèles intermédiaires (Jupiter et Thor), il faut attendre décembre 1957 pour qu’ils égalent le R7 Semiorka avec le SM-65 Atlas, de l’entreprise Convair, dont
le premier tir réussi a lieu en novembre 1958.
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portée de l’événement) pour souligner la supériorité technologique de l’URSS sur les États-Unis, alimentant une « crise Spoutnik », caractéristique de la
guerre froide.
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« Pour la première fois, après six semaines de vacances en Crimée, M. Khrouchtchev a pris la parole hier soir lundi à Moscou, au cours d’une réception
donnée à l’ambassade d’Allemagne orientale. Commentant le lancement du satellite artificiel, le premier secrétaire du parti communiste de l’U.R.S.S. a
déclaré que « les chasseurs et les bombardiers seront bientôt confinés dans les musées, parce qu’ils ont déjà été dépassés par les fusées. » Le premier
secrétaire a lancé ensuite un sévère avertissement aux États-Unis et à la Turquie [où les Américains ont installé des missiles balistiques de portée
intermédiaires] : « Ces puissances devraient songer, a-t-il dit, qu’une guerre, une fois commencée, peut s’étendre. Dès que les canons auront commencé à
tonner et les fusées à prendre leur vol, il sera trop tard. Nous ne voulons pas nous vanter, mais maintenant le monde est bien obligé de constater combien
la science et la culture se sont développées après l’arrivée au pouvoir de la classe ouvrière. » Puis, d’une voix grave, M. Khrouchtchev conclut : « La fusée
est une arme sans pitié. Nous ne voulons pas abuser de notre supériorité. »
Document 2 – La réaction de Eisenhower, le 8 novembre 1957
Dans le discours qu’il a prononcé jeudi soir à la radiotélévision américaine, le président Eisenhower a fait le point de la situation actuelle des États-Unis
dans les domaines scientifique et militaire. […]. « Il est parfaitement possible que dans les années à venir les États-Unis soient dépassés si nous ne
sommes pas décidés à nous soumettre dès maintenant à des impératifs pressants », a déclaré M. Eisenhower. « Dans l’immédiat », a précisé le chef de la
Maison Blanche, « l’objectif le plus urgent et le plus facilement réalisable est l’échange d’informations scientifiques et la coordination des efforts dans ce
domaine avec les nations amies. » […]. [Le second objectif] du gouvernement américain est de réaliser dans l’immédiat une « plus grande concentration
des efforts et d’apporter des améliorations administratives dans les domaines de la science et de la technologie en général, et en particulier des fusées ».
Questions :
1. Présentez les deux documents et leurs auteurs.
2. Comment l’URSS utilise-t-elle le lancement de Spoutnik pour affirmer, à travers sa puissance technologique, sa supériorité idéologique et
militaire ?
3. Montrez, à l’aide du second texte, que le lancement de Spoutnik accélère la course à l’armement dans le contexte de la guerre froide.
2. … à la course à la Lune
Après le lancement de Spoutnik 1, la conquête spatiale devient l’un des terrains de la confrontation américano-soviétique : celui où ils tentent d’affirmer leur
soft power*, lutte culturelle dont le monde est spectateur. Traumatisés par la réussite soviétique, les États-Unis augmentent leur investissement dans la recherche
technologique spatiale. Après l’échec d’un premier tir du satellite Vanguard (décembre 1957), qui accentue la « crise Spoutnik », ils parviennent à mettre en
orbite un premier satellite (Explorer 1) le 31 janvier 1958, grâce au lanceur Juno 1 développé par l’équipe de Von Braun au sein de l’US Army.
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Leïka, ils sont récupérés vivants. Cette maîtrise de la technologie spatiale permet aux Soviétiques de franchir un nouveau cap. Le 12 avril 1961, une fusée
Semiorka, surmontée du vaisseau Vostok-1, permet à Iouri Gagarine de devenir, pendant 108 minutes, le premier homme à effectuer un vol dans l’espace – le
premier cosmonaute*, pour reprendre le terme utilisés dès lors par les soviétiques pour désigner les membres de ces vols spatiaux habités. Un événement
mondial, qui
signe l’apogée du programme spatial soviétique et une nouvelle défaite américaine – d’autant qu’après 1961, les succès soviétiques s’accumulent : en 1963, la
cosmonaute Valentina Terechkova devient la première femme dans l’espace ; en 1965, le cosmonaute Alexei Leonov est le premier homme à effectuer une sortie
dans l’espace.
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le décès de Korolev (1966), gênent toutefois la concrétisation de ce double programme. Plusieurs échecs ternissent le prestige soviétique, dont les lancements
ratés de Zond et la mort accidentelle de Vladimir Komarov à l’issue du premier vol Soyouz, premier vaisseau spatial habité russe (21 avril 1967). Les moyens
soviétiques sont pourtant conséquents : là encore, ce sont des millions d’employés qui contribuent à la dynamique du secteur spatial dans les années 1960.
La base de Baïkonour
« À elle seule, la base de Baïkonour constitue un bon exemple de cette démesure : elle se développe sur un territoire de 80 kilomètres sur 120 kilomètres,
équivalent à deux départements français ; 15 aires de lancement y sont construites ; certains lanceurs – comme le Proton – disposent de quatre aires de tir ;
une ville de plus de 100 000 habitants, Leninsk, est bâtie en plein désert, à 30 kilomètres de Baïkonour, au profit des seules activités spatiales. »
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Aux États-Unis, la politique de John F. Kennedy porte ses fruits. Malgré un premier échec, les lancements du programme Apollo sont couronnés de succès. Le
24 décembre 1968, les trois astronautes Frank Borman, James A. Lovell, Jr. et William A. Anders sont les premiers hommes à faire le tour de la Lune (Apollo
8). Quelques mois plus tard, le 21 juillet 1969, Neil A. Armstrong et Buzz Aldrin deviennent les premiers hommes à marcher sur la Lune, après s’être posés
dans la désormais célèbre Mer de la Tranquillité. Très médiatisé, l’événement – marqué par la célèbre phrase d’Armstrong : « C’est un petit pas pour l’homme,
mais un saut de géant pour l’humanité » – entraîne une rupture radicale dans l’histoire de la conquête spatiale, dans laquelle les États-Unis affirment dès lors
leur supériorité.
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Questions :
1. Présentez le document 1 et son auteur.
2. Expliquez quels sont les objectifs et les enjeux du programme Apollo.
3. Quelles sont les difficultés à surmonter avant de mener ce programme à bien ?
4. Pourquoi la mission Apollo 11 représente-t-elle une victoire pour les États-Unis ?
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Après l’effervescence des années 1960, les années 1970 marquent toutefois la fin de la « course à l’espace ». L’essoufflement de la compétition après le succès
d’Apollo 11 se traduit par une réduction des moyens budgétaires, qui entrave le développement des programmes d’exploration spatiale. Côté américain, la
mission Apollo 11 est suivie par les missions Apollo 12 à 17 (1969-1972), mais leur régularité fait perdre au voyage lunaire son aspect exceptionnel pour
l’opinion publique, qui s’en désintéresse. Le programme, prévu pour aller jusqu’à la mission Apollo 20, est abandonné après 1972. Côté soviétique, aucun
cosmonaute ne peut poser le pied sur la lune. Le 21 février 1969, quelques mois avant l’alunissage d’Appolo 11, le premier lancement, inhabité, de la fusée N1-
L3 conçue par Korolev, explose en vol – de même que le second, le 3 juillet, quelques jours seulement avant qu’Armstrong et Aldrin ne foulent le sol lunaire. Le
programme N1-L3 est abandonné en 1974.
Le coût de la conquête spatiale est de plus en plus critiqué dans les années 1970, et les agences spatiales sont peu à peu incitées à revoir leurs projets. C’est dans
cette perspective que s’inscrit la NASA en développant le projet Skylab (qui doit fonctionner grâce à la réutilisation de composants
existants) mais aussi et surtout, après 1972, le programme de navette spatiale, premier véhicule réutilisable, dont l’objet est d’éviter le recours aux fusées,
détruites après leur lancement. Le premier vol de la navette Columbia a lieu le 12 avril 1981. Elle est dès lors utilisée pour conduire les astronautes américains
dans l’espace (329 au total, jusqu’à l’arrêt du progrès en 2011). L’URSS tente elle aussi de développer sa propre navette avec le programme Bourane, lancé en
1976 en réaction au programme Columbia. Un projet ruineux, qui ne débouche que sur un seul et unique vol orbital, le 15 novembre 1988, avant que le projet
soit abandonné suite à l’effondrement de l’URSS.
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L’URSS est également distancée dans le domaine des vols non habités à des fins d’exploration du système solaire, dans lesquels la NASA affirme sa suprématie.
Dès 1962, la sonde américaine Mariner survole la planète Vénus. En 1971, Mariner 9 est mise en orbite autour de Mars. Si l’URSS parvient à poser un premier
module sur la planète rouge quelques mois plus tard (Mars 3), celui-ci est victime d’une panne au bout de 20 secondes, qui l’empêche de transmettre ses
données. En 1976, le programme Viking permet aux États-Unis d’envoyer deux sondes spatiales (Viking 1 et 2) en orbite de Mars, et deux modules qui s’y
posent avec succès. Ils permettent une étude d’ampleur inédite de la composition de l’atmosphère, de la météorologie et du sol de la planète rouge. Deux ans
plus tard, en 1978, les sondes Voyager 1 et Voyager 2 survolent Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune, ainsi qu’une partie de leurs satellites respectifs. Ces sondes,
toujours en activité en 2020, sont considérées comme l’une des missions d’explorations les plus importantes du système solaire. Elles ont, par exemple, permis
de découvrir les anneaux de Jupiter.
La fin de la « détente » et la dégradation des rapports entre les deux blocs au milieu des années 1970 (« guerre fraîche »), entraîne toutefois une ultime relance
de la compétition américano-soviétique. L’enjeu se concentre alors sur la militarisation de l’espace. Malgré le Traité sur l’espace extra-atmosphérique (1967) de
l’ONU, qui pose pour principe la liberté d’accès à l’espace et prohibe la mise en orbite d’armes nucléaires, les deux Grands sont en compétition pour le
développement d’armes spatiales depuis le début de la guerre froide. Le projet de stations orbitales de l’URSS a initialement, avec Almaz, une ambition
militaire : elles devaient être équipées de canons pouvant détruire, en cas de besoin, les satellites américains. Les Soviétiques envisagent également un
programme de « système de bombardement orbital fractionné », arme nucléaire pouvant être déployée sur une orbite basse afin de contourner le système d’alerte
radar américain (1969), avant que les États-Unis et l’URSS ne concluent un accord de désarmement (SALT 2, 1979), entraînant le retrait des missiles
soviétiques. En 1983 pourtant, le nouveau président américain, Ronald Reagan, annonce un projet de bouclier satellites armés antimissiles (IDS, pour Initiative
de Défense Stratégique) afin d’assurer la protection du territoire américain contre une éventuelle frappe nucléaire soviétique. Son but est aussi de contraindre
l’URSS à s’engager dans une nouvelle course aux armements, dont les États-Unis savent qu’elle n’en a ni les moyens financiers, ni les moyens technologiques.
L’IDS est abandonnée en 1993, par l’administration Clinton, qui la juge difficile à réaliser technologiquement et trop coûteuse. Cette « guerre des étoiles » a
pourtant contribué à l’effondrement de l’URSS, qui n’a plus les moyens de soutenir les rythmes de dépenses militaires américains à la fin des années 1980.
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Irlande, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède, Suisse). C’est dans ce cadre que s’opère la recherche devant permettre, après l’abandon des lanceurs Diamant,
de mettre en point les lanceurs lourds européens, qui prennent progressivement le nom d’Ariane. Deuxième agence spatiale mondiale, l’ESA reste pourtant
limitée : son budget (5,72 Ma. d’euros, en 2019) est bien inférieur à celui de la NASA, qui tend aujourd’hui, sous l’administration Trump, à croître de manière
exponentielle (20,5 Ma). La fragilité de l’ESA l’empêche par ailleurs de faire face à l’apparition de nouveaux acteurs nationaux, appartenant aux puissances
émergentes, notamment celles des BRICS. La Russie reste un acteur important malgré sa perte de vitesse depuis la fin de la guerre froide. La centralisation des
sociétés industrielles au sein de l’Agence spatiale russe créée en 1992, et devenue l’entreprise d’État Roscosmos en 2015, semble favoriser un regain de la
puissance spatiale russe. Après plusieurs déconvenues (échecs du lancement de la nouvelle version de la fusée Soyouz, retards dans la mise en place du nouveau
cosmodrome de Vostochny, problèmes de corruption), la réussite de la mission Soyouz-MS 11 vers l’ISS semble attester de la modernisation de l’arsenal russe –
à tel point que Roscosmos envisagerait aujourd’hui un vol habité vers la Lune pour 2030.
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III. La course à l’espace : un renouvellement des enjeux de puissance en ce début de XXI e siècle ?
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Le lanceur GSLV Mk III (2018) Fusée la plus puissante de l’ISRO, ce lanceur symbolise l’émergence de la puissance spatiale indienne sur le marché des lanceurs
commerciaux.
La concurrence est également rude dans le domaine des satellites, qui prennent toujours plus d’importance aujourd’hui (météorologie, télédétection,
É
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télécommunications, navigation avec GPS). En la matière, le marché est dominé par les États-Unis, qui ont été les premiers à lancer un satellite de
communication (Telstar, 1962) afin de permettre la liaison des réseaux de télévision et de téléphonie entre les États-Unis et l’Europe. Une puissance qui a
également développé le premier système GPS à des fins militaires (1973), avant de l’ouvrir au domaine civil au début du XXIe siècle. Le monopole américain,
et la supériorité militaire comme civile qu’il leur confère, a incité les Européens à développer leur propre système GPS (Galileo), de même que les Russes
(Glonass) ou les Chinois (Beidou, qui devrait devenir totalement opérationnel en 2020).
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La concurrence des pays émergents semblent même timidement relancer, aux États-Unis, la dynamique de course qui avait dominé dans les années 1960. La
NASA, qui dispose du plus important budget mondial en la matière, reste la première agence spatiale nationale : sa suprématie en termes d’exploration du
système solaire, de développement technologique ou de vol habité, est incontestable. Ses moyens pourtant, n'ont plus rien de comparable à ce qu’ils furent dans
les années 1960 : depuis le début du XXIe siècle, ils représentent près de 0,5% du PIB américain, contre 4,5% du PIB en 1966. La NASA poursuit ses missions
d’exploration, mais avec la consigne d’en réduire les coûts. Le programme Discovery, lancé en 1992, doit ainsi permettre la réalisation de missions spatiales «
plus fréquentes, moins chères, plus performantes » selon l’administrateur de la NASA, Daniel S. Goldin. De même, outre les deux explosions en vol de la
navette (Challenger, 1986 ; Columbia, 2003), ce sont ses coûts budgétaires qui ont incité l’administration à mettre un terme au programme. Les agences
nationales (NASA, ASNC, CNES, Roscosmos) et internationales (ESA), sont désormais confrontées à la concurrence croissante d’entreprises privées. Certaines
émanent des projets nationaux ou internationaux, comme Arianespace, qui développe des satellites d’observation et de télécommunications et s’est imposée sur
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la marché des lancements commerciaux, dont elle est le leader depuis la mise en service d’Ariane 5 (1996). Arianespace, qui assure 60% des lancements de
satellites commerciaux, a notamment conclu un accord en 2007 avec l’ESA et Roscosmos, l’agence spatiale russe, pour assurer le lancement de lanceurs Soyouz
depuis la base française de Kourou (Guyane).
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Le centre spatial guyanais de Kourou À partir de 1964, Kourou a pris le relais de la base d’Hammaguir, fermée en 1967, cinq ans après l’indépendance algérienne. Centre de
recherche et base de lancement française et européenne, elle se situe sur une latitude proche de l'équateur, idéal pour placer les satellites géostationnaires en orbite. Ce sont
les offres commerciales principales d’Arianespace, qui utilise sur place le lanceur Ariane. Depuis dix ans, deux nouveaux ensembles ont été introduits afin de permettre le
lancement de nouveaux types de fusée (Vega, Soyouz). La base est gérée par le CNES (son propriétaire), Arianespace et l'ESA.
Le programme Commercial Orbital Transportation Services (COTS), lancé par l’administration américaine après l’explosion de la navette Columbia (2003) et
qui vise à confier à des acteurs privés le transport de matériel et d’astronautes vers l’ISS, a favorisé l’affirmation spatiale d’entreprises étasuniennes. Ces
dernières projettent de développer leurs propres systèmes de lanceurs commerciaux, base d’ambitions spatiales qui se pensent parfois en relais d’une conquête
délaissée par les États-Unis depuis Apollo 11. Un rêve d’abord porté par des fortunes privées, le plus souvent issues de la révolution numérique et des NTIC. À
l’initiative de ces acteurs privés – SpaceX, Blue Origin et Virgin Galactic pour les principales – se trouvent en effet quelques-uns des principaux milliardaires de
la nouvelle économie numérique : Elon Musk (Tesla Motors, Paypal) pour Space X, Jeff Bezos (Amazon), pour Blue Origin et Richard Branson, pour Virgin.
Ces deux dernières se concentrent sur la mise sur le marché de vols spatiaux suborbitaux humains, en ciblant l’industrie du tourisme spatial. Un secteur qui s’est
développé depuis le début du XXIe siècle. En 2001, Dennis Tito, homme d’affaires et millionnaire américain, est devenu le premier « touriste de l’espace » en
effectuant, pour 20 millions de dollars, un vol à bord de la mission Soyouz, comportant un arrimage à l’ISS. Malgré tout, le coût du tourisme limite encore le
développement de ce secteur, mis à mal par le crash du vaisseau spatial SpaceShipTwo de l’entreprise Virgin Galactic (2014). Mais la plus emblématique dans le
secteur de la conquête spatiale reste sans doute la société Space X (Space Exploration Technologies Corporation). Fondée en 2002 par le très médiatique Elon
Musk, elle est devenue, avec l’entreprise Orbital Sciences, l’un des deux prestataires privés assurant le ravitaillement de l’ISS en lieu et place de la NASA. Dans
cette perspective, Space X a développé et commercialisé son propre moteur (Merlin), son propre lanceur (Falcon) et son propre vaisseau cargo (Dragon). Après
plusieurs échecs, le lancement réussi de Falcon 1 (2008) lui a permis de s’imposer comme un acteur alternatif sur le secteur de l’espace commercial, contre des
entreprises comme Arianespace. Réutilisables, les lanceurs de Space X, qui se sont développés (Falcon 9, aujourd’hui) sont aussi moins coûteux, ce qui permet à
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l’entreprise d’offrir des services à moindre coût pour le lancement, par exemple, de satellites non autonomes. L’entreprise, qui emploie désormais 6 000 salariés,
dispose d’une installation de lancement à Cap Canaveral, base historique de l’United Air Force.
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Décollage de SpaceX
Elon Musk est par ailleurs célèbre pour avoir mis en avant d’autres projets, notamment l’envoi de 4 400 satellites dans l’espace pour connecter l’ensemble de la
planète (Starlink, projet d’accès à internet par satellite via le déploiement d’une constellation de satellites de télécommunications sur une orbite, dont la visibilité
suscite une pluie de protestations depuis moins d’un an) – ou la colonisation d’autres planètes du système solaire, à commencer par Mars. Un projet controversé,
et un défi technique et financier qui semble pour l’instant encore hors de portée des agences spatiales.
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Questions :
1. Présentez le document.
2. Quels acteurs sont ici représentés ?
3. Ont-ils tous les mêmes objectifs ?
4. En vous appuyant sur la Une du Time étudiée dans l’exercice sur la mission Apollo, expliquez le choix de réaliser une telle une par le magazine
Times en juillet 2019.
capacité à détruire, depuis la Terre, des engins spatiaux : les siens, ici, ceux d’autres, si besoin. Une puissance que seuls possédaient jusqu’alors les États-Unis et
la Russie, mais que la Chine partage aussi, désormais, avec l’Inde : en 2017, cette nation a à son tour abattu l’un de ses satellites dans l’espace en tirant un
missile depuis le sol. Ce contexte a incité l’administration à augmenter ses efforts de surveillance et de domination spatiale (doctrines du « Space Control » et du
« Space Dominance »). Il n’est sans doute pas étranger au renouveau de la politique spatiale amorcé sous l’administration Trump. Outre la relance d’un projet de
vol habité et l’installation à terme d’un poste permanent sur la Lune (programme Artémis), le président américain s’est montré favorable à spécialisation d’une
composante spatiale dans l’armée américaine. Un projet qui fait écho à des institutions anciennes : l’United Space Command, créé en 1985 et jusqu’alors chargé
de la mise en orbite des satellites militaires, est devenu un commandement unifié indépendant en charge des opérations spatiales depuis le 29 août 2019.
Quelques mois plus tard, l’administration américaine a transformé l’USC en une United States Space Force (20 décembre 2019), sixième branche des forces
armées des États-Unis, indépendante de l’United States Air Force, dont le budget reste encore réduit (40 M.) mais qui a réalisé, en février 2020, son premier test
de missile balistique intercontinental à ogive thermonucléaire.
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La destruction de l’un de ses satellites par la Chine Caricature de Lo Mejor, États-Unis, janvier 2007.
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Synthèse
Après la Seconde guerre mondiale, l’espace devient l’un des principaux lieux de la compétition militaire (hard power) et culturelle (soft power) à laquelle se
livrent les États-Unis et l’URSS dans le cadre de la guerre froide. La course à l’espace naît dans le contexte d’une course aux armements, qui entraîne les deux
puissances à vouloir imiter les missiles balistiques développés par le régime nazi. Cette technologie est toutefois utilisée par l’URSS pour propulser de premiers
engins au-delà de l’atmosphère (Spoutnik, 1957), attisant une rivalité technologique avec les États-Unis sur fond d’une compétition culturelle dont le monde est
institué en spectateur. La course aux armements se mue alors en une succession de prouesses techniques dont l’apothéose est consacrée par la conquête de la
lune. La réussite de la mission Appolo (1969), tout en consacrant la suprématie américaine, conduit paradoxalement à un relatif reflux des enjeux spatiaux,
caractérisé par la volonté de réduire les coûts des différents projets d’exploration ou de conquête spatiales. L’affirmation de nouvelles puissances (France,
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Europe, Chine, Inde) dans les dernières années de la guerre froide et dans les deux décennies qui suivent relance cependant la course à l’espace, dans laquelle
les États-Unis tentent de conserver leur suprématie tout en en renouvelant les fondements. Un renouveau des enjeux qui favorise l’émergence d’acteurs privés
dans le secteur de l’espace commercial, tandis que s’accentue la militarisation de l’espace – qui, en l’absence d’une véritable règlementation internationale, fait
peser de lourdes menaces.
Lexique
ASNC : Agence Spatiale Nationale Chinoise, agence spatiale chinoise.
Astronaute : nom donné aux États-Unis aux membres des vols spatiaux.
CNES : Centre National d’Études Spatiales, agence spatiale française.
Cosmonaute : nom donné en URSS aux membres des vols spatiaux.
Course à l’espace : terme désignant la compétition entre puissances spatiales.
ESA : European Spatial Agency, agence spatiale européenne.
Hard power : puissance d’un État, qui s’exerce par force militaire ou pression économique.
ISRO : Indian Space Research Organisation, agence spatiale indienne.
Lanceur : fusée utilisée pour envoyer une charge utile dans l’espace.
Militarisation : processus qui rend un secteur propre à être utilisé militairement.
Missile balistique : engin permettant de lancer une arme en lui donnant une trajectoire influencée seulement par la gravité et la vitesse acquise par une force
d'accélération initiale.
Monde bipolaire : expression désignant le partage du monde en deux principaux blocs, polarisés l’un par les États-Unis, l’autre par l’URSS, pendant la guerre
froide.
Monde multipolaire : expression désignant l’organisation actuelle du monde, marqué par la remise en question de l’unilatéralisme étasunien et l’émergence de
nouvelles puissances.
NASA : National Aeronautics and Space Administration, agence spatiale étasunienne.
Navette : véhicule qui peut être lancé dans l’espace et revenir sur Terre afin d’être réutilisé.
Puissances spatiales : principaux États disposant d’une capacité d’action politique reposant sur leur implication militaire, économique et scientifique dans
l’espace.
ROSCOMOS : agence spatiale russe.
Secteur privé : domaine de l’économie qui ne dépend pas directement de l’État, mais des entreprises, des organisations ou des associations appartenant à des
individus (privés).
É
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Soft power : capacité d’influence d’un État sur un autre, reposant sur la démonstration de sa « supériorité » culturelle, voire sur la diffusion de sa culture au
sens large du terme.
Sonde : engin automatique non habité lancé dans l’espace pour étudier un corps astral.
Soyouz : nom du principal lanceur soviétique utilisé pendant la guerre froide.
Spationaute : nom donné en France aux membres des vols spatiaux.
Suprématie : situation dominante d’une puissance dans un secteur donné.
Taïkonaute : nom donné en Chine aux membres des vols spatiaux.
Territoire, territorialisation : un territoire est un espace délimité, approprié et exploité par un individu, un groupe ou une société en fonction de ses intérêts
politiques, économiques ou sociaux ; la territorialisation désigne le processus d’appropriation d’un espace naturel.
V2 : missile allemand considéré comme la première fusée moderne.
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Dans son discours, Dwight D. Eisenhower reconnaît la supériorité technologique des Soviétiques, mais non leur suprématie militaire : il s’agit pour lui de
mettre en avant la nécessité, pour les États-Unis, d’accroître leurs efforts de recherche pour ne pas se laisser dépasser (« Il est parfaitement possible que
dans les années à venir les États-Unis soient dépassés si nous ne sommes pas décidés à nous soumettre dès maintenant à des impératifs pressants »). Le
lancement de Spoutnik accélère donc la course aux armements, incitant les États-Unis à renforcer, en termes de recherche militaire, la coopération avec
ses alliés de l’OTAN (Royaume-Uni et France, notamment), mais aussi à développer ses propres structures de recherche par « la concentration des moyens
» – ce qui aboutira à la création de la National Aeronautics and Space Administration (NASA), en juillet 1958.
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symbole d’une certaine forme d’appropriation territoriale – est destinée à démontrer, après le retour sur terre des astronautes, la supériorité américaine aux
yeux du monde entier (document 3b).
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1. Présentez le document.
Ce document est la une du Time, l’un des principaux hebdomadaires d’information aux États-Unis, en date du 27 juillet 2019.
2. Quels acteurs sont ici représentés ?
Cette une représente quatre personnages lancés dans une course à la Lune. Le personnage le plus éloigné est un astronaute américain appartenant à la
NASA. Deux de ses concurrents représentent des entreprises privées américaines : Blue Origin de Jeff Bezos, Space X d’Elon Musk. Le quatrième
personnage est un taïkonaute, comme le rappelle le drapeau de la République populaire de Chine qu’il porte en brassard.
3. Ont-ils tous les mêmes objectifs ?
Si le Time semble mettre ces acteurs dans une même dynamique, tous n’ont pas le même objectif dans cette « course à la Lune » – qui, d’ailleurs, n’est pas
forcément un objectif pour certains d’entre eux. La Chine a bel et bien manifesté son intention d’emmener des taïkonautes sur la Lune afin de manifester
sa puissance spatiale croissante, incitant les Américains à relancer un programme de vol habité vers la lune (Constellation, 2004) pour ne pas perdre leur
hégémonie lunaire – représentée, ici, par leur avance sur les autres acteurs. Des retards ont toutefois entraîné son annulation par l’administration Obama
(2010), et le programme Artémis relancé dans le même par Donald Trump, parce qu’il rencontre les mêmes difficultés, fait aujourd’hui débat (2019).
Enfin, Blue Origin, qui entend se spécialiser dans le tourisme spatial, a récemment dévoilé un projet d’atterrisseur lunaire, mais sans envisager de
transport humain : il s’agit surtout de transporter du matériel pour la NASA, donc d’un objectif économique. Au contraire, Space X vise le lancement
d’une mission habitée vers la lune pour 2024 – une étape-test, pour Elon Musk, avant de préparer un projet de vol habité vers Mars.
4. En vous appuyant sur la Une du Time étudiée dans l’exercice sur la mission Apollo, expliquez le choix de réaliser une telle une par le magazine
Times en juillet 2019.
En faisant écho à la une de 1969, celle de 2019 vise d’abord à célébrer le cinquantenaire de la mission Apollo. Si la conquête spatiale a traversé une
période d’essoufflement dans les dernières années de la guerre, elle semble désormais, pour le Time, relancée par une nouvelle course à la lune. Les
enjeux, les acteurs, et les objectifs ont toutefois changé depuis l’effondrement de l’URSS (qui n’apparaît pas, ici) et l’émergence de nouveaux acteurs
étatiques (la Chine) et privés (Blue Origin, Space X) qui viennent concurrencer la NASA sur son terrain de prédilection. Cette une témoigne donc des
dynamiques les plus actuelles de la conquête spatiale civile.
Du fait de l’opposition des États-Unis qui, depuis la guerre du Golfe (1991), ont bien saisi l’intérêt militaire des satellites orbitaux. Ils se sont donc
opposés aux efforts de l’ONU pour favoriser le désarmement spatial, pendant comme après la guerre froide, et continuent à le faire – au contraire de la
Chine, qui craint la supériorité américaine en la matière.
4. Que signifie la phrase soulignée dans le deuxième texte ?
Simone Courteix pense que la destruction d’un satellite par la Chine (celle par l’Inde n’a pas encore eu lieu) pointe les dangers liés à l’absence de droit
dans le domaine de l’espace militaire, et la responsabilité qui en incombe aux grandes puissances spatiales actuelles – à commencer par les États-Unis.
Cette absence est un facteur d’instabilité qui fait peser des tensions (espionnage) sinon de lourdes menaces (course aux armements) sur les relations
internationales entre les États du XXIe siècle.
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