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4/5/2021 Histoire-Géographie, Géopolitique et Sciences politiques (HGGSP) HP06, CNED - Axe 1 - Conquêtes, affirmations de puissance et rivalités.

SÉQUENCE 1 : DE NOUVEAUX ESPACES DE CONQUÊTES

AXE 1 – CONQUÊTES, AFFIRMATIONS DE PUISSANCE ET RIVALITÉS.

SÉANCE 2

JALON 1 : Les enjeux géopolitiques d'une conquête. La course à l'espace des années 1950 à
l'arrivée de nouveaux acteurs.
Introduction
Le 4 octobre 1957, l’URSS de Nikita Khrouchtchev parvient à mettre sur orbite le premier satellite artificiel : le Spoutnik. Cette date constitue sans aucun doute
une rupture dans l’histoire humaine, bouleversant surtout le contexte géopolitique et insufflant une nouvelle dynamique à la guerre froide. La « course à
l’espace » devient dès lors l’objet d’une intense compétition, à la fois militaire et culturelle, entre les deux grands vainqueurs de la Seconde guerre mondiale.
Une histoire de la conquête spatiale profondément marquée par la compétition entre les deux pays : mise en orbite de satellite, envoi de sondes, puis d’animaux,
et enfin d’humains, dans l’espace. Apogée de cette dynamique, la course à la Lune, qui se solde par la victoire américaine, est une revanche sur Spoutnik, et
consacre la suprématie américaine. Soixante ans plus tard, l’espace n’a pourtant rien perdu de ses enjeux géopolitiques : la diffusion des technologies spatiales
dans un monde multipolaire semble aujourd’hui relancer la course à l’espace, dans laquelle s’affirment également désormais des acteurs privés. Entre course à
l’armement ( hard power ) et compétition technologique afin de démontrer sa suprématie culturelle ( soft power ), l’espace semble être devenu, au cours du
dernier siècle, l’un des lieux où les États peuvent et cherchent à affirmer leur puissance.

Dans quelle mesure l’espace s’est-il affirmé comme un enjeu géopolitique majeur depuis 1945 ? En quoi la course à l’espace est-elle aujourd’hui
encore un enjeu de la puissance politique et militaire au début du XXI ème siècle ?

Plan du chapitre Objectifs Notions

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Plan du chapitre Objectifs Notions

I. Les débuts de « l’ère spatiale » dans un Comprendre le contexte des débuts de la conquête spatiale. Course à
contexte marqué par la « guerre froide » Comprendre les enjeux militaires de ce contexte. l’espace
1. De la course aux missiles… Comprendre les enjeux technologiques et culturels de la compétition spatiale. Hard power et
2. … à la course à la lune Soft power
Monde bipolaire

II. La fin de la guerre froide : de l’affirmation Comprendre l’affirmation de la suprématie technologique et militaire américaine entre la Monde
de la suprématie américaine à la relance de la réussite de la mission Appolo et la fin de la guerre froide. multipolaire
compétition internationale pour l’espace Comprendre la multiplication des acteurs étatiques qui s’inves-tissent progressivement Puissances
1. L’affirmation de la suprématie américaine dans ce secteur (UE, Chine, Inde) dans le dernier quart du XXe siècle, pour saisir à quel spatiales
2. La multiplication des puissances spatiales point l’espace devient alors un « lieu » d’affirmation de la puissance terrestre. Suprématie

III. La relance de la course à l’espace : un Comprendre la diversification des acteurs de l’espace avec l’apparition d’entreprises Secteur privé
renouvellement des enjeux au XXI e siècle ? privés qui viennent compléter et parfois remplacer les puissances spatiales étatiques. Militarisation
1. Un marché de plus en plus ouvert aux privés Saisir les dynamiques de militarisation de l’espace dans le contexte présent et les enjeux Territorialisation
2. Un « territoire » de plus en plus militarisé de la régulation internationale de ce « nouveau territoire » qu’est l’espace

I. Les débuts de « l’ère spatiale » dans un contexte marqué par la « guerre froide » (1945-1969)

1. De la course aux missiles…


Peu après la fin de la Seconde guerre mondiale (1939-45), les relations entre les deux principaux vainqueurs se dégradent et débouchent sur l’ouverture d’un
nouveau type de conflit : la guerre froide. Celle-ci conduit à la division du monde en deux blocs opposés (bipolarisation) : les États-Unis et leurs alliés d’une
part, l’URSS et ses alliés de l’autre. Ces deux superpuissances vont s’opposer sans jamais s’affronter, craignant qu’une guerre ouverte ne débouche sur un
affrontement nucléaire dévastateur pour l’humanité. Cette concurrence américano-soviétique est le principal moteur de la conquête spatiale, ce vieux rêve de
l’Humanité qui ne débute réellement que dans la seconde moitié du XX e siècle.

La technologie balistique, un héritage de la Seconde guerre mondiale

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Si « la gestation de la fusée fut longue », l’opposition entre les États-Unis et l’URSS donne un coup d’accélérateur à la recherche technologique qui permettra,
dès la fin des années 1960, d’envoyer de premiers engins au-delà de l’atmosphère – là où commence « l’espace ». Ce dernier n’est pas initialement l’objet de
cette compétition : le but initial est de créer et de développer des missiles balistiques* intercontinentaux pour s’assurer la supériorité militaire en cas de conflit
nucléaire. Or la technologie en la matière a fortement progressé pendant la Seconde guerre mondiale, du fait des recherches menées par les scientifiques et
ingénieurs du régime nazi, qui ont notamment développé le Vergeltungswaffe 2 – ou V2*. Une technologie développée par l’équipe du professeur Wernher von
Braun* . Ingénieur de formation et Sturmbannführer de la SS, il dirige depuis 1936 le centre de recherche de Peenemünde (Baltique), à partir duquel sont
développés les V2.

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Tir d’un V2 depuis la base de Peenemünde, pour un vol d’essai (1943)


Premier missile balistique de l’histoire, le V2 mesure 15 mètres de long, pèse près de 12 tonnes, peut attendre la vitesse de 5.000 km/h et transporter une
charge explosive à plus de 750 kilomètres. Plus de 4 000 de ces missiles sont produits à la fin de la guerre par le régime nazi et tirés vers le sud de
l’Angleterre, où ils font essentiellement des victimes civiles.

Bien qu’encore imparfaite, cette technologie suscite la convoitise des États-Unis et de l’URSS, qui entendent profiter de l’occupation du territoire allemand pour
récupérer le matériel et le savoir-faire allemand, dont les ingénieurs sont les dépositaires. L’opération américaine Paperclip, menée entre 1945 et 1957, vise à
exfiltrer 1500 scientifiques allemands et à les enrôler dans la lutte contre l’URSS qui s’amorce alors. Von Braun choisit alors de se rapprocher des Américains,
entraînant avec lui plusieurs centaines de membres de son équipe. Transféré aux États-Unis (1945) puis naturalisé (1955), il joue un rôle moteur dans le
développement de la technologie de tir balistique américaine dans les années 1950. Dans le même temps, Staline envoie à Berlin nombre de scientifiques et
d’ingénieurs soviétiques, parmi lesquels Sergueï Korolev* , futur fondateur du programme spatial soviétique, chargé d’enrôler d’anciens ingénieurs de
Peenemünde. Au total, près de 5 000 savants allemands sont ainsi recrutés par l’URSS, contre 3 000 par les États-Unis.

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Les 104 ingénieurs allemands recrutés dans le cadre de l’opération Paperclip, à Fort Bliss, Texas (1946). Von Braun se tient au premier rang, pantalon noir et
main dans la poche.

Cette course au missile balistique est d’autant urgente pour l’URSS que les États-Unis viennent de faire la démonstration de leur supériorité technologique lors
du bombardement atomique de Hiroshima et Nagasaki (6-9 août 1945). Réduite pendant la guerre, la recherche aéro-militaire soviétique reprend avec la
fondation de l’institut de recherches scientifiques TsNIIMash en 1946, placé sous la direction de Sergueï Korolev. Ce dernier est chargé de mettre rapidement
en œuvre un programme de missiles balistiques à longue portée. Sous sa direction, les ingénieurs soviétiques parviennent à reconstituer puis à lancer un ersatz
de V2 (oct. 1947), qu’ils perfectionnent grâce aux recherches sur la motorisation des fusées de lancement menées par l’ingénieur Valentin Glouchko.
Le développement de l’arme atomique (1949) puis de l’arme thermonucléaire (bombe H, 1953), confère à cette recherche une toute autre envergure : Korolev
reçoit la mission de réaliser un missile intercontinental capable de frapper les États-Unis sur leur propre sol. Ces recherches conduisent peu à peu à l’élaboration
du R7 Semiorka, premier missile balistique intercontinental de l’histoire. Le 21 août 1957, le premier tir réussi de ce missile à partir de la base de lancement de

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Baïkonour (Kazakhstan), fait de l’URSS la première nation à disposer d’une puissance de frappe intercontinentale, détrônant les États-Unis de leur supériorité
technologique militaire. Depuis 1946, ces derniers se sont appuyés sur les recherches de von Braun au sein de l’Army Ballistic Missile Agency (ABMA),
agence de l’US Army, pour reconstituer leur propre modèle de V2. S’ils sont parvenus à élaborer leur propre modèle de V2 (missile Redstone, 1953), puis des
modèles intermédiaires (Jupiter et Thor), il faut attendre décembre 1957 pour qu’ils égalent le R7 Semiorka avec le SM-65 Atlas, de l’entreprise Convair, dont
le premier tir réussi a lieu en novembre 1958.

Spoutnik, ou la transition du hard power au soft power


La course à l’armement militaire se fond dès lors dans une compétition technologique, dont l’objectif reste l’affirmation de leur soft power respectif. Deux ans
plus tôt, le Conseil international des Unions scientifiques – une organisation non-gouvernementale fondée pour promouvoir l’activité scientifique internationale
–, a décrété que l’année 1957-1958, en tant qu’« année géophysique internationale », devrait être consacrée au progrès de la connaissance sur les propriétés
physiques de la Terre et de ses interactions avec le Soleil. En juillet 1955, le président Dwight Eisenhower a publiquement affirmé la volonté des États-Unis de
procéder à la mise en orbite d’un satellite artificiel au cours de cette « année géophysique internationale », lançant dans cette perspective le programme
Vanguard (septembre 1955). Ce programme est toutefois pris de court par les Soviétiques. Sur proposition de Korolev, l’Académie des Sciences de l’URSS
décide d’utiliser la technologie du R7 Semiorka pour créer un lanceur spatial * afin de propulser au-delà de l’atmosphère le premier satellite artificiel de la
Terre : Spoutnik 1 .

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Un ingénieur soviétique travaille sur le satellite Spoutnik


Petite sphère en aluminium de 58 centimètres de diamètre, pesant 83,6 kg dotée de quatre antennes, le satellite Spoutnik est mise en orbite le 4 octobre 1957.
Le 4 octobre 1957, il est mis en orbite autour de la Terre, où il restera jusqu’au 4 janvier 1958, émettant un célèbre « bip-bip » qui est resté, depuis, le
symbole sonore du commencement de « l’ère spatiale ». Cet exploit est d’emblée utilisé par la propagande soviétique (ci-contre, un timbre soulignant la

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portée de l’événement) pour souligner la supériorité technologique de l’URSS sur les États-Unis, alimentant une « crise Spoutnik », caractéristique de la
guerre froide.

Activité 1 : La « crise » Spoutnik, jalon de la guerre froide


Document 1 – La réaction de Nikita Khrouchtchev, Le Monde , 9 octobre 1957.

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« Pour la première fois, après six semaines de vacances en Crimée, M. Khrouchtchev a pris la parole hier soir lundi à Moscou, au cours d’une réception
donnée à l’ambassade d’Allemagne orientale. Commentant le lancement du satellite artificiel, le premier secrétaire du parti communiste de l’U.R.S.S. a
déclaré que « les chasseurs et les bombardiers seront bientôt confinés dans les musées, parce qu’ils ont déjà été dépassés par les fusées. » Le premier
secrétaire a lancé ensuite un sévère avertissement aux États-Unis et à la Turquie [où les Américains ont installé des missiles balistiques de portée
intermédiaires] : « Ces puissances devraient songer, a-t-il dit, qu’une guerre, une fois commencée, peut s’étendre. Dès que les canons auront commencé à
tonner et les fusées à prendre leur vol, il sera trop tard. Nous ne voulons pas nous vanter, mais maintenant le monde est bien obligé de constater combien
la science et la culture se sont développées après l’arrivée au pouvoir de la classe ouvrière. » Puis, d’une voix grave, M. Khrouchtchev conclut : « La fusée
est une arme sans pitié. Nous ne voulons pas abuser de notre supériorité. »
Document 2 – La réaction de Eisenhower, le 8 novembre 1957
Dans le discours qu’il a prononcé jeudi soir à la radiotélévision américaine, le président Eisenhower a fait le point de la situation actuelle des États-Unis
dans les domaines scientifique et militaire. […]. « Il est parfaitement possible que dans les années à venir les États-Unis soient dépassés si nous ne
sommes pas décidés à nous soumettre dès maintenant à des impératifs pressants », a déclaré M. Eisenhower. « Dans l’immédiat », a précisé le chef de la
Maison Blanche, « l’objectif le plus urgent et le plus facilement réalisable est l’échange d’informations scientifiques et la coordination des efforts dans ce
domaine avec les nations amies. » […]. [Le second objectif] du gouvernement américain est de réaliser dans l’immédiat une « plus grande concentration
des efforts et d’apporter des améliorations administratives dans les domaines de la science et de la technologie en général, et en particulier des fusées ».
Questions :
1. Présentez les deux documents et leurs auteurs.
2. Comment l’URSS utilise-t-elle le lancement de Spoutnik pour affirmer, à travers sa puissance technologique, sa supériorité idéologique et
militaire ?
3. Montrez, à l’aide du second texte, que le lancement de Spoutnik accélère la course à l’armement dans le contexte de la guerre froide.

2. … à la course à la Lune
Après le lancement de Spoutnik 1, la conquête spatiale devient l’un des terrains de la confrontation américano-soviétique : celui où ils tentent d’affirmer leur
soft power*, lutte culturelle dont le monde est spectateur. Traumatisés par la réussite soviétique, les États-Unis augmentent leur investissement dans la recherche
technologique spatiale. Après l’échec d’un premier tir du satellite Vanguard (décembre 1957), qui accentue la « crise Spoutnik », ils parviennent à mettre en
orbite un premier satellite (Explorer 1) le 31 janvier 1958, grâce au lanceur Juno 1 développé par l’équipe de Von Braun au sein de l’US Army.

La supériorité soviétique dans la course à l’espace


Une victoire au goût amer : le 3 novembre 1957, l’avance technologique de l’URSS est à nouveau manifeste lors du lancement de Spoutnik 2, qui permet de
mettre en orbite le premier animal vivant – la chienne Laïka. Un premier pas de la recherche vers le principe des vols habités, objets du programme Vostok dans
lequel s’inscrivent les lancements suivants. Sept Spoutnik sont tirés entre 1958 et 1961 : plusieurs chiens sont ainsi envoyés dans l’espace et, au contraire de

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Leïka, ils sont récupérés vivants. Cette maîtrise de la technologie spatiale permet aux Soviétiques de franchir un nouveau cap. Le 12 avril 1961, une fusée
Semiorka, surmontée du vaisseau Vostok-1, permet à Iouri Gagarine de devenir, pendant 108 minutes, le premier homme à effectuer un vol dans l’espace – le
premier cosmonaute*, pour reprendre le terme utilisés dès lors par les soviétiques pour désigner les membres de ces vols spatiaux habités. Un événement
mondial, qui
signe l’apogée du programme spatial soviétique et une nouvelle défaite américaine – d’autant qu’après 1961, les succès soviétiques s’accumulent : en 1963, la
cosmonaute Valentina Terechkova devient la première femme dans l’espace ; en 1965, le cosmonaute Alexei Leonov est le premier homme à effectuer une sortie
dans l’espace.

Youri Gagarine (1934-1968)


Né dans une famille de paysans russes, Gagarine suit une carrière dans l’armée soviétique, où il devient pilote de chasse en 1957. En 1961, il est sélectionné
pour être le premier homme dans l’espace, en fonction de ses origines sociales populaires, mises en avant par le régime communiste. Après son vol, il reçoit
le titre de « héros de l’URSS ». Il meurt dans un accident d’avion.

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Le programme Apollo, tournant de la course à l’espace


Aux États-Unis, la recherche sur les vols habités progresse, mais sans atteindre le niveau de technologie soviétique. La création de la NASA en juillet 1958 a été
suivie par le lancement du programme de recherche sur les vols habités, Mercury. En 1962, il permet à quatre astronautes* (John Glenn, M. Scott Carpenter,
Walter
M. Schirra, L. Gordon Cooper) d’aller dans l’espace, un an après Gagarine. L’exploit de ce dernier incite les États-Unis à accroître encore leurs investissements
dans le domaine spatial. En mai 1961, John F. Kennedy affirme devant le Congrès américain sa nouvelle ambition – conquérir la Lune – et lance, pour y
parvenir, le programme Apollo. Von Braun, affecté à la NASA en 1960, est chargé de développer les technologies qui permettront d’envoyer des astronautes
vers notre satellite. Les moyens de la NASA sont largement augmentés : entre 1960 et 1965, ses effectifs passent de 10 000 à 36 000 employés, et son budget de
500 M. de dollars à 5 200 M. – il représente alors 5,3% du budget fédéral. Tout un tissu industriel (20 000 sociétés) et intellectuel (200 universités) contribue au
programme Apollo. Selon l’ingénieur Jacques Villain, près de 10 millions de personnes travaillent alors, de près ou de loin, pour ce programme. Il permet à la
NASA de multiplier les lancements de sondes spatiales pour préparer le terrain de la mission Apollo, et d’entamer la construction de nouvelles fusées, plus
puissantes – les fusées Saturn.
Constatant les progrès américains, les Soviétiques se lancent à leur tour dans la course à Lune. Korolev parvient à en imposer l’objectif à partir de 1964, même
si l’URSS est déjà investie dans un ambitieux programme de mise en orbite de sondes spatiales (« Luna »). Dès 1959, la sonde Luna 3 a permis à l’URSS de
dévoiler les premières photographies de la face cachée de la Lune. Au début des années 1960, ce programme permet à l’URSS d’affirmer encore sa suprématie :
le 3 février 1966, Luna-9 réussit un premier alunissage en douceur ; le 31 mars, Luna-10 devient le premier satellite lunaire. Après 1964, les ambitions lunaires
de l’URSS se fondent dans deux programmes distincts : Zond, qui envisage la satellisation d’un vaisseau habité autour de la Lune ; et N1-L3, confié à Korolev,
qui doit permettre à des cosmonautes de fouler le sol lunaire. La multiplication des programmes, la dispersion des efforts, les rivalités de pouvoir et, finalement,
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le décès de Korolev (1966), gênent toutefois la concrétisation de ce double programme. Plusieurs échecs ternissent le prestige soviétique, dont les lancements
ratés de Zond et la mort accidentelle de Vladimir Komarov à l’issue du premier vol Soyouz, premier vaisseau spatial habité russe (21 avril 1967). Les moyens
soviétiques sont pourtant conséquents : là encore, ce sont des millions d’employés qui contribuent à la dynamique du secteur spatial dans les années 1960.

La base de Baïkonour
« À elle seule, la base de Baïkonour constitue un bon exemple de cette démesure : elle se développe sur un territoire de 80 kilomètres sur 120 kilomètres,
équivalent à deux départements français ; 15 aires de lancement y sont construites ; certains lanceurs – comme le Proton – disposent de quatre aires de tir ;
une ville de plus de 100 000 habitants, Leninsk, est bâtie en plein désert, à 30 kilomètres de Baïkonour, au profit des seules activités spatiales. »

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Jacques Villain, article « Conquête de l’espace », in Encyclopaedia Universalis.

Aux États-Unis, la politique de John F. Kennedy porte ses fruits. Malgré un premier échec, les lancements du programme Apollo sont couronnés de succès. Le
24 décembre 1968, les trois astronautes Frank Borman, James A. Lovell, Jr. et William A. Anders sont les premiers hommes à faire le tour de la Lune (Apollo
8). Quelques mois plus tard, le 21 juillet 1969, Neil A. Armstrong et Buzz Aldrin deviennent les premiers hommes à marcher sur la Lune, après s’être posés
dans la désormais célèbre Mer de la Tranquillité. Très médiatisé, l’événement – marqué par la célèbre phrase d’Armstrong : « C’est un petit pas pour l’homme,
mais un saut de géant pour l’humanité » – entraîne une rupture radicale dans l’histoire de la conquête spatiale, dans laquelle les États-Unis affirment dès lors
leur supériorité.

La mission Apollo 11 (1969)


L’équipage d’Apollo 11. De gauche à droite : Neil A. Armstrong, commandant et premier homme à marcher sur la Lune ; Michael Collins, pilote du
module resté en orbite lunaire ; et Edwin E. Aldrin Jr., dit « Buzz Aldrin », pilote du module lunaire, deuxième homme à avoir marché sur la Lune.

Activité 2 : La conquête de la lune, une victoire américaine


Document 1 : La politique spatiale de John F. Kennedy (1961-1962)
En 1961, le président explique au Congrès les objectifs de sa politique spatiale.
« Je crois que cette nation devrait s’engager à réaliser, avant la fin de cette décennie, l’objectif d’envoyer un homme sur la Lune et de le ramener sain et
sauf sur terre. Aucun autre projet spatial à notre époque ne sera plus important pour l’exploration de l’espace à long terme ; aucune ne sera non plus aussi
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difficile ou aussi onéreux à accomplir. »


John F. Kennedy, Discours devant le Congrès, 25 mai 1961
En 1962, Kennedy revient sur cette politique à l’université de Rice (Houston) :
« Nous enverrons vers la Lune, à plus de 240 000 miles du centre de Houston, une fusée géante de plus de 100 mètres de hauteur faite de nouveaux
matériaux, dont quelques-uns ne sont pas encore inventés, capables de supporter la chaleur et des efforts plusieurs fois supérieurs à ceux antérieurement
rencontrés, assemblés avec une précision supérieure à celle de l’horlogerie, transportant tous les équipements requis par la propulsion le guidage, le
pilotage, les communications, la nourriture et la survie pour une mission encore jamais tentée vers un astre inconnu. […] Nous choisissons d’aller sur la
Lune dans cette décennie et d’accomplir d’autres choses encore, non pas parce que cela est facile, mais bien parce que c’est difficile. »
John F. Kennedy, Discours à la Rice University de Houston, 12 septembre 1962
Document 2 : Une du Time, 6 décembre 1968

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Document 3 : La mission Apollo 11, les premiers hommes sur la Lune


À gauche, Buzz Aldrin, photographié par Neil Armstrong, devant le drapeau américain. À droite, l’insigne de la mission.

Questions :
1. Présentez le document 1 et son auteur.
2. Expliquez quels sont les objectifs et les enjeux du programme Apollo.
3. Quelles sont les difficultés à surmonter avant de mener ce programme à bien ?
4. Pourquoi la mission Apollo 11 représente-t-elle une victoire pour les États-Unis ?

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II. La fin de la guerre froide : de l’affirmation de la suprématie américaine à la relance de la compétition

1. L’affirmation de la suprématie américaine


Après 1969, dans une période marquée par la « détente » des relations américano-soviétiques, la présence humaine de longue durée dans l’espace devient la
priorité des deux Grands. L’URSS y voit un moyen de retrouver son prestige spatial après la réussite du programme Apollo. Après le programme de station
orbitale militaire (Almaz) envisagé dans les années 1960, c’est un modèle civil (Saliout) qui est finalement adopté, bien que ses objectifs soient d’espionner les
territoires de l’adversaire américain. Saliout-1 est ainsi mis en orbite en 1971. Ce programme s’achève en 1986 avec le lancement du premier module de la
station Mir, avec laquelle commence véritablement l’occupation humaine permanente d’une station orbitale, selon un modèle qui inspire ensuite le module russe
de la Station Spatiale Internationale. De son côté, le 14 mai 1973, la NASA parvient à mettre en orbite une première station spatiale, Skylab, à des fins
d’observation scientifique. Trois équipes s’y succèdent entre 1973 et 1974, mais la station est ensuite délaissée. En 1979, sous l’effet du soleil, elle chute et se
désintègre en rentrant dans l’atmosphère.

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La station Saliout (1971)


Le 19 avril 1971, l’U.R.S.S. met sur orbite sa première station orbitale : Saliout, qui signifie « Salut » en russe. D’une masse de 18 500 kg, elle a été
propulsée à 220 km d’altitude, grâce à un nouveau lanceur, plus puissant : Proton. Elle est constituée de trois éléments : un lieu de travail, un lieu
d’habitation, un dispositif d’amarrage pour les vaisseaux Soyouz (« union »), qui acheminent les cosmonautes vers la station.

Après l’effervescence des années 1960, les années 1970 marquent toutefois la fin de la « course à l’espace ». L’essoufflement de la compétition après le succès
d’Apollo 11 se traduit par une réduction des moyens budgétaires, qui entrave le développement des programmes d’exploration spatiale. Côté américain, la
mission Apollo 11 est suivie par les missions Apollo 12 à 17 (1969-1972), mais leur régularité fait perdre au voyage lunaire son aspect exceptionnel pour
l’opinion publique, qui s’en désintéresse. Le programme, prévu pour aller jusqu’à la mission Apollo 20, est abandonné après 1972. Côté soviétique, aucun
cosmonaute ne peut poser le pied sur la lune. Le 21 février 1969, quelques mois avant l’alunissage d’Appolo 11, le premier lancement, inhabité, de la fusée N1-
L3 conçue par Korolev, explose en vol – de même que le second, le 3 juillet, quelques jours seulement avant qu’Armstrong et Aldrin ne foulent le sol lunaire. Le
programme N1-L3 est abandonné en 1974.
Le coût de la conquête spatiale est de plus en plus critiqué dans les années 1970, et les agences spatiales sont peu à peu incitées à revoir leurs projets. C’est dans
cette perspective que s’inscrit la NASA en développant le projet Skylab (qui doit fonctionner grâce à la réutilisation de composants
existants) mais aussi et surtout, après 1972, le programme de navette spatiale, premier véhicule réutilisable, dont l’objet est d’éviter le recours aux fusées,
détruites après leur lancement. Le premier vol de la navette Columbia a lieu le 12 avril 1981. Elle est dès lors utilisée pour conduire les astronautes américains
dans l’espace (329 au total, jusqu’à l’arrêt du progrès en 2011). L’URSS tente elle aussi de développer sa propre navette avec le programme Bourane, lancé en
1976 en réaction au programme Columbia. Un projet ruineux, qui ne débouche que sur un seul et unique vol orbital, le 15 novembre 1988, avant que le projet
soit abandonné suite à l’effondrement de l’URSS.

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Décollage de la navette spatiale Columbia, le 12 avril 1981, pour la mission STS-1


À partir de 1981, les missions STS permettent à la NASA, d’emmener des astronautes à l’aide de navettes qui peuvent être réutilisées. L’objectif est de
réduire les coûts des lancements et des voyages spatiaux.

L’URSS est également distancée dans le domaine des vols non habités à des fins d’exploration du système solaire, dans lesquels la NASA affirme sa suprématie.
Dès 1962, la sonde américaine Mariner survole la planète Vénus. En 1971, Mariner 9 est mise en orbite autour de Mars. Si l’URSS parvient à poser un premier
module sur la planète rouge quelques mois plus tard (Mars 3), celui-ci est victime d’une panne au bout de 20 secondes, qui l’empêche de transmettre ses
données. En 1976, le programme Viking permet aux États-Unis d’envoyer deux sondes spatiales (Viking 1 et 2) en orbite de Mars, et deux modules qui s’y
posent avec succès. Ils permettent une étude d’ampleur inédite de la composition de l’atmosphère, de la météorologie et du sol de la planète rouge. Deux ans
plus tard, en 1978, les sondes Voyager 1 et Voyager 2 survolent Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune, ainsi qu’une partie de leurs satellites respectifs. Ces sondes,
toujours en activité en 2020, sont considérées comme l’une des missions d’explorations les plus importantes du système solaire. Elles ont, par exemple, permis
de découvrir les anneaux de Jupiter.
La fin de la « détente » et la dégradation des rapports entre les deux blocs au milieu des années 1970 (« guerre fraîche »), entraîne toutefois une ultime relance
de la compétition américano-soviétique. L’enjeu se concentre alors sur la militarisation de l’espace. Malgré le Traité sur l’espace extra-atmosphérique (1967) de
l’ONU, qui pose pour principe la liberté d’accès à l’espace et prohibe la mise en orbite d’armes nucléaires, les deux Grands sont en compétition pour le
développement d’armes spatiales depuis le début de la guerre froide. Le projet de stations orbitales de l’URSS a initialement, avec Almaz, une ambition
militaire : elles devaient être équipées de canons pouvant détruire, en cas de besoin, les satellites américains. Les Soviétiques envisagent également un
programme de « système de bombardement orbital fractionné », arme nucléaire pouvant être déployée sur une orbite basse afin de contourner le système d’alerte
radar américain (1969), avant que les États-Unis et l’URSS ne concluent un accord de désarmement (SALT 2, 1979), entraînant le retrait des missiles
soviétiques. En 1983 pourtant, le nouveau président américain, Ronald Reagan, annonce un projet de bouclier satellites armés antimissiles (IDS, pour Initiative
de Défense Stratégique) afin d’assurer la protection du territoire américain contre une éventuelle frappe nucléaire soviétique. Son but est aussi de contraindre
l’URSS à s’engager dans une nouvelle course aux armements, dont les États-Unis savent qu’elle n’en a ni les moyens financiers, ni les moyens technologiques.
L’IDS est abandonnée en 1993, par l’administration Clinton, qui la juge difficile à réaliser technologiquement et trop coûteuse. Cette « guerre des étoiles » a
pourtant contribué à l’effondrement de l’URSS, qui n’a plus les moyens de soutenir les rythmes de dépenses militaires américains à la fin des années 1980.

Activité 3 : Le projet IDS, ou la « guerre des étoiles »


En vous appuyant sur ces documents et sur vos connaissances, proposez un schéma expliquant comment la relance de la course à l’espace, dans
les années 1980, contribue à la fin de la guerre froide.

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Document 1 : Logo et schéma du projet IDS

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Document 2 : Une du Time, avril 1983


En 1983, Ronald Reagan annonce le projet IDS. Le Time titre : « Défense défensive. Batailles budgétaires et guerre des étoiles », faisant référence au film
de Georges Lucas (1977), une association évocatrice largement relayée dans les médias américains. Le projet IDS dans les années 1980

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2. La multiplication des puissances spatiales


Si la fin de la guerre froide consacre la suprématie américaine, les années 1990 et 2000 sont marquées par l’affirmation de nouveaux acteurs étatiques qui
viennent la contrebalancer. Depuis les années 1960, pendant la guerre froide, si certains États mettent en orbite leurs satellites avec l’aide américaine (Canada,
1962 ; Italie, 1964 ; Australie, 1967), d’autres procèdent à leur propre lancement, s’affirmant comme de nouvelles puissances spatiales, disposant d’agences
spatiales publiques mettant au point leurs programmes spatiaux.

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Chronologie des lancements nationaux de satellites artificiels

1957 : URSS (Spoutnik)


1958 : États-Unis d’Amérique (Explorer)
1965 : France (Astérix)
1970 : Japon (Ōsumi, nom d’une province japonaise)
1970 : Chine (Dong Fang Hong I, « L’Orient est rouge »)
1971 : Royaume-Uni (Prospero X3)
1980 : Inde (Rohini 1b)
1981 : Agence Spatiale Européenne (Meteostat 2)
1988 : Israël (Ofek 1, « Horizon »)
2009 : Iran (Ormid, « Espoir »)
2012 : Corée du Nord (Kwangmyŏngsŏng 3 numéro 2, « Étoile brillante »)
2013 : Corée du Sud (KSLV 1, Korea Space Launch Vehicule)

La politique spatiale française


Dès la fin de la Seconde guerre mondiale, la France a cherché à s’affirmer comme une puissance spatiale autonome. En 1946, plusieurs dizaines d’ingénieurs de
l’équipe de Von Braun sont engagés par l’État et intégrés dans les équipes du LRBA (Laboratoire de recherches balistiques et aérodynamiques, Vernon, Eure)
afin de concevoir et de réaliser les premières fusées françaises. Les projets de missiles balistiques types V2 sont toutefois abandonnés au profit de recherches
pour créer une fusée-sonde, Véronique, qui permet l’exploration de la haute atmosphère (1951). Il faut toutefois attendre une décennie pour que la France
s’affirme comme une véritable puissance spatiale. Soucieux d’accroître la puissance française tout en se distinguant de la puissance américaine, le général de
Gaulle décide, après son retour au pouvoir en 1958, la création d’un organisme chargé de mettre en application une politique spatiale française ambitieuse : le
Centre National d’Études Spatiales (CNES). Ce dernier développe son propre programme de lanceur. Le 26 novembre 1965, le premier lanceur français,
Diamant, décolle d’Hammaguir, champ de tir situé dans le Sahara algérien, près de Colomb-Béchar. Il met en orbite le premier satellite français, « Astérix », qui
fait de la France la troisième puissance spatiale – et dont le nom illustre bien l’ambition gaullienne de se démarquer du « grand frère » américain.

La politique spatiale européenne


La France est également à l’origine du programme européen Ariane, lancé en 1973 avec le soutien de l’Agence spatiale européenne (ESA). Cette dernière a été
créée le 30 mai 1975 afin de regrouper les efforts spatiaux des pays européens (République Fédérale d’Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, France,

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Irlande, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède, Suisse). C’est dans ce cadre que s’opère la recherche devant permettre, après l’abandon des lanceurs Diamant,
de mettre en point les lanceurs lourds européens, qui prennent progressivement le nom d’Ariane. Deuxième agence spatiale mondiale, l’ESA reste pourtant
limitée : son budget (5,72 Ma. d’euros, en 2019) est bien inférieur à celui de la NASA, qui tend aujourd’hui, sous l’administration Trump, à croître de manière
exponentielle (20,5 Ma). La fragilité de l’ESA l’empêche par ailleurs de faire face à l’apparition de nouveaux acteurs nationaux, appartenant aux puissances
émergentes, notamment celles des BRICS. La Russie reste un acteur important malgré sa perte de vitesse depuis la fin de la guerre froide. La centralisation des
sociétés industrielles au sein de l’Agence spatiale russe créée en 1992, et devenue l’entreprise d’État Roscosmos en 2015, semble favoriser un regain de la
puissance spatiale russe. Après plusieurs déconvenues (échecs du lancement de la nouvelle version de la fusée Soyouz, retards dans la mise en place du nouveau
cosmodrome de Vostochny, problèmes de corruption), la réussite de la mission Soyouz-MS 11 vers l’ISS semble attester de la modernisation de l’arsenal russe –
à tel point que Roscosmos envisagerait aujourd’hui un vol habité vers la Lune pour 2030.

Les puissances spatiales émergentes


Le début du XXIe siècle est surtout marqué par l’émergence de deux nouvelles puissances spatiales : la Chine, qui a procédé à son premier lancement autonome
de satellite dès avril 1970 (lanceur « Longue Marche »), et l’Inde, qui lui a succédé le 18 juillet 1980. La forte croissance économique de ces deux nations
trouve aujourd’hui un prolongement dans le domaine spatial, notamment de la Chine, dont l’agence spatiale (Administration Spatiale Nationale de Chine,
ASNC), s’inscrit désormais dans le peloton de tête des cinq premières puissances spatiales, avec la NASA, l’ESA, le CNES et Roscosmos. Ces puissances sont
en effet les seules à disposer de lanceurs nationaux, de satellites militaires, de missions d’exploration du système solaire et de missions spatiales habitées. En
2003, elle est devenue le troisième pays à envoyer un homme dans l’espace, avec le premier vol d’un taïkonaute à bord de la navette spatiale Shenzou. Plus
récente, l’affirmation spatiale de l’Inde, pilotée par l’Organisation Indienne pour la Recherche Spatiale (Indian Space Research Organisation, IRSO), s’est
traduite par l’avènement d’une nouvelle puissance sur le marché des lanceurs commerciaux et une politique d’exploration (première sonde spatiale vers la Lune,
Chandraayan-1, en 2008, puis, en 2019, d’un atterrisseur, Chandraayan-2 – avec lequel tout contact a été perdu au moment de l’alunissage). Quant à la politique
spatiale brésilienne, qui semblait suivre le même chemin à la fin du XXe siècle, elle a subi un coup d’arrêt après l’explosion au sol du lanceur de satellite VLS-1
en 2003, accident qui a coûté la vie à 21 ingénieurs et détruit les installations du centre de lancement d’Alcântara.
L’avènement de ces nouvelles puissances spatiales à l’aube du XXIe siècle a incité, en 2004, le président George W. Bush à affirmer sa volonté de relancer une
stratégie spatiale américaine (Vision for Space Exploration) afin de renouer avec les succès des vols habités type Apollo. Le programme Constellation envisage
la création de nouveaux lanceurs et le retour d’astronautes sur la Lune, prélude possible à une future mission martienne – mais les retards et les difficultés
poussent l’administration Obama à annuler le programme (2010), avant de mettre un terme à l’épopée des navettes spatiales américaines (2011).

Activité 4 : Les puissances spatiales au début du XXIe siècle


À l’aide de la carte, complétez le tableau afin de hiérarchiser et de classer les six premières puissances spatiales du début du XXIe siècle.

Puissance étatique Critères de puissance

Document : Capacités spatiales dans le monde (2015)


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III. La course à l’espace : un renouvellement des enjeux de puissance en ce début de XXI e siècle ?

1. Un marché de plus en plus ouvert aux acteurs privés


La fin de la guerre froide a multiplié les puissances spatiales, et partant leurs possibles rivalités. Celles-ci s’affirment d’abord dans une perspective économique,
notamment le domaine commercial où les lanceurs européens (Ariane), américains (Atlas et Delta), russes (Proton), chinois (Longue Marche), indiens (MkIII)
sont aujourd’hui en concurrence pour proposer leurs services aux puissances ne disposant pas d’autonomie en la matière.

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Le lanceur GSLV Mk III (2018) Fusée la plus puissante de l’ISRO, ce lanceur symbolise l’émergence de la puissance spatiale indienne sur le marché des lanceurs
commerciaux.

La concurrence est également rude dans le domaine des satellites, qui prennent toujours plus d’importance aujourd’hui (météorologie, télédétection,
É
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télécommunications, navigation avec GPS). En la matière, le marché est dominé par les États-Unis, qui ont été les premiers à lancer un satellite de
communication (Telstar, 1962) afin de permettre la liaison des réseaux de télévision et de téléphonie entre les États-Unis et l’Europe. Une puissance qui a
également développé le premier système GPS à des fins militaires (1973), avant de l’ouvrir au domaine civil au début du XXIe siècle. Le monopole américain,
et la supériorité militaire comme civile qu’il leur confère, a incité les Européens à développer leur propre système GPS (Galileo), de même que les Russes
(Glonass) ou les Chinois (Beidou, qui devrait devenir totalement opérationnel en 2020).

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La concurrence des pays émergents semblent même timidement relancer, aux États-Unis, la dynamique de course qui avait dominé dans les années 1960. La
NASA, qui dispose du plus important budget mondial en la matière, reste la première agence spatiale nationale : sa suprématie en termes d’exploration du
système solaire, de développement technologique ou de vol habité, est incontestable. Ses moyens pourtant, n'ont plus rien de comparable à ce qu’ils furent dans
les années 1960 : depuis le début du XXIe siècle, ils représentent près de 0,5% du PIB américain, contre 4,5% du PIB en 1966. La NASA poursuit ses missions
d’exploration, mais avec la consigne d’en réduire les coûts. Le programme Discovery, lancé en 1992, doit ainsi permettre la réalisation de missions spatiales «
plus fréquentes, moins chères, plus performantes » selon l’administrateur de la NASA, Daniel S. Goldin. De même, outre les deux explosions en vol de la
navette (Challenger, 1986 ; Columbia, 2003), ce sont ses coûts budgétaires qui ont incité l’administration à mettre un terme au programme. Les agences
nationales (NASA, ASNC, CNES, Roscosmos) et internationales (ESA), sont désormais confrontées à la concurrence croissante d’entreprises privées. Certaines
émanent des projets nationaux ou internationaux, comme Arianespace, qui développe des satellites d’observation et de télécommunications et s’est imposée sur

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la marché des lancements commerciaux, dont elle est le leader depuis la mise en service d’Ariane 5 (1996). Arianespace, qui assure 60% des lancements de
satellites commerciaux, a notamment conclu un accord en 2007 avec l’ESA et Roscosmos, l’agence spatiale russe, pour assurer le lancement de lanceurs Soyouz
depuis la base française de Kourou (Guyane).

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Le centre spatial guyanais de Kourou À partir de 1964, Kourou a pris le relais de la base d’Hammaguir, fermée en 1967, cinq ans après l’indépendance algérienne. Centre de
recherche et base de lancement française et européenne, elle se situe sur une latitude proche de l'équateur, idéal pour placer les satellites géostationnaires en orbite. Ce sont
les offres commerciales principales d’Arianespace, qui utilise sur place le lanceur Ariane. Depuis dix ans, deux nouveaux ensembles ont été introduits afin de permettre le
lancement de nouveaux types de fusée (Vega, Soyouz). La base est gérée par le CNES (son propriétaire), Arianespace et l'ESA.

Le programme Commercial Orbital Transportation Services (COTS), lancé par l’administration américaine après l’explosion de la navette Columbia (2003) et
qui vise à confier à des acteurs privés le transport de matériel et d’astronautes vers l’ISS, a favorisé l’affirmation spatiale d’entreprises étasuniennes. Ces
dernières projettent de développer leurs propres systèmes de lanceurs commerciaux, base d’ambitions spatiales qui se pensent parfois en relais d’une conquête
délaissée par les États-Unis depuis Apollo 11. Un rêve d’abord porté par des fortunes privées, le plus souvent issues de la révolution numérique et des NTIC. À
l’initiative de ces acteurs privés – SpaceX, Blue Origin et Virgin Galactic pour les principales – se trouvent en effet quelques-uns des principaux milliardaires de
la nouvelle économie numérique : Elon Musk (Tesla Motors, Paypal) pour Space X, Jeff Bezos (Amazon), pour Blue Origin et Richard Branson, pour Virgin.
Ces deux dernières se concentrent sur la mise sur le marché de vols spatiaux suborbitaux humains, en ciblant l’industrie du tourisme spatial. Un secteur qui s’est
développé depuis le début du XXIe siècle. En 2001, Dennis Tito, homme d’affaires et millionnaire américain, est devenu le premier « touriste de l’espace » en
effectuant, pour 20 millions de dollars, un vol à bord de la mission Soyouz, comportant un arrimage à l’ISS. Malgré tout, le coût du tourisme limite encore le
développement de ce secteur, mis à mal par le crash du vaisseau spatial SpaceShipTwo de l’entreprise Virgin Galactic (2014). Mais la plus emblématique dans le
secteur de la conquête spatiale reste sans doute la société Space X (Space Exploration Technologies Corporation). Fondée en 2002 par le très médiatique Elon
Musk, elle est devenue, avec l’entreprise Orbital Sciences, l’un des deux prestataires privés assurant le ravitaillement de l’ISS en lieu et place de la NASA. Dans
cette perspective, Space X a développé et commercialisé son propre moteur (Merlin), son propre lanceur (Falcon) et son propre vaisseau cargo (Dragon). Après
plusieurs échecs, le lancement réussi de Falcon 1 (2008) lui a permis de s’imposer comme un acteur alternatif sur le secteur de l’espace commercial, contre des
entreprises comme Arianespace. Réutilisables, les lanceurs de Space X, qui se sont développés (Falcon 9, aujourd’hui) sont aussi moins coûteux, ce qui permet à

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l’entreprise d’offrir des services à moindre coût pour le lancement, par exemple, de satellites non autonomes. L’entreprise, qui emploie désormais 6 000 salariés,
dispose d’une installation de lancement à Cap Canaveral, base historique de l’United Air Force.

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Décollage de SpaceX

Elon Musk est par ailleurs célèbre pour avoir mis en avant d’autres projets, notamment l’envoi de 4 400 satellites dans l’espace pour connecter l’ensemble de la
planète (Starlink, projet d’accès à internet par satellite via le déploiement d’une constellation de satellites de télécommunications sur une orbite, dont la visibilité
suscite une pluie de protestations depuis moins d’un an) – ou la colonisation d’autres planètes du système solaire, à commencer par Mars. Un projet controversé,
et un défi technique et financier qui semble pour l’instant encore hors de portée des agences spatiales.

Activité 5 : Une nouvelle course à l'espace


Document : « La prochaine course à l’espace », une du Time, 27 juillet 2019

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Questions :

1. Présentez le document.
2. Quels acteurs sont ici représentés ?
3. Ont-ils tous les mêmes objectifs ?
4. En vous appuyant sur la Une du Time étudiée dans l’exercice sur la mission Apollo, expliquez le choix de réaliser une telle une par le magazine
Times en juillet 2019.

2. L’espace, un « territoire » de plus en plus militarisé


Il faut toutefois se garder de voir dans la privatisation d’une partie des activités spatiales un déclin inéluctable de la puissance américaine. Le programme spatial
militaire des États-Unis, qui relève du département de la Défense, du National Reconnaissance office et du National Geospatial-Intelligence Agency, reste d’une
importance vitale pour la sécurité nationale comme pour sa capacité de projection. Les États-Unis possèdent le principal arsenal de satellites militaires : en 2008,
sur 150 satellites de ce type en orbite, 76 étaient américains, ce qui leur donne un avantage considérable. Aussi les dépenses militaires occupent-elles, depuis les
années 2000, une part majoritaire dans le budget spatial américain (44 Ma sur 62 Ma, en 2006). Autant d’outils indispensables pour la surveillance, le
renseignement ou les interventions militaires (utilisation des satellites en soutien aux opérations terrestres pendant la guerre du Golfe, première « guerre spatiale
», puis au Kosovo). Cette « militarisation de l’espace » (Jacques Villain) plonge ses origines dans le contexte de la guerre froide : 60% des satellites américains
sont militaires, entre 1957 et 1991 – et 77% pour les Soviétiques. Les États-Unis sont pourtant aujourd’hui confrontés à la concurrence croissante des nations
développées et émergentes. Longtemps dominé par elles, le renseignement n’est plus, aujourd’hui, l’apanage des deux anciennes superpuissances de la guerre
froide : depuis 1991, une quinzaine de pays – le Canada, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni, le Japon, la Chine, l’Inde, l’Iran, le Pakistan, Israël,
Taïwan, l’Arabie Saoudite ou l’Algérie, l’Égypte – ont lancé ou fait lancer par d'autres des satellites de reconnaissance leur conférant une quasi-autonomie en
matière de renseignement : plus de 1 500 satellites militaires sont aujourd’hui en orbite autour de la Terre. Parmi les grandes agences, seule l’ESA n’a pas
intégré l’espace militaire, reflet de la faiblesse politique de l’Union Européenne. Dans ce domaine, la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et le Royaume-Uni
conduisent leurs propres programmes. En France, le domaine militaire reste réservé au CNES et à la Délégation générale pour l’armement, qui ont réalisé la
mise en orbite des premiers satellites militaires (Helios, 1995), d’écoute à des fins de renseignement (Cerise, Clémentine) ou de surveillance de tir balistique
(Spirale). La puissance européenne reste toutefois limitée : les dépenses spatiales militaires de l’Europe ne représentent ainsi qu’un tiers des dépenses militaires
américaines à la fin des années 2000. Toutefois, c’est surtout l’essor de la Chine et de l’Inde qui inquiète les États-Unis dans ce domaine : outre la multiplication
des satellites militaires, leurs récents progrès dans les missiles balistiques posent avec toujours plus d’acuité la problématique des armes spatiales, lointain écho
du programmes d’IDS. Au cours des quinze dernières années, deux événements ont provoqué des crises diplomatiques avec Washington. Le 11 janvier 2007, la
Chine a procédé à la destruction d’un de ses satellites de météorologie lancé en 1999, à l’aide d’un missile balistique lancé du sol. Une prouesse qui montre sa
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capacité à détruire, depuis la Terre, des engins spatiaux : les siens, ici, ceux d’autres, si besoin. Une puissance que seuls possédaient jusqu’alors les États-Unis et
la Russie, mais que la Chine partage aussi, désormais, avec l’Inde : en 2017, cette nation a à son tour abattu l’un de ses satellites dans l’espace en tirant un
missile depuis le sol. Ce contexte a incité l’administration à augmenter ses efforts de surveillance et de domination spatiale (doctrines du « Space Control » et du
« Space Dominance »). Il n’est sans doute pas étranger au renouveau de la politique spatiale amorcé sous l’administration Trump. Outre la relance d’un projet de
vol habité et l’installation à terme d’un poste permanent sur la Lune (programme Artémis), le président américain s’est montré favorable à spécialisation d’une
composante spatiale dans l’armée américaine. Un projet qui fait écho à des institutions anciennes : l’United Space Command, créé en 1985 et jusqu’alors chargé
de la mise en orbite des satellites militaires, est devenu un commandement unifié indépendant en charge des opérations spatiales depuis le 29 août 2019.
Quelques mois plus tard, l’administration américaine a transformé l’USC en une United States Space Force (20 décembre 2019), sixième branche des forces
armées des États-Unis, indépendante de l’United States Air Force, dont le budget reste encore réduit (40 M.) mais qui a réalisé, en février 2020, son premier test
de missile balistique intercontinental à ogive thermonucléaire.

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La destruction de l’un de ses satellites par la Chine Caricature de Lo Mejor, États-Unis, janvier 2007.

Activité 6 : Un droit international de l’espace ?

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Document 1 : Le traité international sur l’exploitation de l’espace (1967)


« L’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes, ne peut faire l’objet d’appropriation nationale […]. Article III – Les
activités des États parties au Traité relatives à l’exploration et à l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps
célestes, doivent s’effectuer conformément au droit international, y compris la Charte des Nations Unies, en vue de maintenir la paix et la sécurité
internationales et de favoriser la coopération et la compréhension internationales. Article IV – Les États parties au Traité s’engagent à ne mettre sur orbite
autour de la Terre aucun objet porteur d’armes nucléaires ou de tout autre type d’armes de destruction, massive, à ne pas installer de telles armes sur des
corps célestes et à ne pas placer de telles armes, de toute autre manière, dans l’espace extra-atmosphérique. »
Document 2 : Les enjeux de la militarisation de l’espace (Simone Courteix)
« S'il est un domaine où les utilisations de l'espace ont des finalités résolument tournées vers la Terre, c'est bien celui des activités militaires. […]. « Avec
les projets d'armes antisatellites (ASAT) des deux grandes puissances, ou l'utilisation duale de certaines technologies (telles que l'utilisation de fusées
civiles comme missiles), la question du droit applicable au désarmement ou au non-armement dans l'espace est devenue avant tout une affaire politique.
[…]. Les efforts déployés pour négocier un nouveau traité interdisant les armes spatiales dans le cadre de la Conférence sur le désarmement, de 1981 à
1995, sont restés vains du fait de l'opposition des États-Unis. Le Comité spécial sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-
atmosphérique, créé dans ce but en 1985, a interrompu ses travaux en 1998. Ce nouveau traité de l'espace étroitement lié au contrôle et à la maîtrise des
armements est régulièrement remis à l'ordre du jour par certains États membres de la Conférence sur le désarmement, en particulier la Chine, qui n'a pas
hésité à détruire par missile en janvier 2007 l'un de ses vieux satellites météorologiques, et mettre ainsi la communauté internationale face à ses
responsabilités. Un tel traité devrait sinon interdire les activités militaires dites “stabilisantes” (observation-espionnage) qui existent déjà, interdire du
moins la course aux armements dans l'espace que les puissances spatiales se doivent de stopper par tous les moyens. »
Questions :
1. Qu’interdit le traité de 1967 aux puissances spatiales ?
2. La militarisation de l’espace est-elle pour autant totalement interdite ?
3. Pourquoi la démilitarisation de l’espace n’a pas abouti, selon Simone Courteix ?
4. Que signifie la phrase soulignée dans le deuxième texte ?

Synthèse
Après la Seconde guerre mondiale, l’espace devient l’un des principaux lieux de la compétition militaire (hard power) et culturelle (soft power) à laquelle se
livrent les États-Unis et l’URSS dans le cadre de la guerre froide. La course à l’espace naît dans le contexte d’une course aux armements, qui entraîne les deux
puissances à vouloir imiter les missiles balistiques développés par le régime nazi. Cette technologie est toutefois utilisée par l’URSS pour propulser de premiers
engins au-delà de l’atmosphère (Spoutnik, 1957), attisant une rivalité technologique avec les États-Unis sur fond d’une compétition culturelle dont le monde est
institué en spectateur. La course aux armements se mue alors en une succession de prouesses techniques dont l’apothéose est consacrée par la conquête de la
lune. La réussite de la mission Appolo (1969), tout en consacrant la suprématie américaine, conduit paradoxalement à un relatif reflux des enjeux spatiaux,
caractérisé par la volonté de réduire les coûts des différents projets d’exploration ou de conquête spatiales. L’affirmation de nouvelles puissances (France,

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Europe, Chine, Inde) dans les dernières années de la guerre froide et dans les deux décennies qui suivent relance cependant la course à l’espace, dans laquelle
les États-Unis tentent de conserver leur suprématie tout en en renouvelant les fondements. Un renouveau des enjeux qui favorise l’émergence d’acteurs privés
dans le secteur de l’espace commercial, tandis que s’accentue la militarisation de l’espace – qui, en l’absence d’une véritable règlementation internationale, fait
peser de lourdes menaces.

Lexique
ASNC : Agence Spatiale Nationale Chinoise, agence spatiale chinoise.
Astronaute : nom donné aux États-Unis aux membres des vols spatiaux.
CNES : Centre National d’Études Spatiales, agence spatiale française.
Cosmonaute : nom donné en URSS aux membres des vols spatiaux.
Course à l’espace : terme désignant la compétition entre puissances spatiales.
ESA : European Spatial Agency, agence spatiale européenne.
Hard power : puissance d’un État, qui s’exerce par force militaire ou pression économique.
ISRO : Indian Space Research Organisation, agence spatiale indienne.
Lanceur : fusée utilisée pour envoyer une charge utile dans l’espace.
Militarisation : processus qui rend un secteur propre à être utilisé militairement.
Missile balistique : engin permettant de lancer une arme en lui donnant une trajectoire influencée seulement par la gravité et la vitesse acquise par une force
d'accélération initiale.
Monde bipolaire : expression désignant le partage du monde en deux principaux blocs, polarisés l’un par les États-Unis, l’autre par l’URSS, pendant la guerre
froide.
Monde multipolaire : expression désignant l’organisation actuelle du monde, marqué par la remise en question de l’unilatéralisme étasunien et l’émergence de
nouvelles puissances.
NASA : National Aeronautics and Space Administration, agence spatiale étasunienne.
Navette : véhicule qui peut être lancé dans l’espace et revenir sur Terre afin d’être réutilisé.
Puissances spatiales : principaux États disposant d’une capacité d’action politique reposant sur leur implication militaire, économique et scientifique dans
l’espace.
ROSCOMOS : agence spatiale russe.
Secteur privé : domaine de l’économie qui ne dépend pas directement de l’État, mais des entreprises, des organisations ou des associations appartenant à des
individus (privés).

É
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Soft power : capacité d’influence d’un État sur un autre, reposant sur la démonstration de sa « supériorité » culturelle, voire sur la diffusion de sa culture au
sens large du terme.
Sonde : engin automatique non habité lancé dans l’espace pour étudier un corps astral.
Soyouz : nom du principal lanceur soviétique utilisé pendant la guerre froide.
Spationaute : nom donné en France aux membres des vols spatiaux.
Suprématie : situation dominante d’une puissance dans un secteur donné.
Taïkonaute : nom donné en Chine aux membres des vols spatiaux.
Territoire, territorialisation : un territoire est un espace délimité, approprié et exploité par un individu, un groupe ou une société en fonction de ses intérêts
politiques, économiques ou sociaux ; la territorialisation désigne le processus d’appropriation d’un espace naturel.
V2 : missile allemand considéré comme la première fusée moderne.

Corrigé des activités :

Activité 1 : La « crise » Spoutnik, jalon de la guerre froide


1. Présentez les deux documents et leurs auteurs.
Il s’agit de la retranscription, par le quotidien vespéral français Le Monde, de deux discours politiques, prononcés dans le contexte de la « crise Spoutnik
». Le premier a été prononcé le 9 octobre 1957 par Nikita Khrouchtchev, Secrétaire général du Parti communiste de l’Union Soviétique et à ce titre
dirigeant de l’URSS (1953-1964). Le second a été prononcé le 8 novembre 1957 par Dwight D. Eisenhower, président des États-Unis d’Amérique de
(1953-1961).
2. Comment l’URSS utilise-t-elle le lancement de Spoutnik pour affirmer, à travers sa puissance technologique, sa supériorité idéologique et
militaire ?
Si, dans son discours, Khrouchtchev commente l’événement Spoutnik, il affirme surtout la suprématie militaire des fusées sur tout autre type d’armes («
les chasseurs et les bombardiers seront bientôt confinés dans les musées, parce qu'ils ont déjà été dépassés par les fusées »). La primauté soviétique de ce
développement technologique est ici utilisé pour affirmer la supériorité du régime communiste (« maintenant le monde est bien obligé de constater
combien la science et la culture se sont développées après l'arrivée au pouvoir de la classe ouvrière ») sur son rival capitaliste, rappelant que la guerre
froide est d’abord une opposition idéologique entre les deux grands. La maîtrise confère une supériorité technologique à l’armée soviétique (« Nous ne
voulons pas abuser de notre supériorité »), permettant à Khrouchtchev de menacer directement les États-Unis et leurs alliés turcs de l’OTAN (« Dès que
les canons auront commencé à tonner et les fusées à prendre leur vol, il sera trop tard).
3. Montrez, à l’aide du second texte, que le lancement de Spoutnik accélère la course à l’armement dans le contexte de la guerre froide.

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Dans son discours, Dwight D. Eisenhower reconnaît la supériorité technologique des Soviétiques, mais non leur suprématie militaire : il s’agit pour lui de
mettre en avant la nécessité, pour les États-Unis, d’accroître leurs efforts de recherche pour ne pas se laisser dépasser (« Il est parfaitement possible que
dans les années à venir les États-Unis soient dépassés si nous ne sommes pas décidés à nous soumettre dès maintenant à des impératifs pressants »). Le
lancement de Spoutnik accélère donc la course aux armements, incitant les États-Unis à renforcer, en termes de recherche militaire, la coopération avec
ses alliés de l’OTAN (Royaume-Uni et France, notamment), mais aussi à développer ses propres structures de recherche par « la concentration des moyens
» – ce qui aboutira à la création de la National Aeronautics and Space Administration (NASA), en juillet 1958.

Activité 2 : La conquête de la Lune : une victoire américaine


Questions :
1. Présentez le document 1 et son auteur. Le document présente deux discours prononcés à un an d’intervalle par le président américain, John Fitzgerald
Kennedy (1961-1963). Il y expose une politique spatiale particulièrement ambitieuse, un mois après l’envoi de Iouri Gagarine dans l’espace. Le premier
discours est prononcé en mai 1961 devant le Congrès des États-Unis, institution législative du gouvernement fédéral. Le second est prononcé en
septembre 1962 à la Rice University de Houston, ville où vient alors d’être installée le centre de l’Agence spatiale américaine de la NASA affecté aux
missions spatiales habitées (entraînement et gestion des missions).
2. Expliquez quels sont les objectifs et les enjeux du programme Apollo.
L’objectif du programme est la conquête de la Lune par la réalisation d’un premier vol habité aller-retour avec alunissage (« envoyer un homme sur la
Lune et de le ramener sain et sauf sur terre »). Si l’objectif est d’amorcer ainsi « l’exploration de l’espace », les enjeux sont avant tout terrestres :
démontrer la capacité américaine à rattraper et même à dépasser l’avance technologique de l’URSS en repoussant encore les frontières de l’Humanité («
Aucun autre projet spatial à notre époque ne sera plus important pour l’exploration de l’espace à long terme ; aucune ne sera non plus aussi difficile ou
aussi onéreux à accomplir. »).
3. Quelles sont les difficultés à surmonter avant de mener ce programme à bien ?
Les difficultés sont nombreuses. Elles consistent d’abord à développer une technologie suffisante pour franchir la distance qui sépare les États-Unis de la
Lune (240 000 miles). Mais il s’agit aussi et surtout de concevoir la fusée qui pourra résister à ce voyage et revenir sur terre, ainsi que les technologies
diverses (propulsion, guidage, pilotage ou communication) pour mener à bien ce projet. La difficulté est réelle puisque, comme Kennedy l’annonce,
certains de « ces nouveaux matériaux […] ne sont pas encore inventés » : il n’a donc aucune certitude que ce projet pourra être mené à bien, mais cette
difficulté redouble d’autant plus l’enjeu de prestige associé à la compétition spatiale avec l’URSS ( « Nous choisissons d’aller sur la Lune dans cette
décennie et d’accomplir d’autres choses encore, non pas parce que cela est facile, mais bien parce que c’est difficile. » (texte 2)
4. Pourquoi la mission Apollo 11 représente-t-elle une victoire pour les États-Unis ?
La réussite de la mission Apollo 11 constitue une victoire pour les États-Unis, qui deviennent la première puissance à envoyer des humains sur la Lune,
prenant ainsi de court l’URSS. L’enjeu de cette mission est bien d’inverser la tendance dans cette compétition technologique et culturelle devenue l’un des
moteurs de la guerre, comme le montre la une du Times magazine, l’un des principaux magazines d’information hebdomadaire américain : on y voit un
astronaute et un cosmonaute tenter d’atteindre la lune en premier, dans une véritable « course à la lune » (document 2). L’insigne d’Apollo 11 résume
aussi cet enjeu de puissance constitué par la Lune : un pygargue à tête blanche, emblème national des États-Unis, alunit avec, dans ses serres, un rameau
d’olivier – symbole universel de la paix (document 3a). La prise de photographie de Buzz Aldrin saluant le drapeau américain planté sur le sol lunaire –

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symbole d’une certaine forme d’appropriation territoriale – est destinée à démontrer, après le retour sur terre des astronautes, la supériorité américaine aux
yeux du monde entier (document 3b).

Activité 3 : Le projet IDS, ou la « guerre des étoiles »


En vous appuyant sur ces documents et sur vos connaissances, proposez un schéma expliquant comment la relance de la course à l’espace, dans
les années 1980, contribue à la fin de la guerre froide.

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Activité 4 : Les puissances spatiales au début du XXIe siècle


À l’aide des deux cartes, complétez le tableau afin de hiérarchiser et de classer les six premières puissances spatiales du début du XXIe siècle.
Puissance Critères de puissance
étatique
1. États-Unis Budget conséquent en % du PIB total et de loin le plus élevé en valeur absolue, bases pour toutes orbites, maîtrise de tous types de
missions, dont vol habité.
2. Russie Budget conséquent en % du PIB total mais moindre en valeur absolue, bases restreintes depuis la perte de Baïkonour, tous types de
missions, dont vol habité.
3. ESA Budget conséquent en % du PIB total et moyen en valeur absolue, bases pour toutes orbites, maîtrise de tous types de missions, sauf
vol habité autonome.
4. Japon Budget conséquent en % du PIB total et moyen en valeur absolue, bases pour toutes orbites, maîtrise de tous types de missions, sauf
vol habité autonome.
5. Chine Budget moyen en % du PIB total et moyen en valeur absolue, bases pour toutes orbites, maîtrise incomplète des missions, mais vol
habité autonome.
6. Inde Budget faible en % du PIB total et faible en valeur absolue, bases pour toutes orbites, incomplétude des missions spatiales réalisables
en autonomie

Activité 5 : Une nouvelle course à l’espace ?


Document : « La prochaine course à l’espace », une du Time, 27 juillet 2019
Questions :

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1. Présentez le document.
Ce document est la une du Time, l’un des principaux hebdomadaires d’information aux États-Unis, en date du 27 juillet 2019.
2. Quels acteurs sont ici représentés ?
Cette une représente quatre personnages lancés dans une course à la Lune. Le personnage le plus éloigné est un astronaute américain appartenant à la
NASA. Deux de ses concurrents représentent des entreprises privées américaines : Blue Origin de Jeff Bezos, Space X d’Elon Musk. Le quatrième
personnage est un taïkonaute, comme le rappelle le drapeau de la République populaire de Chine qu’il porte en brassard.
3. Ont-ils tous les mêmes objectifs ?
Si le Time semble mettre ces acteurs dans une même dynamique, tous n’ont pas le même objectif dans cette « course à la Lune » – qui, d’ailleurs, n’est pas
forcément un objectif pour certains d’entre eux. La Chine a bel et bien manifesté son intention d’emmener des taïkonautes sur la Lune afin de manifester
sa puissance spatiale croissante, incitant les Américains à relancer un programme de vol habité vers la lune (Constellation, 2004) pour ne pas perdre leur
hégémonie lunaire – représentée, ici, par leur avance sur les autres acteurs. Des retards ont toutefois entraîné son annulation par l’administration Obama
(2010), et le programme Artémis relancé dans le même par Donald Trump, parce qu’il rencontre les mêmes difficultés, fait aujourd’hui débat (2019).
Enfin, Blue Origin, qui entend se spécialiser dans le tourisme spatial, a récemment dévoilé un projet d’atterrisseur lunaire, mais sans envisager de
transport humain : il s’agit surtout de transporter du matériel pour la NASA, donc d’un objectif économique. Au contraire, Space X vise le lancement
d’une mission habitée vers la lune pour 2024 – une étape-test, pour Elon Musk, avant de préparer un projet de vol habité vers Mars.
4. En vous appuyant sur la Une du Time étudiée dans l’exercice sur la mission Apollo, expliquez le choix de réaliser une telle une par le magazine
Times en juillet 2019.
En faisant écho à la une de 1969, celle de 2019 vise d’abord à célébrer le cinquantenaire de la mission Apollo. Si la conquête spatiale a traversé une
période d’essoufflement dans les dernières années de la guerre, elle semble désormais, pour le Time, relancée par une nouvelle course à la lune. Les
enjeux, les acteurs, et les objectifs ont toutefois changé depuis l’effondrement de l’URSS (qui n’apparaît pas, ici) et l’émergence de nouveaux acteurs
étatiques (la Chine) et privés (Blue Origin, Space X) qui viennent concurrencer la NASA sur son terrain de prédilection. Cette une témoigne donc des
dynamiques les plus actuelles de la conquête spatiale civile.

Activité 6 : Un droit international de l’espace ?


Questions :
1. Qu’interdit le traité de 1967 aux puissances spatiales ? Soucieux de favoriser un usage pacifique de l’espace, le Traité de 1967 interdit l’installation
d’armes de destruction massive dans l’espace : « […] ne mettre sur orbite autour de la Terre aucun objet porteur d’armes nucléaires ou de tout autre type
d’armes de destruction, massive, à ne pas installer de telles armes sur des corps célestes et à ne pas placer de telles armes, de toute autre manière, dans
l’espace extra-atmosphérique. »
2. La militarisation de l’espace est-elle pour autant totalement interdite ?
Non, ce traité ne concerne que les armes nucléaires ou de destruction massive. Aucun traité n’a, depuis, cherché à interdire formellement le
développement et l’installation de missiles militaires ou d’autres d’armes spatiales reposant sur la technologie satellitaire.
3. Pourquoi la démilitarisation de l’espace n’a pas abouti, selon Simone Courteix ?
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Du fait de l’opposition des États-Unis qui, depuis la guerre du Golfe (1991), ont bien saisi l’intérêt militaire des satellites orbitaux. Ils se sont donc
opposés aux efforts de l’ONU pour favoriser le désarmement spatial, pendant comme après la guerre froide, et continuent à le faire – au contraire de la
Chine, qui craint la supériorité américaine en la matière.
4. Que signifie la phrase soulignée dans le deuxième texte ?
Simone Courteix pense que la destruction d’un satellite par la Chine (celle par l’Inde n’a pas encore eu lieu) pointe les dangers liés à l’absence de droit
dans le domaine de l’espace militaire, et la responsabilité qui en incombe aux grandes puissances spatiales actuelles – à commencer par les États-Unis.
Cette absence est un facteur d’instabilité qui fait peser des tensions (espionnage) sinon de lourdes menaces (course aux armements) sur les relations
internationales entre les États du XXIe siècle.

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