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Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca
Tiré de : Enseigner avec les technologies, Christian Depover, Thierry Karsenti, Vassilis Kommis,
ISBN 978-2-7605-1489-8 • D1489N
Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés
© 2007 – Presses de l’Université du Québec
Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca
Tiré de : Enseigner avec les technologies, Christian Depover, Thierry Karsenti, Vassilis Kommis,
ISBN 978-2-7605-1489-8 • D1489N
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ENSEIGNER
Avec
les technologies
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ENSEIGNER
Avec
les technologies
Favoriser
les apprentissages,
développer
des compétences
2007
Presses de l’Université du Québec
Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bur. 450
Québec (Québec) Canada G1V 2M2
1 2 3 4 5 6 7 8 9 PUQ 2007 9 8 7 6 5 4 3 2 1
Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés
© 2007 Presses de l’Université du Québec
Dépôt légal – 2e trimestre 2007
Bibliothèque et Archives nationales du Québec / Bibliothèque et Archives Canada
Imprimé au Canada
cette pensée, le contexte dans lequel celle-ci a été sollicitée et les outils
(technologiques ou non) qui ont été mobilisés, c’est reconnaître le rôle
central des outils cognitifs dans l’élaboration de la pensée humaine.
La notion d’outil cognitif que nous venons d’évoquer d’une manière
quelque peu anecdotique occupera en fait une place centrale dans cet
ouvrage par lequel nous nous efforcerons de persuader le lecteur des
vertus pédagogiques de tels outils, mais surtout de l’importance du
contexte humain et matériel dans lequel ils seront mobilisés.
Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IX
Introduction
Les technologies :
pour développer des compétences ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
Pourquoi cet ouvrage ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
Un modèle pour l’usage pédagogique
des outils à potentiel cognitif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Des OPC pour développer des compétences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Chapitre 1
Théories de l’apprentissage
et potentiel cognitif des technologies . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1. Quels sont les liens entre les modèles
d’apprentissage et les TIC ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2. Modèles basés sur l’isomorphisme entre
la réalité externe et la réalité personnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
3. Modèles basés sur l’élaboration personnelle
de la connaissance par l’individu qui apprend . . . . . . . . . . . . . . 21
Chapitre 2
Les outils et les logiciels grand public
en éducation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
1. Communiquer par écrit :
les logiciels de traitement de texte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
1.1. Le traitement de texte et les logiciels associés :
outils à potentiel cognitif ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
1.2. Les usages pédagogiques du traitement de texte . . . . . . 44
1.3. Le traitement de texte et les logiciels associés . . . . . . . . . . 46
1.3.1. Les correcteurs orthographiques . . . . . . . . . . . . . . . 46
1.3.2. La publication assistée par ordinateur . . . . . . . . . . 47
2. Calculer, résoudre des problèmes et modéliser :
les tableurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
2.1. Les tableurs : outils de présentation
et de modélisation de données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
2.2. Les usages éducatifs des tableurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
2.3. Les tableurs : outils à potentiel cognitif
pour développer des compétences de haut niveau ? . . . . 54
3. Rechercher l’information et se documenter : portails,
moteurs de recherche et sites Web de documentation . . . . . . . 56
3.1. Les portails éducatifs et les systèmes
de documentation en ligne (répertoires) . . . . . . . . . . . . . . 58
3.1.1. Les portails éducatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
3.1.2. Les systèmes de documentation
en ligne ou « répertoires » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
3.2. Les moteurs de recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
3.3. Le potentiel cognitif des outils
de recherche d’information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
4. Organiser, structurer et gérer l’information :
les bases de données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
4.1. Les bases de données
et la gestion de l’information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
4.2. Les usages éducatifs des bases de données
et leur potentiel cognitif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Chapitre 3
Les environnements et les logiciels conçus
pour l’enseignement et l’apprentissage . . . . . . . . . . . . . . . . 85
1. Acquérir des savoirs :
tutoriels, multimédias et hypermédias . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
1.1. Des tutoriels classiques aux tutoriels intelligents
et aux systèmes multimédias . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
1.1.1. Les tutoriels classiques et les exerciseurs . . . . . . . 88
1.1.2. Les systèmes experts
et les tutoriels intelligents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
1.1.3. Les systèmes multimédias . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
1.2. Les hypermédias éducatifs
et les pages Web informationnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
Chapitre 4
Les outils électroniques
de communication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
1. Les technologies… de la communication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
2. Les outils de communication
pour développer des compétences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
2.1. Agrégateur ou fil de nouvelles RSS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
2.1.1. Concrètement, comment cela fonctionne-t-il ? . . . . 138
2.1.2. Comment se servir d’un fil RSS ? . . . . . . . . . . . . . . . 138
2.1.3. Autres usages pédagogiques des fils RSS . . . . . . . . 140
2.2. Babillard électronique ou BBS (Bulletin Board System) . . . 142
2.3 Blogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
2.4. Courriel ou courrier électronique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
Chapitre 5
L’enseignement et l’apprentissage
en milieu scolaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
1. Le défi de l’intégration des TIC en milieu scolaire . . . . . . . . . . . 173
2. L’impact des TIC sur le développement de compétences . . . . . 175
3. Le débat sur les TIC et l’apprentissage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
4. L’impact des TIC sur l’enseignement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
Conclusion : Comment améliorer la situation afin de favoriser
la présence des TIC à l’école et mieux
développer les compétences des élèves ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
Chapitre 6
Les milieux professionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
1. Spécificités et enjeux liés à l’usage des TIC
en milieu professionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
1.1. Les spécificités de l’apprenant adulte . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
1.2. La formation ouverte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
1.3. La gestion des connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
1.4. Le rapprochement entre lieu de formation
et lieu de travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192
2. Quelques dispositifs innovants utilisés
en formation professionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192
2.1. Les systèmes de soutien à la performance . . . . . . . . . . . . . 192
2.2. Les environnements de simulation
et de réalité virtuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194
2.3. Les campus d’entreprise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195
3. Le « rapid e-learning » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 196
4. Vers l’entreprise apprenante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198
Chapitre 7
Enseigner et se former à distance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201
1. La place des OPC dans la formation
et l’apprentissage à distance à travers les TIC . . . . . . . . . . . . . . 203
2. Le concept de formation à distance
et son évolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205
3. Les composantes d’un dispositif
de formation à distance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206
4. Les outils de communication et de gestion
de l’interaction à distance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209
5. Le concept de dispositif de formation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220
6. La notion de scénario d’apprentissage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223
7. Le rôle du tuteur (modérateur)
dans un dispositif de formation à distance . . . . . . . . . . . . . . . . . 225
8. Les facteurs et les stratégies susceptibles de soutenir
le déploiement de la formation à distance . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227
Conclusions et perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229
Conclusion
Perspectives : des outils à potentiel cognitif
au service de sociétés de la connaissance . . . . . . . . . . . . . 231
1. Développer le potentiel cognitif des individus
et des sociétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233
2. Adapter les curricula . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234
3. Intégrer les outils à potentiel cognitif dans les sociétés . . . . . . 236
Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 259
Les technologies :
pour développer
des compétences ?
Figure I.1.
Représentation du concept d’outil cognitif
Compétences
Contexte matériel
cognitives
Compétences
Outil cognitif sociales
Outil à potentiel
(OPC) inséré dans
cognitif (OPC)
certains usages Compétences
métacognitives
Compétences
Contexte humain
affectives
révélé des progrès nettement plus importants que l’autre, ce qui a conduit
l’auteur à souligner la nécessité d’adopter des approches pédagogiques
adéquates pour révéler le réel potentiel cognitif des technologies.
Les études menées par la Becta (2002) en Grande-Bretagne soulignent
le rôle des enseignants dans l’impact que peut avoir l’usage des TIC sur la
réussite scolaire. C’est notamment le cas dans les cours de sciences dans
lesquels les enseignants font preuve d’un engagement particulièrement
prononcé par rapport aux technologies.
L’exploitation d’outils à potentiel cognitif fait appel non seulement
à des interactions avec l’enseignant, mais aussi avec les autres élèves, de
sorte que l’apprentissage n’est plus conceptualisé comme un processus
essentiellement transmissif, mais comme le résultat de la mobilisation
d’un système cognitif complexe incluant les outils cognitifs présents dans
la situation ainsi que toutes les formes d’interactions sociales susceptibles
d’être mises en œuvre dans le contexte où l’apprentissage prend place.
De nombreux auteurs ont mis en évidence l’efficacité du travail en petit
groupe lorsqu’il est soutenu par une technologie adéquate (Goos, 2001 ;
Johnson et Johnson, 1991). D’autres (Clements, 2000 ; Hennessy, 2001 ;
Lajoie, 2000) attirent plus particulièrement notre attention sur le rôle des
pairs dans le développement des capacités de contrôle et de régulation des
processus cognitifs en soulignant la place de ces capacités dans la maîtrise
de compétences de haut niveau telles que la résolution de problèmes, la
prise de décision, l’entraînement à la démarche scientifique.
Salomon, Perkins et Globerson (1991) soulignent avec pertinence
que les effets cognitifs de l’ordinateur dépendent aussi très largement
des élèves et plus particulièrement de leur engagement personnel dans
les tâches proposées par les outils. À ce propos, ces auteurs établissent
une distinction entre « apprendre de l’ordinateur » et « apprendre avec
l’ordinateur ». Dans le premier cas, on placera l’élève dans une attitude
passive face à l’ordinateur alors que, dans le second, il sera amené à s’en-
gager dans un véritable partenariat cognitif avec l’ordinateur. Cet enga-
gement personnel de l’apprenant sera particulièrement important en ce
qui concerne l’exploitation pédagogique d’outils cognitifs qui ne peut se
concevoir en dehors d’une pédagogie laissant une large place au contrôle
et à l’initiative des apprenants.
L’importance du contexte humain dans l’apprentissage par l’intermé-
diaire des OPC est également mise en exergue par l’émergence du concept
de communauté d’apprentissage qui marque l’inscription sociale fonda-
mentale de tout apprentissage. Comme l’affirment des auteurs comme
Comme le souligne Papert (2003), l’effet des TIC sur les compétences,
en particulier celles qui ne relèvent pas directement du registre cognitif,
est largement lié au fait que l’apprenant est amené à s’engager cogniti-
vement mais aussi affectivement dans des activités librement choisies.
C’est à travers cette capacité à mobiliser l’apprenant dans sa globalité en
faisant appel à son intelligence logicomathématique ou linguistique, mais
aussi inter et intrapersonnelle, kinesthésique, visuospatiale, etc. (Gardner,
1983), que les TIC pourront révéler tout leur potentiel en matière de déve-
loppement de compétences de haut niveau dans tous les registres de la
connaissance humaine.
Théories de
l’apprentissage et
potentiel cognitif
des technologies
EN BREF…
Dans cet ouvrage, nous nous sommes efforcés, dès son entame, de mettre en
évidence les liens qui peuvent exister entre l’exploitation du potentiel cognitif des
outils technologiques et la conception de l’apprentissage qui a servi de référence
à l’usage et à l’appropriation de ces outils.
D’une conception centrée sur la transmission des connaissances (approche
behavioriste) à une conception interactive (approche constructiviste) en passant
par des modèles basés sur l’ancrage des connaissances à la structure cognitive
de l’individu (approche cognitiviste), le potentiel cognitif des outils sera exploité
avec une pertinence très inégale.
Ce détour par les modèles d’apprentissage nous permettra aussi de souligner
le rôle essentiel joué par le contexte dans l’apprentissage et dans l’actualisation
du potentiel cognitif des outils mobilisés. Cette notion inclut, dans les modèles
récents, non seulement le sujet apprenant et sa structure cognitive personnelle,
mais aussi l’environnement physique et humain dans lequel l’activité cognitive
sera mise en œuvre.
Figure 1.1.
Isomorphisme entre la réalité et sa représentation
par l’individu
différentes, Bruner et al. (1956) constatent que les sujets utilisent des
stratégies mentales différentes. Certains procèdent à partir d’une carte de
référence (focusing), d’autres réalisent un classement basé sur l’ensemble
des cartes (scanning). Cette notion de stratégie mentale constitue un chan-
gement radical de perspective par rapport à l’approche behavioriste, puis-
qu’il s’agit ici de s’intéresser directement au contenu de la « boîte noire ».
Après ces deux précurseurs, la véritable révolution viendra du
développement de l’informatique et de la fascination qu’a exercée sur
les chercheurs la possibilité de simuler les processus cognitifs à l’aide
de l’ordinateur. C’est de cette possibilité qu’est né, à la fin des années
1960, le « modèle du traitement de l’information », qui va marquer durant
plusieurs décennies les recherches sur l’apprentissage humain.
Un autre changement important qui explique le basculement d’une
conception objectiviste de la connaissance vers une conception relativiste
relève des méthodes de recherche mises en œuvre. Alors que la concep-
tion behavioriste reposait très largement sur des expériences menées sur
l’animal dans des contextes de laboratoire souvent très artificiels, le para-
digme cognitiviste s’élabore à partir d’expériences menées chez l’homme
dans des contextes largement inspirés par des situations réelles. Or,
comme le soulignent Bruner et al. (1956), lorsque des sujets humains sont
évalués sur le même type de situations que des animaux de laboratoire, ils
révèlent des comportements d’apprentissage radicalement différents.
L’ouverture de la boîte noire par les cognitivistes a également permis
de mettre en avant la notion de représentation, qui est essentielle pour
comprendre le statut de la connaissance dans le cadre de ce modèle. Pour
les cognitivistes, le traitement de l’information par le cerveau opère non
pas sur la base d’une réalité objective, mais à partir d’une reconstruction
personnelle de la réalité qu’ils désignent par le terme « représentation ».
Pour décrire la manière dont les représentations se construisent
à partir des stimulations issues de l’environnement, les chercheurs se
sont attachés à comprendre le fonctionnement de la mémoire à partir de
modèles dont le plus connu a été proposé par Atkinson et Shiffrin (1971).
Le processus de mémorisation est conceptualisé comme le cheminement
des informations à travers trois entités spécifiques : les registres sensoriels,
qui réalisent le filtrage de l’information, la mémoire de travail, qui est le
siège de processus complexes de traitement, et la mémoire à long terme, qui
prend en charge le stockage permanent des informations sous forme de
représentations.
qu’elle favorise les liens entre les deux systèmes de codage, alors que la
présentation simultanée d’un texte écrit et d’un commentaire verbal aurait
un effet délétère sur la mémorisation parce qu’elle sollicite doublement
le système verbal.
Figure 1.2.
Modèle de l’activité humaine selon Engeström
Artefact de médiation
Produit
Sujet Objet
de l’activité
Les outils
et les logiciels
grand public
en éducation
EN BREF…
Les outils et les logiciels grand public occupent une place essentielle dans l’usage
des TIC en éducation, et cela pour plusieurs raisons. Tout d’abord, comme outils
de production, ils sont utilisés pratiquement dans tous les secteurs de l’économie,
ce qui justifie leur apprentissage à l’école ; ensuite, comme outils de divertisse-
ment, ils pénètrent l’imaginaire des jeunes et, comme outils à potentiel cognitif,
ils peuvent, s’ils sont utilisés dans un contexte approprié, aider au développement
des compétences. Dans ce chapitre, nous nous préoccuperons essentiellement des
systèmes ou des logiciels comme les traitements de texte, les tableurs, les bases
de données, les outils de présentation et de traitement de l’image, du son et de la
vidéo ainsi que des sites Web interactifs (moteurs de recherche et sites de documen-
tation) comme outils au service du développement de compétences disciplinaires
mais surtout transversales, telles que résoudre des problèmes, modéliser, prendre
des décisions, avoir un esprit critique, etc.
Notre époque est marquée par des mutations rapides des technologies
auxquelles l’école ne peut pas rester insensible. L’apparition de nouveaux
outils capables de prendre en charge des travaux répétitifs, mais aussi de
suppléer à certaines compétences humaines de haut niveau, fait partie de
notre environnement quotidien au travail et à la maison, dans nos activités
productrices et dans nos loisirs.
Depuis plusieurs décennies, les systèmes éducatifs s’efforcent de
domestiquer ces nouveaux outils technologiques, en les détournant
parfois, pour les adapter et faciliter leur intégration en contexte scolaire.
Cependant, et c’est un lieu commun de le rappeler, on sait aujourd’hui,
notamment après les études de Fullan (2001), que réifier des pratiques
pédagogiques inefficaces sous la forme de modèles informatiques ne
contribue pas réellement à améliorer la qualité des apprentissages. Les
technologies de l’information et de la communication (TIC) ont mainte-
nant une histoire de plus de 30 ans en éducation. Nous avons suffisam-
ment de recul pour pouvoir affirmer que les TIC appliquées à l’éducation
ne transforment l’acte éducatif que si les pratiques pédagogiques associées
sont modifiées au préalable.
Les méta-analyses menées ces dernières années (Kulik, 2003 ;
Harrison, Comber, Fisher, Haw, Lewin, Lunzer, McFarlane, Mavers,
Scrimshaw, Somekh et Watling, 2002) montrent que nous sommes loin
d’observer des résultats homogènes en ce qui concerne l’impact des TIC
sur le développement des connaissances dans les différentes disciplines
et sur les apprentissages en général. La multitude des contextes d’usage,
la pluralité des pratiques d’enseignement ainsi que la diversité des outils
disponibles contribuent très certainement à expliquer un tel constat.
Parmi la variété des logiciels proposés sur le marché, nous traiterons
plus particulièrement dans ce chapitre des outils dits « grand public »
qui se caractérisent par le fait qu’ils ont été conçus, au départ, pour des
usages intéressant des domaines autres que l’éducation, tels que le calcul
mathématique, la gestion ou la communication écrite.
Plus spécifiquement, nous tenterons dans ce chapitre non seulement
de mettre en évidence la diversité des outils grand public, mais aussi de
souligner comment ils peuvent être exploités à des fins pédagogiques pour
développer des compétences très variées et révéler ainsi leur réel potentiel
cognitif. Comme nous le montrerons, la gamme des compétences visées
par l’usage détourné de certains logiciels est très étendue, puisqu’elle
Exploitation en classe
Les activités que l’on peut mener en classe à l’aide d’un traitement
de texte et des logiciels associés sont multiples et se situent à
plusieurs niveaux : activités d’écriture et de révision des écrits des
autres élèves, projets menés en petit groupe pour écrire un texte
sur un thème proposé ou production de documents qui résultent
d’un véritable travail de recherche sur une thématique donnée.
Nous proposons ci-dessous quelques exemples d’activités d’ex-
ploitation du traitement de texte en classe :
1. Des textes à transformer (cette activité se prête au travail en
équipe) : proposer aux élèves un texte comprenant diverses
erreurs (erreurs d’accent, d’usage, d’accord, de frappe, mots
oubliés ou répétés, etc.) que les élèves doivent rectifier, proposer
aux élèves un texte à mettre au pluriel, changer le temps
d’un texte (par exemple un conte rédigé au passé à mettre au
présent).
2. Des textes à étudier : proposer aux élèves un texte qu’ils doivent
reconstituer (en le modifiant), analyser (en sélectionnant les
éléments répondant à des questions précises) ou résumer.
3. Des textes à réviser : retravailler son texte ou celui d’un condis-
ciple à l’aide de l’outil « suivi des modifications » pour fami-
liariser les élèves avec la révision par paire et développer leur
compétence argumentative.
. ��������������������������������������������������������������������������������
Inspiré de A. Versini et J.-M. Versini (1996) et de S Biémar et V. Petit (2003).
Dans cette section, nous examinerons les applications des TIC suscepti-
bles de mettre en valeur des compétences relatives au développement du
calcul, à la résolution des problèmes et à la modélisation des données par
l’intermédiaire de formules algébriques et logiques. Ces applications sont
connues sous le nom de « tableurs ». Les tableurs (appelés aussi « feuilles
de calcul » ou encore « spreadsheets » dans le monde anglo-saxon) sont des
Figure 2.1.
Interface d’un tableur (Microsoft Excel 2003)
représentant l’étude de l’accélération de la pesanteur
L’usage des tableurs est assez courant dans les classes de mathématiques
et de sciences exactes, de l’école primaire à la fin du secondaire, parce
qu’ils offrent un cadre d’exploration concret pour certains concepts
abstraits (Johnston-Wilder et Pimm, 2004). La facilité de la manipulation
des informations (trier et rechercher) et les possibilités de représenter
graphiquement (courbes, histogrammes, diagrammes à barres, etc.) de
vastes ensembles de données procurent aux tableurs une grande valeur
heuristique pour de nombreuses activités d’enseignement et d’apprentis-
sage. Les usages des tableurs dans la classe peuvent être envisagés soit
dans le cadre de l’utilisation de tableaux déjà préparés par l’enseignant en
vue de simuler un modèle préconstruit, soit dans le cadre de la création
de nouvelles feuilles de calcul en vue de favoriser l’expression et l’orga-
nisation des idées des élèves.
En utilisant un tableur, l’élève évite le travail fastidieux de calcul
en se concentrant sur le problème à résoudre et peut s’initier d’une façon
plus concrète au processus itératif comme outil de recherche de solution à
un problème (Francis-Pelton, Farragher et Riecken, 2000 ; Selinger, 2001).
On peut considérer l’utilisation des tableurs en classe comme une aide au
Exploitation en classe
Figure 2.2.
Solution numérique et graphique
au problème de stationnement
3. Rechercher l’information
et se documenter : portails,
moteurs de recherche et sites Web
de documentation
À l’heure de l’expansion exponentielle des ressources et des systèmes
procurant des informations de toute sorte et de la banalisation des réseaux
informatiques, une interrogation se pose de plus en plus, tant dans le
monde du travail que de l’éducation, concernant la validité et la pertinence
de ces informations. Devant la pléthore de données, la question, déjà
posée par Nora et Minc en 1978, concernant la manière dont les possibi-
lités de traitement offertes par l’ordinateur bouleverseront notre culture
individuelle reste plus que jamais d’actualité. Désormais, pour l’individu,
Figure 2.3.
Première page de Yahoo ! Canada en français
Figure 2.4.
Portail officiel du ministère français de l’Éducation
Figure 2.5.
Interface de recherche avancée dans Google
Figure 2.6.
Interface de Scholar Google
Dans cette section, les TIC sont considérées comme des outils d’organi-
sation, de structuration et de gestion des données à l’aide de systèmes
connus sous le terme général de « bases de données ». Les bases de données
(ou les systèmes de gestion de bases de données – SGBD) sont des dispo-
sitifs informatiques très répandus permettant la structuration, l’enregis-
trement systématique, la recherche et la maintenance d’un ensemble de
données conformément à certains critères. Les SGBD ont été créés pour
remplacer les systèmes manuels de gestion de l’information (Jonassen,
Peck et Wilson, 1999) afin de soulager l’utilisateur du maximum de
contraintes liées à la saisie, à la recherche et à la présentation de l’infor-
mation, tout en augmentant la vitesse, la flexibilité et la fiabilité d’accès
à cette information.
Dans un SGBD, les données sont inscrites dans des tables. Chaque
table constitue une unité autonome de collecte de données concernant
un thème particulier. Par exemple, une table d’accidents routiers peut
contenir la cause, la date, l’heure, l’adresse, le lieu et la ville des accidents
de circulation (voir la figure 2.7). Chaque ligne de la table correspond
à un enregistrement (c’est-à-dire au relevé d’un accident) et chaque
colonne (qui est un sous-ensemble d’un enregistrement) correspond à
une rubrique, appelée champ (la colonne 1 contient toutes les causes des
accidents, la colonne 2, les dates, etc.). Les informations contenues dans
chaque table seront reprises au niveau de la base de données proprement
dite sous la forme d’un fichier. Une base de données comportera généra-
lement plusieurs fichiers, chacun reprenant les informations relatives à
un thème précis.
Figure 2.7.
Extrait d’une table permettant d’enregistrer
les accidents de circulation
Figure 2.8.
Interface typique d’un SGBD (Microsoft Access 2003)
avec une table, les outils de gestion des fichiers
et les relations entre tables
L’usage des bases de données est assez répandu dans les établissements
scolaires, soit comme outil de recherche d’information intervenant dans
l’apprentissage de diverses disciplines, soit comme partie d’un cours
d’initiation aux technologies informatiques (computer literacy).
En ce qui concerne le potentiel cognitif des bases de données, ce sera
l’usage intégré aux disciplines que nous mettrons surtout en évidence, et
cela selon deux perspectives. La première consiste à considérer les élèves
Figure 2.9.
Interface de la base de données Images exploitant la
métaphore du centre de documentation
. �����������������������������������������
Onta�������������������������������������
rio Institute for Study in Education.
Figure 2.10.
L’interface de Knowledge Forum
Figure 2.11.
Choix des champs et relations entre les tables
de la base de données Accidents
5. Présenter, traiter et
interpréter l’information :
les logiciels de traitement multimédia
Le but de cette section est d’examiner les outils et les logiciels de présenta-
tion, d’acquisition, de traitement et de visualisation multimédia en mettant
l’accent sur leurs usages pédagogiques et leur potentiel cognitif.
Le rôle de l’image (fixe ou animée) est devenu essentiel, voire
prépondérant, dans notre culture. L’image participe à l’élaboration des
perceptions et des savoirs et a donc inévitablement une influence sur
nos façons d’apprendre. Elle ne sert pas seulement à communiquer, elle
contribue aussi à structurer notre pensée. L’avènement des technologies de
numérisation et leur couplage avec les techniques de production d’image
et de vidéo ont révolutionné le cinéma, la publicité et le design, alors que
les techniques de l’infographie ont pénétré la plupart des domaines de la
connaissance pour aider à se représenter et à comprendre des domaines
complexes.
Travailler avec les images, les sons et la vidéo permet au pédagogue
de présenter des informations très riches qui illustrent et complètent les
textes écrits ou les présentations verbales, expliquent des idées et aident à
l’interprétation et à la compréhension de phénomènes. En ce sens, on doit
considérer les images et les vidéos non plus seulement dans leurs fonc-
tions de communication, mais surtout comme des outils de connaissance,
comme des modes de représentation et de structuration du réel.
L’éducation aux images (ce que les Anglo-Saxons appellent « visual
literacy ») occupe une place de plus en plus reconnue dans le monde de
l’éducation (Braden, 1996). Toutefois, l’usage pédagogique des outils
de traitement de l’image, du son et de la vidéo n’a fait l’objet d’études
systématiques que depuis ces toutes dernières années. Il est vrai que les
recherches dans le domaine de l’image en éducation posent des problèmes
méthodologiques particuliers liés à l’évolution permanente des médias
ainsi qu’à la difficulté à distinguer l’effet propre au média de celui lié à sa
mise en œuvre pédagogique.
Certaines recherches ont montré que les images ne jouaient pas
s eulement un rôle de support de communication, mais pouvaient aussi
être au centre d’activités multiples susceptibles de conduire à une réorga-
nisation en profondeur des représentations des élèves. Comme l’indique
Mottet (1993), les images offrent aux élèves de nouveaux modes de traite-
ment qui induisent d’autres manières d’apprendre où les rapports au réel
et au langage sont profondément modifiés.
Ces dernières années, nous avons assisté à une progression considé-
rable des techniques et des outils de traitement numérique des diverses
formes d’information, notamment les images, les sons et les vidéos. Cette
avancée, sur laquelle est basée toute la production multimédia actuelle,
est concomitante à une baisse des prix du matériel informatique et des
nouveaux outils audiovisuels numériques (caméras, caméscopes, bala-
deurs numériques, etc.) et à une banalisation de leurs usages. Il en va
de même pour les outils logiciels permettant de produire et de traiter les
différents supports multimédias. Les retombées sur les pratiques sociales
de communication et de divertissement ainsi que sur l’éducation et la
formation sont extrêmement importantes. À ce propos, un auteur comme
Jonassen (2000) parle de « prothèse visuelle » pour mettre en évidence les
possibilités offertes par les supports numériques et les outils qui y sont
associés en matière d’élaboration, de structuration et de communication
de l’information visuelle.
Parmi les logiciels conçus pour manipuler des informations multi-
médias, nous distinguerons, en fonction de leur usage pédagogique, trois
catégories d’outils : les logiciels de présentation, qui sont généralement
utilisés en classe pour supporter des présentations orales, les logiciels
permettant la manipulation de données multimédias (images fixes, son,
vidéo) et les systèmes de visualisation servant à concrétiser certains phéno-
mènes difficiles à visualiser à l’état naturel.
Sur le plan technique, les images, les vidéos et les sons numériques sont
des entités qui peuvent être aujourd’hui totalement définies par des
paramètres numériques. Ainsi, par exemple, chaque point d’une image
numérique sur l’écran est défini par deux variables fixant sa position et
par trois variables fixant sa couleur (rouge, vert, bleu dans le codage RGB)
ou ses caractéristiques perceptives (teinte, couleur, luminance dans le
codage TSL). Ces entités (une photo, un dessin, une séquence de film, etc.),
une fois numérisées, peuvent être retraitées à volonté, chaque paramètre
concernant la couleur, la taille et la forme étant susceptible d’être modulé
et ajusté séparément à partir de logiciels spécialisés.
Figure 2.12.
Interface du logiciel KidPix
Figure 2.13.
Interface du logiciel CoolEdit Pro
Figure 2.14.
Interface du logiciel Windows® Movie Maker
Les outils de visualisation sont très utilisés dans les sciences exactes
(physique, chimie, biologie, mathématiques, géographie). Ils peuvent
également être très utiles en sciences sociales, en muséologie ou en
histoire.
Utilisés en contexte pédagogique, les outils de visualisation permet-
tent d’élargir le champ du visible, comme c’était le cas avec la lunette
astronomique, le microscope et les rayons X. Les images numériques
permettent de visualiser des modèles abstraits qui décrivent des phéno-
mènes physiques, des réactions chimiques ou des processus biologiques.
Quantité de structures, de phénomènes et de processus complexes qui ne
pouvaient être conceptualisés qu’à travers l’imagination du chercheur sont
aujourd’hui offerts à la vision des élèves. À l’aide des outils de visualisa-
tion disponibles, il est possible de concrétiser des phénomènes abstraits,
de dépasser des représentations erronées et de fonder de nouvelles
compréhensions.
Figure 2.15.
Interface de Google Earth
Pour conclure
Les outils et les logiciels grand public occupent aujourd’hui une place
essentielle parmi les technologies les plus diffusées en milieu scolaire.
Pour s’en convaincre, on peut se rapporter à l’analyse récemment publiée
par l’OCDE qui montre qu’après les logiciels de communication, ce sont
les outils de recherche sur Internet qui sont les plus utilisés par les jeunes
de 15 ans.
Les raisons suivantes sont généralement avancées pour expliquer la
place prépondérante de ces logiciels :
• en tant qu’outils de production, ils sont utilisés dans la plupart des
secteurs de l’économie, ce qui, aux yeux de certains pédagogues,
rend légitime leur apprentissage en milieu scolaire.
• en tant qu’outils pédagogiques, leur appropriation technique par les
enseignants est en général assez rapide, ce qui contribue à rassurer
les enseignants qui ont décidé de se lancer dans l’aventure.
Comme nous l’avons souligné, les logiciels dont il a été question
dans ce chapitre n’ont pas été initialement conçus pour des usages péda-
gogiques. Pour cette raison, ils ne disposent généralement pas de fonction-
nalités pédagogiques intrinsèques. C’est donc à l’enseignant de prévoir,
d’imaginer et de structurer la manière dont il les utilisera en classe. C’est
un véritable espace de liberté qui s’ouvre à l’enseignant créatif, alors que
d’autres logiciels, conçus au départ pour des fonctions pédagogiques bien
spécifiques, ont plutôt tendance à cloisonner les usages. Des données
issues de plusieurs enquêtes réalisées par Becker (2000) aux États-Unis
sont particulièrement révélatrices à cet égard, puisqu’elles mettent en
évidence que près de 50 % des usages des logiciels de présentation et de
traitement de texte, des tableurs et des bases de données s’inscrivent dans
une perspective résolument constructiviste.
Il est clair qu’une approche constructiviste valorisant l’initiative de
l’apprenant et la confrontation dynamique des points de vue ne peut avoir
qu’un effet positif sur le potentiel cognitif des outils. Nous l’avons montré
tout au long de ce chapitre, les logiciels grand public disposent d’un poten-
tiel d’action intéressant sur le développement de compétences cognitives
de haut niveau. Toutefois, plus que pour n’importe quelle autre catégorie
de logiciels, ce potentiel exige une très forte implication des enseignants
pour s’actualiser véritablement. Il ne s’agit pas de se laisser guider par le
logiciel pour organiser son exploitation en classe ou de confier ses élèves à
un environnement d’apprentissage qui les prendra entièrement en charge.
Les environnements
et les logiciels
conçus pour
l’enseignement
et l’apprentissage
EN BREF…
Dans le prolongement des logiciels grand public présentés au chapitre 2, nous
aborderons ici les potentialités cognitives des systèmes et des environnements
informatiques conçus dès le départ pour favoriser l’apprentissage.
Dans ce cadre, nous essaierons de mettre en évidence le potentiel cognitif
des différentes catégories d’outils éducatifs en mettant l’accent sur les conditions
d’usage qui, comme nous l’avons déjà souligné à propos des logiciels grand public,
conditionne dans une large mesure l’actualisation de leur potentiel cognitif.
Parmi les outils que nous décrirons, il est clair que certains, comme les
environnements de découverte, d’exploration ou d’expérimentation, présentent un
potentiel cognitif intrinsèque plus important, alors que, pour d’autres, ce potentiel
pédagogique dépendra davantage du contexte dans lequel ils seront intégrés.
considère les TIC comme des outils d’enseignement : ils peuvent se substi-
tuer à l’enseignant en assurant à la fois la médiatisation des connaissances
et leur évaluation, le plus souvent par le biais d’une série de questions à
choix multiple au cours ou au terme d’une séquence d’apprentissage.
Les tutoriels visent généralement à transmettre des connaissances
bien définies ou à faire acquérir des savoir-faire spécifiques (Mayer, 2001).
Par sa conception, un tutoriel conduit généralement à des activités de
formation très guidées et dispose d’un système de contrôle des acquis et
de suivi des apprenants plus ou moins sophistiqué.
Les caractéristiques des tutoriels que nous venons de rappeler les
rendent assez peu populaires en milieu scolaire où les maîtres sont fort
réticents à se départir, même pour des moments de durée limitée, de leurs
prérogatives d’enseignement. Ils rencontrent cependant davantage les
attentes de formation des milieux professionnels dans lesquels ils trouvent
beaucoup plus facilement leur place.
Quand un logiciel éducatif ne porte pas sur la transmission de
nouveaux contenus, mais qu’il est uniquement destiné à l’entraînement
de certaines connaissances, on utilisera le terme « exerciseur » (drill-and-
practice) pour la caractériser. Les exerciseurs ne comportent donc pas
d’informations nouvelles, mais ils proposent des activités permettant de
pratiquer et de consolider des savoirs ou des savoir-faire et de tester leur
degré de maîtrise (Suppes, 1966).
Tutoriels et exerciseurs ont bien souvent des usages complémentaires
(Alessi et Trollip, 2001) : les tutoriels sont utilisés pour présenter l’infor-
mation et guider le sujet dans son apprentissage, et les exerciseurs sont
surtout utilisés pour exercer et renforcer des connaissances supposées déjà
enseignées par ailleurs (par le biais d’un tutoriel, d’une simulation ou à
travers un enseignement traditionnel).
Parmi les avantages des systèmes tutoriels et des exerciseurs,
notons leur facilité d’usage qui rend leur utilisation possible avec des
enfants très jeunes, car leur interface est généralement simple et intuitive
et ne nécessite pas un apprentissage préalable. Par leur structure et leur
fonctionnement, les tutoriels et les exerciseurs se prêtent particulière-
ment bien à la pratique d’un enseignement individualisé (Retschitzki et
Gurtner, 1996). Un exerciseur offre la possibilité de renouveler, presque
à l’infini, les exercices proposés (surtout dans le cas des mathématiques),
à la différence des cahiers d’exercices traditionnels. Un exerciseur bien
conçu est capable non seulement d’identifier les erreurs commises par
les élèves, mais aussi de fournir une rétroaction plus ou moins précise.
Figure 3.1.
Interface du logiciel Aplusix durant une utilisation
en entraînement
sur une structure très simple, comme c’est le cas des livres électroniques
qui ont généralement recours à une organisation linéaire dans la présen-
tation de l’information. D’autres dispositifs s’appuient sur une structure
arborescente faisant appel à des branchements plus ou moins complexes ;
d’autres encore reposent sur la notion de réseau. Cette structure en réseau,
qui organise l’information en nœuds liés entre eux par des liens, conduit
à des logiciels désignés par le terme hypertexte (voir la section 1.2).
Pour terminer, soulignons que les possibilités offertes par les
systèmes multimédias rejoignent les exigences de l’apprentissage en
situation (voir le chapitre 1) telles qu’elles ont été définies par des auteurs
comme Brown, Collins et Duguid (1989). Pour ces auteurs, la recherche
d’efficacité dans l’apprentissage passe par l’immersion de l’apprenant
dans un contexte d’apprentissage réaliste. Pour arriver à cette immersion
en contexte scolaire, faute de pouvoir placer l’apprenant dans un environ-
nement réel, on pourra recourir aux possibilités très réalistes de mise en
situation offertes aujourd’hui par les dispositifs multimédias ou, mieux
encore, par les environnements de réalité virtuelle (voir la section 3.2).
Figure 3.2.
Interface de Comment ça marche ?
Figure 3.3.
Exemple de portfolio électronique
Figure 3.4.
Carte conceptuelle représentant
le concept de micro-ordinateur
boîtier
construite par un élève avec les cartes produites par les autres élèves ou
celle du professeur peut faire émerger des conflits cognitifs aptes à provo-
quer des changements conceptuels profonds.
Figure 3.5.
Interface de Kidspiration avec carte conceptuelle à compléter
. ����������������������������������
Notons toutefois que ces logiciels disposent d’extensions qui permettent de porter, en tout ou
en partie, les applications développées sur le Web.
Figure 3.6.
Interface de ZincCast
Il est à noter qu’une simulation n’est pas une réplique exacte d’un
phénomène : elle est le plus souvent une simplification de celui-ci en omet-
tant, changeant ou ajoutant des détails ou des caractéristiques (Grabe et
Grabe, 2004). En utilisant des simulations basées sur des modèles simpli-
fiés ou en proposant des simulations dont le modèle se complexifie au fur
et à mesure que l’élève avance dans son apprentissage, les simulations
pédagogiques permettent de confronter les apprenants à des phénomènes
qu’ils apprendront à maîtriser progressivement. Parfois, les simulations
éducatives ajoutent au modèle des éléments qui n’existent pas dans le
monde réel. Dans ce contexte, on parle de « réalité augmentée ». Il s’agit,
par exemple, de formes de tutorat qui procurent à l’apprenant des rétro
actions ou qui fournissent des suggestions pour l’aider à comprendre des
phénomènes ou des processus complexes étudiés à partir d’un logiciel de
simulation. La figure 3.7 illustre la présentation d’un feedback correctif
dans le logiciel ZincCast lorsque les paramètres de contrôle introduits
s’avèrent erronés.
Figure 3.7.
Feedback correctif dans le logiciel ZincCast
Figure 3.8.
Interface d’Interactive Physics
Figure 3.9.
Système de réalité virtuelle
Figure 3.10.
Exemple de preuve du théorème de Pythagore
avec Cabri-géomètre
Figure 3.11.
Interface de ModellingSpace (fonctionnalités importantes)
Figure 3.12.
ROBOLAB
5.2.1. En laboratoire
Dans cette section, nous nous intéresserons à l’usage pédagogique des
différents dispositifs qui facilitent la mesure de certaines caractéristiques
de l’environnement physique. Il s’agit de dispositifs permettant la collecte
des données dans des situations réelles et leur transfert synchrone vers un
ordinateur pour des manipulations et des interprétations ultérieures. Ces
dispositifs sont désignés par l’expression « expérimentation assistée par
ordinateur » (ExAO) ou « Microcomputer-based Laboratory » (MBL). L’ExAO
est une utilisation pédagogique de l’ordinateur qui permet de réaliser des
expériences à l’aide de logiciels spécialisés et d’un matériel spécifique
couplé à un ordinateur (un train électrique, un système d’acquisition de
données, etc.). Ces applications informatiques constituent pour l’appre-
nant une espèce de « lunette cognitive » (Baron et Denis, 1994). En effet,
la technologie offre, dans ce cadre, à l’apprenant de nouvelles possibilités
d’explorer et d’appréhender le monde et de le représenter symbolique-
ment de manière à amplifier sa compréhension.
Grâce aux systèmes ExAO, les apprenants peuvent obtenir les
données d’une expérience sous forme de tableaux ou de graphiques en
temps réel afin de les transformer pour produire un modèle de leurs inter-
relations. Ainsi, l’apprenant a sous les yeux, d’une part, le monde réel ou
simulé de l’expérience et, d’autre part, le modèle qui s’élabore progres-
sivement. Par ces activités, l’élève travaille les concepts graphiques puis
mathématiques associés au phénomène tout en ayant une représentation
globale du phénomène qui lui permet de mieux comprendre le rôle des
différents paramètres en jeu (Leroux, Nonnon et Ginestié, 2005).
L’ExAO constitue une approche pédagogique qui permet à l’appre-
nant de paramétrer et de contrôler une expérience réelle, d’acquérir des
données et de les visualiser sous une forme symbolique ou graphique. Ces
données sont traitées en temps réel sur des instruments virtuels, vumètres,
graphiques ou tableaux. En parallèle, un modéliseur permet de déterminer
la fonction mathématique qui décrit le mieux le phénomène étudié par
l’ajustement des paramètres d’une courbe théorique qu’on superpose sur
la courbe expérimentale.
L’ExAO peut se révéler un complément intéressant à la simulation
assistée par ordinateur. Il s’agit d’engager les élèves dans des situations
d’apprentissage qui reproduisent les processus suivis par les scientifi-
ques pour collecter des données, avancer des hypothèses qu’ils testeront,
Pour conclure
Dans ce chapitre, nous avons présenté, en les structurant en fonction du
type de démarche cognitive mobilisée, les grandes catégories de logiciels
éducatifs. Au sein de cette structuration, les systèmes basés sur une repré-
sentation très superficielle des connaissances à acquérir et de la manière de
les transmettre à l’élève sont généralement considérés comme disposant
d’un potentiel cognitif limité. En revanche, les environnements qui propo-
sent des artefacts susceptibles de soutenir l’activité cognitive de l’élève
dans le traitement de situations basées sur la découverte, l’exploration,
l’expérimentation et la résolution de problèmes fournissent des cadres
beaucoup plus propices au développement cognitif.
Remarquons toutefois que, même lorsqu’on fait appel à un envi-
ronnement à fort potentiel cognitif – comme c’est la cas des logiciels de
simulation ou de modélisation –, l’enseignant ou le formateur conserve un
rôle déterminant dans l’actualisation de ce potentiel. Ainsi, un enseignant
qui utilise une simulation avec ses élèves peut parfaitement se contenter
de réaliser l’expérience ou de visualiser le phénomène en manipulant
différents paramètres, mais il peut aussi stimuler davantage la réflexion
de ses élèves en leur demandant de prévoir les résultats de la simulation
ou en « démontant » avec eux le simulateur pour rendre transparent le
modèle qui est mis en œuvre.
Les outils
électroniques
de communication
Dans les années 1960, au grand scandale des philosophes, j’ai dit qu’Hermès
remplacerait Prométhée, c’est-à-dire que la société de communication
remplacerait la société de production. J’ai dû attendre longtemps, quinze
à vingt ans, pour que cela arrive…
Michel Serres, Le virtuel est la chair même de l’homme.
En bref…
Ce chapitre porte sur les technologies destinées à communiquer afin de déve-
lopper des compétences. Nous montrerons comment les moyens électroniques de
communication peuvent constituer des outils à potentiel cognitif. Nous présentons
d’abord l’évolution des moyens de communication avec les TIC avant de décrire
l’ensemble des moyens actuels de communication qui sont édifiés à partir des TIC.
Nous insistons sur le développement de compétences dites cognitives, mais aussi
sur le développement d’autres compétences comme la compétence à communiquer
et les compétences d’ordre social et personnel qui sont pour plusieurs tout aussi
importantes. Enfin, nous aborderons les défis inhérents aux nouvelles formes
de communication. L’instantanéité à laquelle sont habitués les jeunes, la fragile
qualité de l’écrit, l’anonymat et les dangers des moyens de communication sont
quelques-uns des obstacles que doivent surmonter les éducateurs et formateurs.
. Provient de l’anglais « laugh out loud ». Au Québec, les internautes utilisent également MDR
(mort de rire).
. <www.ed.gov/news/newsletters/rssnewsfeed.html>.
. <www.chronicle.com/help/rss.htm>.
. <www.edna.edu.au/edna/go/pid/31533>.
Figure 4.1.
Icône montrant la présence d’un fil RSS sur un site Web
. L’icône XML fait référence au langage de programmation (XML au lieu de html) utilisé pour
les fils de nouvelles RSS.
Une fois sur un site Web, il est possible par exemple de cliquer sur
l’icône à droite de la fenêtre où est indiquée l’URL pour s’abonner au
fil RSS de ce site. En général, en approchant la souris de cette icône, on
peut lire « Add Live Bookmark » ou « Ajouter signet dynamique » (voir la
figure 4.2).
Figure 4.2.
Icône située à droite de la fenêtre de l’URL
montrant la possibilité d’ajouter un fil RSS
Dans l’exemple illustré plus bas, on voit que la personne est abonnée
aux fils RSS des journaux New York Times et Le Monde. Les nouvelles
apparaissent alors lorsque le curseur s’approche du lien dans la barre de
navigation par onglets (voir la figure 4.3).
Figure 4.3.
Fil RSS du journal LeMonde.fr dont le nouveau contenu
est mis en ligne continuellement
Figure 4.4.
Exemples de fils RSS du journal NYtimes.com déjà consultés
(icône différente)
leur page Web avec leurs pairs. Cold montre aussi que les fils RSS pour-
raient être utilisés par le formateur qui souhaite, de façon instantanée, être
informé des mises à jour des sites Web réalisés par ses apprenants.
Harrsch (2003) fait également remarquer que les formateurs et ensei-
gnants, devraient, pour chacun de leurs cours, montrer aux étudiants
comment s’abonner au fil RSS de sites Web intéressants liés au contenu du
cours. Un professeur de sciences politiques pourrait, par exemple, inviter
ses étudiants à s’abonner au fil de nouvelles RSS de la section « politique »
du journal Le Monde (Lemonde.fr). Les étudiants seraient ainsi informés,
sans même consulter le site du journal, de chaque nouvel article diffusé.
Un autre exemple de l’usage des fils de nouvelles RSS est lié à la super-
vision des stagiaires. À l’Université de Montréal, plusieurs groupes de
stagiaires sont tenus d’avoir un eportfolio, en ligne. La tâche d’un super-
viseur qui tient à être au courant des nouvelles entrées diffusées dans les
portfolios de chacun de ses stagiaires peut parfois être complexe, surtout
si le superviseur doit continuellement visiter les portfolios de chacun de
ses stagiaires pour en connaître l’évolution. Au lieu de cela, les portfolios
sont munis de fils RSS, et le superviseur n’a pas à consulter chacun pour
connaître les mises à jour. Ces dernières lui sont envoyées de façon instan-
tanée, facilitant ainsi son travail de supervision. Un directeur d’école qui
souhaiterait connaître les mises à jour effectuées sur les différents sites Web
des classes de son école pourrait adopter la même stratégie et, ainsi, être
informé continuellement des diverses mises à jour, sans avoir à consulter,
de façon individuelle, chacun des sites.
Pour Garrett et Nantz (2006), les fils de nouvelles RSS vont accroître
les collaborations entre les apprenants, ce qui sera susceptible d’avoir un
impact sur la coconstruction du savoir par chacun des apprenants. Quant
à D’Souza (2006), il montre comment les fils de nouvelles RSS peuvent
être intégrés à d’autres outils ou usages éducatifs. Il montre notamment
que les sites présentant des objets d’apprentissage sont de plus en plus
populaires en éducation, mais que de tels sites le sont encore plus lors-
qu’ils sont munis d’un fil de nouvelles RSS qui permet aux apprenants
d’être informés de toute mise à jour, de tout ajout. D’Souza montre aussi
comment les enseignants qui réalisent des sites de classes avec leurs élèves
peuvent accroître leurs contacts avec la communauté en intégrant un fil
de nouvelles RSS à leur site. En effet, l’intégration d’un fil de nouvelles
permettra aux parents et aux autres acteurs de la communauté intéressés
par ce site d’être informés, de façon instantanée, de toute mise à jour.
Figure 4.5.
Babillard électronique d’un cours universitaire
culture, leur musique, leurs idées. Un BBS comme YouTube pourrait donc
être un outil intéressant qui permettrait, à ceux et celles qui n’ont pas
d’autres moyens, de diffuser de l’information, de la confronter à l’opinion
des autres et d’évoluer, voire d’apprendre, à travers ces échanges. C’est
d’ailleurs en passant par le BBS YouTube que deux étudiants du MIT ont
réussi à faire la promotion de leur nouvel ordinateur à écran tactile.
Enfin, comme l’indiquait Salomon (1993), les échanges d’idées et
les négociations de sens sont susceptibles d’influencer non seulement la
façon de penser d’un apprenant, mais aussi la « cognition distribuée » d’un
groupe, ce qui est possible avec l’usage pédagogique d’un BBS – structuré
comme le suggèrent Pena-Shaff et Nicholls – où les participants transmet-
tent, négocient et transforment leurs idées en les confrontant à celles des
autres.
Figure 4.6.
Capture d’écran de YouTube.com
2.3 Blogue
Pour Weller, Pegler et Mason (2005), les blogues sont utilisés de trois
principales façons en éducation. Tout d’abord, ils permettent de regrouper
des communautés de personnes (appelées blogueurs dans le jargon inter-
naute) autour d’une thématique commune. Les membres de cette commu-
nauté virtuelle afficheraient donc des messages d’intérêt et échangeraient,
discuteraient autour de ces messages ou questions posées.
Le deuxième principal usage du blogue est celui des universitaires
– ou experts d’un domaine – qui possèdent un blogue, mis à jour de façon
régulière. Plusieurs s’en servent pour afficher des publications à paraître,
ou encore pour partager des pistes de recherche. De plus, ces experts ont
souvent plusieurs informations à transmettre, et l’instantanéité du blogue
leur permet, facilement, sans grand effort, de partager cette connaissance
avec le reste de la communauté scientifique, voire avec leurs étudiants.
Enfin, plusieurs universitaires trouvent intéressant d’avoir un lectorat
régulier, ce qui leur permet de discuter régulièrement avec plusieurs
personnes sur les nouvelles idées qu’ils formulent. À titre d’exemple,
plusieurs professeurs de la Faculté de droit de l’Université Harvard
maintiennent de tels blogues qui sont consultés non seulement par leurs
étudiants, mais aussi par un nombre impressionnant d’étudiants en droit
de diverses universités aux États-Unis et partout ailleurs dans le monde.
De surcroît, plusieurs avocats de grands cabinets sont également abonnés
à ces blogues afin d’être au courant des informations qui circulent. Le
blogue du professeur Palfrey, spécialiste mondial du cyberdroit, est un
bon exemple d’un tel usage éducatif du blogue10.
L’usage de blogues par les étudiants est certes le plus répandu en
éducation. Bryant (2006) indique que les enseignants les utilisent le plus
souvent pour permettre à leurs apprenants de s’exprimer, en ligne, sur
divers sujets ou thèmes abordés en classe. Des établissements incitent
leurs étudiants à les utiliser pour diffuser leurs réalisations ou encore pour
parler de leur engagement dans la communauté. Plusieurs étudiants s’en
servent donc comme portfolio en ligne (voir Tosh et Werdmuller, 2004),
simple à utiliser et facilement mis à jour. Plusieurs expériences de l’usage
pédagogique du blogue ont été documentées. Par exemple, Baim (2004)
a utilisé les blogues comme supplément à un cours (en présentiel) en
administration. Dans son expérience, les étudiants étaient tenus de garder
un blogue sur lequel ils affichaient au moins 500 mots par semaine, en
plus de devoir répondre à au moins cinq collègues. Pour Kennedy (2003),
10. <blogs.law.harvard.edu/palfrey/>.
Le mot courriel est un terme qui a d’abord été utilisé par les Québécois
pour désigner le courrier électronique. Il a plus tard été adopté par la
communauté francophone. En effet, c’est en France, le 8 juillet 2003, que
la Commission générale de terminologie et de néologie11 a adopté officiel-
lement courriel pour désigner le courrier électronique. Les néologismes mél
et mail préconisés au début, mais n’ayant jamais été consacrés par l’usage,
sont abolis par la Commission, qui maintient toutefois l’expression courrier
électronique comme synonyme.
Le courriel est l’outil de communication le plus utilisé, tant par le
« grand public » que dans le domaine de l’éducation. En effet, le cour-
rier électronique est un outil extrêmement facile d’utilisation qui est
11. <www.culture.gouv.fr/culture/dglf/dispositif-enrichissement.htm>.
Figure 4.7.
Exemple de fenêtre pour l’envoi d’un courriel
à l’aide du logiciel libre Thunderbird
Figure 4.8.
Page d’accueil du site ePALS (<www.epals.com>)
Figure 4.9.
Extrait du site momes.net
2.5. Forum
d’idées. Un forum est donc avant tout un site d’échange, par le biais de
messages. En général, les informations ne sont pas effacées, et il est donc
possible de les consulter plusieurs mois après leur parution. Dans certains
sites, les messages sont même modifiables a posteriori. On retrouve ainsi,
sur un des plus importants forums francophones, doctissimo.fr (forum
sur la santé), qui compte déjà plus de 30 millions de messages, affichés en
arborescence, le nombre de réponses et le nombre de personnes qui ont lu
un message (voir la figure 4.10).
Figure 4.10.
Extrait du forum doctissimo.fr
Figure 4.11.
Arborescence des messages sur la page
d’un forum électronique de discussion
Cependant, plusieurs études ont révélé que l’apport d’un tel outil
était moindre pour de petits groupes et qu’il est nécessaire, pour que
le forum soit pleinement efficace, qu’une masse critique d’apprenants
participent activement et volontairement aux échanges, ou encore qu’un
modérateur soit présent. C’est en partie pour cette raison que plusieurs
études ont montré l’inefficacité des forums lorsqu’ils étaient utilisés dans
le cadre de petits groupes dans des formations ouvertes et à distance. C’est
également ce qui explique le succès des forums portant sur des questions
techniques (PHP, Java, etc.), tellement il y a d’utilisateurs. Néanmoins, il
est vrai que dans les forums bien intégrés à un dispositif d’apprentissage,
on s’en sert surtout pour discuter, défendre son point de vue, négocier,
etc., tandis que dans les forums techniques, c’est plutôt pour échanger des
informations ou en obtenir. Toutefois, dans le cadre de forums intégrés
dans des dispositifs de formation à distance, l’organisation des activités
pédagogiques peut favoriser la mise en place d’une dynamique propice à
l’apprentissage, et ce, même avec de petits groupes (voir Henri, 2001).
étudiants à distance, non seulement pour les sortir de leur isolement, mais
surtout pour leur donner un sentiment d’appartenance à une communauté
apprenante.
Enfin, la liste électronique de diffusion est un mode de communica-
tion habituellement peu complexe d’utilisation sur le plan technique. Il
s’agit également d’un mode de communication pouvant être avantageu-
sement exploité en complémentarité ou en conjonction avec des modes
asynchrones ou synchrones, tels les forums de discussion, le chat ou le
courriel.
Sur le plan des listes de diffusion unidirectionnelles, on en retrouve
plusieurs portant sur les technologies en éducation. Dans le monde franco-
phone, ThoT (<thot.cursus.edu>) est une des listes les plus populaires avec
près de 25 000 abonnés. On retrouve également le site de veille scientifique
et pédagogique de l’Institut national de recherche pédagogique ou INRP
(<www.inrp.fr/vst>).
Figure 4.12.
Illustration des messages de statuts sur IChat
résultats montrent que les apprenants qui ont utilisé la messagerie instan-
tanée communiquaient plus, trouvaient plus facile de communiquer entre
eux, avaient un sentiment d’appartenance au groupe plus fort et étaient
plus tentés d’échanger avec leurs pairs, tant sur les thèmes abordés en
classe que sur d’autres événements qui se déroulaient à l’université. Pour
Nicholson, dans un établissement d’enseignement, ce sont les « couloirs »
qui permettent ce genre d’interaction et qui, ainsi, facilitent le dévelop-
pement d’habiletés sociales chez les apprenants. Pour lui, la messagerie
instantanée maximise à la fois les échanges portant sur le cours, mais
aussi ces « conversations de couloir » qui facilitent la socialisation des
apprenants. Au-delà des résultats des travaux de Nicholson, portant sur
cette idée de mettre à profit, en contexte éducatif, les logiciels qui favori-
sent ces conversations de couloir, ces interactions sociales sont capitales
pour l’apprentissage. En effet, ainsi que le soulignait Vygotsky (1978),
l’apprentissage prend racine dans un contexte social ou interpersonnel
avant d’être intériorisé par l’apprenant, et des outils de communication
qui favoriseraient ces interactions sociales disposeraient alors d’un grand
potentiel cognitif.
L’un des plus grands défis inhérents aux formations ouvertes et à
distance est la participation active des apprenants (���������������������
Institute for Higher
Education Policy, 2001������������������������������������������������
). Les travaux du Suédois Hrastinski (2005) ont
montré que les formateurs qui avaient recours à la messagerie instan-
tanée dans les formations dispensées arrivaient plus facilement à soutenir
la participation active des apprenants. De surcroît, les résultats de ses
travaux montrent que les participants qui utilisaient la messagerie
instantanée accordaient aussi plus de temps aux travaux du cours et à la
communication avec leurs pairs. Le sentiment d’appartenance au groupe
était également plus élevé chez ces apprenants.
En contexte d’encadrement, la modalité d’intervention en direct
offre l’occasion au professeur ou au tuteur de mieux situer le contexte
de l’apprenant et les difficultés d’apprentissage auxquelles celui-ci doit
faire face. De plus, la formulation rapide d’une demande et l’obtention
tout aussi rapide d’une réponse permettent à l’apprenant de s’ajuster et
souvent de progresser plus rapidement. L’accès rapide et la spontanéité
des échanges rendus possibles par la messagerie instantanée peuvent,
pour certains apprenants, leur faciliter l’entrée en contact avec leur profes-
seur, leur tuteur ou leurs pairs. Sur le plan de la socialisation, la messagerie
instantanée permet surtout la création de communautés en réseau. Cet
outil permet de sortir les apprenants de leur isolement et surtout de leur
Figure 4.13.
Interface d’iChat AV 3
12. <www.eyeballchat.com/>.
13. <www.camfrog.com/>.
14. <www.ivisit.com>.
Figure 4.14.
Interface de l’audioconférence avec iChat AV 3
Figure 4.15.
Liste des podcasts dans le domaine de l’enseignement
postsecondaire, disponibles sur le site d’iTunes
La téléphonie sur Internet porte plusieurs noms : téléphonie IP, voix sur
réseau IP, VoIP (abrégé de l’anglais Voice over IP), etc. L’un des logiciels
les plus populaires pour la téléphonie IP est Skype (voir la figure 4.16).
Cet outil permet notamment de communiquer par la voix sur le réseau
Internet. Skype permet facilement de téléphoner gratuitement à partir
d’un ordinateur connecté à Internet (grâce à un microphone et à un haut-
parleur, ou un micro-casque) vers n’importe quel ordinateur connecté à
Internet n’importe où dans le monde (du moment que Skype y est aussi
installé). Il est également doté d’une messagerie instantanée permettant
aux utilisateurs de communiquer par écrit et de se transmettre des
fichiers.
Figure 4.16.
Interface de Skype15
15. En bas, à droite de l’image, on peut voir que près de 3,6 millions de personnes sont branchées
au même moment.
Skype permet aussi d’effectuer des appels payants vers des lignes
téléphoniques fixes et mobiles à des prix bien inférieurs à ceux des télé-
phones standard. Il propose depuis peu de recevoir des appels téléphoni-
ques depuis des téléphones fixes et mobiles, mais cela uniquement dans
certains pays.
Depuis 2006 et la sortie de la version 2.0 de Skype, ses utilisateurs
peuvent également communiquer par vidéoconférence (à condition de
disposer d’une webcam), étant ainsi un des premiers systèmes compatibles
pour toutes les plateformes d’ordinateurs (Windows, Macintosh, Linux).
Il permet aussi la conférence téléphonique à plusieurs, de même que la
messagerie vocale. Skype est ainsi devenu l’un des outils de communi-
cation vocale sur ordinateur les plus utilisés. On remarque en général une
collaboration accrue entre les apprenants par l’usage d’un tel outil à poten-
tiel cognitif. Il est particulièrement utile pour les communications dans les
formations ouvertes et à distance avec les pays en voie de développement
où les communications téléphoniques sont très coûteuses. De plus, Skype
a été conçu pour que les utilisateurs ayant une connexion à haut débit
déchargent ceux disposant d’une communication à plus faible débit d’une
partie du trafic qui risquerait d’engorger leur connexion. Enfin, soulignons
que les résultats de nombreuses études qui ont montré l’efficacité du télé-
phone dans les formations ouvertes et à distance pourraient probablement
être transposés avec l’usage de Skype. Il s’agit donc d’un outil à potentiel
cognitif simple d’utilisation pour faciliter la communication orale, tant
dans les formations ouvertes et à distance que dans les formations en
classe. En salle de classe, Bryant (2006) rapporte que la téléphonie IP, en
raison de sa gratuité, pourrait facilement être intégrée dans les cours de
langue et permettre ainsi à des apprenants d’une langue seconde de parler
à des locuteurs natifs, sans système technologique lourd et compliqué à
gérer. Par exemple, au Dickinson College, Skype est régulièrement utilisé
pour les cours d’italien, de japonais, d’arabe et d’allemand. Les étudiants
peuvent non seulement communiquer avec des locuteurs natifs en quel-
ques clics, mais ils peuvent aussi enregistrer ces conversations en format
mp3 et les réécouter par la suite ou encore les remettre à leur professeur
pour qu’elles puissent être évaluées.
Comme pour plusieurs technologies de l’information et de la commu-
nication, la littérature scientifique sur les usages éducatifs de la téléphonie
IP est relativement mince. De surcroît, l’usage de cette technologie, sauf
peut-être dans le cas des formations ouvertes et à distance, est plutôt rare.
En fait, les travaux de Coghlan (2004) sur l’usage de la téléphonie IP dans
2.10. Wiki
Figure 4.17.
Interface de Wikipedia
16. Nous indiquons ici « en général », parce que Wikipedia vient de limiter la modification de
certaines entrées qui ont semblé faire consensus. Il est toujours possible de les modifier, mais le
processus devient plus complexe. Il s’agit donc d’entrées fixes qui fonctionnent parallèlement
avec une entrée dite dynamique. Selon Wikipedia, lorsque l’entrée dynamique aura atteint
une certaine stabilité et qu’elle apportera un complément substantiel à l’entrée fixe, elle la
remplacera.
Conclusion
Selon Pinker (1997), dès son plus jeune âge, l’enfant apprend à commu-
niquer, et son aptitude à le faire joue un rôle majeur dans son développe-
ment cognitif. Les outils électroniques de communication sont désormais
essentiels à toute activité humaine. En effet, la langue est un élément
important du patrimoine culturel et un moyen d’expression privilégié,
dont la maîtrise favorise le développement personnel et l’intégration dans
la société. La compétence à communiquer est la clé qui ouvre aux savoirs
des autres disciplines et doit en conséquence occuper une place centrale
dans la formation de l’élève et dans les préoccupations de tous les interve-
nants. La compétence à communiquer avec les outils électroniques permet
également de partager de l’information avec les autres, et d’échanger des
messages dans un langage précis et approprié. Son impact est majeur
tant sur la réussite scolaire que sur la réussite sociale et professionnelle.
En éducation, il semble donc nécessaire de favoriser le potentiel cognitif
des divers outils de communication présentés dans ce chapitre, et ce, en
fonction des situations de formation.
Les nouvelles technologies qui facilitent la communication, ces outils
au grand potentiel cognitif, sont susceptibles, comme l’indiquent Collis et
Moonen (2005), de transformer les pratiques d’enseignement et d’appren-
tissage. Avec les outils de communication à potentiel cognitif, les appre-
nants peuvent recevoir un feedback instantané, mieux comprendre des
éléments présentés par le formateur et, surtout, partager et coconstruire
la connaissance plus facilement. De surcroît, ainsi que l’indique Beldarrain
(2006), « a broader knowledge base means that […] learners will reap the benefits
of collaboration as they learn from each other and construct their own knowledge »
(p. 148). Les nouveaux outils de communication à potentiel cognitif
permettront donc non seulement de développer des compétences chez les
apprenants, mais aussi d’apprendre plus rapidement, de mieux construire
leur connaissance, en s’appuyant notamment sur les nombreuses inter
actions avec leurs pairs ou le formateur, qui seront facilitées par ces outils.
Avec l’usage de nouveaux outils de communication à potentiel cognitif,
souvent caractérisés par leur instantanéité, les apprenants auront réelle-
ment l’impression que leur contribution participe aussi à la construction
du savoir collectif (voir Collis et Moonen, 2005). Conscients que leur
travail peut aussi participer aux connaissances collectives du groupe, les
apprenants seront alors plus motivés pour s’impliquer dans l’apprentis-
sage. Car, au-delà de la valeur intrinsèque du travail pour l’apprenant
lui-même, ses efforts serviront également à la communauté.
L’enseignement
et l’apprentissage
en milieu scolaire
EN BREF…
Ce chapitre porte sur les TIC dans l’enseignement et l’apprentissage. Il vise
notamment à montrer comment les TIC, si elles sont mises à profit de façon
pédagogique, peuvent devenir des outils à potentiel cognitif pour favoriser le
développement de compétences. Nous abordons en premier lieu la question de
la difficile incursion des TIC dans les établissements scolaires, en particulier au
primaire et au secondaire. Cette section revêt une importance particulière, car si
l’on souhaite que les technologies puissent être mises à profit par les enseignants
en tant qu’outils à potentiel cognitif, on doit d’abord veiller à les retrouver en
salle de classe.
De façon plus spécifique, les deux sections qui suivent portent sur l’impact
des TIC sur le développement de compétences (section 2) et sur l’apprentissage
(section 3). Par une synthèse des principales études, nous indiquons que les
résultats contradictoires de certaines recherches peuvent être notamment expliqués
par plusieurs facteurs. En outre, nous montrons que les TIC peuvent être des
outils à potentiel cognitif, et que leur potentiel n’est pas toujours adéquatement
exploité.
La quatrième et dernière section de ce chapitre porte sur l’impact qu’ont
les TIC sur l’acte d’enseigner. En faisant la synthèse des principales recherches
à ce sujet, on peut vérifier si les TIC changent les « façons de faire la classe » et,
si oui, de quelle(s) façon(s).
1. Le défi de l’intégration
des TIC en milieu scolaire
Dans le monde de l’éducation, domaine pourtant au centre de l’économie
du savoir, l’introduction des technologies s’avère laborieuse et, selon
certains chercheurs, beaucoup trop lente (Harvey et Lemire, 2001). De ce
fait, il semble y avoir un écart trop important entre le milieu scolaire et la
société imprégnée de technologies. De surcroît, plusieurs études montrent
que les enseignants nouvellement formés intègrent peu les TIC en classe
(voir Cox, 2003 ; McCrory Wallace, 2004 ; OCDE, 2004 ; Zhao et Frank, 2003).
Ce constat se répète dans des études réalisées tant en Amérique du Nord
qu’en Europe. En outre, les conclusions d’une récente étude de l’OCDE
(2004) montrent comment l’aménagement des heures d’enseignement,
l’organisation de la classe… et la faible compétence technopédagogique
des enseignants ne permettent pas une véritable intégration des TIC dans
les classes des écoles de quelque quinze pays industrialisés. Le rapport
met d’abord en évidence que l’utilisation des TIC est décevante dans les
établissements d’enseignement de ces pays, et ce, même si d’importantes
dépenses en équipement au cours des 20 dernières années ont permis de
faire entrer les technologies dans la quasi-totalité de ces écoles. Les conclu-
sions du rapport reflètent cette déception : « l’utilisation de l’informatique
à des fins pédagogiques dans l’ensemble des écoles secondaires de ces
pays est sporadique » (p. 133). De plus, on fait remarquer que « seule une
minorité d’enseignants dans l’ensemble des pays utilisent de façon régu-
lière des applications informatiques courantes » (p. 133-134).
McCrory Wallace (2004) fait également remarquer que « les ensei-
gnants ne sont toujours pas bien préparés à enseigner avec les TIC, et
l’usage de celles-ci est limité sur tous les plans » (p. 447). Zhao et Franck
(2003) soulignent que l’introduction des TIC en éducation ne connaît pas
le succès espéré.
Pourtant, si l’école a pour mission de mieux préparer les futurs
citoyens aux défis du troisième millénaire, elle se doit aussi de favoriser
une intégration habituelle et continue des technologies de l’information
et de la communication. Il serait donc de son devoir de profiter de l’en-
gouement suscité par les nouvelles technologies de l’information et de
la communication. Il lui faut également mettre à profit les possibilités
nouvelles, invitantes, prometteuses et diversifiées que les TIC appor-
tent à la formation des jeunes, en allant bien au-delà de l’enseignement
mais plutôt des outils à potentiel cognitif. Donc, le contexte et l’usage sont
des facteurs importants de l’impact des TIC sur l’apprentissage et le déve-
loppement de compétences.
Amorcé en Amérique du Nord il y a déjà quelques années, un débat
vigoureux se poursuit aujourd’hui sur l’impact des TIC en éducation
(Ruano-Borbalan, 2001). On remarque que la volonté de favoriser l’in-
tégration des TIC en éducation semble née, outre d’une mode sociétale
appuyée par une remarquable évolution technologique des modes de
communication et de diffusion de l’information, de l’impact de plusieurs
études qui ont démontré que l’on apprenait plus avec les TIC que sans
elles (Becta, 2005).
Les auteurs de ces recherches démontrent notamment que les tech-
nologies représentent une option d’enseignement et d’apprentissage fasci-
nante et unique. Les avantages sont nombreux en matière de flexibilité,
d’accessibilité, de communication et d’interactions accrues et de variété
des modes d’enseignement et d’apprentissage (Grégoire, Bracewell et
Laferrière, 1996). En général, il en résulte de meilleurs apprentissages, un
enseignement amélioré et plus adapté aux réalités quotidiennes pour le
personnel scolaire, un meilleur leadership pour les directeurs et autres
cadres scolaires, de même qu’une participation accrue des parents et
autres membres de la collectivité à la vie scolaire. Baron (2001) remarque
d’ailleurs qu’en Europe, et plus particulièrement en France, les inter
actions multiples, rendues possibles par le réseau Internet, semblent faire
voler en éclat les hiérarchies qui structuraient auparavant la vie scolaire.
De plus, ainsi que le souligne Pierre Dillenbourg (1996), c’est souvent
l’interaction favorisée par les nouvelles technologies qui est en quelque
sorte le fil d’Ariane consolidant le processus d’apprentissage lorsque les
élèves communiquent pour partager leur savoir. Les TIC facilitent aussi
l’accès à des ressources jusqu’alors inaccessibles, en plus de favoriser une
mutualisation des savoirs (Baron, 2001).
Au Québec, Tardif (1998) affirme que les nouvelles technologies
permettent de faire des apprentissages plus « signifiants » en plus d’aug-
menter la capacité de résolution de problèmes et d’utilisation de stratégies
métacognitives des élèves. Il attribue quatre fonctions aux TIC dans les
situations d’apprentissage : des outils de production ; des outils de commu-
nication ; des outils d’accès à l’information et aux savoirs ; des outils d’ar-
chivage. Pour lui, les technologies entrent aussi en parfaite adéquation avec
la pédagogie du projet qui contribue à la création de liens entre les diffé-
rentes disciplines scolaires par la réalisation de projets interdisciplinaires.
Les milieux
professionnels
EN BREF…
La formation en milieu professionnel présente un certain nombre de spécificités
qui en font un contexte privilégié pour l’usage des TIC. Que ce soit pour prendre
en compte les exigences et les spécificités de l’apprenant adulte ou pour assurer le
développement permanent du potentiel cognitif de l’entreprise, les TIC proposent
des outils dont l’efficacité est aujourd’hui démontrée.
Certains dispositifs comme les systèmes de soutien à la performance ou les
méthodes de gestion et de partage des connaissances s’appuient sur des outils dont
le potentiel cognitif permet d’inscrire l’entreprise dans une évolution la condui-
sant vers ce que d’aucuns appellent une « organisation apprenante », c’est-à-dire
une structure qui a intégré la formation comme une composante essentielle de son
fonctionnement et un moyen d’atteindre plus efficacement ses objectifs.
Les entreprises jouent aussi un rôle d’éclaireur dans le domaine des TIC,
à telle enseigne qu’il y a tout lieu de penser que les méthodes et les outils en
cours d’expérimentation en milieu professionnel préfigurent les dispositifs que
l’on verra apparaître, dans un avenir plus ou moins proche, en milieu scolaire et
universitaire.
Une utilisation des TIC visant le développement cognitif des sujets doit
donc impérativement être contextualisée en prenant en compte les acquis
liés à la participation à certaines communautés professionnelles.
Remarquons que la participation à ces communautés n’est pas
uniquement liée à la nature de la certification initiale. Deux ingénieurs
peuvent disposer d’acquis d’expérience très différents selon les commu-
nautés qu’ils ont fréquentées, alors qu’un technicien peut, selon les milieux
professionnels qu’il a eu l’occasion de côtoyer, disposer d’acquis d’expé-
rience fort proches de ceux qui caractérisent un ingénieur engagé dans le
même domaine professionnel.
Une autre spécificité souvent mise en avant en ce qui concerne
l’apprenant adulte réside dans le fait qu’il dispose généralement d’un
projet personnel qui constitue un fil conducteur pour ses choix en matière
de formation. Ce projet, selon les personnes et les circonstances, sera
bien entendu plus ou moins explicite, mais dans tous les cas il fournira
au responsable de formation un levier important sur lequel agir pour
améliorer la portée cognitive des outils qu’il mettra en œuvre pour
construire son dispositif d’apprentissage.
Certaines entreprises font d’ailleurs de la gestion du projet personnel
de leurs employés un des chevaux de bataille de leur dispositif de forma-
tion. Il s’agit, en s’appuyant sur le projet personnel et en prenant en
compte ses connaissances antérieures, de proposer à chacun un parcours
d’apprentissage individualisé qui lui permettra de s’épanouir au sein de la
société ou en dehors de celle-ci. Il est clair cependant que, le plus souvent,
la fidélisation à la société constitue l’un des effets recherchés d’une telle
politique à une époque où la concurrence pour capter et conserver les
meilleurs professionnels est souvent âpre sur le marché de l’emploi.
Une autre caractéristique de l’apprenant adulte est liée au temps
limité dont il dispose pour développer et parfaire ses connaissances. Il
convient dès lors de lui proposer des modalités d’apprentissage qui pren-
nent en compte ses contraintes professionnelles, sociales et familiales. Pour
se conformer aux exigences que nous venons de rappeler, les dispositifs
de formation destinés aux adultes sont généralement conçus en vue de
minimiser le poids des contraintes liées à ce que nous appelons dans le
chapitre 7 la « distance transactionnelle ».
les problèmes qui lui sont posés, ce qui dénote le potentiel formatif du
système de soutien à la performance utilisé. De plus, tout porte à croire
que, pour enregistrer une réelle amélioration des performances de l’opé-
rateur, les acquis ne pourront se limiter à l’assimilation de quelques
connaissances nouvelles, mais porteront aussi sur le développement de
certaines démarches mentales pertinentes dans le domaine considéré.
Toutefois, si l’on veut profiter pleinement du potentiel cognitif associé à
ce type d’outil, il faudra aussi être attentif aux possibilités de transférer
les savoir-faire acquis dans un contexte spécifique à d’autres contextes à
caractère plus général. Comme le souligne Salomon (1993), on peut espérer
que l’utilisation d’un système d’aide à la performance laissera une trace
cognitive mais, pour que celle-ci conduise à développer des compétences
à portée beaucoup plus large que le cadre professionnel qui leur a donné
naissance, il s’agira d’amener l’utilisateur à transférer progressivement ces
savoir-faire à d’autres contextes.
3. Le « rapid e-learning »
Pour répondre aux critiques parfois adressées par les milieux de l’entre-
prise à la formation à distance qui exigerait, pour assurer son déploie-
ment, des investissements en temps et en ressources incompatibles avec
les délais d’adaptation très courts exigés par l’économie moderne, un
nouveau courant s’est développé, d’abord en Amérique du Nord puis
en Europe, sous l’appellation « rapid e-learning ». Il s’agit, en utilisant
un certain nombre d’outils disponibles sur le Web, de permettre aux
personnes qui détiennent la connaissance de développer elles-mêmes des
cours en ligne simples et faciles à mettre en œuvre et de répondre ainsi
plus efficacement aux besoins d’information et de formation qui émanent
des différents services de l’entreprise.
Enseigner
et se former
à distance
EN BREF…
Les dispositifs modernes de formation à distance non seulement permettent
de rejoindre des publics éloignés, mais conduisent aussi à une modification en
profondeur du dialogue pédagogique.
Pour tirer le bénéfice escompté des outils modernes de gestion de l’inter
action à distance, la préoccupation souvent annoncée d’assurer une organisation
plus souple et plus flexible de la formation doit s’accompagner d’une réflexion
sur l’ensemble de l’environnement pédagogique proposé aux apprenants et sur
la manière dont ceux-ci exploitent le potentiel cognitif des technologies mises en
œuvre.
Cette réflexion favorisera un meilleur usage et une sélection plus pertinente
des outils en fonction des objectifs pédagogiques poursuivis ; elle conduira aussi
à développer des savoir-faire cognitifs et surtout métacognitifs qui pourront être
réinvestis dans les apprentissages ultérieurs.
2. Le concept de formation
à distance et son évolution
Il y a quelques années, les responsables qui envisageaient de recourir à la
formation à distance pour leurs projets étaient le plus souvent intéressés
par la possibilité de rejoindre des publics physiquement éloignés des lieux
à partir desquels la formation était organisée. Au regard de cette manière
de voir, nous pensons qu’aujourd’hui les choses ont changé et que l’es-
sentiel du potentiel de la formation à distance est à rechercher non plus
dans la maîtrise de la distance physique, mais bien dans la possibilité
d’introduire davantage de souplesse et de dialogue dans la formation en
ayant notamment recours aux OPC.
En fait, du moins dans une première approche, l’expression « forma-
tion ouverte et à distance » (FOAD) correspond assez bien au changement
de perspective que nous souhaiterions mettre en évidence ici. Selon cette
conception, la formation à distance est considérée avant tout comme une
approche (parmi d’autres) permettant d’assurer une organisation plus
souple et plus flexible de la formation. Il existe une variété de manières
selon lesquelles cette souplesse et cette flexibilité peuvent être assurées :
choix du matériel d’apprentissage et des médias retenus pour le présenter,
choix des approches pédagogiques, choix du nombre et du type d’acti-
vités, choix du rythme d’apprentissage, choix des modalités d’organisation
du travail, des formes d’intervention du tuteur et des modalités d’échange
avec les pairs, etc. Il s’agit avant tout en introduisant ces différentes formes
de flexibilité d’optimaliser la distance transactionnelle en manipulant la
distance physique afin de tirer parti des outils cognitifs mis en œuvre
pour assurer la mise à distance de certains aspects de la formation. Ainsi,
selon cette conception, on peut très bien introduire des activités à distance
dans un cours qui réunit physiquement les étudiants chaque semaine pour
élargir et diversifier les possibilités d’échanges entre les apprenants ainsi
qu’avec le tuteur.
Cette priorité donnée à la flexibilité plutôt qu’au contrôle de la
distance physique a très largement contribué à diversifier les usages de
la formation à distance. Du tout à distance, on est passé à des dispositifs
mixtes combinant activité à distance et activité en présentiel. La notion
d’hybridation ou encore le « blended learning » ont aujourd’hui le vent en
poupe et participent à donner à la formation à distance une visibilité bien
supérieure à celle qu’elle avait il y a quelques années.
. �������������������������������������������������������������������������������������
ESPRIT – Environnement Scénarisé pour l’apPRentissage Interactif et Tutoré – est une
plateforme de formation à distance développée par l’Unité de technologie de l’éducation de
l’Université de Mons-Hainaut et Grenoble Universités (<ute2.umh.ac.be/esprit>).
. ����������������������������
Galanet est un environnement de formation à distance réalisé avec le soutien de la Commission
européenne dans le cadre du programme Socrates (<www.galanet.eu>).
Figure 7.1.
Procédure de vote mise en œuvre dans la plateforme ESPRIT
des autres, etc.). Il est clair que la nécessité de prévoir ce type d’outils sera
variable selon la manière dont les interactions à distance seront prises en
charge. Par exemple, lorsque le dispositif de formation fera intervenir la
vidéoconférence, certains aspects liés à la présence sociale seront pris en
charge par ce média. Lors du travail dans un espace partagé, la connais-
sance du lieu à partir duquel la personne exercera son activité pourra
être informative par rapport aux outils dont celle-ci disposera. Un tel
dispositif a notamment été implémenté dans une plateforme de formation
à distance (Galanet) basée sur une métaphore spatiale, de sorte que l’awa-
reness (dénommé ici « l’œil ») permet de savoir dans quelle pièce chaque
personne présente sur la plateforme se trouve (voir la figure 7.3).
Figure 7.2.
Espace de travail partagé dans ModellingSpace
manière dont cette responsabilité est prise en charge ou encore sur la façon
dont les individus ou les groupes engagés dans des activités similaires
progressent à travers les différentes étapes qui jalonnent l’activité.
Figure 7.3.
Awareness dans la plateforme Galanet
awareness
. ������
HTML (HyperText Markup Language) est un langage utilisé pour créer les pages qui seront
visualisées sur le Web grâce à un navigateur (browser).
Moyens de
communication Pages
Clavar- Audio- Vidéo- Espace
et de gestion de Collec- Aware- Web
→
Courriel Forum Wiki dage confé- confé- de travail
l’interaction ticiel ness inter-
(chat) rence rence partagé
Fonctions actives
Enseigner et se former à distance
pédagogiques ↓
Présenter les contenus + ++ ++
Communiquer des ++ + +
informations à un
individu
Communiquer des + ++ ++ + +
informations à un groupe
Contrôler l’apprentissage + + ++ + + +- +- + +
Tiré de : Enseigner avec les technologies, Christian Depover, Thierry Karsenti et Vassilis Komis,
217
Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca
218
Mode
Mode asynchrone Mode synchrone
prédéfini
Moyens de
communication Pages
Clavar- Audio- Vidéo- Espace
et de gestion de Collec- Aware- Web
→
Courriel Forum Wiki dage confé- confé- de travail
l’interaction ticiel ness inter-
(chat) rence rence partagé
Fonctions actives
pédagogiques ↓
Exercer, mettre en +- +- +
pratique une notion, une
procédure
Préparer et favoriser le +- + ++ +
transfert
Aider l’apprenant à + + + +- ++ ++
résoudre un cas, un
problème
Structurer + ++
Motiver + + + ++ +- +
Favoriser la présence + + +- + + + ++ + ++
sociale
Tiré de : Enseigner avec les technologies, Christian Depover, Thierry Karsenti et Vassilis Komis,
Enseigner avec les technologies
Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca
Mode
Mode asynchrone Mode synchrone
prédéfini
Moyens de
communication Pages
Clavar- Audio- Vidéo- Espace
et de gestion de Collec- Aware- Web
→
Courriel Forum Wiki dage confé- confé- de travail
l’interaction ticiel ness inter-
(chat) rence rence partagé
Fonctions actives
pédagogiques ↓
Agir sur la fidélisation + + + ++ + +- +-
Enseigner et se former à distance
Soutenir l’argumentation ++ ++ ++ ++
et la négociation
Évaluer les ++ + + +
apprentissages
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220 Enseigner avec les technologies
Figures 7.4 a et b.
Plateforme ACOLAD
. ���������������������������������������������������������������������������������������������
La plateforme ACOLAD a été développée par l’Université Louis Pasteur de Strasbourg. Elle est
utilisée dans le cadre d’un diplôme organisé conjointement par les université de Strasbourg,
de Genève et de Mons-Hainaut.
Figures 7.5 a et b.
Plateforme Galanet
Conclusions et perspectives
Les dispositifs de formation à distance ont aujourd’hui le vent en poupe.
Leur usage, longtemps réservé à la prise en charge de besoins pédagogi-
ques particuliers, tend à se diversifier. Il ne s’agit plus seulement de pallier
insistent sur le fait qu’en mathématiques ainsi que dans la plupart des
branches scientifiques, l’utilisation de la technologie conduit à libérer
l’apprenant des calculs laborieux pour lui permettre de se concentrer sur
la stratégie et la recherche de solutions originales.
Bien que l’entraînement de la mémoire soit utile, doit-on pour autant
exiger des élèves qu’ils puissent citer la généalogie des rois de France
ou la liste des fleuves d’Asie, alors qu’existent des outils efficaces qui
permettent de retrouver rapidement ces informations ? Doit-on continuer
à systématiser l’apprentissage de l’orthographe d’usage ou des règles de
grammaire, alors que de nombreuses études montrent clairement que
l’apprentissage en situation de l’écriture à partir d’un traitement de texte
et l’usage d’Internet pour communiquer peuvent avoir un effet décisif sur
le développement des capacités d’expression écrite des élèves (Karchmer,
2001) ?
Dans le grand courant de réforme qui traverse aujourd’hui les
systèmes éducatifs pour alléger les curricula en mettant l’accent sur les
compétences de base, il convient d’être attentif à ce que les compétences
liées aux technologies ne soient pas négligées, voire oubliées. Nous ne
parlons pas seulement ici des compétences nécessaires pour utiliser un
certain nombre de logiciels, comme celles qui sont visées dans les certifi-
cats du type B2i (Brevet informatique et Internet) ou autre passeport TIC,
mais aussi des compétences de haut niveau que l’exploitation du potentiel
cognitif des technologies permettrait de développer chez les élèves.
Le monde dans lequel nous vivons n’est plus celui d’il y a vingt ans
ni même celui de la décennie passée. Le développement des technologies
et surtout de la communication à distance a donné un coup d’accélérateur
brutal aux échanges et à la diffusion des connaissances. Cependant, pour
vivre dans ce monde et profiter des facilités offertes aujourd’hui par les
technologies, il faut y avoir accès et avoir développé une certaine familia-
rité par rapport à leur usage. C’est une question d’équité que d’exiger de
l’école, où qu’elle soit dans le monde, qu’elle remplisse ce rôle. Le risque
le plus important serait d’en arriver à une société dissociée, à une fracture
numérique entre riches et pauvres, cultivés et incultes, Nord et Sud qui
conduirait à exclure une partie de la population de l’accès des savoirs
qui transitent de plus en plus aujourd’hui par des canaux réservés au
techno-alphabétisés.
Le danger est réel à cet égard, comme le montrent des études telles
que celles réalisées en Grande-Bretagne par la Becta (2002) qui indiquent
que l’appréhension des technologies par les élèves est très différente en
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178, 180-183, 203, 222, 230, 243, 144, 151, 153-155, 157, 158, 167,
246, 253, 257 168, 195, 206-208, 214, 217, 223-
entreprise apprenante 198 225, 227, 249, 253
environnement 4, 7, 12, 14, 15, 22,
24-31, 33, 34, 36, 37, 41, 57, 70,
71, 78, 80, 83, 86-88, 93, 95, 96, H
100, 103, 108-111, 113, 116-118, hypermédia 25, 97, 98, 100, 249
120-122, 124, 126-129, 135, 147,
192-195, 202, 204, 207, 210, 230,
234, 237, 238, 243, 245, 246, 249, I-J
250
impact 6, 8, 19, 24, 41, 76, 99, 141,
de modélisation 121
142, 152, 155, 168, 169, 172,
équipement 5, 77, 117, 173, 180-183,
175-178, 181, 236, 247, 255
229, 236
information 15, 19, 20, 22, 23, 25, 26,
exerciseur 87-91
41, 42, 44, 47, 50, 52, 54, 56-60,
expérimentation assistée par
62, 64-72, 74-77, 79, 80, 89, 90,
ordinateur 88, 124, 126, 127
94-102, 104, 109, 111, 115, 127,
128, 136, 137, 142, 144-146, 151,
F 153-155, 157, 162, 164-168, 173,
176, 177, 179-181, 196-198, 214,
fil de nouvelles RSS 136, 138, 141 215, 217, 222, 234, 235, 241, 243,
formateur 35, 76, 129, 132, 141, 147, 244, 246, 247, 250-252, 255, 256
154, 158, 159, 162, 165, 168, 169, innovation 13, 165, 190, 227-229, 243,
176, 178, 180, 181, 238 244
formation 5, 20, 29, 32, 34, 36, 75, intégration 7, 41, 100, 134, 141, 168,
89, 92, 101, 111, 117, 123, 134, 137, 173, 174, 177, 178, 180-183, 191-
138, 149, 153, 155, 157, 158, 160, 193, 204, 207, 230, 237, 244
164, 168, 169, 173, 179-181, 186- interaction 6, 7, 14-16, 24, 25, 27-30,
192, 194-199, 202-208, 210, 216, 33-36, 88, 95, 108, 116, 117, 135,
222-230, 238, 239, 243, 244, 246, 158, 160, 168, 169, 177, 198,
250-254 202-204, 206, 215-217, 223-225,
ouverte 189, 205 230, 237, 240, 246, 253
ouverte et à distance 205 jeu 15, 25, 90, 113-117, 126, 156
forum 32, 49, 59, 62, 135, 151-154,
156, 175, 204, 207, 208, 224, 225
de discussion 32, 49, 225 L
lien 7, 12, 13, 27, 29, 30, 34, 50, 59,
G 62, 77, 96, 97, 101, 102, 104, 106,
109, 133, 136, 139, 140, 142, 177,
gestion 41, 42, 44, 52, 65-68, 122, 191, 224, 226, 252
128, 182, 186-188, 190, 191, 195, liste de diffusion 136, 154, 155, 239,
196, 199, 202, 204, 206-208, 217, 246, 253
223, 225
des connaissances 190, 191, 195,
196
groupe 6, 8, 15, 16, 27, 32, 34, 35, 37,
44, 46-49, 55, 105, 115, 121, 141,
logiciel 19, 21, 24-26, 28, 30, 33, 37, cognitif 6-8, 15, 16, 36, 37, 69,
40-44, 46-51, 62, 74-83, 86-91, 93- 176, 184, 205, 236
96, 100, 106-109, 112-115, 118-121, de communication 28, 32, 133-136,
125-129, 134, 140, 148, 149, 156, 145, 147, 151, 154, 155, 158,
158, 159, 161, 163, 180, 183, 190, 164, 168, 169, 177, 189, 203,
193, 194, 197, 234, 235, 237, 244, 223, 225
249, 257
de traitement multimédia 74
grand public 40, 83, 86 P
performance 90, 192, 193, 199
perspective 22, 25, 28, 36, 54, 67, 71,
M 83, 87, 91, 100, 106, 108, 115, 142,
messagerie instantanée 156-160, 163 180, 193, 195, 199, 205, 206, 228,
métaphore 69, 70, 117, 195, 222 229, 233, 246, 257
micromonde 28, 33, 88, 93, 108, 113, plateforme de formation à distance
117, 118, 124, 237 206-208, 222
milieu professionnel 31, 186, 187 portail éducatif 58-60
modèle 4, 8, 12-16, 18, 19, 21-29, 31, portée 7, 124, 188, 191, 193, 234
32, 34-36, 41, 42, 52-54, 68, 80-82, portfolio électronique 101-103
87, 88, 90, 92, 100, 108, 110, 112, potentiel cognitif 5, 11-13, 35, 36, 41,
117, 120-123, 126-129, 181, 194, 43, 44, 57, 64, 67, 74, 83, 86, 87,
199, 204, 217, 222, 223, 226, 227, 93, 100, 101, 106, 109, 115, 118,
244 121, 129, 135-137, 143, 145, 147,
d’apprentissage 12-14, 35, 127, 226 149, 152, 157, 159-162, 164, 168,
modérateur 35, 151, 153, 225, 226, 169, 172, 186, 187, 190, 193, 194,
238 199, 202, 230, 233, 235, 237, 238
moteur de recherche 40, 56-59, 61-64, des TIC 35, 36
102, 179 problème 8, 34, 40, 44, 47, 49, 52, 53,
55, 57, 64, 68-70, 74, 91-93, 100,
108, 117, 118, 123, 128, 157, 167,
O 175, 184, 191, 193, 195, 197, 198,
obstacle 109, 132, 180-182 217, 218, 224, 226, 237, 241
outil 5-8, 12, 15, 16, 28, 30, 32, 36, processus 6, 8, 15-18, 22, 23, 27, 30,
37, 40-46, 48-50, 52-54, 57, 58, 61, 31, 35-37, 43-45, 52-54, 57, 68, 71,
62, 64-67, 69, 71, 74-78, 81-83, 86, 72, 77, 81, 82, 87, 88, 92, 98, 103,
87, 89, 91, 93, 97, 98, 101, 103, 106, 107, 109-112, 121, 123, 126,
104, 106-109, 113, 115, 116, 118, 127, 142, 147, 166, 167, 177, 190,
120-122, 124, 127, 128, 131-136, 191, 197, 204, 226-228, 236, 238,
141-143, 145, 147, 148, 151-165, 244
167-169, 172, 175-177, 180, 183, cognitif 6, 8, 17, 22, 36, 54, 107
184, 186-197, 199, 202, 203, 205, programmation 37, 91, 108, 109, 117,
216, 223-225, 229-231, 234-239, 124, 138
244, 253, 254
à potentiel cognitif 5, 6, 8, 16, 40,
42, 54, 91, 102, 128, 132, 142, 145,
152, 155, 161, 164, 165, 169, 172,
177, 199, 203, 231, 236