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ISBN : 978-2-10-085324-3
Sommaire
Couverture
Page de Copyright
Préface
Avant-propos
Introduction
Conclusion
Préface
DES SAVOIR-ÊTRE
POUR SAVOIR ÊTRE
« Soft skills ».
Elles sont désormais les compétences les plus recherchées dans le monde.
Tour à tour traduites comme compétences souples ou comportementales,
intelligence émotionnelle ou savoir-être… Les tentatives pour traduire cette
notion sont au moins aussi multiples que ses définitions. Comme l’écrit
Jean-Yves Prax, « une ambiguïté plane sur la nature même du savoir-être1 ».
Est-il un potentiel qui sommeille en chacun de nous ou un comportement
réel du quotidien, à portée d’agir pour tous ? Ressource personnelle ou
performance observable ? Inné ou acquis ? Au gré de nos enquêtes et
missions menées au sein d’entreprises, nous (les Bosons) avons été surpris
par le nombre de responsables RH et de managers qui nous ont répondu que
le savoir-être s’apprenait peu et qu’il était d’ailleurs bien souvent un filtre
de sélection pour les recrutements. Comme s’il n’y avait que le « hard » qui
pouvait s’acquérir. Nous avons opté pour une définition plus existentialiste
du savoir-être. Plus qu’un atout de naissance, nous sommes convaincus
qu’il est une compétence « qui s’apprend et qui s’entraîne », que l’on aurait
choisi de développer et de cultiver, et qui dirait quelque chose du travailleur
que l’on souhaite être. « L’homme est à inventer chaque jour », disait
Sartre.2 Il aurait pu aussi bien dire que l’art des softs skills est un
existentialisme. On comprend donc le potentiel identitaire et narratif des
soft skills, aussi bien sur le plan individuel, pour construire sa propre
épopée professionnelle, que collectif, quand il s’agit de créer les conditions
organisationnelles pour faire vivre une culture d’entreprise. On ne choisit
pas de développer une compétence comportementale parce qu’elle est à la
mode, comme on l’a trop vu dans certaines organisations, mais parce
qu’elle a du sens pour nous. Ainsi, derrière les comportements individuels
et collectifs que l’on favorise, se niche une façon d’œuvrer ensemble : les
savoir-être que l’on choisit d’entretenir sont une discipline qui dit quelque
chose de nous – que ce nous soit un travailleur individuel ou une entreprise
collective – de notre humanité, de notre singularité.
C’est tout le propos de cet ouvrage : les soft skills forgent « une identité
inédite et prometteuse », elles sont patrimoine humain et création de valeur.
En cela, elles sont bien « toutes les compétences qu’un robot ne peut pas
endosser3 ». À l’heure où l’industrie 4.0 et son lot de robotisation des tâches
questionnent la place et la contribution de l’Homme au travail, ces
compétences sont une ancre sur l’utilité et l’irremplaçabilité humaine dans
une économie de plus en plus technologique. Elles sont une certaine forme
de vie, le supplément d’âme au travail. C’est justement parce qu’elles disent
quelque chose de notre humanité que les soft skills ne peuvent être juste une
pratique (ou science ou discipline) à même de forger une singularité : elles
sont aussi une éthique. Du grec ethos qui signifie « mœurs », cet ensemble
de valeurs et de principes permet de « différencier le bien du mal, le juste de
l’injuste, l’acceptable de l’inacceptable » ; une boussole bienvenue tant les
dérives sont fréquentes en entreprise lorsqu’il est question de compétences
comportementales au travail. Il est d’ailleurs intéressant de voir à quel point
nous sommes loin de cette approche éthique globale des soft skills en jetant
un œil aux référentiels formalisés en la matière. L’Iowa Essential Concept
and Skills ou encore le Connecticut Department of Education positionnent
par exemple « l’éthique » au même niveau que « la productivité », « la
flexibilité » ou encore « la capacité à gérer les nombres », comme un
savoir-être parmi d’autres. Je crois au contraire que l’éthique doit être un
cadre à l’ensemble de toutes ces compétences dites souples.
Ce code des soft skills est donc un outil (très) pratique à mettre entre les
mains d’un public de professionnels avisés et soucieux de consolider une
culture d’entreprise. Un public en questionnement, qui interroge le sens et
les conséquences humaines des facultés que l’on choisit de développer.
Alors que se multiplient les démissions et le désengagement et que les taux
de satisfaction au travail sont en baisse depuis des années dans l’hexagone,
l’époque semble nous inviter à nous interroger sur la finalité du travail, sur
son utilité et sur la déontologie des pratiques métier. Aussi silencieusement
que les quiet quitting qui fleurissent dans les organisations, les Français
réinventent petit à petit le contrat et les engagements qui les lient à leur
activité professionnelle. Sur le chemin de leurs questionnements, sur ce à
quoi ils voudront contribuer demain par le travail, ils ouvriront peut-être
aussi la voie à de nouveaux savoir-être pour œuvrer autrement au monde,
probablement plus alignés avec des enjeux de sobriété et d’authenticité dont
le manque se fait tant sentir dans nos sociétés et dans nos économies.
De nouveaux savoir-être pour mieux savoir être au monde et aux autres.
Rose Ollivier,
directrice de l’observatoire de The Boson Project
Avant-propos
En 2014, quand notre premier ouvrage sur les soft skills a été publié, nous
étions persuadés que ce concept allait prendre de l’importance dans les
années à venir. Nous avions fait deux constats majeurs : d’une part, un
grand nombre d’acteurs de la vie professionnelle – universités, écoles,
direction des ressources humaines, organismes publics et privés, ou tout
simplement toute personne désireuse de mieux piloter sa vie
professionnelle – se questionnaient beaucoup sur l’avenir du travail en
général et des compétences en particulier ; et ce sans pour autant avoir
formalisé la notion de « soft skills ». Le constat était d’autant plus curieux
que le terme et les questionnements nourrissaient déjà depuis plusieurs
années, de l’autre côté de l’Atlantique, des débats forts intéressants. Il y
avait urgence à s’emparer dans l’hexagone de ce concept d’actualité.
En second lieu, il nous sautait aux yeux que les signaux – faibles et forts –
relatifs à la fois à l’évolution de l’économie et à celle du marché du travail,
mettaient en évidence qu’il était urgent de s’interroger quant aux
compétences du futur et en particulier sur le besoin de poser une question
claire : « quelles compétences seront demain nécessaires pour avoir un
métier ou pour le garder ? ». Les études relatives au processus
d’automatisation dans de nombreux secteurs économiques nous
permettaient de dire sans prendre trop de risque que si la machine prenait
une place de plus en plus importante dans l’entreprise, il allait falloir
rapidement se poser la question des conséquences sur l’employabilité de
l’homme et de l’avenir de ses compétences.
Tous ces facteurs nous permettaient en 2014 de plaider en faveur d’un
« réflexe soft skills ».
Pourtant, à l’aube de 2020, nous faisons un nouveau constat, qui nous fait
penser que nous rentrons dans une nouvelle ère des soft skills. Tous les
rapports récents sur l’avenir des compétences et du travail, sur l’impact de
l’intelligence artificielle, du big data, de la réalité virtuelle ou encore de
l’Internet des objets, convergent pour expliquer que les soft skills ne sont
plus seulement les compétences douces du cerveau droit, mais surtout les
compétences qui resteront foncièrement humaines, c’est-à-dire qu’il ne sera
pas intéressant d’externaliser à une machine, mais qu’il faudra au contraire
ancrer dans les capacités humaines.
Introduction
Dans notre premier ouvrage Le Réflexe soft skills, les compétences des leaders de demain (Dunod,
2014), nous présentions les soft skills comme les compétences qu’il serait bientôt nécessaire
d’intégrer dans un monde en train de changer. Cet avenir est aujourd’hui le présent. La nouvelle
révolution industrielle, dans laquelle nous venons d’entrer, s’annonce plus intense et disruptive, en
termes de changements, que tout ce que nous avons connu jusqu’à maintenant. En effet, cette
révolution n’est pas celle d’Internet ; mais celle de l’Intelligence Artificielle (IA) qui questionne de
manière agressive l’intelligence en général et les compétences en particulier. Bonne nouvelle pour les
soft skills : elles ne sont pas simplement « importantes » ; elles deviennent « urgentes et
importantes ».
Comment les changements liés à la digitalisation du monde et à « l’ubérisation » des métiers
imposent-ils un focus prioritaire sur les soft skills, à la fois au niveau des individus et au niveau des
organisations ?
C’est ce que vous découvrirez dans cette partie.
CHAPITRE 1
Executive summary
• Nous entrons dans une nouvelle période de changement qui demande de faire
évoluer les premières caractéristiques des soft skills comme elles avaient été décrites il y
a quelques années.
• Dans cette période d’accélération de l’obsolescence des compétences, il est
essentiel d’accepter ces changements pour transformer cette contrainte en opportunité.
• Le monde VUCA favorise les facteurs d’incertitude. En période de complexité, il est
essentiel de changer à la fois son mode de pensée managérial et d’adapter ses
compétences à ces nouveaux principes.
LE RÉFLEXE SOFT SKILLS
Les soft skills sont une notion qui a aujourd’hui trouvé sa place dans le
monde du management en France. Un certain nombre de points relatifs à
cette notion jusque-là très anglo-saxonne ont été clarifiés. Il s’est ensuite
posé la question d’une première classification de ces compétences souples
sur lesquelles il faudrait investir pour proposer une évolution pérenne et
durable des compétences des collaborateurs.
Pourtant, il n’est pas certain que ce que nous considérions à l’époque soit
toujours aussi vrai aujourd’hui. Ce constat d’un besoin de mise à jour
s’explique par deux raisons.
La première tient à la nature même des compétences, c’est-à-dire la relation
utile que l’homme entretient avec son environnement.
Il suffit de regarder tous les thèmes professionnels qui tournent autour de
cette notion par nature évolutive : évolution professionnelle, besoins en
formation, conditions de travail, entretien annuel d’évaluation, mobilité…
Les entreprises, comme les collaborateurs, prennent de plus en plus de
temps à se questionner sur la place de l’homme dans l’entreprise et son
évolution, sa « carrière ». Ils sont même de plus en plus nombreux à
rechercher une formule qui ferait de l’évaluation des compétences un
moment non unique et annuel, mais continu et évolutif.
Ainsi, la notion même de compétence est devenue indissociable de
l’interrogation relative à son obsolescence. Ce phénomène est aujourd’hui
encore peu discuté car relativement tabou. Pourtant, l’obsolescence des
compétences est un phénomène qui s’impose dans la vie professionnelle de
nombreux actifs.
« Consciente et maîtrisée, cette obsolescence offre des perspectives, à savoir d’une part,
l’enrichissement de son bagage professionnel. Et d’autre part, elle facilite une pluralité de
l’activité tout au long d’une carrière. Encore faut-il prendre le temps de lever la tête du guidon
pour observer et comprendre les changements. Une caractéristique fondamentale : la curiosité. »
Le monde VUCA
- Volatile (volatility) ;
- Incertain (uncertainty) ;
- Complexe (complexity) ;
- Ambigu (ambiguity).
Ces quatre types de problématique imposent chacune de questionner le
monde comme on le connaît aujourd’hui avec d’autres réponses pour
demain. C’est une manière de considérer l’environnement actuel dans
lequel nous vivons.
Doit-on prendre cet acronyme au sérieux ? Oui, quand on en connaît les
origines. En effet, l’expression doit retenir notre attention car elle ne tire pas
ses sources d’une agence de conseil, mais de l’école de l’armée américaine
qui forme les leaders militaires. C’est en cherchant à définir les
caractéristiques actuelles de notre monde que l’armée a développé son
approche dite de « Light Footprint » (empreinte légère). Pour le
gouvernement américain, l’objectif d’une telle approche est bien entendu de
tenter de trouver la meilleure formule pour assurer la sécurité nationale, tout
en protégeant au maximum ses citoyens, militaires ou non, des conflits dont
l’histoire montre toujours qu’ils sont souvent plus complexes dans la réalité
que ce que l’on avait imaginé sur le papier. Ainsi, le nouveau modèle
d’intervention préconisé par l’état-major américain doit être « rapide et
ciblé » afin d’éviter les risques d’enlisement et les dommages collatéraux.
D’un point de vue militaire, cela signifie que la grille de lecture des dangers
actuels se veut nouvelle : les adversaires sont multiples et leur visage est
peu ou parfois même inconnu, voire virtuel. Les forces armées doivent donc
déployer de nouvelles techniques d’attaque pour répondre à une situation
agile et rapide.
Ce concept a été récupéré par le monde des affaires. Cela signifie que les
temps longs et les certitudes doivent être oubliés dans les nouvelles
stratégies d’entreprise. Deux exemples peuvent illustrer ce nouveau
principe managérial.
En premier lieu, de nombreuses entreprises ont ainsi décidé de faire de
l’acronyme VUCA leur nouveau modèle d’arbitrage stratégique.
L’entreprise BASF, par exemple, considère que seul un pilotage court et
rapide est susceptible de donner des résultats en période de changement :
pour Hans-Ulrich Engel, directeur financier du groupe BASF : « La
meilleure expression est que nous vivons dans un monde VUCA. À présent,
nous avons une bonne visibilité jusqu’à soixante jours, maximum quatre-
vingt-dix. Mais c’est tout. »
En second lieu, toutes les stratégies d’innovation ont, de la même manière,
changé de temporalité et de philosophie depuis que les nouvelles
méthodologies du design thinking ou le lean startup sont utilisées pour faire
évoluer les produits et services dans les entreprises. Ces nouveaux principes
directeurs de l’innovation mettent en avant le prototypage rapide, le test and
learn, l’itération permanente.
Dans tous les secteurs, les entreprises sont confrontées à des
environnements de plus en plus instables. L’approche VUCA offre une
manière de penser adaptée aux managers qui souhaitent gérer l’incertitude.
De la même manière, elle impose de penser les compétences autrement.
Balayons tout de suite une objection qui pourrait vous venir à l’esprit :
considérer le monde comme changeant, incertain, complexe, etc., ne serait-
ce pas enfoncer une porte ouverte en matière de management ? Est-il
réellement possible de trouver un acteur économique, mis en situation de
concurrence dans un environnement normal, qui vous dira que tout va bien
et qu’il connaît parfaitement son avenir sans aucun degré de complexité ou
d’incertitude ? En réalité, tout est question, encore une fois, de tempo.
L’environnement est changeant par nature. Mais ce qui a évolué, c’est la
vitesse du changement. Il n’y a plus – en tous cas actuellement – de
moment stable. Or, ce mouvement continu de changement a des impacts sur
les hommes qui sont au cœur de ce balancement ; et donc sur les
compétences et les postures qui leur faut prendre pour survivre à ce
déséquilibre.
Pour coller le plus possible aux nouvelles règles imposées par le monde
VUCA, les managers vont devoir adopter quatre postures qui seront autant
de compétences pour demain.
Tout d’abord, puisque le monde est devenu volatile, le manager doit fédérer
ses équipes autour d’une vision commune. En l’absence de repères, il va
être nécessaire de favoriser la relation avec les autres.
Ensuite, après avoir suscité la relation, et pour répondre à l’ambiguïté et
l’incertitude, il sera primordial de favoriser l’écoute : de ses clients, de ses
collaborateurs, d’un maximum de parties prenantes qui l’entourent. Toutes
les approches de customer centricity ou d’employee centricity disent la
même chose. La confiance et la motivation passent par l’écoute.
Enfin, seule arme contre la complexité : la créativité. Moins on connaît
l’avenir, plus il faut tester de nouveaux modèles, prototyper de nouvelles
idées, les enrichir et les reconstruire encore le plus rapidement possible, en
proximité avec les besoins du client.
Quelles compétences faut-il déployer pour s’adapter à ce monde VUCA ?
C’est tout l’objet de cet ouvrage. Les soft skills sont, à leur manière, une
conséquence de ces nouvelles caractéristiques du monde. Il est donc
impératif de réfléchir aux compétences humaines à développer pour agir
dans un contexte d’incertitude et de complexité. D’autant que plus le monde
devient complexe, plus les organisations seront tentées de se tourner vers la
machine pour trouver des solutions…
TÉMOIGNAGE
Philippe Vallat, consultant en intelligence collective
L’ESSENTIEL
+ Nous sommes rentrés dans un nouveau monde bien différent, à de nombreux égards, de ce
que nous avons connu il y a encore une dizaine d’années. Les changements
qui caractérisent cette période demandent un besoin de mise à jour des premières
réflexions en matière de soft skills.
+ Le monde actuel est passé au crible d’un nouveau modèle d’analyse : le système VUCA.
Dans un environnement Volatile, Incertain, Complexe et Ambigu, il est devenu plus
difficile de manœuvrer, que ce soit pour les États ou pour les organisations. Ce
changement d’axe influe sur la question des compétences et donc des soft skills.
CHAPITRE 2
La révolution digitale
Executive summary
• Nous sommes rentrés dans une nouvelle ère que l’on peut qualifier de révolutionnaire.
Cette évolution de l’humanité n’est pas en soi gênante dès lors qu’on la vit comme une
nouvelle mutation sociale.
• Cette nouvelle étape de l’humanité est aussi une révolution industrielle, c’est-à-dire une
période où les principaux changements sont générés par des nouvelles technologies.
Celles-ci demandent une nouvelle maîtrise et posture.
• Cette révolution est aussi d’ordre organisationnelle. L’entreprise digitale n’est pas
une simple adaptation de modèle d’affaire. C’est une mutation anthropologique et
managériale.
UNE PÉRIODE DE CHANGEMENTS
L’Homo sapiens a terrassé tous les concurrents. Mais malgré tout, pendant
des milliers d’années, la trajectoire de l’humanité a été relativement plate.
Source : Wikipedia – Human Overpopulation
Figure 2.1 – La population mondiale depuis la Préhistoire
TÉMOIGNAGE
World Economic Forum
« Nous sommes à l’aube d’une révolution technologique qui va fondamentalement changer nos
relations aux autres ainsi que notre façon de vivre et de travailler. Ces changements, dans leur
importance, leur portée et leur complexité, ne ressembleront en rien à ce que l’humanité a pu
connaître jusqu’alors. »
Cette quatrième révolution industrielle – celle dans laquelle nous rentrons et qui bouleverse tout
ce que nous connaissions de l’économie, du travail et des compétences – peut aussi être
qualifiée de « deuxième âge des machines ». Dans Le deuxième âge de la machine. Travail et
prospérité à l’heure de la révolution technologique, Brynjolfsson et McAfee font en effet un
constat équivalent : « nous vivons aujourd’hui le deuxième âge de la machine. L’ordinateur et
les diverses technologies numériques font pour ce que j’appellerai la puissance intellectuelle –
la capacité d’utiliser notre cerveau pour comprendre et façonner notre environnement – ce que
la machine à vapeur et ses rejetons ont fait pour la force musculaire. »
Un constat doit être fait avant d’aller plus loin dans notre ouvrage. Si nous
acceptons l’idée que nous venons d’entrer à pieds joints dans une nouvelle
révolution industrielle – la quatrième ou seulement dans la deuxième –,
alors au-delà du chiffre, une évidence se fait jour pour notre sujet. Les
ruptures technologiques actuelles, comme l’intelligence artificielle, le big
data, etc. – nous y reviendrons plus tard dans l’ouvrage – vont faire faire un
nouveau bond à l’humanité qui ne sera pas sans conséquence sur notre
manière de vivre et de travailler, et donc sur les compétences. L’objet de cet
ouvrage est bien de tenter d’en expliquer le pourquoi et le comment. Le
fruit de cette nouvelle évolution est ce que nous appelons les soft skills.
Faut-il craindre ce futur ? Pas forcément.
Nous sommes rentrés dans une nouvelle phase de la vie en société. Comme
nous venons de le voir, l’histoire de l’humanité a déjà su s’adapter aux
précédentes ruptures industrielles et dès lors, peut-être que toute cette
histoire n’est qu’une question d’adaptation. Ce qui est certain, c’est que les
hommes vont devoir dans un premier temps minimiser les premiers impacts
du changement, pour pouvoir profiter le plus vite possible des différentes
opportunités qui vont s’offrir à eux.
Des changements à court terme
Il est coutume de diaboliser la révolution digitale. D’abord car elle est
synonyme de mutations à la fois majeures et durables : changement de
l’offre, transformation des usages, glissement des valeurs… Ce sont bien
des changements pour lesquels il y a lieu au minimum d’être attentif ; au
pire de s’en plaindre. Cette révolution semble, en effet, donner naissance à
un ensemble d’innovations dont les premières conséquences sociales
seraient de faire disparaître un nombre important de métiers et d’emplois.
Dans cette perspective, il est plus que normal de s’alarmer. Mais faisons
quelques constats plus nuancés.
Tout d’abord, il est certain que l’émergence du modèle d’affaire des
plateformes digitales entraîne des bouleversements sociaux importants.
Dans l’ouvrage Ubérisation, un ennemi qui vous veut du bien ?, Denis
Jacquet et Grégoire Leclercq font le constat que toutes les conditions de
tensions systémiques majeures sont aujourd´hui réunies pour que, dans un
premier temps effectivement, cette révolution soit destructrice d’emplois.
« L’économie de l’emploi est progressivement remplacée par une économie
d’activité dans laquelle de nouveaux intermédiaires aident notamment les
sans-emploi à trouver un client. » Ce nouveau paradigme industriel est en
effet inquiétant car il a pour conséquence de sonner la fin de notre système
d’équilibre économique actuel : jusqu’ici notre société reposait sur une
croissance qui générait de l’emploi, qui favorisait alors une élévation
sociale, qui offrait alors à tous un maximum de sécurité, etc. Si aujourd’hui
le service que vous proposez génère un revenu minimum sans pour autant
créer un emploi derrière l’activité exercée… alors le système social actuel
ne tient plus.
Deuxième conséquence de la révolution actuelle, cette nouvelle chaîne de
valeur, ces nouveaux acteurs économiques du marché semblent a priori
créer un nombre limité d’emplois. Ce deuxième constat est important. Si
nous assistions simplement à une période de « destruction créatrice », chère
à l’économiste Schumpeter, alors les éléments de notre paragraphe
précédent ne seraient pas si inquiétants. Après tout, les précédentes
révolutions ont montré que les premiers emplois détruits pour les
innovations contemporaines ont vite été remplacés par de nouveaux. Ceux
qui travaillaient à fabriquer des chandelles ont pu – même si ce ne sont pas
forcément les mêmes personnes qui sont en réalité concernées – travailler à
fabriquer ensuite des ampoules. Or, lorsqu’une entreprise comme Airbnb
s’attaque à un marché détenu précédemment pour un acteur comme Hilton,
les ressources clés nécessaires dans ce nouveau modèle économique ne sont
pas les mêmes. Pour lancer la start-up Airbnb, il vous faut principalement
une petite équipe de développeurs web et des designers pour rendre fluide
l’expérience digitale – là où l’empire Hilton a construit son modèle sur
l’acquisition et la gestion d’hôtels en dur, demandant un maximum de
personnel physique.
Ainsi, la troisième conséquence inéluctable – car elle découle des deux
précédentes – est d’ordre moins personnelle mais plus macro-économique :
on assiste à un appauvrissement de la classe moyenne. Une économie avec
moins d’emplois pour faire tourner ces nouvelles plateformes peut
accentuer les inégalités sociales, voire créer une véritable fracture digitale :
soit vous êtes urbain, diplômé, geek et dès lors vous êtes dans le camp de
ceux qui vont profiter de cette nouvelle révolution industrielle ; soit vous
risquez de rejoindre le camp de la classe paupérisée pour laquelle il n’y a
plus d’activité locale non urbaine puisqu’elle est mondialisée.
TÉMOIGNAGE
Fabien Risterucci, Digital Finance Watch et Management stratégique de l’information
« Ces nouveaux schémas directeurs, imposés et favorisés par le monde digital, requièrent des
attitudes nouvelles, des qualités renforcées dans le domaine des soft skills : capacité
d’adaptation, créativité, curiosité, mobilité, apprentissage tout au long de la vie. »
La transformation des entreprises ne peut se faire sans une adaptation des compétences de ses
acteurs. Tous agiles, tous inspirés par les start-up, tous créatifs et engagés ? Quelles
conséquences alors sur les compétences ?
AVIS D’EXPERTE
Camille Larroze-Chicot, co-fondatrice de Les Leonards
EN CONCLUSION
Quand nous ne savons pas de quoi demain sera fait en termes de métiers et de projets, nous
avons, au moins, la responsabilité de connaître nos armes et capacités actuelles.
Toutes les entreprises doivent s’intéresser de plus près à leur unique ressource productive : les
humains qui travaillent pour et avec elles.
Dans le flou extérieur, il faut regarder la lumière intérieure.
Celle s’applique à l’homme, comme à l’entreprise.
Les propos de cet entretien ont été recueillis par Jérôme Hoarau.
L’ESSENTIEL
+ Nous amorçons une nouvelle étape de la mutation de l’humanité. Que l’on parle de
quatrième révolution industrielle ou de deuxième âge des machines, cette révolution est
bien technologique.
+ Cette révolution industrielle conduit bien évidemment à des bouleversements économiques
qu’il faut anticiper le plus possible pour en réduire les effets négatifs. Mais l’humain peut
trouver une place qui sera alors génératrice d’opportunités.
+ Ces premières opportunités profitent aujourd’hui aux grandes entreprises digitales. Mais
tous les autres acteurs économiques sont en train d’adopter les mêmes usages. Ces
nouvelles règles du jeu doivent s’accompagner d’un questionnement relatif
aux compétences.
CHAPITRE 3
L’avenir du travail
et des compétences
Executive summary
• L’emploi fixe comme nous le connaissons depuis des décennies risque très
certainement d’être modifié par l’actuelle révolution digitale. Et un grand nombre
d’emplois sont susceptibles de disparaître sans être remplacés.
• Pour autant, une économie du travailleur indépendant n’est pas uniquement
synonyme de conséquences négatives. Pour ceux qui sauront entretenir, développer et
valoriser leurs compétences clés, un avenir plus profitable est possible.
• Il est important de diffuser les soft skills dans les référentiels de métiers, de
compétences et dans les caractéristiques des futurs métiers.
QUEL FUTUR POUR LE CDI ?
Une fois n’est pas coutume, commençons par les apparentes mauvaises
nouvelles : dorénavant, la meilleure manière de prendre à la fois de bonnes
résolutions et de vite oublier les fêtes de Noël, est de suivre les conclusions
annuelles de l’OCDE et du Forum de Davos lorsqu’ils se penchent sur le
futur du travail. Depuis plusieurs années, leur constat est similaire : la
quatrième révolution qui s’ouvre va avoir un impact sur l’emploi. Bien
entendu, il va falloir redessiner nos activités et entreprises avec davantage
d’automatisation. Mais cette automatisation ne serait pas ce qui va infléchir
le plus le monde du travail comme nous le connaissons. Ce sera plus
certainement le remplacement des salariés par des travailleurs indépendants.
Tout le problème vient du fait que l’on a longtemps cru que la croissance
était la conséquence immédiate d’une révolution industrielle. Pour certains,
l’effet bénéfique a joué. Mais on a découvert récemment que ce n’était pas
aussi systématique, en particulier à l’occasion de la troisième révolution de
l’électronique et de l’informatique. Si cette période a conduit les principaux
acteurs majeurs de l’industrie à se mondialiser, il n’en demeure pas moins
que les progrès de productivité qu’ils étaient censés apporter à l’ensemble
de l’économie, et donc à l’emploi, ne sont pas apparus. Le prix Nobel
d’économie Robert Solow s’en est même étonné en se demandant où était
passé « l’effet d’ordinateurs ». C’est donc bien avec un bilan négatif sur
l’emploi que s’est terminée la dernière ère industrielle, avant que n’arrivent
les innovations destructrices de valeurs de la nouvelle révolution. Moins
d’emplois et moins de crises systématiques – mais donc paradoxalement
pas d’effet de « purge » d’un système – ont formé un socle très fragile au
moment où de nouvelles ruptures technologiques sont venues rebattre les
cartes de l’économie et de l’emploi.
Dès lors se pose la question réelle, dans de nombreux pays, de l’évolution
possible de l’emploi en général et des statuts proposés en particulier.
TÉMOIGNAGE
Yann Moulier-Boutang, économiste
« La situation atteint une zone de rupture : bientôt l’emploi salarié classique (contrat à durée
indéterminée) constituera-t-il un privilège réservé à une minorité de la population ? »
La croissance va booster En économisant sur les charges, Bien gérées, mes compétences
les salaires. les entreprises vont pouvoir seront rentables.
rémunérer à la hausse les meilleurs
talents.
Les travailleurs indépendants de La mise à jour permanente des
Chacun sera responsable
demain auront leur réussite en compétences sera le seul gage
de son succès.
main. de succès.
Tableau 3.1 – Impact possible sur les compétences de la montée d’une économie des freelances
○ Si vous avez un score supérieur à 70, il semble que votre métier actuel n’est pas
directement menacé. Restez cependant vigilant et continuez d’apprendre !
○ Si vous avez un score compris entre 50 et 70, il est recommandé que vous anticipiez des
pistes d’évolution pour votre avenir professionnel. Sur quoi pouvez-vous capitaliser
aujourd’hui pour construire et ne pas subir un changement professionnel prochain ?
Quelles soft skills et quelles hard skills développer à moyen terme pour exercer un
nouveau métier ou un métier « actualisé » ?
○ Si vous avez un score inférieur à 50, il est urgent que vous preniez votre avenir
professionnel en main.
Réfléchissez dès maintenant aux compétences dont vous avez besoin aujourd’hui et demain
pour votre avenir professionnel. Créez-vous un vrai plan d’entraînement afin de pouvoir vous
adapter rapidement à cette situation changeante.
Bien entendu, il s’agit d’un petit test de réflexion, il n’est pas à prendre au pied de la lettre.
Il vous aide à vous poser les questions afin d’anticiper les pistes d’amélioration à mettre en
place dès aujourd’hui pour vous adapter aux défis de demain.
AVIS D’EXPERT
Uriel Megnassan, coach emploi et fondateur de Carrière Punch, auteur4
Les propos de cet entretien ont été recueillis par Jérôme Hoarau.
L’ESSENTIEL
+ De nombreuses études tendent à prouver que la nouvelle révolution digitale va avoir de
nombreux impacts sur le marché de l’emploi tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Pourtant toutes les conséquences ne seront pas forcément négatives.
+ L’emploi fixe – le CDI – comme nous le connaissons aujourd’hui risque d’être fortement
chahuté. Mais, là encore, les changements ne seront pas destructeurs de valeur pour tout
le monde. Pour ceux qui sauront mettre en avant leurs compétences clés, les bénéfices
pourront être réels.
Entrepreneur : un métier
d’avenir ?
Executive summary
• Les pompiers, astronautes, pilotes de course ont des soucis à se faire. Ils ont en
effet été détrônés des métiers qui font rêver dans le cœur des adolescents. À la question,
« que veux-tu faire plus tard ? », les millenials répondent : « je veux être Elon Musk ou
Steve Jobs ! ».
• L’entrepreneur n’est plus seulement une catégorie socioprofessionnelle ; c’est
aujourd’hui un projet de vie, une quête de valeur et de sens.
Les entrepreneurs ont la cote depuis quelques années en France !
D’après une étude réalisée par Opinion Way en 2017 et présentée lors du
Salon des entrepreneurs1, « l’envie de créer est plus forte chez les jeunes :
46 % des 18-24 ans en ont l’ambition, dont 42 % d’ici deux ans. Au total,
un Français sur quatre envisage de créer, de reprendre une entreprise ou de
se mettre à son compte (25 %). Cela représente plus de 13 millions de
Français ».
Mais qu’est-ce qui se cache réellement derrière ce terme « entrepreneur » ?
Quel est le lien entre entreprendre et les soft skills ?
Audace
L’audace est une soft skill indispensable au xxie siècle, quel que soit son
métier ou sa situation professionnelle. C’est cette compétence qui permet de
dépasser des difficultés, d’oser mettre en place des solutions innovantes,
d’anticiper et de rester proactif. L’audace est à la source des innovations.
Sans audace, une personne ne pourra pas saisir les nouvelles opportunités
qui se présentent à elle ; elle ne pourra pas sortir du statu quo et évoluer ;
elle ne pourra pas s’adapter à un nouvel environnement ou à un nouveau
défi3.
Pourquoi l’audace est-elle une soft skill ? Car il s’agit d’une compétence
que l’on peut développer : plus on ose relever de nouveaux défis, plus on
devient audacieux. C’est également un comportement que l’on choisit
d’adopter. Enfin, l’audace est une aptitude et une attitude utile dans un
grand nombre de situations : c’est une compétence transversale.
Vision
Michel Meunier, ancien président du CJD France (Centre des jeunes
dirigeants), donne « trois conseils4 » pour les personnes entreprenantes :
« Anticipez, anticipez, anticipez ».
« Dans ces périodes de crises, de difficultés pour beaucoup de chefs
d’entreprise, il y a un besoin de plus en plus important de compréhension
du contexte, qu’il soit macro ou micro, français, européen ou mondial. Il
faut muter pour faire évoluer le système. Je pense que l’anticipation, la
prise de recul, la capacité à se mettre en haut de la montagne, parfois même
avoir la tête dans les étoiles permet de mieux avoir les pieds dans la glaise.
Cette prise de recul permet l’innovation qui n’est pas uniquement
technologique. Elle permet aussi d’avoir une vision, une stratégie qui aide à
faire la différence avec les concurrents en adoptant un point de vue différent
du contexte. »
S’entraîner à anticiper permet de muscler sa soft skill « vision ». Un des
réflexes à adopter pour cela consiste à prévoir des plans B pour un scénario
donné. Si par exemple vous souhaitez lancer un nouveau site Internet avec
l’outil Wordpress, prévoyez également la possibilité de le faire avec
d’autres outils comme Wix afin de vous préparer à des imprévus (par
exemple un manque de temps, une difficulté non-anticipée, etc.).
Grâce à cette bonne pratique, vous vous sentez davantage prêt pour l’avenir
et par conséquent plus optimiste. Cet exercice d’anticipation peut générer
un meilleur état d’esprit face aux imprévus.
Motivation
La motivation est l’énergie humaine qui permet de passer à l’action. Elle
peut être vue à travers deux dimensions :
Persévérance
La persévérance est la capacité à agir dans la durée malgré les difficultés.
C’est cette autodiscipline, reposant sur la force de volonté, qui permet de
garder le cap et de continuer d’aller en avant quand nous faisons face à un
échec.
Voici quelques exemples de persévérance par l’autodiscipline :
- etc.
Comme vous pouvez le lire, l’autodiscipline forge des habitudes permettant
d’atteindre ses objectifs.
La persévérance repose également en grande partie sur l’optimisme, car ce
dernier permet de croire en un meilleur futur, stimulant ainsi l’envie d’agir.
Par exemple, anticiper une nouvelle opportunité face à un échec est une
attitude audacieuse et optimiste générant de la persévérance.
Adaptabilité
« L’intelligence, c’est la faculté d’adaptation. »
André Gide
Le métier d’entrepreneur
« Avoir le courage d’entreprendre quelque chose est l’un des principaux
facteurs du succès. »
James A. Worsham
Voici l’interview d’un expert en la matière afin d’avoir une meilleure vision
du métier d’entrepreneur et d’indépendant en France.
AVIS D’EXPERT
Daniel Pardo, fondateur de Flexi-Entrepreneur et auteur7
Les propos de cet entretien ont été recueillis par Jérôme Hoarau.
L’ESSENTIEL
+ Tout le monde peut développer un état d’esprit entreprenant, ainsi que les soft skills
permettant de rester proactif et orienté solution.
+ Un indépendant peut choisir son statut suivant ses avantages pour exercer son métier.
+ Le travail en mode mission amène à développer des soft skills liées à l’esprit
d’entreprendre.
+ Les entreprises sont elles aussi amenées à s’adapter au travail en mode mission dans lequel
elles font de plus en plus souvent appel à des indépendants.
PARTIE 2
L’IA, ACCÉLÉRATEUR
DE SOFT SKILLS
« Ces machines nouvelles tendent non pas à remplacer l’énergie et le
pouvoir de l’humain par ceux de la machine, mais à remplacer le jugement
humain à tous les niveaux, sauf au niveau le plus élevé. »
Norbert Wiener, père de la cybernétique, 1949
Demain, nous serons beaucoup « plus » que ce que nous sommes aujourd’hui. Nous serons partout à
la fois avec la réalité virtuelle. Nous aurons accès à de plus en plus de données. Mais surtout,
l’intelligence sera gratuite. Et c’est une bonne nouvelle pour bien des problèmes de la vie
quotidienne : la gestion des déchets, les problématiques de sécurité, l’anticipation des maladies…
Mais c’est aussi une révolution qui s’annonce pour tous ceux qui avaient fait de l’intelligence leur
proposition de valeur sur le marché. Qu’est-ce qu’un avocat ? Un homme ou une femme capable
d’analyser une situation, d’en faire ressortir les données clés et ainsi de le rapprocher de solutions
connues. Demain (et pour certains domaines, c’est déjà aujourd’hui), la machine pourra très bien
s’acquitter de cette tâche sans peine et plus rapidement. Il est important de comprendre que l’IA – au-
delà des perspectives d’emprise du monde par un « skynet » – est une rupture technologique qui va
bouleverser nos vies et donc nos compétences. L’IA, plutôt que d’être l’ennemie de l’homme,
a vocation à être la nouvelle grille d’analyse des compétences. De la même manière, combinée aux
autres ruptures technologiques disponibles sur le marché, nous allons voir comment l’humain a
vocation à être « augmenté » pour devenir un être doté de compétences à la fois artificielles et
humaines.
CHAPITRE 5
Executive summary
• L’intelligence artificielle est une science qui n’est plus de l’ordre de la fiction, mais bien
de celui de notre quotidien. Son évolution actuelle en fait une des ruptures majeures des
prochaines années.
• L’intelligence artificielle va surtout être un concurrent direct pour les compétences
des humains. En effet, la puissance d’analyse actuelle de ce nouveau mode de pensée
artificielle est en voie d’offrir une alternative aux tâches les plus précises.
UNE BRÈVE MISE À JOUR SUR L’IA
Illustration
Fin 2017, AlphaGo, l’intelligence artificielle de Google, a été mise à jour afin de donner
naissance à AlphaZero. Les performances de la seconde sont bien évidemment supérieures à
son aînée. Mais l’innovation principale vient surtout dans sa manière d’apprendre. Au lieu
d’apprendre à partir d’une base de données, elle est créée selon l’objectif qu’elle doit résoudre.
Ainsi, par exemple, en matière de jeu d’échec, la nouvelle IA n’est pas « éduquée » à partir de
la somme des parties jouées par des humains ; mais elle a été programmée avec les règles du jeu
et des algorithmes. La différence est majeure puisque dès lors l’IA a appris « seule » et en
jouant « contre elle-même ». Le résultat est époustouflant : il a fallu à peine 4 heures pour que
AlphaZero devienne un maître aux échecs. Et seulement 8 heures d’auto-apprentissage ont été
nécessaires pour battre la dernière version d’AlphaGo au jeu de go.
Il existe des histoires qui servent autant à nous donner de l’information qu’à
fixer notre attention sur une évolution qui marque notre mémoire. Une fois
qu’on les a lues, on s’en souvient, on les raconte ; et c’est en les racontant
encore et encore à son entourage qu’on finit par mieux en saisir le sens et
l’importance.
Pour comprendre les enjeux du possible de l’IA, il y a une histoire tout à
fait saisissante qui en elle-même résume toutes les autres. Il s’agit de la
dernière victoire retentissante de la machine sur les joueurs de go.
Il y a encore quelques années, l’histoire que l’on racontait pour donner du
sens à l’arrivée de l’intelligence artificielle dans nos vies était celle de la
défaite retentissante de Gary Kasparov devant l’intelligence de Deep Blue,
la machine intelligente d’IBM. Tout le monde connaît cette histoire.
Seulement celle-ci a déjà plus de vingt ans. Il fallait donc un nouveau point
de fixation pour stigmatiser une nouvelle marche franchie récemment par la
machine sur l’homme. Et celle-ci est énorme.
La victoire de la machine dotée d’une intelligence artificielle sur l’homme
en matière de jeu de go est en réalité l’effondrement de l’avant-dernier
bastion derrière lequel se retranchait la suprématie de l’intelligence
humaine. Jusque-là on pouvait dire : « Oui la machine est forte puisqu’elle
bat l’homme aux échecs. Mais si ce jeu demande une capacité d’analyse
extrême, sa complexité n’est rien comparée au jeu de go ». Et voilà, que la
grande muraille s’effondre. Après cela il ne restera plus que l’intelligence
forte qui dotera la machine d’une conscience.
Pour savoir si une IA pourra exercer des compétences structurées,
et demain à mes côtés dans mon activité professionnelle, il suffit de parler
quelques instants de la complexité de ce jeu. Dès lors, vous pourrez la
comparer à la difficulté de la tâche que vous aimeriez demain déléguer à un
tiers dans votre métier actuel.
Edward Lasker, maître international historique d’échec – mais aussi joueur
de go – avait une formule devenue célèbre pour comparer les deux jeux :
« les règles baroques des échecs n’ont pu être inventées que par des
humains, mais les règles du go sont si élégantes, si organiques et d’une
logique si rigoureuse que, s’il existe des formes de vie intelligente ailleurs
dans l’univers, elles jouent certainement au go. »
Sans rentrer dans les détails, une simple description du jeu permet d’en
deviner la complexité : deux joueurs s’affrontent devant un plateau de bois
– goban –, découpé de 19 lignes qui croisent 19 autres lignes.
À l’intersection de ces lignes, les joueurs doivent déposer chacun à leur tour
une pierre noire ou blanche – selon sa couleur d’origine comme aux
échecs – sur le plateau. Dès qu’une pierre ou un ensemble de pierres est
entourée par les pierres adverses de telle manière que cet encerclement les
étouffe et les prive de liberté, elles sont considérées comme « capturées » et
retirées du plateau. Le parallèle militaire est assez facile à faire : dès que
vos troupes se trouvent encerclées par l’ennemi, leur rémission les rend
impropres à rester dans la bataille. Le vainqueur du jeu est alors celui qui
occupe le territoire de son ennemi rendant l’issue de la victoire certaine.
Tout cela est assez simple à première vue. Mais si on combine la taille du
plateau (plus grande qu’un plateau d’échec) et les très nombreuses
possibilités qu’ont les joueurs de déposer librement une pierre sur ce dernier
(vous n’êtes pas tenu, comme aux échecs, de partir de votre camp et de
piloter vos pièces en tenant compte de leur trajectoire arrêtée), les
combinaisons sont presque infinies. On estime qu’il y a près de 2 × 10170 (il
s’agit bien du chiffre 2 suivi de 170 zéros) de positions possibles sur un
plateau normal de jeu de go. Si on poursuit notre comparaison avec le jeu
d’échecs, ce dernier est encadré par ce qu’on appelle « le nombre de
Shannon », c’est-à-dire 10120. C’est le nombre de parties différentes
possibles pour ce jeu. Pour le calculer, on part du principe que, lors du
premier coup, les blancs peuvent choisir entre 20 possibilités. Les noirs
peuvent ensuite répondre en commençant par le même nombre de coups.
Cela nous donne une première combinaison de 20 × 20 soit 400 coups après
le premier coup de chaque joueur. Pour la suite et les cinq coups suivants,
vous avez compris, il existe 20 possibilités pour chaque joueur. Puis il faut
compter 30 variantes possibles pour chaque joueur pendant le reste de la
partie. En admettant qu’une partie dure en moyenne 40 coups, nous
obtenons donc pour le nombre de parties différentes :
(20 × 20)5 × (30 × 30)35. On obtient donc un chiffre proche du nombre de
Shannon. Mais ce dernier est bien inférieur à celui estimé pour le jeu de go.
Tâchons de résumer le message en termes simples : hier, une partie de mon
activité professionnelle demandait de comparer des indicateurs financiers,
d’analyser les derniers arrêts de la Cour de cassation pour rédiger mes
conclusions juridiques, de répartir dans un tableau de pilotage les heures de
facturation relatives à un chantier… rien de comparable en termes de
complexité avec le jeu de go. Et donc rien de complexe pour une IA faible
bien affectée à une tâche précise. Dès lors, deux questions doivent vous
venir en tête : ne seriez-vous pas tenté demain de demander à la machine de
faire ces tâches plutôt qu’à votre collaborateur ? Et par voie de
conséquence : quelles tâches, et donc quelles compétences mon
collaborateur a-t-il pour justifier sa place à mes côtés ?
L’ESSENTIEL
+ L’intelligence artificielle est la rupture majeure de la nouvelle révolution digitale dans
laquelle nous sommes entrés. Son objet est de pouvoir exercer des tâches comme pourrait
le faire l’homme avec son intelligence.
Executive summary
• À côté de l’IA, d’autres technologies prennent une place de plus en plus importante
dans notre quotidien. Ceci se traduit par une fusion inéluctable entre l’homme et la
machine, à terme.
• L’homme augmenté sera en capacité de faire plus de choses qu’avant avec moins
d’efforts ; mais ce sera surtout celui qui aura décidé de faire de ses compétences
humaines le vrai vecteur de différence d’avec la machine.
LA FUSION INÉLUCTABLE
HOMME-MACHINE
Un des éléments majeurs qui explique que nous entrons dans une nouvelle
ère des soft skills se trouve dans la prise de conscience de la réalité de
l’actuelle et nouvelle révolution industrielle. Et le grand responsable en est
encore une fois la technologie. Nous avons eu l’occasion d’aborder ces
deux points dans nos chapitres précédents.
De la même manière, nous avons évoqué comment et combien
l’intelligence artificielle allait devenir la grille d’analyse principale de
l’économie et du travail de demain.
Pourtant, cette révolution – notez bien le mot révolution et pas évolution –
est porteuse d’autres ruptures technologiques connexes qui vont décupler
l’accélération déjà en marche. Si tout exercice de taxinomie est subjectif,
nous aimerions attirer votre attention sur trois objets de rupture qui sont,
selon nous, complémentaires et difficilement dissociables de l’IA, en ce
qu’ils illustrent un changement de notre futur quotidien. Il faut donc
évoquer maintenant :
Le big data
La définition officielle nous dit que ce sont « des données structurées ou
non dont le très grand volume requiert des outils d’analyse adaptés ».
Concrètement, cela signifie que nous avons de plus en plus souvent « une
grande masse de données » sur un sujet, un produit ou un service, et que
leur quantité est en fait trop importante pour être traitée de manière
traditionnelle. Le big data se caractérise, dans un premier temps, par ce que
certains appellent les 3 V : Volume, Variété et Vélocité (c’est-à-dire la
vitesse à laquelle les données arrivent).
La réalité virtuelle
D’un point de vue technique, la RV (réalité virtuelle) prend la forme
aujourd’hui de casques équipés de lentilles stéréoscopiques qui permettent à
un utilisateur de s’immerger dans un univers d’images réalistes. Mais dans
très peu de temps, cette immersion devrait être enrichie par des
compléments sur les autres sens. En effet, si actuellement cette technologie
se focalise essentiellement sur la vision, à l’avenir, le retour haptique – ces
petites vibrations qui vous « confirment » que vous avez bien touché votre
écran tactile ou par exemple, sur Android, que vous avez atteint la fin d’une
liste – pourrait offrir de nouvelles possibilités en proposant des sensations
supplémentaires.
Internet des objets Il n’y a pas que les humains Ma montre connectée fournit
qui communiquent ; les objets des données santé à moi-même
aussi. et à mon assureur.
Toutes ces technologies sont d’ores et déjà sur le marché entre les mains à
la fois de leurs développeurs et des utilisateurs. Demain, vous arriverez
dans une soirée peuplée d’inconnus en vous permettant malgré tout
d’interpeller au buffet une personne en lui disant : « Ha !?! Vous aussi vous
avez fait la fac de droit de Tours ? Et vous aimez le vin espagnol !… », rien
ne vous sera plus inconnu… Avant de déménager demain, vous visiterez
plusieurs appartements à l’aide de votre casque de RV sans même quitter le
confort de votre canapé. Vous parlerez à votre réfrigérateur le soir pour lui
demander ce qu’il vous propose comme dîner en fonction de ce qu’il a sur
ses étagères. Et s’il manque un ingrédient particulier, il pourra vous le
commander directement au livreur en ligne.
Imaginez tous les changements que ces nouvelles technologies vont nous
apporter. Elles vont aussi devenir les nouveaux leviers de la performance
des entreprises. Elles vont prendre place naturellement dans nos vies, à la
maison ou au travail. Et celles-ci s’en trouveront à jamais transformées.
Tous les acteurs économiques vont devoir apprendre des nouveaux géants
du Web. En effet, tous font reposer leur activité et leur business model sur
la multiplication de la data et le traitement par l’IA. Sans ces données et
sans une solution pour traiter cette quantité d’information, leur activité ne
fonctionnerait pas. Tous ont dans leur laboratoire de nouveaux objets
connectés et des programmes sur la réalité virtuelle. C’est à partir de ces
technologies que pas-à-pas, brique par brique, notre futur est en train de se
construire.
Avec le big data, fini le recours aux statistiques pour estimer de manière
imprécise l’avenir de votre activité. En s’intégrant à tous nos objets
environnants, les capteurs et l’IA vont nous faire entrer dans un Internet
ambiant. Enfin les nouvelles réalités augmentées ou virtuelles vont nous
permettre d’abolir le temps et l’espace.
Ainsi, prêtons-nous quelques instants à un petit jeu simple sur la base du
paragraphe ci-dessus : faut-il encore apprendre les statistiques en école de
commerce ? Faut-il encore former des chauffeurs routiers à l’heure où les
camions pourront communiquer entre eux et avec le centre de pilotage ?
Enfin, faut-il encore apprendre une langue étrangère et prendre l’avion
puisque demain la traduction sera simultanée et ma présence virtualisée via
un hologramme ou autre ? On perçoit maintenant combien ces avancées
technologiques vont poser la question des compétences techniques ou non à
l’avenir.
FONCTIONS
QUESTIONNEMENTS
PROPOSÉES ILLUSTRATIONS
POUR L’HUMAIN
PAR LA MACHINE
FONCTIONS
QUESTIONNEMENTS
PROPOSÉES ILLUSTRATIONS
POUR L’HUMAIN
PAR LA MACHINE
Plus d’analyse Je détecte les besoins conscients et Quid des marketeurs et spécialistes
marketing inconscients de mes clients. des études.
L’ESSENTIEL
+ La période actuelle prend la direction d’une fusion inéluctable entre l’homme et les
machines qui prennent place dans tous nos quotidiens. Aux côtés de l’IA, le big data,
l’Internet des objets et la réalité virtuelle sont aussi d’autres technologies qui accélèrent
notre mutation.
+ Cet environnement nouveau provoque une mutation de l’homme qui l’habite. Nous
devenons ou allons devenir des hommes et femmes augmentés par ces nouvelles
technologies digitales. La principale conséquence sera de redessiner le périmètre
des compétences afin de décider ce qui sera exclusivement confié à la machine et ce qui
sera l’apanage de l’homme, à savoir les soft skills.
PARTIE 3
LES SOFT SKILLS AU CŒUR
DE L’ENTREPRISE
« Les deux jours les plus importants de votre vie sont le jour où vous êtes
né, et le jour où vous découvrez pourquoi. »
Marc Twain
Executive summary
• L’intelligence émotionnelle est une soft skill que chacun peut entraîner et qui peut
transformer vos relations interpersonnelles.
• Il existe un lien intime entre le flux de nos pensées et le flux de nos émotions. À la
manière des sportifs de haut niveau, vous apprendrez à distinguer deux grandes
catégories de pensées, celles qui auront plutôt tendance à vous procurer des émotions
agréables, et celles, au contraire, qui seront souvent à l’origine d’émotions désagréables.
• Enfin, vous découvrirez le caractère potentiellement contagieux de nos émotions, et
la façon dont vous pouvez adapter votre attitude pour anticiper cette possibilité et mieux
gérer vos émotions au sein d’un groupe.
« Avant, nous pouvions nous disputer sur la question de savoir
si une machine était capable de penser. La réponse est “Non”.
Ce qui pense est un circuit au complet comprenant, par exemple,
un ordinateur, un opérateur humain et un environnement. »
Gregory Bateson
Si l’on fait référence aux diverses définitions que l’on peut trouver de
l’intelligence, telles que celles du Larousse : « Aptitude d’un être humain à
s’adapter à une situation, à choisir des moyens d’action en fonction des
circonstances » ou encore « Personne considérée dans ses aptitudes
intellectuelles, en tant qu’être pensant », on s’aperçoit que la notion
d’intelligence s’inscrit dans une dimension humaine, notamment
caractérisée par l’activité de penser. En cela, l’idée même de ce que l’on
nomme « l’intelligence artificielle » n’a pas de véritable sens, puisqu’elle
associe la notion d’intelligence à quelque chose qui n’est pas humain. Notre
volonté n’est pas ici d’ouvrir un débat sur la pertinence du terme
« intelligence artificielle », terme communément accepté au sein des
communautés scientifiques et plus largement dans le vocabulaire courant,
mais plutôt de ne pas réduire la notion d’intelligence au simple quotient
intellectuel ou encore au potentiel même insoupçonné que pourrait avoir un
super-algorithme.
Nous pouvons à ce propos mettre en avant l’étymologie du terme
« intelligence » qui vient du latin « intelligentia » correspondant à la
« faculté de percevoir et de comprendre ». La faculté de percevoir
correspond à la capacité de prendre connaissance des éléments qui nous
entourent par le biais de nos sens.
Nous voyons donc difficilement comment associer de façon cohérente la
notion d’intelligence à un algorithme qui ne possède pas de « sens » et qui
ne peut « percevoir ». L’intelligence humaine reste inégalable sur ce plan,
qui lui permet par exemple de faire preuve d’empathie.
Par ailleurs, et sachant que le cerveau humain est capable de plasticité
neuronale, l’éventail d’aptitudes, et notamment les soft skills, que celui-ci
peut développer, laisse entendre que l’intelligence humaine n’est
certainement pas un concept figé. Nous allons voir dans ce chapitre qu’elle
possède justement un potentiel de développement qui n’a rien à envier aux
performances promises des futurs algorithmes.
Pour explorer ce potentiel, osons donc ne pas restreindre le concept
d’intelligence à la simple capacité de logique, de raisonnement et de calcul,
et ouvrons-le à une précieuse aptitude dans la gestion des relations
interpersonnelles, aptitude que l’on nomme l’intelligence émotionnelle.
Popularisée par le célèbre psychologue américain Daniel Goleman,
l’intelligence émotionnelle est une compétence de plus en plus attendue
dans le monde professionnel, par les recruteurs notamment. Elle peut être
définie en quatre grands axes :
L’ESSENTIEL
+ Ce chapitre vous a permis de décrypter les principaux mécanismes de l’intelligence
émotionnelle. Par une meilleure compréhension de l’impact de nos pensées sur notre
dynamique émotionnelle, ainsi que par une plus grande maîtrise de celle-ci, il nous est
possible de devenir acteur de notre flux émotionnel.
+ Cette responsabilité que chacun(e) est à même d’endosser peut être déterminante dans nos
relations interpersonnelles. En effet, le mécanisme des neurones miroirs implique une
contagion potentielle de nos émotions, mais aussi une possibilité d’en impulser de
nouvelles afin de gommer celles qui pourraient être désagréables, pour nous et pour
autrui.
CHAPITRE 8
Executive summary
• Voici une partie volontairement provocatrice. Faut-il encore des humains dans
l’entreprise de demain ? Nous sommes conscients que cette question n’est pas très
sérieuse. Et bien évidemment, il y aura demain encore des hommes et des femmes dans
les entreprises.
• Mais à bien y regarder, l’exercice permet cependant de projeter des questionnements
intéressants : si on mélange taylorisme et IA, nous pouvons visualiser des entreprises
gagnant en productivité sur bien des plans. Cela ne sera pas sans conséquence.
LES ESSENTIELS DE LA RÉUSSITE DE VOTRE
ENTREPRISE
« Quand tu veux construire un bateau, ne commence pas par rassembler
du bois, couper des planches et distribuer du travail, mais réveille au sein
des hommes le désir de la mer. »
Antoine de Saint-Exupéry
Quel est le point commun entre IDEO, MUJI, Apple et Virgin Airlines ?
Leur capacité d’innovation. Même si, d’après Tom Kelley et Jonathan
Littman1, ces entreprises n’innovent pas de la même manière, ce sont les
capacités de créativité, d’adaptabilité et d’implémentation de leurs
collaborateurs qui ont permis à ces dernières de rebondir après une crise ou
au contraire de profiter d’une crise globale pour sortir leur épingle du jeu.
Or, qu’est ce qui permet l’innovation ?
Comme nous l’avons vu dans Le Réflexe soft skills2, à travers l’interview du
professeur Claude Ananou, l’esprit d’entreprendre naît de trois soft skills.
1. La curiosité :
AVIS D’EXPERT
Yannick Alain, fondateur de la NeuroBusiness School
✚ L’HUMAIN
Pour moi, il est important que chaque collaborateur sente qu’il progresse et évolue grâce à son
travail dans l’entreprise. Quand je développe une entreprise, j’ai toujours une intention claire :
que les employés évoluent aussi en plus du salaire. L’entreprise doit également aider les
personnes à se dépasser pour progresser, et ce notamment grâce à l’inspiration qu’on peut leur
apporter.
Cela me fait penser à une histoire qui m’inspire beaucoup : celle d’un célèbre milliardaire
américain qui a vu un de ses employés lui faire perdre 600 000 dollars. Et plutôt que de
licencier cette personne, il décida de le garder à son poste, à la grande surprise de son
entourage.
“Mais pourquoi tu ne l’as pas licencié sur le champ pour cette énorme erreur ?”
Voici sa réponse : “il vient de se former, je lui ai payé sa formation 600 000 dollars”. La valeur
de l’humain est inestimable et c’est cette valeur qui permet d’aller loin dans les aventures
entrepreneuriales.
✚ LE CASTING
L’humain est important, et ce qui est encore plus important, c’est de savoir mettre les bonnes
personnes à la bonne place. En effet, il arrive régulièrement que certaines personnes soient à la
mauvaise place, c’est-à-dire qu’elles n’aiment pas leurs tâches ou qu’elles ne se sentent pas
dans leur zone d’excellence. La bonne personne à la bonne place permet d’allier performance et
bien-être car elle peut déployer son plein potentiel et avoir des résultats tout en répondant à ses
envies et ses motivations.
✚ LE BIEN-ÊTRE
L’épanouissement des employés est une priorité avec une question en filigrane : comment
l’entreprise peut-elle rendre plus heureux ses employés ? Comme le dit Idriss Aberkane “tous
les employés heureux sont productifs, mais pas tous les employés productifs sont heureux”. On
ne peut pas espérer qu’une personne soit performante si elle est malheureuse.
C’est vraiment l’indicateur bonheur qui marche. C’est important de s’attacher à l’humain.
✚ LA VISION
J’aurais peut-être pu démarrer par cet ingrédient, car tout part de là, de la vision. Il est important
d’avoir une vraie vision, c’est-à-dire fédératrice. Chaque employé doit se sentir fier de
contribuer, peu importe la place qu’il occupe. Ce point me fait penser à une autre histoire qui
m’inspire : celle de la NASA à l’époque de la conquête de la Lune. Un journaliste était en
reportage pour réaliser des interviews d’ingénieurs et de personnes haut placées pour cette
mission. Dans la salle d’attente, il rencontre un balayeur très zélé et particulièrement
enthousiaste. Le journaliste lui demande : “Comment se fait-il que vous soyez si heureux de
balayer le sol ?”. La personne répondit “Moi aussi j’aide à aller sur la Lune, je suis balayeur et
j’aide à aller sur la Lune”. Quelques années plus tard, quand la France a lancé Ariane 4, la fusée
a explosé. Ce qui a provoqué l’explosion était une poussière dans le réacteur. Comme quoi,
chacun a sa part du colibri dans un projet, chaque personne peut contribuer à un projet à son
niveau et être fédérée par cette vision. Si cette vision est partagée, alors l’entreprise aura des
employés engagés à tous niveaux pour une performance optimale. Les Américains sont assez
avancés là-dessus, même s’ils ont plein de défauts.
Dans tous mes projets, je veux que mon staff soit fier de travailler pour moi, qu’il y ait de la
magie dans mes projets. Les collaborateurs qui travaillent bien, le font car ils ont envie de le
faire. La question est alors “Comment leur donner envie, comment les inspirer ?”
✚ LA STRUCTURE
La structure aide les personnes à travailler plus efficacement. Quand elles savent ce qui doit être
fait et comment le faire, alors tout est plus fluide. Les personnes ont besoin de cadre, car le
talent suffit jusqu’à un certain niveau, mais après il faut une structure, des procédures, afin que
tout le monde puisse travailler ensemble sereinement.
✚ LES PARTENAIRES
Enfin, la dimension humaine d’une entreprise ne s’arrête pas au niveau des collaborateurs, elle
rayonne au-delà, notamment avec les autres parties prenantes comme les partenaires ou les
prestataires, les personnes qui ne sont pas internalisées à l’entreprise. Il faut également très bien
les traiter (par exemple payer 100 % avant la commande), car plus il y aura du bien-être chez
eux, moins ils vont vous quitter.
Souvent, on se bat pour maintenir les personnes dans notre cercle, plutôt que de les inspirer à
rester. Si notre intention est de faire grandir chaque personne, on leur donne envie de rester, ce
qui fidélise.
Cela peut m’arriver de changer de prestataire, non pour un défaut de prestation mais
uniquement sur un défaut de valeurs. Par exemple, je me suis séparé d’un de mes prestataires
car il n’avait pas une valeur importante pour moi : la responsabilité. »
• Ego : comment est-ce que je me situe par rapport à mon ego entre 1 et 10 ?
• Mission : de quelle manière ceci aide-t-il à contribuer au monde entre 1 et 10 ?
• Business : comment puis-je arriver à me rémunérer grâce à ça entre 1 et 10 ?
L’objectif est d’être centré (gagnant – gagnant – gagnant/pour moi – pour le monde – et pour
mes finances).
– Et je reste pragmatique tout en m’autorisant à rêver.
La deuxième qualité à développer est la gestion de la confiance en soi.
En effet, si j’en ai trop, je manque de lucidité. Si je n’en ai pas assez, je ne passe pas à l’action.
Je dois trouver un équilibre pour rester pragmatique avec le bon dosage d’audace et le bon
dosage de vigilance. Ce dosage change bien entendu selon les situations, car la confiance en soi
n’est pas absolue, elle dépend des environnements et des contextes.
Il faut donc composer avec ces deux forces que sont la sortie de zone de confort et la confiance :
si vous êtes en dehors de votre zone de confort, alors vous avez moins confiance, et si vous avez
confiance alors vous êtes dans votre zone de confort.
La troisième qualité importante à cultiver selon moi est la gestion du syndrome de l’imposteur.
En effet, il peut être paralysant et nous empêcher d’agir à cause de questionnements destructifs.
En revanche, il nous pousse à bien faire, ce qui est une bonne chose lorsque l’on décide de
passer quand même à l’action.
É
Comme le dit Édouard Baer dans un de ses discours « l’autorisation se prend, elle ne se donne
pas ».
Voici un des conseils que je donne régulièrement pour apprendre à gérer son syndrome de
l’imposteur : allez dans un maximum d’endroits dans lequel vous vous sentez petits, c’est là que
vous grandissez.
Enfin, la quatrième qualité à développer est la gentillesse. C’est elle qui permet la bienveillance,
permettant de générer du bien-être et de l’empathie dans son entreprise. »
Les propos de cet entretien ont été recueillis par Jérôme Hoarau.
L’ESSENTIEL
+ La technologie permet à l’humain de déléguer de plus en plus de tâches automatisables et
techniques.
+ Cela le pousse alors à être plus innovant et donc à cultiver ses soft skills, telles que la
curiosité, la créativité, l’adaptabilité ou l’humilité.
Executive summary
• La question de la place de l’humain dans l’entreprise revient de plus en plus
régulièrement avec les phénomènes d’évolutions technologiques que nous vivons
aujourd’hui.
• Il est urgent d’anticiper l’impact de ces changements afin de pouvoir mieux se
positionner en tant qu’humain dans son organisation.
• D’où cette question : « Quelle est votre valeur ajoutée face à l’intelligence artificielle ? ».
QUELLE EST VOTRE VALEUR AJOUTÉE FACE
À L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ?
« L’intelligence c’est la capacité de s’adapter au changement. »
Stephen Hawking
AVIS D’EXPERT
Nicolas Pène, consultant en stratégies pour formateurs.
LA CONNAISSANCE DE SOI
« Voici mon constat : d’un point de vue général, j’ai remarqué que nous avons tendance à
observer et admirer quelqu’un qui est meilleur que nous dans un domaine, et par conséquent
nous avons tendance à porter notre attention sur là où nous sommes moins bons que la
moyenne.
Mon approche est d’inverser ce mécanisme en se focalisant sur là où nous sommes bons pour
devenir excellents.
L’idée est de partir de très haut pour aller vers l’excellence plutôt que d’essayer d’atteindre la
moyenne. Si je prends un exemple académique, c’est de choisir la stratégie de miser sur un
18/20 sur une matière stratégique (et de capitaliser sur l’excellence, le plus simple et efficace),
plutôt que d’essayer d’avoir 10 de moyenne partout (pallier les faiblesses). »
Les propos de cet entretien ont été recueillis par Jérôme Hoarau.
Comme l’explique Nicolas Pène dans cette interview, les points de force
permettent de faire des choix en fonction de nos talents et soft skills de
prédilection pour une efficacité et une productivité maximales.
Chaque personne est unique et les profils soft skills permettent de s’en
rendre compte.
Les profils soft skills sont composés de trois types de compétences :
- les soft skills de prédilection : celles qui sont les plus développées et
qui demandent le moins d’effort pour les activer en situation ;
- de comprendre les soft skills et hard skills nécessaires pour réaliser une
mission ;
AVIS D’EXPERTE
Alexandra Vassilacos, fondatrice d’AlexforJob
Les propos de cet entretien ont été recueillis par Jérôme Hoarau.
PRODUCTIVITÉ
EFFICACITÉ ET EFFICIENCE
« Il n’y a rien de plus inutile que de faire avec efficacité quelque chose
qui ne doit pas du tout être fait. »
Peter Drucker
L’efficacité
Être efficace consiste à atteindre son objectif, quels que soient les
ressources utilisées ou le temps nécessaire pour cela. Il est donc
indispensable pour être efficace de bien identifier son objectif et les tâches
qui y sont rattachées.
Une des bonnes pratiques que nous vous recommandons est de démarrer
votre journée par la tâche la plus importante. C’est en effet à ce moment
que le cerveau a son stock de force de volonté au plus haut et permet alors
de réaliser des tâches parfois peu motivantes (et demandant donc de la force
de volonté). Alors que si vous attendez la fin de journée, et que vous êtes
fatigué(e), vous aurez moins de chances de vous assurer que cette tâche
importante soit réalisée.
Il se peut que vous soyez freiné(e) par rapport à votre efficacité. Peut-être
avez-vous tendance à remettre au lendemain certaines tâches
(procrastination) et à culpabiliser ?
Plutôt que de culpabiliser, essayez plutôt d’adopter un état d’esprit
constructif.
- Qu’est-ce qui vous a empêché de réaliser cette tâche ? Par quoi avez-
vous été freiné ?
- Comment faire pour réaliser cette tâche importante et lever ces freins ?
Ces questions vous permettront de mieux identifier les tâches importantes,
efficaces et de faire le tri. Si vous « procrastinez » des tâches inefficaces,
alors pourquoi culpabiliser ?
De même, vous apprendrez à mieux identifier ce qui vous freine, à mieux
comprendre comment surmonter ces freins et donc à mieux vous connaître.
Alors, allez-vous adopter l’état d’esprit « efficacité » plutôt que celui
« productivité » ?
L’efficience
AVIS D’EXPERT
Pierre Monclos, associé et directeur RH chez UNOW
LA DÉLÉGATION DES TÂCHES
ET DES RESPONSABILITÉS EN ENTREPRISE
« Chez UNOW, nous avons pu faire beaucoup d’erreurs en matière de management en tant que
néomanagers, ce qui nous a également permis de beaucoup apprendre. Voici un état des lieux
chez UNOW en matière de responsabilisation des collaborateurs.
Tout d’abord, nous considérons que la délégation est liée à l’autonomie.
Le problème n’est pas pris dans le bon sens dans la majorité des cas : nous avons peur de
déléguer en pensant “par défaut” que mon collaborateur peut faire des erreurs.
Chez UNOW nous inversons cette vision en creusant ce que veut dire “faire n’importe quoi”. Il
faut donner un cadre pour que cela n’arrive pas et pour que le collaborateur soit suffisamment
autonome pour ne pas agir contre l’intérêt de l’entreprise.
Chez UNOW nous tendons vers cela avec trois piliers :
– les valeurs d’entreprise (incontournables pour prendre des décisions) ;
– les priorités de l’entreprise (définies et acceptées) ;
– la mission de l’entreprise.
Cela permet de donner confiance par défaut contrairement à la peur par défaut dans d’autres
entreprises.
✚ LA MISSION DE L’ENTREPRISE
Notre mission peut se définir en deux phrases :
– rendre la formation professionnelle performante et accessible au plus grand nombre ;
– accompagner les individus dans le développement de leurs compétences sur le plan
professionnel et ainsi contribuer à leur épanouissement.
Le fait de définir et de partager la mission permet de prendre des décisions, car tout ce qui est à
l’encontre de cette mission ne peut pas être entrepris.
Cela s’est concrètement matérialisé par la décision d’arrêter au moins provisoirement les
MOOCs, car cela ne contribue pas à notre mission.
La mission est moins activable au quotidien (contrairement aux priorités et valeurs), mais elle
impacte les macrodécisions, les grosses décisions impactant les petites. Elle permet aussi
d’alimenter et d’arbitrer les débats.
Sans mission, nous ne saurions pas où nous allons. Avec mission, nous savons aussi pourquoi
nous venons travailler chaque matin.
Ces trois piliers permettent de créer la confiance par défaut, créant ainsi un cercle vertueux
d’“empowerment” contrairement au cercle vicieux qui “enlève du pouvoir” chez les
collaborateurs.
Les collaborateurs se sont trompés, et c’est bien, car ils ont appris. »
COMMENT DÉLÉGUER ?
« Il faut pour cela une volonté de le faire, mais déléguer sans cadre mène à l’échec.
La confiance par défaut fonctionne, mais elle est plus complexe à déployer avec des profils
juniors sans cadre et sans accompagnement : à vouloir donner de la confiance sans cadre, nous
nous sommes rendus compte que cela ne menait nulle part.
Soit nous recrutons une personne expérimentée qui n’a pas besoin de cadre précis, soit nous
recrutons une personne moins expérimentée mais en lui donnant un réel accompagnement. »
Les propos de cet entretien ont été recueillis par Jérôme Hoarau.
L’ESSENTIEL
+ Les points de force et les soft skills de chaque individu apportent une plus grande valeur
ajoutée à l’entreprise.
+ Lorsque les personnes sont positionnées sur les bonnes missions et si le cadre de travail
instauré est propice à la motivation, cela améliore la performance.
Le cerveau est l’organe principal hébergeant l’intelligence humaine. Comme tout organe, ce dernier
peut être entretenu voire développé, et ce quel que soit votre âge, comme le montrent les recherches
sur la neurogénèse et la réserve cognitive.
À travers la pratique régulière et prolongée d’exercices soft skills, vous pouvez prendre soin de votre
cerveau et de vos différentes intelligences (intelligence émotionnelle, intelligences multiples…).
Que ce soit votre attention, votre capacité à vous concentrer ou à être intuitif, vous découvrirez dans
cette partie des outils utilisés quotidiennement par des sportifs de haut niveau et des entrepreneurs
pour entretenir un haut niveau de performance et de bien-être.
CHAPITRE 10
Executive summary
• Un ensemble de découvertes neuroscientifiques permettent aujourd’hui de démontrer
que notre cerveau peut se diviser en deux grands « territoires », que l’on nomme le
« cerveau gauche » et le « cerveau droit ».
• Nous allons décrypter ici une nouvelle forme d’intelligence et une soft skill, l’intuition,
peu répandue dans notre société, mais tout de même utilisée par un certain nombre de
« talents » comme c’est le cas pour quelques grands sportifs de haut niveau ou encore
des artistes. Aussi, nous allons faire un rapide résumé de ce que nous savons
aujourd’hui sur ces deux territoires de notre cerveau.
À QUOI CORRESPONDENT LES DEUX TERRITOIRES
DU CERVEAU ?
Bien que nous ne tenions pas à associer ces deux notions à de véritables
zones physiques qui correspondraient véritablement à l’hémisphère droit et
à l’hémisphère gauche de notre cerveau, nous souhaitons attirer votre
attention sur les caractères très spécifiques bien que complémentaires de ces
deux territoires.
Ce que l’on nomme le cerveau gauche correspond notamment aux capacités
d’analyse, de calcul et de logique. Le cerveau gauche est dit « séquentiel »,
en opposition au cerveau droit qualifié de « simultané ». Le cerveau gauche
aime à effectuer les tâches les unes après les autres, par séquence, tandis
que le cerveau droit est doué d’une capacité à synthétiser les points de vue
en les nuançant, en prenant du recul. Le cerveau gauche comprend le texte,
tandis que le cerveau droit comprend le contexte, compréhension qui lui est
justement utile pour nuancer les points de vue. Le cerveau droit serait
capable d’intelligence émotionnelle. Mais surtout, il pourrait permettre
d’expliquer certains mécanismes liés à une soft skill que l’on nomme
l’intuition.
FICHE PRATIQUE
Ayez conscience que l’état de flow existe et que vous n’en êtes pas éloigné.
Entraînez régulièrement votre pleine conscience lors des actions que vous
accomplissez sans réagir mentalement aux éventuels freins qui pourraient se
mettre en travers de votre route. Ne réagissez pas, agissez.
Cette capacité à accomplir ses tâches du quotidien en parvenant à lâcher
prise sur les diverses formes de pensées rationnelles qui pourraient freiner
notre dynamique correspond à ce que l’on nomme l’intelligence intuitive,
décrite précédemment. Partant du principe que les moments de flow sont
rares, le potentiel de progression de notre intelligence intuitive est énorme.
Jamais l’humanité, dans son histoire, n’a été exposée à autant
d’informations. À l’ère du digital, de l’information en continu ou encore des
open space, notre capacité à faire taire notre bavardage mental est un
véritable challenge. Son ampleur laisse place à une large marge de
progression dans notre capacité à être beaucoup plus souvent connecté à
notre intuition, au point de pouvoir accéder au flow.
Puisque nos performances personnelles en calcul vont être battues à plates
coutures par l’intelligence artificielle (IA), autant capitaliser sur d’autres
formes d’intelligences, et notamment cette intelligence intuitive, qui au-delà
d’améliorer notre fluidité d’exécution des tâches au quotidien, peut procurer
d’autres précieux bénéfices.
LA NO-W STRATEGY
Dans son quotidien, le sportif de haut niveau utilise une attitude bien
particulière pour atteindre ses objectifs, qu’on pourrait appeler « la No-w
Strategy ». Peu importe la difficulté de l’objectif à réaliser ou du résultat à
atteindre, la No-w Strategy est un outil puissant pour atteindre ses objectifs.
Et le sportif le sait !
Pourquoi fonctionne-t-elle ?
Note
Attention, la No-w Strategy ne signifie pas que dans la pratique nous n’allons pas
coordonner habilement nos actions en vue d’atteindre notre but, mais nous n’allons pas
prêter attention à cette coordination. Celle-ci va se déployer devant nous naturellement,
sans que nous ayons à nous en préoccuper.
À savoir
La No-w Strategy peut être utilisée dans tous les domaines professionnels et personnels.
Vous pouvez vous répéter « No-w Strategy » dans votre tête, régulièrement, plusieurs fois
par jour si cela est nécessaire. En référence à notre ouvrage Le Réflexe soft skills, cette
notion deviendra un réflexe puissant pour affiner votre intuition et votre capacité à agir
avec précision et efficacité.
S’il vous arrive de perdre pied, que ce soit dans votre vie professionnelle ou personnelle,
revenez dans le Now, et laissez-vous guider par vous-même.
1. Rendez-vous dans l’instant présent (le Now) car vous y êtes déjà
Faites le ménage dans votre esprit. Laissez de côté le passé qui n’existe plus, débarrassez-vous
de vos appréhensions liées au futur, car celui-ci n’a pas encore lieu. Restez en contact avec ce
qui se passe maintenant (le Now). Vous ne pourrez bénéficier de la justesse de votre intuition
que si vous êtes connecté à ce que vous inspire l’instant présent.
Astuce : pour vous ancrer dans le présent, assurez-vous d’avoir les deux pieds bien au sol, et
choisissez un élément de votre environnement extérieur ou intérieur que vous pouvez percevoir
maintenant. Vous pouvez par exemple contempler un objet qui se trouve devant vous, ou bien
être simplement attentif au va-et-vient de votre respiration sans chercher à la modifier ou à
interpréter ce que vous êtes en train d’observer. Profitez pendant quelques instants de ce contact
avec le Now et reconnectez-vous au silence et au calme de votre esprit.
4. C’est tout !
Maintenant laissez-vous guider par votre environnement, par votre curiosité, par les rencontres,
les opportunités. Ne cherchez pas à « calculer » la manière dont votre objectif pourrait se
réaliser. Rappelez-vous, la stratégie pour atteindre votre objectif consiste à ne pas en avoir (No
Strategy), si ce n’est d’être pleinement en phase avec toutes les informations et idées qui vous
parviennent maintenant (Now Strategy).
Astuce : lâchez prise par rapport au fait que vous pourriez manquer votre objectif, vous êtes
justement en route dès maintenant (Now) vers celui-ci. Faites-vous confiance !
L’ESSENTIEL
+ Dans ce chapitre, vous avez pu découvrir une nouvelle forme d’intelligence, l’intelligence
intuitive, accessible à tout instant et par chaque personne qui s’y entraîne. Pour pratiquer
cet entraînement, il convient d’apprendre à mettre en sommeil notre « juge intérieur »,
celui qui est très fort pour analyser, calculer, anticiper, mais qui est aussi responsable de
peurs et de doutes qui freinent l’atteinte de nos objectifs.
+ Pour aller plus loin dans le déploiement de cette forme d’intelligence dont sont très friands
les sportifs de haut niveau, nous vous proposons de pratiquer la No-w Strategy, attitude clé
pour réveiller le « cerveau droit », siège de l’intuition, si précieuse pour prendre le dessus
sur notre « juge intérieur ». Pour cultiver la No-w Strategy, vous pouvez instaurer
dans votre quotidien le rituel suivant : revenez au présent (dans le Now) grâce à votre
respiration par exemple, choisissez un objectif qui vous inspire, visualisez-le
« comme si vous y étiez », et faites-vous confiance.
CHAPITRE 11
Executive summary
• Les avancées en matière d’intelligence artificielle sont exponentielles, au vu de son
ascension dans les organisations. Qu’en est-il de l’intelligence humaine, celle à l’origine
de l’intelligence artificielle ?
• Dans ce chapitre nous verrons que l’intelligence humaine continue à se développer,
et que vous pouvez développer la vôtre également !
DIFFÉRENTES INTELLIGENCES HUMAINES
« Tout le monde est un génie. Mais si on juge un poisson sur sa capacité
à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide. »
Albert Einstein
Cette citation remet en question à elle seule la vision que nous avions
depuis longtemps de l’intelligence, celle reposant sur le test de QI. Et s’il
existait d’autres intelligences que celle logico-mathématique sur laquelle est
basé le test du quotient intellectuel ?
La réponse est oui, si l’on se repose sur les travaux de Daniel Goleman sur
l’intelligence émotionnelle, les travaux d’Howard Gardner sur les
intelligences multiples et ceux de Tony Buzan sur le mind mapping et la
mémoire.
Au-delà du QI
AVIS D’EXPERTE
Atika Lebret, coach en apprentissage, spécialisée en intelligences multiples
Les propos de cet entretien ont été recueillis par Jérôme Hoarau.
Linguistique
Musico-rythmique
Logico-mathématique
Visio-spatiale
Kinesthésique
Intra-personnelle
Interpersonnelle
Naturaliste
Existentielle
FICHE PRATIQUE
Linguistique
Musico-rythmique
Logico-mathématique
Visio-spatiale
Kinesthésique
Intra-personnelle
Interpersonnelle
Naturaliste
Existentielle
Ces deux exercices vous permettent de mieux comprendre quelles sont vos
intelligences de prédilection, et de voir lesquelles vous souhaitez
développer en priorité par la suite.
Pour les développer, vous pouvez vous inspirer des outils et activités
proposées plus haut par Atika Lebret.
PROGRAMMER SON CERVEAU POUR PLUS
D’EFFICACITÉ
AVIS D’EXPERT
Michel Wozniak, co-fondateur de l’Association pour l’apprentissage et le cerveau (APAC)
et de l’Institut de formation à l’art du changement (IFAC)
Les propos de cet entretien ont été recueillis par Jérôme Hoarau.
AVIS D’EXPERTE
Pascale Michelon, neuroscientifique, coach et talent catalyst
« Certaines soft skills comme l’empathie ou la gestion des émotions correspondent à des
capacités cognitives bien définies. D’autres, comme la créativité, font appel à un ensemble de
capacités et sont par là-même plus difficiles à étudier scientifiquement.
Si les mécanismes intrinsèques de fonctionnement des soft skills ne sont pas toujours expliqués,
les neurosciences montrent en revanche que toute capacité peut se développer grâce à la
plasticité cérébrale. L’étude de la réserve cognitive nous apporte en effet des éléments,
notamment sur le potentiel du cerveau. La réserve cognitive peut être modélisée en termes de
nombre de connexions neuronales dans le cerveau. Elle représente donc le « potentiel » du
cerveau. Plus cette réserve est importante, plus la capacité d’adaptation et de développement du
cerveau est grande.
La question est donc : “comment utilisez-vous ce potentiel ?”, car ce dernier est malléable et
s’adapte aux exigences de son environnement et de son style de vie. Plus vous allez stimuler
votre cerveau par de la nouveauté, de la répétition et par des défis, plus vous créerez de
nouvelles connexions neuronales et plus votre potentiel cérébral augmentera.
En bref, il est donc possible de développer ses soft skills en les stimulant régulièrement ! »
Les propos de cet entretien ont été recueillis par Jérôme Hoarau.
Executive summary
• L’objectif de ce chapitre est de mieux comprendre les mécanismes de l’attention et les
risques inhérents au digital qui peuvent la perturber.
• Nous mettrons ici en lumière l’un des ennemis de la gestion du temps : le multitasking.
• En vous invitant à mieux comprendre les mécanismes de votre cerveau, vous
découvrirez comment mettre en place de nouvelles façons de travailler, pour mieux gérer
votre temps.
« Ne pas se disperser, ne pas vouloir tout expérimenter à la fois, creuser
son sillon avec patience et humilité. L’effort d’attention du début devient
état d’attention. »
Patanjali1
LE VOL DE L’ATTENTION
LA GESTION DU TEMPS
Le mythe du multitasking
Nous n’allons pas vous mentir, la tendance au multitasking est l’ennemie
jurée d’une bonne gestion du temps. Cela pour une raison simple : sur le
plan neuroscientifique, notre cerveau ne sait pas faire du multitasking à
proprement parler, et pire encore, tenter de le faire est très fatigant pour lui.
Plus précisément, nous ne sommes pas à même d’effectuer simultanément
et consciemment deux tâches différentes. Nous pouvons avoir l’illusion d’y
parvenir, du fait d’une certaine forme d’agilité de notre attention, qui peut
parfois jongler rapidement d’une tâche à l’autre. Mais, bien que nous
puissions en avoir l’illusion, il ne nous est par exemple pas possible de nous
concentrer pleinement et sincèrement sur la couleur rouge, en même temps
que nous nous concentrons sur la couleur bleue.
Pourtant, lorsque nous choisissons de traiter un e-mail que nous avons vu
arriver grâce au pop-up de notification, alors que nous étions pleinement
immergés dans la préparation de notre réunion de demain, nous tentons de
faire du multitasking, et notre cerveau n’aime pas cela. En effet, comme
nous l’avons évoqué précédemment, une fois que vous aurez terminé de
traiter l’e-mail, il faudra un certain temps à votre cerveau pour se replonger
dans la préparation de votre réunion. Prenons l’exemple d’un manager qui a
pour habitude de laisser sa boîte mail ouverte tout au long de sa journée, et
qui choisit de traiter ses e-mails « à la volée », c’est-à-dire sans s’allouer de
plage horaire dédiée à la gestion de ceux-ci. Si ce manager reçoit dans une
journée soixante e-mails qu’il consulte en laissant de côté ce qu’il était en
train d’accomplir, puis revient, une fois l’e-mail traité (ou consulté), à la
tâche qui l’occupait, il perdra au minimum une heure de sa journée à se
reconcentrer. Le temps perdu sera de deux heures s’il s’agit de cent vingt e-
mails. Et nous ne parlons qu’ici de la gestion des e-mails, et non des autres
types de sollicitations, tels que les appels téléphoniques pris eux aussi « à la
volée » ou encore la notification qui vient d’apparaître sur votre téléphone.
FICHE PRATIQUE
L’art de la pause
L’ESSENTIEL
+ Notre attention est fragile, et si nous n’y prenons garde, elle peut être facilement
détournée, par les notifications digitales par exemple. Notre capacité à garder une certaine
maîtrise sur cette aptitude précieuse représente une véritable soft skill qui peut être
entraînée.
+ Cet équilibre attentionnel est un véritable secret pour une bonne gestion du temps. En
effet, gérer son temps, c’est aussi et surtout gérer l’agencement de nos divers sujets
d’attention. Au quotidien, il convient de s’entraîner à redevenir conscient de là où nous
portons notre attention.
CHAPITRE 13
Executive summary
• L’objectif de ce chapitre est d’apprendre à déployer sa singularité, sa capacité à
devenir inimitable ou indispensable. Cette intention permettra de tracer une voie
professionnelle qui ne sera pas parasitée par la transformation en cours et notamment
l’émergence de l’intelligence artificielle.
• Pour déployer sa singularité, il est intéressant d’acquérir un « bagage soft skills » qui
vous correspond, au service de votre épanouissement professionnel et personnel.
• Ceci vous permettra d’évoluer comme un caméléon au sein du tumulte de la vie
active, de vous adapter à vos exigences tout en restant vous-même. Vous pourrez alors
devenir consciemment l’artiste de votre vie professionnelle.
LE CODE SOFT SKILLS, POURQUOI EST-CE
INDISPENSABLE ?
Les soft skills vous aident à marquer votre différence. Ce sont elles qui
marquent votre unicité, mais aussi orchestrent le travail qui sera effectué par
l’intelligence artificielle. Il s’agit de savoir se rendre indispensable et utile à
la société par un métier que vous et vous seul êtes en mesure d’exercer, et
dont les fonctions évoluent au fil du temps. La bonne nouvelle, c’est qu’il
existe des techniques pour parvenir à cet objectif.
DEVENIR UN « CAMÉLÉON »
L’ESSENTIEL
+ Pour déployer sa singularité, et en référence au principe des neurones miroirs, nous avons
tout intérêt à observer des personnes qui incarnent déjà cette singularité. C’est le cas par
exemple d’artistes ou encore de sportifs de haut niveau. Cette observation n’a bien sûr pas
pour but d’imiter ces personnes, mais de s’inspirer de la possibilité d’être singulier.
+ Cultiver sa singularité au quotidien implique d’adopter une forme de code soft skills. Ce
code sera nécessaire pour vous permettre de développer une posture créative, unique
et qui ne tombe pas dans le piège de la répétition. La créativité bien sûr, l’audace, la prise
de décision ou encore l’empathie peuvent être des exemples de soft skills qui vont bâtir ce
code et cette posture.
+ Le développement de nos soft skills ne consiste pas, contrairement à certaines idées reçues,
à devenir quelqu’un d’autre. Il consiste à devenir un peu mieux qui nous sommes
véritablement, en osant être cette personne en toutes conditions.
CHAPITRE 14
Le code soft skills que nous allons vous présenter ici est un bagage vous
permettant de déployer sereinement votre singularité dans un monde
professionnel changeant, exigeant, complexe, imprévisible. Il renforcera
considérablement votre potentiel d’adaptabilité et transformera de
nombreuses situations inconfortables en solution(s) efficace(s), et ce dans
un temps record. Si vous prenez le temps nécessaire pour vous l’approprier,
il vous permettra de vous démarquer dans le monde du travail tout en
évoluant de façon fluide en son sein. Nous allons ici le décrypter en
plusieurs étapes.
Le code soft skills se résume en un mot qui en renferme d’autres. Il est un
code à plusieurs tiroirs. En vous rappelant ce code, comme vous vous
rappelez celui de votre carte bleue, vous aurez alors à votre disposition, à
chaque instant, un éventail d’outils précieux et opérationnels pour atteindre
les objectifs cités précédemment.
Le mot qui englobe et représente le code soft skills est le mot : « INÉDIT ».
Ce mot renferme plusieurs anagrammes en langue anglaise, et chacun
d’entre eux représente une partie du code. Voici ci-dessous une vue
d’ensemble du code soft skills et de ces différentes parties que nous
détaillerons ensuite.
Figure 14.1 – Le code soft skills (par Julien Bouret)
Pour aller plus loin et de façon pratique, et pour que vous puissiez
expérimenter cette première partie du code que représente l’adoption d’une
attitude « INÉDITe » au quotidien, nous allons approfondir la soft skills de
la gestion du stress. Celle-ci représente un puissant levier et illustre bien par
ailleurs l’enjeu d’être inédit.
La gestion du stress
La 3e partie du code soft skills réside dans les termes anglais « IN DIET ».
Sans vouloir vous parler de régime, le fait pour vous de savoir être « dans
un état d’esprit de diète », qui est notre traduction très personnelle de « in
diet », est lié notamment à la notion d’« infobésité » et d’hyperconnexion.
À l’ère de l’hyperconnexion, la capacité à prendre du recul et parfois de la
distance par rapport au flux permanent d’informations qui gravitent autour
de vous vous permettra de conserver votre lucidité et votre autonomie à
créer de l’inédit. Mais surtout, savoir être « in diet » représentera une
précieuse attitude pour renforcer votre capacité de concentration, votre
gestion des émotions et votre capacité à prendre du recul, ces soft skills
étant nettement fragilisées par le surplus d’informations auxquelles nous
sommes exposés chaque jour. Du point de vue de Jean-Philippe Lachaux,
directeur de recherche en neurosciences cognitives à l’Inserm, « ce ne sont
pas nos contemporains qui souffrent de problèmes de concentration, c’est la
masse d’information qui a brutalement explosé4 ».
L’état d’esprit « in diet » consistera donc, entre autres, à savoir vivre dans
un flux constant d’informations, sans perdre votre capacité à rester
concentré sur ce qui est véritablement important pour vous. Il vous faudra,
pour ce faire, savoir « couper » grâce à des moments de silence rien que
pour vous.
Pour évaluer à quel point vous êtes « in diet », essayez de ne pas prendre
votre téléphone portable lors de votre prochaine sortie, que ce soit pour aller
faire des courses par exemple, ou encore lors d’une petite balade. Est-ce
envisageable pour vous ? La question pourrait paraître provocatrice, mais
beaucoup d’entre nous sommes devenus dépendants de nos téléphones (ou
autres supports numériques), à tel point que le fait de l’oublier chez soi (ou
ailleurs) peut même devenir une hantise. Savoir laisser ce dernier de côté de
temps en temps n’est pas forcément si simple que cela, et pourtant, en vous
y essayant de temps à autres, vous pourriez peut-être y prendre goût.
FICHE PRATIQUE
L’idée de la 4e partie du code soft skills réside dans une autre anagramme
du terme « INÉDIT ». Il s’agit de l’expression anglaise « DIE TIN » que
l’on pourrait traduire par « la mort de la boîte » (le terme « tin » signifiant
« petite boîte » en anglais). Le sens que nous donnons à cette expression est
le fait de pouvoir « sortir de la boîte », d’être « out of the box » comme le
diraient les Anglo-Saxons. Dit autrement, cette partie du code concerne
votre capacité à sortir des sentiers battus, mais aussi peut-être, cela
dépendra de vous, à être un travailleur indépendant des « boîtes ». L’enjeu
principal ici sera de veiller à ne pas créer de relation de dépendance par
rapport à une ou plusieurs entreprises. Ce ne sera plus alors vous qui aurez
besoin de l’entreprise, mais bien l’entreprise qui aura besoin de vous.
L’esprit « die tin » consiste donc à éviter d’enfermer sa pensée dans un
cadre, en apprenant à abolir celui-ci pour trouver des solutions inédites et
adaptées aux problèmes complexes. Pour faire référence à la fameuse
phrase d’Albert Einstein « On ne peut pas résoudre un problème à partir du
même système de pensée qui l’a engendré », l’enjeu sera ici de remettre les
compteurs à zéro sur la façon dont vous pourriez a priori résoudre un
problème ou encore générer des idées.
À la question : « Comment adopter la dynamique “die tin” ? », nous vous
présentons la technique du Point Zéro7.
FICHE PRATIQUE
FICHE PRATIQUE
Le yoga de l’arrêt9
Lorsque vous ressentez le besoin de nouer le vacarme, « arrêtez-vous mentalement » dans
l’instant présent. Ne réagissez pas. Cessez de donner suite à votre activité mentale, en vous
unissant avec le calme naturel de votre esprit. Ce calme est en réalité déjà présent en vous, il
existe déjà en profondeur. La surface de votre esprit peut être agitée, mais en profondeur celui-
ci est calme. Vous pouvez d’ailleurs goûter ce calme déjà présent un court instant le matin, juste
après la sonnerie de votre réveil, et juste avant de vous lancer mentalement dans la journée qui
arrive. Il correspond à l’« intersection » qui existe entre vos différentes agitations, qu’elles
soient mentales et/ou physiques. Cela peut paraître difficile à concevoir, mais en réalité, vous
êtes déjà dans un état de calme intérieur, sauf lorsque vous l’oubliez. Pour contacter
immédiatement ce calme, nous vous recommandons de vous concentrer sans effort sur l’espace
qui sépare l’inspiration de l’expiration. Nous allons ici observer plus précisément la respiration,
en orientant particulièrement notre attention sur les « petits espaces » qui séparent nos divers
mouvements respiratoires. Patanjali disait que « ce qui nous tourmente, c’est tout ce qui nous
encombre, ce qui étouffe en nous la joie qui naît de l’adhésion au moment présent ». Il s’agit
d’adhérer à l’instant présent et à l’accueillir, sans vous arrêter de respirer bien entendu, mais en
marquant une forme d’arrêt intérieur lorsque vous avez fini d’inspirer, ou bien lorsque vous
avez terminé d’expirer l’air présent dans vos poumons. Sans réagir mentalement à ce qui
survient dans cet instant présent, comme si vous arrêtiez le temps, vous développerez et
activerez plus facilement votre intuition sur l’attitude la mieux adaptée à la situation du
moment. C’est cette attitude, cet arrêt qui pourra être approfondi encore et encore, qui permet
de nouer l’éventuel « bruit » mental qui naît de la réaction dont nous parlions précédemment.
En résumé, gardez à l’esprit le plus souvent possible que les tensions ne
sont pas présentes dans votre état naturel. L’espace qui sépare l’inspiration
de l’expiration vous le rappelle. Sans vous arrêter de respirer, ces temps
d’arrêt, pratiqués régulièrement, vous permettront de retrouver un calme
déjà présent. Unissez-vous mentalement au calme naturel qui peut exister
entre deux pensées, entre deux sensations, entre deux gestes ou actions,
entre deux intentions. C’est cet espace qui peut vous permettre d’adopter la
posture adéquate pour soi, trouver les mots justes et l’attitude qui vont
permettre de calmer votre propre « vacarme » intérieur.
6e partie : l’intention
Exemple : LinkedIn
Sans intention particulière de notre part de faire de la publicité pour le célèbre réseau social
professionnel LinkedIn, mais pour prendre un exemple d’aujourd’hui, ne pas avoir de
profil LinkedIn équivaut tout simplement à diminuer considérablement ses chances d’être
employable. Pourquoi ? Tout d’abord parce que c’est un réseau professionnel où sont
présents de nombreux recruteurs, mais aussi parce qu’au-delà de l’utilisation du réseau en
lui-même, LinkedIn est très bien référencé sur les moteurs de recherche. Aussi, lorsque
l’on cherchera votre nom sur un moteur de recherche, on tombera facilement sur votre
profil LinkedIn, et il sera donc beaucoup plus facile d’obtenir des informations mises à jour
et structurées vous concernant.
L’ESSENTIEL
+ Chaque partie du code soft skills, représentée par les diverses anagrammes de « INÉDIT »
présente une des facettes de votre capacité à déployer votre singularité dans votre vie
professionnelle. À l’aide des différentes parties du code, tentez de trouver au moins une
attitude, une action, un projet, un réflexe ou un autre aspect personnel ou professionnel
vous concernant qui s’inscrit dans chacune de ces parties.
+ Peut-être aurez-vous compris que le plus important n’est pas de respecter ce code en
particulier. Peut-être aurez-vous compris que l’application de ce code ne serait pas une
attitude inédite, car d’autres lecteurs de cet ouvrage pourraient l’appliquer. À vous donc,
si vous le souhaitez, de créer votre propre code soft skills, celui qui vous correspond,
celui qui vous permettra de déployer votre propre singularité, celui peut-être que vous et
vous seul(e) connaîtrez.
PARTIE 5
REPROGRAMMEZ VOTRE
MÉTIER EN 4 ÉTAPES
« Commencez par changer en vous ce que vous voulez changer autour
de vous. »
Gandhi
La vague du changement dans le monde de l’entreprise et de l’emploi est bien là. Et généralement,
une vague ne vient pas seule, au plus grand plaisir des surfeurs !
Deux options s’offrent à nous face à ces vagues :
– attendre et rester passif, ayant ainsi pour conséquence de les prendre de plein fouet ;
– être proactif et surfer, avec comme résultat d’avancer en harmonie avec elles.
Nous n’avons pas le pouvoir d’arrêter ces vagues, en revanche nous avons le pouvoir de choisir notre
attitude et les actions pour nous y adapter.
C’est en ce sens que les soft skills apportent une valeur ajoutée immense : elles sont les ressources
vous permettant de surfer sur ces changements.
Dans cette partie, vous découvrirez quatre étapes opérationnelles pour relever les défis de votre
métier grâce à vos soft skills.
CHAPITRE 15
Executive summary
• Chaque personne possède un capital soft skills qu’elle a développé au fil de temps.
Souvent inconscientes, ces soft skills permettent de faire la différence.
• Si vous souhaitez aller encore plus loin, il est important de réfléchir plus
consciemment aux compétences que vous avez pu capitaliser tout au long de votre
carrière pour pouvoir les activer plus rapidement et efficacement.
• Pour passer au niveau supérieur, il vous sera également utile de mieux connaître vos
axes d’amélioration pour développer les soft skills qui vous font encore défaut et qui
pourtant vous permettront d’exceller dans votre métier.
VOTRE NIVEAU D’EXPÉRIENCE ET VOS SOFT
SKILLS
« Connaissez-vous la différence entre l’éducation et l’expérience ?
L’éducation, c’est quand vous lisez tous les alinéas d’un contrat.
L’expérience, c’est ce qui vous arrive quand vous ne le faites pas. »
Pete Seeger
« Peu de choses sont impossibles à qui est assidu et compétent… Les grandes œuvres jaillissent
non de la force mais de la persévérance. »
Samuel Johnson
AVIS D’EXPERT
Thomas Jeanneau, fondateur de empathie.io
COMMENT DÉVELOPPER SES SOFT SKILLS
DANS SON QUOTIDIEN ?
« Je dirais que les soft skills sont des compétences humaines transversales et “non-
automatisables”, contrairement aux hard skills, qui reposent sur des actions concrètes,
délégables, dont les besoins changent rapidement à notre époque.
C’est ainsi que l’intelligence émotionnelle, relationnelle et l’intuition, par exemple, permettent
aux personnes de s’adapter dans un monde où des métiers apparaissent et d’autres disparaissent.
Ces nouveaux métiers accordent par ailleurs plus d’importance à l’humain et à sa personnalité,
ce qui commence à être de plus en plus demandé dans certains entretiens d’embauche.
Alors, comment développer mes soft skills par le biais d’expériences concrètes ?
Pour moi, c’est un processus naturel : quand je me fixe un objectif, je réfléchis à comment je
peux y arriver. Je me rends alors rapidement compte que les hard skills ne suffisent pas.
Quand je prends du recul sur ma manière de travailler, je me rends compte que les soft skills
sont à la base de la prise de décision, canalisant ainsi l’action.
Elles font partie intégrante de ce processus, et sont donc indissociables des expériences
professionnelles vécues.
Je me crée des situations dans lesquelles mes soft skills peuvent s’exprimer naturellement, leur
développement devient alors une conséquence de mes expériences. »
Les propos de cet entretien ont été recueillis par Jérôme Hoarau.
EXERCICE 1
Organisation d’un
Organisation, empathie Prise de décision
congrès
AVIS D’EXPERTE
Frédérique Montrésor, fondatrice de l’agence Bleu Ebène
Les propos de cet entretien ont été recueillis par Jérôme Hoarau.
EXERCICE 2
Créer un programme
savoir structurer 9
pédagogique
Ce graphique et ce tableau peuvent vous servir pour illustrer de manière visuelle et contextuelle
vos soft skills. N’hésitez donc pas à mettre ces deux éléments en annexe de votre candidature
lorsque vous postulez à une place ou que vous souhaitez appuyer votre profil pour une
promotion interne.
Vous pouvez également vous appuyer sur le retour de vos collègues pour choisir le niveau de
maîtrise que vous pensez être le plus juste. Pour ce faire, envoyez tout simplement votre tableau
avec les deux premières colonnes remplies en demandant à vos collègues de remplir la dernière.
Ce retour externe pourrait être un bon indicateur pour vous, afin de voir comment vous vous
percevez par rapport à comment vous perçoivent les autres.
L’ESSENTIEL
+ Vous avez déjà beaucoup de soft skills en vous, il suffit d’observer les expériences que vous
avez vécues pour en prendre conscience !
+ Capitalisez sur les expériences passées pour valoriser votre capital soft skills.
+ Identifiez les soft skills de votre métier pour choisir lesquelles vous allez développer en
priorité pour devenir plus performant.
+ Si vous avez un poste de management, intégrez en amont une vision soft skills de votre
équipe afin de partager de manière la plus pertinente possible les tâches et les missions.
CHAPITRE 16
Étape 1 : visualiser
Executive summary
• La visualisation correspond à une première étape essentielle pour reprogrammer
votre métier. Elle est un préalable à l’action.
• Vous découvrirez dans ce chapitre que la visualisation peut transformer votre
quotidien, et que vous l’avez déjà certainement pratiquée sans le savoir.
• Grâce à un entraînement simple et accessible, nous vous exposerons une façon de
pratiquer la visualisation pour projeter la prise en main de votre aventure professionnelle
et optimiser votre gestion du temps.
LA VISUALISATION, PRÉALABLE À L’ACTION
Grand secret des sportifs de haut niveau, mais aussi des pilotes d’avion de
chasse, des chefs cuisinier ou encore des parachutistes, la visualisation est
une discipline puissante pour préparer le futur, mais aussi pour activer des
sensations inédites. Très complémentaire à la méditation, qui a
généralement pour effet d’apaiser le mental, la visualisation est une
projection mentale consciente du scénario que l’on souhaite vivre. Elle est
un préalable puissant pour effectuer correctement l’action (ou les actions)
que l’on souhaite accomplir.
Il vous est certainement déjà arrivé de saliver uniquement en imaginant
votre plat préféré. Pour le cerveau, imaginer une situation c’est déjà être en
train de la vivre. Lorsque vous imaginez un plat délicieux, votre cerveau
impulse dans votre corps des influx nerveux qui impactent en temps réel
celui-ci. Imaginez sincèrement et intensivement que vous avez froid et il y
des chances que vous puissiez ressentir un frisson qui traverse votre corps.
Selon l’intensité et la précision avec laquelle vous visualisez un scénario
qui vous concerne, les répercussions sur votre corps s’en feront plus ou
moins ressentir.
Exemple : Le stress
Vous avez peut-être déjà remarqué que la plupart des situations de stress sont dues à une
forme de visualisation particulière où vous estimez, souvent inconsciemment, ne pas
pouvoir faire face à telle ou telle situation. L’enjeu de la visualisation dans le cadre de votre
futur métier consiste donc à utiliser cette pratique consciemment au point de transformer
les sensations peu agréables (telles que le stress), en sensations beaucoup plus agréables. Il
vous faudra pour cela vous entraîner à envisager systématiquement des scénarios positifs
quant à l’issue des situations auxquelles vous faites face et qui peuvent vous déstabiliser.
Au quotidien et dans le rythme professionnel soutenu que vous pouvez être amené à vivre,
il est compliqué de pratiquer des visualisations conscientes de scénarios idéals que l’on
aimerait vivre. Il faudra donc, au départ, privilégier le fait de vous isoler dans un endroit
calme où vous ne serez pas dérangé pour pratiquer la visualisation.
FICHE PRATIQUE
L’ESSENTIEL
+ Pour se préparer au futur, mieux vaut prendre le temps de le visualiser et de s’immerger
dans le scénario mental désiré, comme si vous y étiez. Certains penseront peut-être qu’ils
n’ont aucune idée de ce à quoi pourrait ressembler leur métier dans les années à venir.
Sachez que si vous n’êtes pas la personne qui imaginera l’évolution de son propre métier,
d’autres s’en chargeront, mais cela ne sera peut-être pas à votre goût.
+ Vous avez les cartes en main et vous n’êtes absolument pas obligé de subir votre futur, au
contraire. En référence, une nouvelle fois, aux méthodes de réussite pratiquées par les
sportifs de haut niveau, nous vous invitons à projeter des objectifs professionnels et à
avancer pas à pas pour y arriver. Le premier pas correspond à cette visualisation que nous
vous invitons à pratiquer le plus régulièrement possible.
CHAPITRE 17
Étape 2 : simplifier
Executive summary
• Dans un monde où la complexité grandit au rythme des avancées technologiques, la
capacité à simplifier devient une compétence de plus en plus précieuse.
• Les bénéfices de la simplification sont multiples, néanmoins certains reviennent
régulièrement tels que :
– gain de temps ;
– communication plus fluide ;
– plus d’efficience ;
– plus d’efficacité.
• Le temps est une ressource rare et précieuse, il est important de bien le gérer. La
capacité à simplifier est la soft skill la plus utile dans cette situation.
« Tout est difficile avant d’être simple. »
Thomas Fuller
- etc.
Les principes de la simplicité se dupliquent dans de nombreux domaines. Il
s’agit également d’un état d’esprit et d’un entraînement, car simplifier
demande de choisir et donc de renoncer à certaines choses.
Afin d’avoir un retour d’expérience sur le sujet, nous avons rencontré une
entrepreneure qui applique les principes de simplicité dans son quotidien.
AVIS D’EXPERTE
Cindy Theys, fondatrice de Nomadity
Les propos de cet entretien ont été recueillis par Jérôme Hoarau.
Simplifier ses projets est l’étape la plus efficace pour simplifier sa vie
professionnelle, car elle permet de facto de réduire les tâches superflues et
donc la charge mentale sous-jacente. Si cela peut sembler accessible pour
les travailleurs indépendants et les chefs d’entreprise qui ont la possibilité
de choisir les projets sur lesquels ils travaillent, cela n’est pas forcément le
cas pour les collaborateurs d’une entreprise dont la décision appartient
souvent à la direction. Comment savoir simplifier dans ce cas ?
Voici un exercice1 pour simplifier vos tâches.
EXERCICE 3
A. Prioriser
Comme l’explique Cindy Theys dans son interview, la simplification repose en grande partie
sur des choix. Ces choix dépendent essentiellement de nos priorités, d’où l’importance de cette
première phase, « prioriser ».
Avez-vous une to do list, une liste de tâches à réaliser ? Oui ? Parfait ! Recopiez-la dans le
tableau suivant dans la première colonne, puis remplissez les deux autres colonnes de la
manière suivante.
○ « Importance » pour choisir sur une échelle de 1 à 10 le niveau d’importance de la tâche (1
= pas important, les conséquences de ne pas réaliser la tâche sont minimes ; 10 = très
important, les conséquences de ne pas réaliser la tâche sont lourdes).
○ « Projet » pour identifier le projet auquel la tâche concernée est rattachée.
○ « Priorité » pour classer les tâches par priorité.
Fidélisation des
Envoyer la newsletter du mois 9 1
clients
B. Organiser
Ce qui est simple est généralement bien organisé. La phase « prioriser » vous a permis de
classer vos tâches par projet et par priorité. Cette première phase contribue grandement à cette
organisation.
Pour aller plus loin, afin d’augmenter en efficacité, vous pouvez aussi regrouper des tâches.
Pourquoi ? Pour éviter la dispersion et augmenter votre efficacité.
Par exemple, imaginons que vous aviez prévu d’un côté de faire une vidéo pour votre
communication, et de créer le prochain e-mail pour votre newsletter d’un autre côté. Vous aurez
deux tâches bien distinctes de part et d’autre. Or, si vous choisissez de fusionner ces deux tâches
en intégrant cette vidéo dans votre newsletter, vous gagnerez du temps !
Faites donc le point sur quelles tâches peuvent être regroupées entre elles pour gagner en
efficacité. Ces regroupements peuvent se faire à plusieurs niveaux :
– par thématique (celles qui traitent d’un même thème mais ne sont pas liées au même
objectif) ;
– par objectif (celles ayant un objectif commun même si le thème diffère) ;
– par catégorie (celles qui sont similaires mais n’ont pas les mêmes objectifs ou les mêmes
thèmes).
Voici quelques exemples.
○ Réaliser une seule session de tournage pour des vidéos sur produits différents
(regroupement par catégorie).
○ Réaliser une journée de travail sur un produit en particulier (regroupement par objectif).
○ Contacter une personne pour lui proposer de discuter de deux sujets connexes
(regroupement par thématique).
Organiser vos journées en regroupant vos tâches vous permettra de gagner en temps et en
efficacité.
Cependant, cela ne vous libérera pas nécessairement des tâches superflues. En effet, que faire
des tâches en bas de la liste des priorités ? Doivent-elles être traitées ? De quelle manière ?
C’est là qu’intervient la dernière étape de cette procédure : éliminer.
C. Éliminer
La simplicité consiste à éliminer le superflu. Cela peut se faire de trois manières :
– en réalisant la tâche concernée ;
– en prenant la décision de ne pas la faire (en la supprimant) ;
– en la déléguant à une autre personne ou à un programme si elle peut être automatisée.
Les tâches superflues sont celles qui sont au plus bas de votre liste de priorités, c’est-à-dire
qu’elles ne sont pas rattachées à un projet important et que la conséquence de ne pas les faire est
minime.
L’objectif de cette étape est assez simple : il consiste à choisir comment éliminer ces tâches à
faible valeur ajoutée. Pour cela, voici une matrice à utiliser pour vous aider dans vos prises de
décisions.
Répondre à la demande du
Oui Non Non
potentiel prestataire
M’inscrire à un événement de
Non Non Oui
networking
Cette démarche vous donnera de la clarté sur vos priorités et sur comment éliminer le superflu,
contribuant ainsi directement à la simplification de votre quotidien professionnel.
L’ESSENTIEL
+ Simplifier permet de gagner du temps et de l’énergie pour agir avec plus d’efficacité. Ceci
passe par la suppression du superflu pour ne conserver que l’essentiel.
Étape 3 : programmer
Executive summary
• Le cerveau peut être programmé pour atteindre ses objectifs.
• Grâce à la création d’habitudes, nous pouvons nous programmer des comportements
choisis et non plus subis.
• Il existe des outils et techniques pour simplifier le processus de programmation des
individus.
• La programmation passe également par la création d’un plan d’actions.
« Un programme quotidien bien réalisé : voilà qui rehausse l’estime
de soi. »
Anonyme
Lors d’un entretien avec Michel Wozniak (voir chapitre 11), nous avons pu
découvrir que le cerveau se programme constamment de manière
inconsciente. En revanche, il existe des pratiques permettant de reprendre le
contrôle de ce processus de programmation afin de se créer des programmes
de manière consciente et intentionnelle.
Néanmoins, la programmation ne repose pas uniquement sur les
comportements et la création d’habitudes : c’est aussi la programmation des
actions, la capacité à créer une feuille de route pour atteindre un objectif.
Afin de mieux comprendre l’importance de la programmation pour sa
réussite professionnelle, nous avons rencontré un coach olympique.
AVIS D’EXPERT
Éric Alard, coach olympique et fondateur de Activ’Talent
Les propos de cet entretien ont été recueillis par Jérôme Hoarau.
Figure 18.1 – Visualiser la programmation
FICHE PRATIQUE
« Croyez en vos rêves et ils se réaliseront peut-être. Croyez en vous, et ils se réaliseront
sûrement. »
Martin Luther King
FICHE PRATIQUE
L’ESSENTIEL
+ La programmation se fait au niveau des actions et des comportements.
+ Selon Éric Alard, la programmation vers la réussite passe par quatre étapes : but, moyens,
actions et résultats.
Étape 4 : implémenter
Executive summary
• La capacité à passer à l’action repose sur plusieurs soft skills telles que l’audace, la
motivation ou la capacité à s’organiser.
• En développant ces soft skills, vous pouvez augmenter votre facilité à agir.
• Il existe des outils et des réflexes à adopter pour simplifier l’implémentation tels que le
mind mapping, ou les « deadlines ».
« Celui qui veut réussir trouve un moyen. Celui qui ne veut rien faire trouve
une excuse. »
Proverbe français
FICHE PRATIQUE
FICHE PRATIQUE
Le booster d’audace
Si vous sentez que vous ne passez pas à l’action par manque de confiance en vous, voici
quelques étapes simples à suivre dans ce cas.
1. Rédigez un petit contrat avec vous-même dans lequel vous écrivez votre engagement (par
exemple, « je m’engage à contacter le DRH de l’entreprise ABC ce lundi à 10 heures par
téléphone »).
2. Signez-le.
3. Faites-le signer à un témoin, une personne en qui vous avez confiance.
4. Tenez votre engagement en passant à l’action.
Vous pouvez, par souci de simplification, le faire par e-mail ou SMS, l’objectif étant de vous
engager à l’écrit et d’avoir le soutien d’une autre personne dans votre démarche.
Rappelez-vous également de la citation inspirante de Nelson Mandela : « Je ne perds jamais,
soit je gagne, soit j’apprends ».
FICHE PRATIQUE
Le mind mapping, outil ultime d’organisation des idées
Le mind mapping, développé par Tony Buzan, est un outil permettant de structurer de manière
visuelle l’information à partir d’une idée centrale. Ces cartes mentales reposent sur plusieurs
grands principes.
○ Inscrire au centre l’idée principale.
○ Illustrer cette idée centrale par une image.
○ Utiliser des couleurs.
○ Connecter chaque branche de « niveau 1 » à l’idée centrale.
○ Donner un aspect organique à chaque branche (éviter les lignes droites).
○ Utiliser un seul mot-clé par branche.
○ Ajouter des images dans la carte mentale.
Voici une représentation d’une mind map respectant ces principes.
FICHE PRATIQUE
AVIS D’EXPERT
Nicolas Lisiak, cofondateur de La-Semaine.com et médaillé de bronze au championnat
du monde de lecture rapide 2017
QU’AVEZ-VOUS MIS EN PLACE POUR PASSER
À L’ACTION PLUS FACILEMENT ?
« Pour moi, le passage à l’action repose sur une attitude proactive et un lâcher-prise du
jugement. Quand nous avons ces deux éléments en place, il devient plus simple de passer à
l’action, même si c’est imparfait.
Il est important de développer cette conscience que, pour se perfectionner, il faut passer à
l’action [et mettre en place cette dynamique du “test & learn” dont fait mention Camille
Larroze-Chicot dans son interview plus tôt dans cet ouvrage]. Le processus serait alors de :
– passer à l’action ;
– se remettre en question ;
– corriger.
Cette démarche permet d’apprendre de manière efficace et durable. Elle permet aussi d’enlever
la peur d’agir en se concentrant sur ce qui doit être fait : cette crainte de l’imparfait et du
jugement disparaît pour laisser la place au plaisir d’agir et de réaliser son travail.
Dans cette attitude, il n’y a pas de charge mentale avec des pensées parasites telles que : “que
vont penser les autres”, “et si les autres trouvent ça nul”, etc. Ces croyances limitantes nous
maintiennent dans le statu quo et nous ajoutent de la charge mentale inutile.
J’aime bien représenter cette attitude par un schéma. Il n’est pas basé sur une étude en
particulier mais plutôt sur la façon dont je perçois les trois éléments les plus importants me
motivant à agir :
Les propos de cet entretien ont été recueillis par Jérôme Hoarau.
L’ESSENTIEL
+ Le passage à l’action peut être inhibé par plusieurs freins que nous pouvons désamorcer.
+ S’organiser pour réaliser de manière productive les tâches de moins de 5 minutes aide à
agir.
+ Le mind mapping est également très utile pour organiser ses tâches et identifier ce qui est
prioritaire.