gestion |démarche qualité
Démarche qualité pré-analytique en microbiologie
La microbiologie, comme toutes les autres disciplines du laboratoire de biologie médicale, doit bénéficier
d’une démarche qualité structurée. Le biologiste est responsable de son efficacité. Nous présentons ici,
suite à l’intervention du professeur Piémont, la façon dont la diversité des prélèvements et des agents
pathogènes rend complexe la démarche appliquée à la phase pré-analytique en microbiologie.
P
our s’assurer que la phase pré-analytique
répond aux exigences de la démarche
qualité, il faut d’abord savoir en quoi elle
consiste. La phase pré-analytique commence
à la rédaction de la demande d’examen par le
clinicien, passe par la réalisation ou le recueil
du prélèvement, l’acheminement au laboratoire
et la prise en charge par le laboratoire jusqu’au
moment de la réalisation effective de la recher-
che microbiologique. Elle peut se résumer en
trois phases :
– Phase 1 : le service clinique et le transport ;
– Phase 2 : la réception au laboratoire ;
– Phase 3 : l’activité pré-analytique dans la zone
de réalisation technique.
Elle concerne tant l’échantillon que les documents
ou informations qui l’accompagnent.
Le diagramme d’Ishikawa
L’utilisation du diagramme d’Ishikawa (figure 1),
ou méthode des 5 M, est une aide pour identi-
fier tous les “intervenants” de cette phase de la
manière la plus complète possible.
M comme matière première...
ou échantillons
Ce sont tous les échantillons reçus par le labora-
toire pour réaliser les recherches microbiologi-
ques. Leur grande variété est l’une des spécificités
de la microbiologie, chacun devant être recueilli,
conservé dans des conditions définies pour pré-
server sa qualité (tableau I).
Phase préanalytique
            
 
 
 
| Figure 1. Diagramme d’Ishikawa.
Source : Piemont Y, CNBH, octobre 2008.
22
M comme main d’œuvre...
la réalisation technique. Ces différents environne-
ou personnel ments devront répondre aux exigences à l’égard
Ce sont toutes les personnes qui interviennent dans des risques classiquement rencontrés (hygiène,
cette phase pré-analytique, depuis la génération de sécurité, confidentialité...).
la demande jusqu’à la réalisation de la recherche
microbiologique. Ces personnes appartiennent ou M comme méthode...
non au personnel du laboratoire. Il s’agit des clini- ou technique
ciens, des infirmières, des coursiers, des secrétai- Ce sont tous les savoir-faire de chaque corps
res, des techniciens, des biologistes. de métier appliqués à la phase pré-analyti-
Ces personnes doivent être formées, sensibi- que de microbiologie, ainsi que les matériels
lisées aux tâches spécifiques qui contribuent à nécessaires à l’exercice de ce savoir-faire. Le
une recherche microbiologique de qualité et à laboratoire doit s’assurer que ces matériels sont
la nécessaire coordination de leur travail. Elles disponibles et que chaque fois que nécessaire,
devront avoir à leur disposition tout document les documents descriptifs (guides, procédures,
nécessaire à leurs tâches (guides, fiche de prélè- instructions...) et les documents supports (feuille
vement, de transport..). de prélèvement selon la nature de l’échantillon,
feuille de route...) sont valides et également
M comme milieu... disponibles.
ou environnement
Géographiquement, la phase pré-analytique fait M comme matériel...
intervenir plusieurs lieux. Le premier de ces lieux ou automates
sera différent selon que le prélèvement est réalisé On peut faire figurer ici les matériels associés
en service clinique d’un établissement de soins, aux méthodes préalablement citées. On peut
au domicile du patient ou chez le médecin. Inter- également mentionner l’informatique du labo-
viennent ensuite le moyen de transport et, enfin, ratoire, l’interface avec l’informatique de l’éta-
la zone de réception au laboratoire. Si le prélè- blissement, s’il existe une prescription connec-
vement est réalisé directement au laboratoire, la tée, l’interface avec l’homme (clavier, scanner,
salle de prélèvement est le seul lieu en amont de douchette...).
Tableau I. Les principes de transport selon la nature de l’échantillon.
Nature d’échantillon Principes de transport
Hémoculture Rapidement mis dans l’automate, sinon risque de faux négatif (car pousse déjà faite...)
Liquides (liquide céphalorachidien, Seringue bouchée stérilement (anaérobies), température ambiante
liquide articulaire)
Pus Idem ? Milieu de transport anaérobie
Urines Glace ? Borate/formate ?
Biopsies Éviter la dessiccation, conditionnement anaérobie, température ambiante
Pièces anatomiques Conditionnement anaérobie ?
Matériel prothétique Température ambiante, sinon +4 °C
Sécrétions Température ambiante
Selles Milieu Carey-Blair, écouvillon ?
Écouvillon* Coton ? Alginate ? Dacron ? Milieu de transport ?
*Le caractère malaisé de la désorption à partir des écouvillons serait moindre avec les écouvillons floqués. Le coton (et la tige en bois)
est décrit comme éventuellement toxique pour les germes fragiles.
OptionBio | Lundi 23 février 2009 | n° 413