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Bêtalactamines
M. Grappin, P. Chavanet, H. Portier

Les bêtalactamines sont à juste titre les antibiotiques les plus prescrits en médecine générale. Leur spectre
d’activité est variable en fonction de leur classe (pénicillines ou céphalosporines) et parfois en fonction des
molécules dans chaque classe. Ainsi, les pénicillines G et V sont plutôt actives sur les cocci à Gram positif
et les anaérobies, le spectre des aminopénicillines s’étend à quelques bacilles à Gram négatif.
L’adjonction d’un inhibiteur de bêtalactamases permet une activité sur certaines bactéries produisant
une telle enzyme. Les céphalosporines étendent encore le spectre d’activité vers les bacilles à Gram
négatif en perdant un peu d’activité sur les cocci à Gram positif. Pour une même molécule, la posologie
peut varier en fonction de l’indication soit du fait d’un niveau de sensibilité différent des bactéries ciblées
soit du fait de la variabilité de la diffusion de l’antibiotique selon le site infectieux. Les grandes quantités de
bêtalactamines consommées, particulièrement en France, ont provoqué l’émergence et la diffusion de
résistances chez de nombreuses espèces bactériennes. C’est le cas aujourd’hui pour la plupart des
bactéries communautaires. Ainsi, 45 % des pneumocoques ont une sensibilité diminuée aux pénicillines
chez l’adulte et 65 % chez l’enfant, 40 % des Escherichia coli sont résistants à l’amoxicilline, 30 % à
l’association amoxicilline-acide clavulanique et 40 % aux céphalosporines de première génération. Cette
situation très préoccupante impose une utilisation plus appropriée des antibiotiques d’une part en
limitant le nombre de prescriptions et d’autre part en prescrivant mieux en termes de choix de molécules,
de rythme d’administration et de durée. Les recommandations de l’AFSSAPS (Agence française de sécurité
sanitaire des produits de santé) pour les pathologies les plus fréquentes, régulièrement actualisées,
constituent une aide majeure pour le praticien.
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Mots clés : Bêtalactamines ; Pénicillines ; Céphalosporines ; Spectre d’activité ;


Indications des bêtalactamines

Plan ■ Introduction
Les bêtalactamines sont les antibiotiques les plus prescrits en
¶ Introduction 1 médecine générale.
¶ Pénicillines 2 Leur spectre d’activité et leur diffusion sont très variables. Ce
Spectre d’activité et mécanismes de résistance 2 sont souvent des molécules à spectre très large dont l’utilisation
Pharmacocinétique 2 doit être réfléchie afin de respecter l’écologie bactérienne et
Pharmacodynamie 2 d’éviter, ou tout au moins de limiter, la sélection de bactéries
résistantes.
¶ Céphalosporines 2 Famille d’antibiotiques majeure, elle regroupe les pénicillines,
Spectre d’activité 2 les inhibiteurs de bêtalactamases (IBL), les carbapénèmes, les
Pharmacocinétique 3 monobactames, les céphalosporines.
¶ Indications 3 Ces différents groupes se caractérisent par :
Infections ORL 3 • une structure de base commune : le noyau bêtalactame ;
Infections respiratoires basses 4 • un mode d’action commun : lyse bactérienne par inhibition
Infections urinaires 5 de la synthèse du protéoglycane par fixation sur les protéines
de liaison des pénicillines (PLP) au niveau de la membrane
Infections génitales et infections sexuellement transmissibles 5
cytoplasmique ;
Infections de la peau et des tissus mous 5
• des mécanismes de résistance bactérienne secondaires à ce
Arthrites aiguës 6 mode d’action : production d’enzymes d’inactivation appelées
Place des bêtalactamines en antibioprophylaxie 6 bêtalactamases, diminution de la perméabilité de la paroi
¶ Effets secondaires, précautions d’emploi 6 bactérienne, modification des protéines de liaison des péni-
Effets secondaires communs à l’ensemble des bêtalactamines 6 cillines, efflux.
Effets secondaires spécifiques 7 Seuls les antibiotiques disponibles en ville et leur utilisation
pratique en médecine générale sont présentés dans cette
synthèse.

Traité de Médecine Akos 1


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Tableau 1.
Spectre d’activité des pénicillines.
Pénicilline G et V Pénicilline M Pénicilline A Pénicilline A + IBL
Cocci à Gram positif
S. aureus > 95 % résistants 27 % de SARM > 95 % résistants Actif sur les SASM
S. pyogenes (SBHA) Sensible - Sensible Sensible mais inutile
S. pneumoniae 38 % de PSDP - 20 % de PSDP -
Enterococcus faecalis - - Sensible Sensible mais inutile
Enterococcus faecium - - 40 % intermédiaires ou résistants -
Cocci à Gram négatif
N. meningitidis 20 à 30 % de sensibilité di- - 20 à 30 % de sensibilité diminuée -
minuée
N. gonorrhoeae 80 % résistants - 20 à 30 % de sensibilité diminuée -
Bacilles à Gram négatif
E. coli - - 40 % résistants 30 % résistants
Haemophilus influenzae - - 30 % résistants 16 % résistants

Klebsiella pneumoniae - - 100 % résistants 20 % résistants


Proteus mirabilis - - 30 à 40 % résistants 20 % intermédiaires ou résistants
Salmonella - - 15 % résistants
Anaérobies
Bacteroides fragilis - -
Clostridium perfringens Sensible - Sensible
Peptostreptococcus Sensible Sensible
SARM : Staphylococcus aureus résistant à la méticilline ; SASM : Staphylococcus aureus sensible à la méticilline ; SBHA : streptocoque bêtahémolytique du groupe A ; PSDP :
pneumocoque de sensibilité diminuée aux pénicillines.

■ Pénicillines influenzae a développé ces dernières années des résistances par


un mécanisme non enzymatique (souches dénommées BLNAR),
Spectre d’activité et mécanismes qui concerne environ 16 % des souches.
Soulignons que l’utilisation d’un IBL dans le traitement des
de résistance (Tableau 1) infections à pneumocoque de sensibilité diminuée aux pénicil-
Pénicillines G et V lines (PSDP) ne présente aucun intérêt puisque la résistance est
due à une modification des protéines de liaison des pénicillines
La diminution de sensibilité du pneumocoque n’est pas due et non à la production de bêtalactamase.
à la production d’une pénicillinase, mais à une modification des
protéines de liaison des pénicillines affectant l’ensemble des
bêtalactamines à des degrés divers. Selon l’intensité des modifi-
Pharmacocinétique
cations, les souches sont soit de sensibilité intermédiaire, soit Les principales propriétés pharmacocinétiques des pénicillines
résistantes. sont résumées dans le Tableau 2.
Chez Neisseria gonorrhoeae (gonocoque), la résistance peut être
due à une pénicillinase ou à une modification des protéines de Pharmacodynamie
liaison des pénicillines, affectant l’ensemble des bêtalactamines.
Les pénicillines sont des antibiotiques ayant un mode
Pénicillines M d’action de type temps-dépendant. Il faut donc, tant pour des
En pratique, leur spectre est limité aux seuls staphylocoques raisons d’efficacité que de limitation des risques de sélection de
que l’on classe en deux grands groupes : les sensibles à ces bactéries résistantes, choisir des rythmes d’administration
molécules (SASM ou meti-S) et les résistants (SARM ou meti-R). permettant d’obtenir, dans les foyers infectieux, des concentra-
Soulignons que les SARM sont résistants à toutes les tions d’antibiotique supérieures à la concentration minimale
bêtalactamines. inhibitrice (CMI) de la bactérie pendant au moins 40 % du
temps séparant deux administrations. Les rythmes d’adminis-
Pénicillines A tration proposés, nuancés en fonction des indications tiennent
Seulement 1 % des souches de pneumocoque y sont résistan- compte de ces paramètres.
tes. Les souches de sensibilité intermédiaire (25 %) sont
sensibles in vivo aux posologies recommandées.
Certains bacilles à Gram négatif ont acquis la capacité de ■ Céphalosporines
résister par sécrétion de pénicillinase (E. coli dans 40 % des cas, Les cliniciens en distinguent trois classes, selon leurs proprié-
Haemophilus influenzae dans 30 % des cas). tés antibactériennes : céphalosporines de 1ère (C1G), 2e (C2G) et
Pénicillines A et inhibiteurs de bêtalactamases 3e génération (C3G).
Dans chaque classe, on retrouve des molécules à administrer
Il s’agit de l’association de l’amoxicilline ou de l’ampicilline
soit par voie orale, soit par voie parentérale. Il n’existe pas
à deux types d’IBL, respectivement l’acide clavulanique et le
d’équivalence en termes de pharmacocinétique et d’activité
sulbactam.
antibactérienne dans une même classe entre les formes orales et
L’intérêt de ces associations est d’élargir le spectre des
injectables. Ceci est notamment très marqué pour les C3G.
pénicillines A aux germes producteurs de pénicillinases. Il en
résulte une augmentation du nombre de bacilles à Gram négatif
sensibles et une restauration de sensibilité de certaines bactéries Spectre d’activité (Tableau 3)
ayant acquis la capacité de production de pénicillinases (sta- Parmi les C1G, seules les formes injectables peuvent avoir un
phylocoques, H. influenzae, et E. coli). Mais, E. coli a acquis la intérêt en pratique de ville du fait de l’évolution des résistances.
capacité de résister aux IBL dans 20 à 30 % des cas par produc- Le céfuroxime axétil reste indiqué pour les infections respira-
tion de bêtalactamases hydrolysant l’IBL. De la même façon, H. toires hautes impliquant le pneumocoque (1 % de souches

2 Traité de Médecine Akos


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Tableau 2.
Principales propriétés pharmacocinétiques des pénicillines.
Pénicilline G retard Pénicilline V Pénicilline M Pénicilline A IBL
(benzathine pénicilline)
i.v./i.m. PO i.v./i.m. PO i.v./i.m. PO
Absorption 55 à 60 % 41 % 80 % 80 %
Tmax 12 à 24 h 30 à 60 min 30 à 60 min 1h 2h
Demi-vie Longue 30 min 30 min 60 min 60 min 60 min
Rythme d’administra- Toutes les 1 à 2 semaines 3 à 4/j 3 à 4/j 2 à 3/j 3/j
tion
Diffusion tissulaire Faible Mal dans os, mé- Bonne sauf os Bonne y compris dans mé- Bonne sauf dans mé-
ninge, œil, prostate ninge inflammatoire et os ninge et os
Élimination Rénale Rénale 50 % Rénale Rénale 70 à 80 % Rénale
IBL : inhibiteurs de bêtalactamases ; PO : per os ; i.v. : par voie intraveineuse ; i.m. : par voie intramusculaire.
Tmax : temps d’obtention de la concentration maximale d’antibiotique dans le sérum.

Tableau 3.
Spectre d’activité des céphalosporines.
C1G C2G orales C3G orales C3G inj (ceftriaxone)
Cocci à Gram positif
S. aureus 33 % de SARM 33 % de SARM - -
S. pyogenes (SBHA) Sensible Sensible Sensible Sensible
S. pneumoniae Pas actif sur PSDP 20 % de PSDP 20 % de PSDP. Céfixime 36 % résistants Sensible y compris PSDP
Entérocoque - - - -
Cocci à Gram négatif
N. meningitidis - - - Sensible
N. gonorrhoeae - - Céfixime sensible Sensible
Bacilles à Gram négatif
E. coli 20 % résistants ou intermédiaires 5 % résistants 3 % résistants 5 % résistants ou intermé-
diaires
Haemophilus influenzae - Sensible Sensible Sensible
Klebsiella pneumoniae 20 % intermédiaires ou résistants Sensible 1 à 3 % résistants 1à 3 % résistants
Proteus mirabilis 25 % intermédiaires ou résistants Sensible Sensible Sensible
Salmonella - - - 4 % résistants
ère e e
C1G : céphalosporines de 1 génération ; C2G : céphalosporines de 2 génération ; C3G : céphalosporines de 3 génération ; SARM : Staphylococcus aureus résistant à la
méticilline. SBHA : streptocoque bêtahémolytique du groupe A. PSDP : pneumocoque de sensibilité diminuée aux pénicillines ; inj : injection.

résistantes), mais pas pour les pneumonies pour des raisons première intention l’amoxicilline pour une durée de 6 jours. En
pharmacocinétiques. cas d’allergie bénigne aux pénicillines, sans contre-indication
Parmi les C3G injectables, seule la ceftriaxone est disponible aux céphalosporines, le choix se porte sur le céfuroxime axétil
en ville. Elle possède une forte activité sur le pneumocoque et sur 4 jours, le cefpodoxime proxétil sur 5 jours ou le céfotiam
notamment sur les souches de PSDP. Elle est très active sur H. hexétil sur 5 jours.
influenzae y compris sur les souches productrices de bêtalacta-
mases. Les C3G orales ont un spectre plus réduit et surtout des Otites moyennes aiguës (OMA) de l’enfant
propriétés pharmacodynamiques moins favorables. Le céfixime L’antibiothérapie n’est recommandée en première intention
ne peut être utilisé pour le pneumocoque car 36 % des souches que dans les OMA purulentes chez l’enfant de moins de 2 ans
sont résistantes ; les autres C3G orales (5 % de souches résistan- et, chez l’enfant de plus de 2 ans, seulement lorsque la symp-
tes) restent indiquées pour les infections respiratoires hautes tomatologie est bruyante (fièvre élevée, otalgie intense). Le
mais pas pour les pneumonies pour des raisons traitement probabiliste doit couvrir Streptococcus pneumoniae
pharmacocinétiques. (présent dans 25 à 30 % des cas), H. influenzae (présent dans 40
à 45 % des cas) et Branhamella catarrhalis. Le choix de l’antibio-
Pharmacocinétique tique repose alors sur l’association amoxicilline-acide clavulani-
Les principales propriétés pharmacocinétiques des céphalo- que (80 mg/kg/j d’amoxicilline), le cefpodoxime proxétil ou le
sporines sont résumées dans le Tableau 4. céfuroxime axétil. En cas d’allergie bénigne aux pénicillines sans
contre-indication aux céphalosporines, le choix se porte sur le
céfuroxime axétil ou le cefpodoxime proxétil. Le recours à la
■ Indications [1]
ceftriaxone par voie intramusculaire doit rester très exceptionnel
et se conformer au libellé d’autorisation de mise sur le marché
Infections ORL [2] (AMM). La durée du traitement est de 8 à 10 jours avant 2 ans
et de 5 jours après cet âge.
Angines aiguës En cas de syndrome otite-conjonctivite (H. influenzae en cause
Dans l’angine érythémateuse ou érythématopultacée, forme dans 75 % des cas), le cefpodoxime proxétil est recommandé du
clinique de loin la plus fréquente, l’antibiothérapie ne se justifie fait d’une meilleure activité sur H. influenzae.
que pour les angines prouvées à streptocoque bêtahémolytique
du groupe A (SBHA). La décision thérapeutique impose donc la Sinusites aiguës
réalisation préalable d’un test de diagnostic rapide du SBHA. L’antibiothérapie se justifie :
Du fait de l’augmentation des résistances bactériennes aux • lors des sinusites frontales, ethmoïdales ou sphénoïdales ;
macrolides, les bêtalactamines doivent être privilégiées avec en • dans les sinusites maxillaires aiguës :

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Tableau 4.
Principales propriétés pharmacocinétiques des céphalosporines.
Céphalosporines 1 Céphalosporines 2 Céphalosporines 3 orales Céphalosporines
3 inj (ceftriaxone)
i.m./i.v. PO i.m./i.v. PO
Absorption 80 à 90 % 50 à 60 % Saturable
↑ par repas ↑ par repas
Pic sérique 20 à 70 min 30 à 60 min 60 min 2à3h 2à4h 30 min à 2 h
Demi-vie 30 min 30 à 60 min 1 à 1,5 h 80 min 2à3h 8h
Rythme 3 à 4/j 3 à 4/j 2/j 2/j 2/j 1/j
d’administration
Diffusion tissulaire Pas dans le LCR, l’os Bonne y compris méninge inflammatoire Bonne dans poumons, Bonne y compris
bronches, plèvre, sinus méninge inflamma-
toire
Élimination Rénale à 80 % 50 à 60% rénale Rénale à 80 % 40 à 60 % rénale
10 à 20 % biliaire
inj : injection ; i.m. : par voie intramusculaire ; i.v. : par voie intraveineuse ; PO : per os ; LCR : liquide céphalorachidien.

le cefpodoxime proxétil (8 mg/kg/j) pendant 7 à 10 jours, et,

“ Points forts
chez l’adulte, l’association amoxicilline-acide clavulanique (7 à
10 jours), le céfuroxime axétil (5 jours), le cefpodoxime proxétil
(5 jours) ou le céfotiam hexétil (5 jours).
La diminution de sensibilité des pneumocoques aux
bêtalactamines n’est pas due à la production de Infections respiratoires basses [3]
bêtalactamase : elle n’est donc pas corrigée par Bronchites
l’association à un IBL.
La bronchite aiguë du sujet sain ne justifie qu’un traitement
Les SARM sont résistants à toutes les bêtalactamines symptomatique sans antibiotique.
actuellement disponibles. Lors des exacerbations de bronchite chronique obstructive
Désormais, 20 à 30% des E. coli « de ville » sont résistants à (BPCO), les germes en cause sont fonction de la gravité de
l’association amoxicilline-acide clavulanique. l’atteinte. Ainsi, si H. influenzae, S. pneumoniae et B. catarrhalis
Les céphalosporines de 1ère génération par voie orale sont les bactéries les plus fréquemment en cause, Staphylococcus
n’ont pratiquement plus d’indications du fait de aureus, Klebsiella pneumoniae et Pseudomonas aeruginosa peuvent
l’évolution des résistances bactériennes. être rencontrés dans les formes graves (volume expiratoire
Beaucoup de bactéries initialement sensibles ont acquis maximal par seconde [VEMS] < 30 %). Le choix de l’antibiothé-
rapie dépend donc du stade de la BPCO [4].
des résistances vis-à-vis des bêtalactamines qui sont les En cas d’exacerbation de BPCO de stade 0 (VEMS/CV > 70 %,
antibiotiques les plus prescrits. Les pourcentages de où CV est la capacité vitale), l’antibiothérapie est inutile. Lors
résistance selon les espèces sont variables et évolutifs, leur d’une exacerbation de BPCO de stade I (VEMS/CV < 70 % et
connaissance, essentielle pour la prise en charge des VEMS ≥ 80 %, pas de dyspnée d’effort) ou II (VEMS/CV < 70 %
patients, doit donc être régulièrement actualisée. et VEMS compris entre 30 et 80 %, dyspnée d’effort) sans
Les bêtalactamines orales ne sont pas indiquées dans les facteurs de risque associés (exacerbations fréquentes, ≥ 4 fois par
infections urinaires de l’homme, qui doivent toujours faire an, corticothérapie systémique au long cours, comorbidités,
suspecter l’existence d’une prostatite peu accessible à ces antécédents de pneumonie), parmi les bêtalactamines, seule
l’amoxicilline (3 g/j en trois prises) est recommandée. Au cours
molécules.
d’une exacerbation de BPCO de stade III (VEMS/CV < 70 % et
Les bêtalactamines ont un mode d’action « temps- VEMS < 30 %, ou VEMS < 50 % avec insuffisance respiratoire
dépendant ». Leur activité n’est donc optimale que si le chronique, dyspnée au moindre effort ou dyspnée de repos),
rythme d’administration est adapté à leur demi-vie : il faut parmi les bêtalactamines, le choix se porte sur l’association
obtenir une concentration au site de l’infection supérieure amoxicilline-acide clavulanique (3 g/j d’amoxicilline), le
à la CMI de la bactérie pendant au moins 40 % du temps céfuroxime axétil, le cefpodoxime proxétil, le céfotiam hexétil,
séparant deux administrations. ou la ceftriaxone par voie parentérale. La durée recommandée
de traitement est de 7 à 10 jours.

C chez l’enfant, dans les formes aiguës sévères ou dans les Pneumopathies aiguës communautaires
formes prolongées lorsqu’il existe des facteurs de risque tels Chez l’adulte, sans facteurs de risque de mortalité (âge
qu’un asthme, une cardiopathie ou une drépanocytose supérieur à 65 ans, insuffisance cardiaque congestive, maladie
homozygote ; cérébrovasculaire, maladie rénale, maladie hépatique, BPCO,
C chez l’adulte, en présence d’une symptomatologie typique diabète sucré non équilibré, immunodépression, drépanocytose
homozygote, antécédent de pneumonie bactérienne, hospitali-
(douleurs infraorbitaires 48 heures après un traitement
sation dans l’année, vie en institution), ni signe de gravité
symptomatique, douleur unilatérale augmentant quand la
(atteinte des fonctions supérieures, pression artérielle systolique
tête est penchée en avant, douleur pulsatile, acmé en fin < 90 mmHg, pouls > 120/min, fréquence respiratoire > 30/min,
d’après-midi et la nuit, et/ou augmentation de la rhinor- température < 35 °C ou ≥ 40 °C, néoplasie associée, suspicion
rhée et de sa purulence notamment si elle est unilatérale), de pneumonie d’inhalation ou sur obstacle trachéobronchique),
de fièvre pendant plus de 3 jours, de l’échec d’un traite- en cas de suspicion de pneumonie à pneumocoque (installation
ment symptomatique ou de l’association à une infection rapide en moins de 24 heures), une antibiothérapie probabiliste
dentaire homolatérale supérieure. par amoxicilline 3 g par jour est recommandée. Lorsqu’il existe
L’antibiothérapie de première intention repose sur l’utilisa- un doute avec une pneumonie atypique (hors légionellose),
tion de bêtalactamines avec, chez l’enfant, l’association l’amoxicilline reste un choix possible en première intention à
amoxicilline-acide clavulanique (80 mg/kg/j d’amoxicilline) ou condition de prévoir une réévaluation à 48 heures. Sinon, le

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choix se porte sur les molécules actives sur les deux groupes de Salpingites
bactéries, la pristinamycine ou la télithromycine. La durée totale Dans les salpingites, le traitement est en général probabiliste
du traitement s’étend de 7 à 14 jours. et doit prendre en compte plusieurs types de germes dont
Chez l’adulte de plus de 65 ans et/ou avec comorbidité sans Chlamydia trachomatis, Neisseria gonorrhoeae, E. coli et les
signe de gravité, le choix de l’antibiothérapie prend en compte streptocoques, surtout du groupe B.
la nature des facteurs de risque, l’état clinique et les germes Le traitement des salpingites aiguës doit comporter une
potentiellement responsables. Le pneumocoque doit cependant antibiothérapie par voie intraveineuse et donc être réalisé en
toujours être pris en compte dans cette antibiothérapie. Les milieu hospitalier.
alternatives thérapeutiques sont l’association amoxicilline-acide Dans les salpingites subaiguës ou paucisymptomatiques, il est
clavulanique, la ceftriaxone, ou une fluoroquinolone antipneu- possible de réaliser une antibiothérapie per os associant une
mococcique. Cette dernière doit être privilégiée en cas de doute céphalosporine de 2e ou 3e génération, la doxycycline et du
d’une légionellose (non sensible aux bêtalactamines). métronidazole. La durée du traitement est de 2 à 3 semaines.
Chez l’enfant de moins de 3 ans, lorsqu’il n’existe pas de
facteurs de risque, le pneumocoque est la première cause de Infections gonococciques
pneumonie. L’antibiothérapie repose donc sur l’amoxicilline à la Qu’il s’agisse d’urétrites ou de cervicites, l’antibiothérapie
dose de 80 à 100 mg/kg/j en trois prises. En cas d’allergie à la actuelle des infections à Neisseria gonorrhoeae repose sur des
pénicilline sans contre-indication aux céphalosporines, l’utilisa- traitements minute. Compte tenu des résistances observées, la
tion d’une céphalosporine de 3 e génération injectable est ceftriaxone à 250 mg par voie intramusculaire en une injection
recommandée. Une hospitalisation est nécessaire en cas de et le céfixime 400 mg per os en une fois restent les seules
contre-indication aux bêtalactamines. possibilités thérapeutiques parmi les bêtalactamines.
Au-delà de 3 ans, sans facteurs de risque associés, l’amoxicil-
line est prescrite uniquement lorsque le tableau clinique est en
faveur d’une infection pneumococcique. Infections de la peau et des tissus mous
Impétigo
Infections urinaires [5] L’impétigo est par définition une infection cutanée superfi-
Infections urinaires basses de la femme cielle due aux SBHA mais susceptible de se compliquer d’exten-
Du fait de la fréquence des résistances d’E. coli, les bêtalacta- sion en profondeur (ecthyma, dermohypodermite bactérienne
mines n’ont plus leur place dans le traitement court de l’infec- nécrosante, fasciite, myosite), de diffusion bactériémique et de
tion urinaire basse non compliquée de la femme jeune. complications immunologiques (glomérulonéphrite extramem-
En cas d’infection urinaire basse compliquée chez des patien- braneuse plus que rhumatisme articulaire aigu). Il nécessite une
tes de plus de 65 ans, des diabétiques ou des immunodéprimées, antibiothérapie par voie générale et une désinfection locale par
on peut proposer un traitement classique comportant des antiseptiques. Le choix de l’antibiotique doit tenir compte de la
céphalosporines de 2 e ou de 3 e génération par voie orale fréquente surinfection, parfois précoce, par Staphylococcus aureus
pendant une durée d’au moins 5 jours. Du fait de la fréquence en général meti-S (infection communautaire). En conséquence,
d’isolement d’E. coli producteurs de bêtalactamases résistantes la pénicilline V et les pénicillines A ne sont pas les plus
aux IBL (20 à 30 %), l’amoxicilline associée à un IBL n’a plus adaptées, surtout s’il existe déjà des signes de surinfection
actuellement sa place en traitement probabiliste. staphylococcique : pus jaune, traînée de lymphangite, adénopa-
thie satellite sensible et inflammatoire. Parmi les bêtalactamines,
Pyélonéphrites non compliquées le choix peut se porter alors sur une association de pénicilline
La résistance des E. coli conduit à restreindre le choix, parmi A à un IBL, une pénicilline M ou une céphalosporine de
les bêtalactamines, à la ceftriaxone à la dose de 1 g par jour par première génération par voie orale. La durée du traitement peut
voie intraveineuse ou intramusculaire, après réalisation d’un être réduite à 5-7 jours dans les formes non compliquées.
ECBU (examen cytobactériologique urinaire) et d’une hémocul-
Furoncles de la face ou furonculoses sur terrains
ture. Ce traitement doit être adapté dès réception de l’antibio-
gramme. La durée de traitement est de 14 jours. particuliers
Le furoncle, infection staphylococcique d’un follicule pilosé-
Prostatites aiguës bacé nécrosé, ne nécessite qu’un traitement local (antiseptique
La cystite étant une exception chez l’homme, toute infection et extraction à la pince du bourbillon) sauf en cas de localisa-
urinaire doit faire évoquer une prostatite. tion à la face au-dessus d’une ligne passant par la commissure
Parmi les bêtalactamines, seule la ceftriaxone a sa place dans labiale (risque de staphylococcie maligne de la face), de locali-
le traitement des prostatites aiguës, du fait de sa bonne diffu- sations multiples et d’apparition sur un terrain fragilisé (diabète,
sion tissulaire et de son activité sur les E. coli résistants. Elle ne corticothérapie au long cours, immunodépression).
peut être utilisée pendant la totalité des 4 à 6 semaines du Dans ces cas, une antibiothérapie par voie générale doit être
traitement. Le relais par voie orale est assuré au mieux par une prescrite. Parmi les bêtalactamines, on peut choisir entre une
fluoroquinolone quand la bactérie est sensible. association de pénicilline A à un IBL, une pénicilline M, une
céphalosporine de première génération. La durée de traitement
Infections génitales et infections varie en fonction de l’intensité des signes et/ou du degré
sexuellement transmissibles d’immunodépression, et ne doit pas être inférieure à 7 jours. Un
geste local complémentaire est parfois nécessaire. Il est systéma-
Syphilis tique en cas d’anthrax.
Le traitement de la syphilis repose sur l’utilisation des Dans le cas particulier du furoncle de la face, même en
pénicillines chez le sujet non allergique. l’absence de signes définissant la staphylococcie « maligne », les
Dans la syphilis primaire, secondaire ou latente on peut signes locaux sont souvent importants (œdème et rougeur) et
proposer : incitent à adjoindre un aminoglycoside pendant les 2 ou
• de la benzathine pénicilline à 2,4 millions d’unité en une 3 premiers jours. Les anti-inflammatoires sont formellement
injection intramusculaire ; contre-indiqués. La staphylococcie maligne de la face impose
• de la pénicilline G procaïne à 1 million d’unités par jour en l’hospitalisation d’urgence et la prescription d’une antibiothéra-
injections intramusculaires pendant 15 jours. pie intraveineuse adaptée et à diffusion méningée.
Dans la syphilis tertiaire ou chez l’immunodéprimé, le
schéma est le même pour le traitement par pénicilline G Érysipèle [6]
procaïne. En cas d’utilisation de benzathine pénicilline, trois L’érysipèle réalise une dermohypodermite aiguë sous la forme
injections intramusculaires de 2,4 MU à une semaine d’inter- d’une plaque rouge fébrile et douloureuse au voisinage d’une
valle sont recommandées. porte d’entrée du SBHA, en général minime, qu’il convient
Le traitement de la neurosyphilis doit comporter de la cependant de repérer et de traiter pour éviter les récidives.
pénicilline G à forte dose et être réalisé en hospitalisation. La localisation aux membres inférieurs est la plus fréquente.

Traité de Médecine Akos 5


5-0020 ¶ Bêtalactamines

Quelle que soit la localisation, la pénicilline G intraveineuse, mitrale, rétrécissement aortique en particulier), l’antibioprophy-
traitement de référence, n’est réalisable que dans le cadre d’une laxie est seulement optionnelle en cas de geste buccodentaire à
hospitalisation. Lorsqu’il n’y a pas de signes de gravité associés, haut risque.
un traitement par voie orale à domicile par de l’amoxicilline 50 En l’absence d’allergie aux bêtalactamines, l’antibiotique de
à 100 mg/kg/j en trois prises pour une durée de 15 jours peut choix lors de soins ambulatoires est l’amoxicilline 3 g en une
être proposé. prise unique dans l’heure précédant le geste chez l’adulte, et
En cas de récidives très fréquentes et surtout si le facteur 75 mg/kg chez l’enfant.
déclenchant (lymphœdème chronique, plaie chronique) est mal Lors des interventions urogénitales ou digestives, le schéma
contrôlé, une antibioprophylaxie peut être proposée par la proposé est différent du fait de la possibilité d’un entérocoque :
benzathine pénicilline, à raison d’une injection intramusculaire amoxicilline 2 g par voie intraveineuse dans l’heure précédant
toutes les deux à trois semaines (2,4 millions d’unités). le geste (suivie de gentamycine intraveineuse 1,5 mg/kg), puis
1 g per os 6 heures plus tard chez l’adulte. Chez l’enfant, la
Infection de plaie dose d’amoxicilline est de 50 mg/kg en intraveineuse une heure
Lorsqu’elle est superficielle, sans signes de diffusion régionale avant le geste, puis 25 mg/kg per os 6 heures plus tard.
(lymphangite) ou générale (fièvre), un traitement antiseptique Antibioprophylaxie du rhumatisme articulaire
local suffit. Dans les autres cas, un prélèvement microbiologique
est nécessaire et l’antibiothérapie générale est fonction de
aigu
l’antibiogramme et de la sévérité des symptômes. Une hospita- Son but est d’éviter les récidives après un premier épisode.
lisation est nécessaire si le derme profond est atteint et a fortiori Ce traitement doit être commencé tout de suite après la fin
en cas de suspicion de fasciite et/ou de pyomyosite pour du traitement initial indiqué pour éradiquer un éventuel
lesquelles un traitement médicochirurgical est urgent. portage. Il repose sur l’utilisation de la benzathine pénicilline à
Après morsure ou griffade par un animal domestique tel 1,2 million d’unités toutes les 2 à 3 semaines pendant cinq ans
qu’un chat ou un chien, et lorsqu’il existe des signes d’infec- dans les formes majeures (monoarthrites, polyarthrites fébriles,
tion, Pasteurella multocida, le staphylocoque ou SBHA sont le cardite, chorée) et un an dans les formes mineures (polyarthral-
plus souvent en cause. Ceci justifie la prescription d’une gie fébrile, troubles du rythme cardiaque, troubles de la
antibiothérapie par amoxicilline-acide clavulanique pendant 5 à conduction ou persistance d’un syndrome inflammatoire
14 jours. subfébrile au décours d’une angine streptococcique).
Une antibioprophylaxie par amoxicilline-acide clavulanique
pendant 5 à 7 jours se justifie devant une morsure profonde.

Maladie de Lyme [7] “ Points forts


L’amoxicilline à la dose de 3 à 4 g par jour pendant 14 jours
est le traitement recommandé en première intention de Les bêtalactamines ayant l’AMM en traitement court
l’érythème chronique migrant isolé. doivent être privilégiées dans le traitement des angines
Le traitement des phases secondaires ou tertiaires est variable aiguës à streptocoque A du fait de l’augmentation de la
selon les localisations. La ceftriaxone à 2 g/jour pendant 2 à résistance de cette bactérie aux macrolides.
3 semaines est une alternative à la doxycycline pour le traite-
Les bêtalactamines recommandées par l’AFSSAPS doivent
ment des arthrites chroniques ou récidivantes. Le traitement de
la paralysie faciale isolée repose sur la doxycycline, l’amoxicil- être privilégiées pour le traitement des sinusites aiguës
line à 3 g/jour ou la ceftriaxone à 2 g/jour pendant 2 à 3 semai- présumées bactériennes.
nes. Dans les autres formes de neuroborréliose, la ceftriaxone à L’amoxicilline per os à 3 g/j reste le traitement de choix
2 g/jour pendant 3 à 4 semaines est recommandée. des pneumonies de l’adulte sans facteurs de risque de
Une morsure de tique ne nécessite normalement pas d’anti- mortalité ni signes de gravité.
biothérapie prophylactique de la maladie de Lyme. Le céfixime ne peut être utilisé dans les infections
présumées ou prouvées à pneumocoque. Il est en
Arthrites aiguës revanche adapté au relais oral, après traitement d’attaque,
Les arthrites aiguës sont le plus souvent dues à S. aureus mais dans les pyélonéphrites aiguës à E. coli.
SBHA, pneumocoque, des entérobactéries ou N. gonorrhoeae En cas de geste à risque chez un patient porteur d’une
peuvent aussi être responsables. La prise en charge impose donc cardiopathie à haut risque d’endocardite infectieuse,
la réalisation d’un prélèvement bactériologique avant toute l’amoxicilline per os à 3 g en une prise unique dans l’heure
antibiothérapie pour s’assurer du germe en cause et de son précédant le geste est le traitement prophylactique de
profil de sensibilité aux antibiotiques, en particulier pour S.
choix.
aureus.
Les antibiotiques à utiliser doivent avoir une bonne diffusion
dans l’articulation. Pour cette raison, les pénicillines M par voie
orale et les céphalosporines ne sont pas adaptées en première ■ Effets secondaires, précautions
intention, même sur un S. aureus meti-S. d’emploi
Place des bêtalactamines Effets secondaires communs à l’ensemble
en antibioprophylaxie des bêtalactamines
Prophylaxie de l’endocardite infectieuse [8] Réactions allergiques [3] (Fig. 1)
Les recommandations d’antibioprophylaxie de l’endocardite Leur fréquence est de 0,4 à 8 % au cours des traitements par
infectieuse ont été redéfinies en 2002. L’indication dépend du pénicillines et de 1 à 3 % avec les céphalosporines.
type de cardiopathie et du geste buccodentaire réalisé. Les réactions allergiques à une pénicilline sont croisées avec
Ainsi, chez un patient porteur d’une cardiopathie à haut les autres pénicillines et dans 5 à 8 % des cas avec les
risque (prothèse valvulaire mécanique, cardiopathie congénitale céphalosporines.
cyanogène non opérée et dérivation chirurgicale, antécédent On distingue :
d’endocardite infectieuse), l’antibiothérapie n’est recommandée • les réactions immédiates survenant dans la première heure
que lors d’un geste buccodentaire à haut risque (soins parodon- après la prise de traitement (0,2 % des cas). Elles se manifes-
taux non chirurgicaux, soins endodontiques, avulsions dentai- tent par l’apparition d’une urticaire et/ou d’un angio-œdème
res, etc.). Elle est inutile pour tous les soins non invasifs c’est- et d’autres signes d’anaphylaxie (malaises, hypotension,
à-dire sans risque de saignement important. Pour les autres signes digestifs à type de diarrhée, vomissements, broncho-
types de cardiopathies (insuffisance aortique, insuffisance spasme, troubles du rythme cardiaque, etc.) ;

6 Traité de Médecine Akos


Bêtalactamines ¶ 5-0020

Figure 1. Arbre décisionnel. Allergie à la pé-


nicilline (extrait de : AFSSAPS, antibiothérapie
Allergie à la pénicilline par voie générale en pratique courante, octo-
bre 2005).

Allergie sévère Allergie bénigne

Réaction précoce survenant Réaction tardive


moins d'une heure après la prise, sans signes de gravité
ou signes de gravité, ou antécédent
de tests cutanés positifs

Contre-indication des pénicillines Possibilité de prescrire une céphalosporine


et des céphalosporines Avis en allergologie avec réalisation de tests cutanés ;
Avis en allergologie si tests négatifs : possibilité de prescrire
une pénicilline ultérieurement

Tableau 5.
Interactions médicamenteuses avec les bêtalactamines : pénicillines.
Médicament coadministré Conséquence(s) Importance Attitude
Allopurinol (avec pénicilline A) Risque accru d’éruption cutanée Documentation + À prendre en compte
Importance +
Méthotrexate (avec pénicilline A) Augmentation des effets et de la toxi- Documentation + Association déconseillée
cité hématologique du méthotrexate Importance ++
Probénécide Augmentation des concentrations plas- Documentation + Intérêt limité en pratique
matiques des pénicillines Importance +

• les réactions accélérées apparaissant entre la 1 ère et la Effets secondaires spécifiques


72e heure. Elles se manifestent par l’apparition d’une urticaire
et/ou une réaction anaphylactique ; Pénicillines
• les réactions retardées apparaissant le plus souvent au bout de
7 à 8 jours. Les manifestations sont essentiellement cutanées. Avec la pénicilline M, on a montré une plus grande fréquence
Les deux premiers types de réactions définissent l’allergie de néphrites interstitielles. Ceci semble être plus le cas avec la
vraie à la pénicilline (5 % des allergies) et contre-indiquent la méticilline (non disponible aujourd’hui) qu’avec les autres
prescription de bêtalactamines. Une consultation en allergologie molécules du groupe.
est nécessaire pour la réalisation de tests cutanés. La positivité Avec les aminopénicillines, on a observé un risque accru de
de l’un de ces tests contre-indique l’emploi ultérieur de la ou réactions cutanées lors de l’administration au cours d’une
des molécules concernées. Si l’utilisation de ces antibiotiques est mononucléose infectieuse (dans 80 à 90 % des cas) et lors des
indispensable (neurosyphilis), la réintroduction doit être réalisée syndromes prolifératifs lymphocytaires (dans 50 % des cas). De
en milieu hospitalier après désensibilisation. même, l’administration concomitante d’allopurinol expose à un
En dehors de ces cas d’allergie sévère aux pénicillines, la risque augmenté de réactions cutanées (environ 50 %).
prescription de céphalosporines de 2e et 3e génération peut être Les associations de pénicilline A et IBL ont comme princi-
proposée. paux effets secondaires une mauvaise tolérance gastro-
Les réactions tardives (95 % des cas) ne sont pas une contre- intestinale avec notamment l’apparition, sous traitement, de
indication à l’utilisation ultérieure de pénicilline ou de cépha- nausées et surtout de diarrhées. Il semble que ces phénomènes
losporines. Toutefois, dans de rares cas, des allergies de type IV soient un peu moins fréquents avec le sulbactam qu’avec l’acide
peuvent s’exprimer ainsi. clavulanique. On a noté par ailleurs de rares cytolyses et/ou
cholestases hépatiques.
Autres réactions Les interactions médicamenteuses sont résumées dans le
Des troubles de l’agrégation plaquettaire et des convulsions Tableau 5.
(en IV) ont été décrits lors de l’administration de pénicilline à
fortes doses. Céphalosporines
D’une manière générale, les pénicillines et les céphalosporines
injectables sont à l’origine, en intramusculaire, d’importantes L’administration de céphalosporines peut être à l’origine de
douleurs aux points d’injection pouvant limiter de beaucoup troubles digestifs mineurs tels que des nausées, des douleurs
leur utilisation. À certaines céphalosporines injectables on a abdominales et des diarrhées. Il a été signalé également des
d’ailleurs adjoint de la lidocaïne pour limiter cet effet. hyperéosinophilies et des élévations transitoires des transamina-
Comme avec tous les antibiotiques, l’administration de ses avec l’ensemble des molécules de la classe. Avec la cef-
bêtalactamines peut entraîner le développement de colites triaxone, on a constaté quelques cas de pseudolithiases
pseudomembraneuses à Clostridium difficile, imposant l’arrêt du vésiculaires, à l’origine, dans certains cas, de cholécystites aigües.
traitement et une thérapeutique spécifique. La symptomatologie régresse spontanément à l’arrêt du traite-
Dans l’ensemble, toutes les bêtalactamines sont éliminées par ment. Cet effet indésirable contre-indique la ceftriaxone chez le
voie rénale et imposent une adaptation des doses en cas nourrisson qui présente un risque particulièrement élevé.
d’insuffisance rénale, surtout lors d’utilisation de posologies Les interactions médicamenteuses sont résumées dans le
élevées et de façon prolongée. Tableau 6.

Traité de Médecine Akos 7


5-0020 ¶ Bêtalactamines

Tableau 6.
Interactions médicamenteuses avec les bêtalactamines : céphalosporines.
Médicament coadministré Conséquence(s) Importance Attitude
Aminoglycosides (certaines C1 et Néphrotoxicité accrue Documentation + Prudence chez le sujet âgé, l’insuffisant
formes injectables) Importance + rénal et si furosémide

Furosémide (certaines C1 et formes Néphrotoxicité accrue Documentation + Prudence chez le sujet âgé, l’insuffisant
injectables) Importance + rénal et si aminoglycoside

Probénécide Augmentation des concentrations plasmatiques des Documentation + Intérêt limité en pratique
céphalosporines Importance +
Antiacides et anti-H2 (cefpodo- Diminution de la biodisponibilité du cefpodoxime Documentation + À prendre en compte
xime) Importance +

[4] Anonymous. Actualisation des recommandations de la Société de

“ Points forts
[5]
Pneumologie de Langue Française pour la prise en charge de la BPCO :
points essentiels. Rev Mal Respir 2003;20:294-9.
Anonymous. Antibiothérapie des infections urinaires. 2e conférence de
consensus en thérapeutique anti-infectieuse de la Société de Pathologie
Seules les réactions allergiques immédiates et sévères aux Infectieuse de Langue Française. Med Mal Infect 1991;21:59-82.
pénicillines constituent une contre-indication à [6] Anonymous. Erysipèle et fasciite nécrosante : prise en charge. Confé-
l’utilisation ultérieure de l’ensemble des bêtalactamines. rence de consensus de la Société de Pathologie infectieuse de Langue
Les réactions allergiques immédiates doivent conduire à Française et de la Société de Dermatologie. Med Mal Infect 2000;30:
une consultation d’allergologie dans les suites pour statuer 241-5.
[7] Anonymous. Borréliose de Lyme : démarches diagnostiques, thérapeu-
sur la réalité de l’allergie et les mesures qui en découlent. tiques et préventives. 16e Conférence de consensus en Thérapeutique
La prescription de pénicilline A à un patient sous Anti-Infectieuse de la Société de Pathologie Infectieuses de Langue
allopurinol expose à une éruption cutanée dans environ Française. www.infectiologie.com
50 % des cas. [8] Anonymous. Prophylaxie de l’endocardite infectieuse. Révision de la
. conférence de consensus de la Société de Pathologie Infectieuse de
Langue Française de mars 1992. Recommandations 2002. Med Mal
■ Références Infect 2002;32:533-41.

[1] GEN ET PI 2005. Guide de conduite pratique et de formation en


infectiologie pour les médecins généralistes. Collège des Universitai- Pour en savoir plus
res de Maladies Infectieuses et Tropicales. Vivactis Plus; 2004 (191p).
[2] AFSSAPS. Antibiothérapie par voie générale en pratique courante au
CMIT. b-lactamines. In: Pilly E, editor. Vivactis Plus. 2006. p. 55-70.
cours des infections respiratoires hautes de l’adulte et de l’enfant. 2005.
www.afssaps.sante.fr. Med. Mal. Infect. 2005;35:566–618. www.antiinfectieux.org/antiinfectieux/PLS/Beta-lactames/PLS-
[3] AFSSAPS. Antibiothérapie générale en pratique courante au cours des Betalactames-home.html.
infections respiratoires basses. 2005. www.afssaps.sante.fr. Med. Mal. www.afssaps.sante.fr/pdf/5/rbp/irh_reco.pdf.
Infect. 2005;35:619–94. www.afssaps.sante.fr/pdf/5/rbp/irb_reco.pdf.

M. Grappin, Praticien hospitalier.


P. Chavanet, Professeur des Universités, praticien hospitalier.
H. Portier, Professeur des Universités, praticien hospitalier (henri.portier@chu-dijon.fr).
Service des maladies infectieuses et tropicales, Pôle des pathologies lourdes, Hôpital d’enfants, BP 77908, 21079 Dijon cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Grappin M., Chavanet P., Portier H. Bêtalactamines. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de Médecine
Akos, 5-0020, 2007.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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