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Histoire des Instituions de l’A.O.

F du Moyen Age jusqu’en 1945


Séquence 1 : Les systèmes politiques traditionnels de l’Afrique occidentale à l’épreuve de l’islam

Histoire des Instituions de l’A.O.F du Moyen Age jusqu’en 1945


Mouhamadou BA
Séquence 1 : Les systèmes politiques traditionnels de l’Afrique
occidentale à l’épreuve de l’islam

Introduction
Il est très fréquent, parlant de l’Afrique dans la doctrine occidentale, de nier son histoire et le fait politique lorsque ses
sociétés traditionnelles sont impliquées. Parler de celles-ci en termes d’Etat, de systèmes politiques, peut sembler un peu
atypique car qualifiées souvent de sociétés archaïques ou primitives. Cela risque de paraitre en effet hérétique pour une
doctrine orthodoxe et peu encline à rechercher ces concepts ailleurs que dans les sociétés occidentales dites évoluées.
Concernant la première critique, elle vient du fait que souvent ses groupements humains sont des sociétés orales ou sans
écritures à la structure économique fermée : d’où leur attribut de sociétés de subsistances. Mais sur cela disons avec Pierre
Clastre que si le critère de l’archaïsme et de la primitivité réside dans l’absence d’écriture et l’économie de subsistance, le
prolétariat européen du XIXe siècle n’échapperait pas à la règle du fait de son illettrisme et de sa sous-alimentation1.
Tandis que la seconde critique vient de ce que le problème politique est souvent posé en termes de relation hiérarchisée et
autorité ; de commandement-obéissance de sorte que partout où l’on ne retrouve pas ce diptyque, la tendance est la
négation du fait politique. Or en ce qui concerne l’évolution des sociétés africaines dans leur globalité s’il est possible de
rencontrer certaines d’entre elles dont le niveau de centralisation du politique et le degré d’hiérarchisation sociale ont
atteint un certain niveau qui fait apparaître de véritables appareils politiques, il n’est pas possible d’en dire autant
concernant un bon nombre d’entre elles dont le niveau d’organisation n’a pas, hélas, dépassé le cadre du lignage. Faudrait-
il dans ce dernier cas nier, pour autant, le fait politique?
Disons à ce niveau aussi, avec l’auteur de "La société contre l’Etat", que cette manière de penser, propre aux sociétés
européennes, devrait être remise en cause et considérer que : « les peuples sans écriture ne sont donc pas moins adultes
que les sociétés lettrées. Leur histoire est aussi profonde que la nôtre et, à moins de racisme, il n’est aucune raison de les
juger incapable de réfléchir à leurs propres expériences et d’inventer, à leurs propres problèmes, des solutions
appropriées. »2

1
Pierre Clastre : La société et l’Etat, les éditions de minuit, Paris ; 1974.pp12-13.
2
Iem. p. 19.

Mouhamadou BA 1
Histoire des Instituions de l’A.O.F du Moyen Age jusqu’en 1945
Séquence 1 : Les systèmes politiques traditionnels de l’Afrique occidentale à l’épreuve de l’islam

C’est le cas d’un bon nombre de groupements humains qui se sont épanoui du Sud du Sahara jusqu’à la forêt tropicale
durant l’époque africaine dite du moyen Age. Et bien que les siècles qui ont précédé cette période soient qualifiés de
« siècles sombres ou obscurs » faute de documentation, les découvertes récentes des chercheurs dans le domaine ont tout
de même permis de les rattacher au glorieux passé de l’Egypte antique. En effet s’il est impossible d’établir rigoureusement
une continuité institutionnelle, une influence humaine et culturelle de ce modèle sur les organisations politiques africaines
au moyen âge reste tout de même indéniable. Il est établi que c’est durant cette période « indéterminée » que des migrations
et des brassages décisifs ont eu lieu notamment au Sud du Sahara. C’est alors que certaines techniques et cultures se sont
transmises, sous forme de diffusion, et qui vont servir de bâtir plus tard des sociétés plus puissantes, mieux organisés tel
que l’ont été les empires soudanais médiévaux dont le Ghana, le Mali et le Songhaï.
Ces structures politiques, bien qu’étant de type monarchiques, n’en ont pas moins fait montre d’un degré d’organisation
politique digne d’une institutionnalisation étatique. Elles ont su, en effet, mettre à profit entre le 8ème et le 16ème siècle une
ambiance économique et politique propre à la naissance et à l’épanouissement de structures politiques originales à
tendance l’Hégémonique.
Placé aux axes commerciaux de l’or, du sel et des esclaves, le Ghana le Mali et le Songhaï ont, en effet, mis sur pied des
systèmes politiques en Afrique de l’Ouest au sein desquels le pouvoir sera intégralement absolu, disposant de moyens de
coercition et de revenus importants bien supérieur à ceux que pouvaient fournir l’agriculture et l’élevage. Ce pouvoir
tendra à se stabiliser au sein d’un certain nombre de groupe uni par les liens de sang et d’alliance. Ce qui a certainement
favorisé l’apparition d’un certain nombre de groupe rival toujours prompte à s’en emparer.
Cependant ces empires connaitrons un certain nombre de bouleversement économique et socio-culturel qui vont en
ébranler sérieusement les assises jusqu’à faire disparaître quasi totalement toute référence à l’ordre traditionnel qui sous-
tendait ces grande structures.
Il s’agit dans un premier temps de l’islam lié à l’expansion hillalienne du XIè siècle dont Ibn Khaldoum nous apprend
qu’ « Ils laissèrent, dit-il, la ruine là où auparavant, depuis les terres des Noirs jusqu’au bord de la Méditerranée, tout était
cultivé. » Et sans exagérer ce phénomène sur l’essor de ces empires du soudan occidental, il reste indéniable qu’il a donné
à l’Afrique non seulement l’une de ses principales religions mais a transformé des pans entiers de son paysage socio-
culturel et politique.
Il s’agit dans un second temps des bouleversements qui vont accompagner les activités de traites et surtout du renversement
des échanges provoqués par le commerce maritime le long du littoral atlantique. L’Europe qui jusque-là s’était contentée
des relations et des services arabes va chercher à connaitre puis à utiliser l’Afrique.
Cela va déboucher, au 19ème siècle, à une crise profonde qui affecte les sociétés politiques à mesure que le pouvoir colonial
se structure, et que se substitue à son fondement initiale qu’est la force de la tradition, un fondement juridique nouveau
qui ne connaitra un tournant décisif qu’à partir de 1945 du fait de la seconde G.M et des idées politiques en maturation
chez les noirs.
C’est ce double influence que nous analyserons à travers les systèmes politiques traditionnels du soudan occidental à
l’épreuve de l’islam (Chapitre I) avant de voir dans un second temps l’implantation des systèmes juridiques européens du
fait de la puissance d’Etat coloniale jusqu’en 1945 (Chapitre II).

Mouhamadou BA 2

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