Evolution Urbaine

AGENCE URBAINE DE MARRAKECH
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AGENCE URBAINE DE MARRAKECH

Evolution Urbaine
de Marrakech
- Histoire et Perspectives -

1. MARRAKECH entre 1916 et 1919

Introduction
Générale
La présente étude relative à l’évolution urbaine de Marrakech, fait de l’arti-

culation de l’histoire à l’’avenir, la clé de voute de l’échafaudage auquel doit
s’adosser la prospective à bâtir.
Cette étude qui se veut un outil de référence pour la planification urbaine
par la vision prospective et la démarche stratégique qu’elle développe, n’a
pas, par conséquent les prétentions des études urbaines à caractère tech-
nique cherchant à apporter des recettes opérationnelles aux dysfonctionne-
ments de la ville. Elle cherche, plutôt à dresser le canevas qui servira de base
à l’élaboration d’autres études plus techniques et plus pointues. En d’autres
termes, cette étude n’est pas guidée par une logique de programmation, mais
plutôt par une logique d’orientation. Il s’agit, donc, d’élaborer un document
d’accompagnement pour la gestion urbaine, dans toutes ses dimensions, et
un référentiel aussi complet que possible en matière d’aide à la décision,
dans la mesure où la ville a aujourd’hui besoin beaucoup plus que jamais de
s’inscrire dans une stratégie de développement globale, cohérente, et am-
bitieuse.

C’est en fin de compte un document qui n’a ni la validité ni la du-
rée d’un outil d’urbanisme. Il s’agit plutôt d’un outil référentiel s’inscrivant
dans la durée en tenant compte essentiellement des fondamentaux qui
régissent l’évolution de la ville et des grandes orientations stratégiques
qui vont au-delà des prévisions des documents d’urbanisme.
La réflexion à laquelle s’adosse cette étude se focalise ainsi autour
d’une problématique multidimensionnelle. Il s’agit en premier lieu d’in-
terroger le passé et de décrypter le présent pour dégager les contours
du profil futur de la ville. Il est ainsi question d’une lecture de l’histoire
et d’une interrogation du présent en vue de dégager une vision du futur
comportant les idées fortes d’un projet de développement remédiant aux
dysfonctionnements les plus saillants et répondant aux besoins les plus
pesants du devenir métropolitain de Marrakech.
La vision du développement recherché ne se réduit donc pas aux
seules exigences de la croissance urbaine, mais se veut également une
anticipation du devenir de la ville en termes d’amélioration de la qualité
urbaine du cadre de vie, du développement socioéconomique, et de
rehaussement de l’image de la ville. Cette étude se veut, aussi, un outil
de maitrise de la gestion du patrimoine urbain, des mécanismes de trans-
formation de l’existant, et du processus de construction du devenir de la
ville.
En optant pour l’élaboration de cette étude, comme outil en matière
de développement territorial, l’Agence Urbaine de Marrakech tient à pré-
ciser la vision globale qui doit présider au développement futur global de
la ville.
Pour ce, l’approche adoptée consiste à saisir le phénomène urbain
6 Evolution Urbaine de Marrakech - Histoire et Perspectives

dans ses différents niveaux et formes d’évolution, à travers des analyses dy-
namiques, en vue de dégager ses sens et ses portées historiques. Pour ensuite
soumettre ce phénomène à des analyses structurelles en vue de déceler les
tendances en présence à chaque niveau structurel et pour chaque com-
posante fonctionnelle. La complémentarité entre l’approche dynamique et
structurelle est ainsi instrumentée pour dresser les contours du profil futur de
la ville, et offrir aux décideurs et aux acteurs urbains, une vision stratégique
d’ensemble leur permettant de négocier le devenir de la ville.
Cette étude se focalise autour de thématiques articulées sous forme de
deux parties d’une grande portée stratégique.
La première est consacrée à un diagnostic rétrospectif, qui n’a rien d’une
étude historique classique, mais il s’agit plutôt d’une lecture synthétique en
termes de pesanteurs historiques, de patrimoine, de traditions et d’images,
et d’impact du passé sur le présent, visant à dégager les enseignements clés
pour décoder le présent et prospecter le futur.
La seconde est relative aux dynamiques en cours examinés en termes de
changement et d’invariance sur le plan de la morphologie de la ville, des
mutations urbaines, et de la qualité urbanistique, en vue de tenter un essai de
prospective urbaine, sous forme de vision du devenir d’une ville aux ambi-
tions urbaines multiples, mais se raccordant toutes à l’avenir métropolitain de
l’agglomération. C’est, donc, des grands traits d’une stratégie de développe-
ment qu’il s’agit en fin de compte.
Cependant, la logique historique qui préside à l’articulation de l’ensemble
de l’étude, est aussi présente au niveau de chaque partie, puisque l’approche
dynamique est instrumentée dans l’articulation interne de chaque chapitre et
chaque thématique.
Evolution Urbaine de Marrakech - Histoire et Perspectives

7
Première partie :
UNE HISTOIRE
MILLENAIRE

2. La muraille de Marrakech

INTRODUCTION
DE LA PREMIÈRE
PARTIE
Pendant plus de neuf siècles, la ville de Marrakech a vu se succéder des pé-
riodes de prospérité et de crise, mais sans être, à aucun moment, marginalisée
des réseaux du pouvoir et des circuits économiques qui ont structuré le Maroc,
des siècles durant. Elle est restée, depuis sa création en 1070, impliquée d’une ma-
nière ou d’une autre, à l’essentiel des dynamiques qui traversaient le pays et aux
courants politiques, religieux, économiques, et intellectuels présidant à la destinée
de l’ensemble du Maroc.
Cette ville qui a été propulsée, depuis sa naissance, au-devant de la scène po-
litique marocaine, a joué également très tôt un grand rôle au sein, non seulement
du Maghreb, mais aussi au niveau de l’ensemble du monde arabo-musulman.
Position qui lui a permis d’accumuler un héritage historique inégalé au Maroc. Ce
qui lui a valu, également d’être l’un des hauts lieux historiques de l’aire arabo-mu-
sulmane. Ce positionnement multidimensionnel a permis à Marrakech d’occuper
pendant des siècles une position très avancée par sa taille démographique sans
cesse croissante, et ses structures de la plus grande cité historique du Maroc.
En somme, l’approche historique adoptée se ramène à l’élaboration d’un ta-
bleau synoptique des tendances lourdes, qui sont à même de contribuer à l’iden-
tification des pistes de l’évolution future.

11
3. Médina de Marrakech
12
Chapitre 1 :
UNE VILLE A
FORTE CHARGE
HISTORIQUE
13
Marrakech est une ville où le poids de l’histoire est très grand et où le

legs du passé est encore vivant et contribue pour beaucoup dans l’ar-
ticulation de l’espace urbain et dans l’animation de la vie économique
et socioculturelle de la ville.
Créée pour être capitale de la dynastie almoravide, Marrakech a ac-
caparé cette fonction sous plusieurs autres dynasties (Almohade, Méri-
nide et Saadienne) et pendant des siècles. Ce qui lui a valu de capita-
liser sur le plan urbanistique, et culturel, et de s’accaparer la position de
la plus grande ville du pays jusqu’au début du 20ème siècle.
L’histoire de Marrakech sera revisitée non seulement en vue d’un quel-
conque repérage temporel des différentes composantes du patrimoine
urbain, mais pour le repositionner dans l’ambiance qui est la sienne et
qui est la seule à permettre de mieux le préserver et le revaloriser.
Il ne s’agit pas uniquement de dresser le profil historique de la ville,
mais également de déceler les mécanismes et les logiques qui sont der-
rière l’émergence et le développement de la ville de Marrakech, en vue
de dégager des enseignements à même de revaloriser la vision du patri-
moine, et de la ville dans sa globalité.
14
1- Un passé riche et glorieux
1–1 Une naissance associée à celle d’un Etat

L’histoire de Marrakech commence en 1062 avec l’implantation d’un camp mili-
taire par les troupes almoravides venant du Sud et visant la conquête de l’ensemble
du Maroc. C’est, donc la volonté d’un pouvoir ascendant qui est à l’origine de cette
ville.
Lorsqu’en 1070, l’édification de Marrakech a commencé, deux édifices symbo-
liques ont été à la base de la ville naissante : une Kasba (Ksar Elhajar) et une mos-
quée.
Entre 1126 et 1127 furent édifiés 9 km de remparts disposant d’une douzaine de
portes. La formation des premiers quartiers (résidentiels, et artisanaux autour du site
de la Koutoubia), renforce le caractère urbain de la cité naissante.
Au 12ème siècle, Marrakech qui est devenue la capitale d’un empire s’étendant de
l’Andalousie à l’Ouest algérien. En attirant Oulémas, savants, poètes, philosophes,
ingénieurs, médecins, de tout l’Occident musulman, elle renforce sa position de pôle
politique, spirituel, et culturel, et devient une des grandes cités du monde arabo-mu-
sulman.
1 – 2 Une croissance très marquée par la succession de dynasties

Les Almohades qui ont succédé aux Almoravides ont pris Marrakech en 1147, et
ont fait d’elle la capitale de l’ensemble du Maghreb et de l’Andalousie. La nouvelle
dynastie au pouvoir a décimé l’essentiel des édifices de la dynastie précédente, et
a entamé de nouvelles édifications. Construction en 1157, de la mosquée de la Kou-
toubia à l’emplacement du palais El Hajjar. Abdel Moumen aménage les jardins Al
Buhaira que les Alaouites nommèrent Agdal.
En 1170 fut construit un pont sur le Tensift. Sous le règne d’Abou Yacoub Youssef, la
ville fut agrandie de 10 hectares, et dotée d’un nouveau palais royal : la Kasba dont
il ne reste que la fameuse porte Bab Agnaou.
Avec l’ascension des Mérinides, qui s’emparent de la ville en 1269, Marrakech
rentre dans une phase très difficile de son histoire. Ce n’est qu’avec la dynastie Saa-
dienne qu’elle retrouve son dynamisme urbanistique d’origine, renoue avec le faste
de capitale d’un vaste et puissant empire, et redevient prospère et rayonnante.
15
Tableau n° 1: Les dates marquantes de l’évolution de Marrakech
Dates Evénements
1062 Le choix du site de Marrakech par Abou Bekr
1070 Lancement de l’édification de la ville
1126 Construction de l’enceinte de la Médina
1147 Prise de Marrakech par les Almohades
1269 Prise de Marrakech par les Mérinides
1521 Prise de Marrakech par les Saadiennes
1669 Prise de Marrakech par les Alaouites
1746 Sidi Mohamed ben Abdellah désigné vice–roi de Marrakech
1912 Occupation de la ville par l’armée française
1913 Début des constructions dans le quartier Guéliz
1917 Révélation des tombeaux Saadiens
1928 Liaison de Marrakech à Casablanca par voie ferrée
1929 Premiers aménagements au sein de la Médina
1959 Naissance du Festival des Arts populaires de Marrakech
Source : Reconstitution du BET, 2011
Avec la fin de la dynastie Saadienne Marrakech sombre dans l’oubli et perd beau-
coup de son prestige et de son patrimoine urbain qui tombe en ruine. Il a fallu at-
tendre le règne de Sidi Mohamed ben Abdellah pour que la ville retrouve un peu de
son ancien prestige, avec la restauration de certains édifices et la construction de
nouveaux. Sous la dynastie alaouite qui règne depuis 1668, Marrakech, capitale épi-
sodique, s’est enrichie de nouvelles mosquées, medersas, palais et résidences harmo-
nieusement insérées dans la structure intacte de la ville héritée. Les jardins de l’Agdal
furent réaménagés par le sultan Moulay Abderrahmane (1822-1859). Sous le règne de
Moulay Abdelaziz (1894-1907), son grand vizir Ba Hmad construit le palais de la Bahia.
De cette même époque date nombre de grandes demeures telles que Dar Si Saïd et
Dar Lamnebhi...
2- Une sédimentation historique plurielle

Le cadre bâti de la ville est l’œuvre de plusieurs générations et a fait l’objet de
nombreuses régénérations. Ce patrimoine riche et vivant que la ville a développé
tout au long de son histoire se décompose comme suit :
16
2 –1 Les territoires de l’histoire

De nombreux pans de la ville constituent de véritables territoires façonnés par l’his-
toire qu’ils continuent à représenter. Il s’agit essentiellement de :
- La Médina : Elle constitue le centre névralgique et le cœur historique de la ville de
Marrakech. Par sa grande étendue (600 ha), elle constitue la plus vaste médina du
Maroc. Par sa richesse patrimoniale et la multiplicité de ses quartiers, elle se présente
comme un territoire très vivant et fortement chargé de sédiments historiques1.
- La muraille : Les remparts furent érigés en 1126/27. Leur longueur totale dépasse les
19 kilomètres. Ces remparts ont subi d’importantes modifications par les différentes
dynasties. Ainsi, ils furent à maintes reprises percés de nouvelles portes dont le nombre
atteint actuellement 23.
Flanquées de 202 tours carrées, la muraille constitue une partie prenante du terri-
toire de la Médina. Les 11 anciennes portes encore fonctionnelles sont les meilleures,
avec Bab Agnaou à leur tête.
- Les espaces verts : Marrakech a hérité de sa longue et riche histoire un patrimoine
considérable d’espaces verts, dont la superficie totale avoisine les 350 ha, sans comp-
ter la palmeraie (8 000ha), l’oliveraie de l’Agdal (400ha) et l’oliveraie de la Menara
(100 ha). Au début du protectorat, la Médina comptait à l’intérieur de ses enceintes
16 jnanes et 54 arsas. Un certain nombre de quartiers récents portent le nom de Arsa
ou Jnane sur l’emplacement desquels ils se sont édifiés. Des résidences princières
avec leurs jardins ont apporté de la verdure à la ville : Arsat Moulay Abdeslam, Arsat
Moulay Hassan, Arsat Moussa et Arsat Al Mamouniya. 2
1 PEGURIER J. : La médina de Marrakech entre son passé et son avenir, in Présent et avenir des médinas,
Pub. Université de tours, pp. 73 – 82, 1982
2 El FAIZ M., Les jardins de Marrakech, Actes Sud, Arles, 2000.
17
Tableau n° 2: Les principaux espaces verts de la ville
Espaces verts Superficie : ha
Palmeraie 7 700
Agdal 410
Oliveraie Bab Jdid 190
Ménara 110
823 petits espaces verts 80
SIBE 250
Total 8740
Montage BET, 2011
Les espaces verts hérités du passé précolonial, constituent l’essentiel du potentiel
végétal de la ville actuelle. Seuls les jardins Majorelle et Jnane Harti arrivent à se frayer
une petite place parmi les anciens.
4. Oliveraie de la Menara
18
Espaces verts
5 Jnane El Harti
6. Arssat Moulay Abd Essalam 7. Espace vert de la Koutoubia
19
Portes de la Médina Evolution Urbaine de Marrakech - Histoire et Perspectives
8. Bab Doukala 9. Bab Irhli
10. Bab L’Arsa 11. Bab Jdid
12. Bab L’Kceba 13. Bab E’RRob

Les premières portes
de la Médina
Grands repères urbains
et architecturaux
14. Bab Agnaou

21
Souks et quartiers de l’artisanat

Les souks de la Médina
15
16 17 18
19 20 21
22
De nombreuses activités artisanales ont façonné des

Les espaces
paysages urbains qui portent les traces des différentes
étapes de l’évolution de la ville. Nombreux d’entre eux
de production
continuent à fonctionner sans perdre beaucoup de leurs
caractères originels. artisanale
22 23
25
24
23
26. LA KOUTOUBIA :
Monument
emblématique de
Marrakech
24
2 – 2 Les monuments à haute valeur patrimoniale

Cette ville chargée d’une histoire spécifique recèle un patrimoine urbain aussi va-
rié que riche. Les monuments les plus en vue sont :
- Les palais : Badii, Bahia, Jnan Er Redouane, Moulay Idriss,
- Les résidences : Dar Si Said, Dar El Beida, Dar Mnabhi,
- Les pavillons : Ménara, Jnane Er Rdouane,
- Les mosquées : Koutoubia, Mouassine, Bab Doukkala, Ben Saleh,
- Les medersas: Ben Youssef, Bab Doukkala,
- Les zaouias : El Abbassia, Sidi Ben Slimane, Sidi Youssef ben Ali,
- Les tombeaux et mausolées : Youssef ben Tachifine, Saadiens, Bel Abbes Sebti,
El Jazouli, Cadi Ayyad, Youssef ben Ali, Abdelaziz Tebaa, Abdellah Ghazouani,
Abderrahmane Souheili.
- Les ponts : sur l’oued Tensift, et oued Issil
- Les Foundouks : Amri, Kharbouche, Sersar, El Khiria, Ouarzazi . . .
Tableau n° 3: Les édifices emblématiques de Marrakech
Date d’édification Edifices
1126 Première muraille de la ville
1157 - 1158 Mosquée de la Koutoubia
1170 Pont sur oued Tensift
1185 Mosquée de la Kasbah : Tamarrakucht
1331 Mosquée Ben Saleh
1558 Mosquée et Médersa de Bab Doukkala
1560-1570 Mosquée et Fontaine Mouassine
1565 Medersa Ben Youssef
1578 - 1593 Palais EL Badii
Fin 16ème siècle Tombeaux des Saadiens
1747 Palais royal
1862 Pavillon Jnan Er Redouane à l’Agdal
1864 Fabrique de Dar El Baroud
1869 Pavillon de la Ménara
1920 Jardin Majorelle
1929 Hôtel Mamounia
1947 Hôtel de ville
25
La richesse architecturale et la diversité des styles de décoration et d’agencement

de ces différents monuments donnent à la ville un capital patrimonial des plus presti-
gieux du pays. Parmi ce patrimoine figure des sites à caractère romantique tels que
la Ménara, l’Agdal, le jardin Moulay Abdeslam, la Palmeraie ...
Les premières phases de l’édification de la ville ont mis en place les principales
structures du noyau initial, qui n’ont pas connu de changements notables depuis lors.
Les véritables changements ont eu lieu à partir du début du 20ème siècle, lorsque la
médina fut flanquée d’une autre ville qui a initié un nouveau modèle urbain et de
nouvelles extensions qui sont devenues très pesantes dans la configuration spatiale
de l’agglomération, son fonctionnement socioéconomique et son rayonnement.
Ce patrimoine s’est enrichie de quelques réalisations de l’époque coloniale, telles
que la poste Jamaa F’na, l’ancienne banque du Maroc, la grande église, la cours
d’Appel, le cinéma Colisée, l’Hôtel de ville, l’hôtel Pacha, le jardin Majorelle ...
27. Palais Al Bahia
26
Carte n° 1: Le circuit touristique des principaux monuments historiques de Marrakech
Source : SDAU Marrakech; Agence Urbaine de Marrakech
27
28. Palais Al Badiâ
29. Tombeaux des Saadiens

Les principaux
monuments de
Marrakech
30. Medersa Ben Youssef
31. La Menara 32. Dar Si Said
Evolution Urbaine de Marrakech - Histoire et Perspectives 29

2 – 3 Le patrimoine immatériel
Marrakech n’est pas seulement une ville à fort capital patrimonial matériel, mais
elle est également une ville riche en patrimoine immatériel. C’est pour cela qu’elle
a hébergé, en 1997, le forum international qui a défini le concept de patrimoine oral
de l’humanité. Ce qui a renforcé son positionnement national et international, dans
ce domaine. Positionnement consacré en 2001 par le classement de la place Jamaa
F’na, en tant que patrimoine culturel immatériel universel3.
En tant que pôle culturel et religieux très ancien, Marrakech
continue à exercer une fascination sans limites et une attraction
débordante sur les intellectuels et les artistes du monde entier.
En plus, Marrakech organise des manifestations culturelles principalement dans le
domaine de la peinture, de la danse, du cinéma, de la musique, du théâtre . . .
La ville et sa population continuent, tant bien que mal, à entretenir un certain
nombre de traditions forts pesantes dans la préservation de ce volet du patrimoine
urbain. Marrakech est connue comme la ville des Sept Saints qui continuent à être
vénérés en tant que patrons de la ville. Les sept tours construites en 2005 à Bab
Doukkala symbolisent cette présence et illustrent la place qu’ils occupent dans le
quotidien d’une ville à fort potentiel spirituel et culturel.
33. Place Jamaa F’Na entre hier et aujourd’hui
3 Skounti. Ahmed et Tabaâ. Ouidad, La place Jamaâ El Fna : patrimoine culturel immatériel de Marrakech,
du Maroc et de l’Humanité, Bureau de l’UNESCO pour le Maghreb, Rabat, s.d, p.3.
30
34. Le festival des arts populaires
35. Place Jamaa F’Na entre hier et aujourd’hui
31
36. Les sept tours dédiées

aux patrons de la ville (Bab
Doukkala) : Le passé dans le
présent
32
Les sept patrons de la ville:

Il s’agit des sept personnages réputés en tant que saints bienfaiteurs de la ville :
1- SIDI YOUSSEF BEN ALI
Son mausolée est à Bab Ghmat. Il a été inhumé en 1196. Le tombeau de saint est
en bon état de conservation.
2- EL CADI AYYAD
Né en 1086 à Ceuta, Connu pour sa rigueur orthodoxe. Son mausolée datant de
l’époque almoravide, est bien conservé.
3- SIDI BEL ABBAS SEBTI
Né à Ceuta en 1130, et connu à Marrakech comme apôtre de la charité, Il mourut
en 1205 et fut enterré en dehors des remparts, près de BabTaghzout. Son mausolée
ne fut érigé qu’en 1605, par le sultan saadien Abou Faris.
4- AL IMAM AL JAZOULI
Son mausolée est situé à proximité de Dar El Glaoui. Connu comme fondateur du
soufisme marocain, par son célèbre ouvrage Dalaïl El Kheirat, et comme animateur
de la résistance contre l’invasion portugaise. Mort en 1465. Son mausolée proche de
celui de Bel Abbas Sebti, date de l’époque saadienne.
5- SIDI ABDELAZIZ TABAA
Né à Marrakech, où il fût connu comme le soufiste du milieu des artisans. Il est mort
en 1508 à la mosquée Ben Youssef à côté de laquelle il fût enterré. Son mausolée est
bien conservé.
6- MOULAY ABDELLAH ELGHAZOUANI
Né en 1398, il fut connu sous le nom de Moul Laksour, pour sa fondation d’une
Zaouia au quartier Ksour. Il a œuvré pour le renouveau du soufisme au Maroc. Mort
en 1528, il fut enterré près de la mosquée Mouassine.
7 - SIDI ABDERRAHMANE SOUHEILI
Né près de Malaga en 1114. Il s’est installé à Marrakech en tant qu’enseignant très
réputé dans les sciences islamiques en 1182, et y mourut trois années plus tard. Il fut
enterré près de Bab Er Rob. Son mausolée est bien entretenu.
33
Carte n° 2:
Circuit
des sept
saints de
marrakech
Source :
Inspection
regionale de
l’urbanisme
et de l’amé-
nagement du
territoire.
Région de Mar-
rakech -Tensift
Elhaouz
34
37. SIDI BEL ABBAS SEBTI
De gauche à droite :
38. SIDI ABDELAZIZ TABAA
39. AL IMAM AL JAZOULI
40. MOULAY ABDELLAH
ELGHAZOUANI
38 39 40
35
41. La Koutoubia
36
Chapitre 2 :
TRADITIONS
ET IMAGES
37
Le vrai capital de Marrakech réside dans l’héritage à grande valeur patri-

moniale, qu’elle recèle, et que matérialise la plus grande médina du Maroc,
riche par ses palais, ses riads, ses pavillons princiers, ses médersas, ses mos-
quées, ses tombeaux, sa kasba, ses jardins, ses murailles, ses portes, ses souks,
ses quartiers de production artisanale... et qui servent de support à un certain
nombre de traditions et de pratiques donnant à cette ville un cachet particu-
lier. La richesse patrimoniale de l’arrière-pays de la ville avec ses monuments,
ses pavillons, ses sites culturels et religieux ( Aghmat, Tinmel, Tamasloht, Sidi
Zouine....) les khettaras, les jnans, la palmeraie... s’ajoute au capital que re-
cèle la ville, pour constituer un contexte favorable à l’entretien des traditions
et à la diversité des paysages et des messages qu’ils véhiculent.
Ce capital est à même de peser encore dans l’image et la personnalité
urbaine de Marrakech de demain.
38
1- Les paysages : richesse et grandeur
1– 1 Des paysages urbains spécifiques

La principale caractéristique de Marrakech est d’avoir su préserver un cachet ur-
bain qui lui est spécifique. La couleur ocre, l’architecture où les aspects hérités sont
ponctuellement reproduits, la présence notoire de la composante végétale, la faible
hauteur des constructions, les vues bénéficiant de perspectives ouvertes sur des élé-
ments naturels imposants ( Haut Atlas, mont Guéliz...), la présence de l’eau qui est
presque partout recherchée... constituent autant d’éléments qui contribuent à for-
ger des paysages urbains spécifiques à Marrakech.
Ainsi, cette ville a la réputation de préserver et de développer des paysages ex-
ceptionnels. Originalité qui puise ses bases du mariage réussi entre des éléments
paysagers rarement réunis en un seul lieu. Il s’agit, avant tout, de la composante
végétale qui donne à Marrakech un ratio performant ( 4 m² par habitant contre 10
comme norme internationale). D’autre part, la couleur ocre crée une symbiose artis-
tique entre les murs en pisé et les façades les plus futuristes. L’animation de la voirie
donne à Marrakech une ambiance toute particulière et contribue à la personnalisa-
tion et à l’humanisation des paysages urbains. La présence végétale assez notable
dans les paysages urbains de la ville est pour beaucoup dans la passion que les Mar-
rakchis ont pour la verdure.
En tant que ville essentiellement basse, Marrakech offre des paysages où le ciel
occupe partout une très grande part. A ciel découvert, les sommets enneigés du
Haut Atlas accentuent leur proximité de la ville, et annoncent la présence de l’eau.
Présence qui se manifeste sous différentes formes (oueds, bassins, fontaines, jets d’ar-
rosage, séguias...). C’est ce qui a valu à cette ville le qualificatif de cité – jardin. Des
89 fontaines que comptait la Médina au début du XXème siècle, il n’en reste à présent
que quelques témoins des plus célèbres. Parmi ces chefs-d’œuvre on trouve celles
de Bâb Doukkala, Mouassine et Chrab ou Chouf construites à l’époque Saâdienne
et toutes classées monuments historiques.
39
42. La Menara
43. Paysage des palmiers dans les rues
40
Des paysages
urbains
spécifiques
44. Avenue Mohamed VI
45. Avenue Mohamed VI
41
1– 2 Des paysages naturels intégrés à la ville

Marrakech qui bénéficie d’un contexte naturellement verdoyant, et d’un en-
semble d’espaces verts assez garnis, sur le plan quantitatif et qualitatif, a reproduit
des siècles durant, ce patrimoine que la timidité de conservation et l’urbanisation non
régulée ne cessent d’entamer. A une époque où la préservation de l’environnement
et la course vers un développement durable s’imposent, Marrakech se doit, d’abord,
de bien entretenir ses acquis et de veiller à les reproduire. Le rythme actuel de l’ur-
banisation, la liquidation d’une bonne partie de la palmeraie, et de l’oliveraie, et le
mitage des espaces agricoles ont déjà produits des dégâts irrémédiables. Ce qui s’est
traduit par une réduction très sensible des paysages naturels au sein desquels s’est
développée jusqu’ici la ville.
Forte de son patrimoine naturel, au même titre que son patrimoine urbain, Mar-
rakech joue la carte du tourisme qui rapporte gros, tant que ce patrimoine est main-
tenu dans toutes ses composantes.
Il est anodin de rappeler que les espaces naturels et agricoles, et la qualité des
traitements paysagers, sont pour beaucoup dans la valeur de l’image de Marrakech,
en tant que cité équilibrée.
Pour ce, il importe de faire de la question des paysages une exigence pour cette
ville qui est historiquement et par nature une ville paysagèrement équilibrée, puisque
la sauvegarde de la qualité et de la spécificité des paysages fait la réputation de la
ville.
L’équilibre fonctionnel et structurel entre la ville – centre et ses marges externes,
que le nouveau concept de métropole se doit de mettre en valeur, est en lui-même
un héritage à préserver et un patrimoine à valoriser.
42
Interférences entre le
minéral et le végétal
46. vue aérienne
47. Trésorerie de Guéliz 48. Vue aérienne
43
1– 3 Des perspectives captivantes

Depuis l’époque du protectorat, quatre éléments ont été grandement instrumen-
tés dans les vues perspectives qui ont présidé à l’articulation de l’espace urbain, et
qui offrent des panoramas linéaires captivants. Il s’agit essentiellement de :
- La Médina : De par sa position, elle a orienté, à la fois la croissance spatiale de la
ville, a dicté l’orientation de tous les axes routiers convergeant vers Marrakech,
et a servi de repère pour les vues perspectives qui sont à la base de nombreuses
unités urbaines périphériques ;
- La Koutoubia : Le minaret de la Koutoubia qui est visible sur un rayon de 25 km
autour de la ville, a beaucoup servi dans les perspectives qui ont guidé le tracé
et l’aménagement de nombreuses artères urbaines, notamment les avenues
Mohamed V, Ménara, Moulay Rachid, le Boulevard Moulay Abdellah, le Boule-
vard Allal El Fassi... Ce minaret constitue un symbole emblématique et un repère
visuel qui ne manque pas de poids dans les paysages urbains de la ville.
- Les montagnes de l’Atlas : Les cimes enneigées du Haut Atlas qui embellissent
de nombreuses cartes postales de Marrakech, sont également recherchés pour
l’orientation de nombreux édifices cherchant à valoriser leur positionnement
dans la ville.
- Le Jbel Guéliz, qui s’impose dans toute vue de la ville en direction du Nord, re-
présente un élément enrichissant des paysages urbains, et constitue un autre
repère en matière de perspective, du côté où la ville en est dépourvue.
49. Bab jdid
44
50. Aménagement de l’avenue Mohamed VI
51. Avenue Bab jdid
52. Remparts
45
2 - Les images : une haute valeur ajoutée
2 – 1 Une image prestigieuse sur plus d’un plan

- Des surnoms qui disent long sur le poids historique de la ville :
Au cours de sa longue histoire, Marrakech a collectionné des surnoms qui symbo-
lisent les positions prestigieuses qu’elle a occupées et les impressions hautement valo-
risantes qu’elle dégageait : la perle du sud, la ville ocre, la capitale du Sud, Baghdad
de l’Occident, la ville des sept saints . . . Suite à l’ornement des abords des grandes
artères de la ville par des rosiers, Marrakech mérite désormais l’appellation de ville
des roses.
Cette collection inégalée par les autres villes marocaines, notamment les cités
dites « villes impériales », reflète, à la fois, le faste, la grandeur, le rayonnement et le
prestige dont elle bénéficie.
- Une ville plusieurs fois capitale :
Marrakech fut au cours de son histoire, de nombreuses fois capitale :
- Capitale du premier empire marocain sous les Almoravides et les Almo-
hades : 1070 - 1269
- Capitale du sud-marocain à partir de 1276 sous les Mérinides ;
- Capitale de l’empire Saadien à partir de 1521 ;
- Capitale du Cheikhat des Schbanat à partir de 1659 jusqu’à la prise de la
ville par les Alaouites ;
- Capitale du Sud du Maroc, avec la désignation de Sidi Mohamed Ben Ab-
dellah comme vice-roi, qui la prend pour capitale pendant 25 ans, lors de
son accession au trône ;
- Capitale de Moulay Hafid proclamé sultan du Jihad en 1907 ;
- Capitale d’une région englobant l’ensemble du Sud marocain sous le pro-
tectorat ;
- Capitale de l’une des sept régions économiques issues du découpage ré-
gional de 1971 ;
- Capitale de la région Marrakech Tensift El Haouz, suite au découpage ré-
gional de 1999 ;
- Capitale de la nouvelle région Marrakech – Safi dans le projet du nouveau
découpage régional de 2011.
46
53. Palais des sultans de l’Agdal
Ces différents niveaux des fonctions de commandement attribuées à Marrakech,

témoignent de la place que cette ville a occupé et occupe encore dans les circuits
du pouvoir politique à l’échelle nationale.
- Une ville attrayante et attachante
La ville de Marrakech doit beaucoup de son succès en tant que destination touris-
tique à l’image qu’elle véhicule. Ce haut lieu du pouvoir politique, spirituel et culturel
du pays, recèle des traces et des vestiges de bientôt mille ans de l’histoire de l’en-
semble du pays. Elle se présente ainsi, comme une cité représentative du Maroc
traditionnel, de son histoire, de sa culture et de sa civilisation.
Le récent engouement pour les riads en tant domaine d’investissement et comme
mode d’hébergement pendant le séjour à Marrakech témoigne de cette percep-
tion de la ville en tant que cadre de vie ancestral toujours vivant.
Cependant, cette image risque d’être ternie par la marchandisation à outrance
du patrimoine urbain, à tel point qu’il risque d’être banalisé, voire même dénaturé4.
2– 2 Une reconnaissance internationale qui n’est pas des moindres
En tant que première destination touristique du pays, et comme haut lieu du tou-
risme international à l’échelle méditerranéenne, Marrakech bénéficie d’une certaine
4 Boujamid A. La problématique de la réhabilitation des médinas marocaines, in Actes de l’Atelier de la
réhabilitation des villes et quartiers historiques, Euromed Heritage, Rabat 8 et 9 décembre 2009, pp. 65-73
47
reconnaissance internationale en tant que foyer historique de grande dimension na-

turelle, culturelle, et artistique. La diversité des produits touristiques qu’elle offre élargie
cette reconnaissance qui touche désormais des strates largement différenciées des
touristes qu’elle attire.
Le classement de la ville comme lieu patrimonial universel ne fait qu’entériner une
reconnaissance déjà consommée sur le marché touristique.
En 1985, la Médina de Marrakech a été inscrite au registre du patrimoine universel.
Et en 2001, la place de Jamâa F’na fut classée en tant que patrimoine oral de l’hu-
manité.
La ville de Marrakech fut Certifiée ISO 14001 en matière de respect de l’environne-
ment, et elle a été classé en 2007 parmi le TOP 2O meilleures villes au monde par The
Sunday Times.
Les jardins de l’Agdal ont reçu le Prix du meilleur jardin historique par le conseil in-
ternational des jardins en Italie en 1997.
L’aéroport de la ville a été classé TOP 10 des meilleurs aéroports par le magazine
américain Leisieur en 2009.
Les manifestations artistiques, sportives et les congrès qui se tiennent fréquemment
à Marrakech, consacrent la reconnaissance de cette ville comme lieu de rencontres
internationales.
Cependant, ces différentes reconnaissances internationales alourdissent la res-
ponsabilité du Maroc qui, désormais, se porte garant d’un patrimoine qui appartient
à toute l’humanité.
3 - Curiosités et spécificités : une personnalité imposante
3– 1 Des curiosités qui incitent à l’aventure

En tant que cité presque millénaire, et par sa qualité de creuset de la civilisation
arabo-musulmane au Maroc, Marrakech a accumulé un certain nombre de faits et
d’héritages historiques qui relèvent du domaine des curiosités ayant un pouvoir at-
tractif qu’ils n’exercent pas ailleurs. Dans ce sens il y a lieu de citer :
- La place Jamaa F’na : Ce lieu de distraction unique en son genre, a acquis une
dimension artistique et culturelle qui lui a valu d’être classé patrimoine mondial
oral. Déjà un Dahir portant classement de la place parmi les sites à sauvegarder
fut promulgué le 20 juillet 1922.
- Les cigognes blanches : Elles séjournent à Marrakech de décembre à août (palais
48
Badii ), et construisant d’énormes nids sur les murs et les minarets de la Médina.
Leur multiplication récente en fait une véritable curiosité de la ville ;
- Les calèches : Ce mode de transport qui a traversé le temps en raison de son adap-
tation au réseau viaire de la Médina, a donné lieu à un moyen de distraction et
de promenade pour les touristes avides de découvrir Marrakech au rythme d’un
mode de transport ancien. 148 calèches richement décorées sillonnent, à la fois,
les ruelles de la Médina, et les sentiers de l’oliveraie et de la palmeraie pour faire
désormais partie du décor et des curiosités les plus expressifs de Marrakech ;
- Les grands bassins : Marrakech dispose d’immenses bassins notamment à l’Agdal,
Agdal Ba Hmad, et à la Menara. Ces anciens réservoirs d’eau sont impression-
nants par leurs dimensions, leur conception, et leur résistance face à l’usure.
- Le réseau des Khettaras : Cet ancien réseau d’adduction d’eau pour la ville et ses
jardins qui a été presque totalement liquidé, constitue une curiosité qui mérite
d’être remise à jour, dans certaines marges externes de la ville, non pas pour
être remis en service, mais pour témoigner de l’ingéniosité des urbanistes qui ont
contribué à l’édification de Marrakech dans un milieu climatiquement peu pro-
pice à l’urbanisation.
- Le quartier des tanneurs : Ce quartier qui occupe toujours son emplacement d’ori-
gine au Nord-est de la Médina, constitue un des espaces artisanaux qui ont ac-
compagné la ville durant toute son histoire. Malgré les difficultés rencontrées par
les tanneurs, la tannerie, et l’ensemble de l’artisanat, il est toujours là pour repro-
duire un savoir-faire ancestral.
- Les silos de Sidi Mohammed Ben Abdallah : Situés dans l’enceinte du collège Mansour
Eddahbi, près du palais royal, à l’Est de Jnan Al Afiya, ces silos ont été construits
pour conserver les céréales (Amrass), et permettre à la ville d’affronter d’éven-
tuelles pénuries ou famines. Ils constituent un modèle d’architecture et de dissi-
mulation qui en font une véritable curiosité.
- Le jardin Majorelle : Créé vers 1920 par le peintre français Jacques Majorelle, ce
jardin est riche par ses composantes végétales exotiques, et son musée d’art
arabo-musulman.
- Le vieux pont d’oued Tensift : Construit en l’an 1170, ce pont est toujours fonction-
nel. Il témoigne de l’ingéniosité de ses constructeurs, et assiste passivement à la
dégradation de la palmeraie, tout en sombrant dans l’oubli, sous les cimes en-
neigés du Haut Atlas.
Il importe également de rappeler qu’une partie non négligeable des périphé-
ries externes de la ville, recèlent des vestiges historiques, des monuments séculaires,
49
54. Le jardin Majorelle 55. Les cigognes blanches
50
56. Le vieux pont d’oued Tensift
57. La place Jamaa F’na
51
des tissus urbains anciens, des sanctuaires, des lieux culturels . . . qui ne sont pas des
moindres et qui sont à même d’épauler une animation culturelle, une activité tou-
ristique, et une image de marque valorisante. Cependant, l’état de dégradation et
d’abandon qui frappe ce patrimoine, n’est pas compatible avec la recherche d’un
meilleur positionnement sur l’échiquier urbain et au sein du marché touristique inter-
national.
3 – 2 Des traditions qui reflètent l’identité de la ville

En raison de son fort poids historique, Marrakech a su entretenir des traditions qui
contribuent à la reproduction de quelques aspects du mode de vie traditionnel, et à
la préservation de l’identité de la ville.
S’il est certain que Marrakech, comme le reste du Maroc, ne cesse de s’ouvrir sur
les innovations modernistes et d’assimiler les influences de la mondialisation, certains
aspects sont encore là pour témoigner de la préservation des traditions locales. Tra-
ditions qui reflètent un style de vie spécifiquement marrakchi, qui ressort entre autres,
à travers :
• La courtoisie : Les Marrakchis ont la réputation d’être très courtois, bien accueil-
lants, très gais, aux réactions anecdotiques, et ayant le sens de l’humour. La
chaleur de l’accueil est entretenue par la prééminence du commerce, et des
services et l’amplification de la fonction touristique.
• L’art culinaire : Marrakech qui s’est ouverte très tôt à des influences d’horizons
divers a développé un savoir-faire et des traditions riches et variées, en matière
d’art culinaire. Si la Tanjia a eu le privilège de devancer les autres recettes lo-
cales, bon nombre de plats (Labrania, Madfoune, Hergma, Cherchma . . .) syn-
thétisent les influences qui ont convergé vers Marrakech de l’ensemble du Sud
marocain, et constituent depuis lors des spécialités de Marrakech.
• Les Nzahats : Les Marrakchis qui ont l’habitude de rechercher la fraicheur en
été dans les espaces boisés avoisinants la ville conservent la tradition d’orga-
niser des sorties en groupe entre amis ou en famille, pour passer des moments
de détente sous l’ombre des arbres et à proximité des cours d’eau ou du
moins d’une séguia. L’engouement pour passer quelques heures dans la val-
lée de l’Ourika ou celle de Moulay Brahim, perpétue une tradition du milieu
artisanal reproduite jusqu’à nos jours.
• La dakka marrakchia : Les Marrakchis sont connus pour leur passion particulière
pour la musique. Tout véritable Marrakchi est prédisposé à l’exercice de « kref
el mizane » quand l’occasion le nécessite. Cet exercice musical n’est au fond
qu’une initiation enracinée dans les traditions locales où la dakka fait partie des
52
58. Les calèches
59. L’art culinaire
60. La dakka marrakchia
53
festivités de Achoura ( Taachourt ) où la ville connait une compétition entre les

quartiers qui dure des nuits entières. Compétition où la participation de candi-
dats appartenant à toutes les générations a perpétué une tradition, se présen-
tant en tant qu’invitation à l’implication dans la vie communautaire.
• Les déplacements à deux roues : La bicyclette a acquis depuis l’époque du
protectorat, et depuis peu le motocycle, une grande place dans les déplace-
ments au sein de la Médina. Leur ancrage dans les traditions a fait de ce mode
de transport présent dans presque toutes les anciennes familles de la ville, un
moyen de locomotion qui s’est étendu même pour des déplacements assez
long, comme c’est le cas entre la ville et ses marges externes. La bicyclette de-
vient actuellement un moyen de ballade dans les environs de la Médina, pour
les touristes.
Ces différents aspects des traditions de Marrakech qui relèvent pour l’essentiel de
l’histoire de la ville, sont l’expression d’une citadinité qui se renouvelle tout en repro-
duisant les fondements citadins de la ville. Comme ils témoignent de comportements
urbains reflétant une grande symbiose entre la population et ses structures urbaines,
et une certaine fierté des Marrakchis de leur ville et de leur mode de vie, où l’ances-
tral se marie bien avec le moderne.
61. Avenue Mohamed V
54
3 – 3 Des ambiances spécifiques

Marrakech entretient des ambiances qui lui sont propres et qui se conjuguent pour
donner à la ville un cachet particulier et renforcent même sa personnalité de cité où
existe des lieux et une animation permettant de se dépayser et de revisiter une partie
de l’histoire de la ville. Parmi les ambiances les plus en vue :
- Place Jamaa F’na : une animation multiforme : Connue pour ses spectacles et
le caractère cosmopolite des foules qui la fréquentent, cette place offre des
ambiances très variées : spectacles à remonter le temps, commerces où se
mêlent aventures et affaires, restauration aussi variée qu’alléchante, rafraichis-
sants et friandises de toutes sortes… Jamaa F’na c’est aussi une scène où se
mêlent comédiens, conteurs, musiciens, prêcheurs, voyants, charmeurs de ser-
pents, dresseurs de singes, magiciens, et artistes en herbe ( peintres, acrobates,
chanteurs, musiciens. . . ) où se côtoient différentes formes musicales, poétiques,
théâtrales, oratoires, qui donnent à voir, chaque fois de façon improvisée, des
scènes toujours renouvelées.
Un lieu où on se distrait tout en cherchant un travail, une occasion pour se
faire de l’argent, une rencontre impossible ailleurs. . . Autrement dit, flâner sur
cette place revient à profiter d’une grande diversité de spectacles tout en s’of-
frant en spectacle. C’est tout le charme d’une fête foraine qui se répète jour
après jour et nuit après nuit, sans monotonie aucune.
Cet espace culturel, et ce lieu de brassage et d’échange, constitue un
moyen de communication, reflétant la profondeur historique du patrimoine
qu’elle véhicule, et partant occupe le point focal de l’activité touristique, et se
présente comme emblème de Marrakech dans globalité.
- Les souks : Foisonnement du commerce et des décors : Marrakech où les souks
spécialisés se comptent par dizaines et ne cessent de se multiplier, offre des
ambiances commerciales aussi diversifiées que captivantes. La richesse et la
diversité des achalandages, s’ajoutent à celle des couleurs, des odeurs et des
bruits, pour donner à chaque souk une ambiance particulière et un charme
spécifique. En passant des bazars bien achalandés à l’image de musées, aux
échoppes exigües et bien garnies, des ruelles commerçantes polyvalentes aux
kissarias spécialisées, des décors en tissus, à d’autres en laine, métaux, en cuir,
en bois, en céramique, en épices, en plantes médicinales... les ambiances
changent à l’instar des impressions, des envies et des sensations que ravivent
la beauté et la grande variété des gâteaux, des fruits secs, des friandises, des
olives, les senteurs des tanjias, du méchoui, la couleur des jus d’orange, et de la
menthe , des plantes médicinales...
55
Carte n° 3 : Circuit des souks de la Médina
Source : Réalisation BET
56
62 63
62,63. le grand bassin de la Menara

64 65
63, 64. les Quartiers d’Artisanats
57
66
68
69
67
70
66, 67. Les Derbs 68, 69, 70. Les Souks
58
71. Les jardins de

l’Agdal
72. La Palmeraie
59
C’est dire la richesse, la diversité et le caractère étrange et changeant de l’am-

biance qu’offre les souks de Marrakech.
Les quartiers artisanaux : succession et interférence des sons et des odeurs : Si
certains quartiers artisanaux tel celui des tanneurs sont depuis toujours mis à l’écart,
la majorité sont intégrés aux souks pour bénéficier des effets de la proximité et de
l’exhibition du savoir-faire. Ici également l’ambiance est à la diversité voire même
le contraste en passant d’une ruelle à l’autre. Autrement dit, ces quartiers qui sont à
l’origine d’une ambiance différenciée entre eux et avec leur environnement offrent
un climat de dépaysement chaque fois renouvelé.
Les monuments historiques : une fascination sans limites : Chaque composante du
patrimoine de Marrakech a sa propre ambiance matérielle et émotionnelle et pro-
voque une fascination et une admiration spécifiques. De la Koutoubia, aux tombeaux
Saadiens, en passant par le palais Badii, le palais Bahia, Dar Si Said, Qoubba Ba’Adiyn,
Medersa ben Youssef, Dar Lahna, Dar El Beida, Dar Mnabhi, la fontaine Mouassine,
les mausolées des sept saints de la ville, les silos à grain ... le visiteur est mis dans des
ambiances toutes historiques certes, mais grandement différenciées sur tous les plans.
Les jardins de l’Agdal et de la Ménara : une quiétude inégalée : Dans ces hauts
lieux de l’exubérance de la verdure et de l’eau, l’ambiance est toute faite pour l’iso-
lement et la détente. Les paysages verdoyants et ouverts sur le ciel, l’horizon, et sur
les cimes du Haut Atlas invitent à la méditation sur la vocation de ces lieux à grande
valeur émotionnelle.
La palmeraie : l’évasion dans la ville : Ce qui reste de la palmeraie et du SIBE
offre l’occasion d’une évasion aux portes de la ville au sein d’un milieu où la nature
a encore, par endroit, le dernier mot. La rencontre avec des espèces naturelles très
variées permet un dépaysement inattendu à proximité d’une grande agglomération.
La palmeraie a été classée dès 1929 au titre de monument historique.
Les derbs : le côtoiement du quotidien encore teinté d’histoire : La Médina de
Marrakech qui s’étale sur près de 600 ha, comporte un grand nombre de derbs dont
la diversité est encore plus grande. Le visiteur ne manquera pas de remarquer que
l’ambiance offerte n’est pas partout la même, en fonction de la proximité des souks,
l’ouverture sur le tourisme par le biais des riads, des ateliers artisanaux et des galeries
artistiques. Ce qui est de nature à différencier le rythme de vie et d’atténuer le carac-
tère de la vie communautaire. Mais, en général on ne manquera pas d’approcher le
quotidien des habitants tel qu’il se déploie à travers les spécificités de chaque derb,
en passant de l’animation intensifiée par l’ouverture sur le reste de la ville à l’isolement
où le domestique l’emporte sur le public.
60
Ainsi, Marrakech, qui ne cesse de s’agrandir et

de s’étaler, conserve jalousement les empreintes
de son passé, à travers des pratiques associées à un
cadre de vie offrant l’image de cité ancrée dans
l’histoire et fidèle à ses traditions. La préservation
de traditions ancestrales est pour beaucoup dans
le foisonnement des ambiances qu’offre la ville
et qui sont derrière l’amplification de son capital
patrimonial.
61
73
73, 74. La poste de Marrakech

74
62
Chapitre 3 :
UN PASSE
TOUJOURS
PRESENT ET
PESANT
63
Marrakech compte parmi les villes marocaines où le passé est encore très pesant
dans le présent, non seulement en tant que cadre urbain toujours impliqué dans le
quotidien de la population, mais également en tant que véhicule et support d’un
certain nombre de pratiques et de modes de vie qui font la renommée et l’identité
de l’ensemble de la ville.
Les effets du changement de la conjoncture qui sont pour beaucoup dans l’évolu-
tion urbaine, en général, sont d’un poids encore plus grand dans cette ville qui a trop
compté sur l’apport du pouvoir central durant des siècles.
Cette ville qui bénéficie actuellement d’une conjoncture assez favorable, en rap-
port avec l’ampleur prise par la promotion immobilière et le tourisme, se doit de maxi-
miser le profit de cette conjoncture et surtout de capitaliser les retombées à même
d’inscrire cet élan urbanistique dans la durée, et d’en faire une locomotive pour le
développement économique. Les changements de conjoncture sont toujours impré-
visibles, à une époque où la concurrence territoriale gagne partout du terrain.
Autrement dit, cette ville, doit renforcer les structures existantes, créer les conditions
favorables à leur diversification, et diversifier les activités motrices à fin d’éviter une
forte de dépendance de l’activité touristique.
64
1 - Les grandes phases de la croissance urbaine

Trois grandes étapes sont à distinguer :
1- 1 Marrakech précoloniale (1070 – 1912) : Les péripéties d’une capitale

Pendant près de dix siècles, Marrakech a connu une histoire très mouvementée, et
des épisodes d’inégal développement et dynamisme urbains5:
• La naissance de la ville : 1070 – 1130
L’implantation d’un camp militaire a consacré l’emplacement actuel de la
ville, que Youssef ben Tachfine a fondé en 1070. Cette fondation qui a com-
mencé par la fortification du camp militaire et la construction de Ksar El Hajar,
a favorisé l’implantation des populations à l’intérieur des murailles.
Son fils, Ali Ben Youssef achève la fortification entre 1126 et 1127 et dote la
ville d’un nouveau palais. Les premiers quartiers se sont formés, autour du site
de la Koutoubia. Le percement des Khettaras a assuré l’alimentation de la ville
en eau, et l’aménagement d’un vaste périmètre irrigué. Cette évolution s’est
accompagnée de la formation de quartiers artisanaux.
• L’épanouissement : la capitale d’un empire : du milieu du 12ème au milieu du
16ème siècle
La ville a vécu son âge d’or avec les dynasties Almoravide et Almohade qui
ont favorisé :
- La multiplication des relations avec toutes les régions du Maroc ;
- L’agrandissement de la ville qui s’est dotée de nouvelles mosquées dont la
Koutoubia ;
- L’aménagement des jardins de l’Agdal et de la Ménara ;
- L’extension du noyau initial et l’amélioration de la voirie ;
- L’accroissement démographique : sa taille a atteint les 100 000 habitants ;
- La multiplication des fonctions de la ville, qui acquiert la posture d’un haut
lieu politique, militaire, intellectuel, et spirituel, et renforce sa position de cité
majestueuse et attractive, et de grande ville du pays.
5 DEVERDUN G. Marrakech des origines à 1912, 2 V., Ed techniques Nord-Africaines, Rabat, 1959, 720 p.
65
• La renaissance saadienne : 1557 – 1668

Sous les Saadiens, Marrakech renoue avec son ancien dynamisme urbain et
retrouve sa prospérité d’antan. Le sultan Moulay Abdellah est considéré à juste
titre comme le troisième grand bâtisseur de Marrakech (1557 – 1574). Cette
renaissance se concrétise à travers :
- La remise en état des réseaux d’approvisionnement en eau de la ville ;
- La restauration de nombreux édifices : réaménagement de la Casbah, ré-
novation des jardins, de la Mosquée Ben Youssef, de la Koutoubia ;
- La construction de nouveaux édifices : les Tombeaux Saâdiens ;
- La création de nouveaux quartiers : Quartiers bourgeois : Ksours, et Mouas-
sine, et un nouveau Mellah ; Apparition d’une excroissance extramuros : El
Hara quartier des lépreux à Bab Doukkala ;
- Restauration des murailles ;
- Réanimation des souks ;
- Edification de la Medersa Ben Youssef,
La ville retrouve ainsi son faste urbain et sa richesse économique ; Tous les signes
d’une nouvelle belle époque.
• La somnolence : du milieu du 17ème au début du 20ème siècle :
La ville est quelque peu ravivée vers la fin du 15ème siècle, par l’arrivée massive
d’Andalous et de juifs fuyant la Reconquista. Ce qui lui a permis de conserver sa
place de grande ville du pays .
En 1669, Marrakech est prise par le premier souverain alaouite, qui en fait une des
résidences royales, au même titre que Fès.
A partir de 1757, elle retrouve un certain renouveau avec Sidi Mohammed qui
entreprend la restauration et l’agrandissement de la Casbah, et la construction d’un
nouveau palais. La ville attire une partie de la bourgeoisie de l’époque qui entre-
prend la construction de demeures aristocratiques, et de nouvelles mosquées. De
nouveaux quartiers apparaissent: Bab Ahmar, Lamchaouar...
66
Carte n° 4 :
Marrakech en 1868
Structure de Marrakech
d’après le plan Lambert
de 1868 in Wilbaux 2001
67
1 – 2 Marrakech sous le protectorat (1912 – 1956) Le renouveau contemporain
Marrakech fut occupée en 1912. Le noyau de la nouvelle ville européenne est

apparu dès 1913, sur un vaste terrain relevant du domaine de l’Etat.
La nouvelle ville à laquelle on a donné le nom du mont qui la domine : Guéliz, n’a
pas pu s’imposer facilement face à la Médina qui a attiré même les Européens. En
10 ans, elle n’a séduit que quelques 1 500 habitants. 6Elle a surtout attiré les édifices
administratifs et militaires. Trois grandes phases sont à distinguer dans l’évolution de la
nouvelle ville :
- 1913 – 1925 : Période de lancement marquée par une urbanisation plus publique
que privée : Services administratifs, centrale électrique, abattoirs, terrain de
sport, chapelle, camps militaires …
- 1926–1945 : Période d’une évolution lente. Cette phase a vu naitre le quartier
industriel, la gare ferroviaire, le quartier Hivernage, et de nombreux douars
périurbains. Mais Guéliz est resté surtout un quartier administratif et militaire.
- 1945-1955 : Période d’une timide relance, avec l’intérêt accordé par la
bourgeoisie marocaine à la nouvelle ville et au mode de vie qu’elle représentait.
Parallèlement à cette évolution, la Médina n’a pas perdu de son dynamisme :
- Les premiers colons s’installent autour de la place Jamaa F’na, et le long des axes
structurants : Bab Doukkala, Mouassine, Riad Zitoun Kdim. Ce qui donne lieu au
développement d’un important secteur européen au sein de la Médina s’éten-
dant entre Jamaa F’na, Bab Robb et Arset El Maach.
- Les premiers aménagements de grande envergure au sein de la Médina com-
mencent à partir de 1929, et se sont traduits, entre 1930 et 1950, par de profonds
changements : modernisation des infrastructures, disparition de nombreux es-
paces libres, empiétement sur les espaces verts, densification des secteurs bâtis :
Arest Ihir, Bab Taghzout, Assouel, Arset El Houta, Arset Mesfioui, Bab Ailen, la Cas-
bah, le Mellah, occupation des foundouks …
Ces mutations qui se sont adossées au dynamisme économique de la Médina se
sont traduites par un certain nombre de dysfonctionnements :
• Difficultés accrues de la circulation et des stationnements ;
• Prolifération de l’insalubrité urbaine ;
6 MANDLEUR A. Croissance et urbanisation de Marrakech, in Rev. de Géo. du Maroc, n° 22, 1972, pp. 31 – 60
68
Carte n° 5:
Marrakech
en 1913
Plan de Marrakech dessiné par
Henri Prost en 1913
69
• Amplification des problèmes d’assainissement ;

• Aggravation de la crise de logement et transformation des foundouks en
parc de logement ;
• Régression des espaces verts, notamment les vergers ;
• La saturation de la Médina a favorisé un développement considérable de
douars périurbains, aux abords des routes de Casablanca, d’Essaouira et
Ouarzazate. Les plus réputés sont Douar Askar et Sidi Youssef Ben Ali ;
Marrakech a hérité de cette époque de nombreux édifices à l’intérieur de la

Médina (hôtel de ville, le tribunal de Bab Doukkala, banque du Maroc, hôtel
Mamounia, poste de Jamaâ El Fna, siège de l’actuelle BMCE, hôtel Charles
Foucauld , les immeubles du Glaoui, …) et à Guéliz qui sont toujours fonction-
nels.
75. Avenue Mohamed V
70
Carte n° 6: Plan de Marrakech en 1935
Source : Agence Urbaine de Marrakech
71
76 77
78 79
80 81
72
Carte n°7: Plan de Marrakech des années 50
76, 77, 78, 79, 80 Photos anciennes de Marrakech, 81 Municipalité de Marrakech
73
Ainsi, la période du protectorat était d’un apport contrasté ; D’une part, elle a en-
richie urbanistiquement la Médina, a favorisé la valorisation de certains monuments
historiques, et a donné lieu à de nouveaux tissus urbains extramuros. Mais d’un autre
côté, ses contrecoups étaient durs pour le devenir de la vieille cité. Elle a ouvert la voie
à la dégradation de nombreux quartiers historiques, a entamé le transfert du centre
de gravité de la Médina vers Guéliz, et a favorisé le développement des douars péri-
phériques tout autour de la ville.
Le tout s’est traduit par l’ouverture de la ville à la diversité des modes d’urbanisa-
tion et à l’hétérogénéité des tissus urbains. Sur le plan de la configuration spatiale,
Marrakech est passée de l’état d’une ville compacte à celui d’une ville éclatée,
qu’elle ne cesse de consacrer.
1 – 3 Marrakech postcoloniale (1956 à nos jours) Le regain de dynamisme urbain
La période coloniale a légué une ville sans unité, composée notamment d’un
quartier européen qui a du mal à prendre forme, une médina qui est de plus en plus
surpeuplée et attirant, à la fois, ruraux et Européens, et de douars périurbains qui se
multiplient et prennent des dimensions considérables.
Avec l’indépendance de nouvelles entités prennent forment entre 1956 et 1970,
à l’écart de l’héritage colonial, et se traduisent par une nouvelle structuration de la
ville 7. Cité Mohammedia au nord ; Extension de Sidi Youssef Ben Ali vers le Sud ; Une
cité ouvrière à l’Ouest ; De nombreux quartiers extra-muros apparaissent à partir des
années 1960: Daoudiate, Douar El Askar, Amerchich, Mhamid, Issil, El Massira ; Des
douars périurbains s’érigeant en ceinture autour de l’agglomération…
Cette évolution se traduit par des mutations très lourdes de conséquences :
- Apparition de nouveaux modes d’habiter : cité Mohammedia,
- L’intégration des modes d’habiter ruraux en ville : Sidi Youssef Ben Ali, construit
en pisé sur le modèle rural ;
- Accroissement de la densification de la médina par entassement et suréléva-
tion ;
- Consécration des foundouks en tant que structures d’habitat,
- Mitage des jnanes et des arsas à l’intérieur et à l’extérieur de la Médina.
- Une explosion démographique depuis la fin des années 90 qui s’est amplifiée
à partir de 2000, et s’est traduite par l’amélioration de la place de la ville à
l’échelle nationale :
7 MANDLEUR A. op.cit.
74
Tableau n° 4: Chronologie de la place de Marrakech au sein de l’armature urbaine nationale
Effectifs Popula-
Année Rang Après . . .
tion
1926 149 263 1ère -
1931 195 122 1ère -
1936 190 314 2ème Casablanca
Casablanca, Rabat, et
1982 439 728 4ème
Fès
Casablanca, Rabat, et
1994 669 043 4ème
Fès
2004 823 154 3ème Casablanca, et Fès
Elaboration BET, 2011
Ce tableau permet de constater que Marrakech est restée la plus grande ville du
pays jusqu’au milieu des années 30, qu’elle a été reléguée à la 4ème place au début
des années 80, et qu’elle vient de surclasser Rabat au cours de la dernière décennie.
75
2 - Une macro forme consacrant la centralité de la

Médina
2 –1 Reproduction continue de la forme ra-

dioconcentrique
Marrakech développe une macro forme ra-
dioconcentrique, matérialisée par des radiales convergentes.
Même si la Médina n’occupe plus l’épicentre de l’agglomé-
ration, c’est vers elle que convergent les neuf pénétrantes
qui desservent l’agglomération dans sa globalité et arti-
culent l’ensemble de ses tissus urbains extramuros. Ce qui
reproduit le rôle structurant que joue le tissu historique à
l’échelle de l’agglomération toute entière.
La position de point focal qu’occupe la Médina est ac-
centuée par le développement d’antennes économiques,
à la fois, intégrées aux tissus vernaculaires et connectées
aux quartiers extra muros avoisinants et permettant ainsi à
la Médina de déployer son rayonnement sur l’ensemble de
l’agglomération. Il s’agit, essentiellement du pôle commer-
cial de Bab Khémis, de la gare routière de Bab Doukkala,
du pôle commercial de Bab Aghmat, et du quartier des
tanneurs de Bab Dbagh. . . Parallèlement à ces ouvertures
vers le Nord, l’Est, et le Sud, la Médina bénéficie d’autres
ouvertures vers le Nord-ouest, et l’Ouest lui permettant des
connexions faciles avec Guéliz, l’Hivernage, et les exten-
sions urbaines ouest. Evolution qui est pour beaucoup dans
la multiplication des fronts de l’urbanisation.
La macro forme radioconcentrique que Marrakech ne
cesse de consacrer est réconfortée par presque tous les do-
cuments d’urbanisme confectionnés pour la ville. Dans ce
sens, en ouvrant d’importantes surfaces à l’urbanisation et
en prônant une croissance urbaine divergente dans toutes
les directions, le SDAU de 1991 a consacré une macro forme
éclatée et canalisée par les grands axes routiers desservant
Marrakech.
76
Carte n° 8: La situation urbaine de Marrakech en 2012
Source : Etablie par le BET
77
S’il est admis, par certains courants de l’urbanisme moderne, que la forme ra-
dioconcentrique est la plus pratique pour l’urbanisation libérale, elle représente ce-
pendant, le mode d’urbanisation le plus couteux pour la collectivité, en raison de
la diversité des fronts de la croissance spatiale et de l’étirement le long des axes de
communication avec tout ce qui en découle comme accroissement des besoins en
équipements urbains, et partant comme coûts de fonctionnement.
Le récent choix de la pondération de la macro forme de Marrakech par le biais
de villes satellites peut contribuer à une restructuration de la forme globale de l’ag-
glomération.
2 – 2 Des tissus anciens au dynamisme différencié

- La Médina
La Médina de Marrakech est assez souvent abordée en termes de menaces sé-
rieuses et de dégradation persistante8. Certes, de nombreux pans de ce tissu verna-
culaire souffrent de dégradation qui porte préjudice à une partie non négligeable
du patrimoine urbain de la ville. Cependant, la médina de Marrakech n’est pas to-
talement marginalisée, puisqu’elle reste au cœur de la vie urbaine. Sa vocation de
haut lieu historique l’érige au rang d’enjeu de taille dans l’économie de la ville, la
place au centre d’intérêts croissants, et en fait même objet d’enjeux de plus en plus
grands et ramifiés. A ceux des commerçants détenteurs de bazars, et d’artisans pro-
duisant pour le tourisme9, s’ajoutent ceux des nouveaux propriétaires immobiliers que
sont les étrangers acquéreurs de riads. Aux enjeux économiques représentés par la
production artisanale et le commerce, s’ajoute des enjeux patrimoniaux sous-tendus
par la propriété immobilière qui représente un investissement perçu comme rentable
et sûr. Autrement dit, la dégradation observée n’est pas fortuite et se rapporte aux
mutations que connait la Médina. Il n’y a qu’à voir le caractère sélectif des investisse-
ments qu’attire la Médina pour se rendre compte des jeux et des enjeux en présence.
Comme en témoigne également le plagiat architectural qui se veut une reconnais-
sance de la valeur de référence urbanistique de la Médina. Dans ce sens, même la
nouvelle ville de Tamansourt va avoir sa Médina. Outre le caractère commercial de
ce recours au modèle de la Médina, les différentes formes de reproduction rappellent
que ce tissu historique n’a pas perdu sa fonction de source d’inspiration architectu-
rale et urbanistique, tout en sachant que l’imitation commerciale s’origine beaucoup
8 BOUBEKRAOUI E. et SEBTI M. : Population et environnement dans la médina de Marrakech, in Population,

environnement et pauvreté, Actes du symposium international, Rabat octobre 1997, pp. 174 – 181
9 LAGDIM B. : Le poids de l’artisanat dans la médina de Marrakech, in Présent et avenir des médinas, Pub.
Université de tours, pp.83 – 90, 1982
78
plus dans la fascination pour un produit qui se vend bien que dans la valorisation du
patrimoine de la ville.
Il importe également de rappeler que le processus de mutation de la Médina ne
date pas d’aujourd’hui. La période coloniale n’a pas innové en ouvrant la Médina
à des transformations structurelles et fonctionnelles. Elle est à l’origine de l’édifica-
tion de nombreux quartiers à l’intérieur des remparts, de l’ouverture de nombreux
quartiers à la circulation motorisée, et de l’injection de certains équipements publics
dans des tissus denses. De même que toutes les dynasties qui se sont succédées à
Marrakech ont essayé de marquer la ville, chacune à sa manière. Aussi, Marrakech
a -t- elle connue des destructions, des transferts de son centre de gravité, la création
de nouveaux quartiers, la dissémination de nombreux vergers, l’ouverture de nou-
velles portes, l’extension des murailles . . . Bref, l’évolution s’est toujours faite dans la
sélectivité qui continue à constituer la principale règle du jeu jusqu’à nos jours. Ainsi,
si certains pans de la Médina sont délaissés, c’est parce que les règles du jeu urbain
et les lois du marché les laissent jusqu’ici pour compte.
La Médina constitue, toujours, une source de prestige et de fierté pour le présent.
Comme elle joue le rôle de refuge, dans la mesure où le passé sert de moyen de thé-
saurisation pour le futur. Elle est par-dessus tout un espace dont la fonction d’enjeu
culturel ne cesse de se renforcer. Avec ses 20 mausolées et zaouias, elle participe
amplement à la vie spirituelle de l’ensemble de l’agglomération, et participe même
à son rayonnement. Avec 170 mosquées, elle reste au cœur de la vie religieuse de la
ville. Elle est ainsi un support de taille pour l’identité de l’agglomération toute entière.
Autrement dit, la Médina ne change pas de fond en comble, mais se réadapte
progressivement et partiellement aux changements qui traversent la ville, malgré
qu’elle est de plus en plus confrontée à de nombreux problèmes qui menacent de
jour en jour, son intégrité urbaine et mettent en jeu sa valeur patrimoniale voire la
qualité de vie de ses habitants.10 Chaque évolution apporte son lot d’améliorations
et occasionne des dégradations. La gestion urbaine se doit de veiller au maintien de
l’équilibre optimal.
10 El Faïz. M, Marrakech : Patrimoine en péril, Ed. Actes Sud - Eddif, 2002. p. 37.
79
- La ville européenne
La ville européenne qui commence à disputer à la Médina la qualité de patri-
moine urbain fait, certes, partie de l’héritage historique de la ville, mais sans pour au-
tant constituer un patrimoine urbain au même titre que la Médina. D’abord, pour la
simple raison que cet héritage n’est pas très ancien, ensuite parce qu’il appartient au
même modèle urbain dominant actuellement, et qu’il s’adosse à la même doctrine
urbanistique toujours en vigueur.
En plus, l’héritage colonial de Marrakech n’est pas très bien garni, à la fois, sur
le plan qualitatif et quantitatif. Cependant, c’est l’évolution rapide à laquelle il est
soumis qui pose problème et soulève sa dimension patrimoniale. Le quartier Guéliz
qui constitue la principale réalisation du protectorat à Marrakech connait un certain
nombre de mutations qui sont en passe d’amoindrir cet héritage :
L’extension verticale (R+5) et la liquidation des villas qui s’inscrit dans la logique de
l’évolution de tous les quartiers de villas gagnés par la centralité, partout au Maroc,
est en passe de liquider d’excellents pans résidentiels de Guéliz, notamment ceux
situés de part et d’autre de l’avenue Mohamed V, l’avenue Abdelkrim Khattabi,
l’avenue Moulay Abdellah. . .et même les bâtiments riverains de la voirie secondaire
n’échappent pas à cette évolution.
Guéliz est également soumis à un éclatement spatial qui se traduit par une dilution
accentuée de la centralité urbaine dont il bénéficiait ; Parallèlement, les réalisations
urbanistiques et architecturales de prestige s’opèrent de plus en plus loin de ce quar-
tier, ou du moins sur ses marges. Ce qui accentue l’éclatement et le reclassement de
cette entité urbaine.
Le quartier Hivernage, généralement associé au Guéliz, risque de connaître la
même sort en raison de l’émigration de la fonction touristique le long de l’avenue
Mohamed VI vers le Sud de la ville, et l’émergence de nouveaux espaces touristiques
sur les marges externes de la ville.
Ainsi, les tissus historiques de la ville ne cessent d’évoluer et de perdre de leurs
aspects hérités. C’est une évolution qui mérite, à la fois, d’être assumée et assurée.
Ce qui revient à rendre à la régulation publique ce qui lui revient dans le devenir du
patrimoine urbain.
80
3 - Une politique du changement dans la continuité
3 – 1 La période précoloniale
Marrakech est née et s’est développée pour des raisons essentiellement politiques.
Son histoire précoloniale est intimement associée à celle des dynasties qui ont opté
pour elle comme capitale.
Tout le capital urbain qu’elle a développé n’est que l’expression des pouvoirs qui
ont fait d’elle leur point d’ancrage, et le reflet de leur puissance. Et tous les dégâts
et la négligence qu’elle a subi sont également l’expression d’une volonté politique
d’être autrement et d’agir ailleurs et d’ailleurs.
Pour ce, la façon de concevoir la capitale comme étant au-dessus de l’ensemble
des autres villes et comme assimilable au pouvoir en place, est commune à toutes les
dynasties qui se sont succédées au Maroc. Ce qui constitue l’expression du change-
ment dans la continuité, dans la mesure où la perte de la place de capitale comme
le passage d’une dynastie à l’autre constituent de simples intermèdes dans une inva-
riance de la conception de la politique urbaine.
3 – 2 La période coloniale : 1912 - 1956

Si les problèmes de la ville de Marrakech ont été traités par le passé en tant qu’élé-
ments de la stratégie du pouvoir en place, et la ville s’est organisée et s’est dévelop-
pée en rapport avec cette stratégie, la période du protectorat a beaucoup compté
sur les approches technicistes faisant de chaque problème urbain une question à
part et nécessitant un traitement essentiellement technique. Aussi, cette période a –
t – elle initié une politique urbaine où les recettes techniques malgré leurs fondements
politiques certains sont devenues prépondérantes et allant d’elles-mêmes.
Dans ce sens, la valorisation de la Médina ne déroge aucunement à la politique
de Lyautey qui a tenu à mettre à l’écart l’urbanisme local pour ouvrir la voie au dé-
ploiement de l’urbanisme adapté au système économique auquel s’adosse l’aven-
ture coloniale. La création de Guéliz qui n’a pas donné immédiatement, comme à
Casablanca ou à Rabat, les résultats escomptés, a malgré tout lancé les bases d’une
autre façon d’urbaniser. Cette autre façon a même été expérimentée et adaptée à
la Médina. A proximité de Jamaa F’na, de nouveaux quartiers ont vu le jour et ont mis
en place des structures urbaines alternatives aux structures locales. Ce qui va en pair
avec la politique du « laisser-aller » qui a été appliquée à la Médina, et les différentes
formes de dégradation auxquelles elle a donné lieu.
Le propre de la politique urbaine du protectorat est que Marrakech ne devait plus
occuper une position d’avant-garde qui revenait aux deux nouvelles capitales du
81
pays : Rabat comme capitale administrative et Casablanca comme capitale écono-

mique. En plus le poids des traditions est plus grand à Marrakech, et imposait une poli-
tique urbaine plus prudente, dont la fonction première consistait à orienter beaucoup
plus que d’imposer. Et de cette manière, la colonisation a eu un rôle non négligeable
dans la préservation du caractère traditionnel de Marrakech.11
Ainsi, durant presque un demi-siècle d’occupation, Marrakech a été traitée,
comme une ville qui n’a besoin que de solutions partielles. Les vraies tâches aux-
quelles devait s’attaquer la politique urbaine consistaient à mettre en évidence les
symboles du pouvoir ( édifices publics modernes et imposants ) et tous les signes du
nouvel ordre en place ( ordonnancement architectural et viaire ). C’est dire tout l’art
politique de réussir le changement dans la continuité. 12
3 – 3 Le passage à l’indépendance : 1956 - 1975

La politique urbaine s’est focalisée autour des solutions d’urgence pour les pro-
blèmes hérités du protectorat, et aux nouveaux problèmes qui ont accompagné le
passage à l’indépendance :
- Densification de la Médina : Le surpeuplement des tissus historiques s’est impo-
sé comme un nouveau souci pour la politique urbaine. La Médina qui a dé-
passé le cap des 200 000 habitants, devient un souci politique majeur, et une
question urbanistique inquiétante.
- La question du logement : Cet autre problème légué par la colonisation devait
faire l’objet de solutions d’urgence. Dans ce sens, et comme ailleurs, la solution
a consisté à mettre en œuvre les projets confectionnés par les techniciens de
la colonisation. Il s’agit de réalisations ponctuelles : Cité Mohammedia, Cité
ouvrière, Douar Jdid...
- La lutte contre l’habitat insalubre : TSA, restructuration de certains douars : El
Askar, Sidi M’Barek, Laarab, Sidi Youssef ben Ali, déplacement douar El kou-
diat...
- Un intérêt particulier a été accordé à la ville extra-muros : Extension du Guéliz à
partir du milieu des années 60, Hivernage, quartier militaire, Cité P. Lumumba,
quartier industriel, Semlalia, lotissement Hassania. . .
- L’émergence du tourisme comme vecteur de développement : Intensification
de la construction des hôtels de luxe, et aménagement de grandes artères. La
11 MANDLEUR A. Op. cit.
12 AYACHE A. Le Maroc. Bilan d’une colonisation, Editions sociales, Paris, 1956, 367p.
82
focalisation sur les problèmes hérités du protectorat, a fait oublier le phéno-

mène des douars périphériques. Ils n’ont été traités que lorsqu’ils sont devenus
menaçant pour les équilibres en place. L’éclatement des espaces périphé-
riques n’étaient pas perçus comme un problème, dans la mesure où les pou-
voirs publics ne cherchaient pas à créer des contraintes pour l’investissement.
Carte n° 9 : Evolution de la population des douars périphériques
Années Effectifs
1960 12 917
1971 30 466
1982 64 459
Source : RGPH. 1960, 1971, et 1982

En somme, pendant plus de deux décennies, Marrakech a vécu au rythme d’une
politique urbaine reproduisant les mêmes recettes techniques pour les problèmes
soulevés par son extension spatiale. Les principes de base inspirés de la politique ur-
baine commune à l’ensemble du pays se ramènent à :
- Mobilisation du foncier public pour palier à l’urgence des problèmes ur-
bains ;
- Mesures fiscales encourageantes pour la promotion des investissements no-
tamment touristiques ;
- Production de logements sociaux à l’aune de la conjoncture ;
- Actualisation, autant que possible, des documents d’urbanisme.
Ainsi, la politique urbaine des deux premières décennies de l’indépendance s’est
focalisée sur la gestion des problèmes hérités, tout en essayant de ne pas trop bous-
culer l’ordre établi. C’est dire, encore une autre fois, assurer le changement dans la
continuité.
83
3 – 4 Après 1975 . . .
A partir du milieu des années 70, Marrakech est entrée dans une phase de son his-
toire se caractérisant par une croissance urbaine soutenue, qui a atteint son apogée
avec le boom immobilier de la fin des années 90. Ce qui a nécessité une forte impli-
cation de l’Etat qui s’est manifestée notamment à travers :
- Le renforcement des structures d’encadrement et de gestion, par la création de
l’Inspection de l’Urbanisme en 1993, l’Agence Urbaine en 1994, le CRI en 2002, la
Commune Urbaine et la Préfecture de Marrakech en 2003, . . .
- Les différents découpages territoriaux que le Maroc a connu après la Charte
communale de 1976, ont tous consacré la place de Marrakech en tant que pôle
de commandement majeur, et sa consécration dans sa vocation de chef-lieu
d’une grande région, et comme préfecture très pesante au sein de la région.
- L’intensification de l’effort en matière de planification urbaine : avec l’élabo-
ration d’un grand nombre de plans d’aménagements sectoriels, d’un SDAU en
1985 et un autre en 1992, et la finalisation du PLHDU en 2002. Un nouveau SDAU
accouplé à un PA est en cours d’élaboration. La commune a de son côté éla-
boré un PCD en 2011.
- L’injection d’un certain nombre d’équipements structurants : Au cours des trois
dernières décennies, la ville a connu la réalisation d’un certain nombre d’équi-
pements à portée stratégique et structurante. C’est le cas de l’Université Cadi
Ayad ( 1978), le Palais des congrès ( 1990), le Théâtre (2001), la nouvelle gare
ferroviaire (2008), la STEP (2010), le Grand stade olympique ( 2011)…
- L’encouragement de l’ouverture de la ville à l’international : Les nombreuses et
diverses réalisations touristiques, la diversification des structures d’accueil, l’am-
pleur prise par le phénomène des riads et des maisons d’hôtes, le renforcement
des structures commerciales par l’ouverture sur la franchise et les grandes en-
seignes, et en matière de services... ont propulsé Marrakech sur la scène inter-
nationale.
- Marrakech a été dotée de structures de formation qui ne cessent de s’étoffer et
d’acquérir de l’importance à l’échelle nationale. L’ouverture de l’enseignement
supérieur sur le privé et le développement des structures de formation
professionnelle contribuent progressivement au repositionnement de Marrakech
dans ce domaine.
- L’atténuation des grands dysfonctionnements hérités : Des efforts louables
ont été accomplis en matière de lutte contre l’habitat insalubre, les douars
périphériques, et la crise de logement. Ainsi le marché de logement ne cesse
84
de s’étoffer et se diversifier. Deux nouvelles villes sont en chantier.

- L’amélioration et l’extension du réseau viaire a favorisé une meilleure articulation
du tissu urbain, mais qui reste à parfaire. Dans le même sens, la ville a amélioré
ses paysages urbains par l’apport de soins à ses aspects architecturaux et à ses
agréments verts. Une entreprise qui reste à généraliser.
Ainsi, cette phase de l’évolution de Marrakech a permis à cette ville d’accompagner
avec plus ou moins de bonheur l’essor urbain, démographique et économique
qu’elle a connu, tout au long des trois dernières décennies.
82. Théâtre de Marrakech
85
Deuxième partie :
UNE
METROPOLISATION
EN DEVENIR

83. Marrakech vue panoramique 2005

INTRODUCTION
DE LA DEUXIÈME
PARTIE
La première partie de cet ouvrage a démontré que Marrakech vit toujours sous
les effets des pesanteurs de son histoire. Ce qui lui a permis de mettre à profit les
sédiments de son passé, sans, par ailleurs, se lancer dans la compétition vers de
nouvelles positions métropolitaines. Aussi, Marrakech a – t – elle donc, besoin d’une
vision plus claire et plus cohérente de son devenir.
La consécration de cette ville en tant que première plateforme touristique du
pays, le boom immobilier qu’elle a connu au cours des deux dernières décennies,
son regain de dynamisme démographique, l’attraction soutenue qu’elle manifeste
en matière de projets structurants... sont à mettre en rapport avec le processus de
métropolisation dans toutes ses dimensions.
S’il est certain que Marrakech est considérée à juste titre comme une grande
ville, il est tout aussi certain que dans le contexte marocain, cette ville fait figure
de métropole régionale incontestée. Cependant, cette métropole manifeste des
aspirations certaines et légitimes à se hisser au rang d’une métropole nationale et
pourquoi pas internationale même.
Pour ce, cette partie se veut une approche prospective visant à dégager une
stratégie aussi complète que possible pour le développement futur tel que l’exigent
les ambitions légitimes de la ville.
Cette partie s’articule autour des idées maîtresses suivantes :
- Mettre en synergie les tendances lourdes qui découlent de la lecture de l’his-
toire de la ville ;
- Dégager les orientations majeures que nécessitent la régulation des dyna-
miques en cours et la mise à profit des tendances lourdes ;
- Identifier les pistes des changements nécessaires au développement global
de la ville;
- Anticiper le devenir de la ville en tenant compte des acquis, et des potentia-
lités de la ville;
- Echafauder une stratégie globale et cohérente de développement de la ville.

89
84. Nouvelle gare ferroviaire de Marrakech
90
Chapitre 4 :
UNE MORPHOLOGIE
URBAINE
RENOUVELEE
91
Située dans la partie orientale de la plaine du Haouz, Marrakech bénéfi-

cie des avantages qu’offre un site topographiquement plat et d’une posi-
tion avantageuse. Ce qui est pour beaucoup dans les différentes extensions
que l’agglomération a développé, tout récemment. Les possibilités d’exten-
sion illimitées du site originel sont, actuellement à l’origine de valorisations
sans limites.
Depuis sa création jusqu’au début du 20ème siècle, la ville n’a pas épuisé
tous les terrains entourés par ses murailles. Cependant, Marrakech est une
des rares anciennes villes du Maroc où le legs historique séculaire déborde
en dehors de l’enceinte de la médina. Ce qui est pour beaucoup dans l’im-
portance prise par le passé dans la structuration de l’ensemble du territoire
actuel de l’agglomération.
92
1 - Equilibres et déséquilibres en cohabitation
1 – 1 Une articulation territoriale en renouvellement

L’expansion spatiale continue et l’éclatement soutenu des tissus urbains ont intro-
duit des mutations sur plus d’un plan :
• Sur le plan de la forme globale
La macro forme urbaine de Marrakech ne cesse d’évoluer, sous les effets de la
naissance de nouveaux tissus urbains périphériques. Ce qui se traduit par :
- Un dosage de plus en plus déséquilibré entre la tradition et la modernité, au
niveau des formes comme au niveau de la composition urbaine ;
- Une architecture où l’inspiration du passé de la ville est en perte de vitesse face
aux nouvelles influences modernistes ;
- Un mariage de moins en moins réussi entre les composantes urbaines et le milieu
naturel. Marrakech est en passe de perdre deux composantes fondamentales
sur le plan paysager et égayantes sur le plan contextuel : l’oliveraie et la pal-
meraie ;
- Une agriculture repoussée de plus en plus loin. Les vergers, et le périmètre irrigué
ceinturant la ville et ponctuant les espaces périurbains sont en voie de dispari-
tion face à l’avancée du béton. Ce qui se traduit par une déperdition accen-
tuée du capital agricole ;
85. Agriculture à la périphérie de Marrakech
93
- Des résidences de plus en plus dispersées, et proliférant de plus en plus loin dans
les campagnes. Ce qui amplifie les contrastes au sein des espaces périurbains ;
- Des axes radiaux tirants les fronts d’urbanisation sur des distances de plus en plus
longues, et dans des directions divergentes. Marrakech « ronge » constamment
ses espaces périurbains.13
- Des entités urbaines périphériques qui se développent de plus en plus indépen-
damment les unes des autres, et notamment les long des axes routiers ;
- Des douars périphériques à croissance démesurée, qui « sont le signe de l’in-
suffisance et de l’inadaptation des interventions pratiquées jusqu’à présent en
matière d’urbanisme »14. Comme ils représentent une manifestation criante de
la déficience urbaine. 15
- De nouvelles villes en formation, dont Tamansourt constitue le prélude16
Ces mutations à caractère ponctuel se conjuguent pour induire d’autres plus pe-
santes au niveau de la configuration globale de l’agglomération.
• Sur le plan des composantes structurantes
Depuis sa naissance jusqu’à l’instauration du protectorat, quatre composantes
majeures ont présidé à l’organisation territoriale de la ville :
- Les édifices politiques : Il s’agit des palais, des pavillons princiers et des résidences
des notables. Chaque dynastie a apporté son lot à ces édifices et a entrainé
des changements structurels par les emplacements choisis pour les nouvelles
édifications.
- Depuis le début du 20ème siècle, c’est la ville européenne qui a attiré le plus
d’édifices publics.
- Les édifices religieux : Si la ville de l’Occident musulman est fortement ponctuée
par les mosquées, les médersas, et les sanctuaires, Marrakech recèle un grand
nombre de ces édifices qui sont pour beaucoup dans les comportements spiri-
tuels de la population et dans la structuration de la Médina. L’évolution contem-
poraine de la ville a fait de Guéliz et de l’Hivernage les deux seuls quartiers de la
ville les moins dotés en édifices religieux.
13 Direction de l’Aménagement du Territoire, Débat National sur l’aménagement du territoire, Eléments intro-
ductifs, Région Marrakech –Tensift-Al Haouz, 2000, p. 22
14 Ministère de l’Intérieur : SDAU de Marrakech, 1981, p. 28
15 PNUD/MDSSEFP : Diagnostic de la pauvreté urbaine et périurbaine à Marrakech » , septembre 1998
16 Ville nouvelle s’étalant sur 1200 ha, lancée en 2004, conçue pour héberger 300 000 habitants et compor-
tant un parc de logements de 58 000 unités, 20 ha d’espaces verts, et offrant 250 000 emplois.
94
- Les espaces commerciaux : Depuis sa naissance Marrakech a développé un cer-

tain nombre d’espaces dédiés au commerce et aux activités artisanales :souks
spécialisés, espaces de production artisanale, fondouks... La proximité des lieux
du pouvoir qui a été très recherchée pendant les premières étapes de l’évo-
lution de la ville est devenue dépassée avec l’accroissement de la taille de la
ville.
- Les espaces verts : Toutes les dynasties qui ont gouverné la ville jusqu’à la colo-
nisation, ont bien réussi à intégrer la dimension paysagère dans leur démarche
urbanistique. Cette dimension s’est toujours focalisée autour des composantes
végétales, à travers les vergers et les jardins.
Ainsi, l’articulation d’un espace urbain pétri par la succession de fonctions toujours
dépendantes les unes des autres, et meurtri par des transformations pas toujours sou-
cieuses des capacités des structures urbaines, et du legs de l’histoire, ne peut être
visitée seulement, à travers la géographie fonctionnelle, puisqu’elle se doit d’être
complétée par les charges symboliques accumulées, par chacune des compo-
santes spatiales, tout au long de l’histoire de la ville, la répartition des repères urbains,
et l’articulation de la centralité urbaine.
1– 2 Quelle centralité urbaine pour Marrakech ?

L’ancien SDAU s’est fixé parmi ses objectifs de recentrer Marrakech autour de la
ville nouvelle ( Guéliz ). Cependant l’étalement excessif engendré par l’immensité
des zones ouvertes à l’urbanisation, s’est traduit par l’éclatement de l’espace urbain
et le dépouillement du centre moderne de nombreuses de ses fonctions, et de ses
avantages en matière de centralité urbaine. Et la centralité recherchée s’est retrou-
vée largement compromise, ou du mois diluée.
L’émigration des structures touristiques vers le Sud ( avenue Mohamed VI ), l’étale-
ment des services vers la Médina le long du boulevard Mohamed V, et le long de la
route de Casablanca vers Marjane, a réduit l’animation de Guéliz qui voit son centre
émigrer du rondpoint de la Renaissance vers la place du 16 novembre, pour être plus
connecté à la Médina, et à un croisement viaire des plus importants de l’agglomé-
ration. Le tout se traduit par la dilution de la centralité de la nouvelle ville aux abords
de la Médina qui renforce sa centralité en attirant vers elle celle de Guéliz.
En raison de l’évolution engendrée par ce choix, la Médina continue à s’imposer
comme pôle urbain structurant pour l’ensemble de l’agglomération.
Ainsi, au moment où la ville moderne ne cesse de consacrer sa supériorité en ma-
tière de commandement, de concentration du tertiaire supérieur, des structures d’ac-
cueil touristique et industriel, la Médina se maintient en tant que pôle d’animation,
95
d’artisanat, de commerce ( gros et détail) , et de services,

les plus divers. Ce partage de la centralité joue jusqu’ici
en faveur de la Médina, surtout sous l’effet de l’évolution
en cours qui concourt à un éclatement du pôle moderne
en une multitude de polarités secondaires (Avenue Moha-
med VI, Abdelkrim Khattabi, place du 16 novembre, Bab
Doukkala...).
Ce qui revient à soutenir qu’en matière de planifica-
tion urbaine, on a oublié que Marrakech est une ville où
les fonctions relevant du secteur tertiaire (tourisme, com-
merce, services...) sont fortement polarisées par la Médina.
Ce qui est de nature à perpétuer la vie et le dynamisme du
cœur historique de la ville.
Cependant, la centralité de la ville de Marrakech dans
sa globalité est ainsi toujours soumise à des mutations, aussi
nombreuses que pesantes sur le devenir de l’aggloméra-
tion :
- D’un centre unique à une centralité duale : La coloni-
sation qui a amorcé le transfert du centre de gravité de la
Médina vers la nouvelle ville , a eu des difficultés à réaliser
à Marrakech en un demi-siècle ce qu’elle a accompli à
Casablanca en deux décennies. Si le poids historique de
Marrakech est pour quelque chose dans la lenteur de ce
transfert, l’insertion des Européens dans la Médina a égale-
ment joué dans ce sens. Il a fallu attendre le début de l’in-
dépendance pour que ce transfert s’accélère, et Guéliz
s’impose en tant centre – ville moderne de l’ensemble de
Marrakech.
- La tendance actuelle à l’émergence de nouvelles cen-
tralités secondaires : A partir des années 80, les extensions
urbaines périphériques sont en passe de donner lieu à des
pôles secondaires qui tout en reproduisant la dépendance
vis-à-vis des deux anciens centres de la ville, s’imposent en
tant que pôles relais de plus en plus animés et étoffant pro-
gressivement leurs structures de commerce et de services.
C’est le cas de Massira, Sidi Youssef Ben Ali, M’Hamid, et
dans une moindre mesure Hay Mohammadi et Ennakhil.
96
Carte n° 9: Utilisation du sol et centralité de la Médina
Source : Etablie par le BET
97
- La création de deux nouvelles villes à Tamansourt et à Chouiter est de nature

à encourager la tendance à la structuration polynucléaire. De même, l’aménage-
ment de l’avenue Mohamed VI constitue désormais un puissant facteur d’extension
du centre moderne vers le Sud et l’Ouest. Dans ce sens, le vieux quartier industriel
devient candidat à l’extension de la centralité urbaine.
Cette évolution permettant le maintien des équilibres spatiaux et fonctionnels en
place sera soumise à l’épreuve du développement d’agglomérations satellites, tout
en étant favorable au maintien de la Médina au cœur de l’ensemble du système
urbain de la métropole.
1– 3 De nouvelles générations de tissus urbains largement différenciées

Marrakech développe des extensions périphériques qui apparemment se res-
semblent, mais sans toutefois être assimilables les unes aux autres.
Les quartiers de l’habitat dit économique et social, ne cessent de se multiplier et
de s’étendre pour consacrer la fonction résidentielle comme principal facteur de la
croissance urbaine. Ce qui se traduit par la formation de grandes entités spatiales
s’apparentant à des villes dans la ville. C’est le cas de Hay Mohammedi, Al Massira,
Mhamid, Sidi Youssef Ben Ali, An Nakhil, Targa... Si ces ensembles attirent des couches
sociales plus ou moins similaires, ils se différencient par leur articulation aux quartiers
centraux et par la place qu’occupe le commerce et les services au sein de chacun
d’entre eux. Ce qui donne lieu à des structures spatiales presque similaires, des fonc-
tionnements différents, et se répercutant différemment sur leur mode d’intégration à
la ville.
Le développement de centres commerciaux tout aussi différenciés et hiérarchi-
sés ( Malls commerciaux, grandes surfaces, concentrations d’enseignes de grandes
marques, polarités commerciales... ) est en passe de poser les bases d’une nouvelle
articulation des futures générations des tissus urbains. La modernisation et la sophisti-
cation soutenues des espaces commerciaux ne peut être sans conséquences sur la
configuration des espaces concernés et sur l’ensemble de l’agglomération. Ainsi, de
nouveaux paysages urbains se mettent en place, et de nouvelles polarités urbaines
sont en gestation. Et par conséquent de nouvelles formes d’animation entrent en
scène.
De même que les excroissances périurbaines sous-intégrées sont de nature à créer
de nouveaux faits accomplis qui ne manqueront pas d’impacts sur le devenir de la
ville. Ce qui pose la perception de ce devenir en termes de cohabitation entre l’équi-
libre et le déséquilibre.
98
Les extensions périphériques

Les similitudes l’emportent sur les différences
86
87 88
86, 87, 88, 89, 90, 91. Extensions

périphériques de la ville de
Marrakech
89 90 91
99
Il importe désormais, de redonner à la ville son unité, à travers :

- La valorisation des espaces encore vacants ;
- La consécration de nombreux espaces boisés dans leur vocation de transitions
vertes entre les tissus bâtis ;
- La requalification des friches urbaines qui ponctuent l’espace urbain et lui
donnent l’aspect d’un territoire en crise. Comme c’est le cas du vieux quartier
industriel, du camp Lghoul, de l’ex-marché de gros, des nombreux terrains va-
cants à Guéliz…
- La requalification de certaines formes d’occupation devenues incompatibles
avec la structuration et le fonctionnement de l’espace urbain, notamment l’aé-
roport, les casernes militaires, le stade Harti, certaines berges de l’oued Issil, l’an-
cienne gare ferroviaire . . .
1 – 5 Des disparités territoriales amplifiées

Marrakech développe des tissus urbains disparates non seulement par leurs formes,
mais également par leurs contenus. Quatre types peuvent être distingués, à l’échelle
de l’ensemble de l’agglomération :
- Des espaces à fortes densités : Il s’agit de tissus urbains compacts et serrés même,
se caractérisant par des constructions jointives, et une continuité excessive du
bâti, C’est le cas de la Médina, Sidi Youssef ben Ali , le noyau de douar Laskar,
une bonne partie d’Annakhil, et certains douars occupant les interstices encore
vacants au sein de la ville : douar Al Fakhara , Ain Itti. . .
- Les tissus de densités moyennes à fortes : Dans de nombreuses extensions de la
ville, la fameuse formule R+2 a donné lieu à des occupations abusives d’un cadre
urbain récent et censé favoriser des conditions de vie décentes. C’est le cas de
certains pans de M’Hamid, Douar Laskar, Targa, An Nakhil . . .
- Les tissus mixtes en cours de densification : C’est le cas de Guéliz et ses prolon-
gements, où l’extension verticale se traduit par la cohabitation d’ilots à faibles
densités avec d’autres à densités plus ou moins élevées.
- Les tissus à faibles densités : Il s’agit des espaces où les constructions sont disconti-
nues comme une bonne partie des quartiers de villas du Guéliz, de l’Hivernage,
de l’extension d’An Nakhil, route de Targa, route de Casablanca, Palmeraie . . .
- Les douars périphériques : Leurs densités démographiques sont différenciées, mal-
100
gré leur tendance à l’intensification. Leur principale caractéristique réside dans

leur tendance à consacrer une urbanisation peu respectueuse des normes de
construction et de salubrité urbaine, et à s’imposer comme une composante
urbaine de taille. Selon le PLHDU, Marrakech comptait quelques 256 douars re-
présentant 21 % de la population de la ville.
Ces disparités qui ne sont pas spécifiques à Marrakech se doivent de faire l’objet
d’une régulation déterminée, d’une part, pour atténuer le développement de la dé-
ficience urbaine, et d’autre part, permettre à Marrakech de préserver ses équilibres
naturels et urbains.
Carte n° 10 : occupation du sol
101
1 – 6 Les besoins en nouveaux équilibres

Les équilibres recherchés ne sont pas à sens unique. Autrement dit, ce n’est pas
en urbanisant à outrance qu’on donnera à la ville l’équilibre perdu, qui doit être
recherché sur plus d’un plan :
• Des liaisons directes entre les différentes entités urbaines périphériques, en vue
de limiter le rôle des espaces centraux, comme passage obligé, et par consé-
quent contribuer au décongestionnement de la ville-centre. La réalisation des
rocades prévues par le SDAU et le PDU est désormais à l’ordre du jour ;
• Le désenclavement de nombreux quartiers périphériques qui fonctionnent
comme des culs de sacs s’impose comme moyen de mise à niveau des marges
de la ville, et comme outil de rééquilibrage de la croissance urbaine ;
• L’ouverture des douars périurbains sur la ville, en vue de favoriser de nouveaux
équilibres démographiques entre la ville et ses marges externes ;
• Le renforcement des liaisons de l’agglomération avec son arrière-pays, en vue
de renforcer sa fonction de capitale régionale, et de métropole inclusive ;
• La refonte du plan de circulation et une nouvelle hiérarchisation de la voirie, en
vue de restructurer le fonctionnement de l’espace urbain ;
• La régulation du processus de touristification de la Médina qui prend des am-
pleurs inquiétantes avec le phénomène des riads, qui risque de vider les tissus
historiques de tout ce qui leur donne vie et authenticité et de banaliser tout un
patrimoine.
1 – 7 Les villes satellites : une solution ?

En plus des programmes de villes nouvelles de Tamansourt, projet déjà très en
avance, et Chouiter qui est en cours de concrétisation, d’autres pôles satellites
peuvent êtes développés tout autour de Marrakech, en favorisant la promotion
d’agglomérations déjà existantes et ancrées dans leurs environnements, telles
que : Tamesloht, Oudaya, Sidi Zouine, Tahanaoute, Moulay Brahim, Ourika, Ouahat
Sidi Brahim, Tasoultante, Sidi Abdellah Ghiat, Ait Ourir, Sidi Bou Othmane . . . qui sont
à même d’alléger la pression sur la ville-centre.
Au terme de cet examen des caractéristiques majeures de la morphologie de
la ville, il ressort que la Médina qui occupe toujours une position structurante n’em-
pêche pas l’agglomération de développer une configuration de plus en plus dif-
férenciée. Sur le plan structurel comme sur le plan fonctionnel, Marrakech renou-
102
velle, sans cesse sa morphologie tout en préservant, en partie, les acquis du passé.
Ainsi, il s’agit d’une ville qui vit à l’heure du changement dans la continuité. Tout
en se déversant d’une manière continue sur ses marges externes, Marrakech re-
produit les anciens rapports entre son noyau initial et ses extensions, mais dans le
cadre d’équilibres en renouvellement perpétuel.
Comparée à d’autres villes marocaines, la Médina de Marrakech n’a pas beau-
coup souffert de la dualité ville traditionnelle - ville moderne introduite par le pro-
tectorat. La Médina a eu sa part de l’urbanisation moderne, et a eu même le
privilège de conserver quelques administrations pesantes dans la gestion urbaine.
Si elle a perdu sa place de modèle urbain dominant, elle a conservé sa position de
point focal de l’agglomération. Ce qui est pour beaucoup dans la préservation de
l’identité de cette ville.
2 - Des dynamiques urbaines renouvelantes

La ville de Marrakech a mis énormément de temps à façonner les paysages
composites qui lui donnent son visage actuel. Les changements fréquents de la
conjoncture sont pour beaucoup dans cette évolution.
Marrakech qui bénéficie actuellement d’une conjoncture assez favorable, en
rapport avec l’ampleur prise par la promotion immobilière et le tourisme, se doit de
maximiser le profit de cette conjoncture et surtout de capitaliser les retombées à
même d’inscrire cet élan urbain dans la durée, et d’en faire une locomotive pour
son développement socioéconomique.
2 – 1 Les dynamiques de production de l’espace urbain

- Une production enregistrant un regain de dynamisme
La production de l’espace urbain qui a enregistré une croissance rapide au
cours des deux dernières décennies, s’est considérablement amplifiée entre 2000
et 2010. L’impact prévisible des projets examinés favorablement par l’agence ur-
baine ces deux dernières années reste important en matière de production du sol
urbain puisqu’ils concernent l’ouverture à l’urbanisation de 1789,78 ha en 2010 et
5240,97 ha en 2011.
103
Tableau n° 5 : Evolution des demandes d’autorisation de construire instruites par l’Agence

Urbaine de Marrakech : 2000 – 2010
Année Demandes Avis favorable

instruites Nombre %
2000 3380 2762 81,7
2002 4719 3913 82,9
2004 5603 4929 87,9
2006 8016 6975 87
2008 9076 8138 89,6
2010 7554 6262 82,4
Source : Agence Urbaine de Marrakech, 2011
La procédure dérogatoire est derrière l’ouverture à l’urbanisation de plus de 11 000

ha de sol, dont 3361 ha à l’intérieur du périmètre urbain et 8105 ha dans les com-
munes périphériques.17
17 Etude projet de SDAU 2008 ( AREA) p. 107 et 110
104
Tableau n° 6 : Evolution des demandes d’autorisation de construire instruites par la com-

mission de dérogation : 2002 – 2010
Demandes Avis favorable

Année
instruites Nombre %
2002 188 122 64,9
2004 342 133 38,9
2006 768 487 63,4
2008 748 284 37,9
2010 141 66 46,8
- Les tendances de la croissance spatiale

La croissance spatiale de la ville de Marrakech n’a cessé de changer de direc-
tion, pour finir par multiplier les fronts de l’urbanisation :
- Des origines à 1912 : La croissance est restée essentiellement intramuros ;
- De 1912 à 1956 : La croissance s’est focalisée en direction du Nord-ouest ;
- De 1956 à 1970 : La croissance s’est étendue, vers le Nord et l’Ouest;
- De 1970 à 1990 : Les fronts de l’urbanisation se sont étendus vers le Nord-ouest,
l’Ouest et le Sud-ouest ;
- De 1990 à nos jours : L’urbanisation s’opère dans toutes les directions.
L’évolution des directions empruntées par l’urbanisation, s’est accompagnée, à
partir de 2000 d’un éclatement des tissus urbains, qui ont dépassé même les limites
du périmètre d’urbanisation. Ce qui engendre l’accroissement des surcoûts de l’ur-
banisation.
- La configuration fonctionnelle de la croissance spatiale
Marrakech est passée d’une croissance à vocation essentiellement résidentielle à
une vocation plurielle :
- Des extensions résidentielles vers le Sud, le Nord-ouest, et l’Ouest ;
- Des extensions touristiques vers le Sud , le Nord-est, et l’Est ;
- Des extensions industrielles vers l’Ouest, le Nord-ouest, et le Nord.
105
- L’articulation sectorielle de la croissance urbaine

En examinant de plus près la nature de la production de l’espace urbain, on se
rend vite compte que nous sommes en présence d’une croissance qui n’obéit pas à
une régulation assez notable :
• Le Nord : L’étalement urbain tire la ville au-delà de l’oued Tensift, vers les com-
munes sud de la province de Rehamna, le long de la RN 9, où la diversité des
formes d’occupation (résidence, industrie, services, tourisme ...) reflète la préé-
minence du fait accompli sur la planification territoriale ;
• Le Nord-ouest : La croissance dans cette direction se fait selon deux axes dis-
tincts :
- La route de Safi : Le projet de la ville nouvelle de Tamansourt a favorisé l’at-
traction de l’agglomération vers la commune de Harbil où se dessinent l’émer-
gence d’un pôle industriel et un autre résidentiel ;
- La route de Targa : Cet axe dont la vocation initiale était militaire et mi-
toyenne d’un riche espace agricole, développe une fonction essentiellement
résidentielle différenciée (villas et habitat économique) ;
• • L’Ouest : La croissance urbaine dans cette direction qui se focalise pour l’es-
sentiel au nord de la route de Chichaoua, associe l’habitat dense à l’industrie.
La jonction avec le secteur de M’hamid et de Targa amplifie cette tendance de
la croissance qui part à l’assaut du périmètre irrigué (Commune Saada).
• • Le Sud-ouest : Accolé à l’aéroport du côté sud, le secteur de M’Hamid qui se
développe vers l’Ouest par l’adjonction de lotissements successifs, se focalise
pour l’essentiel au nord de la route d’Asni. La vocation résidentielle de forte
densité constitue le dénominateur commun à toutes les composantes de ce
secteur.
• • Le Sud : Le prolongement de l’avenue Mohamed VI vers le Sud est en passe
d’accentuer la double vocation de cette direction. L’association des grandes
résidences privées à la résidence touristique le long de la route d’Ourika, et
le développement des grands établissements touristiques le long de la route
d’Imintanout.
• • Le Sud-est : Sidi Youssef Ben Ali qui a essaimé des excroissances sur ses flancs
ouest et sud tire l’habitat économique dans cette direction. Vers le Sud-est, le
projet de ville nouvelle de Chouitter est de nature à créer la diversité dans un
contexte qui reste voué à l’activité touristique et résidentielle de haut standing.
• • L’Est : Marrakech qui s’est développée initialement dans cette direction, essen-
106
tiellement par l’habitat insalubre et non réglementaire, est en passe de réorien-

ter la vocation de cet axe dont la fonction résidentielle et touristique ne cesse
de se confirmer. La jonction spatiale et fonctionnelle avec la palmeraie est en
passe de se confirmer.
Les principales conséquences de cette extension multidirectionnelle se résument
comme suit :
• Des fronts d’urbanisation qui entament rapidement la palmeraie et le
périmètre irrigué ;
• Un encerclement accentué de l’aéroport ;
• Des menaces sérieuses se profilent autour des espaces boisés limi-
trophes de la ville ;
• Une désarticulation accrue de l’agglomération qui se développe en
doigts de gant ;
• Une consécration du rôle des axes routiers desservant la ville dans la
configuration globale de l’agglomération.
2 -2 Les dynamiques de requalification urbaine

Parallèlement aux dynamiques de production de l’espace urbain, qui sont en
passe de créer la diversité sur le plan structurel comme sur le plan fonctionnel, la
ville développe des dynamiques de requalification spatiale qui concourent à cette
diversité.
– Des dynamiques spatiales peu soutenables
L’hétérogénéité constitue la véritable caractéristique du dynamisme de la ville.
L’étalement urbain est porteur non seulement de dilution du phénomène urbain,
mais également du gigantisme urbain qui entraine la ville vers de nouvelles dimen-
sions, notamment, sur le plan spatial.
La grande promotion immobilière qui est en passe de prendre le dessus en matière
de production de l’espace urbain est à l’origine de nouvelles dynamiques spatiales
qui ont tendance à sur dimensionner l’agglomération, et à empiéter sur le capital
agricole de la ville.
L’espace urbanisé est passé d’environ 600 ha au début du 20ème siècle à 2100 en
1945, puis à plus de 18 100 ha en 1992. Ce qui s’est traduit par un étalement portant
la distance d’Est en Ouest et du Sud vers le Nord sur près de 15 km.
107
De ce fait, Marrakech développe des tissus urbains désarticulés et par conséquent

une mobilité urbaine accrue et couteuse, surtout que l’extension de l’espace urbain
se fait au prix d’une instabilité résidentielle accrue, en raison d’une offre en logements
de plus en plus excentrée.
La solution des nouvelles villes n’a pas encore donné les résultats escomptés. Mar-
rakech continue à monopoliser le phénomène urbain sur un rayon de 30 km. Ce qui
risque de faire des deux nouvelles villes de simples extensions de la ville actuelle.
Les dynamiques en cours se traduisent, par la requalification de nombreux pans de
la ville :
- La Médina connait des mutations différenciées et sélectives : riads, artères
commerciales, extension verticale, transformation des foundouks en souks et
bazars ...
- De nombreux douars périurbains sont restructurés en quartiers périphériques,
alors que d’autres se marginalisent de plus en plus.
- Guéliz est en cours de passer d’une cité jardin à un quartier d’immeubles.
- Les espaces agricoles de Targa, Saada, les jnans périurbains cèdent la place au
béton.
- La palmeraie s’urbanise en dehors de toute régulation et protection du patri-
moine naturel.
- Les campagnes environnantes sont prises d’assaut par les demeures luxueuses,
les complexes touristiques, et l’urbanisation non réglementaire ;
Ces évolutions ne constituent pas, au fait, une nouveauté. Par le passé, le déve-
loppement de la ville a nécessité parfois le sacrifice de certains espaces verts. La
construction du quartier de la Kasbah almohade au XIIème siècle s’est effectuée sur
une partie d’un vaste jardin. Au début du siècle dernier plusieurs jardins historiques ont
été occupés par des bâtiments publics (écoles, lycées….) et des hôtels (Mamounia ),
le jardin Dar Moulay Ali abrite l’ex consulat de France, Arset Al Hamd a été amputée
par des bâtiments administratifs (hôtel de ville...), le jardin Jbel Lakhdar est occupé
par l’hôtel Almoravide. Arset Al-Kabbaj fut remplacée par Dar El Bacha. L’Agdal Ba
Hmad a perdu plus de 90% de sa superficie au profit d’équipements publics. Arset
Bani a perdu 60% de sa superficie. L’Agdal fut coupé en deux par une route. Arset
Moulay Abdeslam épargnée jusqu’ici est entamée par un cyber. . .
La requalification spatiale se fait assez souvent dans la douleur.
108
- Des dynamiques économiques peu soutenues

Marrakech manifeste un dynamisme économique sur plus d’un plan :
- Le dynamisme commercial de la ville se traduit d’abord par une diversité ac-
crue des structures commerciales. Souks de la Médina, souks des quartiers pé-
riphériques, centres commerciaux, malls et galeries modernes, polarités com-
merciales locales, commerce informel . . .
- Mais, Marrakech s’éloigne de l’ancienne organisation commerciale de la Mé-
dina où chaque Haouma possédait sa Souika, et se rapproche de plus en plus
d’une organisation où les grandes places commerciales s’adressent à l’en-
semble de la population de l’agglomération ;
- Un dynamisme touristique soutenu : A Marrakech, « le développement touris-
tique est remarquable »18, et la ville est désormais un haut lieu touristique.
- Cependant, cette ville vit à l’heure d’une crise de reconversion de ses struc-
tures d’accueil, avec l’apparition de nouveaux concepts du tourisme de luxe
et l’engouement pour les riads. La dernière récession des flux touristiques est là
pour rappeler qu’il importe pour Marrakech de s’adosser à d’autres créneaux
économiques.
- Le dynamisme de l’artisanat est manifeste à travers la réadaptation perma-
nente avec le tourisme. Mais la forte dépendance vis-à-vis du tourisme n’est
démunie de risques ;
- Une industrie en croissance certaine mais peu sure. La principale manifes-
tation du dynamisme de ce secteur réside dans sa diversification continue
et dans l’atténuation de son ancienne dépendance des produits agricoles.
Marrakech est désormais un pôle industriel polyfonctionnel, et « la croissance
industrielle est importante »19 Cependant, ce secteur n’est pas à l’abri de la
concurrence de plus en plus vigoureuse autour de Marrakech.
- Des services en constante diversification. Marrakech offre de plus en plus de
services que ce soit pour les entreprises ou les personnes. Cependant, cette
diversification reste plus quantitative que qualitative. Les services de haut ni-
veau sont encore faibles. La ville ne dispose pas d’un parc de bureaux adapté
à une large gamme de services. Comme elle n’offre pas un personnel qualifié
et répondant à toutes les attentes, notamment ceux dédiés à la production
18 MATEE, Direction de l’Aménagement du Territoire, Le Schéma National d’Aménagement du Territoire,
Synthèse, Rabat, 2004, p.89
19 MATEE, Direction de l’Aménagement du Territoire, Le Schéma National d’Aménagement du Territoire,

Synthèse, Rabat, 2004, p.89
109
industrielle, aux structures financières, à la promotion économique, à la forma-

tion professionnelle spécialisée... qui restent à développer.
- Des activités informelles pléthoriques. Ces activités qui gagnent du terrain
partout en ville, accentuent l’engorgement de la Médina et des quartiers
périphériques.
- Le développement futur de Marrakech se doit de prendre en compte le
trinôme: médina – artisanat – informel.
- Des dynamiques sociales à soutenir
Marrakech qui a été toujours une ville d’attraction pour les migrants ruraux conti-
nue à l’être, tout en attirant de plus en plus de citadins et d’étrangers. Le pouvoir at-
tractif accru de la ville se traduit par une densification de l’occupation de l’espace :
Tableau n° 7: Evolution des surfaces urbanisées de 1971 à 2004
Années Surface urbanisée Population Densité démographique
1971 2000 ha. 332 500 165hab/ha

1982 2800 ha. 439 728 157 hab/ha
1994 18100 ha. 672506 37hab/ha
2004 18100 ha. 823154 45hab/ha
Source : RGPH. 1971, 1982, 1994, 2004
La baisse de la densité démographique enregistrée depuis le début des années 90,
est beaucoup plus le reflet de l’extension spatiale de la ville que d’une quelconque
de densification de l’occupation du sol qui continue à se faire dans la différence.
Tableau n° 8: Densité démographique par arrondissement
Superficie (ha) Pop 2004 Ménage 2004 Hab/ha Ménage/ha

Menara 6200 280 275 57 403 45 9
Gueliz 2700 168 595 37 030 62 14
Medina 640 166 711 35 929 260 56
Ennakhil 6700 54 111 10 968 8 2
Mechouar
1300 21 673 4 548 17 4
Kasbah
Sidi Youssef
1310 124 928 23 776 95 18
Ben Ali
Source : RGPH. 2004
110
La ville de Marrakech a connu et connait encore une intense mobilité résidentielle. Le
peuplement des quartiers périphériques se fait au prix de changements de résidence
qui concernent, à la fois, la population urbaine de souche et les immigrés. Les effets
de cette mobilité se prolongent dans le substrat social à travers des dynamiques de
recomposition socio-spatiale, qui accentuent les colorations sociales des extensions
urbaines.
Aussi, la marginalité tend- elle à s’imposer comme caractéristique majeure de
la ville, et la Médina qui ne représente pas plus de 3% de la superficie de la ville
concentre près de 20% de la population de Marrakech.
– Des dynamiques relationnelles à entretenir
La croissance urbaine qui s’est faite dans toutes les directions a donné lieu à des
pans coupés les uns des autres. Ainsi, M’Hamid est mal connecté à l’ensemble Massira
voisin, Sidi Youssef ben Ali n’est connecté qu’à la Médina, Targa est déconnecté de
Douar El Askar tout proche, Azli est mal raccordé à Massira, Annakhil présente tous les
signes de l’isolement de la ville toute entière . . .
Le même problème se pose entre la ville et ses marges externes. Comme si
Marrakech reste fidèle à sa tradition d’alimenter le vide urbain autour d’elle, et
entretient sa « solitude urbaine ».
Ce qui soulève le problème de l’accessibilité à la ville, et la hiérarchie du réseau
viaire. Marrakech qui reproduit sa fonction de carrefour routier de dimension
nationale en accédant au rang d’un grand nœud autoroutier, d’un grand aéroport
international, d’une grande gare ferroviaire , notamment avec la prochaine liaison
avec Tanger par TGV, reste une ville à faible gestion des transits, en raison de l’absence
de rocades, de zones logistiques, de pénétrantes performantes, de carrefours et de
croisements express. . .
Ainsi, il ressort du contenu de ce chapitre dédié aux dynamiques qui sont à la base
de la structuration et du fonctionnement de l’agglomération, que Marrakech est loin
d’être une ville stagnante. Bien au contraire, c’est une ville traversée de part en part,
d’un grand nombre de dynamiques qui impactent différemment la ville, et qui ont
besoin d’être régulées pour favoriser un développement plus équilibré.
Si les efforts entrepris jusqu’ici ont donné lieu à une croissance spatiale
vigoureuse et à une diversification économique notable, les ambitions
métropolitaines de Marrakech incitent à repenser la politique suivie jusqu’ici, en
vue de la réadapter à la montée en puissance de la compétitivité territoriale,
de la métropolisation et de la mondialisation. Si « la capitale régionale domine
largement, sur tous les plans, et ne fait pas profiter sa région que de manière limitée »,
les exigences de la métropolisation risquent d’accroître l’emprise régionale de
Marrakech.
111
92. L’aéroport de Marrakech Mnara
112
Chapitre 5 :
UNE POLITIQUE
URBAINE EN
RENOUVELLEMENT
113
La politique urbaine en tant qu’ensemble de mesures visant à promou-

voir un développement urbain durable, maîtrisé et équilibré, sur le plan de la
forme et du fonctionnement, se doit d’être, pour le cas présent, en perpétuel
renouvellement, en vue de répondre aux exigences des changements fré-
quents de la conjoncture.
Mais, le changement n’est pas une fin en soi, dans la mesure où il est re-
cherché pour trouver les équilibres assurant la pérennité, l’harmonie et la
continuité du développement. C’est dire l’équilibre entre le changement et
l’invariance, sur tous les plans.
114
1 - Marrakech à l’épreuve de la régulation territoriale

A partir des années 80
La relégation de Marrakech du 2ème au 4ème rang dans l’armature urbaine du pays,
au cours des premières décennies de l’indépendance, a donné le signal que cette
ville est en perte de vitesse. Ce qui a imposé un renouvellement répété de la poli-
tique urbaine.
1 – 1 Marrakech dans la planification du territoire national

- Le SNAT : Le SNAT classe Marrakech parmi les grandes villes ayant des spécifi-
cités à prendre en compte dans la programmation des projets de développement
, et souligne que cette ville « se trouve en grande difficul-
té » et que « la situation d’ensemble reste très préoccupante »
. La ville a besoin de projets susceptibles de relancer l’économie urbaine. Il n’y a pas
plus clair, la relance de Marrakech passe par le développement de sa base écono-
mique. Si l’industrie a été plus ou moins encouragée, c’est le tourisme qui a continué
à profiter de tous les privilèges. Si l’immobilier a assuré l’essentiel de la relance de la
ville, la ville continue à se démêler dans la crise de logement, et dans la gestion de
ses espaces périurbains.
Ainsi, le profil recherché par le SNAT, pour Marrakech est encore loin de prendre
forme dans la réalité, le « rattrapage des retards » reste pour l’essentiel un projet.
- Le SRAT : L’étude ébauchée de ce document, ramène les problèmes de la ville,
à l’absence d’une gestion rationnelle des ressources hydriques, et à la pauvreté ur-
baine. Si ce diagnostic reflète fidèlement la réalité, il ne pointe pas du doigt les véri-
tables problèmes de la ville. Comme il fait du tourisme le principal levier du dévelop-
pement régional et de la ville.
Cette étude place les problèmes de la ville au sein du contexte régional, qui est
de nature à mettre en évidence, la position de Marrakech en tant que métropole
régionale, et à cibler les pistes de développement pour une ville qui compte toujours
sur son arrière-pays.
- SDAU des communes périphériques de Marrakech : Le diagnostic
de ce document, visant à « maîtriser le développement spatial
dans l’agglomération de Marrakech et sa zone périphérique »
cherche à bâtir une stratégie urbanistique commune à la ville et à ses marges rurales,
et à doter les espaces périphériques de documents d’urbanisme élaborés, dans
115
le cadre d’une vision d’ensemble de « Marrakech et ces

communes [...] pour des raisons économiques, historiques,
géographiques et culturelles », qui font que ces territoires sont
« en posture de subir qu’en posture d’agir » et sont soumis
à « la spéculation immobilière, sous ses différentes formes ».
Le sous équipement généralisé pose des problèmes
très alarmants, que l’accroissement de la pression
démographique ne fait qu’amplifier. « Il est donc
malencontreux qu’à ce jour aucune politique globale et
cohérente de développement, liée structurellement à
une politique d’aménagement de l’ensemble du territoire
national n’ait pu être définie encore moins appliquée.»
- Les programmes nationaux spécifiques :

Comme toutes les villes marocaines, Marrakech a eu sa
part des programmes nationaux élaborés pour le traitement
des problèmes urbains majeurs.
• Le programme des 200 000 logements
Ce programme lancé en 1994, en vue de promouvoir
une nouvelle politique d’adéquation entre la production
et la demande, l’ouverture du secteur de l’habitat à
l’investissement privé, et l’évaluation de la solvabilité
financière de nouvelles tranches de demandeurs de
logements, a constitué pour Marrakech un prélude au
boom immobilier qui va en s’amplifiant pour prendre des
dimensions considérables au cours des décennies 80 et 90.
Les résultats mitigés de ce programme à l’échelle nationale,
se sont concrétisés à Marrakech par une croissance urbaine
démesurée et une prolifération des douars périurbains,
suite à l’intégration d’un grand nombre d’entre eux à la
ville dans le cadre de la refonte du découpage territorial
de 1992.
• Villes Sans Bidonvilles : VSB
Ce programme lancé en 2004, devait s’étaler jusqu’en
2010, pour éradiquer un millier de bidonvilles dans 83 villes
du pays, et devait concerner à Marrakech 186 douars et
105 noyaux dans la Médina, totalisant 19 767 ménages.
116
Carte n° 11 : Situation des douars de Marrakech
117
L’intégration de nombreux douars à la ville en 1992 a amplifier la tâche à accomplir et

des retards ont été occasionnés. Les opérations de relogement et de restructuration
ont concerné jusqu’en 2011 quelques 13 000 ménages.
• Les Villes Nouvelles

Sur les 15 Villes Nouvelles programmées à l’échelle nationale, à l’horizon 2020, pour
développer l’offre en logements et réguler l’extension urbaine des grandes villes du
pays, Marrakech devait bénéficier de deux d’entre elles. Dans ce cadre, Tamansourt
fut la première expérience en son genre au Maroc. Prévue pour loger 300 000 habi-
tants, la nouvelle ville est toujours en cours de réalisation.
La seconde nouvelle ville de Chouiter, est en attente dans l’espoir de lendemains
meilleurs par rapport à ceux de Tamansourt.
1 – 2 La planification urbaine dans ses dimensions locales

• Le SDAU
Marrakech fut parmi les premières villes marocaines qui ont bénéficié d’un SDAU
élaboré en 1981, et jugé dépassé très vite pour être réactualisé en 1988, et révisé
en 1995. Le document qui en est résulté, associe 11 communes rurales à la ville de
Marrakech, et se veut ainsi porteur d’une vision intégrée. Ce qui est bénéfique pour
Marrakech et pertinent comme mode de gestion des problèmes de la ville.
Cependant, son tiraillement entre la maîtrise de la croissance urbaine, la question
du logement, le développement économique, et la valorisation du patrimoine, n’a
pas permis la concrétisation de ses recommandations dans un contexte de fièvre im-
mobilière. Ainsi, la ville s’est accrue au dépens de son périmètre irrigué, les extensions
urbaines se sont opérées dans le désordre et ont amplifié l’éclatement et l’étalement
urbains, la création de la ville nouvelle de Tamansourt non prévue par le SDAU, l’af-
fectation des réserves foncières à d’autres fins, le non-respect des espaces verts en-
tourant la ville, ont contribué à le rendre rapidement à son tour obsolète.
Sa refonte en cours est attendue pour doter la ville d’un nouveau document de
référence.
• Le Plan de Déplacements Urbains de Marrakech : PDU
Ce document qui avait à identifier la configuration future des réseaux de transport,
et mettre en place une stratégie opérationnelle en matière de déplacements, pro-
pose un système de transport collectif multimodal qui est encore loin de connaître son
chemin vers la concrétisation.
118
Cependant, la multi modalité pro-

posée n’apporte pas du nouveau
au niveau des modes de transports
existants. L’étalement continu de
l’agglomération et le poids démo-
graphique croissant des périphéries,
et l’intensification des problèmes de
la circulation qui en découle, n’ont
pas incité à penser dès maintenant
à doter Marrakech d’un tramway, à
même d’affermir la multi modalité re-
cherchée.
L’accroissement de la part de
la voiture particulière de 38 % à 45
% à l’horizon 2030 étant considéré
comme léger, et la surestimation de
l’évolution de la part des bus qui pas-
serait de 5 à 14 % , n’ont pas été ju-
gés suffisants pour sortir du schéma
actuel basé sur les bus, la voiture par-
ticulière et les deux roues. Autrement
dit la multi modalité recherchée
s’avère une simple reconduction du
système existant, avec tous les risques
d’encombrement que peut générer
le recours proposé à la circulation à
sens unique. De même que l’interdic-
tion de l’accès à une bonne partie
de la Médina, aux voitures particu-
lières comporte le risque de paralysie
de ce secteur urbain, sachant que la
Médina est inaccessible pour les bus.
Si la Médina sera inaccessible pour
les voitures, les parkings qui seront
aménagés à Arset El Maach et près
de la Koutoubia, seront –ils suffisants 93. Quartier Badii
? Dans le système proposé, aucune
place n’est faite aux calèches.
119
• Les PA sectoriels
Des plans d’aménagement spécifiques ont été élaborés pour les communes ur-
baines composant le territoire urbain au cours des années 70 et 80.
‘Tableau n° 9 : Plans d’aménagement sectoriels élaborés au cours des années 70-80
Dénomination N° Date de finalisation

Hivernage II 5784 Avril 1977 (homologation)
Douar Mhamid 6076 Aout 1977 (homologation)
Hivernage 6256 Février 1978
Médina 6666 Décembre 1977
Douar Iziki 6050 Aout 1978 (homologation)
SYBA 6576 Octobre 1978
Quartier industriel 6255 Février 1978
Gueliz 6483 Décembre 1977
Camp Ghul 7532 Mars 1983
Extension Nord 6254 Octobre 1978
Route de Safi 6126 Janvier 1986
Amerchich 6380 Janvier 1986
Hay El Massira 7573 Novembre 1984
Secteur Est (Palmeraie ) 7721 Février 1986
Source : SDAU de Marrakech, 1992
Ces PA sectoriels qui reflètent des traductions différenciées des orientations glo-
bales portées par le SDAU, et ouvrent la voie à la divergence des aménagements à
réaliser, n’ont pas été tous homologués. Le retour à l’unité de la ville suite aux disposi-
tions du décret du 10 septembre 2003, impose une nouvelle structuration du territoire
urbain par son regroupement en une seule préfecture et une seule commune urbaine
articulées en six arrondissements urbains. Ce qui s’est traduit, en matière d’aména-
gement urbain, par le lancement d’un nouveau SDAU accouplé à un PA pour l’en-
semble de la ville et ses périphéries.
120
• Le PCD de Marrakech : Plan Communal de Développement

Comme bon nombre de communes, celle de Marrakech a été dotée en 2011,
d’un Plan Communal de Développement (PCD) qui traduit les soucis du conseil com-
munal. Soucis qui ont certes un caractère politique concernent l’essentiel des théma-
tiques de la planification et de la gestion urbaines, reflétant les enjeux politiques au
sein du corps élu.
Il y est question d’une nouvelle dynamique économique, d’une ville fidèle à son
passé et confiante dans son présent et son avenir, et une ville aspirant à une mise
à niveau urbaine comme base fondamentale du développement humain. Cepen-
dant, ces bonnes intentions restent assujetties, aux disponibilités financières, aux équi-
libres politiques en place et aux changements auxquels sont assujettis les conseils
communaux.
2 - Marrakech à l’épreuve des défis du développement

Les deux dernières décennies se sont caractérisées par un certain dynamisme glo-
bal de la ville, qui recèle des signes d’une volonté d’inscrire le développement de la
ville dans la durée.
2 – 1 Le tourisme toujours en tête

Ce secteur qui fait de Marrakech une grande destination nationale et internatio-
nale, se distingue par ses retombées qui constituent un vecteur du développement
de l’emploi, de la production et des échanges pour l’ensemble de la ville.
Marrakech offre une gamme de produits touristiques de plus en plus diversifiée. Au
tourisme de villégiature, culturel, et de repos, s’est ajouté le tourisme d’aventures et
de randonnées, le tourisme sportif, d’affaires, de congrès, l’écotourisme. . .
La capitale du tourisme au Maroc accapare plus du tiers des nuitées ré-
alisées dans le pays (plus de 5 000 000) et attire plus de 1,5 millions de tou-
ristes par an. Elle dispose de 131 hôtels classés. Sa capacité hôtelière ho-
mologuée est de 39 550 lits, soit plus de 26% de la capacité nationale.
Le nombre de maisons d’hôtes et de riads ne cesse de s’accroître
Ce secteur qui accapare plus des trois quarts des investissements réalisés dans le
ville, se renforce par la réalisation et la programmation de complexes touristiques,
villages de vacances, et de maisons d’hôtes. Dans ce cadre rentre la programma-
tion de grands complexes en dehors du périmètre urbain, notamment à Tassoultant,
Saada, Annakhil, Chrifia . . .
121
Ainsi, le secteur touristique est sous-tendu par de grands projets qui permettront à
la ville d’aspirer à un plus grand rôle dans ce domaine.
Ce secteur est réconforté par l’obtention de la ville de la certification ISO 14001
relative à la qualité de l’environnement. Cette qualification accroit les responsabilités
de la ville, en matière de préservation de l’environnement, et l’oblige à préserver son
palmarès.
Cependant, les changements fréquents de la conjoncture sont porteurs de risques
imprévisibles.
Source : Délégation du tourisme de Marrakech , vision 2020
122
2 – 2 L’immobilier une activité conquérante

Profitant de la facilité de mobilisation du foncier public, la promotion immobilière
gagne du terrain à Marrakech et tend à s’imposer en tant que facteur dynamisant
pour l’ensemble de l’économie de la ville. Elle amplifie le poids de l’Etat, en tant
que pourvoyeur de la ville en terrains urbanisables, et celui de la grande promotion
comme principal acteur.
Les projets accordés en dérogation, entre 2003 et 2008 à Marrakech et les
communes voisines concernent plus de 11466 ha, soit 63 % de la surface urbaine
actuelle, avec 3361 ha au sein du périmètre urbain, et 8105 ha en périphérie
. Le rythme de consommation semble conserver son élan, puisque les projets examinés
favorablement par l’agence urbaine ont concernés 1789,78 ha en 2010 et 5240,97 en 2011,
et ce malgré le fléchissement du nombre de projets instruits.
Le débordement de la ville sur les communes rurales limitrophes : El Ouidane, Har-
bil, Saada, Tassoultante, Tamasloht, Sidi Abdellah Ghiat, Loudaya... ne fait l’objet
d’aucune conception de métropole associant des communes périphériques à la
ville-centre. En raison du poids croissant de la grande promotion, l’activité immobi-
lière continue à s’amplifier par des projets isolés, au gré des opportunités foncières.
2 – 3 Les grands équipements : des avancées à renforcer

Au cours des deux dernières décennies Marrakech a fait un grand bond en avant
en matière de réalisation des équipements structurants.
Dans ce sens, la réalisation d’un palais de congrès, d’un grand théâtre, de nom-
breuses structures commerciales, un stade olympique, une STEP, une nouvelle gare
ferroviaire, des parcs aquatiques, une nouvelle aérogare, un nœud autoroutier... est
de nature à consolider les structures d’accueil de la ville et à renforcer son pouvoir
d’attraction.
D’autres grands projets sont programmés, tel que la liaison TGV, une rocade ur-
baine, une nouvelle décharge publique, une nouvelle gare routière... Leur réalisation
apportera un plus à une ville dont les ambitions métropolitaines deviennent de plus
en plus pressantes.
123
94. Théâtre royal de Marrakech
95. Stade de Marrakech
124
Des réalisations de haute facture
96. Succursale de Bank al Maghrib
97. Aéroport de Marrakech Mnara
125
2 – 4 L’industrie un secteur ascendant

Marrakech comptait en 2008, 351 établissements industriels, soit plus de 80 % des
unités industrielles de la région, employant quelques 15 549 personnes.
La ville ne cesse de multiplier ses espaces industriels :
Tableau n° 10: La consistance des quartiers industriels de Marrakech
Quartiers Superficie : ha Nombre de lots

Tamansourt 265 En cours
Al Massar 215,5 720
Sidi Ghanem 175 535
Azli 44 52
Iziki 4,6 100
Harti (vieux quartier
1,2 73
industriel)
Ce secteur est dominé par l’agroalimentaire au niveau des établissements et par

le textile et le cuir au niveau de la main d’œuvre.
Les avancées accomplies au cours des deux dernières décennies témoignent
d’un regain de dynamisme de la part de ce secteur dont les débuts remontent aux
années 30. C’est une tendance qui doit être encouragée, en vue d’atténuer la forte
dépendance de la ville vis-à-vis du tourisme.
La création d’un cluster dédié à l’agroalimentaire, comme le préconise une étude
menée en 2007, par le Centre Régional d’Investissement (CRI) sur les Potentialités
Économiques de Développement de la Région Marrakech Tensift Al Haouz, est de
nature à consolider la tendance amorcée. De même que la réalisation du projet
Marrakech Shore adossé à la ville nouvelle de Tamansourt est à même d’accentuer
la diversification recherchée.
126
2 – 5 Les réalisations de prestige : une tendance à soutenir

Marrakech qui vient de renouer avec ses traditions en matière d’urbanisme de
prestige, en aménageant des artères de grand gabarit, en réalisant des projets ur-
bains grandioses tel que celui de la nouvelle ville de Tamansourt, en favorisant des
implantations touristiques de grande envergure en ville et dans ses marges externes,
et en réussissant des réalisations de haute facture architecturale... se doit de soutenir
cette tendance qui, à la fois, réinvente le pouvoir créateur qui est à l’origine du ca-
pital patrimonial de la ville, et ouvre la voie à une révision à la hausse de la qualité
urbaine, telle que l’exige son aspiration à une posture métropolitaine.
Certains projets retenus pour la ville, comme la Cité du Film à Harbil, la Cité des Arts
et des Loisirs à Ouahat Sidi Brahim... sont de nature à renforcer la tendance de la ville
à revaloriser son prestige urbanistique, et partant à mieux se repositionner au sein du
concert des grandes villes.
Il ressort de cet examen synthétique de la politique du développement de la ville
en vigueur depuis deux décennies, que Marrakech n’est plus une ville exclusivement
touristique. Le tourisme y reste prééminent, mais la ville se dote de nouvelles réalisa-
tions et met en place de nouveaux projets prometteurs. Ce qui lui permet d’amorcer
un tournant décisif de son développement socioéconomique. Cependant, si cer-
taines tendances sont à encourager, d’autres sont à corriger, et une autre catégorie
est à inventer. Pour ce, de nouveaux choix, en matière de politique urbaine s’im-
posent.
Au terme de ce chapitre dédié à la politique urbaine, il y a lieu de rappeler que
Marrakech, qui est née et s’est développée dans un cadre politique où le change-
ment s’opère toujours dans la continuité, reste fidèle à des choix qui font d’elle une
ville traditionnelle où le renouvellement arrive toujours à se frayer son chemin. Cepen-
dant, il est temps que cette ville ayant toujours été conditionnée par l’intervention
publique, dépasse l’exploitation abusive de l’intervention publique qui ne fait que
compromettre le rendez-vous de Marrakech avec un avenir aussi meilleur que son
passé glorieux.
127
98. Gare ferroviaire
128
Chapitre 6 :
UN PROFIL
METROPOLITAIN EN
GESTATION
129
Le passé et le présent de Marrakech, laissent entrevoir que

la ville ocre de demain se doit d’être une ville de la diversité
fonctionnelle, de l’excellence environnementale, du foison-
nement culturel, mais aussi de la mixité sociale, et de la per-
formance des services publics... Bref, elle se doit d’être une
ville où il fait bon vivre, mieux se divertir, et s’épanouir pleine-
ment. Ce sont là des aspects de Marrakech d’antan, que la
ville de demain doit reproduire et consacrer de nouveau. Et
ce sont là, les aspects les plus saillants du profil métropolitain
que Marrakech se doit de mettre en place.
130
1 - Un profil historique à mieux fructifier
1 – 1 Le patrimoine pilier de la métropole de demain

Marrakech qui a eu depuis toujours un rayonnement culturel qui a attiré d’éminents
savants tels Ibn Baja, Ibn Zohr, Ibn Rochd et Ibn Tofayl, Cadi Ayad et tant d’autres,
attire depuis le début du 20ème siècle des artistes ( peintres, acteurs, réalisateurs ciné-
matographiques, décorateurs, chanteurs...) des écrivains, des poètes, des sportifs,
des architectes. . . de tous les coins du monde.
Il s’agit, donc d’une ville où l’héritage constitue un des piliers du présent, et un gi-
sement inépuisable de valeurs pouvant être fructifiées pour l’avenir.20 :
• Les valeurs emblématiques d’une civilisation millénaire ;
• Les valeurs symboliques d’une culture ancestrale ;
• Les valeurs d’un capital urbanistique de haute facture ;
• Les valeurs d’un patrimoine de grande valeur paysagère, et identitaire ;
• Les valeurs d’équilibres naturels et humains qui résistent à l’usure du temps.
Cependant, la préservation du patrimoine dans toutes ses dimensions n’est pas
une opération limitée dans le temps, mais elle est plutôt une œuvre continue et ré-
pétée, dans la mesure où tout patrimoine matériel ou immatériel est exposé à la
fragilisation par l’usure humaine et l’érosion du temps. Autrement dit, investir dans le
patrimoine en tant que base de la ville de demain est une affaire trop importante
pour qu’elle soit laissée à la bonne volonté de tout un chacun. Les ampleurs et les di-
mensions prises par Marrakech amplifient la tâche et la responsabilité de l’Etat, dans
ce sens.
1 – 2 Des tendances hétérogènes à réguler

Marrakech, que l’épisode colonial, n’a pas pu empêcher d’inscrire ses extensions
dans la continuité de l’héritage ancestral, a reproduit, tant bien que mal, une cer-
taine unité territoriale, qui nécessite d’être revue pour plus d’homogénéité formelle et
de complémentarité fonctionnelle. Elle développe dans ce sens, un certain nombre
de tendances à réconforter ou à redresser :
- La continuité et les connexions entre la Médina et les tissus urbains qui se déve-
loppent tout autour d’elle constituent un avantage à entretenir pour son rôle
dans le maintien des équilibres spatiaux et socioéconomiques en place ;
20 Boujamid A. La problématique de la réhabilitation des médinas marocaines, in Actes de l’Atelier de la
réhabilitation des villes et quartiers historiques, Euromed Heritage, Rabat 8 et 9 décembre 2009, pp. 65-73
131
- Le rôle fondamental de la proximité entre zones d’emplois et zones d’habitat

au sein de la Médina est à la base du dynamisme économique et social que
manifeste les tissus anciens. Les nouvelles extensions urbaines doivent reproduire
cette proximité socialement et économiquement rentable. La liquidation de cet
équilibre risque de compromettre les fondements permettant à Marrakech de
continuer à être ce qu’elle est ;
- L’importance accrue du secteur informel comporte le risque de banalisation du
patrimoine matériel et immatériel et engendrer une concurrence dévalorisante
pour les métiers traditionnels. La vigilance est de mise, et l’encadrement devient
de plus en plus nécessaire ;
- De nombreuses mutations sont cours au sein de la Médina , et sont porteuses de
menaces pour l’intégrité de ce tissu qui se retrouve dévalorisé par :
• La délocalisation de certains équipements administratifs ; notamment la
Banque du Maroc, le tribunal, les grands lycées. . .
• La dépréciation de sa vocation commerciale en faveur des nouvelles
structures commerciales ;
• Le déficit croissant en termes d’infrastructure socioculturelle ;
• L’accroissement des formes d’insalubrité et de déficience urbaines ;
- L’opération de réhabilitation de certains foundouks, entreprise depuis 200521
s’est focalisée sur l’amélioration des conditions de travail des artisans et non
sur la restauration de ces édifices, s’est traduite parfois, par le sacrifice de leur
intégrité architecturale au profit des exigences touristiques de ce programme. 22
Ainsi, Marrakech qui dispose d’un profil historique spatialement et culturellement
bien ancré, est exposée à des risques accrus, en raison du dérapage de certaines
tendances.
21 Ministère de l’Habitat, direction régionale de Tensift, Réhabilitation des fondouks, Division de l’Urbanisme,
Marrakech-médina, juin 1991.
22 Ministère de l’Aménagement du Territoire, de l’Eau et de l’Environnement Inspection Régionale :Intégra-
tion des monuments historiques pour la promotion du développement local de la région, 2006, Mission IV , Sites de
Marrakech
132
2 - Un profil urbanistique à consolider

L’urbanisation accélérée à laquelle est soumise la ville de Marrakech est , à la fois,
bénéfique et comportant des risques certains. Si elle est en train de consolider son
statut de grande ville et de consacrer la diversité de ses tissus urbains, elle connait
par la même occasion des évolutions urbanistiques à même de fragiliser ses acquis :
- La programmation de zones d’urbanisation nouvelles, la création de villes nou-
velles, et l’autorisation d’implantations immobilières et touristiques de plus en
plus loin du périmètre urbain, sont à l’origine d’une urbanisation où l’équilibre
entre la régulation et le « laisser-faire » est remis constamment en cause, et
la ville ne peut supporter indéfiniment les coûts d’une urbanisation galopante,
et d’une macro forme déstructurée. Une planification de dimension métropoli-
taine s’impose.
- Marrakech a accumulé, depuis l’époque coloniale, un certain nombre d’équi-
pements urbains à la mesure de son poids démographique et de sa position de
capitale régionale. Cependant, la croissance urbaine enregistrée depuis lors, et
les aspirations métropolitaines imposent la révision à la hausse de ces d’équipe-
ments toutes catégories confondues.
- Si l’émergence d’entités urbaines périphériques individualisées et fonctionnelles
est plus que souhaitable, il y a lieu de sauvegarder l’unité de la ville , d’éviter la
formation de marges faiblement intégrées, et de sauvegarder l’unité du mar-
ché de travail, qui constitue la garantie la plus sûre face à la concurrence.
- Cette ville qui est arrivée à traverser près de 10 siècles, tout en reproduisant son
identité, et sa personnalité physique, et qui capitalise sur son héritage pour bâtir
son avenir est obligée de préserver tout ce qui fait d’elle une ville bien indivi-
dualisée.
L’urbanisation du XXème siècle a privé Marrakech de ce qui faisait d’elle une ci-
té-jardin. Les tendances actuelles laissent entrevoir un dépouillement de la ville de sa
ceinture boisée, et de ses interstices verts. A défaut d’une prise en charge vigoureuse
du patrimoine végétal, Marrakech sera dépourvue de l’une de ses principales quali-
tés et de ses atouts majeurs.
133
Carte n° 12 :
Extension
de la ville sur
ses marges
externes (2010)
134
3 - Un profil démographique tendant vers le gigantisme
Tableau n° 11: Evolution de l’effectif de la population de Marrakech
Année Effectif TAMA
1926 149 263

2,45 %
1936 190 314
0,82 %
1952 215 312
1,35 %
1960 243 134
2,89 %
1971 332 741
2,56 %
1982 439 728
3,55 %
1994 669 043
2,09 %
2004 823 154
Source : Dénombrements 1926 et 1936, RGPH. 1952, 1960, 1971, 1982, 1994, et 2004
Malgré le fléchissement enregistré depuis les années 90, Marrakech reste parmi les
villes marocaines les plus dynamiques sur le plan démographique. Ce qui laisse en-
trevoir une tendance au gigantisme démographique parallèlement au gigantisme
spatial en cours de consécration.
135
Les projections démographiques élaborées par les différents documents de plani-

fication territoriale, font de Marrakech, une ville millionnaire à partir de la décennie
en cours :
Tableau n° 12: Projections démographiques des documents de planification territoriale
Echéance Docu-
2010 2020 2030
ment
SDAU 1991 950 000 - -
SDAU 2008 968 000 1 267 000 1 569 000
PDU 2009 1 100 000¹ - 1 500 000
SNAT 2003 1 019 400 1 242 650 -
PDDEP 2007² 1 180 000 ³
¹2015 ² Plan Directeur de Distribution d’Eau potable, ³ 2026
Ces différentes études ont échafaudé des hypothèses de croissance démogra-
phiques qui donneraient à Marrakech une taille oscillant entre 1 et 1,5 millions d’habi-
tants au terme de la décennie en cours.
Le dynamisme démographique de Marrakech, ne concerne pas la seule popula-
tion urbaine, puisque la population rurale de la préfecture a enregistré le plus fort taux
d’accroissement à l’échelle régionale ( 3,8% entre 1994 et 2004). Ce qui nécessiterait
une politique plus vigoureuse, en matière d’emploi, de logement, d’équipements ur-
bains . . .
136
4 - Le profil économique : le point focal du devenir
4 - 1 Des assises économiques ancrées et évolutives

Marrakech a essaimé depuis l’époque almoravide une ceinture de vergers qui se
sont développés de plus en plus loin des remparts. Depuis l’époque du protectorat
la ville entretient un périmètre irrigué qui malgré le mitage dont il fait l’objet se déve-
loppe de plus en plus loin et s’ouvre à de nouvelles spéculations. La diversité de la
production agricole est pour beaucoup dans le développement d’un secteur indus-
triel qui ne cesse de se diversifier. C’est donc un secteur à consolider.
Un artisanat très dynamique : Depuis l’époque almoravide Marrakech s’est forgée
la réputation d’un important centre de production artisanal qui a attiré les maîtres
artisans « maalems » de toutes les régions du Maroc, et même de l’Andalousie. Trois
branches ont acquis depuis lors une place de choix : le cuir, la céramique, et les mé-
taux. C’est un secteur qui ne demande qu’à être épaulé pour continuer à entretenir
l’activité économique de la ville, et l’équilibre social.
Une industrie en développement constant : Marrakech a développé depuis
l’époque saadienne une industrie du sucre et une industrie de l’armement qui ont
fait d’elle un pôle dynamique dans ce domaine.
Depuis le protectorat, Marrakech a lancé les bases d’une industrie focalisée sur la
valorisation des produits agricoles, et qui ne cesse de se diversifier et de s’ouvrir sur
de nouveaux créneaux.
Ainsi, l’industrie qui a accompagné la ville durant toute son histoire est plus que
sollicitée aujourd’hui pour épauler son développement urbain et son devenir métro-
politain. Aussi, importe – t – il désormais de redynamiser l’existant et d’apporter un
plus requalifiant.
Des circuits commerciaux rayonnant sur l’ensemble du sud marocain. Par sa po-
sition de carrefour de routes nationales, Marrakech a acquis très tôt une vocation
commerciale, et s’est forgée la posture d’une plaque tournante commerciale in-
contournable, qui n’a pas beaucoup perdu de son importance même lorsqu’elle a
perdu sa fonction de capitale politique.
La récente ouverture sur les circuits commerciaux internationaux via les franchises
est à même de redynamiser le rôle commercial de la ville.
137
Marrakech qui fonctionne comme le premier pôle touristique du pays, n’a jamais
été une ville exclusivement touristique. Si l’activité touristique est assez prépondérante
en tant que marché d’emploi, très voyante au niveau de l’occupation du sol, et lar-
gement dominante en matière d’attraction des investissements et des devises, elle
ne fait pas ombre aux autres activités de la ville qui deviennent elles aussi de plus en
plus pesantes23.
Ainsi, il apparait que Marrakech qui n’a jamais été une ville monofonctionnelle
est obligée aujourd’hui plus que jamais de diversifier ses assises économiques, de les
réadapter à l’évolution de sa posture métropolitaine et à l’évolution de son position-
nement national et international.
99. Marrakech Plaza
23 Région Marrakech Tensift Al Haouz : Les potentialités économiques de développement de la région Mar-
rakech Tensift Al Haouz, Marrakech, 2007
138
4 - 2 Une posture métropolitaine à réaffirmer

Capitale impériale et métropole de dimension maghrébine, méditerranéenne et
africaine sous les Almoravides, les Almohades, et les Saadiens, Marrakech se débat
actuellement pour consolider sa position régionale et nationale.
Ses différentes positions se décomposent en un certain nombre de rôles secon-
daires qui demandent à être renforcés :
- Confirmation de son rôle de grand nœud de communication : Marrakech qui
a été depuis sa création un grand carrefour routier, se doit de renforcer sa po-
sition en matière de circulation et de transit à l’échelle régionale et nationale.
- Renforcement de la position de la ville en tant que relais commercial, en rap-
port avec son rayonnement et ses structures commerciales ;
- Consécration de sa position de plateforme de transformation des produits
agricoles, et d’industrie des produits nécessaires à l’activité agricole. Le projet
d’agropole préconisé par le plan Maroc Vert verse dans ce sens.
- Accroissement de son rôle de foyer culturel riche et dynamique et de pôle
universitaire polyvalent. Les villes d’Agadir , Safi, Ouarzazate, Beni Mellal, El
Kelaa des Sraghna... qui possèdent désormais leurs propres structures univer-
sitaires continuent à dépendre de l’université régionale mère qui doit rester
incontournable.
- Renforcement de sa position de pôle touristique par le développement de sta-
tions touristiques satellites. La station d’Essaouira, les projets golfiques d’Amiz-
miz, l’aménagement prévu de la station d’Oukeimeden, le parc national de
Toubkal, le développement touristique de la vallée de l’Ourika, le dévelop-
pement du tourisme balnéaire à Safi, et du tourisme rural et écologique dans
les campagnes et les montagnes du Haouz ... sont de nature à renforcer la
position de Marrakech en tant que pôle de commandement de l’activité tou-
ristique.
139
5 - Un profil social changeant et exigeant plus de changement

En raison de son poids dans l’économie, et la vie de ses habitants de Marrakech,
le tourisme est devenu pour cette ville une seconde nature. Mais, s’il a conduit à la
valorisation du patrimoine et à l’offre d’emplois, il pèse de tout son poids sur la dura-
bilité d’un patrimoine et d’une culture qui ne sont pas renouvelables. En effet, c’est à
cause du tourisme que sont arrivés les nouveaux résidents qui investissement de plus
en plus la Médina introduisant des modes d’habiter, et d’appropriation inédits, et par-
fois, en négation même avec les valeurs culturelles propres à la société marrakchie.
La ségrégation socio-résidentielle, ne cesse de creuser un fossé entre deux mondes
au sein même d’un espace qui était autrefois synonyme d’urbanité partagée et de
sociabilité globale.
De ce fait, l’espace urbain à Marrakech n’est plus adossé aux valeurs de cohé-
sion, de convivialité et d’intégration longtemps véhiculées par le modèle urbain de la
Médina. Comme il n’est pas non plus rattaché aux idéaux modernes d’ouverture, de
citoyenneté et d’universalité.
Dans une ville à fort héritage historique, la valorisation du patrimoine se fait, de plus
en plus, à travers le regard et l’action de «l’étranger » ou de ce qu’on y fait pour lui.
Autrement dit, le processus d’acculturation qui se met en place affecte sérieusement
les relations sociales et les pratiques culturelles de la population. Les effets pervers de
ce processus sont devenus plus prégnants à cause du phénomène de gentrification
auquel est soumise la Médina. Les tensions sociales qui en résultent sont là pour pré-
dire des risques sociaux.
Ainsi, le profil social de Marrakech tel qu’il se présente à travers les mutations socio-
culturelles les plus en vue, et celui d’une ville qui cherche à valoriser à son héritage,
mais qui se trouve confrontée au difficile équilibre de préserver ses traditions tout en
intégrant une modernité qui ne ménage pas ces traditions. C’est un défi que la ville
doit relever, et la rigueur est de mise.
Marrakech qui a mis du temps à promouvoir ses activités économiques, a encore
du retard en matière de services publics, notamment ceux dédiés aux habitants de la
Médina et des douars périphériques. C’est un créneau incontournable pour une ville
cherchant à consolider sa place de métropole.
En plus une véritable métropole doit être une ville économiquement fiable et so-
cialement vivable ou ne pas être.
Dans ce sens, les besoins en matière d’habitat constitue un autre défi que la ville
doit relever.
140
Tableau n° 13 : Evolution à court terme des besoins annuels en logements
2012 2015
Nombre de Nombre de lo-
Nombre de Nombre
logements corres- gements corres-
ménages de ménages
pondants pondants
Variante
11560 2 300 11760 2 400
haute
Variante
10420 2 100 10590 2 200
moyenne
Variante
9290 1 900 9420 2 000
basse
Source : CERED, Haut Commissariat au Plan
D’après les estimations démographiques du CERED, le nombre moyen des mé-
nages additionnels impose à produire près de 2 200 logements en moyenne par an,
jusqu’en 2015. Ceci en plus de la résorption des logements insalubres, la liquidation
de la cohabitation des ménages, et le remplacement des logements vétustes.24
6 - Quelle posture métropolitaine ?

La recherche d’un positionnement métropolitain pour Marrakech, se décline à
trois vitesses :
6 – 1 Une capitale régionale complète

Pour réconforter sa position de métropole régionale complète, Marrakech se doit
de :
- Améliorer la gestion des transits et des flux régionaux : zones logistiques mul-
timodales, pénétrantes performantes, rocades urbaines rapides, fluidité de la
circulation et de la mobilité par la multiplication des ponts et des passerelles, et
la hiérarchisation du réseau viaire, entrées de ville à emprises conséquentes ...
- Renforcer sa position de marché régional qui accroît constamment ses ramifica-
tions et son emprise sur les circuits commerciaux régionaux et s’impose comme
relais incontournable à l’échelle régionale ;
- Une ouverture accrue de la ville sur le commerce international, à travers les
franchises et la grande distribution en vue de renforcer son potentiel commer-
24 Ministère Délégué Chargé de l’Habitat et de l’Urbanisme, Direction Régionale de l’Habitat de Marrakech,
Enquête Logement à Marrakech, 2003,
141
cial et son rayonnement régional. Autrement dit se positionner à un niveau éle-

vé par rapport à l’existant sur le plan régional ;
- Marrakech qui multiplie les captures au détriment d’Agadir et de Safi encore
dépendantes d’elle dans de nombreux circuits de distribution, se doit de renfor-
cer sa supériorité, dont dépend pour beaucoup son positionnement régional ;
Ainsi, la consolidation de la place de métropole régionale, passe nécessairement
par le renforcement des acquis du passé, le renouvellement de la force de frappe de
la ville en matière de commerce et de services, et à travers la conquête de nouveaux
champs d’action. Ce qui revient à dire que Marrakech, est amenée, aujourd’hui plus
que jamais, à se forger la posture d’une métropole régionale complète.
6 – 2 Une ville plus présente sur la scène nationale

- Marrakech qui devient une destination privilégiée pour les Marocains avides
de résidences secondaires, ou du moins de séjours déstressant, se doit de fruc-
tifier cet engouement en attirant d’autres formes d’investissements nationaux.
L’organisation de manifestations et de rencontres internationales est de na-
ture à offrir un contexte favorable pour l’attraction et l’implantation de com-
pétences nationales désirant faire des affaires ou s’insérer dans des circuits
jusqu’ici monopolisés par les deux grandes métropoles nationales.
- Dans ce sens, le tourisme, l’industrie, le commerce et les services constituent
des créneaux à même de permettre à Marrakech de se repositionner sur le
plan national. Autrement dit, Marrakech, dispose de toutes les chances et des
moyens nécessaires pour faire de sa place de troisième ville du pays, non seu-
lement une affaire démographique, mais aussi une affaire économique. Son
récent essor urbain préfigure le profil de la deuxième ville du Maroc de demain,
et d’un grand pôle économique de dimension nationale. C’est dire, tout ce
qu’il faut pour se hisser au rang d’une métropole nationale.
6 – 3 Une plateforme internationale grandissante

Marrakech dont les positions internationales sont aussi vieilles que le patrimoine
urbain auquel elle s’adosse, ne cesse de développer ses relations et ses intérêts inter-
nationaux.
En tant que destination touristique dont les dimensions internationales ne sont plus
à démontrer, Marrakech diversifie, de plus en plus , sa clientèle et renforce de jour en
jour son caractère cosmopolite.
Depuis l’époque saadienne, Marrakech a attiré, en plus des arabes et des ber-
bères, des juifs, et des chrétiens auxquels se sont ajoutés par la suite des Andalous, des
142
originaires d’Afrique subsaharienne, des Turcs, des Européens. Ainsi, cette vieille tradi-
tion de cohabitation plurielle de populations d’origines et d’horizons divers, connait
un nouvel élan avec l’implantation d’hommes d’affaires en quête d’opportunités
de fructification de leurs avoirs, d’artistes cherchant des sources d’inspiration nou-
velles et renouvelantes, de retraités cherchant des lendemains meilleurs . . . A tous,
Marrakech offre les occasions recherchées, la quiétude désirée, l’inspiration perdue
ailleurs. . .
Marrakech associe à cette offre une autre plus adaptée pour l’organisation de
rencontres politiques, et de manifestations culturelles, artistiques et sportives de di-
mension internationale.
La dimension internationale telle qu’elle est développée, actuellement, par Mar-
rakech, reste incomplète en rapport avec les potentialités dont dispose cette ville et
les ambitions d’une agglomération qui cherche à inscrire ses implications étrangères
dans la durée. Pour ce, Marrakech se doit de diversifier ses formes d’attractivité inter-
nationale, à travers de nouveaux produits touristiques tel que le tourisme de santé, de
nouveaux services transfrontalier comme l’Off Shoring, d’autres formes d’investisse-
ments industriels et immobiliers, et de nouvelles formules de sous-traitance en matière
de haute technologie, une ouverture plus grande sur la restauration internationale.
Bref il s’agit de développer de nouvelles formules d’insertion dans des réseaux inter-
nationaux redynamisant.
Tenant compte de tout ce qui précède, le profil futur de Marrakech se présente
comme suit :
- Une ville à composition urbaine harmonieuse : En vue de donner à Marrakech
une structure urbaine équilibrée sur tous les plans, cette vision stratégique ac-
corde une place de choix aux actions d’intégration urbaine, d’atténuation de
la déficience urbaine, d’amélioration de la qualité urbaine, de revalorisation du
patrimoine urbain, d’amélioration des paysages urbains, de lutte contre l’insalu-
brité urbaine, et de la répartition la plus judicieuse des équipements. . .
- Un développement socio – économique équilibré : Etant donné que le déve-
loppement urbain passe nécessairement par la promotion économique, la pré-
sente vision accorde une grande importance à tout ce qui est de nature à ac-
croître les capacités attractives de la ville. Dans ce sens, la prévision d’espaces
spécialisés de production, les pistes d’encouragement et de renouvellement
de l’activité touristique, l’amélioration du niveau des équipements. . . sont cer-
tainement à l’ordre du jour.
- Une valorisation de l’image de la ville : Une amélioration de la qualité urbaine,
une meilleure valorisation du patrimoine, une mise en œuvre de projets
producteurs de valeurs ajoutées urbaines, une harmonisation des différentes
143
composantes urbaines . . . constituent autant de moyens de création d’une

image valorisante pour Marrakech.
- Un développement durable : L’inscription des différents projets futurs dans le
cadre d’une démarche participative et partenariale, la réconciliation de la ville
avec son environnement naturel, l’intégration urbaine et sociale des différentes
composantes de la ville... abordés dans une vision globale et respectueuse des
équilibres humains et naturels, sont à même d’inscrire le développement urbain
recherché dans la durabilité.
Le profil urbain recherché pour Marrakech est ainsi, celui d’une ville offrant
un cadre de vie généreux, des opportunités sans cesse renouvelées, en matière
de promotion économique et sociale, et développant une identité propre et une
image valorisante. Pour ce, la vision stratégique proposée ici, se veut porteuse d’une
succession de chantiers urbanistiques, économiques, sociaux, et culturels créateurs
de valeur ajoutée pour l’ensemble de l’agglomération.
100. Aéroport Marrakech Mnara
144
Chapitre 7 :
LES EXIGENCES
DE LA
METROPOLISATION
145
Si la compétition, à l’échelle nationale et internationale, dicte à Mar-

rakech de revaloriser constamment son image, les dynamiques de métro-
polisation impliquent quant à elles, à cette ville, d’être plus compétitive
en matière de rayonnement, et plus performante sur le plan fonctionnel.
La fonction de métropole n’est pas étrangère à une ville comme Mar-
rakech qui a assumé le rôle de capitale, durant des siècles, et qui recèle
un important capital en matière de traditions et de structures urbaines,
se conjuguant à son héritage en matière de commandement territorial,
de rayonnement commercial, et de moyens de communications, pour
faire de la fonction métropolitaine elle-même un héritage à conserver,
un capital à fructifier, et un potentiel à adapter aux exigences actuelles
de la mondialisation.
Le positionnement métropolitain passe par le renforcement et le repo-
sitionnement sur des créneaux économiques porteurs et d’avant-garde.
Autrement dit, la métropolisation est une affaire économique avant tout,
et le pari est à gagner sur ce plan, surtout.
146
1 - Le développement économique : un passage obligé

En tant que passage obligé, le développement économique de Marrakech doit
figurer parmi les priorités majeures de cette ville, surtout qu’il se pose désormais en
termes d’urgence, dans une conjoncture de moins en moins facile, et de plus en plus
concurrentielle.
En effet, Marrakech qui peut faire l’objet d’une très forte concurrence sur le mar-
ché touristique, se doit désormais d’être compétitive dans tous les domaines écono-
miques. Et c’est dans le secteur industriel qu’elle enregistre le retard le plus lourd à
gérer. Un coup de pouce sur ce plan, et dans le domaine des services de haut de
gamme est sécurisant.
C’est, également dans les créneaux de la recherche scientifique, de la formation,
et de la haute technologie qu’elle a toutes les chances de mieux se positionner, et
de consolider sa posture métropolitaine.
1 – 1 Les créneaux porteurs

- L’industrie
C’est un secteur qui illustre d’une manière forte la prééminence de Marrakech au
sein de sa région25, et qui est amené à évoluer, non seulement sur le plan quantitatif
en attirant davantage d’implantations industrielles, mais en diversifiant ses branches
qui sont en passe d’épuiser leurs marges de manœuvre :
- La branche agroalimentaire qui représente prés du tiers des établissements et
des emplois, se heurte déjà à la concurrence qui limite les possibilités de son
extension, en plus, de sa forte pollution (margines). L’ouverture sur des activités
à haute valeur ajoutée s’impose, notamment la transformation des viandes,
les dérivés des céréales, et la transformation des légumes, des fruits secs, et les
essences aromatiques et médicinales...
- La création d’un agropole qui se focalisera selon la vision du Plan Maroc Vert
autour des produits de l’arboriculture (agrumes, oléiculture, rosacées...) et ceux
de l’élevage et des céréales, est à même de donner une impulsion, à la fois, à
l’agriculture et à l’industrie.
- La branche chimique et para chimique, qui reste très focalisée sur les produits
plastiques et qui n’est pas exempte de nuisances, se doit de s’ouvrir sur de nou-
velles productions plus soucieuses de la qualité de l’environnement, comme les
produits cosmétiques et pharmaceutiques à base de matières naturelles...
25 Marrakech monopolise 90,7 % des 387 établissements industriels de la région
147
- La branche électrique et électronique : Elle reste encore limitée malgré qu’elle

dispose d’importantes potentialités pour son développement. Le domaine de
l’électroménager, du petit outillage électrique, et le montage électronique
peut tirer profit de l’important marché du Sud du pays.
- La branche métallique et mécanique : La sous-traitance pour le marché auto-
mobile de Casablanca et de Tanger, et pour l’exportation peut s’additionner
à l’importance du marché du sud marocain pour ériger Marrakech en grande
plaque tournante dans ce domaine.
- La branche du textile et du cuir : Elle reste très focalisée autour de la tannerie et
la confection. L’ouverture sur d’autres filières telle que la maroquinerie moderne,
les chaussures, la confection destinées à l’exportation, est de nature à redyna-
miser ce créneau, et à limiter ses nuisances.
En général, La multiplicité actuelle des zones industrielles est une bonne chose, mais
faut-il encore qu’elle réponde à toutes les attentes du milieu industriel et qu’elle favo-
rise l’évolution et la diversité recherchées. L’aménagement de parcs industriels spé-
cialisés aide à aller dans ce sens, et constitue un facteur déterminant dans la conso-
lidation de « la santé économique de la ville » 26
- Le tertiaire supérieur
- La formation et la recherche scientifique : Le tourisme qui constitue une impor-
tante source d’emplois, ne bénéficie pas d’une formation appropriée sur place.
Il en est de même de l’industrie, des services et de l’artisanat.
- L’université, qui occupe la troisième place à l’échelle nationale ne développe
pas des recherches appropriées aux besoins de l’économie locale. Une réorien-
tation dans ce sens s’impose.
- Les services spécialisés et les prestations destinées aux entreprises restent rares
ou inexistantes. C’est le cas des services d’accompagnement technique, admi-
nistratif, financier, juridique et promotionnel dédiés aux entreprises industrielles.
Le recours fréquent à Casablanca est handicapant.
- L’Off Shore qui est encore à son début à Marrakech, nécessite une impulsion
vigoureuse, en vue de faire de cette activité un créneau porteur. Les 50 000 m²
dédiés à ce secteur sont à développer davantage. Le projet retenu dans ce
sens dans le cadre de la ville nouvelle de Tamansourt doit être activé pour mieux
positionner Marrakech parmi les premiers pôles marocains dans ce domaine.
- Le tourisme
Si ce secteur bénéficie de structures d’accueil quantitativement et qualitativement
assez développées, les services d’accompagnement restent à conforter. Marrakech
26 Agence Urbaine de Marrakech : Etude SDAU de Marrakech, Rapport Analyse et diagnostic, 2008, p . 7
148
101. Av. Mohamed VI
102. Remparts et Hôtel Mamounia
149
a besoin de la mise en place d’un système d’animation offrant une grande diversité
de festivités, de restauration, de loisirs, de spectacles, de détente, de transport. . .
Le tourisme entretient un grand nombre de services : agences de voyages, loca-
tion de voitures, transport touristique, restauration, guides touristiques . . . qui restent
en deçà des standards internationaux et des aspirations de Marrakech à se hisser au
rang d’une destination de très haut niveau.
L’absence de régulation des établissements dits maisons d’hôtes et riads ouvre la
voie à des pratiques qui sont à même de porter préjudice à l’ensemble du secteur.
La vision 2020 et le Contrat Programme Régional pour le développement du sec-
teur touristique insistent sur le poids économique du tourisme en tant que producteur
d’une offre intégrée, sur la nécessité de hisser Marrakech au rang d’une destination
offrant des produits de plus en plus diversifiés, ainsi que sur l’amélioration de la qualité
des produits touristiques. Les 40 propositions27 formulées dans ce sens visent à consa-
crer le label de Marrakech en tant que marque internationale.
1 – 2 Les secteurs à promouvoir

- L’artisanat
Marrakech concentre quelques 120 000 artisans28, soit 39% de la population active
de la ville, et occupe la première place en matière d’exportation à l’échelle natio-
nale, avec plus de 50 % des exportations marocaines de produits artisanaux.
Cependant, ce secteur a besoin de lever un certain nombre d’écueils 29 :
- Déficit accru en matière de formation qui se traduit par des déperditions au
niveau du savoir-faire ;
- Absence de couverture sociale pour les artisans ;
- Dégradation des conditions de travail ;
- Multiplication des intermédiaires ;
- Faible structuration des entités de production. Seules 75 entreprises sont vérita-
blement structurées ;
Dans ce sens, la Stratégie 2015 proposée par le département ministériel concerné
est porteuse d’un certain nombre de propositions :
27 Voir annexe n°2

28 Marrakech concentre près de 75 % des artisans de l’ensemble de la région MTH
29 LAGDIM B : La tannerie traditionnelle à Marrakech, in Revue de Géographie du Maroc, n° 18, 1970, pp. 20
– 32
150
- La promotion de filières phares du secteur: Fer forgé, Tadalakt, Zellij…

- L’accompagnement de la modernisation du secteur ;
- La promotion des exportations ;
- L’amélioration des techniques de production ;
- La consécration de la formation comme passage obligé du développe-
ment du secteur : Création d’un Institut Supérieur de l’Artisanat…
- La création de villages des artisans…
Tableau n° 14: Evolution des exportations
Année Montants en MDH

2002 307 018
2003 309 660
2004 334 675
2005 366 177
2006 353 186
Source : SDAU, AREA, 2008
151
- Le commerce
Marrakech a entamé un processus de requalification de l’activité commer-
ciale, à travers le développement de la grande distribution, l’ouverture de
magasins spécialisés, l’ouverture sur les franchises, l’édification d’un nou-
veau marché de gros, l’ouverture d’un certain nombre de Show Room...
Une tendance à la diversité à entretenir.
Ce qui s’ajoute à l’importante structure de gros (plus de 300 grossistes) et
aux structures frigorifiques (31 entrepôts frigorifiques) pour renforcer et di-
versifier la logistique commerciale de la ville. C’est une tendance à en-
courager.
Les structures de détail qui sont largement étoffées et spatialement dé-
ployées restent handicapées par l’insuffisance des marchés de quartiers.
Ce qui favorise la prolifération du commerce informel. Un effort est à dé-
ployer pour faire émerger des pôles commerciaux locaux . . .
La ville a également besoin d’un parc d’exposition qui est de nature à ren-
forcer ses structures commerciales, et son rayonnement.
- Les énergies renouvelables
Marrakech ne met pas à profit les progrès réalisés par son Centre des En-
ergies Renouvelables ( CER ), en matière de développement de nouvelles
ressources énergétiques , qu’offre le milieu naturel du Haouz. Si l’énergie
solaire s’impose dans cette ville par son fort taux d’ensoleillement, l’éner-
gie éolienne se présente également comme une opportunité à saisir, no-
tamment dans les collines de Jbilette, dans le couloir de Chichaoua, et
sur certains versants du Dir... De même que les expériences menées dans
le Haouz en matière d’exploitation des biogaz ouvrent également d’im-
portantes opportunités dans ce domaine .
Le recours aux énergies renouvelables est à même de mettre Mar-
rakech sur la voie du développement durable, consacrer son label de
destination touristique écologiquement saine, et consolider le processus
de préservation de l’environnement.
Ainsi, Marrakech, qui a amorcé un processus de relance de ses activités de pro-
duction et d’échange, se doit de consacrer sa position de grand pôle économique
par un repositionnement au sein de la nouvelle hiérarchie urbaine imposée par la
globalisation.
152
2 - L’indispensable accompagnement
2 - 1 Les manifestations de promotion

Marrakech compte parmi les villes marocaines qui organisent régulièrement des
manifestations d’animation culturelle, artistique, scientifique ... très attendues, dont
les plus en vue :
- Le festival National des Arts Populaires ;
- Le festival International du Film ;
- Le Grand Prix de Marrakech ;
- Le Marathon international de Marrakech ;
- Le Festival international du rire de Marrakech . . .
- D’autres manifestions sont à mettre en place notamment pour la promotion du
tourisme, de l’artisanat, le commerce . . .
2 – 2 Les réalisations de prestige et de rayonnement

Marrakech a eu le mérite d’accomplir la réalisation de certaines œuvres urbanis-
tiques et architecturales de haute facture :
- L’avenue Mohamed VI : une réalisation récente qui donne à la ville de nou-
velles dimensions spatiales et urbanistiques ;
- Tamansourt : Une ville nouvelle de grande qualité urbanistique, et qui consti-
tue la première, dans son genre, au Maroc ;
- Les résidences golfiques dans les marges de la ville ;
- Un grand stade olympique ;
- La nouvelle gare ferroviaire,
- Le théâtre royal ;
- Le palais des congrès ;
- La nouvelle aérogare ;
Ces œuvres seront renforcées par d’autres tel que :
- La Cite du Film à Harbil ;
- La Cité des Arts et Loisirs à Ouahate Sidi Brahim ;
- Un parc d’exposition . . .
153
2 – 3 Le renforcement de la capacité de la ville à amortir les chocs

Pour s’insérer d’une manière durable et rentable, au sein des circuits économiques
nationaux et internationaux, Marrakech se doit d’être bien préparée. Pour ce, il y a
lieu de :
- limiter la dépendance vis-à-vis du tourisme ;
- doter la ville de nouvelles structures du tertiaire supérieur ;
- doter la ville des moyens pour limiter les problèmes de circulation et de tran-
sit :
- Achever la rocade de contournement en vue de relier toutes les péné-
trantes de la ville et d’alléger la pression sur les grandes artères,
- augmenter la capacité de stationnement des espaces à haute fréquenta-
tion,
- élargir les emprises des grandes artères de la ville ;
- réaménager les carrefours : palier au fonctionnement problématique des
carrefours et des croisements.
- La gare routière de Bab Doukkala déjà saturée
103. Gare routière de Bab doukkala
154
2 – 4 Des équilibres à préserver
Les équilibres naturels

Jusqu’ici les équilibres naturels n’ont pas fait l’objet d’une stratégie claire et déter-
minée. Les réalisations et les réactions ponctuelles ne cessent de révéler leur incapa-
cité à relever des défis aussi complexes que ceux que posent les menaces qui pèsent
sur les ressources naturelles de l’agglomération.
Parmi, les objectifs à privilégier dans ce sens :
- La préservation systématique de ce qui reste de la palmeraie ;
- La classification du marais de la Palmeraie en tant que SIBE à protéger ;
- La réalisation d’une ceinture verte autour de la ville ;
- La préservation d’une agriculture périurbaine intégrée structurellement et fonc-
tionnellement à la ville,
- Des sources de nuisances à éradiquer : Une STEP vient d’être réalisée, mais les
nuisances des eaux usées ne sont pas totalement éradiquées. La délocalisation
de la décharge publique et l’aménagement d’une nouvelle selon les normes de
salubrité urbaine reste à entreprendre.
Les équilibres fonctionnels

En tant que ville développant des extensions de plus en plus diversifiées, Marrakech
se doit de préserver tous les équilibres inhérents au fonctionnement de son territoire.
Dans ce sens, il y a lieu d’accorder une attention particulière à:
- Une dédensification relative de la Médina et à l’allégement des pressions sur les
marges urbaines. Les mouvements de transfert des populations vers les quartiers
périphériques et les marges extérieures de la ville risquent de transférer les pro-
blèmes de la Médina vers les espaces périurbains ;
- L’équipement des quartiers périphériques de formations sanitaires de proximité,
de nouvelles structures d’enseignement, en vue d’atténuer les effets néfastes de
l’intensité de la mobilité urbaine.
- La lutte contre l’habitat insalubre constitue la forme du déséquilibre fonctionnel
la plus handicapante pour la ville. L’effort déployé doit être intensifié.
- L’instauration d’un équilibre plus large, au sein de chaque entité spatiale en
termes de mixité sociale, de qualité du cadre de vie et de partage de l’espace
public offrant plus de place aux piétons et aux cyclistes.
155
3 - Des choix stratégiques pour un devenir métropolitain

Il s’agit ici de procéder à une formalisation de la stratégie qui doit épauler le dé-
veloppement de l’agglomération de Marrakech. Cette stratégie se pose en termes
de métropolisation, de compétitivité, de valorisation du patrimoine, de renouvelle-
ment urbain, de développement durable, d’image de la ville, et d’inclusion urbaine.
ces axes majeurs de la stratégie constituent la base nécessaire à l’émergence d’une
« métropole complète » :
3 – 1 Sur le plan urbanistique :

Marrakech qui se distingue à l’échelle nationale par ses spécificités urbanistiques,
se doit de préserver son cachet propre, en tant que :
- Eco-ville : Ce label moderne qui est à même de coller parfaitement à la réalité
de Marrakech, en raison de l’inscription de cette ville dans un cadre naturel ver-
doyant et à la ponctuation du territoire urbain par un certain nombre d’espaces
verts, n’a rien d’une mode. C’est un héritage que la ville doit préserver, en tant
que partie prenante de son identité urbaine ;
- Ville inclusive : Marrakech qui a , depuis le protectorat, tourné le dos à ses marges
externes où se développent sans cesse des douars périurbains, se doit, désormais
de développer ses capacités d’intégration, en vue de mettre terme à la ceinture
d’insalubrité qui porte préjudice à son image, et risque de compromettre les dy-
namiques de métropolisation en cours.
- Agglomération multipolaire : La création de villes nouvelles, le développement
d’un certain nombre de quartiers périphériques articulés sous forme de villes satel-
lites, et l’intégration d’un certain nombre de douars périphériques, sont à mettre
à profit en vue de favoriser l’émergence de pôles secondaires et partant multi-
plier les relais de connexion intra-urbaine. L’émergence de centralités périphé-
riques est à même de donner à l’agglomération une structuration spatiale plus
équilibrée et plus fonctionnelle.
- Territoire accessible : Marrakech se doit d’accorder une plus grande attention
aux moyens de transports collectifs, en vue de faciliter la mobilité dans une ag-
glomération qui devient hors de portée des moyens de déplacement actuels. La
preuve est que le motocycle est en passe de surclasser la bicyclette.
- La conception d’un système de transport en commun multimodal pratique et
performant relève désormais du domaine des urgences. Une métropole où il n’est
pas aisé de se déplacer, de circuler, et de passer d’un mode de transport à un
autre, n’en est pas une. Marrakech n’a – t – elle pas besoin d’un tramway à l’ins-
tar de Rabat et Casablanca ?
156
Le propre du tramway est d’assurer les connexions entre des quartiers périphé-
riques éloignés les uns des autres, tout en assurant une traversée aisée du centre-ville.
Le tramway est un moyen de décongestionnement de la circulation, et de transport
véhiculant une image écologique. Ce qui est à même de renforcer la vocation tou-
ristique de Marrakech.
- Ville à haute valeur ajoutée patrimoniale : Réinventer le charme urbanistique de
Marrakech, et réinscrire la protection du patrimoine dans une vision de renou-
vellement urbain. Tels sont les principes clés de reproduction du cachet propre
à Marrakech, qui puise toute son essence du capital patrimonial millénaire de la
ville.
- Ville à haute qualité urbaine : Marrakech qui a la réputation d’être attractive,
accueillante, et séduisante, n’a pas le droit à l’erreur en matière de production
de l’espace urbain. La qualité urbaine doit être recherchée à tous les niveaux.
L’urbanisme de prestige hérité et les quelques réalisations phares que la ville dé-
veloppe risquent d’être noyés par une médiocrité urbaine rampante.
- Ville régulée : Le secteur de l’immobilier, qui a fortement contribué à la crois-
sance de la ville a besoin d’être tempéré et mieux régulé, afin d’éviter de le
voir se transformer en bulle porteuse de risques irrémédiables. La consommation
effrénée des espaces naturels et agricoles, et l’expérience de l’Espagne toute
proche est là pour inciter à plus de retenue.
- Ville bien articulée : La croissance spatiale de Marrakech est en passe d’essai-
mer des excroissances urbaines, à même de remettre en cause les équilibres
en place. Ce qui soulève le problème de l’aménagement des marges urbaines
dans toutes leurs dimensions.
- Ville de la diversité : Marrakech du futur sera celle de la diversité des fonctions ur-
baines, de la mixité sociale, de l’excellence environnementale, du foisonnement
culturel, et de la performance de l’offre de services. . . C’est dire la diversité enri-
chissante dans toutes ses dimensions.
Tous ces labels que Marrakech se doit de rechercher à travers une stratégie cohé-
rente, traduisent une ambition urbaine qui se doit d’être bâtie autour des impératifs
de la qualité de vie, qui passe nécessairement par la qualité de l’espace urbain.
Dans ce sens certaines recommandations sont nécessaires pour les prochains do-
cuments d’urbanisme à élaborer pour la ville :
- Une programmation rationnelle des sols urbanisables, en se focalisant
d’abord sur les terrains encore vacants au sein du périmètre urbain ;
- Donner à Marrakech la configuration d’une agglomération polynucléaire,
mais sans perdre de vue l’unité de la ville ;
157
- L’octroi d’un intérêt majeur à la question du patrimoine, non seulement en

tant qu’héritage à préserver mais surtout en tant que facteur de redynami-
sation et de structuration de la ville ;
- L’octroi d’un intérêt particulier à la préservation des ressources naturelles ;
- Une articulation structurelle et fonctionnelle entre le SDAU et le PA ;
- L’intégration du souci de renouvellement urbain dans la planification ur-
baine ;
- L’octroi d’une place de choix à l’image de la ville qui est pour beaucoup
dans son positionnement actuel et futur ;
- Œuvrer pour faire de Marrakech une ville économiquement pourvoyeuse
en emploi et socialement inclusive ;
- Permettre à Marrakech de développer un système de transport performant
et une mobilité urbaine aisée ;
- Sauvegarder le caractère verdoyant de Marrakech ;
- Neutraliser les dysfonctionnements majeurs notamment en matière de loge-
ment, de travail et d’environnement.
3 – 2 Sur le plan économique

La conjoncture actuelle exige de tout territoire de :
- être bien préparé à l’épreuve d’une compétition territoriale de plus en plus
ardue ;
- prendre en compte les enjeux de renouvellement du tissu économique, en
raison de l’augmentation de la fréquence des délocalisations ;
- le tourisme est devenue une affaire d’image et de marketing ;
- la diversification économique prend l’allure d’un défi à relever ;
- l’innovation devient une obligation pour pérenniser le développement écono-
mique
Aussi, Marrakech se doit-elle de :
- s’ouvrir sur de nouveaux créneaux économiques : Offshoring, tourisme de san-
té, de nouvelles branches industrielles. . .
- Développer une offre immobilière adaptée aux services partagés ;
- Aménager des espaces industriels spécialisés dédiés aux nouvelles activités à
développer;
- Aménager un quartier d’affaires bénéficiant d’une accessibilité aisée et of-
frant des locaux adaptés ;
158
- Se doter d’une zone logistique à même de faciliter le transit et la desserte des

espaces de production en apportant le soutien nécessaire à l’industrie et au
commerce ;
- S’ouvrir davantage sur la restauration internationale, et les services de haut ni-
veau, en vue de mettre en valeur le caractère cosmopolite de la ville et suivre
l’évolution que développe la réussite de certaines enseignes internationales
- Doter Marrakech d’un parc d’exposition de dimension internationale.
3 – 3 Sur le plan social

Au moment où Marrakech exerce une attraction croissante sur les étran-
gers, son pouvoir d’attraction migratoire s’est considérablement accru. La
part des migrants dans le croît démographique de l’agglomération est passée
de 33 % entre 1982 et 1994 à 41% entre 1994 et 2004.
Cette évolution est de nature à consacrer la diversité du peuplement de la
ville. Ce qui se traduirait par un élargissement de l’éventail social et l’aggra-
vation des disparités sociales. Aussi, la ville se doit – elle d’être bien préparée
pour répondre à des attentes de plus en plus diversifiées, sur tous les plans.
Le marché de travail de Marrakech, qui est déjà très diversifié aura ten-
dance à se ramifier et à s’élargir davantage. Ce qui augmenterait, à la fois,
les opportunités de travail, et les risques d’accroissement du chômage. Aussi,
la ville se doit – elle de sauvegarder l’unité de son marché de travail qui est de
nature à amortir les chocs inhérents à l’instabilité de l’emploi, et à assurer une
plus grande cohésion au niveau du fonctionnement de son territoire.
La présence accrue des étrangers, non seulement en Médina, mais éga-
lement dans d’autres quartiers, est de nature à ouvrir la voie à des mutations
socioculturelles qui ne sont pas toujours concordantes. Le renforcement du
caractère cosmopolite de la ville a un prix que tout le monde doit payer.
3 – 4 Sur le plan relationnel

Marrakech qui est de plus en plus exposée aux effets de la concurrence, se doit
de s’insérer au maximum de réseaux en mesure d’épauler son devenir métropolitain.
Autrement dit, la stratégie d’appartenance à des territoires en réseaux dicte la né-
cessité de l’inscription dans des circuits plus diversifiés et plus ramifiés.
La conjoncture actuelle de Marrakech étant celle d’une ville de plus en plus at-
tractive, un pôle qui ne cesse de renforcer sa position économique sur le plan natio-
nal, une métropole qui développe constamment ses dimensions internationales, et
une capitale régionale parmi les mieux placées à l’échelle nationale, il y a lieu de
159
prédire un développement soutenu et une grande possibilité d’arrimage pour l’en-

semble des communes limitrophes de la ville, à un moment où la pression démogra-
phique est déjà très forte dans l’arrière-pays immédiat de la ville.30 Cependant, cette
tendance partagée par l’ensemble des communes gravitant autour de la ville ouvre
la voie à une compétition et à une sélection dures. Ce qui revient à dire que seules
les communes bien préparées et offrant des possibilités d’intégration avantageuses
et des opportunités certaines sont à même d’être de la partie. Mais Marrakech doit
rester une ville fortement attachée à l’ensemble de son hinterland. Son enracinement
local comporte plus de garanties pour une ville fortement dépendante du milieu rural
environnement, au moment où elle ne cesse d’amplifier ses percées dans des sphères
nationales et internationales moins sécurisantes.
Une ouverture, plus grande et plus performante, de la ville à l’international passe
par :
- Une amélioration et une multiplication des langues en matière de signalisation
urbaine ;
- Une labellisation des spectacles de la place de Jamma Lfna, en vue de pro-
mouvoir et de préserver le patrimoine oral ;
- Une multiplication des points d’information touristique à travers la ville ;
- Un réaménagement des circuits touristiques de la Médina, et ceux des espaces
touristiques extramuros ;
3 – 5 Sur le plan environnemental

Marrakech dont le climat semi-aride marqué par de faibles précipitations et de
longues périodes de sécheresse, ne peut se permettre dans une période de chan-
gement climatique et de stress hydrique de continuer à dilapider ses ressources natu-
relles.
Le volume des eaux usées rejetées par la ville ne cesse d’augmenter : 50.000 m³/j
en 1990, et 120.000 m³/j en 2010. Jusqu’en 2008, toutes ces quantités étaient collec-
tées et déversées à l’état brut dans oued Tensift. La mise en service de la STEP est en
mesure d’atténuer cette forme de pollution. Les efforts déployés doivent reconduits.
Le site actuel de la décharge publique, exploité depuis 1987, a un volume estimé
à quelques 400 000 m³, dégage une quantité de lixiviats d’environ 2800m³/ha/an, en
plus des odeurs nauséabondes et des fumées toxiques. Ce qui fait de sa délocalisa-
tion une urgence qui ne peut plus être reportée.
Si Marrakech bénéficie d’un capital inestimable en matière d’espaces verts, les
30 Agence Urbaine de Marrakech : SDAU des communes périphériques de l’agglomération de Marrakech,
Rapport II, Diagnostic et Analyse, p. 58
160
tendances actuelles de l’urbanisation sont porteuses de risques pour ce patrimoine,

notamment à travers la liquidation de l’oliveraie et de la palmeraie, et le mitage des
terres agricoles.
La plaine du Haouz recèle une nappe phréatique différemment profonde, s’éten-
dant sur une superficie d’environ 6 000 km², et suffisamment alimentée, mais soumise
à une exploitation intensive ( en moyenne 2,2 pompage par km² ). La demande en
eau qui ne cesse de s’accroître érige la préservation de ces ressources en défi à
relever, surtout que la pollution de ces ressources se pose en problématique de plus
en plus aigüe, avec la multiplication des rejets liquides et solides, l’emploi des engrais
chimiques et des produits phytosanitaires. En plus, la grande compétition autour de
l’utilisation de l’eau érige cette ressource en enjeu stratégique pour l’avenir d’une
agglomération qui ne cesse de s’étendre, et d’accroître ses activités.
Ainsi, l’aménagement que nécessite Marrakech doit s’inscrire dans la durabilité,
non seulement par le respect du patrimoine naturel existant mais également par sa
reproduction.
Il s’agit, en somme de mener une politique environnementale responsable, qui se
traduit concrètement par des aménagements durables, c’est-à-dire économique-
ment viables, écologiquement raisonnables et socialement équitables.
104. La nouvelle STEP
161
3 – 6 Sur le plan gestionnaire

Toutes les orientations stratégiques examinées ci-dessus concourent à ériger la ges-
tion urbaine au rang de clé de voute de toute la politique de développement urbain.
En effet, des changements majeurs doivent être opérés sur ce plan. Il s’agit essentiel-
lement de :
- Un nécessaire changement de politique, visant à donner à tout aménage-
ment les chances de réussite, en :
- favorisant l’évolution des mentalités au niveau de tous les échelons de la
gestion urbaine,
- responsabilisant les instances de gestion chacune dans son domaine
d’intervention ;
- accroissant les performances des instances et des compétences ;
- hissant le patrimoine au rang d’un centre d’intérêt partagé ;
- revalorisant les équipements publics et les services de base,
- relançant l’activité culturelle et l’animation de la ville,
- La nécessaire unité de la ville : Le développement de villes nouvelles, la proli-
fération des douars périurbains, et le gonflement des agglomérations gravitant
autour de Marrakech, sont de nature à éparpiller les efforts, et à priver l’ag-
glomération d’une gestion cohérente et assurant son fonctionnement d’une
manière uniforme et synchronisée. Autrement dit, redonner à la ville son unité
au niveau de la gestion urbaine ;
- La nécessaire gestion économe de l’espace. Si l’évolution du parc de loge-
ment exige la mobilisation de plus en plus de sols urbanisables, l’étalement
urbain démesuré et le gaspillage des terrains qui l’accompagne dictent une
modération dans la gestion de la manne foncière dont dispose la ville. En plus
l’existence de près de 2500 ha. de terrain libres et de friches à l’intérieur du
périmètre urbain, dictent plus de modération dans la mobilisation du foncier
périphérique.
- Le nécessaire renouvellement urbain. Les différentes opérations d’extension
verticale et de transformation des villas en immeubles, que connaissent de
nombreux quartiers de la ville, procèdent d’un renouvellement urbain plus
spontané que régulé.
- La nécessaire réinvention de la Médina : Ce tissu urbain qui constitue un fac-
teur de taille de la reproduction de l’identité de la ville, continue à assurer
162
par la même occasion le rôle d’un espace aux fonctions et aux usages mul-
tiples. Pour ce, la Médina doit répondre aux attentes des tous ses habitants
et ses usagers, tout en préservant son caractère de lieu emblématique de
toute l’agglomération, et tout en mettant en valeur son patrimoine historique
qu’il soit monumental, ou ordinaire. Ainsi, il s’agit, donc de réinventer la Médi-
na, dans le sens de la réconforter et la protéger contre les déviances préjudi-
ciables. Elle doit être apte à continuer à être ce qu’elle est, tout en répondant
aux nouvelles exigences de son intégration totale à l’agglomération.
- La nécessaire démarche partenariale : En somme, la gestion urbaine se doit
désormais d’être plus ouverte sur tous les acteurs de la ville, à travers la mobi-
lisation et la concertation. L’enjeu est de parvenir à mobiliser l’ensemble des
compétences nécessaires, des professionnels et des décideurs capables d’ini-
tier des projets et de les mettre en œuvre. Comme il s’agit d’œuvrer pour une
plus large complémentarité entre les outils opérationnels et les instances qui se
partagent la gestion urbaine. Ce qui plaide également pour l’implication de
la société civile, dans la protection de son cadre de vie.
A la fin de ce chapitre consacré aux orientations stratégiques présentées en tant

qu’exigences de la métropolisation, il importe de souligner, que Marrakech a besoin,
non pas de projets bien individualisés et isolés, mais d’une vision globale plus cohé-
rente et plus déterminée. Tout projet doit s’inscrire d’une manière ou d’une autre
dans une même vision globale, afin de ne pas nuire à la symbiose de l’ensemble.
Si cette vision stratégique a été déclinée sous forme de volets bien individualisés,
c’est dans la complémentarité qu’elle a été conçue et qu’elle doit être déclinée en
projets et actions opérationnels.
Si le volet économique de cette stratégie constitue l’axe majeur, les autres volets
ne sont pas démunis d’intérêts et de poids dans le devenir de la ville.
163
105. Gare ferroviaire
164
SYNTHESE GENERALE
L’analyse des différents aspects de la ville de Marrakech,

dans leurs dimensions historiques et leur configuration pré-
sente , a permis d’identifier les orientations auxquelles doit
s’adosser la stratégie à élaborer pour la prise en charge de
son développement futur. Cette stratégie qui s’adosse à une
approche intégrée des dysfonctionnements et des réponses
à leur apporter, se décline sous la forme d’une vision globale
faisant des orientations retenues un tout indissociable.
L’essai de synthèse qui servira de couronnement à cette
analyse, est guidé par le souci de parfaire la vision globale
permettant à la ville de négocier, dans les meilleurs condi-
tions, son développement futur.
165
1 - Le poids du passé
Pendant près de dix siècles, Marrakech, dont la naissance est
associée à celle d’un Etat, a vu se succéder des périodes de
prospérité et de crise Si elle a connu des périodes d’éclipse, elle
n’a, à aucun moment, été marginalisée des réseaux du pou-
voir et des circuits économiques qui ont structuré le Maroc, des
siècles durant. Elle est restée, d’une manière ou d’une autre, im-
pliquée aux dynamiques qui traversaient le pays et aux courants
politiques, religieux, économiques, et intellectuels qui ont prési-
dé à sa destinée.
Cette implication qui a fait de cette ville l’un des hauts lieux
historiques de l’aire arabo-musulmane, lui a permis d’acquérir
une sédimentation historique plurielle, à travers la multiplication
des territoires à caractère patrimonial, et lui a donné la posture
de la plus grande cité historique du Maroc.
Il ne s’agit donc pas de n’importe qu’elle ville, mais plutôt
d’une ville où le legs du passé est encore vivant et contribue
pour beaucoup dans le fonctionnement de l’espace et dans
l’animation de la vie économique et sociale du présent. Ce qui
donne à Marrakech dans sa globalité, des spécificités urbanis-
tiques et paysagères certaines, un cachet particulier et une per-
sonnalité urbaine bien individualisée.
Marrakech plusieurs fois capitale, a eu droit à de multiples sur-
noms qui témoignent du prestige dont elle a fait l’objet. Avec ses
curiosités et ses ambiances toutes particulières les unes que les
autres, elle est arrivée à décrocher une reconnaissance interna-
166
tionale inégalée au Maroc, et au Maghreb même. L’ensemble

de l’héritage de la ville est déclaré patrimoine culturel mondial
par l’UNESCO. Le patrimoine immatériel s’adossant à l’héritage
urbain n’est pas des moindres, et concerne tous les domaines
de la vie urbaine.
Cette ville à grande portée historique et à haute valeur pa-
trimoniale, a également accaparé la position de la plus grande
ville du pays jusqu’au début du 20ème siècle.
Ainsi, l’histoire de Marrakech a été revisitée non seulement
en vue d’un quelconque repérage des différentes composantes
du patrimoine urbain, mais également pour mettre en valeur les
modes de valorisation dont il fait l’objet, et son articulation au
présent. Ce qui a permis de déceler les mécanismes et les lo-
giques qui sont derrière l’émergence et le développement de la
ville de Marrakech.
Ainsi, Marrakech est non seulement une ville ayant un passé
glorieux, mais une cité qui continue à vivre à l’heure de ce pas-
sé, en lui donnant un rôle dans son présent.
De ce fait, cette ville conserve son image de cité ancrée
dans l’histoire et fidèle à ses traditions. Ce qui est pour beau-
coup dans le foisonnement des ambiances qu’offre la ville et
de l’image qu’elle véhicule. Image qui est à même de servir de
support au devenir de la ville.
167
2 - Les nécessités du présent

L’analyse des mécanismes de production de l’espace urbain,
et de son développement, qui sont pour beaucoup dans la re-
production du cachet propre à Marrakech, en tant que ville
chargée d’histoire, a permis d’identifier les mutations ayant af-
fecté l’urbanisation de la ville et d’expliciter leurs répercussions
sur le fonctionnement de son espace urbain et l’évaluation de
leurs impacts sur son devenir métropolitain.
Ainsi, Marrakech reproduit sa macro forme radioconcentrique
consacrant la centralité de la Médina, qui occupe toujours une
position structurante sans empêcher l’agglomération de déve-
lopper une configuration de plus en plus différenciée. Sur le plan
fonctionnel comme sur le plan structurel, Marrakech renouvelle
sans cesse sa morphologie tout en préservant, en partie, les ac-
quis du passé.
C’est, donc, une ville qui vit au rythme du changement dans
la continuité. Marrakech qui a mis énormément de temps pour
façonner les paysages qui constituent son visage actuel, se
transforme de plus en plus rapidement sous les effets d’une ur-
banisation galopante.
Cette ville qui bénéficie actuellement d’une conjoncture
assez favorable, en rapport avec l’ampleur prise par la pro-
motion immobilière et le tourisme, se doit de maximiser le profit
de cette conjoncture et surtout de capitaliser les retombées à
même d’inscrire cet élan urbain dans la durée, et d’en faire une
locomotive pour son développement socioéconomique. Les
changements de conjoncture sont toujours imprévisibles, à une
168
époque où la concurrence territoriale gagne partout du terrain.

La compétitivité dépend autant de la capacité des territoires
de prévoir que de leurs avoirs. En somme, c’est une ville où les
dynamiques de requalification fonctionnent à plein régime et
sans remettre en cause la grande capacité de réadaptation de
la ville aux changements qui n’est pas donnée à toutes les villes
historiques du pays.
Elle est ainsi, une ville qui cherche à relever un grand nombre
de défis à la fois, pour asseoir son développement et se doter de
réalisations de prestige que nécessite son image de marque, et
son devenir métropolitain.
La politique urbaine en tant qu’ensemble de mesures visant à
promouvoir un développement urbain durable, maîtrisé et équili-
bré, sur le plan de la forme et du fonctionnement, est pour le cas
présent en perpétuel renouvellement, en vue de répondre aux
exigences des changements fréquents de conjoncture. Mais ce
renouvellement n’est pas une fin en soi, dans la mesure où il est
recherché pour trouver les équilibres assurant la pérennité, l’har-
monie et la durabilité du développement.
Marrakech, qui est née et s’est développée dans un cadre
politique où le changement s’opère toujours dans la continuité,
reste fidèle aux choix qui font d’elle une ville traditionnelle où le
renouvellement arrive toujours à se frayer son chemin.
169
3 - Les impératifs du futur

Il ressort de tout ce qui précède, que Marrakech est une ville qui renoue
avec le dynamisme urbain, évolue rapidement et développe de plus en
plus de tissus urbains et d’activités modernes. Cependant, c’est une ville
qui vit toujours sous les effets des pesanteurs de son histoire. Ce qui lui per-
met de mettre à profit les sédiments de son passé, dans sa recherche de
nouvelles positions métropolitaines. Aussi, Marrakech a – t – elle donc be-
soin d’une vision plus claire et plus cohérente de son devenir.
La consécration de Marrakech en tant que première plateforme tou-
ristique du pays, le boom immobilier qu’elle connait, son regain de dyna-
misme démographique qui s’est traduit par son repositionnement dans la
hiérarchie urbaine du pays, l’attraction soutenue qu’elle manifeste en ma-
tière de projets structurants . . . soulèvent la question de la métropolisation
dans toutes ses dimensions.
S’il est certain que Marrakech est considérée à juste titre comme une
grande ville, il est tout aussi certain que dans le contexte marocain, elle fait
déjà figure de métropole incontestée, et il reste cependant que cette mé-
tropole manifeste des aspirations certaines et légitimes à se hisser au rang
d’une métropole nationale et pourquoi pas internationale.
Le profil historique de Marrakech fait d’elle une ville où le patrimoine se
doit de continuer à assurer sa fonction de pilier majeur du développement
de l’ensemble de l’agglomération.
Le profil urbanistique est celui d’une ville qui présente beaucoup de
risques de dérapages, par sa croissance accélérée, la déficience en ma-
tière d’équipements urbains, l’éclatement de l’agglomération et le risque
de perte de son unité.
Son profil démographique présente tous les signes d’un gigantisme ur-
bain proche, avec tout ce que cela comporte comme risques d’amplifica-
tion des besoins, et comme dysfonctionnements urbains.
Son profil économique est celui d’un pôle économique historiquement
ancré, mais qui a besoin d’être consolidé pour inscrire ses acquis dans la
durée. Ainsi, Marrakech a un profil global présentant tous les ingrédients
d’une métropole qui ne demande qu’à être épaulée pour consacrer sa
vocation métropolitaine.
170
Sur le plan régional, elle assume ses fonctions métropolitaines, mais la

montée en puissance de la concurrence dicte une redynamisation de son
avancée. Sur le plan national, Marrakech qui figure parmi les grandes villes
du pays se doit de creuser davantage son avancée pour rester dans le
peloton de tête. Sur le plan international, beaucoup reste à faire pour l’in-
sertion de la ville dans un grand nombre de réseaux et de circuits redyna-
misant.
Pour consacrer son profil métropolitain sur tous les plans, le développe-
ment économique s’impose en passage obligé. Les activités d’accompa-
gnement et les réalisations de prestige constituent une exigence d’un futur
où la compétitivité s’impose déjà comme règle incontournable.
Ainsi, Marrakech de demain est forcément une ville de la diversité fonc-
tionnelle, de l’excellence environnementale, du foisonnement culturel,
mais aussi de la mixité sociale, et de la performance des services publics.
. . Bref, elle se doit d’être une ville où il fait bon vivre, mieux se divertir, et
s’épanouir pleinement. Ce sont là des aspects de Marrakech d’antan, que
la ville de demain doit consacrer de nouveau.
Cependant, le renouveau du développement urbain passe par le dé-
passement des erreurs du passé. La faible maîtrise de l’urbanisation s’est
avérée porteuse de graves préjudices sur tous les plans.
Le développement futur de Marrakech, exige un changement de po-
litique urbaine, et une vision intégrée des dysfonctionnements et des ré-
ponses qu’ils exigent.
Dans ce sens, la vision proposée par cette étude se veut porteuse d’une
succession de chantiers urbanistiques, économiques, sociaux, et culturels
créateurs de valeur ajoutée pour l’ensemble de la ville, étant donné que
Marrakech a besoin non pas de projets bien individualisés et isolés, mais
d’une stratégie globale plus cohérente et plus déterminée. Si le volet éco-
nomique de cette stratégie constitue l’axe majeur, les autres volets ne sont
pas démunis d’intérêts et de poids dans le devenir de la ville. Si cette vision
stratégique a été déclinée sous forme de volets bien individualisés, c’est
dans la complémentarité qu’elle a été conçue et qu’elle doit être décli-
née en projets et actions opérationnels, partagés, et solidaires.
171
BIBLOGRAPHIE
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troisième millénaire. Défis, chances et risques d’un développement durable,
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Doctorat de 3ème cycle, Aix-Marseille, 1985
175
Annexe: Liste des monuments et sites classés dans le périmètre urbain de

Marrakech
Tableau n° 15 : Liste des monuments et sites classés dans le périmètre urbain de Marrakech
Textes de clas-
Noms des Monuments / Sites Références
sement
La Muraille, les Portes et l’Enceinte Dahir du 11-08- Bulletin Officiel n°: 95 du
de d’Agdal de Marrakech 1914 21/08/1914, p.678
Dahir du Bulletin Officiel n°: 172 du
Medersa Ben Youssef 28/01/1916 7/02/1916, p.140
Dahir au Bulletin Officiel n°: 423 du
La Mosquée de la Koutoubia 19/11/1920 30/11/1920, p.2016
Les Tombeaux Saâdiens et les 3 Dahir du Bulletin Officiel n°: 482 du
fontaines Saâdiennes (Mouassine, 26/07/1921 17/01/1922, p.58
Bâb Doukkala, Chroub ou Chouf)
Cinq ponts anciens sur l’Oued Issil Dahir du Bulletin Officiel n°: 487 du
à l’Est de Marrakech 22/01/1922 21/02/1922, p.306
Zone de protection le long des
Remparts Ouest de Marrakech et Dahir du Bulletin Officiel n°: 486 du
le long de la nouvelle avenue de la 01/02/1922 14/02/1922, p.268
Koutoubia au Guéliz à l’intérieur des
murs de la ville
La place Jamaâ El Fna 19/02/1922 25/07/1922, p.1188
Palais El Badiâ 18/07/1923 07/08/1923, p.965
Palais Bahia Dahir du Bulletin Officiel n°: 592 du
21/01/1924 26/08/1924, p.382
Le Pavillon et les jardins de la Mé- Dahir du Bulletin Officiel n°: 652 du
nara 30/03/1925 21/04//1925, p.654
Deux Zones de Protection autour Dahir du Bulletin Officiel n°: 723 du
de la Koutoubia 15/07/1926 31/08/1926, p.1622
25/03/1929 16/04/1929, p.1026
Site de la Palmeraie 16/08/1941 12/09/1941, p.907
Décret du Bulletin Officiel n°: 2280 du
20/06/1956 06/07/1956, p.702
Zone de Protection du Site s’éten- Dahir du Bulletin Officiel n°: 961 du
dant au Sud des Jardins de la Ména- 02/03/1931 27/03/1931, p.372
ra et de l’Avenue de la Ménara
Les immeubles domaniaux situés Dahir du
20/06/1933 Bulletin Officiel n°: 961 du
dans les abords immédiats de la 27/03/1931, p.372
mosquée Koutoubia
176
Liste des tableaux
Tableau n° 1: Les dates marquantes de l’évolution de Marrakech......................................................................16

Tableau n° 2: Les principaux espaces verts de la ville............................................................................................18
Tableau n° 3: Les édifices emblématiques de Marrakech.....................................................................................25
Tableau n° 4: Chronologie de la place de Marrakech au sein de l’armature urbaine nationale.........................75
Tableau n° 5 : Evolution des demandes d’autorisation de construire instruites par l’Agence Urbaine de Marrakech :
2000 – 2010.................................... ............................................................................................104
Tableau n° 6 : Evolution des demandes d’autorisation de construire instruites par la commission de dérogation :
2002 – 2010.................................................................................................................................105
Tableau n° 7: Evolution des surfaces urbanisées de 1971 à 2004.................................................................110
Tableau n° 8: Densité démographique par arrondissement.............................................................................110
Tableau n° 9 : Plans d’aménagement sectoriels élaborés au cours des années 70-80......................................120
Tableau n° 10: La consistance des quartiers industriels de Marrakech............................................................126
Tableau n° 11: Evolution de l’effectif de la population de Marrakech.............................................................135
Tableau n° 12: Projections démographiques des documents de planification territoriale...............................136
Tableau n° 13 : Evolution à court terme des besoins annuels en logements....................................................141
Tableau n° 14: Evolution des exportations..................................................................................................151
Tableau n° 15 : Liste des monuments et sites classés dans le périmètre................................................................176
177
Liste des cartes
Carte n° 1: Le circuit touristique des principaux monuments historiques de Marrakech.....................................27

Carte n° 2: Circuit des sept saints de Marrakech...........................................................................................34
Carte n° 3 : Circuit des souks de la Médina.....................................................................................................56
Carte n° 4 : Marrakech en 1868..............................................................................................................67
Carte n° 5: Marrakech en 1913................................................................................................................69
Carte n° 6: Plan de Marrakech en 1935....................................................................................................71
Carte n° 7: Marrakech des années 50........................................................................................................73
Carte n° 8: La situation urbaine de Marrakech en 2012...............................................................................77
Carte n° 9: Utilisation du sol et centralité de la Médina...................................................................................97
Carte n° 10 : occupation du sol.............................................................................................................101
Carte n° 11 : Situation des douars de Marrakech......................................................................................117
Carte n° 12 : Extension de la ville sur ses marges externes (2010).............................................................134
Crédits des Photos
BET (Cabinet d’Architecture et d’Urbanisme de Omar El Idrissi) : 5,6,7,8,9,10,11,12,13,14,15,16,17,18,19, 20,21,

22,23,24,26,27,28,29,30,31,32, 35,36,41,42,43,44,45,47,49,50,51,52,54,55,56,57,58,59,60,61,62,63,64,65,
66,67,68,69,70,71,72,74,84,85,87,88,89,90,91,92,93,94,95,96,97,98,99,100,101, 102,105.
Agence Urbaine de Marrakech : 1,2,3,4,33,37,38,39,40,46,48,53,73,75,76,77,78,79,80,82,83,86,103 .
Internet : www.deviantart.com : 25 , www.darzamanriadmarrakechw.blogspot.com : 34,
www.wikipédia.com : 81, www.sgigroupe.com : 104.
178
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................................5
PREMIÈRE PARTIE : UNE HISTOIRE MILLENAIRE...................................................................................9

INTRODUCTION...........................................................................................................................11
Chapitre 1 : UNE VILLE A FORTE CHARGE HISTORIQUE...................................................................13
1- Un passé riche et glorieux .................................................................................................15
1–1 Une naissance associée à celle d’un Etat ................................................................................15
1 – 2 Une croissance très marquée par la succession de dynasties..................................................15
2- Une sédimentation historique plurielle................................................................................16
2 –1 Les territoires de l’histoire..............................................................................................................17
2 – 2 Les monuments à haute valeur patrimoniale.............................................................................25
2 – 3 Le patrimoine immatériel...............................................................................................................30
Chapitre 2 : TRADITIONS ET IMAGES............................................................................................37
1- Les paysages : richesse et grandeur................................................................................39
1– 1 Des paysages urbains spécifiques...............................................................................................39
1– 2 Des paysages naturels intégrés à la ville......................................................................................42
1– 3 Des perspectives captivantes.....................................................................................................44
2 - Les images : une haute valeur ajoutée............................................................................46
2 – 1 Une image prestigieuse sur plus d’un plan.............................................................................46
2– 2 Une reconnaissance internationale qui n’est pas des moindres.............................................47
3 - Curiosités et spécificités : une personnalité imposante......................................................48
3– 1 Des curiosités qui incitent à l’aventure.....................................................................................48
3 – 2 Des traditions qui reflètent l’identité de la ville...............................................................................52
3 – 3 Des ambiances spécifiques.........................................................................................................55
Chapitre 3 : UN PASSE TOUJOURS PRESENT ET PESANT....................................................................63
1 - Les grandes phases de la croissance urbaine...................................................................65
1- 1 Marrakech précoloniale (1070 – 1912) : Les péripéties d’une capitale...............................65
1 – 2 Marrakech sous le protectorat (1912 – 1956) Le renouveau contemporain............................68
1 – 3 Marrakech postcoloniale................... .........................................................................................74
179
2 - Une macro forme consacrant la centralité de la Médina...........................................76

2 –1 Reproduction continue de la forme radioconcentrique........................................................76
2 – 2 Des tissus anciens au dynamisme différencié..........................................................................78
3 - Une politique du changement dans la continuité............................................................81
3 – 1 La période précoloniale.............................................................................................................81
3 – 2 La période coloniale : 1912 - 1956...........................................................................................81
3 – 3 Le passage à l’indépendance : 1956 - 1975...........................................................................82
3 – 4 Après 1975 ................................................................................................................................84
DEUXIÈME PARTIE : UNE METROPOLISATION EN DEVENIR............................................................87

INTRODUCTION..........................................................................................................................89
Chapitre 4 : UNE MORPHOLMOGIE URBAINE RENOUVELEE.....................................................91
1 - Equilibres et déséquilibres en cohabitation..................................................................93
1 – 1 Une articulation territoriale en renouvellement.....................................................................93
1– 2 Quelle centralité urbaine pour Marrakech ?.........................................................................95
1– 3 De nouvelles générations de tissus urbains largement différenciées..................................98
Les extensions périphériques................................................................................................99
1 – 5 Des disparités territoriales amplifiées....................................................................................100
1 – 6 Les besoins en nouveaux équilibres......................................................................................102
1 – 7 Les villes satellites : une solution ?..........................................................................................102
2 - Des dynamiques urbaines renouvelantes...................................................................103
2 –1 Les dynamiques de production de l’espace urbain..........................................................103
2 -2 Les dynamiques de requalification urbaine..........................................................................107
Chapitre 5 : UNE POLITIQUE URBAINE EN RENOUVELLEMENT.................................................113
1 - Marrakech à l’épreuve de la régulation territoriale..................................................115
1 – 1 Marrakech dans la planification du territoire national...........................................................115
1 – 2 La planification urbaine dans ses dimensions locales..............................................................118
2 - Marrakech à l’épreuve des défis du développement..............................................121
2 – 1 Le tourisme toujours en tête..................................................................................................121
2 – 2 L’immobilier une activité conquérante................................................................................123
2 – 3 Les grands équipements : des avancées à renforcer........................................................123
180
2 – 4 L’industrie un secteur ascendant...........................................................................................126

2 – 5 Les réalisations de prestige : une tendance à soutenir.......................................................127
Chapitre 6 : UN PROFIL METROPOLITAIN EN GESTATION.........................................................129
1 - Un profil historique à mieux fructifier..............................................................................131
1 – 1 Le patrimoine pilier de la métropole de demain.................................................................131
1 – 2 Des tendances hétérogènes à réguler.................................................................................131
2 - Un profil urbanistique à consolider................................................................................133
3 - Un profil démographique tendant vers le gigantisme................................................135
4 - Le profil économique : le point focal du devenir........................................................137
4 - 1 Des assises économiques ancrées et évolutives...................................................................137
4 - 2 Une posture métropolitaine à réaffirmer................................................................................139
5 - Un profil social changeant et exigeant plus de changement..................................140
6 - Quelle posture métropolitaine ?...................................................................................142
6 – 1 Une capitale régionale complète........................................................................................142
6 – 2 Une ville plus présente sur la scène nationale......................................................................142
6 – 3 Une plateforme internationale grandissante........................................................................143
Chapitre 7 : LES EXIGENCES DE LA METROPOLISATION...........................................................145
1 - Le développement économique : un passage obligé..............................................147
1 – 1 Les créneaux porteur...............................................................................................................147
1 – 2 Les secteurs à promouvoir.......................................................................................................150
2 - L’indispensable accompagnement.............................................................................153
2 - 1 Les manifestations de promotion............................................................................................153
2 – 2 Les réalisations de prestige et de rayonnement..................................................................153
2 – 3 Le renforcement de la capacité de la ville à amortir les chocs........................................153
2 – 4 Des équilibres à pré®server........................................................................................................155
Les équilibres fonctionnels...............................................................................................................155
3 - Des choix stratégiques pour un devenir métropolitain...............................................156
3 – 1 Sur le plan urbanistique :.........................................................................................................156
3 – 2 Sur le plan économique..........................................................................................................158
3 – 3 Sur le plan social......................................................................................................................159
181
3 – 4 Sur le plan relationnel..............................................................................................................159

3 – 5 Sur le plan environnemental.................................................................................................160
3 – 6 Sur le plan gestionnaire..........................................................................................................162
SYNTHESE GENERALE................................................................................................................165
1 - Le poids du passé...........................................................................................................166
2 - Les nécessités du présent..............................................................................................168
3 - Les impératifs du futur....................................................................................................170
BIBLOGRAPHIE.........................................................................................................................172
ANNEXE....................................................................................................................................176
Liste des tableaux.....................................................................................................................177
Liste des cartes.........................................................................................................................178
Crédits des photos...................................................................................................................178
182

Evolution Urbaine

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AGENCE URBAINE DE MARRAKECH

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La présente étude relative à l’évolution urbaine de Marrakech, fait de l’arti-

rapp marrakech 07 01 2014.indd 5 11/03/2014 12:13:28

6 Evolution Urbaine de Marrakech - Histoire et Perspectives

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Evolution Urbaine de Marrakech - Histoire et Perspectives

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rapp marrakech 07 01 2014.indd 10 11/03/2014 12:13:29

Evolution Urbaine de Marrakech - Histoire et Perspectives

Marrakech est une ville où le poids de l’histoire est très grand et où le

1- Un passé riche et glorieux

1–1 Une naissance associée à celle d’un Etat

1 – 2 Une croissance très marquée par la succession de dynasties

Tableau n° 1: Les dates marquantes de l’évolution de Marrakech

2- Une sédimentation historique plurielle

2 –1 Les territoires de l’histoire

Tableau n° 2: Les principaux espaces verts de la ville

Espaces verts Superficie : ha

6. Arssat Moulay Abd Essalam 7. Espace vert de la Koutoubia

8. Bab Doukala 9. Bab Irhli

10. Bab L’Arsa 11. Bab Jdid

12. Bab L’Kceba 13. Bab E’RRob

20 Evolution Urbaine de Marrakech - Histoire et Perspectives

rapp marrakech 07 01 2014.indd 20 11/03/2014 12:13:41

14. Bab Agnaou

Evolution Urbaine de Marrakech - Histoire et Perspectives

Souks et quartiers de l’artisanat

De nombreuses activités artisanales ont façonné des

2 – 2 Les monuments à haute valeur patrimoniale

La richesse architecturale et la diversité des styles de décoration et d’agencement

27. Palais Al Bahia

Carte n° 1: Le circuit touristique des principaux monuments historiques de Marrakech

Source : SDAU Marrakech; Agence Urbaine de Marrakech

28. Palais Al Badiâ

29. Tombeaux des Saadiens

28 Evolution Urbaine de Marrakech - Histoire et Perspectives

rapp marrakech 07 01 2014.indd 28 11/03/2014 12:13:52

30. Medersa Ben Youssef

31. La Menara 32. Dar Si Said

Evolution Urbaine de Marrakech - Histoire et Perspectives 29

33. Place Jamaa F’Na entre hier et aujourd’hui

34. Le festival des arts populaires

35. Place Jamaa F’Na entre hier et aujourd’hui

36. Les sept tours dédiées

Les sept patrons de la ville:

Le vrai capital de Marrakech réside dans l’héritage à grande valeur patri-

1- Les paysages : richesse et grandeur

1– 1 Des paysages urbains spécifiques

43. Paysage des palmiers dans les rues

44. Avenue Mohamed VI

45. Avenue Mohamed VI

1– 2 Des paysages naturels intégrés à la ville

46. vue aérienne

47. Trésorerie de Guéliz 48. Vue aérienne

1– 3 Des perspectives captivantes

49. Bab jdid

50. Aménagement de l’avenue Mohamed VI

51. Avenue Bab jdid

2 - Les images : une haute valeur ajoutée

2 – 1 Une image prestigieuse sur plus d’un plan