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Le premier long-métrage de E. Elias Merhige (Shadow of the Vampire) est une rareté!

Begotten
pourrait être qualifié de poème visuel brut, mystique, organique et envoûtant. Le film montre des
personnages/ombres évoluant dans des images hyper contrastées et saturées, résultat de mois de
travail de manipulation de la pellicule (avec un matériel spécialement conçu pour ce film), tant lors
du tournage que lors de traitements ultérieurs. Le rythme du Begotten est construit sur la densité des
images et les pulsions des grains noirs et blancs. La bande sonore, faite de souffles, de murmures,
de cris, ajoute au côté mystérieux et organique. On croit déceler dans le film une vague épopée
mystique empreinte de références religieuses, mais on se laisse surtout porter par le rythme des
images et des sons, créant une atmosphère unique. Une vraie expérience cinématographique.
(notes du programme du Cinéma Nova de Bruxelles)
La structure et la mise en scène de Begotten doivent beaucoup à la tragédie grecque. La chœur grec
notamment apparaît sous la forme des tribus nomades omniprésentes dans le film. L’idéologie
traditionnelle que l’on trouve dans la religion occidentale, avec ses notions dichotomiques ciel/enfer
et bien/mal est abandonnée sur le bord du chemin. La terre devient un symbole de la force créatrice,
gouvernée par une moralité du positif et du négatif. Le temps dépeint dans Begotten est antérieur au
langage parlé, la communication s’effectue à un niveau sensoriel.
(notes d’Elias Mehrige)
Il a fallu quatre ans à Elias Mehrige pour faire son film. Begotten est l’histoire d’une mère et de son
fils, de leur odyssée dans une contrée sauvage et de leur lutte désespérée pour survivre alors qu’ils
rencontrent des tribus nomades qui établissent avec eux un rapport rituel avant de se déchaîner dans
une folie violente et dévorante.
Edmund Elias Mehrige est né à Brooklyn en 1964. Il fonde en 1985 TheatreofMaterial, dont le
travail a servi de base pour Begotten. A la fois peintre et cinéaste, il est très influencé par l’art
primitif et tribal : les monolithes de Stonehenge, les sites funéraires des Mound Builders, les Dream
Paintings des aborigènes, et les cérémonies sacrées des peuples africains et océaniens. Mais
également par des artistes expressionnistes comme Bosch, Goya, Courbet, Munch et des cinéastes
comme Kirsanov, Eisenstein, Lang, Bunuel. La poésie et le théâtre environnemental occupent une
place importante pour lui dans son activité artistique. Mais frustré par les limites du langage, il se
tourne vers le cinéma.
(notes du programme de présentation du MOMA de New-York)
La plus grande réussite de ce chef-d’œuvre hallucinatoire est de nous forcer à ressentir plutôt qu’à
regarder, les mentalités ataviques et les rituels brutaux d’humanoïdes il y a plusieurs millénaires.
Obsessionnel, cauchemardesque, flamboyant, déstabilisant, il envahit notre subconscient, et fait
remonter à la surface, aussi fort que nous résistions, nos propres peurs primitives et nos désirs
inavoués. Une expérience cinématographique unique, et un nouveau talent majeur.
(Amos Vogel, auteur de Film as Subversive Art – Random House)
Certains moments du film ont un effet aussi saisissant que l’œil entaillé dans Un Chien Andalou, à
part que le but est inverse : si le surréalisme de Bunuel et Dali avait le plaisir de choquer, Merhige
cherche à nous mettre mal à l’aise et à nous émouvoir, à nous atteindre dans notre chair pour
stimuler ces émotions qui intéressaient tant les Grecs. Le film possède un caractère authentiquement
primitif, une pureté crépusculaire. Vous ne l’aimerez peut-être pas ; vous ne l’oublierez pas.
(Film Comment)
Le premier film d’Elias Merhige ressemble à peu de choses déjà projetées sur un écran. On pourrait
croire à un documentaire fait il y a plusieurs milliers d’années sur un clan inconnu dément, qui
aurait été enterré dans la toundra et découvert aujourd’hui miraculeusement intact. Begotten est si
déstabilisant et original qu’une partie du public se précipitera vers la sortie. Les autres pourraient
bien rester marqués de nombreuses années.
(Village Voice)
Le premier film d’Elias Mehrige est une des plus exigeantes et courageuses expérimentations nées
de la scène indépendante américaine depuis Jonas Mekas. Muet, hallucinatoire, profondément
dérangeant, il a le pouvoir de tout autant insupporter et intoxiquer, et il le fait sans s’excuser à
aucun moment auprès de ses sources, aussi intellectuelles et « prétentieuses », que sont Luis Bunuel
et Carl Dreyer. Begotten est un chef-d’œuvre et un test de Rorschach comme le meilleur du cinéma
expérimental peut l’être : il a la force de conviction et le dynamisme des premiers films de
Brakhage – ceci dit si ce dernier avait été influencé par William Blake plutôt que par William
Burroughs.
(Walter Chaw – filmfreakcentral.com)
Quoiqu’il soit arrivé à la Recherche et à la Découverte dans les arts d’aujourd’hui, les artistes
doivent se comporter en archéologues si le cinéma visionnaire veut vraiment montrer ce qu’il a dans
le ventre. Ils devront revenir aux profondeurs de l’inconscient collectif pour découvrir ce que nous
sommes. De ce rêve universel pourront émerger nos voix les plus personnelles et déterminées.
(notes d’Elias Mehrige)

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