Vous êtes sur la page 1sur 20

SAPU-L4013 : Méthode qualitative

Retranscription d’entretien

Codage : I = Interviewé/ C = Chercheur


Légende : X = Remplace les noms de marques ou de lieux + (précisions)

C : « Alors voilà, j’ai mis l’enregistrement en route, à partir de maintenant, tout est
enregistré. »

I : « Ok. »

C : « Alors, je vous avais demandé de prendre un objet, donc, pourriez-vous me décrire l’objet
que vous avez choisi pour montrer ce qui est important pour vous dans l’alimentation ? »

I : « Alors c’est en bois. Il y a un trou à l’extrémité, et euh, voilà [rires], je le décris, ben,
c’est, euh, une cuillère en bois en fait, euh, qui fait plus ou moins 25 centimètres de long, je
sais pas si vous avez besoin de, euh, d’autres descriptifs, mais ?... »

C : « Euh, non, je pense qu’on peut voir une cuillère en bois [rires]. Alors, pourquoi avez-
vous choisi, en particulier, cet objet ? »

I : « Ben parce que, pour moi, une cuillère en bois, c’est ce qui représente le mieux la cuisine
parce que une cuillère en bois ça s’utilise, euh, dans plein de recettes. Je veux dire, ben à
chaque fois que je cuisine, euh, je l’utilise ou quasiment en tout cas. Euh, j’aurais pu prendre
une casserole parce que ça aussi, ou une poêle, ça représente la cuisine, mais la cuillère en
bois est utilisée justement dans des casseroles, des poêles, dans, dans je sais pas, dans plein de
choses, dans le X (marque d’un autocuiseur), j’utilise la cuillère en bois. Donc, pour moi,
c’est ce qui représente le mieux la cuisine étant donné que, ben ça fonctionne dans tout. »

C : « Alors, en quoi cet objet est-il lié ou non à votre famille et à la manière dont elle conçoit
les repas et l’alimentation ? »

I : « Ben pour moi le, la cuisine, c’est le partage et donc ça rejoint la famille, euh maintenant,
effectivement, je crois que j’utilise, ‘fin, j’utilise cette cuillère dans, dans le sens où, où ça a

1
un lien familiale évidemment parce qu’on a toujours utilisé ça, dans ma famille avec mes
parents, euh, peut-être s’ils avaient utilisé une cuillère en métal, euh, j’aurais utilisé une
cuillère en métal mais on m’a toujours appris, euh, que dans le Téflon, parce qu’on a des
casseroles et des poêles en Téflon de la marque X (marque d’ustensiles de cuisine) à la
maison, il ne fallait pas y aller avec une cuillère en métal ou une fourchette pour ne pas la
griffer et pour ne pas que, euh, ça en devienne cancérigène. Donc, ça vient de la famille, donc
ça vient de mes parents évidemment parce que c’est eux qui m’ont appris à utiliser une
cuillère en bois et pas autre chose comme ustensile. »

C : « Et donc, du coup, en quoi cet objet est-il lié ou non à votre propre vécu personnel lors
des repas et de l’alimentation ? »

I : « Ben, c’est lié au, à la famille aussi, euh, dans le sens plus large, dans le sens où le, euh,
les, enfin, un repas de famille, euh, ça tourne, euh, une réunion de famille, pardon, ça tourne
toujours autour d’un grand repas dans ma famille, euh, et donc, ben forcément, qui dit repas
dit cuillère en bois [rires] pour préparer tout ça, donc, euh, voilà, globalement ça a un lien,
lien familial au sens large. »

C : « Alors, quels sont les aliments ou ingrédients qui revenaient souvent dans votre
alimentation pendant votre enfance et votre adolescence ? »

I : « Euh, les aliments, alors, il y avait, euh, ben, tout ce qui était : pâtes, euh, du riz, pommes
de terre, euh, ‘fin, je crois que ça, c’est tous les basiques. Euh, après, ce qui revenait aussi,
bah, c’est toujours, euh, une viande, une sorte de viande. Moi, je me rappelle, qu’on mangeait
souvent du bœuf, plus rarement du poulet, je pense. Mais bon, c’est assez vague, mais c’est
des aliments qui revenaient assez souvent. Euh, il y avait aussi pas mal d’aliments euh, euh,
euh [hésitations], comment, des, des, déjà préparés. Donc, moi je me souviens, quand j’étais
petit, euh, ‘fin j’étais petit, quand j’étais plus jeune en tout cas, ben, ça arrivait assez
régulièrement, euh, que, euh, je mange une pizza, ou des burgers achetés sous-vide et à mettre
aux micro-ondes, donc, euh, ça revenait quand même. Sinon, ben, pff, des charcuteries, ouais,
du jambon pour mettre dans les tartines à midi. De, des salades diverses et variées, euh,
remplies de mayonnaise [rires]. ‘Fin, c’est pas très sain, mais c’est, c’est, c’est l’alimentation
que j’avais, je pense, ‘fin, ouais, c’est, c’était ça quand j’étais plus jeune, hein, euh,

2
globalement, euh, et donc, la question, euh, pour revenir parce que je suis en train de
m’éparpiller. Vous me disiez la question ? »

C : « Les aliments et ingrédients qui revenaient souvent dans votre alimentation durant votre
enfance et votre adolescence ? »

I : « Et ben, oui, ben, voilà, on a fait le tour des aliments. Niveau ingrédients, bah, des pâtes,
des pâtes sauce, de la sauce tomate, ‘fin, des pâtes carbonara, euh, c’est tous des plats et des
ingrédients que je mangeais. J’essaye de me souvenir en même temps, hein, que j’explique, je
réfléchis. Euh, après, il y avait tout le côté « fast-food », aussi. Pour être complet, euh, je veux
dire, que peut-être une fois par semaine, ou une fois, toutes les deux semaines, on mangeait
fast-food, euh, une friterie ou quelque chose dans le genre, pff, ouais, je pense au X (chaîne
de restauration rapide), mais non, c’était plus, « friterie » à l’époque, quand j’étais petit
[rires]. Donc, euh, voilà. Puis, j’allais, allais aussi avec ma grand-mère, pour rester dans le
côté « fast-food », avec ma grand-mère au X (chaîne de restauration rapide), euh, tous les,
euh, les mercredis midi, euh, parce qu’elle venait me rechercher à l’école simplement. ‘Fin, je
sais même pas si c’était, non en fait, c’était pas le mercredi, euh, avec cette grand-mère-là
c’était un jour de semaine, elle venait me rechercher à l’école et pour passer le temps de midi,
euh, on allait manger au X (chaîne de restauration rapide), effectivement, et puis je retournais
à l’école après-midi. Et avec mon autre grand-mère, euh, on allait, euh, le mercredi,
justement, le mercredi midi, on allait manger un bout, parfois, c’était au X (chaîne de
restauration rapide servant des pizzas), ou enfin, en règle générale, c’était au X (chaîne de
restauration rapide servant des pizzas) et puis on allait au cinéma qui était, se trouvait en face
du X (chaîne de restauration rapide servant des pizzas), donc euh, ici, à X (ville en
Wallonie). Mais ça, c’était quand j’étais un peu plus jeune, je pense, de mémoire. Et le X
(chaîne de restauration rapide) avec mon autre grand-mère, donc c’était, euh, quand j’étais en
secondaire. Parce que, ben, je n’étais pas un grand fan de l’école et, et , et si ça me permettait,
et ça me permettait, en fait, de me retrouver avec ma grand-mère et de, de m’extirper un petit
peu de ce « côté » scolaire pour au moins un temps de midi. »

C : « Alors du coup, concernant les aliments et ingrédients, pourquoi, à votre avis, ces
aliments étaient-ils souvent utilisés par votre famille ? »

3
I : « Ben, je pense qu’il y a une part de, euh, d’habitude, euh. Pâtes, riz, pommes de terre,
viandes, légumes, c’est des repas qu’on mangeait tous les jours, donc, il y a une certaine
habitude qui, qui, s’est installée, probablement, enfin pas probablement, c’est sûr, qui vient
de, donc, euh, de mes parents, de mes parents qui probablement mangeaient déjà ça du temps
de leurs parents, enfin, c’est de euh, génération en génération, j’pense, donc ça c’est toute une
question d’habitude de repas chauds le soir, avec, euh, euh, avec, euh, une viande de, euh, un
légume et des féculents. Et puis d’autre part, on avait, ben, c’était probablement une question
de facilité, parce que mes parents travaillaient, donc, le côté « fast-food », euh, hum, c’était
une question de facilité. Donc, il y avait mes parents qui travaillaient, donc, c’était plus facile,
ben, un jour par semaine ou une fois, toutes les deux semaines, je sais plus, d’y aller. C’était
une soirée tranquille. Avec ma grand-mère, ben, effectivement, euh, ça permettait aussi de
sortir un petit peu du quotidien et c’était, aussi, par facilité, au final, parce que ça va vite, euh,
et puis ça fait plaisir aussi, euh, quand on est gosse, ça fait plaisir d’aller au « fast-food » et,
euh, sortir un peu, et de changer, en fait, du train-train quotidien et de la cantine où c’était des
sandwichs ou tartines que ma maman me préparait, parfois de la soupe qu’on, que je prenais,
euh, au self ou quelque chose dans le genre, enfin, ben, pour finir, au final ça change. Il y a le
côté habitude et le coté changement et, et hors des habitudes et aussi facilité. Voilà, c’est les
points, euh, je pense, euh, du pourquoi on mangeait comme ça et voilà. »

C : « Y a-t-il des plats typiques dans votre famille ? »

I : « Euh, oui, il y a des plats typiques. Alors, il y en a un, particulièrement, c’est le pot-au-
feu, euh. Tous les premiers novembre, chaque année, comme c’est férié, on se retrouve chez
ma grand-mère et elle nous prépare un pot-au-feu, donc, c’est, euh, c’est, simplement, une,
une grande marmite avec plein de légumes. Il y a des carottes, des navets, des pommes de
terre, des poireaux, du céleri, des oignons, j’pense, et un morceau de jarret, comme elle
appelle ça, ou un osso-bucco à l’intérieur et, euh, et c’est cuit, en fait, et ça fait un espèce de
bouillon. Donc, tous les premiers novembre, à la toussaint, ben la tradition, ben oui, c’est que
l’on se retrouve chez ma grand-mère qui habite pas très loin du cimetière et donc, on mange le
pot-au-feu, euh, le midi. Avant le pot-au-feu, on a un bouillon avec des vermicelles dedans, et
puis, ben, euh, on a le pot-au-feu et on va au cimetière et voilà. Ca permet, en fait, de se
retrouver en famille, mais c’est, c’est une tradition que je connais depuis que je suis, euh, je
suis enfant, c’est, c’est, enfin voilà, ça a toujours été comme ça, c’est un plat familial et
réconfortant par, euh, par excellence, ben, parce qu’on sait qu’on va se retrouver et passer un

4
bon moment, chez ma grand-mère. Et même si, si c’est pas le meilleur plat du monde, c’est,
euh, il l’est parce que c’est réconfortant et c’est plus psychologique que gustatif, en fait. Donc
on a ça, et puis sinon, euh, comme plats familiaux, ben, je dirais qu’on a plusieurs choses. En
hiver, je dirais qu’on a la tartiflette chez ma marraine. Elle prépare une tartiflette qui est, qui
est, ben, super bonne. Et donc, chaque hiver, on a au moins droit, une fois, à une tartiflette,
euh, lors d’un anniversaire ou d’un repas quelconque, lors d’une soirée familiale. Et l’été, ben,
on a les barbecues, euh, je pense, comme dans beaucoup de familles. C’est des barbecues,
euh, euh, à la moindre occasion, quand il fait beau, euh, à Pâques, euh, quand il y a une fête,
quand il y a un anniversaire, ben, c’est barbecue, globalement à quoi se résume les plats
traditionnels dans ma famille. »

C : « Alors, euh, en quoi la transmission d’une culture familiale joue-t-elle un rôle dans ce
choix d’aliments ? »

I : « Ben, la transmission familiale, euh, effectivement, elle joue un rôle, je pense ou, ou si,
euh, j’avais eu une famille d’italiens, peut-être qu’on mangerait des pâtes avec un osso-bucco
le premier novembre ou, euh, si j’avais eu une famille maghrébine, ben, peut-être qu’on
mangerait le couscous, euh, au moment propice, aux fêtes traditionnelles musulmanes. Voilà,
en quoi la culture, pour moi, et je parle dans la culture au sens large fait partie de ces
traditions. Simplement, parce qu’enfin, ma famille est d’origine belge, belgo-française, à vrai
dire, mais, euh, et voilà, c’est, euh, c’est, c’est, la cuisine, c’est culturel, euh, parce que, bah,
un allemand mange pas la même chose qu’un français et, euh, un français mange pas la même
chose qu’un suédois et un chinois, ben voilà, c’est culturel dans ce sens-là. Puis, c’est marqué
par la culture, notre culture, qui est belge. »

C : « Euh, donc, ici, vous venez de répondre à mes futures questions, donc, euh, en quoi la
santé était-elle un facteur qui orientait ce choix d’aliments ? »

I : « Pff, ben, je crois que la santé n’était pas un facteur, parce que [rires], euh, peut-être, mis à
part les légumes, oui, avec le plat chaud, euh, on regardait pas vraiment à la santé quand on
allait au X (chaîne de restauration rapide) ou à la friterie. On regardait pas vraiment à la
santé, quand on, on mangeait des pièces de bœuf, euh, par je ne sais pas, je ne me rappelle
plus des quantités mais c’est, dans mes souvenirs, euh, c’étaient deux steaks, le soir, quoi. Ca
ne se limitait pas à un steak de 125 grammes, enfin, pas tous les jours, mais je veux dire, on

5
ne regardait pas à la santé quand, enfin, dans ma famille en tout cas, on ne regardait pas à la
santé quand on mangeait parce qu’on mangeait, euh, mangeait gras, avec une quantité de
beurre, euh, euh, assez importante, euh, dans les plats cuisinés. Moi, je me souviens que ma
maman, euh, elle cuisinait les pâtes et une fois que les pâtes étaient égouttées, on rajoutait,
euh, de la margarine dans les pâtes. On cuisait la viande avec de la margarine, on mettait de,
euh, de euh, la crème dans les champignons, de la crème pas forcément légère, euh. Ca a
toujours été une cuisine riche, euh, ça été, euh, parfois, des plats préparés en rentrant de
l’école. Ca été des fast-food et des friteries et des, ces, ces choix n’ont pas été faits pour la
santé [rires], bien au contraire, qui, qui a d’ailleurs engendré chez moi, de l’obésité importante
et, euh, ça ne m’a pas porté préjudice parce que ces kilos à l’heure actuelle, je les ai perdus,
mais, effectivement, si la santé avait été influencée, enfin si la santé avait influencé le choix
de mes parents, euh, concernant la nourriture et l’alimentation, ben je pense que je n’aurais
pas été en obésité, tout simplement. »

C : « D’autres facteurs ont-ils joué un rôle ? »

I : « Ben, probablement le facteur social, oui. Le facteur social, dans le sens où, euh, si mes
parents avaient été plus riches ou, ou si j’avais été éduqué dans une famille peut-être plus
éduquée, parce que mes parents n’ont pas fait de hautes études, mais, ça, ça a certainement
joué dans leurs choix parce qu’ils n’étaient pas au courant ou conscient du mal qu’ils étaient
en train de faire, enfin, qu’ils étaient en train de faire si on peut dire sur la santé, oui, euh,
peut-être par un manque d’éducation, oui, euh, pour recentrer la question c’est ? Pardon ? »

C : « C’était : d’autres facteurs qui jouaient un rôle sur l’alimentation ? »

I : « Oui, donc, euh, le facteur social effectivement, de la richesse ou de la pauvreté. Euh, et


de l’éducation du coup. Parce que c’est lié, euh. Si on avait été plus riche, peut-être qu’on
aurait été manger au restaurant le midi, euh, quand ma grand-mère venait me chercher, euh, à
l’école. Oui, euh, on aurait mangé au restaurant peut-être des choses plus équilibrées qu’un X
(chaîne de restauration rapide), ou un X (chaîne de restauration rapide), ou un X (chaîne de
restauration rapide servant des pizzas), euh, donc, effectivement le rôle de l’argent sur
l’alimentation est important. »

6
C : « Alors, quels sont les aliments et ingrédients qui ont, au contraire, été interdits ou
vraiment très rares dans votre alimentation pendant votre enfance ou votre adolescence ? Et
votre adolescence ? »

I : « Mais, interdit, j’en avais pas vraiment, euh. Maintenant, j’ai été allergique aux blancs
d’œufs jusque, euh, beuh, je sais pas quel âge, j’avais 6/7 ans peut-être. Oui, l’interdit, c’était
le blanc d’œuf. Je ne pouvais pas en manger. Maintenant ce qui était moins fréquent et que
j’aimais peut-être le moins, c’étaient les choux de Bruxelles, euh. Je réfléchis, on mangeait
moins de poisson qu’on ne mangeait de viande aussi, euh, ben aussi pour le facteur, euh, je ne
sais pas si c’était par le facteur richesse, parce qu’on ne peut pas dire qu’on était dans la dèche
non plus, mais, euh, sur le facteur sociale dans le sens ou, peut-être qui, si encore une fois mes
parents avaient été éduqués d’une manière différente, ben, ils auraient eu l’habitude de
manger du poisson deux fois semaine ou peut-être plus, ou, ou, voilà. Maintenant, c’était
comme ça, j’avais moins l’habitude de manger du poisson, oui, sans doute, euh, en plus c’est
pas que j’étais un grand fan, donc, voilà. Je suis en train de réfléchir aux aliments qui étaient,
euh, moins habituels. Maintenant, on a tous les aliments, évidemment, de classes supérieures
qu’on réservait qu’aux fêtes et tout ça. Je veux dire, du homard, il m’arrivait de manger des
pinces de crabes aussi, mais, enfin, je veux dire, c’est quand même quelque chose de rare.
Euh, on n’a jamais mangé de caviar par exemple [rires]. J’ai goûté ça beaucoup plus tard.
Euh, je réfléchis, ben, pff, ouais, le foie gras, ben, c’était une fois par an, peut-être 2 fois aux
fêtes, quoi. Voilà, ça, c’étaient des aliments qui étaient plus rares chez nous, euh, parce qu’on
réservait ça, a une certaine catégorie de fêtes et d’événements, tout simplement. »

C : « Euh, en quoi la transmission d’une culture familiale jouait elle un rôle dans cette
interdiction ou rareté de certains aliments ? »

I : « Ben, on réservait, comme je viens de le dire, on réservait les aliments, je veux dire, un
peu plus luxueux, aux fêtes, mais par culture, tout simplement, parce qu’on fête Noël, on fête
le nouvel an le 31 décembre, euh, c’est, c’est quelque chose qu’on ne fête pas à ces dates-là et
on ne fête, pas forcément, ces fêtes-là dans le reste du monde. Nous, les occidentaux,
effectivement, on, on, réserve ces aliments-là [toux] aux fêtes, à ces fêtes particulières. Euh,
vous pouvez juste répéter. »

C : « Euh, je demandais le lien qu’il y avait avec la transmission d’une culture familiale ? »

7
I : « Ah, oui, la transmission, la culture familiale. Euh, ben comme je le disais, le poisson, par
exemple, pour, euh, passer à autres choses que les aliments festifs dans la culture [rires], peut-
être que le poisson, euh, si mes parents avaient eu l’habitude de manger du poisson 2 fois
semaine, 3 fois, je ne sais pas, peut-être, plus régulièrement, ben, ils auraient reproduit le
même modèle, simplement, euh, mes grands-parents n’étaient pas très riches, et, euh, et
certainement n’avaient pas les moyens d’offrir du poisson plusieurs fois semaine. Je crois que
mes parents ont un peu reproduit ça avec moi, sans doute, euh, enfin oui, je crois qu’on
reproduit toujours un peu ce que les parents font et puis ça évolue tout doucement, donc euh,
la culture, ouais, c’est, c’est aussi lié à la culture et à la transmission familiale et… »

C : « Et concernant l’appartenance à une région ? Vous avez des… »

I : « L’appartenance à une région, oui, parce que [rires], j’ai de la famille en France comme je
disais, ma famille est franco, belgo-française, parce qu’elle est plus belge que française, mais,
je, j’ai de la famille dans le nord de la France, et, et c’est vrai que, euh, ben,
traditionnellement, quand on allait dans le nord de la France, dans ma famille, ben, on nous
servait du cassoulet. Du cassoulet qui était fait par ma grand-tante, la sœur de mon grand-
père, et, euh, c’était toujours comme ça, en fait. Euh, c’est, c’est, c’est la région peut-être qui
voulait, parce, enfin, parce qu’encore c’était pas la région du cassoulet mais la France ou
quelque chose dans le genre. Et puis, c’était toujours basé sur le pain parce qu’en France, on
mange beaucoup de pain. La baguette, en tout cas, pas vraiment du pain comme on, on entend
chez nous, mais de la baguette, euh, ouais, la région, c’est lié à la région. Je me souviens
aussi, quand on y allait, bah, nous, on apportait des plats de chez nous, on leur rapportait, par
exemple, ma grand-mère cuisinait toujours des boulettes sauce tomate pour leur apporter, ben,
parce que c’est un plat, euh, qui est, je pense, typiquement belge, wallon en tout cas, et donc,
on apportait des boulettes sauce tomate. ‘Fin, euh, ça, c’était un échange, c’était un échange,
et on apportait des spécialités de chez nous, on apportait du chocolat, en terme de boisson
aussi, on apportait de la bière et de la spécialité de chez nous, quoi. Et eux préparaient des
spécialités de chez eux. »

C : « Et concernant les interdictions et raretés de certains aliments ? »

I : « Par rapport à la région ? »

8
C : « Oui ? »

I : « Euh, pff, raretés, je sais pas, peut-être que c’était plus rare, oui. C’était encore plus rare,
oui, de manger des aliments festifs dans ma famille en France [rires]. Pff, simplement, par
culture aussi, euh, finalement, euh, ils étaient encore moins riches que dans ma famille en
Belgique, donc, euh, on avait pas des aliments festifs là-bas, mais on passait toujours
d’excellentes soirées parce qu’on se retrouvait autour de grands repas à 15, 20, 25 personnes,
même plus. Où on invitait plein de gens. Maintenant, je me souviens aussi, de fêtes
organisées, euh, en France, dans ma famille, où, euh, on faisait des grands banquets. C’était
assez chouette, d’ailleurs. Il n’y avait rien d’interdit pour autant. Mais c’était plus rare
d’organiser des grands banquets avec service traiteur et cetera. Et, je me souviens d’un truc,
enfin, c’est, c’est tellement rare que j’en ai plus jamais remangé depuis. C’était un espèce, une
espèce de terrine de pâté en forme de canard avec de la gélatine autour. C’était dégueulasse et,
euh [rires], et j’en ai plus jamais remangé depuis, je sais même pas si ça se fait encore. Ben,
c’était en France, c’était en France, euh, il faisait ça, c’était, c’était la, euh, spécialité du
traiteur, je sais pas, euh, et on nous a servi ça en entrée avec un morceaux de pain. C’était en
forme de, comme un petit canard, euh, un petit canard en plastique, euh, je suppose que leur
moule, c’était le même moule qu’un canard en plastique [rires] et c’était du pâté, euh, voilà,
c’était rien de fameux, mais c’est tellement rare que j’en ai plus jamais mangé depuis, j’en ai
mangé qu’une fois, je pense. »

C : «Hm. Alors, en quoi la transmission d’une religion jouait-elle un rôle dans l’interdiction et
la rareté de certains aliments ? »

I : « Euh, ben, on a jamais eu d’interdiction. Si, concernant la religion, on a une interdiction,


enfin, c’est pas une interdiction parce que, on nous a jamais mis le couteau sous la gorge,
mais le vendredi saint, euh, on mange pas de viande dans ma famille, par exemple. A Noël, on
mange riche et, et, et on fête Noël parce que c’est une fête, euh, c’est une fête chrétienne
malgré tout, donc, oui, la, la, la religion a un sens là-dessus, parce qu’on fête Noël et, et qu’à
Noël, on mange bien, euh. A Pâques, on mange de l’agneau, donc ça a aussi une influence,
euh, mais on parle des interdits là ? »

C : « Oui. »

9
I : « On parle des interdits, oui, bof, c’est pas vraiment des interdits, mais c’est plutôt des
traditions liées à la religion, donc la question exacte, c’était ? »

C : « Mais c’était le rôle de la religion concernant les interdictions et la rareté de certains


aliments. »

I : « La rareté, oui, oui, mais c’est vrai qu’on, que l’agneau, on en mange plutôt à Pâques,
mais par tradition chrétienne catholique. Euh, on en mange plus rarement en d’autres temps.
C’est vrai qu’à Pâques on mange de l’agneau, euh, maintenant je me souviens aussi de
communions, euh, euh, dans ma famille, on mangeait en dessert, euh, l’agneau Pascal, qu’on
coupait et, et il y avait du sang qui sortait de la tête, c’était un peu barbare, mais, euh, c’est,
c’est aussi des aliments, euh, qu’on mange pas tous les jours, euh, donc forcément, c’est plus
rare et, euh, mais c’est aussi induit par la religion, par, euh, parce que l’agneau fait partie de la
communion et cetera machin bazar et, enfin, on va pas refaire l’histoire de, du catholicisme
mais, mais évidemment, c’est induit par ça. »

C : « Euh, en quoi la santé était-elle un facteur qui orientait une interdiction ou une rareté de
certains aliments ? »

I : « Ben, comme je le disais tout à l’heure, ça n’a jamais, réellement, été une interdiction de
quand j’étais plus jeune, en tout cas. Dans ma famille, euh, on regardait pas, réellement, euh,
euh, euh, à, à, pff la santé quand on, on préparait des aliments. Maintenant, euh, peut-être que
ça [rires], rejoint la santé, enfin, pour moi, ça rejoint la santé, c’est l’utilisation de la cuillère
en bois. Euh, dans la cuisine, parce que, ben, du métal sur du téflon, ça enlève le téflon, ça fait
des griffes, et de ce fait, euh, ben, ça, ça induit un risque de cancer, donc, pas réellement dans
la cuisine, mais dans la préparation de la cuisine, en tout cas, on avait l’interdiction d’utiliser
des cuillères en métal sur du teflon pour éviter le risque de cancer, donc, ouais, ça induit de,
quand même quelque chose sur la santé. Ca a quand même un lien finalement [rires]. On
faisait, quand même, attention un petit peu, un minimum, à la santé, même si réellement, euh,
on mangeait gras et, et, et, certainement avec excès aussi. »

C : « Et d’autres facteurs ont-ils joué un rôle dans ces interdictions/raretés de certains, de la


consommation de certains aliments ? »

10
I : « Euh, non, non, non. Les allergies, bah, ouais, oui, si au final, parce que j’étais allergique
au blanc d’œuf. Si j’avais pas été allergique, euh, j’en aurai mangé, donc oui, c’est la santé
qui fait que je pouvais pas manger de blanc d’œuf. »

C : « Alors, quelles habitudes en matière de choix d’aliments ou d’ingrédients avez-vous


conservé ? »

I : « Ben, je dirais, euh, euh, le traditionnel repas du soir, c’est toujours régit par des légumes,
des pommes de terre, et un morceau de viande, en règle générale. C’est comme cela que ça se
passe. Euh, donc c’est une habitude que, qu’on, que j’ai gardé, hum, parce que ça a toujours
été comme ça en fait, euh. Donc, c’est une habitude alimentaire que j’ai gardée. Maintenant,
euh, il y a aussi le fait de manger, euh, enfin, on mange un plat chaud pendant la journée et on
mange un repas, enfin, un repas froid entre guillemets, euh, des tartines ou quelque chose de
plus léger parce que, beuh, par exemple, dans ma famille, hum, ils mangent deux plats chauds
pendant la journée plus le petit-déjeuner. Moi, je ne déjeune pas, par exemple. Ca, c’est
quelque chose que j’ai gardé aussi, euh, des habitudes de ma famille, c’est que, ben, on a
jamais été habitué à prendre un petit-déjeuner le matin. »

C : « Et par contre, quelles habitudes en matière de choix d’alimentation ou d’ingrédients


avez-vous, euh, euh, adaptés ou abandonnés ? »

I : « Ben, j’ai adapté, dans le sens où on mange beaucoup plus de légumes à l’heure actuelle.
Euh, j’ai réduit, le, les quantités de viandes et de féculents, aussi. Ben, simplement parce que,
j’ai fait un réqui, rééquilibrage alimentaire avec l’aide de X (nom d’un programme de
régime). Et donc, ben, maintenant, c’est légumes à volonté, et, euh, la viande, on se limite à,
euh, en règle générale, je me limite à 100/125 grammes de viande. Boh, il y a des exceptions
évidemment, mais dans le quotidien, c’est ce qu’on essaie de, euh, de réguler. Et les féculents,
pff, ça tourne autour de, euh, peut-être entre 100 et 150 grammes ça dépend un peu du type de
féculents, hum, qu’on mange, mais globalement, voilà, c’est un max de légumes, euh, et un,
un minimum de viandes et de féculents. Maintenant, euh, il arrive aussi que, euh, certains
jours de la semaine, on mange pas de viande, euh. Tout simplement, euh, parce qu’on essaie
de limiter la consommation de viande parce qu’on sait que ce n’est pas, euh, optimale pour la
santé. Aussi, pour la planète, parce que, ben, euh, euh, pardon, on, on ne va pas, euh, je veux

11
dire que si on réduit la consommation de viande, ben, ça fera aussi du bien à la planète. Donc,
tout ça fait que j’ai changé mes habitudes alimentaires. Maintenant, j’ai gardé le fait de ne pas
déjeuner, pas prendre de petit-déjeuner le matin. Je sais que ce n’est pas très bien, mais, euh,
c’est comme ça et, euh, garder un repas plus léger pour le midi, donc, un sandwich ou une
tartine ou de la soupe avec un morceau de pain ou quelque chose dans le genre. Ca, c’est des
habitudes que j’ai gardés, mais globalement, j’ai réellement changé, euh, ma manière de
consommer de par rapport à quand j’étais gamin. J’ai, aussi, réduit un maximum les sucres, je
veux dire, euh, j’utilise beaucoup, beaucoup, enfin, beaucoup, beaucoup, j’utilise des
édulcorants, je bois plus de boissons sucrées, c’est uniquement de l’eau, euh, ou une boisson
zéro avec édulcorants. Euh, je mange plus de matières grasses ou quasiment plus, euh, les
matières grasses ça se limite à l’huile d’olive pour, euh, la cuisson ou l’assaisonnement et
peut-être un peu, oui dans une sauce ou l’autre, euh, ou dans une crème, mais une crème
légère, aussi. Enfin, je veux dire, euh, je, j’ai réduit très fort la, le, la quantité de graisses
consommées et de sucres consommés, aussi, surtout le sucre raffiné. J’essaye de prendre des
sucres les plus naturels possibles, je, j’essaye de consommer du miel ou du sirop d’agave ou
du sirop d’érable ou ben, voilà, toutes des choses un peu plus naturelles, meilleures pour la
santé ou des édulcorants qui ne sont pas forcément bon pour la santé, mais qui sont bons pour
la ligne. »

C : « Alors, dans votre famille, quel(s) étai(en)t la ou les personnes chargée(s) de faire les
courses, en général ? »

I : « Euh, ben, en règle générale, c’était ma maman qui faisait les courses. Euh, voilà, c’était
son rôle.»

C : « Et pourquoi, à votre avis ? »

I : « Ben, déjà, par facilité, parce que ma maman travaille dans une grande surface, donc, bah,
forcément, par facilité, euh, euh, c’est elle qui faisait les courses après le boulot, ou, ouais,
oui, c’est après le boulot parce qu’avant, c’est plus rare. Ouais, aussi, euh, le, les mœurs qui
font que ben, euh, mon père, euh, s’attelait, s’attelait à l’époque rarement aux tâches
ménagères. C’est ma maman qui préparait le repas, même quand elle finissait tard, c’est euh,
ma maman qui s’occupait du ménage et cetera. Donc, euh, voilà, globalement, c’était elle qui

12
s’occupait de ça, ben, euh, par mœurs, on avait pas, euh, les mouvements féministes il y a
25/30 ans, donc, c’était comme ça et voilà. C’était son rôle entre guillemets. »

C : « Alors, dans votre famille, quelle(s) étai(en)t la ou les personnes chargée(s) de préparer le
repas, en général ? »

I : « Ben, voilà, encore une fois, c’était ma maman, parce que, c’était à l’époque, la coutume
que les femmes préparent le repas et l’homme n’a plus qu’à mettre les pieds sous la table pour
manger. Heureusement, c’est en train d’évoluer et moi, je fonctionne pas du tout comme ça,
mais, euh, à l’époque, c’était ma maman qui faisait le repas, parce que c’était de coutume que
les femmes fassent le repas, oui. Voilà, hein, puis, finalement, mes parents ont divorcé et mon
père a été obligé de s’occuper de lui tout seul et, ben, il s’est mis à la cuisine et aux tâches
ménagères. Ca n’a pas été évident au début mais voilà, ça s’est passé comme ça, ça, c’est, ça
fait partie de l’évolution et il s’est remis avec une autre femme et maintenant, il cuisine, il fait
les tâches ménagères et ça a évolué, simplement, parce que, ben, ça, euh, il a du s’occuper de
lui tout, lui, lui-même, tout seul, et, et donc voila, les mœurs évoluent heureusement. »

C : « Y avait-il des exceptions dans cette répartition de tâches entre les membres de la
famille ? Si oui, lesquels ? »

I : « Hum [rires], euh, ouais, peut-être l’été, les barbecues. Euh, c’est, c’est toujours les
hommes de la famille qui préparent les barbecues, euh, les femmes sont à la cuisine en train
de préparer les accompagnants, les accompagnements et les hommes, euh, préparent la viande
sur le grill, sur le barbecue. Donc c’était, je crois, la seule exception, parce que, même quand
ma maman terminait le travail tard, ‘fin, mon papa, ne cuisinait pas forcément et c’était elle
qui s’occupait du repas. Ou elle anticipait et préparait avant de partir travailler ou, ou elle
préparait en rentrant et voilà, quoi. Parfois, elle rentrait, enfin, je veux dire, elle terminait le
boulot à 20 heures 30, le temps de rentrer, il était 21 heures, elle devait encore, euh, préparer
le repas et cetera et c’était pas toujours évident, donc, voilà l’exception se, se, se prêtait,
malheureusement, uniquement au barbecue l’été. »

C : « Alors, dans cette répartition de tâches pour les courses et la préparation des repas, quels
éléments souhaitez-vous conserver et lesquels souhaitez-vous abandonner ? »

13
I : « Euh, je souhaite, en tout cas, abandonner le, la répartition machiste des tâches, euh
[réflexion]. Je veux dire, je, de, je, à l’heure actuelle, je me vois mal, avec ma compagne, euh,
a, ben, dire, « toi, tu es la femme, tu fais le ménage et moi, je suis dans le canapé, enfin, tu
fais le repas et moi j’suis dans le canapé ». Je me vois mal fonctionner comme ça. Simplement
parce que moi, je ne suis pas, euh, je n’ai pas ces mœurs-là et, et que ça ne m’intéresse pas de
fonctionner comme cela. Donc, ça, j’abandonne, tout de suite, euh, par contre, je garde, je sais
pas, l’habitude d’un repas en famille, oui, ça peut-être. Oui, le repas en famille ça, je garde. »

C : « Alors, quelles étaient les règles entre guillemets qui organisaient le rythme et le
déroulement des repas dans votre famille. »

I : « Pardon ? »

C : « [Hésitations] Quelles étaient les règles, entre guillemets, donc, qui organisait le rythme
et le déroulement des repas dans votre famille ? »

I : « Ben, en terme de règles, euh, il y avait un horaire à respecter. Enfin, quand c’était
possible, en tout cas, parce que, euh, effectivement, ma maman travaillait parfois jusque 20
heures 30 quand elle était en horaire de soir. Mais, sinon, on respectait toujours plus ou moins
un horaire, plus ou moins vers 18 heures 30, euh, mais mis à part ça, il n’y avait pas vraiment
de règles à respecter pendant, pendant le repas. Euh, la télévision, en règle générale, allait,
donc, on peut pas dire que c’était interdit, euh, on avait pas de téléphone portable, à l’époque,
‘fin, ou pas de smartphone, en tout cas, donc, euh, on avait pas de distraction de ce côté-là,
mais, il n’y avait rien de prohibé, à proprement parlé, pendant les repas. »

C : « Pourquoi, à votre avis, les repas étaient-ils organisés comme cela ? »

I : « Boh, simplement par habitude, en fait, parce que, euh, mes grands-parents faisaient déjà
comme ça avec mes parents. Ils mangeaient à une heure bien précise et c’était, euh, un repas,
euh, presque suspendu, un peu comme ça, un moment d’échange, euh, entre eux. Donc, voilà,
je pense que c’est pour ça qu’on a gardé cela, par habitude encore une fois, c’est, ce sont les
mœurs. »

C : « Quelles règles vous paraissaient importantes à conserver ? »

14
I : « Ben, on en avait pas vraiment, donc, je, je vais pas dire qu’il y avait une règle importante
à conserver. Euh, maintenant, je crois que manger, la seule règle, vraiment, qu’il y avait,
c’était de manger ensemble. Euh, et ça, je trouve ça important de continuer à partager un repas
familial. J’ai pas d’enfant à l’heure actuelle, mais ça me paraît important, avec mes enfants, de
partager un repas, euh, tous ensemble et pas manger chacun dans son coin. Et c’est déjà la
chose que, qu’on fait déjà, à l’heure actuelle, avec ma compagne, c’est que, on mange
toujours ensemble. Et moi, j’ai du mal, quand, euh, quand, par exemple, elle, euh, le, elle fait
autre chose ou qu’elle a pas forcément le temps, à l’instant T, de manger, j’ai toujours du mal
à manger séparément, en fait. »

C : « Quelles règles avez-vous décidé d’abandonner ou d’adapter ? Et pourquoi ?»

I : « Euh, la règle de l’horaire, parce que, simplement, la vie étant ce qu’elle est, ben, il nous
arrive, des jours de, euh, de manger à 21 heures, le lendemain, ce sera peut-être 19 heures, je
sais pas. On a une tranche horaire pour manger entre 19 et 20 heures 30/21 heure, pff. On a
pas d’horaire bien précis à respecter, je veux dire. Mon père, à l’heure actuelle, ben, 18 heures
30 euh, même 18 heures, je pense, ben faut qu’il mange. S’il mange pas, ça lui convient pas
et, euh, pff, voilà, et c’est une règle que je, que j’ai abandonné, je pense. »

C : « Alors, lorsque vous devez préparer un repas de tous les jours, quels sont vos sources
d’inspiration pour les recettes ? »

I : « Alors, ben, il y a l’inspiration familiale, parce que, j’ai toujours tendance à reproduire des
recettes familiales, en adaptant, bien entendu, en adaptant les quantités, en adaptant, euh, les
matières grasses et cetera. Donc, je dirais que la première inspiration est familiale. Ensuite,
ben, c’est internet, je pense. Euh, je fais des recherches sur internet pour avoir des idées, euh.
Euh, euh, le site de X (chaîne de magasins type grandes surfaces) est, vachement, bien fait
dans ce sens-là, parce que, quand on fait ses courses en ligne sur le X (système de collecte de
courses en ligne), ben, on y retrouve aussi plein de recettes et c’est vachement sympa. Ca
donne des idées, ça donne des, des, des pistes de recettes. Euh, maintenant, on fait aussi de
temps en temps, X (marque de box repas) donc, X (marque de box repas) apporte aussi des
idées, un peu plus fraîches à refaire, même si on ne commande pas les box. Donc, voilà, donc,

15
euh, ‘fin les 3 grandes lignes, c’est le, l’inspiration familiale, l’inspiration d’internet et
l’inspiration peut-être X (marque de box repas), largement. »

C : « Lorsque vous préparez un repas de fête ou invitez des amis, quels sont les sources
d’inspiration ? »

I : « Ben, là aussi, on a toujours tendance à reproduire ce qu’on faisait en famille, donc, la


première source d’inspiration, ben, c’est ce qu’on faisait avec mes parents quand on recevait
du monde. Des grands repas, euh, faciles, euh, de type raclette ou, [déglutition] pardon,
fondue euh, voilà, quoi. C’est des trucs que l’on reproduit, au final, on reproduit la même
chose que l’on faisait avec nos parents. Maintenant, la deuxième source d’information, ben,
quand on a envie de changer un petit peu et préparer un bon petit plat, ben, moi, je vais voir
sur internet euh, ce qu’ils proposent ou je reproduis ce que des amis ont fait ou je tente, en
tout cas, de reproduire des recettes, euh. J’ai un exemple-là, en tête, c’est euh, un panna cotta
que ma meilleure amie avait préparé, ben, un panna cotta, et effectivement, quand j’ai eu
d’autres gens, j’ai essayé de préparer un panna cotta. C’est un peu, euh, l’idée, euh, on se
transmet les idées et voilà. Quand on voit du monde ou alors, effectivement, quand on veut
quelque chose d’un peu plus recherché, on va voir sur internet ce qu’ils proposent. »

C : « Que pensez-vous des messages délivrés par les autorités en matière d’alimentation
saine ? »

I : « Euh, ben, moi, je pense que, euh, on voit, ‘fin, moi, j’ai quelque chose en tête, c’est les
messages délivrés par, euh, les chaînes françaises où il faut éviter de manger trop gras, trop
sucré, trop salé ou manger 5 fruits et légumes par jour. Euh, moi, j’ai bien retenu ça.
Maintenant, je pense que les autorités belges bah, pff, on voit pas trop de, euh, de messages
des autorités belges. Alors, on le sait, évidemment, parce que moi je m’y intéresse, je regarde
un peu les préconisations de l’OMS ou les articles de presse, mais des messages à proprement
parler pour la santé délivrés par les autorités belges, de tête, j’en vois pas. »

C : « Donc, en quoi le contenu des messages vous paraît adapté ou inadapté ? »

16
I : « Ben, le contenu des messages, quand c’est délivré par un article de presse, euh, ouais, ok,
c’est bien, maintenant, euh, c’est inadapté parce qu’on les voit pas forcément. Donc, euh,
voilà. »

C : « En quoi les canaux de communication employés vous paraissent-ils adaptés ? En quoi


les canaux de communication employés vous paraissent-ils inadaptés ? »

I : « Ben, je ne sais pas quel moyen ils utilisent, mais en tout cas, c’est pas très visible, donc
peut-être qu’ils feraient mieux d’adapter leurs moyens, canaux de communication en essayant
de toucher un peu plus les jeunes. Peut-être que ça fonctionne pour les personnes plus âgées,
ça, je ne sais pas, euh, en tout cas, les jeunes, moi, je ne me sens pas touché par les autorités
belges, euh, peut-être utiliser les réseaux sociaux, je sais pas, maintenant ça fonctionne bien
en France, parce qu’ils passent par la télévision et, c’est vrai, que j’ai déjà vu des spots
publicitaires, euh, concernant les recommandations à suivre. En France, mais, est-ce que, ‘fin,
c’est une autre question, mais est-ce, réellement, utile ? Je sais pas, parce que c’est une
question d’éducation aussi. »

C : « Vous pouvez développer ? »

I : « Ben, je pense que le fait de, de consommer, euh, euh, je veux dire, euh, différemment en
respectant sa santé ça s’apprend. C’est pas un message qui dure 10 secondes sur un écran de
télévision qui va inculquer comment bien manger, donc, faut que tout ça passe par l’éducation
avant toute chose. Si on est pas éduqué et si on est pas, euh, réceptif, euh, ça ne marchera pas
ces messages, donc, tout passe par l’éducation dès le plus jeune âge. Maintenant, ça peut venir
par après, je veux dire, moi, je n’ai pas été éduqué, euh, en respectant les, les normes
préconisées par l’OMS et, et, et en respectant tout simplement de ne pas manger trop gras,
trop sucré machin. Ca vient par après, aussi. En terme de rencontre, je crois que j’ai aussi
beaucoup appris, quand j’ai rencontré ma compagne et en partageant, aussi, avec elle, un
chemin de vie et en faisant régime, aussi. Ca vient, ça peut venir aussi par après, mais, pff, des
messages, pff, je sais pas. »

C : « Y a-t-il un élément que vous voudriez ajouter ou préciser, un aspect, qui n’a peut-être
pas, forcément, été abordé lors de notre entretien ? »

17
I : « Non, je pense qu’on a fait le tour et que, euh, on est bon, dans nos sujets en tout cas
[rires]. »

C : « Comment avez-vous vécu cette interview, certains éléments vous ont-ils mis à l’aise ou
mal à l’aise ? »

I : « Ben peut-être que oui, parler de, de, de l’aspect, euh, pécunier de ma famille, euh, je veux
dire, euh, c’était un peu plus, c’était pas malaisant, mais un peu plus délicat parce que, il faut
s’ouvrir et raconter un peu son enfance et son vécu et, euh, personellement, c’est toujours un
peu plus compliqué de me mettre à nu, mais, il n’y avait rien de, réellement, malaisant donc
euh, ça s’est plutôt bien passé pour moi. »

C : « Pour clôturer cet entretien, puis-je vous demander de compléter un petit formulaire que
je vais vous donner après. Et je vous remercie vraiment pour votre participation. »

I : « Mais avec plaisir, en espérant que ce soit utile. »

18
ANNEXE – Formulaire sociodémographique

Formulaire à compléter après l’entretien (si les réponses ne sont pas déjà connues au terme de cet
entretien)
Dans quelle commune habitez-vous ? Charleroi
Sexe : M  F 
Quelle est votre catégorie d’âge ? :
o 18-21 ans
o 22-25 ans
o 26-30 ans

Etes-vous :
o Etudiant
o En recherche d’emploi
o En activité professionnelle, préciser le métier/la fonction : Secrétaire

Quel est le diplôme le plus élevé que vous ayez obtenu à ce jour ? (entourer une seule réponse) :
o Primaire ou sans diplôme
o Secondaire inférieur
o Secondaire supérieur
o Supérieur non universitaire
o Universitaire

Quelle activité/profession exerce votre mère ? Employée dans un magasin type grande surface
Quelle activité/profession exerce votre père ? Gardiennage
Quelle est votre situation familiale ? (entourer une seule réponse et compléter le nombre d’enfants
le cas échéant) :
o Je vis chez mes parents
o Je vis seul-e sans enfants
o Je vis seul-e avec enfants (nombre : . .)
o Je vis en couple sans enfants

19
o Je vis en couple avec enfants (nombre : . .)

20

Vous aimerez peut-être aussi