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I. Introduction
Un système multivariable est décrit, dans l'espace d'état, par la représentation d'état suivante :
X(t) = A X(t) + B u(t)
(II.1)
y(t) = C X(t) + D u(t)
où : X(t) n est le vecteur d'état, u m est le vecteur des entrées et y l est le
vecteur des sorties ; les matrices A, B, C et D sont de dimensions convenables. Celui-ci peut
être caractérisé par une matrice fonction de transfert G(p) irréductible.
La question qui se pose est comment connaitre, sans calculer G(p), que l'ordre de la
représentation d'état est minimal ?
Pour répondre et comme on a vu dans le cours de régulation industrielle, deux propriétés sont
à considérer : les notions de commandabilité et d'observabilité.
II. Commandabilité
Contrairement au cas monovariable, deux types de commandabilité sont à étudier dans le cas
multivariable : la commandabilité d'état et celle de sortie.
La définition est similaire à celle du système monovariable : "Il existe une commande u(t), sur
un intervalle [t0 , t1], qui permet de ramener le vecteur d'état X(t) d'un état initial X(t0) à un
état final X(t1) arbitraires.
Théorème : Le système, décrit par (II.1), est commandable d'état, ou commandable tout
cours, si et seulement si la matrice C, dite de commandabilité, donnée par l'expression :
C = [B, AB, A2B, ... , An-1B], est de rang égal à n.
Il est à signaler, dans le cas multivariable, qu'il n'est pas toujours nécessaire de calculer tous
les éléments de la matrice de commandabilité. Par exemple, dans cette application, on a un
nombre d'entrée égal à l'ordre du système, ce qui fait que la matrice B est carrée. Si son
déterminant est non nul, et c'est le cas, alors le système est bien commandable d'état.
On peut montrer que lorsque le système est commandable d'état par rapport à toutes les
entrées, il peut être commandable par rapport à une seule entrée combinaison linéaires de
celles-ci.
1
Pour l'exemple, si on choisit une entrée u' telle que : u' = [u1 + u 2 ] , on obtient une matrice
2
1 1 1 0
de commande b donnée par : [b1 + b2 ] = . On a alors : C' = [b Ab] = , de rang
2 0 0 1
égal à 2. Le système est donc commandable par rapport à l'entrée u'.
Remarques :
– Lorsqu'on parle de commandabilité tout cours, on veut dire commandabilité d'état.
– La commandabilité d'état n'implique pas la commandabilité de sortie et vice-versa.
1 1
p p + 1
Exemple 1 : Soit un système décrit par : G(p) = .
1 1
p + 2 p
1 1
On a : m = l = 2 et |G(p)| = − 0 le système est commandable f.
2 (p + 1)(p + 2)
p
1 1 1
p p p + 1
Exemple 2 : Pour le système décrit par : G(p) = , on a : m = 3 et l = 2
1 1 1
p + 2 p+2 p
donc : l < m. On a trois mineurs :
1 1 1 1
p p p p +1
|G1(p)| = = 0 et |G2(p)| = |G3(p)| = 0
1 1 1 1
p+2 p+2 p+2 p
le système est donc commandable f.
T
1 1 1
p p p + 1
Exemple 3 : Pour le système décrit par : G(p) = , on a : m = 2 et l = 3
1 1 1
p + 2 p+2 p
donc : l > m le système est non commandable f.
II.3. Observabilité
La définition est similaire à celle du cas monovariable : En suivant la sortie et l'entrée sur un
intervalle donné, on peut déterminer l'état initial X(0).
simple de constater qu'elle possède un seul pôle égal à (– 2). Ce qui montre que le pôle (– 1) a
été simplifié, d'où la non observabilité du système.
Remarques :
– Comme il a été déjà vu dans le cours de Régulation industrielle, l'ordre d'un système est
celui de la matrice fonction de transfert irréductible ce qui correspond à l'ordre d'une
représentation d'état conduisant à un système commandable et observable.
– Toutes les définitions et théorèmes relatives au cas continu restent valables pour le cas
discret ; il suffit de remplacer p par z et la dérivée X' par X(k+1).
Algorithme à suivre :
(i) Inspecter les colonnes de la gauche vers la droite et tirer les n premiers vecteurs
linéairement indépendantes.
(ii) Arranger ceux-ci pour former la matrice suivante :
= b1 A b1 A1 −1 b1 b 2 A b2 A 2 −1 b2 bm A m −1 b m
Les coefficients i, ou encore max i , sont les indices de commandabilité.
i
(i x j) et Bi , de dimension (i x m) , sont respectivement données par les formes :
0 1 0 0
0 0 0 0 0
1 0
Aii = 0 , Aij = et Bi =
0 0 0 0
0 0 1
x x x x x x 0 0 1 x x
La dernière ligne des matrices Bi débute par des zéros jusqu'à la colonne (i–1), ensuite, on
place 1 dans la ième colonne ; le reste des éléments sont quelconques. La matrice C n'a pas de
forme particulière.
Exemple : Soit un système, d'ordre 3 et ayant 2 entrées, décrit par les matrices A et B
suivantes :
1 2 3 1 0
A= 2 3 4 et B = 0 1
3 4 5 0 0
La matrice de commandabilité correspondante est donnée comme suit :
c = b1 b 2 | Ab1 Ab 2 | A 2b1 A 2b 2
1 0 1 2 14 20
= 0 1 2 3 20 29
0 0 3 4 26 38
On constate que les trois premières colonnes sont linéairement indépendantes ; on les arrange
1 1 0
donc comme suit pour obtenir la matrice suivante : = [b1 Ab1 b2] = 0 2 1
0 3 0
On voit bien que : 1 – 1 = 1 (l'exposant de A pour b1) 1 = 2
2 – 1 = 0 (l'exposant de A pour b2) 2 = 1
On calcule l'inverse de la matrice , on obtient :
1
1 0 − 3 T
1
−1 = 0 0 = T
1
3
2
T
0 1 − 2 3
3
1 2
D'un autre côté, on a : k1 = j = 1 = 2 et k 2 = j = 1 + 2 = 3 , ce qui donne :
j=1 j=1
Tk = T2 et Tk = 3T
1 2
Il vient la matrice de passage T telle que :
1
0 0 23 4
T 3
− 1 −
2 3 3
4 5 −1
T = 2 A = 1
T
T = 2 0 1
3 3 3
3
T 0 0
0 1 − 2
3
Algorithme à suivre :
(i) Inspecter les colonnes de la gauche vers la droite et tirer les n premiers vecteurs
linéairement indépendantes.
(ii) Arranger ceux-ci pour former la matrice suivante :
= c1T AT c1T A (1 −1)T c1T cT A T cT A ( 2 −1)T cT cT A (l −1)T cT
2 2 2 l l
où, pour : i,j = 1, ... , l, les blocs des matrices A ii , de dimension (i x i), Aij , de dimension
(i x j) et Ci , de dimension (l x i) , sont respectivement données par les formes :
0 0 0
0 0 0 x
1 0 0 x
x 0
Aii = 0 1 , Aij = et C =
i 1
0 x x
0 0 1 x
0 0 x
0 0 x
D'une façon similaire à la matrice Bi , la dernière colonne des matrices Ci débute par des
zéros jusqu'à la ligne (i–1), ensuite, on place 1 dans la ième ligne ; le reste des éléments sont
quelconques. La matrice B n'a pas de forme particulière.
Exemple : Soit un système, d'ordre 3 et ayant 2 sorties, décrit par les matrices A et C
suivantes :
1 2 0
0 1 0 c1
A = −3 −4 1 et C = =
0 0 1 c2
1 1 −2
La matrice d'observabilité est donnée par :
o = c1T cT2 | A T c1T A T cT2 | A 2T c1T A 2T cT2
0 0 −3 x x x
= 1 0 4 x x x
0 1 1 x x x
On forme la matrice de la façon suivante :
0 −3 0
= c1T A T c1T cT2 = 1 4 0
0 1 1
avec : 1 – 1 = 1 1 = 2 et 2 – 1 = 0 2 = 1
4
− 3 1 0 T
1
−1 1
= − 0 0 = T2
3
T
1 0 1 3
3
1
1
On a : k1 = j = 1 = 2 T
k1
= T
2 = − 0 0
j=1 3
2
1
k 2 = j = 1 + 2 = 3 T
k2
= 3T = 0 1
j=1 3
1 1 1 2
− 3 − 3 3 − 3 − 3 1
Il vient : T = k 2
A k2 k3 = 0 1 0 T −1 = 0 1 0
1 1
0 − 1 0 1
3 3
Ce qui donne :
13 8
0 − 9 − 3
0 1 0
−1 A11 A12 10 T T
A=TAT = = 1 − 0 et C = CT = C1 C2 = 1
−
21
A A 22 3
0 1
2 5 3
0 −
9 3
De même, les éléments en gras peuvent constituer des balises ; elles sont connues à l'avance.
Pour une matrice fonction de transfert G(p), de dimension (l x m), on distingue deux formes
standards : le forme de Smith et la forme de Mc Millan.
Comme on a vu dans le chapitre précédent, G(p) peut être écrite sous la forme :
1
G(p) = N(p)
d(p)
avec :
– d(p) est le plus petit commun dénominateur de tous les éléments de G(p),
– N(p) est une matrice polynômiale (ses éléments sont des polynômes).
On note par fi(p), qui doit être monique, le plus grand facteur commun de tous les mineurs
d'ordre i de N(p). Par convention, on prendra : f0(p) = 1.
Exploitation de la matrice M(p) : Après toutes les simplifications possibles, les pôles du
système sont tous les zéros des dénominateurs des éléments de M(p) tandis que les zéros sont
tous les zéros des numérateurs.
Exemple 1 : Soit à déterminer les pôles et les zéros de la matrice G(p) définie par :
1 2
p +1 p + 3 1 p + 3 2(p + 1)
G(p) = =
1 1 (p + 1)(p + 3) p + 3 p + 3
p +1 p +1
p + 3 2(p + 1)
On a : d(p) = (p+1) (p+3) et N(p) =
p + 3 p + 3
Ce qui donne : f0(p) = 1, f1(p) = 1 et f2(p) = |N(p)| = – (p + 3) (p – 1)
Comme les éléments f1(p) doivent être moniques, on prendra : f2(p) = (p + 3) (p – 1), ce qui
f (p) f (p)
conduit à : 1(p) = 1 = 1 et 2 (p) = 2 = (p + 3)(p − 1)
f0 (p) f1(p)
Ce qui donne, puisque m = l, la matrice de Smith sous la forme :
(p) 0 1 0
S(p) = 1 =
0 1(p) 0 (p + 3)(p − 1)
Elle conduit à la matrice de Mc Millan suivante :
1
0
1 1 0 (p + 3)(p + 1)
(p + 1)(p + 3) 0 (p + 3)(p − 1)
M(p) = =
(p − 1)
0
(p + 1)
Ce qui correspond à un seul zéro : (– 1) et trois pôles : (– 3) simple et (– 1) double.
Exemple 2 : Soit à déterminer les pôles et les zéros de la matrice G(p) définie par :
1 2
p +1 p + 3
p + 3 2(p + 1)
1 1 1 p + 3 p + 3
G(p) = =
p + 1 (p + 1)(p + 3)
p +1 p + 1 2(p + 3)
1 2
p + 3 p +1
p + 3 2(p + 1)
On a : d(p) = (p+1) (p+3) et N(p) = p + 3 p + 3
p + 1 2(p + 3)
Ce qui donne : f0(p) = 1, f1(p) = 1 et
p + 3 2(p + 1)
f21(p) = |N(p)|21 = = (p + 3) (p – 1) (monique)
p+3 p+3
p + 3 2(p + 1)
f22(p) = |N(p)|22 = = (p + 2) (monique)
p + 1 2(p + 3)
On voit qu'il n'est pas nécessaire de calculer le troisième mineur puisque, pour les deux
premiers, ils n'ont pas de facteur commun f2(p) = 1.
1
(p + 1)(p + 3) 0
1 0
1
Ce qui conduit à : S(p) = 0 1 M(p) = 0
(p + 1)(p + 3)
0 0
0 0
Donc on n'a pas de zéro et on a : (– 1) et (– 3) des pôles doubles.
Exemple 3 : Même question que celle de l'exemple 2 mais pour une matrice G(p) définie par :
1 1 1
p +3 p +3 p+3
G(p) =
p + 2 p + 2 2(p + 2)
p +1 p + 3 p + 1
1 p +1 p +1 p +1
= (p + 2)(p + 3) (p + 1)(p + 2) 2(p + 2)(p + 3
(p + 1)(p + 3)
p +1 p +1 p +1
On a : d(p) = (p+1) (p+3) et N(p) =
(p + 2)(p + 3) (p + 1)(p + 2) 2(p + 2)(p + 3
Ce qui donne : f0(p) = 1, f1(p) = 1 et
p +1 p +1
f21(p) = |N(p)|21 = = (p + 1)(p + 2) (monique)
(p + 2)(p + 3) (p + 1)(p + 2)
p +1 p +1
f22(p) = |N(p)|22 = = (p + 1)(p + 2)(p + 3) (monique)
(p + 2)(p + 3) 2(p + 2)(p + 3)
p +1 p +1
f23(p) = |N(p)|23 = = (p + 1)(p + 2)(p + 5) (monique)
(p + 1)(p + 2) 2(p + 2)(p + 3)
Ce qui donne : f2(p) = (p + 1)(p + 2)
1
0 0
1 0 0 (p + 1)(p + 3)
Il vient : S(p) = M(p) = (p + 2)
0 (p + 1)(p + 2) 0 0
0
(p + 3)
Donc on a (–2) comme zéro et trois pôles : (– 1) simple et (– 3) double.