bre 2023

Jeudi 30 novem
Les Echos

PÉCRESSE
-FRANCIS
par JEAN
onné
Dossier coord

2029
RIMEURS

JEUDI 30 NOVEMBRE 2023

SPÉCIAL VINS Transport Bruxelles promet de renforcer

crus
Les grands ux
LES GRANDS CRUS DE BORDEAUX PASSENT AU VERT les droits des passagers // P. 18
Cornec

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Photo : Victor

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Château Giscours.

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héberge des
Giscours
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pour son activité
de

agricole.
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passent au
Photo château
Des participants arrivent, mercredi, au sommet des Nations unies sur le climat, à Dubaï. Photo Giuseppe Cacace/AFP

Climat : un sommet qui divise

l Présidée par un l La sortie des l La coopération l Les fonds l Reportage
magnat du pétrole, énergies fossiles entre Chine et souverains aux Emirats,
la COP28 qui et le soutien Etats-Unis est jugée encore peu une pétro-
s’ouvre à Dubaï financier aux pays essentielle, malgré disposés monarchie
ce jeudi provoque du Sud au cœur l’absence des deux à abandonner qui amorce
la polémique. des débats. chefs d’Etat. les hydrocarbures. sa transition.
// PAGES 8-9, L’ENQUÊTE PAGE 15, NOS INFORMATIONS PAGE 30 ET L’ÉDITORIAL DE LUCIE ROBEQUAIN PAGE 16

Crédit immobilier : le taux plafond Dacia redonne de

franchit la barre des 6 %
BANQUE Le taux d’usure, ce taux au-delà duquel les banques n’ont pas le droit de prêter,
atteint 6,11 % pour les prêts de plus de vingt ans. Un record depuis plus de dix ans.
Le taux plafond pour les prêts
immobiliers de vingt ans et plus,
tous frais compris, est passé de
3,57 % en janvier à 6,11 % en
décembre. Cette hausse specta-
culaire suit la tendance du mar-
ché, où les taux moyens avoisi-
nent les 4 %, et l’augmentation
des taux de la Banque centrale
européenne. Malgré cela, des
signes de détente apparaissent.
Shutterstock
l’élan à son Duster
AUTOMOBILE La marque franco- Dans l’habitacle, la nette augmenta-
roumaine a dévoilé mercredi la tion du niveau d’équipements mon-
troisième génération de son SUV tre que l’étiquette low cost est bel et
vedette, qui lui assure plus de 30 % bien enterrée. Dacia ne communi-
avaient levé le pied pendant un de ses ventes. L’évolution du design que pas encore sur les prix, mais
moment sur le crédit immobi- est franche, avec moins de rondeurs promet qu’ils resteront « les plus
lier. Et, bonne nouvelle pour les et plus de robustesse dans les lignes. abordables du marché ». // PAGE 20
emprunteurs, ils commencent
aussi à remarquer quelques bais-
ses sur les taux proposés par les
établissements financiers. Les
professionnels continuent néan-
moins de demander un assou-
SE DONNER
plissement des règles d’octroi de
crédit édictées par le Haut DES AILES

Depuis la rentrée, les courtiers Conseil de stabilité financière

ont ainsi commencé à constater (HCSF). Celui-ci doit se réunir
le retour des banques, qui lundi. // PAGE 29

analyses La facture
de la SNCF pour
Anticipez
l’évolution Scholz pris dans le contribuable
de votre secteur. le séisme budgétaire continue
Abonnez
vos équipes
allemand de s’alourdir
au temps d’avance.
Par Emmanuel Grasland L’art d’évaluer les COMPTES PUBLICS Combien
Découvrez nos ofres Entreprises :
politiques publiques coûte la SNCF aux contribuables ?
abo-entreprises.lesechos.fr Voilà deux semaines, la Cour Une note du site Fipeco retrace
par Etienne Wasmer
constitutionnelle de Karlsruhe l’ensemble des concours publics Dans un monde en mouvement perpétuel, TNP maîtrise l’art de la
a plongé la République fédérale versés par l’Etat ou les régions à la transformation et de la performance. Un art essentiel pour donner la
dans sa plus grave crise budgé- Ecologie : créer un compagnie ferroviaire, que ce soit primauté aux talents, à l’ère de l’intelligence artificielle et de la donnée.
taire depuis sa création en remet- imaginaire positif pour ses coûts de fonctionnement,
Transformer durablement pour innover et pour préparer demain. Viser plus
haut, se dépasser pour mieux performer, dès aujourd’hui.
M 00104 -1130 - F:3,40 tant en question le financement par Marie Eloy ses investissements ou son sys-
de dizaines de milliards d’euros tème de retraites. Au final, la fac- Présent en Europe, en Afrique et en Asie, TNP est un cabinet de conseil engagé,
innovant et hybride, à la croisée des métiers et de la technologie. Nos 1000
de dépenses au cours des années ture s’est élevée à 20 milliards
à venir. Dans un pays qui a sou-
Chine-Etats-Unis : d’euros en 2022. Cela représente
collaborateurs développent chaque jour des solutions globales pour transformer
les projets de nos clients en succès. Des projets toujours innovants, toujours en
vent donné des leçons de rigueur le choix de la facilité une hausse de 45 % depuis 2016 et avance… Et si le prochain était le vôtre ?
au reste de l’Europe, cette crise par Stephen S. Roach de 17 % depuis 2020. Pour Fipeco,
ISSN0153.4831 116e ANNÉE Nous transformons vos idées en réalité.
NUMÉRO 24097 34 PAGES va durablement abîmer l’image la question de l’efficience de la Et nous leur donnons des ailes.
Antilles-Réunion 4,50 €. Belgique 4,00 €. d’Olaf Scholz et affaiblir un peu Quand les crises dépense doit être posée. La SNCF
Espagne 4,90 €. Luxembourg 4,20 €. plus le ciment de la coalition. C’est réfute ces critiques, jugeant que la
Maroc 42 DH. Suisse 6,40 FS. Tunisie 9 TND. aussi l’occasion pour le leader de
définissent le succès hausse reflète avant tout l’effort
RÉALISONS ENSEMBLE
DES CHOSES REMARQUABLES :
la droite, Friedrich Merz, de s’im- par Muriel Jasor d’investissement en faveur du WWW.TNPCONSULTANTS.COM
poser face à ses rivaux. // PAGE 11 // PAGES 11 À 14 transport ferroviaire. // PAGE 6

FRANCE
L’emploi ralentit mais résiste
l Les effectifs salariés ont progressé de 0,1 % au troisième trimestre en France, soit 36.700 postes supplémentaires.
l C’est nettement mieux qu’attendu, même si le ralentissement du marché du travail se confirme.
SOCIAL
Alain Ruello
Les effectifs salariés ont fait du
quasi-surplace au troisième tri-
mestre, augmentant de 0,1 %,
comme lors du précédent, soit
36.700 postes de plus dans le
privé et le public cet été, selon des
chiffres définitifs de l’Insee
publiés mercredi matin. Quasi-
surplace, mais tout de même bien
plus que ce que laissait prévoir
l’estimation provisoire publiée
début novembre (–17.000 sur le
seul champ du privé), affectée par
une sous-estimation des retards
de déclarations d’entreprises.
A un peu plus de 27 millions de
postes fin septembre, l’emploi
salarié dépasse de 4,8 % son
niveau d’avant la crise sanitaire,
fin 2019, soit plus de 1,2 million
supplémentaires, dont un tiers en
contrats d’alternance, souligne
l’institut statistique national.
Dans l’industrie en particulier,
les effectifs (hors intérim) ont
augmenté de 0,4 %, gagnant près
de 12.000 emplois, soit plus du
double que lors du deuxième tri-
mestre. Ceux de la construction
ont encore baissé en revanche, de
0,3 %, de 5.500 précisément,
après –4.600 emplois sur les trois
mois précédents.
Le ralentissement dans le ter-
tiaire marchand est net aussi,
sans caler p our autant, les
embauches dans le commerce et
l’hébergement s’étant montrées
plus dynamiques qu’attendu. Le
travail temporaire continue de
perdre des troupes, tandis que la
fonction publique a gagné
6.000 emplois.
Plein-emploi compromis
Pour le responsable de la division
synthèse et conjoncture du mar-
ché du travail de l’Insee, Yves Jau-
neau, la révision à la hausse de
l’estimation provisoire ne change
rien au constat global. Ni reprise,
ni rebond, « l’emploi salarié con-
naît un ralentissement global
comme le montrent nos récentes
enquêtes de conjoncture sur les pré-
visions d’embauche », maintient-il.
Même si Bercy et le ministère
du Travail n’ont pas tardé à se féli-
citer que l’on soit passé d’une pré-
vision de destructions d’emplois à
une réalité inverse, la publication
de ces chiffres intervient au
moment où l’inquiétude com-
mence à monter au sein du gou-
vernement. Avec la fin des « deux
glorieuses » 2021 et 2022 qui ont
suivi la sortie de la pandémie, la
L’inquiétant essor du tabac et de la nicotine à sucer chez les jeunes
SANTÉ PUBLIQUE
Dans un rapport
publié ce jeudi,
l’Agence nationale de
sécurité sanitaire
alerte sur les « snus »
et « nicopods » qui
connaissent beaucoup
de succès auprès
des adolescents.
Joséphine Boone
Les vidéos de promotion pour ces
produits dérivés du tabac pullulent
sur les réseaux sociaux, en particu-
lier sur TikTok. Tabac à sucer (ou
« snus ») et sachets de nicotine,
aussi appelés « nicopods », « nico-
baisse du chômage s’est enrayée,
bien que les entreprises se plai-
gnent toujours de difficultés de
recrutement. Pour nombre d’éco-
nomistes, l’objectif du plein-em-
ploi d’Emmanuel Macron (taux
de chômage de 5 % environ de la
population active, contre 7,4 %
actuellement) paraît compromis,
au moins à l’échéance visée de la
fin du quinquennat.
Ruptures convention-
nelles et seniors
« L’économie regagne une partie de
la productivité perdue depuis le
Covid au moment où l’activité
ralentit, avec pour conséquence des
destructions d’emplois à venir.
Comme la population active reste
dynamique, sous l’effet notam-
ment de la réforme des retraites, le
taux de chômage va remonter »,
résumait récemment le directeur
du département analyse et prévi-
sion de l’OFCE, Eric Heyer, lors
des Journées de l’économie.
Décidée à remettre du carbu-
rant dans la machine, Elisabeth
Borne a demandé à certains de
ses ministres de réfléchir à de
nouvelles réformes du marché du
travail ou à des ajustements de
dispositifs. La Première ministre
fera le point avec les intéressés
début décembre. L’une des pistes
porte sur les ruptures conven-
tionnelles, dont le nombre a aug-
menté de 77 % entre 2012 et 2022.
L’amélioration de la situation
passera aussi par le maintien à
leur poste des salariés passé 50, et
surtout 60 ans. Le recul de deux
ans de l’âge légal de départ à la
retraite augmentera mécanique-
ment le taux d’emploi dans cette
tranche d’âge mais ne changera
rien au fait que ceux qui sont au
chômage y restent très souvent
jusqu’à la retraite via l’Unédic. Ce
sera l’enjeu de la négociation qui
va s’ouvrir très prochainement
entre patronat et syndicats. n
Les chiffres clés
27
MILLIONS
d’emplois salariés sont
dénombrés à fin septembre.
7,4 %
LE TAUX DE CHÔMAGE
enregistré au troisième
trimestre (7,2 % au deuxième).
tine pouches » ou « white snus » se
répandent en France, notamment
auprès des adolescents, et cela
inquiète les autorités sanitaires.
Dans un rapport publié ce jeudi,
l’Agence nationale de sécurité sani-
taire (Anses) sonne l’alerte à propos
de ces produits et « appelle à une vigi-
lance particulière envers les sachets
de nicotine qui sont à la fois fortement
exposés aux risques d’intoxication et
de dépendance à la nicotine ».
Symptômes aigus
Les produits connexes au tabac (qui
ne contiennent pas toujours du
tabac mais a minima de la nicotine)
sont en vogue chez les adolescents :
billes aromatiques à mettre dans les
cigarettes, tabac à chauffer ou à
mâcher, ou encore les derniers arri-
vants, ces petits sachets de tabac ou
Salaires : le ministère du Travail rappelle
à l’ordre 39 branches professionnelles
Le 11 décembre aura lieu un
comité de suivi des rémuné-
rations avec les syndicats et
le patronat, qui fera le
point sur les branches dont
la grille conventionnelle
démarre en deçà du SMIC.
Leïla de Comarmond
C’est une piqûre de rappel pour
accélérer le processus de mise en
conformité par rapport au SMIC
des branches récalcitrantes… Et
sans doute aussi une façon de mon-
trer que le ministre du Travail,
Olivier Dussopt, qui est jugé cette
semaine pour une affaire de mar-
ché public, continue à faire son
travail.
Le ministère du Travail a fait un
point mercredi sur le chantier
« pour que le travail paie mieux »
ouvert par la Première ministre Eli-
sabeth Borne lors de la conférence
sociale du 16 octobre dernier. Au
cœur du dossier figure le problème
de nicotine. L’Anses s’inquiète de la
multiplication depuis deux ans des
cas de symptômes aigus liés à leur
consommation. D’autant que leur
nombre est probablement sous-es-
timé. « La majorité des personnes
intoxiquées suite à la consommation
de sachets de nicotine ou de “snus”
était âgée entre 12 et 17 ans. Cette con-
sommation était intentionnelle »,
déplore l’Anses. D’après les signale-
ments reçus par les centres antipoi-
son, la consommation de ces pro-
duits entraîne des syndromes
nicotiniques parfois sévères,
comme des « vomissements prolon-
gés avec risque de déshydratation,
convulsions, troubles de la cons-
cience, hypotension ayant nécessité
un remplissage vasculaire ».
Le tabac à sucer, ou « snus », un
petit sachet qui se place entre la
des branches dont les minima
conventionnels démarrent en des-
sous du SMIC. Le sujet est récurrent
mais il a pris une importance parti-
culière avec les six hausses du
salaire minimum légal intervenues
depuis 2021 sous la pression de
l’inflation.
200.000 salariés
Sur les 171 principales branches, 60
disposaient d’au moins un premier
coefficient trop faible au moment
de la conférence sociale. Lorsque
Olivier Dussopt leur a écrit mi-no-
vembre, elles étaient encore 39,
dont 11 particulièrement surveillées
puisqu’elles faisaient l’objet d’une
commission mixte paritaire en pré-
sence d’un représentant du minis-
tère du Travail.
Toutes ont été averties que « cette
situation préjudiciable aux intérêts
des salariés et des employeurs ne
p o u va i t p a s p e rd u re r » . A l a
« dizaine » d’entre elles structurelle-
ment non conformes au SMIC qui
lèvre supérieure et la gencive, est
très répandu en Suède, le seul pays
de l’Union européenne où il est
légal. En France, il est strictement
prohibé, mais on peut se le procu-
rer sur Internet en quelques clics.
Les sachets de nicotine ressem-
blent quant à eux à s’y méprendre
au snus, mais ils ne contiennent pas
de tabac. Ils sont en tissu perméable
et renferment des fibres de polymè-
res imprégnées de nicotine.
Comme pour le snus, il est relative-
ment aisé de les trouver sur Internet
et aucune législation spécifique
n’encadre ce produit.
Dans son rapport, l’Anses insiste
justement sur la difficulté d’identi-
fier les composants des sachets à
sucer, certains pouvant même
contenir du cannabidiol (CBD).
D’autres pays europ éens ont
Jeudi 30 novembre 2023 Les Echos
couvrent quelque 200.000 salariés,
il a annoncé que leurs représen-
tants patronaux et syndicaux
seraient reçus au ministère d’ici au
début de 2024. Les réunions auront
lieu avec le ministre lui-même, son
cabinet ou la Direction générale du
travail « en fonction de la taille et de
l’ancienneté de la non-conformité ».
Le ministère du Travail explique
vouloir « impulser un mouvement
continu à la fois sur les minima et les
classifications ». Les casinos sont
particulièrement visés. Ils ont été
« alertés que si leur situation n’évo-
luait pas, une procédure de fusion
avec une autre branche serait
lancée ».
La branche des panneaux à base
de bois est, elle, sortie de la liste
depuis le 17 novembre puisqu’elle a
transmis un accord. Si l’on intègre le
fait que la manutention portuaire a
trouvé un compromis, dont le texte
n’a pas encore été envoyé au minis-
tère du Travail, il reste encore
37 mauvais élèves. L’idée est que cet
signalé, à l’instar de l’Anses, l’appa-
rition de ces produits dérivés du
tabac, soulignant l’absence de légis-
lation ad hoc en Europe. Le sujet est
d’autant plus urgent que « la con-
sommation régulière de nicotine con-
tenue dans ces produits expose au
développement d’une dépendance à
moyen et long terme », alerte l’Anses.
Variété de produits dérivés
du tabac
« Les sachets de nicotine sont un
moyen d’attirer de nouveaux publics
vers la consommation pour qu’à la
fin ils en viennent à la cigarette », a
dénoncé le ministre de la Santé,
Aurélien Rousseau, sur Franceinfo
mercredi matin.
Les produits dérivés du tabac
fleurissent depuis le début des
années 2010 et l’apparition des ciga-
02
« effet de souffle » s’amplifie avant
la réunion du Comité de suivi des
rémunérations avec les partenaires
sociaux, le 11 décembre.
Temps partiels subis
et contrats courts
Une telle éventualité sera envisagée
si « on ne constate pas de progrès
significatifs », précise-t-on dans
l’entourage d’Olivier Dussopt. « On
a la sanction dans le viseur, il faut
qu’on aille au bout de l’expertise pour
la sécuriser juridiquement », ajoute-
t-on, expliquant qu’il ne s’agit « pas
de sanctionner les entreprises ver-
tueuses de branches qui ne le sont
pas ».
Lors du comité de suivi des rému-
nérations seront aussi précisées les
modalités d’ouverture de deux
autres chantiers évoqués le 16 octo-
bre par Elisabeth Borne : les temps
partiels subis et les contrats courts
ainsi que la révision de l’index sur
l’égalité professionnelle femmes-
hommes. n
rettes électroniques. En 2016, les
cigarettes et le tabac présentant des
« arômes caractérisants » ont
notamment été interdits, mais le
cadre légal n’empêche pas l’arrivée
perpétuelle de nouveaux produits
sur le marché. Les e-cigarettes jeta-
bles, ou « puffs », devraient être
interdites en France en 2024. Une
proposition de loi transpartisane en
ce sens est actuellement étudiée en
commission à l’Assemblée natio-
nale. Mais cela fait des années
qu’elles se répandent à la sortie des
collèges et des lycées. Plusieurs étu-
des ont montré qu’elles encoura-
geaient l’émergence du tabagisme.
Le gouvernement a présenté
mardi un plan antitabac, qui entraî-
nera notamment un élargissement
des lieux publics où la cigarette sera
interdite. n
 pilier.

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 FRANCE Jeudi 30 novembre 2023 Les Echos 04

La République des juges

perd une manche
La relaxe du garde des Sceaux donne un coup
d’arrêt aux tentatives de la justice de s’immiscer
sur le terrain politique. Un coup d’arrêt fragile.

magistrats, boudent
LE FAIT la cérémonie d’investiture
DU JOUR d’Emmanuel Macron en 2022.
POLITIQUE Du jamais vu à nouveau.
de Cécile
Les tensions sont
Cornudet permanentes. Et lorsque
l’exécutif décide que
le ministre poursuivra
ses activités ministérielles
es juges n’ont pas eu durant le procès, le message

L la tête d’Eric Dupond-

Moretti ! Le pouvoir
peut souffler, et même
doublement. Après la relaxe
du garde des Sceaux
par la Cour de justice
de la République (CJR),
Emmanuel Macron
va pouvoir garder
au gouvernement ce ministre
emblématique – il n’en a pas
tant que ça –, avec qui il a noué
une relation personnelle
est explicite : le politique
ne baisse pas la tête.
Mercredi, le ministre la porte
haute en sortant du tribunal.
Le mot « relaxe » s’affiche
en grand sur les bandeaux
des chaînes de télévision.
Les Français retiendront
qu’il est blanchi, espère-t-il.
Les tentatives déjà anciennes Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, a préféré quitter le Palais de justice sans faire de déclarations pour se rendre à l’Elysée
de la justice de s’immiscer où il a été reçu par Emmanuel Macron, laissant ses avocats parler à la presse. Photo AFP
sur le terrain politique vont
pouvoir connaître un coup

Conflits d’intérêts : pourquoi

– ils sont encore plus rares. d’arrêt. Si tant est que
Il va savourer une victoire, le pouvoir fasse profil bas,
au moins symbolique, dans Emmanuel Macron et Eric
la guerre qui l’oppose Dupond-Moretti vont devoir

Dupond-Moretti a été relaxé

depuis plusieurs années
à la magistrature.
En nommant à la Justice
Eric Dupond-Moretti,
en juillet 2020, Emmanuel
Macron sait qu’il déclenche
les hostilités. L’avocat
a toujours eu des propos
très durs contre les juges.
Mais bousculer pour mieux
réformer fait partie
de ses plans. L’institution est
malade, les Français perdent
confiance. Le président tente
un double remède, la carotte
(des budgets sans précédent)
et le bâton (Eric Dupond-
Moretti). Cela secoue.
Six mois après la nomination
Dessins Kim Roselier pour « Les Echos »
brider leur tempérament.
Car il y a quelque chose
de fragile dans ce coup d’arrêt.
Il est donné par une Cour
de justice certes, mais
éminemment politique.
Trois magistrats, six députés, l La Cour de justice de la République a rendu, mercredi, sa décision.
six sénateurs rappelons-le,
composent la CJR. l Le ministre était soupçonné d’avoir profité de ses fonctions pour régler ses
De sorte que le verdict comptes avec quatre magistrats qu’il avait critiqués du temps où il était avocat.
est clair, mais pas totalement
satisfaisant. Eric Dupond-
Moretti est blanchi, mains derrière le dos. Impassible à la confusion des pouvoirs, donc celle l’élément matériel des délits de prise
mais ses opposants JUSTICE l’annonce de sa relaxe, sans jubila- de l’arbitraire », note l’un d’eux. illégale d’intérêts visé à la prévention
le jugent toujours coupable. tion dangereuse qui pourrait faire Les juges de la CJR, en majorité apparaît établi à l’égard du prévenu. »
Le débat sur la légitimité Valérie de Senneville mentir l’arrêt qui vient d’être rendu. des parlementaires, n’ont pas Mais, note la cour, « M. Dupond-
de la CJR a d’ailleurs Le garde des Sceaux a préféré quit- suivi les réquisitions de l’accusation Moretti s’est contenté de suivre les
immédiatement rejailli, Comme un air de jugement de Salo- ter le Palais de justice sans faire qui avait réclamé un an de prison avis exprimés » et n’a pas exprimé,
par la voix notamment mon. Oui, il y avait bien une situa- de déclarations pour se rendre à avec sursis contre le garde des selon les témoins cités par la

du ministre, une plainte
des syndicats de magistrats
est déposée contre lui.
Du jamais vu. « La justice est
une autorité, pas un pouvoir »,
glisse peu après Emmanuel
Macron en Conseil
des ministres. De leur côté,
François Molins et Chantal
Arens, les deux plus hauts
de La France insoumise.
Et dire qu’Emmanuel Macron
avait prévu de la supprimer
dans sa tentative de réforme
constitutionnelle au début
du premier mandat, avant
que le Sénat ne contrecarre
ses plans. Aujourd’hui,
elle le sauve.
ccornudet@lesechos.fr
tion « objective » de conflit d’inté-
rêts, mais « à aucun moment »
l’attention du ministre n’a « été atti-
rée » sur celui- ci et il n’a pas
« exprimé […] une animosité, un
mépris ou un désir de vengeance ».
Bref, si l’élément matériel du délit
est bien constitué, l’élément inten-
tionnel n’existe pas, or en droit
pénal il faut les deux. En vingt minu-
tes, avec un débit de mitraillette le
président de la Cour de justice de la
République (CJR), Dominique
Pauthe, a expédié la lecture de
l’Elysée où il a été reçu par Emma-
nuel Macron, laissant ses avocats
parler à la presse.
« C’est ce que le droit dictait […] La
Cour de justice de la République a jugé
que le ministre de la Justice était inno-
cent », s’est réjouie son avocate Jac-
queline Laffont. « Cette décision
confirme qu’Eric Dupond-Moretti
n’a jamais souhaité, à aucun
moment, se venger contre quicon-
que », a abondé son autre avocat,
Rémi Lorrain.
De leur côté, les syndicats de
Sceaux, soupçonné d’avoir profité
de ses fonctions de ministre pour
régler ses comptes avec quatre
magistrats qu’il avait critiqués du
temps où il était avocat.
Compromettre
son impartialité
L’arrêt cependant prend soin de
détailler avec soin l’élément maté-
riel du délit de prise illégale d’inté-
rêts : « L’intérêt pris par M. Dupond-
Moretti en décidant en sa qualité de
garde des Sceaux de saisir l’Inspec-
défense, de désir de vengeance.
« C’est pourquoi l’expérience de
pénaliste de M. Dupond-Moretti, le
fait qu’il ait de sa propre initiative
retiré sa plainte déposée le 30 juin
2020 et la connaissance de l’existence
de situation objective de conflits
d’intérêts par les différentes autorités
appelées à le conseiller n’établissent
pas la conscience suffisante qu’ils
pouvaient avoir de s’exposer à la
commission d’une prise illégale
d’intérêts en ordonnant les enquêtes
administratives litigieuses », conclut

en bref l’arrêt qui relaxe Eric Dupond-

Moretti du délit de prise illégale
d’intérêts. Une façon de se débar-
rasser au plus vite d’un dossier pois-
seux « dont personne ne sortira
grandi », comme l’avait remarqué
pendant l’audience un témoin ?
A la barre, le garde des Sceaux en
exercice a écouté sans broncher, les
magistrats à l’origine de la plainte
ont sobrement réagi, actant simple-
ment que la CJR « avait reconnu le
conflit d’intérêts ce que le garde des
Sceaux avait toujours nié ». En privé,
certains magistrats croisés en sor-
tant de l’audience étaient plus viru-
lents : « Ce n’est pas la victoire de la
séparation des pouvoirs, c’est celle de
tion générale de la justice aux fins
d’enquête administrative concernant
M. Levrault, d’une part, et Mmes Hou-
lette et Delaunay-Weiss et M. Amar,
d’autre part, [les magistrats dont le
garde des Sceaux aurait voulu se
venger, NDLR] a été de nature à com-
promettre son impartialité, son indé-
pendance ou son objectivité dès lors
l’arrêt.
Nommé au gouvernement à la
surprise générale à l’été 2020, l’ex-
pénaliste de 62 ans, personnalité
éruptive et clivante, a toujours
clamé son innocence dans cette
affaire déclenchée par une plainte
sans précédent des syndicats de
magistrats à la fin 2020. n

Emmanuel Macron soulagé par cette issue

Le garde des Sceaux s’est sa démission devant sa mise en (Renaissance) de la commission Ligue des droits de l’homme (LDH)
AFP

vu renouveler la confiance
de la Première ministre,
Dix mois d’emprisonnement avec Elisabeth Borne.
sursis requis contre Olivier Dussopt
Grégoire Poussielgue
JUSTICE D i x m o i s d ’e m p r i s o n n e m e n t ave c s u r s i s e t
15.000 euros d’amende ont été requis mercredi à l’encontre du Eric Dupond-Moretti vivait très mal
ministre du Travail, Olivier Dussopt, jugé depuis lundi à Paris son procès devant la Cour de Justice
pour des soupçons de favoritisme dans un marché public de la République (CJR). Sa relaxe,
en 2009 alors qu’il était maire d’Annonay (Ardèche). Le Parquet prononcée mercredi, ne peut
national financier (PNF) n’a pas demandé de peine d’inéligibi- qu’être qu’une bonne nouvelle pour
lité, au regard de « l’ancienneté des faits ». Il a requis huit mois lui. Son entourage évoque le « grand
avec sursis et 15.000 euros d’amende contre Olivier Brousse, ex- soulagement » du garde des Sceaux.
directeur général de la Saur, et 1 million d’euros et une exclusion Cette décision de justice lui permet
des marchés publics avec sursis, de trois ans, contre la Saur. d’envisager sereinement la pour-
suite de sa carrière Place Vendôme,
où il a été nommé en juillet 2020
puis reconduit en mai 2022, au len-
demain de la réélection d’Emma-
nuel Macron.
Mercredi après-midi, sitôt la
décision connue, le garde des
SUR Sceaux a filé à l’Elysée pour rencon-
trer Emmanuel Macron, tout juste
de retour de Lyon, où il a assisté aux
RETROUVEZ DOMINIQUE SEUX obsèques de Gérard Collomb. Pour
DANS L’ÉDITO ÉCO le président de la République, cette
relaxe est aussi une très bonne nou-
À 7H45 velle. Depuis le début de la procé-
DU LUNDI AU VENDREDI dure, il n’avait eu de cesse de défen-
dre son garde des Sceaux, refusant
cause, au motif que « la justice ne se
rend pas dans les médias et sur les
réseaux sociaux ».
Un élément important
du dispositif Macron
Eric Dupond-Moretti est l’un des
ministres phare du gouvernement,
en tout cas l’un des plus identifiés
par l’opinion publique, un élément
important dans le dispositif du chef
de l’Etat, notamment dans la lutte
contre le Rassemblement national.
La Première ministre, Elisabeth
Borne, s’est elle aussi immédiate-
ment félicitée de cette relaxe. « Le
garde des Sceaux va pouvoir conti-
nuer à mener son action au sein de
l’équipe gouvernementale, au service
des Français. Je m’en réjouis », a-t-
elle indiqué sur X. A l’orée du procès,
elle avait clairement dit qu’il aurait
dû quitter le gouvernement en cas
de condamnation, évoquant une
« règle générale ».
Même satisfaction du côté des
parlementaires de la majorité.
« L’innocence du garde des Sceaux
était une évidence, établie par ses
défenseurs à l’audience », s’est féli-
cité Sacha Houlié, le président
des Lois à l’Assemblée nationale.
Du côté des oppositions, les com-
mentaires sont, sans surprise, de
nature différente. A gauche, elle
laisse un goût amer. La députée
européenne La France insoumise
(LFI) Manon Aubry a ainsi dénoncé
« une décision politique du tribunal
politique où siègent ses amis », tandis
La France insoumise
demande
la suppression
de la Cour de justice
de la République.
que la présidente du groupe LFI à
l’Assemblée, Mathilde Panot, taclait
« l’entre-soi d’une juridiction par-
tiale ». Dans la foulée, LFI a
(re)demandé la suppression de la
CJR. Cette suppression figurait dans
le programme présidentiel de Fran-
çois Hollande en 2012 et dans celui
d’Emmanuel Macron en 2017, mais
elle n’a jamais été menée à bien.
A l’unisson d’autres organisa-
tions et partis classés à gauche, la
a dénoncé le « deux poids, deux
mesures » après la relaxe du minis-
tre de la Justice. « Cette affaire
démontre une fois de plus que la CJR
doit être supprimée car, majoritaire-
ment composée d’élues et élus politi-
ques pour juger des responsables
politiques, ses décisions leur sont a
priori favorables et elle ne présente
pas les garanties d’impartialité
exigées par l’article 6 de la Conven-
tion européenne des droits de
l’homme », a estimé l’association
dans un communiqué.
Si ses relations avec les magis-
trats restent tendues, Eric Dupond-
Moretti peut se targuer d’avoir
réussi à se faire une place en politi-
que. A l’Assemblée nationale, il est
connu pour ses sorties contre le
Rassemblement national, comme
il l’a encore fait mardi, mais aussi
pour ses gestes emportés, comme
son bras d’honneur en mars der-
nier en direction du président du
groupe Les Républicains, Olivier
Marleix. Il avait dû s’excuser. Eric
Dupond-Moretti est aussi le minis-
tre d’une hausse sans précédent du
budget de la Justice, après le vote
d’une loi de programmation. n
 COMMUNIQUÉ

Cisco:acteur
majeur
de la tech
française
Né à San Francisco il y a près de quarante ans, Cisco
s’est imposé comme un acteur majeur de l’essor
d’Internet. Tourné vers les besoins des entreprises, il n’a
cessé d’étoffer son offre : infrastructures informatiques,
logiciels collaboratifs, cybersécurité… Portrait.
Focus /

La France, un marché important pour Cisco

S
imple comme un e-mail ?
Rarement une expression
n’aura été si éloignée de la
réalité. Si la plupart des in-
ternautes vivent l’avène-
ment d’internet et de la
transformation numérique
comme une réjouissante
croisière, peu imaginent le
tour de force qui se joue en coulisse. Depuis sa
création à Stanford en 1984 [lire notre article
ci-dessous], Cisco est aux avant-postes de cette
odyssée. Aujourd’hui, 80 à 90 % du trafic internet
mondial transite par ses infrastructures informa-
tiques et télécoms, à commencer par les routeurs
qui ont fait son succès dès les années 1980. Sans
eux, impossible de collaborer, de communiquer,
d’échanger des informations et d’apprendre à l’aide
d’Internet. C’est en effet grâce aux routeurs que
l’information transite, divisée en paquets incluant
différents types de données, notamment des fi-
chiers, des communications, des interactions sur
le Web mais aussi des données d’identification
(expéditeur et adresse IP de destination). Le rou-
teur hiérarchise ces données et sélectionne le meil-
leur chemin pour chaque transmission. Tout sim-
plement indispensable.
« Après avoir développé ses équipements réseau,
il était naturel pour Cisco d’investir dans les accès
internet et les technologies WiFi et réseaux mobile »,
rappelle Matthias Loré, Directeur du partenariat
Paris 2024 et de l’organisation growth pour South
EMEA & MEA chez Cisco. La mise en place du télé-
phone IP, qui utilise internet pour transporter la voix,
permet aux entreprises d’atteindre une plus grande
capacité d’appel et une meilleure maîtrise de leurs
coûts. Et parce que les infrastructures ont vocation à
héberger des applications disponibles à l’échelle
mondiale, Cisco développe dans la foulée des data
centers, mis à la disposition des entreprises pour
centraliser les données, y compris les plus critiques,
mais aussi gérer et sécuriser les flux entrants et sor-
tants.
À ces solutions logicielles, Cisco ajoute de nou-
velles offres à son portefeuille, centrées autour du
travail collaboratif. À l’instar de Webex (devenu
Webex by Cisco), start-up rachetée en 2007, qui
allait devenir la solution phare de visioconférence
des entreprises internationales et a permis l’essor
du télétravail bien avant la crise de la Covid en
2019. En octobre 2023, la plateforme devient en-
core plus efficace et facile à utiliser grâce à l’inté-
gration d’une intelligence artificielle générative,
pour une clarté audio irréprochable et une meil-
leure qualité vidéo tout en réduisant la taille de la
bande passante. Autre nouveauté de taille : la créa-
tion de Webex AI Assistant, capable de suivre en
temps réel une réunion et de rédiger instantané-
ment un résumé des échanges.
Le cloud, une aubaine pour les
hackers
Dans les années 2000, l’avènement du cloud change
complètement la donne. Ce nouvel environnement
ouvert, certes propice à une transformation numé-
rique bienvenue, s’avère incomparablement plus dif-
ficile à sécuriser. « Les entreprises évoluaient aupara-
vant dans environnement informatique fermé avec
des serveurs quasiment inattaquables. Il suffisait d’un
C’est en 1986, deux ans après l’image du centre dédié à la Business, Axians », souligne
sa création outre-Atlantique, cybersécurité situé à Lyon. Matthias Loré, Directeur du
que Cisco s’implante en Sur le terrain, Cisco se trouve au partenariat Paris 2024 et de
France. L’Hexagone est centre d’un écosystème de l’organisation growth pour
aujourd’hui un marché partenaires extrêmement South EMEA & MEA.
important pour Cisco, au étendu : « Nous vendons Pour animer cet écosystème, la
même titre que le Royaume- essentiellement des produits formation est un enjeu central.
Uni et l’Allemagne, avec pas installés par des tiers si bien que Cisco a annoncé l’année
moins de 700 collaborateurs nous comptons 1 300 parte- dernière un plan d’investisse-
sur le territoire : forces naires sur le territoire français, ment dédié de 50 millions
commerciales, support dont certains acteurs majeurs d’euros sur trois ans.
technique mais aussi R&D, à comme Orange Business, SFR
pour les entreprises sont potentiellement catastro- gestion des données des entreprises Splunk pour
phiques. Elles se chiffrent à deux milliards d’euros un montant record d’environ 28 milliards de dol-
en France pour la seule année 2022, rapporte le lars, sa plus grosse acquisition à ce jour. Un chiffre
cabinet de conseil Asterès, qui a analysé 385 000 cy- qui donne la mesure de ses ambitions en la matière
berattaques. Selon lui, le coût moyen flirte avec les et fait entrer le Groupe dans le club des plus grands
60 000 euros pour les entreprises et organisations. éditeurs de logiciels mondiaux. Principaux objec-
« Par le passé, les attaques des cyberpirates pou- tifs ? Aider les organisations à améliorer leur rési-
vaient viser par exemple une application, sans re- lience numérique et accélérer la stratégie de Cisco
mettre en cause les processus opérationnels d’une visant à tout connecter en toute sécurité. Les capa-
entreprise », rappelle Matthias Loré. « Aujourd’hui, cités combinées des deux entreprises « seront à
tout est connecté à internet, y compris les robots et l’origine de la prochaine génération de systèmes de
les logiciels qui pilotent la production des usines. sécurité et d’observabilité basés sur l’IA », a décla-
C’est pourquoi Cisco a complètement revu son ap- ré Chuck Robbins, PDG de Cisco. De quoi renfor-
proche afin de sécuriser applications et data centers cer encore la promesse de cet acteur indissociable
mais aussi les flux vers le cloud ». d’Internet : We securely connect everything to make
En septembre 2023, Cisco a annoncé l’intention anything possible (« Nous connectons tout de façon
d’acquérir le spécialiste de la sécurisation et de la sécurisée pour que tout devienne possible »).
Story / Silicon Valley
Né à San Francisco

firewall pour sécuriser les serveurs et de logiciels an-
tivirus pour protéger les PC, ce qui constituait une
« Aujourd’hui, 80 parade suffisante pour prévenir l’écrasante majorité
des attaques. Aujourd’hui, le cloud, qui héberge aussi
à 90 % du traic internet bien les données que les applications utilisées quoti-
mondial transite par diennement par les collaborateurs, a multiplié les
portes d’entrées pour les hackers », souligne Matthias
les infrastructures Loré. « Les collaborateurs ignorent que chaque e-mail
informatiques qu’ils reçoivent a été scanné avant même d’arriver sur
et télécoms de Cisco. » le serveur de leur entreprise, à nouveau analysé avant
d’être téléchargé sur leur PC. »
Matthias Loré / Directeur du partenariat Paris 2024 et de
La cybersécurité devient ainsi le nouvel enjeu
l’organisation growth pour South EMEA & MEA chez Cisco phare de Cisco. Car les conséquences des attaques
T
out a commencé
en 1984 avec
Sandy Lerner et
Len Bosack, tous
deux employés à
l’université de Stanford où ils
avaient obtenu leur diplôme trois
ans plus tôt. Le couple souhaitait
échanger des courriers électro-
niques depuis leurs bureaux res-
pectifs, situés dans des départe-
ments différents. À l’époque, les
lacunes technologiques ne per-
mettaient pas une telle communi-
cation, d’où leur idée de déployer
une solution capable de gérer les
protocoles locaux disparates. Il
n’en fallait pas plus pour démocra-
tiser une technologie naissante,
celle du routeur multiprotocole.
En décembre 1984, Sandy
Lerner et Len Bosack fondent ain-
si Cisco Systems, en référence à
San Francisco. Le logo est lui aus-
si directement inspiré du célébris-
sime pont de la ville californienne.
Un hommage bien inspiré, tant
les premiers routeurs vont per-
mettre de dresser des passerelles
entre les individus et les entre-
prises.
Commercialisé dès 1985, ce
premier produit marque le coup
d’envoi d’une incroyable aventure
entrepreneuriale. En 2022, près de
quarante ans plus tard, Cisco
comptait 77 000 employés dans 95
pays pour un chiffre d’affaires de
21 milliards de dollars.

Numérique / Jeux Olympiques et Paralympiques

Le partenaire de confiance de Paris 2024

A
près Londres en 2012,
Rio en 2016, Tokyo
en 2020, Cisco ac-
compagne les Jeux
Olympiques et Para-
lympiques de Paris 2024. Sa mis-
sion ? « Cisco est un leader mondial
dans le domaine des équipements de
réseau, des infrastructures de cyber-
sécurité et de la collaboration. Son
expertise nous permet de relever le
défi de la confiance numérique ! »,
s’enthousiasme Tony Estanguet,
Président de Paris 2024. L’ensemble
de ces technologies permettront
d’offrir des solutions durables pour
connecter tous les acteurs des Jeux
Olympiques et Paralympiques de
Paris 2024, en favorisant une connec-
tivité et des interactions optimales
entre les athlètes, les entraîneurs, les
volontaires, les touristes et les spec-
tateurs du monde entier.
Pour faire de cet événement un
succès, la cybersécurité constitue un
enjeu majeur. Les Jeux de Tokyo en
2021 avaient subi 450 millions d’at-
taques informatiques. Paris s’attend à
dix fois plus ! Les technologies Cisco
Secure permettront de détecter les
éventuelles cybermenaces et de pro-
téger le bon déroulement numérique
des Jeux.
Une technologie omni-
présente
Affichage dynamique, contrôle des
accès et des billets, chronométrage et
arbitrage… Les événements sportifs
de grande envergure comme les Jeux
Olympiques et Paralympiques solli-
citent de nombreuses ressources, dé-
pendantes du réseau. L’ensemble des
accrédités, soit environ 45 000 per-
sonnes, doivent en effet avoir accès au
système d’information en temps réel
sur chaque site de compétition.
La solution de vidéoconférence,
Webex by Cisco accompagne elle aus-
si Paris 2024. Les équipes organisa-
trices ont déjà commencé à collabo-
rer et à communiquer de manière plus
simple et plus sécurisée, où qu’elles se
trouvent. Pour que Paris soit une fête.
FRANCE Jeudi 30 novembre 2023 Les Echos 06

en bref
La facture de la SNCF pour
L’eurodéputée écologiste
Michèle Rivasi est morte subitement
POLITIQUE La députée européenne écologiste Michèle Rivasi
est morte subitement à 70 ans, ont annoncé mercredi des diri-
le contribuable s’alourdit
geants écologistes. « Une combattante de l’écologie s’est éteinte.
Sa mort inattendue laisse un vide immense », a estimé l’eurodé-
putée Marie Toussaint, tête de liste des Écologistes aux prochai-
nes européennes, sur X. Née le 9 février 1953 à Montélimar,
Michèle Rivasi, normalienne agrégée de biologie, s’apprêtait à
achever son troisième mandat au Parlement européen, où elle
était notamment connue pour ses positions anti-lobbies phar-
maceutiques et antipesticides. Peu connue du grand public,
mais très populaire auprès des militants écologistes, cette res-
ponsable « ne lâchait jamais rien », lui a rendu hommage Marie
Toussaint.

Loi immigration : les députés

rétablissent l’aide médicale d’Etat
SOCIAL Les députés ont rejeté mercredi en commission des
lois, à une très grande majorité, un article introduit par les séna-
teurs qui transformait l’aide médicale d’Etat (AME) en aide
médicale d’urgence (AMU), dans le projet de loi immigration. Le
rapporteur général du projet de loi, Florent Boudié (Renais-
sance), a souligné qu’il s’agissait d’une question relevant de la
« santé des individus », mais aussi d’une « question de santé col-
lective ». Il ne s’agit cependant pas de « fermer le débat », un rap-
port sur le sujet commandé par la Première ministre Elisabeth
Borne à Claude Evin et Patrick Stefanini devant être remis le
4 décembre.

Hausse des cas de pneumopathie

en raison d’une bactérie
SANTÉ Après la Chine, une « recrudescence inhabituelle de cas
d’infections respiratoires » à la bactérie mycoplasma pneumo-
niae est actuellement observée en France, alerte mercredi le
directeur général de la Santé dans un courrier urgent envoyé
aux professionnels de santé. L’immense majorité des infections
sont bénignes et guérissent spontanément mais certains cas
peuvent nécessiter une hospitalisation, précise ce courrier.
« C’est une bactérie qui répond très bien à des antibiotiques spécifi-
ques, on les a sur le territoire », a assuré le ministre de la Santé,
Aurélien Rousseau sur Franceinfo. « On a six mois de stock sur Selon François Ecalle, ancien magistrat de la Cour des comptes et créateur de Fipeco, « quand on compare les subventions versées
ces produits-là », a-t-il indiqué. par les Etats pour le ferroviaire [en retenant un critère de train-kilomètre, NDLR], c’est plus élevé en France ». Photo Laurent Cerino/RÉA

des coûts de fonctionnement de Si l’on fait l’addition des sommes

COMPTES PUBLICS la SNCF. On retrouve notamment consacrées au fonctionnement, à
les 6,8 milliards versés en 2022 par l’investissement et à la protection
Vendredi avec Les Echos L’ensemble des les régions à la SNCF pour exploiter sociale (sans oublier les 800 millions
concours publics les TER et les trains Transilien en de la charge d’intérêts de la dette
versés à la SNCF Ile-de-France. Dans les faits, la com- reprise par l’Etat), on aboutit donc à
principalement pagnie ferroviaire reste en effet cette facture de 20 milliards. Pour
par l’Etat et les régions encore en situation de monopole, la François Ecalle, ce chiffre repré-

Les Echos Week-end, s’est établi

à 20 milliards d’euros
en 2022, selon une
concurrence n’étant pas attendue
avant 2025. L’Etat finance égale-
ment les Intercités à hauteur de
sente « un signal d’alarme » : « Certes
le ferroviaire est nécessaire pour la
transition écologique, mais ce n’est
400 millions. Ces différentes som- pas une raison pour faire n’importe

tout le plaisir étude du site Fipeco.

Renaud Honoré
mes apportées par le contribuable
viennent en plus de ce qui est payé
par le voyageur en achetant son
quoi sur les coûts. La question de l’effi-
cience doit être posée », estime-t-il.

d'être curieux. Est-ce la confirmation que la puis-

sance publique est décidée à don-
ner de nouveaux moyens au trans-
port ferroviaire, ou bien le signe que
les finances de la SNCF ne sont tou-
jours pas suffisamment tenues ?
En 2022, la facture laissée par la
compagnie ferroviaire aux comp-
tes publics a représenté 20 mil-
liards d’euros, en nette hausse sur
les six dernières années.
C’est ce qui ressort d’une étude
OI publiée ce jeudi par le site Fipeco,
T M
... E
/ ST
Y LE / spécialisé sur les finances publi-
billet de train.
Dernier poste de cette catégorie,
les redevances d’accès des TER et
des Transilien (2,9 milliards) payées
par l’Etat à SNCF Réseau, le gestion-
naire de l’infrastructure. Ce qui
donne au total 10,1 milliards d’euros
pour l’ensemble des coûts de fonc-
tionnement. « Les versements des
administrations publiques représen-
tent à peu près la moitié » du chiffre
d’affaires ferroviaire réalisé en
France par la SNCF, estime Fipeco.
Développement
du ferroviaire
Ce dernier assure que différentes
études montrent que « quand on
compare les subventions versées par
les Etats pour le ferroviaire [en rete-
nant un critère de train-kilomètre,
NDLR], c’est plus élevé en France ».
La SNCF avait pourtant promis de
gros efforts de productivité en 2018
en contrepartie de la reprise de
35 milliards d’euros de dettes par
l’Etat, mais l’ancien magistrat de la
Cour des comptes juge que « cela
reste peu visible dans les chiffres ».

SS S
T OR
Y / C
UL T UR E
ques. Celui-ci a cherché à retracer La protection sociale Cette vision des choses est vive-
l’ensemble des contributions ver- ment contestée par la SNCF. Pour la
des cheminots
E
B USI N

sées par l’Etat ou les collectivités compagnie ferroviaire, en rappro-

locales, aussi bien les subventions
pour le fonctionnement et les inves-
tissements que les aides au régime
spécial de Sécurité sociale des che-
minots.
L’addition aboutit donc à un coût
de 20 milliards, et qui se compare
aux 13,7 milliards chiffrés par le
rapport Spinetta en 2016 (+45 % en
six ans), ou aux 17 milliards de 2020
(+17,6 % en deux ans) calculés aussi
bien par une précédente étude
Fipeco que par un rapport du Sénat.
ILE
ais
continue de peser sur
les comptes publics,
même si le statut
a disparu pour
les nouveaux agents
engagés depuis 2020.
Au-delà du fonctionnement,
l’étude répertorie également les
subventions d’investissement de
l’Etat et des régions reçues par la
chant les coûts financés par la puis-
sance publique pour le fonctionne-
ment, les investissements et le
système de protection sociale,
Fipeco ne fait « qu’additionner des
choux et des carottes », selon la
direction du groupe.
Sur le fond, cette dernière rap-
pelle que les coûts ont été tirés à la
hausse par la flambée des prix de
l’énergie. « Il y a surtout des mon-
tants importants pour les investisse-
ments, qui reflètent la volonté de

OMOB
sorm « Ce montant de 20 milliards SNCF, à la fois pour l’achat de rames développer le ferroviaire au service
n t dé ure.
B d’euros est non négligeable pour les et pour le réseau. Soit 6,2 milliards des Français », argue la direction de
s e it e.

LA BO
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sédu une vo nomèn
les phé finances publiques. Certes toutes les de dépenses publiques pour la SNCF. De fait, les subventions
s s imp er pour u n
èle ns sur dépenses publiques sont tirées vers le l’ensemble des investissements, qui d’investissements – qui ont doublé
mod dépe uête
. Ses us trop it. Enq
.6€

e haut ces dernières années par l’infla- bénéficient encore quasi exclusive- en six ans – représentent le poste de
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CINÉM ’aimer tion, mais l’augmentation constatée ment à la compagnie ferroviaire coût qui a connu la plus forte
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Une plongée dans le maquis des la protection sociale des cheminots fait les économies réclamées. « La
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financé par la puissance publique, depuis 2020. L’Etat verse ainsi réalisé l’an dernier et au premier
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et donc in fine le contribuable. En 3,2 milliards de subventions d’équi- semestre 2023 », rappelle la direc-
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premier lieu, il y a tout ce qui relève libre au régime spécial de retraites. tion du groupe. n
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07 Les Echos Jeudi 30 novembre 2023
Croissance : l’OCDE ne prévoit
pas d’embellie avant 2025
l La croissance est promise à un ralentissement supplémentaire à l’échelle
mondiale l’an prochain ; elle n’atteindrait que 0,8 % en France.
l La hausse de l’endettement public des pays développés inquiète de plus en plus.
CONJONCTURE
Richard Hiault
L’heure est à l’atterrissage en dou-
ceur de l’économie mondiale. Dans
ses nouvelles prévisions, publiée
mercredi, l’Organisation de coopé-
ration et de développement écono-
miques (OCDE) s’attend à ce que la
croissance du PIB ralentisse encore
à 2,7 % l’an prochain après 2,9 %
cette année. Elle devrait remonter à
3 % seulement en 2025 grâce à la
remontée des revenus réels et
l’amorce d’un recul des taux d’inté-
rêt directeurs. Une fois de plus, la
croissance 2024 sera la plus faible
depuis la crise financière mondiale,
à l’exception de la première année
de la pandémie de Covid.
Pour étayer leur pronostic, les
économistes de l’organisation se
basent sur un prix du baril de pé-
trole brut brent de 85 dollars et d’un
prix du gaz naturel constant à
45 euros le mégawattheure (MW/h)
jusqu’à fin 2025. Ce qui est loin d’être
gagné compte tenu des tensions
géopolitiques et des risques de déra-
page du conflit au Proche-Orient.
Comme le souligne elle-même
l’économiste en chef de l’OCDE,
Clare Lombardelli, en préambule
du rapport, « nous prévoyons un
atterrissage en douceur pour les éco-
nomies avancées, mais cela est loin
d’être garanti. La relation entre
l’inflation, l’activité et les marchés
du travail a changé, ce qui rend dif-
ficile d’évaluer pleinement l’impact
du resserrement de la politique
monétaire ».
Bonne tenue des dépenses
de consommation
Si la croissance du PIB a été plus
forte que prévu jusqu’à présent
en 2023, l’activité va donc ralentir à
mesure que l’impact du resserre-
ment des politiques monétaires, de
la faible croissance du commerce
mondial et de la baisse de confiance
des entreprises et des consomma-
teurs se fera de plus en plus sentir.
Lors d’un point presse, mercredi,
Clare Lombardelli a constaté la
bonne tenue des dépenses de
consommation, les ménages ayant
puisé dans leur épargne, ce qui n’est
pas le cas en Europe.
Aux Etats-Unis où la politique
monétaire devrait s’assouplir à par-
Avec SG,
faites grandir vos idées
en les protégeant.
tir du second semestre 2024, à
mesure que l’inflation continue de
baisser, la hausse du PIB devrait
donc s’établir à 1,5 % en 2024 après
2,4 % en 2023.
Dans les principales économies
européennes, durement touchées
par le choc des prix de l’énergie
en 2022 et par la guerre en Ukraine,
la croissance devrait rester faible à
court terme. La hausse du PIB dans
la zone euro devrait légèrement
accélérer, passant de 0,6 % en 2023 à
0,9 % en 2024 et à 1,5 % en 2025. La
France est créditée de 0,8 % (2024) et
1,2 % (2025). Les chiffres pour l’Alle-
magne s’établissent respectivement
à 0,6 % et 1,3 %.
Au-delà de ces prévisions, c’est
bien l’évolution des finances publi-
ques qui inquiète. « La dette publique
suit une trajectoire inquiétante dans
une grande partie des pays du G7 »,
souligne l’OCDE. Les gouverne-
ments sont confrontés à des pres-
sions croissantes en raison du
fardeau élevé de la dette, mais égale-
ment par des dépenses supplémen-
taires liées au vieillissement de la
population, à la transition climati-
que et à la défense. De plus, les coûts
du service de la dette augmentent
MONDE
au fur et à mesure que les émissions
obligataires passées à faible taux
arrivent à échéance pour être rem-
placées par de nouveaux emprunts
dont le taux est plus élevé.
« Dans une économie type de
l’OCDE, le taux d’intérêt implicite
payé sur la dette en 2025 devrait être
supérieur de 1,2 point de pourcentage
au taux payé en 2021, avec des aug-
mentations relativement importan-
tes dans un certain nombre de petites
économies européennes », précise
l’organisation.
Efforts à court terme
Si aucune mesure pour réduire les
dépenses ou augmenter les recettes
fiscales, en moyenne, « la dette publi-
que nette progresserait de plus de
60 points de pourcentage du PIB d’ici
2040 », a précisé Clare Lombardelli.
De ce fait, les recettes annuelles Bref, le fardeau de la dette risque des efforts plus importants à court
devraient progresser d’environ d’augmenter considérablement à terme. « Cela signifie réformer les
3,5 points de pourcentage du PIB l’avenir si les Etats n’entreprennent politiques du marché du travail et des
d’ici 2040, et de 6,5 points de pour- rien. Dans le passé, la réduction des retraites, accroître la concurrence et
centage d’ici 2060, pour empêcher dettes a généralement été obtenue utiliser des leviers fiscaux pour
le ratio d’endettement public d’aug- grâce au maintien d’un excédent accroître le capital humain et les
menter au-delà des niveaux proje- budgétaire primaire. « Selon les investissements améliorant la pro-
tés pour 2025, au regard des dépen- plans actuels, peu de pays sont sus- ductivité, y compris les investisse-
ses budgétaires prévues, selon les ceptibles d’y parvenir en 2024-2025 », ments nécessaires à la transition
estimations de l’OCDE. alerte l’organisation qui appelle à verte », détaille Clare Lombardelli. n
MONDE Jeudi 30 novembre 2023 Les Echos 08

La COP28 de Dubaï pourrait acter la baisse

l La perspective d’une sortie progressive des énergies fossiles suscite beaucoup d’attentes.
l Les Etats doivent aussi entériner les premières décisions sur le fonds « pertes et dommages », acté l’an dernier à Charm el-
ENVIRONNEMENT
Anne Feitz
Son président, l’émirati Sultan Al
Jaber, espère que la COP qui s’ouvre
ce jeudi à Dubaï marquera l’his-
toire, au même titre que la COP21 de
Paris. Un vœu pieux ? La 28e Confé-
rence des parties sur le climat de
l’ONU réunira les représentants des
197 parties aux négociations
(196 Etats et l’Union européenne)
pendant les deux semaines à venir.
Visant à limiter le réchauffement
climatique, elle intervient dans un
contexte de vives tensions interna-
tionales, mais aussi de doulou -
reuses catastrophes climatiques
partout sur la planète (sécheres-
ses, canicules, inondations).
L’année 2023 s’annonce comme la
plus chaude jamais enregistrée.
« Nous sommes à un moment cru-
cial pour la survie de l’humanité ! »
rappelle un membre de la déléga-
tion française à Dubaï. Plus lourde
d’enjeux que jamais, la COP28
risque d’être aussi le cadre de dis-
cussions compliquées.
Se remettre sur les rails
« Cette COP sera critique : elle doit
mettre sur la table des sujets fonda-
mentaux, mais elle comporte aussi
un vrai risque de révéler des blocages
qui conduiraient des acteurs à sortir
de l’accord de Paris », alerte Sébas-
tien Treyer, directeur général de
l’Institut du développement dura-
ble et des relations internationales
(Iddri).
La réunion du G20 sur le sujet fin
juillet, qui s’est soldée par un échec,
a montré qu’on était encore loin du
consensus. « Nous nous attendons à
des négociations ardues », recon-
naît-on à l’Elysée.
Les ambitions sont élevées. Si
cette COP28 est très attendue, c’est
d’abord pour établir le premier
bilan de l’accord de Paris depuis sa
signature en 2015. « Ce sera la pièce
de résistance », juge Lola Vallejo,
directrice du programme climat de
l’Iddri. Les conclusions du bilan
proprement dit ne seront guère sur-
prenantes : le monde n’est pas vrai-
ment sur la trajectoire de 1,5 °C de
réchauffement évoquée dans
l’accord de Paris. « Ce qui sera com-
pliqué sera de trouver un accord sur
la façon de se remettre sur les rails »,
poursuit l’experte.
La grand-messe de Dubaï pour-
rait à ce titre devenir la « COP des
énergies fossiles » : la sortie des
hydrocarbures pourrait y être men-
tionnée pour la première fois. Si la
fin progressive de l’utilisation du
charbon avait été évoquée il y a
deux ans, à la COP26 de Glasgow,
celle du pétrole et du gaz devrait
être enfin discutée cette année.
« Ce sera difficile, mais nous nous
battrons pour qu’elle soit incluse
dans le texte, sans compensation par
du stockage de carbone », insiste un
négociateur tricolore. C’est la posi-
tion que défendront l’Union euro-
péenne, selon l’accord conclu à
Bruxelles mi-octobre, mais aussi
potentiellement les Etats-Unis, pre-
mier producteur mondial de
pétrole. Les pays producteurs frei-
nent encore des quatre fers, mais la
déclaration de Sultan Al Jaber en
juin, reconnaissant qu’une baisse
est « nécessaire et inévitable », a mar-
qué les esprits.
Des coalitions volontaires
sur certains sujets
Les Etats chercheront aussi à trou-
ver un accord sur la réduction des
émissions de méthane, un gaz à
effet de serre plus puissant que le
CO2. Les objectifs de tripler les capa-
cités d’énergies renouvelables et de
doubler l’efficacité énergétique d’ici
à 2030, eux aussi sur la table, parais-
sent plus consensuels – ils pour-
raient servir de levier de négocia-
tion sur les énergies fossiles. ment climatique. Il s’agira à Dubaï de 100 milliards de dollars par an à dans des « coalitions » volontaires vent parfois sembler inutiles, mais
Enfin la question des finance- d’entériner ses premières modali- compter de 2020. « La question est sur certains sujets : le méthane, le leurs résultats n’en sont pas moins
ments climat, qui avait bloqué les tés pratiques, et notamment ses d’autant plus sensible que de nom- charbon, le nucléaire, l’hydro- cruciaux. Sans l’accord de Paris, les
négociations l’an dernier à Charm donateurs et ses bénéficiaires. breux pays du Sud traversent des cri- gène, etc. « Il ne faudrait pas que ces émissions mondiales de gaz à effet
el-Cheik, reste explosive. La COP27 Mais la fracture Nord-Sud reste ses de la dette qui vont bien au-delà initiatives allègent la pression sur les de serre seraient en route pour aug-
a acté le principe de la création d’un profonde sur le sujet. Une crise de du climat », souligne Sébastien négociateurs pour obtenir un accord menter de 16 % par rapport à 2015.
fonds « pertes et dommages », qui confiance largement alimentée par Treyer. final important », s’inquiète déjà Or la hausse prévisible est désor-
doit permettre aux pays les plus vul- l’incapacité des pays développés à Anticipant les difficultés à trou- Lola Vallejo. mais estimée à 3 %, a montré le der-
nérables de financer les dégâts irré- tenir leur promesse de soutenir les ver un compromis, plusieurs pays, Alourdies par la lenteur du nier rapport du Programme pour
versibles causés par le réchauffe- pays en développement à hauteur dont la France, veulent s’engager temps diplomatique, les COP peu- l’environnement des Nations unies

« Il est possible de limiter le réchauffement Sultan Al Jaber, l’homme au

climatique à 1,5 degré »
Propos recueillis par
Nicolas Barré
— Aux Emirats arabes unis
Le monde peut-il revenir
à la trajectoire fixée
par l’accord de Paris ?
Oui. Nous avons clairement dérivé
par rapport à l’accord de 2015
comme le montre le Global Stock-
take [rapport sur les efforts accom-
plis depuis l’accord de Paris, NDLR].
Nous devons absolument revenir
dans cette trajectoire de limitation
du réchauffement à 1,5 degré.
C’est possible, la science nous le
dit : le monde doit réduire ses émis-
sions de gaz à effet de serre de
22 gigatonnes au cours des sept pro-
chaines années et c’est faisable si la
volonté politique est là. Les pays
avec lesquels nous parlons ont
compris les conséquences que cela
aurait si nous échouons. C’est pour-
quoi nous pensons que cette COP28
peut être un succès.
Comment y arriver ?
Il faut accélérer sur plusieurs
grands sujets comme le finance-
ment de la transition énergétique
ou le fonds pertes et dommages.
Accélérer également la décarbona-
tion de notre système énergétique
tout en bâtissant le système du futur
en triplant les énergies renouvela-
bles, en développant l’hydrogène.
Mais l’enjeu majeur est le finance-
ment. Partout où je suis allé depuis
MAJID AL SUWAIDI
Directeur général
de la COP28
des mois pour préparer cette COP28,
on m’a expliqué que les finance-
ments nécessaires à la transition
énergétique étaient soit indisponi-
bles, soit trop chers. Les pays déve-
loppés n’ont pas honoré leur engage-
ment sur les 100 milliards de dollars
qu’ils avaient promis il y a 14 ans. Ils
doivent maintenant le faire.
En parallèle, il est nécessaire de
transformer les institutions finan-
cières multilatérales, les banques
de développement, la Banque mon-
diale, le FMI… On estime qu’il va fal-
loir mobiliser entre 2.400 et
4.000 milliards de dollars pour
financer la transition.
Le monde est encore plus
fragmenté qu’en 2015.
Un consensus est-il encore
possible ?
Il y a un déficit de confiance en
grande partie à cause de cette pro-
messe de financement non tenue
par les pays du Nord. Mais j’insiste :
ce ne sont pas des centaines de mil-
liards de dollars qui manquent
mais des milliers de milliards. Pour
cela, il faudra plus d’argent public
mais également embarquer le sec-
teur privé avec les incitations néces-
saires. C’est ce que nous espérons
obtenir lors de cette COP28 en met-
tant dans la même pièce les minis-
tres des Finances et le secteur privé.
Le président de la COP28 est un
patron, il veut des avancées concrè-
tes et des résultats.
Le président de la COP28
Sultan Al Jaber est aussi PDG
de la compagnie pétrolière
d’Abu Dhabi. N’y a-t-il pas là
un conflit d’intérêts ?
Vous pensez que lorsque le prési-
dent de la COP est un politicien, il ne
subit pas de pressions ? Qu’il ne peut
pas y avoir de conflit d’intérêts ?
Notre président réunit les deux
mondes, il est à la fois diplomate et
industriel. L’accord de Paris était un
grand moment politique. Il faut
transformer cet élan politique en
actions concrètes sur le terrain. A
notre sens, c’est exactement ce que
peut apporter un PDG de grand
groupe avec une approche orientée
sur les résultats.
« Si l’industrie
pétrolière et
gazière veut
avoir un avenir,
elle doit faire
partie de
la solution. »
Qu’attendez-vous des
compagnies pétrolières ?
Nous disons à cette industrie que ce
n’est pas en continuant à faire la
même chose que les choses change-
ront ! Nous souhaitons impliquer
l’industrie pétrolière et gazière dans
la recherche de solutions. Si elle veut
avoir un avenir, elle doit justement
faire partie de la solution. Notre pré-
sident connaît cette industrie, il sait
ce sur quoi elle peut s’engager. Il a
commencé sa carrière dans le
renouvelable. Lorsqu’il a été désigné
pour diriger Adnoc [la compagnie
nationale d’Abu Dhabi, NDLR], ce
n’était pas le choix le plus évident
mais sa mission était de diversifier
la compagnie. La filière pétrolière et
gazière dispose des talents et de la
technologie qui permettent de déve-
lopper les énergies du futur et c’est
ce que nous attendons d’elle.
Pourtant votre pays continue
d’investir massivement
dans le pétrole et le gaz…
Lorsque nous disons qu’il faut accé-
lérer la transition énergétique, nous
n’oublions pas qu’il s’agit d’une
« transition ». Dans une transition,
par définition, les énergies fossiles
font toujours partie du mix énergé-
tique. On ne peut pas demander aux
gens de n’utiliser que des énergies
propres s’ils n’y ont pas accès ou
n’ont pas les moyens d’y avoir accès.
Il faut accélérer la transition en
étant pragmatique. n
La nomination du patron
de la société pétrolière
émiratie Adnoc à la
présidence de la COP28 a
fait hurler les associations
environnementales
Depuis sa nomination en janvier
dernier, Sultan Al Jaber n’aura pas
ménagé ses efforts pour convain-
cre que, non, sa double casquette
ne nuira pas au succès de la COP28
qui s’ouvre ce jeudi à Dubaï. Car
pour la première fois, c’est le
patron d’une entreprise pétrolière
– Adnoc, la compagnie nationale
d’Abu Dhabi – qui préside la grand-
messe de l’ONU sur le climat.
Les associations environne-
mentales ont hurlé, dénonçant un
grave conflit d’intérêts. Alors que
l’un des objectifs cruciaux de la
réunion de Dubaï sera d’entériner
une sortie des énergies fossiles,
Adnoc prévoit d’investir 150 mil-
liards de dollars d’ici à 2027 pour
accroître sa production de pétrole.
Une centaine de parlementaires
européens et américains ont
même appelé à sa démission en
juin dernier.
« Il y a des inquiétudes sur sa
capacité à différencier les intérêts de
la présidence de ceux d’Adnoc »,
explique Gaïa Febvre, responsa-
ble des politiques internationales
au Réseau action climat. Les accu-
sations récentes de la BBC et du
Center for Climate Reporting ne
rassureront pas ceux qui crient au
scandale – même si elles ont été
démenties par ses porte-parole :
Sultan Al Jaber aurait voulu profi-
ter de rencontres avec des gouver-
nements étrangers organisées au
nom de la COP28 pour engager
des discussions d’affaires.
Pour autant, ceux qui ont côtoyé
ce dirigeant de 50 ans, formé aux
Etats-Unis et au Royaume-Uni, lui
accordent le bénéfice du doute. « Il
est très compétent, aimable et habile,
dit le spécialiste de l’environne-
ment François Gemenne. Il connaît
très bien le sujet, et a pris son rôle très
au sérieux. »
« Il nous a écoutés »
Président d’Adnoc depuis 2016,
Sultan Al Jab er avait fondé
en 2006 Masdar, la société d’Abu
Dhabi spécialisée dans les énergies
renouvelables, devenue depuis un
géant du secteur. « J’ai passé la
majorité de ma carrière dans le
développement durable, la gestion
de projets et les énergies renouvela-
bles », martèle celui qui est
aujourd’hui également ministre
de l’Industrie et des Technologies
avancées des Emirats arabes unis.
Il est rompu aux négociations
climatiques, et notamment aux
COP, pour avoir été envoyé spécial
pour le climat des Emirats pen-
dant plusieurs années. « Il s’est
énormément investi dans la prépa-
ration de cette COP, avec de nom-
breux déplacements à l’étranger et
consultations avec les pays », témoi-
gne Stéphane Crouzat, ambassa-
deur de la France pour le climat.
« Le président d’une COP peut jouer
un rôle important dans la recherche
de compromis, il y a un gros travail
diplomatique à faire en amont. »
 09 Les Echos Jeudi 30 novembre 2023 MONDE

e des énergies fossiles Le boycott, un levier jugé

contre-productif
-Cheikh, en Egypte. L’aide financière Plusieurs appels au
boycott de la COP28
se sont fait entendre,

aux pays du Sud pour ne pas cautionner

une politique de
« greenwashing » de la
au cœur des débats part des pays du Golfe.

Marie Bellan

La conférence climatique
qui s’ouvre cette semaine
à Dubaï doit notamment
entériner la création du
fonds « pertes et domma-
ges », qui permettra aux
pays du Sud de réparer
les dégâts causés par le
réchauffement climatique.
la Chine qui en détient une grande
partie.
Il sera d’autant plus compliqué
d’atterrir sur le fonds « pertes et
dommages » que les pays du Nord
n’ont toujours pas tenu leur pro-
messe sur les fameux « 100 mil-
liards de dollars » promis
en 2009 — un manquement qui
mine profondément les relations
Près de 80.000 participants, c’est le
chiffre record du nombre de visi-
teurs attendus cette année à la
COP28 de Dubaï. Près du double
de l’an passé à Charm el-Cheikh.
Pourtant certains, dans la société
civile, ont choisi de ne pas y aller et
de boycotter l’évènement.
C’est le cas de plusieurs chefs
d’entreprises engagés dans la lutte

(PNUE). C’est encore beaucoup trop
par rapport à l’objectif (sans réac-
tion, le monde se dirige aujourd’hui
vers un réchauffement de 3 °C),
mais c’est un premier pas. n
Lire l’enquête page 15
( et l’éditorial de Lucie
Robequain page 16
La question des financements cli-
mat a monopolisé (et failli faire
capoter) les débats à la COP27 de
Charm el-Cheikh l’an dernier. Les
négociateurs espèrent ne pas
revivre les mêmes blocages cette
année à Dubaï. « C’est toujours
une question cruciale dans les COP,
un préalable à toute avancée sur les
autres points », relève Lola Vallejo,
directrice du programme climat
de l’Institut du développement
durable et des relations interna-
tionales (Iddri).
Le sujet sera à nouveau central
lors de cette COP28 : au nom de la
justice climatique, les pays en
développement attendent des
pays développés, responsables de
l’essentiel des émissions de gaz à
effet de serre, qu’ils les aident à se
décarb oner mais surtout à
s’adapter au réchauffement et à
réparer les dégâts qu’il engendre.
Dégâts irréversibles pour
les pays « vulnérables »
Un grand pas avait été franchi à
Charm el-Cheik en 2022, lorsque
les négociateurs avaient in extre-
mis accepté de créer un fonds
« pertes et dommages » consacré
aux réparations des dégâts irré-
versibles subis par les pays « par-
ticulièrement vulnérables ». L’un
des grands enjeux de la COP28
sera d’acter la création de ce
fonds.
Un préaccord a été trouvé
début novembre, qu’il faudra
entériner à Dubaï. Le comité de
transition créé à cet effet a ainsi
convenu que le fonds serait abrité
Nord-Sud.
1.000 milliards par an
d’ici à 2025
Cette année-là à Copenhague, les
pays développés s’étaient engagés
à mobiliser cette somme chaque
année (via des financements
publics et privés) d’ici à 2020,
pour aider les pays du Sud à lutter
contre le réchauffement. Or selon
l’OCDE, dont les calculs en la
matière font référence, les finan-
cements correspondants n’ont
atteint que 83 milliards cette
année-là.
Les pays développés
souhaitent que
certains Etats,
comme la Chine
ou les pays du Golfe,
participent à
l’alimentation
du fonds « pertes
et dommages ».
En 2021, d’après sa toute nou-
velle estimation, ils ont repré-
senté 89,6 milliards de dollars, à
nouveau en deçà de l’objectif.
L’OCDE estime toutefois que
la cible a « probablement été
atteinte » en 2022 — tout en rappe-
lant qu’elle est très loin de couvrir
les besoins, évalués à « environ
1.000 milliards par an d’ici à 2025,
puis environ 2.400 milliards
annuels entre 2026 et 2030 ».
contre le réchauffement climati-
que en France, dont 180 ont signé
une tribune dans « Le Monde » fin
septembre. Parmi eux, le président
de la Camif, Emery Jacquillat, ou
encore l’entrepreneur Gilles Babi- Manifestation à Londres contre les nouveaux projets d’exploitation
net, un habitué des COP qui, cette pétrolière dans le monde, le 18 novembre dernier.
fois, restera à Paris. « Cette COP ne
peut entériner qu’un compromis
moins-disant. Face à l’urgence de la
situation climatique, les logiques
incrémentales finissent par nous
mener dans le mur », pointe-t-il
pour expliquer sa décision.
Politique de la chaise vide
La principale motivation de ce
boycott tient au choix des Emirats
arabes unis comme lieu d’accueil
de la COP. Parmi les premiers pays
producteurs de pétrole de la pla-
nète, les Emirats ont choisi
comme président de la COP le
PDG de la compagnie pétrolière
nationale, Adnoc.
Si le choix de Dubaï divise tou-
jours une bonne partie des multi-
ples acteurs qui travaillent sur le
réchauffement climatique, cette
politique de la chaise vide n’a pas
fait beaucoup d’émules. Y compris
parmi les ONG, notamment le
Réseau action climat, qui
regroupe des ONG de tous les pays
dans le monde.
« Bien sûr, il y a des interroga-
tions et des inquiétudes sur ce que
va être cette COP, mais lorsque nous
avons interrogé les membres de
notre réseau dans les pays du Sud,
leur réponse a été claire : “le boycott
est un luxe que nos pays ne peuvent
Adrian Dennis/AFP
pas se permettre“. L’urgence clima- Le boycott est aussi jugé sévère-
tique est telle dans ces régions du ment par ceux qui estiment que
monde qu’ils ne peuvent pas perdre les entreprises, et notamment les
une pareille occasion d’obtenir des plus émettrices de gaz à effet de
avancées dans la lutte contre le serre, ne peuvent pas être laissées
réchauffement climatique », de côté, et qu’elles font partie,
raconte Gaïa Febvre, responsable qu’on le veuille ou non, de la solu-
des politiques internationales au tion. « Si on méprise les pays pro-
Réseau action climat. ducteurs de pétrole pour rester
entre “gens de bonne compagnie”,
« Une COP des fossiles » on ne va pas aller très loin », esti-
Le boycott est d’autant plus problé- mait dans un post récent le polito-
matique pour ces ONG que cette logue et spécialiste du climat
COP n’est pas anodine. Deux points François Gemenne.
majeurs doivent y être discutés : le Pour Nicolas Pereira, partisan
bilan mondial avec les engage- du boycott et président du World
ments des pays en termes d’émis- Impact Summit, qui s’exprimait
sions pour les prochaines années, il y a quelques jours sur le sujet,
et un fonds « pertes et préjudices » « il s’agira pour les Emirats arabes
pour aider les pays les plus vulné- unis d’une opération XXL de
rables au changement climatique. greenwashing ». La tentation est
« Ce sera une COP des fossiles », en effet grande de mettre en
estime Gaïa Febvre. Ce qui veut avant les sujets qui conviennent
dire à la fois que les industriels du aux pays du Golfe – les investisse-
pétrole seront très présents – les ments dans les énergies renouve-
lobbyistes du secteur des énergies lables, la compensation des émis-
fossiles étaient déjà plus de sions via les marchés carbone ou
600 lors de la dernière COP, dont encore le captage de CO2 – pour
200 directement intégrés aux mieux éviter le sujet qui fâche : la
équipes de négociation des pays – sortie des énergies fossiles. Un
et en même temps, qu’il ne sera point de vigilance qui n’a pas
pas possible de laisser ce sujet de
côté, tant il est existentiel pour un
échappé à la grande majorité des
ONG qui ont décidé de se rendre
pays comme les Emirats. sur place. n

ux deux visages par la Banque mondiale pendant

Sultan Al Jaber s’est rendu dans
plus de 25 pays depuis janvier
(dont la France en mars), où il a
même rencontré les représen-
tants des ONG. « Une première : il
nous a écoutés », reconnaît Gaïa
Febvre. « Le jour et la nuit par rap-
port à son prédécesseur égyptien… »
souffle une autre source.
Un discours « sincère »
ou « tactique » ?
Même ses détracteurs saluent son
pragmatisme, et l’évolution de son
discours. Sultan Al Jaber a créé la
surprise en juin dernier, lors d’une
réunion à Bonn, en déclarant que
« réduire l’offre et la demande des
énergies fossiles est inévitable et
essentiel ». « Même sans échéance,
c’est une phrase assez forte, qui
marque une ambition. Jusque-là, il
se réfugiait derrière la capture et le
stockage de carbone pour ne pas
parler de réduction », décrypte
Lola Vallejo, directrice du pro-
gramme climat de l’Institut du
développement durable et des
relations internationales (Iddri).
Estimant qu’il s’agit de « la COP
la plus importante depuis Paris »
en 2015, le patron émirati se dit en
tout cas déterminé à obtenir « des
résultats très ambitieux ». « Il a
besoin d’un résultat diplomatique,
il a dépensé pour cela des milliards
en cabinets de conseil en communi-
cation », relève Lola Vallejo. « Mais
je ne sais pas si son discours est sin-
cère ou purement tactique », pour-
suit-elle. Le résultat de la confé-
rence de Dubaï devrait en fournir
un bon indicateur. — A. F.
une période transitoire de quatre
ans. « Le compromis trouvé reste
toutefois très fragile, il n’est pas
exclu que l’équilibre soit rompu
par des pays frustrés d’un côté
comme de l’autre », souligne Lola
Vallejo.
Ni la question des pays dona-
teurs, ni celle des bénéficiaires, ne
fait consensus à ce stade. Les pays
développés souhaitent notam-
ment que certains Etats, consi-
dérés comme moins avancés,
comme la Chine ou les pays du
Golfe, participent à son alimenta-
tion. « Ils ne sont pas dépourvus de
moyens financiers, ni de responsa-
bilité historique dans les émis-
sions… » argue une source au fait
des négociations.
Une « task force » sur la
taxation internationale
Plusieurs pays occidentaux, dont
la France ou les Etats-Unis, sou-
haitent aussi que de nouveaux
types de ressources puissent être
mobilisés. L’Elysée évoque ainsi
les droits de tirage spéciaux (DTS)
du Fonds monétaire internatio-
nal (FMI). « Nous travaillons
aujourd’hui sur un package avec le
Bangladesh qui sera financé au
moins à moitié par les DTS, à hau-
teur de plus de 2 milliards de dol-
lars », explique un conseiller.
Il évoque aussi la piste de la
fiscalité, en vertu du « principe
pollueur-payeur » : la France et
le Kenya doivent lancer une « task
force » sur la taxation interna-
tionale pour le climat. L’idée
d’un abandon ou de la suspension
de la dette des pays du Sud a
aussi été émise lors des négocia-
tions – mais écartée à ce stade par
Dans ce cadre, l’alimentation
du « fonds vert pour le climat », le
principal instrument multilatéral
dédié à la finance climat, sera par-
ticulièrement scrutée à la COP28.
Début octobre, 25 pays s’étaient
engagés à lui apporter 9,3 mil-
liards de dollars pour les quatre
années à venir. « Dont, 1,6 milliard
d’euros pour la France », rappelle
l’ambassadeur tricolore pour le
climat Stéphane Crouzat.
Alors que d’autres grands pays,
comme les Etats-Unis, la Suède,
l’Italie, l’Australie ou la Suisse,
n’ont pas encore annoncé leur
contribution, beaucoup espèrent
que la grand-messe de Dubaï leur
en donnera l’occasion.
La COP28 doit permettre aussi
de faire le point sur les sommes
consacrées à l’adaptation au
changement climatique, que les
pays du Nord ont promis de por-
ter de 20 à 40 milliards de dollars
entre 2019 et 2025. Enfin « l’objec-
tif qui remplacera les 100 milliards
de dollars après 2025, sera lui aussi
sur la table à Dubaï, même s’il sera
décidé à la COP29 », souligne Sté-
phane Crouzat. De quoi alimen-
ter les discussions à venir. — A. F.
NEWSLETTER
CARBONE ZÉRO
Une sélection d’articles
de la semaine… pour tout
comprendre de l’impact
de la transition écologique,
souvent colossal, sur l’économie
et sur les entreprises.
Le tandem Chine-Etats-Unis
attendu au tournant
Ni Joe Biden ni Xi Jinping
ne seront présents à la
COP28. Pourtant, aucune
décision d’envergure ne
peut se prendre sans l’aval
des deux superpuissances,
responsables de 45 %
des émissions mondiales
de CO2.
« Sunnylands » : le nom est bucoli-
que mais il renvoie à un document
des plus sérieux. Il s’agit de la
déclaration commune publiée par
les Etats-Unis et la Chine le
14 novembre dernier sur la politi-
que climatique. Le texte comporte
une longue liste d’engagements
des deux superpuissances en
faveur de la transition climatique :
le soutien à la transition énergéti-
que, une initiative spécifique sur le
méthane, un plaidoyer en faveur
de l’économie circulaire ou encore
la volonté de lutter contre la défo-
restation. C’est presque trop beau
pour être vrai.
Les plus optimistes ont pour-
tant salué cette déclaration com-
mune, intervenue quelques heu-
res avant la rencontre entre Joe
Biden et Xi Jinping en Californie.
« C’est très positif, les deux pays
endossent l’objectif du triplement
des investissements dans les éner-
gies renouvelables, l’accélération de
la substitution du charbon, du
pétrole et gaz. Et ils insistent sur ce
qu’ils aimeraient voir dans le bilan
mondial à la COP28 », souligne Sté-
phane Crouzat, ambassadeur de
la France pour le climat et chef de
file de la délégation française à
Dubaï pour la COP.
Les sujets de divergence
restent très forts
L’accord de Paris de 2015, que les
experts considèrent comme une
prouesse de la diplomatie climati-
que, avait justement été précédé
d’une déclaration commune de la
Chine et des Etats-Unis. Un scéna-
rio que d’aucuns aimeraient voir
se répéter à la COP28.
Mais le contexte n’est pas tout à
fait comparable. « Avant les
accords de Paris, une forte conver-
gence Chine-Etats-Unis avait accé-
léré les négociations. Aujourd’hui,
nous n’en sommes pas là », estime-
t-on à l’Elysée. Les plus sévères
estiment même que cette déclara-
tion n’est qu’« une coquille vide ».
Le fait que les dirigeants des
deux principaux émetteurs de CO2
de la planète signent un texte com-
mun (Chine et Etats-Unis sont res-
ponsables de 45 % des émissions
mondiales à eux deux) est en soi
une bonne nouvelle. Surtout en
cette période de crise du multilaté-
ralisme et dans un contexte géo-
politique tendu. Mais les sujets de
divergence restent très forts et les
deux leaders font face à des pro-
blèmes spécifiques dans leurs
pays respectifs.
Un signe qui ne trompe pas, ni
Joe Biden ni Xi Jinping ne seront
présents à la COP de Dubaï. Certes,
la présence des chefs d’Etat n’est
pas systématique (Obama n’était
pas présent à la COP21 de Paris)
mais pour un président des Etats-
Unis qui a fait de la transition cli-
matique l’une de ses priorités,
cette absence peut étonner.
Entente cordiale entre
John Kerry et Xie Zhenhua
En réalité, Joe Biden n’a pas forcé-
ment envie de mettre en avant ce
sujet alors que la campagne prési-
dentielle a déjà commencé outre-
Atlantique. S’il veut rallier une part
des voix des républicains hostiles à
Donald Trump, Joe Biden n’a
guère intérêt à en faire trop sur le
climat. Quant à la Chine, « la baisse
des émissions de CO2 qui se pro-
file n’est pas tant le fruit d’un effort
d’atténuation que la conséquence
d’une baisse de sa démographie et
par ricochet de sa croissance »,
estime le politologue et expert du
climat François Gemenne.
Reste qu’aucune décision
d’envergure ne pourra être prise à
la COP de Dubaï sans l’accord des
deux premières économies de la
planète. Il faudra alors compter
sur les qualités déjà éprouvées de
l’émissaire américain John Kerry,
dont l’entente cordiale avec son
homologue chinois, Xie Zhenhua,
sera précieuse. — M. B.
MONDE
L’OSCE paralysée par le bras
de fer entre l’Ouest et la Russie
l Les 57 pays membres ouvrent leur réunion annuelle ce jeudi à Skopje.
l Celle-ci ne débouchera sur rien, en raison de la guerre en Ukraine.
MULTILATÉRAL
Yves Bourdillon
« En état de mort cérébrale. » La for-
mule d’Emmanuel Macron à
l’encontre de l’Otan, en 2019, au
demeurant spectaculairement
démentie trois ans plus tard, pour-
rait aujourd’hui s’appliquer à
l’Organisation pour la sécurité et la
coopération en Europe (OSCE),
dont la réunion ministérielle
annuelle se tient ce jeudi et ven-
dredi sous présidence de la Macé-
doine du Nord dans la capitale du
pays, Skopje.
Cette formule a d’ailleurs été
reprise par Gabrielius Landsbergis,
le ministre lituanien des Affaires
étrangères, dont le pays boycotte
cette réunion, tout comme la Letto-
nie, l’Estonie et l’Ukraine. Ils esti-
ment que cette ministérielle « cons-
tituera juste une opportunité de plus
pour la Russie de dérouler sa propa-
gande » et « risque de légitimer
l’agresseur russe […] en banalisant
les crimes atroces que la Russie a
commis ». Kiev a dénoncé le recours
par Moscou « au chantage et aux
menaces ouvertes » au sein de
l’Organisation basée à Vienne.
Droit de veto
Il est vrai que l’OSCE est paralysée
en raison de l’obstruction pratiquée
par une Russie mise à l’index pour
son invasion de l’Ukraine. Mais
Moscou étant membre de droit, il
ne peut être expulsé de cette organi-
sation de 57 membres créée en
pleine guerre froide, en 1973, pour
trouver des consensus sur les ques-
tions de sécurité. C’est parce que les
décisions se prennent à l’unanimité
que le Kremlin dispose en fait d’un
droit de veto. Dont il use pour empê-
cher la désignation de la présidence
tournante en 2024, qui devait être
l’Estonie, ou le vote d’un budget.
La présence annoncée de Sergueï
Lavrov, ministre russe des Affaires
étrangères, embarrasse donc les
Europe fédérale, Brexit, migrants : les confidences
de l’ancien chef de la diplomatie luxembourgeoise
Jean Asselborn, ministre
des Affaires étrangères
du Grand-Duché pendant
près de vingt ans, dit
conserver son optimisme,
malgré la succession
des crises.
Karl De Meyer
— Bureau de Bruxelles
Il a été ministre des Affaires étran-
gères du Grand-Duché de Luxem-
bourg pendant près de vingt ans. Au
sein du Conseil des affaires étrangè-
res de l’UE, il a vu défiler quelque
241 homologues. Le 13 novembre, à
74 ans, Jean Asselborn a participé à
sa dernière réunion des ministres
européens, laissant derrière lui
l’image d’un diplomate hyperactif,
chaleureux, et parfois très… direct.
De ces presque deux décennies,
le socialiste a gardé une grande
fierté : « Le 18 octobre 2012, après des
mois d’efforts, nous avons obtenu un
vote positif pour avoir, pour la pre-
mière fois, un siège de membre non
permanent au Conseil de sécurité de
l’ONU », raconte-t-il, dans un hôtel
de Luxembourg. Il emporte aussi
bien des mauvais souvenirs. Un des
pires moments est survenu dans le
contrecoup du brusque retrait
américain d’Afghanistan, en
août 2021. « Lors du Gymnich [réu-
nion informelle des ministres des
Affaires étrangères de l’UE, NDLR]
du début septembre, un certain nom-
bre d’Etats membres ont refusé de
La présence annoncée du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov,
embarrasse les Etats membres de l’Organisation. Photo AFP
Etats membres. D’ailleurs, per-
sonne ne veut être vu sur une photo
en train de serrer la main du chef de
la diplomatie russe. Une telle ren-
contre n’est « pas prévue », com-
mente-t-on à Paris, qui délègue à
Skopje la secrétaire d’Etat chargée
de l’Europe, Laurence Boone.
La France souligne toutefois que
ça ne sera pas la première fois
depuis le début du conflit que Ser-
gueï Lavrov participera à une réu-
nion avec des Occidentaux : il a
représenté son pays à plusieurs
Conseils de sécurité de l’ONU et au
G20. « Du coup, sa présence ne peut
pas s’interpréter comme un retour de
la Russie sur la scène internatio-
nale », ajoute-t-on.
Moscou n’a participé à aucune
réunion de l’OSCE depuis le début
prendre des réfugiés d’Afghanistan,
c’était horrible, ça m’est resté dans la
tête », confie-t-il.
Les problèmes s’accélèrent
Des crises, il en a vécu ! Après le non
des Français et des Néerlandais au
Traité constitutionnel, en 2005, par
exemple. « J’étais alors aux Etats-
Unis, les Américains pensaient que
l’UE, c’était fini. » Il n’en a rien été. Le
rythme des problèmes s’est accé-
léré mais l’Union s’en est toujours
sortie, en général par le haut : « Pen-
dant la crise de la zone euro, aucun
Etat membre n’a dû sortir de l’union
monétaire, même si ce fut limite pour
plusieurs d’entre eux. L’euro reste
aujourd’hui une des monnaies les
plus solides du monde. »
Comme presque tout le monde,
Jean Asselborn n’avait pas anticipé
le Brexit. « Mais après cela, l’UE n’a
ni implosé ni explosé […] Dans dix
ans, ils frapperont de nouveau à la
porte. » L’élection de Donald
Trump, six mois plus tard, fut un
autre choc et « une attaque frontale
contre le multilatéralisme ». Les
temps du Covid ont posé « de séreux
défis, qui ont été relevés ».
Le diplomate recense évidem-
ment des échecs, à commencer
par la politique migratoire après la
crise de 2015. « Si on avait consacré à
ce dossier 20 % de l’énergie mise à
résoudre la crise financière, on y
serait arrivé », estime -t-il en
hochant la tête. Les Vingt-Sept sont
certes maintenant bien avancés sur
de l’invasion de l’Ukraine, la Polo-
gne n’ayant pas ouvert son espace
aérien à sa délégation. La Bulgarie,
que l’avion de Sergueï Lavrov doit
traverser cette fois, s’est dite prête à
exceptionnellement lui ouvrir son
espace aérien, fermé aux aéronefs
russes dans le cadre des sanctions
européennes. Le Kremlin a accusé
mercredi les Occidentaux de vou-
loir l’empêcher de participer aux
travaux de l’OSCE, ce qui « menace-
rait son existence même ».
Cette paralysie de l’OSCE depuis
presque deux ans pose la question
de son utilité. Sachant qu’en temps
normal, elle ne peut pas grand-
chose. Il ne s’agit pas d’une force
d’interposition, de type casques
bleus, dans les zones de tensions de
sa zone d’action (essentiellement
un pacte migration et asile. Mais il
n’est pas acquis qu’il soit entériné
avant les européennes de juin 2024.
« Le risque, c’est que l’espace Schen-
gen de libre circulation [nommé
d’après un village luxembourgeois,
NDLR] ne fonctionne plus. »
Soutien à l’Ukraine
Le socialiste impute aussi à l’UE une
« autre faute très grave, celle d’avoir
cessé de s’investir dans la solution à
deux Etats au Proche-Orient. » Jean
Asselborn ne comprend pas les
positions d’Etats membres qui sou-
tiennent Benyamin Netanyahou.
Selon lui, le Premier ministre israé-
lien « a tout fait pour empêcher la
solution à deux Etats avec sa politi-
que de colonisation à tous crins ».
Aujourd’hui, l’ancien ministre
se désole que les divergences pro-
fondes sur le processus de paix au
Moyen-Orient nuisent à l’image de
l’Union dans le « Sud global ».
Mais, d’après lui, les difficultés à
parler d’une seule voix sur des
sujets critiques, « l’incroyable com-
« Je crois
[à une Europe
fédérale]
à l’horizon 2050. »
JEAN ASSELBORN
Ancien ministre des Affaires
étrangères du Luxembourg
Kosovo/Serbie, Arménie/Azerbaïd-
jan ou Moldavie) mais d’observa-
tion. Elle envoie seulement du per-
sonnel non armé enregistrer des
incidents et violations de cessez-le-
feu ou la bonne tenue d’élections.
Une source diplomatique recon-
naît que l’OSCE n’est dans le con-
texte actuel « pas en mesure d’assu-
rer sa raison d’être et ne fonctionne
pas vraiment », mais « il n’y a actuel-
lement aucune autre enceinte au
monde où la Russie et les Occiden-
taux se rencontrent, il faut donc la
préserver ». Ne serait-ce que pour ne
pas insulter l’avenir : en clair, être
prêts à réactiver ce cercle de dialo-
gue après la fin de la guerre. Cette
même source ajoute que, lors de la
réunion de Skopje, « on n’obtiendra
rien de concret, soyons lucides ». n
plexité et la lenteur de la gouvernance
actuelle », la rivalité croissante
entre les Etats-Unis et la Chine,
« conduiront nécessairement vers
une Europe fédérale. J’y crois à l’hori-
zon 2050, le même moment où on
doit devenir neutres en carbone. »
Une fédération éviterait, il est
vrai, d’avoir à gérer des comporte-
ments à la frontière de la déloyauté,
comme celui du Hongrois Viktor
Orban, qui grippent la prise de déci-
sion. « Heureusement qu’on a pu
mettre en place un mécanisme de
conditionnalité permettant de geler
des fonds européens en faveur de la
Hongrie pour atteinte à nos valeurs
fondamentales. Il ne faut surtout pas
céder maintenant qu’il menace de
mettre son veto à de nouvelles aides à
l’Ukraine, cela viderait le mécanisme
de sa substance. »
Au sujet de la guerre en Ukraine,
Jean Asselborn donne plutôt un
satisfecit à l’UE, qui a pris des sanc-
tions contre Moscou en un temps
record après l’invasion et ensuite
livré des armes. Aujourd’hui, « il est
de notre devoir de continuer à aider
l’Ukraine et de faire en sorte qu’elle ne
sorte pas des radars ».
A l’avenir, c’est Xavier Bettel, Pre-
mier ministre libéral du Grand-Du-
ché jusqu’en octobre, qui portera la
politique étrangère du pays. On le
dit intéressé par le poste de prési-
dent du Conseil européen, disponi-
ble fin 2024. Le Luxembourg n’a-t-il
pas déjà donné trois présidents à la
Commission depuis 1957 ? n
Jeudi 30 novembre 2023 Les Echos
Le rôle clé
de Joe Biden
dans la libération
des otages à Gaza
PROCHE-ORIENT
Le président améri-
cain a tout fait pour
faciliter l’échange
de prisonniers entre
Israël et le Hamas,
grâce à une cellule
secrète en lien avec
le Qatar et l’Egypte.
Solveig Godeluck
— Bureau de New York
Depuis le massacre du 7 octo-
bre perpétré par le Hamas en
Israël, Joe Biden n’a pas ménagé
ses efforts et ceux de l’adminis-
tration américaine pour libérer
les otages retenus à Gaza. Le
président des Etats-Unis a joué
un rôle moteur dans la trêve de
quatre jours, portée à six, qui a
permis de libérer des dizaines
d’otages depuis vendredi. Pour
cela, il a fallu qu’Israël accepte
d’arrêter les combats et de libé-
rer trois prisonniers palesti-
niens pour chaque otage.
Cet accord n’a pas été facile à
négocier. La Maison-Blanche a
monté une cellule secrète de
conseillers de haut niveau qui y
ont travaillé pendant cinq
semaines, comme l’a raconté le
« New York Times ». Les Etats-
Unis voulaient bien sûr libérer
en priorité des otages de natio-
nalité américaine. Le président
américain cherche aussi à faire
taire les armes et la violence, car
le risque d’embrasement est
grand, à la fois au Proche-
Orient et dans l’opinion publi-
que américaine.
De la pause à la trêve
extensible
Dans l’effroi du massacre, Joe
Biden a d’abord donné des
gages de fidélité à l’allié israé-
lien, malgré ses préventions
initiales envers le Premier
ministre Benyamin Netanya-
hou, très nationaliste. Il n’a pas
condamné le bombardement
puis l’invasion de Gaza. Il s’est
rendu en Israël en octobre pour
rencontrer le dirigeant israé-
lien. Il a demandé au Congrès
d’envoyer 14 milliards de dol-
lars d’armes à Tel-Aviv.
Mais les deux hommes se
sont aussi parlé au téléphone
au moins une quinzaine de fois
depuis les attentats, et à chaque
fois, Joe Biden a appelé son allié
à la modération. Sans exiger
nommément un « cessez-le-
feu », la diplomatie américaine
a d’abord obtenu des « pauses »
de quatre heures par jour dans
l’offensive sur Gaza, afin de
faire passer des camions d’aide
humanitaire, puis elle a arraché
une trêve, extensible.
Joe Biden espère la faire
durer. Comme il l’a dit mardi
sur X, le Hamas « ne craint rien
autant que le fait que les Israé-
liens et les Palestiniens puissent
vivre ensemble en paix », et
« continuer sur la voie de la ter-
L’inflation proche de 2 % en Allemagne
CONJONCTURE Les prix à la consommation en Allemagne ont
reculé en novembre plus fortement que prévu sous l’effet d’une
baisse des tarifs de l’énergie. Sur un an, l’inflation a été ramenée
à 2,3 %. Il est probable que l’inflation globale remonte temporai-
rement à environ 4 % en décembre en raison d’un effet de base
défavorable, a déclaré Timo Wollmershaeuser, responsable des
prévisions à l’Ifo. « Mais le taux d’inflation tombera en dessous de
3 % dès le début de l’année prochaine », a-t-il indiqué.
10
reur, de la violence, du meurtre et
de la guerre, c’est donner au
Hamas ce qu’il désire ».
L’intervention
de l’émir du Qatar
Pour entrer en contact avec le
Hamas, Washington est passé
par des intermédiaires au Qatar
et en Egypte. La famille royale
qatarie a pris l’initiative de
monter un groupe de travail sur
la libération des otages. Puis les
services secrets égyptiens, qui
pouvaient faire jouer leurs rela-
tions avec le Hamas et le Djihad
islamique palestinien à Gaza,
sont entrés dans la danse, en
lien avec la CIA et le Mossad. La
Maison-Blanche a envoyé Brett
McGurk, coordinateur pour le
Moyen-Orient au Conseil de
sécurité nationale, et le juriste
Josh Geltzer.
L’objectif a d’abord été d’évi-
ter l’invasion armée de Gaza,
après une phase de bombarde-
ment intense de l’enclave. Mais
le Hamas n’a pas voulu livrer la
preuve que les otages étaient
encore en vie, et Tel-Aviv a jugé
que l’organisation terroriste
n’était pas digne de foi.
L’Américain
tente de pacifier
un conflit qui lui
nuit sur le plan
intérieur.
Le 20 octobre, deux otages
américains ont été libérés. Le
27 octobre, l’invasion de Gaza a
commencé. Les discussions ont
tout de même continué, car
Netanyahou, mis sous pression
par les familles d’otages, avait
besoin d’un accord vis-à-vis de
son opinion. Quant au chef du
Hamas, Yahya Sinwar, il a tou-
jours voulu ouvrir les geôles
israéliennes où il a passé vingt-
deux ans.
Le 14 novembre, le leader
israélien a dit à Joe Biden qu’il
pourrait accepter la dernière
offre du Hamas. Mais quelques
heures plus tard, Tsahal a lancé
l’offensive sur l’hôpital Al Shifa,
et le deal a tourné court. Il a fallu
l’intervention de l’émir du
Qatar, après un coup de fil de
Biden, pour que les discussions
reprennent. Elles ont abouti
une semaine plus tard, le
21 novembre.
Après la trêve, Tel-Aviv
compte reprendre la chasse
aux terroristes. Pour Biden,
la guerre est de moins en moins
tolérable. Plusieurs otages
américains n’ont pas encore été
libérés. On parle de plus de
15.000 morts palestiniens. Le
candidat à l’élection prési -
dentielle de 2024 voit avec
inquiétude la minorité arabo-
musulmane des Etats-Unis se
détourner de lui, et le Parti
démocrate se diviser. Il ne
devrait pas tarder à durcir le ton
envers Netanyahou. n
en bref
11 Les Echos Jeudi 30 novembre 2023
En Allemagne, le séisme budgétaire
change la donne
Emmanuel Grasland
— Correspondant à Berlin
Il y a le feu à la maison Allemagne.
Voilà deux semaines, la Cour consti-
tutionnelle de Karlsruhe a plongé le
pays dans sa plus grave crise budgé-
taire depuis sa création en remettant
La crise budgétaire va en question le financement de dizai-
durablement abîmer nes de milliards d’euros de dépenses
l’image d’Olaf Scholz pour les années à venir. Une situa-
tion lunaire pour une nation qui a
et affaiblir un peu souvent donné des leçons de rigueur
plus le ciment budgétaire au reste de l’Europe, et
un sérieux motif d’inquiétude. Les
de la coalition. coupables ? La règle du « frein à l’en-
C’est aussi l’occasion dettement », qui limite le déficit bud-
pour le leader gétaire annuel à 0,35 % du PIB, sauf
événement exceptionnel, et la tenta-
de la droite tive de la coalition au pouvoir de la
allemande, « court-circuiter » en utilisant des
fonds spéciaux extrabudgétaires.
Friedrich Merz, Le 15 novembre, les juges ont sif-
de s’imposer face flé la fin de la partie en annulant une
à ses rivaux. autorisation de crédit de 60 mil-
liards d’euros. Liée au Covid-19, cet-
te somme avait été transférée dans
un fonds spécial pour financer le vi-
rage vert de l’économie. La Cour a
estimé qu’un emprunt destiné à af-
fronter une situation de crise ne
pouvait être utilisé que pour cet ob-
jectif. Pas question non plus de gar-
der l’argent pour s’en servir au
cours de plusieurs cycles budgétai-
LA
CHRONIQUE
d’Etienne Wasmer
L’art délicat d’évaluer les politiques publiques
n matière d’évaluation des
E politiques publiques, les étu-
des permettant une compa-
raison entre un groupe bénéficiaire
de la politique et un groupe témoin,
réel ou construit, que l’on appelle
contrefactuel, se sont imposées. Ces
études, dites « randomisées », com-
me celles fondées sur un change-
ment inattendu ou discontinu d’une
politique, évitent de confondre cau-
ses et coïncidence, mais doivent fai-
re face à des écueils redoutables.
Prenons des exemples : une
grande politique du marché de
l’emploi canadien des années 1990,
le projet d’autosuffisance, avait con-
nu initialement un succès incontes-
table dans les études randomisées :
partant d’une situation dans laquel-
le 5 % seulement des parents céliba-
taires (essentiellement des mères)
avaient un emploi à plein temps, un
complément de salaire aléatoire-
res. Sus aux budgets fantômes ! Les
têtes ont alors commencé à tom-
ber : le secrétaire d’Etat au Budget,
Werner Gatzer, a été mis en retraite
anticipée. Considéré comme l’ar-
chitecte des budgets de l’Etat fédé-
ral et en poste de manière quasi
ininterrompue depuis 2005, c’était
l’un des fonctionnaires allemands
les plus expérimentés en la matière.
Pour la coalition d’Olaf Scholz, l’ar-
rêt de la Cour a été à la fois une sur-
prise et un séisme budgétaire. Une
surprise parce que, au cours des an-
nées Merkel, les juges avaient plutôt
répondu « oui, mais… » à ce genre
de plaintes – l’arrêt très critique de
mai 2020 sur les rachats de dette
souveraine laissait ainsi trois mois à
la BCE pour les justifier auprès du
parlement. Un séisme parce que
cette décision a réduit à néant les
budgets 2023 et 2024 et remis en
cause le recours à d’autres fonds
spéciaux comme le fonds de stabili-
sation de l’économie de 200 mil-
liards d’euros créé en 2022. De fait,
celui-ci a été utilisé en 2023 pour ré-
duire les factures de gaz et d’électri-
cité des ménages et des entreprises,
un schéma désormais déclaré in-
constitutionnel.
Bilan : la coalition a vu son volu-
me d’emprunts passer de 45,6 mil-
liards à 70,6 milliards d’euros
ment distribué permettait de faire
progresser cette proportion à une
personne sur trois.
Succès inespéré ? Hélas, le temps
passant, la différence avec le groupe
témoin a commencé à diminuer,
pour entièrement disparaître.
D’une part, le retour à l’emploi
n’était pas pérenne à la fin du dispo-
sitif. Ensuite, l’emploi agrégé (no-
tamment féminin) avait augmenté,
avec ou sans prime. Une politique
d’emploi peut fonctionner très bien
au bas du cycle économique, mais
ses effets doivent logiquement bais-
ser lorsqu’on s’approche du plein-
emploi. Il faudrait mettre à jour ré-
gulièrement les études, mais on ne
peut pas conserver le caractère
aléatoire indéfiniment.
Les phénomènes de long terme
sont une autre difficulté. Si le chô-
mage a récemment baissé en Fran-
ce pour être proche de 7 %, la balan-
pour 2023, imposant de lever de
nouveau le frein à l’endettement et
de déclarer une situation de crise
pour la quatrième année. En 2024,
ce sera difficilement jouable, faute
de crise de l’énergie. Il faudra trouver
près de 20 milliards d’économies et
faire des choix déchirants.
« La chute de M. Je-Sais-Tout »
Sur le plan politique, cette crise a
des conséquences importantes en
Allemagne. Premier constat, la
marque Olaf Scholz est abîmée.
L’ex-maire de Hambourg n’a jamais
été un orateur charismatique, mais
il a bâti sa réputation sur une image
de sérieux et de compétence. Elle
est durablement écornée. Les mé-
dias allemands s’interrogent désor-
mais sur une forme d’autisme du di-
rigeant, alors que la Cour des
comptes allemande et des universi-
taires l’avaient alerté sur un recours
excessif aux fonds spéciaux. « Olaf
Scholz : la chute de M. Je-Sais-
Tout », titrait le magazine « Der
Spiegel ». Diriger un paquebot
comme l’Allemagne de résister aux
critiques, mais aussi de savoir virer
de bord lorsque la tempête menace.
Deuxième constat : les tensions
dans la coalition vont s’accroître,
car les fonds spéciaux étaient le ci-
ment de la coalition. Cette pirouette
ce commerciale plonge depuis des
décennies, la productivité stagne,
voire baisse, mais la fenêtre tempo-
relle de l’évaluation par contrefac-
tuel est typiquement trop courte,
trop de facteurs étant potentielle-
Les études
« randomisées »
évitent de confondre
causes et coïncidence,
mais doivent faire
face à des écueils
redoutables.
ment à l’œuvre. Nos stratégies de
politique publique n’auraient-elles
donc pas contribué à ces deux der-
niers phénomènes ? L’absence de
preuve ne vaut pas preuve de l’ab-
sence. Il faut dès lors accepter de
budgétaire permettait aux écologis-
tes de financer le verdissement de
l’industrie, la limitation des prix de
l’énergie ou la modernisation du ré-
seau ferroviaire. En sortant ces in-
vestissements du budget de base, les
sociaux-démocrates se dégageaient
des marges de manœuvre pour des
mesures sociales, comme le revenu
de citoyenneté ou la hausse du salai-
re horaire minimum à 12 euros. Et le
parti libéral évitait des hausses
d’impôts et pouvait se targuer
d’avoir remis en place un « frein à
l’endettement » chère à ses électo-
raux. Tout le monde était gagnant.
Ce levier désormais disparu, 2024
sera une année d’économies, ce qui
augure de tensions accrues. Le mi-
nistre des Finances, Christian Lind-
ner, plaide déjà pour une réduction
des subventions, le vice-chancelier
Robert Habeck jugeant que ce
n’était que « des paroles en l’air ».
La coalition pourra-t-elle encore
tenir deux ans ? Convoquer de nou-
velles élections serait sans doute la
pire des solutions pour les trois par-
tis. Un récent sondage Insa indique
que les trois quarts des Allemands
sont insatisfaits du travail du gouver-
nement. La coalition totalise aujour-
d’hui 34 % d’intentions de vote, soit
18 points de moins que lors des élec-
tions parlementaires de 2021. Avec
mobiliser des outils différents : soit
sur un mode narratif, soit en mobi-
lisant des séries longues et d’autres
types de contrefactuels, plus abs-
traits, mais moins transparents.
Enfin, une politique qui se géné-
ralise au-delà d’une expérimenta-
tion entraîne des effets de bouclage
qui atténuent généralement son ef-
ficacité. Le prix Nobel James Heck-
man avait montré que la prise en
compte de ces effets diviserait par
dix l’efficacité d’une aide financière
aux études. Dans son excellent
ouvrage sur les politiques d’innova-
tion, Xavier Jaravel montre que le
seul effet désincitatif de l’impôt sur
l’innovation réduit de 10 points de
pourcentage le seuil au-delà duquel
la fiscalité du capital devient contre-
productive, par rapport à des études
qui font abstraction du bouclage.
Ne tenir compte que des études
rigoureuses, mais partielles, à hori-
IDÉES
Dominique Boll pour « Les Echos »
12 % d’intentions de vote, les écolo-
gistes enregistrent leur plus mau-
vais chiffre depuis cinq ans.
L’étoffe d’un chancelier
Troisième constat : le grand gagnant
est pour l’instant le leader de la droi-
te, Friedrich Merz. Peu populaire
dans son parti, souvent maladroit
dans ses interventions médiatiques,
il a mené l’offensive auprès de la
Cour constitutionnelle. Dès la publi-
cation de l’arrêt, il a appelé à une re-
mise à plat du budget 2024, alors
que la coalition entendait poursui-
vre le processus d’adoption comme
si de rien n’était. Pour lui, cette crise
peut être le moyen de prouver à son
parti qu’il a l’étoffe d’un chancelier.
« Son défi sera de garder le camp con-
servateur uni derrière le frein à l’en-
dettement, sans paraître trop étroit
d’esprit ou pointilleux », analyse Jan
Techau du cabinet Eurasia.
Dernier constat, diffus mais in-
quiétant : alors que l’extrême droite
est au plus haut en Allemagne (22 %
d’intentions de vote) et qu’un parti
anti-immigration vient de se créer à
l’extrême gauche, cette crise risque
de faire le jeu des populistes, en
jouant sur une idée simple : « Ils tri-
chent avec le budget. » De quoi favori-
ser une nouvelle poussée des extrê-
mes aux prochaines européennes. n
zon court et au champ étroit, peut
conduire à un effet lampadaire :
n’étudier que ce qui est éclairé. Les
évaluateurs ne tombent que rare-
ment dans l’hubris consistant à
penser que seules les évaluations
par contrefactuel « pur » sont ac-
ceptables. Mais des raisonnements
plus complexes ne peuvent en
aucun cas se passer des études con-
trefactuelles, qui conservent un
standard de preuve supérieur. S’il
est peu probable qu’une seule mé-
thode détienne la vérité, il est vrai-
semblable que celle-ci soit entière-
ment contenue dans l’éventail des
approches et des points de vue. Un
certain équilibre et une approche
ouverte permettent de mieux éclai-
rer la décision publique.
Etienne Wasmer est professeur à
New York University Abu Dhabi et
professeur associé à Sciences Po.
IDÉES
analyses
Transition écologique :
créer un imaginaire
collectif positif
A l’image du malade qui rêve de guérison, l’humanité a
besoin de se raccrocher à la possibilité d’un futur désira-
ble pour accepter les épreuves liées à la transformation.
LA
CHRONIQUE
de Marie Eloy
ne COP28 dont personne n’attend
U grand-chose… L’Union européenne
qui recule sur l’environnement…
Alors que tous les indicateurs sont au rouge,
pourquoi patauge-t-on dramatiquement ?
Parce qu’on peine à imaginer le monde post-
transition écologique. Les objectifs chiffrés et
les prévisions scientifiques abondent mais
ces données froides ne permettent pas de se
projeter. A quoi ressemblera le futur ? Les
imaginaires disponibles, souvent des dysto-
pies, ne font qu’alimenter une société déjà
gangrenée par la montée des extrémismes, la
raréfaction des ressources, les conflits, les
migrations et les catastrophes naturelles. Si
c’est pour nous diriger fatalement vers ce
cauchemar, à quoi bon s’agiter ? Autant
continuer à profiter du confort tant qu’il est là.
L’enjeu, pour se bouger radicalement, est
donc de construire un imaginaire positif. Un
monde de demain qui parlera à nos tripes, à
notre conscience et dans lequel nous pourrons
nous reconnaître et espérer. A l’image du
malade qui rêve de guérison pour tenir
pendant les traitements, l’humanité a besoin
de se raccrocher à la possibilité d’un futur
désirable pour accepter les épreuves liées à la
transformation.
A quoi ressemblera-t-il ? Régulièrement
interrogés, nos scientifiques sèchent. Les
intellectuels dénoncent mais sont peu nom-
breux à nourrir notre imaginaire. Et l’intelli-
gence artificielle, abreuvée de récits occiden-
taux, nous propose des images de sociétés
bien de chez nous pavées de vert et d’éoliennes.
Qui peut croire que cela sera suffisant ? Quid
du reste du monde ? Quid des interactions
sociales et des modèles économiques et politi-
ques ? Quid de l’irrationnel et de l’inattendu ?
Alors que nous avons remis notre destin
entre les mains des scientifiques, des écono-
mistes, des politiques (et des lobbys), nous
avons besoin qu’il soit tout autant guidé par
les philosophes. L’humanité est en quête
LE LIVRE
DU JOUR
Quand Alain ne s’appelait
pas encore Pacadis
L’INTÉRÊT Qui était Alain Pacadis
avant qu’il ne pousse les portes du
Palace, haut lieu de la fête et de la
nuit parisienne, institution mythique
de la rue du Faubourg-Montmartre,
et ne découvre cet univers de poudre,
de paillettes et de vedettes ? Qui était
ce jeune garçon timide, enfant sage
passionné de Napoléon avant de
signer des centaines et des centaines
de chroniques dans le journal
« Libération » et d’en devenir l’une
des plus célèbres plumes ?
Il y a la Face A, « Paca », clubbeur
infatigable, chroniqueur star,
« acteur des années 1960 et 70 –
haschisch et trotskisme en 68, junkie et
freak en 70, speedé et glam en 74,
junkie et punk en 77 » ; et la Face B,
Alain, dont l’itinéraire passionnant,
bouleversé, chaotique, vous est
raconté par Charles Salles, historien
de formation.
Ce premier roman est le livre d’une
vie, d’une trajectoire, d’un
personnage sensible et complexe.
Et c’est aussi le récit d’une époque.
d’une vision pour demain. D’une révolution
mentale digne de Copernic, qui a renversé la
représentation de l’univers. Un monde où
l’humain n’est plus au centre mais en
harmonie avec son environnement. Un futur
où joie et espoir remplacent peur et sentiment
d’injustice. Et comme le sportif avant
l’épreuve, nous aspirons à le visualiser en
détail.
Pour trouver un début de réponse, nous
pouvons piocher dans les transformations
réussies : par exemple l’écoquartier de Vauban
en Allemagne ou l’île de Samso au Danemark.
A Vauban, certaines maisons sont positives,
c’est-à-dire qu’elles produisent plus d’énergie
qu’elles n’en consomment. L’eau est recyclée,
le travail collectif organisé et les rues sont un
paradis pour les enfants et la végétation. Tout
a commencé par des citoyens unis autour
d’un idéal de vie. Idem à Samso, la première île
au monde entièrement passée à l’énergie
renouvelable. Les points communs : une
gouvernance participative, du pragmatisme
et des économies à la clé. Ces exemples nous
invitent à bâtir un monde collaboratif, consti-
tué d’organisations sociales très diverses, loca-
les et adaptées aux défis de leur territoire. Elles
valoriseront plus que tout (et financeront) la
santé, l’éducation (verte à tout âge) et le bien
vivre ensemble, avec les plus vulnérables.
L’humanité est en quête
d’une vision pour demain ;
d’une révolution mentale
digne de Copernic,
qui a renversé la
représentation de l’univers.
Cette prédiction paraît utopique ? Elle
pourrait devenir autoréalisatrice. Le Covid a
prouvé que nous pouvons changer radicale-
ment de mode de fonctionnement. En co-
construisant cet imaginaire collectif, nous
reprendrons conscience de notre pouvoir de
transformation. Comme le dit Edgar Morin :
« Mon seul espoir, c’est l’improbable ! » Et si on
décidait d’y arriver ?
Marie Eloy est présidente de Bouge ta Boite,
Bouge ton Groupe et Femmes des Territoires.
L’EXTRAIT « Il a toujours à la main la
photo de lui enfant, ses yeux n’ont pas
changé, ils ont gardé leur couleur
sombre, mais surtout leur vivacité, la
lueur ironique qui le différencie des
autres junkies, ironique et positive. Il a
écrit au dos quelques mots de Foucault :
“le corps tout imprimé d’histoire, et
l’Histoire ruinant le corps”. Le corps
comme surface d’inscription des
événements. Oui, son corps déglingué
est la surface d’inscription des
événements tragiques de sa vie, mais ses
yeux sont la surface d’inscription de sa
force vitale. » —Pauline Jacot
« Alain Pacadis, face B » de Charles
Salles. Edition La Table ronde,
264 pages. 22 euros.
Joe Biden et Xi Jinping ont fait
le choix de la facilité
Le récent sommet entre les Etats-Unis et la Chine a permis quelques
avancées, sur la crise du fentanyl et la communication militaire notamment.
Mais les sujets plus structurants ont à nouveau été occultés.
LA
CHRONIQUE
de Stephen
S. Roach
’an dernier, le sommet à Bali
L entre Xi Jinping et Joe Biden avait
été un échec. À l’issue d’une mau-
vaise préparation et d’une insistance
excessive sur les éléments de langage,
les efforts d’apaisement avaient rapide-
ment été anéantis par la destruction par
les États-Unis d’un ballon de sur-
veillance chinois. Rien ne garantissait
que la rencontre de San Francisco, le
15 novembre, ne soit plus réussie.
Bonne nouvelle, ce sommet s’est
révélé plus concluant. Les deux parties
ont pris cette année beaucoup plus au
sérieux les préparatifs. L’engagement
diplomatique de haut niveau a en effet
repris cet été, avec les visites à Pékin du
secrétaire d’État américain Antony
Blinken, de la secrétaire du Trésor Janet
Yellen, de la secrétaire au Commerce
Gina Raimondo et de l’envoyé spécial
pour le climat John Kerry. Mais tout
aussi important, les questions clés sur
lesquelles les deux dirigeants pour-
raient coopérer – et éventuellement
s’entendre – ont été bien identifiées en
amont.
Sans surprise, la plupart des progrès
ont concerné des réalisations relative-
ment évidentes, ce que j’appelle « les
fruits les plus accessibles ». Deux
domaines se démarquent ici : la reprise
des communications d’armée à armée,
et les efforts de collaboration face à la
crise du fentanyl. Les tensions dans le
détroit de Taïwan ainsi qu’en mer de
Chine méridionale ne montrant aucun
signe d’apaisement, aucun des deux
camps ne pouvait se permettre de ris-
quer une nouvelle interruption des
communications militaires, comme
durant le fiasco du ballon. En tant que
superpuissances responsables, elles
n’ont eu d’autre choix que de rétablir un
dialogue régulier entre leurs départe-
ments de la Défense. Quant à la crise du
fentanyl aux États-Unis, les chiffres
parlent d’eux-mêmes, les overdoses
d’opioïdes synthétiques constituant
l’une des principales causes de décès
des Américains de 18 à 45 ans. Cette
crise effroyable a mis en lumière la
Jeudi 30 novembre 2023 Les Echos
chaîne d’approvisionnement chinoise
des précurseurs chimiques du fentanyl,
et la nécessité évidente que Pékin use de
son influence pour y remédier.
D’autres fruits ont été cueillis. Outre
un engagement conjoint à augmenter
les vols directs, ainsi qu’une reconnais-
sance commune de la nécessité d’élargir
les échanges culturels, sportifs et com-
merciaux, Xi Jinping a déclaré que la
Chine était prête à accueillir 50.000 jeu-
nes Américains pour des programmes
d’échange et d’étude ces cinq prochaines
années. Par ailleurs, l’annonce de Xi
Jinping selon laquelle la Chine était
prête à poursuivre sa coopération avec
les États-Unis en matière de protection
des pandas s’est révélée une agréable
surprise.
Non retenue à San
Francisco, l’idée d’un
secrétariat États-Unis-
Chine reste mon option
préférée pour renforcer
les outils nécessaires
au désamorçage
des conflits.
Dans mon dernier livre, « Accidental
Conflict », je souligne l’importance de
trouver un terrain d’entente pour réta-
blir la confiance. Un agenda commun
fait cruellement défaut dans cette ère
d’escalade des tensions sino-améri-
caines. Il n’existe pas de recette simple
pour dissiper la méfiance mutuelle, en
particulier après l’animosité des cinq
dernières années et demie. Le fait
d’avoir cueilli à San Francisco les fruits
les plus accessibles constitue un pre-
mier pas, minime mais important, sur
la voie de l’apaisement.
J’aimerais pouvoir en dire de même
dans deux autres domaines nécessitant
que les conflits soient résolus : les
menaces existentielles (changement
climatique et santé mondiale) auxquel-
les les deux pays sont confrontés, ainsi
que les améliorations dans les structu-
res de coopération. Seule exception
notable, la déclaration dite de Sunny-
lands, conclue à la veille du sommet de
San Francisco, promet de mettre en
place un nouveau groupe de travail
pour faire progresser la coopération cli-
matique.
12
Li Xueren/Xinhua-rea/Xinhua-rea
En revanche, il n’y a eu aucune percée
significative en matière de gouver-
nance de l’intelligence artificielle. Ni en
matière de cybersécurité, de droits de
l’homme, ou concernant les tensions
territoriales – autant de questions sur
lesquelles un dialogue de sourds règne
depuis des années. Concernant les
structures de coopération, il s’est agi
pour l’essentiel de diplomatie, le pas-
sage à un modèle institutionnalisé
susceptible d’approfondir et perpétuer
les liens ayant très peu été abordé. Ce
n’est guère surprenant, dans la mesure
où la rencontre a été conduite par les
diplomates des deux camps. Ce constat
me laisse néanmoins perplexe, compte
tenu de l’échec du sommet de Bali l’an
dernier. En effet, bien que je considère
une diplomatie habile comme néces-
saire pour amorcer un virage en direc-
tion de l’engagement, de la coopération
et de la confiance, ces compétences ne
garantissent pas une relation résiliente,
capable de résister à des turbulences
inattendues. A Bali, c’est le ballon de
surveillance chinois qui a posé problème
– quel pourrait être le prochain aléa ?
En cette ère de dirigeants politique-
ment contraints et au cuir peu épais, je
continue de penser que la résolution
des différends entre les deux superpuis-
sances nécessite davantage qu’une
diplomatie personnalisée. L’institu-
tionnalisation demeure essentielle en
complément. Non retenue à San Fran-
cisco, l’idée d’un secrétariat États-Unis-
Chine reste mon option préférée pour
renforcer les outils nécessaires au
désamorçage des conflits ainsi qu’au
rétablissement de la relation bilatérale.
Certes, le sommet de San Francisco a
relevé le niveau par rapport aux objec-
tifs peu ambitieux fixés à Bali. Un cer-
tain nombre de questions profondes
subsistent néanmoins quant aux con-
tours du conflit sino-américain, en par-
ticulier en ce qui concerne les questions
économiques, commerciales et techno-
logiques qui l’ont précipité. Il est éton-
nant que ces questions figurent si peu
dans les comptes rendus d’un sommet
de quatre heures. Il a finalement été plus
facile pour Joe Biden et Xi Jinping de
cueillir les fruits les moins haut perchés.
Stephen S. Roach est économiste
et professeur à l’université de Yale.
Ce texte est publié en partenariat
avec Project Syndicate.
 13 Les Echos Jeudi 30 novembre 2023 IDÉES

opinions art&culture
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LE POINT
DE VUE COP28 : la France Beau comme une photo
de Cinzia Bianco
a un rôle clé à jouer de Cameron
Judith Benhamou EXPOSITION domestiques. Le plus saisis-
Julia Margaret sant des portraits, dat́
Lorsque la photographie a Cameron. Capturer de 1867, est celui de sa nièce
́t́ invent́e dans les la beauté. Julia Jackson, qui est aussi
a prochaine Conf́rence des que les EAU, dont la subsistance d́pend France ont conclu un partenariat anńes 1830, le champ des Paris, Jeu de Paume l a m è r e d e l ’́ c r i va i n e

L Nations unies sur le changement

climatique (COP28), organiśe ̀
Dubaï aux Emirats arabes unis (EAU)
du 30 novembre au 12 d́cembre, risque
des combustibles fossiles, accueillent
la COP, ni que le chef de la principale
entreprise de combustibles fossiles des
EAU, ainsi que de la principale entre-
strat́gique global dans le domaine de
l’́nergie, et Paris a sigń un protocole
d’accord sur des collaborations avec
Riyad.
cŕations possibles appa-
raissait immense. Cepen-
Jusqu’au 28 janvier 2024

dant, le premier objectif dans ce nouveau

d’être torpilĺe par le diff́rend irŕcon-
ciliable sur le sort des combustibles
fossiles. La France peut-elle tirer parti
de sa relation priviĺgíe avec les EAU,
pays hôte de la COP28, pour appuyer
sur le bouton « reset » et ́viter l’́chec ?
Essayant de parler au nom de tous les
producteurs de ṕtrole et de gaz, les
EAU n’ont jamais soutenu l’id́e de
ńgocier un calendrier sṕcifique pour
l’́limination progressive des combus-
tibles fossiles, mais ont plutôt d́claŕ
que la COP28 devait œuvrer en faveur
d’un « système énergétique exempt de
combustibles fossiles non dilués au
milieu de ce siècle ». Cette approche, qui
repose sur la ŕduction des ́missions
par le pígeage du carbone, a d́çu les
partisans d’une ́limination complète
des combustibles fossiles.
La communaut́ scientifique a ́mis
des doutes sur la viabilit́ de la techno-
prise d’́nergie renouvelable du pays, en
soit le pŕsident.
En France même, les d́fenseurs du
climat ont ŕcemment ́crit une lettre
affirmant que « tenir une conférence sur
le climat à Dubaï est absurde et dange-
reux ». Tel sera le ton de la couverture
ḿdiatique de la COP28 en Europe et il
est fort probable que ce ŕcit ńgatif
aura un impact sur l’ambiance des
ńgociations officielles.
Un échec de la COP28
accentuerait les
divisions au sein
de la communauté
internationale.
Pourtant, un ́chec de la COP28
accentuerait les divisions au sein de la
Cette anńe, en amont de la COP28,
Paris a travailĺ plus ́troitement avec
les EAU, et la ministre française de la
transition ́nerǵtique, Agnès Pannier-
Runacher, s’est engaǵe auprès de
Riyad ̀ explorer les possibilit́s de
ŕduction des ́missions. Sur la base des
priorit́s euroṕennes et des outils du
« Green Deal » et du plan d’action des
EAU pour la COP28, un article ŕcent du
Conseil euroṕen des relations ext́-
rieures a identifí un tel espace de
cooṕration constructive.
Compte tenu de leur savoir-faire et
de leur exṕrience en matière de
transition ́nerǵtique, mais aussi des
liens industriels et technologiques
existants ainsi que de leur proximit́
ǵographique, la France et l’Europe
devraient être des partenaires de choix
pour le Golfe en matière de d́carbo-
nation. Si ces partenariats sont couron-
domaine ́tait la pŕcision, la quête d’une per-
fection technique. Car la magie consistait,
pour la première fois de l’histoire humaine, ̀
reproduire fidèlement la ŕalit́. Mais les
v́ritables artistes sont toujours ceux qui
savent prendre les chemins de traverse.
Ainsi en France, un Gustave Le Gray
s’amusait, dans sa « Grande Vague » de 1857,
chef-d’œuvre du genre, ̀ bidouiller un pho-
tomontage qui assemblait un ciel tiŕ d’une
prise de vue et des vagues provenant d’une
autre prise de vue, afin d’accentuer l’effet
dramatique de l’image. C’est ainsi que la
photo devint, davantage encore qu’une
prouesse technique, de l’art…
En Angleterre, une dame de la bonne
socít́, qui avait reçu pour ses 48 ans un
appareil photo, allait produire des clich́s
dans un genre diff́rent, mais tout aussi
ińdit. Cette mère au foyer de
six enfants, d́nomḿe Julia
Margaret Cameron (1815-
1879), deviendra pour la post́-
Virginia Woolf (cette der-
nière sera d’ailleurs la
première biographe de la photographe,
en 1926). Ici, Julia Margaret Cameron fait
jouer les ombres pour magnifier les angles
du long cou, le profil très dessiń et les yeux
rêveurs.
Enfin, comme l’explique le cocommis-
saire et directeur du Jeu de Paume, Quentin
Bajac, Cameron est moderne car « elle
invente un genre de portraits qui n’a rien à voir
avec le statut social de ses sujets. Elle imagine
aussi des mises en scène dont on ne réalisera
l’importance qu’à partir des années 1970. Son
objectif, c’est traduire un état d’esprit, une
humeur ». « L’amour » de 1864 repŕsente
par exemple sa femme de chambre aux
grands yeux clairs, draṕe ̀ l’antique,
tenant un enfant nu dans ses bras. « Les pho-
tographies les plus ressemblantes qui soient à
des peintures » lit-on dans sa ńcrologie
alors parue dans le « The Times ». n

Julia Margaret Cameron/Paris Musées/Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey

logie de captage et certains gouverne-
ments euroṕens, dont la France, crai-
gnent qu’elle ne soit utiliśe pour
retarder la transition vers les ́nergies
propres. La France est ́galement l’un
des États membres de l’UE qui se
montre le plus d́termiń concernant
l’́limination progressive des combus-
tibles fossiles.
Paris n’́chappe pas non plus au
ressentiment de la communaut́ clima-
tique, qui n’a jamais vraiment accept́
LE POINT
DE VUE
de Christophe Harrigan
communaut́ internationale, empê-
chant tout progrès concret dans la
ŕalisation des objectifs climatiques. La
France et l’Europe doivent montrer
l’exemple, en tendant la main aux pro-
ducteurs de combustibles fossiles pour
se concentrer sur les possibilit́s de
progrès. Les monarchies du Golfe
repŕsentent un bon test pour une telle
approche pragmatique.
La France peut atteindre cet objectif
strat́gique. En juillet 2022, les EAU et la
Complémentaires
santé : laissez-les jouer
ńs de succès, ils pourraient servir de
rampe de lancement pour des efforts de
d́carbonation industrielle et de transi-
tion ́nerǵtique plus lointains. Ce
pourrait être le type de remise ̀ źro
dont la COP28 a besoin pour ́chapper
aux perspectives inquítantes qui
s’offrent ̀ elle.
Cinzia Bianco est experte pour la
région du Golfe au Conseil européen
des relations étrangères (ECFR).
rit́ une immense photogra-
phe. Le Jeu de Paume, ̀ Paris,
expose jusqu’au 28 janvier
une centaine de ses tirages en
provenance du Victoria &
Albert Museum de Londres,
très riche en la matière d́j̀ du
vivant de l’artiste.
Univers entier
Cameron invente en un temps
record, entre 1864 et 1875, un
univers entier centŕ sur la
figure humaine. Elle pratique
sciemment le flou grâce ̀
une technique appeĺe « soft
focus » qui produit un effet de
douceur sur le contour des
visages. En outre, elle ne
gomme ni les tâches ni les
traces laisśes sur les tirages.
Julia Margaret Cameron
prend les modèles dans son
« Mary Mother » (Mary Ann Hillier).
Photographie de Julia Margaret Cameron

pleinement leur rôle entourage : famille, amis, (1815-1879), 1867. Paris, Maison de Victor Hugo.

Tragédie de l’inceste au TNS

ès que ressurgit le d́bat sur le Ce système ̀ bout de souffle est port́ de service que nous attendons des

D d́ficit de notre système de

sant́, on d́signe les compĺ-
mentaires sant́ ̀ la vindicte populaire.
Mais cela revient ̀ oublier les con-
traintes qui pèsent sur elles et ̀ ignorer
la responsabilit́ des pouvoirs publics.
À l’heure du d́bat sur le projet de loi de
financement de la Ścurit́ sociale
pour 2024, dans un contexte de pres-
sion de l’inflation sur le budget de Fran-
çais, la tentation est grande de montrer ̀
nouveau du doigt les compĺmentaires
sant́ (mutuelles, assureurs et institu-
tions de pŕvoyance). Une facilit́ qui
cache une ŕalit́ sans doute plus d́ran-
geante. Depuis plus de 40 ans, l’́cono-
mie de notre système de sant́ n’est ŕgie
que par une seule et unique pŕoccu-
pation politique : freiner les d́penses,
laissant l’efficacit́ du système dans
l’angle mort des pouvoirs publics.
Pourtant, cette approche maladroi-
tement financière a un impact sur la
qualit́ des soins apport́s aux Français.
De l’instauration du numerus clausus,
qui se solde aujourd’hui par une ṕnurie
de ḿdecins, au contrôle dogmatique
des prix du ḿdicament, qui retarde
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
par deux acteurs : la Ścurit́ sociale,
qui fournit l’assurance maladie obliga-
toire, et les compĺmentaires sant́. Or,
le d́sengagement de la première, en
matière de d́penses de sant́, n’a d’́gal
que sa propension ̀ accroître son
pouvoir de ŕgulation sur les secondes.
Face au mouvement continu de d́rem-
boursement des ḿdicaments et des
soins par la Ścurit́ sociale, les compĺ-
mentaires prennent heureusement le
relais. Mais alors, pourquoi appliquer
un système de taxation sur les mutuel-
les plus ́lev́ que celui appliqú aux
produits de luxe ou aux fast-foods ?
C’est une aberration.
Face au
mouvement continu
de déremboursement
des médicaments et
des soins par
la Sécurité sociale,
les complémentaires
prennent le relais.
meilleures entreprises priv́es. Si ces
imṕratifs sont ńcessaires, ce sont
autant de contraintes que l’État, lui, ne
s’impose pas.
Il est donc temps de reconnaître la
juste contribution des compĺmen-
taires sant́ et les b́ńfices qu’elles
apportent. En matière d’efficacit́,
d’abord : compaŕ aux autres pays de
l’OCDE, le système français est celui où
le reste ̀ charge des ḿnages est le plus
faible, moins de 8 %. Une performance
que l’on doit justement ̀ la mixit́̀ de
notre système de financement.
En matière de pŕvention ensuite :
les compĺmentaires sont d́j̀ des
acteurs majeurs de la pŕvention. En
leur donnant la possibilit́ d’utiliser
raisonnablement et sous contrôle les
donńes sant́ de leurs clients, elles
pourraient mettre en place des campa-
gnes de pŕvention cibĺes dont l’effica-
cit́ sur la sant́ de nos citoyens serait
d́multiplíe.
En matière d’innovation enfin : forte-
ment connect́es aux start-up et aux
nouveaux acteurs de la sant́, les com-
pĺmentaires sont capables d’apporter
Philippe Chevilley THÉÂTRE
Le Voyage dans l’Est
Grand (Christine de 25 ̀ 45
ans) et Ćcile Brune, qui
A livre implacable, spec- de Christine Angot, mise en campe l’h́roïne aujour-
tacle implacable. Stanislas scène de Stanislas Nordey. d’hui. Le trio est d’une
Nordey est l’homme de la Strasbourg, TNS grande justesse, domińe
situation : l’exigeant met- jusqu’au 8 décembre. par la technique imparable,
teur en scène a su adapter Nanterres, Les Amandiers l’intensit́ et l’humanit́ de
fidèlement, sans d́luge du 1er au 15 mars. l’ex-coḿdienne du Fran-
d’effets ni pathos, « Le Voya- çais. Dès les premières
ge dans l’Est » de Christine Angot au Th́âtre images en vid́o dans le train qui l’embarque
national de Strasbourg. Ŕcit clinique de vers l’Est, Ćcile Brune nous vrille le cœur.
l’inceste que lui a fait subir ̀ l’âge de 14 ans, Le duo masculin est ́galement impres-
puis jeune adulte, son monstre de père, cet sionnant. Stanislas Nordey a transmis tout
ouvrage couronń du prix Ḿdicis 2021 est son art de la distanciation ̀ Pierre-François
sans doute le plus complet et le plus profond Garel qui joue avec une morgue froide le
qu’elle ait ́crit sur son calvaire. Comment personnage impossible du père. Claude
transformer un tel geste litt́raire en geste Duparfait bouleverse dans le rôle de l’ex-
th́âtral ? ́poux qui n’a pas su prot́ger Christine,
Stanislas Nordey y est alĺ un peu ̀ partaǵ entre remords et h́b́tude. Julie
l’aveugle. Lui qui n’a jamais adapt́ de roman Moreau (la mère lointaine) et Moanda
au th́âtre a dû se colleter ̀ un texte sophis- Daddy Kamono (Charly, le doux amant)
tiqú alternant narration, dialogues au jouent leur partition avec la même sobrít́.
couteau, introspection et journal intime. Ce « Voyage dans l’Est » aurait pu se bor-
Pas question d’en modifier la forme : l’́cri- ner ̀ une « mise en espace » un rien com-
ture a juste ́t́ resserŕe pour aboutir ̀ une pasśe. C’est un spectacle ̀ part entière qui
repŕsentation de 2 h 30 sans temps mort. nous confronte intellectuellement et ́mo-

l’arriv́e des dernières innovations en
France et entraîne parfois leur ṕnurie,
on ne songe qu’̀ limiter les d́penses de
sant́. Conśquences : pauṕrisation de
l’offre, d́gradation de la qualit́ du
système et, in fine, de la sant́ des Fran-
çais. Ce problème est d’autant plus
pŕgnant que la population française
vieillit, entraînant ainsi ḿcanique-
ment un besoin de soins croissant.
Quand les compĺmentaires sant́
augmentent leurs tarifs, ce n’est pas
pour s’enrichir mais pour maintenir
leurs comptes ̀ l’́quilibre, dans des
conditions de march́ très concurren-
tielles où elles doivent ̀ la fois ŕpondre
̀ des imṕratifs de solvabilit́ et ̀ des
injonctions ŕglementaires, tout en
garantissant le haut niveau de qualit́
au plus grand nombre des offres et des
services indispensables pour aḿliorer
la qualit́ de vie ou accompagner le bien
vieillir. Si l’int́rêt ǵńral est bien
d’aḿliorer la sant́ des Français, l’État
devrait laisser les compĺmentaires
sant́ jouer pleinement leur rôle.
Christophe Harrigan est directeur
général de La Mutuelle Générale.
Dans un d́cor abstrait, sorte de temple aux
mosaïques psychiques, le metteur en scène
orchestre des monologues fulgurants, des
scènes cruciales ̀ deux ou ̀ trois, en utili-
sant la vid́o pour cŕer des gros plans ou
mettre en valeur des phrases cĺs du livre.
Sa direction d’acteurs au cordeau donne
de la v́rit́ ̀ chaque mot. Trois coḿdiennes
prêtent corps ̀ la narratrice : Carla Aude-
baud (Christine de 13 ̀ 25 ans), Charline
tionnellement ̀ la traǵdie de l’inceste. La
douleur, la colère de Christine Angot y sont
tout entières. Sa d́nonciation du patriar-
cat, comme moteur de la ḿcanique infer-
nale du crime, retentit puissamment sur la
scène du th́âtre. « Vous ne comprenez pas »,
s’indigne l’́crivaine au centre de son
« Voyage ». Au sortir de ce spectacle aussi
puissant qu’ińdit, on a le sentiment d’avoir
enfin compris. n
 IDÉES
leadership&management
o la seule « botte secrète » du succès de l’entreprise. Le concept de réussite personnelle évolue aussi.
MATIÈRES À PENSER
Plus de recrutements,
moins de biais grâce
à l’IA générative
ecommandations d’offres personnalisées,
R estimation intelligente du salaire proposé,
extraction automatique des compétences
à partir des CV… Quelque 100 fonctionnalités repo-
sant sur l’intelligence artificielle (IA) sont propo-
sées chez Indeed, plateforme de recrutement et de
matching mondiale. Elles sont utilisées par plus de
3,5 millions d’employeurs par mois dans le monde.
D’après sa dernière étude, menée en partenariat
avec Censuswide, 85 % des recruteurs français
recourent désormais à un ou plusieurs outils
d’intelligence artificielle – et ce, essentiellement
pour résumer ou analyser les CV et les demandes
d’emploi (30 %), effectuer diverses fonctions RH
(29 %), planifier des rendez-vous (25 %), générer
des questions d’entretien (25 %) et rédiger des
e-mails (25 %). Un thème abordé lors du Sommet
de l’inclusion économique le 28 novembre à Bercy.
L’outil fonctionne en posant d’abord aux
employeurs plusieurs questions desquelles vont
découler une série de critères. L’IA génère ensuite
une ébauche de description de poste qui peut
ensuite être publiée telle quelle ou modifiée selon
les besoins. Ce générateur de descriptions de poste
utilise également le « machine learning » afin
d’étudier les comportements des candidats.
Enfin, une combinaison du ChatGPT d’OpenAI
et d’une IA ad hoc est alimentée par les données
de la plateforme, ses centaines de millions
d’offres d’emploi et de signaux d’embauche.
Conséquence ? Un gain de temps colossal pour
les recruteurs, qui peuvent alors se concentrer
sur les dimensions plus humaines de leur travail.
Une IA responsable et juste ?
Mais s’employer au bon appariement entre les
candidats et les recruteurs ne suffit pas,
il faut aussi tenter de corriger les biais issus
du processus de recrutement. A cet égard, Indeed
a mis en place une équipe d’IA qualifiée de
responsable
qui se consacre à la création d’un produit «
équitable » pour les candidats et les employeurs
permettant de pallier les biais lors du processus
de recrutement. Les membres de l’équipe vont de
l’astrophysicien au sociologue, et leur approche
combine des évaluations de l’équité, la création
d’outils, l’éducation et la sensibilisation.
« Cela fait plus de quinze ans qu’Indeed s’appuie sur
la technologie et l’IA
pour accomplir son unique mission : celle d’aider
chacun à trouver son prochain emploi », indique
Matthieu Eloy, directeur général d’Indeed France.
« Nous souhaitons changer le monde du travail,
et cela suppose de résoudre les inefficiences
du recrutement, mais aussi de faire matcher en
temps réel les 30 millions de jobs qui transitent sur
notre plateforme avec les quelque 350 millions de
chercheurs d’emploi qui visitent nos pages chaque
mois », poursuit-il, en indiquant que, depuis le
lancement de l’outil, plus de 600.000 employeurs
dans le monde ont utilisé son IA générative
pour décrire 1,5 million de postes. n
LA TENDANCE
CSRD : les entreprises
sont-elles prêtes ?
eulement 9 % des entreprises considèrent
S que leur système de reporting ESG
(environnement, social et gouvernance)
est prêt ou presque pour la directive Corporate
Sustainability Reporting, selon une étude
du cabinet Baker Tilly. L’ambition de cette CSRD
est de mettre sur le même plan l’information
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
financière et l’information de durabilité
de l’entreprise.
La directive entrera en action à partir de 2024
et concernera près de 50.000 entreprises en
Europe. Or plus de 6 entreprises sur 10 estiment ne
pas être prêtes. Elles sont 62 % à encore utiliser
Excel pour collecter leurs données ESG. 35 % des
personnes sondées collectent encore leurs données
ESG sans processus de contrôle interne et 20 %
n’ont pas mis en place de procédure en ce sens.
PERFORMANCE // Si la qualité de la réflexion stratégique reste cruciale, elle n’apparaît plus comme
Quand les crises à répétition
redéfinissent la notion de succès
L’ANALYSE
de Muriel Jasor
ette année, pour les vingt-
C cinq ans de Google, nombreux
sont ceux qui se sont penchés
sur ses facteurs clés de succès, notam-
ment sur sa capacité à jongler entre
ambition à long terme et changement
constant. N’oublions pas, pour autant,
que les triomphes sont fragiles : quel-
ques « success stories », comme celle de
Kodak autrefois, ont tourné au vinaigre,
victimes d’inertie en raison de « recet-
tes » qui avaient contribué à leur réus-
site mais aussi empêché inopportuné-
ment l’innovation d’émerger.
Comment circonscrire le succès ? A
l’aune de quoi le mesurer ? Pour tenter
de répondre à ces questions, le cabinet
Progress Associés a mis sur pied son
propre Observatoire. Une définition
polymorphe du succès laisse apparaître
que l’argent et les titres font aujourd’hui
de la place à des notions telles que
64 % des collaborateurs jugent primordial de travailler dans une entreprise qui a du succès. Photo Shutterstock
Roder le comité exécutif à l’intelligence collective
LA
CHRONIQUE
d’Eric Albert
L’exercice bien rodé de la « people
review » consiste à passer en revue un
certain nombre de hauts potentiels de
l’entreprise pour réfléchir à leur évolu-
tion et pour faire des plans de succes-
sion. Chacun présente les collabora-
teurs de son périmètre ; ce qui est censé
conduire à une discussion avec les
autres membres du comité exécutif
(comex) pour aboutir au positionne-
ment de l’individu dans la « 9 box ».
Cet outil à neuf cases a en ordonnée
trois niveaux de potentiel et en abscisse
l’impact, la créativité ou l’épanouis-
sement personnel. Cette définition
comprend aussi des éléments nés
d’introspections individuelles post-
confinement, de l’introduction d’indica-
teurs extra-financiers et de composan-
tes qui varient selon que l’on désigne
le succès d’une entreprise, celui des
dirigeants, des managers ou des colla-
borateurs.
La star : l’équipe
« Conquête et croissance, profit et aug-
mentation de valeur actionnariale,
impact client et environnemental, critères
de cohésion et d’efficacité sociales ou
encore, plus généralement, responsabilité
sociale d’entreprise (RSE)… Chaque entre-
prise privilégie, sur le long terme et selon
sa culture interne, ses propres critères »,
note Jean-Philippe Demaël, président
de Progress Associés. Si la qualité de la
réflexion stratégique reste cruciale, elle
n’apparaît plus comme la seule « botte
secrète » du succès d’une entreprise.
Les dirigeants, plus enclins à assimi-
ler l’organisation à une aventure
humaine, accordent désormais une
place prépondérante à des indicateurs
liés à la pérennité des emplois, la qualité
du climat social, la fédération du collec-
les trois de la performance. Celui ou celle
qui est en haut à droite cumule la surper-
formance et le plus haut potentiel.
Bien souvent, les individus passés en
revue étant peu ou pas connus de ceux
qui sont autour de la table, la conversa-
tion se fait à trois, le supérieur hiérarchi-
que, le DRH et le directeur général. Les
autres attendent le tour de leur poulain
pour les défendre et s’occupent en atten-
dant. Bien souvent l’échange est assez
pauvre. On se répète ce que l’on sait déjà
sur l’individu.
Biais et rôles
Les principaux biais cognitifs qui inter-
viennent dans l’échange sont d’abord
ceux de l’ancrage. La première impres-
sion laisse une marque qui influence le
jugement. S’y ajoute l’effet de halo : avec
Jeudi 30 novembre 2023 Les Echos
tif et le développement des individus.
« La star n’est plus aujourd’hui le diri-
geant mais l’équipe au sein de laquelle pui-
ser de nouvelles façons de faire », poursuit
Jean-Philippe Demaël, qui attache une
grande importance à l’adéquation entre
salariés et culture d’entreprise.
L’étude de l’Observatoire du succès –
menée auprès de 1.000 salariés et de
100 dirigeants et enrichie par vingt-
sept entretiens – indique que les collabo-
rateurs, quel que soit leur âge, fondent, à
59 %, la réussite de l’entreprise sur ses
performances économiques. En revan-
che, 78 % des dirigeants estiment qu’elle
réside d’abord dans la bonne cohésion
et la progression des collaborateurs.
« Ce modèle est implicitement partagé
par tous ceux qui sont conscients de la dif-
ficulté – voire l’impossibilité – à faire, seul,
bouger tout un corps social », précise Fré-
dérique Deriquehem, associée chez
Progress Associés. « Les plus jeunes lea-
ders, quoique freinés par des injonctions
économiques, financières et géopoliti-
ques, cherchent à tendre vers cet idéal. »
Pour tout un chacun au travail, la
réussite professionnelle est essentielle :
73 % des salariés et 84 % des dirigeants
la déclarent importante. Et 64 % des col-
laborateurs jugent primordial de tra-
les quelques éléments que l’on a pu
observer, on en tire un jugement géné-
ral. Enfin, le biais de disponibilité, fré-
quent, consiste à ne se baser que sur les
informations qui sont à disposition.
Pour que l’intelligence collective fonc-
tionne lors des « people reviews », il faut
attribuer à chacun un rôle précis.
Celui qui connaît la personne peut
parler de sa performance. Un autre
membre du comex peut challenger sur
le potentiel à partir de comportements
que l’on a constatés ou pas (comme, par
exemple, l’adaptabilité). Un troisième
doit interroger le collectif sur ce que l’on
ne sait pas sur la personne, car on n’a pas
eu l’occasion de l’observer. Et un qua-
trième peut animer l’échange sur les ris-
ques que l’on est prêt à prendre pour
permettre à l’intéressé de révéler son
14
vailler dans une organisation qui a du
succès. « En 2023, plus que les actionnai-
res, les clients ou les amis, les proches et la
famille, les salariés sont devenus, pour les
dirigeants, les nouveaux juges du succès
de l’entreprise. Est-ce durable ou bien
conjoncturel ? » se demande Jean-Phi-
lippe Demaël. La deuxième hausse tri-
mestrielle consécutive du taux de chô-
mage, indiquée par l’Insee, pourrait
faire pencher en faveur de la seconde
hypothèse.
L’argent et les titres font
aujourd’hui de la place
à des notions
telles que l’impact,
la créativité
ou l’épanouissement
personnel.
En revanche, pour ce qui relève du
succès personnel, les dirigeants avan-
cent le puiser dans l’entretien d’un bon
climat social (58 %), la satisfaction des
clients (53 %) et l’évolution des collabo-
rateurs. Et ils ne sont plus que 13 % à
l’associer au fait de laisser une trace dans
l’entreprise. « Les mentalités changent
du tout au tout : les compétences techni-
ques et les parcours académiques ne sont
plus que des prérequis et ce sont les aptitu-
des comportementales qui se posent
aujourd’hui en “boîte noire” de talents »,
relève Jean-Philippe Demaël.
« Dynamique plus que but »
A l’échelle d’une carrière, l’équilibre des
vies professionnelle et personnelle est
vu comme un critère de succès par 60 %
des dirigeants, qui en font une préoccu-
pation première, alors que 43 % des col-
laborateurs placent ce critère derrière le
besoin de reconnaissance (49 %). Des
salariés et des managers pour qui le suc-
cès réside surtout dans le travail bien fait
(67 %) et la satisfaction des clients (50 %).
« Dynamique plus que but, le succès est
un carburant puissant pour nourrir à la
fois les individus et le collectif d’entre-
prise », estime Jean-Philippe Demaël.
« Et célébrer petites et grandes réussites
contribue, d’une façon somme toute
assez simple, à nourrir cette dynami-
que », complète Frédérique Derique-
hem. En définitive, pour rencontrer le
succès, une entreprise, un dirigeant, un
manager ou un collaborateur doit pou-
voir s’appuyer sur ses acquis et sa tra-
jectoire, puis surtout savoir s’en déta-
cher pour s’ouvrir à l’inconnu et aux
opportunités. n
potentiel. Autrement dit, au-delà de
remplacer son chef, vers quel type de
poste il pourrait être utile de l’exposer.
Enfin, un dernier peut faire une syn-
thèse qui servira de base au feedback
[retour d’appréciation, NDLR] à lui faire.
Les membres du comex devraient
être systématiquement formés à cet
exercice de « people review », qui est
l’un des plus importants parmi les rôles
qu’ils ont à remplir. Comme souvent, on
part du principe qu’étant arrivés en haut
de l’organisation, ils n’ont rien à appren-
dre. C’est évidemment une erreur. Le
parcours des membres du comex ne les
prépare pas suffisamment à cette éva-
luation collective des acteurs de l’entre-
prise pour les faire progresser.
Eric Albert est associé gérant d’Uside.
15 Les Echos Jeudi 30 novembre 2023
enquête
La 28e édition de la réunion annuelle des Nations unies sur le changement climatique ouvre ses portes ce jeudi à Dubaï. Elle vise à stabiliser les émissions des gaz à effet de serre. Photo Reuters
Nicolas Barré
— Aux Emirats arabes unis
vant le pétrole, il y avait les perles.
A « Dans les années 1970, raconte
Rachad, Dubaï était encore un port
de pêche. Au coin des rues, des marchands
s’installaient par terre pour vendre leurs huî-
tres. On les achetait par cinq, dix, vingt… Le
marchand les ouvrait devant vous et c’était
comme une loterie. Si on avait de la chance, il y
avait une perle à l’intérieur et on pouvait la
garder. » Pendant la première moitié du
XXe siècle, le commerce des perles fit la for-
tune des émirats du golfe Persique, de
Koweït à Abu Dhabi ou Dubaï. Puis, les Japo-
nais industrialisèrent la culture des huîtres à
perle et ruinèrent petit à petit les pêcheurs de
la région. « Abu Dhabi, bien plus que les
autres émirats, a été marqué par ce revers de
fortune », témoigne un homme d’affaires
étranger. « La conscience de la fragilité de la
prospérité et de la nécessité de préparer l’après-
pétrole y est plus aiguë que chez les voisins. »
Cette conscience ne saute pourtant pas
aux yeux. A quelques jours de l’ouverture de
la COP28 dans les Emirats arabes unis, fédé-
ration de sept émirats dont les deux plus
importants sont Abu Dhabi et Dubaï, les
foules locales se passionnaient plutôt pour
un tout autre événement mondial : le Grand
Prix de Formule 1. Organisée sur un circuit
éclairé de mille feux gagné sur la mer, la
course est habituellement programmée à la
tombée de la nuit, lorsque la température
en cette fin novembre reflue à 28 °C. Des
publicités pour la conférence sur le climat
voisinent avec le logo bleu à tête de faucon
d’Adnoc, la compagnie pétrolière d’Abu
Dhabi, omniprésente sur le circuit et dont
le président-directeur général, Sultan
al Jaber, est aussi président de cette COP
censée remettre le monde sur la trajectoire
exigeante de l’accord de Paris de 2015.
Conflit d’intérêts
La planète se réchauffe ? Les pôles fon-
dent ? Cela ne trouble pas non plus outre
mesure les promoteurs émiratis. Partout le
long des côtes, des engins s’affairent pour
modeler le littoral. Par endroits, celui-ci se
mue en dentelle artificielle avec ses arrondis
au compas, ses pointes de géomètres et ses
presqu’îles droites comme des « i » d’impri-
merie. La demande ne tarit pas : à Dubaï, sur
Palm Jebel Ali, un des archipels artificiels en
forme de palmier, la « villa Provence », avec
ses cinq chambres, ses deux parkings, sa
piscine et son jardin qui « semble flotter sur
l’eau » selon la brochure, se vend 7,9 mil-
lions de dollars pour une livraison en 2027.
Outre les Emiratis, qui sont à peine 1 million
sur les 10 millions d’habitants de la fédéra-
tion, les acheteurs sont de riches Indiens ou,
de plus en plus, des Russes qui ont trouvé
refuge ici depuis les sanctions occidentales.
Comme des dessins sur le sable, on se
demande pourtant combien de temps tien-
dront ces constructions avec le réchauffe-
A Dubaï,
la COP des émirs
CLIMAT // Les Emirats arabes unis, hôtes de la COP28, se veulent plus avancés
que leurs voisins du Golfe dans la transition énergétique… tout en investissant
massivement plus dans le pétrole et le gaz que dans les énergies renouvelables.
ment et la montée des eaux. « Nous prenons
des marges suffisantes », rassure Mariam
Almheiri, la ministre du Changement cli-
matique. D’une mère allemande et d’un
père émirati, cette femme de 44 ans en bas-
kets mode et tenue traditionnelle certifie
que les mentalités évoluent et que les Emi-
ratis sont de plus en plus conscients des
enjeux climatiques. « Mon fils veut une
Tesla, surtout pas une voiture à essence »,
sourit-elle, bien que le litre de super coûte
2,90 dirhams, moins de 75 centimes d’euro.
Et bien que les véhicules électriques présen-
tent un handicap par rapport aux autres
car, aux Emirats, « la climatisation est allu-
mée tout le temps ». Pour la COP28, la minis-
tre explique qu’elle a prévu des « menus
compatibles avec un réchauffement de 1,5 °C »
imaginés par des chefs renommés.
Depuis qu’il a été choisi par le président
Mohammed ben Zayed pour présider la
COP28, Sultan al Jaber passe une partie de
son temps à se justifier. Comment les Emi-
rats arabes unis, un des plus gros produc-
teurs de gaz et de pétrole au monde et dont
le sous-sol contient des réserves d’hydro-
carbures supérieures à celles de la Russie,
pourraient-ils être crédibles dans la lutte
contre les émissions de CO2 ? Et surtout
comment peut-il lui-même échapper aux
soupçons de conflit d’intérêts alors qu’il
dirige la plus grande compagnie pétrolière
et gazière du pays ? Des parlementaires
américains et européens, appuyés par des
personnalités comme Al Gore et de très
nombreux scientifiques, ont d’ailleurs écrit
à l’ONU pour exiger sa démission.
Des critiques que balaie Majid al Suwaidi,
le directeur général de la COP28. « Il est pos-
« Le monde a encore
besoin pour longtemps
des énergies fossiles.
De très nombreux pays
en développement n’ont
pas d’autre choix. »
MAJID AL SUWAIDI
Directeur général de la COP28
sible de revenir dans la trajectoire de +1,5 °C de
l’accord de Paris, mais cela ne se fera pas sans
associer le secteur privé et l’industrie », plai-
de-t-il dans un anglais parfait. Ce diplomate
affable, sourire facile et débit rapide, reçoit
en kandoura blanche traditionnelle au
milieu d’un vaste open space aménagé au
sommet d’une tour d’Abu Dhabi où s’active
une nuée de consultants occidentaux. « Je
représentais les Emirats à la COP de Paris
en 2015. Aujourd’hui, je retrouve les mêmes
interlocuteurs et rien n’a changé ! »
Bataille diplomatique
Alors qu’au Koweït, certains dirigeants con-
testent encore la réalité du changement cli-
matique, les Emiratis ont pris de l’avance
sur leurs voisins en finançant, grâce à la
manne des hydrocarbures, le développe-
ment des énergies renouvelables et s’esti-
ment donc légitimes pour conduire des
négociations sur la transition énergéti-
que. A quelques jours de l’ouverture de la
COP, le 17 novembre, Sheikh Hazza ben
Zayed al Nahyan, le numéro deux de l’émi-
rat d’Abu Dhabi, inaugurait dans le désert, à
quelques dizaines de kilomètres de la capi-
tale, la plus grande ferme solaire du monde.
« Nous sommes à la pointe du développement
des énergies propres », affirmait-il fière-
ment. Une tête de plus que les autres, Sultan
al Jaber assistait à la cérémonie. L’installa-
tion, une impressionnante forêt de pan-
neaux solaires d’une capacité de 2 giga-
watts, doit fournir de quoi alimenter près de
200.000 foyers en électricité au moyen de
lignes à haute tension qui s’enfuient à perte
de vue dans les dunes.
Al Jaber, lui-même, est un des pionniers
des renouvelables dans les Emirats. Il a
contribué à la fondation de Masdar en 2006,
un groupe devenu en peu d’années sous sa
direction un des leaders mondiaux dans ce
domaine, présent dans plus de 40 pays. Une
entreprise qui n’a surtout pas d’équivalent
dans les autres Etats du Golfe, au grand dam
des Saoudiens voisins. « Nous prévoyons
30 milliards de dollars d’investissements pour
produire à terme 20 gigawatts de renouvela-
ble, précise Mohammad el Ramahi, l’un de
ses dirigeants, chargé de la branche hydro-
gène. Avec Masdar, les Emirats veulent deve-
« Si [Sultan al Jaber]
parvient à convaincre
les compagnies
pétrolières nationales
[…] de s’engager sur
des objectifs chiffrés
de réduction de leurs
émissions de CO2,
il aura remporté
un réel succès. »
Un industriel occidental
nir le leader de l’hydrogène vert en produisant
5 % de la demande mondiale en 2030. »
L’ambition des Emirats va même au-delà :
« Nous visons un quart du marché mondial de
l’hydrogène bas carbone, en incluant celui pro-
duit au moyen de l’électricité nucléaire », com-
plète la ministre du Changement climatique.
Non loin de l’aéroport d’Abu Dhabi, un
quartier futuriste symbolise les ambitions
du petit Etat dans les énergies durables. Mas-
dar City est une ville nouvelle conçue pour
être neutre en carbone et surtout pour servir
de modèle à d’autres développements
urbains, ailleurs dans le monde. « Je rêve que
nous soyons imités », s’enthousiasme Chris
Wan, l’architecte en chef du projet, un Bri-
tannique d’origine hongkongaise. C’est ici
qu’a été installé en 2011 le siège de l’Agence
internationale des énergies renouvelables
(Irena), à l’issue d’une longue et intense
bataille diplomatique dans laquelle la
France a pesé pour offrir cette vitrine de
choix – 167 pays sont membres – à la pétro-
monarchie.
Avec la COP, c’est une bataille d’une tout
autre ampleur qui se joue pour Sultan
al Jaber sur le front des énergies fossiles. Un
industriel occidental résume l’enjeu : « S’il
parvient à convaincre les compagnies pétroliè-
res nationales comme Aramco (Arabie saou-
dite), Sonatrach (Algérie), NNPC (Nigeria),
NOC (Libye) et les autres de s’engager sur des
objectifs chiffrés de réduction de leurs émis-
sions de CO2, il aura remporté un réel succès. »
Car ces compagnies nationales, moins sou-
mises aux pressions que les majors privées
comme BP, Shell ou TotalEnergies, sont res-
ponsables de 70 % des émissions de gaz à
effet de serre du secteur. Le dirigeant émirati
joue là sa crédibilité et celle des Emirats.
« Cette COP sera un succès », veut croire
son directeur général, qui refuse toutefois
d’évoquer la fin du pétrole ou du gaz. « Le
monde a encore besoin pour longtemps des
énergies fossiles. De très nombreux pays en
développement n’ont pas d’autre choix »,
argumente-t-il. Le groupe pétrolier Adnoc,
que dirige Sultan al Jaber, prévoit d’ailleurs
d’investir 150 milliards de dollars dans les
cinq prochaines années pour porter sa capa-
cité de production de pétrole de 2,2 millions
de barils par jour (soit un peu plus que Shell)
à 5 millions en 2027. Une somme dix fois
supérieure à ce que ce même groupe entend
investir dans les énergies renouvelables.
« Golden visa »
La manne pétrolière et gazière est vitale
pour les Emirats, qui comptent dessus pour
financer la diversification de leur économie
et continuer d’attirer les talents étrangers
nécessaires grâce à une fiscalité très attrac-
tive. « Ce sont les étrangers qui font tourner le
pays. Sans eux, tout s’écroule. Allez à l’hôpi-
tal : les Emiratis sont dans l’administration,
pas dans les salles d’opération ! » témoigne
un entrepreneur allemand. Il a créé son
entreprise à Dubaï il y a cinq ans, bénéficie à
ce titre d’un « golden visa » et n’a aucune
envie de retourner en Allemagne même si
l’éducation de son fils au collège lui coûte
une fortune.
« Pourquoi aller ailleurs ? Ici, c’est le rêve
pour les start-up. Je ne paie aucun impôt. »
Pour les mêmes raisons, et parce que
l’administration y est moins tatillonne que
chez eux, de très nombreux Indiens, dont
de grands noms comme Ambani, ont choisi
d’investir, voire de s’établir, dans les Emi-
rats. Tant que l’argent du pétrole et du gaz
coulera à flots, disent-ils en plaisantant, « la
ville la plus agréable d’Inde sera Dubaï ».
Même si, COP après COP, les températures y
battent record sur record…
Lire nos informations
( Pages 8, 9, 13 et 30
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qui ont marqué les COP
 « Premières neiges » par Hélène Banc pour « Les Echos »

DERNIÈRE HEURE

Prisons : l’Etat Affaires Fourniret : Deux enfants tués Opération policière

condamné pour l’accusée reconnaît par Tsahal à Jénine meurtrière au Brésil
L’ÉDITORIAL détention « indigne » « tous les faits » CISJORDANIE – Un enfant AMÉRIQUE LATINE – Sept
DES « ÉCHOS »
' JUSTICE – Le tribunal
administratif de Strasbourg ' JUSTICE – « Je reconnais
tous les faits », a dit mercredi
' de huit ans et un adolescent
de 15 ans ont été tués
' personnes ont été tuées
et deux autres arrêtées
Climat : trois raisons a condamné l’Etat pour des
« conditions indignes de déten-
l’accusée Monique Olivier,
au deuxième jour de son procès
mercredi par l’armée israélienne
à Jénine, ville du nord de la Cisjor-
mercredi lors d’une opération
policière dans l’Etat brésilien de
d’y croire tion » à la maison d’arrêt de Mul-
house (Haut-Rhin), où cinq déte-
devant la cour d’assises des
Hauts-de-Seine, pour complicité
danie occupée, régulièrement
théâtre d’incursions militaires
Sergipe (nord-est) visant à déman-
teler un groupe criminel soup-
Il y a les COP mémorables puis les autres. Celle de nues cohabitaient dans une cellule dans les enlèvements et meurtres israéliennes. L’armée israélienne çonné d’homicides, de braquages
Dubaï a été rangée, avant même son ouverture ce jeudi, de moins de 12 mètres carrés, a de Joanna Parrish, Marie-Angèle a aussi arrêté un enfant de 12 ans et de trafic de drogues. Quelque
parmi les secondes. Un magnat du pétrole qui mène les appris l’AFP mercredi. Dans sa Domèce et Estelle Mouzin. L’ex- à Ramallah. Depuis l’attaque 100 policiers ont pris part à cette
négociations mondiales sur le climat : voilà qui montre décision, datée du 16 novembre, épouse du violeur et tueur en série menée le 7 octobre par le Hamas opération de grande ampleur à
toute la vacuité de l’exercice. Les chefs d’Etat n’ont de le tribunal reconnaît le « préjudice Michel Fourniret a brièvement été en Israël qui a fait 1.200 morts, la Cristinapolis, ville située à 120 km
toute manière pas la tête à l’écologie, tout occupés moral » subi par une détenue interrogée en début d’après-midi, violence a flambé en Cisjordanie : d’Aracaju, la capitale de l’Etat de
qu’ils sont à gérer les conflits en Ukraine et au Proche- incarcérée du 18 mai au 27 juin entre les auditions de deux près de 240 Palestiniens y ont été Sergipe. L’Etat de Bahia est celui
Orient. Loin de vouloir réduire la production de 2018 à Mulhouse, et condamne témoins, sur la lecture des faits tués par des soldats ou des colons du Brésil où ont été enregistrées le
pétrole, ils mettent la pression sur les pays de l’Opep, l’Etat à verser 1.000 euros que le président avait effectuée israéliens, selon le ministère plus de morts lors d’opérations
réunis également ce jeudi, pour augmenter les quotas « en réparation ». mardi au premier jour d’audience. palestinien de la Santé. policières en 2022, soit 1.464.
et éviter une nouvelle flambée des prix à la pompe.
Une dernière dose, vite, avant le sevrage…
Tout cela est vrai. Mais tout cela est contre-productif. LA PHOTO DU JOUR
La lutte pour le climat ne gagne rien aux jérémiades.
Elle est plus efficace quand elle se nourrit de solutions
et d’espoirs. Et les raisons d’espérer existent : depuis
dix ans, les capacités photovoltaïques ont quintuplé
à l’échelle mondiale. Les investissements dans les
énergies bas carbone dépassent
largement ceux dans les
énergies fossiles. L’Agence
internationale de l’énergie
a longtemps cru que nos
émissions de CO2 allaient
augmenter jusqu’en 2040.
Elle pense maintenant que
Par Lucie nous atteindrons le sommet
Robequain dans deux ans. Après deux
siècles de hausse constante,
l’événement est à marquer
La COP28 d’une pierre blanche.
de Dubaï Troisième bonne nouvelle :
ne fera pas les entreprises avancent à
forcément grands pas pour pouvoir
bientôt transporter et stocker
beaucoup l’électricité, ce qui va décupler
avancer le potentiel des énergies
la cause renouvelables. Il y a cinq
ou dix ans, on pensait la cause
climatique. illusoire.
Les progrès Mais revenons à la COP.
sont La déception qu’elle provoque
chaque année – à l’exception
ailleurs. notable de celle de Paris
en 2015 – est à la hauteur
des espoirs qu’elle suscite : démesurée. Jamais
personne n’imagine que l’Assemblée annuelle
de l’ONU qui se tient à New York puisse résoudre tous
les conflits du monde. A la COP, oui : beaucoup rêvent
d’un seul et grand sommet qui verrait la planète
entière tourner le dos aux hydrocarbures et devenir
fondamentalement « sobre ».
C’est méconnaître le rôle de la COP : ce n’est pas
un endroit où l’on produit des normes mais où des
forces traditionnellement centrifuges se rapprochent,
où l’on évalue les engagements pris, où les Etats créent HOMMAGE À GÉRARD COLLOMB « Un homme d’Etat visionnaire » qui a changé sa vie : Emmanuel Macron a rendu mercredi un hommage appuyé à Gérard Col-
des coalitions à dimension variable pour avancer lomb, l’ancien maire de Lyon qui joua un rôle crucial dans sa conquête de l’Elysée, lors de ses funérailles en la cathédrale Saint-Jean. Au cœur du quartier du Vieux
– tel ce nouveau tandem formé par les Etats-Unis Lyon, plusieurs centaines d’habitants, des élus de tous bords, des personnalités, des représentants du monde économique et sportif ont fait leurs adieux à celui qui
et la Chine pour réduire les émissions de méthane. a longtemps incarné la capitale des Gaules avant d’être nommé ministre de l’Intérieur du premier gouvernement Macron. Photo Olivier Chassignole/AFP
Il n’y aura jamais de grand soir climatique comme en
rêvent les idéalistes. Et cette COP n’est heureusement
pas notre dernière chance de sauver le climat.

Lire nos informations

( Pages 8-9 et 15
5
4

5
-1/2
14/19
VENDREDI
-1/2
12/20
SAMEDI
-3/1
14/21
DIMANCHE
-1/2
17/20
LUNDI
0/3
13/18
5 5 0/2 -4/0 -6/-2 -4/-2 -4/-1 -4/-1
4
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9 6 3/6 3/4
4 VENDREDI 21/28 19/28 19/28 19/28 20/29
6 5 4/5
6 0/2 0/1 -4/-2 -3/1 -4/0
7 21/27 18/23 15/22 17/24 19/24
7 3 11/15 15/18 16/19 17/19 7/12
11 4 8/10 10/12
6 -1/5 -1/2 -1/2 -1/5 4/6
8 13/15 9/11 3/9 1/7 3/8
-4/2 5/6 5/7 5/10 2/6 -1/3
9 8
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« Leadership & Management »
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12 11 SAMEDI
12 -3/2 24/30 24/29 24/32 25/34 25/29
12/14 11/14 11/15 12/15 12/15
Chaque semaine, Muriel Jasor vous 12
2/6
9/11 4/9 2/12 4/13 8/14
6/8
propose un rendez-vous inspirant, 14 12 13
13 25/29
18/26
24/29
19/25
24/30
18/23
24/29
17/21
24/30
17/22
en phase avec vos défis professionnels. -1/3 6/15 5/11 3/13 3/14 5/13
16 18 -1/6 2/4 2/3 3/5 2/6
15 3/8 -4/1
DIMANCHE 0/1 2/4 -3/-1 -9/-2 -8/-3
18 -1/5
lesechos.fr/newsletters
-1/7 1/8
 CAC 40 DOW JONES EURO/DOLLAR ONCE D’OR PÉTROLE (BRENT)

J 7.267,64 points
0,2415 % J 35.467,63 points
0,143 % n 1,0977 $
-0,1819 % J 2.046,95 $
1,0515 % J
DEVISES EUR/GBP 0,8646 EUR/JPY 161,64 EUR/CHF 0,9597 GBP/USD 1,2696 USD/JPY 147,301 USD/CHF 0,8744 TAUX €STER 3,903 EURIBOR 3 MOIS 3,955 OAT 10 ANS 3,0195 T-BONDS 10 ANS 4,3882
82,65 $
1,2123 %
Jeudi 30 novembre 2023
www.lesechos.fr

JO d’hiver 2030 :
la candidature
française reste
seule en lice
SPORT
Yann Duvert
La victoire finale tend les bras à la France,
candidate à l’organisation des Jeux Olympi-
ques et Paralympiques d’hiver en 2030. Le
Comité international olympique (CIO) a
annoncé mercredi son intention d’engager
une phase de « dialogue ciblé » avec les
Alpes françaises. S’il ne s’agit pas de l’attri-
bution des Jeux à proprement parler, cette
décision signifie de facto que les deux
autres dossiers, déposés par la Suisse et la
Suède, sont écartés. Et que la France reste
seule en lice pour organiser la compétition,
six ans seulement après les JO de Paris.
Dans les mois à venir, il s’agira de « com-
pléter le dossier dans le détail. Il y a une excel-
lente base, il faut mettre tout ça en musique,
travailler sur les transports, la sécurité », a
résumé Christophe Dubi, directeur exécutif
des Jeux Olympiques au sein du CIO. Avant
d’assurer avoir « toute confiance dans le sys-
tème français ».
Monté en moins de six mois, le dossier de
candidature avait officiellement été pré-
senté le 7 novembre auprès du CIO. Il porte
la promesse de Jeux « sobres et responsa-
bles », selon Laurent Wauquiez, président
de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui se
propose d’accueillir conjointement la com-
pétition avec la région Provence-Alpes-Côte
d’Azur, dirigée par Renaud Muselier. Le
budget total est, lui, évalué à 1,5 milliard
d’euros, mais pourra être affiné lors de la
phase de dialogue qui s’engage désormais.
La plupart des sites existent déjà
Pour convaincre leurs interlocuteurs, les
défenseurs du projet ont assuré que 95 %
des sites seraient existants. Un seul équipe- Le dossier de candidature prévoit de répartir les installations olympiques au sein de quatre pôles géographiques. Photo iStock
ment devrait être construit pour l’occasion,
en l’occurrence une patinoire à Nice. Le ment bonne. Fin octobre, un sondage com- Sauf retournement de situation, la déci- que 1.200 structures (offices du tourisme,
reste des installations, dont certaines mandé par la région PACA avait fait état de sion officielle du CIO devrait intervenir comités régionaux et départementaux de
devront être rénovées, seraient réparties au 75 % d’opinions favorables dans les Alpes- en 2024, à l’issue d’une ratification par ses tourisme).
sein de quatre pôles géographiques : la Hau- Maritimes, et de 62 % dans les Hautes- membres, lors d’une session prévue à Paris Par leurs paysages, leurs traditions et le
te-Savoie, la Savoie, le Briançonnais et Nice Alpes. A contrario, certaines voix se sont en juillet. « Cette annonce constitue une sens de l’hospitalité de leurs habitants, les
Côte d’Azur. élevées pour alerter sur les conséquences grande fierté pour notre pays et une victoire Alpes françaises constituent un cadre excep-
La perception de cette candidature par écologiques, voire économiques, d’un tel pour le secteur touristique, a immédiate- tionnel et unique pour accueillir le
l’opinion publique, elle, semble globale- événement. ment réagi ADN Tourisme, qui fédère quel- monde ». n

La faillite du promoteur immobilier Signa secoue l’Allemagne

IMMOBILIER
Nathalie Steiwer
— Correspondante à Berlin
L’Elbetower devait être l’un des projets pha-
res de Hambourg, après la Philharmonie qui
a redonné un nouveau souffle à l’ancienne
zone des docks. La grande carcasse se dres-
sant à 245 mètres au-dessus du port va pour-
tant rester encore un certain temps livrée à
elle-même. Signa, le holding de son promo-
teur René Benko, vient de se déclarer en
faillite mercredi, après des semaines d’un
suspens qui a tenu l’Allemagne en haleine.
Le promoteur autrichien, qui détenait un
portefeuille immobilier de 27 milliards
d’euros, est à la tête d’une vingtaine de chan-
tiers de prestige en Allemagne, depuis la
transformation de la « vieille académie » de
Munich, jusqu’à celle des 10.000 mètres car-
rés de la luxueuse « Carsch-Haus » à Düssel-
dorf. Il avait surtout repris les Galeries Kars-
tadt et Kaufhof, aussi chers au cœur des Alle-
mands que les Galeries Lafayette et le
Printemps à celui des Parisiens. L’empire de
ce « self-made-man » autrichien de 46 ans,
qui avait reçu l’appui des Peugeot, s’étend
bien au-delà, puisqu’il devait également
rénover le célèbre Chrysler Building à New
York, repris récemment. « Malgré des efforts
considérables au cours des dernières semai-
nes, les liquidités nécessaires à une restructu-
ration extrajudiciaire n’ont pas pu être garan-
ties dans une mesure suffisante », a annoncé
le holding Signa.
Endettée à hauteur de 15 milliards d’euros
selon la presse allemande, l’entreprise aurait
eu besoin de plus de 600 millions d’euros
avant fin novembre pour sortir de l’ornière.
Les négociations de dernières minutes avec
notamment le fonds spéculatif Elliott ou les
fonds souverains saoudien PIF et émirati,
Mubadala, ont, semble-t-il, échoué. Investis-
seurs et banques impliqués, dont le holding
Peugeot Invest exposé à hauteur de 300 mil-
lions, devraient en principe récupérer une
partie de leurs mises, tant René Benko avait
eu le don de miser sur des biens bien situés.
La vente des immeubles risque toutefois de
déstabiliser encore plus un marché immo-
bilier très fragile en Allemagne, après la
hausse des taux d’intérêt et des matières pre-
mières. n

Cybersécurité : Salaires :
les demandes de des négociations
rançons explosent,
même dans les PME
INFORMATIQUE Un rapport d’Orange
tendues
dans la banque
FINANCE Le cycle des négociations salaria-
2023 16e ÉDITION

Cyberdefense alerte sur un nombre record
de victimes de cyber-extorsion dans
le monde (+46 %) depuis l’an passé. Le plus
visé : le secteur manufacturier. Mais les PME
sont aussi ciblées. « La fréquence, la gravité,
la complexité et les conséquences des événe-
ments frappant notre secteur ont atteint des
niveaux jusqu’alors inédits », peut-on lire.
Les cyberattaquants sont devenus de vérita-
bles entreprises. // PAGE 23
Le rendez-vous international
les se poursuit dans la banque, sur fond
d’inflation persistante et de pression sur les
coûts. Les discussions sont terminées chez
BNP Paribas, Banque Populaire et Crédit
Mutuel. Elles bloquent chez Société Géné-
rale. Le millésime sera moins généreux que
des entreprises !
MARDI 5 DÉCEMBRE
l’an passé, créant de la tension chez les syn-
dicats. Dans l’assurance, AXA propose une
augmentation de l’enveloppe salariale de
3,6 %. // PAGE 28 #FDI2023

= LES ENTREPRISES CITÉES Programme

& inscriptions
Airbus 18 BPCE 28, 29 N26 29 Société Générale 28
Air France-KLM Industries Capgemini 34 Olyos Group 27 Stellantis 34
18 Crédit Agricole 28 Ono 24 Tesla 20
Alstom 34 Crédit Mutuel 28 Opodo 18 TotalEnergies 34 ORG ANISATEURS
Appart’City 20 Dacia 20 Orange 23 Unibail-Rodamco-
AXA 28 EA Pharma 27 Pasqal 25 Westfield 34
Bayer 27 EasyJet 18 Procter & Gamble 27 Vinci Construction 21
Berkshire Hathaway 31 EY 24 RATP 19
BNP Paribas 28 GA Smart Building 21 Renault 20 AVIS FINANCIER
Boeing 18 Google 24 Ryanair 18 Société des Bains de mer
Booking 18 Mecaware 27 SNCF Réseau 19 de Monte Carlo 19
 Jeudi 30 novembre 2023 Les Echos 18
ENTREPRISES

L’Europe dégaine son arsenal pour

renforcer les droits des voyageurs
l La Commission européenne veut mieux protéger
les passagers contre les perturbations lors d’un voyage.
l Bruxelles clarifie en particulier les règles de
remboursement pour des voyages réservés en ligne.
TRANSPORT
Fabienne Schmitt, avec B. T.
— Bureau de Bruxelles
Limitation des acomptes, rembour-
sement sous quatorze jours, règles
de compensations claires pour les
réservations en ligne… Bruxelles a
dévoilé, mercredi, son arsenal légis-
latif visant à renforcer les droits,
trop souvent bafoués, des 13 mil-
liards de passagers qui voyagent
chaque année en avion, en train, en
autocar, en bus, ou en ferry dans
l’UE. Très attendues, ces mesures,
qui créent de nouveaux droits et en
musclent d’autres, visent à mieux
protéger les passagers contre les
perturbations et à leur apporter des
informations plus claires.
« Pendant la pandémie, les con-
sommateurs ont été confrontés à des
annulations massives ou à des diffi-
cultés de remboursement auprès des
tour-opérateurs et des agences de
voyages. Nous avons tiré les conclu-
sions de ces lacunes », a estimé
Didier Reynders, le commissaire
européen à la Justice.
Les mesures les plus fortes
concernent les voyageurs à forfait
– ceux réservant des services com-
binés de voyage, via un voyagiste ou
sache précisément à qui il peut
s’adresser en cas de problème.
Mieux, le voyageur ne sera pas
obligé d’accepter un bon d’échange
– il pourra exiger un rembourse-
ment –, et celui-ci sera intégrale-
ment remboursable, s’il n’est pas
utilisé avant la fin de sa période de
validité. Il sera aussi couvert par la
protection contre l’insolvabilité.
Les leçons de la faillite de Thomas
Co ok ont manifestement été
tirées… Mais uniquement pour les
voyages à forfait.
La Commission s’attaque aussi
au cas particulier du citoyen, jus-
qu’ici peu, voire pas du tout protégé,
lorsqu’il combine différents modes
de transport pour un même voyage,
y compris lorsqu’il s’agit de voya-
geurs handicapés. Il s’agit d’offrir
plus d’informations avant et pen-
dant leur voyage, type retards,
annulations… Et d’offrir une assis-
tance en cas de correspondance
manquée.
Bruxelles s’attaque
aussi au cas
particulier du citoyen,
jusqu’ici peu, voire
pas du tout protégé,
lorsqu’il combine
faillite d’une compagnie aérienne » et
l’absence de droit d’annuler gratui-
tement des billets en temps de crise,
a pointé sa directrice générale
adjointe, Ursula Pachl.
L’association des compagnies
aériennes européennes A4E, qui
regroupe tous les poids lourds du
ciel européen, voit également dans
ces propositions « une première
étape vers la cohérence de l’écheveau
des droits des passagers en Europe »,
tout en appelant de ses vœux à plus
de clarification dans la phase ulté-
rieure d’élaboration du règlement.
« Des avancées positives ont été
enregistrées pour apporter plus de
clarté aux passagers […], notamment
en ce qui concerne le transport multi-
modal et les obligations relatives aux
informations que les intermédiaires
doivent fournir aux compagnies
aériennes, a souligné la directrice
d’Airlines For Europe (A4E), Ourania
Georgoutsakou. Mais le brouillard
d’incertitude sur ce qui constitue une
circonstance extraordinaire n’a pas
été levé », ajoute-t-elle.
Pour les compagnies aériennes,
le principal point d’amélioration de
l’actuel règlement serait de préciser
les « circonstances exceptionnel-
les » permettant aux transporteurs
d’être dégagés de leurs responsabi-
lités et de l’obligation d’indemniser

une agence, avec un seul contrat.
Pour eux, et c’est une première,
l’UE veut introduire une limite à
25 % du prix total sur les acomptes
versés lors des réservations et faire
en sorte que le solde ne puisse pas
être réclamé plus de vingt-huit
jours avant le début du voyage.Un
bémol toutefois : ce pourcentage
pourra être revu à la hausse, dans
certains cas, lorsque les organisa-
teurs doivent payer d’avance le prix
total du billet à la compagnie
aérienne, par exemple.
Opodo, Booking
et les autres
Autre mesure : la mise en place d’un
droit de remboursement rapide. En
cas d’annulation du voyage, le tour-
opérateur, dont la plupart sont des
PME, pourra exiger le rembourse-
ment du prestataire dans les sept
jours. Ce qui doit lui permettre de
rembourser, à son tour, le voyageur
sous quatorze jours, comme
imposé actuellement, mais pas tou-
jours respecté…
La Commission vise aussi les
droits des voyageurs qui réservent
leurs billets via des intermédiaires
type Opodo ou Booking.
Aujourd’hui, en cas de problème,
c’est la jungle, intermédiaires et
compagnies aériennes se ren-
voyant la balle. La Commission veut
surtout que les obligations et res-
ponsabilités des organisateurs de
voyages soient clarifiées dès l’achat
du billet, pour que le voyageur
Des avions et des trains
toujours plus en retard
Les avions au départ et à l’arrivée de la France n’ont
jamais été aussi peu à l’heure en une décennie qu’en
2022, selon un rapport publié mardi. « Quel que soit le
type de vols, 2022 représente le taux de retard le plus élevé
différents modes
de transport pour
un même voyage,
y compris lorsqu’il
s’agit de voyageurs
handicapés.
Pour les handicapés, si une com-
pagnie aérienne les oblige à voyager
accompagnés, elle devra offrir le
billet à l’accompagnateur et lui per-
mettre de s’asseoir à côté du passa-
ger « dans la mesure du possible »,
comme cela se fait déjà pour le
train, le bateau ou l’autocar.
D’autres mesures concernent
cette fois-ci tous les passagers.
« Nous allons demander aux Etats
membres de suivre de façon proactive
les droits des passagers avec des
audits et des inspections, pas simple-
ment une suite donnée à une récla-
mation. Et les résultats devront être
publics », a détaillé Adina Valean,
commissaire européenne chargée
des Transports.
La Commission veut, par
ailleurs, introduire la possibilité de
demander réparation via un orga-
nisme de résolution extrajudiciaire
des litiges. Ou encore créer un for-
mulaire unique européen de rem-
boursement pour tout transport.
Le Bureau européen des unions
de consommateurs a salué « un
petit pas dans la bonne direction »,
mais regretté « le manque de protec-
tion des consommateurs en cas de
les passagers dont le vol a été
retardé ou annulé, en plus de leurs
prises en charge. Par le passé, les tri-
bunaux européens ont en effet eu
tendance à faire des interprétations
assez restreintes de ces « circons-
tances exceptionnelles », en consi-
dérant notamment qu’une grève
sauvage ou des retards provoqués
par une éruption volcanique n’exo-
néraient pas la compagnie aérienne
de ses responsabilités.
20 milliards de passagers
d’ici à 2050
Certains dirigeants de compagnies
low cost, comme ceux de Ryanair et
easyJet souhaiteraient même aller
plus loin, en fixant des indemnisa-
tions proportionnelles au prix du
billet. Il arrive, en effet, assez fré-
quemment que le montant des
indemnités de retard ou d’annula-
tion fixées par la réglementation
actuelle dépasse largement le prix
du billet. Ce qui peut même inciter
des compagnies à annuler préventi-
vement, plusieurs jours avant, des
vols susceptibles d’être retardés, en
cas de grève du contrôle aérien, par
exemple.
Quant à l’obligation de rembour-
ser dans un délai de 15 jours les pas-
sagers d’un vol annulé qui en
feraient la demande, elle figure déjà
de longue date dans la réglementa-
tion française, fait-on remarquer
côté français. Mais cette obligation
s’est néanmoins révélée inapplica-
ble lors de la crise du Covid, faute de
trésorerie disponible, ne laissant
d’autre choix aux passagers que
d’accepter des bons d’échange. Et ce
problème d’argent produit les
mêmes effets à chaque faillite de
compagnie aérienne, qui laisse
immanquablement sur le carreau
quelques milliers de passagers mal-
chanceux.
Le Conseil et le Parlement euro-
péens doivent encore donner leur
Très attendues, ces mesures, qui créent de nouveaux droits et en musclent d’autres, visent notam-
ment à apporter aux passagers des informations plus claires en cas de retard ou d’annulations.
Airbus prévoit un doublement du marché
des services aéronautiques en vingt ans
Avec l’arrivée d’une
nouvelle génération
d’avions toujours plus
« connectés », le marché
de la maintenance et de la
formation aéronautique
devrait croître encore plus
vite que celui des avions.
Bruno Trévidic
Bien que peu médiatisées, les acti-
vités de services d’Airbus – main-
tenance et formation – sont en
passe de devenir l’une des princi-
pales sources de revenus du
groupe avec un chiffre d’affaires
de 9,8 milliards d’euros en 2022
(contre 8,6 milliards en 2021).
Certes, derrière la vente d’avi-
ons civils et la branche défense et
spatial mais devant la division
hélicoptères (7 milliards d’euros
en 2022). Et leur poids va sans
aucun doute continuer à grossir
dans les prochaines années.
Selon les dernières prévisions
du groupe, le marché des services
aéronautiques devrait doubler de
taille sur les vingt prochaines
années, pour atteindre 255 mil-
liards de dollars en 2042.
Un gâteau très disputé
Sur ce montant, la maintenance
des appareils devrait représenter
la plus grosse part : de l’ordre de
210 milliards, contre 108 milliards
Outre son rival Boeing, dont la
division « services » pesait déjà
17,6 milliards de dollars en 2022,
l’avionneur européen doit comp-
ter avec les branches de mainte-
nance de ses clients, les grandes
compagnies aériennes, parmi les-
quels Lufthansa et Air France-
KLM Industries, tous deux très
présents sur ce marché. Airbus a
d’ailleurs annoncé récemment un
projet de coentreprise avec Air
France-KLM pour la mainte-
nance des A350.
M a i s ave c l e d o u b l e m e n t
attendu de la flotte mondiale d’ici
à 2042, l’arrivée d’une nouvelle
génération d’avion moyen-cour-
rier et la montée en puissance de
nouveaux acteurs dépourvus de
services de maintenance, Airbus a
bon espoir de pouvoir s’adjuger
une part croissante de ce marché,
aux moyens de nouveaux outils
high-tech.
La maintenance prédictive
s’impose
L’un des plus innovants dans ce
domaine est le service de mainte-
nance prédictive Skywise. Lancé
en 2017, ce système collecte et ana-
lyse en permanence les données
techniques des avions, afin de pré-
venir d’éventuelles défaillances et
Shutterstock
d’optimiser leur entretien. « Plus
de 140 compagnies aériennes ont
souscrit à ce service Skywise, soit
environ 50 % de la flotte mondiale
d’Airbus », souligne Sonia Dubois,
directrice du marketing d’Airbus
Services.
De l’analyse des données à la
vente de prestations de mainte-
nance, il n’y a évidemment qu’un
pas qu’un nombre croissant de
clients d’Airbus ont déjà franchi,
en passant des contrats d’entre-
tien avec l’avionneur dès l’achat de
l’avion. Et plus le rythme de renou-
vellement des flottes s’accélère,
plus les opportunités d’accrocher
de nouveaux clients s’accroissent.
17.000 avions à remplacer
Sur les vingt prochaines années,
Airbus prévoit ainsi que plus de
17.000 avions seront remplacés
par des modèles de nouvelle géné-
ration, aux équipements toujours
plus complexes. Sur les 46.500
appareils en service en 2043,
44.000 au moins seront dotés
d’une connexion Internet perma-
nente, pour les passagers comme
pour la surveillance de l’avion.
Et sans surprise, c’est en Asie, et
plus particulièrement en Chine,
que les perspectives de croissance
du marché de la maintenance sont
les plus importantes. En 2042, la
Chine devrait ainsi détrôner les
Etats-Unis au hit-parade des plus

9,8
de ces dix dernières années », a précisé l’Autorité de la
qualité de service dans les transports (AQST). position sur ces mesures et il n’est en 2023. Mais le marché de la for- gros marchés, avec un chiffre
L’institution note que 19,6 % des vols intérieurs ont pas certain qu’elles puissent être mation des équipages et des d’affaires prévu de 54 milliards de
connu des retards l’année dernière, un taux qui atteint mises en œuvre l’été prochain, mécaniciens devrait également dollars, contre 19 milliards
28,1 % pour les moyen-courriers et même 28,4 % pour comme le souhaite la Commission. passer de 11 à 17 milliards de dol- MILLIARDS D’EUROS aujourd’hui. L’Europe restera
les long-courriers. Côté liaisons ferroviaires longue D’après l’UE, le nombre de passa- lars, avec des besoins en recrute- Le chiffre d’affaires des néanmoins un marché important,
distance, 2022 a également vu une dégradation globale gers pourrait atteindre les 15 mil- ment estimés à quelque 2,2 mil- activités de services d’Airbus estimé à 48 milliards de dollars en
de la ponctualité, avec un taux de retard des TGV liards d’ici à 2030 et près de 20 mil- lions de personnes sur vingt ans. en 2022 (contre 8,6 milliards 2042 (contre 32 milliards en 2023),
de 14,2 % contre 11,3 % l’année précédente. liards d’ici à 2050… n Airbus n’est pas seul sur ce gâteau. en 2021). devant l’Amérique du Nord. n
19 Les Echos Jeudi 30 novembre 2023
Ferroviaire : mauvaise note
pour la concurrence en France
l L’Autorité de la concurrence estime que le tempo est assez lent en matière
d’ouverture du marché national à des rivaux directs de la SNCF.
l Le gendarme de la concurrence demande aussi des processus d’appels
d’offres moins lourds au niveau des régions.
TRANSPORT
Denis Fainsilber
L’ouverture du marché ferroviaire à
la concurrence est devenue une réa-
lité dans l’Hexagone, mais celle-ci
est encore assez timorée, selon
l’Autorité de la concurrence. Dans
un avis de 250 pages consacré aux
transports terrestres de voyageurs,
le collège qui s’était autosaisi il y a
un an dresse un bilan pour le moins
mitigé de l’installation de rivaux à la
SNCF sur les rails, organisée de lon-
gue date pour répondre à des textes
européens.
Les conditions actuelles créent
« une situation dissuasive pour les
nouveaux entrants », estime Benoît
Coeuré, qui préside l’institution de
la rue de l’Echelle depuis jan-
vier 2022. Sur le marché dit « libre-
ment organisé », ou en « open
RATP : plus d’argent
contre moins de retards, le
deal entre IDFM et Castex
La présidente d’IDFM va
compenser plus que prévu
les hausses de salaire à la
RATP, pour lui éviter de
tomber dans le rouge.
Jean Castex aura été entendu : l’auto-
rité organisatrice des transports
franciliens IDFM, présidée par Valé-
rie Pécresse, va desserrer le carcan
comptable qui aurait conduit la
RATP à afficher une perte cette
année, après un précédent déficit de
26 millions en 2022, et une perte
nette de 129 millions au premier
semestre. En échange, l’ex-Premier
ministre qui a pris la direction du
groupe de transport, devra s’engager
à relever la qualité de service.
IDFM doit adopter, lors de son
prochain conseil d’administration,
une clause de revoyure au contrat
qui le lie à la RATP pour 2021-2024,
visant à « déplafonner » les indexa-
tions contenues dans ce contrat.
« Nous allons venir en aide à la RATP,
IDFM étant son principal client. On
ne touche pas au contrat, on rajoute de
l’argent. Cet effort représentera
125 millions d’euros en 2023, puis
160 millions en 2024, pour que les
salariés ne se démotivent pas et que
l’entreprise puisse payer un intéresse-
ment en 2023 », annonce aux
« Echos » Valérie Pécresse, prési-
dente de la région-capitale et
d’IDFM. Mais en retour, « j’exige un
engagement ferme à améliorer l’offre
de transport, et bien avant les pro-
chains JO. ».
Anticipations irréalistes
Signé en 2020, à une époque où
l’inflation était basse, le contrat de
4,9 milliards par an, prévoit
qu’IDFM verse au francilien une
« contribution d’exploitation »
indexée sur les salaires, les achats
d’électricité et des charges. Le hic
vient des salaires, le document pré-
voyant une indexation de seulement
1,5 % par an, créant un effet de ciseau
alors que l’inflation s’est longtemps
inscrite autour de +6 %. La RATP
ayant consenti une hausse générale
des salaires de +5,7 % pour 2023 et
vu sa masse salariale totale gonfler
de 10,5 % avec les embauches et
diverses primes, la différence n’a
donc pas été compensée. Le même
effet négatif se profilait déjà pour
2024. La tendance est similaire pour
l’énergie, car la RATP a vu sa facture
access », seuls Trenitalia, sur Paris-
Lyon-Milan, fin 2021, puis l’espa-
gnole Renfe, vers Madrid et Barce-
lone, ont mis leurs projets de TGV à
exécution à ce stade. D’autres pro-
jets existent dans les cartons (Le
Train, Kevin Speed, Proxima, Mid-
night Trains, Evolyn…) mais ils met-
tent du temps à se concrétiser,
en raison de diverses barrières à
l’entrée.
Demande non satisfaite
Ce que déplore l’Autorité de la con-
currence, qui reprend l’argumen-
taire de l’Autorité de régulation des
transports (ART), laquelle suit le
sujet plus régulièrement : « Sur
Paris-Lyon, les prix ont baissé de
10 % depuis l’arrivée d’un nouvel
entrant, et sans effet d’éviction de la
SNCF. Au regard de l’offre en pré-
sence, on a un problème de demande
de train non satisfaite », ajoute
Benoît Coeuré.
d’électricité s’envoler de 40 % en
2023. L’autorité francilienne va fina-
lement couvrir 5,5 % de la hausse
des rémunérations cette année, puis
3,5 % l’an prochain, et non plus 1,5 %
à chaque exercice. Mais si d’aventure
la RATP dépasse les 30 millions de
bénéfices annuels, elle devra rever-
ser un euro sur deux à IDFM.
Dès la fin du premier semestre,
Jean Castex, avait tiré la sonnette
d’alarme. Dans ses comptes semes-
triels, 127 millions orphelins res-
taient à sa charge. Mais l’époque,
IDFM jugeait toute discussion mal-
venue tant que ses propres finances
ne seraient pas durablement stabili-
sées. Or c’est chose faite depuis la fin
septembre, grâce à un accord signé
entre Valérie Pécresse et le ministre
délégué aux Transports, Clément
Beaune, comblant à partir de 2024
les 800 millions du budget trans-
ports de l’Ile-de-France, par une
panoplie de mesures. En acceptant
de compenser une partie du déficit
d’exploitation, IDFM y appose une
contrepartie : que la RATP tienne
enfin ses engagements en matière
de fréquence et de qualité de service
dans ses différents réseaux.
« Service non réalisé »
Dans le métro, cinq lignes sont sous
la barre des 90 % par rapport au
déploiement de trains demandé,
selon IDFM. Tandis que la ligne B du
RER est « en difficulté », de l’aveu de
la RATP, et que le réseau bus avance
cahin-caha. « Une bonne partie du
déficit de l’entreprise vient du service
non réalisé », observe l’élue, qui rap-
pelle que la RATP a versé l’an dernier
150 millions à ce titre. Pour combler
ses sous-effectifs l’entreprise publi-
que doit se rendre attractive, notam-
ment au plan salarial. La RATP a cer-
tes formé 200 conducteurs pour son
réseau ferré, mais des indisponibi-
lités persistent sur le métro, comme
la maintenance. Le volet rémunéra-
tions est donc crucial.
Une chose est sûre, la prochaine
hausse du passe Navigo (+2,30 euros
par mois à compter du 1er janvier,
après +12 % en janvier 2023) et la
majoration estivale des tarifs « spé-
cial JO » n’embellissent pas les
comptes de la RATP, puisque toutes
les recettes vont directement dans le
budget d’IDFM, qui en a grande-
ment besoin pour commander le
matériel roulant. — D. F.
ENTREPRISES
L’Autorité appelle, dans ses par les divers réseaux TER. Ici, les
recommandations, à évaluer l’effet régions mènent le processus de
d’une possible baisse des péages mise en concurrence (en fait, l’attri-
ferroviaires (un rapport gouverne- bution de certaines lignes à un
mental est en préparation sur ce autre opérateur que la SNCF) en
sujet), et met en cause l’impartialité ordre dispersé, avec des approches
et l’indépendance de SNCF Réseau, différentes.
chargé de distribuer les sillons à Selon l’Autorité, le processus
tous les opérateurs, tout en restant d’appels d’offres est très lourd,
logé dans le groupe public SNCF. « tant pour les régions que pour les
opérateurs, dont peu sont capables
de mener à bout les procédures ».
Les régions mènent Alors que les appels d’offres vont se
le processus de mise multiplier à bref délai, le collège
en concurrence recommande que les régions étof-
fent leurs services, « en investissant
en ordre dispersé.
Laurent Grandguillot/REA
davantage dans leur compétence en
matière de transports », pour moins
Elle préconise également que dépendre de quelques cabinets
l’ART ait plus de visibilité sur l’état extérieurs pouvant être en conflit
réel du réseau ferré, en tant que d’intérêts. Il souhaite aussi que
« principal animateur de la concur- SNCF Réseau fasse preuve de « sou-
rence dans le secteur ferroviaire ». plesse » vis-à-vis des demandes des
Autre sujet, les réseaux ferroviai- candidats, « pour ne pas décourager Un TGV Frecciarossa de la compagnie italienne Trenitalia,
res conventionnés, à commencer les nouveaux entrants ». n présent sur le marché français depuis la fin 2021.
SOCIETE DES BAINS DE MER
ET DU CERCLE DES ETRANGERS A MONACO
Société anonyme monégasque au capital de 24 516 661 €.
Siège social : Monte-Carlo - Place du Casino, Principauté de Monaco.
R.C.S. : Monaco 56 S 523 - Siren : 775 751 878.
Le Groupe S.B.M. annonce une croissance de l’activité et des résultats solides
pour le premier semestre de l’exercice 2023/2024
• Un chiffre d’affaires en croissance de 3 % à 445,6 millions d’euros porté par une forte activité estivale dans le Resort, des prix moyens en
hausse et un taux d’occupation du parc locatif proche de 100 %.
• Un résultat d’exploitation qui s’établit en profit à 89,1 millions d’euros et un résultat net largement positif à 111,5 millions d’euros qui traduisent
la solidité du modèle financier du Groupe S.B.M.
• L’acquisition du « Palace des Neiges » à Courchevel 1850 a été finalisée le 3 octobre 2023, post clôture des comptes semestriels.
Stéphane Valeri, Président-Délégué de la Société des Bains de Mer, a déclaré : la quote-part du capital de BEG détenue par SBM International à 850 millions d’euros, a
« Nous sommes satisfaits de la très bonne fréquentation du Resort cet été, qui confirme la été dénouée pour moitié en numéraire, et pour l’autre moitié par la remise d’actions de
pertinence du positionnement de nos offres. Nous constatons une hausse du prix moyen de FL Entertainment, permettant à SBM International de détenir 10,39 % des droits économiques
effectifs de cette société.
nos prestations en lien avec l’inflation (salariale et alimentaire) et nous avons donc réussi à
préserver nos marges opérationnelles dans les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration.
Le résultat net consolidé – part du groupe s’élève à + 111,5 millions d’euros contre
Nos performances financières semestrielles sont élevées et comparables à l’exercice précédent. + 918,8 millions d’euros pour les six premiers mois de l’exercice 2022/2023.
Ajoutées à la solidité du bilan de la société, notre Groupe continue de se donner les moyens L’opération d’apport/cession précitée avait permis la constatation d’un proit exceptionnel de
de ses ambitions légitimes en Principauté et à l’international. 813,5 millions d’euros dans les comptes consolidés du Groupe S.B.M. du premier semestre
Pour y parvenir, la gouvernance de Monte-Carlo Société des Bains de Mer a finalisé le de l’exercice 2022/2023.
renforcement de ses équipes de management, avec la création notamment d’une nouvelle La capacité d’autoinancement des six premiers mois de l’exercice 2023/2024 s’établit à
direction du développement immobilier, en plus de la direction du développement international 128,8 millions d’euros contre 116,3 millions d’euros pour la même période de l’exercice
et d’une direction générale. » passé, grâce à l’augmentation du résultat net hors produits liés à la participation dans Betclic
et produits des actifs inanciers détenus depuis l’opération d’apport / cession, et un impact
positif des variations de provisions.
Lors de sa réunion des 27 et 28 novembre 2023, le Conseil d’Administration, présidé par
Stéphane Valeri, a arrêté les comptes semestriels de l’exercice 2023/2024, clos le 30 septembre Au 30 septembre 2023, le Groupe S.B.M. est en situation de trésorerie nette d’endettement
2023 et établis selon les règles et principes comptables internationaux IFRS. positive de 372,7 millions d’euros contre une situation de trésorerie nette d’endettement
positive de 276,5 millions d’euros à la clôture de l’exercice 2022/2023.
1er semestre 1er semestre
En millions d’euros 2022/2023 2023/2024
Au cours du semestre, la poursuite du programme d’investissement a représenté un
décaissement de 42,6 millions d’euros, avec notamment la rénovation du Café de Paris, qui
Chiffre d’Affaires Consolidé 432,3 445,6 a ouvert ses portes le 14 novembre 2023.
Résultat Opérationnel 91,9 89,1
PERSPECTIVES – PRINCIPAUX RISQUES ET INCERTITUDES
Résultat Financier - 2,3 22,4
POUR LE SEMESTRE A VENIR
Participation dans Betclic Everest Group 829,2
Résultat Net (part du Groupe) 918,8 111,5 L’activité du Groupe S.B.M. sur les six premiers mois de l’exercice 2023/2024 est donc
conirmée à un niveau soutenu qui s’appuie sur le bon positionnement des offres du Resort.
Cependant les activités du Groupe S.B.M. sont dépendantes du caractère aléatoire, sur une
COMPTES SEMESTRIELS courte période, de l’activité Jeux. Cet aléa ne nous permet pas de faire de prévisions pour
Le chiffre d’affaires consolidé du premier semestre de l’exercice 2023/2024 s’élève l’ensemble de l’exercice 2023/2024.
à 445,6 millions d’euros, en hausse de 13,2 millions d’euros, soit + 3 %. Il comprend Le Groupe S.B.M. a par ailleurs annoncé le 13 juillet 2023, dans le cadre de la stratégie de
principalement : développement international engagée depuis la prise de fonction du Président-Délégué
Stéphane Valeri, la signature par sa iliale Monte-Carlo SBM International S.àr.l., d’un accord
• des recettes hôtelières en hausse de 6 % à 249,4 millions d’euros portées par un taux
au terme duquel la société est engagée dans l’acquisition d’un établissement hôtelier dans
d’occupation et des prix moyens en progression sur la saison estivale,
les Alpes du Nord.
• un chiffre d’affaires jeux en baisse de 3 % à 127,8 millions d’euros en relation avec une
sélectivité accrue des joueurs en lien avec des règles de Compliance renforcées et un aléa C’est à Courchevel 1850, au cœur du quartier dit du Jardin Alpin, parmi les principaux
défavorable sur les jeux de table, principalement sur le premier trimestre de l’exercice, acteurs de l’hôtellerie de luxe, que cette stratégie trouve son premier accomplissement
• un chiffre d’affaires des activités locatives en hausse de 3 % à 64,9 millions d’euros porté
avec cet engagement dans l’acquisition du « Palace des Neiges », en vue d’une importante
rénovation, pour y faire vivre prochainement tout le savoir-faire et toute l’expertise du Groupe
par un taux d’occupation proche de 100 % et l’impact positif de l’indexation des loyers.
S.B.M. en la matière.
Pour identiier le bien et accompagner de manière optimale cette démarche d’acquisition
Le résultat opérationnel consolidé s’établit en proit de 89,1 millions d’euros contre un résultat
opérationnel de 91,9 millions d’euros pour l’exercice précédent. Malgré une augmentation spéciique en montagne, le Groupe S.B.M. s’est rapproché du groupe Vallat, avec une volonté
des résultats de tous les secteurs opérationnels, le résultat opérationnel consolidé du Groupe partagée de porter un projet hôtelier d’excellence. Ce partenaire réputé bénéicie en effet
S.B.M. est en légère diminution de 2,8 millions d’euros. Cette diminution du résultat opérationnel d’une connaissance très avancée du marché de l’immobilier, dans les Alpes du Nord, et
s’explique par des reprises de provisions signiicatives intervenues sur le premier semestre notamment dans la vallée de Courchevel, où la famille de Monsieur Joffray Vallat, président
du groupe éponyme, est installée depuis des décennies.
de l’exercice 2022/2023 et par une augmentation des charges de structure, en lien avec la
volonté du Groupe S.B.M. d’investir dans le renforcement des équipes de management. A la date de clôture au 30 septembre le projet d’acquisition, soumis aux conditions généralement
applicables, était en cours.
Le résultat financier est positif de 22,4 millions d’euros contre un résultat inancier négatif L’acquisition a été réalisée le 3 octobre 2023.
de – 2,3 millions d’euros pour les six premiers mois de l’exercice 2022/2023. Cette variation
s’explique principalement par les produits liés aux actifs inanciers détenus, incluant les
dividendes reçus de la participation dans FL Entertainment pour un montant de 15,3 millions Examen limité des comptes au moment de la présente publication
d’euros, les produits de nos activités de placement (actifs inanciers et trésorerie) et la Le rapport inancier semestriel et les comptes consolidés au 30 septembre 2023 ont été
diminution de la charge de notre endettement inancier brut. déposés auprès de l’Autorité des Marchés Financiers et sont consultables sur le site internet de
En effet, il est rappelé que le Groupe S.B.M. a transféré le 30 juin 2022, par voie de cession la Société des Bains de Mer à l’adresse suivante : https://fr.montecarlosbm-corporate.com/
et d’apport, l’intégralité de la participation de 47,30 % qu’elle détenait dans la société Betclic finance/rapports-financiers/. Ces documents sont accompagnés du rapport de l’Auditeur
Everest Group à la société de droit néerlandais FL Entertainment. L’opération, qui valorisait Contractuel et des Commissaires aux Comptes sur l’information inancière semestrielle.
www.montecarlosbm.com
ISIN : MC0000031187
ENTREPRISES
Dacia offre une cure de jouvence
au Duster, son SUV vedette
AUTOMOBILE
La troisième généra-
tion du SUV vedette
de la marque
franco-roumaine a
été dévoilée mercredi.
Les évolutions
sont nombreuses,
dans le design
comme à l’intérieur.
Lionel Steinmann
Quelque 2,2 millions d’exemplaires
écoulés depuis son arrivée sur le
marché en 2010, 27.300 immatricu-
lations rien qu’en France sur les dix
premiers mois de l’année 2023… Le
Duster de Dacia, qui occupe la place
enviée de SUV le plus vendu aux
clients particuliers en Europe, s’est
affirmé ces dernières années
comme l’une des locomotives de la
marque. Sur les neuf premiers mois
de l’année, il représente 30 % de ses
ventes. La troisième génération du
modèle, qui a été dévoilée mercredi,
entend bien poursuivre sur cette
lancée, tout en confirmant la ten-
dance à la montée en gamme de
Dacia.
Le nouveau Duster affiche ses prédispositions pour la conduite hors des routes bitumées.
Photo Patrick Curtet/Quad Productions/Renault Group 2023
Tesla lance enfin le Cybertruck, la dernière folie d’Elon Musk
AUTOMOBILE
Pour Tesla, le jour du
lancement de cet OVNI
automobile, initiale-
ment prévu pour 2021,
est enfin arrivé.
Le pick-up massif, en
acier brossé, aurait
déjà attiré 2 millions
de précommandes,
mais sa production
devrait monter en
puissance lentement.
Hortense Goulard
— Correspondante à San Francisco
Sur une aire d’autoroute, à mi-che-
min entre San Francisco et le lac
Tahoe – ce lieu de villégiature privi-
légié des habitants de la Baie –, un
attroupement s’est formé sur le par-
king rempli de Tesla en train de se
charger. Un groupe de curieux
entourent une voiture qui se distin-
Malgré l’ampleur de l’enjeu com-
mercial, les designers ne se sont pas
contentés de quelques retouches
cosmétiques. Les lignes sont moins
en rondeur et plus tranchées, avec
notamment un capot et une face
avant très plats. Les signes distinc-
tifs des SUV sont affirmés, dans la
foulée du concept car Bigster pré-
senté par la marque en 2021.
Ce nouveau Duster affiche ses
prédispositions pour la conduite
hors des routes bitumées, même si
ce n’est pas forcément l’usage qu’en
feront les clients. Les protections
font tout le tour du véhicule et la
garde au sol atteint presque 22 cen-
timètres entre les essieux.
Une version 4×4 (avec 5 modes de
conduite) sera disponible, tout
comme le pack « Sleep », une
grosse boîte adaptée au coffre,
rodée avec le Jogger, qui permet de
déployer dans l’habitable un lit
deux places (plutôt spartiate) de
1,90 mètre de long.
Le nouveau logo de la marque,
présent sur la calandre, était apparu
sur l’ancien modèle depuis un an. Il
est désormais encadré par la nou-
velle signature lumineuse en Y, qui
donne des phares très étirés, et que
l’on retrouve également sur les feux
arrière. Dacia revendique égale-
ment l’invention en collaboration
gue des autres par sa taille, son exté-
rieur gris foncé, ainsi que son
design futuriste et provocant.
Haute sur roues, avec des lignes
angulaires, un mufle renfrogné et
un essuie-glace géant… Il s’agit d’un
Cybertruck, le pick-up imaginé par
Elon Musk, qui en a reporté à plu-
sieurs reprises la commercialisa-
tion. Son lancement était prévu à
l’origine pour 2021, mais il aura
finalement lieu ce jeudi.
C’est le fantasque patron de Tesla
et de SpaceX qui a insisté, en
interne, pour que ses ingénieurs
conçoivent cette voiture radicale-
ment nouvelle, aux formes étran-
ges. Un OVNI dans l’automobile
moderne. « Si nous n’avions pas
autant essayé de nous distinguer,
nous aurions pu être prêts il y a deux
ans », souffle une source chez le
constructeur automobile.
Un démarrage poussif
Pour les aficionados de la marque, il
sera sans doute nécessaire d’atten-
dre encore un peu plus longtemps.
La voiture s’affiche déjà dans une
douzaine de boutiques Tesla aux
avec le chimiste LyondellBasell d’un
nouveau matériau, baptisé Starkle,
qui contient jusqu’à 20 % de polypro-
pylène réutilisé et qui sera utilisé
pour toutes les protections extérieu-
res de la carrosserie. Le rendu, mou-
cheté de particules blanches, n’est
pas teinté afin de valoriser l’utilisa-
tion de matières recyclées et d’éviter
les traces en cas de rayures.
Plus de confort
pour les passagers
Le soubassement technique de la
voiture change lui aussi avec le pas-
sage à la plateforme CMF-B, plus
moderne que la précédente, et déjà
utilisée par la Sandero, le Jogger ou
encore la Clio chez Renault. La
marque promet un meilleur con-
fort de conduite, ainsi qu’une
réduction des bruits et des vibra-
tions dans l’habitacle. Signe des
temps, la motorisation diesel n’est
plus disponible.
A l’intérieur, la très nette aug-
mentation du niveau d’équipe-
ments confirme que l’étiquette low
cost est définitivement enterrée.
Plusieurs aides à la conduite
(régulateur de vitesse, allumage
automatique des feux de croise-
ment, aide au parking arrière, aide
au changement de voie…) seront
disponibles en série, pour répondre
« L’extérieur rigide
du Cybertruck
est conçu
pour éliminer
la probabilité
de bosses,
de dommages
et de corrosion
de long terme
tout en étant
résistant
aux balles. »
DAN IVES
Analyste chez Wedbush
notamment aux nouvelles normes
européennes qui seront en vigueur
à parti de mi-2024.
Mais Dacia a aussi pris acte que
70 % de ses clients optent pour des
finitions élevées, et propose donc
quatre niveaux d’équipement.
L’écran central tactile de 10 pouces
sera disponible dès le deuxième
niveau. La finition la plus élevée,
Journey, ira jusqu’à inclure un char-
geur sans fil pour smartphone sur
la console centrale.
Des tarifs « abordables »
La marque assure qu’elle n’a pas
perdu de vue pour autant son mot
d’ordre, celui de fournir l’essentiel
au meilleur prix. Elle n’a pas, à ce
stade, communiqué sur les tarifs,
mais promet que ceux-ci resteront
« les plus abordables du marché »,
avec « le meilleur rapport prix/pres-
tations ». Le nouveau Duster est
attendu dans les concessions
durant le printemps 2024.
Le groupe Renault suit évidem-
ment le sujet avec attention. La
marque franco-roumaine génère
une marge opérationnelle à deux
chiffres, ce qui, combiné à des ven-
tes sur la pente ascendante (+16,7 %
sur un an), génère des liquidités
bienvenues pour financer la trans-
formation du groupe. n
quatre coins des Etats-Unis, ce qui a
attiré de longues files de curieux le
week-end dernier, mais la produc-
tion va commencer au compte-
goutte.
Avec le Cybertruck, « nous avons
creusé notre propre tombe », a pré-
venu Elon Musk le 18 octobre. Une
façon de préparer les marchés à un
démarrage lent, voire poussif, des
livraisons.
L’entreprise prévoit au moins
dix-huit mois avant d’arriver au
rythme de croisière de production
dans l’usine d’Austin, au Texas.
L’entreprise a prévenu que le
modèle ne sera pas rentable avant
un an, voire un an et demi. Des ana-
lystes pensent que cela pourrait
prendre encore plus de temps.
« Nous estimons que l’entreprise
va produire entre 2.000 et 3.000 véhi-
cules ce trimestre, avant d’atteindre
les 10.000 exemplaires pendant la
première moitié de l’année pro-
chaine, écrit Dan Ives, analyste chez
Wedbush. Les précommandes
auraient atteint les 2 millions
d’exemplaires, ce qui donne une idée
de la demande. »
Jeudi 30 novembre 2023 Les Echos
Appart’City cible
l’Ile-de-France
pour ses prochaines
résidences hôtelières
HÔTELLERIE
Le leader français
de l’appart’hôtel
urbain affiche
une croissance
de 20 % en 2023.
Après l’ouverture
d’un nouvel hôtel
en février à Roissy,
une dizaine d’autres
projets suivront en
région parisienne.
Hubert Vialatte
— Correspondant à Montpellier
Appart’City repart de l’avant.
Après une procédure de sauve-
garde déclenchée pendant le
Covid, dont il est sorti en 2021, le
leader français de l’appart’hôtel
urbain voit son chiffre d’affaires
progresser de 182 à 200 millions
d’euros entre 2022 et 2023, indi-
que son président, Vincent
Compagnon.
Explications : « la nouvelle
segmentation de l’offre – entrée
de gamme, milieu de gamme et
premium, de 2 à 4 étoiles – est
plus lisible. Elle a permis d’aug-
menter les prix, avec le relève-
ment du niveau de 15 résiden-
ces », explique-t-il. Par ailleurs,
l ’e n s e i g n e a r e ve n d u u n e
dizaine d’actifs, jugés mal placés
et peu accessibles, pour environ
20 millions d’euros. Le taux
d’occupation s’est amélioré de
2 %, pour atteindre 72 %.
Après 38 millions d’euros
investis en 2022 et 2023 dans la
remise à neuf d’une partie des
95 établissements, 16 millions
seront à nouveau injectés en
2024, notamment pour rendre
l’offre plus flexible. « C’est une
attente forte du marché. Le client
utilise d’abord l’appartement
dans le cadre du travail, en
semaine, avant que la famille ne
vienne le rejoindre le week-end.
Ou encore, l’envie de cuisiner
tout en bénéficiant de services, ce
que n’apportent pas les locations
sèches d’appartements entre
particuliers. »
Après l’ouverture, en septem-
bre, d’une résidence hôtelière
4 étoiles de 109 appartements à
Paris-Gare de Lyon, l’opérateur
table sur une dizaine de projets
Lorsqu’Elon Musk a dévoilé un
premier prototype du Cybertruck, il
y a quatre ans, il a promis que le prix
de départ serait de 39.900 dollars
seulement, soit un peu plus de
36.000 euros. Le prix final devrait
être bien plus élevé.
L’inconnue du prix
Selon Dan Ives, une voiture à moteur
unique devrait coûter 50.000 dollars
environ (45.400 euros), tandis que le
prix des véhicules à moteur double
ou triple, plus puissants, pourrait
s’élever à 60.000 et 80.000 dollars
respectivement. Si ces prix sont
confirmés par l’entreprise texane, le
prix d’un Cybertruck entrée de
gamme serait comparable à celui du
pick-up électrique le moins cher de
Ford. Au contraire, les voitures pro-
duites par son concurrent Rivian
coûtent bien davantage, avec un
prix minimal de 73.000 dollars
(66.300 euros) pour ses pick-up R1T.
Aux Etats-Unis, les constructeurs
tirent l’essentiel de leurs bénéfices de
la vente de pick-up.
Comme pour ses autres modèles,
Tesla espère qu’il bénéficiera un
20
à partir de 2026 en région pari-
sienne, y compris à Paris intra-
muros. Un premier établisse-
ment de 265 appartements va
être inauguré en février à Rois-
sy-Charles de Gaulle. Seront
proposés un espace restaura-
tion ouvert 24 heures/24, un
espace de coworking, des salles
de séminaire…
Reconversion
d’immeubles de bureaux
Des projets ultérieurs pren-
dront place dans des immeu-
bles de bureaux reconvertis.
« La crise que rencontre l’immo-
bilier tertiaire offre des opportu-
nités. Et notre offre intéresse les
municipalités, car des services
tels que les bars, salons, espaces
de travail ou petits-déjeuners
sont ouverts sur la clientèle exté-
rieure », analyse Vincent Com-
pagnon.
La répartition entre clientè-
les business et tourisme tend
à s’é q u i l i b r e r. L e g r o u p e
avait 65 % de clientèle affaires et
35 % pour le tourisme, le taux
atteint aujourd’hui à 60 % -
40 % et le groupe pense arriver
à une parité.
En matière de politique RSE,
la totalité du parc sera labellisée
Clef Verte d’ici à fin 2024.
Lors des Hospitality Awards,
Appart’City a remporté début
novembre le prix Employee
Care (pour l’« attention aux col-
laborateurs ») pour sa campa-
gne mettant en avant le travail
clé des gouvernantes. Ces
actions permettent, selon le
groupe, de limiter le taux de
rotation du personnel à 20 %,
alors qu’il s’élève à 30 % dans la
profession. Appart’City, basé à
Montpellier et détenu depuis
2018 par le fonds d’investisse-
ment nord-américain Brook-
field, emploie 1.200 collabora-
teurs. n
38
MILLIONS D’EUROS
ont été investis en 2022
et 2023 dans la remise
à neuf d’une partie
des 95 établissements,
16 millions seront injectés
en 2024, notamment pour
rendre l’offre plus flexible.
jour d’une marge bien meilleure
que celle de ses concurrents. Son
pick-up ne se distingue pas seule-
ment par ses lignes futuristes, mais
aussi par sa conception révolution-
naire. Son corps est constitué de pla-
ques d’acier brossé, extrêmement
rigide. Ce qui explique son look
anguleux.
« L’extérieur rigide du Cybertruck
est conçu pour éliminer la probabilité
de bosses, de dommages et de corro-
sion de long terme tout en étant résis-
tant aux balles », note Dan Ives. Selon
les premiers aperçus du véhicule, il
semblerait néanmoins que Tesla a
renoncé à l’idée d’un « exosque-
lette » faisant porter tout le poids de
la voiture sur son enveloppe.
Comparée à d’autres pick-up, la
voiture imaginée par Tesla sera plus
légère et plus facile à fabriquer,
affirme une source proche du cons-
tructeur. Ce qui permettrait de con-
currencer les autres fabricants sur le
prix tout en dégageant des marges
respectables. Le design agressif et
anguleux de la voiture pourrait
néanmoins rebuter certains clients
de la marque. n
21 Les Echos Jeudi 30 novembre 2023
En crise, le bâtiment va-t-il enfin faire
sa révolution industrielle ?
l La préfabrication d’éléments, voire
de modules à assembler, suscite
le plus vif intérêt des pouvoirs publics
et des maîtres d’ouvrage, dans un
contexte de crise du logement.
l Le développement de la construc-
tion dite « hors-site » implique l’élabo-
ration d’une vraie filière industrielle.
LOGEMENT
Christophe Palierse
L’industrialisation du BTP est une
vieille rengaine mais elle refait sur-
face comme une solution possible à
la crise de l’immobilier. Peu prati-
quée en France, contrairement au
Royaume-Uni, à l’Allemagne ou
aux pays d’Europe du Nord, la
construction hors-site pourrait
décoller, dans un contexte d’effon-
drement de la production de loge-
ments, de renchérissement des
coûts de construction, et d’un man-
que persistant de ressources
humaines. A l’occasion d’un dépla-
cement à Dunkerque sur le thème
du logement, la Première ministre,
Elisabeth Borne, a qualifié ce mode
de construction de « réponse à la
nécessité de produire des bâtiments
performants sur le plan environne-
mental, rapidement et à des coûts
abordables. » Il consiste à fabriquer
en usine des éléments de char-
pente, de façades, de poteaux-pou-
tres, de planchers, de balcons…
voire à la réalisation de modules
complets. Ces blocs Lego géants
sont ensuite assemblés sur le
chantier.
La construction
modulaire apparaît
particulièrement
intéressante pour
des bâtiments
duplicables comme
les résidences
étudiantes.
La préfabrication (ou construc-
tion hors-site) permet entre autres
d’accélérer la rénovation énergéti-
que et la construction modulaire
apparaît particulièrement intéres-
sante pour des bâtiments duplica-
bles comme les résidences étu-
diantes.
Le gain de temps et la réduction
des nuisances sont majeurs : « Sur
une opération classique, de 20 à
30 logements, on gagne entre 4 et
6 mois par rapport à la construction
traditionnelle de 18 », témoigne
Jérôme Florentin, directeur de la
maîtrise d’ouvrage de l’office HLM
Plurial Novilia. Par ailleurs, ce sys-
tème constructif ne manque pas de
pertinence pour les projets de suré-
lévation des bâtiments, ou le loge-
ment temporaire.
Or, la France part de loin. « La
construction modulaire représente
1 % de la construction, et le hors-site,
globalement, de l’ordre de 7 % à 8 % »,
indique Pascal Chazal, consultant
et fondateur de la jeune pousse Zen
Modular, une plateforme numéri-
que visant à faciliter les échanges
entre clients de l’immobilier – maî-
tres d’œuvre, d’ouvrage, et architec-
tes – et fabricants de modules.
Ces formes d’industrialisation
peuvent toutefois avoir un modèle
économique fragile. En témoignent
la chute de Geoxia, le constructeur
des Maisons Phénix, dont le sys-
tème reposait en partie sur la préfa-
brication, et celle de la société de
construction modulaire E-Loft.
Cette dernière avait pourtant une
sacrée carte de visite avec sa partici-
pation à l’une des réalisations du vil-
lage des athlètes de Paris 2024.
« Quand vous êtes dans le hors-site,
vous avez des usines. Il faut donc des
volumes récurrents. Et dans tout
modèle industriel, il y a une mon-
tée en charge », explique, de son
côté, Antoine Loiseau, le directeur
général délégué de Cougnaud, le
numéro un français « de la
construction modulaire industria-
lisée ». En dépit de belles réussites
d’entreprise, dans le modulaire
comme dans la préfabrication, une
filière tricolore reste à construire.
« Le hors-site reste compliqué. Il
faut qu’il y ait un marché », confirme
Pierre Anjolras, le président de
Vinci Construction, actif dans ce
domaine avec sa filiale Arbonis,
« concepteur constructeur de solu-
tions bois », et par le biais de la pré-
fabrication de modules en béton
fibré ultra-performant ou de modu-
les d’isolation des façades.
Réflexions
gouvernementales
Les ministères du Logement, de
l’Industrie, et de la Transition écolo-
gique planchent sur le sujet. Côté
logement, Patrice Vergriete s’inscrit
dans la continuité de son prédéces-
seur, Olivier Klein et son entou-
rage promet « un certain nombre
d’actions et d’initiatives au semes-
tre 2024 ». En mars, deux appels à
projets dans le cadre de France
2030 ont été lancés (l’un portant sur
l’industrialisation de produits et
systèmes constructifs bois et bio-
sourcés, l’autre sur le développe-
ment de la construction et de la
rénovation hors site).
Au ministère du Logement, on
salue aussi la signature, d’une
« charte pour le développement de
la construction hors-site » par les
aménageurs et maîtres d’ouvrage
mobilisés autour du Grand Paris.
Lancée par le bailleur social 3F,
Grand Paris Aménagement et la
Société du Grand Paris, l’initiative
réunit aussi, entre autres, ADP, la
RATP et la SNCF. Objectif : réaliser
d’ici à 2031 au moins 50 % de leur
programme de construction neuve
en recourant au hors-site.
L’enjeu est colossal : « Les signa-
taires de la charte représentent un
million de mètres carrés à réaliser
par an, et il s’agit pour 50 % à 70 % de
logements », précise le directeur
général de Grand Paris Aménage-
ment, Stéphan de Fay.
Révolution industrielle
« Si on ne fait pas cette révolution
industrielle du hors-site, les gens ne
pourront plus acheter de logement »,
dit-il. « Le secteur de la construction
est le seul qui n’a pas connu sa révolu-
tion industrielle », commente Elodie
Le Breton, directrice de la stratégie
durable de GA Smart Building, un
groupe immobilier doté d’un pôle
industriel. Mais pour développer la
construction modulaire, il faut
aussi avoir « une filière en amont »,
prévient, le directeur général
d’Algeco, Alexis Salmon-Lega-
gneur, et de citer, entre autres, la dis-
ponibilité de composants électri-
ques et de pompes à chaleur.
Au-delà de son enjeu industriel,
le développement de la construc-
tion hors-site implique la levée de
barrières culturelles. Il invite à un
exercice de pédagogie auprès des
acteurs et amateurs de la construc-
tion traditionnelle. Industrialisa-
tion ne doit pas rimer avec unifor-
misation. n
Un exemple de construction modulaire de Cougnaud, le numéro un français « de la construction modulaire industrialisée ».
Pourquoi le logement social se retourne
vers la préfabrication
Les organismes chargés
de la réalisation et de la
gestion des HLM multi-
plient les projets faisant
appel à la fabrication
en usine de modules à
assembler sur le chantier.
Un moyen de construire
plus vite et mieux.
Alors que l’effondrement de la
construction de logements
sociaux n’en finit pas, les organis-
mes chargés de la réalisation et de
la gestion des HLM semblent
s’orienter vers une industrialisa-
tion de leur production afin de la
dynamiser. Depuis quelque temps
se multiplient les projets relevant
de la construction hors-site, c’est-à-
dire la préfabrication en usine
d’éléments de la construction voire
de modules complets à assembler
sur le chantier.
« Nous avons beaucoup de pro-
grammes », témoigne notamment
Alain Béjean, le dirigeant de TH,
un spécialiste de la construction
modulaire en bois, et de mention-
ner, entre autres, la réalisation de
150 logements sociaux (du T2 au
T5) pour Pas-de-Calais Habitat et
de 300 chambres pour étudiants à
la demande de l’office public de
l’Aisne, OPAL. TH, qui est en train
de se doter d’une deuxième unité
de production – à Saint-Quentin
(Aisne) –, s’achemine vers un tri-
plement de sa production de loge-
ments, pour l’essentiel à destina-
tion du secteur social, avec un total
de 300 unités à fabriquer entre mi-
2024 et mi-2025.
Béton bas carbone
Autre exemple d’une efferves-
cence sectorielle, Muance, créé
en 2020, veut « industrialiser la
construction de l’habitat social »
avec une construction 3D reposant
notamment sur un béton bas car-
ENTREPRISES
Cougnaud
bone. Il vient d’ouvrir à Vatry l’Union sociale pour l’habitat,
(Marne) sa première unité de pro- « Le recours à la Thierry Asselin.
duction avec l’appui de la Banque construction hors- Construire plus vite, c’est aussi
des Territoires (groupe Caisse des encaisser plus vite les loyers… Un
Dépôts) et de Plurial Novilia. Cette
site n’est pas cercle vertueux en sorte. En outre,
filiale d’Action Logement, active nouveau. Mais les rappelle cet expert du logement
dans le Grand Est et en Ile-de- bailleurs sociaux social, le secteur doit relever
France, lui a déjà passé commande « deux enjeux : le développement
de près de 90 logements pour qua-
commencent d’une offre nouvelle pour répon-
tre programmes – maisons indivi- à appréhender de dre aux besoins non couverts ; la
duelles et immeubles à deux plus en plus cette rénovation du parc existant pour
étages. solution comme répondre aux défis de la transition
De son côté, Nov’Habitat, pre- environnementale et de la décar-
mier bailleur social de Châlons-en- un élément de leur bonation ». A ce titre, la pose de
Champagne, s’est engagé auprès boîte à outils. » nouvelles façades préfabriquées
de la « jeune pousse » pour quatre THIERRY ASSELIN en usine apparaît particulière-
programmes, représentant un Directeur des politiques ment intéressante pour la rénova-
total de 44 logements (apparte- urbaines et sociales de l’Union tion thermique.
ments et maisons individuelles). sociale pour l’habitat L’émergence d’une véritable
« D’autres organismes HLM mais filière industrielle française du
aussi des promoteurs privés ont hors-site, avec le développement
manifesté de l’intérêt », indique par de capacités de production, est
ailleurs le PDG de Muance, Lionel donc cruciale pour la relance du
Morenval. logement social. Certains bailleurs
« Le recours à la construction nous craignons d’être très en des- y prennent déjà part. Alors que
hors-site n’est pas nouveau. Mais les sous de 2022, soit moins de 95.000 Plurial Novilia participe au lance-
bailleurs sociaux commencent à logements financés. L’enjeu est de ment de Muance, 3F, l’un des prin-
appréhender de plus en plus cette sortir des opérations dans les cipaux bailleurs sociaux, est l’un
solution comme un élément de leur meilleures conditions possibles, en des initiateurs d’une charte pour le
boîte à outils. On est très très loin de termes de délai, et sur les plans éco- développement de la construction
nos objectifs de construction. Il fau- nomique et environnemental », hors-site dans le Grand Paris et
drait produire 198.000 logements commente le directeur des politi- d’une association à vocation natio-
sociaux chaque année. En 2023, ques urbaines et sociales de nale. — C. P.
En Ile-de-France, 14 % des ménages sont en attente
d’un logement social
Plus les loyers et les prix à l’achat de l’immo- demande sur dix seulement est satis-
bilier grimpent dans le parc privé en Ile-de- faite chaque année. A Paris, c’est une
France, plus les files d’attente s’allongent sur seize. Il faut dire que les loyers
pour obtenir un logement social. Entre 2010 moyens pratiqués dans le parc social
et 2022, le nombre de ménages demandeurs en région parisienne, 444 euros pour
d’un HLM a presque doublé, selon une note 63 m2, sont sans commune mesure avec
de l’Institut Paris Région publiée ce jeudi. ceux du parc privé, 1.002 euros pour
Il est passé de 406.000 à 783.000, un tiers des 53 m2. Parmi les demandeurs exté-
demandeurs résidant cependant déjà dans rieurs au parc social – beaucoup de
le parc social. « Dorénavant, 14 % des foyers jeunes et de personnes seules – 33 %
franciliens attendent un logement social », habitent chez des tiers et 16 % dans une
précise le texte, qui souligne qu’une structure d’hébergement temporaire.
ENTREPRISES Jeudi 30 novembre 2023 Les Echos 22

Les producteurs de noix toujours en crise

AGRICULTURE
Après une crise de
surproduction en 2022,
les noyers ont, cette
année, donné très peu
de fruits.
Les prix ne suffisent
plus, depuis l’an
dernier, à couvrir
les charges.
Dominique Chapuis
Les années se suivent et se ressem-
blent. Les producteurs de noix en
coque en savent quelque chose. La
filière est confrontée à une nouvelle
crise, et ne voit pas le bout du
tunnel.
Après une surproduction en
2022, la récolte qui s’est achevée fin
octobre, enregistre une chute iné-
dite des volumes. « C’est la pire
chute depuis vingt-cinq ans »,
Les Français consomment peu de noix (entre 200 à 500 grammes par an), comparés aux Italiens ou s’alarme Arnaud Rivière, président
aux Espagnols (2 à 5 kilos), qui en mangent toute l’année. Photo iStock du Comité interprofessionnel de la
noix de Grenoble, qui regroupe
720 exploitations. La Savoie et la
Drôme représentent environ un
tiers de la production, à côté du
Périgord et de Midi-Pyrénées. « Au
lieu de 13.000 tonnes en moyenne,
nous devrions atteindre à peine les
7.000 tonnes le long de la vallée de
l’Isère », estime le responsable, à la
tête d’une entreprise familiale qui
conditionne et expédie les noix.
Au niveau national, toutes les
variétés sont affectées. Franquette,
Mayette, Parisienne, Marbot,
Grandjean, aucune n’y échappe. Le
volume devrait reculer de l’ordre de
40 %. Un coup dur, alors que la
France est le premier producteur
en Europe, avec une moyenne de
37.000 tonnes par an. Mais le chan-
gement climatique, avec grêle, gel
et sécheresse fait faire du Yo-Yo aux
rendements.
En 2022, les noyers ployaient
sous les fruits, avec un record à plus
de 50.000 tonnes. Du jamais-vu !
Résultat, des stocks remplis à ras
bord. Tout sauf une bénédiction.
« Cela a fait s’effondrer les prix de
près de 30 %, poursuit Arnaud
Rivière, car l’offre était bien supé-
rieure à la demande. »
tionnelle de l’an dernier, les arbres
sont épuisés », estime le profession-
nel. Un noyer peut porter jusqu’à 50
kilos de noix. Pour s’en sortir, l’agri-
culteur compte en partie sur les
indemnités de son assurance-ré-
colte. Une majorité d’exploitants
ont une autre activité, souvent de
l’élevage, pour faire face aux crises.
Les Etats-Unis sont le
premier exportateur
La faiblesse de la production 2023
devrait faire remonter les prix,
mais pas assez, selon les profes-
sionnels. « Cela ne permettra pas de
compenser la perte des volumes,
d ’au tan t q u e nos charge s o n t
grimpé, fait valoir Arnaud Rivière.
Tout le monde va souffrir, y compris
les vendeurs de matériel. » Un kilo
de noix est vendu entre 2 à 3 euros
par le producteur. Pas suffisant
pour couvrir ses coûts, en énergie
et salaires.
Le gouvernement
a décroché
une aide d’urgence
à Bruxelles.

Un noyer peut porter Pour ne rien arranger, le marché

jusqu’à 50 kilos de noix
Le gouvernement avait débloqué
SOMMET en urgence une aide financière
pour soulager les trésoreries. Une
Transformations enveloppe de 10 millions d’euros de
fonds européens – dont 2 millions
&compétences d’avenir d’euros de crédits nationaux – a été
accordée pour la filière (et aussi
celle des cerises) au titre de 2022.
Les exploitations ayant subi des
pertes supérieures à 20 % de leur
chiffre d’affaires peuvent en bénéfi-
Édition 2023 cier. Après franchise, elles seront
indemnisées à hauteur de 80 %.
Quand 8•12•2023 Pour 2023, à cause cette fois
9 h > 16h d’une chute des volumes, la filière
estime qu’il faudra un nouveau
Où CCI Paris IDF soutien. Dans le Périgord, les pro-
27 Av. de Friedland fessionnels ont reçu l’appui de
75008 Paris Sophie Marceau, qui, dans une
vidéo sur Instagram, appelle à
« acheter des noix françaises ».
« Les fruits sont très beaux, avec
un gros calibre, et un cerneau bien
garni. Mais les quantités sont très
Un événement faibles », constate Sébastien Rene-
en présentiel vier, nuciculteur en Isère. Sur son
verger de 42 hectares, sa récolte ne
sur inscription dépasse pas 35 tonnes, contre
100 tonnes habituellement. « Au-
delà de la météo, après l’année excep-
est en panne. En grande surface, les
prix atteignent de 5 à 8 euros le kilo.
Ce qui freine les achats des Fran-
çais, déjà petits consommateurs de
noix (entre 200 à 500 grammes par
an), comparés aux Italiens ou aux
Espagnols (2 à 5 kilos), qui en man-
gent toute l’année.
La surproduction mondiale est
aussi un frein. Les Etats-Unis sont
le premier exportateur. La Chine,
qui consommait ses propres noix,
se tourne de plus en plus vers
l’exportation, comme le Chili. Pour
la filière tricolore, les exportations,
qui représentent près de 60 % des
volumes, surtout vers l’Europe,
sont à la peine.
Pour tenter de trouver des solu-
tions à ces crises à répétition, un
rapport du Conseil général de l’ali-
mentation, de l’agriculture et des
espaces ruraux (CGAAER) est en
cours de rédaction. « Il permettra
de dégager les recommandations
sur la structuration économique de
la filière, afin d’améliorer l’organi-
sation de la filière et d’adapter la
production aux débouchés du mar-
ché », indique le ministère de l’Agri-
culture. n

Une journée entière consacrée à l'IA Générative dans les grandes

entreprises. Comment l'intègrent-elles dans leurs stratégies, notamment
RH et RSE ? Airbus, BNP Paribas, Bouygues, Crédit Agricole, Engie
Orange, Safran, Veolia : les DRH, DSI, CDO, CIO de grandes entreprises à suivre
font le point sur l’IA générative et son potentiel de transformation. Olivier Dominique
Dussopt Restino
Benchmarks concrets, échanges, questionnements : Ministre du Travail, Président
du Plein Emploi de la CCI Paris
inspiration garantie ! et de l'Insertion Ile-de-France
Bénéfices record pour Ikea qui efface
le coût de son retrait de Russie
DISTRIBUTION Le holding regroupant la plupart des magasins
Ikea, Ingka Group, a annoncé un bond de son bénéfice net annuel
multiplié par cinq, à 1,5 milliard d’euros sur l’exercice 2023 clos
fin août, Ingka ayant souffert du retrait du marché russe sur
Thierry Catherine Hugues Agnès Jean-Manuel Marie-Luce Guillaume Laure l’exercice précédent. Le bénéfice opérationnel a été « stable »,
Baril Jestin Even Tran-Pommel Soussan Godinot Lefebvre Belluzzo
tandis que le chiffre d’affaires d’Ingka a affiché une hausse de
Chief HR Executive Vice- Chief Data Officer Head of Change Senior Vice- Senior VP, Directeur général DG Crédit Agricole
Officer Group President Digital Group and HR Marketing president Group Innovation, IFCAM - Université Technologies 5,4 %, à 44,3 milliards d’euros. Ingka représente plus de 90 % de
& Information Human Resources Sustainable du Groupe CA & Services l’activité d’Ikea.
Management Director development & IT

Sedif : échec de Suez sur le plan juridique

EAU Le tribunal administratif de Paris a rejeté mercredi la requête
de Suez visant à faire exclure Veolia de l’appel d’offres du Syndicat
des eaux d’Ile-de-France (Sedif), le plus gros marché d’eau potable
d’Europe (4,3 milliards d’euros pour une période de douze ans).
Pour obtenir de plus amples informations, consulter le site
Jean-Sébastien Emmanuelle Vincent Lecerf Bruno Frédéric Anne Farah Pascal Sandrine lesechos.fr/Entreprises.
Blanc Fines-Laurent Executive Zerbib Verger VP CHRO Digital Dalla Torre Berkopec
DGA Ressources Group Vice- Vice President Chief Technology & EVP, Group CDO & Transformation Group CIO Group Head of
Humaines President Digital Human Resources Innovation Officer CIO Safran & Employee Digital & Data HR
Solutions Group Experience 4.0 Péages d’autoroute : la hausse sera
inférieure à 3 % début février 2024
TRANSPORTS La hausse annuelle des péages d’autoroutes sera
m a k i n g s e n s e o f t h e f u t u r e • n e t e x p l o . c o m « inférieure à 3 % » en 2024, a assuré mercredi le ministre délégué
aux Transports, Clément Beaune, sur fond de polémique avec des
sociétés concessionnaires au sujet d’une augmentation de la fisca-
lité. Cette hausse appliquée chaque 1er février avait été de 4,75 % en
moyenne cette année, conséquence de l’inflation. « L’année pro-
chaine, il y aura une hausse qui sera limitée, une hausse qui sera infé-
rieure à 3 % », toujours basée sur l’inflation projetée, a promis le
ministre sur l’antenne de RMC.
23 Les Echos Jeudi 30 novembre 2023
Cybersécurité : les demandes de
rançon explosent, même dans les PME
l Un rapport d’Orange Cyberdefense
alerte sur un nombre record de victi-
mes de cyberextorsion dans le monde,
en hausse de 46 % depuis 2022.
l Le secteur manufacturier est le plus
visé, mais les PME sont aussi ciblées.
SÉCURITÉ
Leïla Marchand
« La crise arrive toujours le soir, à
22 h 00, la veille de vacances… La
question aujourd’hui n’est plus si
on va être attaqué, mais quand », met
en garde Hugues Foulon, directeur
général d’Orange Cyberdefense.
La branche consacrée à la cyber-
sécurité d’Orange publie ce jeudi
son rapport annuel, qui dresse un
tableau inquiétant de l’état mondial
de la cybermenace. « La fréquence,
la gravité, la complexité et les consé-
quences des événements frappant
notre secteur ont atteint des niveaux
jusqu’alors inédits », peut-on lire
dans ce rapport de près d’une cen-
taine de pages. Environ 30 % d’inci-
dents supplémentaires ont été enre-
gistrés sur la période, soit un total de
près de 130.000, dont 19 % « confir-
més » – c’est-à-dire qu’une enquête
a établi que la sécurité a été compro-
mise lors de cet incident.
Le groupe, qui compte plus de
8.000 clients et doit dégager pour
cette année un chiffre d’affaires de
plus de 1 milliard d’euros, profite de
sa place de numéro un français sur
le secteur pour récolter ces données
au sein de ses centres de supervision
(appelés « SOC » dans le jargon),
dans les rapports de ses équipes réa-
lisant des tests d’intrusion et grâce à
ses analystes de réseaux criminels.
Risque de « double
extorsion »
La principale menace qui plane
aujourd’hui sur les organisations
publiques et privées est la cyber-
extorsion, « voire la double extor-
sion », note José Araujo, le respon-
sable technologique d’Orange
Cyberdefense. Le principe ? « Un
attaquant va s’introduire dans un
système, chiffrer les données puis pro-
poser à la victime de lui redonner
accès à ses données en l’échange d’une
rançon. On parle de double extorsion
quand, en plus de faire ça, l’attaquant
demande une autre rançon pour ne
pas publier en ligne les données qu’il
a volées », décrit l’expert.
« Mais si vous payez la rançon, il
n’y a aucune garantie que le pirate
tienne parole », s’empresse d’ajouter
Hugues Foulon. Depuis 2020, le
groupe a identifié près de 9.000 victi-
Orange veut repartir du bon pied en matière d’innovation
TÉLÉCOMS
Pour Bruno Zerbib,
le nouveau patron
innovation du groupe,
la priorité n’est plus
de chercher l’effet
« waouh » mais
d’innover en continu,
avec l’écosystème.
Raphaël Balenieri
Le message est très clair. Chez
Orange, il ne faudra plus s’attendre à
un « grand soir » en matière d’inno-
vation, selon les propres mots de
Bruno Zerbib, le nouveau patron
chargé de la technologie et de l’inno-
mes de cyberextorsion répertoriées
sur le dark web. Un chiffre qui peut
sembler élevé, mais qui ne repré-
sente en réalité qu’une fraction des
entreprises victimes, dont la com-
promission a été rendue publique.
A partir de ses données, le rapport
estime que la hausse des victimes de
cyberextorsion a atteint un record
de 46 % sur les douze derniers mois.
« Ce type d’attaques explose, ces der-
nières années ça n’a fait que croître, à
part une petite baisse en 2022 liée à la
guerre en Ukraine », a constaté José
Araujo. Les groupes de cybercrimi-
nels, souvent liés à la Russie ou aux
pays de l’Est, étaient alors « mobili-
sés ailleurs », avance-t-il. « Il y a éga-
lement eu beaucoup d’opérations
policières en Europe qui ont abouti
à des arrestations. »
Augmentation régulière
Les grandes entreprises continuent
d’essuyer la majorité des attaques
(40 %), avec une hausse régulière
pour celles qui emploient plus de
10.000 personnes. Cette tendance
a été exacerbée par Cl0p, qui a
exploité deux vulnérabilités majeu-
res en 2023. « Mais les attaquants
essaient de plus en plus de pêcher de
petits poissons », note Hugues Fou-
lon. Ainsi, les petites entreprises
représentent un quart (25 %) des vic-
times et sont suivies de près par les
moyennes entreprises (23 %).
Géographiquement, ce sont les
grandes économies anglophones
qui comptent le plus grand nombre
de victimes. Plus de la moitié des
organisations attaquées ont leur
siège aux Etats-Unis (53 %), au
Royaume-Uni (deuxième avec 6 %)
et au Canada (troisième, 5 %). La
France est cinquième. Mais peu à
peu, les groupes cybermalveillants
tentent leur chance en Inde (+97 %),
en Océanie (+73 %) et en Afrique
(+70 %). Enfin, c’est l’industrie
manufacturière qui reste le secteur
le plus touché (20 %). « Pendant long-
temps les usines n’étaient pas raccor-
dées à Internet. Ce sont des systèmes
industriels durs à sécuriser, cela
requiert des investissements énor-
mes », explique le directeur général.
Une cible en or pour les attaquants,
qui ont identifié la faille et savent que
ces entreprises seront davantage
susceptibles de sortir leur chéquier
pour remettre en route le plus vite
possible leurs machines. n
vation. Six mois après son arrivée,
ce Franco-Américain, qui a passé
vingt-cinq ans aux Etats-Unis
notamment chez HP, Cisco et
Yahoo!, a dévoilé mercredi pour la
première fois sa stratégie, dans
un discours « cash » et truffé d’angli-
cismes. Et à l’image de Christel
Heydemann, la directrice générale
d’Orange, ce « geek » assumé, passé
comme elle par Schneider Electric,
entend bien secouer la maison aux
8.500 ingénieurs en R&D.
Après l’échec fin 2020 de Djingo,
l’assistant vocal codéveloppé avec
Deutsche Telekom qui était censé
tailler des croupières à Alexa
d’Amazon, le but n’est plus du tout
de chercher l’« effet waouh » avec
des innovations très grand public.
Au contraire, l’idée est d’innover en
HIGH-TECH&MEDIAS
Les hackeurs forment de véritables entreprises
Des organisations
de plusieurs dizaines de
personnes, avec un DRH…
Le rapport d’Orange Cyber-
defense met en lumière
quelques pratiques, souvent
méconnues, de groupes
de cyberattaquants.
Un ado dans sa chambre, une
capuche lui cachant le visage, lan-
çant seul depuis son ordinateur des
cyberattaques contre de grands
groupes internationaux… La réa-
lité du monde cybercriminel est
loin de cette image d’Epinal culti-
vée par le cinéma, comme le rap-
pelle un rapport d’Orange Cyber-
defense publié ce jeudi. « Nous
n’avons plus jamais affaire à une ou
deux personnes dans leur garage »,
confirme José Araujo, responsable
technologique de cette branche
dédiée à la cybersécurité du groupe
Orange. Bien que les informations
sur ces collectifs très mouvants et
manœuvrant à l’abri des regards
soient très difficiles à obtenir, cer-
taines actualités, comme des arres-
tations, ou des « fuites » sur le dark
web permettent de brosser un por-
trait assez édifiant de ces organisa-
tions « dignes d’une grande entre-
prise », souligne le spécialiste.
continu, sur le cœur de métier
d’Orange (les réseaux et le cloud) et
en piochant les meilleures idées
partout dans le monde, sans forcé-
ment les développer en interne.
Le stigmate du « not
invented here »
« Il faut arrêter avec le stigmate du
“not invented here”, plaide ainsi
Bruno Zerbib. Aujourd’hui, la pro-
priété intellectuelle est de plus en plus
partagée, en open source. On le voit
sur les modèles de langage dans l’IA
ou sur le cloud. Cela crée des opportu-
nités extraordinaires pour des inno-
vations chez nous. On a basculé dans
une nouvelle ère. » En termes de
calendrier, Bruno Zerbib promet
des nouveautés « tous les six mois »,
pour en finir avec l’« effet tunnel »
L’an dernier, un chercheur
Ukrainien a ainsi découvert et
publié des conversations internes
au groupe de cybercriminels à
l’origine du ransomware Conti.
« A partir de ça, on a pu estimer qu’il
s’agissait d’un groupe international
de plusieurs dizaines voire centaines
de personnes, rapporte le responsa-
ble. On parle de centaines voire de
milliers de victimes. D’où le fait qu’ils
sont organisés avec des créneaux
horaires, des zones géographiques,
des fonctions ultra-définies : RH,
recrutement, dé veloppement
d’outillage, distribution… »
Le meilleur « retour
sur investissement »
Ces groupes vont calibrer leur atta-
que en fonction du meilleur
« retour sur investissement » : la
faille la plus facile à exploiter,
l’entreprise la plus susceptible de
céder à la rançon… Pendant plu-
sieurs jours ou semaines, le groupe
prépare son attaque. Il doit « analy-
ser, comprendre l’écosystème de la
victime », en « trouvant son chiffre
d’affaires, son niveau d’assurance,
pour négocier ensuite le montant de
rançon le plus adéquat », remarque
le directeur général d’Orange
Cyberdefense, Hugues Foulon.
lorsque des centaines voire des mil-
liers d’ingénieurs étaient mobilisés
sur un seul projet phare. Face aux
moyens démesurés des Gafam,
Orange semble aussi compter
davantage sur son pouvoir de distri-
bution et d’intégration que d’inno-
vation propre. Dans l’IA générative,
par exemple, le but n’est pas de réin-
venter un nouveau modèle de lan-
gage. Mais bien de customiser et de
raffiner ChatGPT pour les clients
entreprises d’Orange Business.
13
MILLIARDS D’EUROS
L’Ebitda d’Orange en 2022.
Au cours des douze derniers
mois, le principal acteur de la
menace observé dans le rapport
était LockBit 3.0, qui multiplie les
attaques via le rançongiciel du
même nom. Qualifié de « groupe
malveillant le plus dangereux » par
l’agence de sécurité américaine
CISA, cet acteur d’origine russo-
Il a dit
« Nous n’avons plus
jamais affaire à une
ou deux personnes
dans leur garage. »
JOSÉ ARAUJO
Responsable technologique
d’Orange Cyberdefense
DR
Cette stratégie s’accompagne
aussi d’un recentrage. L’innovation
concernera quatre domaines : la
cybersécurité, le service client,
l’expérience client et la « plateformi-
sation des télécoms », c’est-à-dire la
vente de services télécoms en
un clic, sur abonnement, « comme
chez AWS ou Google ».
L’enjeu est énorme pour Orange.
Malgré sa taille et sa puissance
financière (13 milliards d’euros
d’Ebitda en 2022), l’opérateur a eu
du mal ces dernières années à pro-
poser des innovations systémiques
de nature à rééquilibrer le rapport
de force avec les Gafam. Le manage-
ment a connu deux chief innovation
officers en neuf ans : Mari-Noëlle
Jégo Laveissière (2014-2020) puis
Michaël Trabbia (2020-2023).
phone est particulièrement prolifi-
que. A son palmarès cette année :
une tentative visant le fabricant
de puces taïwanais TSMC avec
une demande de rançon de 70 mil-
lions de dollars.
Le groupe Cl0p a aussi fait parler
de lui avec une campagne de cyber-
attaques lancée fin mai, exploitant
une faille dans le logiciel MOVEit,
qui a touché de multiples organisa-
tions dont la BBC, le pétrolier Shell,
les compagnies aériennes British
Airways et Aer Lingus et le dépar-
tement américain de l’Energie.
De même, un autre groupe,
dénommé « Play », a récemment
revendiqué une attaque contre la
Fédération Française de Rugby.
Mais leurs activités sont diffici-
les à suivre ou à vérifier. « Il y a
des groupes historiques, qui durent
longtemps, mais souvent des
anciens membres créent de nou-
veaux groupes ou changent juste de
noms et de méthodes pour pas-
ser sous le radar. Leur durée de vie
est souvent autour de six mois »,
rapporte José Araujo. Ainsi,
en 2023, 25 groupes de cyber-
extorsion ont disparu, 31 nou-
veaux ont émergé, quand seule-
ment 23 groupes ont survécu
d’une année à l’autre. — Le. M.
Cet été, l’opérateur a également
fermé son bureau de veille technolo-
gique de San Francisco, une décision
d’« économie de bout de chandelles »,
avait dénoncé la CFE-CGC d’Orange.
Mais il dit conserver une bonne
capacité de veille grâce à Orange
Business, sa filiale B to B implantée
dans 35 pays, avec notamment une
forte présence à Singapour.
Orange est d’autant plus attendu
au tournant que l’IA générative est
en train de rebattre les cartes. Xavier
Niel, le fondateur de Free, vient ainsi
d’investir 200 millions d’euros avec
Rodolphe Saadé, le patron de
CMA CGM, dans un nouveau labo-
ratoire de recherche consacré à l’IA.
Il a aussi positionné sa filiale cloud
Scaleway sur les services à cet éco-
système émergeant. n
HIGH-TECH & MEDIAS
Le français Ono
s’allie à un studio
coréen de référence
dans le webtoon
BANDE DESSINÉE
Appartenant
à Média-Participa-
tions, Ono vient
de créer une joint-
venture avec Kenaz.
Avec ce partenariat,
le groupe tricolore
entend accélérer sur
le marché promet-
teur du webtoon.
Ono s’implante sur le territoire
originel du webtoon. La plate-
forme du numéro trois français
de l’édition Média-Participa-
tions (Dargaud, La Martinière,
Dupuis) s’allie à Kenaz, qui se
présente comme le plus grand
producteur indépendant du
genre en Corée du Sud, sous la
forme d’une joint-venture déte-
nue à 50/50 localisée à Séoul.
Grand pourvoyeur de web-
toons (dont « Sinker », « Crush
of Lifetime » ou « I’ll Save This
Damned Family » pour les plus
connus), Kenaz dispose d’une
armada de plus de 400 créa-
teurs dans le monde et a pour
principaux clients Piccoma
(Kakao) et Webtoon (Naver), les
deux plateformes webtoons de
référence. Mais soucieux de ne
pas en être trop dépendant, le
studio cherche de plus en plus à
diversifier ses débouchés à
l’international et fournit ainsi
des contenus à Apple Books (au
Japon et aux Etats-Unis) ou à
ByteDance (TikTok) en Chine.
« Importer ce savoir-
faire en France »
« Avec ce partenariat, l’enjeu le
plus stratégique pour nous est
d’enclencher une logique de
coproduction de nouveaux web-
toons avec les équipes de Kenaz à
moyen terme, souligne Ainara
Ipas, directrice générale d’Ono.
Dans un second temps, nous
souhaitons importer ce savoir-
faire en France où notre studio
d’Angoulême, Ellipse Animation,
se prépare à produire des web-
toons dans les prochains mois. »
Avec cette alliance, Ono
espère aussi pouvoir optimiser
son choix dans les séries les plus
populaires produites par Kenaz
ou d’autres studios tiers en vue
de les proposer à ses lecteurs
français. « Kenaz fédère plu-
Google ouvre à Malaga son plus grand
centre européen de cybersécurité
INTERNET Google a inauguré mercredi à Malaga, dans le sud de
l’Espagne, son plus grand centre européen de cybersécurité, qui
développera des outils de lutte contre les cybermenaces en col-
laboration avec les institutions et entreprises européennes, a
annoncé le groupe. Dans un contexte de forte hausse des cyber-
attaques, le géant de Mountain View ainsi son troisième centre
de cybersécurité en Europe, après ceux de Munich et de Dublin.
Découvrez notre marketplace
BtoB, Les Echos Solutions
sieurs dizaines de studios
coréens, donc cela va être une
source précieuse pour nous »,
note la directrice générale
d’Ono qui entend réduire cer-
tains frais grâce à cette union.
« Les frais de traduction et de
lettrage du coréen vers le français
d’un webtoon nous reviennent à
trois fois plus cher que l’achat de
droit. Avec cette joint-venture,
nous serons notamment éligi-
bles aux aides de la SBA ou de la
KOCCA [des agences gouverne-
mentales soutenant la produc-
tion culturelle coréenne, NDLR]
et pourrons massifier nos
achats », précise Ainara Ipas.
Contraction de « web » et
« cartoon », le webtoon est la
déclinaison de la BD pour
smartphone, sur lequel le
lecteur « scrolle » les bulles sur
son écran. Un marché promet-
teur – ce format étant très popu-
laire chez les adolescents et
jeunes adultes – mais balbu-
tiant, économiquement par-
lant, en France, où Ono a réussi
son démarrage.
Le marché
du webtoon,
très populaire chez
les adolescents
et jeunes adultes,
reste balbutiant
économiquement
parlant en France.
Lancée il y a huit mois, la
plateforme revendique plus de
250.000 téléchargements et a
pour ambition de devenir, à
terme, le numéro trois euro-
péen du secteur derrière Naver
et Piccoma.
Pour y parvenir, Ono, qui
repose sur un modèle de vente à
l’acte (à 50 centimes l’épisode),
s’apprête à muscler son catalo-
gue de séries webtoons, dont le
total s’élèvera à 300 d’ici à la fin
de l’année. « Nous avons racheté
une cinquantaine de séries à
Verytoon [une plateforme fer-
mée par Delcourt cet été, NDLR]
et une centaine à Delitoon, dont
“Roses et Champagne” ou encore
“Secrétaire de sa Majesté” »,
détaille Ainara Ipas. « En début
d’année prochaine, nous com-
mencerons aussi à proposer des
mangas sur notre plateforme. »
— N. R.
en pixels
annonces.lesechosleparisien.fr
01 87 39 70 08
Le marketing digital draine
300.000 emplois en France
PUBLICITÉ
En tout, 9.000 entre-
prises composent
la filière, dont 96 %
de PME, d’après
une étude du cabinet
EY commandée
par l’Alliance Digitale.
En matière de poids
économique, le secteur
a généré 4,7 milliards
d’euros de valeur
ajoutée directe
en France l’an passé.
Nicolas Richaud
Terre de publicité et de marketing,
la France compte aujourd’hui
plusieurs champions nationaux
à l’envergure internationale, des
acteurs historiques dont le modèle
est de plus en plus numérique
– Publicis, JCDecaux, Havas – aux
adtechs originelles que sont Criteo,
Teads, Ogury ou Equativ. Pourtant,
jamais une radioscopie réellement
complète de la filière du marketing
digital en France n’avait été réalisée.
C’est désormais chose faite avec
l’étude, relative à l’année 2022, pro-
duite par le cabinet EY et comman-
dée par l’Alliance Digitale – une asso-
ciation née du rapprochement entre
IAB France et la Marketing Mobile
Association –, qui tient ce jeudi son
forum annuel. « Le marketing digital
est un secteur méconnu qui joue un
rôle majeur dans la nouvelle écono-
mie avec un fort effet d’entraîne-
ment », note Nicolas Rieul, président
de l’Alliance Digitale.
Une progression moyenne
de 7 % par an
L’an passé, la filière a généré 4,7 mil-
liards d’euros de valeur ajoutée
directe en France, soit 0,2 % du PIB.
« C’est davantage que la presse écrite
et c’est aussi plus que le jeu vidéo et
le cinéma réunis, compare Yannick
Cabrol, chargé de l’étude et respon-
sable des études d’impact économi-
que chez EY. Depuis 2018, la progres-
sion moyenne du marketing digital
Nouvelle alerte pour la « brand
safety » chez Google
PUBLICITÉ
Certaines pratiques du
groupe pourraient met-
tre en péril des campa-
gnes d’institutions
gouvernementales ou
de grandes entreprises.
Selon un rapport,
celles-ci pourraient
se retrouver sur des
sites problématiques.
Fabio Benedetti Valentini
Une nouvelle épine dans le pied
dont Google se serait bien passé en
plein procès antitrust. Un nouveau
rapport du cabinet Adalytics mon-
tre que l’immense puissance de feu
publicitaire du géant du numérique
peut jouer bien des tours aux mar-
ques. Les messages de grandes
entreprises ou même d’institutions
publiques comme le Pentagone ou
le FBI se sont ainsi retrouvés sur des
sites problématiques.
Certes, Adalytics présente pru-
demment son étude comme une
« analyse d’observation hautement
préliminaire ». Il est notamment
très difficile de savoir si des sites pro-
blématiques ont reçu ou non des
Le peloton des salariés du marketing digital est composé à 55 %
d’hommes et à 45 % de femmes. Photo Shutterstock
flux de revenus publicitaires. Mais,
avec une très longue liste d’exem-
ples à l’appui, le cabinet d’étude
montre des situations où la « brand
safety » (la capacité de garantir aux
annonceurs un environnement
acceptable) ne serait pas au rendez-
vous pour les annonceurs.
Un sujet très sensible
Google s’en défend fermement.
« Adalytics a l’habitude de publier des
rapports inexacts qui dénaturent nos
produits et contiennent des affirma-
tions extrêmement exagérées, a
affirmé dans un post sur X (ex-Twit-
ter) Dan Taylor, vice-président des
activités publicitaires. Nous exami-
nerons bien sûr le rapport, mais notre
analyse des sites et les informations
limitées qui ont été partagées avec
nous n’ont pas permis d’identifier de
revenus publicitaires partagés avec
une seule des entités sanctionnées. »
Le sujet est très sensible pour
Google, pour qui les recettes publi-
citaires représentent près de 80 %
de son chiffre d’affaires total (près de
283 milliards de dollars). Le géant de
Mountain View a bâti autour de son
moteur de recherche tout un éco-
système publicitaire permettant
notamment d’afficher des campa-
gnes sur d’autres sites (les « Google
Search Partners », ou GSP). Dans le
réseau de GSP de Google, un outil
Jeudi 30 novembre 2023 Les Echos
permet aux développeurs de créer
des moteurs de recherche ad hoc
pouvant devenir autant de canaux
pour les campagnes publicitaires
transitant via le système Google.
Le rapport observe en particulier
que des campagnes publicitaires de
marques du Fortune 500 ou du gou-
vernement fédéral américain appa-
raissent depuis des années sur des
sites faisant partie des « listes noi-
res » élaborées par le bras armé du
Trésor américain car dans des pays
sujets à sanctions économiques.
Certains contenus publicitaires ont
atterri sur des sites russes ou ira-
niens, par exemple. Dans de nom-
breuses circonstances, des campa-
gnes apparaissent aussi sur des sites
pornographiques ou hébergeant
des contenus piratés.
« Adalytics
a l’habitude
de publier des
rapports inexacts
qui dénaturent
nos produits. »
DAN TAYLOR
Vice-président des activités
publicitaires de Google
24
est de 7 % par an, ce qui est dix fois
plus rapide que le rythme du PIB
français sur la même période. »
En tout, 9.000 entreprises com-
posent la filière, dont 96 % de PME.
« Lors d’une précédente étude où le
périmètre se limitait à la publicité en
ligne, on comptait 900 groupes qui
étaient situés à Paris ou en Ile-de-
France dans leur grande majorité,
pointe Pierre Devoize, directeur
général adjoint de l’Alliance Digi-
tale et chargé de l’étude. En élargis-
sant le périmètre à l’ensemble des
activités et métiers du marketing
digital comme responsable e-com-
merce, spécialiste réseaux sociaux
ou traffic manager, il apparaît
qu’il y a une flopée de petites boîtes
situées hors de Paris. »
Un recours aux freelances
en hausse
En effet, 57 % de ces entreprises
ont ainsi leur quartier en dehors
de l’Ile-de-France. Du point de vue
de l’emploi, ces 9.000 entreprises
comptent 45.000 salariés, soit
36.000 en équivalent temps plein
(ETP). Un niveau en baisse de 6 %
par rapport à l’année 2020 qui avait
connu un pic en la matière. « Cette
baisse est à nuancer, notamment
parce que la crise sanitaire a marqué
l’accélération du recours aux freelan-
ces non intégrés aux effectifs des
sociétés de la filière, souligne Yannick
Cabrol. On en dénombre 100.000,
soit l’équivalent de 30.000 ETP. C’est
une spécificité du marketing digital
et c’est un chiffre élevé par rapport à
d’autres secteurs. »
En additionnant les emplois indi-
rects et induits drainés par la filière
ainsi que les salariés exerçant des
fonctions et compétences relatives
au marketing digital du côté des
annonceurs et grandes marques,
les auteurs de l’étude arrivent à un
écosystème total de 300.000 sala-
riés, soit 180.000 ETP.
Constitué à plus de 70 % par des
diplômés à Bac+5 et plus, le peloton
des salariés du marketing digi-
tal est composé à 55 % d’hommes
et à 45 % de femmes. Pour un
salaire annuel brut de près de
59.000 euros, quand la moyenne
dans le secteur tertiaire s’élève à
un peu plus de 39.000 euros. n
Selon Ruben Schreurs, chargé de
la stratégie chez Ebiquity, un cabi-
net d’analyse médias qui a pu
consulter l’étude d’Adalytics avant
sa publication, ce rapport met en
lumière des « décisions très discuta-
bles » de Google créant un « risque
significatif » pour les annonceurs.
Même si les citations de cadres mar-
keting dans de grandes entreprises
restent souvent anonymes, Adaly-
tics fait aussi état d’inquiétudes chez
de nombreux annonceurs qui
demandent au géant californien
plus de transparence.
Ce n’est pas la première fois
qu’Adalytics, qui aide notamment
les marques à suivre et auditer leurs
campagnes en ligne, sème le doute
sur les pratiques du groupe de
Mountain View. En juin, ce cabinet
avait publié un autre rapport sur
Google Video Partners. Selon Ada-
lytics, le cahier des charges de Goo-
gle ne serait que rarement respecté
concernant ce service qui lui per-
met, pour le compte des annon-
ceurs, de diffuser des publicités
vidéo sur des sites tiers. Ce qui avait
fait promptement réagir le groupe.
Le géant du numérique avait
déclaré que ce rapport contenait
« de nombreuses affirmations
inexactes » et ne reflétait pas la
manière dont le groupe « assure la
protection des annonceurs ». n
25 Les Echos Jeudi 30 novembre 2023
Solaire : Mylight150
lève 100 millions d’euros
GREENTECH
La start-up née en 2014
profite de l’essor de
l’autoconsommation
solaire en France et en
Europe.
Elle réalise sa première
levée de fonds
d’ampleur et vise
environ 100 millions
d’euros de chiffre
d’affaires cette année.
Camille Wong
150 millions de kilomètres, c’est la
distance moyenne qui sépare la
terre du soleil. Un petit clin d’œil
qu’a tenu à faire Mylight150, une
société spécialisée dans l’autocon-
sommation solaire pour le résiden-
tiel. Son secteur vit un boom depuis
deux ans, grâce à la baisse du prix
des panneaux photovoltaïques et à
l’amélioration des technologies,
mais aussi à la hausse des prix de
l’énergie, amorcée durant le Covid
et accentuée avec la guerre en
Ukraine. Les Français étaient près
de 326.000 fin juin à utiliser des
panneaux solaires dans l’Hexagone,
soit 77 % de plus que mi-2022. Les
installations individuelles ont plus
que doublé par rapport à mi-2021.
C’est dans ce contexte porteur
que la start-up annonce une levée
de fonds de 100 millions d’euros,
pour une valorisation d’environ
200 millions d’euros, selon nos
informations. Le tour est mené par
Eiffel Investment Group, Azora
Capital et Andera Partners, avec la
participation d’Elevation Capital
Partners, déjà présent au capital.
Demeter, investisseur historique de
la société, sort à l’occasion de ce
tour. La levée inclut donc « un peu »
de secondaire, mais est réalisée uni-
quement en equity. « Il n’y a pas un
centime d’obligations convertibles ou
de titres hybrides », renchérit Julien
Hugot, le cofondateur d’Elevation
Capital Partners, qui suit la société
depuis 2016.
Revenus multipliés
par cinq
La société a été financée par le passé
à hauteur de 8,5 millions d’euros, à
l’occasion de deux tours, en 2016 et
en 2020. Elle attaque le sujet de
Les acteurs de la deeptech unissent leurs forces
ÉCOSYSTÈME
France Deeptech
est une nouvelle
association qui
regroupe des start-up,
des fonds d’investisse-
ment et des labora-
toires de recherche.
Adrien Lelièvre
La deeptech est une force montante
dans la French Tech. Il était temps
qu’elle dispose d’une association
regroupant ses principales forces
vives. C’est chose faite avec France
Deeptech, dont le lancement a été
annoncé mercredi 29 novembre à
Paris. L’association est un pendant à
France Digitale, mais pour les jeunes
pousses qui utilisent des techno-
logies de rupture issues des labora-
toires de recherche. « Elles ne se sen-
taient pas représentées par des corps
intermédiaires existants », justifie
Michel de Lempdes, associé du
fonds d’investissement Omnes
Fin juin, les Français étaient près de 326.000 à utiliser des panneaux solaires dans l’Hexagone,
soit 77 % de plus que mi-2022. Photo Shutterstock
l’autoconsommation solaire sur
plusieurs fronts en concevant et
distribuant des produits et services,
allant des panneaux solaires à une
solution de stockage virtuel de
l’électricité produite, en passant par
le pilotage pour consommer l’éner-
gie au moment opportun, et la four-
niture d’énergie. Au total, environ
30.000 foyers sont équipés d’un
système de gestion, et 8.000 clients
de la batterie virtuelle de stockage.
« Un autre phénomène, à plus long
terme, explique ce momentum : les
Français sont encouragés à transfor-
mer leur énergie en électricité. Ils sont
incités à remplacer les chaudières par
des pompes à chaleur, à passer du
thermique à l’électrique, ce qui double
la facture en électricité », glisse
Ondine Suavet, ingénieure et
fondatrice, avec son frère Virgile, de
Mylight150. Avec cette levée de
fonds, la patronne prévoit d’intégrer
davantage les pompes à chaleur et
les bornes de charge à sa solution de
gestion de l’énergie. La start-up, qui
Capital et premier président de
France Deeptech. Ces start-up ont
des spécificités par rapport à leurs
cousines du digital. Elles sont sou-
vent fondées par des docteurs, ont
un temps de développement plus
long et génèrent des revenus par-
fois plusieurs années après leur
création. Certaines développent en
outre des technologies critiques
pour la souveraineté nationale.
Parmi la centaine de start-up fon-
datrices de l’association, qui seront
réunies au sein d’un collège, on
retrouve Pasqal (ordinateur quanti-
que), Exotec (robotique), Aqemia
(biotech), Preligens (défense) ou
encore Gourmey (viande cellu-
laire). Autant de sociétés qui illus-
trent la grande diversité de la deep-
tech. En parallèle, l’association a
créé un collège consacré aux fonds
qui investissent dans le secteur
(Quantonation, Omnes Capital,
Supernova, Elaia, 360Capital, Inno-
vacom, Tikehau, Jolt) et un autre
rassemblant les plus gros laboratoi-
res de recherche du pays (CNRS,
Inrae, CEA, CNES, Onera). « Nous
nous sommes dit dès le départ qu’il
vise un peu plus de 100 millions
d’euros de chiffre d’affaires en 2023,
indique avoir multiplié par cinq ses
revenus ces trois dernières années.
« Les fondateurs ont su diriger une
petite start-up et ont les mêmes quali-
tés pour gérer une ETI. Ils se sont très
bien entourés sur des postes de direc-
tion intermédiaire, c’est aussi l’une
des explications de leur réussite »,
estime Julien Hugot.
Paysage concurrentiel
Autre ambition : l’international, où
la start-up réalise déjà 20 % de son
chiffre d’affaires, avec en ligne de
mire l’Espagne, pays où la taxe sur
l’autoconsommation dans le pays a
été levée en 2018. Azora, qui a parti-
cipé au tour, est d’ailleurs un fonds
issu de la région.
La start-up n’est pas la seule à
profiter de l’essor du secteur.
Plusieurs jeunes pousses spéciali-
sées dans les kits photovoltaïques,
comme Beem Energy ou Sunology,
ont levé respectivement 20 et 10 mil-
fallait inclure le monde de la recher-
che, sans lequel rien n’est possible »,
explique Michel de Lempdes.
Ces dernières années, les labora-
toires se sont mis en ordre de bataille
afin d’aider les chercheurs à donner
un prolongement commercial à
leurs travaux scientifiques. « Le
changement en trente ans est abys-
sal », témoigne Antoine Petit, le pré-
Ces dernières années,
les laboratoires se
sont mis en ordre de
bataille afin d’aider les
chercheurs à donner
un prolongement
commercial à leurs
travaux scientifiques.
sident-directeur général du CNRS.
« Au CNRS, nous créons entre 80 à
100 start-up par an. Par définition,
elles sont presque toutes deeptechs. »
Certains chercheurs se consacrent à
100 % à leur entreprise. Mais
d’autres mènent des carrières hybri-
lions cette année. A noter aussi,
Reservoir Sun, consacrée à l’auto-
consommation solaire pour les
entreprises et les collectivités en
France, propriété de GreenYellow.
En Allemagne, pays en avance sur
ces sujets, la licorne 1komma5° a
réalisé une série B de 430 millions
d’euros cette année et déploie un
modèle qui se rapproche de
Mylight150.
Un boom qui n’efface pas le
marché complexe du photovol-
taïque, en train de vivre sa renais-
sance. Le secteur au sens large
revient de loin, avec le krach des
années 2010 dans les cleantechs
(solaire, éolien, hydraulique…), qui
ont notamment pâti, à l’époque, de
la baisse des subventions et du coût
de l’électricité carbonée moins
chère dans le monde. Près de la
moitié des 25 milliards de dollars
déployés par les capital-risqueurs
dans le monde entre 2006 et 2011,
note le MIT, seraient partis en
fumée. n
des, grâce à des aménagements
dans leur emploi du temps. « Pascale
Senellart est un excellent exemple de
personne qui partage son temps entre
le milieu académique et Quandela
[ u n e s t a r t- u p d u q u a n t i q u e ,
NDLR] », rappelle Antoine Petit.
Améliorer le système
de financement
Pour aider l’écosystème à grandir,
France Deeptech a lancé des grou-
pes de travail sur quatre sujets cru-
ciaux : le financement, le transfert
de technologie, la commande publi-
que et la réglementation du vivant.
L’association fera ensuite une série
de recommandations aux pouvoirs
publics. L’accès au capital est érigé
en priorité car le développement
d’une deeptech coûte cher. En phase
amorçage et en série A, le travail a
été fait par les fonds spécialisés et
Bpifrance. Mais c’est après qu’il y a
souvent un trou dans la raquette.
« Pour la période 2024-2026, nous
avons identifié un besoin de finance-
ment de plus de 12 milliards d’euros
pour les sociétés deeptech qui ont déjà
été financées en amorçage et en série
START-UP
French Tech : fort
ralentissement
des recrutements
en 2023
ÉCOSYSTÈME
Le taux d’embauche
dans les start-up
les plus matures
est passé de 45 à
20 % sur un an selon
une étude récente.
Un pourcentage qui
devrait se maintenir
en 2024.
Charlie Perreau
Deux sujets taraudent perpé-
tuellement les start-up : le
financement et le recrutement.
Et depuis 18 mois, c’est la crise
des deux côtés. Lever des fonds
devient de plus en plus difficile,
ce qui a conduit de nombreuses
start-up à réduire leurs effectifs,
en ne remplaçant pas les
départs, en mettant en place des
ruptures conventionnelles
collectives ou, cas plus rare, en
effectuant des plans de sauve-
garde de l’emploi (PSE).
Mais les embauches n’ont
pas totalement été mises en
pause. Selon Ravio, spécialiste
de la rémunération des start-up,
le taux d’embauche des start-up
européennes est passé de 60 %
en 2022 à 37 % en 2023. Le taux
d’embauche faisant référence
au nombre d’embauches sur
une période par rapport à
l’effectif moyen pendant cette
même période. « Les start-up
embauchent de manière beau-
coup plus “durable”. Les fonda-
teurs investissent plus de temps
en amont pour déterminer quels
rôles sont essentiels à leurs busi-
ness plans, et se concentrent sur
la rétention des talents », obser-
vent les auteurs de l’étude.
Moins de recrutements
de commerciaux
Ce sont les start-up les plus
matures (série C et plus) qui ont
enregistré la chute la plus forte
(-31 points en un an). « Les
budgets d’embauche des entre-
prises les plus matures ont proba-
blement été réduits en raison de
la diminution des valorisations
A », rappelle Michel de Lempdes.
« Si on n’arrive pas à les financer, ces
sociétés n’auront pas d’autre choix
que de trouver de l’argent aux Etats-
Unis, au Moyen-Orient ou en Asie. »
Pasqal, le leader français de l’ordi-
nateur quantique, en est l’illustra-
tion. La start-up a fait entrer
Temasek, le fonds souverain de
Singapour, et Wa’ed Ventures, le
fonds du géant du pétrole Aramco,
à son capital lors de son tour de
table de 100 millions d’euros.
Un autre point noir est la faiblesse
du financement de la recherche
fondamentale. La France consacre
2,2 % de son PIB à sa R&D, contre
2,9 % au Royaume-Uni, 3,1 % en
Allemagne et 3,4 % aux Etats-Unis,
selo n l ’O C D E . L e m a n q u e d e
moyens pousse des chercheurs à
partir à l’étranger pour poursuivre
leurs recherches et, parfois, y créer
leur start-up. « Un des sujets dont il
faut s’emparer en France, c’est : com-
ment on fait pour mieux financer la
R&D ? », explique Antoine Petit.
Peut-être en commençant par
accepter que les géants du capita-
lisme français puissent contribuer
boursières et la fermeture de la
fenêtre des introductions en
Bourse », est-il indiqué dans
l’étude.
La chute est un peu moins
forte chez les start-up françai-
ses. Selon les données collectées
par Ravio pour « Les Echos », le
taux d’embauche des start-up
tricolores est passé de 48,9 %
en 2022 à 30,1 % en 2023. Dans
le détail, le taux est passé de 64 à
47 % pour les start-up en série A
et B et de 45 à 20 % pour celles
ayant passé le stade de la série C.
Tous les profils ne sont pas
logés à la même enseigne. Les
commerciaux ont été les plus
touchés. Le taux d’embauche
de ces profils a perdu 34 points
sur un an pour atteindre 38 %.
« Les start-up ont énormément
recruté de commerciaux ces
dernières années, parfois trop »,
estime Gari Poniatowski, direc-
teur France de Ravio. Le taux
d’embauche des ingénieurs
s’est quant à lui stabilisé (34 %
en 2023, versus 39 % en 2022),
tout comme celui des profils
produit (38 % en 2023 et 42 %
en 2022). Selon un sondage
réalisé par Ravio, 55 % des
entreprises interrogées indi-
quent qu’elles maintiendront
leur effectif stable pour le pre-
mier semestre 2024. Seulement
20 % prévoient d’augmenter
leur effectif dans les six pro-
chains mois.
Les start-up européennes
restent attractives. D’après le
dernier rapport annuel du
fonds de capital-risque Ato-
mico, l’écosystème est passé de
700.000 à 2,3 millions de sala-
riés en cinq ans. n
55%
LA PART D’ENTREPRISES
qui ont indiqué qu’elles
maintiendront leur effectif
stable pour le premier
semestre 2024 (sondage
effectué par Ravio,
spécialiste de la
rémunération des jeunes
sociétés de la tech).
à c e f i na nc e m e n t ? E n débu t
d’année, LVMH (propriétaire du
groupe Les-Echos-Le Parisien) a
renoncé à installer un centre de
recherche en bordure de l’école
Polytechnique, un des gros pour-
voyeurs de cerveaux dans la deep-
tech, en raison de contestations
internes. Un an plus tôt, TotalEner-
gies avait aussi dû reculer.
Les associations de start-up sont
une vraie spécificité de la French
Tech. Elles sont très puissantes
dans des verticales comme la
finance (France Fintech), l’agricul-
ture (Ferme Digitale) ou la biotech
(France Biotech). Elles travaillent
souvent en bonne intelligence avec
France Digitale, qui est généraliste
et joue un rôle accru à Bruxelles, où
l’avenir de certaines start-up se
joue, comme dans l’intelligence
artificielle. France Deeptech veut se
consacrer, pour l’instant, au terrain
français mais a déjà des idées der-
rière la tête. « On peut, dans le futur,
répliquer ce modèle avec d’autres
pays européens. En tout cas, c’est une
ambition que nous avons », souligne
Michel de Lempdes. n

PME&REGIONS
Innovation : pour les PME,
l’enjeu clé du financement public
l La France est largement dotée en matière de financements et de soutien à la recherche et l’innovation.
l Les entreprises se les approprient plutôt bien, selon la nouvelle enquête du Comité Richelieu,
mais des points d’alerte apparaissent.
R&D
Valérie Landrieu
Mille ETI supplémentaires d’ici à la
fin du quinquennat ? L’innovation,
« mère des batailles » selon le minis-
tre délégué à l’Industrie, Roland
Lescure, est au cœur de l’objectif
d’Emmanuel Macron, sur fond de
réindustrialisation et de décarbo-
nation. Et le Comité Richelieu a bien
l’intention de maintenir sous ten-
sion le dossier du soutien des pou-
voirs publics. Cette association qui
porte depuis trois décennies la voix
des entreprises innovantes, en par-
ticulier celle des PME, vient de ren-
dre public, mercredi soir, sa derniè-
re enquête sur le sujet. « Un arsenal
en faveur de l’innovation est en place.
[…] Il doit faire face aux défis du mon-
de », prévient le document.
Jean Delalandre, le délégué géné-
ral du Comité, dit suivre « de près »
la question des délais de rembour-
sement du crédit impôt recherche
(CIR) et celle des contrôles fiscaux.
Avec 26.000 attributaires – à 80 %
des PME, qui captent seulement un
tiers des financements – et plus de
6,5 milliards d’euros d’argent public
sur la table, le CIR est en effet l’élé-
ment phare de l’arsenal progressi-
vement mis en place, en France,
pour les entreprises innovantes.
Il ouvre droit à un crédit d’impôt
sur les sociétés, et à un rembourse-
ment du crédit non imputé pour les
PME. Plus d’une entreprise sur
deux ayant des projets d’innovation
et ayant répondu à l’enquête du Co-
mité Richelieu menée avec le cabi-
net Sogedev, en est bénéficiaire
en 2023.
Booster de croissance
Depuis le pacte pour la compétitivi-
té, né en 2013 du rapport Gallois, le
réseau sonde régulièrement diri-
geants de start-up, de PME et d’ETI
sur leur connaissance et leur usage
des dispositifs de soutien nationaux
et européens. Cette année, leurs re-
tours sont globalement positifs,
même si label French Tech, nouvel-
les agences d’innovation, appels à
projets de France 2030, aides de
Bpifrance, mesures fiscales ou pro-
gramme Horizon Europe sont di-
versement employés.
Dans ce maquis, le CIR est identi-
fié cette année, pour la première
« Il est indispensable que les PME innovent »
Le soutien public
à l’innovation existe-t-il
de longue date en France ?
C’est historique. Les incitations fis-
cales à la recherche et au dévelop-
pement sont en place depuis plu-
sieurs décennies et ce financement
indirect a pris un poids énorme
pour les entreprises innovantes. Il
était à l’origine conçu pour attirer
les investissements internationaux.
Progressivement, les mécanismes
ont été aménagés pour qu’ils puis-
sent convenir aux PME et aux start-
up. Cependant, toutes les sources
de financement ne se valent pas. Les
incitations fiscales fonctionnent
pour des PME faisant de la R&D, ce
qui n’est pas accessible à toutes.
Est-ce un particularisme
national ?
Non. En 2022, 33 des 38 pays de
l’OCDE accordaient un traitement
fiscal préférentiel aux dépenses de
recherche et développement des
fois, comme booster de croissance
(9,4 % des réponses). « Grâce au
CIR, les salaires des ingénieurs fran-
çais sont très compétitifs en termes de
coûts par personne », fait valoir Phi-
lippe Notton, le patron de Sipearl,
une société des Yvelines (170 sala-
riés) qui conçoit des microproces-
seurs destinés aux supercalcula-
teurs européens et a aussi accès au
fonds French Tech Souveraineté.
Pourtant, regrette Olivier Schiller,
le patron de Septodont, ETI du sec-
teur médical (dans le Val-de-Marne)
dont 4 % des dépenses sont éligibles
au CIR, le dispositif est régulière-
ment raboté de façon insidieuse.
« Les règles d’amortissement chan-
gent », note le dirigeant, qui préside
aussi la commission fiscale du Meti,
le mouvement des entreprises de
taille intermédiaire. Ce n’est pas ce
qui retient le plus l’attention de
Charles-Edouard de Cazalet, le di-
recteur associé de Sogedev. Car l’étu-
de révèle cette année une hausse de
la crainte du contrôle fiscal en lien
avec l’utilisation d’un CIR. 5 % des di-
rigeants interrogés, soit 2 points de
plus qu’en 2022, ont renoncé à en bé-
néficier pour cette raison.
La crainte de « s’exposer »
« L’administration fiscale est de plus
en plus regardante et précise dans ses
analyses, et certaines entreprises pré-
fèrent ne pas s’exposer à un risque
qu’elles estiment ne pas savoir maî-
triser », résume cet expert. Les mê-
mes échos remontent du terrain
pour le crédit impôt innovation
(CII), une version simplifiée du CIR
et néanmoins cumulable, réservée
aux PME. En jeu : 8.500 entreprises
bénéficiaires, pour un financement
global de l’ordre de 300 millions
d’euros par an, et un potentiel de dé-
veloppement non négligeable puis-
que plus de 36 % des répondants de
l’étude ne le connaissent pas et que
seul un quart en bénéficie.
Le consultant Jean-Michel Bru-
neau, qui accompagne quelques-
unes de ces PME bénéficiaires au
sein de son cabinet, confirme : « J’ai
constaté depuis peu une recrudes-
cence des demandes d’information
de l’administration fiscale, alors qu’il
s’agit d’un dispositif déclaratif, qui, de
prime abord, n’exige pas de justifica-
tif. » Le crédit d’impôt innovation,
dont l’attrait était la simplicité, ne
risque-t-il pas de se complexifier,
s’interrogent déjà certains. « Il fau-
SANDRINE
KERGROACH
Economiste à l’OCDE
entreprises. C’est un mouvement
global : seuls 19 pays le pratiquaient
au début des années 2000.
L’innovation est-elle
une promesse de croissance
pour les PME ?
Pour croître, l’entreprise doit soit se
retrouver sur un marché qui subit
une poussée subite de la demande,
soit innover. Il est indispensable
que les PME innovent. On ne parle
pas uniquement d’innovation high-
tech, mais de toutes ses formes, et
notamment de digitalisation. Il est
nécessaire que les PME changent
leur process, la manière de conce-
voir leurs produits, la façon de con-
cevoir leurs services. L’OCDE a réa-
lisé un travail sur la question et les
dra alors que les entreprises se prépa-
rent davantage en amont pour que
les justificatifs correspondent aux at-
tentes de l’administration », avertit
Charles-Edouard de Cazalet.
Un guide de l’achat
Autre point de vigilance mis à jour
par l’étude : la relative inertie de la
commande publique innovante.
Certes, les achats de produits et ser-
vices qui permettent de déroger à la
règle de l’appel d’offres, pour des
montants inférieurs à 100.000 eu-
ros, progressent, mais la cadence
reste lente. 7,3 % des répondants
sont titulaires d’un marché de ce
type, contre 4,8 % en 2021. « C’est en-
core beaucoup trop faible, regrette
Jean Delalandre. On ne peut pas dire
que l’Etat ne mette rien en place,
mais, face aux dizaines de milliards
d’euros représentés, le défi reste en-
tier », insiste-t-il.
Pour le relever, le Comité Riche-
lieu mise sur l’acculturation des in-
conclusions étaient qu’il y avait un
effet positif, en particulier sur les
petites entreprises, qui investissent
alors davantage en R&D.
La croissance par l’innovation,
ce n’est donc pas
que la deeptech ?
L’image de la start-up hypertechno-
logique est prégnante, mais la ma-
jorité des entreprises à forte crois-
sance sont des entreprises matures,
« Les mécanismes
de financement
ont besoin
d’être appropriés
à la nature
de l’entreprise
et à son business
model. »
téressés. Le « Guide de la comman-
de publique innovante » publié par
la direction des affaires juridiques
de Bercy ne s’adressait jusqu’à pré-
sent qu’aux acheteurs publics. La
nouvelle version, en cours d’élabo-
ration au ministère, s’adressera
également aux chefs d’entreprise.
Elle sera disponible début 2024. n
Les chiffres clés
26.000
ENTREPRISES
Le nombre de bénéficiaires
du crédit impôt recherche.
80 %
La part des PME
dans ce nombre.
qui ont plus de six ans d’existence et
qui opèrent dans les secteurs tradi-
tionnels. La réalité est que si les
start-up ont plus de probabilités
d’être à forte croissance, elles ne
sont pas majoritaires.
Les mesures de soutien sont-
elles adaptées ?
La question qu’il faut poser aux
gouvernements est de savoir quels
sont les objectifs : investir sur une
poche de petites entreprises super
performantes, sachant qu’il est dif-
ficile d’identifier celles qui vont ga-
gner la course, ou prendre en comp-
te la catégorie d’entreprises moins
jeunes, qui ne font pas de la high-
tech, mais sont aussi très perfor-
mantes ? Ce ne sont ni les mêmes
problématiques, ni les mêmes poli-
tiques à mettre en œuvre. Les méca-
nismes de financement ont besoin
d’être appropriés à la nature de l’en-
treprise et à son business model.
— Propos recueillis parV. L.
Jeudi 30 novembre 2023 Les Echos
Comment le Grand Est
veut « transformer »
les entreprises
L’agence d’innovation
du Grand Est s’appuie
sur un réseau d’entrepri-
ses qui servent d’intermé-
diaires entre la recherche
académique et le monde
économique.
Bénédicte Weiss
— Correspondante à Strasbourg
Passer d’une relation bilatérale à
un rapport tripartite entre recher-
che académique, industrie et en-
treprises « offreuses de solution »
jouant le rôle d’intermédiaire. C’est
ce à quoi s’emploient depuis 2020
la région Grand Est et son agence
d’innovation et de prospection in-
ternationale, Grand E-Nov +. Le
but : accompagner les entreprises
du territoire dans leur « transfor-
mation » en matière numérique,
d’industrie du futur 5.0, d’environ-
nement et de santé. « Peu d’entre-
prises savent utiliser directement les
connaissances issues de la recher-
che académique. Ajouter un inter-
médiaire qui intègre les nouvelles
connaissances permet de déployer
des solutions opérationnelles chez
l’utilisateur », expose Mathieu Ver-
mel, directeur général adjoint
chargé de l’attractivité à la région.
Circuit court
Le dispositif, baptisé « Grand Est
transformation », commence par
un diagnostic portant « sur des
problématiques stratégiques telles
que l’énergie, l’approche numéri-
que ou la stratégie à l’export, expli-
que Franck Leroy, président de la
région Grand Est. Il s’agit de les
embarquer dans un processus sur
mesure et non plus sur un catalo-
gue d’aides traditionnel. » Une fois
le diagnostic réalisé, les quelque
450 entreprises « offreuses de so-
26
lution » recensées par Grand E-
Nov + dans la région prennent le
relais. La réponse est élaborée au
cas par cas, dans une logique de
circuit court pour favoriser les re-
tombées économiques. « Des en-
treprises ignorent qu’elles dispo-
sent d’apporteurs de solutions à
quelques kilomètres de chez elles »,
souligne Franck Leroy.
Récemment, le fabricant de
briques Wienerberger, dans le
Bas-Rhin, a amélioré son proces-
sus de contrôle qualité grâce à la
société Aprex, en Meurthe-et-
Moselle, tandis que la coopérative
agricole Vivescia, dans la Marne,
propose un diagnostic carbone
simplifié à ses coopérateurs grâce
à la start-up MyEasyFarm instal-
lée dans le même département.
« Quand il y a un trou dans la ra-
quette pour répondre à des besoins,
Grand E-Nov + identifie les acteurs
en France ou ailleurs pour attirer
ces compétences sur le territoire »,
déroule Mathieu Vermel.
« Grand Est transformation » a
remplacé la soixantaine de dispo-
sitifs auparavant proposés dans
une logique de guichet. La consti-
tution des ressources techniques
par Grand E-Nov + nécessite un
budget annuel d’environ trois mil-
lions d’euros, auxquels s’ajoutent
cinq millions pour l’accompagne-
ment des entreprises. Enfin, la
concrétisation des projets est fi-
nancée à hauteur de 45 millions
d’euros par an, sur la base d’avant-
projets détaillés. Ces montants
sont supérieurs à ceux octroyés
par le passé et pourraient encore
s’accroître. « Nous ne nous satisfai-
sons plus du simple remplissage
d’un dossier, souligne Nicolas Car-
boni, directeur général de Grand
E-Nov +. Nous sommes entrés dans
une réalité opérationnelle. » n
27 Les Echos Jeudi 30 novembre 2023
Airseas
doit se
recapitaliser
d’urgence
PAYS DE LA LOIRE
L’entreprise nan-
taise, qui développe
des cerfs-volants
pour cargos,
intéresserait
des acquéreurs
étrangers.
Emmanuel Guimard
— Correspondant à Nantes
La France saura-t-elle conser-
ver Airseas, l’un des pionniers
de la propulsion vélique ? Cette
société nantaise, qui développe
des kites, ou cerfs-volants
géants et automatisés pour
tracter les navires, doit impéra-
tivement boucler avant la fin
décembre la levée de fonds « de
quelques dizaines de millions
d’euros » sur laquelle elle tra-
vaille depuis des mois. Cette re-
capitalisation pourrait, si elle
aboutit, prendre la forme d’un
rachat de la start-up qui em-
ploie 140 salariés, principale-
ment à Nantes.
Airseas, dont le seul client est
la compagnie japonaise K Line
(Kawasaki Kisen Kaisha), sem-
ble toutefois pouvoir intéresser
un acquéreur étranger, selon
Vincent Bernatets. Mais cela
compromettrait certainement
son projet industriel sur le terri-
toire. L’entreprise envisageait
en effet de construire une usine
totalisant 1.000 emplois, un ter-
rain ayant été réservé « à quinze
minutes au sud de Nantes »,
pour une unité fabriquant les
voiles de kites et l’autre des équi-
pements de ponts.
Base d’essais au Maroc
« Airseas existe depuis plus de
sept ans et a développé une tech-
nologie de rupture au prix de
beaucoup d’efforts », explique
Vincent Bernatets, rappelant
les 9 brevets internationaux dé-
posés, l’implantation récente
d’une base d’essais sur la côte
Atlantique du Maroc, et surtout
les 20 mois de test en vol dyna-
mique. « A la suite de ces tests,
nous avons encore un an et demi
à deux ans de travail pour affiner
le logiciel permettant d’aller
chercher les performances requi-
ses », explique le dirigeant, issu
d’Airbus. C’est a priori ce délai,
ainsi que le caractère très nova-
teur de la technologie, qui re-
froidirait les investisseurs.
A l’issue de sa campagne d’es-
sais, sur le roulier « Ville de Bor-
deaux » de Louis Dreyfus Ar-
mateurs (LDA), affrété par
Airbus, Airseas estime que ses
cerfs-volants permettent une
réduction initiale de 16 % en
moyenne de fuel et d’émissions
associées pour les cargos. Les
20 % semblent atteignables, se-
lon son dirigeant, ce qui semble
intéressant pour les navires
existants, en rétrofit. Il se trouve
cependant qu’Airbus a deman-
dé au même LDA de construire
et exploiter trois nouveaux rou-
liers véliques, dont le premier
doit entrer en service à partir
de 2026. Mais plutôt que des ki-
tes, ces futurs navires seront
chacun équipés de six rotors
Flettner, des turbines éoliennes.
Les investisseurs paraissent
donc préférer d’autres techno-
logies, comme en témoigne la
récente levée de 19 millions
d’euros conclue par Ayro, le
fournisseur des ailes du cargo
« Canopée ».
La start-up espagnole
Bound4blue, qui développe des
a i l e s a s p i r a t r i c e s , a l e vé
22,4 millions cet été, notam-
ment auprès du français GTT.
En avril, c’est la finlandaise Nor-
sepower qui levait 28 millions
pour ses rotors auprès, notam-
ment, du fonds à impact Miro-
va, un autre acteur français. n
Z-Air veut « démocratiser le ciel »
avec son AirScooter contrôlé par l’IA
/ INNOVATEURS
Paul Molga
— Correspondant à Marseille
L’inventeur Franky Zapata, rendu
célèbre par son survol des Champs-
Élysées sur son Flyboard Air lors du
défilé militaire du 14 juillet 2019,
n’entend pas laisser lui échapper le
marché du transport volant indivi-
duel. Il inaugura ces jours-ci, en
fonction de la météo à Châteauneuf-
les-Martigues (Bouches-du-Rhô-
ne), le premier vol public de son
AirScooter, un nouvel engin aérien
qui veut, selon ses termes, « démo-
cratiser le ciel ».
L’appareil a fait sensation sur scè-
ne lors du dernier Salon VivaTech
en juin. Il se présente sous la forme
d’un gros drone doté de huit pâles
surmontant un cockpit monoplace.
Dans cette bulle vitrée, deux joys-
ticks permettent de piloter l’aéro-
nef : l’un à gauche pour changer de
direction, l’autre à droite pour pren-
dre de l’altitude ou redescendre.
L’ordinateur de bord gère tous les
réglages aéronautiques grâce à une
intelligence artificielle brevetée. En
cas de problème technique, l’IA re-
prend le contrôle pour atterrir en
toute sécurité.
L’engin n’a rien d’un jouet : il peut
s’élever jusqu’à 3.000 mètres d’alti-
tude et se déplacer à une vitesse de
Recyclage : Green Dot implante une usine à Béthune
HAUTS-DE-FRANCE
Le recycleur allemand
s’installe dans
l’ex-usine Bridgestone
pour y traiter
les déchets.
Olivier Ducuing
— Correspondant à Lille
Green Dot implante sa première usi-
ne française de recyclage plastique
au cœur de l’ancienne usine Brid-
gestone de Béthune. L’opérateur, né
de la privatisation de l’organisme de
recyclage Grüne Punkt en Allema-
gne, s’installera sur 24.000 m2 dans
le Pas-de-Calais, au prix d’un inves-
Les Granions d’Olyos à la conquête de l’Amérique
PACA
L’acquisition
d’un spécialiste
des compléments
alimentaires
aux Etats-Unis
ouvre les portes
de ce marché
au laboratoire
de Sophia Antipolis.
Vincent-Xavier Morvan
— Correspondant à Nice
Au cuivre, au fer, au zinc, aux vita-
mines… Les célèbres Granions, ces
médicaments et compléments ali-
100 km/h grâce à un moteur hybri-
de, lui aussi breveté, qui stabilise le
vol avec ses batteries embarquées.
« Avec cette innovation, nous utili-
sons mille fois moins de puissance
que les engins concurrents », assure
Franky Zapata, président-fonda-
teur de Z-Air. Il autorise une con-
ception très légère : l’ensemble pèse
tissement annoncé de 30 millions
d’euros. Green Dot compte deux usi-
nes outre-Rhin spécialisées en recy-
clage mécanique, et réalise un chif-
fre d’affaires de 400 millions d’euros
avec 550 salariés.
A Béthune, la société compte dé-
ployer un procédé chimique, en lien
avec d’autres industriels de la pétro-
chimie, pour redonner vie au plasti-
que sous forme de nouveaux poly-
mères vierges. Cette technique
permet de valoriser des plastiques
de qualité médiocre qui auraient
terminé à l’incinération. Avec un in-
térêt environnemental fort : pour
produire une tonne de polyéthylène
basse densité (LDPE), l’impact est
évalué à 2,5 tonnes de CO2, contre
6 tonnes pour le plastique issu du
mentaires à base d’oligo-éléments
produits à Annemasse, en Haute-
Savoie, débarquent aujourd’hui
aux Etats-Unis avec le lancement
sur Amazon d’une gamme de dou-
ze références.
Le marché local des complé-
ments alimentaires, le premier au
monde, est estimé à 50 milliards
d’euros, dont 10 milliards d’euros
uniquement via le géant de l’e-com-
merce. Si la spécialité vedette d’EA
Pharma, PME de Mougins située
sur la technopole de Sophia Anti-
polis, dans les Alpes-Maritimes,
traverse ainsi l’Atlantique, c’est grâ-
ce au rachat de W Group, qui lui
sert d’appui pour la vente en ligne.
Basé à Londres, cet acteur des
compléments alimentaires n’opère
qu’aux Etats-Unis, avec un chiffre
à peine 110 kg – quasiment huit fois
moins que les appareils les plus per-
formants du marché – et offre jus-
qu’à deux heures d’autonomie.
Grâce à ce design, AirScooter est
classé dans la catégorie des ultralé-
gers qui bénéficient de facilités de
vols dans plusieurs pays : pas de li-
cence de pilote ni de formation
pétrole. Autre avantage : les poly-
mères ainsi recréés peuvent être uti-
lisés pour des usages de film alimen-
taire ou en contact avec la peau.
Implantation de Mecaware
L’entreprise évoque une ouverture
dès le premier semestre 2025, avec
une capacité de 17.000 tonnes qui
pourrait par la suite être portée à
90.000 tonnes. Elle doit créer
50 emplois dans les trois ans, 80 à
terme. Selon Frank Bénichou, vice-
président France de Green Dot, le
choix de Béthune tient à la présence
locale d’une forte filière plasturgiste
et du pôle de compétitivité TEAM2
sur l’économie circulaire, mais aus-
si à sa situation géographique au
centre d’une diagonale stratégique.
d’affaires de 6 millions d’euros sur
Amazon. L’acquisition s’effectue
par le rachat de la majorité des
parts, pour un montant non com-
muniqué.
40 % à l’international
EA Pharma, qui appartient au
fonds d’investissement Motion
Equity Partners, en profite pour se
doter d’une structure groupe. Avec
pour nom commercial Olyos
Group, elle chapeaute, outre EA
Pharma et W Group, deux entrepri-
ses rachetées récemment : Drasan-
vi, basée à León, en Espagne, et Star-
dea, à Parme, en Italie. Au total,
Olyos Group compte quelque
450 employés, dont une centaine au
siège de Mougins. « EA Pharma
était au départ un acteur franco-
L’engin se présente comme un drone à 8 pâles
surmontant un cockpit monoplace. Photos Z-Air
longue. On embarque dans l’appa-
reil comme sur un deux-roues. L’in-
venteur le destine donc au marché
des loisirs, en attendant une hypo-
thétique libéralisation du ciel à des
fins de transport individuel en ville.
Un premier Flight Center récréatif
ouvrira en mai à Lake Havasu City,
près de Las Vegas, pour commer-
cialiser des vols de découverte.
L’indien TVS Motor
au capital
Franky Zapata ne veut pas répéter
l’erreur qui l’a conduit à vendre, de-
puis 2011, près de 15.000 Flyboard –
ce tuyau souple relié à un jet-ski
pour évoluer dans l’air au-dessus
d’un plan d’eau – sans toucher le
moindre dividende sur leur exploi-
tation touristique. Après le lance-
ment de ce premier centre, il fran-
chisera donc des opérateurs qui
achèteront les engins – environ
150.000 euros l’unité – et lui verse-
ront des royalties. Son entreprise Z-
Air, qui les produit près de Mar-
seille, espère en écouler un millier
par an d’ici à 2027.
Pour financer ces technologies
qui ont réclamé plus de deux ans de
travaux à une équipe de 30 person-
nes, Franky Zapata a ouvert son ca-
pital en 2020 au family office du
champion de la tech allemand Lu-
« Nos clients sont au Havre ainsi que
sur la zone Anvers-Rotterdam », pré-
cise-t-il. L’aménagement du site
sera opéré avec SIG, la filiale du lo-
gisticien Log’s chargée de la revitali-
sation de l’usine. Elle a, du reste, lan-
cé la création d’un port privé à
l’arrière de l’usine, pour 7 millions
d’euros, afin de se doter d’un quai
fluvial de 100 mètres linéaires.
SIG a signé en parallèle une se-
conde implantation, celle du lyon-
nais Mecaware. Ce spécialiste du re-
73 %
Le taux d’occupation du site.
français. Ces dernières années, nous
nous sommes d’abord renforcés en
Europe du Sud, puis nous avons lan-
cé notre business en Chine via l’e-
commerce, le deuxième marché
mondial pour les compléments ali-
mentaires. Il restait un levier, c’était
de mettre un pied aux Etats-Unis »,
justifie Thierry Verne, PDG d’EA
Pharma depuis 2020.
Sous sa houlette, le groupe a con-
nu une croissance fulgurante. Le
chiffre d’affaires a presque triplé,
passant de 40 millions d’euros en
2019 à 110 millions d’euros cette an-
née. La croissance est pour moitié
externe et pour moitié organique,
avec des progressions à deux chif-
fres sur les trois dernières années.
2023 devrait se clore sur une
croissance organique de plus de
PME & REGIONS
kasz Gadowski, cofondateur de De-
livery Hero, à hauteur de 10 mil-
lions. Un second tour de table a fait
entrer cet été le producteur indien
de 2 roues TVS Motor Company,
pour un montant non divulgué.
Outre les Etats-Unis, Z-Air vise
l’ouverture de centres au Brésil, en
Chine et dans les pays du Golfe où la
réglementation est adaptée. En
Inde, son nouveau partenaire négo-
cie avec le gouvernement pour
ouvrir le ciel des villes du pays le
plus peuplé de la planète. n
Il a dit
« Avec cette innova-
tion, nous utilisons
1.000 fois moins de
puissance que les
engins concurrents. »
FRANKY ZAPATA
Président et fondateur de Z-Air
cyclage des batteries en fin de vie, en
extrait les métaux rares, avec une
technologie disruptive. Elle ne re-
quiert ni acide ni énergie et ne pro-
duit pas d’effluents. Mecaware a
déjà déployé un pilote à Villeurban-
ne (Rhône). Elle prend un bail pour
étendre sa nouvelle unité sur
2,7 hectares. Elle débutera par un pi-
lote semi-industriel dès 2025 avant
de passer au stade industriel
fin 2027. Mecaware annonce la
création d’une centaine d’emplois à
l’échéance 2026.
Avec l’implantation en 2022 du
fabricant de pneus reconditionnés
Black Star, le site est désormais oc-
cupé à 73 %. Et 94 % des 863 ex-sala-
riés de Bridgestone ont retrouvé
une activité ou une formation. n
20 %. EA Pharma revendique dé-
sormais une place dans le Top 10
des laboratoires de compléments
alimentaires en France aux côtés de
multinationales comme Procter &
Gambleou Bayer. Avec cette politi-
que offensive, le groupe réalise dé-
sormais 40 % de son chiffre d’affai-
res à l’international.
Sa marque vedette, Laboratoire
des Granions, créée à Monaco en
1948, pèse aujourd’hui près de
60 millions d’euros de chiffre d’af-
faires. Olyos Group opère aussi
avec les marques Labcatal, Stardea,
EA Fit ou Drasanvi. Pharmacies et
parapharmacies représentent 70 %
des ventes, contre 20 % pour l’e-
commerce et 10 % pour la distribu-
tion spécialisée et les ventes aux
clubs de sport. n

FINANCE&MARCHES
Tensions sur les augmentations
de salaires dans les banques
l Les discussions sont déjà terminées
chez BNP Paribas et Crédit Mutuel.
l Elles bloquent chez Société
Générale et commencent à peine
dans la branche Crédit Agricole.
BANQUE
Romain Gueugneau
Le cycle des négociations salariales
(NAO) pour 2024 se poursuit dans
la banque, sur fond d’inflation per-
sistante et de pression sur les coûts.
Entamé en septembre, il devrait se
terminer en début d’année pro-
chaine, avec la fin des discus-
sions au Crédit Agricole et à La Ban-
que Postale. Mais il semble d’ores et
déjà acquis que ce millésime sera
moins généreux que l’année précé-
dente. Ce qui donne lieu à des négo-
ciations plus tendues entre les
directions des banques et les orga-
nisations syndicales (OS).
En témoigne la deuxième réu-
nion qui a eu lieu lundi dernier chez
Société Générale. Les propositions
faites par la direction de la banque
ont largement déçu du côté des
représentants du personnel.
Le compte n’y est pas
Alors que les syndicats avaient col-
lectivement plaidé pour une aug-
mentation générale collective de
6 %, accompagnée d’une prime de
partage de la valeur d’au moins
2.000 euros, le groupe, qui met en
avant un contexte économique dif-
ficile, offre pour l’instant une
hausse de 2 % pour les salaires jus-
qu’à 45.000 euros annuels, et de 1 %
jusqu’à 60.000 euros, et limite la
prime de partage de la valeur (PPV)
à 800 euros.
Pour la CFDT, la CGT et le SNB, le
compte n’y est pas. Ils demandent à
la direction de la banque de revoir
sa copie pour la troisième et der-
nière réunion prévue lundi
4 décembre.
La tension est également palpa-
ble du côté des Caisses d’Epargne
(groupe BPCE). L’ultime réunion de
négociation est prévue ce jeudi,
mais elle pourrait déboucher sur
un constat de désaccord entre syn-
dicats et direction, selon des sour-
ces syndicales. Les OS espéraient
obtenir au moins autant que leurs
cousins des Banques Populaires, où
les NAO se sont conclues en octobre
par une augmentation générale col-
lective de 2,5 % pour les bas salaires
(jusqu’à 30.000 euros), et des haus-
ses plus limitées pour les tranches
suivantes, ainsi que l’octroi d’une
PPV minimum de 500 euros, qui
pourra gonfler selon les Banques
Climat : Société Générale renonce à un label prestigieux
BANQUE
La banque française
et trois autres banques
auraient renoncé cette
année à faire certifier
leurs objectifs climati-
ques par SBTi, une
organisation d’experts
soutenue par
les Nations unies.
Marion Heilmann
C’est un mauvais signal à la veille de
l’ouverture de la COP28 à Dubaï.
Quatre banques dont Société Géné-
régionales. « Il pourrait ne rien y
avoir du tout à l’issue de ces négocia-
tions », alerte un dirigeant syndical,
alors que de nombreuses Caisses
d’Epargne voient leurs résultats
financiers plombés par la hausse
des taux. En cas d’échec, de nouvel-
les négociations pourraient avoir
lieu dans les différentes Caisses
régionales.
Chez BNP Paribas, faute d’accord
à l’issue des NAO terminées fin
octobre, ce sont des mesures unila-
térales qui vont être appliquées :
une augmentation générale de
1,15 % jusqu’à 60.000 euros de rému-
nération (contre + 3 % l’an dernier),
et d’au moins 0,8 % pour les salaires
plus importants, assortie d’une
prime de partage de la valeur de
1.000 euros.
Dans ce contexte difficile, Crédit
Mutuel Alliance Fédérale se distin-
gue à nouveau cette année, avec des
mesures qui font du groupe l’un des
mieux-disants au sein de la profes-
sion. L’accord signé la semaine der-
nière avec trois organisations syn-
dicales représentatives garantit une
augmentation générale de 2,2 %
(avec un plancher de 1.000 euros
annuel), une prime de 3.000 euros
et une enveloppe correspondant à
2 % de la masse salariale pour les
augmentations individuelles.
« Ce sont des mesures de très
bon niveau et en cohérence avec le
contexte socio-économique actuel »,
considère Daniel Baal, le directeur
général du groupe.
Le modèle
Crédit Mutuel
Les salariés de la branche Crédit
Agricole aimeraient pouvoir s’en
inspirer. Lors de la première réu-
nion des NAO, organisée mardi, le
SNECA, première organisation syn-
dicale de la branche, a plaidé, entre
autres, pour le versement d’une
prime équivalente de 3.000 euros.
« Les caisses régionales se rappro-
chent en tout point du Crédit Mutuel,
avec une activité de banque de détail
opérée dans un cadre mutualiste »,
ont déclaré ses représentants des
salariés. « Nos performances finan-
cières sont aussi (si ce n’est plus) soli-
des que celle de leur concurrent ».
Les dirigeants de la Fédération
du Crédit Agricole ont pour l’ins-
tant refusé le versement de toute
prime pour 2023. Une nouvelle réu-
nion de négociation aura lieu en
janvier. n
rale et la britannique HSBC
auraient renoncé au cours de
l’année écoulée à se faire certifier
par l’initiative Science Based Tar-
gets (SBTi), selon Reuters.
Cette initiative soutenue par les
Nations unies examine les objectifs
climatiques que se fixent les entre-
prises ainsi que leurs engagements
et les met en rapport avec les études
scientifiques pour s’assurer qu’elles
soient alignées avec les objectifs de
l’Accord de Paris, soit un réchauffe-
ment de la planète limité à 1,5 °C. La
SBTi a ainsi certifié les objectifs
d’émissions de près de 4.000 entre-
prises dans le monde.
Selon des sources citées par Reu-
ters, les banques redoutent que leur
Les salariés de Crédit Mutuel se verront octroyer une augmentation générale de 2,2 % et une prime de 3.000 euros. Photo Shutterstock
AXA propose une enveloppe en hausse de 3,6 %
L’assureur propose
pour ses salariés en France
une augmentation collective
de 1,6 % pour les cadres et
de 2,1 % pour les non-cadres,
plus des mesures individuel-
les. Allianz France et Société
Générale Assurances
sont aussi en négociation.
Amélie Laurin
Les élus du personnel d’AXA res-
tent sur leur faim. Pour ses quel-
que 22.000 salariés en France, le
géant de l’assurance a proposé
lundi une hausse de l’enveloppe
globale des rémunérations de
3,6 % pour 2024, a appris « Les
Echos » de sources concordantes.
C’est insuffisant pour les syndi-
cats, qui souhaitent des revalorisa-
tions supérieures à l’inflation.
« Nous ne voulons pas que l’hémor-
ragie sur les salaires continue,
déclare Hugues Bouchez coordi-
nateur syndical national CFDT
chez AXA. Pour cela, il faut des aug-
mentations générales, hors mesures
individuelles, au moins égales à
l’inflation ». Pour cette année, la
compagnie table sur une hausse
des prix à la consommation de
engagement avec la SBTi n’entrave
leurs capacités à financer les éner-
gies fossiles. D’autres s’inquiètent
de la difficulté de répondre à ses exi-
gences en matière de fixation des
objectifs d’émissions de CO2.
Une position plus robuste
Un porte-parole de Société Géné-
rale a déclaré que la banque fran-
çaise s’était engagée à fixer ses
objectifs en matière d’émissions
conformément à la méthodologie
de la Net Zero Banking Alliance
(NZBA). Tout comme la néerlan-
daise ABN Amro et la britannique
Standard Chartered.
La NZBA est l’alliance des ban-
ques pour le climat lancée lors de la
3,9 %. A fin octobre, elle s’établis-
sait à 4 % sur un an, selon l’Insee.
La direction d’AXA propose
pour les cadres une augmentation
collective de 1,6 % avec un plafond
à 900 euros par an, et des revalori-
sations individuelles égales à 2 %
de la masse salariale. Pour les non-
cadres, l’augmentation indivi-
duelle atteindrait 2,1 % avec un
plancher à 720 euros (contre
1.200 euros l’an dernier), et des
mesures individuelles de 1,5 % en
moyenne. « Il y a encore une marge
de manœuvre. La direction devrait
faire une contre-proposition, avec
un effort sur les augmentations
générales et les plafonds, avance
Gilles Delage, coordinateur syndi-
cal national CFE- CGC. Nous
demandons une enveloppe globale
en hausse de 5,2 % ».
L’exemple de BNP Paribas
Lors de la dernière négociation
annuelle obligatoire (NAO) chez
AXA, dont les mesures sont
entrées en vigueur au 1er janvier
dernier, l’enveloppe globale avait
atteint 5 %, mais n’avait pas com-
pensé l’inflation de 2022. Celle-ci
atteignait 6,2 % au moment des
discussions, et finalement 5,2 % en
COP26. De nombreuses institutions
financières y avaient alors adhéré et
signé des objectifs de zéro émission
net de CO2 en 2050. Mais lorsque
l’alliance a commencé à émettre des
recommandations plus précises
sur la sortie des énergies fossiles, les
banques américaines ont menacé
d’en sortir et l’alliance a dû revoir ses
ambitions à la baisse. Aucune ban-
que américaine ne fait partie de
la SBTi.
« SBTi travaille sur une position
assez robuste sur le pétrole et le gaz et
pourrait bientôt exiger un arrêt de
l’expansion fossile, explique Lucie
Pinson, la directrice de l’ONG
Reclaim Finance, qui participe à
l’initiative. Par ailleurs, c’est un cadre
Jeudi 30 novembre 2023 Les Echos
fin d’année. AXA, qui ne fait pas de
commentaires avant la fin des
négociations, s’appuie sur l’exem-
ple de BNP Paribas pour justifier
sa politique auprès des élus. Faute
d’accord des syndicats, la direction
de la banque a décidé d’attribuer
unilatéralement 700 ou 800 euros
par an et par salarié, soit une aug-
mentation qui démarre à 1,15 % ou
0,9 %, selon le niveau de salaire.
Mais d’autres compagnies
d’assurances sont déjà mieux-di-
santes que les 3,6 % d’AXA. Chez
Groupama-GAN, les rémunéra-
tions vont croître de 4,5 % en
moyenne l’an prochain, avec 3 %
de majoration générale et 1,5 % de
mesures individuelles. En revan-
che, pour les caisses régionales de
Groupama, qui vont chacune
mener leur propre négociation,
seule une revalorisation minimale
de 2 % est pour le moment actée.
Chez Allianz France, où une der-
22.000
SALARIÉS
Les effectifs d’AXA
dans l’Hexagone.
beaucoup plus strict que celui de la
NZBA, qui n’édicte que des recom-
mandations et non des exigences, et
qui laisse une grande marge de
manœuvre aux établissements
financiers. »
« Bombe climatique »
Selon elle, s’ils veulent être certifiés
SBTi, les établissements financiers
pourraient devoir arrêter de finan-
cer des entreprises qui développent
de nouveaux projets fossiles, c’est-à-
dire la plupart des majors comme
TotalEnergies, par exemple. Parmi
les banques françaises qui ont
adhéré à la SBTi, Crédit Agricole a
déclaré y rester attaché. BNP Pari-
bas ne fait pas de commentaire sur
28
nière réunion est prévue la
semaine prochaine, l’enveloppe
atteint à ce stade 3,8 %, selon nos
informations. La compagnie pro-
pose 2,5 % de hausse pour les salai-
res inférieurs à 40.000 euros, et
1,3 % de mesures individuelles.
Question sur la « prime
Macron »
Selon les syndicats, Allianz attend
de savoir s’il est possible de verser
une nouvelle « prime Macron »
cette année, après celle de
début 2023. La loi sur le « partage
de la valeur », adoptée le 22 novem-
bre, prévoit que les entreprises
puissent verser ce bonus défisca-
lisé deux fois par an. La société ne
souhaite pas commenter sa NAO
pour le moment.
Du côté de Société Générale
Assurances, le dialogue social est
tendu. La direction a relevé mardi
à 1,5% sa proposition de hausse des
salaires, avec un plancher de
800 euros par an et une enveloppe
individuelle de 2,2 %, selon plu-
sieurs sources. Cela ne satisfait pas
l’intersyndicale CGT, CFDT, Unsa
qui avait appelé à la grève mi-no-
vembre. La filiale de Société Géné-
rale ne fait pas de commentaires. n
son statut. Si les établissements
financiers commencent à arrêter de
financer spécifiquement les nou-
veaux projets pétroliers, et parfois
gaziers, ils sont encore loin de cou-
per leurs financements généraux
aux majors. Leur argument étant
que celles-ci participent à la transi-
tion climatique puisqu’elles déve-
loppent des projets d’énergies
renouvelables.
124 ONG ont appelé SG à se désen-
gager de son mandat de banque
conseil sur le projet gazier de Total-
Energies au Mozambique, consi-
déré comme une « bombe climati-
que ». Des militants du collectif
StopTotal veulent manifester jeudi
devant le siège de la banque. n
29 Les Echos Jeudi 30 novembre 2023
Crédit immobilier : le taux
plafond franchit la barre des 6 %
CRÉDIT
Le taux d’usure,
ce taux au-delà duquel
les banques n’ont pas
le droit de prêter,
atteint 6,11 % pour
les prêts de plus de
vingt ans en décembre.
Un niveau inédit
depuis plus dix ans.
Marion Heilmann
La barre des 6 % est franchie. Pour
la première fois depuis plus de dix
ans, le taux d’usure, ce taux plafond,
tous frais compris, au-delà duquel
les banques n’ont pas le droit de prê-
ter, atteindra 6,11 % au mois de
décembre pour les prêts immobi-
liers de 20 ans et plus, selon le
« Journal Officiel » paru mercredi.
Le taux d’usure est ainsi passé de
3,57 % en janvier à 6,11 % en moins
d’un an, soit une hausse spectacu-
laire de 2,54 points, qui suit la ten-
dance du marché et l’augmentation
des taux de la Banque centrale
européenne (BCE).
Pour mieux accompagner la
remontée fulgurante des taux des
crédits immobiliers, qui sont
Porté par la hausse des taux, N26 veut
diviser ses pertes par deux en 2023
BANQUE
La néobanque
allemande a dévoilé
mercredi une perte
nette de 213 millions
d’euros au titre
de l’exercice 2022.
Elle vise la « renta-
bilité mensuelle
globale » au second
semestre 2024.
Thibaut Madelin
La hausse des taux de la Banque
centrale européenne (BCE) profite
à N26. La néobanque allemande a
dévoilé mercredi une perte nette de
213 millions d’euros au titre de
l’exercice 2022, mais annoncé une
division par deux de son déficit
pour 2023, notamment grâce aux
dépôts de ses clients qui génèrent
des revenus d’intérêt en forte
actuellement proches de 4 %, les
autorités avaient décidé de procé-
der à une révision mensuelle et non
plus trimestrielle du taux d’usure
depuis le mois de février. Cela a eu
pour effet « de limiter le nombre de
dossiers refusés à cause d’un dépas-
sement de ce taux plafond, ce qui est
très positif », estime Julie Bachet,
directrice générale du courtier
Vousfinancer.
Sur le papier, rien n’impose cette
mensualisation au-delà de décem-
bre. D’une part, l’écart entre les taux
nominaux proposés par les
banques et le taux d’usure paraît
aujourd’hui suffisamment élevé.
D’autre part, entre la pause dans la
remontée des taux de la BCE et le gel
du taux du Livret A, le coût des res-
sources des banques semble s’être
stabilisé.
Proposer des conditions
« plus favorables »
Selon Julie Bachet, ce qui est encore
plus positif, « c’est le retour des ban-
ques sur le marché qui, à ce niveau de
taux, peuvent à nouveau prêter tout
en dégageant de la rentabilité sur les
crédits accordés ».
Depuis la rentrée, les courtiers
ont ainsi commencé à constater le
retour des banques, qui avaient levé
le pied pendant un moment sur le
crédit immobilier. Et, bonne nou-
velle pour les emprunteurs, ils com-
hausse. La banque en ligne, qui
compte 8 millions de clients sur
24 marchés européens, gère 8 mil-
liards d’euros de dépôts, soit l’équi-
valent de 1.000 euros par client.
Il y a encore deux ans, ces dépôts
lui coûtaient de l’argent, avec les
taux négatifs de la BCE. Aujour-
d’hui, ils lui rapportent potentielle-
ment 4 %.
Vent porteur
« Qui dit hausse des dépôts clients, dit
pour N26 une augmentation de ses
activités de trésorerie puisqu’elle pro-
fite largement de la hausse des taux
d’intérêt en tant que banque pleine-
ment agréée », indique la fintech. Les
revenus d’intérêt représentaient
25 % des revenus globaux en 2021,
30 % en 2022 et ils doivent grimper à
40 % en 2023.
Un phénomène qui porte
d’autres néobanques, profitant de la
hausse des taux pour placer leurs
dépôts sans être aussi impactées
que les banques de détail tradition-
nelles par un portefeuille de prêts
accordés historiquement à des taux
mencent déjà à remarquer quel-
ques baisses sur les taux proposés
par les établissements financiers.
« Nous observons au mois de décem-
bre que le marché immobilier conti-
nue d’évoluer, avec notamment une
volonté claire des banques de propo-
ser des conditions plus favorables »,
explique Pierre Chapon, cofonda-
teur de Pretto. « Le financement n’est
donc plus le principal problème d’un
marché de l’immobilier encore
grippé », juge même le courtier en
ligne.
La production de crédit immobi-
lier poursuit pourtant sa baisse,
puisqu’elle est tombée à 9,2 mil-
liards d’euros en septembre, hors
renégociations, contre 9,9 milliards
en août, selon les dernières statisti-
ques de la Banque de France. De
nombreux courtiers, dont certains
manifestaient de nouveau devant la
Banque de France à Paris mardi
dernier, à l’appel de l’Union des
intermédiaires de crédit (UIC),
réclament donc encore un assou-
plissement des critères d’octroi de
crédit, qui limitent à 35 % le taux
d’endettement et à vingt-cinq ans la
durée du prêt.
Ces règles sont édictées par le
Haut Conseil de stabilité financière
(HCSF), qui doit se réunir lundi.
Lors de sa dernière réunion, en sep-
tembre, quelques ajustements
mineurs avaient été effectués au
très bas. En France, Qonto bénéficie
lui aussi de ce vent porteur.
Cette manne intervient à point
nommé pour N26, qui continue à
faire l’objet d’une surveillance ren-
forcée par le superviseur allemand
(BaFin). Pour mettre à niveau son
dispositif en matière de lutte contre
le blanchiment, la société a investi
plus de 80 millions d’euros dans la
conformité en 2022, en étroite colla-
boration avec les autorités.
Cet investissement a contribué à
la perte nette de 213 millions d’euros
en 2022, mais ils ne devraient pas se
reproduire en 2023. Cet effet de
base, couplé à la hausse des revenus
d’intérêt et des commissions liées
aux nouvelles offres, devrait per-
mettre de réduire la perte nette à
environ 100 millions d’euros cette
année, selon la néobanque.
Nouveaux produits
Cette dynamique va se poursuivre
l’année prochaine. La rivale berli-
noise du britannique Revolut
annonce déjà que « la rentabilité
mensuelle globale sera atteinte au
bénéfice des investisseurs locatifs.
Mais les courtiers attendent à pré-
sent un réel assouplissement des
critères d’octroi.
Des « normes obsolètes »
à moderniser
« Les normes obsolètes imposées par
le HCSF doivent être modernisées »,
estime notamment le courtier
Capfi. Ces règles « bloquent des
Français pourtant solvables et finan-
çables, et pénalisent l’ensemble des
projets, l’ensemble des profils, quelle
que soit la géographie concernée »,
juge également Meilleurtaux, dans
une lettre envoyée il y a deux semai-
nes aux parlementaires.
De son côté, la Banque de France
semble renvoyer la balle dans le
camp des établissements finan-
ciers. Il y a quelques semaines, son
gouverneur François Villeroy de
Galhau demandait ainsi à « mieux
suivre » leurs taux de refus de prêt,
afin de s’assurer que les banques
continuent de remplir leur mission
de financement de l’économie.
Si le ministre des Finances,
Bruno Le Maire, s’était déclaré en
septembre en faveur d’un tel assou-
plissement des règles, il est resté
discret sur le sujet ces dernières
semaines. Farouche opposant à un
relâchement général, le gouver-
neur n’a toutefois pas fermé la porte
à des « ajustements techniques ». n
second semestre 2024 ». De quoi
réveiller potentiellement ses velléi-
tés d’introduction en Bourse, mises
en sommeil depuis plusieurs mois.
Pour cela, la banque en ligne
étoffe sa gamme, notamment pour
ses 2,5 millions de clients en France,
qui disposent désormais d’un IBAN
français.
« Nous allons accélérer notre déve-
loppement comme banque princi-
pale en 2024, en leur proposant des
produits d’épargne et d’investisse-
ment », se réjouit Jérémie Rosselli,
directeur général de N26 pour la
France et le Benelux.
En ligne de mire, un compte
rémunéré, à l’instar de ce que fait
déjà N26 en Allemagne ou en Espa-
gne avec des comptes à terme
rémunérés entre 2,16 % et 2,6 %.
Autre axe de développement : les
cryptos. La banque en ligne suit
ainsi Revolut, qui a lancé cette
année en France une alternative au
Livret A avec un produit d’investis-
sement misant sur les fonds moné-
taires, et qui propose déjà des
cryptoactifs à ses clients. n
FINANCE & MARCHES
Comment BPCE
gère la billetterie
des Jeux
Olympiques
de Paris 2024
PAIEMENT
Le groupe bancaire
est l’unique opéra-
teur chargé de la
commercialisation
des billets pour
les Jeux Olympiques
et Paralympiques
de Paris 2024.
Il va piloter ce jeudi
la mise en vente de
400.000 nouveaux
billets, grâce à des
infrastructures de
paiement dédiées.
Romain Gueugneau
Les fans de sport sont dans les
starting-blocks. Ce jeudi, à
10 heures, le comité d’organisa-
tion des Jeux Olympiques et
Paralympiques (COJOP) met en
vente 400.000 nouveaux billets
pour Paris 2024, pour tous les
sports olympiques ainsi que
pour la cérémonie d’ouverture.
C’est l’une des dernières occa-
sions de se procurer des billets
pour l’évènement, qui aura lieu
du 26 juillet au 11 août, alors que
7,2 millions de billets ont déjà
été vendus lors de différentes
phases sur un total de 10 mil-
lions prévus pour les Jeux
Olympiques (et 13 millions en
incluant les Paralympiques).
Les précieux sésames ris-
quent de partir très vite, en
quelques minutes à peine pré-
voient les organisateurs, les
premiers arrivés étant les pre-
miers servis. Chez BPCE, on est
prêt à relever le défi. Le groupe
bancaire, qui chapeaute les
Banques Populaires et les Cais-
ses d’Epargne, est l’unique ges-
tionnaire de la billetterie pour
Paris 2024.
Précieux sésames
Partenaire premium de l’évène-
ment, au même titre qu’Orange,
EDF ou LVMH (propriétaire des
« Echos »), il a déjà opéré les dif-
férentes phases de vente orga-
nisées en février, en mai, en
juillet, et depuis le mois d’octo-
bre pour les Jeux Paralympi-
ques (2,8 millions de billets
prévus).
« C’est un projet unique. C’est
tout simplement la plus grande
billetterie au monde qu’il a fallu
mettre sur pied en quelques
mois », indique Yves Tyrode,
directeur général Digital & Pay-
ments chez BPCE.
Le groupe mutualiste tra-
vaille sur ce projet depuis près
de deux ans. En mars 2022, le
COJO lui attribue, après s’être
assuré qu’il en était capable, la
gestion de toutes les opérations
liées à la vente des billets. Lors
des précédents JO, différents
prestataires étaient mobilisés
pour réaliser les ventes dans
différents pays.
300 billets par seconde
Pour Paris 2024, le premier défi
a donc été de pouvoir mettre en
place un système capable de
fonctionner dans 178 pays, avec
cinq opérateurs de paiement
différents : Visa, Mastercard,
CB, Union Pay (Chine) et JCB
(Japon). Autre contrainte : être
capable de tenir le rythme de
300 billets vendus par seconde.
En réalité, le pic de ventes n’a
jamais dépassé 30 transactions
par seconde.
« Le cahier des charges était
très lourd. On partait un peu
dans l’inconnu. Mais c’était aussi
l’occasion pour BPCE de changer
d’échelle », explique Yves
Tyrode. Passé notamment par
Voyages-sncf.com avant d’inté-
grer la banque, le dirigeant
avait toutefois l’expérience des
opérations de ventes massives
de billets à l’occasion des
départs en vacances.
Pour réussir sa mission, le
groupe a mobilisé, depuis dix-
huit mois, une équipe d’une cin-
quantaine de salariés, mêlant
des compétences techniques,
opérationnelles, ou encore des
experts de la lutte contre la
fraude. Lors de chaque phase
de vente, une petite partie de
l’équipe rejoint une cellule de
crise, formée d’une dizaine de
personnes, avec des membres
du COJO et d’Eventeam, l’édi-
teur des billets, pour veiller
au bon fonctionnement des
transactions.
Changer de dimension
BPCE s’est également appuyé
sur les infrastructures de sa
filiale spécialisée dans le paie-
ment Payplug, qu’il a fait migrer
dans le cloud pour gagner en
agilité et mieux répondre aux
pics de charge, en mobilisant
les capacités informatiques en
fonction des besoins.
Au total, ce sont près de
800.000 transactions qui sont
passées par les systèmes de
BPCE, sans incident particulier
à ce stade. Le groupe annonce
fièrement « un taux d’accepta-
tion de 96 %, supérieur à la
moyenne du marché de 90 % ».
Le géant bancaire espère
faire fructifier l’héritage que
laisseront les JO pour conti-
nuer à croître dans les paie-
ments et séduire de nouveaux
clients. « Un projet comme
Paris 2024 nous fait clairement
changer de dimension, compte
tenu des exigences en termes de
volumétrie, de qualité de servi-
ces, et de capacité à délivrer par-
tout dans le monde », assure
Yves Tyrode.
En attendant, pas question
de relâcher les efforts, car le
marathon de la billetterie n’est
pas tout à fait terminé. Après la
vente de ce jeudi, une nouvelle
opération de revente et
d’échange des billets déjà
acquis est d’ores et déjà prévue
en avril 2024. n
Les chiffres clés
13
MILLIONS DE BILLETS
sont prévus au total pour
les Jeux Olympiques
et Paralympiques 2024.
7,2
MILLIONS DE BILLETS
ont d’ores et déjà été
vendus sur les 10 millions
édités pour les JO.
96 %
LE TAUX
D’ACCEPTATION
des transactions qui sont
passées par les systèmes
de BPCE (800.000
sans incident particulier
à ce stade). La moyenne
du marché est de 90 %.
FINANCE & MARCHES
COP28 : les fonds souverains tentent
de recycler l’argent du pétrole pour le climat
l Les fonds d’investissement étatiques souhaitent s’impli-
quer davantage dans la lutte contre le réchauffement
climatique, enjeu de la COP28 qui s’ouvre ce jeudi à Dubaï.
l Ils commencent à investir significativement
dans les énergies renouvelables, mais ils ne sont pas
encore tous prêts à abandonner le pétrole.
INVESTISSEMENT
Nessim Aït-Kacimi
Parmi les 100.000 participants
qu’accueillera à compter de ce jeudi
la Conférence de Dubaï sur les
changements climatiques, ou
COP28, figureront en bonne place
les représentants de tous les grands
fonds souverains de la planète. La
communauté internationale attend
des annonces comme l’élargisse-
ment du fonds pour le climat, sou-
tenu par 25 pays et qui dispose déjà
de 9 milliards de dollars.
Cela fait plusieurs années que les
fonds souverains étatiques sont
mobilisés pour relever le grand
défi, à la fois économique et géopo-
litique, du réchauffement climati-
que. C’est notamment le cas des ins-
titutions assises sur les plus grosses
réserves d’énergies fossiles. Cet
engagement favorise l’amélioration
de l’image d’Etat pollueur sans
scrupule qu’ont les pays du Golfe.
Les fonds pétroliers (Norvège et
pays du Golfe) gèrent à eux seuls
autour de 6.000 milliards de dollars
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de capitaux, soit plus de la moitié
des actifs des fonds souverains. Ils
sont chargés d’investir, diversifier et
faire fructifier une partie de la
manne pétrolière et gazière de leur
pays. Ils souhaitent commencer à
transformer leur « or noir » en « or
vert ». Les trois quarts des fonds
souverains ont ainsi intégré le
changement climatique dans leur
politique d’investissement, selon le
sondage du Forum international
des fonds souverains (IFSWF)
auprès de 48 de ses membres.
L’implication de leurs Etats dans
des manifestations internationales
comme la COP a joué un rôle
moteur dans le « verdissement » de
leur gestion.
Dans son rapport annuel,
Hamed Ben Zayed Al-Nahyane, le
dirigeant du plus grand fonds sou-
verain d’Abu Dhabi, Adia (853 mil-
liards de dollars), a rappelé que
l’accent mis par son fonds sur les
questions environnementales est
« étroitement aligné sur la position
des Emirats arabes unis, hôtes de
l’édition 2023 » de la COP28. Trois
semaines avant ce grand rendez-
vous, Adia a organisé une confé-
se
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Khatia Buniatishvili, Verbier Festival 2013
rence sur les enjeux de la transition
ve r s d e s é c o n o m i e s à f a i b l e
empreinte carbone grâce aux éner-
gies renouvelables.
Dialogue plus que sanctions
Mais au-delà des déclarations
d’intention, l’intégration des ris-
ques climatiques dans la gestion
des fonds souverains n’en est, dans
la pratique, qu’à ses balbutiements.
Seulement un fonds sur dix a com-
mencé à retirer de son portefeuille
les entreprises qui ne font pas assez
d’efforts pour l’environnement et la
lutte contre le réchauffement
climatique.
Depuis 2016, le fonds norvégien a Stand.earth, les fonds souverains
par exemple exclu progressive- ne sont toujours pas sortis des éner-
ment les producteurs de charbon gies fossiles. La majorité des
de son portefeuille. En revanche, 1.600 institutions qui se sont enga-
il continue à investir dans les gran- gées dans une telle voie sont des
des compagnies pétrolières organisations religieuses, des fon-
comme Shell ou ExxonMobil. Elles dations, des ONG ou encore des
représentaient ainsi 4 % de son fonds de pension.
portefeuille boursier au premier Les fonds d’investissement étati-
semestre. ques, eux, préfèrent encourager
Le plus grand fonds souverain au une gestion financière plus ver-
monde fait figure d’exception. tueuse et soucieuse de minimiser
Selon la base de données de l’ONG son effet climatique. Ils œuvrent en
contre le changement climatique coulisse en dialoguant avec les
entreprises plutôt que de les dénon-
cer sur la place publique en mena-
çant de vendre leurs participations.
Le fonds norvégien a toutefois
expliqué qu’en cas d’échec du dialo-
maison habile. crédits photo : Nicolas Brodard
gue, il pourrait sanctionner les
entreprises en les excluant de son
portefeuille dès 2024.
De son côté, China Investment
Corp (CIC), le deuxième plus grand
fonds souverain au monde, celui de
.
Le fonds de Dubaï rêve de jouer
dans la cour des grands
Frappé de plein fouet par
la crise de 2008 et l’éclate-
ment de la bulle immobi-
E lière à Dubaï, le 11e plus
TAIR
grand fonds souverain
au monde dispose d’un
portefeuille de 313 milliards
d’euros et d’une situation
financière assainie.
Moins riche en pétrole et en gaz que
ses voisins d’Abu Dhabi ou du Qatar,
Dubaï, où se tient la COP28 du
30 novembre au 12 décembre, dis-
pose d’un fonds souverain, l’Invest-
ment Corporation of Dubai (ICD),
qui n’en est pas moins au 11e rang
mondial des fonds d’investissement
étatique.
Doté de 313 milliards d’euros (au
premier semestre), il est aussi très
important à l’échelle du pays : il
représente un peu plus des trois
quarts du produit intérieur brut de
Dubaï. Il doit contribuer au succès
du plan d’investissement à 10 ans de
2.200 milliards d’euros des Emirats
arabes unis (EAU), en attirant les
capitaux étrangers et notamment
ceux des autres fonds souverains de
la planète (partenariats, coentrepri-
ses…).
Ce holding détient et gère les par-
ticipations de l’Etat, essentielle-
ment majoritaires (Emirates dans
l’aérien et ENOC dans le pétrole)
dans tous les grands groupes du
pays (banque, énergie, matières
premières, transports, services
aéroportuaires, immobilier, tou-
*Les émotions du classique à la demande risme, centre de congrès, duty free).
Le secteur financier (banques,
Bourse de Dubaï) représente les
deux tiers de ses actifs et près des
trois quarts de ses revenus cette
Jeudi 30 novembre 2023 Les Echos
la Chine, semble pour le moment
très peu impliqué sur la question du
climat. Celle-ci apparaît très secon-
daire derrière ses objectifs finan-
ciers et stratégiques : investir à
l’étranger dans des secteurs clefs
pour Pékin, comme les matières
premières, les infrastructures ou la
technologie.
Début de la transition
Signe que les pratiques commen-
cent à évoluer, le rapport sur les
fonds souverains du IE Center for
t h e g ove r n a n c e o f c h a n g e , à
Madrid, souligne qu’entre 2022 et
mars 2023, les nouveaux investisse-
ments de ces fonds dans le secteur
de l’énergie l’ont été exclusivement
dans les renouvelables (solaire,
éolien, hydrogène, géothermie…).
Les fonds ont aussi accru et élargi
leur périmètre d’investissement :
recyclage, véhicules électriques,
agritech, stockage de l’énergie… Au
année grâce à la hausse des taux. Le
fonds a été porté par une croissance
de 3,6 % au premier semestre à
Dubaï, 7 fois supérieure à celle de la
France (+0,5 %). Il a dégagé un béné-
fice de 7 milliards d’euros, en hausse
de 91 %. S’il maintient ce rythme
durant la seconde partie de l’année,
il enregistrera un exercice record.
Hormis en 2020, le fonds a été
bénéficiaire depuis 2018 en engran-
geant entre 2 et 9 milliards d’euros
par an. Ces trois dernières années,
les dividendes retirés de ses inves-
tissements dans le gaz et le pétrole,
comme l’Emirates National Oil
Company, ont représenté 29 % de
ses revenus.
Au premier semestre,
le fonds a dégagé
un bénéfice de
7 milliards d’euros,
en hausse de 91 %.
Hormis en 2020,
le fonds a été
bénéficiaire
depuis 2018
en engrangeant
entre 2 et 9 milliards
d’euros par an.
De manière encore minoritaire,
le fonds investit aussi hors des EAU,
notamment en Chine, en Inde ou
encore au Montenegro (marina
pour yachts). Il reste positionné
essentiellement sur les actions,
cotées ou non, et s’est diversifié dans
30
total, ils ont investi en 15 mois près
de 9 milliards de dollars dans ces
secteurs à faible ou nulle empreinte
carbone, et notamment aux Etats-
Unis. Ce montant est en augmenta-
tion, mais il ne représente que 0,1 %
du total de leurs capitaux. La transi-
tion des portefeuilles vers l’ESG est
un phénomène de long terme qui
n’en est qu’à ses débuts.
A en juger par les performances
des fonds anglo-saxons (Nouvelle-
Zélande, Australie…) et de Singa-
pour (GIC et Temasek), qui comp-
tent parmi les investisseurs les plus
engagés sur les risques environne-
mentaux (réchauffement, pollu-
tion…), une approche plus respon-
sable de l’investissement ne
pénalise pas la performance. Leurs
rendements annuels moyens de
long terme (20 ans) sont parmi les
plus élevés au monde. Ceux de
Temasek et du fonds néo-zélandais
dépassent les 9 %. n
la dette privée (non notée) et les
infrastructures. Sur les 140 pages de
son rapport annuel, seules six sont
consacrées à l’ESG (investisse-
ments selon des normes environne-
mentales, sociales et de gouver-
nance). La COP28 qui se tient à
Dubaï le verra peut-être afficher
davantage d’ambitions dans sa con-
tribution à la lutte contre le réchauf-
fement climatique.
Lancé deux ans avant la grande
crise financière de 2008, le fonds
ICD avait commencé à bénéficier du
transfert des participations majori-
taires et minoritaires de l’Etat, pour
les gérer plus efficacement. L’éclate-
ment de la bulle immobilière à
Dubaï en 2008 et 2009 entraîna de
grandes difficultés financières pour
les trois holdings qui à l’époque
géraient les participations de l’Etat,
ICD, Dubai Holding et surtout
Dubai World (DW).
Ce dernier s’est retrouvé au bord
de la faillite du fait de ses investisse-
ments dans l’immobilier, fragilisé
par la chute des prix et des années
de crédit bon marché. Incapable de
rembourser une dette de 59 mil-
liards de dollars, DW obtint un
moratoire sur sa dette alors qu’ICD
fut secouru par un prêt d’urgence de
4 milliards de dollars. Aujourd’hui,
le fonds s’est diversifié sur de nom-
breux secteurs et il n’est plus à la
merci d’une bulle immobilière. A la
différence des autres pays, l’immo-
bilier continue de s’envoler à un
rythme effréné. Les prix ont bondi
de plus de 50 % en août dernier sur
un an, selon le site Arabianbusi-
ness, qui pointe les achats massifs
réalisés par les étrangers.
— N. A.-K.
31 Les Echos Jeudi 30 novembre 2023
Warren Buffett perd son alter ego,
Charlie Munger
l Le vice-président de Berkshire Hathaway était âgé
de 99 ans et a travaillé jusqu’à son dernier souffle.
l Son associé, le PDG Warren Buffett, 93 ans, lui survit.
l Il a déjà désigné son propre successeur, Greg Abel.
HEDGE FUNDS
Solveig Godeluck
— Bureau de New York
Il y a l’oracle d’Omaha, Warren Buf-
fett, le fameux investisseur que les
actionnaires écoutent religieuse-
ment, chaque année, lorsqu’il livre
ses réflexions sur l’état des mar-
chés. Et puis il y avait Charlie Mun-
ger, l’associé, l’alter ego et le com-
plice en investissement de Warren
Buffett. Il vient de s’éteindre à
99 ans, mardi, dans un hôpital de
Californie.
Charlie Munger laissait volon-
tiers le devant de la scène à son asso-
cié. Mais cet investisseur surdoué,
dont la fortune personnelle est esti-
mée à 2,5 milliards de dollars, a tra-
vaillé jusqu’à son dernier souffle
aux côtés du PDG de Berkshire
Hathaway, en tant que vice-prési-
dent de ce holding.
« L’abominable homme
du non »
Les deux hommes l’ont construit
patiemment à partir de 1962, en
commençant par investir dans une
société de textile du Massachusetts,
dont les usines ont fermé, puis en se
diversifiant tous azimuts. Le parti
pris des deux hommes, investir à
long terme dans des entreprises
dont l’activité est compréhensible
Un adepte des petites phrases chocs
Le complice de la première
heure de Warren Buffett
est décédé mardi. Sans lui,
les assemblées générales
de Berkshire Hathaway
perdront de leur sel.
Bastien Bouchaud
Le grand public connaît surtout
Warren Buffett. Mais durant les
assemblées générales de leur con-
glomérat, Berkshire Hathaway, les
rires étaient le plus souvent réser-
vés aux réparties pleines d’humour
de Charlie Munger. « Berkshire
Hathaway n’aurait pas pu devenir ce
qu’il est aujourd’hui sans l’inspira-
tion de Charlie, sa sagesse et sa contri-
bution », a salué Warren Buffett
dans un communiqué de presse
laconique annonçant le décès de
son fidèle bras droit, qui l’a accom-
pagné ces 45 dernières années.
L’oracle d’Omaha saluait réguliè-
rement les apports de Charlie Mun-
ger à sa philosophie d’investisse-
ment. « Le plan qu’il m’a donné était
simple : oublie ce que tu sais sur
l’acquisition de belles entreprises à
des prix exceptionnels ; achète plutôt
des entreprises exceptionnelles à un
bon prix », expliquait Warren Buf-
fett dans sa lettre aux actionnaires
de Berkshire en 2015.
Investissement dans BYD
« Prenez une idée simple mais prenez
la au sérieux », insistait Charlie
Munger. C’est notamment lui qui a
convaincu Warren Buffett d’acqué-
rir le confiseur See’s Candy Shops
au début des années 1970, alors que
le président de Berkshire Hathaway
estimait le prix trop élevé. Cet inves-
tissement de 25 millions de dollars
s’est révélé l’un des plus rentables
du conglomérat, générant plus de
2 milliards de dollars de profits
dans les décennies suivantes.
Pour le vice -président de
Berkshire Hathaway, il était tout
aussi important de bien identifier
par le commun des mortels, leur a
bien réussi.
B e r k s h i r e H a t h aw ay v a u t
785 milliards de dollars en Bourse.
La société investit aussi bien dans
Coca-Cola que dans le pétrole (Che-
vron, Oxy) ou la finance (American
Express, Bank of America), et un
peu moins dans la technologie, à
l’exception notable d’Apple. Le titre
du holding a crû de 68 % depuis
2019.
Diplômé d’Harvard,
il avait toujours
voulu devenir riche.
Envoyer des factures
d’avocat était trop
dégradant à son goût.
Warren Buffett surnommait son
compère « l’abominable homme du
non », car c’était l’une des rares per-
sonnes capables de critiquer son
jugement et de s’opposer à certains
investissements. Avec son humour
mordant, Charlie Munger aimait
répondre de façon lapidaire aux
questions des actionnaires lors des
assemblées générales, où Warren
Buffett mettait les formes et prenait
le temps. Les propos de cet admira-
teur de Benjamin Franklin ont été
consignés dans un « Almanach du
pauvre Charlie », clin d’œil à
les bonnes opportunités d’investis-
sement que d’oser miser à fond sur
elles, lorsqu’elles se présentaient.
« Il y a deux types d’erreurs : 1) ne
rien faire, ce que Warren appelle
« sucer son pouce », et 2) acheter
avec des pincettes ce que nous
devrions acquérir en masse », expli-
quait-il.
Alors que Warren Buffett a tou-
jours préféré les investissements
« value » ou décotés, Charlie Mun-
ger l’a poussé à investir dans de nou-
velles technologies. Notamment
dans le fabricant chinois de batte-
ries électriques BYD dès 2008. Le
conglomérat avait alors pris une
participation d’un peu plus de 20 %
pour 230 millions de dollars. La
société est aujourd’hui valorisée
plus de 80 milliards de dollars,
après avoir atteint 140 milliards en
juin 2022. Entre-temps, Berkshire
Hathaway a vendu une partie de ses
actions, et ne détient plus que 8 %
du capital.
Mais il savait également se mon-
trer très critique à l’égard de certai-
l « Dire que la
comptabilité des
[produits] dérivés
en Amérique
est un égout
est une insulte
aux eaux usées. »
l « Je préférerais
jeter une vipère
dans ma chemise
que d’engager
un consultant en
rémunération. »
l’œuvre du père fondateur des
Etats-Unis. Ce livre est devenu un
best-seller international.
Charlie Munger était originaire
d’Omaha comme son associé, et
c’est ainsi qu’ils se sont rencontrés.
Il a d’abord été météorologue dans
l’Air Force, avant de rentrer à Har-
vard. Doté de ce diplôme, il a pu
monter un cabinet d’avocat. Mais
cette occupation ne payait pas
assez : il avait toujours voulu deve-
nir riche. Envoyer des factures était
trop dégradant à son goût.
Greg Abel en pole position
Warren Buffett a perdu son âme
sœur, mais le nonagénaire a révélé
le nom de son successeur il y a déjà
deux ans. S’il décède ou s’il prend sa
retraite – il n’en est pas question
pour l’instant –, le nouveau PDG
sera l’actuel vice-président Greg
Abel.
Ce successeur désigné est un
Canadien âgé de 61 ans, qui a
d’abord travaillé comme compta-
ble chez PwC, avant de rejoindre un
producteur d’électricité géother-
male dont il est devenu le patron et
qui a été absorbé par Berkshire
Hathaway. Greg Abel a participé à
plusieurs grosses opérations dans
le secteur énergétique de 2008 à
2018 – le rachat de NV Envergy et
d’Altalink –, puis il a été chargé de
superviser l’ensemble des activités
hors assurance. n
nes innovations, en particulier
financières. Le trading de produits
dérivés ? « Une mascarade de
casino », estimait-il en 2015. « Ils
pensent qu’ils font de la gestion de ris-
que mais ils feraient passer les pseu-
do-médecins pour des gens bien »,
ajoutait-il. « Dire que la comptabilité
des dérivés en Amérique est un égout
est une insulte aux eaux usées », cin-
glait-il.
Le bitcoin, « un poison
nauséabond »
Même si, selon lui, « le capitalisme
sans échec c’est comme une religion
sans enfer », il n’était pas avare de
remontrances sur les excès du sys-
tème. En 2000, alors que Warren
Buffett avait pris son temps pour
expliquer pourquoi il estimait que
la spéculation était allée trop loin en
pleine bulle Internet, son bras droit
avait résumé sa pensée en quelques
mots assassins : « Lorsque vous
mélangez des raisins secs et des
étrons, à la fin, vous avez toujours des
étrons. » Quatre ans plus tard, inter-
rogé sur la manière dont Berkshire
fixait la rémunération de ses cadres
exécutifs, Warren Buffett avait pris
cinq minutes pour détailler sa
réponse. Charlie Munger avait sim-
plement répondu : « Je préférerais
jeter une vipère dans ma chemise que
d’engager un consultant en rémuné-
ration. »
Ces dernières années, il réservait
ses remarques les plus acerbes aux
cryptomonnaies. Il a notamment
comparé le bitcoin à « un poison
nauséabond », à « de la mort-aux-
rats » ou encore à « une activité
d’escroc ». En pleine débâcle de la
plateforme FTX à la suite de mal-
versations commises par son fon-
dateur Sam Bankman-Fried, il avait
estimé que les cryptomonnaies
étaient « en partie de la fraude et en
partie du fantasme ». « C’est un mau-
vais combo, et le fantasme est peut-
être plus extrême que la fraude »,
avait-il conclu. n
FINANCE & MARCHES
en bref
Apple veut
mettre fin à son
partenariat avec
Goldman Sachs
BANQUE Apple va mettre fin
à son partenariat en matière
de carte de crédit avec la ban-
q u e d ’a f f a i r e s G o l d m a n
Sachs, a rapporté mardi le
«Wall Street Journal », au
moment où le géant bancaire
américain se désengage du
marché des prêts à la con-
sommation. La firme techno-
logique californienne a
envoyé une proposition à
Goldman Sachs pour une fin
dans 12 à 15 mois du contrat
les unissant, fait savoir le
quotidien new-yorkais citant
des personnes proches du
dossier.
Le superviseur
alerte sur les faux
placements
ÉPARGNE L’ACPR, le supervi-
seur français des banques et
des assurances, a mis en
garde les épargnants mer-
credi contre la multiplication
de faux placements proposés
par des escrocs usurpant
l’identité de Barclays, Bourso-
rama (BoursoBank) et Revo-
lut. Les victimes répondent à
des publicités sur les réseaux
sociaux ou des sites destinés à
collecter les données person-
nelles, proposant des place-
ments à des taux supérieurs à
ceux du marché, a détaillé
l’Autorité de contrôle pruden-
tiel et de résolution. Elles sont
Berkshire Hathaway, dont Charlie Munger était vice-président, ensuite démarchées par télé-
vaut 785 milliards de dollars en Bourse. Photo Rick Wilking/Reuters phone et par courriel.
Conférence
ESG
Auditorium du Groupe
Les Echos-Le Parisien
10, boulevard de Grenelle
Paris 15e
L’ESG, AU CŒUR DES
ENJEUX DE VALEUR(S)
Nombre de
14 déc. 2023 places limité
de 18h15 à 21h30
Rémi Berteloot,
Charlotte Bancilhon, directeur du pôle fonds de
directrice ESG M&A, Deloitte capital-développement, Bpifrance
Rodolphe Delacroix,
Candice Brenet,
directeur expert rémunération et
responsable sustainability, Ardian
actionnariat-salarié, Alixio
Alexis Dupont, Sandra Lagumina,
directeur général, France Invest senior partner, Argos Wityu
INSCRIPTION SUR
https://www.capitalfinance-evenements.com/
conference-esg-2023
En partenariat avec
Partenaire institutionnel
FINANCE & MARCHES Jeudi 30 novembre 2023 Les Echos 32

séAncE du 29 - 11 - 2023 A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année

euronext CaC 40 : 7267,64 (0,24 %) neXt 20 : 10788,82 (0,87 %)

CaC larGe 60 : 7831,51 (0,28 %)
CaC all-tradaBle : 5399,51 (-0,26 %)
Date De ProroGation : 22 DécemBre
civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres a pour les capitalisations
supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et c pour les capitalisations inférieures
à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice
CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates.

CAC 40 srD suite Valeurs françaises srD suite Valeurs françaises

Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER
ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
air liQuiDe (AI) R a 174,12 173,76 - 0,34 + 31,24 l'oréal (OR) R a 431,85 431,85 + 0,27 + 29,45 GensiGHt (SIGHT) g B 0,512 0,518 - 0,39 - 84,59 roBertet s.a. (RBT) B 758 756 - 0,26 - 9,68
423279 175 + 8,44 175 267351 434,8 +10,57 442,6 99309 0,538 +16,54 3,796 119 763 - 1,82 928
FR0000120073 15/05/23 2,95 523.743.727 173,46 + 25,22 133,34 1,7 FR0000120321 26/04/23 6 535.997.107 430,25 + 24,27 334,3 1,39 FR0013183985 65.309.073 0,495 - 85,3 0,38 FR0000039091 29/06/23 8,5 2.167.745 755 - 9,24 753 1,12
airBus GrouP (AIR) R a 134,48 135,56 + 0,74 + 22,1 3,4 micHelin (ML) a 30,45 30,84 + 2,42 + 18,68 GerarD Perrier (PERR) B 98,8 100 + 1,22 + 10,62 ruBis (RUI) G a 22,12 22,16 - 9,92
914186 136,78 + 8,48 138,76 39,93 1519198 30,94 +11,14 30,94 283 100 +11,11 113 DiV 2 28/07/17 70588 22,28 +11,69 27,14
NL0000235190 25/04/23 1,53 790.459.434 134,32 + 24,16 111,68 1,33 FR001400AJ45 17/05/23 1,25 178.530.450 30,44 + 16,64 25,6 14,59 FR0000061459 19/06/23 2,15 3.973.148 97,8 + 19,62 84 2,15 FR0013269123 13/06/23 1,92 103.195.172 22,1 - 8,81 19,63 8,66
alstom (ALO) R a 11,76 11,495 - 3,57 - 49,63 oranGe (ORA) R a 11,302 11,258 - 0,41 + 21,3 GetlinK (GET) LR a 16,61 16,745 + 0,63 + 11,82
3343025 11,865 - 4,76 28,41 4377399 11,348 + 2,25 11,874 sartorius steD. Bio. (DIM) G a 199,8 207,5 + 4,14 - 31,4
562747 16,815 +12,8 17,255 DiV 6 10/05/16 72384 207,5 +25,34 358,8
FR0010220475 17/07/23 0,25 384.291.068 11,495 - 53,2 11,03 2,18 FR0000133308 05/06/23 0,4 2.660.056.599 11,198 + 14,36 9,289 3,55 FR0010533075 30/05/23 0,5 550.000.000 16,605 + 5,28 14,2 2,99
arcelormittal (MT) R a 22,43 22,83 + 1,29 - 7,1 PernoD-ricarD (RI) R a 158,3 155,75 - 1,46 - 15,24 FR0013154002 30/03/23 1,44 92.180.190 199,8 - 34,27 160,55 0,69
3056829 23,105 + 8,35 30,515 626414 159,35 - 5,61 218 Gl eVents (GLO) g B 18,24 18,64 + 2,19 + 14,64
11996 18,66 +20,88 23,8 saVencia (BH) B 53,8 54 + 0,37 - 7,53
LU1598757687 13/11/23 0,17 852.809.772 22,42 - 11,99 19,912 FR0000120693 24/11/23 2,64 255.631.733 154,9 - 16,69 154,9 1,7 84 54 - 3,57 64
FR0000066672 03/07/23 0,35 29.982.787 18,24 + 23,77 15,18 1,88
aXa (CS) R a 28,355 28,44 - 0,14 + 9,15 PuBlicis GrouPe (PUB) R a 75,68 77,28 + 2,25 + 30,06 FR0000120107 15/05/23 1,3 14.032.930 53,8 - 3,05 51,4 2,41
2388249 28,615 + 3,59 30,34 570701 77,28 + 6,77 77,94 Graines Voltz (GRVO) c 29,1 29,5 + 1,38 - 60,67
FR0000120628 08/05/23 1,7 2.255.151.383 28,215 + 3,97 24,6 5,98 FR0000130577 03/07/23 2,9 268.723.468 75,5 + 22,67 59,48 3,75 12339 29,7 +24,74 79 scor (SCR) G a 28,95 28,58 - 1,48 + 32,99
FR0000065971 29/03/22 2 1.480.265 29 - 61,69 20,6 293641 29,02 + 5,81 31,42
BnP PariBas (BNP) R a 56,1 56,92 + 0,78 + 6,89 renault (RNO) R a 35 35,825 + 2,28 + 14,55 FR0010411983 30/05/23 1,4 179.362.195 28,41 + 55,37 19,015 4,9
1440565 57,13 + 4,12 67,02 1032856 36,225 +10,42 43,96 GrouPe crit (CEN) g B 69,2 68,4 - 1,72 + 12,13
FR0000131104 22/05/23 3,9 1.147.477.409 56,01 + 6,25 47,02 6,85 FR0000131906 17/05/23 0,25 295.722.284 34,93 + 6,05 31,185 0,7 538 69,6 + 9,27 83,4 seB (SK) G a 103 104,6 + 1,26 + 33,67
BouYGues (EN) R a 34,94 35,14 + 0,57 + 25,32 saFran (SAF) R a 161,26 160,14 - 0,66 + 36,97 FR0000036675 05/07/23 3,5 11.250.000 68 + 12,13 60,8 5,12 32794 104,9 +12,53 109,9
594965 35,17 +11,48 35,17 569514 161,58 + 9,19 162,38 GrouPe GorGé (GOE) g B 17,38 17,76 + 2,19 - 11,11 FR0000121709 31/05/23 2,45 55.337.770 103 + 36,2 78,85 2,34
FR0000120503 03/05/23 1,8 381.511.167 34,88 + 18,24 28,16 5,12 FR0000073272 30/05/23 1,35 427.260.541 160,02 + 37,46 116,6 0,84 6343 17,92 + 8,03 21,6 secHe enVironnement (SCHP) g B 108,2 108,6 - 0,37 + 20,94
caP-Gemini (CAP) R a 182,8 188,55 + 3,26 + 20,9 saint-GoBain (SGO) R a 58,6 59,42 + 1,56 + 30,16 FR0000062671 23/06/21 0,32 17.424.747 17,38 - 12,08 15,62 1540 108,8 +15,53 122,6
412397 188,55 +17,33 189,75 811259 59,69 +15,51 62,14 Gtt (GTT) G a 123,3 124 + 0,08 + 24,25 FR0000039109 07/07/23 1,1 7.857.732 107,8 + 20,67 85,7 1,01
FR0000125338 30/05/23 3,25 173.582.113 182,45 + 9,15 152,25 1,72 FR0000125007 12/06/23 2 506.419.267 58,6 + 34,5 45,895 3,37 41601 125,4 + 3,68 125,4
FR0011726835 12/06/23 1,55 37.078.357 123,2 + 5,08 87,75 1,25 serGeFerrari GrouP (SEFER) g c 7,18 7,34 + 2,37 - 31,66
carreFour (CA) R a 17,405 17,355 - 0,23 + 10,97 sanoFi (SAN) R a 85,71 84,87 - 1,04 - 5,53 3924 7,37 +39,54 16
1281015 17,51 + 5,5 19,19 1661276 86,21 + 4,21 105,18 GuerBet (GBT) g B 18,76 18,2 - 3,19 + 7,31
FR0000120172 06/06/23 0,56 708.790.816 17,34 + 5,12 15,325 3,23 FR0000120578 30/05/23 3,56 1.264.790.183 84,87 - 3,76 80,6 4,2 FR0011950682 26/04/23 0,4 12.299.259 7,18 - 35,95 5,23 5,45
11112 18,82 + 7,95 23,2
creDit aGricole (ACA) R a 11,664 11,8 + 0,46 + 20,03 scHneiDer electric (SU) R a 166,1 167,2 + 0,7 + 27,91 FR0000032526 29/06/23 0,5 12.641.115 18,02 + 7,95 15,48 2,75 ses-imaGotaG (SESL) G B 95,8 97 + 1,57 - 20,49
4234017 11,8 + 5,64 12,034 714922 167,28 +16,87 167,98 Guillemot (GUI) g c 6,77 6,8 + 0,44 - 46,96 25407 98,4 +14,12 173,8
FR0000045072 30/05/23 1,05 3.052.737.991 11,648 + 22,84 9,54 8,9 FR0000121972 09/05/23 3,15 572.835.884 165,9 + 20,39 131,72 1,88 FR0010282822 25/06/12 0,5 15.958.658 95,5 - 24,1 66
4250 6,84 +18,67 14,08
Danone (BN) R a 59,08 59,15 + 0,17 + 20,15 société Générale (GLE) R a 22,475 22,74 + 1 - 3,15 FR0000066722 07/06/23 0,25 15.087.480 6,77 - 44,72 5,5 3,68 sHoWroomPriVé (SRP) g B 1,012 1,02 + 0,99 - 39,36
871000 59,37 + 7,21 61,88 2366379 22,845 + 9,72 28,385 18642 1,02 + 0,79 1,845
FR0000120644 09/05/23 2 677.773.128 58,84 + 17,59 48,3 3,38 FR0000130809 30/05/23 1,7 802.979.942 22,475 - 5,55 19,326 7,48 icaDe (ICAD) G a 33,66 33,76 + 0,66 - 16,1
71140 34,26 +13,52 51,35 FR0013006558 118.902.909 1,01 - 35,73 0,984
Dassault sYstemes (DSY) R a 42,82 43,125 + 0,71 + 28,75 stellantis nV (STLAP) a 18,784 19,698 + 5,2 + 48,44 FR0000035081 04/07/23 2,17 76.234.545 33,66 - 16,6 28
756651 43,37 +13,91 43,37 5127660 19,82 +13,7 19,82 sii (SII) g c 48 48,5 + 1,25 + 6,95
FR0014003TT8 29/05/23 0,21 1.336.449.712 42,765 + 24,08 33,095 0,49 NL00150001Q9 24/04/23 1,14 3.143.878.015 18,784 + 33,98 13,362 6,8 iD loGistic (IDL) a 286,5 288 + 0,52 + 7,46 18387 48,55 +10,73 57,8
eDenreD (EDEN) R a 49,75 50,02 + 0,38 - 1,69 stmicroeletronics (STMPA) Ra 41,71 43,035 + 2,86 + 30,43 0,23 1426 289,5 +12,28 312 FR0000074122 27/09/23 0,5 20.000.000 48 + 2 43,15 1,03
289200 50,42 + 0,34 62,4 2046302 43,375 +14,64 50,46 189,37 FR0010929125 6.173.328 285,5 + 7,66 225 soitec (SOI) LG a 160,7 165,7 + 3,11 + 8,41
FR0010908533 07/06/23 1 249.588.059 49,75 - 4,94 47,74 2 NL0000226223 18/09/23 0,05 911.281.920 41,71 + 20,38 33,165 0,14 imerYs (NK) G a 25,68 25,74 + 0,23 - 29,17 eX-Ds 13/05/16 reGr.1P20 54788 166,9 +19,51 182,3
enGie (ENGI) R a 15,95 15,872 - 0,29 + 18,55 1,21 telePerFormance (RCF) R a 129,2 130,3 + 1,05 - 41,49 47798 25,84 + 5,06 43,22 FR0013227113 35.712.302 160,45 + 8,02 120,35
2080326 15,958 + 6,37 15,97 13,16 116035 131,05 +27,18 275,4 FR0000120859 15/05/23 3,85 84.940.955 25,56 - 31,72 23,2 14,96
solocal GrouP (PAJ) B 0,091 0,085 - 7,21 - 86,07
FR0010208488 28/04/23 1,4 2.435.285.011 15,832 + 10,53 12,426 8,82 FR0000051807 21/04/23 3,85 64.143.054 129,2 - 39,11 96,62 2,96 inFotel (INF) g c 45,6 46,3 + 1,54 - 16,12 407780 0,092 + 6,25 0,734
essilorluXottica (EL) R a 176,88 177,24 + 0,37 + 4,75 tHales (HO) R a 138,5 138,65 + 0,22 + 16,22 520 47 +10,24 59,8 FR00140006O9 129.505.837 0,085 - 87,39 0,07
274828 177,48 + 5,49 188,4 170306 139,7 - 1,7 145,7 FR0000071797 19/05/23 2 6.890.558 45,6 - 14,26 40,1 4,32
FR0000121667 22/05/23 3,23 453.597.315 175,64 + 0,99 155,15 1,82 FR0000121329 23/05/23 2,24 210.210.140 137,75 + 13,79 112,4 1,62 innate PHarma (IPH) g B 2,3 2,38 + 4,39 - 27,66 soDeXo (SW) LR a 100,9 99,34 - 1,64 + 11,02
euroFins scient. (ERF) R a 52,64 52,82 + 0,38 - 21,23 totalenerGies (TTE) R a 62,21 61,68 - 2,39 + 5,17 107285 2,4 + 2,81 3,8 136282 100,9 - 1,93 104,3
337948 53,42 +14,13 72,12 3898942 62,76 - 2,1 64,8 FR0010331421 80.645.333 2,3 + 10,29 2,11 FR0000121220 23/12/22 2,4 147.454.887 99,34 + 9,12 80,58 2,42
FR0014000MR3 03/07/19 2,45 190.742.750 52,52 - 21,21 44,83 1,89 FR0000120271 20/09/23 0,74 2.412.251.835 61,56 + 4,65 50,55 1,2 interParFums (ITP) G a 48,55 49 + 0,93 - 3,06 solutions 30 (ALS30) a 2,26 2,364 + 4,69 + 38,57
Hermes intl (RMS) R a 1910,6 1897 - 0,77 + 31,28 uniBail-r/WFD (URW) a 55,42 57,26 + 3,62 + 17,75 36803 49,25 +15,98 68,182 521613 2,366 +54,11 3,414
40039 1920,8 + 8,47 2050,5 712096 57,64 +28,27 63,07 FR0004024222 11/05/23 1,05 69.196.570 48,3 + 1,51 41,7 2,14 FR0013379484 107.127.984 2,246 + 31,48 1,467
FR0000052292 25/04/23 9,5 105.569.412 1886,4 + 27,83 1450 0,5 FR0013326246 24/03/20 5,4 139.041.391 55,38 + 10,16 41,66
inVentiVa (IVA) g B 3,85 3,94 + 2,47 - 11,96 soPra steria GP (SOP) G a 190,1 193,2 + 2,01 + 36,83
KerinG (KER) R a 390,95 391 - 0,77 - 17,77 Veolia enV. (VIE) R a 28,46 28,68 + 0,88 + 19,5 18521 3,975 +12,25 5,99 22023 193,4 +21,36 208
201901 399,2 + 1,96 603,6 1426089 28,89 +12,08 30,13 FR0013233012 51.752.807 3,805 - 8,58 1,88 FR0000050809 29/05/23 4,3 20.547.701 190,1 + 33,7 141,9 2,23
FR0000121485 02/05/23 9,5 123.420.778 389,05 - 29,24 376,7 2,43 FR0000124141 09/05/23 1,12 715.383.875 28,45 + 17,93 24,33 3,91
iPsen (IPN) G a 102,4 102,9 + 0,29 + 2,39 smcP (SMCP) g B 3,5 3,62 + 3,43 - 44,22
l.V.m.H. (MC) R a 684,6 690,5 + 0,88 + 1,56 Vinci (DG) R a 111,02 112,12 + 0,9 + 20,18 45146 103,7 - 7,21 130,7
292643 696,9 + 4,4 904,6 672804 112,28 + 9,92 112,4 128419 3,67 + 5,23 9,1
FR0000121014 25/04/23 7 502.048.400 682,5 - 1,64 655 1,01 FR0000125486 14/11/23 1,05 597.277.680 110,9 + 16,08 93,4 0,94 FR0010259150 02/06/23 1,2 83.814.526 102,4 - 5,42 94,85 1,17 FR0013214145 75.591.187 3,5 - 47,15 2,93
leGranD (LR) R a 87,64 88,16 - 0,68 + 17,83 WorlDline (WLN) G a 13,41 13,95 + 3,83 - 61,81 iPsos (IPS) G a 49,3 49,8 + 0,85 - 14,87 sPie (SPIE) G a 26,8 27 + 0,67 + 10,84
409274 88,86 + 8,54 93,22 1523650 13,995 +20,1 44,77 29987 49,94 +10,42 62,4 129592 27,18 +10,47 29,88
FR0010307819 02/06/23 1,9 264.031.292 87,5 + 12,94 74,64 2,16 FR0011981968 282.974.981 13,4 - 68,87 9,01 FR0000073298 03/07/23 1,35 43.203.225 49,24 - 7,09 40,02 2,71
FR0012757854 20/09/23 0,22 164.582.511 26,8 + 13,54 22,8 0,82
JacQuet metals (JCQ) g B 18,44 18,34 - 0,65 + 9,69
3692 18,66 +22,43 20,05 steF (STF) g B 105 105 + 15,89
FR0000033904 05/07/23 1 22.497.209 18,34 + 12,1 14,68 5,45 594 105,6 + 3,55 113,8
FR0000064271 03/05/23 4 13.000.000 105 + 23,53 91 3,81
JcDecauX (DEC) G a 17,24 17,42 + 0,69 - 1,69
42938 17,53 +17,31 23,2 sWorD GrouP (SWP) g B 38,4 38,35 - 2,66
FR0000077919 21/05/19 0,58 213.161.658 17,24 + 2,05 14,35 2822 38,55 +24,51 48,95
srD Valeurs françaises KauFman & BroaD (KOF) g B 27,9 28,55 + 2,33 + 4,01 FR0004180578 02/05/23 1,45 9.544.965 38,05 - 6,35 29,6 4,43
19009 28,85 +13,07 30,8 sYnerGie (SDG) g B 30,9 30,9 + 3
FR0004007813 09/05/23 2,4 19.862.022 27,9 + 13,29 22,05 8,41 528 31 + 3,69 34,75
Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA KlePierre (LI) LR a 22,98 23,1 + 0,57 + 7,29 FR0000032658 29/06/23 0,8 24.362.000 30,9 + 3,34 28,5 2,59
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER 481376 23,26 + 2,94 25,28
ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT telePerFormance (RCF) R a 129,2 130,3 + 1,05 - 41,49
FR0000121964 07/07/23 0,88 286.861.172 22,95 + 3,68 19,33 116035 131,05 +27,18 275,4
aB science (AB) g B 2,88 2,75 - 0,72 - 61,21 casino (CO) G a 0,63 0,64 - 93,44 laGarDère (MMB) G a 18,3 17,64 - 3,71 - 11,98 FR0000051807 21/04/23 3,85 64.143.054 129,2 - 39,11 96,62 2,96
45980 2,88 +20,09 7,49 714449 0,67 -33,33 12,17 24179 18,34 - 5,26 24,15
FR0010557264 50.895.783 2,75 - 68,96 2,18 FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 0,63 - 94,22 0,625 FR0000130213 19/04/23 1,3 141.133.286 17,64 - 12,33 17,64 7,37 teract (TRACT) B 2,6 2,57 - 1,15 - 57,17
aBc arBitraGe (ABCA) g B 5,02 5,08 + 1,2 - 21,24 catana GrouP (CATG) g c 6,1 6,18 + 1,31 + 4,92 1874 2,6 -14,9 7,48
lDc (LOUP) a 139 139,5 + 29,77 FR001400BMH7 73.394.562 2,57 - 56,07 2,57
24455 5,12 + 4,96 6,64 15124 6,25 + 8,61 7,72 1817 140 +15,77 147
FR0004040608 10/10/23 0,1 59.608.879 5 - 23,61 4,65 1,97 FR0010193052 01/03/23 0,15 30.706.178 6,1 + 18,16 5,25 2,43 FR0013204336 28/08/23 2,7 17.635.433 137 + 32,86 104 1,94 tF1 (TFI) G a 6,9 7 + 1,38 - 2,17
aBiVaX (ABVX) g B 9,05 8,89 - 3,47 + 43,85 ceGeDim (CGM) B 19,5 19,36 - 0,72 + 32,97 61930 7,005 + 4,79 8,71
lna santé (LNA) g B 19,2 19,8 + 3,23 - 33,11
65236 9,35 + 1,25 19,7 1163 19,5 +10 23,55 4650 19,8 + 0,51 34 FR0000054900 20/04/23 0,5 210.485.635 6,9 - 2,78 6,185 7,14
FR0012333284 62.657.085 8,85 + 22,62 5,6 FR0000053506 29/06/22 0,5 13.997.173 19,24 + 24,1 14,82 FR0004170017 06/07/23 0,5 10.709.416 19,2 - 24,86 19 2,53 tFF GrouP (TFF) G B 41,6 42 + 0,48 + 3,19
aBionYX PHarma sa (ABNX) g B 1,266 1,232 - 0,65 - 28,46 cGG (CGG) G B 0,62 0,618 - 0,39 + 2,22 lectra (LSS) g B 28,9 28,65 - 0,35 - 18,61 1303 42 45,1
69617 1,266 - 3,75 2,485 4313398 0,621 - 4,75 0,963 11109 29,3 +20,63 41,3 FR0013295789 08/11/23 0,6 21.680.000 41,3 + 15,07 37,7 1,43
FR0012616852 32.339.843 1,19 - 32,68 1,05 FR0013181864 713.676.258 0,608 - 5,91 0,599 FR0000065484 03/05/23 0,48 38.017.826 28,35 - 14,35 19,92 1,68 tHermaDor GrouPe (THEP) B 78,3 78 - 9,51
accor (AC) LR a 31,62 31,63 - 0,1 + 35,46 cHarGeurs (CRI) g c 8,62 8,66 - 0,69 - 38,49 lHYFe (LHYFE) B 4,785 4,9 + 2,4 - 43,35 913 78,9 +21,12 101,6
573326 31,85 + 6,03 35,47 42274 8,84 +22,32 16,09 18490 4,9 +57,3 9,08 FR0013333432 12/04/23 2,08 9.200.849 77,7 - 13,33 63 2,67
FR0000120404 23/05/23 1,05 264.930.578 31,59 + 27,13 23,39 3,32 FR0000130692 02/05/23 0,54 24.862.314 8,57 - 32,5 6,29 6,24 FR0014009YQ1 47.908.148 4,785 - 44,25 2,825 tiKeHau caPital (TKO) g a 19,86 19,9 + 0,2 - 17,94
aDocia (ADOC) g B 8,04 8,95 + 11,6 +125,44 cHristian Dior (CDI) a 665,5 670 + 0,83 - 1,62 lineData serVices (LIN) g B 52,8 52,6 - 0,38 + 14,1 eX D s 03/07/17 10404 19,92 + 2,05 27
273289 9,2 +19,97 16,16 eX D oP 08/06/17 2654 674,5 + 5,26 872 22 52,8 + 1,54 60,4 FR0013230612 18/05/23 0,7 175.193.044 19,8 - 19,43 19,32 3,52
FR0011184241 14.025.682 8 +171,21 2,745 FR0000130403 25/04/23 7 180.507.516 663 - 3,39 621,5 1,05 FR0004156297 05/07/23 1,75 4.960.807 52,6 + 17,41 43,3 3,33
aéroPorts De Paris (ADP) R a 113 113 - 0,44 - 9,74 claranoVa se (CLA) g B 1,39 1,4 + 1,45 - 49,05 transGène (TNG) g c 1,422 1,43 + 0,28 - 13,75
lisi (FII) g a 22 22,3 + 1,36 + 14,59 17641 1,43 + 2,44 2,55
189451 114,1 + 8,55 147,7 21377 1,4 + 1,6 2,954 5064 22,3 + 7,21 27
FR0010340141 05/06/23 3,13 98.960.602 112,6 - 22,44 100 2,77 FR0013426004 57.206.910 1,382 - 46,56 1,226 FR0005175080 100.852.742 1,41 - 21,43 1,334
FR0000050353 17/04/23 0,15 46.538.313 21,95 + 9,58 18,46 0,67
air France-Klm (AF) L 11,402 11,698 + 2,61 - 4,97 clariane (CLARI) G a 2,3 2,304 - 0,35 - 77,23 lumiBirD (LBIRD) g c 12,96 12,86 + 0,31 - 22,34 triGano (TRI) G a 143,7 142,1 + 0,21 + 11,36
1109851 11,77 + 5,92 18,62 1054811 2,47 -37,93 10,97 1339 13,08 - 5,44 19,22 34329 147,3 +14,23 147,3
FR001400J770 257.053.613 11,384 - 7,89 10,166 FR0010386334 21/06/23 0,25 106.828.536 2,282 - 76,74 2,172 10,85 FR0000038242 22.466.882 12,84 - 23,36 12,2 FR0005691656 23/05/23 1,75 19.336.269 141,5 + 27,1 109,6 1,23
aKWel (AKW) g B 15,4 15,38 + 1,18 - 11,61 coFace (COFA) G a 11 11,04 + 0,18 - 9,06 m6-métroPole tV (MMT) G a 12,35 12,36 + 0,49 - 19,48 uBisoFt entertainment (UBI) LRa 26,75 26,5 - 1,05 + 0,34
6391 15,5 + 4,63 18,24 174948 11,06 - 2,3 14,44 47495 12,41 + 7,95 16 545615 27,18 - 2,5 31,6
FR0000053027 08/06/23 0,3 26.741.040 15,2 - 6,56 12,8 1,95 FR0010667147 22/05/23 1,52 150.179.792 10,96 - 6,36 10,89 13,77 FR0000053225 03/05/23 1 126.414.248 12,19 - 8,44 11,25 8,09 FR0000054470 127.416.314 26,22 + 1,15 18,06
alD (ALD) G a 6,12 6,24 + 1,63 - 42,01 colas (RE) a 175 175 + 49,57 maisons Du monDe (MDM) g B 4,52 4,938 + 8,62 - 57,97 Valeo (FR) LR a 13,065 13,535 + 3,24 - 18,95
512501 6,27 + 1,71 13,06 12493 175 + 0,57 175 94097 4,99 + 4,09 13,36 1496289 13,64 +11,72 22,23
FR0013258662 31/05/23 1,06 816.960.428 6,12 - 42,33 5,985 16,99 FR0000121634 02/05/23 7,35 32.654.499 175 + 51,52 112,5 4,2 FR0013153541 05/07/23 0,3 39.189.288 4,52 - 57,39 4,442 6,08 FR0013176526 29/05/23 0,38 244.633.504 13,065 - 23,23 11,53 2,81
alPes (cie Des ) (CDA) g B 14,26 14,22 - 0,28 - 1,11 coViVio (COV) G a 43,7 44,36 + 1,65 - 20 manitou (MTU) g B 21,15 20,85 - 1,19 - 15,93 Vallourec reG (VK) G B 13,415 13,46 - 0,26 + 9,7
28240 14,32 +10,75 15,5 118879 44,94 +16,49 66,6 3292 21,4 + 7,7 28,1 660211 13,545 +20,5 15,06
FR0000053324 14/03/23 0,83 50.533.135 14,06 + 2,6 11,8 5,84 FR0000064578 24/04/23 3,75 101.006.389 43,7 - 21,28 36,26 FR0000038606 30/05/23 0,63 39.668.399 20,7 - 4,36 19,2 3,02 FR0013506730 229.240.471 13,32 + 25,85 9,546
altarea (ALTA) G a 69,8 70,1 + 0,29 - 44,45 coViVio Hotels (COVH) a 16,45 16,5 + 0,3 + 11,49 maurel et Prom (MAU) g B 6,87 6,675 - 3,68 + 66,25
5827 71,5 + 2,19 132 232 16,5 + 2,17 18,3 ValneVa (VLA) G B 5,272 5,296 + 1,22 - 14,91
807133 6,95 +23,38 6,96 243279 5,378 + 1,81 7,846
FR0000033219 12/06/23 5 20.736.822 69,8 - 49,71 67 FR0000060303 21/04/23 1,25 148.141.452 16,45 + 7,84 14,5 FR0000051070 03/07/23 0,23 201.261.570 6,31 + 61,43 3,115 3,45
FR0004056851 138.896.600 5,25 - 12,2 3,95
altareit (AREIT) B 442 442 - 29,28 Dassault aV. (AM) a 184,8 185 - 0,16 + 16,94 mcPHY enerGY (MCPHY) g B 3,508 3,592 + 2,4 - 70,58
1 442 - 1,78 640 24972 186,3 - 0,64 192 118355 3,74 + 1,47 14,9 Verallia (VRLA) g a 31,84 32,78 + 2,89 + 3,47
FR0000039216 1.750.487 442 - 28,71 420 FR0014004L86 19/05/23 3 80.802.366 183,1 + 22,35 148,7 1,62 FR0011742329 27.959.095 3,508 - 72,61 3,342 108915 32,88 + 6,98 44,86
alten (ATE) G a 125 126,7 + 1,28 + 8,48 Dassault sYstemes (DSY) R a 42,82 43,125 + 0,71 + 28,75 FR0013447729 08/05/23 1,4 122.289.183 31,84 + 11,12 29,56 4,27
meDincell (MEDCL) B 6,2 6,12 - 1,29 - 0,97
31283 127,4 +16,77 161,2 756651 43,37 +13,91 43,37 21701 6,24 + 4,62 10,5 VerimatriX (VMX) g B 0,396 0,41 + 3,54 - 47,16
FR0000071946 04/07/23 1,5 35.122.301 125 + 5,32 105 1,18 FR0014003TT8 29/05/23 0,21 1.336.449.712 42,765 + 24,08 33,095 0,49 FR0004065605 28.718.045 6,1 + 2 5,25 47909 0,41 - 3,53 0,94
amunDi (AMUN) G a 55,3 56,1 + 1,63 + 5,85 DBV tecHnoloGies (DBV) g B 1,5 1,45 - 3,97 - 53,91 mercialYs (MERY) G B 8,6 8,675 + 0,52 - 11,21 FR0010291245 85.535.147 0,396 - 32,01 0,38
eX-Ds 15/03/17 106363 56,2 +15,24 64,75 126348 1,541 -31,73 4,3 183214 8,765 + 8,78 10,79 VetoQuinol (VETO) B 94,2 95,2 + 0,53 + 8,68
FR0004125920 22/05/23 4,1 204.647.634 55,2 + 6,65 48,22 7,31 FR0010417345 96.288.553 1,434 - 47,5 1,434 FR0010241638 02/05/23 0,96 93.886.501 8,6 - 8,73 7,415 2669 96,3 +20,81 98,6
antin inFra Partners (ANTIN) G a 11,72 12,1 + 3,24 - 40,39 Deezer sa (DEEZR) 2 2,475 2,47 - 0,4 - 15,38 mersen (MRN) G B 33,3 33,55 + 0,6 - 11,13 FR0004186856 02/06/23 0,8 11.881.902 94,2 + 12,26 76,3 0,84
61500 12,24 +11,11 23,3 86 2,48 + 1,02 3,19 13099 33,8 +10,36 45,95 Vicat (VCT) g a 32,1 32,65 + 2,03 + 39,23
FR0014005AL0 14/11/23 0,32 179.193.288 11,59 - 43,98 10,12 2,65 FR001400AYG6 117.053.914 2,47 - 26,88 1,19 FR0000039620 04/07/23 1,25 24.418.312 33,25 - 10,17 29,85 3,73 27585 32,8 +14,96 33,4
aramis (ARAMI) a 4,72 4,42 - 5,35 + 5,24 DericHeBourG (DBG) g B 4,886 4,866 - 0,65 - 11,85 metaBolic eXPlorer (METEX) g c 0,465 0,446 - 2,62 - 63,18 FR0000031775 25/04/23 1,65 44.900.000 32,1 + 40,13 23,75 5,05
71615 4,76 +42,12 5,84 166619 4,98 +17,76 6,85 37579 0,47 +87,18 1,421
FR0014003U94 82.856.671 4,33 - 6,36 2,558 FR0000053381 14/02/23 0,32 159.397.489 4,832 - 4,49 3,936 6,58 VirBac (VIRP) G a 288 287 + 0,18 + 25,88
FR0004177046 50.919.133 0,445 - 73,11 0,22
1677 290 + 6,3 314
arGan (ARG) a 77 76,3 - 0,91 + 0,66 Dms (DGM) g c 1,05 1,05 + 3,96 monceY (Fin.) nom. (FMONC) B + 1,38 + 12,21 FR0000031577 26/06/23 1,32 8.458.000 286 + 12,77 228 0,46
12943 78 +19,97 88,7 212 1,05 +13,88 1,6 + 7,3 8500
FR0010481960 30/03/23 3 23.079.697 76,3 - 0,52 61,4 FR0012202497 16.120.556 1,02 + 2,94 0,794 FR0000076986 20/06/23 28 182.871 + 30,09 6050 2800 ViVenDi (VIV) LR a 8,728 8,754 + 0,14 - 1,79
arKema (AKE) LR a 92,86 93,52 + 0,52 + 11,49 eDenreD (EDEN) R a 49,75 50,02 + 0,38 - 1,69 937374 8,8 + 4,89 10,22
nacon (NACON) B 1,69 1,686 - 0,24 - 35,15 FR0000127771 25/04/23 0,25 1.029.918.125 8,728 + 2,39 7,99 2,86
48691 94,02 +10,31 99,8 289200 50,42 + 0,34 62,4 41233 1,718 +37,07 2,925
FR0010313833 15/05/23 3,4 75.043.514 92,86 + 11,41 78,5 3,64 FR0010908533 07/06/23 1 249.588.059 49,75 - 4,94 47,74 2 FR0013482791 87.851.694 1,68 - 28,41 1,13 Voltalia (VLTSA) G a 8,9 9,28 + 4,15 - 45,6
artmarKet.com (PRC) g c 5,64 5,47 + 2,63 - 22,96 eiFFaGe (FGR) LR a 91,2 92,76 + 1,51 + 0,91 nanoBiotiX (NANO) g B 5,05 5,07 + 1,5 + 40,06 67804 9,39 +16,29 18,26
2333 5,64 + 1,11 8,12 157602 93,28 +11,28 107,9 52463 5,16 -13,18 10,4 FR0011995588 131.318.716 8,9 - 45,67 7,42
FR0000074783 6.651.515 5,33 - 30,41 5,06 FR0000130452 15/05/23 3,6 98.000.000 91,12 - 1,78 82,18 3,88 FR0011341205 13/05/19 46.232.072 5 + 36,29 1,612 WaVestone (WAVE) g B 47,2 47,25 + 0,53 + 9,5
assYstem (ASY) B 42,8 42,6 - 0,23 + 4,93 eKinoPs (EKI) g B 4,89 4,695 - 4,28 - 44,11 neoen (NEOEN) G a 26,92 27,44 + 2,08 - 27,04 3094 47,75 +13,99 55
oPa 24/11/17 1946 43,1 + 7,85 49,6 31192 4,905 +21,01 9,41 166126 27,66 +13,48 38,07 FR0013357621 02/08/23 0,38 20.196.492 46,7 + 7,51 40,7 0,8
FR0000074148 05/07/23 1 15.668.216 42,5 + 7,3 37,2 2,35 FR0011466069 25.727.618 4,66 - 32,93 3,84 FR0011675362 17/05/23 0,13 152.122.449 26,92 - 27,1 23,04 0,46 WenDel (MF) G a 77,45 78,5 + 0,97 - 9,98
atos se (ATO) a 5,87 5,92 + 1,23 - 34,31 elior (ELIOR) G B 2,522 2,374 - 6,31 - 28,06 neurones (NRO) B 38,45 39 + 1,7 - 0,64 94908 78,7 +14,26 109,2
1459838 6,026 - 0,44 15,76 1346164 2,544 +45,73 4,186 2808 39 +13,04 44 FR0000121204 19/06/23 3,2 44.430.554 77,45 - 9,82 67,45 4,08
FR0000051732 14/05/21 0,9 111.439.307 5,794 - 42,22 3,971 FR0011950732 07/04/20 0,29 252.870.289 2,374 - 13,23 1,509 FR0004050250 14/06/23 1,1 24.278.716 38,15 + 1,3 33,45 2,82
WorlDline (WLN) G a 13,41 13,95 + 3,83 - 61,81
auBaY (AUB) g c 36 36,8 + 2,65 - 24,51 elis (ELIS) G a 17,7 17,77 + 0,11 + 28,58 neXans (NEX) G a 71,8 72,75 + 1,54 - 13,85 1523650 13,995 +20,1 44,77
6917 37,05 +18,9 53,2 161957 17,87 +15,39 19,13 56219 73,2 + 9,89 102,9
FR0000063737 08/11/23 0,5 13.304.296 36 - 26,55 28,6 1,36 FR0012435121 30/05/23 0,41 234.000.047 17,67 + 41,14 13,8 2,31 FR0011981968 282.974.981 13,4 - 68,87 9,01
FR0000044448 15/05/23 2,1 43.753.380 71,8 - 18,72 62,5 2,89
aVenir telecom (AVT) c 0,11 0,12 + 2,74 + 62,87 eramet (ERA) G B 70,7 70,75 - 0,07 - 15,62 Xilam animation (XIL) g c 4,3 4,37 + 1,63 - 87,24
neXitY (NXI) G a 14,25 14,3 + 0,78 - 45,13
998849 0,134 + 7,51 0,435 42364 71,65 +14,57 114,5 166007 14,67 +13,94 28,54 15642 4,37 - 1,13 35,6
FR001400CFI7 0,11 + 6,18 0,069 FR0000131757 26/05/23 3,5 28.755.047 70,1 - 9,87 57,85 4,95 FR0010112524 24/05/23 2,5 56.129.724 14,23 - 40,42 11,33 17,48 FR0004034072 4.911.500 4,24 - 86,41 3,41
aXWaY soFtWare (AXW) g B 23,7 24,1 + 1,69 + 44,74 esi GrouP (ESI) g c 154 153,5 +107,99 oDet (cie De l') (ODET) a 1352 1374 + 1,18 - 1,15
2159 24,1 + 6,64 24,2 483 154 + 3,02 154,5 335 1384 + 5,69 1650
FR0011040500 05/06/23 0,4 21.633.597 23,5 + 48,77 16,5 1,66 FR0004110310 6.094.431 153,5 +109,13 72 FR0000062234 20/06/23 3,6 6.585.990 1346 + 6,68 1258 0,26 Autres Valeurs de la Zone euro
Bains mer monaco (BAIN) B 102,5 101,5 + 0,5 + 20,55 esso (ES) g c 54,15 53,25 - 1,11 + 12,82 orPéa (ORP) G a 0,234 0,225 - 3,72 - 96,35
320 103,5 - 3,33 115 3770 54,25 - 5,92 63,9 14038546 0,279 -78,69 8,934 euroneXt (ENX) LR a 75,35 76,1 + 1 + 10,03
MC0000031187 10/10/23 1,2 24.516.661 101,5 + 21,12 83 1,18 FR0000120669 10/07/23 2 12.854.578 52,95 + 6,08 41,06 3,76 FR0000184798 09/07/21 0,9 64.693.851 0,219 - 96,62 0,155 179020 76,15 +16,45 78,76
NL0006294274 23/05/23 1,89 107.106.294 75,35 + 6,02 60,65 2,92
BalYo (BALYO) g c 0,781 0,83 - 0,96 +104,43 eurazeo (RF) G a 62,75 62,75 - 0,16 + 8 ose immuno (OSE) g c 4,005 3,95 - 1,99 - 40,82
277 0,83 - 1,66 0,87 76129 63,3 +20,44 69,7 120493 4,01 - 7,71 7,31 noKia (NOKIA) R a 3,232 3,259 + 1,5 - 24,87 0,3
FR0013258399 34.356.767 0,781 +105,96 0,4 FR0000121121 28/04/23 2,2 79.224.529 62,75 + 3,72 50,35 3,51 FR0012127173 21.651.101 3,86 - 43,49 2,705 68405 3,267 + 5,26 4,7 11,01
BastiDe le conFort (BLC) g c 24,45 24,65 + 3,57 - 33,02 eutelsat com. (ETL) G a 3,74 3,754 - 0,21 - 46,06 oVH (OVH) g a 8,43 8,82 + 5 - 44,81 FI0009000681 23/10/23 0,02 5.691.797.576 3,232 - 28,53 2,92 0,92
1717 24,8 +16,82 38 571286 3,828 -12,98 7,265 84487 8,935 +26,72 16,365 ses (SESG) LR 5,48 5,395 - 0,09 - 11,41
FR0000035370 07/01/22 0,27 7.352.928 24,3 - 31,15 19,84 FR0010221234 17/11/22 0,93 475.178.378 3,642 - 52,27 3,602 FR0014005HJ9 188.532.591 8,43 - 33,98 5,86 496337 5,48 - 4,68 7,4
BelieVe (BLV) G a 10,32 10,28 - 0,39 + 6,03 eXclusiVe netWorKs (EXN) a 18,1 17,4 - 3,55 - 3,76 PeuGeot inVest (PEUG) g a 94,6 97,7 + 2,95 + 9,78 LU0088087324 18/04/23 0,43 371.457.600 5,355 - 19,67 4,694 9,27
7666 10,4 +15,51 12,76 33386 18,3 +15,38 21,15 6931 98,9 + 9,28 112,4 X-FaB silicon (XFAB) g a 10,04 10,44 + 4,3 + 57,82
FR0014003FE9 96.932.615 10,28 - 8,62 7,7 FR0014005DA7 05/07/22 0,2 91.670.286 17,4 + 5,45 15 FR0000064784 19/05/23 1 24.922.589 94,6 + 11,66 88,9 2,92 106273 10,44 +15,68 11,62
Bénéteau (BEN) G B 11,36 11,32 - 19,94 FDJ (FDJ) G a 33,1 33,12 + 0,06 - 11,87 PHarmaGest int. (PHA) g a 60 59,5 - 0,34 - 20,35 BE0974310428 130.781.669 10,04 + 65,98 6,625
63568 11,42 + 0,18 17,44 68454 33,32 + 8,73 40,99 2508 60,1 -13,52 85,8
FR0000035164 21/06/23 0,42 82.789.840 11,24 + 5,6 10,8 3,71 FR0013451333 05/05/23 1,37 191.000.000 33 - 11,47 28,2 4,14 FR0012882389 03/07/23 1,15 15.174.125 59,2 - 22,43 55 1,93
Bic (BB) G a 62,15
29361
62
62,5
- 0,72 - 3,05
+ 6,9 69,15
FermentalG (FALG) g c 0,27
148519
0,268
0,272
- 0,74 - 82,44
+ 3,68 1,708
Pierre & Vacances (VAC) g c 1,476
143986
1,444
1,48
- 1,9 + 33,95
+25,13 1,894
VAleurs Zone internationale
FR0000120966 29/05/23 2,56 43.952.226 61,3 - 1,51 51,15 4,13 FR0011271600 41.290.430 0,267 - 83,34 0,209 FR0000073041 19/03/12 0,7 454.433.323 1,444 + 73,98 1,028 General electric (GNE) a 107,5 108 - 0,46 + 42,86
BiGBen int. (BIG) g c 3,5 3,51 + 0,29 - 44,9 PHaXiam tX (PHXM) c 4,21 4,1 - 2,61 + 11,78 Plastic omnium (POM) G a 11,27 11,61 + 2,93 - 14,51 112 108 + 7,46 111,5
11404 3,545 +47,48 7,81 8387 4,22 - 8,99 53,9 202198 11,64 +11,85 20,1 US3696043013 USD 25/09/23 0,07 1.092.668.140 107,5 + 31,55 63,1
FR0000074072 27/07/22 0,3 18.538.970 3,47 - 49,06 2,275 8,55 FR0011471135 60.751.054 4,1 - 36,92 2,6 FR0000124570 02/05/23 0,39 145.522.153 11,27 - 21,02 10,03 3,36
scHlumBerGer (SLB) a 48,185 47,285 - 1,59 - 4,38 3,45
BiomérieuX (BIM) G a 98,76 98,84 - 0,14 + 0,94 Fnac DartY (FNAC) G a 25,8 26,12 + 0,85 - 24,16 PoXel (POXEL) g c 0,35 0,36 + 0,84 - 61,7 4718 48,195 -10,53 58,1
74656 99,6 +11,66 102,6 25282 26,5 +28,8 40,28 31059 0,361 + 1,41 1,08 AN8068571086 USD 05/09/23 0,25 1.439.269.870 46,955 - 3,4 39,535
FR0013280286 06/06/23 0,85 118.361.220 98,42 + 2,89 84,54 0,86 FR0011476928 13/06/23 1,4 27.778.578 25,8 - 26,75 17,51 5,36 FR0012432516 36.061.332 0,35 - 69,49 0,345
total enerGies GaBon (EC) a 156,6 158 + 1,15
Boiron (BOI) g a 39,9 40,42 + 1,71 - 20,28 Foncière lYonnaise (FLY) a 66 65,4 - 0,91 - 22,51 QuaDient (QDT) g B 19,32 19,36 + 40,6
5178 40,48 + 1,81 56,5 736 66 + 0,93 85 22805 19,36 - 3,2 21,3 462 159,8 + 2,33 190
FR0000061129 18/10/23 10,36 17.545.408 39,76 - 12,13 36,75 25,63 FR0000033409 17/04/23 4,2 42.885.672 65,2 - 22,88 60,4 FR0000120560 03/08/23 0,6 34.468.912 19,22 + 32,15 13,82 3,1 GA0000121459 07/06/23 20,8 4.500.000 155,6 143,4 13,17
Bolloré (BOL) G a 5,395 5,34 - 0,93 + 2,3 ForVia (FRVIA) LR a 17,2 17,91 + 4,01 + 26,75 rallYe (RAL) a 0,17 0,165 - 8,22 - 93,84
470056 5,415 + 5,74 6,37 1155382 18,045 +15,88 25,4 1154227 0,184 +383,04 3,1
FR0000039299 05/09/23 0,02 2.951.174.374 5,315 + 2,01 4,93 0,38 FR0000121147 03/06/21 1 197.089.340 17,2 + 16,41 14,4 FR0000060618 20/05/19 1 52.925.203 0,156 - 94,81 0,025
BonDuelle (BON) g B 10,54 10,5 - 0,19 - 21,52 Gecina (GFC) LR a 100,2 101,2 + 1 + 6,36 ramsaY GDs (GDS) a 20,2 20,3 + 0,5 + 10,93
5678 10,54 + 3,96 14,5 161253 102 +12,2 114,2 26 20,3 +1 22,4
FR0000063935 03/01/23 0,3 32.630.114 10,42 - 15,19 9,73 2,86 FR0010040865 03/07/23 2,65 76.623.192 100,2 + 6,81 88 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 20,2 + 0,5 17,95
Bureau Veritas (BVI) LR a 22,46 22,47 - 0,09 - 8,7 GenFit (GNFT) G B3 2,98 - 0,5 - 24,9 rémY cointreau (RCO) LR a 110,25 108,55 - 1,36 - 31,12
652833 22,64 + 5,15 27,27 179695 3,03 - 1,32 4,92 103085 111,6 + 3,83 180,5
FR0006174348 04/07/23 0,77 453.745.520 22,42 - 10,73 20,67 3,43 FR0004163111 49.834.983 2,97 - 13,47 2,84 FR0000130395 28/09/23 3 51.237.853 108,35 - 32,91 102,5 2,76
carmila (CARM) g c 14,54 14,46 - 0,55 + 8,4 Genomic Vision (GV) g c /031123 - 95,01 reXel (RXL) LR a 21,6 21,84 + 0,92 + 18,44
22053 14,64 + 9,71 15,92 -10 0,054 584791 22,01 +15,49 24,95
FR0010828137 15/05/23 1,17 142.441.073 14,42 + 3,88 12,64 FR0011799907 385.886.117 - 97,01 0,001 FR0010451203 09/05/23 1,2 304.263.241 21,58 + 17,55 18,08 5,5
33 Les Echos Jeudi 30 novembre 2023 FINANCE & MARCHES

carnet
PORTRAIT sité Paris-II, conserve la direction

par Julie Le Bolzer

ENTREPRISES
générale de CGI Finance qu’il as-
sume depuis deux ans. Il fut
+
QONTO
Philippine Rougevin- d’abord auditeur conseil chez
Ils sont nés
Baville PwC avant de rejoindre le groupe un 30 novembre
Patrick Asdaghi, prend la direction générale
pour la France
Crédit du Nord à partir de 1999.
Devenu directeur de la transfor- •ex-présidente
Nathalie Balla, investisseuse,
de l’établissement mation de Crédit du Nord et mem- de la Redoute,
traqueur d’aliments Alice Lemarin de paiements Qonto. bre du comité de direction en 2018, 56 ans.

Philippine Rougevin-Baville,
il avait été nommé directeur retail
et innovation l’année suivante.
•dePascal Brandys, fondateur
Genset et de France Biotech,
La COP28, qui démarre ce jeudi, remettra le sujet sur la 33 ans, ancienne élève de Polytech- cofondateur de Biobank, CEO
table. Et Patrick Asdaghi y croit dur comme fer : tout nique, a fait ses armes chez Roland de Phylex BioSciences, 65 ans.
passera par la transformation de notre système alimen-
taire, « l’un des principaux facteurs d’émissions de gaz à
dré la déforestation, jusqu’à l’élaboration des recettes.
Autant de sujets à même de satisfaire son « insatiable
Berger. En 2017, elle a intégré le
groupe Meta comme responsable
ORGANISATION • Xavier Caïtucoli, ex-PDG
et cofondateur de Direct Energie,
PROFESSIONNELLE
effet de serre », rappelle-t-il. Pour le cofondateur de Car- curiosité intellectuelle », affirme son ami, et investisseur, des opérations commerciales luxe cofondateur de Verso Energy
bon Maps, plateforme de calcul de l’empreinte environ- Augustin Paluel-Marmont. pour Facebook et Instagram. En UNIMEV et du SPAC Transition, président
nementale des acteurs de l’agroalimentaire, « il y a un « Patrick est l’opposé de celui qui survole : il a le souci de 2020, elle avait rejoint Qonto en Béatrice Cuif-Mathieu de Crescendix, 52 ans.
faisceau de plus en plus coercitif invitant les entreprises à
mesurer et à déclarer leur impact ».
tout lire, tout comprendre, tout décortiquer », poursuit le
cofondateur de Michel et Augustin (avalé par Danone
tant que chief of staff. Philippe Pasquet
ont été élus coprésidents
• Magnus Carlsen, champion
du monde d’échecs, 33 ans.
Et l’entrepreneur de 48 ans, dont l’œil droit porte ce
jour-là les stigmates d’une compétition d’art martial,
en 2019), qui voit en lui « quelqu’un d’extrêmement com-
plet, à la fois stratège et bon dans l’exécution ». Il faut dire
INTERPARFUMS
Alessandro Trotta
de l’Union française
des métiers de l’événement.
• Joseph Corré, cofondateur
d’Agent Provocateur, 56 ans.
d’évoquer l’affichage environnemental des produits ali-
mentaires, qui a vocation à devenir obligatoire d’ici à
que l’intéressé n’est pas un néo-entrepreneur.
Né en Iran, quelques années avant la révolution, cet
rejoint Interparfums au poste
de directeur financier. Béatrice Cuif-Mathieu, 54 ans, di-
•CEO
Benoît Coquart,
de Legrand, 50 ans.
2025. D’ailleurs, Carbon Maps fait partie du comité de
partenaires constitué par l’Ademe pour suivre l’avance-
aîné de deux enfants, fils d’une biologiste et d’un derma-
tologue, arrive en France à l’âge de 3 ans. De quoi se for- Alessandro Trotta, 52 ans, diplô-
plômée de l’ICN programme gran-
de école, est titulaire d’un master 2
•deDelphine Darmon, CEO
Demain n’attend pas, 49 ans.
ment des expérimentations de l’Eco-score. ger « une double identité », même si les autres ne voyaient
en lui « ni un Français, ni un Iranien ». Diplômé de Télé-
mé de l’université Bocconi (en Ita-
lie), a entamé son parcours dans le
en droit des affaires / DJCE de l’uni-
versité de Lorraine a d’abord été
•générale
Véronique Faujour, secrétaire
de Crédit Agricole SA,
Digérer la data com Paris et de l’Imperial College de Londres, il passe secteur de la beauté au sein du assistante parlementaire avant de 60 ans.
Créée en décembre 2022, la jeune pousse parisienne
emploie aujourd’hui une quinzaine de salariés et
par des stages « à la Fondation Cartier, pour distribuer le
courrier, et chez Matra, dans les satellites » avant de débu-
groupe Beauté Prestige Interna-
tional. D’abord directeur financier
devenir directrice de cabinet de
Nancy en 2001. Elle est actuelle-
•cycliste
Laurent Jalabert, ex-coureur
et sélectionneur de l’équi-
annonce avoir bouclé une extension de son tour de pré- ter chez Louis Dreyfus Communication. de la filiale italienne, il a ensuite ment la directrice générale de la pe de France sur route, 55 ans.
amorçage, le portant à 7 millions d’euros. « L’objectif est travaillé au siège parisien comme société Destination Nancy. A par- • Billy Idol, chanteur, 68 ans.
de permettre aux producteurs, industriels, distributeurs
et autres restaurateurs d’identifier toutes les pistes d’amé-
De la fibre à la fourchette
Suivront un MBA de Harvard, puis McKinsey, Neuf
directeur financier du groupe.
Devenu en 2018 directeur finan-
tir de 2014, elle avait pris en charge
la gestion du parc des expositions
•réalisateur,
Arnaud Lemaire, mannequin,
48 ans.
lioration, de la fourche à la fourchette », résume le diri-
geant, dont la solution a déjà été choisie par Sodexo,
Cegetel et SFR, dont il a été le directeur marketing, avant
de rejoindre La Fourchette. Un parcours au cours
cier du groupe Shiseido pour la ré-
gion Europe-Moyen-Orient et
de Nancy. •deAnne Le Naour, directrice
CA Grands Crus, 47 ans.
Andros, Foodles ou encore Potel et Chabot.
A l’heure où « les résultats financiers et extrafinanciers
lequel a mijoté sa volonté d’entreprendre. Si bien qu’en
2015, sans « rien connaître à la restauration », ce « vétéran
Afrique, il avait rejoint, en 2021,
Byredo en qualité de chief opera-
Philippe Pasquet, 63 ans, diplômé
de l’IEP de Grenoble, est égale-
•artiste
Annette Messager,
plasticienne, 80 ans.
vont finir par fusionner », selon lui, l’ambition est de
créer « le SAP de l’environnement ». « Au même titre que
de la tech », selon ses termes, lance FoodChéri, en vue de
« simplifier le mieux manger ».
ting officer chargé de la finance et
des opérations.
ment titulaire d’un 3e cycle en rela-
tions internationales ainsi que
•deHenri Nijdam, directeur
publication et de la rédaction
les progiciels ont transformé la gestion des processus En première ligne pour constater l’impact environ- d’un executive program de l’In- du « Nouvel Economiste », 73 ans.
métiers, Carbon Maps veut aider les entreprises à capter,
mettre en forme et valoriser des données environnemen-
nemental d’un plat carné, il devient vegan. Et FoodChéri
(revendu à Sodexo en 2018) fait office de rampe de lance-
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE
Ludovic Van de Voorde
sead. Il est actuellement le direc-
teur général de GL events exhibi-
•réalisateur,
Ridley Scott,
86 ans.
tales, jusque là chaotiques et dispersées, pour en faire des ment pour Carbon Maps, cofondé avec Estelle Huynh et sera directeur des services tions. A ce titre, il assure notam- • Ben Stiller, acteur, 58 ans.
leviers actionnables dans les achats, le marketing, la direc-
tion financière, etc. », explique cet ingénieur de forma-
Jérémie Wainstain. Peu expert de la déconnexion pro-
fessionnelle, ce père de deux filles, marié à une Cana-
du crédit à la consommation
à compter de ce vendredi.
ment la présidence du directoire
de Première Vision.
•économiste,
Lawrence Summers,
ancien secrétaire
tion. Concrètement, il s’agit de digérer la data émanant dienne, parvient à « décrocher vraiment » via le ju-jitsu au Trésor des Etats-Unis, 69 ans.
de l’ensemble de la chaîne : depuis l’alimentation du
bétail, parfois à base de soja dont la production a engen-
brésilien, un sport de combat sans percussion. Mais pas
toujours sans impact. n
Ludovic Van de Voorde, 53 ans, di-
plômé de l’EM Lyon et de l’univer- , Envoyez vos nominations à
carnetlesechos@nomination.fr
•etDidier Truchot, fondateur
chairman d’Ipsos, 77 ans.

actions actions actions

euronext hors srd Françaises euronext hors srd suite Françaises euronext hors srd suite Françaises changes cours au comptant
var. var.
29-11-2023 cours veille année
isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol 1 euro en devise bce en % en %

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Fr0012616852 abionyX pharma g B 1,266 1,266 1,19 1,232 - 0,65 69617 Fr0000060824 Financiere marjos C 0,109 0,109 0,109 0,109 2000 Fr0012127173 ose immuno g C 4,005 4,01 3,86 3,95 - 1,99 120493 LIVRE STERLING 0,8646 -0,16 -2,31
FRANC SUISSE 0,9597 -0,56 -3,01
Fr0000064602 acanthe dev. C 0,35 0,35 0,35 0,35 + 0,58 16010 Fr0014005sb3 Forsee power sa B 2,69 2,7 2,68 2,7 6670 Fr0010263202 pareF g C 47,8 47,8 47 47 - 1,67 771 COURONNE DANOISE 7,4549 -0,01 0,25
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COURONNE SUEDOISE 11,3709 0,13 1,88
Fr0012821890 aduX g C 1,125 1,125 1,1 1,125 854 Fr0000065971 Graines voltZ C 29,1 29,7 29 29,5 + 1,38 12339 Fr0000038465 passat g C 4,6 4,62 4,6 4,6 - 0,43 5880
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Fr0013333077 aFFluent medical B 1,31 1,31 1,3 1,3 2137 Fr0004155000 Groupe sFpi g C 1,562 1,562 1,55 1,556 - 0,13 11426 Fr0011027135 patrimoine et comm B 18,75 18,8 18,6 18,6 593 YEN JAPONAIS 161,64 -0,28 15,13
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Fr0011992700 ateme g B 6,9 6,9 6,8 6,8 - 1,73 1421 Fr0012821916 hipay Group g C 5,88 6 5,76 5,88 - 2 1195 Fr0012432516 poXel g C 0,35 0,361 0,35 0,36 + 0,84 31059 FORINT HONGROIS 378,2475 0,22 -5,37
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Fr0000035370 bastide conF.med. g C 24,45 24,8 24,3 24,65 + 3,57 1717 Fr0000071797 inFotel g C 45,6 47 45,6 46,3 + 1,54 520 Fr0013344173 roche bobois sa G B 44,5 45 41,5 45 + 0,9 3232 PESO MEXICAIN 18,8785 0,18 -9,66
REAL 5,3686 0,22 -5,32
Fr0000039299 bollore G A 5,395 5,415 5,315 5,34 - 0,93 470056 Fr0013233012 inventiva g B 3,85 3,975 3,805 3,94 + 2,47 18521 Fr0000054199 s.t. dupont C 0,095 0,095 0,078 0,095 + 0,21 38468 DOLLAR SINGAPOUR 1,4625 -0,09 1,71
Fr0000074254 bourse direct C 5,88 5,88 5,74 5,8 - 1,36 3871 Fr0000032278 latecoere g C 0,016 0,017 0,016 0,016 + 3,82 10809181 Fr0000039109 seche environnem. g B 108,2 108,8 107,8 108,6 - 0,37 1540 LIVRE TURQUE 31,734 -0,21 58,27
RENMIBI YUAN 7,775 -0,36 5,10
Fr0010151589 caFom C 9,2 9,2 9,02 9,2 1136 Fr0014009yQ1 lhyFe B 4,785 4,9 4,785 4,9 + 2,4 18490 Fr0011950682 serGeFerrari Gp g C 7,18 7,37 7,18 7,34 + 2,37 3924
Fr0012969095 capelli g 4,18 4,36 4,18 4,35 + 1,87 1433 Fr0012634822 maat pharma C 6,9 6,96 6,9 6,9 - 2,27 484 Fr0000060790 siGnauX Girod g C 14,1 14,1 13,9 14 - 0,71 707
Fr0010193979 cbo territoria C 3,67 3,71 3,67 3,69 + 0,55 8185 Fr0010609263 mauna kea tech g C 0,428 0,428 0,422 0,422 - 1,17 27649 Fr0000074122 sii g C 48 48,55 48 48,5 + 1,25 18387
taux marchés monétaires et eurodevises
marchés monétaires
Fr0000053506 ceGedim B 19,5 19,5 19,24 19,36 - 0,72 1163 Fr0000051070 maurel et prom g B 6,87 6,95 6,31 6,675 - 3,68 807133 Fr00140006o9 solocal Group B 0,091 0,092 0,085 0,085 - 7,21 407780 29-11-2023 jour 1 mois 3 mois 6 mois 1 an

Fr0000060907 chausseria C 9 9 9 9 + 12,5 1000 Fr0000060873 mbws g C 2,58 2,59 2,49 2,53 - 2,32 18781 Fr0004188670 tarkett G B 9,16 9,26 9,06 9,16 1547 Zone euro 3,96/3,66 4,08/3,78 4,07/3,77 4,11/3,81 3,98/3,68

Fr0013426004 claranova se g B 1,39 1,4 1,382 1,4 + 1,45 21377 Fr0004065605 medincell B 6,2 6,24 6,1 6,12 - 1,29 21701 Fr001400i939 technicolor crea. B 1,614 1,63 1,614 1,63 + 0,62 2997 ecarts de tauX avec l’allemaGne
29-11-2023 6 mois 2 ans 5 ans 7 ans 10 ans
Fr0010483768 crcam brie pic. cc B 17,562 17,698 17,31 17,372 - 1,07 4054 Fr0010298620 memscap g C 5,48 5,56 5,44 5,44 13247 Fr001400bmh7 teract B 2,6 2,6 2,57 2,57 - 1,15 1874
allemaGne 98,32 3,00 2,40 2,36 2,49
Fr0000185514 crcam nord Fr. B 13,2 13,44 13,2 13,388+ 2,31 1430 Fr00140085w6 mrm C 19,5 19,6 19,5 19,6 - 0,51 689 Fr0000033003 touaX g C 5,7 5,7 5,4 5,58 - 2,11 6335 portuGal 0 0,08 0,42 0,62 0,82
Fr0000045304 crcam tour.poitou C 81 82,98 81 81 - 1,22 805 Fr0013482791 nacon sas B 1,69 1,718 1,68 1,686 - 0,24 41233 Fr0000036816 tour eiFFel g B 12,2 12,5 12,15 12,2 - 1,61 2456 France 0,09 0,15 0,37 0,45 0,53
espaGne 0,03 0,20 0,75 0,91 1,01
Fr0000062978 dekuple g C 29,4 29,6 28 29,2 - 0,68 802 Fr0004050250 neurones B 38,45 39 38,15 39 + 1,7 2808 Fr0000035784 transit.everGreen G C 2,57 2,57 2,51 2,54 - 0,78 2766 italie -0,03 0,48 3,57 1,48 1,66
Fr0013283108 delta plus Group g B 70,3 71,8 70,3 71,2 + 1,43 1074 Fr0012650166 nhoa g C 0,718 0,72 0,688 0,69 - 4,17 41202 Fr0000050049 viel et cie C 8,08 8,1 8,08 8,1 + 0,25 493
Fr0000054678 euro ressources C 3,51 3,51 3,48 3,5 - 0,29 3155 Fr0000121691 nrj Group B 6,94 7 6,94 6,98 3406 Fr0000062796 vranken - pommery C 15,8 15,95 15,6 15,6 + 0,32 865
Fr0000075343 euromedis Groupe C 4,64 4,75 4,64 4,75 + 2,37 787 Fr0000052680 oeneo g B 13,4 13,45 13,3 13,3 - 0,38 6161 Fr0012532810 waGa enerGy B 22,85 23,15 22,65 22,8 - 0,22 819
certificat/fonds investir 10
INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 156,85 1,03
Fr0011271600 FermentalG g C 0,27 0,272 0,267 0,268 - 0,74 148519 Fr0000075392 orapi g C 6,42 6,44 6,42 6,44 1191 Fr0004034072 Xilam animation g C 4,3 4,37 4,24 4,37 + 1,63 15642
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Nicolas Barré Christine Kerdellant (Idées et débats) Cécile Cornudet, Sabine Delanglade, Les Echos Le Parisien Médias ABONNEMENTS L’Imprimerie (Tremblay-en-France), Midi-Print (Gallargues).
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DES DONNÉES PERSONNELLES un 3e cahier supplément
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 Jeudi 30 novembre 2023 Les Echos 34

= Les chiffres de l’économie

// Budget de l’Etat et PSR 2023 : 500,2 milliards d’euros (prévisions PLF 2023) // PIB 2022 : 2.642 milliards d’euros
// Plafond Sécurité sociale : 3.666 euros/mois à partir du 01-01-2023 // SMIC horaire : 11,52 euros à partir du 01-05-2023
// Capitalisation boursière de Paris : 2.425,61 milliards d’euros (au 20-07-2023)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 117,65 au 16-07-2023 // Taux de chômage (BIT) : 6,9 % au 1er trimestre 2023
Retrouvez-nous sur www.lesechos.fr // Dette publique : 2.956,8 milliards d’euros (3e trimestre 2022)

crible
Rattrapés par le réel
La hausse des taux d’intérêt n’est pas indolore pour les ménages américains. General en retraite
Il n’est pas nécessaire d’espérer Les cadeaux de General Motors
pour entreprendre ni de réussir à ses actionnaires sont une forme
pour persévérer. Fidèle à de capitulation.
Guillaume d’Orange, la société de
gestion néerlandaise Robeco ne
renonce pas à percer les mystères
de l’économie américaine dans
ses perspectives pour 2024.
« Le scénario de consensus actuel
suggère un atterrissage en douceur,
où l’inflation est maîtrisée sans
augmentation significative du
chômage. Mais nous pensons que
ce scénario est trop optimiste »,
estime Peter van der Welle,
stratégiste multi-actifs. Loin de
rester déconnectés de la cherté
réelle de l’emprunt – mesurée par
l’indice d’accessibilité – les défauts
de paiement immobiliers des
ménages américains devraient
augmenter. Il faudra en effet
davantage déménager pour trou-
ver un emploi, car le marché du
travail donne des signes d’affai-
blissement. Leur consommation
estimée (+1 %) serait aussi
inférieure à la moyenne.

Changement climatique
L’ascension de PDD Holdings bouscule
les grands concurrents.
Au trébuchet des inégalités, voilà une décision qui ne prêtera pas
La tornade orange ne se contente pas de bousculer le climat du commerce. à polémique dans la future campagne électorale américaine.
Elle réchauffe sérieusement la valorisation de PDD Holdings. Au troisième Entre les 9,3 milliards de dollars de hausses de salaire, soit 25 %
trimestre clos fin septembre, les ventes consolidées de la maison mère de de mieux, et les 10 milliards de dollars de rachats d’actions, soit 25 %
Temu et Pinduoduo ont presque doublé. Son bénéfice opérationnel a quasi de sa capitalisation boursière, on reconnaîtra le grand numéro
augmenté de moitié. Wall Street applaudit (+18 % pour l’action) malgré d’équilibriste d’une des entreprises les plus politiques d’America Inc,
la marge brute inférieure de trois points de pourcentage à ses pronostics, General Motors. Certes, les premières s’étalent sur quatre ans,
le reflet des efforts de promotions et de marketing. Car le bénéfice net et les seconds sur onze mois (dont près de 70 % d’ici la fin de l’année).
dépasse d’un quart les attentes, et le cash s’accumule au bilan (28 milliards Mais « l’avant » comme « l’arrière » de ce véhicule de partage
de dollars). Sans être isolé dans la présentation financière, le nouveau de la valeur soulignent cruellement l’impasse dans laquelle
phénomène des articles à bas prix Temu tire bien la croissance. il se trouve. D’un côté, le surcoût en masse salariale nécessitera
Les critiques relatives à la sécurité nationale, formulées par Grizzly de trouver 2 milliards d’économies de coûts fixes par an, le rappel
Research, ne l’empêchent pas de séduire les consommateurs mondiaux. de l’obligation d’une gestion financière fine du déclin du « thermique ».
Le codirecteur général, Zhao Jiazhen, les qualifie de « manipulations » De l’autre, les cadeaux aux actionnaires constituent une forme
destinées à servir des vendeurs à découvert. Les investisseurs férus de de capitulation face aux investisseurs sceptiques sur la reconversion
développement durable peuvent s’interroger, mais le gain boursier depuis à l’électrique, plus lente que prévu, du premier constructeur américain
l’entrée en Bourse (+520 %) tranche avec la destruction de valeur d’Alibaba et sur sa capacité à suivre le rythme imposé par Tesla.
(–51 %), dont la cote de valorisation trois fois plus modeste (8,4 fois le Washington pourrait finalement se demander pourquoi il joue
bénéfice prévisionnel, contre 26 fois) reflète la panne de croissance. les Pères Noël en offrant à GM, à travers ses subventions, entre 3.500
Jack Ma, le fondateur du leader chinois en plein doute stratégique, tire son et 5.500 dollars de profit supplémentaire par véhicule électrique.
chapeau, pour mieux appeler ses anciens collègues à braver la tempête. A condition, bien sûr, d’en vendre.

Le CAC 40 repart en hausse

EN VUE

Laurent Nunez
irculez ! Enfin, si vous y arrivez… ils seront finalement deux fois plus chers

C A huit mois des JO, Laurent

La Bourse de Paris a terminé la jour-
née en légère hausse. Le CAC 40 a
gagné 0,24 %, à 7.267,64 points.
L’indice parisien a progressé de
5,55 % depuis le début novembre,
ce qui marque sa plus forte hausse
mensuelle depuis janvier. Il n’évo-
lue plus qu’à 4 % environ de son
record historique inscrit le 21 avril
dernier, et enregistre une hausse de
12,26 % depuis le début de l’année.
La chute plus importante que
prévu de l’inflation allemande en
novembre, selon la première
estimation publiée mercredi, a
ravivé l’appétit pour le risque des
investisseurs. La hausse des prix a
ralenti à 2,3 % sur un an, après 3 %
en octobre.
Le DAX 40 de la Bourse de Franc-
fort a grimpé de 1,09 %, alors que le
FTSE 100 londonien abandonnait
0,43 %.
Du côté des valeurs, Stellantis a
terminé en tête du CAC 40 avec un
gain de 5,20 %, devant Worldline,
qui a progressé de 3,83 %. La fon-
cière Unibail-Rodamco-Westfield
a profité de la chute des taux d’inté-
rêt de long terme, avec une hausse
de 3,62 % sur la séance. Capgemini
a, pour sa part, enregistré des gains
de 3,26 %. Alstom a, en revanche,
chuté de 3,57 %, affichant la plus
forte baisse de l’indice. TotalEner-
gies a reculé de 2,39 %, tandis que
Pernod Ricard abandonnait 1,46 %
et Sanofi 1,04 %.
Nunez, préfet de police de Paris,
a dévoilé mercredi au « Parisien » le plan
de circulation dans la capitale durant un
événement qui s’annonce chaque jour un
peu plus sportif. Les confrères s’y sont mis
à cinq pour recueillir sa parole, ce qui est
bien le minimum pour tenter de s’y
retrouver. Cela sera « hardcore », avait
prévenu le ministre des Transports, Clé-
ment Beaune. Il a savonné la planche du
chef des pandores, mais n’avait pas tort.
Résumons en multicolore : il y aura des
zones grises, interdites aux quidams ; des
zones rouges, interdites à la circulation
motorisée ; des zones bleues, à circula-
tion réglementée ; et des Parisiens, qui
seront marron et verts. Les taxis circule-
ront. Enfin… Pas partout, pas tout le
temps. Idem pour les VTC, en pire. Les
métros seront ouverts. Enfin… Pas par-
tout, pas tout le temps. Le comité d’organi-
sation promettait des transports gratuits,
que d’ordinaire. Voilà une première
médaille d’or assurée, celle de l’enfumage.
La France qui gagne ! De toute façon, les
transports ne seront « pas prêts », a taclé
Anne Hidalgo, grande experte en circula-
tion fluide. Elle a snobé les réunions pré-
paratoires, oubliant que « l’important,
c’est de participer ». C’est beau l’esprit
d’équipe. Les résidents motorisés et les
commerçants qui n’auront pas fui
devront obtenir des dérogations via une
plateforme numérique. Idem pour se ren-
dre dans un bar, un restaurant ou chez des
amis en zone rouge. Médaille d’or de
l’usine à gaz en vue.
C’est dire s’il faudra, pour que les Fran-
ciliens se prêtent aux Jeux, toute la
faconde et la rondeur du « good cop » de
Macron, nommé à l’été 2022 pour faire
oublier la raideur de son prédécesseur,
Didier Lallement. Laurent Nunez l’assure
au « Parisien », il est « serein ». C’est bien
le seul. n