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51-98
scolaire
Christelle Marsault
avancer qu’il s’agit d’une mise en conformité de l’ avec l’école. Mais à quel niveau
se conforme-t-elle ? S’agit-il d’une intellectualisation de ses buts, de sa mise en
œuvre, ou de ses contenus d’enseignement ? Cette conformité relève-t-elle d’une
imitation, d’une adaptation ou d’une obéissance aux règles scolaires ? Autrement dit,
quel lien l’ entretient-elle avec l’école ?
Pour Claude Prévost (1991), « la profession s’est constituée sur le mythe d’une 2
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elles toutes des soucis d’intégration ? L’ ne suit-elle pas simplement, comme les
autres disciplines (y compris les disciplines qualifiées d’intellectuelles), l’évolution
des procédures de rationalisation de l’enseignement ? Comme le suggère Jacques
Gleyse (1993 a), « ce n’est pas tant une mise en orthodoxie scolaire qui touche le
champ de l’ , qu’une inéluctable corrélation avec le champ praxique et
épistémique ». S’appuyant sur des modèles scientifiques identiques, l’ensemble des
disciplines adopte les mêmes procédures de construction du savoir et de justification
éducative des démarches. Toutefois, la reconnaissance disciplinaire nécessite
également la détermination de savoirs propres au sein du curriculum (Evans, 1990).
L’intérêt porté aujourd’hui, à l’école, aux aspects plus méthodologiques que culturels 4
Alors que Pierre Arnaud (1990) défend la thèse d’une forme de savoir en conformité 6
avec l’école, Claude Pineau (1987) soutient l’idée d’un savoir spécifique et pratique
qui se pérennise. Pour Bernard-Xavier René (1992), « les évolutions concernent
essentiellement la nature des situations d’apprentissage que l’enseignant propose aux
élèves (situation-problème). La permanence concerne les contenus effectivement
enseignés et le type d’activité sollicitée chez l’élève ». La question des savoirs permet
de montrer la complexité du rapport entre l’ et l’école.
d’abord de clarifier, parmi les savoirs disciplinaires, ceux qui concernent l’enseignant
et ceux qui touchent l’élève, et donc de différencier « savoir à enseigner et savoir pour
enseigner » (Perrenoud, 1996). Nous nous attacherons dans un premier temps à la
transformation des savoirs à acquérir par l’élève. Nous montrerons que la place d’un
savoir théorique évolue sans jamais évincer son caractère pratique. Dans un
deuxième temps, nous verrons que l’analyse du savoir de l’élève est en rapport avec la
transformation des modèles d’apprentissage et des cadres d’analyse de l’enseignant.
Cependant, cette rationalisation de l’enseignement sur la base de modèles
scientifiques reste coupée d’une transmission traditionnelle de procédés techniques
et d’idéologies pédagogiques persistantes sur le terrain. Ce qui contribue à rendre le
rapport de l’ au savoir problématique.
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L’évaluation : entre outil de contrôle gestuel et instrument de
reconnaissance scolaire
Ainsi, dans les années 1970, la notation révèle la maîtrise du corps et les effets de 9
En réaction à ces formes trop scolaires de l’ , les connaissances évaluées durant les 10
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(grille d’analyse du jeu de son équipe). L’élève, en même temps qu’il apprend le geste,
prend connaissance des éléments qui justifient son résultat, et des éléments qui
légitiment son apprentissage. La phase d’évaluation n’est plus une perte de temps
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13/11/2018 2. L'intellectualisation : l'enjeu scientifique comme modèle scolaire
Malgré le passage des savoirs techniques aux savoirs méthodologiques, les critiques 14
portent encore sur la norme sportive qui reste l’élément de comparaison dans le
processus d’évaluation. « L’évaluation motrice s’effectue par rapport à un modèle du
corps normé du champion. L’élève a une gestion originale de ses ressources qui n’est
pas prise en compte » (Forestier, 1991). Ainsi, l’idée d’une « singularité motrice »
(Davisse, Rochex, 1998) s’oppose au modèle sportif qui reste la référence à partir de
laquelle se construisent les différentes formes de savoirs. Bien que parée des attributs
scolaires, l’évaluation renvoie l’image d’un savoir conforme au modèle sportif.
Aujourd’hui, les modalités d’évaluation sont proposées par les équipes pédagogiques
construites à partir de référentiels. Malgré un certain conformisme s’appuyant sur les
modèles d’analyse technologique des , des écarts existent selon les élèves. Gilles
Combaz (1992) montre combien les modalités de l’évaluation de la connaissance
reproduisent la hiérarchisation intellectuelle du cursus scolaire. L’évaluation des
savoirs se réalise plus par écrit pour les baccalauréats et plutôt à partir des situations
pour les (Bordet, 1993). En conséquence, la part de connaissances théoriques est
variable selon la définition que les enseignants en donnent au quotidien. Cependant,
le programme de terminale du 30 août 2001 rappelle qu’il ne doit pas y avoir d’
« évaluation des connaissances isolée de la compétence globale ».
Ainsi, l’évaluation mesure toujours une efficacité, même si celle-ci change d’objet en 15
Quelle est la nature du savoir enseigné ? À l’image des autres disciplines, l’ n’a 16
plus seulement pour vocation de transmettre des savoirs spécifiques à une discipline,
mais devient un prétexte à la construction de savoirs scolaires. C’est dans la mise en
œuvre de ces savoirs que l’ cultive sa spécificité motrice. En même temps, le savoir
n’est plus universel, il prend une définition plus personnelle. En effet, ce qui est
attendu des élèves évolue d’une conformité technique au modèle de haut niveau vers
le développement personnel de méthodes d’apprentissage par l’expérimentation
corporelle. Les effets attendus seront différents : assembler le geste sportif découpé
préalablement (modèle associationniste), gérer ses ressources ou de l’information
(modèle du traitement de l’information), puis construire des relations significatives
entre les différents éléments extraits du contexte, pour agir (modèle constructiviste).
Ce qu’il y a à apprendre, et la manière d’apprendre, s’appuient sur des
représentations différentes de l’élève conçues à partir de modèles spécifiques. Ces
modèles sont issus des avancées scientifiques, et vont déboucher sur l’élaboration de
nouvelles méthodes pour appréhender les objets d’enseignement (Develay, 1992). Ces
modèles (Delignières, Duret, 1995) peuvent provenir de théories ou de courants
scientifiques comme les théories de l’information. Certains les placent au rang de
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Dans les années 1970, le modèle de l’apprentissage est orienté principalement vers 17
Dans les années 1980, il ne suffit plus de faire du sport pour être plus intelligent, il 18
faut être intelligent pour faire du sport. Le modèle qui émerge fait de l’élève un
gestionnaire de ses ressources. La notion de ressources (Famose, 1983) remplace
celle de qualités physiques quand les travaux en psychologie montrent leurs limites
(Famose, Durand, 1988). D’une part, certaines ressources sont peu développables
(Fleishman, 1967) et, d’autre part, la performance peut s’améliorer avec
l’entraînement, sans augmentation des qualités physiques, mais par réorganisation
des ressources (Leplat, 1985). L’apprentissage permet l’accroissement de la
performance et une économie des ressources (Leplat, 1989). Les enseignants vont
alors porter leur attention sur la gestion des possibilités de l’élève (en endurance, la
régularité) plutôt que sur leur développement limité (amélioration de la VO² max).
L’ , en s’appuyant sur la notion d’habileté plutôt que sur la technique, vise alors
l’efficience plus que l’efficacité. « L’apprentissage en peut se définir comme
l’acquisition des pouvoirs moteurs nouveaux, articulant savoir-faire et savoir sur le
faire, et s’exprimant dans des habiletés motrices plus efficaces, parce que plus rapides
et plus stables » (Amade-Escot, 1989). De plus, ajoute Jean-Pierre Famose, « une
habileté motrice n’est pas simplement motrice, il y a une tendance marquée chez les
techniciens à prêter trop d’attention à l’aspect moteur des différentes habiletés (…).
Toutes les habiletés sont perceptivo-motrices ou psychomotrices ». Le rejet de la
technique au profit de l’habileté motrice conduit à évacuer la forme du geste au profit
de son pilotage. L’élève va dorénavant gérer sa motricité. La pédagogie se centre sur
l’efficacité perceptive. L’activité du sujet est assimilée à un ordinateur dans lequel on
introduit des données, pour que des opérations sélectionnent la bonne réponse avant
de déclencher l’action de l’individu (Schmidt, 1982). La capacité de traitement de
l’information (en particulier visuelle) étant limitée, ce modèle va conduire les
enseignants à orienter le savoir vers des stratégies de prise d’informations
pertinentes pour le sujet (Papin, 1987). Par exemple, l’importance du regard porté
par le sujet en handball (Mariot, 1992). La prise de conscience et le traitement des
informations par l’élève deviennent prédominants, et l’enseignant va devoir organiser
l’environnement pour faciliter la perception de l’élève. L’apprentissage est cognitif,
car il développe des processus cognitifs sous-jacents à l’action.
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Gérer son action engendre un double travail intellectuel : par sa forme verbale et par 19
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cognitif
La définition de ce qui est appris en ne varie pas seulement avec l’évolution des 22
Nous montrerons que les conceptions de l’apprentissage vont jouer sur les manières 23
d’apprendre et justifier les procédures mises en place au sein d’un champ théorique
explicatif. La théorie justifie la concordance entre l’objet et son enseignement, mais
ne déterminent pas les choix d’objets d’enseignement initiaux, c’est-à-dire le geste
technique, l’habileté psychomotrice ou la résolution de problème. En effet, ces choix
sont axiologiques. Ainsi, les travaux scientifiques vont apporter des éclairages
différents. Dans les années 1970, ils s’intéressent aux différents stades
d’apprentissage. L’intérêt se porte sur la manière dont l’individu apprend. Les
recherches dans les années 1980 vont s’orienter vers la comparaison architecturale et
contextuelle des différentes tâches d’apprentissage, en différenciant le type d’activité
sollicitée selon la nature des tâches proposées. Enfin, dans les années 1990, ce sont
les conditions d’apprentissage et les conditions d’enseignement qui vont devenir
fondamentales. Ces différents modèles seront réappropriés par les concepteurs en
avec souvent un décalage dans le temps et une transformation des concepts initiaux.
Apprendre dans les années 1970 nécessite de mémoriser le geste technique adéquat 24
par conditionnement (Pavlov, 1927 ; Skinner, 1995) et donc par répétition. Lors
d’exercices, l’élève réitère le même mouvement jusqu’à l’obtention du geste juste. Les
techniciens parlent de lissage du geste car la répétition permet d’améliorer la forme
du geste, en passant d’un mouvement saccadé à un mouvement lissé. Le
béhaviorisme éclaire ce souci pédagogique qui s’intéresse au comportement en tant
qu’observable (Fraisse, Piaget, 1963). La démonstration de la forme gestuelle et la
stimulation du sujet par des consignes entraînent une modification du
comportement.
Au début des années 1980, le programme moteur généralisé issu des travaux de 25
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Au début des années 1990, l’intérêt va se porter sur la prise de décision et les 26
Pour le courant de l’action située, apprendre revient à développer des savoirs qui 30
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espace d’actions possibles. Les objets qui constituent l’environnement sont porteurs
de possibilités, c’est pourquoi la cognition est potentiellement distribuée entre les
acteurs humains et matériels de la situation. L’apprenant et l’enseignant agissent
donc sur cet espace potentiel, en octroyant un sens aux objets et aux actions, et
modifient continuellement cet espace de possibles. Par exemple, une corde pour
grimper est potentiellement porteuse d’usages différents selon l’imagination des
élèves, ou ce qu’en pense l’enseignant. L’action de l’enseignant, en limitant son usage
ou en l’encourageant, va modifier cet espace des possibles. L’élève s’organise à partir
de formes typiques de comportement, comme par exemple des stratégies
caractéristiques de gain de match (Rossard, Testevuid, Saury, 2005). Dans le courant
de l’énaction (Varela, 1989), la cognition est même incarnée. Avec ces nouveaux
courants contextualistes, la définition de la cognition inclut un ensemble large de
fonctions qui dépassent le cadre de la réflexion intellectuelle du sujet.
complété aujourd’hui par d’autres modèles théoriques qui viennent justifier un savoir
pratique, spécifiquement ancré dans l’expérience motrice et affective de l’élève.
Même si les applications professionnelles font peu légion encore, ces nouvelles
approches offrent des définitions différentes de l’apprentissage et donnent des
orientations idéologiques inédites dans la définition de l’ (Cornus, Marsault,
2003). Pour Christian George (1985 a), « au sens très large, le cognitif concerne ce
qui a trait à la connaissance, qu’il s’agisse de connaissances déclaratives ou de
connaissances procédurales. Dans une perspective plus restreinte, le terme
« cognitif » désigne une activité mentale qui fait appel à des représentations, celles-ci
pouvant être conscientes ou inconscientes ». Ainsi, l’apprentissage est encore
cognitif, même s’il n’est plus complètement mental. L’opération intellectuelle ne se
réduit plus à une pensée consciente extérieure au geste. La cognition déborde
largement les limites d’une rationalité détachée d’affects et d’émotions. Antonio R.
Damasio (1995) montre d’ailleurs que l’intelligence ne peut être considérée de
manière isolée, car raisonnement et émotion interagissent. Il devient, par
conséquent, difficile de définir les limites de ce que l’on entend par « cognition »,
comme de la considérer de façon isolée, sans tenir compte de l’action et de l’émotion
dans le processus d’apprentissage.
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13/11/2018 2. L'intellectualisation : l'enjeu scientifique comme modèle scolaire
« La méthode désigne l’ensemble des démarches suivies, des moyens agencés pour
parvenir à une fin » (Ulmann, 1982 a). L’exercice trouve sa place dans une continuité
technique, du débutant jusqu’au confirmé. L’intérêt se porte sur l’aspect
pédagogique. « Après 1969, c’est la substitution de l’autorité de l’enseignant à
l’organisation de la tâche » (Rauch, 1978) qui modifie la manière d’aborder le geste
technique. Le milieu est aménagé pour susciter le bon geste. Si le mode de
prescription change de forme, il relève toujours de l’imposition par le maître, du
modèle du haut niveau. Toutefois, cette démarche technique qui s’appuie sur un
modèle linéaire de progressivité sera remise en cause par une approche
technologique plus structurale des . La théorisation des prend alors une
dimension plus généraliste, plus intellectuelle, car elle va s’intéresser à des grands
principes et moins aux solutions techniques. Les principes fondamentaux apportent
une analyse théorique de chaque activité sportive qui permet aux enseignants de
découper autrement le geste (Catteau-Garoff, 1968). Ainsi, Pierre Seurin (1979)
défend l’idée qu’ « on intellectualise exagérément l’enseignement de l’ », en parlant
des savoirs technologiques de l’enseignant. Les connaissances de l’enseignant se
développent en dehors des savoirs de l’élève à travers une théorisation de la pratique.
développement cognitif de l’élève durant les années 1980. La pédagogie sportive est
critiquée au profit d’une pédagogie de l’acte moteur (Bonnet, 1983). Comment
fonctionne l’individu dans la tâche ? Quelles sont les ressources qu’il peut mobiliser
pour atteindre l’objectif ? Le fonctionnement de l’élève dans la tâche est au
fondement de la réflexion didactique qui se penche sur l’analyse rationnelle de la
tâche et des rapports entre la tâche et l’activité de l’élève. Par exemple, Jean-Pierre
Famose propose de faciliter l’apprentissage du virage à ski, en traçant dans la neige la
trajectoire que doit suivre l’élève, plutôt qu’en donnant verbalement les différentes
opérations motrices nécessaires au virage. L’aménagement du milieu ne sert plus à
contraindre le geste de l’élève, mais à clarifier le but de la tâche pour l’apprenant
(Famose, 1982 a). L’enseignant propose des tâches qui peuvent être classées en
fonction de leur degré de spécification : définies, semi-définies ou non définies. Jean-
Pierre Famose (1982 b) défend l’usage des tâches semi-définies car elles « permettent
à l’enfant, dans son processus de redéfinition, d’élaborer des buts et des projets
personnels ». Cette caractérisation des tâches permet de se différencier des tâches
complètement définies dont relève la technique sportive et de donner une part active
à l’élève dans son apprentissage.
Différentes formes de tâches vont être proposées aux élèves. Les travaux de recherche 36
vont porter également sur la comparaison entre ces diverses sortes d’apprentissage
pour mettre en évidence les principes d’efficacité des différentes méthodes proposées.
Daniel Bouthier (1986) examine par exemple trois types de pédagogie pour enseigner
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13/11/2018 2. L'intellectualisation : l'enjeu scientifique comme modèle scolaire
le rugby. Chantal Amade-Escot (1991) compare trois types de tâche : les solutions
motrices, des mises en situation et les situations à résolution de problème qu’elle
préconise. Ainsi, les années 1980 sont marquées par la multiplication des pédagogies
et des méthodes due à l’effervescence de la Recherche-Action. L’intérêt est centré sur
la gestion pédagogique et didactique, c’est-à-dire la manière la plus efficace de
transmettre des savoirs. Les apports scientifiques permettent à l’enseignant de
décortiquer la tâche d’apprentissage pour mieux l’adapter aux possibilités des élèves.
La rationalisation inclut non seulement la justification préalable de l’objet à
apprendre, mais également l’organisation de la tâche d’apprentissage.
sa résolution (Fabre, 1997). L’élève doit se poser des questions (Marsenach, 1991),
comme : Comment faire pour réussir ? Qu’est-ce qui m’empêche de réussir ? L’élève
adopte une démarche scientifique d’analyse, de compréhension et de formulation
d’hypothèses explicatives, qu’il va mettre en œuvre dans sa motricité (Delaunay,
1992). Selon les ressources des élèves, le problème sera construit différemment.
Michel Fabre (1999) parle alors d’espace-problème. Pour Bernard Conein et Éric
Jacopin (1994), il n’existe pas de tâche spécifique d’apprentissage, car chaque
expérience est singulière. L’ « espace de travail » (Gal-Petitfaux, Durand, 2001) que
l’individu doit étudier pour produire la coordination optimale remplace alors la
situation pédagogique. « L’enseignant n’a pas simplement pour mission de proposer
une situation-problème, mais doit garantir par ses interventions, ses régulations, que
le milieu didactique reste fécond et que l’élève y déploie une activité adaptative
pertinente, ayant des répercussions sur sa motricité » (Amade-Escot, 1994).
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13/11/2018 2. L'intellectualisation : l'enjeu scientifique comme modèle scolaire
de présenter les savoirs semble relever d’un enjeu fondamental, celui d’imposer à
l’institution une conception particulière en fixant un cadre d’analyse. Les cadres
d’analyse sont les éléments formalisés et reconnus par la communauté
professionnelle qui organise l’analyse de sa pratique. Chaque cadre sélectionne
différemment les informations (professionnelles, scientifiques…) pour définir une
conception particulière de l’ reconnue à un moment donné. Il facilite la
communication entre les membres de la corporation. Il pose également des limites à
celle-ci, en légitimant certains éléments au détriment d’autres. S’intéresser aux
cadres d’analyse et à leur source permet de comprendre quel courant est valorisé et, à
travers ces valorisations, quelle idéologie est dominante à une période particulière.
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13/11/2018 2. L'intellectualisation : l'enjeu scientifique comme modèle scolaire
Dans les années 1970, les intentions éducatives sont présentées sous la forme 45
Dans les années 1980, les objectifs sont traduits en termes de savoir, de savoir-faire 46
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13/11/2018 2. L'intellectualisation : l'enjeu scientifique comme modèle scolaire
compréhension de leur action plutôt qu’un perfectionnement en tant que tel. Les
deux autres pôles de la personne ne sont pas négligés : « C’est de l’éducation de la
personne et du futur citoyen qu’il s’agit, en même temps que de l’acquisition de
connaissances et de capacités » (circulaire du 30 juin 1988). Ainsi, le cadre d’analyse
des années 1980 reprend les trois axes en orientant la démarche d’analyse vers un
modèle essentiellement cognitiviste et en introduisant un vocabulaire issu des
théories de l’information. C’est un modèle de l’enfant capable de réflexion, de
mémorisation d’habiletés et de connaissances (arrêté du 14 mars 1986), offrant une
plus scolaire que sportive. Pour autant, les deux autres pôles coexistent dans les
textes.
À la fin des années 1980, les cadres d’analyse se diversifient. Certains vont tenter de 47
s’institutionnaliser après la loi d’orientation sur l’éducation (dite loi Jospin no 89-486
du 10 juillet 1989). Plusieurs modèles de savoirs émergent, se présentant sous la
forme de principes (Delaunay, 1991 a ; Grehaigne, 1989). L’idée de principe
(d’Archimède) et de règles (d’orthographe) renvoie au modèle de connaissances
typiquement scolaire. Claude Pineau (1991), alors doyen de l’Inspection générale,
élabore un cadre d’analyse pour la discipline en redéfinissant les principes précédents
et en les hiérarchisant d’un savoir pratique (principe opérationnel) vers un savoir
plus général (principe d’action et de gestion). Ce modèle offrait une même répartition
en trois pôles, il ne sera pourtant pas retenu par la profession.
Différents cadres d’analyse tentent également de s’affirmer dans les textes officiels au 48
cours des années 1990. Par exemple, l’arrêté du 24 mars 1993 propose un cadre qui
s’appuie sur trois types d’acquisition : réaliser, identifier/apprécier, organiser et
gérer. On retrouve encore les trois mêmes orientations : motrice, cognitive et
comportementale (de nature méthodologique). Ce texte sera également rejeté.
Ainsi, la variété des cadres d’analyse de la pratique ne favorise pas son unité et 50
Intellectualisation, désintellectualisation ?
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13/11/2018 2. L'intellectualisation : l'enjeu scientifique comme modèle scolaire
cadre contrôlé pour ne pas être soumise à des croyances non validées » (Parlebas,
1993). Voilà ainsi posé le rapport entre et sciences. Les sciences offrent à la fois
une légitimité et un éclairage particulier des problèmes que rencontre l’ . En effet,
l’ partage avec les autres disciplines des normes scolaires qui sont en réalité des
normes de rationalité scientifique nécessaires à la justification de choix idéologiques.
Pour comprendre l’évolution des conceptions de la discipline, il faut s’intéresser aux
transformations des paradigmes, des théories et des courants scientifiques qui
servent de modèles de rationalité pour la démarche des enseignants, de modèles
d’intelligibilité de la conduite des élèves et de modèles de formation générale et de
reconnaissance pour la profession. De ce fait, les mutations du savoir peuvent
s’analyser à partir des transformations paradigmatiques introduites par des sciences
de cautionnement. Toutefois, la place, la nature et le rôle de la science dans le
processus de légitimation ont changé. Les connaissances scientifiques servaient
d’abord à justifier par transposition de concept certains choix éducatifs, puis les
théories ont permis d’éclairer et d’expliquer plus directement certains mécanismes
pédagogiques. Ce sont également des démarches scientifiques qui sont utilisées
aujourd’hui pour construire un savoir didactique spécifique. La place de la science a
ainsi progressivement occupé différentes étapes de la construction de l’enseignement.
De plus, la discipline ne s’est pas toujours appuyée sur le même type de sciences et
tend à la fois à diversifier ses sources à partir de champs théoriques variés
(physiologie, psychologie, ethnologie, anthropologie…), à les recentrer sur un objet
spécifique (les sciences de l’éducation), voire à développer une science
spécifiquement scolaire (la didactique).
Ce nouveau regard plus scientifique porté par les enseignants sur leur pratique est 54
corrélatif des changements de leur formation initiale (Marsault, 2001 a). Utilisées
comme caution disciplinaire pour justifier sa place dans le système éducatif, les
références scientifiques semblent servir aussi d’appui aux conceptions pour se
différencier. L’utilisation des sciences dans la différenciation des positions à
l’intérieur de l’espace professionnel révélerait alors un déplacement de l’enjeu de
reconnaissance de la discipline à l’intérieur de celle-ci (Marsault, 2004 a).
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13/11/2018 2. L'intellectualisation : l'enjeu scientifique comme modèle scolaire
Ainsi, les années 1970 sont marquées dans le domaine scientifique par le 56
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13/11/2018 2. L'intellectualisation : l'enjeu scientifique comme modèle scolaire
les représentations des acteurs et sur les relations interindividuelles. Elle poursuit les
intérêts de la phénoménologie en s’appuyant sur ses méthodes. L’éthnométhodologie
(Garfinkel, 1967) est l’étude des méthodes utilisées par certains groupes en tenant
compte du contexte (indexicalité), en formalisant les procédures (descriptibilité) par
la verbalisation des sujets (réflexivité). Ce type d’analyse se retrouve en sociologie
dans la description des activités de l’enseignant (Dubet, Martuccelli, 1996) et de
l’élève (Perrenoud, 1994). L’ethnométhodologie favorise la prise en compte de la
verbalisation et de la prise de conscience dans l’amélioration de l’activité du sujet.
Ainsi, ce paradigme fait une place importante à la relation entre le contexte et le sujet
pour comprendre son action et à la réflexivité du sujet pour saisir le sens que celui-ci
attribue à la situation et à son action. Les travaux en ergonomie de la tâche vont
développer la méthode de verbalisation des procédures conscientes du sujet dans la
description de la tâche réalisée (Vermersch, 1994). Ainsi, l’intérêt transféré de
l’analyse de la pratique vers celle du sujet dans son environnement montre
l’importance accordée aux interrelations entre l’individu et son milieu. De plus,
l’attention portée à la verbalisation comme procédé scientifique permettant de
décrire l’expertise va renforcer l’attrait pour une pratique réflexive de l’enseignant et
de l’élève. Enfin, ces approches recentrent l’intérêt de la recherche sur la
compréhension des actes plus que leur explication. S’intéresser au sens attribué à
l’activité du sujet plus qu’aux causes extérieures éclaire les problèmes de
l’enseignement d’un nouveau regard. L’intérêt se porte sur les représentations du
sujet agissant, et moins sur le résultat de son action. Si ces courants se développent
dans les années 1980, ils prendront de l’importance en sciences de l’éducation et en
éducation physique surtout vers la fin des années 1990.
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Ainsi, chaque paradigme offre une autre manière de concevoir les problèmes 62
scientifiques. Selon Thomas S. Kuhn (1972), « la science ne procède pas par simple
accumulation de connaissances, mais par affrontement de paradigmes concurrents ».
La multiplication de ces modèles conduit à une diversité d’approches des problèmes
et de leur complexité. Ils éclairent l’évolution des pratiques enseignantes car ils
agissent inconsciemment en amont des réflexions professionnelles.
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Dans les années 1970, les sciences sont d’abord l’occasion de légitimer une pratique 64
sociale peu valorisée. « L’ tend à justifier son statut. C’est la science qui va le lui
permettre. (…) Jusqu’alors l’enseignant se contentait d’apprendre les conséquences
biologiques d’une pédagogie du mouvement corporel (…). Les sciences humaines
vont entraîner des ruptures radicales » (Vigarello, 1975). Les revendications
scientifiques seront de deux ordres.
D’une part, il s’agit de montrer que l’ n’est plus seulement une activité qui délasse 65
La science va servir, d’autre part, à montrer que les méthodes utilisées ne sont pas 66
d’une technique précise au profit des habiletés. La prise en compte des travaux en
psychologie du travail (Leplat, Palhous, 1976) à partir de l’école soviétique (comme
Alexei Léontiev, Lev Vygotski, Alexander Luria et Nina Talyzina) permet d’apporter
des connaissances sur les processus d’apprentissage moteur. Alors que le modèle de
Burrhus Skinner est soumis aux critiques dans les années 1960, la psychologie
soviétique offre un cadre nouveau, en se centrant sur l’activité du sujet. Elle apporte
les premiers éléments pour dénigrer l’enseignement technique. Par exemple,
Galpérine (1980) explique que la formulation de buts aide le sujet à former un plan
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d’action en dirigeant son attention sur certaines sources d’information. Les « bases
d’orientation » vont permettre de différencier les types d’apprentissage. Cette théorie
a éclairé plusieurs travaux en sports collectifs (Deleplace, 1979). Si les bases
d’orientation sont rationnelles, les joueurs élaborent des choix tactiques à partir de
décisions communes. Ce modèle permet de comprendre les transferts d’un ensemble
de tâches, mais surtout l’échec comme défaut dans le contenu de la base d’orientation
(Savoyant, 1979). Ainsi, les travaux en ergonomie vont permettre d’analyser l’activité
du sujet dans les tâches (Leplat, Pailhous, 1978), et de répondre au souci de la
corporation de développer une pédagogie plus scientifique, orientée vers un savoir
plus général.
Les théories cognitives sont dominantes dans les années 1980, pour expliquer la 69
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Le modèle cognitif du contrôle du geste est aujourd’hui remis en cause par différents 71
modèles théoriques. « Une étude menée sur l’apprentissage des tâches cycliques
montre que l’acquisition d’une réponse nouvelle n’implique sans doute pas de
contrôle représentatif en cours d’action » (Cadopi, 1994). La nécessité d’un contrôle
conscient du mouvement se pose en danse (Bonnery, Cadopi, 1989).
Les théories écologiques s’opposent aux théories cognitivistes en montrant que les 72
processus mentaux ne sont pas nécessaires dans la réalisation d’une action motrice
(Gibson, 1979). Le comportement est issu d’une auto-adaptation de l’individu par
rapport à ses propres capacités à explorer l’environnement. Il y a une relation directe
entre le sujet et son environnement, et donc une économie cognitive du contrôle de la
motricité. L’environnement est perçu naturellement par le sujet en fonction
d’affordances (Warren, 1984), c’est-à-dire en fonction de ce que ses capacités
intrinsèques lui permettent de faire dans cet environnement. Apprendre à percevoir
l’invariant utile pour agir, c’est-à-dire développer des lois de contrôle (Bootsma,
2003), devient l’enjeu de l’apprentissage. L’enseignant peut optimiser ces stratégies
en aménageant l’espace de travail, afin d’orienter l’activité de l’élève vers les indices
et invariants les plus pertinents.
en critiquant la notion de mémoire interne, qui serait capable de stocker des milliers
de . Pour Scott J. A. Kelso (1995), les régularités observées dans les patterns de
réponses ne sont pas inscrites dans des programmes moteurs. Elles émergent
naturellement de l’interaction complexe entre l’organisme et l’environnement
(Newell, 1986) sans qu’il y ait besoin d’une instance supérieure prescrivant et
planifiant le mouvement. Pour cette approche, le mouvement n’est pas
essentiellement piloté par le cerveau. La réponse motrice est le résultat d’une
coordination neuro-musculaire sans planification préalable. Apprendre, c’est donc
organiser autrement les degrés de liberté dans les patterns moteurs. Par exemple, un
débutant au volleyball a tendance à raidir son bras au service, alors qu’un expert
effectuera un fouetté du poignet en fin de geste (Temprado, Della Grasta, Farrel,
Laurent, 1997). Cela s’explique au travers de la théorie de « dégel des degrés de
libertés articulaires » de Nikolaï Bernstein (1997), qui permet de différencier les
étapes de l’apprentissage du débutant à l’expert. Pour cela, il s’agit d’apprendre à
explorer l’espace perceptivo-moteur de la tâche afin de faire émerger des solutions
motrices adaptées au problème rencontré.
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universitaire
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Enfin, la fin des années 1980 est marquée par la recherche d’une unité dans le 79
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également plus souvent sur des savoirs scolaires (gérer des publics difficiles,
construire un projet éducatif) que disciplinaires.
ces deux processus ont permis une meilleure reconnaissance de la discipline, ils ont,
dans le même temps, écarté l’ d’une culture spécifique du métier. Mais, plus
encore, la transformation des institutions de formation a introduit des personnes aux
compétences professionnelles différentes (différence entre et ), mais
surtout aux propriétés sociales distinctes (plus scolaires ou plus sportives). En effet,
les institutions de formation (Marsault, 2004 b) et les épreuves de concours (Amade-
Escot, 1993) sélectionnent différemment les individus. La compétence
professionnelle a une part sociale reconnue dans les concours de recrutement qui
s’opère par la cooptation (Chapoulie, Merllié, 1975). Les représentations sociales de
l’enseignant fonctionnent comme un filtre qui donne du sens à son action
pédagogique ultérieure (Demailly, 1985) et tend à redéfinir son métier (Muel-
Dreyfus, 1983). Ainsi, la définition des savoirs de l’enseignant joue sur la construction
sociale de la réalité pédagogique (Perrenoud, 1994). Le contexte économique et
politique va ensuite amplifier les différences. L’ouverture ou la fermeture du nombre
de postes aux concours joue sur les caractéristiques sociales et culturelles des
entrants (Marsault, 1992). Ainsi, l’histoire du recrutement des enseignants explique
les différences de rapport au savoir disciplinaire, selon les trajectoires sportives et
scolaires des enseignants. La diversité des conceptions actuelles semble s’expliquer
non seulement par la transformation du recrutement, mais aussi l’inexistence d’un
lieu unique de formation. En effet, la formation des enseignants est enserrée dans un
tissu institutionnel où différents partenaires sont impliqués : les services du rectorat,
les inspections pédagogiques, les , les et, depuis 2001, l’ . En outre, la
régionalisation des formations universitaires avec des pôles de compétences
différents et leur autonomie ne favoriseront pas non plus une homogénéité de la
formation des enseignants et de leur culture.
Si la mise en forme scolaire s’explique particulièrement dans les années 1980 pour 82
des raisons d’intégration disciplinaire, elle quitte cependant les normes scolastiques
pour des normes scientifiques, révélant ainsi l’évolution des formes de légitimité
scolaire glissant d’une culture humaniste vers une culture scientifique. Ce n’est donc
pas seulement l’ , mais l’ensemble des disciplines scolaires qui puisent, dans les
modèles de rationalité scientifique, leur mode de justification. La reconnaissance des
savoirs scientifiques comme modèle de savoir légitime se fixe d’autant mieux dans la
culture professionnelle des enseignants d’ que leur formation devient
universitaire. Ainsi, tout se passe comme si la formation universitaire consacrait
définitivement la légitimité des modèles de rationalité scientifique comme modèles
de pensée scolastique.
La science n’est pas seulement un instrument de pensée dominant car légitime, elle 83
[1] La terminologie en sciences de l’éducation différencie savoir et connaissance. Or les textes officiels
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[2] Même si les connaissances apportées verbalement par l’enseignant, notamment sur les règlements
sportifs, ne sont pas évaluées, cela ne signifie pas qu’elles n’existent pas dans les leçons d’EPS.
[3] L’enseignant dispose de grilles, de tableaux, de vidéos ou d’outils informatiques pour lui renvoyer des
fonction, celle de justifier sa démarche par des outils technologiques et scientifiques à la pointe de la
modernité.
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