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Études ignatiennes

L’affectivité chez
Ignace de Loyola
j
la faveur des renouveaux qui ont traversé l’Église, et comme en
À
Patrick
GOUJON S.J.
témoigne l’engouement pour des spiritualités hors frontières,
Centre Sèvres, Paris. l’affectivité a acquis dans nos manières de vivre et de penser une
A publié : Prendre part place qu’elle semblait n’avoir jamais eue dans le christianisme.
à l’intransmissible. L’affectivité n’est pas une dimension secondaire de notre humanité.
La communication
spirituelle à travers
Il y a affectivité parce que nous sommes des êtres de relations. Elles
la correspondance de se vivent au travers de nos cinq sens dont l’uniication forme la
Jean-Joseph Surin sensibilité, racine de nos manières d’être 1. Quelle place l’affectivité
(Jérôme Millon, 2008).
tient-elle dans les Exercices spirituels d’Ignace de Loyola et de quoi
Derniers articles parus celui-ci a-t-il hérité ? Poser cette question à notre passé devrait nous
dans Christus : « La
relation de l’homme
permettre de situer ces retours de l’affectivité dans nos propositions
à Dieu selon Ignace » actuelles pour faire en sorte qu’elles soient des occasions d’évangé-
et « Pudeur et délica- lisation de nos existences.
tesse » (n° 230HS, mai
Le titre des Exercices indique déjà la place qu’occupe l’affectivité :
2011).
Exercices spirituels pour se vaincre soi-même et ordonner sa vie sans se
décider par quelque attachement qui serait désordonné (Ex. sp. 21) 2.
Encore faudra-t-il s’entendre sur le chemin spirituel qui s’ouvre
ainsi et comprendre que, loin de s’en tenir à un point de vue moral
et ascétique (un combat contre les attachements désordonnés),
Ignace accorde à l’affectivité un rôle central. En elle se déchiffre
et se nourrit le dynamisme qui porte l’homme vers Dieu, là où Il
vient : la chair visitée par l’Esprit.

1. cf. François Marty, « toucher et goûter », christus, n° 168HS, novembre 1995.


2. L’espagnol afección employé par ignace est souvent traduit par « attachement »,
et de même, se afectar par s’attacher.

458 Christus n° 233 — Janvier 2012


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L’affectivitéignatiennes
chez Ignacetitre
Tetière de Loyola
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Se rapporter à la Parole de Dieu


Le rapport d’Ignace aux Écritures fournit un fort indice de
l’orientation des Exercices. Ignace se trouve au carrefour de la lectio
médiévale et de la lecture humaniste érudite.
En ces temps de Renaissance, on chercha avant tout à restaurer le
sens littéral dans lequel le chrétien espérait trouver le sens spirituel,
compris alors comme la possibilité de connaître Jésus Christ. On
s’élevait ainsi contre l’inlation du commentaire propre à la in du
Moyen Âge. La lettre, ou l’« histoire », devait compter pour elle-même
en étant débarrassée de ses lectures allégoriques. Ignace retint de
ses contemporains humanistes l’attachement au sens littéral, qui
est spirituel parce qu’il se rapporte à la manière dont Jésus vivait 3.
Mais il s’agissait pour Ignace, comme dans l’exercice de la lectio, de
contempler la vie du Christ pour se disposer à vivre comme lui 4, ce
qui ne veut pas dire, bien sûr, que les humanistes ne cherchaient
pas à vivre en chrétiens idèles à la Parole de Dieu. Ce n’est pas
l’attention de l’intelligence à l’histoire racontée d’une scène évan-
gélique qui compte seulement. Elle est bien entendu requise. Mais
celui qui fait les Exercices est bien plutôt invité à se rendre attentif à
l’événement qui est pour lui d’entendre et de s’arrêter sur tel geste
ou telle parole pour en tirer proit. Ignace ne retient que ce qui vise
à une connaissance existentielle de Jésus Christ et à la manière dont
l’Esprit travaille en l’homme sous le mode particulier de l’attention
aux motions spirituelles.
La Parole de Dieu est ce par quoi s’apprend la vraie manière de
vivre (Ex. sp. 139), mais elle est Parole faite chair, Jésus Christ, et
passe donc par un jeu de relations, ce que racontent les Évangiles.
La contemplation éveille l’affectivité du retraitant dans la mesure où
elle est cela même qui est engagé par toute relation. Ce lien entre
l’affectivité et le Christ est assez net. Celui qui fait les exercices est
appelé à se laisser affecter par la personne même de Jésus Christ 5.
La Parole de Dieu ne peut donc être limitée à son contenu notionnel.
Elle appelle et concerne l’homme tout entier, dans sa condition histo-

3. il s’agit dans la contemplation de partir du « fondement véritable de l’histoire »


(Ex. sp. 2), et de voir les « lieux » « où se trouve Jésus christ » (Ex. sp. 47,4).
4. cf. Jean Leclercq, L’amour des lettres et le désir de Dieu, cerf, 1957.
5. cf. ignacio iparraguire, « afección », « cristo », Vocabulario de Ejercicios Espiri-
tuales, ciS, 1972, pp. 7-11.

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rique, comme être de chair et de relation. L’enjeu est de connaître


comment Dieu vient à nous dans la chair, dans celle de Jésus Christ,
dans la nôtre 6. « Comment cela se fera-t-il ? » La question ne cesse
d’être reprise au sein de l’histoire de la spiritualité.

Conduire l’homme à Dieu


Conservons la même démarche pour éclairer par quelques aper-
çus historiques la proposition retenue par Ignace. Notre parcours
demanderait d’ininies nuances.
Partons de l’opposition entre l’âme et le corps présente dans le
christianisme médiéval. Les sens corporels sont tombés dans l’engour-
dissement à cause du péché : l’homme ne parvient plus à comprendre
ce qu’il entend. Son âme par le poids du corps et de ses passions,
commandées par la concupiscence, se retrouve attirée vers le bas. Il
faut dès lors tourner l’âme vers le haut, les sens pouvant servir comme
d’une échelle vers Dieu dont on pourra se défaire une fois parvenu à
Lui. On parle alors du sens spirituel (au singulier) de l’Écriture caché
du fait des sens corporels (au pluriel). Ce sens spirituel se déchiffre
dans la pratique monastique de la lectio. Mais seul le don du Saint-
Esprit permet de recevoir le véritable sens dévoilé de la lettre comme
présence de Dieu. Se réalise ainsi la conversion de celui qui médite.
Dans cette tradition, le mouvement spirituel est ascendant, à
l’inverse du mouvement du corps qui attire vers le bas. Il faut donc
se dégager des sens qui n’ont de légitimité que dans la métaphore,
le sens spiritualisé du Cantique des Cantiques où il n’est pas possible
de lire l’eros au travail 7. Cette tradition ascensionnelle a donné
naissance à une riche littérature spirituelle. Les commentaires font
foisonner le sens et déploient sa portée symbolique. Grégoire le
Grand le résume ainsi : « À travers le langage corporel, ce langage
extérieur, rechercher tout ce qui est intérieur, tout en parlant du
corps devenir en quelque sorte extérieur au corps » 8 .

6. Hugo rahner a montré comment il n’y avait, au sens strict, discernement des
esprits que dans le rapport à Jésus christ (ignatius von Loyola als Mensch und
theologe, Herder, 1964, pp. 251-312).
7. La différence entre le cantique et ses commentaires de ce point de vue est sou-
lignée par l’étude de Jean-Pierre Sonnet, dans Bernard de clairvaux, Sermons sur
le cantique, iii, cerf, coll. « Sources chrétiennes » (Sc), 2000.
8. commentaire sur le cantique, § 4, cerf, Sc, 1984.

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La tradition médiévale ne peut cependant être limitée à cette


perspective. L’affectivité trouva un autre statut dans la tradition cister-
cienne. Au rebours d’un idéal monastique qui init par se considérer
comme anticipant déjà sur les réalités d’en haut, quelques auteurs
cisterciens méditèrent sur la vie commune, le rôle des relations
fraternelles et leurs poids d’affectivité. Bien que toujours pris dans
l’opposition du corps à l’âme, ces auteurs mirent en lumière la force
des affects, en particulier l’amour, la joie, la crainte et la tristesse.
Chair et esprit convergent dans une même orientation où les affec-
tions ordonnées, selon une expression qui doit beaucoup à saint
Bernard, concourent à la vie de charité fraternelle et à l’amour de
Dieu. Sans doute faut-il noter que ces considérations sur l’affectivité
comme dynamisme spirituel furent élaborées du fait que la vie com-
mune monastique cadrait mal avec une anthropologie spéculative
trop prompte à se détourner des réalités terrestres et affectives 9.
N’allons pas déprécier la littérature monastique médiévale mais
tentons de comprendre la voie qu’emprunte Ignace en reprenant
cet héritage 10. Notons toutefois trois différences :
• Tout d’abord, Ignace écarte, comme ces devanciers, la « sensua-
lité », cet usage des sens replié sur la jouissance pour elle-même.
En revanche, la réalité du monde est appelée à être regardée comme
don de Dieu. Elle n’est pas dépréciée ni non plus valorisée comme
symbole d’une idée (une vertu, un attribut de Dieu). Le monde n’est
plus un livre mais un espace où chercher et trouver Dieu. Ignace
n’invite pas à l’élévation. La relation à Dieu est inversée : tout le bien
descend de Dieu et je le reçois jusqu’à pouvoir le Lui rendre. Voie
libre de l’alliance et de l’amour (Ex. sp. 184, 237) où le créé circule
comme biens.
• Ignace invite à l’intériorisation mais le mouvement spirituel
est en vue d’un proit à tirer pour l’existence. Il est explicitement
orienté vers une sortie de soi (Ex. sp. 189), dans une existence
concrète, déterminée dans ses choix (les « élections ») et ses inser-
tions terrestres (« sentir avec l’Église », « distribuer des aumônes »,
« s’ordonner dans la nourriture »). L’intériorité est l’expression d’une

9. Damien Boquet, L’ordre de l’affect au Moyen Âge, Publication du craHM, 2005.


10. cet héritage lui parvient à travers de nombreuses mains, en particulier celles de
la Devotio moderna (cf. Otger Steggink, « Geert Grote en Moderne Devotie. La devotio
moderna à Montserrat à l’époque du séjour d’ignace de Loyola », Ons Geestelijk Erf
antwerpen, 1985, vol. 59, pp. 383-392.

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manière d’être en relation où je me rapporte à tout comme donné


par Dieu, pour autant qu’Il ait été reconnu.
• Ignace est aux antipodes de l’ampliication de la lettre des
Écritures par l’imagination. Il conserve de ce courant l’attention à
l’humanité du Christ. Sa chair n’est ni une concession à l’huma-
nité pécheresse, ni un prétexte à des développements littéraires
pour échauffer le cœur de celui qui prie. La chair est ce que Dieu
décide et choisit pour Lui en vue de notre salut. C’est par elle que
nous accédons à une connaissance du Christ « qui de Créateur en
est venu à se faire homme » (Ex. sp. 53). La chair de Jésus Christ,
telle qu’elle m’est proposée à contempler, éveille en moi ce que
j’apprends à déchiffrer comme ce qui oriente ma relation à Dieu,
à moi-même, à tout le créé.

L’exercice des sens


Ignace opère un changement de perspective sur l’affectivité. Par
l’attention qu’il lui accorde et l’exercice par lequel il apprend à s’en
libérer sans s’en défaire, celui qui fait les Exercices se donne les
moyens de vivre dès maintenant, dans sa chair, sa relation à Dieu.
L’affectivité est ce par quoi s’opère l’uniication spirituelle.
Pour apercevoir la portée de ce déplacement, portons notre
attention sur un chef-d’œuvre quasi contemporain d’Ignace : les six
tapisseries de La Dame à la Licorne. Tissées à la in du XVe siècle, elles
représentent toutes une femme entourée d’animaux et d’emblèmes.
Si les commentaires n’ont pas manqué pour établir la signiication,
il en est toutefois une qui s’impose à la vue : cinq d’entre elles se
rapportent aux « cinq sens ». La thématique était assez commune et,
depuis le XIVe siècle, les prédicateurs, les poètes comme les chan-
teurs ne cessèrent d’en faire un sujet de discours à visée morale.
Chaque sens, en effet, pouvait dévier : l’orgueil de l’œil narcissique,
la lubricité du toucher, ou la goinfrerie du goût… Diffusées dans la
culture, ces doctrines voulaient aussi méditer, avec sagesse et saveur,
l’énigme de l’homme et de son cœur.
La division en cinq sens posait cependant la question de l’unité de
l’homme. Les tapisseries, par la ressemblance des motifs de leurs six
panneaux et le style qu’ils ont en commun, font d’abord éprouver à
celui qui les regarde une impression d’unité avant même que l’œil
ne différencie les cinq sens que représente la série. À quoi tient

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l’unité de l’homme ? Ces tapisseries ne s’arrêtent pas à décliner la


succession des sens, puisqu’une sixième est proposée à nos regards
et à notre rélexion. Beaucoup d’interprétations ont été données
de cette ultime tapisserie et du sens qu’elle donne aux cinq autres.
Observons la tente ouverte devant laquelle la Dame se tient alors
qu’elle prend ou reçoit des ornements pour s’en parer ou s’en des-
saisir. La représentation interdit de trancher le sens du mouvement.
En l’arrêtant dans une image, la tapisserie fait de la possibilité de
ce mouvement le seul sujet. N’est-ce pas signiier la liberté face aux
biens, reçue de l’exercice des sens représenté par les cinq tableaux
précédents dans lesquels on voit la Dame s’essayer à toucher,

tenture de la Dame à la Licorne : à mon seul désir, Paris, Musée national du Moyen Âge -
thermes de cluny, (c) rMN / Franck raux.

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goûter et sentir ? C’est ce que semble autoriser le texte qui orne la


tente de la Dame et donne à lire : « À mon seul désir. » Ce qui unit
le « composé humain », corps et âme, tient à l’usage de la liberté
qui s’éveille par l’éducation du sentir. L’expression du désir uniie.
Un rapprochement avec un texte du théologien Jean Gerson
pourra nous éclairer 11. Dans ses sermons sur la Moralité du cœur et
des cinq sens, Jean Gerson mettait en scène « six sens, cinq dehors
et un dedans qui est le cœur, et ces six sens nous sont donnés à
gouverner comme six écoliers ». Le cœur et les cinq sens sont
conduits à l’école 12. Il s’agirait, en usant des sens – en les éduquant
par l’exercice, comme cette Dame –, d’apprendre à conduire le
cœur à ce que « le seul désir » s’exprime, à ce que s’ouvre le cœur,
comme le igure cette tente aux pans levés. Comment ne pas se
demander en voyant cette Dame, pour qui elle se pare ou quitte ses
atours devant cette tente ouverte ? Dans ces tapisseries s’esquisse
un mouvement de recueillement des sens perceptible dans l’unité
stylistique des six panneaux. Ce rassemblement, loin de conduire à
une sortie du monde, ou à une fuite en soi, mène à la manifestation
du désir, à son expression comme attente ouverte, dans un rapport
libre au monde.

L’école du désir
Les Exercices mènent eux aussi le retraitant à une école des affects.
D’emblée, la prière est demande d’une uniication de soi (Ex. sp. 46)
en vue d’exprimer à Dieu « ce que je veux et désire ». Or, le seuil
décisif que le retraitant est invité à franchir dans sa mise à la suite
du Christ s’opère dans un engagement de son affectivité. Bien sûr,
Ignace invite à conduire sa vie avec « jugement et raison », et cela

11. Le texte se trouve dans Élisabeth Delahaye, La Dame à la Licorne, Éditions de


la réunion des Musées Nationaux, 2007, p. 51. Gerson s’étendit dans sa theologia
mystica sur cette notion de « schola affectus », que l’on retrouve sous la plume
d’ignace dans les constitutions pour caractériser le travail du troisième an par lequel
se clôt la formation du jésuite (§ 516). il est cependant impossible ici de conclure à
une connaissance par ignace des théories de Gerson. Sur la formation théologique
et la fréquentation par ignace des auteurs spirituels marquants de Paris, cf. Phi-
lippe Lécrivain, Paris au temps d’ignace, Editions Facultés jésuites de Paris, 2006.
12. Pour Gerson, la théologie mystique « consiste en un mouvement affectif de l’âme
vers les choses contemplées » (Marc Vial, Jean Gerson, théoricien de la théologie
mystique, Vrin, 2006, p. 105).

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au moment décisif de l’appel du Roi (96). Mais l’exercice se poursuit


en mettant en œuvre l’affectivité en tant que dynamisme par lequel
on se lie à quelqu’un (97). Dans le mouvement qui appelle l’homme
tout entier, le retraitant va chercher en lui, jusqu’à sa racine, son
affectivité, et cela en luttant « contre sa propre sensualité ». Passer
par un sentir qui agit contre la sensualité est la condition pour que
soit libérée et transformée l’affectivité. Je peux ainsi non seulement
me libérer d’affects désordonnés mais aussi connaître intérieure-
ment, sentir et goûter le Christ que je veux suivre, et recevoir de
Dieu tout le créé pour m’en réjouir et L’aimer.
Ainsi s’éclaire l’exercice de l’Application des sens (Ex. sp. 121). Il
n’invite pas à la délectation spirituelle, ni même à satisfaire la dimen-
sion charnelle de l’homme pour le conduire plus haut vers l’invisible.
C’est dans ma chair que je suis invité à suivre Jésus Christ. Il me
faut pour cela le connaître intérieurement, en ce lieu où je m’attache
librement à autrui, en cette chair ouverte où le passage de l’Esprit
du Ressuscité est possible, attendu, désiré, accueilli. L’Application
ouvre les sens : elle me conduit de jour en jour, sens après sens, à
aller jusqu’à toucher, non pas le Seigneur, mais là où il s’est assis,
là où il a marché… Il m’est proposé de sentir son passage, d’user de
mes sens et de les maintenir ouverts pour laisser passer, c’est-à-dire
sans me maintenir dans la sensation et laisser aller et venir celui
qui m’affecte. Les répétitions enseignent cela : revenir là où quelque
chose a été senti, non pour répéter, mais ain de découvrir à neuf,
même dans cette absence de ressenti qui appelle à ne pas quitter la
relation. À Marie-Madeleine qui le saisit, Jésus dit : « Cesse de me
retenir ! » Apprendre à sentir Dieu qui passe, qui est passé et qui
peut à tout moment venir.

L’enjeu ne serait-il pas d’évangéliser l’affectivité pour se disposer


à la venue de Dieu et naître à la liberté dans la coniance en celui
qui appelle et de qui je reçois tout – liberté que j’exerce à la manière
du Christ à ma façon, ayant été progressivement transformé en lui
jusque dans mon sentir (cf. 2 Co 3,16-18) ? On citera encore la déi-
nition de l’affectivité de François Marty : « Disposition à être touché
par une présence, et par l’absence de ce qui a été présent et ne l’est
plus, ou ce dont la présence était attendue et ne s’est pas réalisée. »

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