Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
SECTION SCIENCES
04/12/2008
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Sciences fondamentales AF 4 511 − 1
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AF 4 511 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Sciences fondamentales
s (t ) 2,5
ν (Hz)
1,5
0,5
– 0,5
– 1,5
– 2,5
0 2 4 6 8 10 12 14 16 t (s )
a signal s (t )
0,0625
0 16 t (s )
1,50 50,0 a TO, norme L1, k0 = 10
1,25 40,0
ν (Hz)
32
1,00 30,0
ν (Hz)
A
0,75 20,0
0,50 10,0
0,25 0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 0 2 4 6 8 10 12 14 16
t (s ) t (s )
première composante
deuxième composante 0,0625
b modulation c modulation 0 16 t (s )
b d'amplitude c de fréquence b TO, norme L1, k0 = 50
1 ∂φ
ν ( t ) = ------- -------
2π ∂t
0,0625
La première composante se caractérise par : 0 16 t (s )
2 c TO, norme L2, k0 = 50
A 1 ( t ) = 1 + 0, 33 sin 0, 78πt (4)
3
φ 2 ( t ) = 2π ( 0, 06t + 0, 168 t sin ( 1, 5πt ) ) (8)
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Sciences fondamentales AF 4 511 − 3
s (t ) 2,5 ν (Hz)
32
1,5
0,5
– 0,5
– 1,5
– 2,5
0 2 4 6 8 10 12 14 16 t (s )
0,0625
a signal s (t ) 0 16 t (s )
a TO, norme L1, k0 = 25
1,5 50
1,2 40 ν (Hz)
32
1,0 30
ν (Hz)
A
0,8 20
0,5 10
0,2 0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 0 2 4 6 8 10 12 14 16
t (s ) t (s )
première composante 0,0625
deuxième composante
0 16 t (s )
b modulation c modulation b Matching pursuit issu de FFG et TO, 182 itérations
b d'amplitude c de fréquence
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AF 4 511 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Sciences fondamentales
1,50 1,50
1,25 1,25
t (s) en abscisse (0 à 4 s)
1,00 1,00 ν(Hz) en ordonnée, échelle logarithmique (0,0625 à 1 050 Hz)
0,75 0,75
A
ν (Hz)
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Sciences fondamentales AF 4 511 − 5
sées. Il est possible d’affiner la sélection de la forme des composan- que nomme plus poétiquement Barbara Burke Hubbard [9] « couper
tes par le biais de l’enveloppe. Cette décomposition permet de les mauvaises herbes en épargnant les marguerites ». En traitement
réaliser des mesures statistiques sur le signal, comme des histo- d’image, cette opération a pour effet de rendre plus nette une
grammes, et de trouver des lois entre les paramètres. Elle offre de image. Au-delà de ce travail de nettoyage, la transformée en onde-
plus la possibilité de filtrer proprement et de manière sélective, non lettes doit être vue comme un outil d’analyse performant d’aide à la
plus par rapport à une gamme de fréquences ou à un seuil arbi- compréhension des phénomènes physiques. Parmi les nombreuses
traire, mais par rapport à l’énergie de chaque structure. applications, on peut citer des travaux allant de l’étude de l’effet du
Cette méthode atteint vite ses limites pour retrouver des lois de courant marin El Niño sur la vitesse de rotation de la Terre en géo-
modulation, on sort alors de la définition initiale de somme de struc- physique, la détection et la reconnaissance de la signature d’un héli-
tures localisées discrètes. coptère en traitement de signaux radar, la reconnaissance vocale en
automatique, l’analyse de signaux turbulents en mécanique des flui-
des ou encore l’identification de sous-amas en astrophysique [10].
Cette approche est très intéressante pour décrire un signal Une autre application de la transformée en ondelettes à la fron-
s ( t ) comme une somme de composantes discrètes, pouvant tière entre la compression et l’analyse concerne l’utilisation de ces
être très différentes, dépendant de quatre paramètres fixes : le techniques pour améliorer les simulations. Un exemple de cette
temps b, la fréquence ξ , l’échelle a et l’enveloppe g ( t ) : approche peut être les travaux de Marie Farge sur la turbulence
[11][12]. Dans cette application, Farge utilise la transformée en
1 t – bj
∑ Aj --------
2iπ i j t ondelettes, d’une part comme outil d’analyse afin de détecter des
s(t ) = - g j ------------- e , Aj ∈ (11)
j a aj
j
structures cohérentes, d’identifier les chemins de transfert d’énergie
entre les échelles, et d’autre part pour déterminer les zones où il est
nécessaire d’investir sur le plan des calculs et les zones où il est pos-
sible de faire des économies.
1.3 Conclusion Pour illustrer ces différentes applications, nous nous focalisons
volontairement sur des applications orientées vers l’analyse de
La classification des méthodes n’a pas de frontière rigide. Il est signaux turbulents en mécanique des fluides puisque c’est là que se
clair qu’un phénomène physique peut être composé de structures situe notre compétence. Néanmoins, nous essayons, à partir des
continues et discrètes, et qu’une loi discrète peut se voir comme une exemples choisis, de fournir au lecteur des informations sur le type
loi continue particulière (et vice versa). Néanmoins, elle fixe un d’informations pouvant être obtenu à partir de la transformée en
cadre général, qui aide dans le choix des outils à appliquer. ondelettes. Ces informations peuvent être extrapolées à d’autres
domaines de la physique.
Quelle que soit la transformation effectuée, elle ne peut remplacer
l’information perdue lors de l’acquisition du signal, ni valider la
méthode de mesure. Bien que les figures puissent être distinctes,
l’information mise en avant est toujours la même, mais visualisée 2.1 Détection d’intermittence
d’une manière différente.
Les diverses méthodes décrites peuvent maintenant être appli-
quées à des cas concrets. Il est important de penser à interpréter les 2.1.1 Analyse de la transition
résultats comme de la physique, sous-jacente derrière le signal, laminaire/turbulente sur un disque tournant
et non comme des formules mathématiques. De même, il faut
essayer de bien extraire l’information pertinente, sans se laisser Une première application de la transformée en ondelettes
« influencer » par l’outil. concerne la détection de transition correspondant à l’apparition
d’intermittence dans le signal. Un premier exemple est donné par
Liandrat [13] qui utilise cet outil pour détecter la transition laminaire/
turbulent à proximité de la paroi d’un disque en rotation. Les diffé-
2. Exemples d’applications rentes études menées sur ce projet montrent que le point de transi-
tion dépend d’un nombre adimensionnel appelé nombre de
Reynolds défini d’une façon générale par :
Depuis les années 1980, il est possible de trouver dans la littéra-
UL
ture un grand nombre d’exemples d’utilisations pratiques de la Re = -------- (12)
transformée en ondelettes. Il est possible de diviser ces applications ν
en deux catégories différentes suivant que l’outil « ondelettes » sert avec U une vitesse,
à compresser l’information contenue dans le signal ou à l’analyser.
L une longeur,
L’action de compresser consiste à traduire dans un langage donné
le signal initial avec un nombre de mots réduit. On peut discerner ν une viscosité.
dans ce cas deux types de compression, celle qui consiste à conser- L’expérience réalisée consiste à analyser des signaux de vitesse
ver toute l’information initiale et celle qui ne retient que la partie la obtenus au voisinage de la paroi du disque à différentes positions
plus énergétique. Dans cet objectif, l’utilisation de la transformée en radiales. Au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’axe, la vitesse
ondelettes permet dans de nombreux cas, de déceler dans le signal ainsi que le nombre de Reynolds augmentent. Sur les signaux de
initial les événements utiles pour sa compréhension (continuité, vitesse, on voit tout d’abord apparaître une oscillation harmonique
gradient) et de ne conserver in fine que les coefficients associés. correspondant à une instabilité hydrodynamique puis, pour de plus
Parmi les applications, il est possible de citer les travaux de Tzannes grandes valeurs, des spots turbulents tout d’abord de façon spora-
[2] sur la transmission à haut débit d’information dans des fils dique puis quasi continue.
de cuivre, de Mallat [3][4], Rioul [5], Wisnoe [6] sur le traitement L’analyse développée par Liandrat consiste à définir à partir d’une
d’images, de Coifman et Wickerhauser [7][8] sur la compression transformée en ondelettes, une fonction d’intermittence caractéri-
d’empreintes digitales pour le FBI. sant la présence des spots turbulents. Cette fonction F ( t ) , basée sur
L’autre catégorie de travaux utilisant la transformée en ondelettes une mesure d’écart-type de la fluctuation de la fréquence instanta-
consiste à déployer le signal afin d’accroître sa lisibilité. Une pre- née, vaut 1 lorsque le signal est turbulent, 0 sinon. À partir de cette
mière opération peut consister à nettoyer ce dernier en éliminant sa fonction, Liandrat calcule pour chaque signal un facteur d’intermit-
composante bruit afin de mettre en évidence le signal utile. C’est ce tence qui consiste à comparer le temps global pour lequel la fonction
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AF 4 511 − 6 © Techniques de l’Ingénieur, traité Sciences fondamentales
F ( t ) est égale à 1 par rapport au temps total du signal. Ce facteur Γ gie dans une bande encadrant la fréquence de détachement rame-
est compris entre 0 (aucun spot) et 1 (écoulement totalement turbu- née à l’énergie totale du spectre. Afin de comparer les valeurs
lent). La valeur du rayon, et donc du nombre de Reynolds, pour obtenues pour différentes intensités de rotation, les résultats sont
lequel Γ est égal à 0,5 correspond au point de transition. ensuite normalisés par le cas sans perturbation (giration nulle)
Q(0).
On utilise le nombre adimensionnel Ω rattaché à l’expérimenta-
2.1.2 Analyse du signal à l’aval d’un barreau tion. Ω est le rapport du débit tangentiel sur le débit total dans la
prismatique conduite. Il varie de 0 (pas de rotation) à 1 (rotation maximale).
L’évolution de Q en fonction de Ω présente trois parties distinctes
(figure 8) :
Une approche similaire a été suivie par Martinez pour l’analyse de
signaux de vitesse à l’aval d’un obstacle [1]. Si l’étude de l’écoule- — pour les faibles intensités de rotation ( Ω variant de 0 à 0,2), Q
ment derrière un obstacle est courante dans de nombreux domai- est proche de Q ( 0 ) : il semble que la giration n’ait aucune influence
nes (profil d’aile, voitures de course, débitmétrie…), le cas sur le phénomène de détachement tourbillonnaire ;
expérimental choisi est un débitmètre à tourbillons, dont on essaie — pour les valeurs proches de 0,25, le rapport devient supérieur
d’améliorer la précision face à des perturbations amont. à 1. Il y a augmentation du niveau d’énergie du signal pour la fré-
Le principe du débitmètre à tourbillons (ou vortex) [R 2 285] con- quence de Strouhal. Il semble que le phénomène de détachement
siste à placer dans la conduite, normalement à l’écoulement, un soit amélioré ;
obstacle de forme géométrique donnée. Il provoque l’apparition — pour les intensités supérieures à 0,3, la courbe décroît puis
d’une double rangée de tourbillons alternés en aval. tend vers 0. La fréquence de détachement tourbillonnaire disparaît.
L’échappement périodique est détruit, le signal n’a plus de compo-
Pour une gamme étendue du nombre de Reynolds Re , on sante caractéristique.
observe que la fréquence adimensionnelle Sr (encore appelée
nombre de Strouhal) reste constante : Les représentations temps-fréquence (densités d’énergie) obte-
nues à partir des transformées en ondelettes (figure 9) permettent
h d’appréhender de manière visuelle les phénomènes existants. Pour
Sr = ------- ν d (13) Ω = 0, 13 (figure 9a), la fréquence de détachement est stable, légè-
U0
rement fluctuante, sans intermittence. Pour Ω = 0, 25 (figure 9b),
avec h (m) la hauteur du barreau, la fréquence de détachement est stable, pratiquement fixe et sans
U 0 (m/s) la vitesse amont, intermittence. Pour Ω = 0, 42 (figure 9c), la fréquence de détache-
ment est moins nette et surtout disparaît régulièrement.
ν d (Hz) la fréquence de détachement.
Les conclusions suivantes peuvent être déduites :
Cette relation permet de déterminer la vitesse de l’écoulement et
— l’intermittence est plus marquée pour les fortes valeurs de
donc le débit à partir d’une mesure de fréquence.
l’intensité de rotation ;
Nota : dans ce cas, Re est calculé à partir d’une vitesse de référence, telle que la vitesse
amont U0 , et de la hauteur du barreau h.
— la fréquence de détachement a tendance à fluctuer dans une
bande de plus en plus large, pour finalement disparaître à mesure
Dans des configurations industrielles, ce débitmètre peut être que la giration augmente.
situé à l’aval de divers éléments de conduite (coude, vanne, té…) qui
viennent modifier la nature de l’écoulement à l’amont du barreau et À partir des outils d’analyse détaillés dans [AF 4 510] (§ 2), Marti-
perturber le détachement tourbillonnaire à l’aval du barreau. Dans nez détermine pour les différents signaux, l’évolution des lois de
ce cadre, Martinez a utilisé la transformée en ondelettes pour analy- modulation en fréquence (figure 10) et en amplitude à partir des
ser la répercussion d’une rotation d’ensemble du fluide à l’amont du méthodes suivantes :
barreau sur la qualité du signal mesuré à l’aval. — squelette ;
— signature ;
— enveloppe du signal (amplitude instantanée du signal analyti-
2.1.2.1 Résultats
que associé). Elle s’obtient par reconstruction à partir des coeffi-
Le travail réalisé consiste à déterminer l’influence de l’intensité de cients les plus importants autour de la fréquence de détachement de
la rotation caractérisée par un index Ω variant de 0 à 1, sur la fré- la transformée en ondelettes ;
quence de détachement et sur le rapport signal/bruit. L’analyse est — évolution des maxima de la transformée (en supposant que le
réalisée sur des signaux de vitesse obtenus à l’aval du barreau. bruit extérieur ne perturbe pas la représentation).
Les premiers résultats, issus de transformées de Fourier [14],
montrent qualitativement que l’augmentation de l’intensité de rota-
tion génère une diminution du niveau du pic autour de la fréquence
de détachement ν d ainsi qu’un élargissement de celui-ci. Ces deux 1,25
modifications peuvent provenir :
— d’une disparition temporaire du phénomène (intermittence), et 1,00
donc d’un temps d’existence réduit ;
Q (Ω )/Q (O)
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Sciences fondamentales AF 4 511 − 7
ν (Hr)
r (σ )
a Ω = 0,13
b Ω = 0,25 c Ω = 0,42
La corrélation entre les résultats est bonne aux instants d’exis- Nota : ces calculs ne prennent pas en compte l’intermittence existant dans le signal.
L’écart-type est mal estimé, car la disparition de l’événement donne des fréquences très dif-
tence du phénomène. Lorsque celui-ci disparaît (intermittence), on férentes de la valeur moyenne, ce qui augmente sa valeur.
observe, pour les diverses méthodes, des hausses ou chutes bruta-
les de la fréquence instantanée, vers des valeurs quelconques liées Afin de caractériser l’amplitude du phénomène et par là même
au bruit. son existence, un coefficient d’intermittence a été introduit. L’inter-
mittence est caractéristique de la disparition du phénomène dans le
Pour mieux représenter les mesures de modulation de fréquence, signal, soit ici du détachement tourbillonnaire. Le coefficient d’inter-
l’écart-type σ ( Ω ) , associé à la fluctuation de fréquence autour de la mittence I, permettant de quantifier cette influence, est défini
fréquence moyenne pour une densité de rotation Ω est calculé. Sa comme le rapport :
valeur est renormalisée par le cas sans perturbation (intensité de
rotation nulle) σ ( 0 ) . Cela amène à tracer l’évolution du rapport temps de non existence du phénomène
I = ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------- (14)
σ(Ω = 0) ⁄ σ(Ω) . temps total du signal
Nota : l’évolution du rapport σ ( Ω ) ⁄ σ ( 0 ) diverge pour les fortes valeurs de Ω et donne
les graphes moins lisibles que pour la normalisation choisie ici. C’est un nombre sans dimension, compris entre 0 et 1 : nul pour un
Il présente une allure semblable à celle de la qualité Q du signal détachement tourbillonnaire présent de manière continue (pas d’inter-
(figure 11). En particulier, pour des intensités de rotation proches de mittence) et égal à 1 lorsque ce phénomène disparaît complètement.
0,15 à 0,25, la fluctuation de la fréquence de détachement s’atténue Pour calculer le coefficient d’intermittence I, le signal original est
et donne un phénomène plus stable du point de vue de la périodicité transformé en une fonction tout ou rien caractérisant l’existence du
d’émission. détachement tourbillonnaire à un instant donné à l’aide d’un seuillage
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AF 4 511 − 8 © Techniques de l’Ingénieur, traité Sciences fondamentales
ν (Hz) 17 0,60
16 Préseuillage
15
0,50
14
13
12 0,40
11 I
10
0,30
9 Enveloppe
8
maxima (TO, k0 = 5) 0,20
7 Maxima
arête (TO, k0 = 5)
6
Squelette
5 0,10
8 9 10 11 12 13 14 15
0 0,10 0,20 0,30 0,40 0,50 0,60 Ω
t (s)
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Sciences fondamentales AF 4 511 − 9
2.2 Analyse de l’évolution de structures plan de sortie, les fluctuations de vitesse sont en phase sur les deux
signaux et ceci, quelles que soient les fréquences détectées (mouve-
tourbillonnaires à l’aval d’obstacles ment symétrique du jet). Par contre, pour des distances plus éloi-
gnées, l’interTO met en évidence pour une fréquence, des
Une autre application de la transformée en ondelettes consiste à fluctuations en opposition de phase caractéristiques d’un mouve-
détecter dans un signal de vitesse ou de pression, la présence de ment dissymétrique du jet. Ce mouvement correspond à un batte-
structures tourbillonnaires et de suivre à l’aide de l’analyse de plu- ment du jet déjà observé par d’autres auteurs.
sieurs signaux enregistrés simultanément, l’évolution de ces struc-
tures dans le temps, l’espace et les échelles. Plusieurs applications Comme pour l’exemple précédent, l’utilisation de l’interTO per-
de ce type d’approche peuvent être trouvées dans la littérature mais met ici de différencier différents comportements instationnaires de
pour illustrer notre propos, nous présentons trois travaux utilisant l’écoulement étudié. Ceux-ci n’auraient pu être mis en évidence par
différentes techniques détaillées dans [AF 4 510]. des analyses classiques dans l’espace physique ou dans l’espace de
Fourier (intercorrélations, interspectres).
2.2.1 Analyse de l’écoulement
à l’aval d’une marche descendante
2.2.3 Analyse de l’écoulement dans un débitmètre
Le premier travail concerne l’analyse de l’écoulement à l’aval d’une à diaphragme
marche descendante caractérisée par un décollement du fluide sur
une arête vive à 90°, par la formation d’une zone de cisaillement à
Un autre exemple peut être trouvé dans la thèse de Martinez [1].
l’aval du point de ce dernier et par la présence d’une zone de recircu-
Dans ce cas, les méthodes de traitement temps-fréquence sont
lation localisée entre cette zone cisaillée et la paroi. Cette configura-
appliquées à l’analyse de signaux de pression pariétale mesurés à
tion d’écoulement, représentative de nombreuses géométries
l’aval d’un débitmètre à diaphragme. Ce dispositif utilisé pour
industrielles (déversoir, chambre de combustion, élargissement brus-
que…), provoque la formation de nombreuses structures tourbillon- mesurer le débit d’un fluide dans une canalisation comprend un ori-
naires, de battement pouvant jouer un rôle important dans les fice circulaire centré sur l’axe de la conduite. Au passage de cet obs-
phénomènes de mélange, de vibration ou de combustion. tacle, le fluide est accéléré, ce qui provoque une chute de pression
entre l’amont et l’aval du diaphragme. L’amplitude de la pression
Dans leur étude, Lee et Sung [15] appliquent les méthodes d’ana- différentielle est alors proportionnelle au carré du débit. L’écoule-
lyse par ondelettes pour détecter et analyser l’origine des fluctua- ment en aval se caractérise par un jet central, entouré d’une zone de
tions de pression mesurées à l’aide de trente-deux microphones recirculation. Entre ces deux zones prend naissance une zone
placés en paroi à l’aval de la marche. Pour cela, ils réalisent une cisaillée formée de structures tourbillonnaires. Martinez a étudié la
décomposition continue des signaux à l’aide de l’ondelette signature de ces structures sur les signaux de pression pariétale afin
« chapeau mexicain ». Une comparaison entre ces différentes trans- de suivre leur évolution dans le temps et l’espace.
formées en ondelettes permet à ces auteurs de différencier les fluc-
tuations de pression liées à la convection de grosses structures
(caractérisées par un décalage temporel entre différentes abscisses)
de celles ayant pour origine un battement d’ensemble de la zone 1,37D 3,22D
cisaillée (mouvement d’ensemble). Ce dernier correspond à une res- paroi
piration de la zone recirculée. L’analyse simultanée des évolutions
temporelles des deux phénomènes apparaissant à deux fréquences
distinctes, permet de définir la relation de phase existant entre eux. axe
À partir de ces résultats, Lee et Sung établissent un scénario sur les
interactions entre les différentes zones de l’écoulement présentes à
l’aval de la marche. L’obtention de ces informations, nécessaire à la
compréhension des processus instationnaires de mélange, est ici
fortement facilitée par l’utilisation d’une méthode de décomposition
temps-fréquence.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AF 4 511 − 10 © Techniques de l’Ingénieur, traité Sciences fondamentales
Références bibliographiques
[1] MARTINEZ (J.). – Méthodes temps-fréquence doctorat, École nationale supérieure de [12] FARGE (M.). – Wavelet transform and their
appliquées à l’analyse des signaux issus l’aéronautique et de l’espace (Sup’Aéro), applications to turbulence. Annual Review on
d’écoulements turbulents. Thèse de doctorat, 1993. Fluid Mechanics, 24, p. 395-457, 1992.
École nationale supérieure de l’aéronautique [7] WICKERHAUSER (M.V.). – High-resolution still
et de l’espace (Sup’Aéro), 1994. picture compression. Digital Signal Proces- [13] LIANDRAT (J.). – Some wavelet algorithms
[2] TZANNES (M.A.), TZANNES (M.C.), PROAKIS sing, 2, 4, 1992. for turbulence analysis and modeling. Dans
(J.) et HELLER (P.N.). – DMT systems, DWMT ERLEBACHER (G.), HUSSAINI (Y.), JAMESON
[8] COIFMAN (R.R) et WICKERHAUSER (M.V.). – (L.M.) Wavelet : Theory and applications.
systems and digital filter banks. Conférence Entropy based algorithms for best basis
Proceedings of ICC’94, New Orleans, IEEE, Oxford University Press, 1996.
selection. IEEE Transactions on Information
New York, 1994. Theory, 32, 712-718, 1992. [14] LANEVILLE (A.). – Signal quality of a vortex
[3] MALLAT (S.). – Multiresolution representa- [9] BURKE-HUBBARD (B.). – Ondes et ondelettes, flowmeter exposed to swirling flows. Flow
tions and wavelets. PhD Thesis, School of la saga à un outil mathématique. Pour la Measurement and Instrumentation, 4, 3,
engineering and applied science, university of Science, 1995. p. 151-154, 1993.
Pennsylvania, 1988.
[10] BIJAOUI (A.). – Astronotical image inventory [15] LEE (I.) et SUNG (H.J.). – Characteristics of
[4] MALLAT (S.). – A wavelet tour of signal pro- by wavelet transform. Dans MEYER (Y.),
cessing. 2e éd., Academic Press, 1998. wall pressure fluctuations in separated flows
ROQUES (S.) Progress in wavelet analysis over backward-facing step : Part II. Unsteady
[5] RIOUL (O.). – Ondelettes régulières : applica- and applications. Frontières, 1993. wavelet analysis. Experiments in Fluids, 30,
tion à la compression d’images fixes. Thèse [11] FARGE (M.) et RABREAU (G.). – Transformée p. 273-282, 2001.
de doctorat, École nationale supérieure des en ondelettes pour détecter et analyser les
télécommunications, 1993. structures cohérentes dans les écoulements [16] LI (H.). – Identification of coherent structure in
[6] WISNOE (W.). – Utilisation de la méthode de turbulents bidimensionnelles. C.R. Académie turbulent shear flow with wavelet correlation
la transformée en ondelettes 2D pour l’ana- des sciences, 307, série II, p. 1 479-1 486, analysis. Journal of Fluid Engineering, Trans.
lyse de visualisations d’écoulement. Thèse de 1988. of ASME, 120, p. 778-785, 1998.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Sciences fondamentales AF 4 511 − 11