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GLE Cours de Zoubir Yahiaoui

Sommaire
Accord (grammaire)................................................................................................................................2
Adjectif...................................................................................................................................................4
Adverbe..................................................................................................................................................7
Aspect.....................................................................................................................................................9
Attribut.................................................................................................................................................10
Auxiliaire...............................................................................................................................................11
Cas........................................................................................................................................................13
Complément.........................................................................................................................................14
Conjonction..........................................................................................................................................18
Déterminant.........................................................................................................................................20
Elision...................................................................................................................................................23
Epithète................................................................................................................................................24
Fonction...............................................................................................................................................26
Interjection...........................................................................................................................................27
Marque.................................................................................................................................................28
Mode et temps.....................................................................................................................................29
Morphologie.........................................................................................................................................33
Négation...............................................................................................................................................35
Nom......................................................................................................................................................36
Phrase...................................................................................................................................................38
Polysémie.............................................................................................................................................41
Prédicat................................................................................................................................................42
Préposition...........................................................................................................................................43
Pronom.................................................................................................................................................44
Proposition...........................................................................................................................................47
Sujet.....................................................................................................................................................49
Synonymie et antonymie......................................................................................................................50
Syntaxe.................................................................................................................................................52
Transitivité............................................................................................................................................53
Troncation............................................................................................................................................55
Verbe....................................................................................................................................................56
Voix.......................................................................................................................................................61

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Accord (grammaire)
accord (grammaire), nom donné à l'ensemble des phénomènes de marquage des relations de
dépendance sémantiques et syntaxiques entre le nom et l'adjectif, entre le nom et le déterminant, ou
entre le verbe et le sujet. En français, l'adjectif, par exemple, hérite généralement les marques de
genre et de nombre du nom auquel il se rapporte. Les phénomènes d'accord concernent d'une part le
groupe nominal, d'autre part le groupe verbal.

2. L'ACCORD À L'INTÉRIEUR DU GROUPE NOMINAL

L'accord à l'intérieur du groupe nominal relève des relations à la fois syntaxiques et sémantiques que
le nom entretient avec les déterminants et les adjectifs. Le nom possède un genre, masculin ou
féminin, et un nombre, singulier ou pluriel, qu'il transmet aux déterminants et aux adjectifs. Dans un
énoncé, les adjectifs et les déterminants prennent obligatoirement le genre et le nombre du nom
auquel ils se rapportent (une belle maison, un beau paysage, de belles maisons, de beaux paysages).
Voir adjectif.

3. L'ACCORD À L'INTÉRIEUR DU GROUPE VERBAL

À l'intérieur du groupe verbal, l'accord est obligatoire entre le sujet et le verbe, même si ceux-ci sont
séparés par d'autres termes (Les feuilles tombent ; Les feuilles des arbres, bien que déjà jaunies, ne
tombent pas encore).

1. L'accord sujet-verbe

Quand le groupe nominal sujet comporte une expression servant à quantifier, le verbe est soit au
singulier soit au pluriel (Une foule de gens se presse devant le magasin, Une foule de gens se pressent
devant le magasin). Quand le verbe a plusieurs sujets, il se met au pluriel, que ces sujets soient eux-
mêmes singuliers ou pluriels (Marie et son frère sont venus, Marie et les enfants sont venus) ; sauf
dans des cas où les sujets sont coordonnés par ni... ni ou bien par ou ... ou (Ni l'un ni l'autre n'est
venu ; L'un ou l'autre finira bien par venir).

2. L'accord du participe passé

L'accord du participe passé, dans les formes composées des conjugaisons verbales, présente un
certain nombre de particularités.

1. Avec l'auxiliaire avoir

Le participe passé conjugué avec avoir est invariable (Ils ont fixé une date) mais s'accorde avec le
complément d'objet direct quand celui-ci est placé avant le verbe (Je ne connais pas la date qu'ils ont
fixée).

2. Avec l'auxiliaire être

Le participe passé conjugué avec être s'accorde avec le sujet, qu'il s'agisse de tournures actives (La
fête est finie ; La petite fille est tombée), de tournures passives (Les lettres ont été envoyées) ou de
tournures pronominales (Elle s'est évanouie Ils se sont repentis ; Les fraises se sont bien vendues
cette saison). Néanmoins, pour les verbes pronominaux, cette règle admet une série d'exceptions
qu'explique la syntaxe spécifique du verbe concerné.

3. Le participe passé des verbes pronominaux

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1. « Se », complément d'objet direct

Quand le pronom réfléchi se, caractéristique de la conjugaison pronominale, est analysable comme
un complément d'objet direct (COD), l'accord se fait avec le sujet selon la règle générale (Ils se sont
vus). En revanche, si le verbe est suivi d'un infinitif, le participe passé demeure invariable : Ils se sont
vu refuser l'entrée. Il est également invariable dans le cas des constructions dites factitives
comportant le semi-auxiliaire faire et un infinitif : Elles se sont fait couper les cheveux.

2. « Se », complément d'objet indirect

Quand se est analysable comme un complément d'objet indirect, le participe passé reste invariable
(Elles se sont succédé ; Ils se sont parlé : succéder et parler se construisent avec un complément
d'objet indirect introduit par la préposition à).

Quand un verbe pronominal possède un complément d'objet direct en plus du pronom se, l'accord se
fera différemment selon que ce complément est placé avant ou après le verbe. Quand le complément
d'objet direct est placé après le verbe, le participe passé reste invariable, c'est-à-dire qu'il ne
s'accorde ni avec le sujet ni avec le complément, et que sa forme reste celle du masculin singulier (Ils
se sont envoyé des lettres). En revanche, quand le complément d'objet direct est placé avant, le
participe passé s'accorde avec lui (Je n'ai pas lu les lettres qu'ils se sont envoyées).

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Adjectif
adjectif, nom donné à deux séries de termes qui servent soit à qualifier le nom, soit à l’introduire
dans le discours. Dans le premier cas, les adjectifs sont dits qualificatifs ; dans le second cas, ils sont
rangés parmi les déterminants du nom et répartis en adjectifs possessifs, démonstratifs, indéfinis,
numéraux, exclamatifs, interrogatifs et relatifs. Les adjectifs qualificatifs ont pour support un nom ou
un équivalent du nom. Ils indiquent une caractéristique ou une propriété. Leur genre et leur nombre
dépendent du genre et du nombre du nom auquel ils se rapportent.

2. ATTRIBUTS, ÉPITHÈTES OU APPOSÉS

Les adjectifs peuvent être reliés au sujet ou au complément d’objet par un verbe (La mer est
déchaînée) ; ils sont alors appelés adjectifs attributs.

Ils peuvent se rapporter directement à un nom ; ce sont les épithètes (On entendait le bruit de la mer
déchaînée).

Ils peuvent également se rapporter à un nom dont ils sont séparés par une virgule (Déchaînée, la mer
battait les rochers ; La mer, déchaînée, battait les rochers). Ils sont alors dits apposés.

3. PLACE DE L’ADJECTIF

La place de l’adjectif est d’abord déterminée par le fait qu’il est attribut, épithète ou apposé. L’adjectif
attribut suit le plus souvent le verbe attributif au moyen duquel il caractérise le sujet ou l’objet.

La place de l’adjectif épithète par rapport au nom est variable. Une série d’adjectifs dits adjectifs de
relation, qui sont l’équivalent d’un complément prépositionnel (une carte géographique > une carte
de géographie ; le voyage présidentiel > le voyage du président) sont obligatoirement postposés, ainsi
que les adjectifs de couleur pris au sens propre (une robe rouge, mais les vertes années).

Dans certains cas, la postposition ou l’antéposition peuvent avoir pour conséquence un changement
de sens (Un homme grand / un grand homme ; un certain succès / un succès certain).

4. FORMATION DE L’ADJECTIF

Sur le plan morphologique, on distingue traditionnellement les formes simples et non décomposables
(rond, blond, petit, grand) des formes suffixées.

Les suffixes adjectivaux sont nombreux. Le suffixe diminutif est -et, ette (simplet) ; -âtre marque la
diminution ou l’approximation (rougeâtre) avec parfois une nuance péjorative. Sont souvent
péjoratifs les anciens suffixes -aud(e) et -ard(e) (rougeaud, vantard). Le suffixe -in(e) marque le
rapport de ressemblance, de matière ou d’origine (argentin) ; -eux, -euse la qualité (courageux). Le
suffixe -able ajouté à une base verbale permet l’expression de la possibilité passive (lavable, « qui
peut être lavé », mais périssable a, par exemple, un sens actif). Il est en concurrence avec -ible, le plus
souvent construit sur une base savante latine plutôt que française (conductible).

De même, mais cette fois avec une base nominale, le suffixe -el(le) est concurrencé par une forme
savante -al(e). Les deux formes parfois existent, avec une spécialisation de sens (original, originel).

Le suffixe adjectival correspond parfois à un type de nom, en particulier dans le lexique savant : les
adjectifs en -iste aux noms en -isme (journaliste, journalisme), ceux avec le suffixe -if (d’emploi
autrefois plus large : pensif) aux noms en -ion (créatif, création), ceux en -ent à des noms en -ence
(réticent, réticence).

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À partir des adjectifs dérivés de participes de verbes se sont formés des suffixes autonomes (-é, -ant, -
isant) avec des bases non verbales (itinérant, âgé, archaïsant).

Les adjectifs dits composés sont formés de deux adjectifs (aigre-doux) ou d’un adjectif et d’un nom
(bleu marine).

Enfin, un certain nombre d’adjectifs dérivent d’autres classes syntaxiques, comme celle du participe
présent (brillant), du participe passé (aiguisé), du nom (une robe ivoire) ou de l’adverbe, auquel cas ils
retiennent la caractéristique d’invariabilité de l’adverbe (des gens bien).

5. ACCORD DE L’ADJECTIF

Les adjectifs étant dans la dépendance du nom, ils ont un genre et un nombre d’accord. En règle
générale, le féminin des adjectifs se forme par l’ajout d’un -e à la forme du masculin (petit > petite ;
rond > ronde ; vert > verte ; bleu > bleue). Néanmoins, dans un certain nombre de cas, la formation
est plus complexe et entraîne des modifications, notamment :

— le passage d’un -e sans accent à un -è accentué (complet > complète ; premier > première ; léger >
légère) ;

— le redoublement de la consonne finale (réel > réelle ; gros > grosse) ;

— un changement de la consonne finale (sec > sèche ; public > publique ; moqueur > moqueuse ;
heureux > heureuse ; nouveau > nouvelle ; doux > douce ; neuf > neuve) ;

— une transformation, à l’oral, de la prononciation de la voyelle finale, qui perd son timbre nasal
(brun > brune ; breton > bretonne ; fin > fine) ;

— certaines transformations plus complexes : beau > belle ; nouveau > nouvelle ; vieux > vieille ;
gentil > gentille.

Les adjectifs déjà terminés par un -e au masculin ont une forme unique pour le masculin et le féminin
(rouge, cynique, sensible, utile, grave), ainsi que les adjectifs de couleur qui dérivent de la catégorie
du nom (une robe marron).

Le pluriel des adjectifs se forme régulièrement par l’ajout d’un -s à la forme du singulier. Les
irrégularités de formation du pluriel sont constituées par les adjectifs terminés en -eau, dont le pluriel
est en -eaux (beau > beaux), la plupart des adjectifs en -al, dont le pluriel est en -aux (spécial >
spéciaux), à l’exception de final > finals, fatal > fatals, etc. Les adjectifs terminés au singulier par un -s
ou un -x ont une forme unique pour le singulier et pour le pluriel (bas).

Les adjectifs composés forment leur pluriel régulièrement (aigres-douces), sauf si le second terme est
d’origine nominale (bleu marine). Les adjectifs de couleur qui sont des noms dérivés restent
invariables (des étoffes ivoire, marron), sauf si leur origine nominale n’est plus perçue depuis
longtemps (des fleurs roses).

6. DEGRÉS D’INTENSITÉ ET DE COMPARAISON DE L’ADJECTIF

Les adjectifs sont, dans certains cas, susceptibles d’être nuancés par des adverbes d’intensité (plus ou
moins grand, plutôt grand, assez grand) et peuvent faire l’objet de comparaisons.

Les comparatifs de supériorité, d’égalité ou d’infériorité se forment au moyen d’une locution


comportant l’un des adverbes plus, aussi ou moins suivis de l’adjectif, lui-même suivi de que et d’un
élément comparatif (Leur maison est plus / aussi / moins grande que dans mon souvenir).

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Le superlatif relatif se forme à l’aide des locutions le plus ou le moins, suivies ou non d’un
complément prépositionnel introduit par de, qui constitue une indication de l’ensemble de définition
à l’intérieur duquel on a procédé à la comparaison (Paul est le plus grand ; Paul est le plus grand des
deux ; Paul est le plus grand de sa classe).

Le superlatif absolu se forme en faisant précéder l’adjectif de l’adverbe très ou de l’un des adverbes
de quantité qui peuvent lui être substitués (Paul est très intelligent).

Bon, bien, mauvais et petit ont un comparatif de formation irrégulière. Il s’agit respectivement des
formes meilleur, mieux, pire et moindre. Pire et moindre sont néanmoins concurrencés par la
formation ordinaire dans certains emplois (C’est la plus mauvaise période pour partir / C’est la pire
des choses qui pouvaient lui arriver ; Paul est le plus petit de sa classe / C’est la moindre des choses).

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Adverbe
adverbe, nom donné à une classe de termes invariables qui peuvent assumer des fonctions
syntaxiques diverses. Certains adverbes constituent des phrases à eux seuls. C'est le cas des adverbes
d'affirmation et de négation comme oui, non, bien sûr, assurément, évidemment, bien entendu,
nullement, etc. D'autres servent à la liaison entre les propositions ou les phrases, jouant un rôle
comparable à celui de certaines conjonctions de coordination (en effet, par conséquent, néanmoins,
en revanche, aussi, ainsi, c'est pourquoi, etc.), ou bien organisent l'énoncé (puis, ensuite, alors, enfin,
etc.). Une série d'adverbes indiquent la modalité, interrogative ou exclamative, de la phrase ; il s'agit
des adverbes interrogatifs (est-ce que, etc.) et exclamatifs (comme, comment, etc.). La négation est
exprimée par des locutions adverbiales corrélatives (ne... pas, ne... plus, ne... jamais, ne... rien, ne...
personne, ne... aucun, ne... nullement, etc.). Enfin, certains adverbes apportent une modification
sémantique à un verbe (Il marche lentement ; Elle lui a parlé sèchement ; Viens ici), à un adjectif (Il
est très pâle) ou à un autre adverbe (Elle marche très lentement) ou à une phrase entière
(Sincèrement, je n'y peux rien).

2. MORPHOLOGIE

Il n'y a pas d'unité morphologique dans la classe des adverbes. Un premier ensemble de formes est
constitué par des adverbes dits héréditaires, issus du latin (très, plus, bien, mal, près, loin, tôt, tard,
etc.). Un second ensemble comprend les adverbes en -ment, formés dans la majorité des cas par
l'ajout de ce suffixe à la forme féminine de l'adjectif (naturelle > naturellement, naïve > naïvement).
Néanmoins, tous les adjectifs ne peuvent pas être ainsi suffixés et, dans un certain nombre de cas, la
formation se fait sur une autre base que le féminin de l'adjectif (gentil > gentiment, vrai > vraiment).
Un certain nombre d'adverbes formés sur la base d'adjectifs en -ent et -ant présentent comme
caractéristique un redoublement du m (violent > violemment, savant > savamment). Les irrégularités
que présentent un petit nombre d'autres formes sont explicables par des considérations relevant de
l'histoire de la langue (bref > brièvement, grave > grièvement). Enfin, certains adjectifs peuvent
également être utilisés comme adverbes (parler fort, parler bas, écrire petit, écrire gros, sentir bon,
sentir mauvais). Font également partie de la catégorie des adverbes une série de locutions dont le
rôle syntaxique est identique (tout de suite, tout à l'heure, en effet, c'est pourquoi, etc.).

3. VALEUR DE L'ADVERBE

Les valeurs sémantiques des adverbes sont multiples. Le classement qu'on en donne ordinairement
distingue l'indication du degré ou de l'intensité (assez, fort, très, peu, moins, beaucoup), de la
comparaison (plus, moins, autant, mieux, aussi), de la manière (bien, mal, vite, rapidement,
lentement) et de la situation spatio-temporelle (ici, là, dedans, derrière, devant, dessus, dessous, hier,
aujourd'hui, maintenant). Les adverbes qui se rapportent à la phrase entière permettent à la
personne qui parle d'émettre un jugement sur la possibilité ou la probabilité de ce qu'elle énonce (Il a
peut-être été retenu ; Il est probablement déjà parti), ou de faire un commentaire sur la façon dont
elle l'énonce (Je vous le dis franchement... ; Honnêtement, je ne puis vous renseigner). L'adverbe
peut aussi comme certains pronoms représenter un terme déjà exprimé ; c'est en particulier le cas
des adverbes pronominaux, dits encore pronoms adverbiaux (Il y va). Voir pronom.

4. PROBLÈMES D'ORTHOGRAPHE

L'adverbe est par définition un mot sans genre ni nombre et qui ne s'accorde pas. Un adjectif
adverbialisé reste donc invariable (forme masculin singulier unique) : Elles parlent fort. Mais l'usage
l'accorde parfois, l'analysant alors non plus comme un adverbe, mais comme un attribut du sujet ou
une épithète détachée (La pluie tombe drue au lieu de La pluie tombe dru) ou comme un attribut de

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l'objet (Il ouvre toute grande la fenêtre). Au risque de créer une ambiguïté, on écrira même parfois
des fleurs fraîches coupées dans le sens de des fleurs fraîchement coupées.

Par ailleurs, on trouve l'adverbe tout accordé dans certaines phrases. La règle, consacrée par
l'Académie en 1704, est la suivante : tout adverbe est invariable sauf s'il précède un adjectif féminin
commençant par une consonne ou un h aspiré (c'est-à-dire un h qui empêche la liaison) : Ils sont tout
petits ; Elles sont tout habillées ; Elles sont tout entières, mais Elles sont toutes petites ; toutes
hérissées.

Enfin, tout s'accorde lorsqu'il est déterminant (tous les enfants) ou pronom (tous sont venus, ils sont
tous venus). Aussi on peut écrire elle est toute à son travail, analysant toute comme un pronom
signifiant « toute sa vie, toute sa personne » aussi bien que : elle est tout à son travail, analysant tout
comme un adverbe signifiant « entièrement, totalement ».

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Aspect
aspect, catégorie grammaticale attachée au verbe, qui exprime la manière dont le procès est envisagé
dans le temps, indépendamment de sa localisation chronologique.

2. EXEMPLE D’OPPOSITION ASPECTUELLE

Ainsi, dans le couple de phrases suivant :

(a) Il croyait entendre l’haleine légère de son enfant

(b) Il avait cru entendre l’haleine légère de son enfant

l’opposition n’est pas, à proprement parler, temporelle, puisque les deux procès sont situés dans le
passé, mais plutôt aspectuelle puisque dans (a) le procès est vu comme inachevé, en train de se
dérouler — dans le passé —, alors que dans (b), le procès est vu comme achevé dans cette même
portion du temps.

3. UNE CATÉGORIE GRAMMATICALE LONGTEMPS REGARDÉE COMME ÉTRANGÈRE AU FRANÇAIS

La catégorie de l’aspect est, sans doute, l’une des catégories verbales les plus difficiles à définir en
français, notamment à cause de la morphologie du verbe, où les marques temporelles et aspectuelles
sont données par les mêmes formes d’une manière syncrétique. Il n’est pas étonnant, dès lors, que
cette catégorie ait mis longtemps avant d’être unanimement admise (la plupart des grammaires
traditionnelles considéraient l’aspect comme une propriété exclusive des langues slaves).

Aujourd’hui, même si le débat concernant l’existence en français de la catégorie aspectuelle est


révolu, il a laissé place à de nombreuses polémiques concernant, cette fois-ci, la nature et le statut de
l’aspect en français, sans parler des multiples divergences terminologiques.

4. DÉFINITIONS DE L’ASPECT

Les définitions généralement proposées oscillent entre une acception large et une acception
restrictive. Dans une acception large, est considéré comme relevant de la catégorie aspectuelle tout
ce qui implique la représentation temporelle du verbe, sans référence concrète à une position précise
sur l’axe chronologique, qui, elle, relève de la catégorie temporelle. Dans ce cas, seront attachés à la
catégorie aspectuelle de nombreux phénomènes qui affectent la temporalité interne du procès,
comme sa durée, ses différentes phases, son orientation, ses bornes initiale et finale, etc. Ces
différentes valeurs sont rendues en français par une multitude de marqueurs, allant du lexique (par
exemple, certains verbes ont un aspect itératif, comme sautiller, par opposition à sauter ; certains
autres expriment un aspect ponctuel, comme fermer, par opposition à l’aspect duratif rendu par des
verbes de type dormir, etc.) aux périphrases verbales (commencer à, finir de, continuer à, etc.).

Dans une acception restrictive, l’aspect est vu comme une catégorie strictement grammaticale,
rendue par des marques intégrées à la conjugaison du verbe, et opposant deux valeurs
fondamentales en rapport avec l’accomplissement du procès : l’accompli et le non-accompli.

En français, cette opposition entre l’accompli et le non-accompli traverse tout le système verbal et
concerne tous les modes et tous les temps : il s’agit de l’opposition entre une forme simple exprimant
l’aspect non accompli (Il était étudiant, Il mange à midi, Il partira samedi) et la forme composée

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correspondante (auxiliaire + participe passé), exprimant l’accompli (Il avait été étudiant, Il a mangé à
midi, Il sera parti samedi).

Attribut
attribut (grammaire), fonction du terme qui exprime une qualité ou une manière d'être prêtée à un
autre terme de la phrase, par l'intermédiaire d'un verbe. L'attribut est relié par ce verbe au sujet de la
phrase ou au complément d'objet.

Dans Il est courageux, courageux est attribut du sujet il. Dans Il prend son chien pour un être humain,
pour un être humain est attribut de l'objet son chien.

2. CLASSES GRAMMATICALES DES ATTRIBUTS

L'attribut peut être un adjectif qualificatif. Il s'accorde alors avec le terme (sujet ou objet) auquel il est
relié : Ils sont grands, il les trouve beaux. L'attribut peut être aussi un nom ou groupe nominal, un
infinitif, une proposition ou un pronom.

L'adjectif attribut est repris par un pronom neutre (masculin singulier) à la forme complément : Il sera
malin, elle le sera aussi.

Le nom attribut peut être marqué par l'absence d'article quand il exprime de façon générale une
profession, un rôle social, une nationalité (Jean est boucher).

Les propositions attributives sont des propositions relatives ou interrogatives (Elle n'est pas ce qu'on
croit) ou conjonctives (Le meilleur est qu'il est revenu !).

3. CONSTRUCTION DE L'ATTRIBUT

L'attribut est construit directement ou indirectement avec un verbe attributif. Il peut s'agir d'un verbe
d'état (être, rester, demeurer, sembler, paraître, devenir), du verbe faire employé dans le sens de «
jouer le rôle de » (Il fait le clown), d'un verbe intransitif (Ils se réveillent glacés ; Il s'en va furieux :
l'accord de l'adjectif marque qu'il ne s'agit pas d'un adverbe de manière).

L'attribut du complément d'objet est construit le plus souvent avec un verbe de jugement (croire,
trouver, savoir, considérer comme, tenir pour) ou de désignation (nommer, élire). Ces mêmes verbes
au passif permettent naturellement (l'objet devenant sujet) de construire un attribut du sujet : Il est
nommé gouverneur ; Il est considéré comme un professionnel.

On rencontre aussi l'attribut dans les phrases non verbales : Ce peintre, un génie !

Le groupe nominal avec épithète formant une phrase grâce à un présentatif peut servir d'équivalent à
une phrase attributive : Voilà un enfant sage.

4. PLACE DE L'ATTRIBUT

La place de l'attribut du sujet est généralement après le verbe. Cependant il peut le précéder dans
certaines tournures : dans le cas d'une comparaison ou d'une exclamation (Fripon que tu es !),
lorsque l'attribut est tel (Manger, telle est son obsession), dans une construction segmentée (C'est
une folie, ce repas !), dans les phrases non verbales (Un génie, ce peintre !)

L'attribut du complément d'objet précède l'objet seulement quand il est plus long que celui-ci, quand
c'est un infinitif avec de ou quand c'est une complétive introduite par que : Il trouve absurde que... ; Il
trouve absurde de... ; Il trouve cette attitude absurde.

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Auxiliaire
auxiliaire (grammaire), verbe employé avec une valeur sémantique affaiblie et faisant office de mot
grammatical précédant un verbe à un mode non personnel.

Dans Il vient de partir, venir n'a plus sa valeur lexicale de base (verbe de mouvement), mais une
valeur grammaticale (expression du passé proche). Le rôle essentiel des verbes être et avoir dans la
conjugaison les fait considérer comme des auxiliaires purs, même si ces verbes peuvent être
employés comme verbes proprement dits (Il a une maison à la campagne). Les auxiliaires se
composent avec le participe passé (avoir pris). D'autres verbes sont occasionnellement employés
comme auxiliaires, on les appelle « semi-auxiliaires ». Ils forment des périphrases verbales en se
composant avec un participe présent, un gérondif ou, le plus souvent, un infinitif.

Il faut considérer les auxiliaires non comme des verbes à part entière, mais comme des morphèmes
antéposés et disjoints. On remarquera que, dans les langues romanes, les désinences verbales de
certains temps (imparfait, futur et conditionnel) sont historiquement d'anciens auxiliaires : par
exemple, le futur du latin classique cantabo a été remplacé par la périphrase verbe + auxiliaire :
cantare habeo (j'ai à chanter) d'où vient notre chanterai.

2. ÊTRE ET AVOIR, AUXILIAIRES DE L'ASPECT ACCOMPLI

Les auxiliaires être et avoir servent à former les temps composés, qui expriment l'aspect accompli ; ce
sont eux qui portent les marques du temps simple et le verbe auxilié est au participe passé : il fera, il
aura fait ; il sortait, il était sorti. Voir verbe.

Le choix de l'auxiliaire dépend du verbe conjugué, de sa construction et de son sens. Avoir est utilisé
pour les verbes transitifs (l'auxiliaire être étant utilisé dans ce cas pour la tournure passive) ; être est
utilisé pour les verbes pronominaux. Pour les verbes intransitifs, on trouve soit l'un soit l'autre. Les
verbes imperfectifs — c'est-à-dire ceux qui expriment un événement qui a lieu sans obligatoirement
arriver à son terme — utilisent avoir. Parmi les verbes perfectifs, ceux où un terme final est impliqué
demandent l'auxiliaire résultatif qu'est être (sortir, être sorti), ceux où le terme n'est pas significatif
(verbes dits conclusifs comme exploser) utilisent avoir. Le changement de construction du verbe peut
faire changer l'auxiliaire : il est descendu, il a descendu son adversaire. Voir transitivité.

Certains verbes, sans changer de construction, peuvent connaître les deux auxiliaires, marquant
chacun une nuance de sens (le bus a passé devant la gare, le bus est passé à quatre heures), parfois
peu sensible (le livre a paru, est paru la semaine dernière).

3. ÊTRE, AUXILIAIRE DE LA TOURNURE PASSIVE

L'auxiliaire résultatif être sert à construire la voix passive : c'est l'auxiliaire seul qui porte les marques
de temps. L'aspect peut être ambigu : les fleurs sont cueillies peut signifier qu'on cueille les fleurs ou
bien qu'on les a cueillies.

4. LES SEMI-AUXILIAIRES

Beaucoup de semi-auxiliaires permettent une expression lexicale de l'aspect là où son expression


grammaticale n'existe pas. L'action est annoncée sans avoir commencé : aller suivi de l'infinitif ou,
moins usuel, aller pour, être pour. Aller suivi de l'infinitif peut aussi avoir la valeur de « se disposer à »
(Je n'irai pas vous fournir ce prétexte). L'action est imminente : être sur le point de, près de, en passe

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de, en voie de. L'action est donnée comme juste accomplie : venir de, sortir de. L'action est saisie
dans son commencement : commencer de, se mettre à (aspect inchoatif) ; dans son déroulement :
être en train de et dans la langue classique aller suivi du gérondif (aspect progressif) ; sa
prolongation : continuer de, ne pas laisser de (aspect continuatif) ; dans son terme : finir de (aspect
terminatif). Les nuances sont très riches : venir à exprime l'événement inattendu, risquer de
l'éventualité malheureuse, etc.

Certains semi-auxiliaires sont des auxiliaires modaux : devoir, pouvoir. Ils peuvent servir parfois
d'auxiliaires aspectuels : régionalisme (il veut pleuvoir pour il va pleuvoir).

D'autres semi-auxiliaires sont causatifs ou factitifs : laisser et faire suivi de l'infinitif ; équivalent d'une
tournure passive : se voir suivi de l'infinitif ou du participe passé (Il se voit imposé un règlement
absurde).

5. VERBES VICARIANTS OU PRO-VERBES

Un verbe peut en représenter un autre : on ne parle pas alors d'auxiliaire mais de verbe vicariant ou
pro-verbe. C'est le cas de faire dans les comparaisons : Il travaille plus que je ne le fais. Faire dans ce
cas est complété par un pronom neutre (souvent le) ou un adverbe (par exemple de même). Le
complément d'objet direct peut aussi être un groupe nominal dans la langue littéraire.

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Cas
cas, catégorie grammaticale qui s’associe au nom pour en indiquer la fonction syntaxique au sein dela
phrase.

La grammaire traditionnelle ne considère comme pertinente la notion de cas que dans les langues
flexionnelles (voir flexion), où la fonction syntaxique (sujet, objet, etc.) est marquée par des
morphèmes flexionnels (généralement des suffixes) qui s’attachent à la base nominale.

Dans ces langues, dites aussi « à cas » (comme le latin, le russe, l’allemand ou l’arabe), le nom
changera de forme flexionnelle selon la fonction qu’il joue dans la phrase. Par exemple, dans les deux
phrases latines uenator lupum occidit, « Le chasseur a tué le loup », et lupus uenatorem occidit, « Le
loup a tué le chasseur », ce sont les variations formelles du nom qui permettent de reconnaître les
fonctions syntaxiques : lupus est la forme du nom (loup) qui marque le cas dit nominatif (qui
correspond, approximativement, à la fonction sujet), alors que lupum est la forme de ce même mot
qui marque le cas accusatif qui correspond à la fonction de complément d’objet direct. Il en est de
même mutatis mutandis pour les deux formes nominales uenator et uenatorem (respectivement
forme sujet et forme objet).

Le cas varie d’une langue à l’autre, à la fois en nombre — allant de deux (comme en ancien français
ou en masai), à une cinquantaine (comme en avar ou en tabarassan), en passant par des situations
intermédiaires, comme en hongrois où on en dénombre une vingtaine —, et en nature fonctionnelle
(un cas donné n’a jamais tout à fait la même valeur fonctionnelle dans deux langues différentes,
puisque cette valeur est déterminée par opposition aux autres cas présents dans la langue).

Il convient enfin de préciser que le cas ne constitue que l’une des stratégies dont disposent les
langues pour marquer les fonctions syntaxiques.

Ainsi, en français moderne, où les flexions casuelles ne subsistent que dans le domaine des pronoms
(par exemple il / le / lui qui marquent respectivement le sujet, l’objet direct et l’objet indirect), la
fonction syntaxique est marquée positionnellement. Au-delà des prépositions à et de qui y jouent un
rôle, la fonction d’un syntagme nominal est principalement marquée par la position qu’il occupe au
sein de la phrase (dans une phrase active canonique, le sujet est joué par le groupe nominal qui
précède le verbe, le complément d’objet par le groupe nominal qui le suit). C’est pour cette raison
que l’ordre des mots est pertinent dans les langues dites positionnelles, comme le français, mais
moins pertinent dans les langues casuelles.

13
Complément
complément (grammaire), mot ou ensemble de mots ayant pour fonction de compléter le sens du
mot ou de l'ensemble de mots auquel il se rattache.

On pourrait définir de façon générale le complément comme un élément dépendant d'un terme-
support et distinguer ainsi selon le support les compléments de phrase, les compléments du verbe,
les compléments du nom, du pronom, de l'adjectif, du mot invariable. Mais la définition traditionnelle
est plus restrictive : elle exclut des compléments du verbe ou de la phrase les attributs et ne retient
que les compléments d'objet, les compléments d'agent, les compléments circonstanciels ; elle exclut
des compléments du nom, outre les déterminants, les épithètes et les appositions. En somme ne sont
retenues que les fonctions qui ne peuvent pas être remplies par un adjectif.

2. LES COMPLÉMENTS D'OBJET

Les compléments d'objet sont des compléments du verbe : ils sont caractérisés par le fait que leur
existence dépend du verbe (voir transitivité) et du type de construction qu'il demande (construction
directe ou indirecte, choix de la préposition dans le cas de la construction directe). La fonction peut
être remplie par un nom ou un groupe nominal, un pronom, un infinitif, une proposition
subordonnée. La nature même du complément d'objet peut dépendre du verbe : par exemple, on ne
peut trouver un infinitif après connaître alors que le verbe savoir l'accepte.

1. Le complément d'objet direct

Le complément d'objet direct se construit sans préposition quand il s'agit d'un groupe nominal : il
craint la pluie. On peut le rencontrer introduit par une préposition lorsqu'il s'agit d'un infinitif (il craint
d'être mouillé) et par une conjonction lorsque c'est une subordonnée (il craint qu'il ne pleuve). Les
questions qui est-ce que… ? ou qu'est-ce que… ? (ou leur variante familière : il craint quoi ? ou qui ?)
peuvent appeler comme réponse un complément d'objet direct, mais aussi parfois un attribut ou un
sujet réel (voir sujet).

Ce qui caractérise en propre le complément d'objet direct est la possibilité de la transformation


passive de la phrase, transformation du complément d'objet direct en sujet et du sujet en
complément d'agent. Il faut cependant noter que cette transformation est parfois peu naturelle : le
complément d'objet direct ne peut pas devenir agent (en particulier quand il s'agit d'un pronom
personnel : il mange une pomme > la pomme est mangée [par lui]). En outre, la transformation est
impossible avec les verbes avoir et pouvoir ou des expressions lexicalisées du type prendre la porte.
Par ailleurs, les verbes obéir, désobéir et pardonner permettent une transformation passive alors
qu'ils ne sont plus transitifs directs dans la langue moderne.

Les pronoms personnels conjoints et les pronoms relatifs ou interrogatifs qui sont compléments
d'objet précèdent le verbe ; les groupes nominaux le suivent. Le pronom rien, pourtant, précède le
participe passé (je n'ai rien vu mais je n'ai vu personne). Tout précède le participe passé et a une
place plus libre avec l'infinitif (dire tout ou tout dire). Dans certaines locutions, le nom précède le
verbe (geler à pierre fendre).

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2. Le complément d'objet indirect

Le complément d'objet indirect est construit avec une préposition quand il s'agit d'un groupe nominal
: je me souviens de cette ville (mais je me souviens avoir vu cette ville et je m'en souviens). Le
complément d'objet indirect se distingue d'un complément circonstanciel indirect en ce que la
construction dépend du verbe lui-même. Sur ce critère, on pourra considérer un argument comme un
objet dans s'appuyer sur un argument car, dans ce sens, le verbe ne se construit qu'avec sur. En
revanche, on considérera le mur comme un circonstanciel dans s'appuyer sur le mur, car la
construction n'est pas imposée par le verbe (s'appuyer contre un mur, à un mur). Quand il y a
plusieurs compléments, la coordination marque l'équivalence fonctionnelle (penser à son père et à sa
mère, mais envoyer une lettre à son père à Paris).

3. Le complément d'objet second

On appelle complément d'objet second le complément d'objet indirect d'un verbe qui se construit
aussi avec un objet direct : il envoie une lettre (objet direct) à son père (objet second). Le
complément d'objet second ne se trouve pas toujours en seconde place, il passe parfois devant, en
particulier quand il est plus court : il écrit à son père une longue lettre de remerciement. Le
complément d'objet second peut devenir complément d'objet direct dans des tournures souvent
blâmées par les puristes : couper la parole à quelqu'un > couper quelqu'un (et donc le passif il a été
coupé). On appelle aussi le complément d'objet second complément d'attribution, mais cette
expression convient mal à des phrases comme voler quelque chose à quelqu'un et pas du tout à des
phrases comme discerner quelque chose d'avec quelque chose d'autre. On a pu proposer de limiter
cette expression aux compléments d'objet indirects pouvant être remplacés par un pronom conjoint
au datif (par exemple à la troisième personne lui ou leur).

4. Le complément d'objet interne

Certains verbes qui se construisent sans complément d'objet peuvent avoir quelquefois un
complément d'objet qui ne fait que reprendre une idée présente dans le verbe en la précisant :
pleurer toutes les larmes de son corps, des larmes de joie. On parle alors de complément d'objet
interne.

3. LE COMPLÉMENT D'AGENT

On appelle complément d'agent le complément indirect d'un verbe à la voix passive, complément qui
correspond à ce qui serait le sujet si la phrase était à la voix active : les fleurs ont été abîmées par la
pluie (à la voix active : la pluie a abîmé les fleurs). Le complément d'agent peut se coordonner avec
un autre complément indirect qui n'est pas un complément d'agent : cette règle a été inventée par lui
et pour lui. La préposition est le plus souvent par (qui peut introduire aussi des compléments
circonstanciels), parfois de quand le verbe est, au sens figuré, un verbe de sentiment (il est aimé de
tous) ou un verbe construit par archaïsme à l'imitation de la langue classique. Dans des tours figés, on
toute encore la préposition à (mangé aux mites).

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4. LE COMPLÉMENT CIRCONSTANCIEL

On caractérise souvent le complément circonstanciel par sa mobilité et par son sens : il apporterait
une notation de circonstance. Cette définition est insuffisante et fausse pour certains compléments.
Quelques compléments circonstanciels sont aussi étroitement liés au verbe que des compléments
d'objet et ne sont pas mobiles : il va bien. On peut, en revanche, retenir comme trait caractéristique
du complément circonstanciel la possibilité pour un adverbe de remplir la fonction : cela le distingue
des différents compléments d'objet aussi bien que du complément d'agent. Une autre caractéristique
est la variation selon le contexte du support du complément circonstanciel : dans évidemment il
mange bien le matin, bien porte sur le verbe mange, le matin sur il mange bien, évidemment sur
l'ensemble il mange bien le matin.

Les compléments circonstanciels peuvent être classés en fonction de leur support (verbe, relation
sujet-verbe, phrase) ou bien selon qu'existe ou non la possibilité d'encadrement par c'est… que…, ou
encore selon la portée de la négation (portant sur le complément dans il ne mange pas bien, n'y
portant pas dans il ne mange pas malgré sa faim). La classification traditionnelle prend en compte le
sens du complément ; le problème est alors la multiplication des catégories jusqu'à l'absurde,
puisqu'on peut, à la limite, créer une catégorie pour chaque verbe. Parmi ces catégories sémantiques,
on peut retenir le lieu, le temps, la manière (intégrant le moyen et l'accompagnement), la mesure,
l'opposition et la concession, la cause, la conséquence, le but (conséquence recherchée), la condition.
Des distinctions secondaires sont utiles dans l'apprentissage scolaire, même si elles n'ont pas
d'intérêt du point de vue linguistique : la distinction, par exemple, entre les lieux d'où l'on vient, où
l'on est, où l'on passe et où l'on va, peut être nécessaire pour les exercices de thème latin (le latin
marque ces distinctions par des flexions différentes).

Peuvent être complément circonstanciel le nom ou groupe nominal, le pronom, le pronom adverbial,
l'infinitif, le gérondif, le participe, l'adverbe, la proposition subordonnée. La construction est souvent
indirecte (la préposition donne souvent le sens du complément), mais aussi directe (en particulier les
compléments de mesure et de temps : il mesure un mètre soixante ; il part la semaine prochaine ).

5. LE COMPLÉMENT DU NOM

Outre l'épithète et l'apposition, le groupe nominal peut être enrichi par des compléments du nom. Il
s'agit de noms ou de groupes nominaux (le père de Paul ; les gens d'en face), d'adverbes (les gens
d'ici), de pronoms (le père de ce dernier). La subordonnée relative peut également tenir ce rôle. Les
noms correspondant à des verbes sont complétés par les mêmes termes que ces verbes (la
nomination de Paul comme directeur / on a nommé Paul directeur), ceux qui correspondent à des
adjectifs par les mêmes termes que des adjectifs (la fidélité de Paul à sa vocation / Paul est fidèle à sa
vocation). On appelle complément subjectif celui qui correspond à un sujet actif (l'amour de son fils /
son fils l'aime), objectif celui qui correspond à un objet (l'amour de son fils / il aime son fils). La
construction est souvent indirecte, avec une grande variété de prépositions ; la construction directe
existe (une montre or et diamants, l'affaire Dreyfus).

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Certains compléments du nom sont des compléments de caractérisation ; comme les épithètes et
appositions, ils peuvent être détachés du nom et, comme eux, prendre une valeur de complément
circonstanciel : son père, d'origine espagnole, était parfaitement bilingue (d'origine espagnole, son
père était parfaitement bilingue). Certaines grammaires rangent ces compléments avec les épithètes,
car la transformation en attribut est possible (son père est d'origine espagnole).

D'autres sont des compléments déterminatifs (ou compléments de relation) le père de Paul. Un
complément de caractérisation peut devenir un complément déterminatif dès que reparaît un
déterminant : un tablier de boucher, le tablier du boucher.

La proposition relative a tantôt le rôle d'un complément de caractérisation (relative explicative),


tantôt celui d'un complément déterminatif (relative déterminative) : c'est le détachement ou non qui
marque quel est son rôle (le chat, qui était noir,… ; le chat qui était noir…).

Dans certains groupes avec complément du nom, c'est le complément qui semble être le terme
principal du point de vue du sens, sinon de la grammaire. C'est le cas des noms exprimant un collectif
(un groupe de chercheurs), une mesure ou un nombre (un million de francs), un contenant (un verre
de vin), etc. L'accord du verbe quand ces groupes sont sujets pose des problèmes (un tas de choses
arrive(nt)).

6. LES AUTRES COMPLÉMENTS

Un terme peut compléter un adjectif (fier de sa réussite ; fier d'avoir réussi ; fier de ce qu'il a si bien
réussi ; fier de lui), un pronom (celui de Paul), un adverbe (indépendamment des circonstances ;
partout où j'irai), des mots-phrases (oui à la nationalisation des banques). Les pronoms indéfinis
complétés du type beaucoup de monde peuvent être aussi considérés comme les déterminants
indéfinis d'un nom.

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Conjonction
conjonction (grammaire), nom donné à deux classes de termes, dont la première, regroupant les
conjonctions de coordination, sert à relier des éléments de même rang syntaxique, qu'il s'agisse de
mots, de groupes de mots, de propositions ou de phrases, et la seconde, regroupant les conjonctions
de subordination, permet de relier les propositions dites subordonnées à la proposition principale
dont elles dépendent.

2. LES CONJONCTIONS DE COORDINATION

Les conjonctions de coordination (et, ou, ni, mais, or, donc, car) ont à la fois des emplois spécifiques
et d'autres comparables à ceux de certains adverbes ou locutions adverbiales, comme puis, ensuite,
toutefois, néanmoins, cependant, pourtant, ainsi, aussi, par conséquent, en effet, etc.

1. Et

Et marque l'addition. Dans une énumération, seuls les deux derniers termes, en général, sont
coordonnés par et (Rajoutez de l'huile, du sel, du poivre et des épices). Lorsque et coordonne des
propositions, il peut exprimer diverses nuances, en rapport avec le sens de ces propositions,
notamment la succession dans le temps (Continuez tout droit et tournez à gauche au bout de
l'avenue) ou la conséquence (La nuit tombait et on distinguait mal les contours des objets).

2. Ni

Ni sert à coordonner des éléments de rang identique dans une structure négative. Il fonctionne
comme un équivalent de et… ne pas. Il est le plus souvent répété devant chacun des termes niés (Elle
n'est ni grande ni petite ; ni l'un ni l'autre n'est intervenu). Voir négation ; accord.

3. Ou

Ou marque, dans la plupart des cas, une alternative (Vous préférez du café ou du thé ? C'est ça ou
rien), dont le caractère exclusif peut être souligné par la locution ou bien… ou bien (Ils sont ou bien
en retard ou bien déjà partis). Entre les deux derniers termes d'une énumération, la locution ou
encore exprime une possibilité complémentaire (Vous pouvez prendre le train, l'avion ou encore
votre voiture). Ou peut aussi indiquer une équivalence entre un terme rare et un terme plus courant
ou une expression définitionnelle (la géodésie, ou étude de la forme et de la dimension de la Terre).
Dans ce cas, le second élément est employé sans déterminant.

4. Mais

Mais peut relier des mots (Il est tatillon mais compétent), des propositions ou des phrases. Sa valeur
est généralement oppositive, c'est-à-dire qu'il permet d'opposer un élément à un autre en vertu d'un
raisonnement implicite. Ainsi, dans Il avait un avis contraire mais il n'a rien dit, la seconde proposition
va à l'encontre de ce que la première laissait attendre.

5. Or, donc et car

Or, donc et car ne peuvent relier que des propositions.

Or sert à introduire un nouvel élément dans un enchaînement argumentatif (Il a prétendu ne pas
avoir été mis au courant. Or, un certain nombre de documents permettent d'établir sa responsabilité
dans cette affaire).

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Donc sert à introduire un élément qui a la valeur d'une conséquence. Il fonctionne exactement
comme un adverbe du type par conséquent.

Car, qui n'est pratiquement employé qu'à l'écrit, indique que la seconde proposition est une
explication de la première (On s'en aperçut, mais trop tard, car personne n'y avait songé à temps).

3. LES CONJONCTIONS DE SUBORDINATION

Les conjonctions de subordination (que, quand, lorsque, comme, si, puisque, etc.) et les locutions
conjonctives, qui sont des conjonctions composées de plusieurs mots (alors que, parce que, depuis
que, avant que, bien que, de telle sorte que, si bien que, à moins que, etc.), servent d'introducteurs
aux diverses propositions circonstancielles (de temps, de cause, de but, de conséquence, de
concession, d'opposition, de condition, de comparaison). Exemple : Je ne suis pas allée au cinéma
depuis que je suis rentrée de vacances ; Il est rentré avant qu'il ne pleuve.

La conjonction que introduit les propositions subordonnées dites complétives (Je sais qu'il est tard).

La signification des conjonctions est liée à celle de la subordonnée qu'elles introduisent. Certaines
sont polysémiques, comme alors que, qui sert à la fois à l'expression du temps et de l'opposition (Elle
est sortie alors que je lui avais déconseillé ; Le chat est sorti alors que j'ouvrais la porte au plombier).

19
Déterminant
déterminant (grammaire)

1 PRÉSENTATION

déterminant (grammaire), nom donné à une classe de termes qui ont pour fonction d'actualiser un
substantif à l'intérieur d'un groupe nominal. La classe des déterminants comprend, d'une part, les
articles définis et indéfinis et, d'autre part, les adjectifs possessifs, démonstratifs, indéfinis,
numéraux, interrogatifs, exclamatifs et relatifs.

2 LES ARTICLES

2.1 L'article défini

Devant une voyelle ou un h muet, les formes le et la deviennent l' (l'enfant, l'haleine). Cette forme est
dite élidée. Il existe par ailleurs une série de formes, au, aux, du et des, qu'on appelle formes
contractées et qui correspondent respectivement à un amalgame de la préposition à ou de la
préposition de avec les formes du masculin singulier et du masculin pluriel de l'article défini. Au est
ainsi analysable comme à + le, aux comme à + les, du comme de + le et des comme de + les.

Au singulier comme au pluriel, l'article défini peut aussi bien déterminer un nom en emploi
générique, c'est-à-dire un nom désignant l'ensemble des membres d'une classe de choses (Le chien
est un mammifère ; Les chiens sont des mammifères), qu'un nom à valeur spécifique, c'est-à-dire
désignant un ou plusieurs membres d'une classe (Le chien des voisins aboie ; Les chiens du voisin
aboient).

2.2 L'article indéfini

La forme de pluriel des devient de quand le groupe nominal comporte un adjectif placé avant le nom
(des maisons, de belles maisons).

L'article indéfini détermine un nom en le particularisant sans l'identifier spécifiquement. Dans J'ai pris
rendez-vous avec un avocat, un détermine avocat en spécifiant qu'il s'agit d'une personne
déterminée, mais dont l'identité n'est pas indiquée. Il peut dans certains emplois conférer au nom
qu'il détermine une valeur générique, c'est-à-dire référant à l'ensemble des membres d'une classe de
choses. Dans Je me demande ce qu'en penserait un avocat, on réfère à un avocat quelconque.

2.3 L'article partitif

On désigne sous le nom d'article partitif les formes de déterminants qui permettent de quantifier de
façon indéterminée les noms non comptables, qu'il s'agisse de noms abstraits (du courage, de
l'ardeur) ou de noms désignant des choses qu'il n'est pas possible de dénombrer parce qu'elles
constituent une masse continue, non fragmentable (de l'eau, du fer, du marbre). Les formes de
l'article partitif sont, au masculin singulier, du (du sel) ou de l', si l'initiale du nom déterminé est une
voyelle (de l'énergie) et, au féminin singulier, de la ou de l' devant voyelle (de la bière, de l'eau).

20
3 LES ADJECTIFS

3.1 Les adjectifs possessifs

Les adjectifs possessifs constituent une série variable en genre, en nombre et en personne. Leur
forme dépend, d'une part, de la personne du possesseur et, d'autre part, du genre et du nombre du
nom déterminé par le possessif. Si le possesseur est la personne qui parle, la forme du possessif sera
l'une des formes de première personne du singulier cependant que son genre et son nombre seront
ceux du nom déterminé (ma montre, mon stylo, mes bijoux).

Devant des noms qui désignent des parties du corps, la forme du possessif est remplacée dans
certains emplois par l'article défini (J'ai mal à la tête, Il s'est lavé les cheveux).

3.2 Les adjectifs démonstratifs

La forme de masculin singulier cet est employée devant une voyelle ou un h muet (cet enfant ; cet
honneur), mais non devant un h aspiré (ce hibou).

La série des adjectifs démonstratifs comporte aussi une forme composée du type ce / cette ... -ci / -là
(ce livre-ci ; ce livre-là ; cette femme-ci ; cette femme-là). -Ci signifie en principe la proximité dans
l'espace, et -là l'éloignement, mais l'opposition effective est plutôt située entre la forme simple et la
forme en -là (cette femme ; cette femme-là).

Les démonstratifs peuvent avoir une valeur dite déictique, c'est-à-dire désigner une chose présente
dans l'entourage des interlocuteurs. Dans ce type d'emploi, ils identifient au même titre que le ferait
un geste de la main (Les clés sont sur cette table).

Ils peuvent aussi avoir une valeur dite anaphorique, auquel cas ils ne désignent pas un objet présent
mais renvoient à un terme déjà identifié parce que figurant dans le contexte (Il travaillait pour un
journal mais ce journal a fait faillite).

3.3 Les adjectifs indéfinis

On regroupe sous le nom d'adjectifs indéfinis un ensemble morphologiquement hétérogène de


termes qui déterminent un nom comptable en le quantifiant.

Une série d'adjectifs indéfinis expriment une quantité indéterminée (quelques, certains, plusieurs). Si
plusieurs est invariable, certains varie en genre et en nombre (certaines innovations). Quelque, le
plus souvent au pluriel (quelques fruits), peut aussi être employé au singulier avec une valeur
d'indétermination (Il avait mis quelque temps à la convaincre). Ces adjectifs indéfinis sont
généralement employés devant un nom au pluriel (quelques enfants ; certaines personnes ; plusieurs
livres).

Une autre série d'adjectifs indéfinis (chaque, tout, n'importe quel) déterminent un nom en indiquant
qu'il réfère à la totalité des membres d'une classe (Chaque jour il pleut). Chaque est invariable, mais
tout et n'importe quel ont une variation en genre (Toute idée sera la bienvenue, N'importe quelle
personne te renseignera).

L'adjectif indéfini tel (telle) détermine un nom de façon délibérément imprécise (Il prétend l'avoir
rencontré tel jour à telle heure).

21
Enfin, il existe une série de déterminants indéfinis à valeur négative (aucun [aucune], nul [nulle]). Ils
sont employés en corrélation avec l'adverbe de négation ne dans des phrases négatives (Aucune
intervention n'a eu lieu ; On n'a trouvé nulle trace de leur passage).

3.4 Les adjectifs numéraux

Les adjectifs numéraux cardinaux (un, deux, trois, quatre, cinq, etc.) servent à quantifier de façon
précise. Leur fonctionnement est comparable à celui des autres déterminants, dans la mesure où ils
précèdent immédiatement le nom qu'ils déterminent (Ils ont deux enfants), mais ils peuvent
également être précédés d'un article défini ou d'un déterminant possessif ou démonstratif (Les deux
enfants ; leurs deux enfants ; ces deux enfants). Les déterminants numéraux sont invariables, à
l'exception de cent et de vingt quand ils forment un nombre par multiplication (deux cents, quatre-
vingts), sauf si le numéral ainsi composé est complété par un autre numéral (deux cent trois, quatre-
vingt-douze).

Les adjectifs numéraux ordinaux (premier, deuxième, troisième, etc.) sont également placés entre un
déterminant du type article défini, possessif ou démonstratif et le nom déterminé (le premier étage ;
la cinquième rue).

3.5 Les adjectifs interrogatifs, exclamatifs et relatifs

L'adjectif à la fois interrogatif et exclamatif quel, variable en genre et en nombre (quels, quelle,
quelles), figure devant un nom dans les propositions interrogatives directes ou indirectes (Quelle
heure est-il ? Je ne sais pas quelle heure il est) et dans les propositions exclamatives (Quelle
coïncidence !).

On désigne sous le nom d'adjectif relatif la série des formes de lequel (laquelle, lesquels, lesquelles),
qui introduisent une subordonnée relative et dont l'emploi est presque toujours limité à la langue
juridique (Ils se sont portés acquéreurs de la propriété de la plaignante, laquelle propriété n'était
établie par aucun titre).

4 L'ABSENCE DE DÉTERMINANT

On supprime le déterminant dans les messages denses, par exemple les petites annonces (Jeune
homme cherche jeune femme aimant le cinéma), les étiquettes, enseignes, etc. (Café arabica, Sortie
de secours).

L'absence de déterminant peut caractériser le nom propre ou le mot cité en tant que mot (faute
s'écrit avec un seul t), mais elle peut avoir une raison syntaxique. On omet ainsi le déterminant dans
les couples ou les énumérations détaillant une totalité, en coordination (jeunes et vieux) ou en
juxtaposition (« Femmes, moines, vieillards, tout était descendu », La Fontaine). En outre, le
déterminant peut être mis en facteur commun dans des expressions lexicalisées (les allées et venues,
mon collègue et ami). Le déterminant peut être également absent dans les apostrophes (Garçon ! un
café), les attributs (Il est médecin), les appositions (Paris, capitale de la France), les locutions verbales
(avoir peur), les compléments du nom (un verre à pied), les compléments de temps (il a vécu avant
guerre), de lieu (Je vais place Stanislas), de manière (Il y va à pieds, en avion). Il faut noter que dans
les compléments prépositionnels l'article défini pluriel et le partitif singulier avec préposition
s'effacent après la préposition de : Ils viennent de lointaines contrées (mais Ils viennent d'une
lointaine contrée).

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En règle générale, le déterminant peut disparaître quand la détermination référentielle est
suffisamment forte ou au contraire quand l'actualisation est trop faible. Le déterminant réapparaît
donc en même temps qu'une expansion identificatrice (Vous, le monsieur avec le chien), une
détermination ou une caractérisation (Paul est un médecin célèbre ; Avoir la peur de sa vie ; Il a vécu
avant la guerre de 14).

Elision
élision, fait, pour une voyelle, de ne pas se prononcer à l’oral lorsqu’elle est suivie d’une autre voyelle.

Si la voyelle élidée est autre que le transcrit e, l’élision se marque à l’écrit par une apostrophe (le a de
la s’élide devant année, le i de si s’élide devant il, etc.). Si la voyelle élidée est un e , l’élision ne se
marque pas toujours par l’apostrophe. On ne prononce pas le e de tendre dans le tendre ami, mais on
ne marque pas l’élision par une apostrophe ; en revanche, on a une apostrophe dans l’ami.

2. QUELLES VOYELLES S’ÉLIDENT ?

L’élision se fait pour les mots grammaticaux monosyllabiques se terminant par e (le, ne, que, je, me,
se, etc.), pour la (qu’il soit pronom ou article) et pour si, seulement dans le cas où il est suivi du
pronom il ou ils (s’ils sont là). Cependant lorsque ces mots portent l’accent tonique, à savoir lorsqu’ils
sont placés après le verbe, l’élision ne se fait pas ni à l’oral ni à l’écrit (appelle-le aujourd’hui).

L’élision se fait également pour les quatre composés de que : jusque, lorsque, puisque et quoique
(Jusqu’où ira-t-on ? lorsqu’on devient adulte, puisqu’elle ne vient pas, quoiqu’il soit fatigué). Presque
et quelque, eux, ne s’élident que dans presqu’île et quelqu’un.

À l’oral, l’élision du u de tu est fréquente. Elle se marque par l’apostrophe à l’écrit, mais cela est
considéré comme appartenant au registre familier (t’as vu ?).

3. CAS D’ÉLISION IMPOSSIBLE

Il existe un certain nombre de cas dans lesquels, bien que le mot grammatical susceptible de s’élider
se trouve devant une voyelle, l’élision est impossible. C’est le cas, à l’écrit, lorsque le mot commence
par un h aspiré (dans des mots d’origine germanique) : le haricot, le hêtre, la huche, il me hante.
L’élision est également impossible devant les mots commençant par un y qui se prononce : le yacht,
la yourte. C’est également le cas pour oui, ouate, huit et onze et leurs dérivés : la ouate, le onze du
mois, le huitième, etc.

4. ÉLISION DEVANT UN NOM PROPRE

A priori, l’élision des mots grammaticaux devant les noms propres doit se faire dans les mêmes
conditions que devant les autres mots de la langue : voilà ce qu’Hector m’a dit. Cependant, on
constate dans l’usage une certaine réticence à faire cette élision, notamment lorsque le nom propre
comporte une seule syllabe : voilà ce que Aude nous a dit en concurrence avec ce qu’Aude…

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Epithète
épithète, fonction remplie par l’adjectif qualificatif au sein du groupe nominal. Toutefois, d’autres
termes peuvent être employés comme un adjectif et avoir une fonction d’épithète : certains adverbes
(un homme bien), certains noms (un père avocat, une robe marron). On ajoute parfois à cette liste les
propositions subordonnées relatives (un homme qui est honnête) qu’on peut classer aussi parmi les
compléments du nom. L’épithète apporte soit une caractérisation (des mesures injustes), soit une
détermination (les mesures gouvernementales).

2. ÉPITHÈTE DE CARACTÉRISATION ET ÉPITHÈTE DE DÉTERMINATION

L’épithète de détermination est équivalente à un complément déterminatif (elle apporte une


précision par restriction au sein d’un ensemble plus large) : les mesures gouvernementales / les
mesures du gouvernement. Dans ce cas, l’expression du degré est impossible, de même que la
transformation du groupe en phrase avec attribut.

L’épithète de caractérisation autorise au contraire la transformation du groupe en une phrase avec


attribut : une robe rouge / cette robe est rouge ; une mesure injuste / cette mesure est injuste. Si le
sens de l’adjectif le permet, l’expression du degré est possible : une mesure très injuste. Certaines
grammaires considèrent en or (dans le groupe une montre en or) comme une épithète de
caractérisation, car la possibilité d’en faire un attribut existe : cette montre est en or. La plupart des
grammaires en font un complément du nom caractérisant (non déterminatif).

Il faut faire une place à part aux épithètes de transfert du type un blessé grave pour lesquelles la
transformation en attribut est également impossible : elles proviennent d’une transformation d’un
groupe nominal en un autre comprenant un nom de la même famille : une blessure grave > un blessé
grave ; la critique littéraire > un critique littéraire.

3. CONSTRUCTION DE L’ÉPITHÈTE

On distingue les épithètes proprement dites et celles qui sont détachées par des virgules. L’épithète
de caractérisation non détachée apporte une caractérisation indépendante du temps marqué par le
verbe : dans Une femme audacieuse a sauvé l’enfant, audacieuse a une valeur générale. En revanche,
dans Une femme, audacieuse, a sauvé l’enfant, audacieuse, qui est détaché du nom-support par des
virgules et dont la place est mobile (Audacieuse, une femme, etc.), a la valeur d’un complément
circonstanciel (ici de cause). Pour ce dernier cas, on parle d’épithète détachée et on classe souvent
celle-ci avec les appositions. Dans la plupart des cas, quand l’épithète a pour support un pronom, elle
se construit comme une apposition : Celui-ci, audacieux, etc.

La construction indirecte n’existe qu’avec les pronoms indéfinis (rien d’intéressant) et dans des
tournures du type un drôle de bonhomme, où drôle peut être considéré comme un type particulier
d’apposition ou bien comme un adjectif substantivé.

4. PROPOSITIONS SUBORDONNÉES ÉPITHÈTES

Les relatives qui enrichissent le groupe nominal permettent soit une caractérisation quand elles sont
détachées (relatives explicatives : Mon voisin, que tu connaissais, est mort) soit une détermination

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quand elles ne le sont pas (relatives déterminatives : Le voisin que tu connaissais est mort). On peut
aussi trouver des subordonnées conjonctives : la preuve que tu as tort. Voir proposition.

5. PLACE ET ORDRE DES ADJECTIFS ÉPITHÈTES

L’adjectif épithète peut être antéposé ou postposé au nom-support. Les règles qui fixent l’ordre sont
complexes. Les adjectifs de détermination sont toujours postposés, ainsi que les adjectifs de couleur
employés au sens propre et ceux exprimant l’appartenance à un groupe humain (un marin français).
Les épithètes courtes et très courantes comme beau, grand, petit ou celles avec le préfixe in- sont
souvent antéposées mais pas toujours, avec parfois des variations de sens selon la place (un homme
grand / un grand homme).

De façon générale, on a pu observer que l’adjectif antéposé tend à former avec le nom une seule
unité de sens (jusqu’à pouvoir, à la limite, former un nom composé : grand rue), alors que l’adjectif
postposé ajoute une notion à une unité de sens bien délimité.

Quand le groupe nominal contient deux épithètes juxtaposées, l’une d’elles s’applique moins au nom
seul qu’au groupe formé par le nom et par l’autre épithète : c’est souvent la première des deux si elles
sont antéposées (une pauvre / petite femme), la dernière si elles sont postposées (la peinture
murale / médiévale). L’interprétation de l’encadrement est plus complexe (le magnifique / ciel
tropical ; un grand artiste / méconnu). Quand les adjectifs épithètes sont placés sur le même plan, on
utilise la ponctuation et la coordination : une femme pauvre, petite ; une femme pauvre et petite. On
ne peut pas coordonner une épithète de caractérisation et une épithète de détermination (une
mesure gouvernementale injuste)

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Fonction
fonction (grammaire), rôle syntaxique que jouent les différents syntagmes au sein de la phrase.

La phrase n’est pas une simple juxtaposition de mots, mais constitue une structure organisée en un
réseau de relations entre des constituants qui occupent chacun une fonction précise.

2. DÉFINITIONS

Si, dans une acception large, le terme fonction peut s’appliquer à différents niveaux de la description
linguistique, dans le sens strictement syntaxique qu’on lui attribue très généralement aujourd’hui, il
renvoie à la notion de fonction grammaticale, c’est-à-dire le rôle syntaxique que jouent les différents
syntagmes au sein de la phrase (voir sujet, objet, attribut, etc.).

En effet, les fonctions ne sont pas jouées par des mots, mais plutôt par des groupes de mots, appelés
syntagmes ou groupes syntaxiques (même s’il arrive que certains syntagmes soient saturés par
certains types de mots, comme les prénoms et les pronoms).

Dans un exemple de type Ce charmant garçon parle toujours de sa mère, le sujet de la phrase n’est ni
garçon, ni charmant garçon, mais plutôt le syntagme nominal dans son ensemble ce charmant
garçon.

3. FONCTION VS CATÉGORIE

Les notions de catégorie (voir nom, verbe, adjectif…) et de fonction grammaticales doivent être
soigneusement distinguées.

Outre le fait que la notion de fonction concerne des syntagmes (alors que la notion de catégorie
s’applique à des unités lexicales), les deux termes, même s’ils sont souvent confondus, ne renvoient
pas du tout au même contenu notionnel.

En effet, les catégories grammaticales sont considérées comme des caractéristiques inhérentes des
unités lexicales (on parle de nature grammaticale), au même titre que leurs formes phonologiques et
leur sens.

En revanche, les fonctions sont conçues comme des relations (fonctions, au sens mathématique) soit
entre syntagmes, soit entre les syntagmes et la phrase. Ce caractère relationnel est visible dans les
appellations elles-mêmes des différentes fonctions (on parle de sujet de la phrase, d’attribut du sujet,
de complément du nom, etc.). La fonction d’un syntagme donné ne peut donc être déterminée que
s’il est employé dans une phrase.

Autrement dit, contrairement à la catégorie grammaticale, la fonction est une information qui n’est ni
pertinente, ni perceptible au niveau lexical, puisqu’un terme donné appartient par définition à une
catégorie grammaticale, mais n’acquiert une fonction que lorsqu’il est employé dans une phrase (on
comprend dès lors pourquoi les dictionnaires n’apportent aucune information concernant la fonction
d’un terme, alors qu’ils précisent son appartenance catégorielle).

Et de fait, une fonction donnée peut être jouée par des éléments appartenant à différentes
catégories, et une catégorie donnée peut remplir plusieurs fonctions.

Si l’on prend la fonction sujet, on constate en effet qu’elle peut être jouée par un syntagme nominal
(Ce garçon parle souvent de sa mère), un pronom (Il parle souvent de sa mère), un verbe à l’infinitif
(Pleurer, prier, gémir est également lâche), etc.

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Parallèlement, si on prend par exemple un groupe nominal comme un petit garçon, on constate qu’il
peut jouer les fonctions de sujet (Un petit garçon joue dans le jardin), de complément d’objet (J’ai vu
un petit garçon dans le jardin), d’attribut du sujet (Pierre est un petit garçon), etc.

Interjection
interjection, nom donné à une classe de mots invariables qui servent à transcrire un état affectif (joie,
émotion, colère, surprise, doute, ironie, etc.) du locuteur. On classe également parmi les interjections
les onomatopées (mots traduisant des bruits, par exemple miaou, boum, tic-tac).

L’interjection n’a aucune fonction dans la chaîne syntaxique et est indépendante des autres
constituants de la phrase. C’est cette autonomie qui lui donne la particularité de pouvoir former une
phrase à elle seule : euh ! ouf ! aïe !

2. MORPHOLOGIE

1. Les interjections essentielles

Les interjections essentielles ne s’emploient qu’en tant qu’interjections : zut !, ouf !, vlan !, euh !. Elles
sont issues pour la plupart de formations expressives et rappellent plus ou moins un bruit. Ainsi,
contrairement aux autres mots, elles peuvent revêtir une forme qui est étrangère au système
phonologique de la langue. On trouve ainsi des suites de consonnes sans voyelles (pft ! tss !) alors
que la langue française se base sur l’enchaînement de voyelles et de consonnes. De même, la
répétition de consonnes telles que le r (par exemple dans grrr ! ou brrr !) constitue une anomalie par
rapport au système.

Au niveau supérieur, la composition d’interjection résultant de la répétition d’un élément est


également propre à cette classe : plouf-plouf, blablabla, miam-miam, tchin-tchin.

2. Les interjections accidentelles

Les interjections accidentelles sont issues de mots ou d’expressions qui ont un autre emploi : flûte !,
chouette !, bon sang !, la barbe !, nom d’une pipe !, etc. Tout comme les interjections essentielles,
elles sont invariables. Les marques de nombre ou de personne inhérentes à certaines (issues de
verbes notamment comme tiens !, voyons !, allez !) sont sans rapport avec une quelconque référence
à une ou plusieurs personnes. On dira aussi bien Allez ! c’est d’accord, je me lance dans le projet que
Allez ! laissez-vous tenter par le projet. De même, on peut avoir Mon œil !, mais pas Ton œil ! ou À la
bonne heure ! mais pas Aux bonnes heures !

Les interjections accidentelles présentent également la particularité de pouvoir redoubler un élément


: tiens, tiens !, bon, bon !

3. VALEUR

De nombreuses interjections sont dépourvues de contenu sémantique : ah ! peut exprimer tout à la


fois la surprise, la déception, la joie, le doute, etc. Il en va de même pour euh !, oh !, etc. qui peuvent
traduire différents sentiments. C’est à l’oral que l’interjection prend son sens. Elle porte toujours un
accent, et l’interlocuteur en décode le contenu selon l’intonation avec laquelle elle est prononcée.

À côté d’interjections servant à l’expression d’un sentiment, il en existe certaines qui ont pour rôle
d’établir, de contrôler ou d’interrompre la communication entre locuteur et récepteur : c’est la

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fonction phatique du langage. Allô ! permet ainsi au locuteur d’entrer en communication avec son
correspondant.

Marque
marque (grammaire), tout trait formel porté par une unité linguistique quelconque (dite marquée)
qui l’oppose à une autre unité qui ne porte pas le trait en question (unité dite non-marquée).

Autrement dit, la marque linguistique est un trait distinctif qui oppose un couple d’unités
linguistiques — par ailleurs identiques — par sa présence sur l’un seulement des deux termes de
cette opposition (dite privative).

2. EN PHONOLOGIE

C’est d’abord en phonologie, où elle s’est montrée particulièrement féconde, que la notion de
marque a été avancée.

Une marque phonologique est un trait phonique dont la présence sur une unité quelconque permet
de la distinguer de toutes les autres unités semblables qui ne portent pas le trait phonique en
question.

Ainsi, en français, la consonne bilabiale sonore [b] ne se distingue de la consonne bilabiale sourde [p]
que par la présence sur la première d’un trait phonique [+ voisement]. Le trait [+ voisement]
(vibration des cordes vocales) constitue, en l’occurrence, une marque phonologique. [b] constitue
l’unité marquée par opposition à [p], l’unité non-marquée.

Lorsqu’une marque phonologique oppose respectivement les deux termes de plusieurs paires
minimales, elle est appelée marque de corrélation. Ainsi, le voisement est une marque de corrélation
qui oppose en français les séries marquées [b], [d], [g], [v], [z] aux séries non-marquées [p], [t], [k],
[f], [s].

3. DANS LES AUTRES NIVEAUX DE L’ANALYSE LINGUISTIQUE

D’abord notion strictement phonologique, la notion de marque a été peu à peu étendue à d’autres
niveaux de l’analyse linguistique, notamment à l’analyse lexicale et à la morphologie.

En lexicologie, pour pouvoir exploiter l’opposition entre marqué et non-marqué, on a été amené à
donner à la notion de marque un sens plus abstrait, selon lequel elle ne correspondrait pas
nécessairement à un trait formel manifeste. Le terme marqué d’une opposition se reconnaîtrait alors
par une extension plus petite que celle du terme non-marqué. Autrement dit, selon cette analyse, le
terme marqué aurait une signification plus spécifique (moins générale) que le terme non-marqué :
ainsi enfant serait le terme non-marqué de l’opposition enfant / garçon.

En morphologie, la notion de marque s’est souvent montrée féconde dans la description d’un certain
nombre de catégories grammaticales, comme la catégorie du genre (le masculin en français est
considéré comme non-marqué par opposition au féminin, qui contient un trait formel
supplémentaire, visible par exemple dans l’opposition vert / verte), ou du nombre (singulier non-
marqué par opposition au pluriel marqué, notamment par –s : garçon / garçons).

Toutefois, appliquée sans précaution méthodologique, la notion de marque peut quelquefois se


révéler discutable. Se pose notamment la question de savoir sur quels types de critères on peut se

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fonder pour déterminer le terme marqué d’une opposition. Les réponses apportées sont souvent
divergentes. On peut, par exemple, citer l’opposition des modes indicatif et subjonctif qui n’a pas reçu
la même interprétation chez tous les grammairiens et linguistes (selon certains, c’est le subjonctif qui
constitue le terme non-marqué de cette opposition, alors que chez d’autres, c’est plutôt l’indicatif).

Mode et temps
mode et temps (grammaire), distinctions verbales qui représentent la durée de l'action définie par le
verbe, de son développement ou son achèvement.

Verbes du 3e groupe en -re

La conjugaison d'un verbe comporte des séries appelées temps, elles-mêmes réunies en séries
appelées modes. On distingue les modes impersonnels (infinitif et participes) des modes personnels
(indicatif, subjonctif, impératif). Le conditionnel est considéré par certains comme un mode, par
d'autres comme un temps de l'indicatif. Les modes et les temps définissent en partie la morphologie
du verbe.

2. LES MODES

1. Les modes impersonnels

Certaines formes ne varient pas selon la personne, ce sont celles des modes impersonnels : infinitif,
participe présent et gérondif, participe passé.

1. L'infinitif

L'infinitif connaît trois sortes d'emploi. Il peut permettre de construire une phrase : infinitif de
narration (Et tous de rire !), exclamation (Manger du lard un vendredi saint !), phrase impérative
(Boire frais) ou interrogative (Que faire ?). Il peut être aussi le noyau d'une proposition subordonnée :
Je le vois courir. (Tous les grammairiens ne considèrent pas cette tournure comme une véritable
subordonnée.) Il peut être également employé dans les fonctions du nom (Partir, c'est mourir un
peu). Il ne peut plus être considéré comme une forme verbale quand il est substantivé, pourvu alors
d'un déterminant et de la possibilité du pluriel (le souper).

2. Les participes

Les participes peuvent être eux aussi le noyau de compléments circonstanciels parfois analysés
comme des subordonnées : Pierre parti, elle se remit au travail. Le vent soufflant très fort, elle serrait
le manche du parapluie.

Le participe présent peut être employé comme le serait un adjectif ou un complément de nom : des
voyages intéressant les adolescents, ayant intéressé les adolescents. Il peut être à la limite adjectivé,
mais, dans ce cas, il n'est plus une véritable forme verbale, il s'accorde et perd la possibilité de la
forme composée et sa capacité à recevoir un complément de verbe (des voyages intéressants pour
les adolescents). L'orthographe permet parfois d'opposer le verbe au participe présent et l'adjectif :
les vases communicants, des personnes communiquant avec facilité ; une excellente idée, une athlète
excellant dans plusieurs disciplines. Le participe passé peut, lui aussi, avoir un emploi d'adjectif : un
vase cassé.

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3. Le gérondif

Le gérondif est un participe circonstanciel, souvent précédé de en : il traduit la circonstance et


souvent différentes nuances circonstancielles : il marche en boitant.

Les formes verbales des modes impersonnels permettent la construction de différentes périphrases
verbales : temps composés de tous les modes et tournure passive pour le participe passé, périphrases
avec un semi-auxiliaire pour l'infinitif, le participe présent et le gérondif (voir Auxiliaire).

2. Les modes personnels

Certaines formes varient selon la personne, ce sont celles des modes personnels : indicatif, impératif
et subjonctif.

1. L'impératif

L'impératif ne s'emploie qu'à la deuxième personne du singulier et à la première et la deuxième du


pluriel : viens, venons, venez. C'est le mode des phrases injonctives ou optatives. Pour les personnes
défectives, on utilise des formes du subjonctif : que je vienne, qu'il vienne, qu'ils viennent.

2. Le subjonctif

Le subjonctif permet de présenter un événement comme seulement virtuel (un événement existant
en pensée), d'où ses différents emplois : substitut de l'impératif dans les propositions indépendantes,
emploi dans des subordonnées où la réalisation de l'événement est mise en doute (J'ai peur qu'il ne
parte), ou simplement n'est pas le propos central de la phrase (Je regrette qu'il parte). Cette
expression du virtuel l'apparente à l'infinitif qui peut, lui aussi, être un substitut de l'impératif (quand
on veut laisser indéterminée la personne : Entrer sans frapper) et qui remplace parfois le subjonctif
(quand la personne, étant la même que celle du sujet de la principale, n'a pas à être précisée : Je
regrette qu'il parte ; Je regrette de partir).

3. L'indicatif

L'indicatif est le mode le plus riche et le seul à pouvoir situer dans une époque précise (passée,
présente ou à venir) ; l'événement est envisagé dans sa réalisation et non comme une idée.

3. LES TEMPS

1. L'aspect et l'époque

Les séries morphologiques appelées temps permettent l'expression de deux choses très différentes.
D'une part, elles permettent de situer le procès exprimé par le verbe dans une époque. D'autre part,
elles offrent une manière de présenter le déroulement du procès, ce qu'on appelle l'aspect. Le futur
simple (Il mangera) et le futur antérieur (Il aura mangé) représentent deux temps différents si on
prend le mot « temps » au sens de série grammaticale, mais ces deux « temps » correspondent à un
même temps au sens d'époque : le futur. La différence ne porte pas sur l'époque mais sur l'aspect : le
futur simple exprime le futur non accompli, le futur antérieur le futur accompli. Cette distinction
accompli / non accompli est opérée dans tous les modes par l'opposition des formes simples et des
formes composées (composées avec l'auxiliaire être ou avoir et le participe passé du verbe).

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Il existe des formes surcomposées exprimant le suraccompli, qu'on ne mentionne pas
traditionnellement dans les tableaux de conjugaison : Quand il a eu fini de trembler, il s'est remis au
travail. Leur emploi dans une proposition indépendante est perçu comme un régionalisme (ça a eu
payé).

Les modes non personnels comportent deux temps grammaticaux (partant, étant parti, par exemple,
pour le participe présent du verbe partir) qui correspondent seulement à une différence d'aspect ;
même chose pour l'impératif (partez, soyez parti). Seuls le subjonctif et l'indicatif surtout
connaissent, en plus des oppositions d'aspect, des distinctions proprement temporelles.

Le subjonctif n'oppose qu'un temps orienté vers le passé et un temps orienté vers le futur, chacun
connaissant la distinction accompli / non accompli, d'où quatre formes, le présent et le passé
(présent accompli), l'imparfait et le plus-que-parfait (imparfait accompli) : qu'il parte, qu'il soit parti,
qu'il partît, qu'il fût parti.

L'indicatif est le seul mode à représenter le temps en trois époques (passé, présent, futur) et à faire
en outre la distinction d'aspect accompli / non accompli (exprimée par l'opposition forme simple /
forme composée) qui se trouve dans tous les modes.

Le passé composé est un présent accompli utilisé comme un temps du passé dans le système qu'on
appelle discours depuis Émile Benveniste, où les temps s'organisent en fonction d'un moi-ici-
maintenant. Dans le système appelé récit, organisé en rupture avec le présent, le passé simple le
remplace. La langue orale n'utilise quasiment plus le système du récit.

L'opposition entre les deux temps du passé que sont l'imparfait (ou plus-que-parfait à l'accompli) et
le passé simple (ou passé antérieur à l'accompli) est ici aussi aspectuelle : l'imparfait représente
l'événement saisi dans son déroulement (aspect sécant), le passé simple représente l'événement
comme un tout indivis (aspect global). Le passé simple s'oppose donc au présent à la fois par
l'époque (passé) et par l'aspect (le présent implique un aspect sécant).

L'indicatif connaît également deux futurs dont l'opposition n'est pas aspectuelle (ils sont tous les
deux d'aspect sécant) mais correspond à deux représentations de l'avenir : ce sont le futur (simple ou
antérieur) et le conditionnel (présent ou passé) qui est un futur hypothétique.

On fait parfois du conditionnel un mode : c'est que ses emplois modaux sont fréquents. Mais le
conditionnel n'a pas l'exclusivité de l'emploi modal : le futur, par exemple, dans une phrase comme Il
n'est pas là, il sera à la pêche exprime la conjecture et n'a plus sa valeur temporelle.

2. Les temps du subjonctif

Dans la langue parlée courante actuelle, le subjonctif ne connaît plus le temps-époque, car celle-ci
emploie partout le présent : présent non accompli (subjonctif présent : qu'il finisse), présent accompli
(subjonctif passé : qu'il ait fini), présent suraccompli (non nommé dans les tableaux de conjugaison :
qu'il ait eu fini).

Dans la langue écrite et dans la langue orale très soignée, une opposition entre le présent et le passé
se maintient et on utilise le subjonctif imparfait (qu'il finît) et plus-que-parfait (qu'il eût fini). Cette
opposition maintenue permet l'expression de nuances de sens passant dans les phrases complexes
par un jeu entre les temps et les modes de la principale et de la subordonnée. Ce jeu a été codifié
sous le nom de « règle de la concordance des temps ». Au présent ou au futur de l'indicatif dans la
principale correspondent le présent et le passé du subjonctif dans la subordonnée : il faut, faudra que
je lui parle, que je lui aie parlé. Au passé simple ou à l'imparfait de l'indicatif dans la principale

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correspondent l'imparfait ou le plus-que-parfait du subjonctif dans la subordonnée : il fallait, fallut
que je lui parlasse, que je lui eusse parlé.

3. Les temps de l'indicatif et leurs valeurs

1. Le présent

Le présent signale la concomitance entre l'énonciation et le contenu de l'énoncé. Une


correspondance parfaite ne se réalise guère cependant que dans les énoncés performatifs (quand,
par exemple, un prêtre déclare : Je te baptise). Le présent a en fait « un pied dans le futur, un pied
dans le passé » (Paul Guillaume). Il peut exprimer le passé proche (Je le quitte à l'instant), le futur
proche ou lointain donné comme certain (Dans un an, je pars au Canada), la répétition passée mais
qui n'est pas achevée d'une action (Il mange chaque jour à la cantine).

Dans sa valeur la plus élargie, il exprime la permanence ou l'intemporalité et l'on parle alors de
présent de vérité générale : c'est celui qu'on trouve dans les proverbes, maximes ou énoncés
scientifiques (La Terre est ronde). Il faut mettre à part le présent dit « historique » ou « de narration
», qui se substitue au passé simple de façon expressive au cours d'un récit (Il pleuvait ; tout à coup un
passant tombe en criant, il avait glissé) : en effet, le présent, temps du « discours », devient, dans ce
cas, un temps du « récit » avec les repères correspondants (aujourd'hui, par exemple, est exclu au
profit de ce jour-là) impliquant l'impossibilité du passé composé.

2. Le passé composé

Le passé composé fonctionne soit comme un présent accompli (Je vous ai réservé un place) avec
éventuellement une des valeurs particulières du présent simple (futur proche : J'ai fini dans cinq
minutes), soit comme un passé dans le système du « discours » (il remplace le passé simple). Comme
tous les autres temps composés, il exprime l'antériorité en contraste avec un verbe au temps simple :
Je sors après qu'il a mangé.

3. L'imparfait et le passé simple

L'imparfait, parce qu'il permet de saisir l'action en cours, sert de « toile de fond » aux événements
exprimés au passé simple et marque les commentaires, circonstances, notations descriptives, etc., (il
but une gorgée d'eau, elle était glacée). Parfois, le contraste entre l'imparfait et le passé simple
suggère une différence de durée (Le soir tombait, un homme arriva), mais c'est à tort que cette
différence de durée est donnée comme une caractéristique (le passé simple peut exprimer une action
qui dure : Victor Hugo vécut quatre-vingt-trois ans).

Des verbes à l'imparfait qui se suivent ne se rangent pas chronologiquement comme le font les
verbes au passé simple : les passés simples formeront la charpente du récit, les imparfaits
conviendront aux passages descriptifs.

L'imparfait a des valeurs modales : l'expression atténuée du désir (Je voulais vous parler),
l'éventualité (vœux dans les indépendantes : Ah ! si j'avais un marteau ! ; subordonnées
hypothétiques avec principale au conditionnel : Si j'avais un marteau, j'y arriverais), l'éventualité
écartée (Une impertinence de plus et je m'en allais). Ces valeurs modales existent pour le plus-que-
parfait.

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4. Le futur

Le futur simple et le futur antérieur, outre leurs emplois temporels, peuvent exprimer l'affirmation
atténuée (Je vous avouerai que je n'aime pas beaucoup), la conjecture (Il n'est pas là, il sera parti faire
des courses), la simple suggestion ou, au contraire, l'ordre sans réplique (Tu ne tueras point).

5. Le conditionnel

Le conditionnel tient la place dans un contexte passé que tient le futur dans un contexte présent : Il
pense qu'il pleuvra, il pensait qu'il pleuvrait. Il a aussi un emploi modal, l'expression d'un fait
hypothétique : éventualité, événement non confirmé (Le président serait très malade), atténuation
polie (Vous devriez faire cela). Il entre avec cette valeur dans la construction des systèmes
hypothétiques. Même dans ce cas, on notera qu'il reste un « futur du passé » : S'il vient, je m'en vais ;
s'il venait, je m'en irais.

La valeur d'emploi d'un temps réside dans la valeur de base du temps, mais aussi dans le sens du
verbe et dans le contexte, en particulier dans les repères spatio-temporels et le jeu des différents
temps. L'effet produit par l'« imparfait flash » dans À 1 heure, la bombe explosait tient au caractère
conclusif du sens du verbe qui jure avec l'aspect sécant de l'imparfait. Dans Tous les jours, il boit un
verre de cognac, la valeur de « répétition » du présent résulte du complément circonstanciel.
Beaucoup de temps composés sont appelés « antérieurs » parce que, dans des contextes où ils
s'opposent au temps simple équivalent, ils fondent une chronologie à deux termes, parfois
interprétables comme un lien de cause à conséquence (Il a mangé, il dort).

Morphologie
morphologie (grammaire), partie de la grammaire qui étudie la variation des formes des mots. Le
français moderne ne connaît plus la déclinaison, c'est-à-dire des changements de forme permettant
d'identifier la fonction du mot (on en trouve néanmoins des traces dans les pronoms personnels et
les pronoms relatifs : qui sujet, que complément ou attribut direct, dont complément indirect). Mais
certaines catégories de mots peuvent varier en nombre (le nom), en genre et en nombre (l'adjectif
qualificatif, les déterminants), en personne (les pronoms personnels, les pronoms et adjectifs
possessifs, etc.). C'est le verbe qui a la morphologie la plus riche (il varie en personne, en mode et en
temps). Le mot « morphologie » a pris avec la linguistique moderne un autre sens, celui d'étude des
morphèmes.

2. DE L'ÉTUDE DES DÉSINENCES À L'ÉTUDE DES MORPHÈMES

La morphologie traditionnelle se limite (pour le français) à la description des variations de


désinences. Mais la linguistique moderne a proposé une notion du morphème à la fois plus large et
plus rigoureusement définie. Le morphème est défini comme l'unité significative la plus petite.

Le mot soleils, par exemple, peut être décomposé en une unité lexicale appelée morphème lexical
(ou lexème) et une unité grammaticale marquant le pluriel, -s, appelée morphème grammatical (ou
morphème tout court). Soleil au singulier sera analysé comme une unité lexicale et un morphème
zéro marquant le singulier. Un groupe de mots lexicalisé sera analysé comme une seule unité lexicale
(pomme(s) de terre). Dans la forme chantera, on distinguera l'unité lexicale chant-, le morphème du
futur et du conditionnel -er- et le morphème -a qui marque à la fois le futur par rapport au
conditionnel (-a / -ait), la troisième personne et le singulier. Dans a marché l'auxiliaire avoir sera

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analysé comme un morphème antéposé et disjoint, la désinence -é comme un morphème postposé
et conjoint.

Pour mettre en évidence un morphème, on segmente en jouant avec la commutation : prends


s'analyse en trois morphèmes parce qu'il s'oppose par exemple à prend et prenons ; chanteur se
segmente en chant-eur parce qu'il s'oppose à chanter et à coiffeur.

3. MORPHÈMES GRAMMATICAUX ET MORPHÈMES LEXICAUX

Les morphèmes lexicaux forment une liste indéfinie que l'évolution de la langue peut enrichir. Les
morphèmes grammaticaux forment une liste finie qu'étudie la grammaire.

1. Cas des suffixes et des préfixes

Si l'on donnait à « suffixe » le sens très large de morphème grammatical et conjoint, le mot
recouvrirait aussi bien les désinences verbales, les marques de genre et de nombre que les suffixes au
sens que donne à ce mot la terminologie traditionnelle. Pour éviter l'ambiguïté, on peut préciser en
parlant de suffixe et de préfixe dérivationnels pour désigner les éléments permettant de constituer
une famille sur la même base lexicale : manger, immangeable, mangeable. Les « suffixes » de
désinences verbales ou de marques de genre et de nombre ne permettent pas de former des mots
nouveaux.

Le préfixe est antéposé à la base et ne change jamais la catégorie grammaticale du mot : coiffer,
décoiffer, recoiffer ; faire, défaire, refaire ; possible, impossible. Le suffixe est postposé et permet des
changements de catégorie : coiffer (verbe), coiffure (nom). Certains mots ont à la fois un préfixe et un
suffixe (ensoleillement).

Les suffixes et les préfixes permettent la création de nouveaux mots par dérivation (manger >
mangeable) ou dérivation régressive (chanter > chant). On notera que ce n'est pas la seule manière
de créer les mots : il existe aussi la dérivation impropre (par simple changement de catégorie
grammaticale : beau > le beau), la composition (chou, fleur > chou-fleur), l'abréviation (cinéma >
ciné), la siglaison (parti communiste > PC). Voir aussi néologie.

2. Variation et signification des morphèmes grammaticaux

Plusieurs formes (dé-, dés- ; r-, ré-, re-) sont considérées comme les variantes d'un même préfixe ou
d'un même suffixe quand la variation du morphème ne dépend que du contexte morphologique.
L'article défini, par exemple, apparaît sous sa forme élidée l' quand le son qui suit est une voyelle ou
un h muet (l'espoir, l'haleine). Si ce son est une consonne ou un h aspiré, la variante sera le (le soir, le
hérisson).

Par ailleurs, des morphèmes identiques peuvent avoir des significations différentes. Dans la série
douceur, buveur, la forme -eur correspond à deux morphèmes homonymes, dont l'un indique une
qualité sur une base adjectivale et l'autre signifie qui fait l'action de. La forme -ment permet à la fois
de dériver à partir d'une base nominale ou verbale des noms (aveuglement, ensoleillement) et à
partir d'une base adjectivale des adverbes (participe passé aveuglé > aveuglément ; adjectif gentil >
gentiment).

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Négation
négation (grammaire), nom donné à l'expression grammaticale marquant qu'on nie une phrase ou un
élément d'une phrase. La négation peut se combiner à n'importe laquelle des modalités de la phrase,
qui peut être déclarative, interrogative, impérative ou exclamative. Une phrase peut en effet être à la
fois déclarative et négative, interrogative et négative, etc. Les phrases qui expriment une interdiction
sont à la fois impératives et négatives (Ne venez pas).

La négation s'exprime à l'aide de l'adverbe de négation ne et d'un des autres adverbes de négation
pas, plus, jamais (Je ne sais pas ; Il n'est plus là ; Il ne pleut jamais) ou bien d'un pronom indéfini (rien,
aucun, personne, nulle part).

2. PLACE DE LA NÉGATION

Si, dans une phrase négative, le verbe est à un temps simple, ne et le second élément de la négation
l'encadrent, ne étant antéposé et l'autre élément postposé (Ils ne dirent rien). Si le verbe est à un
temps composé, ne est placé avant l'auxiliaire, et le second élément entre l'auxiliaire et le participe
passé (Ils ne sont pas partis).

3. NÉGATION TOTALE ET NÉGATION PARTIELLE

La négation effectuée au moyen des adverbes simples ne, non, pas, point, dits de degré plein, ou des
adverbes composés de même degré est appelée négation totale (Ils n'y sont pas arrivés).

La négation effectuée au moyen des adverbes simples plus, jamais, guère, etc. ou d'une locution du
type ne ... déterminant ou ne ... pronom (Il n'y a aucun problème ; Je n'ai vu personne) est appelée
négation partielle. La négation partielle implique une limite (Je ne mange plus de chocolat) ou une
restriction (Il ne voit plus qu'elle) que la négation totale n'implique pas.

On peut formuler une restriction à l'aide de ne ... que, ne ... plus que (Il n'y a que toi qui puisse l'aider
; Je n'ai eu que le temps de sauter dans un train).

1. Point et guère

Les formes archaïques point et guère sont d'un emploi littéraire (Ce genre de chose ne se dit point ;
Nous n'avons guère le temps).

2. Non

L'adverbe de négation non peut être employé comme mot-phrase et constituer à lui seul une réponse
négative (Non !), ou bien renforcer une négation (Non, il n'en est pas question) ou encore servir à nier
une proposition (C'est une question de temps, non de bonne volonté).

3. Ni

La conjonction de coordination ni, employée avec ne et éventuellement répétée, permet de


coordonner des éléments dans une phrase négative (Je ne les connais ni l'un ni l'autre).

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4. NÉGATION ET NIVEAU DE LANGUE

La description de la négation implique la prise en compte de l'existence de différents niveaux de


langue, puisque, dans la langue courante et dans la langue familière, la négation peut s'effectuer à
l'aide de pas, plus, jamais, personne ou rien employés seul (Je sais pas ; Il est pas là ? On y va jamais ;
On voit rien ici ; Il y a jamais personne).

Dans la langue littéraire, à l'inverse, c'est ne qui peut être employé seul avec une valeur négative
devant des verbes du type oser, savoir, pouvoir (Il n'osait parler ; Nous ne savions que faire).

5. LE NE EXPLÉTIF

Le ne dit explétif, en revanche, n'est pas négatif. Il figure dans des complétives complément d'objet
dont le verbe introducteur exprime une crainte ou une défense (Je crains qu'il ne se fâche), ou devant
un verbe de doute dans une phrase négative (Je ne doute pas qu'il n'y parvienne). Un ne explétif peut
également figurer après les locutions conjonctives de peur que, à moins que, avant que (Partez avant
qu'il ne soit trop tard = Partez avant qu'il soit trop tard).

Nom
nom (grammaire), classe de termes qui réfèrent à un être (homme ; Paul) ou à une chose (chaise ;
table) ou à une notion abstraite (gaité ; courage ; peur). On distinguera les noms propres, qui
dénomment des entités individuelles — personnes, lieux ou événements (Marie ; le Rhin ; la
Révolution) — des noms communs, qui réfèrent aussi bien à l'ensemble d'une classe qu'à un de ses
membres. Par exemple, arbre ou boulanger désignent aussi bien la classe des arbres ou des
boulangers qu'un arbre ou un boulanger particulier.

2. LES NOMS PROPRES

Les noms propres prennent une majuscule. Certains noms propres se construisent sans déterminant
(Paris ; Paul) et jouent syntaxiquement le rôle d'un groupe nominal, dont ils peuvent prendre la
plupart des fonctions : sujet (Paul est venu), complément d'objet direct (Il a rencontré Paul),
complément d'objet indirect (J'ai pu parler à Paul), complément de nom (Je ne connais pas la sœur de
Paul), etc. Certains noms propres se construisent avec un déterminant (l'Everest ; le Japon ; la Russie).
L'ajout d'un déterminant devant un nom propre qui d'ordinaire n'en admet pas a pour effet d'en faire
un nom commun (Il est le Shakespeare des temps modernes). Le genre des noms de personne
correspond au sexe de la personne (Marie est grande). Pour les noms de lieux non pourvus d'un
déterminant, comme c'est le cas pour les noms de ville, l'usage reste incertain (faut-il dire : Nevers est
ancien ou Nevers est ancienne ?) et on a la possibilité de résoudre les difficultés d'accord en utilisant
un tour du type : la ville de ...(La ville de Nevers est ancienne).

3. LES NOMS COMMUNS

À l'intérieur de la classe des noms communs, ou substantifs, on distingue ordinairement entre noms
abstraits (liberté ; beauté) et noms concrets (montagne ; coquillage), entre noms animés, c'est-à-dire
désignant des êtres vivants, qu'il s'agisse d'êtres humains ou d'animaux (enfant ; vache) et inanimés,
c'est-à-dire référant à des choses (coquillage ; savon).

Par ailleurs, on procède aussi à une distinction entre noms comptables, c'est-à-dire référant à des
choses qu'il est possible de dénombrer (une chaise ; deux chaises ; quelques chaises) et noms non

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comptables, c'est-à-dire désignant des choses qu'il n'est pas possible de dénombrer (de l'eau ; du fer ;
du marbre). Néanmoins, la langue prévoit que les mêmes substantifs puissent être employés dans
certains contextes comme des noms non comptables (du marbre ; de l'eau) et dans d'autres comme
des noms comptables (un marbre de Rodin ; une eau minérale). De la même façon, des noms
abstraits et non comptables (la beauté ; la liberté) peuvent selon les contextes être employés comme
des noms concrets et comptables (C'est une beauté. Ils ont su prendre la défense d'un certain
nombre de libertés.).

1. Le genre des noms

Le genre des noms communs n'a pas systématiquement de rapport avec le sexe des êtres animés
auxquels ils réfèrent, puisqu'ils désignent aussi bien des choses que des êtres animés. En l'absence
d'un genre spécifique pour les choses, les substantifs se répartissent de manière arbitraire sur le
genre masculin et le genre féminin (la lune ; une craie ; le soleil ; un stylo). Le genre est une
caractéristique que les noms possèdent en propre et les autres constituants du groupe nominal, les
déterminants et les adjectifs, héritent par accord de cette propriété (la pleine lune ; un soleil brûlant).

Pour les noms animés, la distinction entre les genres correspond à la distinction entre les sexes
(instituteur ; institutrice). Un petit nombre de noms dont le référent est généralement masculin ont
un genre grammatical féminin (sentinelle), et, inversement, un petit nombre de noms dont le référent
est habituellement féminin ont le masculin pour genre grammatical (mannequin). Certains noms
masculins peuvent désigner aussi bien des hommes que des femmes (témoin ; écrivain ; guide ;
ingénieur ; juge ; magistrat ; médecin ; peintre ; professeur ; auteur ; otage) cependant qu'une série
de noms féminins peuvent référer à des personnes des deux sexes (victime ; personne) ou encore à
des animaux mâles ou femelles (souris ; grenouille ; antilope ; girafe).

Enfin, seule la variation en genre du déterminant de certains noms animés en -e indique si on a


affaire à une occurrence du masculin ou du féminin (adulte ; acrobate ; adversaire ; artiste ; athlète ;
journaliste).

Le féminin des noms référant à des êtres animés peut être formé par l'ajout d'un -e à la forme du
masculin. Cet ajout peut entraîner les modifications suivantes :

— le passage d'un -e sans accent à un -e accentué (boucher > bouchère ; boulanger > boulangère) ;

— le redoublement de la consonne finale accompagné, à l'oral, d'une sonorisation de cette consonne


(chat > chatte) ou d'une transformation de la prononciation de la voyelle finale, qui perd son timbre
nasal (paysan > paysanne ; lion > lionne) ;

— un changement de la consonne finale (veuf > veuve).

On peut également former le féminin par addition d'un suffixe à la forme du masculin (tigre >
tigresse), ou par variation en genre d'un suffixe déjà identifiable dans la forme masculine (coiffeur >
coiffeuse ; directeur > directrice ; supérieur > supérieure).

Enfin, le masculin et le féminin de certains noms animés peuvent être formés sur la même base avec
des terminaisons très différentes (neveu > nièce ; roi > reine ; dieu > déesse ; héros > héroïne), ou
correspondre à des noms différents (cheval > jument ; homme > femme ; taureau > vache ; veau >
génisse).

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2. Le pluriel des noms

Le pluriel des noms se forme par l'addition d'un -s, sauf dans le cas des mots qui se terminent déjà
par -s, -x, ou -z au singulier (tas ; croix ; nez).

Les noms en -au, -eau et -eu ont un pluriel en -x (tuyaux ; seaux ; neveux). Les noms en -ou ont un
pluriel régulier en -s (trou > trous) à l'exception d'une série de sept noms pour lesquels la marque du
pluriel est -x (bijoux ; cailloux ; choux ; genoux ; hiboux ; joujoux et poux).

Les mots en -al et en -ail forment leur pluriel en -aux (journal > journaux ; travail > travaux), à
l'exception de bal ; carnaval ; festival ; régal ; chacal ; cérémonial, etc. qui forment leur pluriel selon la
règle générale en -als, et de détail ; éventail, etc. dont le pluriel en -ails est également régulier.

Enfin, il existe un certain nombre de formes très irrégulières, dont l'origine est explicable par des
considérations historiques : œil > ;yeux ; ciel > cieux ; aïeul > aïeux. Pour œuf > œufs et bœuf >
bœufs, le pluriel n'est régulier qu'à l'écrit, dans la mesure où œufs et bœufs se prononcent [ø] et
[bø].

La formation du pluriel des noms composés obéit à des règles particulières. En principe, seuls les
composants d'origine nominale ou adjectivale sont variables (chou-fleur > choux-fleurs ; homme-
grenouille > hommes-grenouilles ; oiseau-mouche > oiseaux-mouches). Néanmoins, si le second nom
est introduit par une préposition ou a la valeur d'un complément prépositionnel, il reste invariable
(chef d'orchestre > chefs d'orchestre ; timbres-poste.

Les composants d'origine adverbiale, verbale (ou prépositionnelle, comme c'est le cas de pour dans
laissé-pour-compte) restent invariables (arrière-pensée > arrière-pensées ; passe-partout > passe-
partout ; porte-savon > porte-savons ; ouvre-boîte > ouvre-boîtes).

Phrase
phrase (grammaire), suite de mots constituant un ensemble syntaxiquement cohérent, identifiable à
l'écrit par la présence d'une majuscule à l'initiale du premier mot, et délimité par un signe de
ponctuation forte (point, point d'interrogation, point d'exclamation) : La vie est belle.

La phrase est une unité présentant un sens complet, obéissant à des règles de construction et qui
peut être décomposée en un certain nombre de constituants : La vie (sujet) / est (verbe) / belle
(attribut).

2. LA PHRASE SIMPLE

Le modèle de base de la phrase est la phrase déclarative minimale, comportant un sujet et un groupe
verbal constitué d'un verbe simple (La nuit tombe) ou comportant un ou plusieurs groupes nominaux
en fonction de complément (Les enfants ont ouvert leurs cadeaux ce matin ; Paul est avocat depuis
deux ans déjà). Mais un nombre important de phrases possibles ne correspondent pas à ce modèle,
soit parce qu'elles sont segmentées (C'est du joli, cette histoire), soit parce qu'elles n'ont pas de
verbe (Vivement le printemps !), auquel cas elles peuvent se limiter à une interjection (Tiens !).

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3. LA PHRASE COMPLEXE

Par rapport au modèle de la phrase simple, on distingue des phrases complexes, composées d'au
moins deux propositions. Il existe plusieurs types de phrases complexes.

Une phrase complexe peut être constituée d'au moins deux propositions conjointes par un signe de
ponctuation ne servant pas à la délimitation entre phrases. On dira alors que ces propositions sont
juxtaposées (Il fait beau, les enfants vont pouvoir aller jouer dans le jardin). On parle de propositions
coordonnées quand la phrase complexe est constituée d'au moins deux propositions reliées par une
conjonction de coordination du type et, ou, ni, mais, etc. (Il avait plu et les feuilles des arbres
brillaient). Par ailleurs, le rapport entre des propositions juxtaposées pourrait dans bon nombre de
cas être exprimé par une conjonction de coordination (Il fait beau et les enfants vont pouvoir aller
jouer dans le jardin).

La relation de subordination implique la présence d'une proposition dite principale qui sert de cadre
à la phrase ; la proposition subordonnée est une « sous-phrase » qui a une fonction par rapport à la
principale ou à un constituant de la principale. Certaines subordonnées sont construites sans mot
subordonnant (Plus il vieillit, plus il a mauvais caractère), les autres se caractérisent par la nature du
terme introducteur, qui peut être une conjonction de subordination, du type que, quand, lorsque,
comme, si, etc. (Quand vous aurez un instant, pensez à les rappeler) ou un pronom ou adverbe relatif,
c'est-à-dire un pronom du type qui, que, quoi, dont, où, etc. (Pensez à rappeler la personne qui vous a
demandé ce matin).

Quel que soit le nombre des propositions qui les constituent, la plupart des phrases complexes
peuvent être ramenées au modèle de base de la phrase simple. Dans La maison qu'on venait de
repeindre en blanc surplombait la mer, la proposition relative qu'on venait de repeindre en blanc joue
syntaxiquement un rôle comparable à celui que jouerait l'adjectif blanc dans la phrase La maison
blanche surplombait la mer. (Voir proposition.)

4. MODALITÉS DE LA PHRASE

Les phrases portent nécessairement la trace de l'attitude du locuteur face à ce qu'il dit. Il peut
simplement déclarer quelque chose et on dira alors que la modalité de la phrase (c'est-à-dire le mode
de présentation de son contenu), est déclarative. Il peut interroger sur le contenu de ce qu'il dit et la
modalité de la phrase sera dite interrogative. On distingue quatre modalités (déclarative,
interrogative, exclamative et impérative). Toutes les modalités peuvent être combinées avec la
négation. Les phrases qui expriment un ordre sont des phrases dont la modalité est impérative, et
celles qui expriment une interdiction sont très souvent à la fois impératives et négatives (Ne venez
pas). Par ailleurs, on notera que la modalité impérative peut être exprimée par des phrases dont le
verbe n'est pas à l'impératif (Je t'interdis de continuer).

Parmi les marques de la modalité il faut signaler l'intonation à l'oral ou la ponctuation à l'écrit, l'ordre
sujet-verbe ou l'ordre inverse (voir sujet), l'emploi de mots spécifiques (mots interrogatifs ou
exclamatifs).

Une phrase à modalité non déclarative peut être transformée en phrase déclarative par explicitation
de la modalité ; dans le cas de l'interrogation, cette transformation permet de passer de

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l'interrogation directe à l'interrogation indirecte : Vient-il ? ; Je me demande s'il vient. Pour
l'interrogation, les tournures, les intonations et le sens invitent à distinguer les interrogations totales
auxquelles on peut répondre par oui, non ou si (Vient-il ?) et les interrogations partielles (Quand
vient-il ?).

On notera que la modalité suggérée par la forme de la phrase ne correspond pas toujours au
véritable emploi de cette phrase : ainsi des phrases de forme déclarative ou interrogative pourront
avoir fonction d'impératives : Je serais content de vous voir. Pouvez-vous venir me voir ?

5. RELATION ENTRE LES PHRASES

La phrase constitue l'unité de description syntaxique, c'est-à-dire que c'est en la décomposant qu'on
isole des constituants de base, eux-mêmes décomposables, et qu'on met en évidence leur relation
fonctionnelle. On peut concevoir une grammaire du texte sur le modèle de la grammaire de la phrase
qui permettrait de décrire les relations entre phrases. Elle étudierait en particulier le rôle des mots
connecteurs (connecteurs logiques du texte argumentatif, indications temporelles dans le récit, etc.).
Elle rendrait compte des différents modes de progression thématique : une phrase peut reprendre le
thème de la précédente (progression à thème constant : Pierre est parti. Il est à Londres.), elle peut le
détailler (progression à thème éclaté : Paul est plein de charme. Ses yeux sont rieurs. Ses manières
sont agréables.), le propos de la première peut devenir le thème de la seconde (progression
enchaînée : Paul est à Londres. C'est une belle ville.).

On le voit bien, ce niveau d'analyse relève d'une perspective sémantico-logique et non d'une analyse
syntaxique au sens propre. Cependant certains phénomènes concernent à la fois la syntaxe de la
phrase et la relation qui s'établit d'une phrase à l'autre. C'est le cas des adverbes dits logiques, de
certains coordonnants et des termes qui ne trouvent leur sens que par rapport à un autre terme
qu'ils reprennent (anaphore) ou annoncent (cataphore). Dans Pierre est parti. Je ne l'ai pas vu., l'
représente le sujet de la phrase précédente. Dans Pierre est parti. Je le sais depuis hier., le représente
la phrase dans sa totalité. Ce phénomène peut concerner les pronoms, les déterminants, les adverbes
et même les verbes (verbes vicariants du type Il travaille plus que je ne le fais).

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Polysémie
polysémie, nom donné au phénomène de la pluralité des sens d'un mot ou d'une expression.

Les dictionnaires, dans la mesure où ils inventorient et classent les sens répertoriés, offrent une
représentation, datée et variable en fonction de la taille de l'ouvrage, du phénomène de la polysémie.
Selon les types de dictionnaires, le sens qui sera considéré comme le premier peut être soit le sens
étymologique, c'est-à-dire le premier dans l'ordre historique des attestations, soit le plus
fréquemment utilisé.

L'organisation d'un article comme l'article écurie du Petit Robert retrace la série des dérivations
survenues depuis le premier sens, disparu de la langue moderne, de « fonction d'écuyer », jusqu'à
l'acception contemporaine d'« ensemble des voitures ou des motos de course courant pour une
même marque ». L'article verre part de la définition de la substance nommée « verre » pour aboutir
aux acceptions définissant non plus une substance mais des objets en verre, récipients destinés à la
boisson, vitres ou verres optiques.

Il n'existe que peu de mots monosémiques, c'est-à-dire de mots ayant en toutes circonstances et
dans tous les contextes une signification unique. C'est en général le cas de mots spécialisés.
Homéopathie, électrocardiogramme, qui font partie du lexique de la médecine, ont un seul sens dans
tous les contextes possibles. Les noms désignant des espèces naturelles (œillet, citron, canari) sont
également, souvent monosémiques, sauf quand ils sont employés dans des locutions idiomatiques du
type presser le citron, qui ont un sens figuré. Par ailleurs, la polysémie est en général réduite par le
contexte. Dans une phrase comme Il a bu un verre entier, verre n'est plus polysémique. En revanche,
prise hors de tout contexte une phrase du type mon verre est cassé peut être ambiguë, puisque verre
peut aussi bien y désigner un objet servant à boire qu'un verre de lunette.

La polysémie concerne la pluralité des sens d'un mot. Mais une même forme peut correspondre à
deux, voire à plusieurs mots différents. Ce phénomène est celui de l'homonymie. Baie au sens
botanique (Le cassis est une baie) est l'homonyme de baie au sens géographique (Leur maison donne
sur la baie). Néanmoins, il est parfois difficile de fixer une frontière entre polysémie et homonymie,
les différences de traitement d'un dictionnaire à l'autre en témoignent. La frontière est nette dans le
cas où les mots concernés appartiennent à des catégories syntaxiques différentes, comme commode
(nom) au sens de « meuble à tiroirs » et commode (adjectif) au sens de « qui est pratique à utiliser ».
Dans le cas où une forme comme garde appartient à la fois au genre féminin et au genre masculin, on
a également affaire à deux mots distincts.

Bien que faisant partie de la même catégorie syntaxique, bulle au sens de « bulle de savon » et bulle
au sens de « texte émanant des autorités du Vatican » seront analysés comme des homonymes parce
que ces deux noms n'ont en commun aucun élément de sens, ce qui permet de les définir comme
deux mots distincts, et non comme un mot unique doté de plusieurs sens. En revanche, mousse au
sens botanique, mousse au sens d'« écume à la surface de l'eau », mousse au sens d'« amas de
bulles de savon » et au sens de « dessert » seront considérés comme quatre sens d'un même mot.
Pour identifier ces sens comme appartenant au même mot, on doit supposer qu'ils ont en commun
un certain nombre de traits comme « qui se trouve à la surface de quelque chose », « qui est
constitué d'un agglomérat de petites bulles », « qui est léger », etc.

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On désigne aussi sous le nom d'homonymes des mots distincts à l'écrit mais homophones, c'est-à-
dire se prononçant de la même façon (thym, teint, tain ; clair, clerc ; pain, pin, peint).

Prédicat
prédicat, partie de l’énoncé qui exprime ce qui est dit à propos du thème. C’est autour du prédicat,
essentiel à l’énoncé et indépendant syntaxiquement, que la phrase s’organise.

Le thème d’une phrase énonciative simple telle que Pierre dort est Pierre. Ce qu’on en dit, le prédicat,
c’est qu’il dort. La plupart des phrases, même complexes, peuvent être ainsi décomposées en un
syntagme nominal dont la fonction est sujet et un syntagme verbal dont la fonction est prédicat.
Ainsi, dans une phrase telle que Le journaliste qui a interviewé la vedette a écrit un long article à son
sujet dans le journal d’hier, on a un syntagme nominal sujet (Le journaliste qui a interviewé la
vedette) et un syntagme verbal prédicat (a écrit un long article à son sujet dans le journal d’hier).

2. LA PLACE DU PRÉDICAT

Le plus souvent, le prédicat se place après le thème : on énonce d’abord ce dont on va parler, et
seulement ensuite ce que l’on a à en dire. Ainsi la transformation passive permet un changement de
thème, tout en gardant le même contenu sémantique : Le facteur apporte le courrier a le même sens
que Le courrier est apporté par le facteur, mais dans la première phrase, le thème est le facteur, dans
la seconde, c’est le courrier.

La place du prédicat est également soumise à des règles de syntaxe qui peuvent prévaloir sur cette
règle de logique. Il existe ainsi de nombreux cas où le prédicat précède le thème notamment dans la
phrase interrogative Quand reviendras-tu ?

3. LA NATURE DU PRÉDICAT

Le prédicat est généralement un syntagme dont le noyau est un verbe (syntagme verbal). Le
syntagme peut se réduire au seul verbe (dort) ou au verbe complété par une ou plusieurs expansions
(a écrit un long article à son sujet dans le journal d’hier).

Cependant, il existe de nombreux cas dans lesquels la fonction de prédicat n’est pas assurée par un
verbe : c’est le cas par exemple de phrases nominales telles que Attention à la marche ou Voici notre
nouveau collègue. Dans ce dernier exemple, c’est Voici qui a la fonction prédicative.

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Préposition
préposition, nom donné à une classe de mots invariables qui servent à relier des termes à l'intérieur
de groupes syntaxiques. La classe des prépositions n'a pas d'unité morphologique. On distingue
traditionnellement les prépositions simples des prépositions complexes ou locutions
prépositionnelles.

Parmi les prépositions simples, un premier ensemble est constitué par des formes issues du latin (à,
de, pour, par, sous, sans, etc.). Une série de formes appartient également à la classe des adverbes
(devant, derrière, dessous, dessus, etc.). Un autre ensemble de prépositions simples dérive de la
classe des participes (excepté, vu, durant, etc.).

Les locutions prépositionnelles sont des formes complexes qui jouent un rôle comparable à celui des
prépositions. Ce sont des syntagmes qui comportent un nom désémantisé, c'est-à-dire un nom qui
n'est pas employé dans son sens plein, et qui sont lexicalisés, c'est-à-dire qu'ils font partie de
l'inventaire des mots de la langue (à cause de, en dépit de, au lieu de, par rapport à, etc.).

Les prépositions sont des termes qui jouent un rôle relationnel, c'est-à-dire un rôle de pivot entre
deux termes. À l'intérieur du groupe nominal, elles permettent de relier un nom à un autre nom et
introduisent des compléments du nom (l'intérêt de cet ouvrage ; son goût pour la marche) et des
compléments de l'adjectif (Il est sûr de lui). À cet égard, elles entrent dans la formation des locutions
composées qui font ou non partie du lexique de la langue. Des composés comme verre à pied, tasse à
thé, corbeille à pain, pain de sucre, eau de rose, etc., font partie de la langue, cependant que sur le
même modèle nom + préposition + nom, on peut former en discours un nombre indéfini de
composés : un bol de lait, de chocolat, de café, un verre d'orangeade, de grenadine, de vin, etc.

À l'intérieur du groupe verbal, les prépositions relient au verbe les divers types de compléments
verbaux, qu'il s'agisse des compléments circonstanciels (Vers le soir, un orage éclata), des
compléments d'objet indirects introduits par les prépositions à et de (Il aspire au repos ; Il rêve de
partir) ou du complément d'agent des verbes à la voix passive, introduit par la préposition par
(L'entretien a été réalisé par un journaliste spécialisé).

Les valeurs sémantiques des prépositions sont très nombreuses, et la plupart d'entre elles cumulent
de nombreuses significations temporelles, spatiales, finales, instrumentales, causales, concessives,
etc. Certaines prépositions et toutes les locutions prépositionnelles du type en dépit de, aux
alentours de, etc., ont une signification stable et n'introduisent que des compléments circonstanciels
ayant une signification identique à la leur. Par exemple, malgré et en dépit de n'introduisent que des
compléments ayant un sens concessif. Dès a toujours un sens temporel et à cause de toujours un sens
causal. Mais des prépositions comme à, de, pour, en cumulent un grand nombre de significations
possibles. À, de, dans, pour, depuis, en, peuvent avoir une signification temporelle (à huit heures, de
huit à neuf, dans huit jours, pour demain, depuis le matin, en deux minutes) mais aussi une
signification spatiale (rester à la maison, revenir de Paris, être dans le jardin, partir pour l'Asie,
observer quelque chose depuis la fenêtre, vivre en Asie).

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Pronom
pronom

1 PRÉSENTATION

pronom, classe de termes grammaticaux qui peuvent remplir les fonctions du groupe nominal.
Certains d'entre eux peuvent annoncer ou reprendre un autre terme : ils sont appelés pronoms
représentants (par opposition aux pronoms nominaux). Certains ne prennent sens que par le
contexte d'énonciation (le pronom personnel je par exemple) : ils sont appelés pronoms opaques (par
opposition aux pronoms clairs).

On distingue sept catégories de pronoms : personnels, possessifs, démonstratifs, indéfinis,


interrogatifs, exclamatifs et relatifs. Il faut y ajouter une catégorie d'adverbes fonctionnant comme
des pronoms : les adverbes pronominaux.

2 LES PRONOMS PERSONNELS

Les formes dites toniques des pronoms personnels sont celles qui figurent après des prépositions
(C'est à moi), ou servent à renforcer les formes atones (Lui, il n'en sait rien).

Les pronoms personnels je et tu sont exclusivement des désignateurs de personnes. Ils désignent
directement la personne qui parle et la personne à qui on parle. Je désigne en toutes circonstances la
personne qui dit je, et tu désigne en toutes circonstances la personne à qui je s'adresse.

Le pronom de la troisième personne du singulier (il, elle) est à proprement parler un pronom
représentant, c'est-à-dire qu'il est nécessaire de se reporter au contexte linguistique pour trouver
quel est l'élément qu'il représente (J'ai croisé Paul. Il m'a dit qu'il était fatigué). Il et elle, par ailleurs,
peuvent représenter soit des personnes, soit des choses.

Ils et elles ont le même fonctionnement que les formes de singulier il et elle. Nous et vous sont en
revanche des formes plus complexes. Nous inclut nécessairement je et peut être interprété de
diverses façons (Nous ne sommes pas d'accord toi et moi. Nous ne sommes pas d'accord, toi, lui et
moi. Nous ne sommes pas d'accord lui et moi).

Vous peut être un vous de politesse correspondant à un tu. En tant que forme de pluriel, vous
fonctionne comme un tu + tu + tu … ou tu + il, c'est-à-dire qu'il exclut tout ce qui est je.

Le pronom personnel et indéfini on occupe exclusivement la fonction sujet, alors que je possède des
formes de complément (me et moi). Il peut se substituer aux formes de première et de deuxième
personne (Doucement, on se calme. On va être bien sage et aller se coucher), ou avoir des valeurs
proprement indéfinies (On ne sait pas ce qui s'est passé. On dit que… On a prétendu que…).

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3 LES PRONOMS POSSESSIFS

Les pronoms possessifs combinent des indications de personne (Son écriture est plus irrégulière que
la tienne / la mienne) et des indications concernant le nombre et le genre de la chose possédée (Nos
enfants ont été à peu près sages, mais les leurs ont dépassé les bornes). Par ailleurs, comme c'est le
cas pour les déterminants possessifs, la notion de possession résume en fait un ensemble de relations
assez diverses (parenté, possession effective, etc.).

4 LES PRONOMS DÉMONSTRATIFS

La série des pronoms démonstratifs comporte également des formes composées comportant les
particules -ci et -là (celui-ci, celui-là, ceux-ci, ceux-là, celle-ci, celle-là, celles-ci, celles-là, ceci et cela).
Ces formes ont les mêmes emplois que les déterminants démonstratifs, c'est-à-dire qu'elles peuvent
désigner un être ou un objet présent (C'est celle-là que je préfère), ou bien avoir une valeur
anaphorique, c'est-à-dire renvoyer à un élément figurant antérieurement dans le contexte (Parmi
toutes les solutions possibles, celle-ci nous a paru la meilleure). -Ci signifie en principe la proximité
dans l'espace, et -là l'éloignement, mais cette opposition n'est plus systématique et les formes en -ci
tendent à être moins employées que les formes en -là (Non, pas celle-là, l'autre, celle-là !).

Les formes simples des pronoms démonstratifs sont toujours suivies d'un élément du type
complément prépositionnel (Je préfère celle de gauche), ou proposition subordonnée relative (Je
préfère celle qui est à gauche).

Le pronom neutre ce figure dans la locution c'est, et, suivi d'un pronom relatif, sert à introduire des
propositions relatives substantivées (ce qui, ce que, ce dont, ce à quoi), ou des interrogatives
indirectes (Je ne comprends pas ce qu'il veut).

Les formes de neutre ceci et cela servent à désigner une chose présente (Passez-moi ceci, s'il vous
plaît), ou bien peuvent avoir une valeur anaphorique et reprendre le contenu d'une proposition toute
entière (Ils ont pris une décision contraire, mais cela a été sans effet sur la suite des événements). La
forme ça, qui était initialement une variante de cela et correspondait à un niveau de langue plus
familier (Cela suffit / ça suffit) est bien plus fréquente dans la langue orale (Ça ne me dit rien. Ça ne se
passera pas comme ça).

5 LES PRONOMS RELATIFS

Les pronoms relatifs, qui, que, quoi, dont, où, lequel (laquelle, lesquels, lesquelles) sont les termes
introducteurs des propositions subordonnées relatives. Qui fonctionne comme sujet et comme
complément prépositionnel (La personne qui vous demande est arrivée. La personne avec qui vous
avez rendez-vous est arrivée). Que est complément d'objet direct (Je ne connais pas la personne que
vous avez convoquée). Dont est analysable comme l'amalgame de la prépositionde et d'un pronom
relatif (La femme dont je vous ai parlé = de laquelle). Où est un adverbe pronominal relatif, qui
introduit des subordonnées à valeur locative (La ville où je suis né…). La forme quoi est précédée
d'une préposition (C'est ce à quoi je pensais) ainsi que les formes du pronom lequel (C'est une idée à
laquelle il faudra réfléchir). Il existe enfin une série de pronoms relatifs qui amalgament lequel et les
prépositions à et de. Auquel et auxquels sont analysables comme un amalgame de à et de lequel.

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Duquel et desquels comme un amalgame de de et de lequel (Il y a un problème auquel nous n'avons
pas pensé).

6 LES PRONOMS INTERROGATIFS

Les formes des pronoms interrogatifs sont les mêmes pour les phrases interrogatives directes et pour
les subordonnées interrogatives indirectes qu'ils introduisent. Outre les formes simples, il existe une
série de formes renforcées (qui est-ce qui, etc.), et une autre série comprenant lequel, variable en
genre et en nombre (Laquelle préférez-vous ?) ainsi que auquel et duquel. Auquel est analysable
comme un amalgame de à et de lequel. Duquel comme un amalgame de de et de lequel (Duquel
avons-nous déjà parlé ? Je ne sais plus duquel je vous ai déjà parlé).

7 LES PRONOMS INDÉFINIS

On regroupe sous le nom de pronoms indéfinis un ensemble hétérogène de termes qui ont toutes les
fonctions caractéristiques des pronoms et permettent de quantifier. Ils peuvent désigner de façon
déictique, c'est-à-dire référer à un être ou à une chose présents dans l'entourage immédiat des
interlocuteurs, ou bien être anaphoriques, c'est-à-dire renvoyer à un élément du contexte. Ils
possèdent diverses valeurs quantificatrices, comparables à celles des adjectifs indéfinis qui leur
correspondent.

Plusieurs, quelques-uns (quelques-unes), certains (certaines) et la plupart indiquent une quantité


indéterminée (Parmi les spectateurs, certains approuvèrent mais plusieurs quittèrent la salle). Aucun,
nul, personne et rien expriment une quantité nulle et figurent dans des phrases négatives en
corrélation avec ne (Personne ne sait rien). Tout (tous, toutes) et chacun (chacune) indiquent la
totalité (Chacun a donné son avis). Les pronoms quelqu'un, quelque chose et un (une) ont comme
valeur l'expression de la singularité indéterminée (Quelqu'un a téléphoné. C'est difficile de trouver
une bonne adresse de vacances, mais nous en avons finalement déniché une), cependant que
n'importe qui, n'importe quoi et n'importe lequel indiquent une indifférenciation du choix.

Enfin, les notions d'identité et d'altérité sont exprimées respectivement par le (la, les) même (J'ai
adoré sa robe et je me suis achetée la même) et par l'autre (les autres) (Non, ce n'est pas celui-là,
c'est l'autre le directeur).

8 LES ADVERBES PRONOMINAUX

Certains adverbes fonctionnent comme des pronoms : c'est le cas des adverbes de quantité utilisés
comme pronoms indéfinis (Beaucoup croient à l'astrologie). Par ailleurs, ils peuvent être employés
comme des pronoms représentants : Approche la table et pose la lampe dessus. Compte là-dessus !

Parmi ces adverbes, en et y peuvent aussi bien être considérés comme des pronoms : on les appelle
adverbes pronominaux ou pronoms adverbiaux. Ils sont à la fois employés comme compléments de
lieu (J'en viens) et comme représentants d'un être non animé (chose, idée) avec la fonction de
substitut d'un complément construit avec de (pour en) ou à (pour y) : Il craint la dispute, il en a peur.
Ce dernier cas englobe les compléments à construction directe mais introduit par un de (à valeur
partitive par exemple) : Il mange de la glace, il en mange souvent.

46
Proposition
proposition (grammaire), suite de mots organisés autour d'un verbe conjugué (c'est-à-dire à un mode
personnel).

Certaines phrases ne sont pas formées par une proposition complète (Un lion ! Moi, te trahir).
D'autres se confondent avec une proposition : ce sont les phrases simples (Il raconte sa vie). D'autres
enfin en contiennent plusieurs : ce sont les phrases complexes.

Plusieurs propositions peuvent être juxtaposées ou coordonnées sans pour autant avoir de fonction
au sens grammatical l'une par rapport à l'autre : dans ce cas, on dit qu'elles sont indépendantes.

Une proposition peut aussi avoir une fonction au sein d'une autre proposition : celle-ci est appelée
proposition principale, celle-là proposition subordonnée. On classe les subordonnées selon la
catégorie des mots introducteurs marquant la subordination ; il existe aussi des tournures de
subordination ne recourant pas à un mot subordonnant.

2. LES SUBORDONNÉES SANS MOT SUBORDONNANT

La subordination peut être marquée par l'inversion de l'ordre sujet-verbe dans la subordonnée (Fût-il
un génie, je ne l'écouterais pas) ou des tournures particulières (Il pleurait, tant il avait mal ;
subordination inverse : Il avait beau faire, il n'y arrivait pas ; progression parallèle : Plus il la voit, plus
il est content). Ces subordonnées ont une fonction de complément circonstanciel de cause, de
condition, de concession, etc.

3. LES SUBORDONNÉES INTRODUITES PAR UN MOT SUBORDONNANT

Le mot subordonnant peut être un terme n'ayant pas d'autre fonction grammaticale, un pur
subordonnant : il s'agit alors d'une conjonction de subordination ou d'une locution conjonctive. Le
mot subordonnant peut avoir aussi une fonction grammaticale au sein de la subordonnée : il s'agit
alors d'un pronom ou d'un adverbe relatif.

On appelle proposition subordonnée relative la subordonnée introduite par un pronom ou adverbe


relatif, proposition subordonnée conjonctive celle qu'introduit une conjonction ou locution
conjonctive.

On trouve aussi des propositions subordonnées interrogatives, introduites par un adjectif ou un


pronom interrogatif (parfois difficile à distinguer d'un relatif) : le terme introducteur est tantôt le
même que celui qui marque l'interrogation directe (Je sais qui vient ; Qui vient ?), tantôt modifié (Je
sais ce qu'il veut ; Que veut-il ?).

4. LA SUBORDONNÉE RELATIVE

Les propositions relatives peuvent jouer un rôle comparable à celui d'un adjectif épithète. Dans La
nuit qui tombait obscurcissait la maison, la relative qui tombait est l'équivalent fonctionnel d'une
épithète, dans la mesure où elle exprime une propriété de la chose désignée par le nom nuit (La nuit
noire obscurcissait la maison).

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Mais toutes les relatives ne sont pas l'équivalent d'une épithète. C'est le cas en particulier des
relatives substantives, dans lesquelles le pronom qui, ou son équivalent quiconque, représente un
être humain (Il raconte tout à qui veut l'entendre. Je cède la parole à quiconque a une remarque à
faire). Des proverbes sont construits sur ce modèle (Qui m'aime me suive. Tel qui rit vendredi
dimanche pleurera). Le pronom démonstratif simple peut servir à la construction de relatives
substantives (Ceux qui m'aiment me suivront), substantivant une relative adjective à la manière dont
un déterminant peut substantiver un adjectif qualificatif. Dans d'autres types de relatives
substantivées, le pronom quoi précédé d'une préposition représente un contenu abstrait (Voici de
quoi il s'agit. Je ne sais pas à quoi ça sert). Enfin, le relatif où peut également introduire une relative
substantivée ayant la valeur d'un complément circonstanciel de lieu.

Les relatives sont dites déterminatives ou restrictives quand elles permettent de délimiter un sous-
ensemble à l'intérieur de la classe désignée par un nom. Dans Les enfants qui étaient malades sont
restés au lit, la relative qui étaient malades permet d'identifier à l'intérieur de la classe désignée par
le nom enfant un sous-ensemble constitué par ceux qui sont malades. Les relatives sont dites
explicatives quand, au lieu d'opérer une restriction, elles apportent une explication. Dans Les enfants,
qui étaient malades, sont restés au lit, la relative, isolée par des virgules, a une valeur causale et
fonctionne comme un équivalent sémantique de Les enfants sont restés au lit parce qu'ils étaient
malades.

5. LES SUBORDONNÉES CONJONCTIVES

On distingue les subordonnées introduites par que dites complétives des subordonnées introduites
par une locution, qui sont circonstancielles.

Les complétives sont des propositions qui ont un fonctionnement comparable à celui d'un groupe
nominal. Dans Qu'il ne soit pas d'accord m'indiffère, la complétive qu'il ne soit pas d'accord est le
sujet du verbe, si bien qu'elle fonctionne en fait comme un équivalent d'un groupe nominal simple
(Sa désapprobation m'indiffère). Les complétives peuvent également être complément d'objet (Je
comprends qu'il ne soit pas d'accord).

Les subordonnées circonstancielles sont l'équivalent de compléments prépositionnels à valeur


circonstancielle (Il se lève dès que son réveil sonne. Il se lève dès l'aube). Elles constituent un
ensemble très divers de propositions fonctionnant comme des compléments de phrase déplaçables
(Je viendrai dès que j'aurai le temps. Dès que j'aurai le temps, je viendrai).

On classe traditionnellement leurs emplois de façon sémantique, en distinguant des subordonnées


circonstancielles de temps (introduites par quand, lorsque, dès que, pendant que, avant que, après
que, depuis que, etc.), de cause (parce que, puisque, sous prétexte que, etc.), de conséquence (si
bien que, de telle sorte que, etc.), de concession (bien que, etc.), de but (pour que, afin que, etc.) et
de condition ou d'hypothèse (introduites par si). Il n'existe pas à proprement parler de subordonnées
circonstancielles de lieu. Le lieu est exprimé par des compléments prépositionnels (Il est allé au bout
de la rue) ou des relatives substantivées introduites par où (Allez où vous voulez).

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6. LES SUBORDONNÉES INTERROGATIVES

Les subordonnées interrogatives sont toujours complément d'objet du verbe de la principale. Celles
qui correspondent à une interrogation partielle (c'est-à-dire à une question à laquelle il n'est pas
possible de répondre par oui ou par non) peuvent être classées à part ou rapprochées des relatives
substantives. Celles qui correspondent à une interrogation directe sont introduites par l'adverbe
interrogatif si et peuvent être rapprochées des complétives.

7. LE CAS DE LA PROPOSITION INFINITIVE ET DU PARTICIPE ABSOLU

On considère parfois les groupes infinitifs ou les groupes participiaux du type Paul parti, Paul s'en
allant, le soir tombant comme des propositions subordonnées, même si le verbe n'y est pas à un
mode personnel, parce que ce verbe a l'équivalent d'un sujet, sujet différent de celui du verbe
principal. Les groupes participiaux ont une fonction circonstancielle, souvent de temps avec une
valeur causale : Paul parti, tous s'en allèrent. Les groupes infinitifs sont complément d'objet, souvent
d'un verbe de perception (entendre, écouter, voir, etc.) ou de laisser et faire employés comme semi-
auxiliaires factitifs : J'écoute les oiseaux chanter.

Sujet
sujet (grammaire), fonction du terme qui sert de support au verbe noyau de la proposition ; l'accord
du verbe avec le sujet marque cette relation.

2. NATURE DU SUJET

La fonction peut être remplie par un groupe nominal et par tous les autres termes équivalents au
groupe nominal : pronom, infinitif nominal (Souffler n'est pas jouer), proposition relative substantive
(Qui perd gagne), proposition conjonctive pure dite complétive (Qu'il soit ici m'étonne).

3. PLACE DU SUJET

Le sujet est le plus souvent placé avant le verbe. L'inversion de cet ordre était fréquent en ancien
français ; la tendance de la langue semble être de rechercher systématiquement l'ordre sujet-verbe,
comme c'est le cas dans la langue familière actuelle. L'ordre inverse se trouve cependant encore en
français moderne dans certaines constructions surtout fréquentes dans la langue littéraire. C'est en
particulier le cas de l'interrogation. On notera le trait d'union qui joint alors le verbe et le pronom
sujet qui suit, et la lettre euphonique là où la liaison serait sinon impossible : Viendra-t-il ? Dans le cas
de l'interrogation, on parle d'inversion simple si le sujet est un pronom personnel ou le pronom
indéfini on (Vient-il ?), sinon on parle d'une inversion de reprise : Paul vient-il ?

L'interrogation totale avec ordre inversé est concurrencée dans le langage courant par l'interrogation
avec est-ce que… qui permet de conserver l'ordre sujet-verbe et dans le langage relâché par un
système de marque unique, intonation ou ponctuation (Il vient ?).

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La langue familière évite l'inversion résultant de l'occupation de la place initiale par un adverbe
(inversion simple : Ainsi vivait cet homme ; inversion de reprise : Peut-être Paul viendra-t-il), par un
verbe (Vint la saison des vendanges), par certains compléments (En tête était le maire). Que permet
de rétablir l'ordre sujet-verbe après peut-être et sans doute (Peut-être viendra-t-il. Peut-être qu'il
viendra). L'inversion est obligatoire dans la proposition incise, héritée de l'ancienne langue (Venez,
dit-il, il est tard) et l'inversion y est toujours une inversion simple (Venez, dit le vieil homme). Dans le
style oral relâché, pourtant, des tournures comme qu'il me dit ou il me dit suppriment l'inversion.

4. SUJET ET THÈME

On peut considérer la phrase comme l'application à un thème (ce dont on parle) d'un propos (ce
qu'on dit du thème). Dans une phrase comme Cette affaire est oubliée aujourd'hui, le propos est
cette affaire et il correspond au sujet. Mais sujet et thème ne sont pas toujours confondus. C'est Il
vient qui est le thème dans une phrase comme Il vient demain, si celle-ci répond à la question Quand
vient-il ? La mise en relief est une tournure qui permet de souligner le propos : C'est demain qu'il
vient.

5. SUJET ET AGENT

Le sujet se confond souvent avec l'agent, c'est-à-dire le responsable de l'action : Il marche. Mais la
tournure passive permet de mettre au contraire l'accent sur le « patient » (de le désigner comme
thème de la proposition) : l'objet du verbe actif devient le sujet grammatical passif, l'agent n'apparaît
plus que comme complément du verbe ou même n'est plus mentionné (Le rideau a été déchiré). En
outre, certains verbes n'expriment pas d'action : le sujet grammatical désigne alors le « siège » plus
que l'agent : Je souffre, Je suis malade. La tournure pronominale permet un dédoublement de l'agent
(Je me secoue) ou sa neutralisation en tant qu'agent (Je me réveille). Enfin, il existe des tournures où
le sujet grammatical se réduit à un pur indice de personne (Il pleut, Il faut partir), un complément
pouvant exprimer l'agent, complément appelé traditionnellement « sujet logique » : Il pleut des
flèches.

Il convient donc de renoncer à une définition de la fonction sujet en termes trop étroits de sens ou de
logique et de retenir comme indicateurs l'accord avec le verbe et la possibilité de certaines
transformations : mise en relief en encadrant par c'est (ou ce sont) … qui…, interrogation utilisant la
forme sujet qui (qui est-ce qui ou qu'est-ce qui).

Synonymie et antonymie
synonymie et antonymie, relations sémantiques entre deux mots. Le mot synonymie désigne la
relation entre deux termes dont l'emploi est équivalent du point de vue du sens, le mot antonymie la
relation entre deux termes dont la signification est opposée.

Dans les deux cas, il faut qu'il y ait d'abord entre les termes une équivalence syntaxique : ainsi le
verbe réfléchir n'est pas synonyme du nom pensée, un verbe ne peut être synonyme que d'un autre
verbe ou d'une locution verbale. En outre, ces relations ne valent que dans un contexte donné : blanc
peut s'opposer à noir, mais dans d'autres contextes il s'opposera à rouge (vin blanc), à brun (alcool
blanc) ou à à feu (arme blanche). Le mot réplique, selon son acception, sera synonyme de réponse
(une violente réplique) ou bien de copie (la réplique d'un meuble ancien). Les notions de synonymie

50
et d'antonymie sont très commodes en lexicographie. Cependant elles ne vont pas sans poser
certaines difficultés.

2. SYNONYMIE

Il faut d'abord distinguer synonymie et identité référentielle : les expressions étoile du soir et étoile
du matin désignent toutes deux la planète Vénus, mais leur signification linguistique est
contradictoire.

Il faut d'autre part insister sur le caractère contextuel d'une relation synonymique. Outre le fait qu'un
terme correspond à différents synonymes selon son acception, les synonymes répertoriés par le
dictionnaire pour une même acception (haïr, détester, abominer, abhorrer ; répondre, répliquer,
rétorquer) sont des séries de mots dont les significations peuvent être considérées comme
équivalentes, mais qui ne sont pas pour cela toujours interchangeables. On peut remplacer acheter
par faire l'acquisition dans Ils ont acheté une voiture, mais pas dans Va acheter du pain. C'est ce qui
fait qu'on a pu dire que les synonymes n'existaient pas.

3. ANTONYMIE

Les dictionnaires utilisent tantôt le mot d'antonyme, tantôt celui de contraire ; ces mots ne sont
cependant pas complètement équivalents : homme est considéré comme antonyme de femme ; il
serait absurde de dire que ce sont des contraires. La notion de contraire se limite à certains adjectifs
et noms exprimant une qualité, une notion abstraite (Le contraire de la liberté, c'est la tyrannie).

Deux mots sont antonymes, c'est-à-dire présentent un sens opposé, quand une partie de leur
signification est commune (homme et femme ont en commun d'être « humains ») et une autre
contradictoire (ils ne sont pas du même sexe). Là encore, le contexte est déterminant : dans certains
contextes, homme s'oppose à femme sous la rubrique « être humain » mais il peut s'opposer à
animal dans la rubrique « être animé ». Un couple de mots coordonnés peut créer une opposition qui
n'est pas dans la langue (le lièvre et la tortue) ou en vivifier une qui est lexicale (antithèse : les rayons
et les ombres).

On remarque que dans les manipulations de la négation apparaît parfois une dissymétrie entre les
antonymes : ce plat n'est pas mauvais ne signifie pas ainsi ce plat est bon.

Une série de problèmes concernent enfin les manipulations autour de l'expression du degré (presque
froid ne veut pas dire frais) et les séries de mots formant une gradation (glacial, froid, frais, tiède,
chaud, brûlant). Sur le modèle de la logique antique, on a donc pu utiliser pour rendre compte de
cela la distinction entre relation de contradictoires (celle entre prodigue et économe, entre avare et
libéral), relation de contraires (celle entre avare et prodigue), relation de subcontraires (économe et
libéral).

Lexicalement, on remarque que l'antonymie relie deux mots dont la base est différente (clair, obscur)
ou dont la base est identique, mais le préfixe différent (embarquer, débarquer), ou encore pour
lesquels une base sans préfixe s'oppose à la même base préfixée (adroit, maladroit). Les mots savants
utilisent souvent des éléments gréco-latins permettant de former des couples antonymiques
(centrifuge, centripète ; hypotension, hypertension ; polythéisme, monothéisme).

51
Syntaxe
syntaxe, partie de la grammaire qui traite de l'organisation des éléments de la phrase (de leur place,
de leur ordre, éventuellement de leur accord) et met en évidence leur fonction.

L'étude des relations entre ces éléments présuppose une distinction des différents niveaux d'analyse :
la relation entre le sujet et le verbe, par exemple, met en rapport des constituants de la proposition
ou de la phrase simple ; la relation entre un nom et le nom qui le complète unit des constituants du
groupe nominal. La syntaxe, étude des relations entre les mots, se distingue traditionnellement de la
morphologie, étude des variations de la forme des mots.

2. RELATIONS ENTRE PROPOSITIONS

Une phrase peut être formée de plusieurs propositions sans qu'aucune d'entre elles ait de fonction
au sens grammatical par rapport à une autre : ces propositions sont appelées indépendantes. Elles
sont coordonnées (liées par une conjonction de coordination) ou juxtaposées (simplement
démarquées par un signe de ponctuation) et s'analysent comme des phrases séparées.

On appelle propositions subordonnées celles qui ont une fonction dans la phrase. Même si, lorsqu'on
les isole, elles peuvent être analysées comme des phrases, elles restent des constituants de la phrase
ou du groupe nominal desquels elles dépendent.

3. RELATIONS ENTRE LES CONSTITUANTS DE LA PHRASE

On distingue le terme sujet de la phrase (appelé parfois syntagme nominal), le verbe et son
entourage (syntagme verbal) et les compléments circonstanciels.

Le terme sujet peut ne pas être exprimé (Mangeons), se limiter à un mot (Il mange) ou être lui-même
un groupe composé de plusieurs constituants (groupe nominal ou proposition, par exemple).

Il en est de même pour le verbe, qui peut se trouver seul ou accompagné de compléments entrant
dans son entourage immédiat et pour cela appelés compléments essentiels : il s'agit des
compléments d'objet (Il mange une pomme) et de certains compléments circonstanciels (Il mange
bien). Le statut de l'attribut pose problème, mais il est généralement considéré comme appartenant
au syntagme verbal.

Les compléments circonstanciels, quand ils ne sont pas compléments essentiels, sont des
constituants de la phrase : ils ne complètent pas le verbe mais portent plutôt sur la relation entre le
sujet et le verbe (Il mange une pomme après le repas).

Certains adverbes, comme premièrement, à l'évidence, etc., que l'usage range souvent dans les
compléments circonstanciels, portent en vérité sur l'ensemble de la phrase : À l'évidence, il est
innocent.

4. CONSTITUANTS DU GROUPE NOMINAL

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Un groupe nominal est un groupe de mots construit autour d'un nom-noyau (ou d'un équivalent du
nom : infinitif, pronom, proposition substantive). On ne confondra pas le groupe nominal pris dans ce
sens large avec le syntagme nominal (ou sujet).

Le groupe nominal peut être soit un constituant de la phrase s'il est sujet ou complément
circonstanciel non essentiel, soit un constituant du verbe et de son entourage (du syntagme verbal)
s'il est complément essentiel, soit encore un constituant secondaire (un groupe nominal peut, par
exemple, être complément d'un nom-noyau au sein d'un groupe nominal : le frère du voisin de Paul).

Le groupe nominal peut se limiter au nom-noyau avec ou sans déterminant, ou connaître différentes
expansions : épithète, apposition, complément du nom, proposition subordonnée.

On appelle groupe prépositionnel un groupe introduit par une préposition. Quand le groupe
prépositionnel est un complément, on parle de construction indirecte. On notera cependant que la
construction indirecte peut aussi être marquée par la morphologie dans le cas des pronoms (dont, y,
en, lui).

5. HIÉRARCHISATION DE L'ANALYSE

Dans Il regarde l'homme qui a été blessé par l'accident routier d'hier soir, le syntagme verbal est
constitué d'un verbe et d'un seul long complément essentiel (complément d'objet direct). Ce
complément se compose d'un nom et de son déterminant suivis d'une proposition subordonnée
relative. Cette proposition peut être elle-même analysée comme on le fait pour une phrase simple.
Dans cette proposition, le groupe nominal complément d'agent peut être analysé à deux niveaux au
moins : l'adjectif épithète routier porte sur l'accident ; le groupe d'hier soir porte sur l'accident
routier. Ici, l'épithète et le complément ne peuvent être analysés sur le même plan. La construction
peut révéler cette non-équivalence puisqu'on ne peut les coordonner.

C'est cette analyse syntaxique que la grammaire traditionnelle appelle encore parfois analyse logique.
Le caractère hiérarchique de cette analyse a fait adopter des schématisations utilisant l'enchâssement
ou l'arborescence, le premier mode de schématisation faisant référence à la linguistique
fonctionnaliste, le second à la grammaire générative.

Transitivité
transitivité (grammaire), possibilité pour un verbe d'avoir un complément d'objet. On parle
d'intransitivité pour les verbes qui se construisent sans complément d'objet. Cependant un même
verbe peut admettre une construction transitive comme une construction intransitive.

2. CONSTRUCTION TRANSITIVE ET CONSTRUCTION INTRANSITIVE

Dans une phrase comme Il gesticule tout le temps, le verbe présente un sens achevé et tout le temps
est un complément circonstanciel : la construction est intransitive. Mais le syntagme verbal peut
inclure un complément, appelé complément d'objet, qui prolonge le sens du verbe. On dit alors que
la construction est transitive. Elle est transitive directe s'il n'y a pas de préposition (Il regarde le ciel),
transitive indirecte s'il y a une préposition (Je doute de lui).

Dans la construction intransitive, le verbe n'a qu'un actant : le sujet. Dans la construction transitive, il
en a deux : le sujet et l'objet (pouvant être représentés par plusieurs termes : Pierre et Marie
regardent le ciel et les étoiles). On trouve également une construction doublement transitive, avec

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trois actants, le sujet, l'objet premier et l'objet second : Il a offert un tableau à sa tante. Le
complément d'objet second est toujours construit indirectement, très souvent avec à, et souvent
aussi, mais pas toujours, placé après l'objet premier.

3. VERBES TRANSITIFS ET VERBES INTRANSITIFS

On appelle verbes transitifs ceux qui connaissent la construction transitive, verbes intransitifs ceux
qui n'appellent pas de complément d'objet.

Cependant, les verbes dits intransitifs peuvent être construits transitivement. Quand un complément
d'objet direct développe le sens du verbe lui-même (Il vit sa vie, une vie d'enfer), on parle alors de
complément d'objet interne. Si le complément constitue un véritable objet, le verbe peut prendre
une valeur factitive : Il grandit les difficultés. Un verbe comme descendre connaît les trois
constructions : il descend (construction intransitive), il descend l'escalier (complément d'objet direct),
il descend son adversaire (factitif).

À l'inverse, un verbe transitif peut être employé intransitivement. L'indétermination de l'objet peut,
dans certains contextes, exprimer l'habitude : Il boit.

Les verbes doublement transitifs (dits aussi trivalents puisqu'ils supposent trois actants)
appartiennent à une liste limitée ; beaucoup appartiennent au champ lexical du don et de la parole
(c'est pour eux, et seulement pour eux, que l'expression de complément d'attribution appliqué à leur
complément d'objet second se justifie). Là encore, des variations de construction sont possibles : avec
pardonner, l'objet second employé seul se substitue à l'objet direct (pardonner quelque chose à
quelqu'un, pardonner quelqu'un) ; en construction doublement transitive, éviter prend un sens
factitif (éviter quelque chose, éviter quelque chose à quelqu'un).

4. TRANSITIVITÉ INDIRECTE

Lorsqu'un verbe transitif se construit avec un complément d'objet indirect, on parle de transitivité
indirecte. Cette construction peut ne pas être marquée par la présence d'une préposition dans deux
cas :

— Le complément d'objet indirect est exprimé par un pronom qui intègre la préposition (Il y pense
équivaut à Il pense à ses vacances).

— Le complément d'objet indirect est une proposition conjonctive introduite par que (Il se réjouit de
ta venue équivaut à Il se réjouit que tu sois venu).

Certains verbes transitifs sont toujours construits directement (manger), d'autres toujours
indirectement (douter de, compatir à), d'autres enfin connaissent les deux constructions, souvent
avec des nuances de sens (décider quelque chose, décider de quelque chose). L'étude de la
construction d'un verbe peut donc servir de point de départ en lexicographie à la répartition des
acceptions.

Ce qui caractérise le complément d'objet indirect par rapport à un complément circonstanciel


prépositionnel, c'est que la construction et le choix de la préposition dépendent étroitement du
verbe et ne sont donc pas libres (aller à Paris, sur le toit, dans la rue, etc. mais toujours douter de
quelque chose ou de quelqu'un). Cependant, plusieurs prépositions peuvent être en concurrence
pour un même verbe, avec des nuances de sens plus ou moins sensibles ou des niveaux de langue
différents. Par exemple, la préposition à alterne avec la préposition avec pour les verbes contenant

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l'idée d'union (joindre, mêler, fiancer, etc.) ; la préposition de alterne avec la préposition avec ou
d'avec pour ceux contenant l'idée de séparation, de différence (divorcer, distinguer, etc.) ; contre avec
après ou sur pour ceux contenant l'idée d'hostilité (jurer, crier, etc.). Certaines de ces constructions
sont considérées comme fautives ou populaires (se fâcher après quelqu'un au lieu de contre
quelqu'un) ou encore régionales (se fâcher sur quelqu'un dans le français de Belgique), d'autres sont
nettement littéraires car archaïques (se méprendre à au lieu de se méprendre sur).

Troncation
troncation, procédé de création lexicale consistant à supprimer une ou plusieurs syllabes d’un mot
souche plus long. Par exemple, les mots métro, bus, prof sont des troncations obtenues à partir de
métropolitain, autobus et professeur.

Il ne faut pas confondre la troncation avec l’abréviation qui est un procédé graphique permettant
d’écrire un même mot avec un nombre de lettres restreint : que l’on écrive bd. ou boulevard, on a
toujours le même mot et l’on prononcera dans un cas comme dans l’autre [bulvar]. Ainsi le nom
professeur donne lieu à l’abréviation : Pr et à une troncation : prof. L’abréviation est souvent suivie
d’un point (etc., av.). La troncation, elle, étant un mot à part entière au même titre que les autres
mots, n’a pas à être suivie d’un point.

2. LES DIFFÉRENTS TYPES DE TRONCATIONS

Le plus souvent, la troncation se fait par suppression des syllabes finales (apocope). Ces syllabes
peuvent correspondre à un élément de composition (la suppression de graphe dans stylographe a
donné stylo, celle de ptère dans hélicoptère a donné hélico) ou à un suffixe (cap par suppression de
able dans capable, appart par celle de ement dans appartement). Mais le plus souvent, la coupure se
fait indépendamment de la morphologie : diapo pour diapositive, vélo pour vélocipède, alu pour
aluminium, ainsi que beauf pour beau-frère. La troncation peut alors s’accompagner de l’ajout d’un
o : prolo (pour prolétaire), frigo (pour frigidaire), gaucho (pour gauchiste) et parfois même d’une
consonne (dirlo pour directeur).

Plus rarement, la troncation se fait par suppression des syllabes initiales (aphérèse). On rencontre le
cas dans car pour autocar, cétone pour acétone.

On peut enfin noter que certaines troncations subissent à leur tour une troncation. C’est le cas par
exemple de cinéma qui est la troncation de cinématographe et dont on supprime la dernière syllabe
pour obtenir ciné.

3. INTÉGRATION DES TRONCATIONS DANS LE LEXIQUE

Les troncations, très fréquentes dans la langue parlée, appartiennent généralement au registre
familier (une manif, un instit, le petit-déj, etc.). Cependant, certaines sont consacrées par l’usage et
ne sont plus ressenties comme étant familières. Si quelques-unes s’emploient aux côtés de la forme
longue (photo / photographie, kilo / kilogramme, etc.), d’autres se sont plus ou moins totalement
substituées au mot souche (stylo / stylographe, métro / métropolitain, etc.).

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Verbe
verbe, mot dont la première caractéristique est de se conjuguer et qui varie donc selon le mode et le
temps ainsi que, généralement, selon la personne et le nombre. Il peut varier aussi selon la voix et
parfois le genre, même si ces variations ne sont traditionnellement pas notées dans les tableaux de
conjugaison.

Verbes du 3e groupe en -re

Le verbe peut ainsi servir à l'expression de l'événement, que celui-ci soit considéré comme une
simple virtualité ou qu'il soit précisément inscrit dans la temporalité.

2. MORPHOLOGIE DU VERBE

Une forme verbale est composée du radical du verbe et d'une désinence dans les temps simples de la
voix active (tu parl-as), d'un auxiliaire conjugué suivi du participe passé du verbe dans les temps
composés (tu as parlé) et dans tous les temps à la voix passive (il sera mangé). Les désinences sont
des suffixes grammaticaux, qui permettent d'identifier le mode et le temps de la forme verbale,
parfois sa personne (pour les modes personnels), voire son genre (pour les participes passées
accordés). Le radical du verbe est porteur de sa signification lexicale. Il participe aussi de la
conjugaison par les modifications qu'il peut subir : ajout d'un affixe (fin-iss-ons), radical à variation
(venons, vienne), radicaux multiples.

Toutes les formes verbales ne sont pas décomposables, notamment celles des verbes très irréguliers
(il a dix ans). Certains verbes, comme chanter, ont un radical unique, alors que d'autres ont plusieurs
bases de radical (un verbe comme aller possède trois bases : all- [ nous allons ], ir- [ j'irai ], v- [ tu
vas ]). Les conjugaisons des verbes comportent un certain nombre d'irrégularités (voir tableaux).
Quelques modèles sont défectifs, c'est-à-dire qu'ils ne possèdent pas la totalité des formes possibles
(falloir, faillir, clore, éclore, choir, seoir).

1. Groupes de verbes

On répartit traditionnellement les verbes en trois groupes, caractérisés par une désinence spécifique
à l'infinitif. Le premier groupe (4 000 verbes environ dont la liste n'est pas close) est constitué par des
verbes ayant un infinitif en -er (parler, marcher).

Les verbes en -ir ayant un participe présent en -issant (environ 300) forment un deuxième groupe
(finir [ finissant ]).

Les verbes en -oir et en -re ainsi que les verbes en -ir à participe présent en -ant forment le troisième
groupe (devoir, vendre, croire, naître, courir [ courant ]).

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Les verbes du premier groupe suivent pour la plupart le modèle régulier du verbe chanter (voir
tableaux). On notera l'apparition d'un -e- dans les verbes en -ger et d'une cédille dans les verbes en -
cer lorsque le g ou le c est suivi d'un o ou d'un a (il mangea ; il lança). Un verbe peut connaître deux
radicaux : il pèse, nous pesons ; il jette, nous jetons ; il achète, nous achetons.

Les verbes du deuxième groupe se conjuguent régulièrement sur le modèle du verbe finir (voir
tableaux).

Le troisième groupe rassemble les conjugaisons les plus irrégulières, caractérisées notamment par les
variations des radicaux : tenir, tenons, tiendrai ; savoir, savais, saurai, su (voir tableaux).

2. Modes et temps dans la conjugaison

Le système verbal du français comporte plusieurs modes : indicatif, subjonctif, conditionnel, impératif,
infinitif, participes passé et présent. Le gérondif est une tournure particulière du participe présent. Le
conditionnel est parfois décrit comme un temps de l'indicatif. Voir mode et temps (grammaire).

Les modes comportent plusieurs temps, répartis en formes simples et en formes composées. Les
formes des temps composés sont beaucoup plus régulières que les formes simples. Elles sont toutes
faites sur le modèle auxiliaire (être ou avoir) conjugué à un temps simple + participe passé du verbe
conjugué.

L'indicatif, le conditionnel, le subjonctif et l'impératif sont des modes personnels.

1. Le mode indicatif

L'indicatif, qui est le seul mode à comporter des temps du présent, du passé et du futur, présente
l'action verbale comme actuelle.

Le présent de l'indicatif a pour désinences -e, -es, -e pour le premier groupe, -s, -s, -t pour les verbes
du deuxième et du troisième groupe, à l'exception des verbes en -ds, -ds, -d, (verbes à l'infinitif en -
dre à l'exception de ceux en -indre et -soudre) ou de ceux en -x, -x, -t (pouvoir) ou -s, -s, -c (vaincre).
Les trois personnes du pluriel ont pour désinences -ons, -ez, -ent.

Le présent exprime la coïncidence entre ce que l'on dit et le moment où on le dit (En ce moment, il
pleut). Mais il peut exprimer une action qui se répète ou se continue (Il pleut toujours ici ; Il pleut
depuis deux jours), une action prochaine (Demain je pars) ou des vérités générales (Les hommes sont
mortels).

Le futur est formé d'une base de radical du verbe qui coïncide parfois avec l'infinitif (chant-erai, mais
sau-rai) suivi éventuellement d'une voyelle caractéristique du groupe (chant-e-rai, fin-i-rai), d'un -r-
caractéristique du futur et du conditionnel, et des désinences -ai, -as, -a, -ons, -ez, -ont. Le futur situe
l'action dans l'avenir (Je passerai demain). Ses autres valeurs sont notamment celles du futur dit
historique (En 1905, sa vie prendra un tour nouveau).

L'imparfait de l'indicatif a pour désinences -ai-s, -ai-s, -ai-t, -i-ons, -i-ez, -ai-ent. Il permet de décrire
une action considérée dans sa durée ou dans son caractère répétitif et non comme un fait ponctuel
(Nous passions les vacances d'été à la montagne).

Pour le passé simple, les désinences sont -ai, -as, -a, -âmes, -âtes, -èrent pour le premier groupe. Pour
les autres on trouve -s, -s, -t, ^-mes, ^-tes, -rent précédés d'une voyelle caractéristique : -i- pour les
verbes du deuxième groupe, -i- (partir), -i- (faire), -u- (devoir) ou -in- (verbes comme venir) pour ceux

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du troisième. Le passé simple, qui n'est plus utilisé dans la langue orale contemporaine, exprime une
action révolue au moment où l'on parle (Il mourut en 1778).

Les temps composés de l'indicatif, le passé composé, le plus-que-parfait, le passé antérieur et le futur
antérieur, sont constitués d'un auxiliaire conjugué au temps simple correspondant, respectivement le
présent, l'imparfait, le passé simple et le futur, suivi du participe passé du verbe conjugué (voir
tableaux).

2. Le mode conditionnel

Le conditionnel présente des faits soumis à une condition ou sert de futur dans un contexte passé.
Ses désinences se rapprochent à la fois de celles du futur et de celles de l'imparfait. Son présent est
formé d'une base de radical qui coïncide parfois avec l'infinitif, suivie éventuellement d'une voyelle,
d'un -r- caractéristique du futur et du conditionnel et des désinences -ais, -ais, -ait, -ions, -iez, -aient.
Le conditionnel figure dans la proposition principale des subordonnées de condition (J'irais les voir si
j'avais le temps). Le conditionnel passé, dont la formation est régulière comme celle de tous les
temps composés, sert à l'expression d'une éventualité qui n'a pas été réalisée (Il serait allé les voir s'il
avait eu le temps).

3. Le mode subjonctif

Le subjonctif est un mode qui présente l'action verbale comme virtuelle. Il figure notamment dans
des propositions subordonnées complétives introduites par des verbes exprimant la crainte, le doute,
le souhait ou servant à donner un ordre, à exprimer un désir, une volonté ou une éventualité (On
craint qu'il ne pleuve ; J'exige que l'on m'obéisse ; Il se pourrait qu'il vienne).

Le présent du subjonctif est formé d'une base de radical (pour les verbes du deuxième groupe du
type finir, ce radical est le radical en -ss- du participe présent finissant) et des désinences -e, -es, -e, -
ions, -iez, -ent, à l'exception de aller, être et avoir (voir tableaux).

L'imparfait du subjonctif, qui n'est pas employé hors du registre littéraire, a des désinences en -sse, -
sses, ^-t, -ssions, -ssiez, -ssent précédées d'une voyelle caractéristique du verbe : -a- pour le premier
groupe, -i- pour le deuxième, -i-, -u- ou -in- pour le troisième (les mêmes que pour le passé simple).
L'accent circonflexe est une caractéristique de la troisième personne du singulier. La formation des
temps composés, passé et plus-que-parfait, est régulière (voir tableaux).

4. Le mode impératif

L'impératif est un mode qui sert à l'expression de l'ordre. Ses formes de présent sont identiques à
celles du présent de l'indicatif de la deuxième personne du singulier et du pluriel, et de la première
personne du pluriel (prends, prenons, prenez) sauf pour les verbes du premier groupe où la deuxième
personne du singulier n'a pas de s en général (regarde, regardons, regardez ; va mais vas-y). Font
exception être et savoir dont les formes sont proches du subjonctif (sois, soyons, soyez ; sache,
sachons, sachez).

5. Les modes non personnels

L'infinitif et les participes présent et passé sont des modes non personnels. Ce sont des formes
nominales du verbe, qui fonctionnent comme un nom (infinitif) ou comme un adjectif (participes).
Pour ces trois modes il existe une forme simple (appelée présent pour l'infinitif) et une forme
composée (appelée passé pour l'infinitif).

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Le participe présent, caractérisé par la désinence -ant, est invariable en genre et en nombre, sauf s'il
est utilisé comme adjectif verbal. L'orthographe de l'adjectif verbal peut être différente de celle du
participe passé (négligeant, négligent).

Le participe passé a des formes en -é, -i ou -u (une consonne peut s'ajouter dans certains verbes du
troisième groupe : mort, mis). Il sert à la formation de tous les temps composés, quel que soit le
mode, et a également des emplois en tant qu'adjectif.

3. Accord du verbe

Le verbe à un mode personnel s'accorde en nombre et en personne avec le sujet. À la tournure


impersonnelle, il est à la troisième personne du singulier comme le sujet grammatical, quel que soit
le sujet « réel » : il pleut des cordes. En cas d'inversion, on trouve parfois une absence d'accord :
reste(nt) les femmes.

Quand le sujet est le pronom relatif qui, c'est l'antécédent qu'il faut prendre en compte et on peut
avoir un accord à la deuxième personne si cet antécédent est en apostrophe (« Insensé, qui crois que
je ne suis pas toi », V. Hugo). Des problèmes peuvent se poser pour identifier l'antécédent : un de
ceux qui regardaient.

Quand le sujet est complexe, en particulier lorsqu'il contient un mot exprimant le nombre ou la
quantité, l'accord peut se faire « par le sens » : peu de gens le connaissent, la plupart sont partis, un
vingtaine d'entre eux le croient. L'accord se fait en général avec l'attribut si celui-ci tient la place du
sujet : sa seule joie était ses enfants. Avec le pronom neutre ce, l'accord en nombre se fait seulement
à la troisième personne : ce sont eux (registre familier : c'est eux) mais c'est toi, c'est nous.

1. Les sujets multiples

Quand plusieurs sujets sont coordonnés, le verbe est au pluriel (sauf dans les cas du type lui ou son
frère viendra), au masculin si un au moins des sujets est masculin (elle et lui sont partis) ; la première
personne l'emporte sur la seconde qui l'emporte sur la troisième (Vous et moi savons…).

2. L'accord du participe passé

L'accord du participe passé se fait selon une règle complexe. Sans auxiliaire ou composé avec
l'auxiliaire être, il s'accorde comme un adjectif. Dans certaines locutions, il reste cependant invariable
quand il est antéposé : la lettre ci-jointe, ci-joint une lettre.

Par ailleurs, les verbes pronominaux toujours conjugués avec être suivent cependant les règles
concernant les verbes conjugués avec avoir. Avec l'auxiliaire avoir, le participe passé ne peut
s'accorder qu'avec un complément d'objet direct placé avant lui : ils ont lu, ils ont lu la lettre, voilà la
lettre qu'ils ont lue.

Certaines difficultés sont à signaler. Le complément d'objet est un pronom neutre : elle est meilleure
que je ne l'aurais cru. Le complément n'est pas un objet direct mais un circonstanciel : les cent francs
que cela m'a coûté. Le verbe est impersonnel : la pluie qu'il y a eu. Le participe a pour complément
un infinitif lui-même complété : tu as fait tous les efforts que tu as pu ; les airs que j'ai entendu jouer
(en revanche : les musiciens que j'ai entendus jouer, car que représentant les musiciens est bien un
complément d'objet direct de entendre).

Enfin, pour les verbes pronominaux, l'identification du complément d'objet direct est parfois difficile :
ils se sont entraidés (se objet direct), ils se sont lavés (se objet direct), ils se sont lavé les mains, les

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mains qu'ils se sont lavées (les mains objet direct antéposé ou postposé), ils se sont plu (pas d'objet
direct, se objet indirect).

3. CONSTRUCTION DU VERBE

1. Transitivité

Les verbes peuvent admettre un complément d'objet ou non. Ainsi, tomber, qui n'est pas suivi d'un
complément d'objet, appartient à la catégorie des verbes intransitifs. Manger, même s'il peut être
employé de façon absolue, c'est-à-dire sans complément d'objet, admet un sujet et un complément
d'objet, c'est-à-dire que sa construction est transitive.

Dans la construction dite transitive indirecte, le complément d'objet du verbe lui est relié par une
préposition (accéder à quelque chose, parler de quelque chose). Des verbes comme donner, prendre,
emprunter peuvent avoir un sujet, un complément d'objet direct et un complément d'objet second (Il
a donné des cadeaux aux enfants). Voir transitivité.

Les verbes traditionnellement appelés verbes d'état (être, demeurer, devenir, paraître, rester,
sembler) se construisent avec un attribut, qui peut lui-même appartenir à la classe de l'adjectif ou à
celle du nom (Leur maison est grande, Pierre est avocat).

2. Construction impersonnelle

Certains verbes peuvent être construits de façon impersonnelle. Le pronom il (Il neige) fonctionne
comme une marque morphologique de la construction impersonnelle et non comme un véritable
pronom. On distingue ordinairement les verbes toujours impersonnels de ceux qui admettent des
constructions impersonnelles. La classe des verbes toujours impersonnels comprend les verbes
météorologiques (pleuvoir, neiger, geler, bruiner, etc.), le verbe falloir (Il faut essayer), les locutions
verbales il y a, il s'agit de, il est question de, etc., ainsi que les verbes être et faire dans des emplois du
type Il est tard, Il se fait tard, Il fait beau. Par ailleurs, un certain nombre de verbes peuvent être
construits impersonnellement (Il s'est vendu un grand nombre d'exemplaires de ce livre).

3. Voix active et voix passive

Dans l'étude de la morphologie verbale, on distingue traditionnellement la voix active de la voix


passive. La voix passive se construit au moyen de l'auxiliaire être conjugué à tous les temps et à tous
les modes, et suivi d'un participe passé (Cette émission a déjà été rediffusée). Ce qu'on appelle «
transformation passive » (Le comité a pris la décision ± La décision a été prise par le comité) n'est
possible que si le verbe de la phrase à l'actif est construit transitivement, c'est-à-dire avec un
complément d'objet direct.

4. Construction pronominale

La construction dite pronominale est caractérisée par la présence de deux pronoms (Il se regarde), un
pronom personnel sujet (je, tu, il, etc.) et un pronom complément (me, te, se, nous, vous, se), avec la

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fonction de complément d'objet direct ou indirect. Les temps composés des formes pronominales
sont construits avec l'auxiliaire être (Ils se sont regardés). S'il existe des verbes essentiellement
pronominaux (s'évanouir, se repentir, s'arroger, s'enfuir, s'absenter, etc.), d'autres verbes peuvent
être construits pronominalement (Il la rassure ± Il se rassure). On distingue entre pronominaux
réfléchis (Il se regarde dans le miroir, il se coiffe), dans lesquels le pronom réfléchi a le même référent
que le pronom sujet, pronominaux réciproques (Ils se regardent avec haine, ils se détestent), et
constructions pronominales dont le sens équivaut à celui d'une construction passive (Les fraises se
vendent bien).

Voix
voix (grammaire), nom donné à la tournure verbale exprimant le type de relation existant entre le
sujet et le verbe. On distingue la voix active et la voix passive, auxquelles on ajoute parfois la voix
moyenne.

2. VOIX ACTIVE ET VOIX PASSIVE

On parle de voix active quand le sujet est désigné comme le point de départ de l'événement exprimé
par le verbe : la tournure utilisée est alors celle qu'on trouve traditionnellement dans les tableaux de
conjugaison : il dort, il mange une pomme. On notera que le sujet de la voix active n'est pas
forcément actif au sens courant : il reçoit des coups est aussi bien une phrase active que il donne des
coups.

On parle de voix passive lorsque le sujet ne désigne pas le point de départ de l'événement exprimé
par le verbe mais son objet ; la voix passive n'est donc possible qu'avec les verbes transitifs directs,
c'est-à-dire pouvant être construits à la voix active avec un complément d'objet direct. On utilise pour
la voix passive une tournure avec l'auxiliaire être, en prenant pour sujet le terme qui serait
complément d'objet direct à la voix active, le sujet de l'actif étant exprimé par un complément dit
d'agent (le piéton a été renversé par la voiture) ou passé sous silence (le piéton a été renversé). Dans
ce dernier cas, la tournure passive correspond à une tournure active ayant un sujet indéfini (on a
renversé le piéton). L'absence de complément d'agent fait du participe passé l'équivalent d'un
adjectif attribut au présent, à l'imparfait et au futur (mais pas au passé composé ni au passé simple)
de l'indicatif : le vase est cassé peut ainsi signifier non seulement que l'on casse le vase mais aussi
qu'on a cassé le vase. Enfin la voix passive peut se combiner avec une construction impersonnelle : il
en sera parlé par ailleurs.

La transformation faisant passer de la tournure active à la tournure passive permet de changer le


thème de la phrase : on s'intéresse au sujet (une voiture renverse un piéton) ou bien à l'objet que la
tournure passive permet de mettre en position de sujet (un piéton est renversé par une voiture).
Mais cette transformation n'est pas toujours possible : elle est impossible avec les verbes intransitifs
ou transitifs indirects (sauf obéir, désobéir, pardonner). Voir Transitivité. Par ailleurs, elle peut être
possible grammaticalement sans être naturelle. Si le sujet actif est un pronom personnel, il ne peut
pas devenir tel quel complément d'agent : je casse la vitre ; la vitre est cassée <par moi>.

Le semi-auxiliaire se voir suivi de l'infinitif ou du participe passé peut se substituer à l'auxiliaire être :
il se voit obligé d'aller à cette réunion.

3. VOIX MOYENNE

On parle de voix moyenne par analogie avec les langues où existe une tournure particulière
s'opposant à la fois à la voix active et à la voix passive. L'expression de cette voix moyenne peut

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passer en français par la tournure pronominale. Le sujet et l'objet peuvent en effet ne faire qu'un
dans la tournure pronominale : dans les verbes pronominaux de sens réfléchi (ils se regardent dans la
glace) ou de sens réciproque (ils se regardent l'un l'autre), l'actif l'emporte ; dans les pronominaux de
sens passif (les meubles rustiques se vendent bien ici), le passif l'emporte ; dans d'autres verbes dits
pronominaux (il s'en va), le passif et l'actif se neutralisent.

Il existe d'autre part des périphrases avec semi-auxiliaire permettant d'exprimer différentes nuances
de la participation du sujet à l'événement exprimé par le verbe : tournure factitive (faire faire),
permissive (laisser faire).

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