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Collection Réflexe Terminale

Droit
Livre du professeur

Sous la direction de
Patrick MERCATI

Pierre ARCUSET
Alexandra BUCHER
Anne DELALIX
Patrick MERCATI
Christine PALAU
Édition : Samuel Briand-Favard
Fabrication : Christine Aubert

© Nathan 2020 – 92 avenue de France, 75013 Paris


ISBN : 978-2-09-167046-1
Sommaire
THÈME 5 – QUEL EST LE RÔLE DU CONTRAT ?
CHAPITRE 1
La formation du
contrat ...........................................................................
................................. 5
CHAPITRE 2
L’exécution du
contrat ...........................................................................
................................. 21
ENTRAÎNEMENT AU BAC – THÈME 5
Un contrat, ça se respecte… et ça se conteste
parfois ! .......................................................... 33

THÈME 6 – QU’EST-CE QU’ÊTRE RESPONSABLE ?


CHAPITRE 3
Les responsabilités civile et
pénale ............................................................................
............ 35
CHAPITRE 4
Les régimes de responsabilité
civile ............................................................................
........... 51
ENTRAÎNEMENT AU BAC – THÈME 6
Victime du
coronavirus .......................................................................
................................... 67

THÈME 7 – COMMENT LE DROIT ENCADRE-T-IL LE TRAVAIL SALARIÉ ?


CHAPITRE 5
Le contrat de travail et le
salariat ..........................................................................
.................. 71
CHAPITRE 6
Les différents contrats de
travail ...........................................................................
................. 85
CHAPITRE 7
La rupture du
CDI ...............................................................................
................................. 101
CHAPITRE 8
Les libertés individuelles et collectives des
salariés ............................................................ 117
ENTRAÎNEMENT AU BAC – THÈME 7
Pas de pouvoir arbitraire pour
l’employeur ! .....................................................................
.. 131

THÈME 8 – DANS QUEL CADRE ET COMMENT ENTREPRENDRE ?


CHAPITRE 9
L’entreprise individuelle et la société
commerciale ............................................................. 133
CHAPITRE 10
Le respect de la
concurrence .......................................................................
......................... 149
CHAPITRE 11
Les partenariats
contractuels ......................................................................
.......................... 159

ENTRAÎNEMENT AU
BAC ...............................................................................
.............. 169
Chapitre 1
La formation du contrat

Place du chapitre dans le programme

Thème 5 – Quel est le rôle du contrat ?


Plan du chapitre Capacités
Notions
• Le contrat
• L’obligation
• Les parties
• Le débiteur
1. Qualifier un contrat, • Qualifier juridiquement
ses clauses et ses parties • Le créancier
un contrat, ses clauses
• L’offre
et ses parties.
• L’acceptation
• L’échange des
consentements
• La liberté
contractuelle
• L’effet relatif
des conventions
2. Apprécier les conditions • Les conditions
de validité
de validité du contrat • La capacité
• L’objet
[contenu]
• Apprécier les conditions • La nullité
relative
de validité d’un contrat dans • La nullité
absolue
3. Apprécier la validité une situation donnée. • La bonne foi
du contenu du contrat • L’obligation
d’information
et de conseil
• Les clauses
4. Justifier la protection accrue
du consommateur • Justifier la protection accrue • Le
consommateur
du consommateur • Le
professionnel
5. Justifier la protection accrue et du cyberconsommateur. • Le
droit de rétractation
du cyberconsommateur

Avant la classe (p. 5)


Identifiez les contrats évoqués dans la vidéo.
– Opération de transfert de joueur (Kylian Mbappé) entre clubs : de Monaco au PSG.
– Contrat de travail entre Kylian Mbappé et le PSG.
– Contrat de location (loyer).
– Contrat de travail entre le chauffeur et le club.
Citez d’autres situations contractuelles.
Remarque : la question vise à attirer l’attention des élèves sur le fait que le
contrat est un outil juridique
du quotidien et qu’il ne se limite pas aux contrats écrits les plus connus comme le
contrat de travail, la
vente d’immeuble ou le contrat de location. Tout exemple sera donc admis : contrat
d’abonnement
téléphonique, contrat de transport (bus/tram), contrat de vente d’un bien courant
(pain, livre...), contrat
de prêt, etc.

© Nathan Chapitre 1 –
La formation du contrat / 5
Réponses aux questions sur la (les) situation(s)
1. Qualifier un contrat, ses clauses et ses parties (p. 6-7)
1. Qualifiez le contrat évoqué dans la situation (en évoquant sa nature),
identifiez ses parties
et précisez son utilité. (Situation, doc. 1 et fiche 6 p. 160)
Il s’agit d’un contrat de travail à durée déterminée.
Les parties sont : le salarié (le joueur, Kylian Mbappé) et l’employeur (le club,
le PSG).
Remarque : l’article du Code du travail visé dans le document 1 est le L1242-2 3°
et non le L242-2 3°,
qui n’existe pas.
2. Dans ce contrat, qui est « créancier » ? Qui est « débiteur » ? Justifiez.
(Doc. 3)
Dans ce contrat, chaque partie est débitrice et créancière : Kylian Mbappé est
créancier du salaire et
débiteur de la prestation de travail (jouer au football), le PSG est créancier de
la prestation de travail et
débiteur du salaire.
3. Selon vous, quels autres contrats Kylian Mbappé conclut-il dans sa vie
quotidienne ? (Doc. 2)
Remarque : les élèves peuvent citer tout type de contrat de la vie quotidienne :
achat d’objet (voiture),
de biens immobiliers (appartement, villa), contrat de transport (billet d’avion),
contrat d’abonnement
téléphonique, etc.
4. Ces contrats sont-ils destinés à créer, modifier, transmettre ou éteindre
des obligations ?
(Doc. 3)
a. Le contrat conclu entre le PSG et Kylian Mbappé : créer des obligations.
b. Le contrat par lequel le créancier efface la dette d’un de ses proches :
éteindre une
obligation (celle de rembourser).
Remarque : pour illustrer les contrats destinés à modifier une obligation, on peut
citer l’exemple du
contrat par lequel un employeur et son salarié conviennent d’un nouveau mode de
calcul d’une prime
de résultat (avenant au contrat).
On peut illustrer les contrats destinés à transmettre une obligation par l’exemple
du contrat par lequel
une entreprise cède à sa banque la créance qu’elle détient sur un client (cette «
cession de créance »
permet à l’entreprise d’obtenir de la trésorerie).
5. Dans les exemples suivants, indiquez s’il s’agit d’une offre ou d’une
acceptation et si elle
est expresse ou tacite. (Doc. 4 et 5)
a. Une personne monte dans un bus : acceptation tacite.
b. Un épicier expose sa marchandise et indique les prix : offre tacite.
Remarque : pour illustrer l’offre expresse, on utilisera le document 5 présentant
la démarche du
recruteur du PSG auprès de Kylian Mbappé et de sa famille.
Pour illustrer l’acceptation expresse, on pourra utiliser tout exemple de signature
d’un contrat écrit.
6. Kylian était-il obligé de signer avec le PSG ? Quel principe fondateur des
contrats votre
réponse illustre-t-elle ? (Doc. 6)
Non, Kylian aurait pu choisir un autre club. Ce droit est une illustration de la
liberté contractuelle, en
particulier de la liberté de choisir son cocontractant.
7. La forme et le contenu de ce contrat sont-ils libres ? Justifiez. (Doc. 1)
Non, la forme n’est pas libre. Le contrat doit être écrit puisqu’il doit être
homologué par la LFP.
Son contenu doit être conforme aux dispositions législatives et réglementaires.
Remarque : selon l’article L1242-12 du Code du travail, le CDD doit être établi par
écrit et comporter
la définition précise de son motif. Il doit, en outre, comporter des mentions
obligatoires (nom et
qualification professionnelle, date du terme, etc.).

6 / Thème 5 – Quel est le rôle du contrat ??


© Nathan
8. Que pouvez-vous déduire de vos réponses à la question 7 quant au principe
énoncé à la
question 6 ? (Doc. 6)
Il existe des exceptions à la liberté contractuelle : une forme est parfois imposée
(CDD écrit) ainsi que
le contenu (mentions obligatoires du CDD).
Remarque : il sera utile de préciser qu’à défaut d’écrit, le CDD n’est pas nul. Le
contrat de travail est
réputé conclu à durée indéterminée.
On pourra également préciser, à ce stade, qu’il existe de nombreuses autres
exceptions à la liberté de
fixer le contenu du contrat (voir 3. Apprécier la validité du contenu du contrat).
9. Si le PSG refusait de verser à Kylian le salaire convenu, l’Olympique de
Marseille pourrait-
il être contraint de le faire à sa place ? Justifiez. (Doc. 6)
Évidemment, non. En vertu du principe de l’effet relatif, les contrats n’engagent
que les parties. Or,
l’OM n’est pas partie au contrat entre Kylian et le PSG.

Allez plus loin ! Bénéficiaire d’un contrat d’assurance-vie (p. 7)


1. Qualifiez les parties à un contrat d’assurance-vie. À qui profite-t-il ?
Les parties à un contrat d’assurance-vie sont l’assureur et l’assuré
(souscripteur).
Le contrat profite à une ou plusieurs autres personnes (personnes physiques ou
personnes morales)
appelées « bénéficiaires ».
2. Montrez que le contrat d’assurance-vie est un assouplissement au principe de
l’effet relatif
des contrats.
Selon le principe de l’effet relatif, le contrat ne crée d’obligations qu’entre les
parties.
Or, le contrat d’assurance-vie, conclu entre un assuré (souscripteur) et un
assureur, oblige ce dernier à
verser un capital à un bénéficiaire qui n’est pas partie au contrat (et qui peut
même ne pas être informé
de l’existence du contrat avant le décès du souscripteur).

2. Apprécier les conditions de validité du contrat (p. 8-9)


10. Identifiez le contrat conclu par Kylian lors du gala de la Fondation PSG.
Les conditions
de validité du contrat sont-elles réunies ? Justifiez. (Situation, doc. 7
et 8)
Il s’agit d’un contrat de vente aux enchères. Les conditions de validité semblent
être réunies : Kylian a
consenti à la vente, il est majeur et non placé sous un régime de protection,
l’objet acquis (une œuvre
d’art) est déterminé et licite.
11. Comment le contractant a-t-il exprimé son consentement dans les cas
suivants ? (Doc. 8)
a. Kylian achète une œuvre d’art lors du gala de la Fondation PSG : Kylian
a levé le bras
en dernier et a été déclaré « adjudicataire » par le commissaire-
priseur.
b. Un étudiant loue un appartement à un propriétaire : le propriétaire
bailleur et le locataire
ont signé un contrat (bail d’habitation).
Remarque : le contrat de location (bail) doit être conclu par écrit et son contenu
est imposé par un
décret du 29 mai 2015 qui contient un contrat type.
12. Dans les cas suivants, identifiez le vice du consentement et la sanction
encourue ? (Doc. 9
et 10)
Situation Vice
Sanction
Erreur sur une qualité essentielle
a. La statue acquise par Kylian est une copie. (authenticité) ou dol si le vendeur
Nullité relative
savait que l’œuvre était une copie
b. Un homme fait donation d’un appartement
Erreur sur la personne ou dol
à une femme qu’il pense être sa petite-fille.
si la donataire savait qu’elle
n’était Nullité relative
Il apprend plus tard que son fils n’est pas
pas la petite-fille du donateur
le père biologique de la jeune femme.

© Nathan Chapitre 1 – La
formation du contrat / 7
Situation Vice
Sanction
c. Un employeur fait pression sur un salarié
pour qu’il accepte une modification de son Violence
Nullité relative
lieu de travail.
13. Dans les cas suivants, indiquez en quoi le contractant n’a pas respecté ses
obligations
légales. (Doc. 11)
a. Lors d’une vente aux enchères, un homme lève le bras et est déclaré
adjudicataire d’un
objet alors qu’il sait qu’il ne pourra pas payer le prix : non-respect
de l’obligation de
bonne foi (déloyauté).
b. Lors de la vente d’un appartement, un propriétaire n’indique pas à
l’acquéreur qu’un
nouvel immeuble sera bientôt construit sur le terrain qui jouxte la
copropriété : non-
respect de l’obligation d’information.
c. Un homme a souscrit un forfait d’abonnement téléphonique 4G mais son
mobile ne
capte pas le réseau. Son opérateur ne lui a jamais donné de
renseignements concernant
la couverture réseau : non-respect du devoir de conseil.

Allez plus loin ! Des particuliers arnaqués à la suite d’un démarchage


à domicile (p. 9)
1. Quelle condition de validité fait défaut au contrat entre les victimes et la
société Iberdrola ?
Le consentement des victimes fait défaut au contrat. En effet, les victimes n’ont
pas consenti au contrat
de prestation de service (fourniture d’énergie), leur signature ayant été imitée
sur les factures émises par
la société Iberdrola.
2. Que peuvent espérer obtenir les victimes s’agissant du contrat ?
Les victimes peuvent obtenir la nullité du contrat pour absence de consentement.

3. Apprécier la validité du contenu du contrat (p. 10-11)


14. Qualifiez le contrat évoqué dans la situation et identifiez-en les parties.
(Doc. 12)
Il s’agit d’un contrat de location portant sur un logement (bail d’habitation). Il
est conclu entre un
propriétaire bailleur et un locataire (Kylian Mbappé).
15. Les stipulations vous semblent-elles licites ? Justifiez. (Doc. 12 à 14)
Les stipulations sont licites puisque aucune clause ne semble contraire à la loi et
qu’elles paraissent
conformes au décret de 2015 (informations concernant les parties, le logement, le
loyer).
16. Quel est l’objectif poursuivi par le locataire de l’appartement ? Est-il
licite ? (Doc. 12
et 14)
L’objectif poursuivi par le locataire est de se loger. Ce but est licite.
Remarque : on pourra préciser aux élèves que si l’appartement avait été loué pour
exercer des activités
illicites, telles que la vente de stupéfiants, le but aurait été illicite et le
contrat aurait encouru la nullité
(absolue).
17. Quelle est la prestation promise par le propriétaire ? Est-elle
déterminée ? (Doc. 12 et 14)
Le propriétaire s’engage à garantir un usage paisible des lieux loués (jouissance
paisible). Ces lieux sont
précisés dans l’objet du contrat. Cette prestation est donc déterminée.
18. Comment appelle-t-on la contrepartie monétaire versée par Kylian ? (Doc.
12 et 14)
Il s’agit du loyer.
19. Quelle conclusion pouvez-vous tirer des réponses aux questions 15 à 18 ?
(Doc. 12)
Le contrat de location est licite : il ne déroge en rien à l’ordre public. Son
contenu est également certain,
puisque les locaux loués sont identifiés et que le montant du loyer est précisé.

8 / Thème 5 – Quel est le rôle du contrat ??


© Nathan
20. Qualifiez les contrats suivants. Quelle condition relative au contenu fait
défaut ? (Doc. 12)
a. Contrat par lequel un homme fait une donation à un employé de banque
afin qu’il
commette un détournement de fonds à son bénéfice : contrat de donation ;
le but n’est pas
licite.
b. Contrat par lequel une femme vend à un ami une villa de luxe sur la Côte
d’Azur pour
un prix de 100 000 € : contrat de vente ; la contrepartie est dérisoire.
21. Dans chacun des cas exposés à la question 20, indiquez : (Doc. 12)
a. qui peut avoir un intérêt à demander la nullité du contrat :
– le dirigeant de l’établissement bancaire, par exemple, ou les héritiers
présomptifs du donateur (homme
qui a fait la donation) ;
– les héritiers présomptifs de la donatrice, ses créanciers (un prêteur non
remboursé, par exemple) ou
les créanciers de droits de mutation (État, département et commune).
Remarque : lors d’une vente immobilière, l’acquéreur doit verser des droits de
mutation calculés en
fonction du prix de vente et perçus par l’État, le département et la commune. Plus
le prix est élevé, plus
les droits sont élevés.
b. à compter de quand le délai de 5 ans commence à courir.
Dans les deux cas, le délai de 5 ans commence à courir lorsque l’auteur de l’action
a connaissance de la
cause de nullité du contrat.
Remarque : antérieurement à la réforme du droit des contrats de 2016, la Cour de
cassation avait fini
par considérer, après revirement, que l’action en nullité pour prix dérisoire était
une action en nullité
relative dès lors qu’elle visait à protéger des intérêts privés (ceux du vendeur).
Cette position n’empêchait
toutefois pas les ayants cause d’agir (puisqu’ils « continuent la personne » de
leur auteur), ni ses créanciers
par la voie de l’action oblique. Si la Cour de cassation maintenait sa position, il
n’en demeurerait pas
moins vrai que les héritiers et créanciers pourraient agir en nullité dans la
situation de l’item b.

Allez plus loin ! GPA, le marché clandestin des mères porteuses (p. 11)
 Expliquez pourquoi les contrats de « gestation pour autrui » ne sont pas
valables en France.
Le contrat de « gestation pour autrui » conduit à « vendre » à un couple (infertile
ou homosexuel) un
enfant porté par une femme appelée « mère porteuse ».
Or, selon l’article 16-1 du Code civil, le corps humain et ses éléments ne peuvent
pas faire l’objet d’un
droit patrimonial tel que le droit de propriété.
Un enfant ne peut donc pas être objet d’un droit de propriété. À ce titre, il ne
peut pas être vendu (la
vente correspondant à un transfert du droit de propriété).

4. Justifier la protection accrue du consommateur (p. 12-13)


22. Lorsqu’un consommateur achète des produits Good Goût au supermarché,
comment le
contrat se forme-t-il entre les parties ? (Doc. 15)
Le vendeur (le supermarché) expose ses produits dans les rayons et le consommateur
passe en caisse
pour les régler.
Remarque : l’individu qui consomme un produit avant le passage en caisse (en
goûtant des fraises, par
exemple) commet un vol. Toutefois, certaines pratiques sont tolérées, comme celle
consistant à ouvrir
un paquet de biscuits avant le passage en caisse.
23. Ce contrat est-il un contrat de fourniture de biens ou de prestation de
services ? (Doc. 15)
Il s’agit d’un contrat de vente (fourniture) de biens.

© Nathan Chapitre 1 –
La formation du contrat / 9
24. Indiquez si les contrats entre professionnels et consommateurs suivants
sont des contrats
de fourniture de biens ou de prestation de services. (Doc. 15)
Situation Fourniture de biens
Prestation de services
a. La location d’une voiture chez Sixt
×
b. L’achat d’un véhicule chez un concessionnaire ×
c. L’abonnement à une salle de sport
×
25. Listez les informations que l’entreprise Good Goût doit fournir à ses
clients. Dans quel but ?
(Doc. 16 et 18)
Comme tout vendeur, Good Goût doit fournir à ses clients des informations sur
l’entreprise (identité,
coordonnées, etc.) et sur les caractéristiques essentielles de ses produits
(mention « bio », notamment).
Le client achète ainsi en connaissance de cause (après d’éventuelles comparaisons).
26. Quelle autre information essentielle le supermarché doit-il fournir aux
clients ? (Doc. 17)
Le supermarché vendeur doit informer les consommateurs sur le prix des produits.
27. Dans chacun des cas suivants, indiquez quelle obligation légale n’est pas
respectée par le
professionnel. (Doc. 16 et 17)
a. Dans une boutique de prêt-à-porter, plusieurs vêtements ne comportent
pas d’étiquette :
obligation d’informer sur les prix.
b. Un contrat de location de véhicule ne comporte pas les coordonnées du
loueur : obligation
du professionnel de fournir ses coordonnées.
c. Un contrat d’assurance ne précise pas la nature des risques garantis :
obligation d’informer
sur les caractéristiques de la prestation de services.
d. Un contrat de vente d’un véhicule neuf ne contient pas de date de
livraison du véhicule :
obligation d’informer sur la date de livraison.

Allez plus loin ! Cuisinistes : attention aux devis (p. 13)


1. Les cuisinistes proposent-ils des contrats de vente de biens ou de
prestation de services ?
Les cuisinistes proposent les deux types de contrats : vente de biens lorsque la
cuisine est vendue sans
installation et aussi prestation de services lorsque l’installation est prévue au
contrat.
2. Le devis constitue-t-il une offre de contracter de la part du
professionnel ? Qu’entraîne
son acceptation expresse de la part du client ?
Le devis constitue une offre de contracter. Lorsqu’il est accepté par le client, le
contrat est formé.
Remarque : le client exprime sa volonté de contracter en faisant précéder sa
signature, en bas du devis,
de la mention « bon pour travaux ».
3. D’après la juriste de l’INC, quelle obligation légale est plutôt bien
respectée par les
professionnels et quelles sont celles qui le sont moins bien ?
Selon la juriste, la description des meubles dans le devis est globalement
satisfaisante. Cela signifie que
l’obligation d’indiquer les caractéristiques des biens ou des services est
respectée.
En revanche, plusieurs autres obligations sont moins bien respectées par les
professionnels, notamment
celle d’informer sur les conditions de vente, sur les modalités de paiement de prix
et sur les délais de
livraison (livraison des meubles et installation).
Remarque : le devis permet de fournir les obligations précontractuelles dues par le
professionnel
(caractéristiques essentielles, prix, etc.). Il est obligatoire pour certains types
de travaux, notamment
pour l’installation d’équipements électroménagers. Dans ce cas, il est gratuit.
Dans la vidéo, il est précisé que, selon les tribunaux, la durée de validité du
devis doit être d’au moins
un mois pour permettre au client de comparer les offres.

10 / Thème 5 – Quel est le rôle du contrat ??


© Nathan
5. Justifier la protection accrue du cyberconsommateur (p. 14-15)
28. Qualifiez le contrat conclu par les clients du site de vente en ligne de
Kylian. (Doc. 19)
Il s’agit d’un contrat de consommation dématérialisé : vente de biens entre un
professionnel et un
consommateur.
29. Quels risques les achats en ligne présentent-ils pour le consommateur par
rapport à un
achat en boutique ? (Doc. 19)
Lors d’un achat en ligne, le cyberconsommateur achète un produit à partir d’une
image, d’une
description et éventuellement d’avis. Il ne voit pas véritablement ce qu’il achète.
En outre, il existe un
risque lié au paiement (piratage du compte bancaire).
30. Selon la loi, quelles informations un site marchand doit-il mettre à la
disposition des clients ?
(Doc. 19 et 20)
Lors d’un achat à distance, le professionnel doit, outre les informations
précontractuelles générales,
fournir au cyberconsommateur des informations supplémentaires, notamment
l’existence d’un droit de
rétraction, ses conditions, le délai et ses modalités d’exercice.
31. Vérifiez que le site marchand de Kylian respecte l’obligation relative à
l’information du
cyberconsommateur. (Doc. 19 et 20)
La consultation du site marchand permet de vérifier que l’obligation d’information
est respectée :
– en cliquant sur un produit : informations sur les caractéristiques (couleur,
composition, dimension,
poids, etc.), le délai de livraison, le prix et les frais d’expédition (menu
déroulant pour les calculer) ;
– en cliquant sur les CGV (en bas de page) : dans la clause n° 2, identité et
coordonnées du vendeur ;
dans la clause n° 8, mentions relatives au délai de rétractation (délai, modalités
d’exercice).
Remarque : les CGV précisent aussi les modalités de paiement acceptées (carte
bancaire ou PayPal).
Il s’agit également d’une information obligatoire.
32. Comment le contrat se forme-t-il entre les parties ? (Doc. 21 et 22)
Le contrat dématérialisé se forme en deux étapes : un premier clic pour vérifier la
commande (et
éventuellement la corriger), un second clic pour confirmer.
Remarque : le client reçoit ensuite un accusé réception électronique du
cybermarchand.
33. La formation du contrat est-elle plus encadrée que lors d’un achat en
boutique ? Pourquoi ?
(Doc. 21 et 22)
La formation du contrat à distance est plus encadrée afin de permettre au client de
ne pas se tromper et
de prendre conscience de son engagement et, si le produit ne correspond pas à ses
attentes, de le retourner
au vendeur.
34. Quelle faculté légale permet aux clients de retourner les produits
achetés ? Selon quelles
modalités ? (Doc. 23)
Le cyberconsommateur peut retourner les produits achetés en utilisant sa faculté
légale de rétractation.
Celle-ci peut être exercée en informant le professionnel de sa volonté de se
rétracter dans les 14 jours
de la réception du produit (éventuellement en retournant un formulaire disponible
sur le site) et en
renvoyant le produit (au plus tard dans les 14 jours de la notification de sa
décision).
Remarque : le cyberconsommateur obtiendra le remboursement du produit (et des frais
de livraison) dans
les 14 jours de la date à laquelle le vendeur a été informé de la décision du
consommateur.
35. Qui supporte les frais de retour ? (Doc. 23)
En principe, le consommateur renvoie le produit à ses frais.
Remarque : certains professionnels prennent toutefois en charge les frais de retour
(précision dans les
CGV).

© Nathan Chapitre 1 – La
formation du contrat / 11
Allez plus loin ! Quand peut-on se rétracter après un achat ? (p. 15)
1. Lors d’un achat en boutique, le consommateur bénéficie-t-il du droit légal
de rétractation ?
Justifiez.
Non, la loi ne prévoit pas de faculté de rétractation pour un achat en boutique.
Toutefois, le professionnel
peut proposer une offre de type « satisfait ou remboursé ».
2. Quelle est la différence de nature entre le droit de rétractation et la
garantie de conformité ?
Le droit de rétractation profite à tout cyberconsommateur, qui peut l’invoquer même
si le produit acheté
ne présente aucun défaut.
En revanche, la garantie de conformité ne peut être invoquée que si le produit
présente un défaut.

Corrigés des applications


1. Testez vos connaissances (p. 16)
Répondez par vrai ou par faux aux propositions suivantes.
1. Seules les entreprises, et non les 6. La dissimulation par un
contractant d’une
individus, concluent des contrats. information essentielle
peut entraîner la
 Vrai  Faux nullité du contrat.
 Vrai 
Faux
2. L’obligation contractuelle permet au
débiteur d’exiger une prestation du 7. Un contrat contenant des
stipulations illicites
créancier. encourt la nullité
absolue.
 Vrai  Faux  Vrai 
Faux
3. L’offre et l’acceptation sont toujours 8. Un professionnel doit
uniquement informer
expresses. le consommateur sur le
prix du bien ou de la
 Vrai  Faux prestation.
 Vrai 
Faux
4. Un contractant déloyal n’est pas de
bonne foi. 9. Le cyberconsommateur
bénéficie d’un droit
 Vrai  Faux de rétractation pendant 7
jours.
 Vrai 
Faux
5. L’action en nullité doit être intentée dans
les 5 ans de la conclusion du contrat.
 Vrai  Faux

2. Identifier l’obligation de conseil (p. 16)


1. Identifiez le contrat litigieux et qualifiez-en les parties.
Il s’agit d’un contrat de vente conclu entre un vendeur professionnel, la société
Piscine Passion, et un
acheteur, Christophe X.
Remarque : on pourra préciser que le contrat contenait également une prestation de
service : l’installation
de la piscine par le vendeur.
2. En quoi consiste l’obligation de conseil pour son débiteur ?
Le vendeur professionnel est tenu de fournir à son client toute information
déterminante pour son
consentement. En l’espèce, le vendeur aurait dû se renseigner sur les besoins de
l’acheteur afin de lui
indiquer si l’abri était adapté à l’utilisation qu’il comptait en faire.
3. À qui revient-il de prouver le respect de l’obligation de conseil ?
C’est au vendeur professionnel qu’il revient de prouver qu’il a respecté cette
obligation.

12 / Thème 5 – Quel est le rôle du contrat ??


© Nathan
3. Qualifier un contrat et ses parties (p. 17)
1. Qualifiez le contrat, présenté dans le document, et ses parties.
Il s’agit d’un contrat de travail à durée déterminée conclu entre M. Patrick B.,
dirigeant de la société
employeur, et Mme Louisa P., salariée.
2. Ce contrat prévoit-il une prestation ou une abstention ?
Ce contrat prévoit une prestation de travail.
3. Selon vous, comment l’offre et l’acceptation se sont-elles rencontrées ?
On peut supposer que l’employeur a proposé une offre d’emploi (dans un journal, sur
Internet…) et que
cette offre a été acceptée par la salariée lors d’un entretien d’embauche.
4. M. Patrick B. était-il obligé de conclure ce contrat avec Mme Louisa P. ?
Justifiez.
En vertu du principe de la liberté contractuelle, M. Patrick B. est libre de
choisir le cocontractant dont
le profil correspond le mieux au poste à pourvoir.
Remarque : le choix doit toutefois être fondé sur des critères objectifs (non
discriminatoires).

4. Identifier un vice du consentement et sa sanction (p. 17)


1. Qualifiez le contrat conclu par Mmes K… et H… et qualifiez les parties.
Il s’agit d’une promesse bilatérale de vente (dite « compromis ») portant sur un
appartement (bien
immeuble) conclu entre Mme K…, venderesse, et Mme H…, acquéresse.
2. Pourquoi Mme K… agit-elle en justice contre Mme H… ?
Mme K… agit en justice contre Mme H… pour obtenir le paiement du montant de la
clause pénale,
Mme H… ayant refusé de réitérer la vente.
3. La cour d’appel de Grenoble fait-elle droit à la demande de Mme K… ? Pour
quel motif ?
La cour d’appel rejette la demande de la venderesse. Elle affirme que le
consentement de Mme H…,
acquéresse, a été vicié – celle-ci n’ayant pas été informée du comportement de son
voisin de palier – et
qu’en conséquence, le compromis de vente est nul.
4. Expliquez cette solution, validée par la Cour de cassation.
Lors de la formation d’un contrat, le consentement des parties ne doit pas être
vicié.
Le dol est un vice du consentement qui consiste, pour une partie, à tromper
l’autre, provoquant une
erreur notamment sur les qualités essentielles de la prestation.
En l’espèce, Mme H… a conclu un compromis de vente portant sur un appartement, mais
elle n’a pas
été informée avant la signature que le voisin de palier était à l’origine de
troubles de voisinage.
Or, Mme H… ayant été victime d’une agression dans son enfance, elle n’aurait pas
conclu ce compromis
si elle avait su qu’elle ne serait pas en sécurité dans l’appartement acheté.
La cour d’appel, approuvée par la Cour de cassation, estime donc que Mme H… a été
victime d’un dol.
5. Quelle est la conséquence sur le contrat conclu par Mmes K… et H… ?
Le dol entraîne la nullité du compromis de vente.
La clause pénale prévue au compromis pour sanctionner celle des parties qui
refuserait d’exécuter ses
obligations est donc nulle également.
© Nathan Chapitre 1 – La
formation du contrat / 13
5. Distinguer nullité relative et nullité absolue (p. 18)
1. Dans les cas suivants, après avoir qualifié le contrat litigieux, vous
indiquerez quel type de
nullité est encouru et qui peut agir en justice pour la demander.
a. Un candidat se présente à un entretien d’embauche avec un CV falsifié. Il
est embauché :
il s’agit d’un dol (tromperie sur les qualités essentielles :
compétences/expérience) ; l’employeur
peut agir en nullité.
b. Un majeur sous tutelle signe seul un compromis de vente pour
l’acquisition d’un
appartement : incapacité juridique ; le tuteur du majeur peut agir en
nullité.
c. Un professionnel loue un espace commercial pour vendre des espèces
animales protégées :
contenu illicite (but) ; tout intéressé peut agir en justice (voisins,
ministère public).
2. Dans chaque cas, indiquez si l’anéantissement du contrat est rétroactif.
a. Oui, si le salarié n’a pas commencé à travailler. Non, dans le cas
contraire.
b. Oui.
c. Non.
3. La rétroactivité de l’anéantissement a-t-elle un rapport avec le type de
nullité ? Justifiez.
Non, la rétroactivité ne dépend pas du type de nullité mais de la possibilité ou
non de restituer les
prestations reçues.
Lorsqu’il est possible de restituer les prestations reçues, la nullité entraîne un
anéantissement rétroactif.
Par exemple, si une vente est annulée, l’objet de la vente et le prix peuvent être
restitués.
En revanche, si la restitution des prestations est impossible, la nullité n’a pas
d’effet rétroactif. Par
exemple, on ne peut pas « restituer » une prestation de travail qui a été fournie,
ni demander à un
locataire de « rendre » l’usage qu’il a eu d’un appartement pendant quelque temps.

6. Apprécier les conditions de validité d’un contrat (p. 18)


1. Qualifiez le contrat dont il est question dans la situation et identifiez-
en les parties.
Il s’agit d’un contrat de prestation de services (conseils juridiques) entre deux
professionnels : un
consultant et une entreprise cliente.
2. Sur quel fondement le contrat a-t-il été annulé ?
Le contrat a été annulé pour contenu illicite, plus précisément pour « prestations
juridiques illicites ».
Le prestataire n’étant pas avocat, il n’était en effet pas habilité à fournir les
prestations indiquées au
contrat.

7. Se préparer au bac Exploiter les documents juridiques : analyser


un contrat (p. 19)
1. Identifiez le contrat et qualifiez-en les parties.
Il s’agit d’un contrat de vente d’un véhicule entre Étienne Dumas, vendeur, et
Élise Parcay, acquéresse.
2. Comment l’offre s’est-elle manifestée ?
L’offre s’est manifestée par la publication d’une annonce sur le site Leboncoin.fr.
3. Les parties sont-elles juridiquement capables ? Justifiez.
Étienne Dumas et Élise Parcay sont nés respectivement en 1975 et 1995. Ils sont
donc tous deux majeurs.
S’ils ne sont pas placés sous un régime de protection, ils sont juridiquement
capables.
4. Le contenu du contrat est-il valable ? Justifiez.
Pour être valable, un contrat doit :
– contenir des stipulations licites et être conclu dans un but licite ;
– prévoir des prestations déterminées (ou déterminables) ;
– s’il est à titre onéreux, ne pas prévoir de contrepartie dérisoire ou illusoire.

14 / Thème 5 – Quel est le rôle du contrat ??


© Nathan
En l’espèce :
– les stipulations sont licites (absence de clauses contraires à l’ordre public) et
le contrat est conclu dans
un but licite (devenir propriétaire pour l’acquéreur, percevoir une somme d’argent
pour le vendeur) ;
– les prestations (véhicule et prix) sont déterminées ;
– le prix (9 500 €) n’est pas dérisoire.
Le contenu du contrat est donc valable.
5. Élise regrette son achat. Dispose-t-elle d’un recours ? Que peut-elle
espérer obtenir ?
Pour qu’un contrat soit valable, il faut, outre un contenu licite et des parties
capables, que le
consentement des parties n’ait pas été vicié (par l’erreur, le dol ou la violence).
Le dol consiste en une tromperie (par exemple, par des manœuvres) émanant d’une
partie et destinée à
provoquer chez son cocontractant une erreur sur les qualités essentielles de la
prestation, sur sa valeur
ou sur un simple motif du contrat.
La victime d’un dol peut obtenir la nullité du contrat.
En l’espèce, Étienne a vendu à Élise son véhicule après en avoir trafiqué le
compteur kilométrique (ou
fait trafiquer par un tiers) afin de le vendre plus cher. Élise n’aurait pas acheté
le véhicule à ce prix-là si
elle avait su qu’il comptait près du triple du kilométrage indiqué au compteur.
En conclusion, Élise a été victime d’un dol. Elle peut donc agir en nullité de la
vente afin de récupérer
le prix de vente (et de restituer le véhicule). L’action en justice devra être
intentée dans les 5 ans de la
date à laquelle elle a eu connaissance du dol (date à laquelle son garagiste l’a
informée).

Corrigé de la synthèse (p. 20)


1. Qualifier un contrat, ses clauses et ses parties
Un contrat est un accord de volonté entre deux ou plusieurs personnes destiné,
selon ses clauses, à
créer, modifier, transmettre ou éteindre des obligations.
Il se forme par la rencontre d’une offre et d’une acceptation.

2. Apprécier les conditions de validité du contrat


Pour être valable, un contrat doit respecter trois conditions : le consentement des
parties, leur capacité
de contracter, et un contenu licite et certain.
– Le contrat doit respecter les conditions relatives au consentement et à la
capacité des parties : les
parties doivent être juridiquement capables et le consentement doit être exempt de
vices du
consentement : erreur, dol, violence.
Si l’une de ces deux conditions de validité fait défaut, le contrat encourt la
nullité relative.
Outre ces conditions de validité, le code civil impose aux parties d’être de bonne
foi lors de la formation
du contrat et de respecter une obligation d’information ou de conseil.
– Pour être valable, un contrat doit également avoir un contenu licite et certain.
À ce titre, il doit avoir pour objet une prestation présente ou future, possible,
déterminée ou
déterminable.
À défaut de contenu licite, le contrat peut être frappé de nullité absolue.

3. Justifier la protection accrue du consommateur et du cyberconsommateur


Dans le cadre des contrats de vente de biens ou de prestation de services, le
professionnel est soumis à
une obligation d’information du consommateur. Il doit notamment l’informer sur les
caractéristiques
essentielles du bien ou du service et sur son prix.
Lorsque le contrat est conclu à distance, comme un achat en ligne, le vendeur doit
en outre informer le
consommateur qu’il bénéficie d’un droit de rétractation.

© Nathan Chapitre 1 –
La formation du contrat / 15
L’essentiel

1. Le contrat et les principes contractuels


A. Qu’est-ce qu’un contrat ?
Le contrat constitue l’un des rouages essentiels de la vie en société. La vie des
individus est tissée de
contrats. Pour se nourrir, se loger, se vêtir, se déplacer ou encore se soigner,
chacun conclut des contrats
variés : vente, bail, contrat de travail, contrat de transport, etc.
De même, les entreprises concluent de nombreux contrats pour fonctionner,
s’équiper, etc. : prêt,
mandat, crédit-bail, contrat de distribution, etc.
Le contrat est défini comme un accord de volonté entre deux ou plusieurs personnes,
appelées
« parties », destiné, selon ses clauses, à créer, modifier, transmettre ou éteindre
des obligations.
Par « obligations », il faut comprendre un lien de droit entre deux personnes en
vertu duquel l’une
d’elles, le créancier, peut exiger de l’autre, le débiteur, une prestation (payer
un prix, travailler, réaliser
un ouvrage, etc.) ou une abstention (par exemple, dans un contrat de bail
commercial, le bailleur peut
s’engager à ne pas faire concurrence à son locataire commerçant en s’interdisant
d’exploiter un
commerce similaire sur un secteur déterminé au contrat).

B. Les principes fondamentaux du droit des contrats


Selon l’article 1102 du Code civil, chacun est libre de contracter ou de ne pas
contracter, de choisir son
cocontractant et de déterminer le contenu et la forme du contrat dans les limites
fixées par la loi.
Ce principe dit « de la liberté contractuelle » recouvre donc quatre composantes :
liberté de contracter
ou non, liberté de choisir son contractant, liberté de fixer le contenu du contrat,
liberté de choisir la
forme du contrat.
En effet, la forme du contrat est en principe libre. Tous les modes d’expression de
l’accord des volontés
sont donc admis : écrit, bien sûr, mais aussi parole et même geste (le bras levé
dans une vente aux
enchères, par exemple). Ce principe souffre néanmoins plusieurs exceptions (par
exemple, les statuts
d’une société sont obligatoirement établis par écrit).
De même, les autres composantes de la liberté contractuelle sont limitées par des
dispositions légales ou
réglementaires. Le contenu du contrat est librement fixé dans la limite de ce que
la loi autorise (voir
2. Les conditions de validité du contrat et leurs sanctions).
Par ailleurs, l’article 1199 du Code civil dispose : « Le contrat ne crée
d’obligations qu’entre les parties.
Les tiers ne peuvent ni demander l’exécution du contrat, ni se voir contraints de
l’exécuter […]. » Cet
article énonce ce que l’on appelle le principe de l’effet relatif des contrats.

2. Les conditions de validité du contrat et leurs sanctions


A. Les conditions relatives aux parties

a. Les obligations imposées aux parties


Le Code civil impose aux parties des obligations lors de la formation du contrat.
Ainsi, les parties doivent être de bonne foi, c’est-à-dire faire preuve de loyauté
et de coopération.
En outre, lorsqu’une partie connaît une information déterminante pour le
consentement de l’autre que
cette dernière ignore, elle doit l’en informer. Cette obligation d’information
constitue un véritable devoir
de conseil lorsqu’il existe une inégalité de compétences entre les parties, comme
c’est le cas entre un
professionnel et son client.

b. Le consentement
Le consentement représente la rencontre d’une offre et d’une acceptation, l’une et
l’autre pouvant être
expresses ou tacites.

16 / Thème 5 – Quel est le rôle du contrat ??


© Nathan
Mais l’échange des consentements ne suffit pas. Il est indispensable que la volonté
des contractants soit
sans vice, c’est-à-dire qu’elle ne soit entachée d’aucun défaut qui la priverait de
sa pertinence. La loi
prévoit trois vices du consentement :
– l’erreur : seules l’erreur sur un élément essentiel du contrat et l’erreur sur la
personne du cocontractant
(dans le cas d’un contrat avec intuitu personae) sont prises en compte ;
– le dol : erreur provoquée par une tromperie (manœuvre, mensonge ou dissimulation)
de l’autre partie
et qui a joué un rôle déterminant dans la conclusion du contrat ;
– la violence : menace (d’un mal physique ou psychologique) injuste et illégitime
émanant du
cocontractant ou d’un tiers de nature à faire naître un sentiment de crainte.

c. La capacité
Pour conclure valablement un contrat, les parties doivent être dotées de la
capacité juridique, qui peut
se définir comme l’aptitude à être titulaire de droits et à les exercer.
(Voir le manuel de Première, chapitre 6. La capacité et l’incapacité.)

B. Les conditions relatives au contenu du contrat


Le contenu du contrat doit être certain et licite. Cette exigence revêt plusieurs
obligations :
– d’une part, le contrat ne peut déroger à l’ordre public, ni par ses stipulations
(les clauses d’un contrat
écrit), ni par son but (la raison pour laquelle les parties ont contracté) ;
– d’autre part, l’obligation que prévoit le contrat doit avoir pour objet une
prestation présente ou future
(un appartement vendu sur plan, par exemple), possible (une agence de voyages ne
peut pas proposer
un voyage sur Mercure, par exemple), déterminée ou déterminable (c’est-à-dire
qu’elle doit pouvoir être
déduite du contrat ou par référence aux usages ou aux relations antérieures des
parties) ;
– enfin, si le contrat est à titre onéreux, la contrepartie convenue au profit de
celui qui s’engage ne doit
pas être illusoire ou dérisoire.

C. Les sanctions du non-respect des conditions de validité


Si l’une des conditions de validité du contrat fait défaut, la sanction est la
nullité du contrat.
Il existe deux types de nullité dont les conditions de mise en œuvre diffèrent,
mais dont l’effet est unique :
– la nullité relative sanctionne la transgression d’une règle protectrice des
intérêts privés (vices du
consentement, incapacité, par exemple) ;
– la nullité absolue sanctionne la transgression d’une règle protectrice de
l’intérêt général (contenu
illicite, par exemple).
Dans les deux cas, la nullité entraîne la disparition de tous les effets du contrat
avec, si c’est possible,
les restitutions qui en découlent.
Dans tous les cas où l’action en nullité n’est pas limitée à un moindre temps par
une loi particulière, le
délai pour agir en nullité est de 5 ans.
Ce délai court en principe à compter du jour où le titulaire du droit d’agir en
justice a eu ou aurait dû
avoir connaissance de la cause de nullité.
Toutefois, dans certains cas, le point de départ du délai est différent (par
exemple, en cas de violence, le
délai ne court qu’à compter du jour où celle-ci a cessé).

3. La protection accrue du consommateur


et du cyberconsommateur
A. L’information générale
Conçu pour réguler les relations juridiques entre des personnes, le droit des
contrats s’est adapté au
développement de la consommation de masse en imposant au professionnel une
obligation générale
d’information du consommateur.

© Nathan Chapitre 1 –
La formation du contrat / 17
Ainsi, selon le Code de la consommation, avant que le consommateur ne soit lié par
un contrat de vente
de biens ou de prestation de services, le professionnel doit lui communiquer, de
manière lisible et
compréhensible, différentes informations telles que :
– les caractéristiques essentielles du bien ou du service ;
– le prix du bien ou du service et les conditions de la vente ou de l’exécution du
service ;
– en l’absence d’exécution immédiate du contrat, la date ou le délai auquel le
professionnel s’engage à
livrer le bien ou à exécuter le service ;
– les informations relatives à son identité, à ses coordonnées postales,
téléphoniques et électroniques, à
ses activités, etc.
En cas de litige, il appartient au professionnel de prouver qu’il a exécuté ses
obligations.

B. L’information spécifique à l’e-commerce


Le développement du numérique a entraîné la conclusion de contrats de vente par
voie électronique
entre cybermarchands (ou cybervendeurs) et cyberconsommateurs.
Le contrat par voie électronique est un contrat spécifique, l’échange de
consentement étant réalisé à
distance. Ce contrat présente donc des risques. Aussi, le droit de la consommation
a été complété par de
nouvelles obligations à la charge du cybervendeur afin de renforcer la protection
du client. Il s’agit
notamment de la procédure spécifique de conclusion du contrat et de l’existence
d’un droit de
rétractation au profit du cyberconsommateur.
Selon l’article 1127-2 du Code civil, le contrat n’est valablement conclu que si le
destinataire de l’offre
a eu la possibilité de vérifier le détail de sa commande et son prix total, et de
corriger d’éventuelles
erreurs avant de confirmer celle-ci pour exprimer son acceptation définitive. Cette
procédure dite « du
double-clic » est destinée à protéger le cyberacheteur des erreurs de manipulation
(fréquentes lors des
achats en ligne) et de s’assurer qu’il s’engage en parfaite connaissance de cause,
notamment concernant
les frais de port.
Une fois la commande validée par le cyberconsommateur, le cybervendeur doit accuser
réception de la
commande, sans délai et par voie électronique (page apparaissant à l’écran et/ou e-
mail).
Par ailleurs, en raison de la dématérialisation du produit au moment de l’achat en
ligne, il est possible
que le produit acheté ne corresponde pas aux attentes du client, qui s’est
déterminé à partir de photos,
des caractéristiques du produit et des avis d’autres consommateurs.
Il était donc indispensable d’associer aux achats en ligne la possibilité d’une
rétractation. Ainsi, le droit
de rétractation prévu par l’article L221-18 du Code de la consommation permet à
l’acheteur de revenir
sur sa décision d’achat en renvoyant la marchandise afin d’en obtenir le
remboursement (sans pénalités).
Le consommateur doit exercer son droit de rétractation (en informant le
professionnel) au plus tard dans
les 14 jours de la date de réception de la commande.
Selon l’article L221-23 du Code de la consommation, le consommateur ne supporte que
les coûts directs
de renvoi des biens, sauf si le professionnel accepte de les prendre à sa charge ou
s’il a omis d’informer
le consommateur que ces coûts sont à sa charge.

18 / Thème 5 – Quel est le rôle du contrat ??


© Nathan
Ressources numériques
 http://www.legifrance.gouv.fr/
La consultation des « codes en vigueur » sur le site permet d’illustrer la variété
des rapports que le droit
organise.
Il est important que les élèves acquièrent rapidement le réflexe « Légifrance »
afin qu’ils comprennent
que le droit est accessible. Ils pourront être amenés, dans les chapitres suivants,
à utiliser le site pour
une recherche de texte ou de jurisprudence.
Il sera ainsi possible de faire consulter les articles L221-18 et suivants du Code
de la consommation
relatifs au droit de rétractation afin, par exemple, de clarifier les délais
indiqués (délai d’exercice du
droit de rétractation, délai pour retourner les produits, délai de remboursement
par le professionnel).

 http://paris.notaires.fr/fr/les-ventes-aux-encheres/quest-ce-quune-vente-aux-
encheres-
immobiliere – Qu’est-ce qu’une vente aux enchères immobilière ?
Ce site propose une vidéo intitulée « Comment acheter un bien immobilier aux
enchères ». Elle peut
donner lieu à une analyse sur les modalités spécifiques de formation du contrat de
vente aux enchères
d’un bien immobilier.

 https://www.voici.fr/tele/video-affaire-christian-quesada-lex-candidat-des-12-
coups-de-midi-
devra-t-il-rendre-ses-gains-658345
Il est souvent difficile pour les élèves (et, plus généralement, pour les non-
juristes) de faire le lien entre
le droit et un fait d’actualité.
Cette vidéo sur l’affaire « Christian Quesada » permet d’amener les élèves à
s’interroger sur la question
juridique qui se pose pour pouvoir répondre à la question que se posent le public
et les journalistes : le
recordman des 12 Coups de midi devra-t-il rendre les gains remportés ?
On peut donc poser ces questions aux élèves :
– À quelle condition cet homme pourrait-il être condamné à restituer les gains à la
production ?
Réponse : à condition qu’il résulte du contrat que l’absence de condamnation pénale
antérieure du
candidat soit, pour la production, une qualité essentielle du joueur, auquel cas il
pourrait y avoir dol si
le candidat a menti.
– Quel type de nullité serait encouru ?
Réponse : il s’agirait d’une action en nullité relative puisque destinée à protéger
les intérêts de la
production.
On peut également demander aux élèves de rechercher si une décision de justice a
été rendue.

© Nathan Chapitre 1 –
La formation du contrat / 19
20 / Thème 5 – Quel est le rôle du contrat ?? © Nathan
Chapitre 2
L’exécution du contrat

Place du chapitre dans le programme

Thème 5 – Quel est le rôle du contrat ?


Plan du chapitre Capacités
Notions

• Repérer et qualifier les


1. Repérer et qualifier • La force
obligatoire
obligations contractuelles
les obligations contractuelles de chacune des parties. • L’exécution

L’inexécution
des parties • Qualifier une clause
• La clause
abusive
contractuelle.

2. Identifier l’exécution
du contrat et les différents • L’exception
d’inexécution
cas d’inexécution • Identifier les sanctions • La mise en
demeure
applicables en cas d’inexécution • La
résiliation
3. Identifier les sanctions d’un contrat. • La
résolution
applicables en cas • La clause
pénale
d’inexécution d’un contrat

Avant la classe (p. 21)


Quel type de contrat est évoqué dans la vidéo ?
Il s’agit d’un contrat de fourniture de service entre un professionnel (opérateur
téléphonique) et un
consommateur (client), plus précisément d’un contrat d’abonnement téléphonique.
Les opérateurs téléphoniques respectent-ils leurs engagements ?
Non, les opérateurs téléphoniques ne respectent pas leurs engagements puisque,
suite à une panne, ils
n’ont pas fourni le service prévu au contrat (notamment passer et recevoir des
appels sur son téléphone
mobile), et ce pendant plusieurs heures et dans plusieurs régions de France.

© Nathan Thème 5 – Quel est


le rôle du contrat ? / 21
Réponses aux questions sur la (les) situation(s)
1. Repérer et qualifier les obligations contractuelles des parties
(p. 22-23)
1. Qualifiez le contrat proposé par Free dans la situation, en indiquant sa
nature. (Doc. 1 et 2)
Il s’agit d’un contrat d’abonnement téléphonique. C’est un contrat de prestation de
service conclu entre
un professionnel (opérateur) et un consommateur (abonné).
2. Si ce contrat est conclu, identifiez les obligations de chacune des parties.
(Doc. 3)
– Pour le fournisseur : permettre un accès à un service mobile (et à des services
accessoires ou
optionnels), envoyer les factures par e-mail.
– Pour l’abonné : payer les factures, communiquer des informations exactes.
3. Dans les contrats suivants, indiquez les obligations principales des
parties. (Doc. 2)
a. Contrat entre la société Air France et les passagers de ses vols.
Air France : transporter les passagers à destination.
Passagers : payer le prix des billets.
b. Contrat de location de voiture conclu sur OuiCar (location entre
particuliers).
Propriétaire : mettre à disposition un véhicule en bon état.
Utilisateur : payer le prix de la location, restituer le véhicule dans son état
initial.
c. Contrat entre la société EDF et ses clients.
– EDF : fournir le service prévu (fourniture d’énergie).
– Abonnés : payer les factures.
4. Qualifiez le contrat évoqué dans la situation ainsi que ses parties. (Doc.
4)
Il s’agit d’un contrat de prestation d’un service gratuit conclu entre Facebook
(professionnel) et ses
utilisateurs (consommateurs).
5. Dans les cas suivants, indiquez en quoi les clauses sont abusives. (Doc. 4)
a. Clause autorisant Facebook à retirer un contenu sans la permission
explicite de son
auteur :
La clause crée un avantage (droit) sans contrepartie au profit de
Facebook.
b. Clause des conditions générales d’abonnement de Free obligeant le
consommateur à
régler sa facture même si le service est interrompu durant 48 h maximum :
La clause oblige le consommateur à payer alors que Free n’exécute pas son
obligation
(déséquilibre entre les obligations).
c. Clause d’un bail d’habitation autorisant le propriétaire à supprimer,
sans contrepartie
équivalente, des prestations prévues au contrat :
La clause permet au bailleur de ne pas exécuter entièrement son
obligation alors que le
locataire doit payer l’intégralité du loyer (déséquilibre entre les
obligations).

Allez plus loin ! Les clauses abusives de location (p. 23)


1. Quels textes réglementent les clauses abusives dans le bail d’habitation ?
Distinguez-les
selon la qualité du bailleur.
– Pour tout type de bailleurs (professionnels ou particuliers) : la loi du 6
juillet 1989 qui régit les rapports
entre bailleurs et locataires.
– Pour les bailleurs professionnels : le Code de la consommation ; la liste établie
par la Commission des
clauses abusives (ministère de la Consommation).
Remarque : la Commission des clauses abusives est une instance placée auprès du
ministère chargé de
la Consommation, composée de magistrats, d’universitaires, de représentants des
consommateurs et
des professionnels. Elle examine les contrats proposés dans tel ou tel secteur
d’activité et élabore
ensuite des recommandations dans lesquelles elle demande la suppression de ces
clauses.

22 / Chapitre 2 – L’exécution du contrat


© Nathan
2. Quelle est la sanction en présence d’une clause abusive ?
Le bail est valable mais la clause abusive est réputée non écrite, c’est-à-dire
qu’elle ne peut pas être
invoquée par les parties.

2. Identifier l’exécution du contrat et les différents cas


d’inexécution (p. 24-25)
6. Qualifiez le type de contrat, évoqué dans la situation, et ses parties.
(Situation)
Il s’agit d’un contrat d’abonnement téléphonique (prestation de service) entre un
professionnel
(opérateur téléphonique) et un consommateur (abonné, ou utilisateur ou client).
7. Si les conditions de validité du contrat ont bien été respectées lors de sa
formation, quelle
valeur le contrat a-t-il entre les parties ? (Doc. 5)
Selon l’article 1103 du Code civil, le contrat a force de loi entre les parties.
8. Les opérateurs de téléphonie mobile peuvent-ils résilier sans motif les
contrats conclus
avec leurs clients ? Pourquoi ? (Doc. 6)
Le contrat ayant force obligatoire, il ne peut être résilié sans motif par le
professionnel s’il n’y a pas de
consentement mutuel (application du principe énoncé à l’article 1193 du Code
civil).
9. Un client peut-il résilier son contrat sans motif avant l’expiration de
l’abonnement ?
Expliquez. (Doc. 6 et 7)
Oui, en respectant un préavis de 10 jours, à charge pour lui de régler la totalité
des sommes restant dues
jusqu’au terme de la première année, le quart des mensualités restant dues au-delà.
Remarque : c’est là une application de l’exception légale reprise par les
conditions générales de SFR.
10. Quel type d’inexécution du contrat est évoqué dans la situation ? (Doc. 8)
Il s’agit d’une exécution imparfaite.
11. Dans les cas suivants, identifiez le type d’inexécution dont il s’agit.
(Doc. 8)
a. Un transporteur perd un colis confié par un client :
Inexécution totale.
b. Un locataire paye son loyer le 25 du mois alors que le bail prévoit un
paiement le 5 du
mois :
Retard dans l’exécution.
c. Une cliente commande un parfum. À la livraison, le flacon est ébréché et
à moitié vide :
Exécution imparfaite.

Allez plus loin ! La lettre de résiliation de bail (p. 25)


1. Qualifiez le contrat et ses parties.
Il s’agit d’un contrat de location (bail) conclu entre un propriétaire bailleur et
un locataire.
2. À quelles conditions le locataire peut-il mettre fin au bail à tout moment ?
À condition de respecter un préavis (3 mois en principe, parfois 1 mois).
3. Pourquoi la loi prévoit-elle une exception à la force obligatoire au profit
du locataire ?
On ne peut pas interdire à un individu de changer de domicile s’il le souhaite ou
s’il y est contraint (pour
des raisons professionnelles, par exemple).
4. Le bailleur bénéficie-t-il lui aussi d’une exception ? Pourquoi, selon vous
?
Le bailleur ne bénéficie pas d’exception : il ne peut délivrer congé au locataire
qu’à la fin du bail et pour
un motif prévu par la loi (vendre, habiter, pour un motif légitime et sérieux).
Il est légitime qu’un locataire puisse profiter du bien loué tout au long du bail
sans craindre d’être
contraint de chercher un nouveau logement à tout moment.

© Nathan Thème 5 – Quel


est le rôle du contrat ? / 23
3. Identifier les sanctions applicables en cas d’inexécution
d’un contrat (p. 26-27)
12. Quelle sanction le client souhaite-t-il obtenir ? Est-elle prévue au
contrat ? (Doc. 9 et 10)
Le client souhaite obtenir la résiliation du contrat. Cette sanction est prévue par
la « clause résolutoire »
des conditions générales.
13. Quelle sanction suggère l’autre internaute ? Quel est le préalable
nécessaire ? (Doc. 9
et 11)
L’internaute suggère d’invoquer « l’exception d’inexécution » précédée d’une mise
en demeure
adressée à SFR d’exécuter ses obligations (rétablir la ligne). À défaut, le client
peut suspendre son
obligation de payer les factures.
Remarque : en pratique, le client ne peut suspendre lui-même le prélèvement dès
lors qu’il a autorisé
son fournisseur à prélever son compte via un mandat de prélèvement. La mise en
demeure adressée à
SFR permettra au client de demander la résiliation sans frais de l’abonnement si le
problème technique
persiste. Si la ligne est rétablie, le client peut préférer accepter l’exécution
imparfaite de son obligation
par SFR pendant la période concernée et obtenir une réduction de prix sous forme
d’avoir sur les
factures suivantes.
14. Dans les cas suivants, quelle(s) sanction(s) de l’inexécution du contrat
vous semble(nt) la
(les) plus adaptée(s) pour le contractant ? Justifiez. (Doc. 9, 10 et 12)
a. Un client ne paie pas les sommes dues à SFR :
Résolution du contrat par la mise en œuvre de la clause résolutoire
(clause 5.3 des CG).
b. Un maçon n’achève pas les travaux commandés et payés par son client :
Exécution forcée (injonction) ou exception d’inexécution si le montant
des travaux n’est pas
intégralement payé.
Remarque : on peut aussi citer éventuellement la réduction du prix si les travaux
sont bien avancés et
que le client accepte cette exécution imparfaite.
c. Un artiste informe la salle de spectacle qu’il ne pourra pas assurer le
spectacle :
Obtention de dommages-intérêts (il est ici impossible de contraindre
l’artiste à exécuter son
obligation).
d. Le vendeur d’un appartement refuse de signer l’acte notarié alors qu’il
s’est engagé à
vendre le bien à l’acquéreur par la signature du compromis :
Obtention de dommages-intérêts, montant prévu à la clause pénale.
e. L’acquéreur d’un studio acheté sur plan à un promoteur constate des
malfaçons :
Exception d’inexécution si le prix n’est pas intégralement versé ou
réduction de prix, voire
résolution de la vente.
Remarque : dans le cadre d’une vente en l’état futur d’achèvement, le prix est payé
progressivement en
fonction de l’état d’avancement de la construction. Si les travaux sont mal
exécutés et que les malfaçons
empêchent l’utilisation du bien, l’acquéreur ne paye pas le solde du prix dû à la
livraison (il n’y a pas
livraison, c’est-à-dire de remise des clés). En outre, l’acquéreur peut saisir le
tribunal pour obtenir la
résolution de la vente. Si les malfaçons sont mineures, l’acquéreur peut obtenir
une diminution du prix.
15. La clause imposant au salarié une pénalité de 100 € en cas de retard est-
elle valable ?
Pourquoi ? (Doc. 12)
Les clauses pénales étant interdites dans les contrats de travail, cette clause,
qui prévoit une pénalité due
par le salarié qui exécute imparfaitement son obligation principale, n’est pas
valable.

24 / Chapitre 2 – L’exécution du contrat


© Nathan
Allez plus loin ! La mise en demeure (p. 27)
1. Quels sont les deux principaux intérêts de la mise en demeure ?
La mise en demeure est indispensable avant l’action en justice et fait courir les
intérêts de retard.
2. Quel doit être le contenu d’une mise en demeure ?
Le courrier doit préciser qu’il s’agit d’une mise en demeure (dans l’objet, par
exemple).
Il doit également rappeler les faits et indiquer le délai accordé au débiteur pour
s’acquitter de sa dette.
Remarque : rappeler les faits signifie préciser le montant et l’échéance de la
dette.
3. Pourquoi est-il très conseillé de l’adresser par lettre RAR ou acte
d’huissier ?
L’accusé de réception permet de prouver en justice que la mise en demeure a bien
été reçue par le
débiteur à la date indiquée.
Cette date de réception est importante puisqu’elle marque le point de départ du
délai accordé au débiteur
et fait courir les intérêts de retard.
L’acte d’huissier permet également de prouver la date de réception de la mise en
demeure.
Remarque : l’acte d’huissier a une plus grande force probante puisqu’il est
difficilement contestable
en justice, alors qu’un débiteur pourrait prétendre qu’il n’a pas reçu la lettre
RAR et qu’une autre
personne a signé l’avis de réception à sa place.

© Nathan Thème 5 – Quel


est le rôle du contrat ? / 25
Corrigés des applications
1. Testez vos connaissances (p. 28)
Répondez par vrai ou par faux aux propositions suivantes.

1. Le contrat légalement formé fait 5. Plusieurs types de


sanctions existent
naître des obligations à la charge des en cas
d’inexécution du contrat.
parties.  Vrai 
Faux
 Vrai  Faux
6. La mise en demeure
est facultative
2. Les clauses abusives créent un avant d’agir en
justice pour obtenir
déséquilibre significatif entre les l’exécution du
contrat.
obligations des parties.  Vrai 
Faux
 Vrai  Faux
7. La résolution est
une sanction qui
3. Un contrat peut toujours être modifié peut être prévue au
contrat.
ou révoqué par une seule des parties.  Vrai 
Faux
 Vrai  Faux
8. La clause pénale
peut permettre
4. Seule une inexécution totale du d’éviter un recours
en justice pour
contrat par une partie permet à obtenir une
indemnisation en cas
l’autre d’obtenir une sanction. d’inexécution du
contrat.
 Vrai  Faux  Vrai 
Faux

2. Qualifier les obligations contractuelles (p. 28)


1. Qualifiez le contrat et ses parties.
Il s’agit d’un bail commercial conclu entre un propriétaire bailleur et un preneur
(locataire).
2. Repérez et qualifiez les obligations contractuelles de chacune des parties.
– Obligation du bailleur : assurer les grosses réparations.
– Obligations du preneur : exercer l’activité commerciale de bijouterie à
l’exclusion de toute autre,
entretenir les lieux loués (réparations locatives), jouir des lieux en se
conformant à l’usage et au
règlement de l’immeuble, souscrire les assurances nécessaires, ne pas sous-louer
les lieux loués, payer
le loyer et les charges à la date fixée au contrat.
Remarque : on pourra rappeler l’obligation principale du bailleur, présentée dans
le document 2 du
chapitre, qui consiste à permettre au locataire de jouir paisiblement des lieux
loués, comme dans tout
contrat de location.

3. Identifier une clause abusive (p. 29)


1. Qualifiez le contrat et ses parties et identifiez leurs obligations
principales.
Il s’agit d’un contrat de fourniture de service (énergie) conclu entre la société
GDF Suez (devenue Engie)
et un consommateur.
– Obligation principale du professionnel : fournir l’énergie (gaz), c’est-à-dire
assurer le service indiqué
au contrat.
– Obligation du consommateur : régler les factures.
2. Quel est le contenu de la clause dont l’UFC estime qu’elle est abusive ?
Cette clause fixe une pénalité imposée au consommateur en cas de retard de
paiement.
Aucune pénalité similaire n’est prévue à l’encontre de GDF Suez en cas de
manquement à son obligation
de fourniture d’énergie.
Selon l’UFC, il y a donc un déséquilibre entre les obligations du professionnel et
du consommateur.

26 / Chapitre 2 – L’exécution du contrat


© Nathan
3. Pourquoi la cour d’appel ne considère-t-elle pas cette clause comme
abusive ?
La cour d’appel estime que la clause litigieuse n’est pas abusive dès lors, d’une
part, que GDF Suez ne
maîtrise pas le réseau de distribution et subit d’importantes contraintes
techniques, et, d’autre part, que
le montant de la pénalité est modeste.
4. Qu’en pense la Cour de cassation ?
La Cour de cassation n’approuve pas cette position et considère que la clause
imposant une pénalité au
seul consommateur en cas de manquement à ses obligations (retard de paiement) crée
un déséquilibre
significatif entre les obligations des parties au détriment du consommateur.

4. Identifier un cas d’inexécution du contrat et la sanction


applicable (p. 29)
1. Qualifiez le contrat et ses parties.
Il s’agit d’un contrat de prestation de service entre un professionnel
(entrepreneur) et une cliente,
Jacqueline B.
Plus précisément, il s’agit d’un contrat d’entreprise par lequel une personne
charge un entrepreneur
d’exécuter un ouvrage en toute indépendance.
2. Identifiez le type d’inexécution du contrat dont est victime Jacqueline B.
Jacqueline B. a commandé un ouvrage (un mur de clôture) qui n’est pas achevé. Elle
est victime d’une
exécution partielle de son obligation par l’entrepreneur.
3. Identifiez les trois éléments qu’une mise en demeure doit comporter.
La mise en demeure doit :
– enjoindre à l’entrepreneur d’achever son ouvrage ;
– lui accorder un délai pour le faire ;
– préciser qu’à défaut d’exécution volontaire dans le délai précisé, le créancier
saisira la justice pour le
contraindre à l’exécution.
4. À quelle sanction de l’article 1217 du Code civil « l’injonction de faire »
correspond-elle ?
L’injonction de faire est une forme d’exécution forcée.
Remarque : on pourra préciser qu’il est impossible d’obliger un entrepreneur (ou
toute personne) à
effectuer une prestation. L’injonction de faire est donc une mesure de contrainte
qui peut ne pas aboutir.
Le créancier peut donc préférer demander au juge d’être autorisé à faire exécuter
lui-même l’obligation
(en faisant appel à un autre entrepreneur) à la charge du débiteur (qui peut être
condamné par le juge
à avancer les sommes nécessaires à cette exécution).

5. Identifier les sanctions de l’inexécution du contrat (p. 30)


1. Pour quel cas d’inexécution du contrat la société acheteuse agit-elle en
justice pour obtenir
des indemnités ?
La société acheteuse agit en justice contre le promoteur qui n’a pas livré
l’immeuble dans les délais fixés
au contrat de vente (en l’état futur d’achèvement). Il s’agit d’un cas de retard
dans l’exécution.
2. Comment le promoteur se justifie-t-il ? Que réclame-t-il en justice ?
Le promoteur soutient qu’il a tardé à livrer l’immeuble en raison du paiement
tardif du solde du prix par
la société acheteuse.
Il réclame le paiement des indemnités prévues au contrat en cas de retard de
paiement par l’acheteur.
3. Pour quel motif la cour d’appel condamne-t-elle le promoteur à indemniser la
société
acheteuse ?
La cour d’appel condamne le promoteur à indemniser la société acheteuse du retard
de livraison au motif
que les pénalités prévues au contrat en cas de retard de paiement par l’acheteur
interdisent au promoteur
d’opposer à ce dernier l’exception d’inexécution.
La cour d’appel estime donc que les deux sanctions, dommages-intérêts (fixés
contractuellement) et
exception d’inexécution, ne sont pas cumulables.

© Nathan Thème 5 – Quel


est le rôle du contrat ? / 27
4. Que pense la Cour de cassation de cet argument ?
La Cour de cassation condamne cet argument et affirme que la stipulation de
pénalités contractuelles
(clause pénale) en cas de retard de paiement de l’acheteur n’interdit pas au
vendeur (promoteur)
d’invoquer l’exception d’inexécution pour refuser de livrer le bien.
En l’espèce, l’absence de livraison de l’immeuble par le promoteur ne doit pas
s’analyser comme une
exécution tardive mais comme une exception d’inexécution en réponse au retard de
paiement de
l’acheteur. Le promoteur vendeur n’est donc pas fautif.

6. Se préparer au bac Exploiter les documents juridiques :


comprendre la décision de justice (p. 31)
1. Qualifiez le contrat et ses parties.
Il s’agit d’un contrat de vente d’un véhicule (camping-car) conclu entre M. F…,
vendeur, et Mme S…,
acheteuse.
2. Identifiez la principale obligation de chaque partie dans ce type de contrat.
– Obligation principale du vendeur : livrer le bien tel que décrit dans le contrat
(délivrance conforme).
– Obligation principale de l’acheteuse : payer le prix convenu.
3. Expliquez ce que Mme S… reproche à M. F…
Mme S… prétend que le vendeur a manqué à son obligation de délivrance dès lors que
le procès-verbal
de contrôle technique ne lui a pas été remis.
Elle considère que le PV de contrôle technique constitue un accessoire de la chose
vendue visé par
l’article 1615 du Code civil.
4. Identifiez, en les expliquant brièvement, les deux sanctions de
l’inexécution du contrat
réclamées en justice par Mme S…
Mme S… réclame en justice la résolution de la vente. Cette sanction entraîne la
restitution des
prestations fournies par chaque partie : restitution du véhicule par l’acheteuse et
restitution du prix par
le vendeur.
Elle réclame également le paiement de dommages-intérêts en réparation du préjudice
subi.
5. Pour quel motif la cour d’appel rejette-t-elle la demande de Mme S… ?
La cour d’appel considère que l’acheteuse ne rapporte pas la preuve de l’absence de
délivrance du PV
de contrôle technique. Elle considère, au contraire, que la mention « vendu en
l’état » portée sur la carte
grise remise à l’acheteuse, suffit à établir que le PV de contrôle technique a bien
été fourni à Mme S…
(même si celui-ci ne porte pas la mention de sa remise à l’acheteur).
Remarque : on pourra souligner que la Cour de cassation s’en remet ici aux juges du
fond, rappelant
que ces derniers ont un pouvoir souverain dans l’appréciation des faits.

28 / Chapitre 2 – L’exécution du contrat


© Nathan
Corrigé de la synthèse (p. 31)
1. Repérer et qualifier les obligations contractuelles des parties
Un contrat légalement formé crée des obligations contractuelles à la charge des
parties. Les contrats
créent des obligations principales (par exemple, dans un contrat de vente, le
vendeur doit livrer le bien
et l’acheteur payer le prix) et d’autres obligations (par exemple, le vendeur doit
garantir l’acheteur contre
les vices cachés de la chose).
Un contrat doit être exempt de clause abusive : toute clause qui crée un
déséquilibre entre les droits et
obligations des parties est réputée non écrite (c’est-à-dire considérée comme
inexistante).

2. Identifier l’exécution du contrat et les différents cas d’inexécution


L’article 1103 du Code civil dispose que les contrats tiennent lieu de loi à ceux
qui les ont faites. Ce
principe de force obligatoire du contrat oblige donc les parties à exécuter le
contrat et leur interdit de
le modifier ou de le révoquer de manière unilatérale. Il existe toutefois des cas
où la loi autorise les
parties à mettre fin à leurs engagements (par exemple, un salarié peut mettre fin à
un contrat à durée
indéterminée sous certaines conditions).
Le principe de l’effet obligatoire du contrat peut ne pas être respecté par l’une
des parties. On distingue
différents cas d’inexécution du contrat : l’inexécution totale, l’exécution
partielle ou imparfaite, ou
encore le retard dans l’exécution.

3. Identifier les sanctions applicables en cas d’inexécution d’un contrat


Plusieurs sanctions peuvent s’appliquer lorsqu’une partie n’exécute pas ses
obligations : l’exception
d’inexécution (le créancier peut refuser d’exécuter sa propre obligation ou en
suspendre l’exécution),
l’exécution forcée (le créancier peut obtenir une saisie ou une injonction de
faire), la résolution du
contrat (qualifiée de résiliation en l’absence de restitution des prestations
fournies) pouvant résulter de
la mise en œuvre d’une clause résolutoire.
La mise en œuvre d’une sanction doit, en principe, être précédée d’une mise en
demeure adressée par
le créancier à son débiteur afin de lui demander d’exécuter ses obligations dans un
délai précis.
À ces sanctions peuvent s’ajouter le versement de dommages-intérêts en réparation
des conséquences
de l’inexécution, dont le montant est éventuellement fixé au contrat dans une
clause pénale.

© Nathan Thème 5 – Quel


est le rôle du contrat ? / 29
L’essentiel

1. L’exécution et l’inexécution du contrat


A. L’exécution du contrat
Le contrat légalement formé crée des obligations contractuelles à la charge des
parties. Dans les contrats
de même type, on retrouve des obligations identiques. Ainsi, dans les contrats de
vente, le vendeur doit
livrer le bien (remettre la chose vendue ou les clés de l’appartement) tel que
décrit au contrat (c’est la
délivrance conforme), mais également garantir l’acheteur (l’acquéreur) contre les
vices cachés. Quant à
l’acheteur, il doit payer le prix (éventuellement selon des modalités fixées au
contrat : paiement
fractionné, paiement à terme, etc.).
Comme l’énonce l’article 1103 du Code civil, dès lors qu’il respecte les conditions
de formation, le
contrat est la loi des parties.
Ce principe de la force obligatoire du contrat oblige les parties à exécuter leurs
obligations et une partie
ne peut, de sa seule initiative, ni modifier les obligations contractuelles ni
révoquer le contrat.
La loi prévoit cependant un certain nombre d’exceptions.
Ainsi, les contrats à durée indéterminée peuvent, en principe, être résiliés par
les parties sous réserve de
respecter un préavis ou un délai raisonnable. Le contrat de travail à durée
indéterminée peut être rompu
à l’initiative du salarié (démission) à condition de respecter un préavis.
Certains contrats à durée déterminée peuvent également être rompus par l’une des
parties. Cette
exception tient à leur nature. Ainsi, le locataire peut résilier sans motif et à
tout moment le bail
d’habitation qui le lie en principe au bailleur pour 3 ans parce qu’il n’est pas
envisageable d’empêcher
une personne de quitter le logement qu’elle loue parce qu’elle le souhaite ou parce
qu’elle y est
contrainte (par des motifs professionnels, par exemple). Tout au plus, le locataire
doit-il respecter un
préavis (de 3 mois en principe).
Enfin, bien qu’il ne s’agisse pas à proprement parler d’une exception à l’effet
obligatoire du contrat,
précisons ici que n’ont pas à être appliquées (respectées) les clauses qui créent
un déséquilibre entre les
droits et obligations des parties. Ces clauses dites « abusives » sont réputées non
écrites dans les contrats
entre consommateur et professionnel, et dans les contrats entre toute personne
physique ou morale dits
« d’adhésion », caractérisés par un ensemble de clauses non négociables,
déterminées à l’avance par
l’une des parties.

B. Les cas d’inexécution du contrat


Si l’exécution du contrat est la règle, en pratique, l’inexécution est fréquente et
ses manifestations sont
variées. On distingue ainsi trois formes d’inexécution du contrat :
– l’inexécution totale : l’une des parties n’effectue pas la prestation prévue au
contrat ;
– l’exécution partielle ou imparfaite : la prestation fournie n’est pas conforme
aux stipulations
contractuelles ou n’est pas entièrement fournie ;
– le retard dans l’exécution : est fautive la partie qui n’exécute pas ses
obligations dans les délais prévus
au contrat. Dans les contrats entre consommateur et professionnel, lorsque le
contrat n’est pas exécuté
immédiatement, le professionnel doit indiquer une date ou un délai de livraison du
bien ou d’exécution
du service. À défaut de précision au contrat, le professionnel est tenu de
s’exécuter dans les 30 jours de
la conclusion du contrat.

30 / Chapitre 2 – L’exécution du contrat


© Nathan
2. Les sanctions de l’inexécution du contrat
A. Les différentes sanctions
L’article 1217 du Code civil liste les différentes sanctions de l’inexécution et
précise qu’elles peuvent
être cumulées. Le créancier victime d’une inexécution a donc plusieurs options. Il
peut :
– invoquer l’exception d’inexécution, qui consiste à refuser d’exécuter sa propre
obligation ou à en
suspendre l’exécution. Cette attitude, légitimée par le droit, constitue donc une
exception à la règle de
la force obligatoire du contrat. L’inexécution doit toutefois être suffisamment
grave ;
– poursuivre l’exécution forcée en nature, sauf si l’exécution est impossible ou
s’il existe une
disproportion manifeste entre son coût pour le débiteur de bonne foi et son intérêt
pour le créancier. Il
peut aussi faire exécuter lui-même l’obligation, éventuellement après avoir obtenu
du juge une
condamnation du débiteur à avancer les frais de cette exécution ;
– accepter une exécution imparfaite du contrat et, s’il n’a pas encore payé,
solliciter une réduction du
prix. Sa décision de réduire le prix doit être notifiée dans les meilleurs délais
au débiteur, qui doit
accepter la décision par écrit. Si le créancier a déjà payé, la réduction doit être
demandée au juge ;
– opter pour la résolution du contrat entraînant l’anéantissement rétroactif de
celui-ci. Le contrat ne
produit plus d’effets et le créancier qui n’a pas encore exécuté son obligation en
est libéré. La résolution
peut résulter d’une notification au débiteur en cas d’inexécution suffisamment
grave, de la mise en
œuvre d’une clause résolutoire qui précise les engagements dont l’inexécution
entraîne la résolution du
contrat ou d’une décision de justice. Si le juge résout le contrat sans ordonner la
restitution des
prestations déjà exécutées, la résolution est qualifiée de « résiliation ».
L’article 1217 précise que des dommages-intérêts peuvent s’ajouter à ces sanctions
si les conditions de
la responsabilité civile sont remplies (voir chapitre 3). Ils sont dus en cas
d’inexécution du contrat ou de
retard dans l’exécution et correspondent, en principe, à la perte qu’a subie le
créancier et au gain dont il
a été privé. Le montant des dommages-intérêts peut être fixé dans une clause pénale
(aujourd’hui appelée
« clause de stipulation de pénalité »). Dans ce cas, le juge ne peut allouer au
créancier une somme plus
forte ni moindre. Toutefois, il peut modérer ou augmenter la pénalité convenue si
elle est manifestement
excessive ou dérisoire.

B. La mise en demeure, un préalable nécessaire


Dans le cas où le créancier opte pour l’exécution forcée, la réduction du prix par
notification, la
résolution ou le versement de dommages-intérêts (éventuellement par mise en œuvre
de la clause
résolutoire), il doit, en principe, procéder au préalable à une mise en demeure.
Il s’agit de la manifestation officielle du mécontentement du créancier, qui exige
de son débiteur le
respect de ses engagements dans un certain délai. Il est très recommandé d’adresser
cette mise en
demeure par lettre recommandée avec accusé de réception ou par voie d’huissier.

© Nathan Thème 5 – Quel


est le rôle du contrat ? / 31
Ressources numériques
 https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1787
Le site officiel de l’Administration française fournit de nombreuses fiches
pratiques. Afin d’illustrer la
sanction de l’exécution forcée, on peut proposer un travail de recherche sur
l’injonction de faire. On
pourra demander aux élèves un résumé des conditions et effets de la mesure, voire
d’inventer un cas et
de remplir l’imprimé Cerfa disponible en ligne.

 https://www.bfmtv.com/tech/les-jeux-videos-dematerialises-peuvent-aussi-etre-
revendus-d-
occasion-selon-la-justice-1771015.html
Cet article permet d’illustrer un exemple de clauses abusives dans un domaine
familier aux élèves. En
effet, la plateforme d’achat de jeux vidéo Steam a été condamnée pour ses clauses
abusives, notamment
concernant l’interdiction pour ses clients de revendre leurs jeux téléchargés.
On pourra demander aux élèves de présenter la décision du TGI de Paris ainsi que
ses limites juridiques
(le jugement sera-t-il frappé d’appel ? La décision sera-t-elle confirmée par la
Cour de cassation ?) et
ses limites pratiques (les moyens techniques permettent-ils une application de la
décision ?).

 http://www.clauses-abusives.fr/
On pourra demander aux élèves d’effectuer des recherches sur la Commission des
clauses abusives :
missions, composition, décision de justice reconnaissant l’existence d’une clause
abusive.
On pourra également leur demander de choisir une décision de justice et de la
présenter.

 https://exeme-avocats.com/les-dettes-contractuelles/
Cette page permet de faire un lien entre la crise sanitaire de 2020 et l’exécution
des contrats. En effet,
l’épidémie de Covid-19 et le confinement ont rendu difficile, voire impossible
l’exécution de certains
contrats. Le législateur est intervenu afin d’instaurer l’état d’urgence sanitaire.
On pourra demander aux
élèves en quoi l’instauration d’une « période juridiquement protégée » assouplit
les conséquences de la
force obligatoire du contrat.

32 / Chapitre 2 – L’exécution du contrat


© Nathan
Entraînement au bac – Thème 5
Un contrat, ça se respecte… et ça se conteste parfois !

Thème 5 – Quel est le rôle du contrat ?


Capacités
• Qualifier juridiquement un contrat et les parties au contrat.
• Apprécier les conditions de validité d’un contrat dans une situation donnée.
• Identifier les sanctions applicables en cas d’inexécution d’un contrat.

Réponses aux questions sur la situation (p. 33-34)


1. Qualifiez les parties et les faits dans le cas du litige à l’origine de
l’arrêt du 21 novembre
2019 (annexe 2).
Le litige oppose M. M…, l’acquéreur d’un appartement, et la société Akerys
Promotion qui le lui a
vendu.
La cession de l’appartement s’est faite en l’état futur d’achèvement, à partir de
plans et simulations
présentant l’aspect de l’immeuble une fois terminé. Pourtant, après la livraison de
l’appartement et sa
mise en location, M. M… estime qu’il a été trompé sur l’intérêt économique de
l’investissement
réalisé au travers de cet achat car les loyers potentiels lui apparaissent trop
faibles. Il se tourne vers la
justice car il voudrait que ce contrat soit annulé pour dol.
2. Quel est le problème juridique posé par ce litige ?
Dans cette affaire, le problème juridique est celui de la définition des
circonstances et des éléments
constitutifs du dol susceptible de vicier le consentement à l’origine d’un contrat.
3. Quel est le sens de la décision de la Cour de cassation ?
Les juges du droit approuvent l’arrêt rendu par la cour d’appel et rejettent le
pourvoi formé par
l’acquéreur de l’appartement. Ils considèrent que les circonstances de la vente
relevées par les juges du
fond sont étrangères à tout dol, puisqu’elles ne laissent apparaître ni manœuvres,
ni mensonges, ni
même dissimulation intentionnelle de la part du vendeur d’une information
essentielle.
Les éléments concrets mis en avant par la cour d’appel sont la consultation par M.
M… des plans et
simulations présentant l’aspect de l’immeuble achevé, le prix d’acquisition adéquat
pour l’appartement
acheté, pas spécialement luxueux et situé dans une rue du centre-ville d’Épinal,
les descriptifs détaillés
remis avec le projet d’acte authentique, et des informations contenues dans une
brochure publicitaire
sur la ville d’Épinal.
Mais au-delà de ces considérations qui ont convaincu la cour d’appel, la Cour de
cassation énonce un
principe important : en matière de dol, il appartient à celui qui prétend en avoir
été victime d’en
démontrer l’existence et donc d’établir les manœuvres, mensonges ou dissimulation
qui ont vicié son
consentement au contrat.
4. Qualifiez le contrat et les parties dans le litige concernant M. Demir.
L’intervention de
l’agence ANIS a-t-elle des incidences sur le déroulement d’une éventuelle
procédure ?
Le contrat au centre du litige est un contrat de vente immobilière. Il est
intervenu entre M. Demir,
l’acheteur, et l’agence immobilière ANIS représentant la propriétaire venderesse,
Mme Vallée.
M. Demir prétend avoir été victime d’un dol lors de la conclusion de ce contrat.
Le fait que la vente n’ait pas été réalisée directement par la propriétaire de
l’appartement mais par
l’agence immobilière n’empêche pas que le litige oppose la venderesse et
l’acheteur. En effet, l’agence
a représenté Mme Vallée lors de la conclusion du contrat. Les actes juridiques
faits par le représentant
engagent le mandant et sont valablement constitués. De plus, la loi précise que «
le dol est également

© Nathan Entraînement au bac – Un contrat, ça se respecte… et


ça se conteste parfois ! / 33
constitué s’il émane du représentant du contractant » (annexe 1). C’est donc bien
entre les deux parties
que le litige intervient.
5. Sur quel argument M. Demir pense-t-il pouvoir s’appuyer ?
M. Demir a décidé d’acheter l’appartement non pas pour l’habiter mais pour réaliser
un investissement
locatif. Il prétend avoir été encouragé dans cette voie par l’agence immobilière
qui vantait ce type
d’opération par rapport à des placements financiers. Or, selon M. Demir, le loyer
retiré de
l’appartement est très décevant par rapport au montant de l’investissement. Il
pense pouvoir invoquer
un vice du consentement, le dol, à l’origine de son acceptation.
6. Pensez-vous que l’action de M. Demir ait des chances d’aboutir ? Justifiez
votre réponse.
Pour que le dol soit établi, la loi exige que le contractant qui s’en dit victime
fasse la preuve des
éléments constitutifs de ce vice du consentement. Or, dans cette affaire,
l’encouragement à investir
dans l’immobilier pour obtenir un rendement supérieur à celui de placements
financiers n’est pas
mensonger. Le montant de l’investissement, c’est-à-dire le prix de l’appartement,
est objectivement
raisonnable et ne cache aucune manœuvre. Enfin, le décalage entre le rapport
locatif de 3 % et l’espoir
de M. Demir de percevoir 5 à 6 % de son investissement n’est pas le résultat d’une
dissimulation
intentionnelle de la part de l’agence immobilière, mais celui d’une réflexion
insuffisante de l’acheteur.
Il ne semble donc pas possible de retenir l’existence d’un dol.
7. Comment Mme Vallée peut-elle réagir face à la menace de l’acheteur de ne pas
payer le
solde du prix de l’appartement ?
Ne pas payer le solde du prix de l’appartement (la seconde moitié du montant dû)
constitue, de la part
de l’acquéreur, une inexécution fautive de sa principale obligation en tant
qu’acheteur.
La venderesse dispose de moyens juridiques prévus par la loi pour faire sanctionner
cette inexécution
(annexe 3). Il lui suffira peut-être d’en menacer M. Demir pour qu’il change
d’attitude.
En premier lieu, Mme Vallée pourra poursuivre l’exécution forcée en nature de
l’obligation
inexécutée : concrètement, elle demandera en justice la saisie de la somme restant
à payer.
En second lieu, si elle peut établir que l’attitude de M. Demir lui a été
préjudiciable, elle pourra
demander des dommages-intérêts.
Remarque : on ne peut pas penser qu’elle demanderait la résolution du contrat qui
l’obligerait
ensuite à perdre du temps dans la recherche d’un nouvel acquéreur.
8. Quel est le sens de la règle de droit qui se dégage du litige ? En quoi
est-elle au service de
la sécurité des transactions ?
La règle de droit est la suivante : celui qui prétend avoir subi un vice du
consentement, et en particulier
un dol, doit faire la preuve de l’existence de ce vice en se fondant sur des
éléments vérifiables par
les juges.
Cette règle permet de se prémunir des revirements que certains contractants
pourraient opérer après
avoir conclu un contrat dont les termes leur apparaîtraient, après coup, pas si
avantageux qu’ils
l’avaient initialement espéré.

34 / Thème 5 – Quel est le rôle du contrat ?


© Nathan
Chapitre 3
Les responsabilités civile et pénale

Place du chapitre dans le programme

Thème 6 – Qu’est-ce qu’être responsable ?


Plan du chapitre Capacités
Notions
• Distinguer la responsabilité civile • La
responsabilité civile,
et la responsabilité pénale. la
responsabilité pénale
1. Distinguer les différents
• Vérifier les principales conditions • Le fait
générateur
types de responsabilité
d’application des règles relatives • Le dommage
à la responsabilité. • Le lien de
causalité
• Le
préjudice, le dommage
2. Déterminer les dommages • Qualifier les dommages (moral,
matériel, corporel)
et leur réparation juridiquement réparables. • Le
préjudice écologique
• La
réparation
• Qualifier les dommages
3. Déterminer les conditions juridiquement réparables.
de la réparation • Vérifier les principales conditions • La
réparation
du dommage d’application des règles relatives
à la responsabilité.
• Expliquer comment et pourquoi
s’est construit ce système complexe
4. Comprendre le système d’indemnisation au profit
d’indemnisation des victimes. • L’assurance
des victimes • Expliquer comment les risques
encourus sont mutualisés
par le mécanisme de l’assurance.

Avant la classe (p. 35)


Quels sont les dégâts causés par l’incendie de l’usine Lubrizol ?
L’incendie de l’usine a causé des dégâts nombreux et divers : destruction des
usines alentour, pollution
de l’air en raison de la fumée, qui pourrait avoir des conséquences sur la santé
des habitants… Le
confinement nécessaire a conduit à la fermeture des entreprises et à la destruction
des récoltes, ce qui
constitue pour les agriculteurs un dommage économique (perte de chiffre
d’affaires).
Remarque : les textes contenus dans la vidéo contiennent quelques coquilles (« à
meusre » au lieu de
« à mesure », absence de majuscules en début de phrase, « Quincampois » au lieu de
« Quincampoix »)
© Nathan Chapitre 3 – Les
responsabilités civile et pénale / 35
Réponses aux questions sur les situations
1. Distinguer les différents types de responsabilité (p. 36-37)
Quelle responsabilité pourrait être engagée contre les usines Lubrizol et
Normandie
Logistique ? Justifiez votre réponse. (Doc. 1)
Les usines pourraient voir leur responsabilité pénale engagée car elles ont commis
des délits : ce sont
des infractions, c’est-à-dire des actes répréhensibles par la loi.
Quel est l’objectif de cette responsabilité ? (Doc. 1)
La responsabilité pénale a pour but de punir la personne qui a commis une
infraction.
Quel est le tribunal compétent concernant la société Normandie
Logistique ? (Doc. 1)
C’est le tribunal correctionnel qui est compétent puisque les usines ont commis des
délits.
Quel est l’intérêt pour les producteurs de lait d’engager la
responsabilité civile de l’auteur
de l’incendie ? (Doc. 2)
Ils pourront obtenir la réparation des dommages qu’ils ont subis suite à
l’incendie.
À quelles conditions pourront-ils engager cette responsabilité civile ?
(Doc. 2)
Pour engager la responsabilité civile de l’auteur de l’incendie, ils doivent
prouver le fait générateur
(l’incendie), les dommages qu’ils ont subis, et le lien de causalité entre
l’incendie et les dommages.
Quel est alors l’enjeu de déterminer l’origine exacte de l’incendie ? (Doc.
2)
Cela permettra d’identifier le responsable de l’incendie, qui devra réparer les
préjudices.
Les producteurs de lait engageront-ils la responsabilité civile
contractuelle ou
extracontractuelle de l’auteur de l’incendie ? Justifiez votre réponse.
(Doc. 2)
Les producteurs de lait engageront la responsabilité extracontractuelle de l’auteur
de l’incendie car les
dommages ne sont pas dus à une mauvaise exécution d’un contrat. Ils n’étaient pas
liés par un contrat
avec lui.
Remarque : la responsabilité civile extracontractuelle était appelée, jusqu’en
2016, « responsabilité
civile délictuelle ».
Les producteurs de lait n’ont pas pu honorer des livraisons de lait. Quel
type de
responsabilité civile pourrait être engagé contre eux ? (Doc. 2)
Ce serait leur responsabilité contractuelle car ils n’ont pas exécuté les contrats
(les commandes de lait).
Comment les producteurs pourront-ils obtenir réparation des dommages ?
(Doc. 3)
Ils pourront soit engager une action civile, soit se constituer partie civile à
l’action publique au pénal.
Remarque : ces éléments de procédure ont été étudiés en 1re STMG (voir Nathan 1re
STMG, chap. 4).

Allez plus loin ! Qu’est-ce que la non-assistance à personne en danger ?


(p. 37)
1. Qu’est-ce que la non-assistance à personne en danger ?
C’est ne pas porter secours à une personne en situation de détresse.
2. Quels sont les deux éléments constituant la non-assistance à personne en
danger ?
Il faut que la personne en détresse soit face à un péril grave et imminent menaçant
sa vie ou son intégrité
physique et que le témoin, conscient de ce danger, s’abstienne d’intervenir pour
lui porter secours.
3. Quelles responsabilités peuvent être engagées contre la personne qui n’a pas
assisté une
personne en danger ? Justifiez votre réponse.
Cette personne peut voir ses responsabilités civile et pénale engagées car ne pas
porter secours :
– est un acte puni par la loi, c’est donc une infraction qui engage la
responsabilité pénale ;
– cause un dommage à la personne en danger, qui peut en demander réparation sur le
fondement de la
responsabilité civile.

36 / Thème 6 – Qu’est-ce qu’être responsable ?


© Nathan
4. Quelles sanctions peuvent être prononcées contre la personne qui n’a pas
assisté une
personne en danger ?
Sur le terrain pénal, la personne qui n’a pas porté secours peut être condamnée à
une peine pouvant aller
jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende.
Sur le terrain civil, elle peut être condamnée à verser des dommages-intérêts pour
le préjudice qu’elle a
causé à la victime en ne lui portant pas assistance.
Remarque : sur le plan pénal, il s’agit d’un délit car la peine prévue est de l’«
emprisonnement ». S’il
s’agit d’un crime, la privation de liberté se nomme « réclusion criminelle ».
Aucune peine
d’emprisonnement n’est prévue pour les contraventions.

2. Déterminer les dommages et leur réparation (p. 38-39)


10. L’auteur de l’incendie doit-il réparer seulement les dommages causés aux
habitants ?
(Doc. 4)
Non, il doit réparer tous les préjudices qu’il a causés (aux habitants, aux
entreprises et à la nature).
11. Qualifiez chacun des dommages causés par l’incendie (matériel, corporel,
moral). (Doc. 4)
Dommage Dommage
Dommage
Situation
matériel corporel
moral
a. Vertiges et nausées ×
b. Frais médicaux suite aux malaises ×
c. Maisons et jardins couverts de suie ×
d. Destruction des récoltes agricoles ×
e. Chagrin dû à la mort d’un animal de compagnie
×
Remarque : Les frais médicaux peuvent également être classés dans la catégorie des
dommages
matériels.
12. Indiquez, pour chaque dommage, s’il est patrimonial ou extrapatrimonial.
(Doc. 4)
Dommage
Dommage
Situation
patrimonial
extrapatrimonial
a. Vertiges et nausées
×
b. Frais médicaux suite aux malaises ×
c. Maisons et jardins couverts de suie ×
d. Destruction des récoltes agricoles ×
e. Chagrin dû à la mort d’un animal de compagnie
×
13. Quels préjudices écologiques l’incendie a-t-il provoqués ? (Doc. 5)
Le nuage toxique provoqué par l’incendie a causé de nombreux préjudices écologiques
: pollution de
l’air, pollution des sols et des maisons, pollution des eaux, pollution des
végétaux et des récoltes.
14. Quelles sont les deux formes de préjudice écologique prévues par la loi ?
(Doc. 6)
La loi distingue les atteintes aux écosystèmes (pollution des rivières, par
exemple) et les atteintes aux
bénéfices collectifs tirés par l’homme de l’environnement (altération de la qualité
de l’air que l’on
respire, par exemple).
15. Toute atteinte à l’environnement constitue-t-elle un préjudice écologique ?
(Doc. 6)
La loi impose une atteinte « non négligeable », c’est-à-dire une atteinte d’une
certaine gravité.
16. Comment sont réparés les dommages environnementaux ? (Doc. 6)
L’auteur du préjudice écologique est, en principe, condamné à une « réparation en
nature » : il doit
remettre en état le site qu’il a pollué. Si cela est insuffisant ou impossible, il
est condamné à une
« réparation par équivalent » : il doit verser des dommages-intérêts qui
financeront les travaux de
dépollution.

© Nathan Chapitre 3 – Les


responsabilités civile et pénale / 37
Allez plus loin ! Metaleurop : l’État poursuivi pour « préjudice
écologique » (p. 39)
1. Qui a intenté l’action en responsabilité contre l’État ?
L’action a été intentée par la communauté d’agglomération d’Hénin-Carvin (c’est une
collectivité
territoriale qui regroupe plusieurs communes).
2. Quel est le préjudice écologique au cœur de cette affaire ?
L’activité de Metaleurop (qui produisait des produits toxiques tels que le plomb,
le zinc et l’acide
sulfurique) a causé des atteintes non négligeables aux écosystèmes par la pollution
de l’air et des sols.
Il y a aussi des atteintes non négligeables aux bénéfices que l’homme peut tirer de
l’environnement,
puisque la pollution des sols empêche toute activité agricole.
3. Pourquoi l’action est-elle dirigée contre l’État ?
L’action en justice est intentée contre l’État car celui-ci a mal contrôlé
l’entreprise polluante
(Metaleurop) et a autorisé des seuils de pollution trop importants.

3. Déterminer les conditions de la réparation du dommage (p. 40-41)


17. Le dommage subi par les agriculteurs est-il réparable ? Justifiez votre
réponse. (Doc. 7)
La destruction des récoltes agricoles est un dommage réparable car l’intérêt des
agriculteurs est licite
(dommage légitime), le dommage a affecté personnellement les agriculteurs (dommage
personnel), il a
été subi (dommage certain) et il a été causé par l’incendie (dommage direct).
18. Le dommage subi par les habitants, causé par les retombées de suie sur
leurs maisons et
jardins, est-il réparable ? Justifiez votre réponse. (Doc. 7)
Le dommage subi par les retombées de suie est réparable car l’intérêt des habitants
est licite (dommage
légitime), le dommage a affecté personnellement les habitants (dommage personnel),
il a été subi
(dommage certain) et il a été causé par l’incendie (dommage direct).
19. Le risque de maladie liée à l’inhalation de produits toxiques est-il
réparable ? Justifiez
votre réponse. (Doc. 7)
Le risque de maladie est un préjudice pour l’instant simplement éventuel. Ce
dommage n’est donc pas
certain : par conséquent, il ne semble pas, pour le moment, réparable.
Remarque : un nouveau préjudice d’anxiété fait actuellement son apparition (voir
application n° 5).
20. Les problèmes de santé révélés par les analyses sanguines peuvent-ils, à ce
stade, être
réparables ? Justifiez votre réponse. (Doc. 7 et 8)
Pour l’instant, il n’est pas encore prouvé que les problèmes de santé soient la
conséquence de l’incendie.
Ce ne sont donc pas des dommages directs : ils ne sont pas, pour l’instant,
réparables.
21. À quelle catégorie de victimes pourrait-on rattacher les épouses et
époux ? (Doc. 9)
Les épouses et époux des pompiers subiraient indirectement un préjudice du fait
qu’un de leurs proches
(leur conjoint) a souffert d’un dommage : ce seraient donc des victimes par
ricochet.
Remarque : les victimes immédiates peuvent également être dénommées « victimes
directes » et les
victimes par ricochet « victimes indirectes ».
22. Qualifiez le préjudice qui serait subi par les épouses et époux de
pompiers, et vérifiez qu’il
pourrait être réparable. (Doc. 7 et 9)
La perte de revenus serait un dommage matériel. Ce dommage serait légitime (licite)
et personnellement
subi par les conjoints. Ce dommage futur serait certain et causé par l’incendie. Il
serait donc réparable.

38 / Thème 6 – Qu’est-ce qu’être responsable ?


© Nathan
Allez plus loin ! L’indemnisation des victimes indirectes suite à un décès
(p. 41)
1. En cas de décès d’une personne, quels sont les proches qui peuvent obtenir
réparation ?
Les proches d’une personne décédée sont des victimes par ricochet : ils peuvent
donc obtenir réparation
des dommages qu’ils ont subis. Ces proches sont les personnes qui ont un lien de
parenté (enfant,
parent…) ou d’alliance (épouse ou époux), ou qui peuvent prouver un lien affectif
réel (c’est-à-dire un
lien suffisamment fort et des relations extrêmement soutenues) avec le défunt (son
concubin, par
exemple).
2. Listez les dommages subis par les proches et pour lesquels ils peuvent
obtenir réparation.
Il y a deux catégories de dommages pour lesquels les victimes par ricochet peuvent
obtenir réparation.
D’une part, les préjudices patrimoniaux comme les frais d’obsèques, les frais
supportés par les proches
en raison du décès (tels que les frais de transport et d’hébergement) et les pertes
de revenus des proches
sont des dommages matériels réparables.
D’autre part, les victimes indirectes peuvent obtenir réparation de certains
préjudices
extrapatrimoniaux : le préjudice d’accompagnement (dommage lié aux troubles
supportés pour
accompagner une personne jusqu’à son décès) et le préjudice d’affection (la douleur
causée par le décès
d’un proche) sont des dommages moraux qui sont indemnisés.
3. Pourquoi les proches peuvent-ils parfois percevoir l’indemnisation des
préjudices subis
par la victime elle-même ?
Si les proches de la victime sont ses héritiers, ils percevront également
l’indemnisation des préjudices
que la victime a elle-même subis (les souffrances endurées, par exemple) et pour
lesquels elle aurait dû
obtenir réparation.

4. Comprendre le système d’indemnisation des victimes (p. 42-43)


23. À quoi s’engagent l’assuré et l’assureur dans un contrat d’assurance ?
(Doc. 10)
L’assuré verse des cotisations (ou primes d’assurance) à l’assureur et, en
contrepartie, l’assureur lui
versera une indemnisation en cas de survenance du risque couvert par l’assurance.
24. Quel est l’intérêt du mécanisme de l’assurance ? (Doc. 10)
L’assurance permet de partager (mutualiser) les risques. En effet, de nombreux
assurés versent des
cotisations sans qu’ils ne subissent de dommages. Ainsi, les primes versées par ces
derniers permettent
de financer la réparation des dommages subis par l’un des assurés.
25. Quels risques peuvent être couverts par une assurance ? (Doc. 10 et 11)
Les risques couverts peuvent concerner à la fois des dommages qu’une personne a
subis elle-même (sur
son patrimoine ou sa personne) et des dommages qu’elle a causés à d’autres
personnes ou à
l’environnement (« assurance responsabilité civile »).
26. Quels dommages l’incendie a-t-il causés à la société Lubrizol ? (Doc. 11)
À la suite de l’incendie, la société Lubrizol a subi des dommages matériels : ses
pertes (destruction de
l’usine) et le gain manqué (perte de chiffre d’affaires pendant la fermeture du
site).
27. Comment ces dommages seront-ils réparés ? (Doc. 11)
Ces dommages seront indemnisés par l’assureur puisque la société Lubrizol a conclu
un contrat
d’assurance pour couvrir les dommages et pertes d’exploitation.
28. Quel est l’intérêt de l’assurance de responsabilité civile contractée par
la société Lubrizol ?
(Doc. 11)
La société Lubrizol peut voir sa responsabilité civile engagée pour avoir causé des
dommages à des tiers
(les agriculteurs, les habitants…). Ainsi, l’assurance de responsabilité civile
permet la prise en charge
de l’indemnisation par un assureur : la réparation des dommages est ainsi garantie
aux victimes.
29. Comment les préjudices écologiques pourraient être indemnisés par
Lubrizol ? (Doc. 11)
Si la société Lubrizol a conclu un contrat d’assurance de responsabilité civile des
atteintes à
l’environnement, son assureur prendra en charge l’indemnisation des préjudices
écologiques.

© Nathan Chapitre 3 – Les


responsabilités civile et pénale / 39
30. Quel est l’intérêt du FMSE ? (Doc. 12)
Ce fonds de garantie est alimenté par les cotisations versées par les agriculteurs
pour indemniser ceux
qui, parmi eux, sont victimes d’incidents sanitaires ou environnementaux. Il
mutualise ainsi les risques.
31. Pourquoi la société Lubrizol a-t-elle créé un fonds spécial d’indemnisation
? (Doc. 12)
À ce jour, l’origine de l’incendie n’a pas été déterminée. Mais la société Lubrizol
a mis en place et
financé un fonds spécial qui permet de procéder rapidement aux indemnisations.

Allez plus loin ! Qu’est-ce qu’une mutuelle santé ? (p. 43)


1. Quels risques l’assurance maladie obligatoire couvre-t-elle ?
L’assurance maladie obligatoire couvre les dépenses liées à la maladie, à la
maternité et aux accidents.
Toute personne y est affiliée obligatoirement du fait de son activité
professionnelle.
2. Quel est l’intérêt d’une assurance santé complémentaire ?
L’assurance maladie obligatoire ne rembourse pas l’intégralité des frais médicaux.
Or, certains frais
peuvent être importants (une intervention chirurgicale, par exemple). Une partie
reste ainsi à la charge
du patient. L’assurance santé complémentaire (ou « mutuelle santé ») permet de
prendre en charge tout
ou partie de ces frais non couverts par l’assurance maladie obligatoire.
De plus, l’autre intérêt de l’assurance santé complémentaire est de pouvoir adapter
sa protection
médicale à sa situation en choisissant une formule adaptée à ses besoins (par
exemple, prise en charge
de frais d’optique pour une personne portant des lunettes ou des lentilles
correctives).
3. Comment est financée la prise en charge des frais par les assurances santé
complémentaires ?
Les adhérents versent des cotisations à leur assurance santé complémentaire. Ces
cotisations permettent
de financer la prise en charge (en tout ou partie) des frais médicaux non
remboursés par l’assurance
santé obligatoire.
4. L’assurance santé complémentaire est-elle obligatoire ?
Cette assurance n’est pas obligatoire : les personnes y recourent de manière
individuelle si elles le
souhaitent. Elle est cependant recommandée.
Toutefois, un salarié peut devoir y souscrire obligatoirement au moment de
l’embauche si l’employeur
a négocié des contrats d’assurance santé complémentaire.

40 / Thème 6 – Qu’est-ce qu’être responsable ?


© Nathan
Corrigé des applications
1. Testez vos connaissances (p. 44)
Répondez par vrai ou par faux aux propositions suivantes.
1. La responsabilité pénale permet de
7. La réparation prend
toujours la
punir les infractions.
forme de dommages-
intérêts.
 Vrai  Faux  Vrai
 Faux
2. Il suffit de prouver un dommage
8. Un dommage futur
n’est jamais
pour en obtenir réparation.
réparé.
 Vrai  Faux  Vrai
 Faux
3. Se constituer partie civile à un procès
9. La perte d’une
chance peut être
pénal a pour but d’obtenir une
réparée.
réparation.
 Vrai
 Faux
 Vrai  Faux
10. Seule la victime
directe d’un dommage
4. L’atteinte à la vie privée est un
peut obtenir une
indemnisation.
dommage matériel.
 Vrai
 Faux
 Vrai  Faux
11. L’assurance permet
de mutualiser les
5. Les dommages corporels peuvent être
risques entre les
assurés.
patrimoniaux ou extrapatrimoniaux.
 Vrai
 Faux
 Vrai  Faux
6. La douleur physique est un préjudice
réparable.
 Vrai  Faux

2. Comprendre et utiliser le vocabulaire juridique (p. 44)


1. Reformulez les idées suivantes en traduisant en langage courant le terme
juridique qui est
souligné.
a. Toute personne qui a commis une infraction voit sa responsabilité pénale engagée
: toute
personne qui a commis un acte considéré comme punissable par la loi voit sa
responsabilité pénale
engagée.
b. Les dommages extrapatrimoniaux sont réparés : les atteintes aux droits non
évaluables en argent
(droit au respect de sa vie privée, respect de l’intégrité physique, droit à
l’image, droit à l’honneur…)
sont réparées.
c. Pour que le dommage soit réparable, il doit être direct : pour que le dommage
soit réparable, il
doit avoir été causé par le fait générateur.
2. Reformulez les termes soulignés en utilisant le langage juridique.
a. Les proches d’une victime peuvent obtenir la réparation des dommages qu’ils ont
subis : les
victimes par ricochet peuvent obtenir la réparation des dommages qu’elles ont
subis.
b. Le responsable d’un dommage doit verser de l’argent à la victime : le
responsable d’un dommage
doit verser des dommages-intérêts à la victime (« réparation par équivalent »).
c. La victime doit prouver que le dommage la concerne pour obtenir réparation : le
dommage doit
être personnel pour que la victime puisse obtenir réparation.

© Nathan Chapitre 3 – Les


responsabilités civile et pénale / 41
3. Distinguer les différents types de responsabilité (p. 44)
Dans chacun des cas suivants, indiquez la ou les responsabilités engagées
: responsabilité
pénale ? responsabilité civile contractuelle ou extracontractuelle ?
Justifiez votre réponse.
a. Mme Innocent a été victime de l’utilisation frauduleuse de sa carte bleue sur
Internet.
L’auteur de l’utilisation frauduleuse de la carte bleue de Mme Innocent peut voir
sa responsabilité pénale
engagée (utiliser frauduleusement la carte bleue d’une autre personne est une
infraction).
Il pourra voir aussi sa responsabilité civile extracontractuelle engagée pour
réparer les préjudices qu’il
a causés à Mme Innocent, avec laquelle il n’est lié par aucun contrat.
b. Une fuite d’eau dans la salle de bains de M. Étourdi a abîmé le plafond de
l’appartement situé
en dessous.
M. Étourdi n’a commis aucune infraction. En revanche, il a causé un dommage à son
voisin avec lequel
il n’est lié par aucun contrat : sa responsabilité civile extracontractuelle peut
alors être engagée par son
voisin pour obtenir réparation.
c. M. Danger a été contrôlé par la police au volant de sa voiture en état
d’ivresse. Heureusement
qu’il a été arrêté à temps, il n’a causé aucun accident !
M. Danger n’a commis aucun dommage : sa responsabilité civile n’est donc pas
engagée. En revanche,
conduire en état d’ivresse est une infraction : sa responsabilité pénale sera donc
engagée.
d. Mme Évasion a fait un prêt pour faire le tour du monde. Elle n’a pas honoré
plusieurs
remboursements à la banque.
Ne pas rembourser un prêt n’est pas une infraction : donc, la responsabilité pénale
de Mme Évasion ne
sera pas engagée. En revanche, Mme Évasion a causé un préjudice à la banque en ne
remboursant pas.
Elle n’a donc pas respecté le contrat de prêt qui la liait à sa banque : c’est sa
responsabilité civile
contractuelle qui pourra être engagée.

4. Déterminer le préjudice écologique et sa réparation (p. 45)


1. Quels sont les faits à l’origine du litige ?
Des personnes ont pêché illégalement des poissons et crustacés dans un espace
naturel protégé, le Parc
national des Calanques, et les ont revendus à des restaurateurs et des
poissonniers.
2. Sur quelle responsabilité la justice s’est-elle déjà prononcée en juillet
2018 ?
La responsabilité pénale des braconniers, des restaurateurs et des poissonniers a
été engagée devant le
tribunal correctionnel de Marseille car la pêche dans un parc protégé est une
infraction (c’est un délit).
3. Quelle responsabilité est en jeu lors de l’audience du 8 novembre 2019 ?
Le Parc national des Calanques souhaite engager la responsabilité civile des
braconniers, des
restaurateurs et des poissonniers pour obtenir la réparation des préjudices que ces
derniers ont causés.
Ici, il s’agit de la responsabilité civile extracontractuelle car les dommages
subis ne sont pas liés à la
mauvaise exécution d’un contrat.
4. Qualifiez le préjudice invoqué par le Parc national des Calanques.
Le Parc national des Calanques invoque un préjudice écologique : la pêche de
grandes quantités de
poissons, de poulpes et d’oursins constitue une atteinte non négligeable à
l’écosystème marin des
Calanques.
5. Si l’action aboutit, s’agira-t-il d’une réparation en nature ou par
équivalent ?
Le Parc national des Calanques demande 450 000 € de dommages-intérêts : il s’agit
donc d’une
réparation par équivalent. Ces dommages-intérêts serviront à financer des actions
pour restaurer et
protéger le milieu marin.
Remarque : le 6 mars 2020, le tribunal correctionnel de Marseille a condamné les
braconniers au
paiement de 385 000 € de dommages-intérêts.
http://www.calanques-parcnational.fr/fr/actualites/proces-braconnage-decision-de-
justice-historique-
sur-la-reparation-du-prejudice

42 / Thème 6 – Qu’est-ce qu’être responsable ?


© Nathan
5. Qualifier juridiquement le dommage (p. 45)
1. En quoi consiste le préjudice d’anxiété ?
C’est le dommage lié à l’inquiétude de développer une pathologie en raison d’une
activité
professionnelle, ici l’exposition des personnes à l’inhalation d’amiante. La
personne n’est pas malade,
mais subit un dommage lié à la peur de le devenir.
Remarque : ce dommage est devenu réparable suite à des évolutions récentes de la
jurisprudence de la
Cour de cassation. Il est particulier en ce qu’il peut apparaître éventuel et non
certain. Cependant, ce
préjudice ne répare pas les dommages liés à la maladie (qui, elle, est éventuelle)
mais les dommages
liés à l’inquiétude permanente de tomber malade.
À noter également que le préjudice d’anxiété est reconnu sur le fondement de
l’obligation de sécurité,
qui est abordée dans le chapitre 4. Dans sa jurisprudence récente, la Cour de
cassation a étendu le
préjudice d’anxiété au bénéfice de travailleurs exposés à toute substance toxique
ou nocive, autre que
l’amiante (voir les ressources numériques indiquées en fin de corrigé du chapitre).
2. Qualifiez juridiquement le préjudice d’anxiété.
Le préjudice d’anxiété est un préjudice moral, qui appartient à la catégorie des
préjudices
extrapatrimoniaux.

6. Vérifier les principales conditions d’application des règles


relatives à la responsabilité (p. 46)
1. Quels sont les faits à l’origine de l’affaire ?
Sur un réseau social, une journaliste a accusé un homme de l’avoir harcelée
sexuellement. Son message
sur Twitter est devenu viral (#balancetonporc). Or, cette femme ne pouvait pas
prouver les faits à
l’origine de son accusation.
2. Qualifiez juridiquement le dommage subi par Éric Brion.
La diffusion du message sur le réseau social a exposé Éric Brion à la réprobation
sociale : ce préjudice,
moral, est extrapatrimonial car il porte atteinte à son droit à l’honneur.
3. Vérifiez que les conditions d’engagement de la responsabilité civile de
Sandra Muller
étaient réunies en l’espèce.
Pour que la responsabilité civile soit engagée, il faut prouver trois conditions :
un fait générateur, un
dommage et un lien de causalité entre ce fait générateur et le dommage.
Ici, le fait générateur est la diffamation : la journaliste a accusé publiquement
Éric Brion de harcèlement
sexuel sans preuve suffisante, elle a employé des termes virulents (« porc » et «
balance », appelant à la
dénonciation) et a assimilé la victime à un autre cas connu de harcèlement sexuel.
Le dommage subi par Éric Brion est la réprobation sociale. Il a bien été causé par
la diffamation. La
responsabilité civile de la journaliste pouvait donc être engagée.
4. Identifiez et qualifiez les réparations prononcées par le tribunal.
Le tribunal a prononcé deux catégories de réparations : des réparations par
équivalent (octroi de
dommages-intérêts et remboursement des frais d’avocat) et des réparations en nature
(retrait du tweet
litigieux, publication du jugement de condamnation sur le compte Twitter et dans
deux journaux choisis
par la victime).
Remarque : la diffamation est également une infraction qui engage la responsabilité
pénale de son
auteur (https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F32079).

7. Comprendre la mutualisation des risques (p. 46)


1. Quel est le rôle du FGTI ?
Le fonds de garantie a pour rôle de verser les indemnisations aux victimes d’actes
de terrorisme et
d’autres infractions. Il garantit la réparation des dommages corporels et moraux
subis par les victimes
de ces actes. C’est ainsi ce fonds qui assure la réparation des dommages causés
suite aux attentats du
13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis.

© Nathan Chapitre 3 – Les


responsabilités civile et pénale / 43
Quelles victimes peuvent obtenir une indemnisation auprès du FGTI ?
Le FGTI indemnise les victimes immédiates (« blessés physiques » et « blessés
psychiques ») et les
victimes par ricochet (les proches des victimes).
2. En quoi le financement du FGTI permet-il de mutualiser le risque d’actes
terroristes ?
Le FGTI est financé majoritairement par des primes d’assurance versées par tous les
assurés : toute
personne qui conclut un contrat d’assurance verse une contribution au FGTI. Ainsi,
cela permet de
partager le risque d’être victime d’actes de terrorisme ou d’infractions.
Le FGTI peut agir contre les auteurs d’infractions afin d’obtenir le remboursement
des indemnités
versées aux victimes. Ces recours ne participent que de manière marginale au budget
du FGTI. Ce sont
donc les primes versées par les assurés qui permettent de procéder à la réparation
des dommages. Le
FGTI garantit ainsi l’indemnisation même si l’auteur de l’acte de terrorisme ou de
l’infraction n’est pas
en capacité de verser les dommages-intérêts ou s’il n’est pas connu.

8. Se préparer au bac Qualifier juridiquement une situation (p. 47)


1. Identifiez l’ensemble des dommages subis par Vincent et ses proches.
En premier lieu, l’accident de bricolage a causé de nombreux préjudices à Vincent :
– la douleur ressentie ; – la perte de l’étoile
Michelin ;
– les frais médicaux ; – l’impossibilité temporaire
de faire du tennis ;
– la perte de dextérité ; – la perte de niveau en tennis
;
– les pertes de revenus ; – la prise de poids.
En second lieu, l’accident a causé un préjudice à son épouse et ses enfants,
victimes par ricochet, à
savoir la perte de revenus pour la famille.
2. Qualifiez juridiquement chacun de ces dommages.
Dommages subis par Vincent
La douleur ressentie (souffrance physique) Dommage corporel Dommage
extrapatrimonial
Dommage corporel Dommage
patrimonial
Les frais médicaux
ou dommage matériel
La perte de dextérité Dommage corporel Dommage
extrapatrimonial
La perte de revenus (fermeture du restaurant)
Dommage matériel Dommage
patrimonial
= gain manqué
La perte de l’étoile Michelin = perte subie Dommage matériel Dommage
patrimonial
L’impossibilité temporaire de faire du tennis Préjudice d’agrément
Dommage
extrapatrimonial
et la perte du niveau en tennis Dommage corporel
La prise de poids Dommage corporel Dommage
extrapatrimonial
Dommage subi par les proches de Vincent
La perte de revenus Dommage matériel Dommage
patrimonial
Remarque : le préjudice d’agrément et le préjudice esthétique sont parfois classés
dans la catégorie
des préjudices moraux. Les frais médicaux peuvent être classés dans la catégorie
des dommages
matériels.
3. Identifiez, parmi tous les dommages invoqués par Vincent, ceux qui sont
juridiquement
réparables et ceux qui ne le sont pas. Justifiez votre réponse en vous
appuyant sur vos
connaissances et les documents.
Pour être réparable, un dommage doit revêtir plusieurs caractères : il doit être
légitime (l’intérêt de la
victime doit être licite et juridiquement protégé), personnel (le dommage doit
avoir été subi par la
victime immédiate ou par ricochet), certain (il doit avoir été subi et ne pas être
simplement éventuel) et,
enfin, direct (c’est-à-dire causé par le fait générateur).
Dans cette affaire, plusieurs dommages nécessitent une étude approfondie.

44 / Thème 6 – Qu’est-ce qu’être responsable ?


© Nathan
• Le préjudice d’agrément
Il est admis depuis longtemps que la perte d’un plaisir de la vie (ici, le tennis)
est un dommage réparable.
La privation de ce plaisir est indemnisée, qu’elle soit définitive ou temporaire.
La Cour de cassation a
récemment jugé que la limitation de la pratique antérieure relève également du
préjudice d’agrément.
En l’espèce, Vincent a certes pu reprendre le tennis, mais il pourra obtenir
réparation pour la privation
temporaire du plaisir d’y jouer. De plus, il pourra également invoquer la perte de
son niveau antérieur à
l’accident, car elle constitue une limitation de sa pratique antérieure de ce sport
(classement en
compétition).
• La perte de l’étoile au Guide Michelin
Pour être réparable, le dommage doit être certain. Il doit avoir été subi et ne pas
être simplement
éventuel. En l’espèce, la perte de l’étoile au Guide Michelin peut apparaître
éventuelle et non certaine.
En effet, rien ne garantit que, même si l’accident n’avait pas eu lieu, Vincent
aurait conservé son étoile
Michelin. La perte de l’étoile n’est donc pas un dommage réparable.
Toutefois, en droit, la perte de chance est indemnisée. La perte de chance est la
disparition de la
probabilité qu’un événement favorable puisse se réaliser. Il faut cependant que la
chance perdue soit
réelle et sérieuse, c’est-à-dire qu’il soit réaliste que la victime ait pu
bénéficier de la survenance de cet
événement favorable.
En l’espèce, Vincent bénéficiait depuis 5 ans de son étoile au Guide Michelin : la
chance perdue de la
conserver est donc réelle et sérieuse et pourra être indemnisée.
Remarque : le montant de la réparation de la perte de chance ne peut pas
correspondre à l’intégralité
de l’avantage perdu (ici, la perte de l’étoile). L’évaluation de la perte de chance
ne sera qu’un
pourcentage de cet avantage perdu.
• La prise de poids
Pour être réparable, le dommage doit être direct, c’est-à-dire qu’il doit avoir été
directement causé par
le fait générateur de responsabilité.
Dans ce dossier, le lien de causalité entre le fait générateur (l’accident de
bricolage) et le dommage
invoqué par Vincent (la prise de poids) n’est pas direct. La prise de poids
pourrait avoir été causée par
d’autres événements (une mauvaise alimentation, une maladie, etc.). Elle ne sera
pas, par conséquent,
un préjudice réparable.
Les autres dommages subis par la victime immédiate (Vincent) ou par les victimes
par ricochet (l’épouse
et les enfants) satisfont les conditions rappelées auparavant : ils sont légitimes,
personnels, certains et
causés par l’accident de bricolage. Ils sont donc réparables.

© Nathan Chapitre 3 – Les


responsabilités civile et pénale / 45
Corrigé de la synthèse (p. 48)

1. Distinguer les différents types de responsabilité


La responsabilité pénale d’une personne est engagée si celle-ci a commis une
infraction : elle est alors
condamnée à une peine car l’objectif de cette responsabilité est de punir. La
responsabilité civile a pour
but la réparation : toute personne qui a causé un dommage à une autre personne doit
le réparer.

2. Déterminer les dommages et leur réparation


Il existe le dommage matériel (atteinte aux biens d’une personne), le dommage
corporel (atteinte à
son intégrité physique) et le dommage moral (dommage immatériel). Le préjudice
écologique permet
de réparer toute atteinte non négligeable à l’environnement du fait de l’homme.

3. Déterminer les conditions de la réparation du dommage


Pour être réparable, le dommage doit être direct (causé par le fait générateur),
certain (et non
simplement éventuel) et légitime (l’intérêt de la victime doit être licite). Il
doit être personnel, c’est-à-
dire subi par la victime elle-même (victime immédiate) ou par ses proches (victimes
par ricochet).
La réparation peut se faire en nature (réaliser les actes nécessaires pour remettre
la victime dans sa
situation initiale) ou par équivalent (verser des dommages-intérêts).

4. Comprendre le système d’indemnisation des victimes


L’assurance permet de mutualiser les risques de dommages : si la victime est
assurée, son assureur lui
versera une indemnisation en contrepartie des primes d’assurance qu’elle a versées.
Il existe également des fonds de garantie qui garantissent l’indemnisation des
victimes quand le
responsable du dommage n’est pas identifié ou s’il n’est pas solvable.

46 / Thème 6 – Qu’est-ce qu’être responsable ?


© Nathan
L’essentiel

1. Les différents types de responsabilité


Les responsabilités pénale et civile se distinguent tant du point de vue de leur
objectif que de leurs
conditions d’engagement.

A. La responsabilité pénale
Lorsqu’une personne a commis une infraction, c’est-à-dire un acte considéré comme
répréhensible par
la loi, sa responsabilité pénale est engagée devant les tribunaux répressifs. Le
juge pénal, après avoir
caractérisé l’infraction (contravention, délit ou crime), prononce une peine. Le
but de la responsabilité
pénale est ainsi de punir la personne et de sanctionner l’atteinte à l’ordre
public.

B. La responsabilité civile
La responsabilité civile a pour objectif la réparation des dommages. Toute personne
qui, par son fait, a
causé un dommage à autrui doit le réparer. Pour engager la responsabilité civile
d’une personne, il faut
donc prouver trois conditions : un fait générateur (le fait à l’origine du
dommage), un dommage et un
lien de causalité entre le fait générateur et le dommage.
Lorsque le dommage résulte de l’inexécution d’un contrat ou de sa mauvaise
exécution, la responsabilité
civile est contractuelle. Dans les autres cas (dommages ne résultant pas d’un
problème d’exécution d’un
contrat), la responsabilité civile engagée est extracontractuelle.

C. La conjugaison des responsabilités civile et pénale


Il existe des situations où une personne engage à la fois sa responsabilité civile
et sa responsabilité
pénale : tel est le cas lorsqu’une personne cause un dommage à une autre personne
et que le fait
générateur de la responsabilité civile est également une infraction.
L’action publique est l’action en justice visant à engager la responsabilité pénale
de la personne ; l’action
civile, quant à elle, vise à déterminer sa responsabilité civile. Pour obtenir
réparation, la victime peut
choisir entre intenter une action civile devant les tribunaux judiciaires ou se
constituer partie civile
auprès du juge pénal chargé d’instruire l’action publique.

2. La réparation des dommages


A. La classification des dommages
Toute personne qui engage sa responsabilité civile doit réparer l’intégralité des
dommages qu’elle a
causés. Il est donc nécessaire de déterminer, et donc de classer, tous les
préjudices qui ont été causés à
une personne. On distingue les dommages matériels (c’est-à-dire les atteintes aux
biens d’une personne,
qu’il s’agisse d’une perte subie ou d’un gain manqué), les dommages corporels
(toute atteinte à
l’intégrité physique d’une personne) et les dommages moraux (dommages de nature
immatérielle, tels
que le préjudice d’affection).
Les préjudices peuvent être classés différemment : aux dommages patrimoniaux
(préjudices résultant
d’une atteinte au patrimoine d’une personne) s’opposent les dommages
extrapatrimoniaux (préjudices
résultant d’une atteinte à un droit extrapatrimonial – droit à l’honneur, au
respect de la vie privée).
Les dommages corporels peuvent être patrimoniaux (frais médicaux, par exemple) et
extrapatrimoniaux
(douleur ressentie, préjudice d’agrément…).
La préservation de l’environnement étant devenue un impératif, la loi a reconnu
récemment le préjudice
écologique : toute atteinte importante aux écosystèmes ou aux bénéfices tirés par
l’homme de la nature
doit être réparée par le responsable.

© Nathan Chapitre 3 – Les


responsabilités civile et pénale / 47
B. Les conditions de la réparation
Tout dommage n’est pas automatiquement réparable : plusieurs conditions doivent
être réunies.
Tout d’abord, le dommage doit être légitime : cela signifie que l’intérêt de la
victime est licite et qu’il
est juridiquement protégé. Les demandes de réparation contraires à la loi, à
l’ordre public ou aux bonnes
mœurs sont ainsi rejetées (telles que la réparation de la perte de produits volés).
Ensuite, le dommage doit être personnel, c’est-à-dire que seules peuvent obtenir
une réparation les
personnes qui ont subi un dommage. On distingue les victimes immédiates (qui ont
subi directement le
dommage) et les victimes par ricochet (qui ont subi un dommage parce que l’un de
leurs proches a subi
un dommage).
De plus, le dommage doit être certain : un préjudice simplement éventuel ou
hypothétique n’est pas
réparé. Le dommage doit avoir été subi, mais un dommage futur peut être certain
lorsqu’il est la
prolongation logique du dommage actuel (par exemple, l’assistance médicale dont
aura besoin la victime
d’un accident souffrant d’un handicap). La perte de chance est également un
préjudice indemnisable, à
condition que la chance perdue soit réelle et sérieuse.
Enfin, le dommage doit être direct, c’est-à-dire avoir été directement causé par le
fait générateur de la
responsabilité.

C. Les modalités de la réparation


Une fois les conditions de la responsabilité civile réunies, le juge se prononce
sur la réparation à laquelle
aura droit la victime. Deux types de réparation coexistent :
– la réparation en nature, qui vise à remettre la victime dans l’état dans lequel
elle se trouvait initialement
(réparation matérielle, suppression d’un message diffamatoire sur un réseau
social…) ;
– la réparation par équivalent, c’est-à-dire le versement de dommages-intérêts.

3. Les systèmes d’indemnisation des victimes


La réparation des dommages par la responsabilité civile nécessite que l’auteur du
dommage soit identifié
et que les conditions d’engagement soient prouvées. Cela peut retarder la
réparation du dommage. C’est
la raison pour laquelle ont été mis en place des mécanismes d’indemnisation des
victimes, qui permettent
de mutualiser les risques de survenance de dommages.

A. L’assurance
Le mécanisme de l’assurance est le premier outil de mutualisation des risques : les
assurés versent des
primes d’assurance à l’assureur qui, en contrepartie, s’engage à indemniser les
sinistres couverts en cas
de réalisation d’un dommage. Les assurés acceptent donc de verser des cotisations
même s’ils ne
subissent aucun risque. L’assurance peut couvrir les risques supportés par l’assuré
lui-même (dommages
subis dans sa personne ou sur ses biens) et les dommages que l’assuré a causés à un
tiers (« assurance
de responsabilité civile »).

B. Les fonds de garantie


Les fonds de garantie sont des mécanismes qui permettent de garantir
l’indemnisation des victimes alors
même que le responsable du dommage n’est pas identifié ou qu’il n’est pas solvable
(c’est-à-dire dans
l’incapacité de verser les dommages-intérêts). Ils peuvent être mis en place par
une entreprise (tels que
le fonds spécial constitué par la société Lubrizol suite à l’incendie de son site à
Rouen), par un secteur
d’activité (par exemple, le Fonds national agricole de mutualisation du risque
sanitaire et
environnemental – FMSE – qui couvre les incidents sanitaires et environnementaux
subis par les
agriculteurs) ou par la loi (par exemple, le Fonds de garantie des victimes des
actes de terrorisme et
d’autres infractions – FGTI).

48 / Thème 6 – Qu’est-ce qu’être responsable ?


© Nathan
Ressources numériques
 https://solidarites-sante.gouv.fr/ministere/acteurs/partenaires/article/
nomenclature-des-
postes-de-prejudices-rapport-de-m-dintilhac
Ce lien permet d’accéder à la « nomenclature Dintilhac », qui répertorie tous les
préjudices induits par
un dommage corporel, et dont peuvent se prévaloir les victimes immédiates et les
victimes par ricochet.
Cette nomenclature, utilisée par les juges et les avocats, définit chaque type de
préjudice (voir les
pages 30 à 46 du rapport qui peut être téléchargé depuis le lien indiqué ci-
dessus).

 https://www.juritravail.com/Actualite/indemnisation-prajudice/Id/225691
 https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A13368
Ces ressources permettent de faire travailler le préjudice sexuel à partir de
décisions récentes de la Cour
de cassation.

 https://www.actualitesdudroit.fr/browse/social/sante-securite-et-temps-de-
travail/23417/la-
reparation-du-prejudice-d-anxiete-elargie-a-d-autres-substances-que-l-amiante
 https://www.youtube.com/watch?v=RfhuDile7Ps
Ces ressources permettent de faire étudier l’extension du préjudice d’anxiété à
d’autres substances que
l’amiante (en prolongement de l’activité n° 5).

 https://www.lepoint.fr/editos-du-point/laurence-neuer/eco-anxiete-est-ce-au-juge-
de-definir-
la-politique-environnementale-24-07-2019-2326396_56.php#
Cet article en libre accès développe l’apparition d’un nouveau préjudice, « l’éco-
anxiété », en lien avec
le préjudice écologique.

 https://www.youtube.com/watch?v=EMQ3fNyMxBE
 https://www.youtube.com/watch?v=Z0IPxLcD_fA
Ces vidéos permettent de faire travailler le mécanisme de la protection sociale en
France, en lien avec
la capacité relative à la compréhension de la mutualisation des risques.

© Nathan Chapitre 3 – Les


responsabilités civile et pénale / 49
50 / Thème 6 – Qu’est-ce qu’être responsable ? © Nathan
Chapitre 4
Les régimes de responsabilité civile

Place du chapitre dans le programme

Thème 6 – Qu’est-ce qu’être responsable ?


Plan du chapitre Capacités
Notions
• L’obligation
de moyens,
l’obligation
de résultat
• L’obligation
de sécurité
1. Appliquer les règles Au sein de chaque partie, •
L’exonération
relatives à la responsabilité consacrée à un régime spécifique • La cause
étrangère
civile contractuelle de responsabilité, les trois • La force
majeure
capacités suivantes sont • Le fait ou
la faute d’un tiers
travaillées : • Le fait ou
la faute
de la victime
2. Appliquer les règles • Analyser et qualifier les faits
relatives à la responsabilité pour identifier le ou les régimes • La faute
extracontractuelle du fait de responsabilité applicables • Le fait
personnel
personnel (régimes spéciaux, responsabilité
contractuelle et extracontractuelle).
3. Appliquer les règles
relatives à la responsabilité
• Appliquer les règles relatives aux • Le fait
d’autrui
extracontractuelle du fait
conditions de la responsabilité pour
d’autrui
chacun des régimes
4. Appliquer les règles de responsabilité dans des
relatives à la réparation situations concrètes de dommages. • Le fait des
choses
des dommages causés • Les produits
défectueux
par les biens • Apprécier les moyens
5. Appliquer les règles d’exonération.
relatives à l’indemnisation
• L’accident
de la circulation
des victimes d’accidents
de la circulation

Les clauses de limitation et d’exonération de responsabilité sont travaillées dans


l’application n° 4. La
responsabilité du fait des animaux est traitée dans l’application n° 5.
L’application n° 6 permet de faire
travailler l’accident de travail. Enfin, la ruine des bâtiments n’est pas traitée
dans ce chapitre : des
ressources sont proposées dans la dernière rubrique (« Ressources numériques »).

Avant la classe (p. 49)


Quelles sont toutes les causes du déraillement du train ?
Le déraillement du train dans une gare en 2015 a eu de nombreuses causes : le
camion bloqué sur le
passage à niveau, l’alerte tardive par l’agent de la SNCF transmise à l’agent de
circulation pour que
celui informe le conducteur du train et enfin, l’absence de recrutement d’un agent
de la circulation par
la SNCF. Dans cette affaire, seule la responsabilité du conducteur du camion a été
retenue.

© Nathan Chapitre 4 – Les régimes de


responsabilité civile / 51
Réponses aux questions sur la (les) situation(s)
1. Appliquer les règles relatives à la responsabilité civile
contractuelle (p. 50-51)
1. Pourquoi est-ce important de savoir que Mme X… était munie d’un billet ?
(Doc. 1)
Le billet de train est la preuve de l’existence d’un contrat de transport entre Mme
X… et la SNCF :
l’action en justice intentée par Mme X… est donc fondée sur la responsabilité
civile contractuelle.
2. Quelle est l’obligation non respectée par la SNCF ? Expliquez votre réponse.
(Doc. 2)
Mme X… a subi un dommage corporel pendant le trajet de train : la SNCF a manqué à
son obligation
de sécurité, qui lui impose d’amener sains et saufs tous ses passagers à
destination.
3. Cette obligation est-elle de moyens ou de résultat ? Justifiez votre
réponse. (Doc. 2 et 3)
C’est une obligation de résultat car la SNCF s’engage à un résultat. Le fait de ne
pas arriver sain et
sauf à destination est un manquement à cette obligation, même si aucune faute
particulière n’est
établie.
4. Indiquez si les obligations suivantes sont de moyens ou de résultat. (Doc.
3)
a. L’obligation d’un avocat de défendre son client à un procès :
Obligation de moyens.
b. L’obligation d’un emprunteur de rembourser un prêt :
Obligation de résultat.
5. Qu’invoque la SNCF pour s’exonérer de sa responsabilité ? (Doc. 4)
La SNCF invoque la faute de la victime (l’imprudence de Mme X… d’avoir laissé ses
doigts sur la
porte).
6. Pourquoi la SNCF ne peut-elle pas invoquer ici la force majeure ? (Doc. 4)
L’écrasement du pouce dans une porte automatique n’est ni irrésistible (la SNCF
aurait pu éviter sa
survenance) ni extérieur (la porte automatique est un équipement des trains
appartenant à la SNCF).
7. Pourquoi la Cour de cassation remet-elle en cause l’arrêt de la cour d’appel
? (Doc. 4)
La Cour de cassation reproche à la cour d’appel de ne pas avoir pris en compte la
faute de la victime,
qui est une des causes d’exonération de la responsabilité contractuelle.
8. La SNCF pourra-t-elle obtenir une exonération totale ou partielle de sa
responsabilité ?
Justifiez votre réponse. (Doc. 4)
Le fait de la victime ne remplit pas ici les conditions de la force majeure (il
n’est ni irrésistible ni
extérieur). Mais comme il s’agit d’une faute, la SNCF pourra obtenir une
exonération partielle.

Allez plus loin ! L’obligation de ponctualité de la SNCF est une obligation


de résultat (p. 51)
1. Quels sont les faits de l’affaire ?
En raison du retard important de son train, un voyageur a dû prendre un taxi pour
arriver à destination.
2. À quelle obligation la SNCF a-t-elle manqué, selon le voyageur ?
Le retard du train constituait, pour le voyageur, un manquement à l’obligation de
ponctualité (arriver à
l’heure) à laquelle est tenue la SNCF.
3. Pourquoi, selon le juge de proximité, la SNCF n’engageait-elle pas sa
responsabilité ?
Selon le juge de proximité, le voyageur aurait dû prouver une faute de la SNCF pour
engager la
responsabilité civile contractuelle de la SNCF et obtenir ainsi réparation.

52 / Thème 6 – Qu’est-ce qu’être responsable ?


© Nathan
4. Expliquez pourquoi la Cour de cassation casse la décision du juge de
proximité.
La Cour de cassation casse le jugement rendu par le juge de proximité car
l’obligation de ponctualité
est une obligation de résultat : le simple fait de ne pas arriver à l’heure
constitue une inexécution du
contrat de transport, même si aucune faute particulière ne peut être reprochée à la
SNCF. Seule la
preuve d’une cause étrangère aurait permis à la SNCF de s’exonérer de sa
responsabilité.

2. Appliquer les règles relatives à la responsabilité


extracontractuelle du fait personnel (p. 52-53)
9. Pourquoi l’action est-elle ici fondée sur la responsabilité
extracontractuelle ? (Doc. 5)
Il n’y a pas de contrat entre le piéton et la victime. Le dommage n’est pas lié à
l’inexécution d’un
contrat.
10. Retrouvez les trois conditions qui ont permis d’engager la responsabilité
du piéton.
(Doc. 5)
Le piéton a commis une faute (marcher sur la route), le motocycliste a subi des
dommages corporels,
et ces dommages ont été causés par la faute du piéton. Les trois conditions sont
ainsi réunies.
11. Qualifiez le type de faute qui a été commise par le piéton. Justifiez.
(Doc. 6)
Le piéton a commis une faute par imprudence (il n’avait pas la volonté de causer un
dommage). C’est
une faute par commission puisqu’il marchait sur la route et non sur le trottoir.
12. Comment le juge a-t-il apprécié le comportement du piéton pour
caractériser une faute
de sa part ? (Doc. 6)
Il a comparé son comportement à celui qu’aurait eu une personne raisonnable dans la
même situation.
13. Par quel(s) moyen(s) le piéton pourrait-il s’exonérer de sa
responsabilité ? (Doc. 7)
Le piéton pourrait remettre en cause le lien de causalité en prouvant que les
dommages subis par la
victime sont dus à une cause étrangère (force majeure, fait de la victime, fait
d’un tiers).
14. Pourquoi l’action est-elle ici fondée sur la responsabilité
extracontractuelle ? (Doc. 5)
Il n’y a pas de contrat entre les skieurs. Le dommage n’est pas lié à l’inexécution
d’un contrat.
15. Quelle faute invoquait le second skieur ? (Doc. 6)
La faute invoquée est la faute par imprudence et par commission (s’arrêter sur les
pistes de ski).
16. La skieuse a-t-elle commis une faute, selon la Cour de cassation ?
Pourquoi ? (Doc. 6)
Pour la Cour de cassation, la skieuse n’a pas commis de faute car elle a respecté
les règles de
stationnement sur les pistes de ski.
Remarque : la faute en matière sportive est appréciée de manière spécifique par
rapport à la faute
civile. Pour qu’une faute sportive soit reconnue, la Cour de cassation exige la
preuve d’une faute
caractérisée par une violation des règles du jeu. Il faut une faute intentionnelle.
En effet, les sportifs
acceptent une prise de risque en pratiquant un sport.
17. Pourquoi le responsable de l’accident n’est-il pas le skieur qui a perdu
son bâton ?
(Doc. 7)
Plusieurs faits ont conduit à l’accident (la perte du bâton et le stationnement sur
la piste). Mais le juge
retient le fait qui a directement causé le dommage (ici, le stationnement sur la
piste de ski).

Allez plus loin ! Une femme condamnée pour injures racistes (p. 53)
1. Quels sont les faits reprochés à la prévenue ?
Elle a proféré des insultes à caractère raciste à l’encontre d’un agent de
sécurité.
2. Quelles sont les condamnations prononcées par le tribunal ?
Le tribunal correctionnel punit la prévenue en la condamnant à une amende, à un
stage de citoyenneté
et au paiement de dommages-intérêts à la victime.

© Nathan Chapitre 4 – Les régimes


de responsabilité civile / 53
3. Au regard de ces condamnations, qualifiez les types de responsabilités
engagées à
l’encontre de la prévenue.
La responsabilité pénale de la prévenue est engagée puisque certaines condamnations
sont des peines
(sanctions pénales). Sa responsabilité civile est également mise en jeu puisqu’elle
doit réparer le
préjudice (ici, moral) qu’elle a causé à la victime (sanction civile).
Remarque : le tribunal compétent est le tribunal correctionnel. On pourra en faire
déduire par les
élèves que proférer des insultes racistes constitue un délit.
4. Déterminez le régime de responsabilité civile qui est ici engagé. Justifiez
votre réponse.
Le dommage subi par la victime n’est pas dû à la mauvaise exécution d’un contrat.
C’est donc la
responsabilité civile extracontractuelle qui est engagée. Dans cette affaire, le
dommage est dû à une
faute (les insultes racistes). Le régime ici en œuvre est la responsabilité civile
extracontractuelle du fait
personnel, fondée sur la faute.
Remarque : il est possible de faire qualifier le type de faute par les élèves :
c’est une faute volontaire
par commission.

3. Appliquer les règles relatives à la responsabilité


extracontractuelle du fait d’autrui (p. 54-55)
18. Pourquoi les parents d’Edelweiss sont-ils responsables dans cette affaire ?
(Doc. 8)
Les parents sont responsables des dommages causés par leur enfant. Ici, le dommage
a été causé par
Edelweiss, enfant mineur qui vit avec ses parents. Ces derniers sont donc
responsables.
19. Malika devait-elle prouver qu’Edelweiss avait commis une faute ? Justifiez.
(Doc. 8)
Non, la responsabilité des parents est engagée même si l’enfant n’a pas commis de
faute.
Remarque : la responsabilité des parents est engagée sitôt que leur enfant a commis
un fait, fautif ou
non, qui a causé un dommage à autrui.
20. Malika a-t-elle obtenu la réparation intégrale de son préjudice ?
Pourquoi ? (Doc. 10)
Non, car les parents ont bénéficié d’une exonération partielle en invoquant la
faute de la victime. Malika
a commis une faute (ne pas adapter sa trajectoire) qui a participé à la survenance
des dommages.
21. Les parents auraient-ils pu s’exonérer de leur responsabilité en prouvant
qu’ils n’ont pas
commis de faute ? Justifiez. (Doc. 10)
Non, la responsabilité des parents du fait de leur enfant est une responsabilité de
plein droit. Elle est
engagée même si les parents n’ont commis aucune faute de surveillance de leur
enfant.
Remarque : il faut bien distinguer dans cette responsabilité les deux fautes qui
pourraient être
invoquées (celle de l’enfant et celle des parents). Dans ce régime, aucune des deux
ne peut permettre
aux parents d’être exonérés de leur responsabilité.
22. Pourquoi l’association est-elle considérée comme le « gardien » du joueur ?
(Doc. 9)
L’association exerce des pouvoirs de direction, de contrôle et d’autorité sur les
joueurs. En effet, elle
organise, dirige et contrôle leur activité dans le cadre des compétitions de
football qu’elle organise.
23. Retrouvez en l’espèce les trois conditions d’engagement de la
responsabilité du fait
d’autrui. (Doc. 9)
L’association (gardien) est responsable du fait du joueur (gardé) car ce dernier a
commis une faute
(agression physique) qui a entraîné (lien de causalité) un dommage à la victime
(blessures physiques).
24. L’association Afa Football aurait-elle pu s’exonérer de sa responsabilité
en prouvant
qu’elle n’avait pas commis de faute ? Pourquoi ? (Doc. 10)
Non, car la responsabilité du fait d’autrui est une responsabilité de plein droit.
Elle est engagée même
si le gardien (ici, l’association) n’a pas commis de faute.
Remarque : il faut bien distinguer dans cette responsabilité les deux fautes (celle
du gardien et celle
du gardé). Une faute du gardé est nécessaire pour engager la responsabilité du
gardien ; en revanche,
le gardien ne peut pas s’exonérer de sa responsabilité en prouvant qu’il n’a lui-
même commis aucune
faute.

54 / Thème 6 – Qu’est-ce qu’être responsable ?


© Nathan
Allez plus loin ! Responsabilité en cas de divorce (p. 55)
1. Quels sont les faits de l’affaire ?
Un enfant mineur a mis le feu à une bâche, qui a provoqué un incendie et détruit un
gymnase.
2. Expliquez pourquoi la victime a agi contre les parents pour obtenir
réparation.
Les parents sont responsables des dommages causés par leur enfant. C’est un cas de
responsabilité du
fait d’autrui prévu par la loi.
3. Quel(s) parent(s) a (ont) été condamné(s) par la cour d’appel ?
La cour d’appel a retenu l’engagement de la responsabilité des deux parents car ils
exercent
conjointement l’autorité parentale.
4. Pourquoi, selon la Cour de cassation, la mère est-elle seule responsable ?
La Cour de cassation ne retient que la responsabilité de la mère en s’appuyant sur
l’article du Code
civil. La responsabilité des parents du fait de leur enfant n’est engagée que si
deux conditions sont
réunies : l’exercice de l’autorité parentale et la résidence de l’enfant chez le(s)
parent(s). Puisque la
résidence de l’enfant est fixée chez la mère, seule la mère réunit les deux
conditions.
Remarque : la ressource précise que la responsabilité du père peut être engagée
s’il est prouvé qu’il
a commis une faute. Sa responsabilité n’est plus de plein droit.
La responsabilité des parents du fait de leurs enfants est organisée au sein de
l’article 1384 alinéa 4
du Code civil (devenu l’article 1242 alinéa 4).

4. Appliquer les règles relatives à la réparation des dommages


causés par les biens (p. 56-57)
25. Quelle est la chose qui a entraîné le dommage dans cette affaire ? (Doc. 11)
C’est le train de la SNCF qui entrait en gare qui a été l’instrument du dommage.
26. Pourquoi la SNCF est-elle considérée comme le gardien de cette chose ?
(Doc. 11)
La SNCF est le gardien car elle exerce les pouvoirs d’usage, de direction et de
contrôle sur ses trains.
27. Les proches de la victime ont-ils eu besoin de prouver le rôle actif de la
chose ? (Doc. 11)
Il faut prouver que la chose a été l’instrument du dommage, c’est-à-dire qu’elle a
eu un rôle actif. Ici,
la victime a été en contact avec le train, en mouvement : le rôle actif du train
est donc présumé.
28. Doit-on prouver une faute de la SNCF pour engager sa responsabilité du fait
des
choses ? (Doc. 12)
Non, c’est une responsabilité de plein droit : la victime n’a pas à prouver une
faute de la part du
gardien.
29. Pourquoi la SNCF est-elle exonérée de toute responsabilité ? (Doc. 12)
L’accident a été causé par l’agression de la victime par un tiers, ce qui est un
cas de force majeure.
Remarque : cette question peut être l’occasion de faire réviser les conditions de
la force majeure
(événement imprévisible, irrésistible et extérieur). Cet arrêt de la Cour de
cassation illustre un cas de
faute d’un tiers, c’est-à-dire d’une cause étrangère, revêtant les conditions de la
force majeure.
30. Quelle responsabilité est ici engagée contre les sociétés Airbus et Artus ?
(Doc. 13)
En tant que producteurs, ces sociétés engagent leur responsabilité du fait des
produits défectueux.
Remarque : dans ce régime spécifique d’indemnisation, l’existence ou non d’un
contrat entre le
producteur et la victime est indifférente pour son application.
31. Retrouvez les conditions d’engagement des responsabilités d’Airbus et
d’Artus dans
cette affaire. (Doc. 13)
Les décès ont été causés par la défectuosité des produits fabriqués par ces
sociétés. Ils ont porté
atteinte à la sécurité à laquelle les passagers pouvaient légitimement s’attendre.
Remarque : il serait pertinent d’insister sur le fait que cette responsabilité ne
se fonde pas sur l’idée
de faute. La défectuosité du produit est appréciée objectivement, sans recourir à
l’idée de faute.

© Nathan Chapitre 4 – Les régimes de


responsabilité civile / 55
32. Pourquoi les fautes de la compagnie aérienne et de l’équipage n’exonèrent-
elles ni
Airbus ni Artus ? (Doc. 13)
En matière de responsabilité du fait des produits défectueux, le fait d’un tiers
(la compagnie et les
membres de l’équipage) n’exonère pas les producteurs. La loi fixe des cas
d’exonération spécifiques.
Remarque : l’article 1245-10 du Code civil cite ces cas d’exonération. On peut
citer des exemples :
– le producteur établit qu’il n’a pas mis le produit en circulation ;
– le produit n’était pas destiné à la vente ;
– l’état des connaissances scientifiques et techniques ne permettait pas de déceler
l’existence du défaut.

Allez plus loin ! La batterie d’un téléphone prend feu lors d’un vol (p. 57)
Remarque : les références des articles du Code civil indiquées dans la ressource
numérique sont
erronées : article 1245 au lieu de l’article 1289, article 1245-5 au lieu de
l’article 1293 et
article 1245-3 au lieu de l’article 1292.
1. Quels sont les faits à l’origine de l’affaire ?
Une batterie de smartphone, appartenant à un passager dans un avion, a pris feu.
2. Quel est le régime de responsabilité applicable dans cette affaire ?
L’action est intentée ici sur le fondement de la responsabilité du fait des
produits défectueux.
3. Pourquoi est-il important de déterminer le fabricant du téléphone en cause ?
La responsabilité du fait des produits défectueux pèse sur le fabricant de l’objet
en cause : dans cette
affaire, une enquête est en cours pour savoir si c’est la société Samsung ou un
sous-traitant chinois qui
a fabriqué la batterie en cause. La détermination du fabricant permettra
d’identifier le responsable qui
devra indemniser la victime.
4. À quelles conditions la victime pourra-t-elle engager la responsabilité du
fabricant ?
Pour engager la responsabilité du fait des produits défectueux, la victime doit
prouver que le défaut du
produit (le téléphone n’offrait pas la sécurité à laquelle elle pouvait
légitimement s’attendre) lui a
causé un dommage.

5. Appliquer les règles relatives à l’indemnisation des victimes


d’accidents de la circulation (p. 58-59)
33. Que garantit la loi du 5 juillet 1985 aux victimes de l’accident ? (Doc.
14)
L’objectif de la loi Badinter est de garantir la réparation des dommages subis par
les victimes
d’accident.
34. Retrouvez, dans cette affaire, les conditions d’application de la loi de
1985. (Doc. 14)
Le régime d’indemnisation des accidents automobiles s’applique dans cette affaire
car les trois
conditions sont réunies : une voiture (véhicule terrestre à moteur) a eu un rôle
(implication du VTM)
dans l’accident qui a eu lieu sur une voie de bus (il s’agit donc d’un accident de
la circulation).
35. Quels sont les dommages qui seront réparés ? (Doc. 15)
La loi Badinter permet une indemnisation intégrale des dommages corporels.
Remarque : la loi Badinter prévoit un autre régime pour la réparation des dommages
matériels. Pour
ces derniers, la loi ne distingue pas selon que la victime est conductrice ou non.
De plus, le
responsable peut invoquer la force majeure ou le fait d’un tiers pour s’exonérer de
sa responsabilité,
contrairement à la réparation des dommages corporels.
36. Si les victimes sont assimilées à des piétons, leur faute aura-t-elle une
incidence ?
(Doc. 15)
Dans ce cas, le responsable peut s’exonérer de sa responsabilité si l’accident est
dû uniquement à une
faute inexcusable de la victime. Ici, la faute n’est pas inexcusable et n’est pas
la seule cause de
l’accident.

56 / Thème 6 – Qu’est-ce qu’être responsable ?


© Nathan
Remarque : la loi Badinter prévoit un régime encore plus protecteur pour certaines
victimes (de
moins de 16 ans, de plus de 70 ans, ou souffrant d’une invalidité permanente ou
d’une incapacité de
+ 80 %) : ces victimes sont systématiquement indemnisées, sauf si elles ont
recherché volontairement
le dommage (ce qui vise, en pratique, l’hypothèse du suicide).
37. Si les victimes sont assimilées à des conducteurs, leur faute aura-t-elle
une incidence ?
(Doc. 15)
Dans ce cas, la faute des victimes (rouler à deux sur une trottinette) est prise en
compte. Comme cette
faute a contribué en partie à l’accident, le conducteur de la voiture peut être
exonéré partiellement.
38. Le conducteur peut-il invoquer un cas de force majeure pour être exonéré ?
(Doc. 15)
La loi Badinter prévoit un régime spécifique d’indemnisation pour garantir la
réparation des
dommages corporels : le conducteur ne peut pas invoquer la force majeure pour être
exonéré.
39. Le conducteur a-t-il le droit de ne pas assurer son véhicule ? (Doc. 16)
Non, tout conducteur a l’obligation légale d’assurer son véhicule.
40. Qui prendra en charge l’indemnisation des dommages dans cette affaire ?
(Doc. 16)
Puisque le conducteur n’est pas assuré, c’est le Fonds de garantie des assurances
obligatoires qui
versera les dommages-intérêts. Les risques sont mutualisés car le FGAO est financé
par tous les
assurés.

Allez plus loin ! Voiture autonome : le conducteur va-t-il disparaître ? (p. 59)
1. En fonction de quel critère les voitures autonomes sont-elles classées ?
Il existe six niveaux (de 0 à 5) de classement des voitures autonomes, en fonction
du degré de
perfectionnement de la conduite par un système informatique (nombre de fonctions
autonomes,
capacité du logiciel de conduite à effectuer simultanément plusieurs tâches,
voiture totalement
automatisée sans conducteur…).
2. La loi de 1985 vous paraît-elle adaptée pour les voitures totalement
autonomes ?
Pourquoi ?
La loi de 1985 fait peser la charge de l’indemnisation des accidents de la
circulation sur le conducteur.
Or, pour les voitures totalement autonomes (car entièrement automatisées), il n’y a
plus de conducteur.
Quand ces voitures seront commercialisées, il faudra adapter la législation pour
déterminer qui sera
responsable en cas d’accident : l’utilisateur du véhicule ? son propriétaire ? son
concepteur ? son
producteur ? son vendeur ?…
Remarque : il pourrait être intéressant de voir si les élèves sont capables
d’envisager la mise en
œuvre d’autres régimes existants, tels que la responsabilité du fait des produits
défectueux, en cas
d’accident causé par une défaillance du système de conduite autonome.
3. Le conducteur d’une voiture autonome pourra-t-il considérer ne plus engager
sa
responsabilité civile en cas d’accident ? Justifiez votre réponse.
Pour l’instant, à défaut de voitures totalement autonomes, le conducteur reste
responsable de son
véhicule car les systèmes de conduite autonomes actuels nécessitent que le
conducteur puisse, à tout
moment, réagir et reprendre la main sur la conduite. En cas d’accident, c’est sa
responsabilité civile
qui est donc engagée, sur le fondement de la loi Badinter.

© Nathan Chapitre 4 – Les régimes de


responsabilité civile / 57
Corrigé des applications
1. Testez vos connaissances (p. 60)
Répondez par vrai ou par faux aux propositions suivantes.

1. Le débiteur dans un contrat s’engage 6. Les parents sont


responsables même
toujours à parvenir à un résultat. en l’absence de
faute de l’enfant.
 Vrai  Faux  Vrai 
Faux
2. Un cas de force majeure peut 7. Seul le
propriétaire est responsable
exonérer un débiteur dans un contrat. des dommages causés
par une chose.
 Vrai  Faux  Vrai 
Faux
3. La preuve d’une faute suffit à engager 8. La responsabilité
du fait des choses
la responsabilité du fait personnel. est une
responsabilité sans faute.
 Vrai  Faux  Vrai 
Faux
4. Seule une faute volontaire engage 9. Les accidents de
circulation relèvent
la responsabilité du fait personnel. d’un régime
spécifique d’indemnisation.
 Vrai  Faux  Vrai 
Faux
5. Les parents sont responsables des 10. Les victimes
conductrices sont
dommages causés par leur enfant. mieux protégées
que les victimes non
 Vrai  Faux conductrices.
 Vrai 
Faux

2. Identifier le régime de responsabilité applicable (p. 60)


1. Quels sont les faits à l’origine de l’affaire ?
Un passager, muni d’un billet, se trompe de train. En descendant du train qui
démarrait, il se blesse.
2. Pourquoi la cour d’appel a-t-elle retenu la responsabilité contractuelle de
la SNCF ?
Pour la cour d’appel, l’action intentée par le passager contre la SNCF est fondée
sur la responsabilité
contractuelle car le passager était titulaire d’un abonnement régulier : ainsi, la
victime et la SNCF
étaient liées par un contrat de transport.
Selon elle, la SNCF engage donc sa responsabilité contractuelle pour avoir manqué à
son obligation de
sécurité puisque le passager s’est blessé.
3. Pourquoi la Cour de cassation casse-t-elle l’arrêt d’appel ?
Pour la Cour de cassation, l’action en justice ne peut pas être fondée sur la
responsabilité contractuelle
(la cour d’appel l’a appliquée par « fausse application »). En effet, l’accident
n’est pas survenu dans le
cadre de l’exécution du contrat conclu entre la SNCF et la victime, puisque celle-
ci s’est trompée
de train.
4. Quel est le régime de responsabilité qui peut être ici engagé contre la
SNCF ?
La Cour de cassation invite à retenir un régime de responsabilité civile
extracontractuelle pour que la
question de la réparation des dommages subis par la victime soit étudiée.
Ici, une chose (le train) est intervenue dans la réalisation du dommage : le régime
applicable est donc
celui de la responsabilité du fait des choses.
Remarque : la référence à ce régime se déduit également du visa, par la Cour de
cassation, à
l’article 1384 al. 1 du Code civil, devenu l’article 1242 al. 1.

58 / Thème 6 – Qu’est-ce qu’être responsable ?


© Nathan
3. Appliquer les règles relatives à la responsabilité contractuelle
(p. 61)
1. Expliquez pourquoi ces affaires relèvent de la responsabilité
contractuelle.
Il existe un contrat entre le skieur (qui emprunte les télésièges ou les remonte-
pentes) et l’exploitant de
la station : en effet, le skieur a acheté un forfait.
Transportant les skieurs en haut des pistes, l’exploitant de la station est tenu à
une obligation de
sécurité.
2. Quel critère détermine si l’obligation de sécurité est de résultat ou de
moyens ?
L’attitude active ou passive du skieur, créancier de l’obligation de sécurité,
détermine l’intensité de
l’obligation de sécurité : lorsqu’il a une certaine liberté d’action, l’obligation
de sécurité est de
moyens ; lorsqu’il n’en a aucune, elle est de résultat.
3. Présentez, sous forme de schéma, les solutions de la Cour de cassation.
Intensité de l’obligation de sécurité
Télésiège

Remonte-pente
Embarquement Trajet Débarquement
Obligation de moyens Obligation de résultat Obligation de moyens
Obligation de moyens
4. Quelle est la principale incidence, pour le créancier de l’obligation de
sécurité, que celle-
ci soit de résultat ou de moyens ?
En cas de blessure lors de l’utilisation d’une remontée mécanique, le skieur
(créancier de l’obligation
de sécurité) souhaitera engager la responsabilité civile contractuelle de
l’exploitant de la station en
invoquant un manquement à l’obligation de sécurité.
Si celle-ci est de résultat, la simple preuve de la blessure lors de l’utilisation
d’une remontée
mécanique suffit à prouver que l’exploitant n’a pas exécuté son obligation de
sécurité. Aucune faute
particulière n’est à prouver.
À l’inverse, si l’obligation de sécurité est de moyens, le skieur doit prouver que
l’exploitant de la
station a commis une faute, c’est-à-dire qu’il n’a pas mis en œuvre tous les moyens
nécessaires pour
assurer la sécurité des skieurs.

4. Analyser les faits pour déterminer le régime applicable (p. 61)


1. Sur quel fondement Salima doit-elle agir pour obtenir réparation de son
préjudice ?
Salima est liée par un contrat de transport avec la SNCF. Pour obtenir réparation,
elle doit donc agir
sur le fondement de la responsabilité civile contractuelle.
2. Qualifiez les clauses aménageant la responsabilité de la SNCF.
Dans ses conditions générales de vente, la SNCF aménage la mise en œuvre de sa
responsabilité en
stipulant deux clauses :
– une clause exonératoire de responsabilité : elle n’est pas responsable de la
perte des bagages à main ;
– une clause limitative de responsabilité : si la perte des bagages à main est due
à une faute de la
SNCF, alors sa responsabilité peut être engagée, mais le montant des dommages-
intérêts qu’elle devra
verser est plafonné à 360 €.
3. Si Salima parvient à prouver une faute, pourra-t-elle obtenir le
remboursement des trois
places de concert ?
Si Salima parvient à prouver une faute, elle peut engager la responsabilité civile
contractuelle de la
SNCF puisque, dans ce cas, la clause exonératoire de responsabilité ne s’applique
pas.
La question se pose alors de savoir si Salima peut obtenir le remboursement des
trois places de
concert, d’un montant total de 450 €.
L’article 1231-3 du Code civil prévoit qu’en cas de mise en jeu de la
responsabilité civile
contractuelle, le débiteur n’est redevable que des dommages-intérêts prévisibles au
moment de la
conclusion du contrat.

© Nathan Chapitre 4 – Les régimes de


responsabilité civile / 59
Dans cette affaire, lorsque Salima et ses amis ont acheté leurs billets de train,
la SNCF ne connaissait
pas la raison de leur voyage (assister à un concert). Ce n’est pas un dommage
réparable car il n’était
pas prévu (et ne pouvait pas l’être) au moment de la conclusion du contrat.
Le dommage réparable est la valeur de son sac, avec application du plafond
d’indemnisation stipulé
dans la clause limitative de responsabilité si cette valeur dépasse 360 €.
Remarque : cette limitation de la réparation aux seuls dommages prévisibles n’est
applicable qu’en
matière contractuelle. Elle ne s’applique pas en matière de responsabilité civile
extracontractuelle.
De même, en matière contractuelle, la limitation aux seuls dommages prévisibles ne
s’applique pas en
cas de faute intentionnelle (« faute dolosive ») ou particulièrement grave (« faute
lourde ») commise
par le débiteur : dans ces cas, tous les dommages sont réparés.

5. Appliquer les règles de la responsabilité du fait des animaux


(p. 62)
1. Quels sont les faits à l’origine du litige ? Qu’a obtenu la victime ?
Une cavalière a chuté quand son cheval s’est cabré à la vue de l’arrivée soudaine
et brusque de deux
chiens, non tenus en laisse.
La cavalière, blessée suite à sa chute, a obtenu une indemnisation versée par les
propriétaires des
chiens et leurs assureurs, en réparation du préjudice subi.
2. Quel est l’argument des propriétaires des chiens dans leur pourvoi en
cassation ?
Les propriétaires des chiens contestent l’engagement de leur responsabilité : leurs
chiens n’étant pas
entrés en contact avec les chevaux, ils n’ont pas joué de rôle actif dans la
survenance du dommage.
3. Expliquez la solution de la Cour de cassation.
Pour la Cour de cassation, les chiens ont eu un rôle actif dans la survenance du
dommage, même s’ils
ne sont pas entrés en contact avec les chevaux : leur arrivée brusque et soudaine
est un comportement
anormal qui a conduit à la survenance du dommage.
4. Pour s’exonérer de leur responsabilité, les propriétaires des chiens
peuvent-ils invoquer :
– que les chiens s’étaient égarés ?
Non, car la loi (article 1243 du Code civil) prévoit expressément que le
propriétaire de l’animal (ou
celui qui s’en sert), est responsable, « que l’animal fût sous sa garde […] [ou]
qu’il fût égaré ou
échappé ».
– qu’ils n’ont commis aucune faute ?
Les propriétaires des chiens ne peuvent pas s’exonérer de leur responsabilité en
prouvant qu’ils n’ont
commis aucune faute car la responsabilité du fait des animaux est une
responsabilité sans faute.
Ils ne peuvent s’exonérer que par la preuve d’une cause étrangère (force majeure,
fait ou faute de la
victime, fait ou faute d’un tiers).
Remarque : les élèves devraient être invités à faire le parallèle avec la
responsabilité du fait des
choses. La responsabilité du fait des animaux en est une application particulière.
6. Comprendre l’indemnisation des accidents du travail (p. 62)
1. Quel est l’accident du travail invoqué par la victime ?
La victime (sage-femme) invoque les lésions et affections subies suite une
vaccination obligatoire
imposée par son employeur (clinique).
2. Pourquoi, selon la cour d’appel, n’y a-t-il pas d’accident du travail ?
La cour d’appel juge qu’il n’y a pas d’accident du travail car les affections
subies sont dues à l’erreur
commise par le médecin qui a injecté le vaccin (absence de vérification de l’état
d’immunisation),
même si le vaccin a été imposé par l’employeur.

60 / Thème 6 – Qu’est-ce qu’être responsable ?


© Nathan
3. Pourquoi la Cour de cassation juge-t-elle qu’il y a accident du travail ?
Par quel moyen
la clinique aurait-elle pu s’exonérer de sa responsabilité ?
La Cour de cassation casse et annule l’arrêt d’appel en retenant qu’il y avait dans
ce dossier un
accident du travail car le lien était établi entre le préjudice et la vaccination
imposée par l’employeur.
L’article L411-1 du Code de la Sécurité sociale donne en effet une définition large
de l’accident du
travail : « tout accident survenu par le fait ou à l’occasion du travail », «
quelle qu’en soit la cause ».
Pour s’exonérer de sa responsabilité, l’employeur aurait dû prouver que l’accident
de travail avait une
« cause totalement étrangère au travail ».
Remarque : il sera intéressant de faire observer l’appréciation particulière du
lien de causalité, et
d’insister sur le caractère protecteur de cette définition pour le salarié.

7. Se préparer au bac Comprendre une décision de justice (p. 63)


1. Quels sont les faits à l’origine du litige ?
Un salarié (M. Z…, employé par M. A…) fait malencontreusement chuter une remorque
sur une voie
de train. Malgré l’alerte donnée, la SNCF n’est pas en mesure d’arrêter la
circulation sur cette voie.
Ainsi, un train qui arrivait déraille. L’un des passagers (M. Y…) est blessé.
Le passager a agi contre la SNCF pour obtenir réparation du préjudice qu’il a subi.
La SNCF a intenté
une action en justice contre l’employeur du salarié (M. A…).
2. Pourquoi et sur quel fondement la SNCF a-t-elle dû indemniser M. Y… ?
En vertu du contrat de transport existant entre la SNCF et ses passagers, la SNCF
est tenue à une
obligation de sécurité de résultat à leur égard, c’est-à-dire qu’elle doit les
amener sains et saufs à
destination. Toute atteinte à leur intégrité corporelle est un manquement à cette
obligation de sécurité.
M. Y…, passager du train, a été blessé lors de son voyage. Il peut donc obtenir
réparation du
dommage corporel subi en invoquant un manquement à l’obligation de sécurité de
résultat, sur le
fondement de la responsabilité civile contractuelle.
3. Pourquoi la SNCF agit-elle contre M. A… et non contre M. Z… ?
La loi prévoit que les employeurs sont responsables des dommages causés par leurs
salariés à
l’occasion des missions qui leur sont confiées, car ils sont soumis aux ordres et
instructions des
employeurs. C’est un cas spécifique de responsabilité pour autrui.
Dans cette affaire, le salarié (M. Z…) a provoqué la chute de la remorque quand il
y « chargeait des
bottes de foin », soit à l’occasion d’une des missions que lui a confiées son
employeur, M. A…
La SNCF a donc agi contre l’employeur (M. A…) car ce dernier est responsable des
dommages causés
par son salarié (M. Z…) sur le fondement de la responsabilité civile des
commettants (employeurs) du
fait de leurs préposés (salariés).
Complément de cours : cette responsabilité des commettants du fait des préposés est
une
responsabilité de plein droit. Les commettants (employeurs) ne peuvent pas
s’exonérer de leur
responsabilité en prouvant qu’ils n’ont pas commis de faute. Seule la preuve d’une
cause étrangère
(force majeure, fait ou faute de la victime, fait ou faute d’un tiers) leur permet
d’être exonérés.
4. Quel est le fait générateur du dommage selon la SNCF ? Quel est alors le
régime de
responsabilité que souhaite mettre en œuvre la SNCF contre M. A… ?
Pour la SNCF, le fait générateur du dommage est « la présence anormale de la
remorque » sur la voie :
la remorque a été ainsi l’instrument du dommage et sa présence anormale sur la voie
serait la preuve
de son rôle actif dans la survenance du dommage.
La SNCF agit donc contre M. A… sur le fondement de la responsabilité du fait des
choses.
Remarque : le gardien (celui qui exerce les pouvoirs d’usage, de direction et de
contrôle sur la chose)
ne peut pas, en principe, être le salarié (M. Z…) : l’employeur est considéré comme
le gardien.

© Nathan Chapitre 4 – Les régimes de


responsabilité civile / 61
5. Quel est le fait générateur qui a causé le dommage selon la cour d’appel ?
La cour d’appel rejette la demande de la SNCF. Selon elle, la SNCF a commis une
faute qu’elle
caractérise en relevant plusieurs dysfonctionnements (l’absence de communication
entre le régulateur
des voies et le conducteur du train ainsi que le défaut de mise en œuvre de la
procédure d’urgence de
coupure de courant). Ce sont ces dysfonctionnements qui, selon la cour d’appel, ont
été la « cause
immédiate et directe » du dommage.
6. Pourquoi la Cour de cassation annule-t-elle l’arrêt de la cour d’appel ?
La Cour de cassation ne suit pas le même raisonnement que la cour d’appel : elle
relève que la
présence de la remorque sur la voie était « l’une des causes nécessaires du dommage
». En effet, sans
la remorque, aucun déraillement n’aurait eu lieu.
7. Quelle conclusion en tirez-vous sur la recherche du lien de causalité en
cas de dommage
causé par plusieurs faits générateurs ?
Contrairement à la cour d’appel qui a recherché « la cause directe et immédiate du
dommage » parmi
tous les événements qui ont conduit à la réalisation du dommage, la Cour de
cassation invite, dans cet
arrêt, à retenir « toutes les causes nécessaires » qui ont participé à la
survenance de ce dommage.
Là où la cour d’appel ne tisse qu’un seul lien de causalité, en recherchant le fait
qui a eu un rôle
prépondérant, la Cour de cassation propose l’établissement de plusieurs liens de
causalité (conduisant
à retenir plusieurs responsabilités) en cherchant tous les faits sans lesquels le
déraillement n’aurait pas
eu lieu (« causes nécessaires »).
Remarque : la jurisprudence retient, en principe, la cause immédiate et directe du
dommage (théorie
de la « causalité adéquate ») pour déterminer le régime de responsabilité
applicable. Mais dans
plusieurs décisions, à l’instar de cet arrêt, les juges prennent en compte tous les
faits qui ont conduit
nécessairement à la survenance du dommage (théorie de « l’équivalence des
conditions »).

62 / Thème 6 – Qu’est-ce qu’être responsable ?


© Nathan
Correction de la synthèse (p. 64)
1. Appliquer les règles relatives à la responsabilité civile contractuelle
La responsabilité contractuelle a pour but de réparer les dommages causés par
l’inexécution d’un
contrat. Si le contractant est tenu à une obligation de résultat, sa responsabilité
est engagée s’il n’a
pas atteint le résultat promis. S’il est tenu à une obligation de moyens, elle est
engagée s’il a commis
une faute (à savoir, ne pas avoir mis en œuvre tous les moyens nécessaires pour
atteindre ce résultat).
2. Appliquer les règles relatives à la responsabilité extracontractuelle du
fait personnel
La responsabilité extracontractuelle permet de réparer les dommages qui ne
résultent pas de
l’inexécution d’un contrat. Le premier fait générateur de cette responsabilité est
le fait personnel :
toute faute (volontaire ou par imprudence) qui a causé un dommage impose à son
auteur de le réparer.
3. Appliquer les règles relatives à la responsabilité extracontractuelle du
fait d’autrui
Dans la responsabilité du fait d’autrui, une personne doit répondre des dommages
causés par une
autre personne (les parents pour les dommages causés par leur enfant, par exemple).
4. Appliquer les règles relatives à la réparation des dommages causés par les
biens
Une personne doit réparer les dommages dans lesquels est intervenue une chose dont
elle a l’usage, la
garde et le contrôle : c’est la responsabilité du fait des choses. Un régime
spécifique d’indemnisation
s’applique pour les dommages causés du fait des produits défectueux, c’est-à-dire
en raison d’un
défaut de fabrication du produit.
5. Appliquer les règles relatives à l’indemnisation des victimes d’accidents de
la circulation
Un système particulier garantit la réparation des dommages corporels causés par les
accidents de la
circulation (accidents qui impliquent un véhicule terrestre à moteur).
6. Apprécier les moyens d’exonération
Pour échapper à la mise en jeu de sa responsabilité, une personne peut prouver que
le dommage
provient d’un cas de force majeure (événement irrésistible, imprévisible et
extérieur), ou du fait de la
victime, ou du fait d’un tiers.

© Nathan Chapitre 4 – Les régimes de


responsabilité civile / 63
L’essentiel
La responsabilité civile permet d’obtenir la réparation des dommages que l’on a
subis. Trois
conditions doivent être réunies pour engager la responsabilité civile : un fait
générateur, un dommage
et un lien de causalité entre le fait générateur et le dommage.

1. La responsabilité civile contractuelle


A. Les conditions d’engagement
Le but de la responsabilité civile contractuelle est de réparer les dommages causés
par l’inexécution ou
la mauvaise exécution d’une obligation née d’un contrat. Par exemple, les
transporteurs sont tenus à
une obligation de sécurité à l’égard des passagers : ils doivent les amener sains
et saufs à destination.
En cas de blessures physiques subies par un voyageur, le transporteur a manqué à
son obligation.
Pour déterminer s’il y a inexécution du contrat, il faut qualifier l’obligation à
laquelle le contractant
s’est engagé. Si l’obligation est de résultat, le débiteur s’engage à parvenir à un
résultat précis. Ainsi,
sa responsabilité contractuelle peut être engagée sitôt que ce résultat n’est pas
atteint. Il n’est pas
nécessaire de prouver une faute particulière. En revanche, si l’obligation est de
moyens, le débiteur ne
s’engage pas à parvenir à un résultat mais à mettre en œuvre tous les moyens
nécessaires pour
l’atteindre. Pour engager sa responsabilité contractuelle, il faut alors prouver
qu’il a commis une faute
(c’est-à-dire qu’il n’a pas mis en œuvre tous les moyens nécessaires).

B. Les modalités spécifiques de réparation


Lorsque la responsabilité civile contractuelle d’une partie est engagée,
l’indemnisation est limitée aux
seuls dommages prévisibles, c’est-à-dire ceux qui ont été prévus ou qui pouvaient
l’être au moment de
la conclusion du contrat.
Les parties peuvent aménager leur responsabilité contractuelle. Par exemple, elles
peuvent prévoir,
lorsqu’elles concluent le contrat, que leur responsabilité n’est pas engagée en cas
d’inexécution de
certaines obligations (clause exonératoire de responsabilité) ou que le montant de
l’indemnisation est
limité à un plafond prévu dans le contrat (clause limitative de responsabilité).

2. La responsabilité civile extracontractuelle


La responsabilité civile extracontractuelle organise un régime de réparation pour
tous les dommages
qui ne résultent pas de l’inexécution d’un contrat.

A. Les faits générateurs


L’identification du fait générateur de responsabilité civile permet de déterminer
le régime de
responsabilité applicable.
La faute est le premier fait générateur. Si le dommage a été causé par une faute,
la responsabilité du
fait personnel s’applique : l’auteur de la faute doit réparer le dommage qu’il a
causé, peu important
qu’il ait commis cette faute de manière volontaire ou par imprudence.
Ensuite, une personne doit parfois répondre du dommage causé par une autre personne
: c’est la
responsabilité du fait d’autrui. Ainsi, les parents sont responsables si leurs
enfants ont commis un fait
(fautif ou non) qui a causé un dommage à autrui. De même, les employeurs doivent
répondre des
dommages causés par leurs salariés à l’occasion des missions qui leur ont été
confiées. La
jurisprudence a érigé un principe général de responsabilité du fait d’autrui :
ainsi, si une personne (le
gardien) exerce un pouvoir de direction, de contrôle et d’autorité sur une autre
personne (le gardé), elle
doit répondre des dommages causés par les fautes commises par cette dernière (par
exemple, les
associations sportives).
Enfin, si une chose est intervenue dans la réalisation d’un dommage, le gardien de
cette chose (c’est-à-
dire celui qui a les pouvoirs d’usage, de direction et de contrôle sur celle-ci)
doit réparer les dommages
causés : c’est la responsabilité du fait des choses, qui nécessite, pour être
engagée, que l’intervention

64 / Thème 6 – Qu’est-ce qu’être responsable ?


© Nathan
matérielle de la chose et son rôle actif soient prouvés. Lorsqu’un animal est
intervenu dans la réalisation
du dommage, la loi prévoit un régime spécifique calqué sur la responsabilité du
fait des choses (le
propriétaire de l’animal, ou celui qui s’en sert, doit réparer les dommages causés
par l’animal).
Les responsabilités du fait d’autrui, du fait des choses et du fait des animaux
sont des responsabilités
de plein droit : le responsable ne peut pas s’exonérer en prouvant qu’il n’a pas
commis de faute.

B. Le lien de causalité
Les preuves d’un fait générateur et d’un dommage ne suffisent pas à engager la
responsabilité civile. Il
faut également prouver que le fait générateur a causé le dommage, c’est-à-dire que
le dommage est la
conséquence logique de ce fait. Lorsque plusieurs faits ont concouru à la
réalisation d’un dommage, le
juge retient, en principe, la cause directe et immédiate de ce dommage, c’est-à-
dire le fait qui a joué un
rôle prépondérant, pour déterminer le régime de responsabilité applicable.

3. Les régimes spécifiques d’indemnisation


A. La responsabilité du fait des produits défectueux
La loi prévoit un régime spécifique d’indemnisation des dommages causés par les
produits défectueux.
En cas de dommage causé par le défaut d’un produit, son producteur ou son fabricant
(ou, à défaut,
son importateur ou son vendeur) doit réparer les dommages causés. Un produit est
défectueux s’il
n’offre pas « la sécurité à laquelle on peut légitimement s’attendre ». La
responsabilité du fait des
produits défectueux est une responsabilité sans faute : la victime n’a pas à
prouver que le producteur a
commis une faute. De même, ce dernier ne peut pas s’exonérer de sa responsabilité
en prouvant qu’il
n’a pas commis de faute.

B. L’indemnisation des accidents de la circulation


Un régime spécifique d’indemnisation est prévu par la loi pour les dommages
corporels causés par les
accidents de la circulation. Ce régime s’applique en présence d’un « accident de la
circulation », c’est-
à-dire un accident impliquant un véhicule terrestre à moteur. Les dommages
corporels subis par les
victimes non conductrices sont systématiquement réparés, sauf en cas de faute
inexcusable de leur part.
Pour garantir l’indemnisation des victimes, la loi impose à tout conducteur de
souscrire une assurance
de sa responsabilité civile (c’est ainsi l’assureur qui verse les dommages-
intérêts). Si l’auteur de
l’accident n’est pas assuré ou non identifié, l’indemnisation est prise en charge
par le Fonds de
garantie des assurances obligatoires (qui est financé par une contribution versée
par tous les assurés).

C. L’indemnisation des accidents du travail


Tout salarié qui subit un dommage suite à un accident survenu par le fait ou à
l’occasion de son travail
peut obtenir la réparation des dommages qu’il a subis auprès de son employeur.

4. Les moyens d’exonération


Que la responsabilité engagée soit contractuelle ou extracontractuelle, l’auteur du
dommage peut
s’exonérer de sa responsabilité en prouvant que ce dommage est dû à une cause
étrangère. Il remet
ainsi en cause le lien de causalité établi par la victime entre le fait générateur
et le dommage.
Il existe trois causes étrangères : la force majeure, le fait d’un tiers et le fait
de la victime.
Le responsable peut s’exonérer en prouvant que le dommage a été causé par un cas de
force majeure,
c’est-à-dire par un événement imprévisible, irrésistible et extérieur. Si cet
événement provient d’un
tiers, il s’agit alors du fait d’un tiers. Lorsque le dommage est dû intégralement
à ce cas de force
majeure ou au fait d’un tiers, le responsable est totalement exonéré. Si ces
événements ont contribué
en partie au dommage, il est exonéré partiellement.
Enfin, la victime peut avoir, par son comportement ou ses actes, participé à la
réalisation du dommage
qu’elle a subi. Si le fait de la victime revêt les conditions de la force majeure,
alors le responsable est
totalement exonéré de sa responsabilité. À défaut, ce dernier peut obtenir une
exonération partielle, à
condition que la victime ait commis une faute.

© Nathan Chapitre 4 – Les régimes de


responsabilité civile / 65
Ressources numériques
 https://www.village-justice.com/articles/responsabilite-proprietaire,7521.html
 https://www.actu-juridique.fr/civil/responsabilite-civile/la-responsabilite-du-
fait-des-
batiments-en-ruine-nest-pas-morte/
 https://www.argusdelassurance.com/reglementation/jurisprudence/responsabilite-du-
proprietaire-d-un-batiment-en-ruine.51601
La responsabilité du fait de la ruine d’un bâtiment est organisée au sein de
l’article 1244 du Code civil
(ancien article 1386). Le premier lien ci-dessus expose les règles principales
relatives à ce régime
spécifique. Les liens suivants fournissent des exemples de mise en œuvre de ce
régime (arrêt de la
cour d’appel de Reims du 5 septembre 2017 et arrêt de la Cour de cassation du 8
septembre 2011).

 https://www.youtube.com/watch?v=4cJOsQrgPZ4
Cette ressource fournit des précisions sur la responsabilité médicale, en lien avec
l’entraînement au
bac du thème 6. Elle peut servir de support pour une séquence de travail préalable
à la réalisation de
l’entraînement au bac.

66 / Thème 6 – Qu’est-ce qu’être responsable ?


© Nathan
Entraînement au bac – Thème 6
Victime du coronavirus

Thème 6 – Qu’est-ce qu’être responsable ?


Capacités
• Qualifier les dommages juridiquement réparables.
• Analyser et qualifier les faits pour identifier le ou les régimes de
responsabilité applicables.
• Apprécier les moyens d’exonération.
• Expliquer comment et pourquoi s’est construit ce système complexe d’indemnisation
au profit des
victimes.

Réponses aux questions sur la situation (p. 65-66)


1. Identifiez et qualifiez les victimes et les préjudices réparables dans cette
affaire.
• Les victimes
Dans cette affaire, deux catégories de victimes sont à distinguer :
– Béatrice est la victime immédiate (ou directe) : elle a subi directement des
dommages ;
– son époux et ses enfants sont des victimes par ricochet (ou indirectes) : ils ont
subi des préjudices
parce que l’un de leurs proches a souffert d’un dommage.
• Les préjudices réparables
– Identification et qualification des préjudices :
Les dommages subis par Béatrice
La douleur ressentie (souffrance physique) Dommage corporel Dommage
extrapatrimonial
Dommage corporel
Les frais médicaux Dommage
patrimonial
ou dommage matériel
La perte de revenus du fait de l’incapacité Dommage corporel
Dommage
patrimonial
de travail ou dommage matériel
L’impossibilité définitive de jouer de la flûte Dommage corporel
Dommage
extrapatrimonial
traversière (= préjudice d’agrément) ou dommage moral
Le dommage subi par les proches de Béatrice
La perte de revenus Dommage matériel Dommage
patrimonial
Remarque : certains dommages peuvent être classés dans plusieurs catégories, ainsi
que l’indique le
corrigé.
– Vérification du caractère réparable des préjudices :
Pour être réparable, un préjudice doit être légitime, personnel, certain et direct.
En l’espèce, les préjudices subis par Béatrice et ses proches sont légitimes : leur
intérêt est licite et
juridiquement protégé (leur demande de réparation n’est pas contraire à la loi, à
l’ordre public ou aux
bonnes mœurs). Leurs préjudices sont personnels : ils ont été subis par Béatrice ou
ses proches. Leurs
préjudices sont certains : la souffrance physique, les frais médicaux et la perte
de revenus pendant
l’hospitalisation ont été subis. Les autres préjudices (la perte de revenus pour
l’avenir du fait de
l’incapacité de travail et le préjudice d’agrément) sont des dommages futurs mais
ils sont certains : ils
sont la prolongation logique des dommages corporels subis par Béatrice. Enfin, tous
ces dommages
ont été causés directement par l’infection de Béatrice.
L’ensemble des préjudices est donc réparable.

© Nathan Entraînement au bac –


Victime du coronavirus / 67
2. Sur quel fondement et à quelles conditions la responsabilité du chirurgien
peut-elle être
engagée ? Expliquez si l’action contre le chirurgien a des chances
d’aboutir.
Dans sa jurisprudence (arrêt Mercier de 1936 – annexe 1), la Cour de cassation a
reconnu l’existence
d’un contrat entre le médecin et son patient, et a donc fondé l’action en
réparation sur la responsabilité
civile contractuelle.
La Cour a précisé que le médecin n’avait pas l’obligation de guérir le patient,
mais « de lui donner des
soins consciencieux et attentifs » : le médecin ne s’engage pas à un résultat (la
guérison) mais à mettre
en œuvre tous les moyens nécessaires pour y parvenir. Il est ainsi tenu à une
obligation de moyens.
Pour engager sa responsabilité, il est donc nécessaire que le patient prouve une
faute (l’absence de
mise en œuvre des moyens nécessaires), un dommage et le lien de causalité entre la
faute et le dommage.
Aujourd’hui, la responsabilité des professionnels de santé est prévue par l’article
L1142-1 I du Code
de la santé publique (annexe 2) : la loi ne fait pas référence à l’existence d’un
contrat, mais elle retient
le principe d’une responsabilité pour faute. Elle énonce en effet que les
professionnels de santé « ne
sont responsables des conséquences dommageables d’actes de prévention, de
diagnostic ou de soins
qu’en cas de faute ».
En l’espèce, Béatrice a bien subi des dommages réparables, mais le chirurgien n’a
pas commis de
faute (le sujet précise qu’il a « respecté les règles de l’art médical ») et les
dommages que la victime a
subis ne sont pas dus aux actes de soins prodigués par le chirurgien.
L’action en justice contre le chirurgien a donc peu de chances d’aboutir.
Remarque : une réponse construite exclusivement sur l’annexe 1 ou l’annexe 2 doit
être prise en
compte dès lors qu’elle démontre que la responsabilité du chirurgien est fondée sur
la faute. Une
copie qui met en perspective l’évolution entre les deux annexes doit être
valorisée.
Complément de cours : l’article L1142-1 I du Code de la santé publique est issu de
la loi n° 2002-303
du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé
(dite « loi
Kouchner »). Cette loi a notamment permis d’harmoniser les conditions d’engagement
de la
responsabilité des professionnels de santé, qu’ils travaillent dans un hôpital
public (responsabilité
administrative, engagée devant les tribunaux administratifs) ou une clinique privée
(responsabilité
civile engagée devant les tribunaux judiciaires) : il s’agit pour tous, en
principe, d’une responsabilité
pour faute.
3. La contamination de Béatrice est-elle un cas d’aléa thérapeutique ?
Justifiez.
L’aléa thérapeutique vise les dommages subis par un patient à l’occasion d’une
intervention médicale
ou chirurgicale, alors même qu’aucune faute ne peut être imputée au professionnel
de santé
(annexe 3). Ces dommages n’ont aucun lien avec l’état de santé du patient ni avec
l’évolution de sa
maladie. Tel est le cas de l’infection nosocomiale : un patient est infecté par un
virus lors de son
hospitalisation.
En l’espèce, Béatrice est victime d’une infection nosocomiale (qui est un cas
d’aléa thérapeutique) :
les dommages qu’elle a subis sont issus de sa contamination par le coronavirus lors
de son
hospitalisation. Cette infection n’a aucun lien avec son état de santé initial, ni
avec l’évolution de sa
maladie (elle était hospitalisée pour une opération du genou).
Remarque : il existe trois formes d’aléa thérapeutique, que sont l’infection
nosocomiale, l’accident
médical et l’affection iatrogène
(https://association-aide-victimes-france.fr/accueil-association-daide-
a-lindemnisation-victimes/responsabilite-medicale-accident-medical/alea-
therapeutique-htm)
4. Faut-il que la clinique ait commis une faute pour devoir réparer les
préjudices liés à
la contamination par le coronavirus ? Justifiez.
La loi énonce que « les établissements [de santé] sont responsables des dommages
résultant
d’infections nosocomiales, sauf s’ils rapportent la preuve d’une cause étrangère »
(annexe 3). La
responsabilité de la clinique en la matière est donc une responsabilité sans
faute : l’établissement de
santé doit réparer les dommages causés par les infections nosocomiales contractées
au sein de ses
locaux. Elle ne peut s’exonérer de sa responsabilité que par la preuve d’une cause
étrangère, à savoir la
force majeure, le fait d’un tiers ou la faute de la victime.
En l’espèce, il n’est pas nécessaire de prouver une faute de la clinique pour
obtenir la réparation des
dommages causés par la contamination de Béatrice lors de son hospitalisation.

68 / Thème 6 – Qu’est-ce qu’être responsable ?


© Nathan
Remarque : puisqu’il s’agit d’une responsabilité sans faute, l’établissement ne
peut pas être exonéré
en prouvant qu’il n’a pas commis de faute.
5. La clinique peut-elle ici s’exonérer de sa responsabilité ? Justifiez.
Pour s’exonérer de leur responsabilité en matière d’infection nosocomiale, les
établissements de santé
doivent prouver que cette infection est due, soit totalement, soit partiellement, à
une cause étrangère. Il
existe trois causes étrangères : la force majeure (événement imprévisible,
irrésistible et extérieur), le
fait de la victime (le comportement de la victime a participé à la réalisation du
dommage) ou le fait
d’un tiers (le comportement d’un tiers a causé le dommage).
En l’espèce, la propagation du Covid-19 est un événement irrésistible (la clinique
a mis en œuvre
toutes les prescriptions imposées par le ministre de la Santé – annexe 4),
imprévisible (Béatrice a été
hospitalisée pour une opération du genou et installée dans une chambre totalement
indépendante du
patient infecté) et extérieur (le virus a été « importé » par un patient – ou une
autre personne comme
un soignant – à l’intérieur des locaux). La clinique est donc exonérée de sa
responsabilité.
Remarque : il n’y a pas, pour cette question, de bonnes ou mauvaises réponses. Une
copie qui
propose une solution argumentée (c’est-à-dire en justifiant l’analyse sur les
caractères de la force
majeure) doit être valorisée. Il pourrait, par exemple, être soutenu que la
contamination n’était pas
extérieure ou qu’elle était prévisible.
6. Si la clinique n’est pas responsable, comment peuvent être réparés les
préjudices ?
La réparation des préjudices liés à un aléa thérapeutique est prise en charge par
la société lorsque la
responsabilité du professionnel de santé et celle de l’établissement de soins n’ont
pas pu être engagées.
Les dommages-intérêts sont versés par l’ONIAM (l’Office national d’indemnisation
des accidents
médicaux), qui est financé par les impôts et taxes versés par les citoyens. Il
s’agit donc d’une
réparation grâce à la solidarité nationale (annexe 5).
7. Vérifiez que les conditions sont réunies pour que les victimes obtiennent
réparation.
Trois conditions doivent être réunies pour que l’ONIAM indemnise les dommages
consécutifs à un
aléa thérapeutique (annexe 5) :
– le dommage doit être directement imputable à des actes de prévention, de
diagnostic ou de soins ;
– il doit avoir des conséquences anormales au regard de son état de santé comme de
l’évolution
prévisible de celui-ci ;
– il doit être suffisamment grave.
En l’espèce, les dommages subis par Béatrice et ses proches sont indemnisables par
l’ONIAM : ils
sont directement imputables à l’hospitalisation de Béatrice au sein de la clinique,
ils ont des
conséquences anormales au regard de son état de santé et de son évolution (elle
était hospitalisée pour
une opération du genou) et ils sont graves (elle ne pourra pas reprendre d’activité
professionnelle).
8. Montrez en quoi l’indemnisation de l’aléa thérapeutique remet en cause les
principes de
la responsabilité civile.
D’une part, l’indemnisation des dommages causés par un aléa thérapeutique ne
s’appuie pas sur la
mise en jeu de la responsabilité d’une personne : cette indemnisation est garantie
à la victime même si
aucun responsable n’est déterminé puisque c’est la société qui prend en charge ce
risque
(« socialisation des risques »). La réparation est ainsi « automatique ». Le
principe même de la
responsabilité civile, consistant à imputer la réparation à un responsable, est
remis en cause.
D’autre part, la responsabilité civile impose au responsable de réparer tous les
dommages qu’il a
causés. Dans le régime d’indemnisation des aléas thérapeutiques, seuls les dommages
d’une certaine
gravité sont réparés. Cette solution n’est pas favorable aux victimes mais elle
permet de limiter la
charge supportée par les contribuables. Le principe de la réparation intégrale est
ainsi également remis
en cause (annexe 6).

© Nathan Entraînement au bac –


Victime du coronavirus / 69
70 / Thème 6 – Qu’est-ce qu’être responsable ? © Nathan
Chapitre 5
Le contrat de travail et le salariat

Place du chapitre dans le programme

Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


Plan du chapitre Capacités
Notions
• Le contrat de
travail
1. Qualifier le contrat • Caractériser le contrat de travail • Le lien de
subordination
de travail dans une situation donnée. • Infraction
(contravention,
délit, crime)
• Distinguer le contrat de travail
2. Distinguer le contrat • Le contrat
d’entreprise
et le contrat d’entreprise.
de travail du contrat (contrat de
prestation
• Qualifier une relation de travail
d’entreprise de service)
dans une situation donnée.
• Le pouvoir de
direction
3. Apprécier les pouvoirs • Le pouvoir
réglementaire,
de l’employeur sur le salarié le règlement
intérieur
• Le pouvoir
disciplinaire
• Les clauses
générales
du contrat de
travail (période
d’essai, lieu,
horaire et durée
4. Apprécier les obligations • Repérer les éléments essentiels
du travail,
rémunération,
de l’employeur à l’égard d’un contrat de travail à partir
qualifications,
missions)
du salarié d’un contrat donné.
• La négociation
collective,
la convention
collective.
• Les
partenaires sociaux.

Avant la classe (p. 67)


Quel est l’intérêt pour les ex-coursiers de Take Eat Easy de se voir
reconnaître le statut
de salarié par la justice ?
La requalification de leur contrat en contrat de travail a entraîné l’attribution
d’indemnités à ces ex-
coursiers. Il peut s’agir d’un rattrapage de salaire s’il est apparu que leur
rémunération en tant que
prétendus travailleurs indépendants était inférieure au SMIC, il peut s’agir aussi
d’une indemnité
compensatrice de congés payés, et enfin de diverses indemnités liées à leur
licenciement, puisque la
requalification du contrat entraîne la requalification de sa rupture.

© Nathan Chapitre 5 – Le contrat de


travail et le salariat / 71
Réponses aux questions sur la (les) situation(s)
1. Qualifier le contrat de travail (p. 68-69)
1. Relevez les éléments définissant le contrat de travail. (Doc. 1)
Les parties sont l’employeur et le salarié. L’objet du contrat de travail est une
prestation de travail
fournie en échange d’un salaire. L’élément essentiel est le lien de subordination
du salarié à
l’employeur.
2. Quel type de relation entre les parties le lien de subordination fait-il
naître ? Quels en
sont les risques ? (Doc. 2)
La relation entre l’employeur et le salarié est une relation d’autorité puisque le
travailleur doit
respecter les ordres, accepter d’être contrôlé et encourt des sanctions en cas de
faute. Elle comporte un
risque d’abus d’autorité et de soumission du salarié.
3. Quels sont les travailleurs protégés par le droit du travail ? (Doc. 1 et 3)
Le droit du travail pose des règles protégeant les travailleurs salariés (et non
les indépendants).
4. Qu’est-ce que la requalification d’un contrat en contrat de travail ? (Doc.
2 et 3)
La requalification en contrat de travail est une décision de justice reconnaissant
dans une relation de
travail le lien de subordination qui permet de qualifier de « contrat de travail »
un contrat autrement
nommé par les parties.
5. Pourquoi un chef d’entreprise peut-il redouter cette requalification au
profit de ses
collaborateurs ? (Doc. 3)
La requalification en contrat de travail entraîne l’application aux parties des
règles de droit du travail,
en particulier le paiement des indemnités si elle intervient lors de la rupture de
la relation de travail.
Remarque : il est bon de faire remarquer aux élèves que c’est presque toujours
parce que la relation
de travail est rompue que le travailleur veut se voir reconnaître la qualité de
salarié par la justice. Le
micro-entrepreneur ou le franchisé qui contestent leur statut de travailleurs
indépendants le font la
plupart du temps parce qu’ils perdent la source de profit tirée de leur travail
pour leur « client » ou
avec leur « franchiseur ».
6. Quelle requalification de la rupture des relations contractuelles accompagne
la
requalification en contrat de travail ? Quelles en sont les conséquences ?
(Doc. 3)
Avec la requalification en contrat de travail, les juges relèvent l’absence de
préavis et de motif donné à
la rupture du contrat : il y a donc brusque licenciement et licenciement sans cause
réelle et sérieuse ;
en conséquence, le salarié licencié peut obtenir les indemnités prévues par la loi
et qui peuvent se
cumuler.
Remarque : on peut rappeler la liste des indemnités auxquelles le salarié peut
prétendre :
– une indemnité de licenciement légale ou conventionnelle ;
– une indemnité au titre du licenciement sans cause réelle et sérieuse ;
– une indemnité compensatrice de préavis ;
– une indemnité compensatrice de congés payés.
Allez plus loin ! Requalification en contrat de travail
d’un autoentrepreneur (p. 69)
1. Pourquoi certains employeurs « déguisent-ils » certains salariés en
travailleurs
indépendants ? Pourquoi certains travailleurs acceptent-ils ?
En faisant travailler des microentrepreneurs ou des partenaires « indépendants »,
les employeurs
s’assurent la collaboration de personnes qui assument elles-mêmes leur protection
sociale et qui ne
bénéficient pas des règles protectrices du droit du travail (durée hebdomadaire du
travail, congés
payés, salaire minimum en particulier). Ce qui est recherché, c’est l’allègement
des charges

72 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
(cotisations sociales) et des contraintes juridiques, donc à la fois une réduction
des coûts du travail et
plus de flexibilité dans l’organisation des tâches.
Certains travailleurs acceptent de renoncer au statut de salarié pour être
embauchés. Il leur paraît
préférable de travailler sous un statut – fictif – de travailleur indépendant
plutôt que de rester au
chômage.
2. Relevez l’ensemble des sanctions possibles à l’encontre de l’employeur en
cas de
requalification d’un contrat en contrat de travail.
Les sanctions possibles sont de différentes natures :
– sur le plan civil, l’employeur peut être condamné à payer des rappels de salaire
si la rémunération du
faux autoentrepreneur (aujourd’hui « microentrepreneur ») n’était pas conforme à
celle d’un salarié
d’égale qualification. Il peut aussi être condamné à payer des rappels de
cotisations sociales pour la
période antérieure à la requalification du contrat ;
– sur le plan pénal, si l’employeur a agi sciemment et de façon volontaire, il
encourt une peine allant
jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende.
3. Dans quel cas le salarié peut-il être lui aussi sanctionné ?
Le faux microentrepreneur peut avoir accepté ce statut pour ne pas perdre le
bénéfice d’allocations-
chômage consécutives à la perte de son précédent emploi. Dans ce cas, il peut être
condamné au
remboursement des sommes perçues indûment.
4. Pour l’employeur de bonne foi, comment s’assurer qu’il n’y a pas de «
salariat déguisé »
dans sa relation avec ses collaborateurs indépendants ?
Le contrat de travail se révèle dans le lien de subordination. A contrario,
l’employeur qui veut
s’assurer la collaboration de « vrais » microentrepreneurs doit veiller à ce que la
situation de ceux-ci
présente bien le critère d’indépendance caractéristique : le travailleur ne doit
pas être dans
l’impossibilité de collaborer avec une autre entreprise, il doit déterminer les
modalités de ses
interventions (horaires, jours, rémunération). Il est préférable aussi que ce ne
soit pas un ancien salarié
de l’entreprise.

2. Distinguer le contrat de travail du contrat d’entreprise (p. 70-71)


7. Relevez les points communs et l’élément distinctif du contrat d’entreprise
et du contrat
de travail. (Doc. 4)
Les points communs sont une prestation de travail effectuée et une rémunération
perçue en échange.
Les éléments distinctifs sont le lien de subordination juridique du salarié et
l’indépendance du
travailleur non salarié.
8. Pourquoi le statut des chauffeurs Uber est-il, en principe, celui de
travailleurs
indépendants offrant une prestation de services ? (Situation et doc. 4)
Les chauffeurs Uber ne sont pas engagés dans le cadre d’un contrat de travail. Ils
ont un statut de
chauffeur indépendant – régulièrement immatriculé – avant de travailler pour Uber.
9. Quel critère essentiel du statut de prestataire de services le conseil de
prud’hommes de
Paris a-t-il retenu en 2017 ? Comment ce critère se manifestait-il selon
les juges ? (Doc. 4
et 5)
Le prestataire de services est un travailleur indépendant et, selon les juges, les
chauffeurs Uber
bénéficient de cette indépendance. Selon eux, en effet, ils ont toute liberté pour
travailler selon les
horaires et les jours qui leur conviennent, et c’est là le signe d’indépendance
dans leur travail.
10. Précisez sur quelles constatations on peut s’appuyer pour qualifier le
contrat des chauffeurs
Uber de contrat de travail. (Doc. 4)
Le lien de subordination peut se déduire des conditions de travail des chauffeurs
Uber : ils ne
disposent pas du numéro de téléphone des clients ; inversement, ils doivent
accepter les courses à
l’aveugle (alors que Uber connaît la destination et le tarif). Les rémunérations ne
sont pas discutées.
Remarque : il convient de signaler aux élèves que, par un arrêt du 4 mars 2020, la
chambre sociale
de la Cour de cassation indique que « peut constituer un indice de subordination le
travail au sein

© Nathan Chapitre 5 – Le contrat


de travail et le salariat / 73
d’un service organisé lorsque l’employeur en détermine unilatéralement les
conditions d’exécution »
et approuve la requalification en contrats de travail des contrats des chauffeurs
Uber décidée par la
cour d’appel de Paris (arrêt du 10 janvier 2019 – voir situation 2, p. 75).
11. Illustrez l’existence d’un contrat d’entreprise dans différentes
situations. (Doc. 5)
De nombreuses situations contractuelles mettent en présence un travailleur
indépendant et son client :
dans la restauration, certains sont cuisiniers ou commis de cuisine ; dans le
secteur de l’informatique,
il y a les administrateurs de bases de données ou les développeurs Web ; dans les
activités de conseil,
certains proposent leurs services pour la sécurité, pour la création d’entreprise,
etc.
Remarque : en avance sur le chapitre 9, on peut indiquer aux élèves que la plupart
des intervenants
indépendants choisissent le statut de microentrepreneur.

Allez plus loin ! Prestation de services : l’utilité d’un contrat (p. 71)
1. Relevez les obligations des parties au contrat de prestation de services.
Les deux parties au contrat de prestation de services ont chacune des obligations.
1. Les obligations du prestataire de services
• Obligation de faire : c’est l’obligation relative à la prestation elle-même.
• Obligation d’information : cette obligation comporte trois volets :
– le devoir de renseignement oblige le prestataire de services à s’informer sur
ce que veut réellement
le client ;
– le devoir de mise en garde consiste à avertir le client des problèmes, risques,
contraintes et limites
que peut rencontrer la prestation envisagée ;
– le devoir de conseil oblige le prestataire de services à aider son client dans
ses choix, en lui indiquant
la meilleure solution.
2. Les obligations du client
• Obligation de payer le prix : c’est son obligation principale.
• Obligation de mise à disposition des moyens utiles permettant la meilleure
réalisation et la meilleure
prestation possible.
2. Justifiez l’obligation d’information à la charge du prestataire de services.
Le prestataire de services connaît mieux que quiconque les possibilités et les
limites des différentes
interventions qu’il peut réaliser pour son client. Il est à même de l’aider à
choisir au mieux et au
meilleur prix la prestation qui convient à ses besoins. L’obligation de conseil
favorise donc la
conclusion du contrat le plus équilibré pour les deux parties.
3. Comment peut-on éviter le risque de requalification du contrat de prestation
de services
en contrat de travail ?
Comme dans toute situation de collaboration avec un travailleur indépendant, il
convient de veiller à
ce que ne puisse pas se vérifier l’existence d’un lien de subordination juridique
entre le client et le
prestataire de services.
Le contrat et son exécution ne doivent donc pas faire apparaître, au profit du
client, des pouvoirs
d’organisation des tâches du prestataire, de contrôle de leur exécution avec de
possibles sanctions.
Concrètement, la différence entre client et employeur se traduit par les conditions
de détermination des
horaires, des méthodes de travail et des conditions de rémunération.

3. Apprécier les pouvoirs de l’employeur sur le salarié (p. 72-73)


12. Illustrez chacun des pouvoirs de l’employeur par des exemples de mesures
qu’il peut
prendre à l’égard de ses salariés. (Doc. 6)
– Le pouvoir de direction : l’employeur impose des heures supplémentaires.
– Le pouvoir réglementaire : l’employeur impose une tenue de travail pour la
sécurité.
– Le pouvoir disciplinaire : l’employeur licencie un salarié ayant commis une
faute.

74 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
13. Montrez la complémentarité des trois pouvoirs de l’employeur. (Doc. 6)
Celui qui organise l’entreprise et son fonctionnement (pouvoir de direction) doit
pouvoir édicter les
règles qui coordonnent l’activité des salariés (pouvoir réglementaire) et s’assurer
qu’elles seront
respectées (pouvoir disciplinaire). C’est cet ensemble qui fait de l’employeur le «
chef » d’entreprise.
14. L’employeur exerce-t-il lui-même le pouvoir de direction dans une grande
entreprise ?
Justifiez. (Doc. 6)
La complexité de l’organisation du travail des salariés d’une grande entreprise
oblige l’employeur à
déléguer son pouvoir de direction à des dirigeants de filiale, de service,
d’agence, etc.
15. Montrez que le contenu du règlement intérieur n’est pas librement déterminé
par
l’employeur. (Doc. 7)
La loi précise ce que fixe « exclusivement » le règlement intérieur.
16. Comment le pouvoir disciplinaire du chef d’entreprise se justifie-t-il ?
(Doc. 8)
Le lien de subordination suppose le respect de la hiérarchie et l’application des
consignes. La violation
de ses obligations par le salarié nuit aux résultats auxquels l’employeur doit
veiller.
17. Quelle différence y a-t-il entre sanction pécuniaire et sanction ayant des
incidences
pécuniaires ? Ces sanctions sont-elles toutes interdites à l’employeur ?
Justifiez par des
exemples. (Doc. 8)
La sanction pécuniaire serait une amende infligée au salarié, qui viendrait en
déduction de son salaire.
Les sanctions à incidences pécuniaires sont celles qui, indirectement, coûtent au
salarié. Elles ne sont
pas interdites en tant que telles. Par exemple, une mise à pied suspend le travail
sans rémunération, la
rétrogradation professionnelle entraîne une baisse de salaire allant avec des
fonctions de moindre
importance, le licenciement fait perdre toute rémunération par l’employeur.
Remarque : l’employeur qui prononce une sanction pécuniaire encourt une amende de 3
750 €
(article L1334-1 du Code du travail).

Allez plus loin ! Problèmes disciplinaires avec un salarié : comment


réagir ? (p. 73)
1. Relevez les trois règles de droit encadrant le pouvoir disciplinaire du
chef d’entreprise.
Le pouvoir disciplinaire du chef d’entreprise est encadré par les trois règles
suivantes :
– les sanctions doivent être prévues et indiquées dans le règlement intérieur de
l’entreprise, dès lors
que celui-ci est obligatoire, c’est-à-dire que le seuil de 20 salariés est
atteint ;
– les sanctions prononcées doivent être proportionnées aux fautes commises par les
salariés ;
– il est impossible de sanctionner deux fois la même faute professionnelle.
2. Quels peuvent être les apports de la convention collective en matière
disciplinaire ?
La convention collective peut aménager l’exercice du pouvoir disciplinaire, en
particulier en
prévoyant les fautes répréhensibles dans l’entreprise, d’une part, en précisant
l’échelle des sanctions
qui s’appliquent à ces manquements, d’autre part.
3. Quelle différence existe-t-il entre les sanctions « mineures » et les
sanctions « majeures » ?
Les sanctions « mineures » sont celles qui n’affectent pas la présence du salarié
dans l’entreprise, ni sa
fonction, ni sa carrière, ni sa rémunération. Elles se limitent donc à
l’avertissement oral et au blâme
écrit.
Les sanctions « majeures » ou « lourdes » sont, au contraire, toutes celles qui
peuvent avoir des effets
sur la présence du salarié dans l’entreprise, sur sa fonction, sur sa carrière
et/ou sa rémunération. Il
peut s’agir de la mise à pied disciplinaire (sans salaire), de la mutation
disciplinaire ou de la
rétrogradation disciplinaire (avec baisse de salaire).
Remarque : il faut ajouter la sanction la plus grave : le licenciement
disciplinaire.

© Nathan Chapitre 5 – Le contrat


de travail et le salariat / 75
4. Quelles sont les étapes de la procédure disciplinaire que la loi impose à
l’employeur ?
Quelle est l’utilité de cette procédure ?
La loi prévoit plusieurs étapes dans la procédure disciplinaire :
– la préparation de la convocation du salarié, qui doit être informé de son droit
de se faire assister lors
de l’entretien préalable à la sanction ;
– l’envoi de la convocation au salarié, qui est avisé non seulement de l’heure et
du lieu, mais aussi du
motif de cette convocation ;
– l’entretien avec le salarié, auquel sont exposées les raisons qui amènent à le
sanctionner et dont
l’employeur doit recueillir les explications ;
– l’envoi de la notification de la sanction au salarié.
Cette procédure vise à organiser la transparence dans la mise en œuvre du pouvoir
disciplinaire de
l’employeur : elle permet l’information du salarié et lui donne les moyens
d’organiser sa défense face
aux accusations de faute dans l’exécution de son travail.

4. Apprécier les obligations de l’employeur à l’égard du salarié


(p. 74-75)
18. Quelles sont les sources des obligations de l’employeur à l’égard de ses
salariés ? (Doc. 9
et 11)
Il existe des sources du droit du travail supérieures au contrat de travail :
principalement, la loi et les
conventions et accords collectifs. Le contrat de travail est aussi source
d’obligations pour l’employeur.
19. Quelles modalités d’exécution du travail sont précisées dans le contrat de
travail ?
(Doc. 10)
La fonction du salarié et les tâches qui en découlent, le lieu d’exercice de ces
fonctions, la durée du
travail et les horaires (avec les jours de travail, donc) sont précisés dans le
contrat de travail.
20. Donnez des exemples de règles prévues par la loi et s’imposant à
l’employeur : (Doc. 11)
– en matière de salaire : le SMIC en tant que salaire minimum, l’égalité du salaire
pour ceux qui font
le même travail et entre hommes et femmes ;
– en matière de durée du travail : la durée hebdomadaire du travail, le nombre
maximum d’heures
supplémentaires imposées au salarié, les congés payés.
21. Identifiez les partenaires sociaux à l’origine du droit négocié. (Doc. 11)
Il s’agit des syndicats de salariés, d’une part, et de l’employeur ou des
représentants du patronat,
d’autre part.
22. Quel est l’intérêt de négocier le droit du travail au niveau national et au
niveau de
l’entreprise ? (Doc. 11)
Au niveau national, les accords améliorent les textes de portée générale, tandis
qu’au niveau de
l’entreprise, ils prennent en compte ses spécificités pour adapter les règles au
mieux des intérêts de
tous (salariés et employeur).
23. À quels types de travailleurs le syndicat FO apporte-t-il son soutien ? En
quoi cela
explique-t-il qu’il s’adresse aux travailleurs de Uber ? (Situation et
doc. 10)
FO apporte son soutien aux salariés. S’il s’adresse aux chauffeurs Uber, c’est en
considérant que ces
travailleurs sont des salariés du fait de la possible requalification de leur
contrat en contrat de travail.

Allez plus loin ! Signature de l’accord d’entreprise à l’AFP (p. 75)


1. Qualifiez juridiquement l’intervenant qui présente l’accord d’entreprise
signé à l’AFP.
La personne qui présente l’accord d’entreprise est un journaliste, salarié de l’AFP
et délégué syndical
(de la CGT). C’est un représentant du personnel désigné par le syndicat qu’il
représente.
2. En quoi a-t-il été partie prenante à cet accord ?
Le délégué syndical a pris part aux discussions qui ont conduit à l’adoption de
l’accord d’entreprise
conclu entre l’employeur et les représentants majoritaires de plusieurs syndicats.

76 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
3. Quel est l’objet principal de cet accord ?
Le contenu de l’accord semble concerner les conditions de travail et la pérennité
de l’emploi à l’AFP.
Il ressort de l’exposé par le délégué syndical que le point principalement discuté
a été le temps de
travail, et précisément la durée hebdomadaire du travail.

© Nathan Chapitre 5 – Le contrat de


travail et le salariat / 77
Corrigés des applications
1. Testez vos connaissances (p. 76)
Répondez par vrai ou par faux aux propositions suivantes.
1. Le contrat de travail n’existe que s’il est 7. La rédaction d’un
règlement intérieur n’est
écrit. obligatoire qu’à
partir d’un effectif de
 Vrai  Faux 20 salariés.
 Vrai  Faux
2. Toute personne travaillant contre rémuné-
ration est considérée comme salariée. 8. Le contrat
d’entreprise se différencie du
 Vrai  Faux contrat de travail
par la liberté d’action
dans la prestation
de travail.
3. Le lien de subordination est l’élément
 Vrai  Faux
distinctif du contrat de travail.
 Vrai  Faux 9. Les clauses du
contrat de travail s’imposent
aux deux parties
avec la même force que la
4. Le pouvoir réglementaire de l’employeur se loi.
traduit par la faculté de sanctionner les
 Vrai  Faux
fautes des salariés.
 Vrai  Faux 10. Le contrat de
travail peut prévoir un salaire
inférieur au SMIC
légal.
5. Aucune sanction pécuniaire ne peut
 Vrai  Faux
sanctionner une faute d’un salarié.
 Vrai  Faux 11. On appelle « droit
négocié » les accords
collectifs conclus
entre employeur(s) et
6. La requalification d’une situation de travail syndicats de
salariés.
relève de la compétence de l’inspecteur du
 Vrai  Faux
travail.
 Vrai  Faux

2. Maîtriser le vocabulaire juridique (p. 76)


Indiquez la formulation juridique qui correspond à chaque formulation
du langage courant.
Formulations du langage courant
Formulations juridiques
a. C’est
l’indépendance du travailleur qui
1. Le contrat de travail se caractérise par
caractérise
le contrat d’entreprise
l’autorité du chef d’entreprise sur le salarié.
(de
prestation de services).
2. Celui qui travaille en toute liberté ne peut pas b. Les juges
peuvent requalifier une
être salarié. situation de
travail en contrat de travail.
3. L’employeur ne peut pas violer la loi c. L’élément
distinctif du contrat
en rédigeant le contrat de travail. de travail
est le lien de subordination.
4. C’est par la mise en œuvre de ses capacités d. Le
pouvoir de direction de l’employeur
d’organisation que l’employeur impose les lui permet
d’organiser le travail des
horaires et définit les tâches des salariés. salariés.
5. Les syndicats et le patronat se mettent d’accord e. Les
règles légales d’ordre public
sur des règles de droit qui complètent les lois. s’imposent à
tout employeur.
6. Il arrive qu’un travailleur fasse dire par les
f. Les
partenaires sociaux sont habilités
juges qu’il exerce ses activités dans le cadre d’un
à élaborer
les règles de droit négocié.
contrat de travail.
Réponses : 1. c – 2. a – 3. e – 4. d – 5. f – 6. b

78 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
3. Comprendre la problématique de la requalification d’une
situation de travail (p. 77)
1. Qualifiez les faits et les parties au litige.
Le litige oppose la société Take Eat Easy et l’un de ses collaborateurs, M. Y…, à
propos du statut sous
lequel se trouve le travailleur : M. Y…, après s’être fait immatriculer comme
autoentrepreneur, a
conclu un contrat de prestation de services avec la société Take Eat Easy.
Postérieurement à cela, il a
demandé au conseil de prud’hommes de requalifier son contrat en contrat de travail.
2. Indiquez le problème juridique à l’origine du litige entre M. Y… et la
société Take Eat
Easy.
À quelle condition un travailleur doit-il être qualifié de salarié ?
3. Quel est le sens de l’arrêt de la cour d’appel ? Comment peut-on
l’expliquer ?
La cour d’appel a estimé que M. Y… était un travailleur indépendant et que son
contrat ne pouvait pas
être requalifié en contrat de travail.
On peut relever les arguments qui ont prévalu pour les magistrats de la cour
d’appel : malgré un
système de rémunération prévoyant un véritable pouvoir de sanction en cas de
manquements aux
obligations professionnelles du travailleur, celui-ci avait la liberté de choisir
ses horaires de travail, ou
de choisir de ne pas travailler pendant un temps, ou encore de choisir chaque
semaine ses jours de
travail et leur nombre, sans avoir à assurer une durée minimale de travail, et donc
de déterminer
librement ses périodes d’inactivité ou de congés et leur durée, autant de libertés
qui excluent
l’existence d’un lien de subordination.
4. Quel est le sens de l’arrêt de la Cour de cassation ? Sur quels éléments
s’appuie-t-il ?
En cassant l’arrêt de la cour d’appel, la Cour de cassation estime que le contrat
de M. Y… aurait dû
être requalifié en contrat de travail.
Les juges du droit relèvent des éléments qui, selon eux, permettent d’établir
l’existence d’un lien de
subordination : d’une part, l’application permettant les missions du travailleur
était dotée d’un système
de géolocalisation qui permettait de le suivre en temps réel, de connaître la
position du coursier et de
comptabiliser les kilomètres parcourus par lui ; d’autre part, la société Take Eat
Easy disposait d’un
pouvoir de sanction à l’égard du coursier.
Au regard de ces constats, il existait bien un pouvoir de direction et de contrôle
de l’exécution de la
prestation de M. Y… caractérisant un lien de subordination et l’existence d’un
contrat de travail.
5. Quel est l’intérêt de cet arrêt de la Cour de cassation pour tous les
travailleurs
indépendants réservant leur activité à une seule entreprise partenaire ?
La requalification des contrats de prestation de services en contrat de travail est
souvent espérée de
travailleurs qui souhaitent bénéficier de l’application du droit du travail, et
particulièrement des règles
protectrices en cas de licenciement. Toutefois, une des difficultés de leur
démarche devant les juges
tient à l’apparence de leur indépendance, confortée par le fait que les trois
éléments caractérisant le
lien de subordination ne sont pas toujours évidents à démontrer. Il arrive que le
pouvoir de sanction
soit facilement établi, mais pas forcément le pouvoir de direction et/ou le pouvoir
de contrôle… ou
inversement. Cet arrêt de la Cour de cassation voit les juges du droit retenir des
indices de la
subordination du travailleur, en rejetant toute prise en considération des éléments
caractérisant son
indépendance.

4. Vérifier la conformité d’un contrat de travail aux normes


juridiques (p. 78)
1. Quel est le sens de l’article 1103 du Code civil ? En quoi peut-il inquiéter
Juliette à
propos de la durée de ses congés payés ?
La formule de l’article 1103 du Code civil illustre le principe de la force
obligatoire des contrats (voir
chapitre 2). Cela signifie que, pour les parties, les engagements contractuels
s’imposent à elles comme
le ferait un texte de loi.

© Nathan Chapitre 5 – Le contrat


de travail et le salariat / 79
Ici, Juliette peut être inquiétée par ce principe juridique car elle peut craindre
de ne pas pouvoir
remettre en cause son acceptation des règles contractuelles régissant ses congés
payés. Or, jusqu’à
trois ans d’ancienneté, elle n’aurait que quatre semaines de congés annuels, ce
dont elle sait que c’est
moins que la durée générale de cinq semaines.
2. Quelle est la portée de l’article L3141-3 du Code du travail ? Dans quelle
mesure est-il
protecteur des intérêts du salarié ?
L’article L3141-3 du Code du travail prévoit que chaque salarié bénéficie de congés
payés à raison de
deux jours et demi ouvrables par mois de travail. Calculée pour une année de
travail, la durée de ces
congés est donc de trente jours ouvrables, soit cinq semaines.
Comme cette disposition légale est une règle d’ordre public, elle s’applique à tous
les salariés et
s’impose à tous les employeurs.
Cela évite que certains employeurs – comme celui de Juliette – abusent de leur
autorité pour réduire la
durée des congés payés par une clause contractuelle défavorable au salarié. Celle-
ci serait réputée non
écrite et sans effet.
3. Prononcez-vous sur la validité des différentes dispositions de la clause n°
12 du contrat
de travail de Juliette. Justifiez.
Une règle légale d’ordre public permet d’écarter l’application d’une règle
contractuelle moins
favorable au salarié. En revanche, elle ne s’oppose pas à ce que le contrat de
travail apporte une
amélioration pour le travailleur.
En reprenant la clause n° 12 du contrat de travail de Juliette, on peut donc dire
que :
– les dispositions s’appliquant aux salariés de moins de trois ans d’ancienneté
sont nulles ;
– les dispositions concernant les salariés dont l’ancienneté est comprise entre
trois et dix ans sont
valables, puisqu’elles ne font que retranscrire les règles légales ;
– les dispositions propres aux salariés de plus de dix ans d’ancienneté sont
valables, puisqu’elles sont
plus avantageuses pour ces salariés que les règles légales.

5. Se préparer au bac Identifier la règle de droit applicable (p. 79)


1. Le DG peut-il modifier unilatéralement les contrats de travail de ses
salariés ?
La force obligatoire des contrats s’applique non seulement au salarié mais aussi à
l’employeur ou à
son représentant. Le DG de l’entreprise ne pourrait donc pas modifier
unilatéralement les dispositions
des contrats de travail concernant la rémunération des heures supplémentaires.
Remarque : on peut éventuellement faire remarquer aux élèves que le respect des
clauses du contrat
de travail oblige au respect de l’essence de ce contrat (salaire, fonction, etc.).
Mais si le travail
s’effectue dans certaines conditions non contractualisées (horaires, jours de
repos, etc.) qui dépendent
du pouvoir de direction de l’employeur, leur modification éventuelle est possible
de façon unilatérale.
2. Comment peut-il parvenir à réduire le coût des heures supplémentaires ?
La question posée laisse deviner qu’il n’existe pas de convention collective
réglant la question de la
rémunération des heures supplémentaires de façon moins généreuse que la loi.
La voie qui permettrait de déroger aux règles du Code du travail est donc celle
d’un accord
d’entreprise consacré à cette question. Il appartient à l’employeur de réunir les
syndicats et de leur
demander, en justifiant par les spécificités de l’entreprise, d’accepter un taux de
majoration des heures
supplémentaires inférieur à celui qui est prévu par la loi (cette faculté est
envisagée par l’article
L3121-33 du Code du travail), ou d’adopter des dispositifs d’aménagement du temps
de travail sur
tout ou partie de l’année, voire des forfaits annuels en heures ou en jours.
3. Quel est le plancher de rémunération assurée aux salariés pour ces heures ?
Le Code du travail prévoit qu’à défaut d’accord d’entreprise, la majoration de la
rémunération des
heures supplémentaires est de 25 % pour chacune des huit premières heures
supplémentaires et de
50 % au-delà. La faculté de négocier une majoration de salaire moins avantageuse
est tempérée par un
plancher. « Ce taux [de majoration] ne peut être inférieur à 10 % », dit la loi.
Cela indique bien que
cette règle est d’ordre public.

80 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
Corrigé de la synthèse

1. Qualifier le contrat de travail et le distinguer du contrat


d’entreprise
Le contrat de travail se définit comme celui par lequel une personne (le salarié)
s’engage à fournir
une prestation de travail en échange d’une rémunération (le salaire), pour le
compte et sous la
direction (le lien de subordination) d’une autre personne (l’employeur). Mais si le
travailleur agit en
toute indépendance, on est en présence d’un contrat d’entreprise (ou de prestation
de services).
La distinction est importante car l’existence du contrat de travail entraîne
l’application des règles
protectrices du droit du travail au profit du salarié. C’est pourquoi certains
travailleurs dits
« indépendants » demandent en justice la requalification de leur contrat
d’entreprise en contrat de
travail.

2. Apprécier les pouvoirs de l’employeur sur le salarié


L’employeur dispose de trois pouvoirs :
– le pouvoir de direction ou d’organisation (détermination des horaires, fixation
des tâches, etc.) ;
– le pouvoir réglementaire (détermination des consignes de travail, des sanctions
en cas de faute) ;
ces règles sont posées dans le règlement intérieur si l’entreprise compte au moins
20 salariés ;
– le pouvoir disciplinaire, qui permet de sanctionner les salariés ayant commis une
faute.

3. Apprécier les obligations de l’employeur à l’égard du salarié


Le contrat de travail détermine les modalités du travail pour chaque salarié
(poste, fonctions, lieu
d’exécution des tâches, durée du travail, horaires, salaire, etc.). Ces éléments
sont fixés par accord
entre les parties mais en respectant les règles d’ordre public énoncées par des
textes de loi ou des
accords collectifs.
En effet, les obligations de l’employeur résultent aussi de nombreux accords
collectifs, comme les
conventions collectives signées par les partenaires sociaux. Ces règles nées de la
négociation
collective organisent les conditions de travail, et se substituent parfois aux
règles légales.

© Nathan Chapitre 5 – Le contrat de


travail et le salariat / 81
L’essentiel

1. Le contrat de travail et la subordination du salarié


Le contrat de travail est passé entre un employeur et un salarié. Toutefois, la loi
ne donnant ni la
définition du contrat de travail, ni celle du salarié, il faut se tourner vers la
jurisprudence pour
connaître les éléments de qualification de ces deux notions.

A. Le lien de subordination, élément distinctif du contrat de travail


Pour la jurisprudence, le contrat de travail est celui par lequel une personne (le
salarié) s’engage à
fournir une prestation de travail en échange d’une rémunération (le salaire), pour
le compte et sous la
direction (le lien de subordination) d’une autre personne (l’employeur).
Cette subordination du salarié se concrétise par les pouvoirs de direction, de
commandement et de
contrôle exercés par l’employeur sur le salarié.

B. L’application des règles protectrices du droit du travail


Le lien de subordination du contrat de travail établit une relation d’autorité, ce
contrat étant le plus
souvent un contrat d’adhésion dont les termes sont acceptés par le salarié.
Aussi, le droit du travail rééquilibre-t-il les relations entre les parties au
contrat de travail au profit du
salarié. Ce droit pose des règles protectrices et limite, en cas de besoin, les
exigences de l’employeur.
C’est particulièrement vrai en matière de durée du travail, de salaire minimum et
de conditions du
travail en général.

C. La requalification du contrat en contrat de travail


Pour profiter des règles protectrices du droit du travail, certains travailleurs
demandent à faire
reconnaître leur statut de salarié au travers d’une action en justice devant le
conseil de prud’hommes.
La requalification d’un contrat en contrat de travail est obtenue dès lors que
l’exécution de la
prestation de travail se fait sous un lien de subordination. Dans ce cas, le
travailleur peut revendiquer
les droits reconnus par le Code du travail à tous les salariés, comme le paiement
des congés payés ou
le respect du SMIC. En cas de rupture du contrat, il peut demander la
requalification de cette rupture
en licenciement et bénéficier des diverses indemnités qui l’accompagnent (indemnité
compensatrice
de préavis, indemnité de licenciement légale ou conventionnelle, indemnité
compensatrice de congés
payés, voire, parfois, indemnité pour licenciement sans cause réelle et sérieuse).

D. La distinction du contrat de travail et du contrat d’entreprise


Diverses situations juridiques concernent un travailleur et une partie pour qui le
travail est fait : il ne
suffit pas d’une prestation effectuée contre rémunération pour qu’existe le contrat
de travail. En effet,
il arrive que le travail soit effectué en toute indépendance. On est alors en
présence d’un contrat
d’entreprise par lequel une prestation de services est fournie. L’exécutant a toute
liberté pour
déterminer ses jours et horaires de travail, et il fixe le montant de sa
rémunération.
Dans cette situation, la contrepartie de l’indépendance et de la liberté du
travailleur est l’absence de
protection par le droit du travail.

2. Les pouvoirs de l’employeur


A. Le pouvoir de direction
Le premier pouvoir de l’employeur est son pouvoir de direction, qui lui permet de
prendre les
décisions pour organiser le fonctionnement de l’entreprise. Ce pouvoir se manifeste
à l’occasion du
recrutement, de la promotion des salariés, de la détermination des horaires de
travail et des congés

82 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
payés, ainsi que, d’une manière générale, dans la fixation des conditions de
travail et des tâches à
accomplir, qui relèvent de l’autorité exclusive du chef d’entreprise.

B. Le pouvoir réglementaire
Par son pouvoir réglementaire, l’employeur peut élaborer les règles qui traduisent
son pouvoir de
direction. À ce titre, il rédige le règlement intérieur de l’entreprise, que la loi
rend obligatoire dès que
l’effectif atteint 20 salariés.
Le contenu du règlement intérieur est strictement limité, selon la loi, aux règles
relatives à l’hygiène et
à la sécurité au travail, ainsi qu’aux règles générales et permanentes relatives à
la discipline dans
l’entreprise. À ce titre, il précise les horaires, les règles en cas d’absence ou
de retard, le respect des
ordres. Il indique aussi quelles sont les sanctions encourues en cas de faute et
comment s’exercent les
droits de la défense des salariés.
C’est le chef d’entreprise qui rédige le règlement intérieur, mais celui-ci est
contrôlé par l’inspecteur
du travail, qui peut imposer soit le retrait, soit la modification de clauses qui
lui paraîtraient illégales.

C. Le pouvoir disciplinaire
Il arrive que les salariés commettent des fautes dans l’exercice de leurs tâches :
non-respect des
consignes ou des horaires, refus de travailler sans motif légitime, insultes et/ou
violence envers un
supérieur hiérarchique ou un collègue, détérioration volontaire du matériel,
infractions graves aux lois
et règlements concernant la sécurité du travail. Le pouvoir disciplinaire de
l’employeur lui permet
alors d’infliger des sanctions. Si les sanctions pécuniaires sont interdites par la
loi, les autres sanctions
peuvent prendre diverses formes : avertissement, mise à pied (suspension temporaire
du contrat de
travail), rétrogradation (affectation à un emploi hiérarchiquement inférieur),
licenciement pour faute
(rupture du contrat de travail).
Un salarié qui estime faire l’objet d’une sanction injustifiée ou disproportionnée
à la faute qu’il a
commise, ou qui juge que la procédure disciplinaire n’a pas été respectée, peut
saisir le conseil de
prud’hommes. Les juges apprécient la validité de la sanction infligée. Si la
demande du salarié leur
paraît fondée, ils peuvent annuler la sanction infligée.

3. Les obligations de l’employeur


A. Le respect des règles d’ordre public
En droit du travail, certaines règles ne peuvent pas admettre de dérogation. On les
qualifie de règles
d’ordre public pour indiquer qu’aucune autre source de droit ne peut les écarter :
ni la convention
collective, ni un accord d’entreprise, ni a fortiori le contrat de travail. Ces
règles proviennent de textes
de loi ou d’accords collectifs. Leur raison d’être est la volonté d’établir de
façon définitive, et souvent
irréversible, des protections essentielles à la défense des salariés.

B. Le contenu du contrat de travail


Chaque contrat de travail individualise la relation entre l’employeur et le
salarié. Il détermine les
modalités du travail en précisant l’emploi (par référence au poste et aux fonctions
du salarié), le lieu
d’exécution des tâches, la durée du travail (emploi à temps plein ou à temps
partiel) et les horaires, les
conditions de la période d’essai, le salaire. Le contrat rappelle aussi l’existence
des règles d’ordre
public applicables, en particulier celles qui proviennent de la convention
collective.

C. Les conditions de travail d’origine conventionnelle


De nombreux accords collectifs, conclus entre les partenaires sociaux, organisent
les conditions de
travail dans les entreprises. Qu’il s’agisse, par exemple, de la durée des congés
payés annuels, de la
durée maximale du travail ou encore des droits à la formation professionnelle, la
loi peut être relayée
par ces accords nés de la négociation collective, qui se substituent parfois à des
règles légales.

© Nathan Chapitre 5 – Le contrat


de travail et le salariat / 83
Ressources numériques
 https://www.focusrh.com/strategie-rh/organisation-et-conseil/requalification-du-
contrat-de-
prestation-de-service-en-contrat-de-travail-31239.html
Ce site présente une vidéo qui permet d’entendre, de la part d’une avocate
spécialisée en droit social,
la réponse à différentes questions concernant la requalification du contrat de
prestataire de services en
contrat de travail :
– l’intérêt de la démarche au conseil de prud’hommes ;
– les circonstances à l’origine de la procédure ;
– les facteurs augmentant les risques de requalification ;
– les précautions à prendre pour éviter la requalification ;
– les éléments à rassembler par l’employeur pour se défendre face à la réclamation
du travailleur ;
– les facteurs mettant en lumière l’existence d’un lien de subordination.

 https://www.easycompta.eu/obligations-legales/le-reglement-interieur-obligation-
ou-
protection
En consultant la vidéo présentée sur ce site, l’élève peut approfondir sa
connaissance du règlement
intérieur et surtout l’envisager autrement que comme une simple obligation légale.
On peut faire
relever :
– sa définition et sa mise en place ;
– la nature de ce règlement intérieur et ses apports en termes de protection de
l’employeur.

 https://cassius.fr/avocat-droit-du-travail/modification-du-contrat-de-travail-
fiche-pratique/
Pour le professeur qui voudrait consacrer quelques minutes à la question des
modifications du contrat
de travail, l’article présenté sur ce site fait la distinction entre les
modifications du contrat de travail,
nécessitant l’autorisation du salarié, et les modifications des conditions de
travail, relevant du pouvoir
de direction de l’employeur.
Sont ainsi passés en revue différents points :
– la rémunération ;
– la durée et les horaires de travail ;
– les fonctions ;
– le lieu de travail ;
– les modalités de mise en œuvre des modifications envisagées ;
– l’attitude à adopter en cas de refus du salarié.

84 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
Chapitre 6
Les différents contrats de travail

Place du chapitre dans le programme

Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


Plan du chapitre Capacités
Notions
• Caractériser le contrat de travail
1. Distinguer les différents
types de contrat de travail dans une situation donnée. • Le contrat à
durée
• Vérifier la conformité d’un CDI indéterminée (CDI)
aux normes juridiques.
• Le contrat à
durée déterminée
(CDD)
• Le contrat de
travail
2. Distinguer les différents • Qualifier une relation de travail
temporaire
contrats de travail précaires dans une situation donnée.
• Le contrat à
durée
indéterminée de
chantier
• Le contrat
saisonnier
• Repérer et vérifier la validité
3. Analyser les clauses des clauses spécifiques dans une • Les clauses
spécifiques
spécifiques du contrat situation donnée : clause du contrat de
travail (mobilité,
de travail de mobilité, clause de non- non-concurrence,
télétravail)
concurrence, clause de télétravail.

Avant la classe (p. 81)


Identifiez les différents contrats de travail possibles pour engager une
nourrice.
Le premier choix est entre le CDI et le CDD : en principe, c’est un CDI si l’emploi
de la nourrice est
permanent. Le CDD est à utiliser en cas de remplacement provisoire de la nourrice.
Ensuite, il faut opter soit pour un contrat à temps plein si la nourrice effectue
au moins 40 heures par
semaine, soit pour un contrat à temps partiel dans le cas contraire.
Il peut arriver que le contrat de travail soit à temps partagé quand les
prestations de la nourrice se font
au profit de deux ou plusieurs employeurs.

Réponses aux questions sur la (les) situation(s)


1. Distinguer les différents types de contrat de travail (p. 82-83)
1. Pourquoi, d’une manière générale, le type de contrat le plus souvent proposé
à l’embauche
n’est-il pas le type de contrat de travail le plus répandu ? (Doc. 1)
Le contrat le plus répandu à l’embauche est le CDD alors que le CDI représente la
majorité des
contrats de travail. Le CDD est proposé en cas de besoin non permanent et il est
suivi d’un CDI si
l’emploi s’avère durable.

© Nathan Chapitre 6 – Les


différents contrats de travail / 85
2. Quels sens donnez-vous à l’article L.1221-2 du Code du travail ? Comment
expliquez-vous la
volonté du législateur ? (Doc. 2)
Le CDI est le contrat de travail à privilégier selon le législateur. Cette règle
traduit la volonté d’un
type de contrat favorable au salarié car lui offrant une certaine stabilité
d’emploi.
3. En quoi le CDI favorise-t-il la stabilité de l’emploi ? (Doc. 3)
Le CDI favorise la stabilité de l’emploi parce que sa fin ne peut intervenir qu’à
l’occasion d’un
événement particulier (licenciement, démission, etc.) et non par la seule volonté
de l’employeur.
Remarque : les élèves peuvent s’élever contre cette proposition en faisant
remarquer que le
licenciement résulte bien d’une décision de l’employeur. Il convient de leur
indiquer combien cette
décision est encadrée par la loi : elle doit être justifiée, elle coûte à
l’employeur (indemnité de
licenciement), elle doit respecter certaines formalités, etc. La question est
étudiée au chapitre 7.
4. Comment se justifie le recours à des CDD pour le chantier du Grand Paris ?
(Doc. 4)
Lors d’un vaste chantier destiné à durer plusieurs années, divers événements
nécessitent le recours aux
CDD : le remplacement de salariés absents (maladie, congés, etc.), l’accroissement
temporaire
d’activité pour certaines entreprises, des contrats de formation, dans le cadre de
mesures pour
l’emploi.
5. Dans les cas ci-dessous, le recours aux contrats précaires est-il justifié
ou non ? (Doc. 5)
a. Le développement important des ventes d’un journal.  Justifié
 Non justifié
b. Les congés payés de certains salariés.  Justifié
 Non justifié
c. Le remplacement du gérant d’une SARL de famille.  Justifié
 Non justifié
d. La volonté de tester sur la durée les compétences d’un salarié.  Justifié
 Non justifié
e. La nécessité de renforcer l’équipe des vendeurs.  Justifié
 Non justifié
6. Comment se justifie l’indemnité de fin de contrat pour les CDD et les CTT ?
(Doc. 5)
Cette indemnité est parfois appelée « indemnité de précarité ». Elle est donc
destinée à compenser – en
partie – les inconvénients liés au manque de stabilité de l’emploi proposé aux
salariés.
Remarque : on peut aussi indiquer que l’indemnité peut jouer un rôle dissuasif par
rapport à la tentation,
pour l’employeur, de recourir à des contrats précaires longs et récurrents plutôt
qu’à des CDI.

Allez plus loin ! Les contrats de travail (p. 83)


1. Relevez les CDD de type particulier et justifiez leur raison d’être.
– Le CDD à objet défini est réservé au recrutement d’ingénieurs et de cadres. D’une
durée comprise
entre 18 et 36 mois, il prend normalement fin avec la réalisation de l’objet pour
lequel il a été conclu.
Ce contrat est utile pour recruter des salariés indispensables à la réalisation
d’un projet, mais auxquels
l’entreprise ne peut pas proposer de CDI.
– Le CDD senior s’adresse aux personnes de plus de 57 ans en recherche d’emploi
depuis plus de
3 mois ou bénéficiaires d’une convention de reclassement personnalisé. Ses
finalités sont de favoriser
le retour à l’emploi des seniors et de leur permettre de compléter leurs droits
afin de bénéficier d’une
retraite à taux plein.
– Le contrat saisonnier a pour raison d’être l’exécution de tâches normalement
appelées à se répéter
chaque année, à des dates à peu près fixes, en fonction du rythme des saisons
(récolte, cueillette…) ou
des modes de vie collectifs (tourisme…).
– Le contrat vendanges est un type particulier de contrat saisonnier, qui permet de
recruter un salarié
pour les préparatifs des vendanges, leur réalisation (cueillette du raisin, portage
des hottes et paniers),
et les travaux de rangement et de nettoyage du matériel.
Remarque : les élèves citeront peut-être le CTT. Il n’est pas exposé ci-dessus car
la question porte sur
les CDD « de type particulier ». Or, le CTT est presque aussi « banal » que le CDD
« classique ».

86 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
2. Quelles caractéristiques du contrat vendanges sont particulièrement
intéressantes pour le
salarié ? Comment se justifient-elles ?
D’une part, le contrat vendanges est un contrat à durée déterminée. Il ne peut pas
dépasser 1 mois.
Mais le salarié a la possibilité de conclure plusieurs contrats vendanges
successifs avec le même
employeur ou un employeur différent, dès lors que leur durée totale cumulée ne
dépasse pas 2 mois sur
une période de 12 mois. Cela offre la possibilité au salarié de passer d’une
exploitation viticole à
une autre.
D’autre part, le contrat vendanges est un contrat saisonnier. Or, ce type de
contrat peut comporter une
clause de reconduction d’une saison sur l’autre, ce qui permet au salarié de
programmer ses
interventions à long terme.
3. Quelles sont les particularités du CDD à objet défini par rapport au CDD «
classique » ?
– Le recours au CDD à objet défini ne nécessite pas, pour l’employeur, de se
trouver dans un des cas
prévus par la loi pour permettre un contrat de travail précaire (remplacement d’un
salarié absent,
surcroît exceptionnel d’activité, etc.).
– Un accord collectif (de branche ou d’entreprise) doit avoir prévu le recours à ce
type de CDD.
– Les salariés recrutés dans le cadre de ce contrat sont soit des ingénieurs, soit
des cadres.
– La durée du CDD à objet défini est comprise entre un minimum de 18 mois et un
maximum de
36 mois. Par ailleurs, il ne peut pas être renouvelé.
4. Pourquoi peut-on dire que tout contrat « atypique » doit impérativement être
écrit ?
Comment cela se justifie-t-il ?
Le contrat à durée indéterminée (CDI) est le contrat de travail de principe et seul
le CDI à temps plein
peut être non écrit. A contrario, tout autre contrat de travail doit être écrit et,
par rapport à la
« norme », apparaît comme atypique (CDI à temps partiel, tout CDD, tout CTT, etc.).
L’exigence de l’écrit est naturelle car celui-ci permet de savoir quelles sont les
particularités de chaque
contrat atypique : durée, motif, renouvellement possible, etc. L’écrit sert de
preuve en cas de
contestation par l’une des parties de ses obligations.

2. Distinguer les différents contrats de travail précaires (p. 84-85)


7. Pourquoi une entreprise de BTP peut-elle préférer recruter un chef de
chantier en CTT
plutôt qu’en CDD ? (Situation et doc. 6)
Le travailleur en CTT a fait l’objet d’une sélection par l’agence d’emploi. Cela
est intéressant pour
certains postes à responsabilité, pour lesquels il n’est donc pas besoin de faire
le tri entre de multiples
candidats.
8. Expliquez les différences entre un CDD et un CTT. (Doc. 6)
Le CDD est conclu directement entre l’employeur et le salarié, alors que le CTT
fait intervenir une
agence d’emploi qui est l’employeur du salarié. De ce fait, le CDD est moins
onéreux que le CTT
puisqu’il faut bien payer les services rendus par l’agence d’emploi.
9. Identifiez les deux contrats et les trois parties liées en cas d’intérim.
(Doc. 6)
– Le contrat de mise à disposition est le contrat par lequel l’agence d’emploi «
loue » les services du
salarié.
– Le contrat de mission (ou CTT) est le contrat de travail entre l’agence d’emploi
et le salarié.
10. Quel type de contrat de travail est le contrat de travail saisonnier ?
(Doc. 7)
Ce contrat est un CDD de type particulier.
11. Quel est l’intérêt d’une clause de reconduction dans un contrat
saisonnier ? (Doc. 7)
Elle assure au salarié un emploi futur et permet à l’employeur de s’organiser sur
le long terme.
12. Quelle est la spécificité du CDI de chantier ? (Doc. 8)
Ce CDI peut être rompu pour une cause spécifique : la fin du chantier ou de
l’opération accomplie.

© Nathan Chapitre 6 – Les


différents contrats de travail / 87
13. Pourquoi les entreprises y ont-elles naturellement recours dans le cadre
des travaux du
Grand Paris ? (Situation et doc. 8)
Ce type de CDI est plus souple qu’un CDI « ordinaire » par sa cause de rupture, et
il est naturellement
justifié ici. De plus, il ne comporte pas d’obligation d’indemnité de fin de
contrat.

Allez plus loin ! Des intérimaires en CDI (p. 85)


1. Quelles sont les parties au contrat dans le cadre d’un CDI intérimaire ?
Il y a, d’une part, le salarié et, d’autre part, l’employeur, qui est ici l’agence
d’emploi (dans l’exemple
ADECCO).
2. Quelles sont les spécificités de ce CDI ?
Ce CDI procure au salarié la stabilité de l’emploi, mais il ne l’installe pas dans
une entreprise puisque
l’exécution du contrat de travail se fera dans des entreprises utilisatrices
multiples. Le salarié effectue
des contrats de mission successifs. Lorsqu’il a terminé une mission, il sait que
son employeur
(l’agence d’emploi) va lui proposer une autre mission dans une autre entreprise
utilisatrice.
3. Quels sont les avantages de ce type de contrat pour le salarié ? pour
l’agence d’emploi ?
pour l’entreprise utilisatrice ?
– Pour le salarié : la stabilité de l’emploi, l’utilisation de ses compétences chez
différents clients de
l’agence d’emploi et le droit à la formation.
– Pour l’agence d’emploi : d’une part, ce type de contrat permet de changer l’image
des agences
d’emploi trop liée à la précarité, d’autre part, les intérimaires sont fidélisés
grâce à leur CDI.
– Pour l’entreprise utilisatrice : elle reçoit des salariés intérimaires plus
investis dans leur mission
parce que moins stressés par leur statut.

3. Analyser les clauses spécifiques du contrat de travail (p. 86-87)


14. Comment se justifie la clause de mobilité dans un contrat de travail ?
(Doc. 9)
Sans cette clause, l’employeur ne pourrait pas imposer à un salarié de rejoindre un
autre lieu de travail
que celui qui a été désigné initialement dans le contrat de travail.
Remarque : une entreprise peut avoir besoin de déménager, de développer des
activités sur un autre
site, en particulier si elle a une dynamique de croissance.
15. La clause présentée est-elle valable ? Justifiez. (Doc. 9)
Les lieux de mutation éventuelle sont précisément déterminés, la mutation apparaît
justifiée par
l’intérêt de l’entreprise, un délai de prévenance est respecté. La clause est
valable sous réserve de tenir
compte de la situation personnelle et familiale des salariés concernés.
16. Expliquez l’utilité de la clause de non-concurrence. (Doc. 10)
Sans la clause de non-concurrence, un ancien salarié pourrait exploiter ou faire
connaître à un
concurrent de son ancien employeur des secrets de fabrication, des informations
stratégiques, etc.
17. Pourquoi la clause de non-concurrence ne peut-elle porter que sur une
fonction précise
et sur une durée et une zone géographique définies ? (Doc. 10)
Sans ces limites à la validité de la clause de non-concurrence, cette dernière
constituerait une atteinte à
la liberté de travailler ou d’entreprendre.
18. Quelle est la condition de validité commune aux clauses de mobilité et de
non-
concurrence ? (Doc. 9 et 10)
Dans les deux cas, la jurisprudence exige que la clause soit justifiée par la
nécessité de protéger les
intérêts légitimes de l’entreprise.
19. La présence d’une clause de recours au télétravail oblige-t-elle le salarié
à accepter cette
forme d’exécution de son travail ? Justifiez. (Doc. 11)
La présence d’une clause de recours au télétravail ne dispense pas l’employeur
d’obtenir l’accord du
salarié. Le refus de sa part ne peut pas être considéré comme un refus d’exécuter
le travail.

88 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
20. Dans la cadre du télétravail, qu’est-ce qui permet au salarié d’abandonner
cette option ?
(Doc. 11)
Le télétravailleur est prioritaire pour occuper ou reprendre un poste sans
télétravail qui correspond à
ses qualifications et compétences professionnelles. Il doit être informé des
opportunités par
l’employeur.
Remarque : certaines situations particulières – comme celle de la crise sanitaire
de début 2020 due
au Covid-19 – peuvent amener l’employeur à imposer le télétravail, dans le respect
des règles édictées
par le gouvernement ou dans une loi d’urgence sanitaire. Dans ce cas, l’absence de
clause
contractuelle de recours au télétravail ne fait pas obstacle à la mise en œuvre de
ce mode de travail.
(Voir la vidéo de la rubrique « Allez plus loin ! ».)

Allez plus loin ! Télétravail, mode d’emploi (p. 87)


1. Quels sont les avantages du télétravail pour le salarié ? pour
l’entreprise ?
– Pour le salarié : grâce au télétravail, ses temps de transport sont réduits ou
supprimés, avec les effets
positifs que cela peut avoir sur sa vie personnelle et de famille. De plus, ce mode
de travail lui permet
de continuer son activité dans des circonstances où le travail en entreprise est
difficile ou impossible
(comme dans le cas de l’épidémie de Covid-19 de 2020).
– Pour l’entreprise : le télétravail entraîne une amélioration de la productivité
et peut améliorer le
climat social.
2. Comment le télétravail est-il mis en place dans l’entreprise ? L’absence
d’initiative de
l’employeur est-elle un obstacle absolu au passage au télétravail ?
La mise en place du télétravail suppose, en principe, l’existence d’un accord
collectif (de branche ou
d’entreprise) ou d’une charte dédiée à ce mode de travail. En l’absence d’accord
collectif ou de charte,
le salarié et l’employeur peuvent quand même convenir de recourir au télétravail.
Si la demande émane du salarié, l’employeur qui ne veut pas y accéder doit
justifier son refus.
Remarque : l’accord des parties se formalise dans une clause de recours au
télétravail dans le contrat
de travail d’origine ou dans un avenant au contrat.
3. Quelles sont les garanties sociales pour le télétravailleur ?
Le télétravailleur a exactement les mêmes droits que les autres salariés :
protection sociale, congés,
droit à la formation, etc. Bien sûr, pour ce qui concerne la durée du travail, les
parties doivent
s’entendre sur les plages horaires durant lesquelles le salarié doit être face à
l’ordinateur.

© Nathan Chapitre 6 – Les


différents contrats de travail / 89
Corrigés des applications
1. Testez vos connaissances (p. 88)
Répondez par vrai ou par faux aux propositions suivantes.

1. Le CDI est le type de contrat de


6. La durée
maximale d’un CDD ou
travail le plus répandu à l’embauche.
d’un CTT
dépend seulement de
 Vrai  Faux l’accord des
parties.
2. Le CDD et le CTT sont considérés  Vrai
 Faux
comme des contrats de travail
7. L’employeur
d’un salarié intérimaire
précaires.
est l’agence
d’emploi.
 Vrai  Faux
 Vrai
 Faux
3. Le CDI assure la stabilité de l’emploi
8. Il n’existe
aucun CDI dont la cause
car sa rupture est toujours justifiée.
de rupture
est connue à l’avance.
 Vrai  Faux
 Vrai
 Faux
4. CDD et CTT sont réservés à des cas
9. Une clause
de mobilité doit prévoir
limitativement énumérés par la loi.
une
contrepartie financière.
 Vrai  Faux
 Vrai
 Faux
5. À la fin d’un CDD ou d’un CTT, le
10. Une clause
de non-concurrence peut
salarié a droit à une indemnité de
prévoir une
contrepartie financière.
précarité de 30 % des rémunérations
perçues.  Vrai
 Faux
 Vrai  Faux

2. Analyser un CDD (p. 88)


1. Quel est le motif de recours au CDD ci-dessous ? Est-il légal ?
Le recours à ce CDD est justifié par un surcroît exceptionnel d’activité. Celui-ci
est d’ailleurs justifié
précisément (par la liquidation judiciaire de l’entreprise sous-traitante
effectuant habituellement la
maintenance informatique pour le compte de l’entreprise).
Il s’agit d’un des motifs valables de recours au CDD, prévu par le Code du travail.
2. Quel est le terme de ce CDD ?
La durée du CDD est de deux mois. Le salarié et l’employeur en connaissent donc
précisément la date.
3. Relevez les mentions de ce contrat répondant à des obligations spécifiques
de
l’employeur en cas de recours au CDD.
Le contrat précise bien la justification du recours au CDD, la durée du CDD, le
nombre de
renouvellements possibles et l’existence d’une indemnité de fin de contrat dont le
montant est
également indiqué (10 % de la rémunération, conformément à la règle légale).
4. Pourquoi ce CDD ne pourrait-il pas être renouvelé plus de deux fois ?
La loi n’interdit pas de renouveler un CDD plus de deux fois. Toutefois, cela n’est
possible que si c’est
prévu par un accord de branche. Or, le contrat indique qu’il n’existe pas d’accord
de branche précisant
ce point. La règle applicable est donc la règle légale qui limite le nombre de
renouvellements possibles
à deux, ce que le contrat ne manque pas de rappeler.

90 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
3. Analyser le problème du recours à de multiples CDD
de remplacement (p. 89)
1. Quel est le problème juridique posé par la multiplication des CDD de
remplacement
conclus avec un même salarié ?
Dans quel cas des CDD multiples doivent-ils être requalifiés en CDI parce que le
recours récurrent à
des contrats à durée déterminée avec le même salarié a pour but de faire face à un
besoin structurel de
main-d’œuvre et ainsi de pourvoir durablement un emploi lié à l’activité normale et
permanente de
l’entreprise ?
2. Quel argument peut amener à considérer que cette situation doit donner lieu
à une
requalification des multiples CDD en un CDI ?
Le fait de recourir au même salarié en lui proposant de multiples CDD peut avoir de
multiples causes
légitimes : remplacement d’un salarié malade, d’une femme en congé maternité, de
personnels en
vacances, etc. Mais si l’entreprise a un effectif important, on peut considérer que
le besoin en
personnel de remplacement est permanent, même si les causes des absences des
salariés sont diverses.
Il y a alors un besoin structurel de main-d’œuvre pour faire face à ces manques de
salariés, ce besoin
nécessitant d’embaucher un salarié sur un poste durable de remplaçant,
correspondant à un emploi
stable lié à l’activité normale et permanente de l’entreprise.
3. Quelle a été la position des juges du fond (conseil de prud’hommes et cour
d’appel) dans
l’affaire citée ci-dessous ?
Les juges du fond ont considéré que le recours à de multiples CDD de remplacement
avait été justifié
par un besoin permanent de l’entreprise. Comme, dans ce cas, l’usage d’un CDD est
interdit par la loi,
ils ont prononcé la sanction attendue par la salariée intéressée : la
requalification de ses CDD en
un CDI.
4. Sur quels éléments la Cour de cassation s’est-elle appuyée pour les
contredire ?
La Cour de cassation a désapprouvé les juges du fond, à qui il est reproché de ne
pas avoir pris en
compte précisément les circonstances justifiant le recours aux multiples CDD. Il ne
suffit pas de
relever qu’il y a eu de nombreux CDD de remplacement pour conclure qu’ils
correspondent à un
emploi permanent. Il faut s’attarder précisément sur les circonstances des
embauches en CDD et
particulièrement sur la nature des emplois successifs occupés et sur la structure
des effectifs de
l’entreprise.
5. La requalification de multiples CDD de remplacement en un CDI est-elle
toujours
possible ? Si oui, à quelles conditions ?
La Cour de cassation n’exclut pas, par principe, la possibilité de requalifier des
CDD successifs en un
CDI. Elle veut simplement dire que ce ne doit pas être automatique.
Prendre en compte les circonstances, la nature des emplois occupés et la structure
des effectifs signifie
que la requalification sera encourue, par exemple, si le salarié en CDD est appelé
à remplacer un
même type de salariés absents pour les mêmes motifs, à des postes identiques (une
salariée remplaçant
systématiquement les caissières en congé ou malades, par exemple). Par ailleurs, la
requalification
intervient plus souvent dans les grandes entreprises où le remplacement de salariés
absents est une
contrainte de chaque jour.
La Cour de cassation renvoie donc les juges du fond à l’examen cas par cas des
situations de recours
aux CDD multiples, sans fermer la porte à une requalification possible.

4. Repérer les particularités du télétravail (p. 89)


1. Citez les principales obligations de l’employeur en cas de télétravail.
La loi (C. trav., art. L.1222-10) précise les obligations multiples de l’employeur
recourant au télétravail :
– la prise en charge des coûts découlant directement de l’exercice du télétravail ;
– l’information du salarié de toute restriction à l’usage de l’informatique ou
d’Internet et des
éventuelles sanctions en cas de non-respect de telles restrictions ;

© Nathan Chapitre 6 – Les


différents contrats de travail / 91
– la priorité accordée au salarié pour occuper ou reprendre un poste sans
télétravail et l’obligation de
l’informer sur la disponibilité d’un poste correspondant à ses qualifications et
compétences ;
– l’organisation d’entretiens annuels portant notamment sur les conditions
d’activité du salarié et sa
charge de travail ;
– la détermination, en concertation avec le salarié, des plages horaires de travail
durant lesquelles il
pourra le contacter.
2. Repérez les prises en charge financières et justifiez-les.
La première des obligations à la charge de l’employeur est précisée dans ces termes
: « Prendre en
charge tous les coûts découlant directement de l’exercice du télétravail, notamment
le coût des
matériels, logiciels, abonnements, communications et outils ainsi que de la
maintenance de ceux-ci. »
Les termes choisis par le législateur montrent que le salarié n’a pas à supporter
le coût ni des
équipements (ordinateur, logiciels), ni des abonnements (auprès d’un opérateur), ni
des frais de
communication, ni même des coûts de maintenance.
La justification de ces précisions de la loi est que le télétravail ne doit pas
coûter au salarié. Lorsqu’il
est dans l’entreprise, toutes les dépenses liées à l’utilisation (banale) de
l’informatique sont à la charge
de l’employeur. Il n’y a pas de raison qu’il en soit autrement quand le salarié
effectue sa mission par
télétravail.
3. Montrez que certaines obligations de l’employeur sont au service du bien-
être au travail
du télétravailleur.
Deux dispositions du Code montrent la préoccupation pour le bien-être du salarié en
télétravail :
– l’organisation des entretiens annuels, dont les finalités peuvent être multiples,
mais dont le
législateur ne précise que l’obligation de réfléchir aux conditions d’activité du
salarié et à sa charge de
travail ;
– la détermination par accord entre salarié et employeur des plages horaires où le
contact entre le
travailleur et son entreprise pourra intervenir.

5. Identifier les suites du non-respect d’une clause de non-


concurrence par le salarié (p. 90)
1. Quel est l’objectif de la clause de non-concurrence ?
En interdisant au salarié de se faire embaucher par un concurrent de son employeur
ou de s’établir à
son compte après la rupture de son contrat de travail, cette clause vise à empêcher
que le salarié fasse
concurrence à son ancien employeur soit en dévoilant à une entreprise concurrente
des renseignements
commerciaux ou techniques importants, soit en profitant de l’expérience acquise
dans son ancienne
entreprise.
2. Dans l’affaire étudiée ici, cette clause remplissait-elle les conditions de
validité ?
La jurisprudence pose des conditions à la validité de la clause de non-
concurrence :
– d’abord, sa portée ne doit pas être absolue : les effets de la clause doivent se
limiter à un espace
déterminé, pour une durée déterminée et non excessive, et ne concerner que des
activités bien définies.
Ici, il semble que cette condition soit remplie. Si rien n’est dit sur la limite
géographique de la clause,
les termes du litige indiquent bien la durée limitée (un an) et les activités
interdites à l’ex-salarié
(ingénieur commercial dans un secteur d’activité défini) ;
– ensuite, la clause doit être indispensable pour protéger les intérêts légitimes
de l’entreprise ; cela est
vrai ici car le salarié causerait un préjudice à son ex-employeur en mettant ses
compétences au service
d’un concurrent ;
– enfin, une contrepartie financière doit être prévue pour le salarié en
contrepartie du respect de la
clause, ce qui était bien le cas dans cette affaire.
Le seul point douteux – la limite géographique d’application de la clause – n’étant
pas discuté devant
les juges, on peut en déduire que l’ensemble des conditions de validité de la
clause de non-
concurrence étaient réunies.

92 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
3. Pour quel motif le salarié s’était-il cru libéré de son obligation de non-
concurrence ?
Le salarié avait quitté la société qui l’employait le 23 octobre 2009, et il
n’avait toujours pas reçu
l’indemnité qui lui était due au titre de la clause de non-concurrence le 31
octobre 2009. Il pensait
donc pouvoir conclure qu’il était libéré dès cette date de l’application de cette
clause, en raison de
l’inexécution par son ancien employeur de son obligation de paiement.
Remarque : un autre motif peut être relevé : le salarié estime que l’interdiction
de concurrence se
traduisait, pour lui, par une atteinte à son droit inaliénable de travailler. Son
raisonnement est le
suivant : son expérience et son savoir-faire ne peuvent s’exprimer que dans le
secteur d’activité de son
ancienne entreprise. En lui interdisant toute embauche dans ce secteur, la clause
de non-concurrence
l’oblige à renoncer à trouver un emploi, en tout cas au même niveau de rémunération
que son ancien.
4. Quel est le sens de l’arrêt de la Cour de cassation ? Comment se justifie-
t-il ?
Pour la Cour de cassation, le motif d’impossibilité de trouver du travail dans un
autre secteur d’activité
que celui de son ancienne entreprise ne tient pas, du fait de son expérience
professionnelle et de sa
formation.
Mais surtout, les juges du droit relèvent qu’il ne s’était écoulé que quelques
jours entre le départ du
salarié de l’entreprise et la décision de l’employeur de ne pas verser la
contrepartie financière. La
brièveté de ce délai ne suffisait pas à libérer le salarié de son obligation de
non-concurrence. Ce n’est
donc pas parce que le salarié n’avait pas très vite perçu l’indemnité de non-
concurrence qu’il pouvait
estimer en être délié.
Cette décision se justifie par le fait que le salarié a visiblement été de mauvaise
foi. On peut passer sur
sa prétendue impossibilité de travailler dans un secteur différent de celui de son
ancienne entreprise ;
les juges la balaient sans insister sur son manque de sérieux.
Plus importante est la précipitation avec laquelle le salarié a accepté un poste
chez un concurrent, au
motif que la contrepartie financière de la clause de non-concurrence n’avait pas
été versée assez vite.
Cela ressemble trop à la volonté de profiter de l’aubaine pour échapper à son
obligation. A contrario,
on peut penser que si l’ex-employeur avait tardé à payer malgré une mise en demeure
et après un délai
raisonnable, les juges auraient validé le refus de respecter la clause de non-
concurrence.

6. Se préparer au bac Qualifier juridiquement une situation


et formuler le problème de droit (p. 91)
1. Dans l’affaire évoquée ici, identifiez les parties concernées par le litige,
le lien juridique
qui les réunit et les faits à l’origine du litige.
Les parties en présence sont Virginie X…, attachée commerciale promue coordinatrice
direction
commerciale d’une part, et son employeur, le groupe Zannier Prestations, d’autre
part.
Le service commercial du groupe Zannier Prestations ayant été transféré de Saint-
Chamond, dans le
département de la Loire (42), à Troyes, dans l’Aube (10), Mme X… a été avisée de sa
mutation à
Troyes à son retour de congé maternité. Elle a estimé que la clause de mobilité de
son contrat n’était
pas valable juridiquement parce que trop imprécise quant à sa zone géographique
d’application. Elle a
donc refusé de rejoindre son nouveau poste. Son employeur l’a licenciée et la
salariée a saisi la justice.
2. Formulez le problème de droit : présentez en termes généraux la question qui
est posée.
Le problème de droit est celui de l’appréciation des termes de la clause de
mobilité au regard de
l’obligation, pour l’employeur, de définir précisément à l’avance les lieux
possibles de mutation du
salarié.
3. Précisez les étapes de l’affaire en justice.
Mme X… a saisi le conseil de prud’hommes.
Le jugement du premier degré a fait l’objet d’un appel.
L’employeur a formé un pourvoi en cassation.
4. Quelle a été la position de la cour d’appel ?
La cour d’appel a donné raison à Mme X… en déclarant non valable la clause de
mobilité qui
prévoyait une mutation possible de la salariée sur l’ensemble du territoire
national, sans indication des
lieux de travail possibles. Pour elle, cette formulation ne pouvait permettre à la
salariée de déterminer

© Nathan Chapitre 6 – Les


différents contrats de travail / 93
les limites précises de la zone géographique d’application de la clause de
mobilité. Cela l’empêchait
de connaître l’étendue de son obligation contractuelle.
5. Quel est le sens de l’arrêt rendu par la Cour de cassation ?
En cassant l’arrêt de la cour d’appel, la Cour de cassation retient la validité de
cette clause de mobilité.
Pour les juges du droit, le territoire d’application était défini avec précision et
l’employeur n’avait pas
la possibilité d’étendre unilatéralement la portée de la clause.
6. Selon vous, cette décision est-elle de nature à éviter ce type de conflits
à l’avenir ?
On peut relever la différence sensible d’analyse entre les juges du fond et les
juges du droit.
Pour les juges du fond, une clause de mobilité n’est pas valable lorsque la
référence au territoire
national permet à l’employeur de muter un salarié où il veut, sans que le
travailleur ait pu connaître à
l’avance les lieux possibles de déroulement de sa carrière.
Pour les juges du droit, aussi vaste que soit la zone géographique des mutations
possibles, si elle est
précisément définie, cela ôte à l’employeur le pouvoir d’appliquer arbitrairement
une décision de
muter le salarié.
Cette position de principe ne semble pas de nature à éviter les litiges sur la
validité de ce type de
clause. Que les employeurs prennent connaissance de cette jurisprudence et qu’ils
formulent tous les
clauses de mobilité en prévoyant la zone la plus large possible et ils penseront
avoir le droit pour eux.
Mais les salariés intéressés seront sans doute nombreux à considérer que la
position des juges du fond
– si elle est confirmée dans d’autres affaires – leur permet d’espérer un
revirement de la part des juges
du droit… ou l’abandon de la procédure par l’employeur avant le pourvoi en
cassation !

94 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
Corrigé de la synthèse (p. 92)

1. Distinguer les différents types de contrat de travail


Le contrat de travail proposé au salarié est parfois synonyme d’emploi précaire.
C’est souvent le cas à
l’embauche lorsqu’un contrat à durée déterminée (CDD) est offert au salarié. Mais
le législateur
veut faire du contrat à durée indéterminée (CDI) la référence. Celui-ci offre en
effet une certaine
stabilité d’emploi puisque sa rupture ne peut résulter que de causes précises
(licenciement, démission,
retraite, etc.) échappant à l’arbitraire de l’employeur. D’ailleurs, c’est ce type
de contrat qui est le plus
répandu parmi les salariés en activité.

2. Distinguer les différents contrats de travail précaires


Le recours aux contrats de travail précaires est utile à l’employeur dans certains
cas et le législateur
limite à la fois les situations où ces contrats sont autorisés (remplacement d’un
salarié absent, surcroît
exceptionnel d’activité, etc.) et la durée de ces contrats (souvent limitée à 18
mois) ainsi que les
possibilités de les renouveler (habituellement deux fois au plus).
Il arrive que le chef d’entreprise se tourne, pour des besoins provisoires de main-
d’œuvre, vers le
contrat de travail temporaire (CTT), faisant intervenir une agence d’emploi qui
propose à
l’entreprise utilisatrice un contrat de mise à disposition du salarié, qui
intervient dans le cadre de son
contrat de mission signé avec l’agence d’emploi. Cette formule dite « d’intérim »
évite à l’entreprise
les soucis du recrutement et de la sélection pour un besoin en personnel non
durable.
D’autres contrats précaires existent, comme le contrat saisonnier et le CDI de
chantier.

3. Analyser les clauses spécifiques du contrat de travail


Le contrat de travail proposé au salarié contient parfois des clauses spécifiques
destinées à répondre à
des besoins particuliers de l’entreprise.
La clause de mobilité prévoit une éventuelle mutation du salarié dans un autre lieu
de travail
ultérieurement à son embauche. Elle est soumise à des conditions de validité assez
strictes, en
particulier la précision des lieux possibles de mutation.
La clause de non-concurrence produit ses effets après la rupture du contrat de
travail : elle interdit au
salarié de se faire embaucher par un concurrent de son employeur ou de s’établir à
son compte pour le
concurrencer. Elle aussi est soumise à de strictes conditions de validité, en
particulier l’impossibilité
d’entraîner une atteinte absolue à la liberté du travail ou d’entreprendre.
La clause de recours au télétravail, incorporée initialement au contrat de travail
ou insérée
ultérieurement, marque l’accord entre l’employeur et le salarié d’exploiter
éventuellement ce type de
travail à distance.
© Nathan Chapitre 6 – Les
différents contrats de travail / 95
L’essentiel

1. Les différents types de contrat de travail


Le contrat de travail proposé au salarié est parfois synonyme d’emploi stable. Mais
dans d’autres cas,
il est plus précaire et intervient pour répondre à des besoins plus ponctuels de
l’entreprise.

A. Le contrat à durée indéterminée (CDI)


Le contrat à durée indéterminée (CDI) n’a pas de terme fixé lors de sa conclusion.
Les principales
raisons de son interruption sont la démission du salarié, son départ à la retraite,
son licenciement ou
une rupture conventionnelle, et jamais une décision arbitraire de l’employeur.
C’est cela qui explique
que le CDI soit considéré comme le contrat de travail assurant une certaine
stabilité de l’emploi.
D’ailleurs, pour le législateur, le CDI est le contrat de travail de référence et,
effectivement, les textes
qui en préconisent l’usage rendent plus difficile le recours aux contrats
précaires. Les statistiques le
montrent : le CDI est, de loin, le contrat de travail le plus répandu en France.

B. Les contrats précaires


Lorsque les besoins en travailleurs n’apparaissent pas permanents mais provisoires,
l’employeur peut
se tourner vers les contrats à durée déterminée ou les contrats de travail
temporaire. Il recrute ainsi,
pour une période limitée, le complément de personnel dont il a besoin pour un
temps. Ces contrats de
travail sont précaires pour le salarié du fait de l’arrivée de leur terme à courte
échéance.
Mais le recours à ce type de contrats est restreint aux seuls cas où l’emploi n’est
pas stable. Il doit
correspondre à l’une des situations limitativement énumérées par la loi :
remplacement d’un salarié
absent, accroissement temporaire d’activité, emploi saisonnier ou par nature
temporaire, remplacement
du chef d’entreprise malade ou contrats dans le cadre de mesures pour l’emploi.
La loi précise les cas où le recours à ces contrats précaires est interdit : pour
pourvoir un emploi
permanent, pour remplacer un gréviste, en cas de travaux particulièrement dangereux
ou dans les six
mois suivant un licenciement économique.
Les contrats précaires doivent impérativement être écrits et comporter certaines
mentions obligatoires.
De plus, la durée des contrats précaires est, en principe, déterminée par un accord
collectif de branche,
comme le nombre de renouvellements admis. En l’absence d’accord, la loi limite à
dix-huit mois la
durée de ces contrats, et interdit qu’ils soient renouvelés plus de deux fois.
Enfin, les salariés engagés en contrats précaires ont droit à une indemnité de fin
de contrat égale à
10 % de la rémunération brute perçue.

2. Les différents contrats de travail précaires


A. Le contrat à durée déterminée (CDD)
Le contrat à durée déterminée (CDD) est conclu entre l’employeur et un salarié
qu’il sélectionne et
recrute lui-même pour une période plus ou moins courte et dans les seuls cas
autorisés par la loi.

B. Le contrat de travail temporaire (CTT)


Lorsqu’il ne veut pas recruter lui-même un salarié pour une courte période de
travail, le chef
d’entreprise peut recourir au contrat de travail temporaire (CTT) en s’adressant à
une agence d’emploi.
Ce type d’établissement dispose de fichiers dans lesquels figurent des demandeurs
d’emploi prêts à
accepter une mission, même brève, à exécuter dans l’entreprise qui leur sera
désignée.
L’intérim est mis en œuvre par deux contrats complémentaires : d’une part, un
contrat de travail, dit
« contrat de mission », entre le salarié et l’entreprise de travail temporaire ;
d’autre part, un contrat de
service, dit « contrat de mise à disposition », entre l’entreprise de travail
temporaire et l’entreprise
utilisatrice du salarié. Celle-ci peut donc obtenir rapidement la personne
correspondant à un besoin
ponctuel.

96 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
C. Le contrat saisonnier
Il arrive que les tâches confiées au salarié aient tendance à se répéter d’une
période sur l’autre, chaque
année, en général à des dates à peu près fixes, en fonction du rythme des saisons,
en particulier dans le
monde agricole (récolte, cueillette, vendanges, etc.) ou dans le secteur du
tourisme. C’est la nature des
activités et non la volonté de l’employeur qui conditionne ce rythme de l’activité.
Dans ce cadre, la loi autorise le recrutement de salariés en contrats à durée
déterminée (CDD)
prévoyant ou non un terme précis.
Une certaine sécurité de l’emploi peut toutefois exister pour le salarié, qui peut
bénéficier de contrats
saisonniers successifs ou être en possession d’un contrat de travail comportant une
clause de
reconduction d’une saison sur l’autre.

D. Le CDI de chantier
Le CDI de chantier, ou CDI d’opération, est un type particulier de contrat de
travail à durée
indéterminée. En effet, la loi autorise sa rupture à la fin du chantier ou de
l’opération qui a justifié le
recrutement du salarié, ces événements étant considérés comme une cause valable de
licenciement.
La finalité de ce CDI est de permettre à un employeur de recruter des salariés pour
travailler sur un
chantier ou une opération dont la date de fin ne peut être exactement connue à
l’avance.
Une condition est posée pour pouvoir user du CDI de chantier : l’existence d’une
convention
collective ou d’un accord collectif qui en détermine les conditions et les
modalités de mise en œuvre.
De fait, le secteur d’activité pouvant recourir à ce contrat est essentiellement
celui des bâtiments et
travaux publics (BTP), mais le CDI de chantier est également utilisé dans d’autres
branches d’activité,
comme la construction navale.

3. Les clauses spécifiques du contrat de travail


A. La clause de mobilité
La clause de mobilité prévoit une éventuelle mutation du salarié dans un autre lieu
de travail
ultérieurement à son embauche. Elle permet à l’employeur d’affecter ses salariés
aux postes qui se
créent ou se libèrent dans certains de ses établissements. Dès lors que cette
clause a été acceptée par le
salarié, celui-ci ne peut pas refuser de rejoindre le nouveau lieu d’affectation
qui lui a été assigné.
Au regard des inconvénients possibles de la mutation géographique imposée au
salarié, la
jurisprudence a posé des exigences à la validité de cette clause :
– en premier lieu, le salarié doit savoir précisément quel(s) lieu(x) il pourra
être amené à rejoindre ;
– ensuite, la mise en œuvre de la mutation du salarié doit être justifiée par
l’intérêt de l’entreprise,
comme en cas de réorganisation des services ou d’ouverture d’un nouvel
établissement ;
– de plus, l’employeur doit tenir compte de la situation personnelle et familiale
du salarié ;
– enfin, un délai de prévenance raisonnable doit être respecté avant la mutation
effective du salarié, les
juges considérant que quelques mois constituent un temps raisonnable.

B. La clause de non-concurrence
La clause de non-concurrence interdit au salarié de se faire embaucher par un
concurrent de son
employeur ou de s’établir à son compte pour le concurrencer après la rupture de son
contrat de travail.
Les inconvénients pour le salarié sont évidents : il subit une atteinte à sa
liberté de travail comme à sa
liberté d’entreprendre. Pour l’employeur, cette disposition du contrat de travail
lui assure qu’un ancien
salarié ne pourra pas dévoiler à un concurrent des renseignements commerciaux ou
techniques
importants, ni qu’il le concurrencera en profitant de l’expérience acquise dans son
entreprise.
La jurisprudence pose des conditions assez strictes à la validité de cette clause :
– sa portée ne doit pas être absolue : les effets de la clause doivent se limiter à
un espace déterminé (la
ville, le département, la région, etc.), pour une durée déterminée et non excessive
(deux, trois, cinq
ans, etc.) et ne concerner que des activités bien définies (par exemple, directeur
commercial dans les
produits optiques, responsable qualité dans l’industrie automobile) ;

© Nathan Chapitre 6 – Les


différents contrats de travail / 97
– la clause doit être indispensable pour protéger les intérêts légitimes de
l’entreprise ; cela suppose que
le salarié causerait réellement un préjudice à son ancienne entreprise en se
mettant au service d’un
concurrent ou en s’installant à son compte ; donc, il n’est pas licite d’inscrire
une clause de non-
concurrence dans le contrat de travail d’un salarié subalterne ;
– une contrepartie financière doit être prévue pour le salarié en contrepartie du
respect de la clause, la
jurisprudence exigeant que cette indemnisation ne soit pas dérisoire (un demi-
salaire ou plus pour
chaque mois d’application de la clause).

C. La clause de recours au télétravail


Le recours au télétravail dans l’entreprise peut être prévu par un accord
collectif. Cette forme de
travail peut aussi résulter d’une clause incorporée au contrat de travail ou
insérée ultérieurement par
accord entre les parties. La rédaction de la clause de recours au télétravail est
très encadrée par la loi,
qui rappelle en particulier que le salarié ayant accepté de télétravailler est
prioritaire pour occuper ou
reprendre un poste sans télétravail correspondant à ses qualifications et
compétences professionnelles,
son employeur étant tenu de porter à sa connaissance la disponibilité de tout poste
de cette nature.
Par ailleurs, en droit, le refus d’accepter un poste de télétravailleur n’est pas
un motif valable de
rupture du contrat de travail.

98 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
Ressources numériques
 http://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F40
Cette page du site officiel de l’Administration apporte d’intéressantes précisions
sur les règles
spécifiques concernant aussi bien l’échéance du CDD que sa rupture anticipée.
Différents onglets permettent d’envisager les questions suivantes :
– le terme du contrat ;
– l’indemnité de fin de contrat ;
– les cas autorisés de rupture anticipée ;
– le préavis ;
– les indemnités versées en cas de rupture anticipée ;
– les documents remis au salarié en toute hypothèse.

 https://www.youtube.com/watch?v=MFNBbAV4aD8www.legifrance.gouv.fr/
Dans cette vidéo, Maître Julien Fouray présente le CDI de chantier d’une façon
simple et vivante.
On peut faire rechercher :
– l’évolution du CDI de chantier ;
– sa finalité ;
– ses avantages pour le salarié et pour l’entreprise ;
– les spécificités de sa rupture.

 https://www.capital.fr/votre-carriere/coronavirus-mon-employeur-peut-il-me-
refuser-le-
teletravail-1364889
Cette vidéo permet de réfléchir aux problèmes liés au télétravail des salariés lors
de l’épidémie de
Covid-19, en l’absence de clause de recours à ce type de travail. Sont abordés
quelques points
essentiels :
– le choix des entreprises ;
– les pouvoirs de l’employeur ;
– la demande du salarié ;
– la possibilité de refus par l’employeur et ses conséquences.

© Nathan Chapitre 6 – Les différents


contrats de travail / 99
100 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ? © Nathan
Chapitre 7
La rupture du CDI

Place du chapitre dans le programme

Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


Plan du chapitre Capacités
Notions
1. Apprécier la validité
de la rupture du contrat • La démission
• Vérifier les principales
de travail par le salarié
conditions de validité
de la rupture du contrat de travail
dans une situation donnée. • La cause réelle
et sérieuse
2. Apprécier la validité • Le licenciement
individuel
de la rupture du contrat pour motif
personnel
de travail par l’employeur • Distinguer les causes • Le licenciement
pour motif
de licenciement (motif personnel, économique
motif économique).
• Vérifier les principales • La rupture
conventionnelle
3. Apprécier la validité
conditions de validité individuelle
de la rupture du contrat de
de la rupture du contrat de travail • La rupture
conventionnelle
travail par les deux parties
dans une situation donnée. collective
• Apprécier les conséquences
4. Identifier les
du licenciement dans le cas
conséquences de la rupture
du licenciement pour motif
du contrat de travail
personnel.

Avant la classe (p. 93)


Quelles mesures accompagnent les nombreux licenciements économiques
décidés chez
Ford à Blanquefort ?
Les licenciements prévus s’accompagnent de mesures destinées à aider les salariés :
les plus âgés
pourraient partir en préretraite pour une durée maximale de sept ans, avec le
versement de 80 % de
leur salaire ainsi que des indemnités de licenciement complémentaires. Aux autres,
Ford propose trois
offres d’emploi, 12 mois de congés de reclassement et des indemnités de départ.

Réponses aux questions sur la (les) situation(s)


1. Apprécier la validité de la rupture du contrat de travail par
le salarié (p. 94-95)
1. Les salariés quittant Renault pour PSA doivent-ils préciser la raison de leur
démission ?
(Situation et doc. 1)
Non, les salariés peuvent démissionner sans avoir à justifier leur décision.

© Nathan Chapitre 7 –
La rupture du CDI / 101
2. Ces salariés ont-ils quitté Renault du jour au lendemain ? Justifiez. (Doc.
1)
Non, la rupture définitive du contrat de travail par la démission doit être
précédée d’un préavis.
3. Pourquoi un salarié démissionnaire n’a-t-il pas droit aux allocations-
chômage ? (Doc. 1)
Ces allocations sont dues en cas de perte involontaire d’emploi. Or, la démission
est volontaire.
4. Pourquoi le salarié n’a-t-il pas, en principe, la faculté de revenir sur sa
démission ?
Comment se justifie l’exception à cette règle ? (Doc. 2)
La démission entraîne la rupture définitive du contrat de travail : c’est une
décision claire, sérieuse et
non équivoque. Il faudrait que l’un de ces caractères fasse défaut pour que le
salarié puisse revenir sur
sa décision qui, en fait, n’est pas vraiment une démission dans ce cas.
Remarque : il faut insister sur le fait que les cas de remise en cause de la
démission ne correspondent
en rien à un droit de repentir du salarié. Celui qui ne reprend pas le travail
après ses congés, celui qui
quitte son poste après une réprimande n’ont en fait pas démissionné. Bien sûr, les
élèves
s’interrogeront sur le maintien du contrat de travail. On doit leur faire observer
que l’employeur peut
prendre appui sur ces comportements des salariés pour les sanctionner,
éventuellement par un
licenciement, dont ils verront plus loin qu’il est encadré par la loi.
5. Dans les cas suivants, la volonté de démissionner du salarié est-elle libre
ou non ? (Doc. 3)
a. Démission pour accepter un autre emploi  Oui  Non
b. Démission pour suivre son conjoint muté  Oui  Non
c. Démission pour mettre fin à un harcèlement  Oui  Non
d. Démission en réponse à des injures graves  Oui  Non
6. Pourquoi l’accord Renault favorise-t-il les candidats à la retraite ?
(Situation et doc. 4)
Par des incitations, l’entreprise vise ainsi à se séparer de ses salariés les plus
âgés.
7. Quels sont les points communs entre démissionner et prendre sa retraite ?
(Doc. 4)
La démission et le départ à la retraite émanent de la volonté du salarié, n’ont pas
à être justifiés et
doivent tous deux être le fait d’une volonté claire et non équivoque du salarié.
8. Pourquoi, selon vous, l’âge réel de départ à la retraite est-il supérieur à
62 ans ? (Doc. 4)
L’âge légal de départ à la retraite ne garantit pas la pension maximale. Les
salariés attendent souvent
d’avoir cotisé assez longtemps (au-delà de cet âge) pour cesser de travailler.

Allez plus loin ! Crise à la SNCF : démissions en série chez les


cheminots (p. 95)
1. Quelle est la progression du nombre de démissions à la SNCF de 2016 à 2018 ?
L’évolution du nombre de démissions à la SNCF de 2016 à 2018 est la suivante : 614
en 2016, 763 en
2017 et 1 025 en 2018. Cela représente donc une augmentation d’environ 67 % sur
deux ans et de
34 % entre 2017 et 2018.
2. Quel est l’inconvénient de ce mode de rupture de leur contrat de travail
pour les
cheminots ?
Les salariés qui démissionnent rompent d’eux-mêmes leur contrat de travail. Il ne
s’agit donc pas
d’une perte involontaire d’emploi et ces salariés ne peuvent donc pas prétendre au
bénéfice des
allocations-chômage.
3. Quelles raisons peuvent expliquer ce phénomène ? Pensez-vous qu’il soit
limité au cas de
la SNCF ? Justifiez.
Apparemment, les causes de cette envolée des démissions sont multiples : une
ambiance de travail peu
agréable, un manque d’ouverture vers des promotions intéressantes, une politique de
modération des
augmentations de salaires, le tout justifié par la perspective de l’ouverture à la
concurrence pour la SNCF.
On voit bien que ce sont les reproches qui peuvent être faits à de nombreuses
entreprises dont la situation
dans un environnement concurrentiel oblige à rechercher les gains de productivité,
en particulier par
une gestion rigoureuse des coûts de main-d’œuvre, souvent contraire aux aspirations
des salariés.

102 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
2. Apprécier la validité de la rupture du contrat de travail par
l’employeur (p. 96-97)
9. À quelle condition les juges ont-ils pu considérer que le licenciement du
salarié de
Renault avait une cause réelle et sérieuse ? (Situation et doc. 5)
Une appréciation objective des faits a révélé, selon les juges, l’insuffisance
professionnelle du salarié,
ce qui est une cause réelle et sérieuse de licenciement.
10. En quoi le comportement de ce salarié est-il distinct d’une faute ?
(Situation et doc. 6)
Le reproche fait au salarié et retenu pour le licencier est celui d’une
insuffisance professionnelle, ce
qui constitue une incapacité et non une faute.
Remarque : la « légèreté » relevée du salarié n’aurait pas pu justifier le
licenciement car une faute
légère n’est pas une cause sérieuse de licenciement.
11. Quel motif de licenciement peut-on invoquer dans ces situations ? (Doc. 6)
a. Coups portés à un collègue de travail : faute grave.
b. Espionnage industriel au profit d’un concurrent : faute lourde.
c. Incapacité à s’adapter à un nouveau logiciel : insuffisance professionnelle.
d. Comportement irascible nuisant au travail en équipe : caractère créant une gêne
au travail.
e. Non-reprise du travail après les congés payés : faute grave.
12. Analysez et décomposez l’article L.1233-3 du Code du travail. (Doc. 7)

1. Les causes possibles 2. Les


motifs précis
à l’origine du licenciement économique
– Difficultés économiques – Suppression d’emploi
– Mutations technologiques – Transformation
d’emploi
– Réorganisation de l’entreprise pour – Refus de
modification du contrat
sauvegarder sa compétitivité de travail par le
salarié
– Cessation d’activité

13. Quel motif de licenciement le groupe Ibiden peut-il invoquer ? (Situation


et doc. 7)
Il s’agit d’un licenciement économique collectif justifié par des difficultés
économiques.

Allez plus loin ! La définition du licenciement pour motif économique


(p. 97)
1. Comment s’apprécient, selon la loi, les difficultés économiques pouvant
justifier un ou des
licenciements économiques ?
L’appréciation, selon la loi, des difficultés ne procède pas d’une approche
approximative. Bien au
contraire, elles sont caractérisées :
– soit par l’évolution significative d’au moins un indicateur économique tel qu’une
baisse des
commandes ou du chiffre d’affaires, des pertes d’exploitation ou une dégradation de
la trésorerie ou de
l’excédent brut d’exploitation ;
– soit par tout autre élément de nature à justifier de ces difficultés.
Une baisse significative des commandes ou du chiffre d’affaires est constituée dès
lors que la durée de
cette baisse est, en comparaison avec la même période de l’année précédente, au
moins égale à :
– un trimestre pour une entreprise de moins de 11 salariés ;
– deux trimestres consécutifs pour une entreprise d’au moins 11 salariés et de
moins de 50 salariés ;
– trois trimestres consécutifs pour une entreprise d’au moins 50 salariés et de
moins de 300 salariés ;
– quatre trimestres consécutifs pour une entreprise de 300 salariés et plus.

© Nathan Chapitre 7 –
La rupture du CDI / 103
2. Quelles sont les obligations de l’employeur invoquant des mutations
technologiques à
l’origine de licenciements économiques ?
L’employeur a une obligation de reclassement préalable aux licenciements
économiques, qui ne
peuvent intervenir que lorsque tous les efforts de formation et d’adaptation ont
été réalisés et que le
reclassement de l’intéressé ne peut être opéré sur les emplois disponibles, situés
sur le territoire
national dans l’entreprise ou les autres entreprises du groupe dont l’entreprise
fait partie.
Sauf impossibilité et accord du salarié, son reclassement s’effectue sur un emploi
relevant de la même
catégorie que celui qu’il occupe ou sur un emploi équivalent assorti d’une
rémunération équivalente.
3. À quelle condition la réorganisation de l’entreprise peut-elle justifier un
ou des licenciements
économiques ? Quelle différence faut-il faire avec le motif de difficultés
économiques ?
Pour justifier un ou des licenciements économiques, la réorganisation de
l’entreprise ne doit pas être
mise en œuvre pour améliorer la productivité de l’entreprise ou accroître ses
bénéfices. Elle doit être
nécessaire à la sauvegarde de la compétitivité de l’entreprise.
La préservation de la compétitivité peut anticiper les difficultés économiques qui,
elles, doivent être
actuelles pour justifier les licenciements.

3. Apprécier la validité de la rupture du contrat de travail par les


deux parties (p. 98-99)
14. Un salarié peut-il imposer à son employeur une rupture conventionnelle du
contrat de
travail ? Justifiez. (Doc. 8)
Comme son nom l’indique, la rupture « conventionnelle » du contrat de travail
résulte d’un accord
entre employeur et salarié : aucune des parties ne peut l’imposer à l’autre.
15. Quels avantages de la rupture conventionnelle expliquent son succès : (Doc.
8 et 9)
– pour l’employeur ?
Ce mode de rupture du contrat de travail évite de recourir au licenciement
économique, à sa procédure
et au risque de contestations après sa mise en œuvre.
– pour le salarié ?
La rupture conventionnelle prévoit les contreparties (indemnités) à la rupture du
contrat, elle donne
aussi droit aux allocations-chômage, à la différence de la démission.
16. Quelle est l’utilité de l’homologation de la rupture conventionnelle par
l’inspection du
travail ? (Doc. 9)
Le regard porté par l’inspection du travail incite l’employeur à respecter les
conditions légales de la
rupture conventionnelle : procédure, indemnité prévue, préavis, etc.
17. Quels points de la convention de rupture sont, selon vous, particulièrement
examinés par
l’inspecteur du travail ? (Doc. 9)
L’inspecteur du travail vérifie que les conditions de la rupture ne lèsent pas le
salarié, en particulier le
montant de l’indemnité qui lui est accordée.
Remarque : le taux de refus d’homologation est très faible (moins de 5 % des
dossiers), mais presque
tous les refus trouvent leur source dans le montant insuffisant de l’indemnité
prévue (4 % sur les 5 %).
18. Quelles sont les étapes de la conclusion d’une rupture conventionnelle
collective ? (Doc. 10)
1. Une phase d’entretien(s) entre employeur et salarié – 2. Une phase de mise en
forme (rédaction) de
l’accord des parties – 3. Un délai de rétractation de 15 jours pour chacune des
parties.
19. Quelles sont les garanties d’un équilibre entre les intérêts des salariés
et ceux de
l’employeur lors de l’adoption d’une rupture conventionnelle collective ?
(Doc. 10)
Ce dispositif de rupture conventionnelle nécessite un accord entre les parties : si
le salarié est trop
exigeant (par exemple, sur le montant de l’indemnité), l’employeur ne signe pas… et
réciproquement !

104 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
Allez plus loin ! La rupture conventionnelle collective (RCC), un dispositif
controversé (p. 99)
1. Rappelez le principe de la RCC.
La rupture conventionnelle collective (RCC) résulte d’un accord collectif signé
entre les représentants
syndicaux de l’entreprise et la direction, et qui prévoit la rupture du contrat de
travail d’un certain
nombre de salariés d’un commun accord entre l’employeur et les travailleurs
concernés.
2. Quelle est, pour chaque salarié, la garantie essentielle dans la procédure
de RCC ?
La règle essentielle du dispositif de la RCC protégeant les salariés est que
l’accord de RCC doit être
validé par l’inspection du travail.
Remarque : on peut aussi rappeler aux élèves que la rupture du contrat de travail
ne peut concerner
que les salariés volontaires (au regard des contreparties offertes, notamment
l’indemnité de rupture).
3. Pourquoi certains syndicats sont-ils réticents face à la mise en place de ce
nouveau mode
de rupture du contrat de travail ?
Le dispositif de la RCC est assez souple et son succès montre que les chefs
d’entreprise – surtout ceux
des grandes entreprises – en usent volontiers comme alternative aux licenciements
collectifs pour
motif économique. Certains syndicats redoutent que cette substitution se fasse au
détriment de la
procédure classique des plans de sauvegarde de l’emploi qui accompagnent (dans les
entreprises
moyennes et grandes) les licenciements collectifs.
Remarque : les élèves ne connaissent pas forcément la procédure des licenciements
économiques. Le
commentaire présent dans la vidéo leur permet cependant de deviner que certains
syndicats voient
d’un mauvais œil le recul d’une procédure dans laquelle ils jouent un rôle très
actif pour l’élaboration
du PSE.

4. Identifier les conséquences de la rupture du contrat de travail


(p. 100-101)
20. Selon vous, quelles sont les finalités de l’indemnité de licenciement ?
(Doc. 11)
L’indemnité de licenciement sert à réparer le préjudice né de la perte d’emploi et
à dissuader
l’employeur d’agir à la légère.
21. En quoi l’indemnisation de salariés licenciés par Ford semble-t-elle
généreuse ? (Situation
et doc. 11)
Le montant de l’indemnité conventionnelle prévue est beaucoup plus élevé que le
montant légal.
22. Quelle est l’utilité du préavis de licenciement ? (Doc. 12)
Le préavis permet au salarié de rechercher un autre emploi, et à l’employeur
(parfois) de le remplacer.
Remarque : on peut indiquer aux élèves que certains accords ou conventions
collectives, certains
usages aussi, permettent au salarié de bénéficier d’un certain nombre d’heures
d’absence (par jour ou
par mois) pour effectuer leur recherche d’un nouvel emploi.
23. Justifiez la sanction de la « brusque rupture » du CDI par l’employeur.
(Doc. 12)
Le salarié qui n’effectue pas son préavis perd le salaire correspondant à cette
période de travail. S’il en
est privé par l’employeur, il est normal que celui-ci l’indemnise à proportion de
cette perte.
24. Quelle est l’utilité de l’attestation Pôle emploi remise au salarié ? (Doc.
13)
Elle sert à s’inscrire à Pôle emploi pour faire valoir ses droits aux allocations-
chômage.
25. En quoi le reçu pour solde de tout compte peut-il prévenir des litiges
entre l’employeur
et son ex-salarié ? (Doc. 13)
Le solde de tout compte qui apparaît sur le reçu est visé par le salarié. Cela lui
permet de réclamer
immédiatement les sommes qui lui sont dues et qui ont été oubliées par l’employeur.
26. Pourquoi ce reçu peut-il être dénoncé par l’ex-salarié durant 6 mois ? (Doc.
13)
Au moment où il signe ce reçu, le salarié peut lui-même ne pas penser à certaines
sommes qui lui sont
dues. En dénonçant le reçu, il peut corriger son erreur pour réclamer son dû.

© Nathan Chapitre 7 –
La rupture du CDI / 105
27. Qu’est-ce qui montre que les allocations-chômage sont conçues comme une aide
pour
retrouver un emploi ? (Doc. 14)
Les allocations-chômage n’ont pas vocation à durer trop longtemps et une des
conditions pour en
bénéficier est d’être en recherche active d’emploi.

Allez plus loin ! Peut-on percevoir l’allocation-chômage en cas


de démission ? (p. 101)
1. Qu’est-ce que la démission « légitime » pour Pôle emploi ?
La notion de démission « légitime » pour Pôle emploi correspond aux différents cas
de démission
ouvrant doit aux allocations-chômage. Il s’agit des situations où la volonté de
démissionner du salarié
correspond, au moins de façon indirecte, à une perte non volontaire d’emploi.
2. Expliquez en quoi plusieurs cas de démission légitime correspondent à des
cas où la
volonté de démissionner n’est pas vraiment libre.
Ne paraissent pas relever de la volonté libre du salarié les cas de démission
suivants :
– le déménagement pour cause de violences conjugales ou pour suivre un conjoint,
voire les parents
pour le salarié mineur ;
– la démission comme réponse à l’absence de paiement du salaire par l’employeur ;
– la démission pour cause d’actes délictueux subis au travail.
3. Selon vous, pourquoi le législateur a-t-il élargi la notion de démission
légitime aux cas de
création ou de reprise d’entreprise ou encore au cas de projet de
reconversion professionnelle ?
La création, la reprise d’entreprise ou même le projet de reconversion
professionnelle sont des
situations aux conséquences économiques positives et favorables à la croissance.
En leur accordant le droit aux allocations-chômage, on permet à des salariés de
tenter ces expériences
en réduisant quelque peu le risque qu’ils prennent d’abandonner leur poste en
démissionnant.
Cette incitation est particulièrement intéressante chez les cadres qui peuvent
hésiter à renoncer à un
salaire confortable pour se lancer dans la création ou la reprise d’entreprise.
4. Relevez les conditions particulières pour que la démission pour un projet
de reconversion
professionnelle ouvre droit aux allocations-chômage.
Il faut que trois conditions spécifiques soient réunies :
– avoir démissionné d’un CDI ;
– avoir exercé une activité salariée continue de 5 ans (soit 1 300 jours
travaillés), chez un ou plusieurs
employeurs, dans les 60 mois qui précèdent la fin de contrat de travail ;
– poursuivre un projet réel et sérieux de reconversion professionnelle nécessitant
le suivi d’une
formation ou un projet de création d’entreprise.

106 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
Corrigés des applications
1. Testez vos connaissances (p. 102)
Répondez par vrai ou par faux aux propositions suivantes.

1. Le salarié en CDI est toujours libre 7. C’est la


jurisprudence qui définit les
de démissionner. cas possibles de
licenciement
 Vrai  Faux économique.
 Vrai 
Faux
2. La démission peut survenir du jour
au lendemain. 8. La rupture
conventionnelle du CDI
 Vrai  Faux doit être approuvée
par l’inspection
du travail.
3. Le salarié peut prendre sa retraite
 Vrai 
Faux
quand il veut.
 Vrai  Faux 9. La rupture
conventionnelle peut
concerner plusieurs
salariés à la fois.
4. Selon la loi, la cause du licenciement
 Vrai  Faux
doit être réelle ou sérieuse.
 Vrai  Faux 10. Le reçu pour solde
de tout compte
peut être dénoncé
au maximum dans
5. Le licenciement pour motif personnel les deux mois qui
suivent sa
peut survenir sans faute du salarié. signature.
 Vrai  Faux  Vrai 
Faux
6. Le licenciement s’accompagne
toujours d’une indemnité.
 Vrai  Faux

2. Maîtriser le vocabulaire juridique (p. 102)


Indiquez la formule juridique qui correspond à chaque formulation du langage
courant.
Formulations du langage courant Formulations
juridiques
1. Une vendeuse a quitté son emploi pour a. Injures ou coups dans le
travail peuvent être
accepter une proposition chez un autre sanctionnés par un
licenciement pour faute grave,
patron. sans préavis.
2. Les retards répétés d’un employé lui ont b. Un salarié et son employeur
ont décidé d’une
coûté son emploi. rupture conventionnelle
homologuée.
3. Un chef d’entreprise et son salarié ont c. Une salariée a démissionné
pour être
décidé de se séparer d’un commun accord. embauchée par un autre
employeur.
4. Le renvoi sans raison valable d’un d. Le licenciement sans cause
réelle et sérieuse
salarié peut coûter cher à l’employeur. permet d’obtenir des dommages-
intérêts.
e. Le reçu pour solde de tout
compte peut être
5. Injurier un collègue ou le frapper peut
dénoncé par le salarié dans
les 6 mois qui suivent
faire perdre son emploi de façon brutale.
sa remise.
6. Le document remis au salarié pour
f. Un salarié a été licencié
pour une série de faits
solder son dû peut être contesté après
qualifiés de « faute sérieuse
».
sa signature.

Réponses : 1. c – 2. f – 3. b – 4. d – 5. a – 6. e

© Nathan Chapitre 7 –
La rupture du CDI / 107
3. Analyser un document concernant la rupture du CDI (p. 103)
1. De quel type de rupture du CDI s’agit-il ici ? Quelles sont les parties
concernées ?
Il s’agit ici d’une rupture à l’initiative de l’employeur et de la salariée : une
rupture conventionnelle
individuelle. Le document présenté est la convention de rupture entre les deux
parties : c’est un accord
entre l’employeur, M. Berard, représentant l’entreprise, et une salariée, Mme Rami.
2. À quel moment de la procédure ce document a-t-il été rédigé ? Rappelez les
phases
préalables et les phases à venir.
– La présente convention a été rédigée après des entretiens entre l’employeur et la
salariée, qui ont eu
lieu le 4 mai et le 18 mai 2020.
– Après la signature de cet accord, chacune des parties dispose d’une possibilité
de se rétracter si elle
le souhaite.
– Après ce délai de rétractation, l’entreprise se chargera de transmettre ce
document à l’inspection du
travail pour homologation.
– Si l’inspecteur du travail estime que cette convention respecte les droits de la
salariée, il décidera de
l’homologuer de façon expresse ou, s’il préfère, il ne répondra pas durant 15
jours, ce qui correspond à
une homologation tacite.
– Le lendemain de l’homologation, la convention s’appliquera et le contrat de
travail sera rompu.
– La salariée percevra son indemnité et pourra s’inscrire à Pôle emploi pour
bénéficier des allocations-
chômage.
3. Quels articles de cet accord répondent à une obligation légale ?
Les articles 2, 3 et 4 correspondent à des obligations légales. En effet, la
convention de rupture doit
impérativement prévoir la date de la fin du contrat de travail et la durée du
préavis, le montant de
l’indemnité de rupture (pas inférieur à une indemnité de licenciement) et
l’information sur le droit de
rétractation.
4. Jusqu’à quand les parties peuvent-elles se rétracter ? Que se passe-t-il
dans ce cas ?
Le délai de rétractation est de 15 jours : la convention étant en date du 20 mai
2020, chacune des
parties peut donc se rétracter jusqu’au 4 juin 2020.
Remarque : les élèves peuvent s’interroger sur le décompte précis des 15 jours. On
peut leur indiquer
que la loi prévoit de façon expresse qu’il s’agit de 15 jours calendaires : tous
les jours comptent, seule
l’arrivée du terme du délai un samedi, un dimanche ou un jour férié le prolonge
jusqu’au lundi ou au
premier jour ouvrable qui suit.
Si l’une des parties décide de se rétracter, la convention est caduque. Le contrat
de travail continue
donc de s’appliquer normalement.
5. Que se passerait-il en cas de refus d’homologation de cette rupture par
l’inspection du
travail ?
Cette hypothèse, assez rare, remet les parties dans la situation où elles étaient
avant la rédaction de la
convention de rupture. Le contrat de travail continue à s’appliquer. Mais il n’est
pas interdit de rédiger
une nouvelle convention en prenant en compte la raison du refus d’homologation par
l’inspection du
travail.

4. Apprécier la validité d’une démission (p. 104)


1. Qualifiez les faits et les parties concernées par ce litige.
Le litige oppose un employeur, un supermarché, et une salariée, employée de
commerce.
Celle-ci a commis une faute grave sur le lieu de travail et a été prise sur le
fait. Elle a alors rédigé et
remis à son employeur une lettre de démission à effet immédiat. Cette lettre était
rédigée sans aucune
réserve, la formule employée par la salariée étant celle d’une « démission pour
convenances
personnelles ».
Après coup, cependant, la salariée a contesté la validité de sa démission et a
saisi le conseil de
prud’hommes.

108 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
2. Quel est le problème juridique posé ?
Il s’agit ici de savoir à quelle condition une démission est valable et donc
irrévocable.
3. Sur quel fondement la salariée pensait-elle pouvoir obtenir des dommages-
intérêts de
son ex-employeur ?
Pour considérer que sa démission n’était pas valable, la salariée prétendait avoir
subi des pressions de
la part de son employeur et n’avoir pas été vraiment libre de sa décision. Si son
raisonnement était
validé par les juges, elle pouvait espérer que la rupture du contrat de travail
soit imputée à l’employeur
et soit donc qualifiée de licenciement sans cause réelle et sérieuse. À ce titre,
elle pouvait espérer des
dommages-intérêts.
4. Quel est le sens de l’arrêt de la cour d’appel ?
La cour d’appel a estimé que la volonté de démissionner de la salariée, telle
qu’exprimée dans sa lettre
qui ne comportait aucune réserve, procédait d’une volonté libre, consciente,
expresse, claire et non
équivoque.
5. Quel est le sens de l’arrêt de la Cour de cassation ? Quel caractère de la
démission
justifie cette décision ?
En cassant l’arrêt de la cour d’appel, la Cour de cassation reproche aux juges du
fond d’avoir négligé
les circonstances ayant accompagné la rédaction de la lettre de démission et ignoré
la pression
émanant de l’employeur. En effet, celui-ci menaçait d’appeler les gendarmes pour
faire constater
l’infraction commise par la salariée. De plus, ils ont négligé de considérer la
rétractation exprimée par
la salariée quelques jours après sa démission.
Tous ces éléments permettent de dire que la volonté de démissionner aurait dû leur
apparaître comme
dénuée des caractères qu’on attend d’elle : en particulier, elle n’était pas libre.

5. Se préparer au bac Identifier la ou les solutions juridiques


et rédiger la réponse (p. 105)
1. Qualifiez les faits et les parties dans ce litige.
Le litige oppose la société Réseau Services Onet et un salarié, M. V…, dans
laquelle il exerçait les
fonctions de directeur général délégué du pôle électronique. Profitant des
informations auxquelles
il avait accès, et en exploitant des documents internes et sensibles, le salarié a
entrepris des démarches
afin de mener à bien un projet personnel de rachat de l’activité d’une filiale de
la société qui
l’employait. En apprenant cela, son employeur l’a licencié pour faute lourde. Le
salarié a porté
l’affaire en justice pour contester cette sanction.
2. Quelles sont les conséquences de la rupture d’un contrat de travail ?
Les conséquences de la rupture d’un contrat de travail (par l’employeur) sont de
divers ordres :
– remise de documents au salarié : certificat de travail, attestation Pôle emploi
et reçu pour solde de
tout compte ;
– en principe, versement d’une indemnité de licenciement au salarié (variable selon
son ancienneté) et
de l’indemnité compensatrice de congés payés (pour les congés non pris) ;
– préavis à effectuer par le salarié entre la signification du licenciement et la
rupture définitive du
contrat de travail.
3. Quelle est l’incidence du motif retenu par le chef d’entreprise ?
L’employeur a retenu le motif de faute lourde à l’encontre du salarié. Ce motif de
licenciement permet
de rompre le contrat de travail immédiatement, sans préavis, et de priver le
salarié de l’indemnité de
licenciement.
La seule indemnité à laquelle le salarié a droit est l’indemnité compensatrice de
congés payés, puisque
la loi le prévoit.
4. Dans quel but le salarié saisit-il la justice ?
On ne peut pas penser que le salarié voulait obtenir que les juges rejettent toute
faute de sa part. Il
n’aurait pas été raisonnable de leur demander de qualifier la rupture du contrat de
licenciement sans
cause réelle et sérieuse. En revanche, le salarié pouvait penser obtenir une
requalification de son

© Nathan Chapitre 7 –
La rupture du CDI / 109
comportement en faute sérieuse. Dans ce cas, les juges lui auraient reconnu le
droit à l’indemnité de
licenciement, au montant certainement assez élevé du fait de son ancienneté et de
son salaire. Il aurait
également pu bénéficier d’une indemnité de brusque rupture du fait de l’absence de
préavis.
5. Selon vous, quelle sera la solution du litige en justice ? Rédigez votre
réponse en
présentant d’une part les arguments du salarié, d’autre part ceux de
l’employeur.
Pour le salarié, il existait bien une faute de sa part, mais une simple
indélicatesse, qui ne méritait pas la
qualification de faute lourde. Le projet personnel de M. V… ne constituait pas une
faute commise
intentionnellement pour nuire à son employeur. De son point de vue, il ne
s’agissait même pas d’une
faute grave car un rappel à l’ordre aurait suffi à ramener le salarié dans le droit
chemin… sans avoir
besoin de le licencier.
Pour l’employeur, la faute du salarié est manifeste. La perte de confiance dans ce
cadre supérieur qui
en résulte rend impossible le maintien du contrat de travail. La faute grave est
constituée de manière
évidente du fait du détournement des informations confidentielles et sensibles.
Mais on peut
considérer que la volonté de nuire à son employeur est effective, car le salarié
envisageait de racheter
une filiale du groupe et donc, non seulement de favoriser ses intérêts personnels,
mais aussi de nuire à
ceux du groupe.
Pour conclure, la solution des juges sera de retenir la faute lourde du salarié. En
effet, si on ne peut
imaginer que le salarié reste dans l’entreprise (faute grave), on peut dire que ses
agissements ont eu
pour but de favoriser ses intérêts personnels, mais aussi de nuire à son employeur
en menant à bien, de
façon secrète, un projet de rachat préjudiciable à son employeur.
Remarque : on peut lire la fin de l’arrêt de la Cour de cassation du 23 octobre
2019 (n° de pourvoi :
18-10085)
« Attendu qu’ayant relevé, par motifs propres, que le salarié, en sa qualité de
directeur général du
pôle électronique, avait entrepris des démarches afin de mener à bien un projet
personnel de rachat
de l’activité d’une société filiale du groupe sans aucune concertation avec les
actionnaires du groupe,
son président et la direction générale du pôle sécurité, et avait à cette fin
détourné des documents
internes sensibles et confidentiels appartenant à la filiale, et retenu qu’il avait
pour objectif, gardé
secret à l’égard de son employeur, de s’approprier la société filiale dont il avait
la charge, et ce
faisant de favoriser ses intérêts personnels au détriment des intérêts du groupe,
la cour d’appel a pu
en déduire que les agissements du salarié procédaient d’une intention de nuire
caractérisant une
faute lourde ;
D’où il suit que le moyen n’est pas fondé […]. »
110 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?
© Nathan
Corrigé de la synthèse
1. Apprécier la validité de la rupture du contrat de travail par le salarié
La rupture du CDI peut être voulue par le salarié : c’est le cas de la démission,
qui peut survenir sans
justification ; mais le salarié doit agir de façon claire et non équivoque, de
façon sérieuse, et la
démission doit être libre. La démission ne donne droit à aucune indemnité.
Le salarié peut aussi décider de son départ à la retraite, dès lors qu’il a atteint
l’âge légal de la
retraite (62 ans), et demander la liquidation de la pension vieillesse. Il a alors
droit à une indemnité.

2. Apprécier la validité de la rupture du contrat de travail par l’employeur


Le licenciement est la rupture du CDI par l’employeur. Celui-ci doit toujours
fournir une cause réelle
et sérieuse. Le licenciement peut intervenir si le salarié a commis une faute, en
particulier une faute
grave ou une faute lourde : il y a alors licenciement pour motif personnel, comme
dans certains cas
de faits non fautifs (insuffisance professionnelle, maladie prolongée du salarié
désorganisant
l’entreprise, etc.).
Le licenciement économique résulte d’une suppression ou transformation d’emploi, ou
d’un refus de
modification du contrat de travail par le salarié, toutes ces mesures trouvant leur
origine soit dans des
difficultés économiques, soit dans des mutations technologiques, soit dans la
réorganisation de
l’entreprise pour sauvegarder sa compétitivité, soit enfin dans la cessation
d’activité de l’entreprise.

3. Apprécier la validité de la rupture du contrat de travail par les deux


parties
L’initiative de la rupture du CDI peut émaner du salarié et de l’employeur décidant
d’une rupture
conventionnelle individuelle par une convention visée par l’inspecteur du travail,
qui doit
l’homologuer. Un accord collectif d’entreprise peut prévoir une rupture
conventionnelle collective
avec rupture du contrat de travail d’un commun accord entre l’employeur et les
salariés volontaires.

4. Identifier les conséquences de la rupture du contrat de travail


Lors de la rupture du contrat de travail, outre certains documents remis
impérativement au salarié
(certificat de travail, attestation Pôle emploi et reçu pour solde de tout compte),
certaines indemnités
sont dues au salarié, en premier lieu l’indemnité de licenciement. De plus, la
rupture du contrat de
travail est généralement soumise au respect d’un préavis, en cas de licenciement
comme de démission
ou de rupture conventionnelle.

© Nathan Chapitre 7 –
La rupture du CDI / 111
L’essentiel
Le CDI peut être rompu par la décision unilatérale de chacune des parties ou par un
accord intervenu
entre l’employeur et le(s) salarié(s).

1. La rupture du contrat de travail par le salarié


A. La démission
La démission est l’interruption de son contrat de travail par un salarié en CDI.
Elle manifeste son droit
de résiliation unilatérale, droit symétrique pour le travailleur du droit de
licencier pour l’employeur.
Le droit de démissionner s’exerce sans aucune obligation de justifier cette
décision, l’employeur ne
pouvant pas s’opposer à la volonté du salarié. En revanche, le caractère volontaire
pour le salarié de la
rupture du contrat de travail le prive de toute indemnité de rupture et l’empêche
de bénéficier des
allocations-chômage.
Si le travailleur doit assumer les suites de la démission, il est essentiel de
vérifier qu’il a vraiment
voulu mettre un terme au contrat de travail. Aussi, la Cour de cassation vérifie-t-
elle, en cas de litige,
que le salarié a agi de façon claire et non équivoque (son départ de l’entreprise
marque bien son désir
de rompre le contrat), et de façon sérieuse (la démission ne se confond pas avec un
geste de mauvaise
humeur, sur lequel le salarié peut revenir très vite).
La jurisprudence a eu l’occasion d’affirmer également que la démission doit être
libre. Si le salarié
prend l’initiative de rompre le contrat sous la contrainte (pour mettre un terme à
un harcèlement, par
exemple), il peut demander au conseil de prud’hommes de rendre son employeur
responsable de
l’interruption du contrat de travail et il sera indemnisé à ce titre.
Aucune forme particulière ne s’impose pour démissionner. La seule exigence légale
se rapportant à la
démission est le respect d’un préavis.

B. Le départ à la retraite
Le salarié peut décider de rompre son contrat de travail pour partir à la retraite.
Cette faculté lui est
offerte dès lors qu’il a atteint l’âge lui permettant de demander la liquidation de
sa pension vieillesse
(aujourd’hui, 62 ans). Dans ce cas, son employeur ne peut qu’accepter la rupture du
contrat de travail.
Une obligation s’impose au salarié : respecter un préavis.
La loi prévoit que le départ à la retraite ouvre droit à une indemnité de départ
volontaire à la retraite.
La pension « à taux plein » n’est acquise qu’après 167 à 172 trimestres de
cotisation selon l’année de
naissance du retraité.

2. La rupture du contrat de travail par l’employeur


A. La cause du licenciement
Le licenciement est la rupture unilatérale d’un CDI décidée par l’employeur. C’est
un droit pour lui,
mais encadré par la loi pour éviter que le salarié ne soit victime d’une décision
prise à la légère. Qu’il
soit pour motif personnel ou pour motif économique, le licenciement doit toujours
reposer sur une
cause réelle et sérieuse. C’est à l’employeur d’apprécier si cette mesure s’impose
pour procéder à
d’indispensables ajustements de sa main-d’œuvre aux besoins de l’entreprise. Si la
cause du
licenciement est contestée par le salarié devant le conseil de prud’hommes et que
les juges considèrent
que la rupture du CDI est « sans cause réelle et sérieuse », ceux-ci sanctionnent
l’employeur en le
condamnant, en général, à verser des dommages-intérêts au salarié.

112 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
B. Le licenciement pour motif personnel
Ce licenciement est parfois une mesure disciplinaire, mais il peut aussi intervenir
en dehors de toute
faute du salarié.
– Les faits fautifs : la faute personnelle du salarié, si elle est légère (retard
accidentel), n’est pas une
cause valable de licenciement. Elle ne devient telle qu’à partir du moment où,
faute sérieuse, elle
résulte d’un comportement portant atteinte de façon dommageable au fonctionnement
de l’entreprise
(par exemple, des négligences ou des retards répétés). Mais elle peut aussi être
grave, rendant
impossible la poursuite du travail, même durant le préavis (par exemple, en cas de
vol ou d’abandon
de poste). Dans certains cas, il y a même faute lourde, c’est-à-dire faute d’une
extrême gravité avec
intention de nuire à l’entreprise (coups et blessures, sabotage, etc.).
– Les faits non fautifs : un fait personnel non fautif peut justifier le
licenciement. Il peut s’agir
d’insuffisance ou d’inaptitude professionnelle, d’incompatibilité de caractère avec
les autres, de
maladie prolongée du salarié désorganisant l’entreprise et nécessitant un
remplacement de la personne
malade par un salarié en CDI (sans possibilité de pallier son absence par recours à
l’intérim, à un
CDD, aux heures supplémentaires).

C. Le licenciement économique
Ce type de licenciement, non inhérent à la personne du ou des salariés, est
précisément défini par la
loi. Il résulte d’une suppression, d’une transformation d’emploi ou d’un refus de
modification du
contrat de travail par le salarié (baisse de son salaire, par exemple), toutes ces
mesures trouvant leur
origine soit dans des difficultés économiques, soit dans des mutations
technologiques, soit dans la
réorganisation de l’entreprise pour sauvegarder sa compétitivité, soit enfin dans
la cessation d’activité
de l’entreprise.

3. La rupture du contrat de travail par les deux parties


A. La rupture conventionnelle homologuée
Alors que le salarié a l’initiative de la démission et que l’employeur a
l’initiative du licenciement, le
législateur a créé un dispositif de rupture dont l’initiative est partagée par le
salarié et l’employeur.
L’interruption du contrat décidée par les deux parties se traduit par la rédaction
d’une convention de
rupture. Ce document précise la date de la fin du contrat et l’indemnité allouée
par l’employeur au
salarié, au moins égale, selon la loi, à une indemnité de licenciement.
Chacun des signataires dispose d’un droit de rétractation qu’il peut exercer durant
15 jours. Au terme
de ce délai, la convention est transmise à l’inspecteur du travail, qui est chargé
de l’homologuer ; ce
qu’il fait dans un délai de 15 jours, de façon expresse ou tacite, après avoir
vérifié que les droits du
salarié ont été respectés par la convention.
Après la rupture de son contrat de travail par ce dispositif, le salarié peut
prétendre aux allocations-
chômage.

B. La rupture conventionnelle collective


La loi prévoit la possibilité d’un accord collectif d’entreprise entraînant la
rupture du contrat de travail
d’un nombre plus ou moins grand de salariés. La convention signée entre les
représentants syndicaux
de l’entreprise et la direction va se traduire par la rupture du contrat de travail
d’un commun accord
entre l’employeur et chacun des salariés adhérant à l’accord collectif. Celui-ci
fixe notamment le
nombre maximal de départs envisagés, les conditions pour adhérer, les modalités de
calcul des
indemnités dues au salarié (jamais inférieures aux indemnités légales dues en cas
de licenciement
économique) et les mesures d’accompagnement et de reclassement des salariés.
Cet accord collectif doit enfin faire l’objet d’une validation par le directeur
régional des entreprises, de
la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIRECCTE).

© Nathan Chapitre 7
– La rupture du CDI / 113
4. Les conséquences de la rupture du contrat de travail
A. Les indemnités et allocations dues au salarié

a. L’indemnité de licenciement
Le salarié qui peut justifier d’au moins 8 mois d’ancienneté dans la même
entreprise et qui est licencié,
a droit à une indemnité de licenciement. Le montant minimum de cette indemnité est
fixé par la loi en
tenant compte de l’ancienneté du salarié : 1/4 de mois de salaire par année
d’ancienneté pour les
10 premières années, et 1/3 de mois de salaire par année d’ancienneté à partir de
la 11e année.
Toutefois, en cas de licenciement pour faute grave ou lourde, le salarié perd son
droit à indemnité.

b. L’indemnité compensatrice de congés payés


Lors de la rupture du contrat de travail, que ce soit à la suite d’une démission,
du départ à la retraite,
pour licenciement ou pour toute autre cause, le salarié perçoit une indemnité pour
compenser les
congés payés dont il n’a pas pu bénéficier. Le montant de cette indemnité
correspond à la
rémunération du nombre de jours de congé auquel il pourrait prétendre.

c. Les allocations-chômage
Le salarié démissionnaire n’y a pas droit en principe, ces allocations étant
prévues pour ceux qui
perdent involontairement leur emploi. Par exception, les salariés concernés par une
rupture
conventionnelle du contrat de travail peuvent y prétendre.
La loi précise les conditions à remplir : avoir été salarié au moins 6 mois au
cours des 24 derniers
mois, s’inscrire à Pôle emploi dans les 12 mois qui suivent la perte du travail,
rechercher activement
un emploi, être physiquement apte à travailler et habiter en France.

B. Le préavis
Le préavis est la période comprise entre l’annonce de la rupture du contrat de
travail et la fin effective
de l’exécution des tâches. Pendant cette période, le salarié est payé normalement.

a. En cas de démission
Le Code du travail ne détermine pas la durée du préavis que le salarié
démissionnaire doit respecter.
La loi renvoie à la convention collective ou aux usages, voire au contrat de
travail.

b. En cas de départ à la retraite


Le salarié doit respecter un préavis d’une durée équivalente à celui qui s’applique
au licenciement.

c. En cas de rupture conventionnelle


C’est la convention de rupture conventionnelle homologuée qui fixe, d’un commun
accord entre
l’employeur et le salarié, la durée du préavis. Dans le cas de la rupture
conventionnelle collective, il
revient aux syndicats et au chef d’entreprise d’inclure cette précision dans le
texte de l’accord collectif
régissant la rupture des contrats de travail des salariés adhérant au dispositif.
d. En cas de licenciement
La durée du préavis dépend de l’ancienneté du salarié :
– jusqu’à 6 mois d’ancienneté, cette durée est fixée par la convention collective
ou les usages ;
– pour une ancienneté comprise entre 6 mois et 2 ans, le préavis légal est d’un
mois ;
– si l’ancienneté est supérieure à 2 ans, le préavis légal est de 2 mois.
L’employeur qui ne respecterait pas ce droit au préavis commettrait une brusque
rupture et pourrait se
voir réclamer par le salarié une indemnité égale au salaire correspondant à la
durée du préavis.
Toutefois, le salarié licencié pour faute grave ou lourde perd son droit à préavis.

114 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
C. Les documents remis au salarié
Lors de la rupture du contrat de travail, quel qu’en soit le motif, l’employeur
doit remettre au salarié
un certain nombre de documents : un certificat de travail, une attestation Pôle
emploi (indispensable
pour faire la demande d’allocations-chômage) et, enfin, un reçu pour solde de tout
compte.
Ce dernier document indique les sommes versées au salarié lors de la rupture de son
contrat : son
salaire, la rémunération de ses heures supplémentaires, son indemnité compensatrice
de congés payés,
etc.
L’utilité du reçu pour solde de tout compte est de permettre au salarié de vérifier
qu’il lui est remis
tout ce à quoi il a droit. L’employeur est ainsi libéré de tout risque de
contestation. Le salarié dispose
cependant de la faculté de contester ce reçu dans les 6 mois de sa remise.

© Nathan Chapitre 7 –
La rupture du CDI / 115
Ressources numériques
 https://www.youtube.com/watch?v=IumD7c6NRzQ
Dans cette vidéo préparée par le cabinet d’avocats Gueguen-Carroll, les fautes en
droit du travail sont
présentées selon leur utilisation comme motif de licenciement.
On peut faire rechercher aux élèves la définition des trois types de faute (simple,
grave ou lourde),
ainsi que des exemples et les conséquences attachées à la qualification de la
faute.

 https://travail-emploi.gouv.fr/droit-du-travail/la-rupture-du-contrat-de-
travail/article/la-
rupture-conventionnelle-du-contrat-de-travail-a-duree-indeterminee
La présentation de la rupture conventionnelle homologuée est faite sur ce site de
façon exhaustive, au
travers de rubriques structurant de façon claire et rigoureuse la présentation de
ce thème.
On peut ainsi effectuer un approfondissement soit des cas d’application du
dispositif, soit de la
procédure, soit du contenu de la convention de rupture, soit des recours, etc.

 https://www.youtube.com/watch?v=OovvQ6hOlTI
La présentation faite de la RCC permet de la rapprocher et de la différencier de la
rupture
conventionnelle individuelle. Cette vidéo permet d’approfondir la connaissance de
la RCC, sur des
points comme la procédure de l’accord collectif, le régime fiscal et social des
indemnités versées.

116 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
Chapitre 8
Les libertés individuelles et collectives des salariés

Place du chapitre dans le programme

Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


Plan du chapitre Capacités
Notions
• La liberté
d’expression, le
1. Identifier les droits
individuels des salariés • Apprécier le respect des droits devoir de
loyauté
individuels et collectifs • Le respect de
la vie privée
2. Comprendre les limites des salariés dans une situation
donnée • La limitation
des libertés
aux droits individuels
individuelles
des salariés
3. Apprécier le respect des • Apprécier le caractère licite • Le
droit de grève
droits collectifs des salariés d’une grève • La
liberté syndicale
• Expliquer les rôles
4. Expliquer le rôle • Le
comité social et
des partenaires sociaux
des partenaires sociaux
économique
et des représentants salariés
et du CSE dans l’entreprise • Le
délégué syndical
dans une entreprise

Avant la classe (p. 107)


Comment a évolué la possibilité de faire grève en France ?
En 1791, la loi le Chapelier interdit les syndicats parce que ces derniers sont
considérés comme « un
corps intermédiaire » entre le citoyen et l’Etat. L’Etat, étant l’expression de la
volonté générale (donc la
volonté de tous), a une entière légitimité que le syndicat n’a pas. Le syndicat ne
peut donc pas exprimer
de volonté collective en appelant notamment à la grève.
Les mouvements de grève des ouvriers, qui vivent dans la misère, sont lourdement
réprimés par l’armée.
Peu à peu, les ouvriers s’organisent alors en secret.
En 1864, la grève est dépénalisée, elle n’est donc plus considérée comme illégale.
En 1895, les syndicats (et notamment la CGT) font de la grève le principal mode
d’action des ouvriers.
La grève permet aux salariés d’obtenir de nouveaux droits, de garantir des
conditions de travail plus
sûres et d’améliorer leur salaire.
Remarque : Seules les 3 premières minutes de la vidéo suffisent pour répondre à la
question.

© Nathan Chapitre 8 – Les libertés individuelles et


collectives des salariés / 117
Réponses aux questions sur la (les) situation(s)
1. Identifier les droits individuels des salariés (p. 108-109)
1. Identifiez les droits des salariés en matière de respect de leur vie
personnelle qui s’imposent
à l’employeur. (Situation et doc. 1)
Il s’agit du respect de leur vie privée (leur situation familiale, par exemple), de
la protection de leurs
données personnelles (leurs numéros de téléphone, par exemple), du droit à la
déconnexion (le week-
end, notamment), du secret des correspondances (les mails personnels reçus dans la
boîte
professionnelle) et de la liberté vestimentaire.
2. Quelles données personnelles sont collectées par la filiale de Renault ?
(Situation, doc. 1
et 2)
Il s’agit du nom, du prénom et du matricule intégrés dans un fichier intitulé «
suivi des grévistes ».
3. Pourquoi le fichier est-il considéré comme « illégal » ? (Situation et doc.
2)
Le fait d’insérer une colonne « commentaire » dans ce fichier, qui résume les
raisons des salariés
grévistes, ne respecte pas le RGPD car cette information est une donnée sensible.
4. D’après vous, quel risque fait courir la collecte de données sensibles pour
les salariés ?
(Doc. 2)
Collecter des données sensibles (religion, santé, opinions syndicales, etc.) peut
engendrer des
discriminations.
5. Dans cette affaire, quel reproche l’employeur adresse-t-il à Henri ?
(Situation)
Remarque : avant de commencer à répondre aux questions de cette seconde situation,
on peut consulter
deux vidéos :
• la bande-annonce du film Merci Patron : https://www.youtube.com/watch?
v=U55G_PiSFh0
• le témoignage du salarié Henri, qui résume les causes de son licenciement (deux
sources possibles de
la même vidéo) :
– https://www.fakirpresse.info/merci-renault
– https://www.francetvinfo.fr/un-prestataire-de-renault-mis-a-pied-pour-avoir-
propose-de-projeter-le-
film-merci-patron_1387265.html
L’employeur reproche à Henri d’avoir proposé aux syndicats de Renault la projection
d’un film critique
à l’égard des patrons en général.
6. Peut-on établir un lien entre le reproche formulé et la liberté d’expression
du salarié pour
justifier ce licenciement ? (Situation et doc. 3)
Ce film ne critique pas l’entreprise Renault. Il s’agit d’une initiative qui touche
aux libertés d’expression
et d’opinion du salarié. Il semble donc difficile d’établir le lien retenu pour
fonder ce licenciement.
7. Quels droits individuels ne semblent pas respectés dans cette affaire ?
(Doc. 1 et 3)
Plusieurs droits ne sont pas respectés dans cette affaire : le secret des
correspondances (le mail adressé
aux syndicats a été consulté par la direction), la liberté d’opinion et la liberté
d’expression du salarié.
Allez plus loin ! Pourquoi la géolocalisation de salariés reste très
encadrée par le droit (p. 109)
1. Quel litige oppose les parties ?
Le litige oppose une filiale de la Poste, spécialisée dans la distribution de
publicités ciblées dans les
boîtes aux lettres, au syndicat Sud PTT, qui considère que le système de contrôle
du temps de travail
basé sur la géolocalisation est illicite. En effet, un boîtier électronique
localisait les employés toutes les
10 secondes.

118 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
2. Quels sont les arguments juridiques des parties ?
– Argument du syndicat : la géolocalisation est une atteinte à la protection de la
vie privée des salariés.
– Argument de l’employeur : la géolocalisation est indispensable pour calculer le
temps de travail de
salariés.
3. Quelle est la position de la Cour de cassation ?
La Cour de cassation a rappelé :
– qu’un employeur peut géolocaliser ses salariés pour contrôler leur temps de
travail s’il peut démontrer
que ce contrôle ne peut être opéré par un autre moyen (badge pointeuse mobile, par
exemple) ;
– qu’il ne peut pas mettre en place la géolocalisation si les salariés disposent
d’une autonomie dans
l’organisation de leur travail.

2. Comprendre les limites aux droits individuels des salariés


(p. 110-111)
8. De quelle liberté s’agit-il ici dans ce cas ? Est-il possible de
restreindre cette liberté ?
(Situation et doc. 4)
Il s’agit de la liberté d’expression. La restriction est possible mais elle doit
respecter des conditions liées
à la nature de la tâche à réaliser par le salarié et proportionnées au but
recherché par l’employeur.
9. Pourquoi l’employeur estime-t-il qu’Henri n’a pas respecté son obligation de
loyauté ?
(Doc. 5)
La société d’Henri lui reproche d’avoir diffusé sur YouTube l’entretien avec son
PDG, apportant ainsi
une large diffusion à cet échange informel et nuisant donc à l’image et à la
réputation de la société.
10. Quels problèmes la communication des salariés via Internet pose-t-elle aux
entreprises ?
(Doc. 6)
La communication par les salariés via Internet est très facile et peut avoir une
dimension médiatique
démesurée. Ces communications ont parfois des conséquences graves pour l’image des
entreprises.
11. Comment les juges tranchent-ils les litiges issus de la consultation des
mails par
l’employeur ? (Doc. 7)
Les juges analysent si les mails envoyés ou reçus sont identifiés comme «
personnels ». Cela peut être
indiqué dans l’objet du message du salarié (« personnel » ou « privé »). Si la
communication litigieuse
est identifiée comme privée, elle ne peut pas justifier un licenciement.
12. Pourquoi la cour d’appel estime-t-elle que la liberté d’expression d’Henri
n’a pas été
respectée ? (Situation, doc. 4 et 5)
L’employeur ne peut pas reprocher à Henri les propos qu’il a tenus dans les mails
envoyés aux syndicats
ou dans la vidéo YouTube, car ils n’étaient ni injurieux, ni diffamatoires, ni
abusifs, ni racistes.
13. Quels objectifs le droit poursuit-il en limitant les droits individuels des
salariés (Doc. 4 à 6)
Le droit cherche à protéger les entreprises contre certains propos excessifs. Il
limite les droits des salariés
pour préserver l’activité, le fonctionnement, la réputation et la sécurité des
entreprises.

Allez plus loin ! La CEDH sanctionne la surveillance des e-mails privés


pour licencier un salarié (p. 111)
1. La CEDH a tranché un litige à propos de la consultation de mails par un
employeur.
Quelle est sa décision ?
L’ensemble des salariés doivent être informés par leur employeur que ce dernier
peut consulter leurs
mails.
2. Quelles sont les solutions techniques pour que l’employeur ne reproche pas à
son salarié
le contenu de ses mails personnels ?
Le salarié doit identifier ses mails comme étant personnels. Il peut les ranger
dans un dossier de sa boîte
mail et nommer ce dossier « Dossier perso », par exemple.

© Nathan Chapitre 8 – Les libertés individuelles


et collectives des salariés / 119
3. Quel risque encourt un salarié qui envoie de nombreux mails personnels à
partir de sa
boîte professionnelle ?
Il ne faut pas abuser de ce droit d’utiliser sa messagerie professionnelle pour
envoyer des mails
personnels. Il faut être raisonnable. Le licenciement d’une salariée a été validé
car les juges ont estimé
qu’elle envoyait vraiment trop de mails personnels (4 par jour en moyenne).
4. Que peut-il se passer si un employeur constate qu’un de ses salariés a
envoyé un mail
personnel contenant des informations secrètes sur l’entreprise ?
L’employeur peut techniquement consulter les mails personnels mais, a priori, il ne
peut pas s’en servir
pour licencier un salarié. Cette protection est annulée s’il se rend compte que le
contenu de ces messages
est illégal : espionnage, piratage, etc.

3. Apprécier le respect des droits collectifs des salariés (p. 112-


113)
14. Pourquoi les salariés de Peugeot ont-ils fait grève ? (Situation et doc. 8)
Les salariés ont tenté d’éviter la fermeture de leur usine, l’usine PSA d’Aulnay-
sous-Bois.
Remarque : on peut éventuellement consulter la bande-annonce du film Comme des
lions
(http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19560860&cfilm=243248.html).
15. Quelles sont les 3 conditions qui justifient le caractère licite de la
grève ? (Situation et
doc. 8)
Un arrêt total du travail, une concertation des salariés (réunions, votes, etc.) et
des revendications
professionnelles (protection de l’emploi, amélioration des conditions de travail,
etc.) sont les
3 conditions requises.
16. Quelles sanctions les salariés grévistes qui commettent des débordements
encourent-ils ?
(Doc. 9 et 10)
Ces salariés encourent des sanctions civiles (dommages et intérêts) s’ils
détériorent les locaux, par
exemple, des sanctions pénales (prison, amende) en cas de délits ou de crimes comme
des actes de
violence, et des sanctions disciplinaires pouvant aller jusqu’au licenciement.
17. Finalement, comment le conseil de prud’hommes a-t-il qualifié ces
licenciements ?
Expliquez. (Situation et doc. 10)
Le licenciement de ces salariés, prononcé par l’employeur pour participation à un
mouvement illicite a
été jugé sans cause réelle et sérieuse par le conseil de prud’hommes car la grève a
été jugée licite.
18. Comment la fin de la grève a-t-elle été décidée ? (Situation et doc. 8)
La fin de la grève a été votée en assemblée générale.
19. Quelles vont être les conséquences de ce mouvement sur les salaires des
grévistes ?
(Situation et doc. 11)
Le contrat de travail est suspendu durant la grève : la prestation de travail n’est
pas fournie par les
salariés. En contrepartie, ils ne recevront pas leur salaire.

Allez plus loin ! La SNCF doit-elle payer les grévistes quand ils sont
au repos ? (p. 113)
1. Pour les syndicats de la SNCF, pourquoi avoir choisi la grève «
intermittente » ?
La grève intermittente permet aux salariés de travailler 3 jours et de faire grève
2 jours, cela sur une
période assez longue. Pour les syndicats, il s’agit d’éviter un mouvement long et
continu, usant pour les
salariés et coûteux financièrement.
2. Expliquez la position des syndicats et celle de la SNCF à propos de cette
grève.
– Pour la SNCF, il s’agit d’un mouvement global de grève d’une durée de 3 mois.
– Pour les syndicats, il s’agit de 18 petits mouvements de grève étalés sur 3 mois.

120 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
3. Selon la position que retiendra le tribunal, quelle sera la conséquence sur
les salaires ?
Soit le tribunal va estimer qu’il s’agit d’un mouvement général de 3 mois, auquel
cas les pertes de
salaires pour les salariés seront équivalentes à 3 mois.
Soit il va estimer qu’il s’agit de 18 petits mouvements de 2 jours chacun, donc 36
jours, donc un peu
plus d’un mois de salaire ne sera pas payé.

4. Expliquer le rôle des partenaires sociaux et du CSE dans


l’entreprise (p. 114-115)
20. Comment les membres du CSE ont-ils été choisis dans l’entreprise ?
(Situation et doc. 12)
Les membres du CSE sont élus par les salariés au cours d’une élection
professionnelle.
21. Quelles sont les obligations de l’employeur vis-à-vis du CSE ? (Doc. 12)
L’employeur doit organiser les élections professionnelles d’une part, et informer
et consulter le CSE sur
différentes thématiques qui touchent à la vie de l’entreprise d’autre part.
22. Le CSE est une instance représentative du personnel. Quel est son rôle ?
(Doc. 12)
Le CSE représente les salariés et défend leurs intérêts au cours de réunions avec
l’employeur. Il est
consulté par l’employeur, donne son avis sur certaines décisions et formule des
réclamations favorables
aux salariés.
23. Les délégués syndicaux ont-ils la possibilité de se présenter pour faire
partie du CSE ?
Quel intérêt cela représente-t-il ? (Doc. 12)
Les délégués syndicaux peuvent être élus au CSE, ils sont ainsi informés des
décisions et des orientations
stratégiques et peuvent porter les réclamations des salariés. Cela complète leur
rôle de syndicalistes,
désignés pour revendiquer de nouveaux droits et négocier des accords d’entreprise.
24. Quel est le rôle des syndicats dans l’entreprise ? (Doc. 12 à 14)
Le rôle des syndicats est de représenter les salariés et préserver leurs intérêts.
25. Comment les délégués syndicaux sont-ils choisis dans l’entreprise ? (Doc.
12)
Ils sont nommés par le syndicat auquel ils appartiennent.
26. Quelles parties négocient les accords d’entreprise ? Que recherchent-
elles ? (Doc. 12)
Il s’agit de l’employeur et des délégués syndicaux. L’employeur recherche la
compétitivité de
l’entreprise. Les salariés recherchent de bonnes conditions salariales et de
travail. Il faut donc négocier
pour concilier les intérêts des parties.
27. Tous les salariés ont-ils l’obligation d’adhérer à un syndicat pour
bénéficier des dispositions
des accords d’entreprise ? (Doc. 13)
La liberté syndicale n’impose pas d’adhérer à un syndicat, le salarié est libre de
le faire ou pas. Si un
accord d’entreprise est conclu, tous les salariés en bénéficient.

Allez plus loin ! Les 10 points essentiels à retenir sur le CSE (p. 115)
1. D’après vous, pourquoi le CSE a-t-il été créé ?
Le CSE, instance unique, a été créé afin que l’employeur n’ait qu’un seul
interlocuteur.
2. Quels sont les axes de travail du CSE au sein de l’entreprise ?
Le CSE s’occupe d’étudier la santé, la sécurité, les conditions de travail et de
relayer l’expression des
salariés.
3. Comment l’employeur informe et consulte le CSE ? A-t-il des obligations à
respecter à ce
sujet ?
Selon l’effectif de l’entreprise, l’employeur doit organiser 6 à 12 réunions par
an. Quatre réunions
doivent porter obligatoirement sur la santé, la sécurité et les conditions de
travail.
4. À partir de recherches Internet, expliquez ce qu’est une CSSCT.
Dans les entreprises de plus de 300 salariés, il est obligatoire de créer une
commission santé sécurité et
conditions de travail (CSSCT). La CSSCT dispose de tout ou partie des attributions
du CSE relatives à

© Nathan Chapitre 8 – Les libertés individuelles


et collectives des salariés / 121
la santé, à la sécurité et aux conditions de travail. Elle peut donc prendre en
charge l’analyse des risques
professionnels, proposer des actions de prévention du harcèlement, faire des
propositions au CSE et
préparer des consultations en matière d’hygiène et de sécurité.

122 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
Corrigés des applications
1. Testez vos connaissances (p. 116)
Répondez aux propositions suivantes.
1. Le respect de la vie personnelle
4. Un employeur peut
consulter tous
comprend :
les mails de ses
salariés.
 le secret des correspondances.
 Vrai  Faux
 la liberté religieuse.
 la protection des données personnelles. 5. La grève est licite
si les salariés :
 la liberté vestimentaire.  ont tous cessé le
travail.
2. L’employeur peut collecter toutes  ont exprimé leur
avis sur la grève.
les informations qu’il souhaite sur  ont des
revendications politiques.
ses salariés. 6. Les salariés
grévistes sont rémunérés
 Vrai  Faux pendant la durée de
la grève.
3. Un salarié a le droit :  Vrai  Faux
 de critiquer les conditions de travail. 7. Le CSE doit être
informé et consulté par
 de condamner les choix de gestion l’employeur pour
défendre les intérêts
de son employeur. des salariés.
 d’insulter son employeur sur les réseaux  Vrai  Faux
sociaux.
 d’envoyer, à partir de sa boîte 8. Le CSE négocie les
accords collectifs
professionnelle, un mail personnel avec l’employeur.
dans lequel il demande des nouvelles  Vrai  Faux
à un ami.

2. Étudier les limites à la liberté d’expression des salariés (p. 116)


1. Rappelez ce qu’est la liberté d’expression des salariés.
Les salariés ont la possibilité de s’exprimer sur leur travail de façon critique,
de proposer des
améliorations de leurs conditions de travail.
2. Dans quels cas la liberté d’expression est-elle limitée ?
La liberté d’expression est limitée en cas d’abus. Les juges qualifient l’abus si
les propos sont injurieux,
diffamatoires, abusifs, racistes.
3. Quels risques la communication via les réseaux sociaux fait-elle courir aux
entreprises ?
La communication par les salariés via Internet est incontrôlable et peut très vite
dégénérer. En outre,
elle peut avoir un écho très large auprès du public ou dans les médias. Ces
communications ont parfois
des conséquences graves pour l’image et la réputation des entreprises puisqu’elles
véhiculent des
rumeurs, des mensonges, des informations frauduleuses.
4. Quelle est la position de la jurisprudence face aux conflits nés de
l’expression des salariés
sur les réseaux sociaux ?
Les réseaux sociaux sont étudiés en tant qu’espaces publics ou privés. Les juges
analysent donc les
paramètres de confidentialité du réseau social. Si l’information publiée est
publique, alors les juges vont
tenir compte du principe de loyauté qui impose aux salariés des propos mesurés pour
préserver la
réputation et l’image de l’entreprise ou de l’employeur.

© Nathan Chapitre 8 – Les libertés individuelles et


collectives des salariés / 123
3. Apprécier le caractère licite d’une grève (p. 117)
1. Quelles sont les conditions pour qu’une grève soit licite ?
Pour qu’une grève soit licite, trois conditions doivent être réunies :
– un arrêt total du travail des salariés grévistes ;
– une concertation des salariés (réunions, votes, etc.) ;
– des revendications professionnelles (protection de l’emploi, hausse des salaires,
etc.).
2. Expliquez si la grève à la SNCF est licite.
La grève à la SNCF semble licite car elle réunit les trois conditions requises :
– un arrêt total du travail des salariés grévistes : « près de huit conducteurs sur
dix seront en grève »
« deux jours d’arrêt de travail » ;
– une concertation des salariés (réunions, votes, etc.) : « les principaux
syndicats de l’entreprise » ont
sûrement consulté les salariés pour connaître leur avis ;
– des revendications professionnelles : les cheminots refusent, d’une part, la
réforme de l’entreprise
publique pour la préparer à l’ouverture à la concurrence, et d’autre part, la
réforme du statut pour les
nouveaux entrants dans l’entreprise.
3. Qu’est-ce qu’une grève perlée ? Pourquoi ce terme est-il mal choisi dans ce
cas ?
Une grève perlée est un ralentissement de la cadence de travail visant à
désorganiser la production. En
l’absence de cessation franche du travail, il ne s’agit pas d’une grève, mais d’un
mouvement illicite. La
grève perlée, qui n’est donc pas une grève, ne fait bénéficier son auteur d’aucune
protection et justifie
un licenciement pour faute grave puisqu’elle est considérée comme une mauvaise
exécution volontaire
du travail.
Ce terme est mal choisi pour la grève à la SNCF car les salariés ne ralentissent
pas la cadence (conduire
le train moins vite que prévu pour, par exemple, occasionner des retards) mais «
stoppent » totalement
leur travail 2 jours pour le reprendre entièrement 3 jours.
4. Selon vous, pourquoi les syndicats ont-ils préféré proposer 2 jours de
grève tous les
5 jours ?
La grève intermittente permet aux salariés de travailler 3 jours et de faire grève
2 jours, cela sur une
période assez longue. Il s’agit, pour les syndicats, d’éviter un mouvement long et
continu, usant pour
les salariés et coûteux financièrement.

4. Analyser la limite à la liberté vestimentaire des salariés (p. 118)


1. Quel est le principe en matière vestimentaire pour les salariés ?
Un salarié est, en principe, libre de s’habiller comme il l’entend, même si ce
principe n’est pas absolu.
Il s’agit de la liberté vestimentaire.
2. En quoi le Code du travail autorise-t-il des restrictions ? Quelles en sont
les raisons ?
L’entreprise peut imposer le respect d’un code vestimentaire dès lors, selon la
loi, que ces restrictions à
la liberté vestimentaire sont « justifiées par la nature de la tâche à accomplir et
proportionnées au but
recherché » (C. trav., art. L1121-1). C’est le cas en obligeant le salarié à porter
:
– des protections particulières dues à la nature de son métier dans un objectif
d’hygiène et de sécurité
(un casque, une blouse…) ;
– une tenue spécifique (un uniforme ou un costume) qui s’explique par le secteur
d’activité (l’image de
l’entreprise, par exemple) et les tâches à accomplir (l’accueil de clients, par
exemple).
3. Certains salariés doivent porter des vêtements de protection. Pourquoi
l’employeur a-t-il
l’obligation de les leur fournir et que risque-t-il s’il ne le fait pas ?
Expliquez.
L’employeur a une obligation de sécurité de résultat. Il doit donc prendre tous les
mesures nécessaires
pour assurer la sécurité et protéger la santé physique des travailleurs. Les
vêtements de protection font
partie de ces mesures. Si l’employeur néglige cet aspect, il peut être condamné par
les tribunaux en cas,
notamment, d’accidents du travail.

124 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
4. Comment l’employeur peut-il réglementer le port de certains vêtements au
sein de son
entreprise ? Que risque le salarié qui ne respecte pas ces règles ?
Des règles sur la tenue de travail peuvent être inscrites dans certains documents
émanant de l’entreprise,
contractuels ou réglementaires : le contrat de travail, le règlement intérieur de
l’entreprise, une note de
la direction, etc. L’employé est obligé de s’y soumettre sous peine de
licenciement.

5. Se préparer au bac Qualifier juridiquement une situation


et formuler le problème de droit (p. 119)
1. Dans ce litige, qualifiez la situation sur le plan juridique.
M. X…, salarié de l’entreprise Cap Sesa Industrie en tant qu’ingénieur, conteste
son licenciement auprès
du conseil de prud’hommes. En effet, il a été licencié pour faute grave par son
employeur parce qu’il a
envoyé un courriel à sa DRH dans lequel il critique vertement le mode de
rémunération variable mis en
place.
Dans cette affaire, le salarié estime que ce mail véhément respecte sa liberté
d’expression et que son
licenciement, sur ce fondement, est sans cause réelle et sérieuse. Il demande des
dommages et intérêts à
ce titre.
L’employeur, lui, estime que les propos tenus sont graves (« un système de voleurs
») et constituent un
abus dans la liberté d’expression du salarié. Ces propos justifient donc un
licenciement pour faute.
Remarque en ce qui concerne les libertés individuelles du salarié : attention, il
s’agit ici de se focaliser
sur la liberté d’expression du salarié et non sur la clause de bonne fin insérée
dans le contrat de travail.
2. Repérez la règle de droit applicable et expliquez-la.
La liberté d’expression ne peut subir de restrictions que si celles-ci sont
justifiées par la nature de la
tâche à accomplir et proportionnées au but recherché.
La liberté d’expression du salarié est un principe fort, le salarié a le droit de
critiquer, de façon
constructive et respectueuse, le fonctionnement de l’entreprise.
Parfois, des restrictions sont apportées à la liberté d’expression du salarié.
L’employeur a donc le droit
de limiter cette liberté en fonction du travail à accomplir (des obligations de
réserve, de discrétion, de
politesse, de diplomatie s’imposent). Par exemple, les cadres dirigeants de
l’entreprise qui connaissent
la stratégie, les rémunérations de chacun ainsi que des informations secrètes parce
qu’il s’agit du contenu
de leur emploi, ne doivent pas divulguer ces informations confidentielles.
De plus, ces limites à la liberté d’expression doivent être proportionnées, c’est-
à-dire mesurées et
modérées, au but recherché par l’employeur. Par exemple, l’étendue de la liberté
d’expression ne sera
pas la même pour les salariés en contact avec la clientèle et pour des ouvriers de
production.
L’employeur est en droit d’attendre plus de discrétion et de retenue de la part des
salariés qui peuvent
avoir une expression directe face au public.
3. Formulez le problème de droit.
Dans quelles mesures les propos tenus par un salarié sur le fonctionnement de son
entreprise sont-ils
abusifs ?
Dans quel cadre la liberté d’expression des salariés peut-elle subir des limites ?
4. Expliquez, à partir de la règle de droit, le sens de cette décision de la
Cour de cassation.
La Cour de cassation retient le licenciement pour cause réelle et sérieuse. La
requalification est actée
par la Cour de cassation, qui estime que ce licenciement n’est pas un licenciement
pour faute grave mais
un licenciement pour motifs réels et sérieux. Les juges du droit relèvent que le
salarié a bien abusé de
sa liberté d’expression en tenant des propos injurieux dans le mail envoyé.
Toutefois, la faute n’est pas
grave, certainement grâce au fait que le salarié n’a envoyé ce mail qu’à deux
personnes (la DRH et son
supérieur hiérarchique).
Le salarié ne parvient pas à démontrer que ce licenciement est sans cause réelle et
sérieuse, il est donc
débouté sur ce point.

© Nathan Chapitre 8 – Les libertés individuelles et


collectives des salariés / 125
Corrigé de la synthèse (p. 120)
1. Apprécier le respect des droits individuels des salariés
Le droit du travail protège les libertés individuelles et les libertés collectives
des salariés.
Les droits individuels concernent la liberté de pensée et d’expression (liberté
d’opinion, liberté
d’expression et liberté religieuse) et le respect de la vie personnelle et privée
(par exemple, la
protection des données personnelles, le secret des correspondances, le droit à la
déconnexion et la liberté
vestimentaire).
La limitation des libertés individuelles par l’employeur n’est possible sous
certaines conditions : les
restrictions doivent être justifiées par la nature de la tâche à accomplir et
proportionnées au but
recherché. Par exemple, la liberté d’expression est limitée par le devoir de
loyauté, qui se manifeste par
un devoir de réserve, une obligation de discrétion et de non-concurrence envers son
employeur.

2. Apprécier le respect des droits collectifs des salariés


Le droit de grève est un droit constitutionnel. Mais une grève n’est licite que si
3 conditions sont
réunies : un arrêt total du travail, une concertation des salariés, des
revendications professionnelles. Dans
le cas contraire, le mouvement est réputé illicite et les salariés ne sont pas
protégés par le droit de grève.
3. Expliquer les rôles des partenaires sociaux et des représentants des
salariés dans une
entreprise
Dans les entreprises, les intérêts des salariés sont préservés par deux organes :
– le comité social et économique (CSE) qui, en tant qu’instance représentative du
personnel (IRP), veille
à l’expression collective des salariés et présente leurs réclamations ;
– et d’un autre côté, le ou les délégués syndicaux qui, en tant que partenaires
sociaux, défendent les
droits des salariés au moment de la négociation d’accords d’entreprise avec
l’employeur et formulent
des revendications.
Tout salarié peut choisir d’adhérer à un syndicat ; c’est le principe de la liberté
syndicale.

126 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
L’essentiel

1. Les droits individuels des salariés


Selon le principe du lien de subordination et de la relation de déséquilibre qu’il
peut créer, le législateur
a prévu de garantir aux salariés la reconnaissance et le respect de certaines
libertés sur le lieu de travail.
Ces droits, aussi appelés « libertés fondamentales », sont protégés dans
l’entreprise. Ce droit des salariés
est posé à l’article L1121-1 du Code du travail, qui dispose que « Nul ne peut
apporter aux droits des
personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne
seraient pas justifiées par la
nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché ».

A. Principes
Les libertés individuelles peuvent être classées en deux catégories.

a. La liberté de pensée et d’expression des salariés


– La liberté d’opinion : le salarié est libre de penser comme il l’entend et
d’avoir des opinions contraires
à celles de son employeur ou de son manager.
– La liberté d’expression : en fonction de cette liberté d’expression, le salarié a
la possibilité de
s’exprimer sur son travail de façon critique, de proposer des améliorations de ses
conditions de travail.
– La liberté religieuse : le salarié peut librement choisir et pratiquer sa
religion. Cependant, l’employeur
pourra restreindre cette liberté, à certaines conditions.

b. Le respect de la vie personnelle des salariés


Plusieurs droits essentiels se complètent pour imposer à l’employeur le respect de
la vie personnelle et
privée du salarié :
– le respect de la vie privée : l’article 9 du Code civil précise que chacun a
droit au respect de sa vie
privée. Il s’agit notamment de la vie sentimentale et familiale, du droit à
l’image, de la situation de sa
santé, de l’intimité de son domicile ;
– la protection des données personnelles : l’employeur doit protéger les données
qu’il collecte sur le
salarié (nom, prénom, adresse, taux d’imposition sur le revenu…) ;
– le droit à la déconnexion : l’employeur doit permettre au salarié de ne pas être
joignable durant ses
repos et congés ;
– le secret des correspondances : l’employeur ne doit pas consulter les courriels
ou les courriers de ses
salariés identifiés comme « personnels » ou « privés » ;
– la liberté vestimentaire : un salarié est, en principe, libre de s’habiller comme
il l’entend, même si ce
principe n’est pas absolu.

B. Exceptions
« Pour préserver l’activité, le fonctionnement, l’image et la notoriété des
organisations, l’entreprise peut
poser une limitation aux libertés individuelles des salariés à condition que
celles-ci soient « justifiées
par la nature de la tâche à accomplir [et] proportionnées au but recherché » (Code
du travail, article
L1121-1).

a. Les restrictions à la liberté de pensée et d’expression des


salariés
La liberté d’expression est limitée en cas d’abus. Les juges qualifient l’abus si
les propos sont injurieux,
diffamatoires, abusifs, racistes.
Le devoir de loyauté, inhérent au contrat de travail, se manifeste par un devoir de
réserve, une obligation
de discrétion et de non-concurrence envers son employeur.
Les convictions religieuses ne doivent pas causer de troubles dans l’entreprise.
Sont interdits le
prosélytisme ou les actes de pression ainsi que le port de signes religieux
ostentatoires pour des raisons
d’hygiène ou de sécurité.

© Nathan Chapitre 8 – Les libertés individuelles


et collectives des salariés / 127
b. Les restrictions à la vie personnelle des salariés
La vie privée ne doit pas nuire à la vie professionnelle du salarié et donc à la
bonne marche de
l’entreprise. Ainsi, il est parfois admis que l’employeur puisse mettre en place
des systèmes de
vidéosurveillance ou de géolocalisation des véhicules de fonction.
En ce qui concerne le secret des correspondances, tout message envoyé ou reçu par
un salarié depuis le
poste de travail mis à sa disposition par l’employeur revêt un caractère
professionnel, sauf s’il est
identifié comme étant personnel. L’employeur ne peut consulter que les messages à
caractère
professionnel.
Enfin, s’agissant de la liberté vestimentaire, l’entreprise peut imposer le respect
d’un code vestimentaire
en obligeant le salarié à porter :
– des protections particulières dues à la nature de son métier dans un objectif
d’hygiène et de sécurité
(un casque, une blouse…) ;
– une tenue spécifique (un uniforme ou un costume) qui s’explique par le secteur
d’activité et les tâches
à accomplir.

2. Les droits collectifs des salariés


A. Le droit de grève
Le droit de grève est un droit constitutionnel reconnu à tout salarié dans
l’entreprise. En effet, l’article 7
du préambule de la Constitution de 1946 dispose : « Le droit de grève s’exerce dans
le cadre des lois
qui le réglementent. »
La grève est définie par la jurisprudence comme étant la cessation collective et
concertée du travail en
vue d’appuyer des revendications professionnelles.
Trois conditions doivent donc être réunies pour apprécier la légalité d’un
mouvement :
– un arrêt total du travail des salariés grévistes ;
– une concertation des salariés ;
– des revendications professionnelles.
La grève a des conséquences pour le salarié et son employeur :
– le contrat de travail est suspendu ;
– le salarié gréviste ne doit pas subir de licenciement ou de sanctions en raison
de l’exercice du droit de
grève ;
– le salaire n’est pas versé aux salariés grévistes durant la période de cessation
du travail.

B. L’abus du droit de grève


Si les trois conditions du droit de grève ne sont pas réunies, il n’y a pas
exercice normal du droit de
grève mais un mouvement illicite qualifié d’« abusif ». Le salarié participant à un
mouvement illicite
n’est pas protégé par le droit de grève. Il risque une sanction disciplinaire et
peut être licencié.
Plusieurs mouvements sont qualifiés d’« abusifs » par les juges :
– les actions qui désorganisent l’entreprise (par exemple, les piquets de grève qui
empêchent les entrées
et les sorties du personnel non gréviste ou de marchandises) ;
– les actions de débrayage alors que l’employeur a accepté les revendications ;
– les grèves perlées, qui consistent à exécuter le travail attendu au ralenti,
partiellement ou dans des
conditions défectueuses.

3. Le dialogue social
Dans les organisations, les intérêts des salariés sont préservés par deux organes :
– le comité social et économique (CSE) qui, en tant qu’instance représentative du
personnel (IRP), veille
à l’expression collective des salariés et présente leurs réclamations ;

128 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
– et d’un autre côté, le ou les délégués syndicaux qui, en tant que partenaires
sociaux, défendent les
droits des salariés au moment de la négociation d’accords d’entreprise avec
l’employeur et formulent
des revendications.

A. Le comité social et économique (CSE)


Le comité social et économique (CSE) est l’instance de représentation du personnel
dans l’entreprise. Il
doit être mis en place dans les entreprises de plus de 11 salariés. Les membres du
CSE sont élus par les
salariés de l’entreprise pour une durée maximale de 4 ans. Le CSE est informé,
consulté par l’employeur
sur différentes thématiques (orientations stratégiques, politique sociale, santé et
sécurité, conditions de
travail, plan de sauvegarde de l’emploi, etc.). Il peut également émettre des vœux
ou des propositions,
et porter les réclamations des salariés. Ses compétences, sa composition et son
fonctionnement varient
selon la taille de l’entreprise.
La délégation du personnel au CSE a aussi pour mission de présenter à l’employeur
les réclamations
individuelles ou collectives.

B. Les délégués syndicaux


Le délégué syndical (DS) est un représentant du personnel désigné par un syndicat
représentatif dans
l’entreprise. C’est par son intermédiaire que le syndicat fait connaître à
l’employeur ses réclamations,
revendications ou propositions et qu’il négocie les accords d’entreprise.
Le délégué syndical a ainsi pour rôle de défendre les droits des salariés. Ces
derniers ont la possibilité
d’adhérer à un syndicat s’ils le souhaitent (liberté syndicale). Tous les salariés,
syndiqués ou non,
peuvent bénéficier des nouveaux droits négociés par les délégués syndicaux et
insérés dans les accords
d’entreprise.
Les délégués syndicaux sont désignés selon la taille de l’entreprise.
Les partenaires sociaux (délégués syndicaux et employeur) négocient régulièrement
sur les sujets
suivants : salaires, durée et organisation du temps de travail, objectifs d’égalité
professionnelle entre
hommes et femmes, mesures relatives à l’insertion professionnelle et au maintien
dans l’emploi des
travailleurs handicapés, etc. L’employeur et les syndicats peuvent également, à
tout moment, en dehors
des négociations obligatoires, négocier sur des thèmes qu’ils choisissent. L’issue
de la négociation
permet souvent de formuler un accord collectif d’entreprise : ce texte, négocié et
signé entre la direction
de l’entreprise et les représentants des salariés, a pour objectif d’adapter les
règles générales prévues par
le Code du travail aux besoins spécifiques d’une entreprise.

© Nathan Chapitre 8 – Les libertés individuelles


et collectives des salariés / 129
Ressources numériques
 https://www.village-justice.com/articles/
Le site de la communauté du droit. Avocats, juristes, fiscalistes, notaires,
huissiers, magistrats, etc.,
publient des articles sur l’actualité du droit.

 https://www.editions-tissot.fr/
Les Éditions Tissot proposent des solutions pour faciliter l’application en
entreprise du droit du travail,
de la paie, de la santé-sécurité, du management, etc., en les rendant accessibles
aux non-experts. Les
services et documentations permettent aux dirigeants et responsables du personnel
dans les PME de
bénéficier de conseils opérationnels pour gérer le personnel et appliquer la
réglementation du droit du
travail. La même exigence de praticité est portée aux autres thématiques traitées à
destination des
ingénieurs sécurité, des managers, etc.

 http://www.wk-rh.fr/
Wolters Kluwer propose des informations en ligne en provenance de ses deux titres
de presse du social
et des RH : le mensuel Liaisons Sociales Magazine et l’hebdomadaire Entreprise &
Carrières. Il s’agit
d’un site de presse incontournable du social, des RH et du management.

 https://travail-emploi.gouv.fr/archives/archives-courantes/les-mots-cles-de-la-
reforme/article/accord-d-entreprise
Le site du ministère du Travail donne une définition complète de l’accord
d’entreprise.

 http://www.inrs.fr/demarche/comite-social-economique/regles-fonctionnement.html
L’INRS propose un dossier complet et opérationnel sur le rôle et les attributions
du CSE. Tous les
aspects traités sont mis en relation avec les articles du Code qui réglementent le
fonctionnement du CSE.

 https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F34474
Le site donne des explications détaillées sur la mise en place et le rôle des
délégués syndicaux en
fonction de la taille de l’entreprise.

130 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail salarié ?


© Nathan
Entraînement au bac – Thème 7
Pas de pouvoir arbitraire pour l’employeur !

Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail des salariés ?


Capacités
• Apprécier le caractère licite d’une grève.
• Vérifier les principales conditions de validité de la rupture du contrat de
travail dans une situation
donnée.
• Distinguer les causes de licenciement (motif personnel, motif économique) et en
apprécier les
conséquences dans le cas du licenciement pour motif personnel.

Réponses aux questions sur les situations (p. 121-122)


Situation 1
1. Résumez les faits opposant la direction de l’entreprise Vital aux salariés
n’ayant pas repris
le travail en les qualifiant juridiquement.
Après une grève et sa cessation par la quasi-totalité du personnel satisfait des
concessions de
l’employeur, cinq salariés (quatre ouvriers et un contremaître, M. Milla), déçus
par les résultats du
mouvement de revendication, ont décidé de continuer à manifester leur
mécontentement non pas en
cessant de travailler, mais en réduisant sensiblement leur rythme d’exécution des
tâches.
Cette inexécution du travail apparaît comme une faute professionnelle aux yeux de
l’employeur qui,
après avoir menacé de sanctions ces salariés, licencie pour faute grave le
contremaître. Le point de vue
des salariés est différent : ils estiment continuer la grève à leur façon.
2. Quel problème juridique ces faits posent-ils ?
Le problème juridique posé par le comportement des salariés est celui de la
définition de la grève et,
plus précisément, la question est de savoir si une « grève perlée » est admissible.
3. L’employeur peut-il licencier le contremaître ? Pour quel motif ?
Selon les termes du Code du travail, « l’exercice du droit de grève ne peut
justifier la rupture du
contrat de travail, sauf faute lourde imputable au salarié » (annexe 1). Il est
indéniable que le
contremaître ne commet pas de faute lourde, définie comme une faute d’une extrême
gravité commise
dans l’intention de nuire à son employeur.
Mais ce salarié est-il gréviste ? Certainement pas, car la grève est définie par la
jurisprudence comme
une cessation du travail, collective et concertée, pour des revendications
professionnelles. La cessation
du travail ne se confond pas avec un ralentissement des cadences (annexe 2).
L’employeur peut licencier le contremaître. En effet, celui-ci commet une mauvaise
exécution de ses
tâches (ralentissement volontaire des cadences de travail), ce qui constitue une
faute, ladite faute pouvant
certainement être qualifiée de grave au regard du poste à responsabilité du
contremaître (annexe 3).
4. Les modalités de ce licenciement sont-elles critiquables ? Quelles
conséquences peuvent-
elles avoir ?
La loi prévoit que le salarié se voit notifier son licenciement et que cela soit le
début de la période de
son préavis. On peut donc estimer que l’employeur a ici agi trop brutalement, sans
aucun échange avec
le salarié sanctionné par le licenciement. En revanche, si la faute grave est
retenue, c’est à bon droit
que l’employeur a décidé de rompre le contrat de travail du salarié sans préavis et
sans versement de
l’indemnité de licenciement, comme le précise l’article L1234-9 du Code du travail
(annexe 5).

© Nathan Entraînement au bac – Pas de pouvoir


arbitraire pour l’employeur ! / 131
La conséquence du non-respect du droit du salarié à des explications peut lui
permettre d’obtenir en
justice une indemnisation, mais certainement pas de voir le licenciement annulé,
puisque sa cause est
réelle et sérieuse.
Remarque : ce type de réponse peut être attendu d’élèves ayant assimilé la
protection du salarié
contre l’arbitraire de l’employeur, mais n’ayant pas eu l’occasion d’étudier en
détail les différentes
phases de la procédure de licenciement.
On peut éventuellement les rappeler :
– convocation du salarié, par lettre recommandée ou par lettre remise en mains
propres contre
décharge, à un entretien préalable pour un éventuel licenciement. La lettre de
convocation doit faire
apparaître un certain nombre d’éléments : l’objet de la convocation, le lieu,
l’heure et la possibilité de
se faire assister par une personne de son choix appartenant à l’entreprise si
celle-ci est dotée de
représentants du personnel ;
– entretien au cours duquel l’employeur devra recueillir les explications du
salarié ;
– signification du licenciement par une lettre précisant les motifs retenus et
indiquant la date de
rupture du contrat de travail.

Situation 2
5. Mme Benzecri peut-elle être licenciée ?
La direction de l’entreprise de Mme Benzecri est poussée par le supérieur
hiérarchique de la salariée à
la licencier pour faute. Cela est ici impossible et une rapide réflexion doit
pousser l’employeur à
s’appuyer sur un autre argument : Mme Benzecri, bien que de bonne volonté, ne
parvient pas à
s’adapter à un nouveau logiciel et cela montre son insuffisance professionnelle.
Or, ce motif de
licenciement est valable.
Mme Benzecri peut être licenciée, mais à condition que l’entreprise ne se trompe
pas sur la cause
réelle et sérieuse mise en avant.
Une des conséquences de ce licenciement est le paiement à la salariée de
l’indemnité de licenciement à
laquelle elle a droit (annexes 4 et 5) : avec 14 ans d’ancienneté et un salaire de
2 000 €, elle doit
percevoir : (2 000 × 1/4) × 10 + (2 000 × 1/3) × 4 = 5 000 + 2 667 = 7 667 €.
De plus, la salariée a également droit à l’indemnité compensatrice de congés payés.
Enfin, Mme Benzecri doit bénéficier d’un préavis avant la rupture définitive de son
contrat de travail.
Au regard de son ancienneté – sans préjuger de règles conventionnelles plus
favorables –, il doit être
de deux mois.
6. Quelles seraient les suites de ce licenciement si la salariée le
contestait ?
La contestation de la cause du licenciement se déroulerait devant le conseil de
prud’hommes. La
salariée prétendrait alors que le licenciement est sans cause réelle et sérieuse.
Si la rupture du contrat
de travail a été prononcée pour faute, Mme Benzecri obtiendrait certainement des
dommages-intérêts,
car sa bonne volonté au travail est reconnue et aucune faute ne peut lui être
reprochée.
Si, comme cela est probable, elle a été licenciée pour insuffisance
professionnelle, l’action en justice
ne lui apporterait aucune contrepartie à la perte de son emploi (annexe 5).
7. Quelle règle de droit le cas de Mme Benzecri illustre-t-il ? Quel est le
sens de cette règle ?
La règle illustrée par le cas de Mme Benzecri est celle selon laquelle la cause
réelle et sérieuse du
licenciement pour motif personnel peut être une insuffisance professionnelle ou une
inaptitude à
s’adapter au travail, même en l’absence de faute du salarié.
Le sens de cette règle est que le licenciement pour motif personnel n’est pas
seulement la sanction
suprême des fautes commises par un salarié. C’est un moyen pour l’employeur
d’opérer un ajustement
qualitatif parmi les membres du personnel, que le défaut de qualité soit à voir
dans des comportements
fautifs ou dans des incapacités professionnelles.
Remarque : on peut faire remarquer que le licenciement économique, individuel ou
collectif, procède
d’un ajustement quantitatif des effectifs.

132 / Thème 7 – Comment le droit encadre-t-il le travail des salariés ?


© Nathan
Chapitre 9
L’entreprise individuelle et la société commerciale

Place du chapitre dans le programme

Thème 8 – Dans quel cadre et comment entreprendre ?


Plan du chapitre Capacités Notions
1. Expliquer les principes • Expliquer les principes
de l’entreprise individuelle de l’entreprise individuelle
et en apprécier les enjeux et en apprécier les enjeux.

• Distinguer les conséquences


de la forme juridique d’entreprise
sur le patrimoine.
2. Distinguer les • Le
principe de l’unicité
conséquences de la forme du
patrimoine
juridique d’entreprise • La
déclaration d’insaisissabilité
sur le patrimoine • Proposer et justifier le choix • Le
patrimoine d’affectation
d’une forme juridique
d’entreprise dans une situation
donnée.

• Le
contrat de société
3. Identifier les éléments • Identifier les éléments •
L’affectio societatis
fondamentaux du contrat fondamentaux du contrat • L’apport
de société de société. • La
limitation de responsabilité
aux apports
4. Identifier
• Identifier les caractéristiques • La
société coopérative
les caractéristiques
de la société coopérative. (SCOP)
de la société coopérative

Avant la classe (p. 123)


Quelles sont les motivations mises en avant par ce créateur d’entreprise ?
Pour cet entrepreneur, trois motivations peuvent guider celui qui entreprend :
– la création et le développement de l’entreprise permettent de se dépasser,
d’avancer dans la vie en se
réalisant ;
– on peut trouver dans l’entreprenariat la liberté : liberté de s’organiser et de
disposer de son temps, et
liberté financière ;
– enfin, l’entreprise permet de donner du sens à sa vie, de développer son
potentiel et de connaître le
plaisir dans l’activité professionnelle.
© Nathan Chapitre 9 – L’entreprise individuelle et
la société commerciale / 133
Réponses aux questions sur les situations
1. Expliquer les principes de l’entreprise individuelle et en apprécier
les enjeux (p. 124-125)
1. Quels avantages de la microentreprise ont pu convaincre Romain Teillais
d’adopter ce
statut ? (Situation et doc. 1)
La microentreprise réunit les avantages de l’entreprise individuelle en général et
ceux de son régime
juridique en particulier : d’une part, indépendance de l’entrepreneur, absence de
capital social et
simplicité de création, d’autre part, régime social et fiscal avantageux et
exonération de TVA.
2. Quelles autres spécificités expliquent le succès de la microentreprise ?
(Doc. 1)
La microentreprise peut être créée par différents types de personnes : des salariés
ou des chômeurs
cherchant un revenu complémentaire, des étudiants même. De plus, elle peut servir
de cadre juridique
à des activités très variées : commerce, artisanat, prestation de services.
3. À partir de quand le statut de microentreprise n’est-il plus possible ?
(Doc. 1)
Les avantages de la microentreprise sont réservés aux petites entreprises
individuelles dont le chiffre
d’affaires annuel ne doit pas dépasser 72 500 € pour les services et 176 200 € pour
les commerces.
4. Quelles sont les marques de la simplicité de création d’une entreprise
individuelle ?
(Doc. 1)
La déclaration de début d’activité peut se faire en ligne, il n’est nul besoin de
réunir une assemblée
générale, ni de déposer un capital social à la banque (comme en société).
5. Examinez les principales motivations des créateurs d’entreprise et montrez
qu’elles
peuvent expliquer le choix du statut de l’entreprise individuelle. (Doc.
2)
– La volonté d’être indépendant : l’entrepreneur individuel n’a aucun compte à
rendre, à la différence
de ce qui se passe en société où bien des décisions sont collégiales.
– Le goût d’entreprendre : la création d’une entreprise individuelle permet à
d’anciens salariés, à des
chômeurs parfois, de développer un projet personnel.
– Le souhait de gagner plus : en contrepartie des risques assumés par
l’entrepreneur, celui-ci a l’espoir
de réaliser des bénéfices, qui n’ont pas à être partagés (comme en société).
– La nécessité de créer son propre emploi : c’est ce qui se passe dans le cas où un
chômeur crée une
entreprise individuelle.

Allez plus loin ! Créer sa microentreprise (p. 125)


1. Qui peut créer une microentreprise ? Pour quelle(s) activité(s) ?
La création d’une microentreprise est ouverte à tous : salariés, étudiants,
chômeurs, retraités, etc.
Cela permet de développer une activité principale ou secondaire, une activité
unique ou des activités
multiples, dans le commerce comme dans l’artisanat ou dans la prestation de
services.
2. Quels sont les différents objectifs possibles à l’origine de la création
d’une microentreprise ?
La création d’une microentreprise peut poursuivre divers objectifs :
– tester un projet professionnel ;
– commencer une nouvelle activité ;
– obtenir un revenu complémentaire.
3. Quelles sont les obligations du microentrepreneur ?
Le microentrepreneur est tenu à quelques obligations :
– déclarer son chiffre d’affaires, soit par mois, soit par trimestre ;
– payer les cotisations sociales et fiscales ;
– ouvrir un compte en banque distinct de son compte chèque.

134 / Thème 8 – Dans quel cadre et comment entreprendre ?


© Nathan
2. Distinguer les conséquences de la forme juridique d’entreprise
sur le patrimoine (p. 126-127)
6. En quoi un entrepreneur individuel fait-il courir des risques importants à
son
patrimoine ? (Situation et doc. 3)
L’entreprise individuelle, c’est l’entrepreneur, qui a un seul et unique
patrimoine. Si l’entrepreneur
individuel connaît l’échec, il risque de voir ses biens saisis par les créanciers
professionnels impayés.
7. Dans quelle mesure la famille de l’entrepreneur individuel peut-elle être
impactée par
ces risques ? (Situation et doc. 3)
La saisie des biens de l’entrepreneur a des conséquences négatives pour ses proches
(la voiture, parfois
la résidence secondaire, les meubles), de même que la diminution des revenus en cas
de « faillite ».
8. Quel est le statut de la résidence principale de l’entrepreneur individuel ?
Comment se
justifie-t-il, selon vous ? (Doc. 3)
L’immeuble de la résidence principale est insaisissable de plein droit par les
créanciers professionnels.
Cette règle est une protection minimale de l’entrepreneur et de sa famille.
9. À quelles conditions les différents biens immobiliers de l’entrepreneur ne
peuvent-ils pas
être saisis par ses créanciers professionnels ? (Doc. 4)
La résidence principale n’est pas saisissable : c’est automatique, sans formalités
ni conditions. Les
autres biens immobiliers (terrain, résidence secondaire, garage, etc.) sont
insaisissables s’ils ne sont
pas professionnels et si l’entrepreneur a effectué une déclaration
d’insaisissabilité devant un notaire.
10. Pourquoi peut-on dire que l’EIRL permet de conserver les avantages de
l’entreprise
individuelle tout en supprimant son inconvénient majeur ? (Doc. 4)
L’entrepreneur qui choisit de créer une EIRL reste indépendant, mais l’inconvénient
de l’unicité du
patrimoine disparaît puisque le patrimoine affecté à l’activité est distinct du
patrimoine général.
11. Précisez l’avantage de la société par rapport à l’entreprise individuelle
en ce qui
concerne les conséquences sur le patrimoine. (Doc. 5)
La règle qui s’applique aux associés en matière de responsabilité personnelle est
avantageuse. En cas
de défaillance de la société, les pertes des associés sont limitées au montant de
leur apport.

Allez plus loin ! La protection du patrimoine personnel (p. 127)


1. Relevez les différents régimes applicables aux biens immobiliers de
l’entrepreneur
individuel.
– Le régime de droit commun : un entrepreneur individuel expose son patrimoine
personnel aux
poursuites des créanciers professionnels, y compris ses biens immobiliers autres
que la résidence
principale.
– Le régime de la résidence principale : cet immeuble échappe de plein droit aux
poursuites des
créanciers professionnels.
– La déclaration d’insaisissabilité devant notaire : elle permet à l’entrepreneur
de protéger ses biens
immobiliers contre les poursuites des créanciers professionnels. Ces biens doivent
ne pas être affectés
à l’exercice de l’activité professionnelle.
2. Comment se justifie la différence entre les règles applicables aux
différents immeubles ?
– Le régime de la résidence principale se comprend car son insaisissabilité par les
créanciers
professionnels permet d’assurer un minimum de sécurité à l’entrepreneur et à sa
famille.
– La déclaration d’insaisissabilité ne choque pas puisqu’elle ne concerne que des
immeubles a priori
non connus des partenaires de l’entrepreneur. D’ailleurs, ils peuvent en avoir
connaissance s’ils s’en
donnent la peine et limiter, éventuellement, leurs engagements avec l’entrepreneur.
– Le régime des autres immeubles concerne des biens différents de la résidence
principale. Il en existe
deux sortes : ceux qui sont affectés à l’activité professionnelle, dont il est
logique qu’ils répondent des
dettes professionnelles ; ceux qui n’ont pas été déclarés insaisissables par
l’entrepreneur et qui relèvent
alors – c’est bien normal – du régime de droit commun, c’est-à-dire compris dans
l’actif du patrimoine
répondant du passif, y compris professionnel.

© Nathan Chapitre 9 – L’entreprise individuelle et


la société commerciale / 135
3. Quelles évolutions du statut de l’entreprise permettent d’élargir la
protection du patrimoine
de l’entrepreneur ?
La création d’une EIRL permet d’affecter certains éléments du patrimoine à
l’exercice de l’activité
professionnelle. Seul ce « patrimoine d’affectation » est engagé par l’entrepreneur
à l’occasion de ses
activités professionnelles.
Pour les créanciers professionnels impayés, il n’y a pas de possibilité de faire
opérer une saisie portant
sur les éléments du patrimoine n’ayant pas été affectés à l’entreprise.

3. Identifier les éléments fondamentaux du contrat de société


(p. 128-129)
12. Dans quelle mesure peut-on dire que la forme « normale » de la société est
celle de la
société pluripersonnelle ? (Situation et doc. 6)
Selon l’article 1832 du Code civil, la société naît en principe d’un contrat, entre
deux ou plusieurs
personnes. « Dans les cas prévus par la loi » seulement, elle peut naître de la
volonté d’une seule
personne.
13. Qu’est-ce qui montre l’engagement personnel de chaque associé dans
l’entreprise ?
(Doc. 6)
Chaque associé fait un apport au capital de la société. S’il espère retirer un
bénéfice (ou une économie)
de sa participation à la société, il accepte aussi de supporter une part des pertes
éventuelles, les gains
comme les pertes étant en proportion de l’apport réalisé.
14. Quel est, selon vous, le type de société le plus contraignant ? Pourquoi ?
(Doc. 7)
On remarque que pour constituer diverses sociétés, il n’y a pas de capital minimum,
alors que pour la
société anonyme, il faut réunir un capital social minimum de 37 000 €.
15. Expliquez la différence entre l’EIRL et l’EURL. (Doc. 7 et doc. 5, p. 126)
L’EIRL est une entreprise individuelle, qui se confond avec l’entrepreneur, alors
que l’EURL est une
société, donc une personne morale distincte de son dirigeant.
16. Montrez que les dirigeants des sociétés commerciales n’ont pas tous les
pouvoirs. (Doc. 8)
Ces dirigeants ont la compétence pour prendre les décisions courantes de gestion,
mais pour toutes les
décisions les plus importantes (nomination ou révocation des dirigeants,
répartition des bénéfices,
modification des statuts, etc.), il faut un vote par une assemblée générale des
associés.
17. Comment se justifie la différence de majorité exigée par la loi pour les
AGO et les AGE ?
(Doc. 8)
L’assemblée générale ordinaire prend les décisions importantes et récurrentes dans
la vie de la société,
comme l’approbation des comptes annuels, alors que l’assemblée générale
extraordinaire peut engager
l’avenir de la société, ce qui suppose un consensus plus large des associés.

Allez plus loin ! SAS : Société par Actions Simplifiée. Pourquoi


la choisir ? (p. 129)
1. Relevez les points communs à la SAS et aux autres sociétés commerciales.
La SAS est une société commerciale dont le patrimoine est distinct du patrimoine du
dirigeant et des
associés. Comme dans la plupart des sociétés commerciales, la responsabilité des
associés est limitée
au montant de leur apport au capital social. Comme dans les autres sociétés de
capitaux (SA, SARL),
le capital minimum exigé pour créer une SAS est de 1 €. Comme en SARL, le nombre
minimum
d’associé est de 1, avec la possibilité de créer une SASU, et comme dans la SA, il
n’y a pas de nombre
maximum d’associés.
À l’image des autres sociétés commerciales, la direction de la SAS est confiée à
une personne (le
président), qui est épaulée par l’assemblée générale des associés.

136 / Thème 8 – Dans quel cadre et comment entreprendre ?


© Nathan
2. En quoi cette société offre-t-elle aux associés une liberté d’organisation
de la vie de
l’entreprise ?
La vie des sociétés commerciales est, en général, très dépendante des règles
légales : pour leur
organisation, leur fonctionnement, la nomination et la révocation des dirigeants,
les pouvoirs des
assemblées générales d’associés, etc.
Dans le cadre de la SAS, l’essentiel des règles d’organisation dépend des statuts.
Or, ceux-ci sont
rédigés par les associés. On peut donc dire qu’ils disposent de plus de libertés
que dans n’importe
quelle autre société.
3. Quels sont les avantages spécifiques d’une SASU ?
La SASU (société par actions simplifiée unipersonnelle) ne compte, par définition,
qu’un associé.
C’est un statut d’entreprise qui permet donc à l’associé unique de conserver tous
les pouvoirs de
décision et de gestion (y compris celui de choisir un président salarié).
Mais en tant que société de capitaux, la SASU peut s’ouvrir à des apports externes
le jour où elle
ambitionne de se développer. Il suffit alors à l’associé unique de modifier les
statuts pour la
transformer en SAS.
Remarque : L’élève trouvera davantage d’informations sur
https://www.easycompta.eu/sasu-sas/sasu-
definition.

4. Identifier les caractéristiques de la société coopérative (p. 130-131)


18. En quoi la SCOP fait-elle la synthèse entre le monde associatif et celui de
l’entreprise ?
(Situation et doc. 9)
La SCOP est souvent constituée pour exercer des activités qui pourraient relever
d’une association,
dont l’activité est utile mais non lucrative (elle ne vise pas à développer et
redistribuer des profits).
Pourtant, la SCOP est aussi une entreprise au statut de société, avec ses règles
d’organisation et de
gestion, et elle participe à la vie du marché, en acceptant la confrontation
concurrentielle.
19. Qu’est-ce qui peut amener les créateurs d’une entreprise à choisir le
statut de SCOP ?
(Situation et doc. 10)
La création d’une SCOP permet de donner aux salariés le statut d’associé, avec ce
que cela entraîne en
termes de motivation et d’implication dans l’activité. Ce peut être aussi la
volonté de mutualiser les
compétences et de donner au travail autant d’importance qu’au capital.
20. Montrez que la loi sur les entreprises coopératives prend en compte une
éthique
coopérative, distincte des valeurs capitalistes traditionnelles. (Doc. 10)
La loi instaure le principe d’une gouvernance démocratique de la société : chaque
associé dispose
d’une voix lors des assemblées générales (sans hiérarchie selon le montant des
apports) et la priorité
n’est pas de distribuer le profit aux associés, mais de s’en servir pour le
développement de la SCOP.
21. Relevez les avantages de la SCOP pour les salariés. (Doc. 9 et 11)
Dans une SCOP, les prises de décisions associent les salariés associés, qui sont
obligatoirement
majoritaires et interviennent dans les assemblées générales comme au conseil
d’administration selon le
principe « 1 salarié = 1 vote ». Ainsi, le directeur et les dirigeants de la SCOP
sont élus par des
salariés.
Par ailleurs, une partie importante des profits est destinée aux salariés.
22. Quel est l’intérêt des règles légales gouvernant la répartition des
bénéfices de la SCOP ?
(Doc. 11)
Les dividendes sont obligatoirement affectés à trois destinations : une part pour
les salariés non
associés, une part pour les salariés associés et une part pour les réserves de
l’entreprise. Cela permet
une participation au bénéfice pour tous et aide à préserver l’avenir de la SCOP.

© Nathan Chapitre 9 – L’entreprise individuelle et


la société commerciale / 137
Allez plus loin ! Une SCOP pour sauver leurs emplois (p. 131)
1. Quel événement est à l’origine de la création de la SCOP Marne Métal Concept
?
La SCOP a été créée après la liquidation judiciaire de l’ancienne société, dans le
cadre de la reprise de
l’entreprise.
2. Comment certains salariés ont-ils pu relancer leur ancienne entreprise ?
17 salariés de l’ancienne société, sur 86, ont participé à la reprise de la société
en liquidation
judiciaire. Il fallait une somme de 1 million d’euros. Grâce à leurs indemnités de
licenciement, ils ont
pu rassembler 277 000 €. Pour le reste, ils ont bénéficié d’aides publiques.
3. Quel indicateur révèle que les SCOP connaissent un succès supérieur à celui
des autres
entreprises ?
Les SCOP présentent un taux de réussite à cinq ans de 85 %. Même si on ne nous
rappelle pas dans la
vidéo la performance des autres entreprises, on voit bien qu’il s’agit d’un
résultat remarquable et
certainement supérieur à la moyenne des entreprises.
Remarque : on peut indiquer aux élèves que le taux de réussite moyen des
entreprises à 5 ans est, en
France, de l’ordre de 55 %.

138 / Thème 8 – Dans quel cadre et comment entreprendre ?


© Nathan
Corrigés des applications
1. Testez vos connaissances (p. 132)
Répondez par vrai ou par faux aux propositions suivantes.

1. L’entreprise individuelle se confond


6. Les statuts
d’une société pluri-
avec l’entrepreneur.
personnelle
peuvent réserver la totalité
 Vrai  Faux des bénéfices à
un seul des associés.
2. L’entrepreneur qui exerce en  Vrai
 Faux
entreprise individuelle peut déclarer
7. Le passage de
l’entreprise individuelle
ses immeubles insaisissables.
à la société
peut se faire tout en
 Vrai  Faux restant seul
entrepreneur.
3. Le patrimoine de l’EIRL est le  Vrai
 Faux
patrimoine de l’entrepreneur.
8. L’assemblée
générale ordinaire
 Vrai  Faux d’une société
est compétente pour
4. Une société est obligatoirement nommer et
révoquer les dirigeants.
composée de plusieurs associés.  Vrai 
Faux
 Vrai  Faux 9. Une SCOP ne
peut pas redistribuer
5. En principe, les apports faits à une de bénéfices à
ses associés.
société commerciale déterminent la  Vrai
 Faux
responsabilité encourue par chaque
10. Les salariés
d’une SCOP sont les
associé.
associés
majoritaires de cette société.
 Vrai  Faux
 Vrai
 Faux

2. Distinguer les conséquences de la forme juridique d’entreprise


(p. 132)
1. Dans quelle situation la règle de la limitation de responsabilité aux
apports est-elle
particulièrement utile pour les associés ?
La limitation de responsabilité au montant des apports permet à un associé de ne
pas être ruiné en cas
de « faillite » (liquidation judiciaire) de la société. Il sait ce qu’il est prêt à
risquer lorsqu’il réalise son
apport à la société. C’est une règle simple qui permet à chaque associé de
préserver les biens de son
patrimoine, qui ne peuvent pas être saisis pour payer les créanciers de la société.
2. Pourquoi les règles applicables au dirigeant de société sont-elles plus
sévères ?
Le(s) dirigeant(s) est (sont) responsable(s) envers la société ou envers les tiers
des infractions aux
règles légales applicables aux sociétés, des violations des statuts et surtout des
fautes de gestion.
Cette responsabilité est lourde car chaque dirigeant peut avoir à payer bien au-
delà du montant de son
apport à la société.
La sévérité de cette règle s’explique par le fait que le rôle du dirigeant est très
important et que, par
des décisions malheureuses, il peut avoir causé la ruine de la société.
3. Selon vous, pour quelle raison un associé peut-il être amené à se porter
caution des actes
d’une société ? Quel risque prend-il ?
Il arrive que le capital de la société et sa surface financière ne soient pas
suffisants pour donner
confiance à des partenaires vers lesquels le dirigeant de la société se tourne, en
particulier les
banquiers à qui on demande un crédit. Dès lors que la situation personnelle d’un
associé (en pratique,
c’est le dirigeant) est susceptible de rassurer le banquier (patrimoine important,
revenus élevés), celui-

© Nathan Chapitre 9 – L’entreprise individuelle


et la société commerciale / 139
ci peut accepter de consentir un prêt à la société seulement si le dirigeant se
porte caution. C’est un
engagement risqué, mais il est parfois indispensable à la bonne marche de la
société.
La caution prend évidemment un risque : celui d’avoir à payer personnellement en
cas de défaillance
de la personne morale, incapable, pour des raisons de trésorerie insuffisante, de
rembourser le
créancier.

3. Se préparer au bac Expliciter une règle de droit et son évolution


(p. 133)
1. Quel statut juridique, en plus de la microentreprise, peut être choisi par
un entrepreneur
individuel ?
L’entrepreneur individuel « classique » est celui qui ne choisit pas le statut de
microentrepreneur. Il
s’agissait du statut par défaut, applicable de plein droit à l’entrepreneur qui ne
déclarait pas créer une
EIRL. Depuis la loi Pacte du 22 mai 2019, le choix entre l’un ou l’autre des
statuts (EI ou EIRL) doit
être précisé dans une déclaration préalable à l’exercice de l’activité
professionnelle.
2. Quelle simplification de formalités peut encourager au choix de l’EIRL ?
Lors de la création d’une EIRL, l’entrepreneur effectue une déclaration
d’affectation des biens qu’il va
utiliser dans son activité et affecter à son activité professionnelle (local,
véhicule, etc.).
Jusqu’à la loi du 22 mai 2019, cette déclaration d’affectation devait
impérativement être déposée sur
un registre de publicité légale. Désormais, le dépôt de la déclaration n’est plus
obligatoire. Le
patrimoine affecté sera donc constitué par une simple déclaration d’affectation à
ce même registre.
Remarque : « Jusqu’à aujourd’hui [avant la loi Pacte], pour constituer un
patrimoine professionnel
affecté, l’entrepreneur individuel doit déposer auprès du registre de publicité
légal dont il relève (RCS
pour les commerçants) une déclaration d’affectation comportant certains documents,
à peine
d’irrecevabilité de la déclaration (C. com. art. L. 526-7, L. 526-8 et R. 526-3).
Cette condition de
recevabilité va disparaître : le texte prévoit, en effet, de supprimer le dépôt
formel d’une déclaration
d’affectation auprès du registre compétent de publicité légale, ainsi que de
déclarations modificatives
s’il y a lieu, pour le remplacer par une déclaration. Le patrimoine professionnel
affecté va donc être
constitué par cette simple déclaration d’affectation auprès du registre (C. com.,
art. L. 526-7 mod.) ».

www.dalloz-actualite.fr
3. Relevez les différentes évolutions des règles concernant le patrimoine
affecté à l’EIRL.
Jusqu’en 2019, le créateur d’une EIRL devait déclarer quels biens de son patrimoine
il affectait à son
activité professionnelle. Un état descriptif de l’ensemble des biens, droits,
obligations ou sûretés
constituant le patrimoine d’affectation devait être dressé. L’entrepreneur devait
spécifier la nature des
biens (immeubles, équipements, etc.), leur qualité, leur quantité et leur valeur.
Ne pas préciser ces
éléments risquait de faire perdre le bénéfice du statut d’EIRL, les patrimoines
privés et d’affectation
étant réunis pour faire face aux créanciers professionnels. De plus, une expertise
était imposée pour
faire évaluer les biens affectés d’une valeur supérieure à 30 000 €.
Depuis la loi Pacte, l’impossibilité d’affecter certains biens à l’activité
professionnelle ne fait plus
obstacle à l’adoption du statut d’EIRL puisque la valeur du patrimoine
d’affectation peut être nulle.
Une autre règle a été supprimée puisque l’expertise des actifs de plus de 30 000 €
n’est plus
obligatoire.
Enfin, la loi autorise, après la naissance de l’EIRL, le retrait de certains biens
du patrimoine
d’affectation dès lors qu’ils ne sont plus nécessaires à l’entreprise.
4. En quoi ces évolutions rendent-elles ce statut plus attractif ? Selon vous,
dans quel but le
législateur veut-il rendre ce statut plus attractif ?
Toute simplification de formalités est jugée comme une simplification. Mais avec la
loi de 2019, on a
également modifié le régime de fond de l’EIRL, en supprimant l’obligation de
constituer un
patrimoine d’affectation. On peut dire que le patrimoine affecté d’une valeur égale
à 0, c’est la
possibilité d’entreprendre sans prendre aucun risque. Cela rend donc très attractif
le nouveau régime
de l’EIRL.

140 / Thème 8 – Dans quel cadre et comment entreprendre ?


© Nathan
La volonté du législateur de favoriser le recours à l’EIRL est un soutien à la
création d’entreprises,
dont le frein principal est la crainte des risques sur son patrimoine personnel.
Remarque : il n’est pas sûr que l’absence de patrimoine affecté soit en tout point
un avantage pour
une nouvelle entreprise. Celle-ci risque de ne pas rencontrer la confiance des
partenaires : quel
banquier pour prêter dans ces conditions ? Quel fournisseur pour accorder des
délais de paiement ?

© Nathan Chapitre 9 – L’entreprise individuelle et la


société commerciale / 141
Corrigé de la synthèse (p. 134)
1. Expliquer les principes de l’entreprise individuelle et en apprécier les
enjeux
– L’entreprise individuelle dite « classique » : elle se constitue très simplement
par une déclaration
de début d’activité en ligne. Elle permet à l’entrepreneur d’être indépendant dans
son activité.
– La microentreprise : elle peut être créée par toute personne physique. Son
avantage majeur
concerne le paiement des contributions sociales et fiscales effectué par le
versement d’un pourcentage
du chiffre d’affaires. De plus, les ventes sont exonérées de TVA. Une limite : ce
statut ne s’applique
qu’aux entreprises dont l’activité ne dépasse pas un certain chiffre d’affaires.
2. Distinguer les conséquences de la forme juridique d’entreprise sur le
patrimoine
L’entrepreneur individuel et l’entreprise se confondent, tout comme leur
patrimoine. Ce principe de
l’unicité du patrimoine fait naître une responsabilité illimitée de
l’entrepreneur : la garantie des
créanciers est constituée par tous ses biens. Pour limiter cette responsabilité,
frein à la création
d’entreprise, la loi offre plusieurs solutions :
– l’immeuble de la résidence principale de l’entrepreneur est, de plein droit,
insaisissable ;
– pour ses autres immeubles non professionnels, l’entrepreneur individuel peut
effectuer une
déclaration d’insaisissabilité devant notaire ;
– l’entrepreneur peut créer une entreprise individuelle à responsabilité limitée
(EIRL). Il partage
ainsi son patrimoine en deux parties : un patrimoine d’affectation, qui comprend
les biens déclarés
affectés à l’activité et le patrimoine privé, qui échappe aux poursuites des
créanciers professionnels.
Pour dissocier les patrimoines, on peut aussi créer une société, dotée de la
personnalité morale.
3. Identifier les éléments fondamentaux du contrat de société
Le contrat de société permet à chaque associé d’affecter un apport à une activité
commune à
plusieurs, dans le but de partager le bénéfice tout en acceptant le partage des
pertes. Dans toute société
existe aussi l’affectio societatis, c’est-à-dire la volonté des associés de
collaborer sans subordination.
Les principales sociétés commerciales sont soit pluripersonnelles (SARL, SA, SAS),
soit
unipersonnelles (EURL, SASU) et permettent une limitation de responsabilité aux
apports.
4. Identifier les caractéristiques de la société coopérative
La société coopérative type est la SCOP (société coopérative et participative).
Dans cette société, les
associés majoritaires sont des salariés, qui élisent le(s) dirigeant(s). Le partage
du profit se fait avec
une part pour les salariés, une autre pour les salariés associés et une part pour
les réserves de
l’entreprise.
142 / Thème 8 – Dans quel cadre et comment entreprendre ?
© Nathan
L’essentiel
Entreprendre peut se faire seul, dans le cadre d’une entreprise individuelle, voire
de certaines sociétés,
même si ce statut est plus souvent adopté par ceux qui veulent entreprendre à
plusieurs.

1. L’entreprise individuelle
Le législateur offre à l’entrepreneur qui veut réaliser seul son projet deux formes
d’entreprise
individuelle.

A. L’entreprise individuelle « classique »


Celui qui veut entreprendre seul peut opter pour la forme « classique » de
l’entreprise individuelle. La
création de ce type d’entreprise est peu coûteuse, les formalités administratives
sont réduites : il suffit
de faire une déclaration de début d’activité en ligne.
L’entreprise individuelle préserve l’indépendance dans la gestion de l’activité,
qui peut être
commerciale, artisanale, agricole ou libérale (avocat, médecin, etc.).
Entreprendre seul, c’est forcément ne pas avoir à réunir d’assemblée générale, ni à
constituer un
capital social. De plus, la loi dispense l’entrepreneur individuel de l’obligation
de déposer
annuellement son bilan.

B. La microentreprise
Toute personne physique peut créer une microentreprise : un salarié, un étudiant,
un retraité, un
demandeur d’emploi. La microentreprise est la forme la plus simple d’entreprise
individuelle. Non
seulement les formalités de création sont rapides (en ligne), mais encore, le
microentrepreneur est
libéré des cotisations et contributions sociales et d’impôt sur le revenu par le
versement d’un
pourcentage de son chiffre d’affaires (23,7 % pour les activités de services, 13,8
% pour une activité
commerciale). De plus, les ventes sont exonérées de TVA, ce qui favorise l’activité
du
microentrepreneur en lui permettant d’offrir des biens et services moins chers.
Toutefois, le statut de microentrepreneur est réservé aux entreprises dont
l’activité ne dépasse pas un
certain chiffre d’affaires (72 500 € pour les activités de services et 176 200 €
pour les activités
commerciales).

2. Les conséquences de la forme juridique d’entreprise sur


le patrimoine
A. L’unicité du patrimoine et l’engagement de l’entrepreneur
individuel
L’entreprise individuelle n’a pas de personnalité morale. L’entrepreneur et
l’entreprise se confondent,
tout comme le patrimoine de l’entrepreneur et celui de l’entreprise. Les biens
personnels de
l’entrepreneur et ses biens professionnels appartiennent au même patrimoine. C’est
le principe de
l’unicité du patrimoine, en vertu duquel la garantie des créanciers professionnels
(banquiers,
fournisseurs, fisc, etc.) est constituée par les biens de l’exploitant, en cas de
défaillance de sa part. On
parle de responsabilité illimitée (ou indéfinie) de l’entrepreneur individuel.
Cette règle fait peser une
menace grave sur l’entrepreneur et sur sa famille.

B. Les moyens de limiter la responsabilité de l’entrepreneur


individuel
Conscient que la menace qui pèse sur l’entrepreneur individuel est un frein à la
création d’entreprises,
le législateur propose différents moyens pour limiter sa responsabilité.

© Nathan Chapitre 9 – L’entreprise individuelle et


la société commerciale / 143
a. L’insaisissabilité des biens immobiliers
L’immeuble de la résidence principale de l’entrepreneur est, de plein droit,
insaisissable. Aucune
formalité n’est nécessaire, cet immeuble échappe à la saisie des créanciers
professionnels.
Pour ce qui concerne ses autres biens immobiliers (garage, résidence secondaire,
etc.), l’entrepreneur
individuel peut effectuer une déclaration devant notaire pour faire instaurer leur
insaisissabilité par ses
créanciers professionnels. Cette protection ne s’applique qu’aux immeubles qui ne
sont pas
professionnels.

b. L’entreprise individuelle à responsabilité limitée (EIRL)


L’entrepreneur individuel peut créer une entreprise individuelle à responsabilité
limitée (EIRL). Dans
ce cas, son patrimoine est partagé en deux parties disjointes : la partie
professionnelle du patrimoine,
c’est-à-dire l’ensemble des biens que l’entrepreneur a affectés à son activité ou
patrimoine
d’affectation (local, véhicule, etc.), et la partie privée de son patrimoine. Seul
le patrimoine
d’affectation constitue la garantie des dettes professionnelles de l’entrepreneur.
En cas de défaillance
de l’entreprise, les créanciers de l’EIRL ne pourront pas saisir un bien du
patrimoine privé.
Pour permettre de connaître la valeur du patrimoine affecté à l’activité
professionnelle, lors de la
création de l’EIRL, l’entrepreneur effectue une déclaration d’affectation des biens
destinés à cette
activité.

c. Le recours au statut juridique de société


La dissociation des patrimoines de l’entrepreneur et de l’entreprise peut
s’effectuer par la création
d’une société. Celle-ci est une personne morale, qui a son propre patrimoine et,
dans la plupart des cas,
le créateur de la société, comme chaque associé, ne peut pas perdre plus que la
valeur de son apport au
capital social.

3. Le contrat de société
A. Les éléments constitutifs de la société

a. Selon la loi
L’article 1832 du Code civil définit la société et en précise les éléments : en
principe, la société est
instituée par deux ou plusieurs personnes qui conviennent par un contrat d’affecter
à une entreprise
commune des biens ou leur industrie en vue de partager le bénéfice ou de profiter
de l’économie qui
pourra en résulter. La loi prévoit donc trois éléments : un contrat entre deux ou
plusieurs personnes,
des apports, le partage du bénéfice ou de l’économie réalisés. Les associés
s’engagent à contribuer aux
pertes.
Les apports sont les biens que les associés mettent à la disposition de la société
en vue de
l’exploitation. L’apport est parfois possible « en industrie », c’est-à-dire formé
par les connaissances,
le savoir-faire, les talents particuliers qu’un associé met au service de la
société. Les apports, à
l’exception des apports en industrie, contribuent à la formation du capital social.
Le partage des bénéfices réalisés par la société entre les associés est en principe
proportionnel aux
apports.

b. Selon la jurisprudence
L’affectio societatis désigne l’élément psychologique propre à la société : c’est
l’intention de
s’associer, la volonté des associés de collaborer à l’œuvre commune, sans
subordination entre eux. La
traduction concrète de cet élément est aussi bien la volonté de partager les
bénéfices que l’acceptation
de participer aux pertes éventuelles.

144 / Thème 8 – Dans quel cadre et comment entreprendre ?


© Nathan
B. Les principales sociétés commerciales
Le trait commun aux principales sociétés commerciales est la limitation de la
responsabilité
personnelle des associés au montant de leur apport.

a. Les sociétés pluripersonnelles


– La société à responsabilité limitée (SARL) compte de 2 à 100 associés et la loi
n’impose pas de
montant minimum à son capital social.
– La même règle s’applique à la société par actions simplifiée (SAS), dont le
nombre d’associés est
d’au moins deux personnes, sans maximum. L’essentiel des règles d’organisation et
de
fonctionnement de cette société est précisé par ses statuts.
– La société anonyme (SA) compte, elle aussi, au moins deux associés, sans nombre
maximum, mais
les apports constituant le capital doivent impérativement se monter au moins à 37
000 €.
Dans toutes ces sociétés, il existe un ou des dirigeants, dotés de pouvoirs
spécifiques. Les autres
associés participent à la vie sociale au travers des assemblées générales qui les
réunissent plus ou
moins régulièrement.

b. Les sociétés unipersonnelles


C’est un statut d’entreprise qui permet à une personne qui veut entreprendre seule
de le faire tout en
protégeant son patrimoine, puisque les sociétés unipersonnelles ont la personnalité
morale et disposent
de leur patrimoine propre.
– L’entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL) est une SARL
constituée par un associé
unique. Son fonctionnement est simple, sans assemblée générale, le dirigeant ayant
tous les pouvoirs.
La responsabilité de l’associé fondateur est limitée à ses seuls apports.
– La société par actions simplifiée unipersonnelle (SASU) présente les mêmes
avantages que l’EURL.
Elle s’en différencie en ce qu’elle peut s’appuyer plus sur ses statuts que sur les
règles légales pour
déterminer son mode de fonctionnement.
EURL et SASU peuvent à tout moment s’ouvrir à d’autres associés et devenir des SARL
ou SAS.

C. La prise de décision en société


Tout dirigeant de société est compétent pour prendre les décisions de gestion
courante. Par exemple, il
recrute les salariés, dirige la production et la commercialisation des produits,
achète des matériels,
gère la trésorerie, négocie et signe les contrats avec les fournisseurs, les
clients, les banques.
Les dirigeants doivent convoquer au moins une fois par an une assemblée générale
ordinaire (AGO)
des associés, qui vote pour approuver les comptes, affecter le résultat, nommer et
révoquer les
dirigeants. Les conditions du vote dépendent des sociétés :
– en SARL et en SA, l’AGO décide à la majorité (50 % des voix plus 1) ;
– en SAS, la majorité exigée est déterminée par les statuts.
Certaines décisions, plus rares, sont prises en assemblée générale extraordinaire
(AGE) : modification
des statuts de la société (fusion, changement d’objet social, etc.), changement de
nationalité de la
société. Là aussi, les conditions du vote dépendent des sociétés :
– dans les SARL et SA, l’AGE décide à la majorité des deux tiers des voix ;
– en SAS, les statuts déterminent les conditions du vote.

4. La société coopérative
L’exemple typique de la société coopérative est la SCOP (société coopérative et
participative). Dans
cette société, les associés majoritaires sont obligatoirement des salariés : ils
doivent détenir au moins
51 % du capital social et au moins 65 % des droits de vote. Le dirigeant est élu
par les associés salariés
pour un mandant de 4 à 6 ans.
Lors des votes, au sein du conseil d’administration ou lors des assemblées
générales, le principe qui
s’applique est celui de « 1 salarié = 1 vote », quelle que soit la part du capital
qu’il possède.

© Nathan Chapitre 9 – L’entreprise individuelle et


la société commerciale / 145
Le partage du profit est équitable : une part pour les salariés en complément de
leur salaire
(participation et intéressement), une part pour les salariés associés sous forme de
dividendes et une
part pour les réserves de l’entreprise, utile à l’autofinancement.
Ces règles particulières montrent la spécificité de la SCOP et son rattachement au
monde coopératif :
une adhésion volontaire et ouverte à tous, une gouvernance démocratique et la
participation
économique de ses membres.

146 / Thème 8 – Dans quel cadre et comment entreprendre ?


© Nathan
Ressources numériques
 https://www.economie.gouv.fr/cedef/micro-entrepreneur-auto-entrepreneur
Ce portail gouvernemental d’information sur la microentreprise permet de répondre à
toutes les
questions relatives à ce statut juridique : éligibilité au statut de
microentrepreneur, création et
déclaration de l’entreprise (lien hypertexte « Devenir autoentrepreneur en 2020 »),
informations
statistiques sur les microentrepreneurs (lien « Les derniers chiffres »), les
dernières innovations
législatives (liens « Article 19 de la loi de financement de la Sécurité sociale
pour 2020 » et
« Article 274 de la loi de finances pour 2020 »).
On peut aussi approfondir les points essentiels concernant la microentreprise :
– comment déclarer son activité ;
– les conditions à respecter ;
– les avantages et obligations en matière fiscale.

 http://www.eirl.fr/
Ce site, présenté comme le « site officiel consacré au nouveau statut
d'Entrepreneur Individuel à
Responsabilité Limitée (EIRL) », est géré par le Conseil supérieur de l’Ordre des
experts-comptables
avec plusieurs partenaires, parmi lesquels le ministère de l’Économie et des
Finances. Il prône
l’aventure entrepreneuriale tout en protégeant le patrimoine de l’entrepreneur.
La page d’accueil permet de découvrir l’EIRL en 10 points et permet une approche
précise et complète
de ce type d’entreprise individuelle.
D’autres rubriques sont proposées et pourront être exploitées, en particulier un
simulateur qui permet
de comparer le régime fiscal et social de l’entreprise en fonction du statut
juridique et des options
fiscales choisis.

 http://www.legifrance.gouv.fr/
La consultation du Code de commerce peut être particulièrement utile pour
approfondir le thème des
sociétés. On peut renvoyer les élèves aux articles L210-1 à L228-106. L’abondance
des textes,
notamment ceux qui régissent la société anonyme, oblige cependant à un tri
préalable. Les deux modes
de direction des SA et leurs conséquences (articles L225-17 à L225-93) peuvent, par
exemple,
constituer un exercice enrichissant.

 https://www.lecoindesentrepreneurs.fr/tableau-comparatif-formes-juridiques-ei-
eirl-eurl-
sasu-sarl-sas/
Ce site, actualisé en février 2020, présente des tableaux comparatifs des
principaux statuts d’entreprise
étudiés « à la loupe ». On peut s’en tenir à l’exploitation des trois premiers
tableaux.
Le premier tableau fait une comparaison des principales caractéristiques de base
des EI, EIRL,
SARL/EURL et SAS/SASU.
Le deuxième tableau compare les règles liées aux apports d’argent et de biens à
l’entreprise : qu’est-ce
qui peut être apporté ? Y a-t-il un minimum ? Quelles sont les règles à respecter
(évaluation, biens
communs…) ?
Le troisième tableau présente le fonctionnement des organes de direction et de
contrôle de ces
différents statuts juridiques.
Les autres tableaux ne seraient utiles que pour des approfondissements ponctuels.
Ils sont dédiés à la
présentation détaillée du statut social du dirigeant et des aides à la création,
des règles en matière de
fiscalité, du fonctionnement administratif et comptable de l’entreprise.

© Nathan Chapitre 9 – L’entreprise individuelle et


la société commerciale / 147
148 / Thème 8 – Dans quel cadre et comment entreprendre ? © Nathan
Chapitre 10
Le respect de la concurrence

Place du chapitre dans le programme

Thème 8 – Dans quel cadre et comment entreprendre ?


Plan du chapitre Capacité Notions
1. Apprécier la portée
de la libre concurrence
• Repérer les limites à la liberté
de la concurrence par
la connaissance de quelques
• La
concurrence déloyale
2. Identifier la concurrence règles de base du droit
• L’action en
concurrence
déloyale et ses suites de la concurrence.
déloyale

Avant la classe (p. 135)


Quelles activités d’une librairie peuvent apparaître comme des armes face
aux grands
distributeurs de livres en ligne ?
Face aux grands distributeurs de livres en ligne (Amazon…), la valeur d’une
librairie repose sur le
personnel, sur le libraire et ses compétences. Dans les magasins, on peut organiser
une animation des
lieux (présence d’éditeurs et/ou d’auteurs), on prodigue des conseils aux clients,
on organise des
événements (pour les enfants ou les jeunes, par exemple), des cafés littéraires.

© Nathan Chapitre 10 – Le respect


de la concurrence / 149
Réponses aux questions sur les situations
1. Apprécier la portée de la libre concurrence (p. 136-137)
1. En quoi l’exploitation commerciale d’Internet illustre-t-elle la liberté
d’entreprendre ?
(Doc. 1)
La liberté d’entreprendre offre à chacun le libre choix de son offre sur le marché,
y compris le réseau
de distribution et les techniques de commercialisation innovantes.
2. En quoi le groupement LaLibrairie.com apparaît-il comme exploitant lui aussi
l’évolution
du marché du livre ? (Situation et doc. 2)
Même si le retrait des livres achetés sur le site LaLibrairie.com peut se faire en
magasin, ce
groupement exploite lui aussi le système de l’offre en ligne et la livraison à
domicile pour qui veut.
3. Qui sont, en principe, les bénéficiaires de la libre concurrence ? Justifiez.
(Doc. 2)
On attend de la libre concurrence qu’elle permette aux clients, en particulier les
consommateurs, de
bénéficier d’un large choix de produits et de prix.
4. Identifiez les armes principales de la « guerre commerciale ». (Doc. 2)
On peut citer les prix « écrasés » lors de diverses campagnes de promotion, la
publicité sous toutes ses
formes, y compris en ligne, ou l’innovation en termes de biens ou services.
5. Pourquoi certains estiment-ils qu’Amazon viole la loi sur le prix du livre ?
(Doc. 3)
Les rabais sur le prix du livre ne doivent pas dépasser 5 %. Comme Amazon offre la
livraison, certains
estiment que ce service gratuit a une valeur supérieure à 5 % du prix, ce qui est
illégal.
6. Justifiez l’existence de règles légales limitant la libre concurrence. (Doc.
3)
Une liberté absolue de concurrencer pourrait entraîner des comportements dangereux
pour les
consommateurs, voire pour la survie de la concurrence elle-même.
Remarque : « la concurrence tue la concurrence » ! Cette citation permet de
rappeler que, sans frein,
la confrontation concurrentielle déboucherait sur des alliances ou ententes
illicites et, partant, des
oligopoles, voire, à terme, des monopoles.

Allez plus loin ! Les opérateurs veulent mettre fin à la concurrence


effrénée (p. 137)
1. Quel est l’état de la concurrence entre les opérateurs de téléphonie mobile
en 2014 ?
Avant l’arrivée de Free sur le marché, il y avait seulement trois opérateurs, dont
les prix étaient assez
semblables. Il s’agissait d’un marché de type oligopolistique.
2. Quels ont été les effets de l’arrivée de Free pour les consommateurs ? pour
les
opérateurs eux-mêmes ?
– Pour les consommateurs, Free a constitué une offre nouvelle et attractive.
D’ailleurs, en deux ans, le
nouvel opérateur a attiré à lui 8 millions de clients, heureux de profiter d’une
baisse des prix de la
téléphonie de l’ordre de 30 %.
– Pour les opérateurs, la guerre des prix commencée par Free a eu des répercussions
sur leur offre et,
inévitablement, sur leur marge bénéficiaire. Pour le personnel, la recherche
d’économies et de gains de
productivité a entraîné des licenciements économiques.
3. Pourquoi les opérateurs préféreraient-ils faire cesser la concurrence
effrénée qui les
oppose ?
Le risque lié à la sévère confrontation entre les quatre opérateurs est celui d’une
spirale dangereuse,
avec un marché de moins en moins intéressant, des clients de plus en plus
regardants sur les prix. La
stabilisation du marché, chacun ayant une part significative, permettrait de
nouveau de gagner de
l’argent et d’investir dans de nouvelles technologies comme le développement de
réseaux plus
performants.

150 / Thème 8 – Dans quel cadre et comment entreprendre ?


© Nathan
4. En quoi le dynamisme commercial de Free est-il le garant d’une concurrence
toujours
vive sur le marché de la téléphonie mobile ?
Free n’entend pas changer d’attitude et compte bien continuer à faire jouer la
concurrence. Pour les
autres opérateurs, cela entraîne l’obligation de chercher à se différencier
autrement que par les prix,
par exemple en proposant de nouvelles offres aux clients. Sur ce terrain, la
concurrence peut être aussi
vive que sur celui des prix.

2. Identifier la concurrence déloyale et ses suites (p. 138-139)


7. Quelle différence faut-il faire, selon vous, entre « guerre commerciale » et
concurrence
déloyale ? (Doc. 4)
La « guerre commerciale », avec ses « armes », désigne l’affrontement entre les
offreurs, alors que la
concurrence déloyale est l’exploitation de moyens inacceptables pour s’imposer sur
le marché.
8. Quel comportement déloyal le libraire d’Épinal reproche-t-il à Amazon ? La
concurrence
est-elle ici déloyale de façon évidente ? Justifiez. (Situation et doc. 4)
Il s’agit, de la part d’Amazon, d’un acte de désorganisation des entreprises
concurrentes puisque
l’installation d’un casier de livraison s’est faite en violation de la
réglementation de la SNCF. La
concurrence semblerait loyale si on s’en tenait au fait qu’Amazon s’installe à
proximité du libraire.
9. Précisez le type de comportement déloyal que constitue chacun des faits
suivants
(choisissez le numéro dans la liste du document 4). (Doc. 4)
a. L’entreprise Galerie Layette a imité le nom commercial « Galeries
Lafayette » et a

1
été condamnée par les juges.
b. Un commerçant en parfumerie a adopté l’agencement et l’organisation
d’une firme

3
concurrente pour « faire naître la même ambiance ».
c. Un industriel a corrompu le salarié d’un concurrent pour qu’il fournisse
des

4
renseignements sur la stratégie de son employeur.
d. Un concurrent de la société Orange a lancé une campagne de publicité
dont le slogan

2
est : « Toujours client Orange ? Comme c’est dommage ! »
10. Devant quelle juridiction le libraire d’Épinal a-t-il assigné Amazon ? (Doc.
5)
Pour mener l’action en concurrence déloyale, le libraire a saisi le tribunal civil.
11. Dans quelle mesure saisir le tribunal pour des faits de concurrence
déloyale peut-il
suffire à les faire disparaître ? (Situation)
Le concurrent qui use de moyens déloyaux peut craindre la sévérité des sanctions et
renoncer aussitôt
à ses pratiques pour amadouer les juges, voire persuader la victime de renoncer à
la procédure.
12. Quelle sanction le libraire d’Épinal a-t-il demandée à l’encontre d’Amazon
? (Doc. 6)
Il a demandé et obtenu la cessation des agissements (fermeture du casier).
13. Quelle est la finalité de la publication dans la presse du jugement
condamnant une
entreprise pour concurrence déloyale ? (Doc. 6)
Par la publication de la condamnation, les juges font une contre-publicité à
l’entreprise, dont l’image
sera atteinte. Cela peut d’ailleurs dissuader ceux qui seraient tentés par des
pratiques déloyales.

Allez plus loin ! E-cigarette : concurrence déloyale pour les buralistes


(p. 139)
1. Pourquoi la réglementation de la vente du tabac amène-t-elle les buralistes
à considérer
que la vente des e-cigarettes hors du réseau des bureaux de tabac constitue
de la
concurrence déloyale ?
Les buralistes, suivis dans leur raisonnement par certains juges, considèrent que
l’e-cigarette entraîne
un acte de fumer et que les produits liés à cet acte sont réservés à la vente en
bureau de tabac, d’autant
plus que le produit contient de la nicotine, dont la commercialisation doit se
faire exclusivement en
bureau de tabac.

© Nathan Chapitre 10 – Le
respect de la concurrence / 151
Tous les centres de distribution d’e-cigarettes enfreignent donc la législation et
désorganisent l’activité
des buralistes. Il s’agit là d’actes de concurrence déloyale.
2. Quelle règle juridique les vendeurs de cigarettes électroniques invoquent-
ils pour
repousser cette argumentation ?
Pour les autres vendeurs d’e-cigarettes, la liberté du commerce doit jouer ici, car
les produits en
question ne sont pas à proprement parler du tabac dont la vente est réservée aux
buralistes. Cette
affirmation leur semble évidemment pertinente quand les e-cigarettes permettent de
fumer des arômes,
mais peut aussi être défendue en cas de présence de nicotine, celle-ci ne se
confondant pas avec le
tabac puisqu’elle n’est qu’une des composantes des cigarettes.
3. Selon vous, à quelle condition les cigarettes électroniques peuvent-elles
échapper au
monopole de vente des buralistes ?
La différence entre cigarette et nicotine est assez subtile. Toutefois, dans le cas
de ventes d’e-
cigarettes et de recharges ne contenant que des arômes, il semble difficile de dire
qu’il y a là un
produit à réserver aux buralistes.

152 / Thème 8 – Dans quel cadre et comment entreprendre ?


© Nathan
Corrigés des applications
1. Testez vos connaissances (p. 140)
Répondez par vrai ou par faux aux propositions suivantes.

1. La libre concurrence se rattache à la


6. Le parasitisme est
une pratique
liberté du commerce et de l’industrie.
réprimée par le
Code pénal.
 Vrai  Faux
 Vrai 
Faux
2. Pratiquer des prix inférieurs à ceux
7. Le dénigrement
consiste à dévaloriser
des concurrents est licite.
un concurrent, son
activité ou ses
 Vrai  Faux produits.
3. S’établir à côté d’un concurrent est  Vrai  Faux
illicite.
8. La réparation de la
concurrence
 Vrai  Faux déloyale est
forcément limitée à
4. L’action en concurrence déloyale se l’attribution de
dommages-intérêts.
déroule devant le tribunal  Vrai 
Faux
correctionnel.
9. La concurrence
déloyale engage la
 Vrai  Faux responsabilité
extracontractuelle de
5. Il n’est pas nécessaire de subir un l’auteur des faits.
préjudice pour agir en concurrence  Vrai 
Faux
déloyale.
 Vrai  Faux

2. Apprécier les effets de la libre concurrence (p. 140)


1. Comment la liberté de concurrencer a-t-elle favorisé le développement de
nouvelles
formes de distribution au fil du temps ?
La libre concurrence amène à affronter les entreprises de son secteur en utilisant
toutes les armes de la
mercatique dans le but de se différencier, c’est-à-dire d’offrir un bien ou un
service perçu comme
original et plus intéressant que ceux des concurrents.
Pour les entreprises de distribution, cela s’est traduit par la recherche de
nouveaux canaux et de
nouvelles méthodes de vente.
2. Relevez les deux évolutions du modèle de commerce contemporain. Qui en
profite ?
– La première évolution est le développement du commerce dit « omnicanal », c’est-
à-dire par tous les
canaux possibles : la possibilité pour le client de passer commande de chez lui ou
de son lieu de travail
et de récupérer son achat en magasin ou à domicile, la faculté d’obtenir une
livraison à une autre
adresse que celle de la commande.
– La seconde évolution est l’adaptation des magasins pour offrir des avantages
détournant le client des
sites Internet : horaires d’ouverture plus larges, multiplication des services à la
clientèle (comme la
restauration, par exemple) ou de services plus pointus (services de découpe,
impression 3D, etc.).
Le client est le premier bénéficiaire des évolutions car il a face à lui des offres
diverses qui répondent
à des attentes variées et vers lesquelles il peut se tourner alternativement.
3. Le droit ne limite-t-il pas parfois la possibilité, pour les magasins, de
s’opposer aux
armes des distributeurs en ligne ? Justifiez.
La réglementation du commerce et les règles du droit du travail sont des obstacles
à l’alignement des
commerces traditionnels sur l’offre des cybercommerçants. Une commande en ligne
peut se faire à
toute heure et tous les jours de la semaine, alors que les magasins sont
obligatoirement fermés à
certaines heures et en général certains jours.

© Nathan Chapitre 10 – Le
respect de la concurrence / 153
3. Étudier un cas de parasitisme (p. 141)
1. Quels sont les faits opposant les sociétés Andros et PepsiCo dans cette
affaire ?
Pour la promotion de ses jus de fruits, la société PepsiCo France a utilisé un film
publicitaire dont le
dernier plan montre une orange sur laquelle est apposée la marque Tropicana
(exploitée par PepsiCo).
Or, depuis longtemps, la société Andros identifie ses desserts fruitiers et jus de
fruits au moyen d’un
visuel publicitaire représentant un fruit en gros plan sur lequel une étiquette
porte la marque Andros.
2. Pourquoi la société PepsiCo pensait-elle échapper à toute sanction en
justice ?
Pour PepsiCo, il n’y a pas de concurrence déloyale à utiliser un procédé
publicitaire déjà exploité si les
marques présentées au public sont différentes, ce qui est ici le cas. Ce qui marque
les consommateurs,
ce n’est pas l’étiquette sur le fruit mais la marque des produits.
3. Détaillez le raisonnement tenu par les juges pour condamner PepsiCo.
Pour les juges, PepsiCo doit être sanctionnée au titre de la concurrence déloyale
car l’utilisation depuis
1988 du procédé publicitaire par Andros – l’association entre le fruit et la marque
– est originale et a
marqué les esprits. C’est une véritable signature. En reprenant ce procédé
efficace, PepsiCo commet
un acte de parasitisme en soi déloyal, et aggravé par l’utilisation d’un visuel
ressemblant à celui
d’Andros. La différence entre les marques sur les étiquettes n’empêche pas le
risque de confusion chez
des consommateurs « raisonnablement attentifs et avisés ».

4. Se préparer au bac Exploiter les documents juridiques :


comprendre la décision de justice (p. 141)
1. Dans l’arrêt suivant, identifiez la raison du litige.
Dans le cadre d’une opération promotionnelle, la société France Télécom E-Commerce
fait bénéficier
ses clients de la gratuité de la livraison pour toute commande de livres sur son
site Internet.
Considérant que cette offre est une violation du droit (interdisant certaines
ventes avec prime) qui
génère une concurrence déloyale par désorganisation des entreprises rivales, un
concurrent a saisi la
justice pour faire cesser cette pratique commerciale.
Remarque : la vente avec prime consiste à proposer un produit ou un service
(abonnement par
exemple) en offrant un cadeau pour convaincre le client potentiel. Cette pratique
est interdite
lorsqu’elle revêt le caractère d’une pratique commerciale déloyale, ce qu’un
concurrent peut mettre
en avant lorsque la « prime » dénature les conditions de la concurrence.
2. Quel avait été le sens de l’arrêt de la cour d’appel ?
La cour d’appel a suivi le raisonnement selon lequel la livraison gratuite des
livres s’apparentait à une
prime offerte en infraction des règles légales et a donc condamné la société France
Télécom E-
Commerce pour concurrence déloyale.
3. Quel est le sens de l’arrêt rendu par la Cour de cassation ?
La Cour de cassation casse l’arrêt de la cour d’appel et rejette le raisonnement
ayant conduit à la
condamnation de l’entreprise de vente de livres en ligne.
Les juges du droit estiment que ne pas faire payer la livraison n’est pas
assimilable à une prime offerte
à l’acheteur et donc qu’il n’y a, dans cette opération promotionnelle, ni violation
des règles légales ni
pratique déloyale.
4. Quelle est l’importance de cet arrêt pour les distributeurs de livres en
ligne ?
On reproche souvent aux distributeurs de livres en ligne (Amazon, par exemple) des
pratiques
déloyales, soit par violation de l’interdiction des ventes avec prime, soit par
non-respect de la limite
des 5 % de rabais pour la vente de livres. Dans ce dernier cas, l’argument est de
dire que la valeur de
la livraison excède les 5 % du prix du ou des livres fournis.
Le présent arrêt de la Cour de cassation semble écarter ce raisonnement en
considérant que la livraison
gratuite n’est qu’une modalité d’exécution de l’obligation de délivrance qui pèse
sur le vendeur. Cela
permet sans doute aux distributeurs de livres d’être confortés dans leurs pratiques
sans craindre d’être
condamnés pour concurrence déloyale.

154 / Thème 8 – Dans quel cadre et comment entreprendre ?


© Nathan
Corrigé de la synthèse (p. 142)
1. Apprécier la portée de la libre concurrence
La liberté du commerce et de l’industrie se traduit par la liberté d’entreprendre
et la liberté de
concurrencer, en vertu de laquelle chacun a le droit de développer sa clientèle et
d’attirer celle de ses
concurrents, à condition de pratiquer une concurrence loyale, grâce à des moyens
agressifs mais pas
répréhensibles (prix attractifs, publicité et campagnes de promotion, innovation de
produits ou
services). Cette concurrence permet d’élargir l’offre et de la rendre plus
intéressante pour les clients.
Quelques restrictions à la libre concurrence existent pour empêcher que les
entreprises nuisent à
l’intérêt général, en portant atteinte à la santé, à la moralité ou à la sécurité.
Ainsi, le droit de la
consommation encadre les procédés de vente et les pratiques commerciales, de même
que la loi
interdit les ententes entre entreprises faussant la concurrence.
2. Identifier la concurrence déloyale et ses suites
La jurisprudence a identifié certains comportements comme relevant de la
concurrence déloyale, et
par conséquent fautifs et punissables :
– le dénigrement, consistant dans des propos dévalorisant l’entreprise ou l’offre
d’un concurrent ;
– la désorganisation de l’entreprise concurrente, par divers moyens (débauchage
d’un salarié…) ;
– l’imitation d’un signe distinctif d’un concurrent créant la confusion dans
l’esprit de la clientèle ;
– le parasitisme, visant à profiter de l’idée d’un concurrent qui a fait ses
preuves.
Celui qui estime que l’une de ces fautes lui a causé un préjudice peut engager une
action en
concurrence déloyale pour faire appliquer la responsabilité extracontractuelle de
l’auteur des faits. Le
préjudice (baisse du chiffre d’affaires, dégradation de l’image, détournement de
clientèle) est réparé
par la cessation des agissements déloyaux, l’attribution de dommages-intérêts et
parfois la parution
dans la presse d’un avis du jugement condamnant le concurrent indélicat.

© Nathan Chapitre 10 – Le
respect de la concurrence / 155
L’essentiel
Parmi les principes fondamentaux du droit, figure la liberté du commerce et de
l’industrie. Fondement
de la société d’économie libérale, ce principe se décline en plusieurs libertés
complémentaires, comme
la liberté d’entreprendre et la liberté de concurrencer.

1. La libre concurrence
A. Le principe de la libre concurrence
La liberté de concurrencer signifie que chacun peut tenter de développer et
conserver sa clientèle,
voire d’attirer celle de ses concurrents en usant de moyens agressifs comme une
communication
dynamique ou une installation de l’entreprise dans la zone de chalandise des
concurrents. Ce principe
se justifie par les avantages espérés pour les clients : la confrontation des
entreprises leur permet de
disposer d’une offre élargie et de bénéficier de prix tirés vers le bas par la
volonté des professionnels
de conquérir de plus grandes parts de marché.

B. Les manifestations de la libre concurrence


Qu’il y ait parfois dans le choix des actions commerciales une certaine
déstabilisation des concurrents
n’est pas juridiquement répréhensible dès lors que cette liberté ne se traduit pas
par le recours à des
pratiques déloyales.
Entre dans la catégorie des actions de concurrence loyale le fait de proposer des
prix attractifs et de
faire des campagnes de promotion. De même, on ne peut rien reprocher à ceux qui
usent de la
publicité pour gagner en notoriété. Enfin, offrir des biens ou des services
nouveaux fait partie des
armes loyales dont usent les entreprises les plus innovantes.

C. Les restrictions à la libre concurrence


Le principe de la liberté de concurrencer ne saurait justifier que les activités
des entreprises nuisent à
l’intérêt général, en portant atteinte, en particulier, à la santé, à la moralité
et à la sécurité. Aussi, la loi
pose-t-elle quelques interdictions destinées à protéger l’ordre public.
Au premier plan des restrictions à la libre concurrence se trouvent les règles
relevant de l’ordre public
économique, destinées soit à protéger les parties prenantes les plus faibles des
entreprises, soit à
organiser le marché dans l’intérêt de tous.
C’est ce qui explique le développement du droit de la consommation et des règles
qu’il impose aux
professionnels : obligation de l’information précontractuelle, modalités
particulières de la vente à
distance, droit de rétractation dans certains contrats, etc. (voir chapitre 2).
Quant à l’organisation du marché en général, elle est présente, par exemple, dans
l’interdiction des
ententes entre entreprises faussant la concurrence, dans la réglementation de
certains prix, comme les
tarifs du gaz et de l’électricité, ou la limitation à 5 % des réductions de prix
pratiquées sur les livres.
2. La concurrence déloyale
A. Les comportements de concurrence déloyale
En l’absence de précisions légales, c’est la jurisprudence qui a qualifié certains
comportements comme
déloyaux, c’est-à-dire portant atteinte à une saine concurrence. Parmi ces
comportements fautifs, on
peut relever :
– l’imitation d’un signe distinctif d’un concurrent pouvant créer la confusion dans
l’esprit de la
clientèle : reprise à l’identique ou de façon approchante du nom commercial, de
l’enseigne, de la
forme d’un produit, d’une marque déposée, etc. ;
– le dénigrement, consistant dans des propos dévalorisant l’entreprise ou l’offre
d’un concurrent ;

156 / Thème 8 – Dans quel cadre et comment entreprendre ?


© Nathan
– le parasitisme, qui vise à profiter de l’idée d’un concurrent qui a fait ses
preuves ;
– la désorganisation de l’entreprise concurrente par divers moyens, comme le
débauchage d’un salarié.

B. L’action en concurrence déloyale


Les comportements déloyaux de concurrence sont considérés par les juges comme des
fautes au sens
de l’article 1240 du Code civil définissant la responsabilité extracontractuelle.
L’action en concurrence déloyale est donc engagée par celui qui estime que l’une de
ces fautes lui a
causé un préjudice, comme en cas de baisse du chiffre d’affaires, de dégradation de
l’image de
l’entreprise et, plus généralement, de détournement de clientèle. Selon les règles
générales du droit, il
revient au demandeur d’établir le lien de causalité entre les faits fautifs qu’il
invoque et ce préjudice.
Comme il n’existe pas de sanction pénale à la concurrence déloyale, les
juridictions compétentes pour
accueillir l’action en concurrence déloyale sont les juridictions de droit privé,
le plus souvent le
tribunal des affaires économiques.
Si la demande triomphe en justice, les juges ordonnent la cessation immédiate des
agissements
déloyaux, et obligent en général à réparer le dommage par l’attribution de
dommages-intérêts à la
victime. Une autre sanction peut parfois être prononcée : l’obligation de faire
paraître dans la presse
l’avis du jugement ayant condamné le concurrent indélicat.

© Nathan Chapitre 10 – Le
respect de la concurrence / 157
Ressources numériques
 https://www.youtube.com/watch?v=UFi9Y6bpeKs
Informations sur l’origine de la liberté de concurrencer, avec un exposé simple
mais assez complet de
la liberté du commerce et de l’industrie, son historique, ses composantes, les
institutions et règles
légales qui s’y rattachent, etc.

 https://dimeglio-avocat.com/denigrement
Article intéressant et riche sur le dénigrement.
On a la possibilité d’affiner la notion de dénigrement et de faire émerger quelques
points particuliers :
la différence entre dénigrement et diffamation ou injure, l’existence de
dénigrement en dehors des
situations de concurrence directe, etc.
Des exemples récents de jurisprudence et des arrêts de principe (que l’on peut
faire travailler) sont
aussi proposés.

 https://www.franceinter.fr/emissions/net-plus-ultra/net-plus-ultra-15-mars-2019
Un exemple de litige entre Apple et l’entreprise Spotify.
On peut faire chercher aux élèves le reproche fait par Spotify à Apple et quelle
voie de droit est
utilisée.
Le plaignant devant la Commission européenne reproche à Apple de posséder à la fois
un système
d’exploitation sur lequel on peut installer des applications, iOS et son App Store…
et, en même temps,
son propre service de streaming, Apple Music. Selon Spotify, Apple a le pouvoir de
fixer les règles du
jeu pour toutes les applications iPhone… c’est-à-dire pour ses propres concurrents.

158 / Thème 8 – Dans quel cadre et comment entreprendre ?


© Nathan
Chapitre 11
Les partenariats contractuels

Place du chapitre dans le programme

Thème 8 – Dans quel cadre et comment entreprendre ?


Plan du chapitre Capacités
Notions
1. Distinguer le partenariat
• Distinguer les différents contrats
en franchise et en sous-
de partenariats.
traitance
• Le contrat
d’entreprise
(sous-
traitance)
2. Identifier les obligations • Identifier les obligations • Le contrat
de franchise
des parties dans un contrat des parties dans un contrat
de partenariat de partenariat.

• Repérer les limites à la liberté de


3. Repérer les limites • L’entente
la concurrence par la connaissance
à la liberté • L’abus de
position
de quelques règles de base du droit
de la concurrence dominante
de la concurrence.

Avant la classe (p. 143)


Quel était l’objet du rapprochement entre Alstom et Siemens ?
Les deux entreprises ont souhaité s’allier pour créer un géant industriel au niveau
international et
rivaliser avec les grandes entreprises mondiales, notamment asiatiques.
Pour quelle raison la Commission européenne n’a-t-elle pas validé le
rapprochement
envisagé ?
La Commission européenne craignait que la taille de ce « géant industriel » ainsi
créé ne lui donne une
position trop dominante sur le marché au détriment du consommateur. L’entreprise
née de la fusion
Alstom-Siemens lui aurait permis de détenir une part de marché trois fois
supérieure à celle de son
concurrent principal.

© Nathan Chapitre 11 – Les


partenariats contractuels / 159
Réponses aux questions sur la(les) situation(s)
1. Distinguer le partenariat en franchise et en sous-traitance
(p. 144-145)
1. Par quelle stratégie Domino’s Pizza s’est-elle développée sur l’ensemble du
territoire
français ? (Situation)
Domino’s Pizza s’est développée sur le territoire français en nouant des
partenariats sous la forme de
contrats de franchise.
Remarque : cette stratégie a permis à Domino’s Pizza de créer un véritable réseau
de franchisés.
2. Pour quelles raisons Domino’s Pizza compte-t-elle sur de nouveaux
entrepreneurs pour
poursuivre son développement ? (Situation et doc. 1)
L’arrivée de nouveaux entrepreneurs permettra à Domino’s Pizza d’étendre son réseau
et ainsi de
commercialiser ses produits sur l’ensemble du territoire, sans avoir à investir
massivement.
3. Si Rodrigue Barrot continue d’être lié à Domino’s Pizza, quel est son nouveau
statut ?
(Doc. 1 et 2)
Rodrigue Barrot est indépendant tout en restant lié à Domino’s Pizza par un contrat
de franchise.
4. Quels sont les avantages et les risques liés à ce nouveau statut ? (Doc. 1
et 2)
– Avantages : comme tout entrepreneur, Rodrigue gère son entreprise en toute
indépendance, mais le
contrat de franchise lui permet de bénéficier du savoir-faire et de la notoriété de
Domino’s Pizza.
– Risques : seul aux commandes, il assume aussi seul les risques liés à la gestion
et au développement
de son activité, en particulier le risque financier.
5. Quel partenariat contractuel Domino’s Pizza a-t-elle mis en place pour la
distribution de
ses pâtons ? (Doc. 3)
Domino’s Pizza a mis en place des contrats de sous-traitance avec différents
prestataires.
6. Quelles raisons ont conduit à la mise en place de ce partenariat ? (Doc. 1
et 3)
La mise en place d’un contrat de sous-traitance répond à la volonté de Domino’s
Pizza de minimiser
les coûts et de rester flexible tout en profitant de la maîtrise d’exécution des
prestataires avec
lesquelles elle décide de s’engager.
7. Quel est l’avantage de ce type de partenariat pour les deux parties ?
Quelles en sont les
limites ? (Doc. 1 et 3)
Avantages
Limites
– Répondre à un surcroît de commandes.
Nécessité de
contrôler le respect
– Maîtriser ses coûts.
Donneur d’ordre par le sous-
traitant des critères
– Bénéficier de l’expertise du sous-traitant
de qualité et
des délais.
(qualité d’exécution).
Assurer un chiffre d’affaires sur une Risque de
dépendance économique
Sous-traitant
période donnée. à l’égard du
donneur d’ordre.

Allez plus loin ! Pourquoi ont-ils choisi la franchise ? (p. 145)


1. Pour quelles raisons Frédéric Dubois a-t-il décidé de créer son entreprise
en devenant
franchisé ?
Frédéric Dubois souhaitait développer une activité. N’ayant aucune connaissance en
immobilier, créer
son entreprise en devenant franchisé lui a permis d’être accompagné dans ses
démarches et son
installation sur un marché qu’il ne connaissait pas.

160 / Thème 8 – Dans quel cadre et comment entreprendre ?


© Nathan
2. Quels avantages Frédéric Dubois retire-t-il de sa présence au sein du
réseau Laforêt ?
Il explique que son adhésion au réseau de franchisés Laforêt lui permet de
bénéficier de la renommée,
de la crédibilité du réseau, des méthodes en vigueur et d’un accompagnement sur le
développement de
son activité. L’ensemble de ces éléments lui permettent d’envisager l’avenir avec
sérénité.

2. Identifier les obligations des parties dans un contrat


de partenariat (p. 146-147)
8. Quels sont les reproches formulés par le tribunal à l’encontre de Domino’s
Pizza ?
(Situation)
Le tribunal reproche à Domino’s Pizza d’avoir conclu des contrats de franchise
déséquilibrés : les
franchisés, entreprises indépendantes, n’étaient pas libres de fixer les prix des
produits proposés.
9. En quoi l’attitude de Domino’s Pizza vis-à-vis du franchisé est-elle
répréhensible ?
(Situation)
Le contrat qui liait les franchisés à Domino’s Pizza les mettait dans un état de
soumission vis-à-vis de
leur donneur d’ordre, au travers de clauses contractuelles que le franchisé était
obligé d’accepter.
10. Repérez les obligations : (Doc. 4)
a. du franchiseur : être titulaire des droits sur l’ensemble des signes distinctifs
du réseau, apporter une
formation initiale et une assistance commerciale ou technique au franchisé pendant
la durée du contrat ;
b. du franchisé : maintenir la réputation du réseau, fournir au franchiseur les
éléments lui permettant
d’apprécier sa situation financière, ne pas divulguer le savoir-faire, ne pas
concurrencer un autre
franchisé, payer 20 000 € à l’entrée dans le réseau, s’acquitter d’une redevance
annuelle de 6 % sur le
chiffre d’affaires.
11. Repérez les obligations : (Doc. 4)
a. du donneur d’ordre : verser une juste rémunération au sous-traitant, lui en
payer le prix dans les
délais et conditions convenus ;
b. du sous-traitant : réaliser lui-même la prestation objet du contrat, établir
mensuellement une facture
récapitulative des prestations réalisées et l’adresser rapidement au donneur
d’ordre.
12. Comment se justifient les différentes obligations de loyauté du franchisé ?
(Doc. 4)
Le franchiseur met à la disposition du franchisé une enseigne, des signes
distinctifs et un savoir-faire
dont il est l’initiateur, et qui sont souvent le fruit d’un long travail et
d’investissements importants.
13. Le contrat de sous-traitance est-il ici de capacité ou de spécialité ?
Justifiez. (Doc. 4 et
doc. 1 p. 144)
Il s’agit d’une sous-traitance de spécialité : Famous Pizza préfère confier le
transport des marchandises
à un transporteur spécialisé comme la SARL Trucco.

Allez plus loin ! Les entreprises responsables de leurs sous-traitants


(p. 147)
1. Quelles obligations pèsent désormais sur les donneurs d’ordre, d’après la
vidéo ?
Les entreprises donneurs d’ordre, qui comptent plus de 5 000 salariés en France,
ont désormais
l’obligation de recenser tous les risques sociaux et environnementaux que
pourraient présenter leurs
sous-traitants, dans l’exécution des tâches qui leur sont confiées.
2. À votre avis, pour quelles raisons ?
Il s’agit de responsabiliser les donneurs d’ordre qui pourraient, notamment pour
maîtriser les coûts,
choisir des sous-traitants peu scrupuleux sur les dimensions sociale ou
environnementale de leur mode
de production.

© Nathan Chapitre 11 – Les


partenariats contractuels / 161
3. Repérer les limites à la liberté de la concurrence (p. 148-149)
14. Que reprochaient les sociétés Feoni-Pizz, Jeremy Pizz, TNA Pizz et TSA Pizz
à Domino’s
Pizza et à Pizza Sprint ? (Situation et doc. 1)
Ces sociétés reprochaient à Domino’s Pizza et Pizza Sprint de s’être entendues pour
les évincer du
marché. Cette entente anticoncurrentielle aurait faussé le jeu de la concurrence
sur le marché de la pizza.
15. Pour quelles raisons les notaires ont-ils été sanctionnés par l’Autorité de
la
concurrence ? (Doc. 5 et 6)
L’Autorité de la concurrence a sanctionné les notaires qui se sont entendus de
façon illicite pour fixer
le prix de leurs prestations, contournant ainsi la loi Macron qui a permis la
libéralisation de la
profession.
16. En quoi ce comportement portait-il atteinte au « libre jeu du marché » ?
(Doc. 5 et 6)
Par leur entente sur la fixation des prix de leurs prestations, les notaires ont
empêché les
consommateurs de faire jouer la concurrence et ainsi de bénéficier des meilleurs
prix ou prestations.
L’Autorité de la concurrence relève par ailleurs que cette entente a conduit à une
augmentation des
prix de près de 20 %.
17. Pourquoi les pratiques de Qualcomm ont-elles conduit à une sanction ? (Doc.
7)
Qualcomm faisait bénéficier à ses clients de prix très bas via des ristournes en
exigeant d’eux, en
contrepartie, qu’ils se fournissent exclusivement auprès d’elle. Ces partenariats
lui ont permis
d’évincer ses rivaux et d’acquérir une position dominante sur le marché des puces,
à hauteur de 90 %.
18. Pourquoi est-ce la Commission européenne qui intervient dans cette
affaire ? (Doc. 7)
C’est la Commission européenne qui intervient car Qualcomm, entreprise américaine,
a faussé le jeu
de la concurrence sur le marché européen en empêchant des entreprises locales de la
concurrencer,
privant ainsi les consommateurs d’un choix de puces élargi.
19. En quoi la sanction des ententes illicites et des abus de position dominante
préserve-t-elle
la concurrence sur le marché ? (Doc. 5 à 7)
Sanctionner les ententes et abus de position dominante sur le marché, c’est
permettre aux
consommateurs de comparer les prix et la qualité des biens et services proposés sur
le marché. Cela
permet d’éviter la constitution d’oligopoles ou de monopoles de fait.

Allez plus loin ! Bruxelles sanctionne Qualcomm (p. 149)


1. Quelle sanction a été prononcée à l’encontre de Qualcomm ? Par quelle
instance ?
La Commission européenne a infligé à Qualcomm une amende de 242 millions d’euros.
2. Quelle pratique cette instance reproche-t-elle à Qualcomm ?
La Commission reproche à Qualcomm d’avoir vendu ses produits à un prix inférieur à
ses coûts de
production.
3. Dans quelle mesure cette pratique peut-elle être qualifiée
d’anticoncurrentielle ?
Les entreprises concurrentes, qui ne peuvent pratiquer des prix aussi bas, sont
évincées du marché.
Qualcomm, alors en position dominante sur son marché, pourrait en profiter pour
augmenter ses prix
ou réduire ses efforts en matière d’innovation, au détriment du consommateur.

162 / Thème 8 – Dans quel cadre et comment entreprendre ?


© Nathan
Corrigés des applications
1. Testez vos connaissances (p. 150)
Répondez par vrai ou par faux aux propositions suivantes.

1. Le franchiseur doit mettre son savoir-faire à 4. Un rapprochement entre


entreprises est
la disposition du franchisé. toujours licite.
 Vrai  Faux  Vrai  Faux
2. Un contrat de franchise peut être établi 5. Une entreprise leader
peut imposer ses
entre une entreprise et l’un de ses salariés. choix sur son marché.
 Vrai  Faux  Vrai 
Faux
3. Le donneur d’ordre doit exécuter les actes 6. L’objectif des autorités
est de préserver la
de production ou de services convenus dans pérennité des
entreprises sur le marché.
le contrat de sous-traitance.  Vrai 
Faux
 Vrai  Faux

2. Identifier les caractéristiques d’un contrat de franchise (p. 150)


1. Rappelez ce qu’est une franchise.
Une franchise est un contrat par lequel une personne, appelée le franchiseur,
accepte de mettre à la
disposition d’une autre personne, appelée le franchisé, sa marque, ses procédés
de fabrication,
ses produits, moyennant une redevance.
2. Expliquez pourquoi un franchisé ne doit pas être confondu avec un salarié
du
franchiseur.
Le contrat de franchise est conclu entre entreprises indépendantes. Même si le
contrat précise les
modalités de mise à disposition du savoir-faire du franchiseur, il ne s’agit pas
d’un lien de
subordination entre franchisé et franchiseur. Celui-ci ne détient à l’égard de
son cocontractant aucun
pouvoir de direction, de contrôle ou de sanction. Le franchisé reste seul
décisionnaire des modalités de
développement de son entreprise, et seul à en assumer les risques.
3. Quels sont les avantages pour un entrepreneur de travailler sous franchise
?
L’entrepreneur franchisé bénéficie de l’enseigne, du savoir-faire et de la
notoriété du franchiseur.
Celui-ci peut s’engager à assurer une formation à son franchisé, et à lui
apporter une assistance
commerciale et/ou technique pendant toute la durée du contrat.

3. Identifier les obligations des parties dans un contrat de sous-


traitance (p. 150)
1. Rappelez ce qu’est un contrat de sous-traitance et précisez qui est le
donneur d’ordre
dans le contrat.
Un contrat de sous-traitance consiste pour une entreprise, appelée le donneur
d’ordre, à confier à une
autre entreprise, appelée le sous-traitant, le soin d’exécuter pour elle une
partie des actes de production
ou de services dont elle conserve la responsabilité. Dans le contrat, le donneur
d’ordre est l’entreprise
qui ne peut faire face à un surcroît d’activité ou qui ne dispose pas des
compétences pour la réalisation
d’un acte de production.
2. Pourquoi le donneur d’ordre doit-il être vigilant dans le choix de son
sous-traitant ?
La qualité de la production du sous-traitant a des incidences sur la qualité du
produit fini ou du service
offert par le donneur d’ordre. Son image dépend donc aussi du choix de sous-
traitants de qualité.

© Nathan Chapitre 11 – Les


partenariats contractuels / 163
L’entreprise sous-traitante pourrait ne pas respecter les lois et règlements en
vigueur en matière sociale
(travail au noir, par exemple) ou environnementale (activités polluantes, par
exemple).
3. Quels sont les risques encourus par le donneur d’ordre ?
La loi établit un principe de coresponsabilité entre le donneur d’ordre et le sous-
traitant. Ce qui
pourrait conduire le donneur d’ordre à être poursuivi pour les agissements de son
sous-traitant, et
altérer, en outre, son image et sa notoriété.
4. Quels seraient les risques pour le bénéficiaire final de la prestation ?
Le bénéficiaire final de la prestation encourt le risque d’une moindre qualité des
services ou des
produits proposés.

4. Se préparer au bac Identifier la ou les solutions juridiques


et rédiger la réponse (p. 151)
1. Rappelez le rôle de l’Autorité de la concurrence dans le droit français.
L’Autorité de la concurrence sanctionne les pratiques anticoncurrentielles,
ententes et abus de position
dominante, qui ont pour effet ou pour objet de fausser le jeu de la concurrence,
sur le marché français,
au détriment du consommateur.
2. Rappelez les faits à l’origine de la sanction prononcée par l’Autorité de la
concurrence
dans l’affaire ci-dessus.
Des industriels français ont décidé d’augmenter le prix de vente de leurs compotes,
de justifier ces
augmentations de prix par des arguments élaborés en commun et de se répartir le
marché de manière
coordonnée.
3. Quel problème juridique se posait dans cette affaire ? À quelles conditions
différentes
entreprises peuvent-elles décider de conclure une entente ?
Le problème juridique qui se posait dans cette affaire était de savoir si les
partenariats conclus avaient
eu pour effet de fausser le libre jeu du marché : l’augmentation des prix
découlait-elle du libre jeu du
marché ou était-elle le fruit d’une entente illicite entre industriels ?
En effet, certains partenariats contractuels, comme les ententes, sont licites dès
lors qu’ils conduisent à
un progrès économique.
4. En application de quelles règles juridiques l’Autorité de la concurrence
est-elle intervenue
dans cette affaire ?
Conformément à l’article L420-1 du Code de commerce, l’Autorité de la concurrence a
sanctionné les
pratiques des industriels, dont l’entente sur l’augmentation des prix et la
répartition de marché a eu
pour effet de fausser le jeu du marché de la compote.
5. Justifiez la décision prise par l’Autorité de la concurrence dans cette
affaire.
On peut considérer qu’en sanctionnant de telles pratiques, l’Autorité de la
concurrence protège le
consommateur. En effet, confronté à des opérateurs qui s’entendent pour fixer les
prix, et face à un
pouvoir de marché oligopolistique, le consommateur, privé de choix, serait
contraint d’accepter les
prix et la qualité des produits proposés par un nombre très faible d’offreurs.
164 / Thème 8 – Dans quel cadre et comment entreprendre ?
© Nathan
Corrigé de la synthèse (p. 152)
1. Distinguer le partenariat en franchise et le partenariat en sous-traitance
Une entreprise peut nouer des partenariats contractuels pour l’exercice et le
déploiement de son
activité. Deux types de contrat sont possibles : le contrat de franchise et le
contrat de sous-
traitance.
Le contrat de franchise permet à un franchisé d’exploiter, en son nom et pour son
compte, le savoir-
faire et les signes distinctifs développés par un franchiseur.
Par le contrat de sous-traitance, une entreprise confie à une autre entreprise une
activité de production
ou de services qu’elle ne peut réaliser seule.
2. Identifier les obligations des parties dans un contrat de partenariat
Dans un contrat de franchise comme dans un contrat de sous-traitance, chacune des
parties s’engage à
respecter des obligations. Par exemple, le franchiseur doit transmettre son savoir-
faire au franchisé,
le franchisé a un devoir de loyauté envers le franchiseur, ou le sous-traitant doit
réaliser les
prestations définies dans le contrat conclu avec le donneur d’ordre.
3. Repérer les limites à la liberté de la concurrence
Si la loi autorise les partenariats entre entreprises, elle sanctionne néanmoins
ceux qui conduisent à la
mise en place de pratiques anticoncurrentielles telles que les ententes illicites
ou les abus de
position dominante.
L’Autorité de la concurrence au niveau français et la Commission européenne au
niveau européen
interviennent et sanctionnent ces pratiques.

© Nathan Chapitre 11 – Les


partenariats contractuels / 165
L’essentiel
Pour développer son activité, innover, maîtriser les coûts, gagner en flexibilité
et répondre à ses
objectifs économiques, l’entreprise est amenée à nouer des partenariats
contractuels, dont les plus
répandus sont le contrat de franchise et le contrat d’entreprise (contrat de sous-
traitance). Mais, licites
dans leur principe, ces partenariats ne doivent pas fausser le jeu du marché et de
la libre concurrence,
sous peine de sanctions. L’Autorité de la concurrence et la Commission européenne
veillent au respect
des règles juridiques en la matière et sanctionnent les pratiques
anticoncurrentielles.

1. Distinguer le partenariat en franchise et le partenariat


en sous-traitance
A. Le contrat de franchise
Le contrat de franchise est un accord par lequel une entreprise, appelée le
franchiseur, accorde à une
autre entreprise, appelée le franchisé, le droit d’exploiter à ses risques son
enseigne, son savoir-faire et
ses produits, moyennant une redevance.
Conclu entre deux entreprises indépendantes, ce partenariat présente des avantages
et des limites pour
chacune des deux parties.

a. Les avantages
– Ce type de contrat permet au franchiseur de développer, rapidement et sans avoir
à faire des
investissements importants, un réseau de franchisés pour couvrir un marché donné et
vendre, sous sa
marque, ses biens et/ou ses services produits selon ses procédés de fabrication ou
de prestation.
– Le contrat de franchise permet au franchisé de créer son entreprise en toute
indépendance, de
bénéficier de l’expérience et de l’expertise du franchiseur, de la structure de son
réseau, de ses conseils
et de son accompagnement lors du lancement de l’activité et pendant toute la durée
du contrat.

b. Les limites
Le contrôle mis en place par le franchiseur limite les actions du franchisé en
matière de
communication, de choix de produits, d’aménagement, etc.
Le franchiseur doit, quant à lui, sélectionner avec soin ses franchises, qui
joueront un rôle dans la
préservation de son image et de sa notoriété.

B. Le contrat de sous-traitance
Le contrat de sous-traitance consiste pour une entreprise, appelée le donneur
d’ordre, à confier à une
autre entreprise, appelée le sous-traitant, le soin d’exécuter pour elle une partie
des actes de production
ou de services dont elle conserve la responsabilité. On parle de sous-traitance de
capacité lorsque
l’entreprise donneur d’ordre n’arrive plus à assurer ses commandes, et de sous-
traitance de spécialité
lorsqu’elle ne possède pas le savoir-faire nécessaire pour assurer sa production.
Ce contrat présente aussi des avantages et des limites.

a. Les avantages
– Le contrat de sous-traitance permet au donneur d’ordre de bénéficier de
flexibilité pour faire face à
un surplus de demande que ses capacités de production ne lui permettraient pas
d’absorber (sous-
traitance de capacité) et de profiter de la capacité de production ou de
l’expertise de son sous-traitant
dans un élément de sa production pour lequel il ne dispose pas des moyens ou des
compétences
nécessaires en interne (sous-traitance de spécialité).
– De son côté, le sous-traitant peut travailler de façon régulière avec des
entreprises dont les attentes
sont précisément définies par contrat, sans avoir à négocier le contenu et les prix
des prestations pour
chaque contrat.

166 / Thème 8 – Dans quel cadre et comment entreprendre ?


© Nathan
b. Les limites
– Pour le donneur d’ordre, ce type de partenariat connaît certaines limites. En
effet, le donneur d’ordre
devient dépendant de son sous-traitant et doit s’assurer que celui-ci respecte les
critères de qualité et
les délais de livraison. L’expertise du sous-traitant peut, en outre, devenir
indispensable au donneur
d’ordre et lui donner un pouvoir de négociation susceptible de fragiliser ce
dernier.
– Pour le sous-traitant, il existe un risque de dépendance économique si l’activité
réalisée pour le
donneur d’ordre devient la principale ou l’une des plus importantes du sous-
traitant.

2. Les obligations des parties dans un contrat de partenariat


Les contrats de partenariat permettent aux cocontractants de préciser les modalités
de leurs
engagements respectifs et réciproques dans le cadre de leur coopération.
– Le contrat de franchise comporte certaines limites financières et suppose le
respect de certaines
règles. En effet, pour intégrer un réseau de franchise, le franchisé doit payer un
droit d’entrée et des
redevances fixées par le contrat. Il doit également respecter un approvisionnement
exclusif auprès du
franchiseur. Enfin, la loyauté doit présider à l’exécution du contrat par le
franchisé, ce qui engage le
franchisé à ne pas divulguer le savoir-faire du franchiseur.
– Dans le contrat de sous-traitance, donneur d’ordre et sous-traitant s’engagent
réciproquement : le
premier doit verser les sommes prévues au sous-traitant selon les modalités fixées
dans le contrat, et le
second doit réaliser les prestations définies dans le respect du cahier des charges
annexé au contrat.

3. Repérer les limites à la liberté de la concurrence


La coopération entre les entreprises est nécessaire pour leur permettre d’atteindre
leurs objectifs
économiques et financiers. Néanmoins, pour éviter les dérives, les partenariats
contractuels qu’elles
sont amenées à conclure sont encadrés par la loi.
Pour rester compétitives et faire face à la concurrence, les entreprises
développent des pratiques
multiples. Dès lors que celles-ci contribuent à apporter au consommateur un progrès
économique, elles
sont qualifiées de licites. Cependant, lorsqu’elles faussent le jeu de la libre
concurrence, elles sont
qualifiées de pratiques anticoncurrentielles.

A. L’entente
Les ententes entre entreprises qui consistent à se coordonner sur les prix, la
qualité ou la quantité des
biens ou services proposés sont illicites. En privant ainsi le consommateur de la
possibilité de faire des
choix de consommation en toute indépendance, ces entreprises faussent le jeu du
marché.

B. L’abus de position dominante


L’abus de position dominante constitue aussi une pratique anticoncurrentielle. Il
consiste, pour une
entreprise leader sur son marché, à profiter de sa position pour imposer des prix
non équitables, limiter
la production au préjudice des consommateurs, appliquer à l’égard des partenaires
commerciaux des
conditions inégales ou dissuader tout nouveau concurrent d’entrer sur le marché.

C. Les autorités de régulation


Au niveau français, l’Autorité de la concurrence, autorité administrative
indépendante, sanctionne les
entreprises coupables de non-respect des règles de la concurrence sur le territoire
national.
Au niveau européen, la Commission européenne, en charge de la concurrence,
sanctionne les
entreprises dont les comportements anticoncurrentiels portent atteinte aux intérêts
du consommateur
sur le marché européen.

© Nathan Chapitre 11 – Les


partenariats contractuels / 167
Ressources numériques
 https://bpifrance-creation.fr/encyclopedie/differentes-facons-dentreprendre/
entreprendre-
franchise/quels-cas-franchise-est-elle
Ce site reprend brièvement les interrogations d’un entrepreneur qui souhaite
intégrer un réseau de
franchise, et y apporte des réponses précises : une foire aux questions sur
l’entrepreneuriat en franchise.

 https://www.europarl.europa.eu/factsheets/fr/sheet/82/politique-de-la-concurrence
Le site du Parlement européen apporte des éléments supplémentaires sur les règles
de la concurrence
au niveau européen.

 https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/missions
Le site de l’Autorité de la concurrence propose notamment une vidéo présentant les
différentes
missions de cette autorité administrative.

168 / Thème 8 – Dans quel cadre et comment entreprendre ?


© Nathan
Entraînement au bac – Entraînement final

Réponses aux questions sur la situation (p. 153-154)


1. Rappelez ce qu’est le RGPD et quelle en est la finalité.
Les données à caractère personnel de chacun (« toute information relative à une
personne physique
identifiée ou qui peut être identifiée, directement ou indirectement, par référence
à un numéro
d’identification ou à un ou plusieurs éléments qui lui sont propres ») peuvent être
exploitées par des
entreprises spécialisées dans leur collecte et leur traitement. Le but est de
dresser le profil des
internautes pour adapter les offres de biens ou de services. Mais il y a des
risques liés à cette collecte :
intrusion commerciale, utilisation à des fins politiques ou même piratage.
La protection de ces données à caractère personnel est assurée par le Règlement
général sur la
protection des données (RGPD), règlement européen du 25 mai 2018, qui s’impose à
toute entreprise
ou organisation exploitant des données personnelles de résidents européens. Le RGPD
précise les
droits des personnes : information sur la collecte et l’utilisation de leurs
données personnelles ; obligation
faite aux entreprises de demander l’autorisation préalablement à tout usage de ces
données ; accès des
personnes à leurs données, avec possibilité de restitution, de rectification, de
suppression (annexe 1).
En cas de violation des règles du RGPD, les victimes peuvent demander réparation en
justice. De plus,
les manquements les plus graves peuvent entraîner une amende administrative à
hauteur de 4 % du
chiffre d’affaires mondial de l’entreprise ou de 20 millions d’euros.
2. Quelle relation existe-t-il entre le RGPD et la CNIL ?
L’application et le respect du RGPD sont garantis, en France, par une autorité
administrative
indépendante : la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL).
Cet organe dispose
de pouvoirs de sanction à l’encontre des entreprises qui ne respectent pas les
règles de protection des
données personnelles. Elle agit d’abord préventivement en informant les personnes
sur leurs droits et
en accompagnant les entreprises dans leur mise en œuvre des règles légales
(formation, conseils). La
CNIL dispose également d’un pouvoir de contrôle de tout organisme exploitant des
données à
caractère personnel.
3. Dans l’affaire concernant FI (annexe 2), qualifiez juridiquement les faits
et les parties.
Le litige oppose la CNIL et la société FI, spécialisée dans l’isolation thermique
des domiciles de
particuliers. L’autorité administrative reproche à FI de ne pas avoir respecté les
règles concernant la
protection des données personnelles.
À l’origine de l’affaire, se trouve une personne qui a saisi la CNIL par une
plainte, dont le fondement
est l’existence de démarchages répétés de FI malgré l’exercice de son droit
d’opposition par la
personne, aussi bien auprès du téléopérateur que par courrier, auprès de FI.
4. Comment le litige a-t-il été réglé ?
La CNIL a opéré un contrôle dans les locaux de la société FI visée par la plainte.
Elle a constaté que
les données personnelles des plaignants n’étaient pas les seules à être conservées
malgré l’exercice du
droit d’opposition par les personnes concernées. D’autres manquements aux règles du
RGPD ont été
constatés sur place.
Malgré la mise en demeure par laquelle la CNIL a demandé à FI d’adopter les mesures
correctives
nécessaires, aucune suite satisfaisante n’a été donnée. La CNIL a alors engagé une
procédure de
sanction et a condamné la société à une amende de 500 000 euros.
5. Dans l’affaire concernant ENI (annexe 3), qualifiez juridiquement les faits
et les parties.
Dans cette affaire, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et
de la répression des
fraudes (DGCCRF), saisie par plusieurs personnes, reproche à la société ENI,
fournisseur d’énergie,
de ne pas avoir respecté le droit de rétractation mis en œuvre par des
consommateurs qui avaient été
démarchés à domicile. Ce droit est pourtant explicitement prévu par la loi en cas
de contrat conclu lors
d’un démarchage.

© Nathan
Entraînement au bac / 169
6. Comment le litige a-t-il été réglé ?
Le refus de prendre en compte la faculté de rétractation pour les cas de démarchage
a porté préjudice à
plusieurs consommateurs et plusieurs plaintes ont été déposées auprès de la DGCCRF,
qui a mené une
enquête entre 2017 et 2019. Les faits étant établis, l’autorité administrative a
sanctionné l’entreprise de
fourniture d’énergie ENI Gas & Power pour un montant de 315 000 euros.
7. Expliquez la relation que l’on peut établir entre le développement des
techniques
mercatiques et l’essor d’Internet d’une part, et les règles de droit
exposées ici d’autre part.
Le développement des techniques commerciales et l’essor d’Internet sont deux
phénomènes qui
s’enrichissent mutuellement. La facilité avec laquelle on peut conclure un contrat
en ligne et la
pertinence des suggestions faites par les professionnels exploitant les données
personnelles des
consommateurs sont des facteurs efficaces d’incitation à la conclusion de contrats
de consommation.
La législation consumériste a corrigé les risques d’achat irréfléchi ou d’impulsion
: le droit de
rétractation est une entorse au principe de la force obligatoire du contrat,
puisqu’il autorise à revenir
sur son engagement sans avoir à se justifier. Encore faut-il que le contrat soit
conclu dans certaines
circonstances laissant présumer le risque de conclusion hâtive ou sous pression du
contrat. C’est le cas
dans les ventes en ligne ou à la suite d’un démarchage.
Quant au ciblage des clients potentiels par l’exploitation des données
personnelles, la législation
moderne, le RGPD en particulier, vise à redonner à chacun le contrôle de ses
données.
Qu’il s’agisse de veiller au respect de la législation protectrice des
consommateurs ou de s’opposer
aux pratiques d’exploitation illégale des données, le droit a renforcé la
protection des clients en
donnant des pouvoirs très importants d’enquête et de sanction à des organes
administratifs qui
permettent d’engager des poursuites sans avoir à passer par la voie judiciaire et
dont la procédure est
souvent perçue comme onéreuse et longue.

L’éditeur de cet ouvrage, comme toutes les maisons du


Groupe Editis,
s’engage pour la préservation de l’environnement et
utilise du papier issu de
forêts gérées de manière responsable.
Pour en savoir plus :
www.editis.com/group/engagement-rse/

170 / Entraînement au bac


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