Vous êtes sur la page 1sur 14

4

L'EMPIRE ROMAIN

Mayence

OCÉAN
ATLANTIQUE CAS
Lyon

MER NOIRE

Rome

Athènes

Carthage

MER MÉDITERRANÉE
Alexandrie
Leptis Magna

L‘Empire romain à la mort de


l’empereur Trajan (117 après J.-C.)
MER
ROUGE

–3000 –27 à 14
Naissance du judaïsme Règne
d’Auguste

République romaine, depuis 509 av. J.-C. Empire

– 300 – 200 – 100 J.-C. 100


– 31 Naissance
Bataille du
d’Actium christianisme

46
APPRENTISSAGES VISÉS
EN ÉTUDIANT CE THÈME, TU APPRENDRAS À :
– différencier les caractéristiques du pouvoir impérial de
celles de la République romaine ;
– expliquer l’évolution de l’Empire romain à partir d’Auguste
jusqu’au milieu du Ve siècle apr. J.-C. ;
MER
SPIENNE – décrire et expliquer les principales manifestations de
la romanisation des provinces (rôle du culte impérial,
de l’armée, diffusion du modèle urbain de Rome, etc.) ;
– classer les caractéristiques d’un empire selon différentes
dimensions (politiques, économiques, sociales, culturelles
et religieuses) ;
– classer les différents types de monuments d'une ville romaine
(politiques, économiques, religieux, de loisirs).

AU TRAVERS DU THÈME, TU APPRENDRAS AUSSI


PROGRESSIVEMENT À :
– évaluer la cohérence d'une information entre différentes
sources textuelles, des monnaies et des inscriptions ;
– analyser les différents moyens de propagande utilisés
par un régime politique (le pouvoir impérial romain) ;
– produire une frise chronologique mettant en évidence
les caractéristiques d’une période.

OCÉAN
INDIEN

122-127 395
Construction du Division
mur d’Hadrien de l’Empire

Empire romain en Orient > 1453

Empire romain en Occident

200 300 400 500


117 Premières 212 380 410 476
L’Empire incursions Édit de Christianisme Pillage Fin de l’Empire
romain à barbares Caracalla religion de Rome romain
son apogée (citoyenneté) officielle par les d’Occident
de l’Empire Wisigoths

47
4

Reconstitution d’un combat, extraite d’un jeu vidéo, 2013.

«Formation de la tortue », reconstitution par le groupe Legio VIII


Augusta.

Vestiges du Colisée, Rome (I), construit vers 70 - 80. C'est le


plus grand amphithéâtre construit dans l'Empire romain.

Buste d’Auguste avec une couronne, marbre,


vers 29 av. J.-C.

Plaque d'égout portant l’inscription SPQR - Senatus Populusque


Romanus (Le Sénat et le peuple romain), Rome (I), 2018.

48
L'EMPIRE romain
En 509 av. J.-C., le roi de Rome est renversé et la monarchieD est remplacée par un
nouveau régime politique : la RépubliqueD. À partir du IIIe siècle av. J.-C., Rome éta-
blit sa domination sur toute l’Italie, pour étendre ensuite son emprise à tout le bassin
méditerranéen.
Les richesses acquises lors des conquêtes augmentent les inégalités dans la sociétéD
romaine et entraînent des guerres civiles. Des généraux, dont Jules César, se battent pour
obtenir le pouvoir suprême.
En 31 av. J.-C., Octavien (le futur empereur Auguste), fils adoptif de Jules César, remporte la
bataille d’Actium contre Marc-Antoine et Cléopâtre, et met ainsi fin à un siècle de guerres
civiles. Il devient le seul maître de Rome et instaure un nouveau régime politique, le Prin-
cipat, mieux connu sous le nom d’Empire. Il gouverne pendant 44 ans, en s’appuyant sur
une administrationD très efficace et centralisée.
À la suite d’Auguste, plusieurs dynastiesD d’empereurs se succèdent au pouvoir. L’Empire
romain connaît deux siècles de « paix romaine » marquée par une prospérité économique
et par la diffusion de la cultureD romaine dans toutes les provinces. Une nouvelle religion, le
christianismeD, s’étend progressivement. Après des périodes de troubles causés en partie
par la migrationD de peuples dits barbaresD, l’Empire perd l’essentiel de ses provinces
occidentales au cours du Ve siècle apr. J.-C. Toutefois, l’Empire romain se perpétue
en Orient avec Constantinople pour capitale, jusqu’à sa chute en 1453 apr. J.-C.
EMPIRE
État formé de nombreux
territoires, dirigé par un
empereur qui réunit
Expansion de l’Empire romain du Ier au IIe siècle après J.-C. tous les pouvoirs.

MER
Mur d’Hadrien BALTIQUE
MER A S IE
DU NORD

Bretagne Germanie
inférieure Champs
Décumates
Belgique Royaume
du Bosphore
Germanie
OCÉAN Gaule supérieure Rhétie
lugdunaise
ATLANTIQUE Norique
E U RO P E Pannonie
Aquitaine Gaule Dacie MER NOIRE
cisalpine
Dalmatie Royaume
Gaule des Parthes
narbonnaise Thrace Cappadoce
Pont
Tarraconaise
A S IE (Assyrie)
Macédoine
(Mésopotamie)
Lusitanie
Syrie

Numidie
Mauritanie MER MÉDITERRANÉE

AFRIQUE
Cyrénaïque

Thrace Noms des provinces Égypte MER


de l’Empire 0 500 1000 km ROUGE

L’Empire à la mort L’Empire à la mort


d’Auguste (14) de Trajan (117)
L’Empire de la mort Occupation romaine
d’Auguste à Trajan temporaire

Protectorat romain Le limes au IIe siècle

PRINCIPAT : vient du titre princeps (premier) porté par Auguste ; mot


qui désigne le régime politique en vigueur jusqu'au IIIe siècle apr. J.-C.
PROSPÉRITÉ : état d’abondance, de bien-être, de succès.

49
4

De la République à l’Empire
Les Romains nomment Res publica (chose publique) ce qui concerne les affaires et le gouvernementD de l’État.
Durant la période de la République romaine, le pouvoir est exercé par des personnes élues par des citoyensD.
Les citoyens ne représentent toutefois qu’une petite poids que celles des plébéiens pourtant plus nom-
partie des habitants. De plus, ils ne sont pas égaux, breux. Enfin, les magistratsD, qui dirigent la politique
les voix des patriciens, les noblesD, ayant plus de de Rome, sont élus surtout parmi les patriciens.

1 Avant 27 av. J.-C. : les institutions de la République IMPERIUM


(Commandement)
Pouvoir militaire donnant
le droit de gouverner les
LES MAGISTRATS armées et les provinces.
(élus pour une année) Il accorde le titre d’impe-
proposent, font appliquer des rator à certains
lois et gouvernent Rome. magistrats.

Deux consuls (dirigent Rome et


l’armée). conseille et LE SÉNAT
Les préteurs (rendent la justice). contrôle (300 anciens magistrats
Les édiles (approvisionnement, nommés à vie)
police et voirie). Dirige la politique étran-
Les questeurs (finances, impôts). gère, surveille le trésor
Deux tribuns de la plèbe public et la religion.
(défendent la plèbe).

élisent nomment

LES COMICES DEUX CENSEURS


(Assemblées des citoyens - (élus pour cinq ans)
10% de la population) votent les lois recensent les citoyens

Forum
d’Auguste
Forum de
César
Place des Curie
Comices (réunions du Sénat)
(réunions)

Forum
romain

Basilique Julia
( réunions, procès, Temple de Vesta
affaires, boutiques ) ( feu sacré )

Reconstitution du forum romain de l’époque d’Auguste, début du Ier siècle apr. J.-C.

PATRICIENS : familles nobles romaines (souvent riches). AUGUSTUS (AUGUSTE) : titre honorifique qui indique le caractère
PLÉBÉIENS : familles romaines non nobles (souvent moins riches). sacré reconnu à Octavien par le Sénat romain. Il sera porté ensuite
par ses successeurs.
FORUM : place publique où les citoyens romains se réunissent pour
traiter d’affaires commerciales, politiques, économiques, judiciaires
ou religieuses.

50
L’Empire romain

Comment Octavien devient l’empereur Auguste


Entre 31 et 27 av. J.-C., après avoir rétabli la paix et l’ordre, Octavien restaure le fonction-
nement des institutions de la République, abandonnées durant la guerre civile.
Reconnaissant, le Sénat lui décerne par des lois plusieurs honneurs exceptionnels : le
surnom d’Augustus ; le titre de Princeps (Premier du Sénat) ; le droit de contrôler grâce à
un IMPERIUM les provinces dites « impériales », dans lesquelles stationnent la plupart des
armées.
Auguste réussit alors à mettre en place un nouveau régime autoritaire, tout en conservant,
en apparence, les institutions de la République. Mais l’essentiel du pouvoir est désormais
entre ses mains.

3 Dès 27 av. J.-C. : les institutions de l’Empire

PRINCEPS (premier du Sénat)


contrôle
ou EMPEREUR.
Pouvoirs accordés par le Sénat :

POUVOIR POLITIQUE Puissance tribunicienne


– Réunit et nomme des sénateurs.
– Propose des lois.
– Peut s’opposer aux décisions des magistrats
LES MAGISTRATS LE SÉNAT et du Sénat (droit de veto).
– Nomme les gouverneurs des provinces impériales.
POUVOIR MILITAIRE Imperator
– Chef de l’armée, il nomme les généraux.
LES COMICES POUVOIR RELIGIEUX Grand Pontife
– Chef de la religion, il organise le culte de l’empereur.
POUVOIR FINANCIER
– Dispose du trésor impérial.
POUVOIR JUDICIAIRE
– Peut juger ou rejuger tous les procès.

4 5
« Après avoir éteint les guerres civiles et être devenu À Rome tout était redevenu calme ; rien de changé
par consentement de tous, le maître de toutes les dans le nom des magistratures. La révolution était
affaires publiques […], le Sénat me décerna le titre donc achevée ; un nouvel esprit avait partout rem-
d’Augustus (choisi par les dieux). placé l’ancien ; et chacun, renonçant à l’égalité, les
J’ai été treize fois consul. J’ai reçu trois fois l’hon- yeux fixés sur le princeps, attendait ses ordres. Le
neur du triomphe. J’ai été vingt et une fois acclamé présent n’inspira pas de craintes, tant que la force
imperator. Le Sénat et le peuple romain me décer- de l’âge permit à Auguste de maintenir son auto-
nèrent le titre de Père de la patrie. »  rité et la paix.
Adapté de Tacite (58 - 120), historien
Auguste, Res Gestae, début du Ier siècle apr. J.-C.
et sénateur romain, Annales.

6 7

La puissance tribunicienne est le mot trouvé par Ce fut ainsi que la puissance du peuple et du Sénat
Auguste pour désigner le pouvoir suprême afin passa tout entière à Auguste, et qu’à partir de cette
de ne prendre ni celui de roi ni celui de dictateur, époque fut établie une monarchie pure. Car on peut
tout en dominant par un titre quelconque tous les avec vérité appeler cela une monarchie, bien que le
autres pouvoirs. pouvoir ait été quelquefois exercé par deux ou par
Adapté de Tacite (58 - 120), historien et sénateur romain,
trois chefs à la fois.
Annales. Adapté de Dion Cassius (155-235), historien grec,
Histoire romaine (de 28 à 23 av. J.-C.).

51
4

À la gloire de l’empereur
Pour honorer l'empereur et célébrer ses victoires, le Sénat fait élever des statues, des templesD et des monu-
ments publics comme des arcs de triomphe, des colonnes ou des trophées.

Le trophée de la Turbie commémore la victoire défi- Sur les inscriptions (dédicaces), on peut lire la titula-
nitive d'Auguste et la soumission des 44 peuples des ture impériale, c'est-à-dire l'ensemble des noms, sur-
Alpes qui empêchaient le passage en faisant payer des noms et titres qui forment la désignation officielle de
taxes ou en attaquant les marchands. l'empereur.

9
8
« À Imperator César Auguste, fils du divin (César), grand pontife,
acclamé imperator à quatorze reprises, investi de la puissance tri-
bunicienne pour la 17e fois, le Sénat et le peuple de Rome (ont érigé
ce monument) parce que sous sa conduite et sous ses auspices
tous les peuples des Alpes qui s’étendaient de la mer Supérieure
jusqu’à la mer Inférieure, ont été rangés sous la puissance du
peuple romain. »
Dédicace du trophée de la Turbie, transcrite par Pline l’Ancien,
Histoire naturelle, Ier siècle apr. J.-C.

Trophée de la Turbie (F),


vers 6 av. J.-C.

10 La monnaie
À Rome, une colonne Les empereurs frappent des monnaies pendant leur règne.
triomphale est Leur portrait officiel et leur titulature impériale figurent sur
construite, dès 107, l'avers (côté face) ; sur le revers (côté pile), on représente leurs
sur ordre du Sénat. La victoires, des qualités (la clémence, la piété, la vertu, etc.), des
colonne Trajane com- valeurs (la liberté, la justice, la concorde, etc.), des monuments
mémore les victoires ou des dieux. Les monnaies sont ainsi un moyen de propa-
de l’empereur Trajan gandeD pour les empereurs.
sur les Daces (un des
peuples occupant 11
les régions proches
du Danube) lors des
guerres daciques
(101-106 apr. J.-C.).
Haute de 40 m, elle
Aureus de Trajan, or, automne 102.
est décorée d’une
frise en bas-
relief de 200 m, qui « Du pain et des jeux »
s’enroule en spirale. À partir d'Auguste, l'une des préoccupations majeures du
Les guerres daciques pouvoir impérial est d'assurer l'approvisionnement de Rome.
sont représentées L'empereur fait notamment distribuer du blé aux citoyens
en 155 scènes ; de Rome, en majorité pauvres. L'expression « du pain et des
batailles, troupes, jeux » (Panem et circenses, du poète romain Juvenal, fin du
travaux des légion- Ier siècle) est une critique de ces distributions et des jeux
naires (voir doc. 18).
(courses de chars, combats de gladiateurs, chasses d’animaux
sauvages, etc.) offerts par l’empereur afin d’éviter les révoltes.

DÉDICACE : ici, inscription commémorant l'inauguration d'un


édifice public dédié à un dieu ou à l'empereur.
AUSPICES : présage tiré du comportement des oiseaux. Ici, accord
donné par des dieux à Auguste pour entreprendre la guerre.

52
L’Empire romain

Le culte impérial
Dès le milieu du Ier siècle apr. J.-C., les empereurs (ou parfois leur divinité protectrice)
sont associés au culte de la déesse Rome. Ils sont vénérés dans tout l’Empire : on leur
élève des statues et des temples. Les prêtresZ célèbrent des cérémonies en leur honneur
chaque année. Le culte impérial est organisé de la même façon dans toutes les provinces
et rassemble ainsi tous les habitants de l'Empire. Après leur mort, sur décision du Sénat,
les empereurs sont divinisés mais quelques-uns, considérés comme des tyrans, ont été
condamnés à la damnatio memoriae.
13
12
« Le Sénat a décrété que, dans tous les temples, des vœux
seraient adressés pour moi aux dieux. À titre privé, ou au
nom des citésD, tous les citoyens unanimes ont offert sans
discontinuer des sacrifices pour ma santé. »
Auguste, Res Gestae, début du Ier siècle apr. J.-C.

Inscription sur une stèle où le nom de l’empereur


Gallien a été effacé, Mérida (E), après 268.

14 LIVIE (58 av. --29 apr. J.-C.)

Livie a une très grande influence sur Auguste, son mari. Il tombe sous
son charme alors qu’elle est enceinte de son premier mari et l’oblige à
divorcer pour l’épouser. Ce mariage durera 52 ans ! Leur entente est si
grande qu’Auguste ne prend aucune décision importante sans avoir son
avis ; elle est sa confidente et son premier appui politique. Très populaire
auprès du peuple, Livie est aussi une femme volontaire et dure, voire mani-
pulatrice. Comme elle n’a pas donné d’héritier direct à Auguste, c’est le fils de son
premier mariage, Tibère, qui prendra le pouvoir à la mort de l’empereur. Elle aura dès
lors la responsabilité du culte de son mari divinisé. Livie meurt à 86 ans, quinze ans
après Auguste. Comme lui, elle est divinisée et devient Diva Augusta en 42 apr. J.-C.

L’habileté politique d’Auguste lui permet d’imposer petit à petit le régime impérial et,
à sa mort, le pouvoir passe à Tibère, son fils adoptif. Puis, pendant deux siècles, treize
empereurs se succèdent, avec des destins différents. Les premiers, plutôt cruels et vio-
lents, finissent souvent assassinés. La dynastie des Antonins, par contre, va contribuer à
renforcer la grandeur de l’Empire romain. Celui-ci atteint, au IIe siècle apr. J.-C., le sommet
de sa prospérité et de sa puissance. Après la chute de Rome, en 476, l’Empire prend fin
en Occident mais continue en Orient. On considère que le dernier empereur romain est
Constantin XI, mort lors de la prise de Constantinople en 1453.

15 Les empereurs romains jusqu’à la fin du IIe siècle apr. J.-C

JULIO-CLAUDIENS FLAVIENS ANTONINS SÉVÈRES

Morts violentes

Auguste Tibère † † † Trajan Hadrien Antonin Marc-Aurèle

– 30 – 20 – 10 1 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150 160 170 180 190
Caligula Néron Titus Nerva Commode
Claude Vespasien Domitien

DAMNATIO MEMORIAE : condamnation à l’oubli ; on efface le nom


de l’empereur sur les inscriptions, on renverse et casse ses statues.

53
4

L’âge d’or de l’Empire romain


Au cours des Ier et IIe siècles, les conquêtes permettent d’assurer la sécurité aux frontières de l’Empire. Celui-ci
connaît ainsi la Pax romana (paix romaine), une longue période marquée par une prospérité économique et
la romanisationD des provinces.
Chaque province (elles sont plus de 40) est dirigée envoyés à Rome : impôt direct basé sur la richesse (le
par un gouverneur qui fait appliquer les décisions impé- tribut) et les nombreux impôts indirects (taxes sur les
riales et les lois romaines. Les fonctionnairesD impé- marchandises et leur transport, sur les ventes d'es-
riaux (affranchisD et esclaves) contrôlent les impôts claves, sur les héritages, etc.).

16 L'Empire romain à la fin du IIe siècle apr. J.-C


Mur
d’Hadrien MER
BALTIQUE

MER
DU NORD
Ambre, bois, fourrures,
Étain fer, esclaves, chevaux

GERMAINS

SARMATES ALAINS
Mayence
Blé, esclaves
OCÉAN
MER
ATLANTIQUE CASPIENNE
GAULE

Lyon Blé, fer, or, esclaves MER NOIRE

Vin, poterie Byzance


(Constantinople)

ASIE MINEURE
ESPAGNE Rome
Soie, épices,
parfums
GRÈCE
Huile, blé
Athènes

Carthage

AFRIQUE ARABES
MER MÉDITERRANÉE Italie Voies terrestres
N O M A D ES D Alexandrie
U DÉ
SER
T Leptis Magna Blé, papyrus
Provinces Voies maritimes
Esclaves, or, ivoire,
animaux d’Afrique ÉGYPTE Limes Soie Produits importésD
0 500 1000 km

L'armée assure la paix intérieure 17


À la fin du IIe siècle avant J.-C., l’armée romaine devient une armée
de métier. Au début du IIIe siècle apr. J.-C., elle se compose de 44
légions (plus de 400 000 hommes). Elle assure la surveillance du
limesD, mais participe aussi à l'administration des provinces, à la
construction des voies romaines, des ponts, des aqueducs et à la
gestion des péages.
Les légionnaires et les auxiliaires sont des soldats profession-
nels qui s'engagent pour une longue période (plus de 20 ans de
service). Ils proviennent de toutes les régions de l’Empire, ce qui « Général romain et son armée », scène
entraîne un métissageD culturel et religieux des troupes. tirée de la série Rome, 2005-2007.

Lorsque les vétérans s'installent dans les colonies D (Nyon,


Avenches, Augst, etc.) ou dans les villes proches des camps de 18
légionnaires, ils diffusent le mode de vie à la romaine.

GOUVERNEUR : responsable de l’administration d’une province


et des armées qui y stationnent.
AUXILIAIRE : soldat (fantassin, cavalier ou archer) recruté parmi les « L’armée romaine en marche », moulage
peuples des provinces frontalières. de la colonne Trajane, Rome.
VÉTÉRAN : soldat, qui après 25 ans de service, pouvait rester dans
l’armée ou obtenir le droit de s’installer dans une colonie.

54
L’Empire romain

La romanisation se propage dans l’Empire


Protégées par le limes et administrées par un gouverneur, les provinces fournissent à Rome d’impor-
tantes richesses. La construction de voies romaines facilite les échanges et contribue à étendre la
romanisation dans les régions conquises.
20
19
Pour faire qu’un peuple dispersé et bar-
bare, et par conséquent guerrier, s’habitue
par le confort à la paix et au repos, Agri-
cola (gouverneur de la province de Bre-
tagne, de 77 à 84 apr. J.-C.) encouragea les
Bretons à bâtir des temples, des forums,
des maisons. Puis il commença à instruire
les fils de chefs. Même nos coutumes
deviennent à la mode. L’étape suivante fut Vestige du mur d’Hadrien, construit entre 122 et 127
de les attirer à nos vices : à flâner sous les apr. J.-C. Il marque le limes, près de Housesteads (GB).
portiques, aux bains et aux dîners. Dans
leur simplicité, ils appelaient civilisationD
ce qui n’était qu’une forme d’esclavage.
22
Adapté de Tacite (58-120), historien romain,
Vie d’Agricola, 98 apr. J.-C.

21

La maison Carrée, Nîmes (F), temple


dédié à Auguste et à la déesse Rome,
début du Ier siècle apr. J.-C.

Le pont du Gard, Nîmes (F), pont-acqueduc réalisé au Ier siècle apr. J.-C.

L’accès à la citoyenneté romaine


Avant 212 apr. J.-C., les habitants de l'Empire romain n'ont pas tous le même statut et les
mêmes droits : beaucoup sont des pérégrinsD. Mais les empereurs peuvent accorder la
citoyennetéD romaine à ceux qui ont été magistrats dans leur cité ou ont servi dans l'armée.
Ils offrent parfois des avantages aux notablesD provinciaux devenus citoyens romains, par
exemple le droit pour les Gaulois de siéger au Sénat de Rome. Cette politique assure aux
empereurs la fidélité des peuples conquis.

23
Édit de Caracalla (212 apr. J.-C.)
« Je (César Marc Aurèle Sévère Antonin Auguste) donne à tous ceux qui
habitent l'Empire le droit de cité romaine […]. Il se doit en effet qu'un
grand nombre d'habitants soit non seulement associé aux charges qui
pèsent sur tous, mais qu'il soit désormais aussi englobé dans la vic-
toire. »
Édit de Caracalla, appelé aussi Constitution antonine, 212 apr. J.-C.

DROIT DE CITÉ ROMAINE : ici signifie la citoyenneté romaine.

55
4

Judaïsme et christianisme sous l’Empire romain


Les Romains, polythéistesD, font généralement preuve de tolérance religieuse, à condition que la religion ne
provoque pas de troubles. Ils respectent, entre autres, le judaïsmeD et le christianisme, même si pour eux le
monothéismeD est étrange.
La religion juive prend forme il y a plus de 3000 ans au tandis que des communautés juives sont fondées, dès
Moyen-Orient, lorsque se développe la croyance en un le IIIe siècle avant J.-C., en Égypte, en Grèce, en Asie-
dieu unique. En 587 av. J.-C., Nabuchodonosor II, roi de Mineure et au Moyen-Orient. C’est le début de ce que
Babylone, prend Jérusalem et détruit le Temple, centre l’on nomme la DIASPORA juive.
de la vie religieuse juive. Il emmène en captivité les
membres importants des tribus juives.
Les juifs ne peuvent retourner à Jérusalem qu’en 538 av.
J.-C. Ils y construisent alors un second temple. Cepen- DIASPORA
dant, une partie de la pulation juive reste à Babylone, Dispersion du peuple
juif à travers le monde
à la suite des persécu-
tions subies pendant
24 l’Antiquité.
La conquête romaine
25
[Dès 63 av. J.-C.], les Romains occupent la Judée [ancien nom de la Pales-
tine], tout en respectant la liberté religieuse des populations juives.
Le premier empereur romain, Auguste, maintient cette situation de tolé-
rance : « Attendu que le peuple juif a été reconnu animé de bons senti-
ments envers le peuple romain […], j’ai décidé que les juifs pourraient
suivre leurs usages conformément à la loi de leur ancêtre.
Adapté de Flavius Josèphe, homme politique et historien juif,
Antiquités juives, Ier siècle apr. J.-C.
Marc Chagall, Moïse reçoit les Tables
de la Loi, huile sur toile, 1966.

La romanisation contestée de la Judée


Hérode, le roi de Judée, puis des gouverneurs romains comme Ponce Pilate,
provoquent le mécontentement du peuple juif, car ils adoptent de plus en
pas
plus les traditions romaines. Des révoltes éclatent. Les Romains réagissent « Massada ne tombera
e foi s. » C’e st
avec violence et finalement détruisent le Second Temple de Jérusalem. Ces une nouvell
rd’hui
par ces mots qu’aujou
événements poussent de nombreux juifs à s’exiler dans le pourtour de la encore, les soldats de
l’ar-
ten t
Méditerranée. Le culte juif se maintient néanmoins dans les synagoguesD. En mé e israé lie nn e prê
la fin
135, un dernier grand soulèvement est anéanti par les Romains. Dès lors, le serment à Massada, à
de leur for ma tio n.
nom de Judée est abandonné et remplacé par celui de Palestine.

26 27

« La forteresse de Massada dans le désert « Défilé triomphal des soldats romains portant les objets
de Judée », Israël, photo aérienne. Elle est le pillés du temple de Jérusalem », bas-relief, Rome, 81 apr.
symbole de la résistance des juifs : en 73, après J.-C. La Menorah (chandelier à sept branches) du Second
un siège de sept mois, les soldats romains n’y Temple de Jérusalem est l’un des symboles du judaïsme.
capturent que quelques survivants.

56
L’Empire romain

Début du christianisme 28
C’est dans le contexte troublé de la romanisation de la Judée que naît, au
Ier siècle apr. J.-C, la religion chrétienneD. Ses adeptes suivent les ensei-
gnements de Jésus, un prédicateur juif, mort vers l’an 30. Le christianisme
se répand rapidement autour de la Méditerranée, dans les villes où des
communautés juives sont déjà établies.

Entre tolérance et persécutions


Aux yeux des Romains, le christianisme apparaît d’abord comme une
branche particulière du judaïsme, sans grande importance. Mais cette
nouvelle religion, par son message fraternel et la promesse d’une vie
« Poisson à la croix », calcaire,
éternelle après la mort, attire de plus en plus de fidèles. découvert en Égypte, vers 400.
Peu à peu, les Romains se méfient des chrétiens. Ils leur reprochent Les lettres ichthus, « poisson » en
grec ancien, forment l’abréviation
notamment de rejeter les dieux traditionnels de l’Empire, de mélanger de « Jésus-Christ, fils de Dieu,
les personnes de conditions différentes (citoyens, esclaves, etc.), de ne sauveur ».
pas assister aux festivités (jeux du cirque, combats de gladiateurs, etc.),
de refuser de servir dans l’armée, bref de s’isoler du reste de la société. Ainsi, dénoncés
par une population hostile, les chrétiens sont localement maltraités, souvent cruellement.

La christianisation de l’Empire
Les persécutions n’arrêtent pas la diffusion du christianisme, au contraire, elles contribuent
à son expansion grâce au courage des martyrsD chrétiens. Ainsi, après une dernière période
de violence menée par l’empereur Dioclétien, entre 303 et 305, le christianisme s’impose
dans l’Empire, et il est officiellement autorisé en 313. Dans les années qui suivent, l’em-
pereur Constantin adhère au christianisme et encourage le développement de l’ÉgliseD.
Dès lors, tous les empereurs romains seront chrétiens, sauf un.
En 380, l’empereur Théodose proclame le christianisme religion officielle de l’Empire
romain. Les cultes romains traditionnels sont interdits.

29
Les persécutions durant le règne de Néron
En 64, un incendie ravage Rome. L’empereur Néron est suspecté, à tort, d’avoir ordonné
cette destruction afin de reconstruire la ville selon ses goûts.
Pour anéantir cette rumeur, Néron trouva des coupables et infligea des tortures cruelles
à ceux que leur conduite faisait détester et que la foule appelait chrétiens. […] On ne se
contentait pas de les faire périr : on s’amusait à les revêtir de peaux de bêtes pour les faire
déchirer par les dents des chiens. Ou bien on les attachait à des croix et, quand le jour finis-
sait, on les enduisait de résine et on les allumait comme des torches dont on s’éclairait.
L’empereur Néron avait offert ses jardins pour ce spectacle.
Adapté de Tacite (58-120), historien et sénateur romain, Annales.

31
30

Le christianisme, religion officielle de l’Empire


Nous voulons que tous les peuples s’engagent dans
cette religion que le divin Pierre, apôtre, a donnée
aux Romains. Que cesse la superstition. Nous pres-
crivons que soient punis de la peine capitale ceux qui
sont coupables de faire des sacrifices ou d’adorer
des idoles. Il a paru bon que les temples soient fer-
més et que leur accès soit interdit.
Adapté de deux édits de l’empereur Théodose, en 380 et 391.

« La persécution des chrétiens sous Dioclétien », enluminureD


tirée du Ménologe de Basile II, fin du Xe siècle.

57
4

La ville de Rome, un modèle urbain imité dans tout l’Empire


Avec plus d’un million d’habitants au IIe siècle apr. J.-C., Rome est la plus grande ville de l’Empire dont elle
est aussi la capitale politique et économique.

À la suite d’Auguste, les empereurs entreprennent d’im- aqueducs et lieux de loisirs (thermes, théâtres, amphi-
portants travaux d’embellissement. Dans les provinces, théâtres). Ces « petites Rome » aux rues perpendicu-
les notables construisent des monuments identiques à laires sont une preuve de la romanisation des provinces.
ceux de Rome : forum, temples, portes monumentales,

32 33
La beauté de Rome ne répondait pas à la majesté
de l'Empire et la ville était exposée aux inonda-
tions et aux incendies. Auguste l’embellit à tel
point qu’il put se vanter à bon droit « de la laisser
en marbre, après l’avoir reçue en briques. »
Adapté de Suétone (vers 70-126), historien,
Vie des douze Césars, « Auguste ».

Maquette de la Rome impériale à l’époque


de Constantin (306-337).

34 Leptis Magna, la Rome africaine de l’empereur Septime Sévère


Début du IIe siècle apr. J.-C, Libye actuelle

J
K
B
D M
I
N
G
C L
H

E
A

A. Arc de Septime Sévère I. Basilique


B. Théâtre J. Vieux forum
C. Marché K. Curie (bâtiment du Sénat)
D. Marché L. Temple de Jupiter Dolichenus
E. Thermes M. Port
F. Nymphée (fontaine) N. Direction de l’amphithéâtre
G. Voie principale à colonnade et du cirque
H. Forum

58
L’Empire romain

Les derniers sursauts de l'Empire (IIIe et IVe siècles)


Constatant que l’Empire doit faire face à trop de menaces pour être dirigé par un seul homme, Dioclétien
instaure la Tétrarchie. Les réformes permettent de renforcer la défense de l'Empire, affaibli par les crises du
IIIa siècle. Il prend des mesures pour mieux contrôler l’Empire : transfert de la capitale à Byzance, renommée
Constantinople en 330, réforme de l’administration et mesures en faveur des chrétiens.

Une période de prospérité au IVe siècle 35


La reprise économique s’accompagne de changements importants e
dans la société : les magistratures et les métiers deviennent héré- Les crises du III siècle apr. J.-C
ditaires, l’esclavage diminue et les paysans sont en majorité des – Un affaiblissement du pouvoir
colons. Les aristocratesD retrouvent un train de vie luxueux, en impérial : les légions désignent leur
particulier dans leur villaD. général comme empereur et en
35 ans, une quarantaine d’empe-
La chute de l’Empire romain d’Occident reurs se disputent le pouvoir.
En 395, à la mort de Théodose, et jusqu’en 476, l’Empire romain – La création d'empires de courte
durée par des usurpateurs en Gaule
est divisé en deux zones : l’Orient et l’Occident. Mais au Ve siècle,
et à Palmyre (Syrie).
la désorganisation et l’affaiblissement du pouvoir impérial en
Occident profitent aux chefs barbares. En 476, l’empereur Romu- – Une crise monétaire et financière
(obligation de trouver de nouvelles
lus Augustule est destitué, écarté du pouvoir par le roi ostrogoth
ressources pour payer les armées).
Odoacre. Celui-ci prétend gouverner l’Italie pour le compte de l’em-
pereur de Constantinople, qui assume désormais seul le pouvoir – Une diminution de la population
à cause des épidémies, en particu-
impérial. En réalité, l’Empire perd au Ve siècle l’essentiel de ses
lier en ville.
provinces occidentales, y compris Rome et la plus grande partie de
l’Italie. Il ne se maintient qu’en Orient avec Constantinople pour – Les premiers raids barbares.
capitale jusqu’en 1453.

36 Le partage de l'Empire romain en 395

A
OCÉAN
ATLANTIQUE

Empire romain
d’Occident MER NOIRE

Constantinople
Rome
MER
MÉDITERRANÉE
Empire romain
d’Orient
MER MÉDITERRANÉE

0 500 1000 km

L'arc de Septime Sévère.

B N D

Le théâtre. L'amphithéâtre. Le marché.

TÉTRARCHIE (du grec tetra : quatre) : régime politique (de 293 COLON : à l’origine, ancien soldat paysan de condition libre, mais
à 311) avec deux empereurs et leurs deux successeurs, qui se lié à la terre qu’il travaille pour le compte d’un propriétaire.
répartissent le pouvoir en fonction de la langue (parties parlant USURPATEUR : personne qui s’empare, par la ruse ou par la
latin ou grec). violence, du pouvoir, d’un titre ou d’un bien ne lui appartenant pas.
CONSTANTINOPLE : voir page 82.

59

Vous aimerez peut-être aussi