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L'EMPIRE ROMAIN
Mayence
OCÉAN
ATLANTIQUE CAS
Lyon
MER NOIRE
Rome
Athènes
Carthage
MER MÉDITERRANÉE
Alexandrie
Leptis Magna
–3000 –27 à 14
Naissance du judaïsme Règne
d’Auguste
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APPRENTISSAGES VISÉS
EN ÉTUDIANT CE THÈME, TU APPRENDRAS À :
– différencier les caractéristiques du pouvoir impérial de
celles de la République romaine ;
– expliquer l’évolution de l’Empire romain à partir d’Auguste
jusqu’au milieu du Ve siècle apr. J.-C. ;
MER
SPIENNE – décrire et expliquer les principales manifestations de
la romanisation des provinces (rôle du culte impérial,
de l’armée, diffusion du modèle urbain de Rome, etc.) ;
– classer les caractéristiques d’un empire selon différentes
dimensions (politiques, économiques, sociales, culturelles
et religieuses) ;
– classer les différents types de monuments d'une ville romaine
(politiques, économiques, religieux, de loisirs).
OCÉAN
INDIEN
122-127 395
Construction du Division
mur d’Hadrien de l’Empire
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4
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L'EMPIRE romain
En 509 av. J.-C., le roi de Rome est renversé et la monarchieD est remplacée par un
nouveau régime politique : la RépubliqueD. À partir du IIIe siècle av. J.-C., Rome éta-
blit sa domination sur toute l’Italie, pour étendre ensuite son emprise à tout le bassin
méditerranéen.
Les richesses acquises lors des conquêtes augmentent les inégalités dans la sociétéD
romaine et entraînent des guerres civiles. Des généraux, dont Jules César, se battent pour
obtenir le pouvoir suprême.
En 31 av. J.-C., Octavien (le futur empereur Auguste), fils adoptif de Jules César, remporte la
bataille d’Actium contre Marc-Antoine et Cléopâtre, et met ainsi fin à un siècle de guerres
civiles. Il devient le seul maître de Rome et instaure un nouveau régime politique, le Prin-
cipat, mieux connu sous le nom d’Empire. Il gouverne pendant 44 ans, en s’appuyant sur
une administrationD très efficace et centralisée.
À la suite d’Auguste, plusieurs dynastiesD d’empereurs se succèdent au pouvoir. L’Empire
romain connaît deux siècles de « paix romaine » marquée par une prospérité économique
et par la diffusion de la cultureD romaine dans toutes les provinces. Une nouvelle religion, le
christianismeD, s’étend progressivement. Après des périodes de troubles causés en partie
par la migrationD de peuples dits barbaresD, l’Empire perd l’essentiel de ses provinces
occidentales au cours du Ve siècle apr. J.-C. Toutefois, l’Empire romain se perpétue
en Orient avec Constantinople pour capitale, jusqu’à sa chute en 1453 apr. J.-C.
EMPIRE
État formé de nombreux
territoires, dirigé par un
empereur qui réunit
Expansion de l’Empire romain du Ier au IIe siècle après J.-C. tous les pouvoirs.
MER
Mur d’Hadrien BALTIQUE
MER A S IE
DU NORD
Bretagne Germanie
inférieure Champs
Décumates
Belgique Royaume
du Bosphore
Germanie
OCÉAN Gaule supérieure Rhétie
lugdunaise
ATLANTIQUE Norique
E U RO P E Pannonie
Aquitaine Gaule Dacie MER NOIRE
cisalpine
Dalmatie Royaume
Gaule des Parthes
narbonnaise Thrace Cappadoce
Pont
Tarraconaise
A S IE (Assyrie)
Macédoine
(Mésopotamie)
Lusitanie
Syrie
Numidie
Mauritanie MER MÉDITERRANÉE
AFRIQUE
Cyrénaïque
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De la République à l’Empire
Les Romains nomment Res publica (chose publique) ce qui concerne les affaires et le gouvernementD de l’État.
Durant la période de la République romaine, le pouvoir est exercé par des personnes élues par des citoyensD.
Les citoyens ne représentent toutefois qu’une petite poids que celles des plébéiens pourtant plus nom-
partie des habitants. De plus, ils ne sont pas égaux, breux. Enfin, les magistratsD, qui dirigent la politique
les voix des patriciens, les noblesD, ayant plus de de Rome, sont élus surtout parmi les patriciens.
élisent nomment
Forum
d’Auguste
Forum de
César
Place des Curie
Comices (réunions du Sénat)
(réunions)
Forum
romain
Basilique Julia
( réunions, procès, Temple de Vesta
affaires, boutiques ) ( feu sacré )
Reconstitution du forum romain de l’époque d’Auguste, début du Ier siècle apr. J.-C.
PATRICIENS : familles nobles romaines (souvent riches). AUGUSTUS (AUGUSTE) : titre honorifique qui indique le caractère
PLÉBÉIENS : familles romaines non nobles (souvent moins riches). sacré reconnu à Octavien par le Sénat romain. Il sera porté ensuite
par ses successeurs.
FORUM : place publique où les citoyens romains se réunissent pour
traiter d’affaires commerciales, politiques, économiques, judiciaires
ou religieuses.
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L’Empire romain
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« Après avoir éteint les guerres civiles et être devenu À Rome tout était redevenu calme ; rien de changé
par consentement de tous, le maître de toutes les dans le nom des magistratures. La révolution était
affaires publiques […], le Sénat me décerna le titre donc achevée ; un nouvel esprit avait partout rem-
d’Augustus (choisi par les dieux). placé l’ancien ; et chacun, renonçant à l’égalité, les
J’ai été treize fois consul. J’ai reçu trois fois l’hon- yeux fixés sur le princeps, attendait ses ordres. Le
neur du triomphe. J’ai été vingt et une fois acclamé présent n’inspira pas de craintes, tant que la force
imperator. Le Sénat et le peuple romain me décer- de l’âge permit à Auguste de maintenir son auto-
nèrent le titre de Père de la patrie. » rité et la paix.
Adapté de Tacite (58 - 120), historien
Auguste, Res Gestae, début du Ier siècle apr. J.-C.
et sénateur romain, Annales.
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La puissance tribunicienne est le mot trouvé par Ce fut ainsi que la puissance du peuple et du Sénat
Auguste pour désigner le pouvoir suprême afin passa tout entière à Auguste, et qu’à partir de cette
de ne prendre ni celui de roi ni celui de dictateur, époque fut établie une monarchie pure. Car on peut
tout en dominant par un titre quelconque tous les avec vérité appeler cela une monarchie, bien que le
autres pouvoirs. pouvoir ait été quelquefois exercé par deux ou par
Adapté de Tacite (58 - 120), historien et sénateur romain,
trois chefs à la fois.
Annales. Adapté de Dion Cassius (155-235), historien grec,
Histoire romaine (de 28 à 23 av. J.-C.).
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À la gloire de l’empereur
Pour honorer l'empereur et célébrer ses victoires, le Sénat fait élever des statues, des templesD et des monu-
ments publics comme des arcs de triomphe, des colonnes ou des trophées.
Le trophée de la Turbie commémore la victoire défi- Sur les inscriptions (dédicaces), on peut lire la titula-
nitive d'Auguste et la soumission des 44 peuples des ture impériale, c'est-à-dire l'ensemble des noms, sur-
Alpes qui empêchaient le passage en faisant payer des noms et titres qui forment la désignation officielle de
taxes ou en attaquant les marchands. l'empereur.
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« À Imperator César Auguste, fils du divin (César), grand pontife,
acclamé imperator à quatorze reprises, investi de la puissance tri-
bunicienne pour la 17e fois, le Sénat et le peuple de Rome (ont érigé
ce monument) parce que sous sa conduite et sous ses auspices
tous les peuples des Alpes qui s’étendaient de la mer Supérieure
jusqu’à la mer Inférieure, ont été rangés sous la puissance du
peuple romain. »
Dédicace du trophée de la Turbie, transcrite par Pline l’Ancien,
Histoire naturelle, Ier siècle apr. J.-C.
10 La monnaie
À Rome, une colonne Les empereurs frappent des monnaies pendant leur règne.
triomphale est Leur portrait officiel et leur titulature impériale figurent sur
construite, dès 107, l'avers (côté face) ; sur le revers (côté pile), on représente leurs
sur ordre du Sénat. La victoires, des qualités (la clémence, la piété, la vertu, etc.), des
colonne Trajane com- valeurs (la liberté, la justice, la concorde, etc.), des monuments
mémore les victoires ou des dieux. Les monnaies sont ainsi un moyen de propa-
de l’empereur Trajan gandeD pour les empereurs.
sur les Daces (un des
peuples occupant 11
les régions proches
du Danube) lors des
guerres daciques
(101-106 apr. J.-C.).
Haute de 40 m, elle
Aureus de Trajan, or, automne 102.
est décorée d’une
frise en bas-
relief de 200 m, qui « Du pain et des jeux »
s’enroule en spirale. À partir d'Auguste, l'une des préoccupations majeures du
Les guerres daciques pouvoir impérial est d'assurer l'approvisionnement de Rome.
sont représentées L'empereur fait notamment distribuer du blé aux citoyens
en 155 scènes ; de Rome, en majorité pauvres. L'expression « du pain et des
batailles, troupes, jeux » (Panem et circenses, du poète romain Juvenal, fin du
travaux des légion- Ier siècle) est une critique de ces distributions et des jeux
naires (voir doc. 18).
(courses de chars, combats de gladiateurs, chasses d’animaux
sauvages, etc.) offerts par l’empereur afin d’éviter les révoltes.
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L’Empire romain
Le culte impérial
Dès le milieu du Ier siècle apr. J.-C., les empereurs (ou parfois leur divinité protectrice)
sont associés au culte de la déesse Rome. Ils sont vénérés dans tout l’Empire : on leur
élève des statues et des temples. Les prêtresZ célèbrent des cérémonies en leur honneur
chaque année. Le culte impérial est organisé de la même façon dans toutes les provinces
et rassemble ainsi tous les habitants de l'Empire. Après leur mort, sur décision du Sénat,
les empereurs sont divinisés mais quelques-uns, considérés comme des tyrans, ont été
condamnés à la damnatio memoriae.
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« Le Sénat a décrété que, dans tous les temples, des vœux
seraient adressés pour moi aux dieux. À titre privé, ou au
nom des citésD, tous les citoyens unanimes ont offert sans
discontinuer des sacrifices pour ma santé. »
Auguste, Res Gestae, début du Ier siècle apr. J.-C.
Livie a une très grande influence sur Auguste, son mari. Il tombe sous
son charme alors qu’elle est enceinte de son premier mari et l’oblige à
divorcer pour l’épouser. Ce mariage durera 52 ans ! Leur entente est si
grande qu’Auguste ne prend aucune décision importante sans avoir son
avis ; elle est sa confidente et son premier appui politique. Très populaire
auprès du peuple, Livie est aussi une femme volontaire et dure, voire mani-
pulatrice. Comme elle n’a pas donné d’héritier direct à Auguste, c’est le fils de son
premier mariage, Tibère, qui prendra le pouvoir à la mort de l’empereur. Elle aura dès
lors la responsabilité du culte de son mari divinisé. Livie meurt à 86 ans, quinze ans
après Auguste. Comme lui, elle est divinisée et devient Diva Augusta en 42 apr. J.-C.
L’habileté politique d’Auguste lui permet d’imposer petit à petit le régime impérial et,
à sa mort, le pouvoir passe à Tibère, son fils adoptif. Puis, pendant deux siècles, treize
empereurs se succèdent, avec des destins différents. Les premiers, plutôt cruels et vio-
lents, finissent souvent assassinés. La dynastie des Antonins, par contre, va contribuer à
renforcer la grandeur de l’Empire romain. Celui-ci atteint, au IIe siècle apr. J.-C., le sommet
de sa prospérité et de sa puissance. Après la chute de Rome, en 476, l’Empire prend fin
en Occident mais continue en Orient. On considère que le dernier empereur romain est
Constantin XI, mort lors de la prise de Constantinople en 1453.
Morts violentes
– 30 – 20 – 10 1 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150 160 170 180 190
Caligula Néron Titus Nerva Commode
Claude Vespasien Domitien
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MER
DU NORD
Ambre, bois, fourrures,
Étain fer, esclaves, chevaux
GERMAINS
SARMATES ALAINS
Mayence
Blé, esclaves
OCÉAN
MER
ATLANTIQUE CASPIENNE
GAULE
ASIE MINEURE
ESPAGNE Rome
Soie, épices,
parfums
GRÈCE
Huile, blé
Athènes
Carthage
AFRIQUE ARABES
MER MÉDITERRANÉE Italie Voies terrestres
N O M A D ES D Alexandrie
U DÉ
SER
T Leptis Magna Blé, papyrus
Provinces Voies maritimes
Esclaves, or, ivoire,
animaux d’Afrique ÉGYPTE Limes Soie Produits importésD
0 500 1000 km
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L’Empire romain
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Le pont du Gard, Nîmes (F), pont-acqueduc réalisé au Ier siècle apr. J.-C.
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Édit de Caracalla (212 apr. J.-C.)
« Je (César Marc Aurèle Sévère Antonin Auguste) donne à tous ceux qui
habitent l'Empire le droit de cité romaine […]. Il se doit en effet qu'un
grand nombre d'habitants soit non seulement associé aux charges qui
pèsent sur tous, mais qu'il soit désormais aussi englobé dans la vic-
toire. »
Édit de Caracalla, appelé aussi Constitution antonine, 212 apr. J.-C.
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« La forteresse de Massada dans le désert « Défilé triomphal des soldats romains portant les objets
de Judée », Israël, photo aérienne. Elle est le pillés du temple de Jérusalem », bas-relief, Rome, 81 apr.
symbole de la résistance des juifs : en 73, après J.-C. La Menorah (chandelier à sept branches) du Second
un siège de sept mois, les soldats romains n’y Temple de Jérusalem est l’un des symboles du judaïsme.
capturent que quelques survivants.
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L’Empire romain
Début du christianisme 28
C’est dans le contexte troublé de la romanisation de la Judée que naît, au
Ier siècle apr. J.-C, la religion chrétienneD. Ses adeptes suivent les ensei-
gnements de Jésus, un prédicateur juif, mort vers l’an 30. Le christianisme
se répand rapidement autour de la Méditerranée, dans les villes où des
communautés juives sont déjà établies.
La christianisation de l’Empire
Les persécutions n’arrêtent pas la diffusion du christianisme, au contraire, elles contribuent
à son expansion grâce au courage des martyrsD chrétiens. Ainsi, après une dernière période
de violence menée par l’empereur Dioclétien, entre 303 et 305, le christianisme s’impose
dans l’Empire, et il est officiellement autorisé en 313. Dans les années qui suivent, l’em-
pereur Constantin adhère au christianisme et encourage le développement de l’ÉgliseD.
Dès lors, tous les empereurs romains seront chrétiens, sauf un.
En 380, l’empereur Théodose proclame le christianisme religion officielle de l’Empire
romain. Les cultes romains traditionnels sont interdits.
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Les persécutions durant le règne de Néron
En 64, un incendie ravage Rome. L’empereur Néron est suspecté, à tort, d’avoir ordonné
cette destruction afin de reconstruire la ville selon ses goûts.
Pour anéantir cette rumeur, Néron trouva des coupables et infligea des tortures cruelles
à ceux que leur conduite faisait détester et que la foule appelait chrétiens. […] On ne se
contentait pas de les faire périr : on s’amusait à les revêtir de peaux de bêtes pour les faire
déchirer par les dents des chiens. Ou bien on les attachait à des croix et, quand le jour finis-
sait, on les enduisait de résine et on les allumait comme des torches dont on s’éclairait.
L’empereur Néron avait offert ses jardins pour ce spectacle.
Adapté de Tacite (58-120), historien et sénateur romain, Annales.
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À la suite d’Auguste, les empereurs entreprennent d’im- aqueducs et lieux de loisirs (thermes, théâtres, amphi-
portants travaux d’embellissement. Dans les provinces, théâtres). Ces « petites Rome » aux rues perpendicu-
les notables construisent des monuments identiques à laires sont une preuve de la romanisation des provinces.
ceux de Rome : forum, temples, portes monumentales,
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La beauté de Rome ne répondait pas à la majesté
de l'Empire et la ville était exposée aux inonda-
tions et aux incendies. Auguste l’embellit à tel
point qu’il put se vanter à bon droit « de la laisser
en marbre, après l’avoir reçue en briques. »
Adapté de Suétone (vers 70-126), historien,
Vie des douze Césars, « Auguste ».
J
K
B
D M
I
N
G
C L
H
E
A
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L’Empire romain
A
OCÉAN
ATLANTIQUE
Empire romain
d’Occident MER NOIRE
Constantinople
Rome
MER
MÉDITERRANÉE
Empire romain
d’Orient
MER MÉDITERRANÉE
0 500 1000 km
B N D
TÉTRARCHIE (du grec tetra : quatre) : régime politique (de 293 COLON : à l’origine, ancien soldat paysan de condition libre, mais
à 311) avec deux empereurs et leurs deux successeurs, qui se lié à la terre qu’il travaille pour le compte d’un propriétaire.
répartissent le pouvoir en fonction de la langue (parties parlant USURPATEUR : personne qui s’empare, par la ruse ou par la
latin ou grec). violence, du pouvoir, d’un titre ou d’un bien ne lui appartenant pas.
CONSTANTINOPLE : voir page 82.
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