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” Diva Maria
l
a carrière de « la » Callas pourrait se résu—
mer en deux photos. Sur la première, qui
remonte à 1947, Maria Kalogeropoulos,
cadette d‘émigrés grecs fixés à New York,
quitte sa ville natale, pour chercher un engagement
en Italie. Accoudée au bastingage du paquebot,
anbisn
d‘une vingtaine d‘intégrales, en douze ans de s‘enferme dans une solitude amère, dans son
contrat exclusif chez EMIL. Les sorties panachent appartement—mausolée de l‘avenue Georges—Man—
ouvrages du grand répertoire italien (Verdi et del, à Paris, où elle réécoute ses anciens trophées.
Puccini), à la rentabilité commerciale assurée, et Lorsque à 53 ans, le 16 septembre 1977, la can—
redécouvertes du bel canto romantique suscitées tatrice s‘effondre à son domicile, frappée d‘un
par l‘art de Callas (Bellini et Donizetti), aux malaise cardiaque, c‘est un fantôme qui s‘éclipse.
retombées économiques plus incertaines. En stu— Comme si le destin abandonnait un jouet dont il
dio, la cantatrice témoigne du même profession— s‘était lassé prématurément. On songe à la mort
nalisme que sur scène : disciplinée, ponctuelle, de Violetta, dans La Traviata, à la réponse sans e consacrera
perfectionniste — jusqu‘à reprendre plus de quinze appel de la cantatrice au chef d‘orchestre Nicola e soirée Thema
fois une vocalise vétilleuse. Les prises de son Rescigno : « C‘est comme ça qu‘on chante quand Maria Callas,
rapprochées, la fidélité sonore du microsillon ser— on meurt. » C‘est aussi comme ça qu‘on meurt, dimanche 14,
vent autant les finesses de son chant que sa quand on a chanté comme Maria Callas. Mysté— partir de 19h30.
connaissance intime des œuvres : « Ce que chante rieusement. Silencieusement. Venu se recueillir suivre également,
Callas, assure un ancien souffleur de la Scala, devant sa dépouille, le chef d‘orchestre Georges r France Musique,
c‘est le fac—similé de la partition. Mais vivant ! » Prêtre se souviendra toujours : « Elle reposait même jour à 15
A partir des années 60, la voix de Callas accuse sur son lit de mort, apaisée, comme une toute ures, La tribune
les soubresauts de sa vie privée. Séparée de son petite jeune fille. » © Gilles Macassar France Musique.
A écouter... et à lire
On s‘en tient à la discographie officielle de Maria Callas, enregistrée
par son éditeur exclusif entre 1953 et 1965, EMI. Sus, donc, aux pirates
(bandes radio ou enregistrements live), inaudibles ou insupportables.
EMI tente aujourd‘hui de racheter les moins calamiteux (technique—
ment), avec des bonheurs divers : opération réussie pour Lucia di Lam—
mermoor, de Donizetti, dirigée par Herbert von Karajan, en 1955, à
Berlin (2 CD EMI 5 66 441—2). Opération ratée, en revanche, pour La
Traviata, de Verdi, dirigée par Carlo—Maria Giulini, à la Scala de Milan
(2 CD EMI 566 450—2) : le son est outrageusement nettoyé, bidulé par
les ingénieurs d‘EMI, au mépris de la musique. Il faut s‘y résigner : le plus
grand rôle de Maria Callas a échappé à un enregistrement digne de ce
nom ! Il reste de quoi se consoler avec l‘ensemble du catalogue — d‘au—
tant que beaucoup d‘ouvrages (Lucia, Norma, Tosca) ont été enregis—
trés deux fois pour cause de stéréo. La première version, en mono, est
généralement préférable.
KEYSTONE / SYGMA
Elle tente de renouer avec la scène par divers 142 p., 149 F.
biais : master—class à la Juilliard School de New
York, en 1971—1972, tournée sinistre de récitals
avec le ténor Giuseppe Di Stefano, en 1973—1974.
Télérama N° 2487 — 10 septembre 1997 59