Cette partie consacrée au contexte globale se concentrera sur la généralité de
l’hypersexualisation au niveau mondial. Elle se concentrera sur les caractéristiques du
phénomène: sa source, ses caractères, ses conséquences, ses facteurs de renforcement et de propagation d’influence ainsi que les risques qu’il représente et les profils qui en sont les plus concernés. On mentionnera également les manifestations du phénomène à Madagascar.
Il est de rigueur de préciser la différence entre l’hypersexualité et l’hypersexualisation avant
d’entamer le vif du sujet. L’hypersexualité ou addiction sexuelle est le fait pour une personne de se sentir obligée de se livrer à une activité sexuelle telle que la pornographie, la masturbation et les rapports sexuels avec un partenaire, même si cela perturbe sa vie ou entraîne des conséquences négatives sur cette dernière. Quant à l’hypersexualisation, c’est le fait d’accorder une place de plus en plus importante à la sexualité dans la société en multipliant les références à celle-ci dans l’espace public via médias et publicités. Il a indirectement des répercussions sur le plan communautaire. En outre, L’hypersexualité est un trouble psychologique au niveau individuel tandis que l’hypersexualisation est un phénomène problématique au niveau social. L’hypersexualisation a plusieurs causes mais l’origine est purement historique. En effet, l’émancipation de la sexualité en mai 1968 en France est considérée comme la source première du phénomène. Si en surface le but des manifestations pour la libération sexuelle était de vulgariser et de donner accès à la contraception à tous pour un régulation des naissances en accord avec la loi de Neuwrith promulguée le 28 décembre 1967 par Charles de Gaulle, le fait est que dans le revers, c’était un moyen pour les jeunes d’abolir le mur moralisateur entre les jeunes hommes et les jeunes femmes sur la question des rapports sexuels interdits avant le mariage. La révolution a eu des impacts positifs sur l’éducation sexuelle de la société via les méthodes de contraception, mais ça a eu aussi des impacts négatifs qui peuvent être résumés en un mot: hypersexualisation. En effet à partir des années 60, la libéralisation de la sexualité a pris une tournure différente de son but d’origine - celui de vulgariser les méthodes de contraception. Pour cause, les médias et la publicité tirèrent avantage du concept pour augmenter leur taux d’audience en ajoutant des références sexuelles à leurs contenus. Et le fait est que dans ce cas-là, le but n’est plus de promouvoir la libéralisation de la sexualité mais de faire vendre plus par l’exhibition de plus en plus non-censuré de contenus à caractères sexuels, ce qui a conduit très progressivement à notre société contemporaine de plus en plus hypersexualisée dont nous verrons les attraits spécifiques. Une société hypersexualisée est caractérisée par la démonstration et l’incitation sexuelle faits à tout âge et par tout genre. Dans sa globalité, on mise beaucoup sur l’apparence pour marquer la disponibilité sexuelle. Les jeunes femmes comme les jeunes filles portent des tenues vestimentaires prompt à montrer leurs courbes par exemple ou qu’elles postent des photos très suggestifs sur leurs réseaux sociaux. Certaines vont même jusqu’à procéder à des interventions chirurgicales (rhinoplasties, implants mammaires, etc.) pour remédier aux attributs corporels et faciaux en désaccord avec les normes de beauté établis selon la société moderne alors hypersexualisée. Les jeunes hommes sont tout aussi concernés car ils se doivent d’avoir de la réussite et du mérite pour pouvoir s’attirer des partenaires ou des conjointes en ayant des corps de rêve, des voitures, de grandes maisons, etc. pour maintenir la norme sociale de la société hypersexualisée qui impose la femme comme un objet et l’homme comme le possesseur, le dominateur. Cependant, l’attrait le plus marquant de l’hypersexualisation, c’est la sexualisation précoce des petites filles par consommation de produits tels que les strings et les soutiens pour enfants ou encore les scéances de mise en beauté dans les spas pour enfants, les jouets qui apprennent à se maquiller professionnellement très tôt et bien d’autres. On ne parle plus là d’un enfant qui joue avec les vêtements et le maquillage de sa mère pour s’amuser mais pour ressembler aux modèles de beauté sexualisée dans les médias et les réseaux sociaux. Il va sans dire que l’hypersexualisation a des répercussions sur la société dont la contribution à l’haut taux d’agressions sexuelles sur les mineurs et les majeurs qui sont surtout de sexe féminin (les chiffres de l’ONU Femmes indiquent qu’une femme sur trois dans le monde a déjà subi un abus sexuel au cours de sa vie) ; la promotion de l’inégalité de rapport entre les hommes et les femmes, la sexualisation précoce, etc. Malgré cela le phénomène réside toujours dans la société car il en devient un élément caractéristique de son identité. Ce fait est du par des facteurs de renforcement et de propagation d’influence en constante évolution et indispensables dans la vie de tous les jours, on parle là de l’Internet et des réseaux sociaux, notamment d’Instagram et Tik Tok. Les médias et la publicité participe activement aussi à la stimulation du phénomène à l’instar des contenus médiatiques à caractères sexuels toujours de plus en plus poussés mais aussi les émissions de concours de mini- miss, etc. Certains produits de consommation accentuent pareillement le phénomène comme les poupées Barbie en petites tenues ou les sous-vêtements sexy pour les enfants. Par le bias de ces facteurs, les adultes mais surtout les jeunes et les enfants sont exposés à des risques qui pourraient contribuer et aggraver les conséquences néfastes de l’hypersexualisation mentionné plus haut. Il va sans dire que l’hypersexualisation est un phénomène social problématique de nature occidentale et concerne peu Madagascar. Il est pourtant remarqué que les facteurs de renforcement et de propagation d’influence du phénomène sont émergents dans le pays malgache à cause de la mondialisation. La population malgache est donc point une société hypersexualisée mais à risque d’être hypersexualisée.