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LES BIOCARBURANTS: PERSPECTIVES, RISQUES ET OPPORTUNITÉS

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5. Impacts des biocarburants
sur l’environnement

Bien que la production de biocarburants de serre en supprimant le gaz carbonique


demeure modeste par rapport à la demande de l’air lors de leur pousse et en le stockant
totale d’énergie, elle est importante dans la biomasse des cultures et le sol. À
comparée à la production agricole côté des biocarburants, un grand nombre de
actuelle. Il faut reconnaître les implications ces cultures engendrent des sous-produits
environnementales et sociales potentielles tels que les protéines pour l’alimentation
de sa croissance continue. La réduction du bétail, permettant ainsi d’économiser sur
des gaz à effet de serre est par exemple l’énergie qui aurait été utilisée pour produire
un des objectifs explicites de certaines des aliments pour animaux par d’autres
mesures destinées à favoriser la production moyens.
de biocarburants. Des impacts négatifs En dépit de ces avantages potentiels, des
imprévus sur les sols, l’eau et la biodiversité études scientifiques ont pourtant montré
font partie des effets secondaires de la que les bilans des gaz à effet de serre des
production agricole en général, mais ils sont divers biocarburants variaient sensiblement
particulièrement préoccupants en ce qui par rapport à ceux du pétrole. Selon les
concerne les biocarburants. L’importance méthodes utilisées pour produire les matières
de ces impacts dépend de la manière premières et traiter le combustible, certaines
dont les matières premières servant à cultures peuvent même générer davantage
fabriquer les biocarburants sont produites de gaz à effet de serre que les combustibles
et traitées, de l’échelle de production fossiles. Par exemple, le protoxyde d’azote,
et, en particulier, de la façon dont elles un gaz à effet de serre dont le potentiel de
influent sur le changement d’affectation réchauffement mondial est environ 300 fois
des terres, l’intensification et les échanges supérieur à celui du dioxyde de carbone est
internationaux. Le présent chapitre étudie émis par les engrais azotés. En outre, des
les implications environnementales des gaz à effet de serre sont émis à d’autres
biocarburants; leurs implications sociales étapes de la production des cultures pour la
seront examinées dans le chapitre suivant. bioénergie et des biocarburants: pendant
la production des engrais, des pesticides et
du combustible utilisés pour l’exploitation
Les biocarburants contribueront- agricole, au cours du traitement chimique,
ils à atténuer les effets du du transport et de la distribution, jusqu’à
changement climatique12? l’utilisation finale.
Des gaz à effet de serre peuvent aussi
Jusqu’à une date récente, de nombreux être émis par les changements directs ou
décideurs partaient du principe que le indirects d’affectation des terres déclenchés
remplacement des combustibles solides par l’accroissement de la production de
par des combustibles produits à partir de biocarburant, par exemple lorsque le carbone
la biomasse auraient des effets significatifs stocké dans les forêts ou les herbages est
et positifs sur le changement climatique libéré du sol pendant la conversion des
en émettant des niveaux plus faibles des terres à la production de cultures. Ainsi,
gaz à effet de serre qui contribuent au alors que le maïs produit pour l’éthanol peut
réchauffement mondial. Les cultures servant entraîner des économies de gaz à effet de
à produire la bioénergie peuvent réduire serre d’environ 1,8 tonne de gaz carbonique
ou compenser les émissions de gaz à effet par hectare et par an et les herbages – une
culture possible de la deuxième génération
12
L’analyse contenue dans la présente section est en partie – peuvent permettre d’économiser 8,6 tonnes
fondée sur FAO ( 2008d). par hectare et par an, la conversion des
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herbages pour produire ces cultures peut est comparée à un système de référence
émettre 300 tonnes par hectare et la adéquat «conventionnel» – le plus souvent le
conversion des forêts peut émettre 600 à pétrole. Certaines matières premières pour
1 000 tonnes par hectare (Fargione et al., la fabrication des biocarburants génèrent
2008; The Royal Society, 2008; Searchinger, aussi des dérivés, tels que les tourteaux
2008). ou les aliments pour bétail. On considère
L’analyse du cycle de vie est l’instrument que ces émissions de gaz à effet de serre
analytique utilisé pour calculer les bilans des sont «évitées» et elles sont évaluées en les
gaz à effet de serre. Le bilan des gaz à effet comparant avec des produits isolés similaires
de serre est le résultat de la comparaison ou en les affectant (par exemple par contenu
entre toutes les émissions de gaz à effet de énergétique ou prix du marché). Les bilans
serre tout au long des étapes de production des gaz à effet de serre varient sensiblement
et d’utilisation d’un biocarburant et le selon les cultures et la localisation, car ils
total des gaz à effet de serre émis lors de la dépendent des méthodes de production
production et de l’utilisation de la quantité des matières premières, des technologies
équivalente d’énergie du combustible fossile de conversion et de l’utilisation. Les intrants
correspondant (Figure 22). comme les engrais azotés ou le type de
Le point de départ de l’estimation du production d’électricité (par exemple à
bilan des gaz à effet de serre est une série partir du charbon ou du pétrole ou encore
clairement définie de limites pour un du nucléaire) utilisé pour convertir les
système de biocarburant spécifique, qui matières premières en biocarburants peuvent

FIGURE 22
Analyse du cycle de vie pour les bilans des gaz à effet de serre

Analyse du cycle de vie des carburants fossiles conventionnels

Carburant
Extraction
Transport fossile
du pétrole Utilisation
pour la Raffinage conventionnel
brut et dans le
transformation (essence
prétraitement transport
ou diesel)

ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE

Production de
matières Transformation
premières: des
terres, biocarburants:
engrais, enzymes,
Changement pesticides, Transport produits Éthanol Utilisation
d’affectation semences, pour la chimiques, ou biodiesel dans le
des terres équipements, transformation utilisation et co-produits transport
carburant de l’énergie

Analyse du cycle de vie des biocarburants liquides

Source: FAO.
LES BIOCARBURANTS: PERSPECTIVES, RISQUES ET OPPORTUNITÉS

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FIGURE 23
Réductions des émissions de gaz à effet de serre produits par certains
biocarburants par rapport à des carburants fossiles

Canne à sucre, Brésil

Biocarburants de
deuxième génération

Huile de palme

Betterave à sucre,
Union européenne
Colza,
Union européenne
Maïs

Maïs,
États-Unis d’Amérique

–100 –90 –80 –70 –60 –50 –40 –30 –20 –10 0
Pourcentage de réduction

Note: Exclut les effets du changement d’affectation des terres. Sources: AIE, 2006, et FAO, 2008d.

se traduire par des niveaux très variables le Brésil, qui a une longue expérience de la
d’émissions de gaz à effet de serre et être production d’éthanol à partir de la canne
très différents d’une région à l’autre. à sucre, les réductions sont encore plus
Jusqu’à présent, la plupart des analyses marquées. Même si leur importance au
du cycle de vie des biocarburants ont été niveau commercial reste insignifiante, les
réalisées pour les céréales et les graines biocarburants de la deuxième génération
oléagineuses dans l’UE et aux États-Unis permettent généralement de réduire les
d’Amérique et pour l’éthanol à base de émissions de 70 à 90 pour cent par rapport
canne à sucre au Brésil. Un petit nombre au diesel fossile et à l’essence, toujours
d’études ont porté sur les huiles végétales, si l’on exclut les rejets de carbone liés au
le biodiesel provenant de l’huile de palme, changement d’affectation des terres.
du manioc et du jatropha et le biométhane Plusieurs études récentes ont montré que
provenant du biogaz. Étant donné la grande les différences les plus significatives dans
variété des biocarburants, des matières les résultats proviennent des méthodes
premières et des technologies de production d’affectation choisies pour les dérivés, des
et de conversion, on attendrait une diversité hypothèses d’émission d’oxyde nitreux et
similaire dans les résultats en termes de des modifications en matière d’émissions
réductions d’émission – ce qui est en fait de carbone liées à l’affectation des terres.
le cas. La majorité des études ont constaté À l’heure actuelle, un certain nombre de
que la production de biocarburants de la méthodes différentes sont utilisées pour
première génération à partir des matières réaliser les analyses du cycle de vie et, comme
premières actuelles entraînait des réductions on a pu le noter ci-dessus, certaines ne
d’émissions de l’ordre de 20 à 60 pour cent tiennent pas compte du problème complexe
par rapport aux combustibles solides, si du changement d’affectation des terres.
les systèmes les plus efficaces sont utilisés Les paramètres mesurés et la qualité des
et si les rejets de carbone provenant du données utilisées dans l’évaluation doivent
changement d’affectation des terres sont être conformes à des normes établies.
exclus. La Figure 23 présente les fourchettes Dans le cadre notamment du Partenariat
estimatives de réduction des émissions mondial pour la bioénergie, des mesures sont
de gaz à effet de serre pour une série de actuellement prises pour mettre au point une
cultures et de lieux, les effets du changement méthode harmonisée d’évaluation des bilans
d’affectation des terres étant exclus. Pour de gaz à effet de serre. Il faut également
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harmoniser l’évaluation des impacts plus serait séquestré sur une période de 30 ans
larges sur l’environnement et la société des en convertissant les terres cultivées en forêts.
cultures bioénergétiques, pour garantir la Ils estiment que si l’objectif des politiques
transparence des résultats et leur cohérence de soutien aux biocarburants est d’atténuer
sur une large gamme de systèmes. les effets du réchauffement mondial,
Lorsqu’on évalue les bilans des gaz à l’efficience du combustible et la conservation
effet de serre, les données relatives aux et la restauration des forêts seraient des
émissions provenant du changement alternatives plus efficaces.
d’affectation des terres sont décisives pour Parmi les options pour réduire les émissions
que le tableau qui en résulte soit complet de gaz à effet de serre actuellement
et exact. Ces émissions se produisent étudiées, les biocarburants constituent
au début du cycle de production des une alternative importante, mais dans de
biocarburants et, si elles sont suffisamment nombreux cas l’amélioration de l’efficacité
importantes, de nombreuses années peuvent et de la conservation de l’énergie,
être nécessaires avant qu’elles ne soient l’accroissement de la fixation du carbone
compensées par les économies d’émissions par le reboisement ou la modification des
réalisées lors des étapes ultérieures de pratiques agricoles, ou bien l’utilisation
production et d’utilisation. Lorsque les d’autres formes d’énergies renouvelables
changements d’affectation des terres sont peut être plus efficace par rapport aux coûts.
inclus dans l’analyse, les émissions de gaz Aux États-Unis d’Amérique par exemple,
à effet de serre pour certaines matières l’amélioration de l’efficacité moyenne
premières et systèmes de production des du carburant des véhicules d’un mile par
biocarburants peuvent même dépasser gallon peut réduire les émissions de gaz
celles des combustibles fossiles. Fargione à effet de serre autant que la totalité de
et al. (2008) ont estimé que la conversion la production d’éthanol actuelle à partir
des forêts ombrophiles, des tourbières, des du maïs dans ce pays (Tollefson, 2008).
savanes ou des herbages à la production Doornbosch et Steenblik (2007) ont estimé
d’éthanol et de biocarburant au Brésil, en que la réduction des émissions de gaz à effet
Indonésie, en Malaisie ou aux États-Unis de serre grâce aux biocarburants coûte plus
d’Amérique engendre des rejets de dioxyde de 500 dollars EU en termes de subventions
de carbone au moins 17 fois supérieurs par tonne de dioxyde de carbone aux États-
aux rejets économisés chaque année par Unis d’Amérique (éthanol à base de maïs), le
le remplacement des combustibles fossiles coût pouvant aller jusqu’à 4 520 dollars EU
par les biocarburants. Ils ont montré qu’il dans l’UE (éthanol à partir de la betterave à
faudrait 48 ans pour rembourser cette «dette sucre et du maïs) – soit beaucoup plus que le
en carbone» dans le cas du retour aux terres prix du marché des produits de substitution
faisant partie du Programme de conservation en équivalent dioxyde de carbone. Enkvist,
des terres à la production d’éthanol à partir Naucler et Rosander (2007) indiquent que des
du maïs aux États-Unis d’Amérique, plus mesures relativement simples pour réduire
de 300 ans pour la rembourser si les forêts la consommation d’énergie, comme une
pluviales amazoniennes sont converties à la meilleure isolation des bâtiments nouveaux
production de biocarburant à base de soja ou une efficacité accrue des systèmes de
et plus de 400 ans si les forêts pluviales et les chauffage et d’air conditionné, ont des
tourbières tropicales sont converties pour la coûts de diminution du dioxyde de carbone
production de biocarburant à partir de l’huile inférieurs à 40€ la tonne.
de palme en Indonésie ou en Malaisie. Les dimensions aussi bien scientifiques
Righelato et Spracklen (2007) ont évalué que techniques du développement
les émissions de carbone évitées par les des bioénergies durables évoluent très
diverses matières premières pour l’éthanol rapidement (presque d’une semaine à
et les biocarburants cultivées sur des terres l’autre). La compréhension complète des
agricoles existantes (comme la canne à problèmes posés, y compris le changement
sucre, le maïs, le blé et la betterave à sucre d’affectation des terres, et l’évaluation
pour l’éthanol et le colza et la biomasse adéquate des bilans des gaz à effet de
ligneuse pour le diesel). Ils ont trouvé que, serre sont primordiaux pour assurer que
dans chaque cas, davantage de carbone les cultures bioénergétiques ont un impact
LES BIOCARBURANTS: PERSPECTIVES, RISQUES ET OPPORTUNITÉS

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ENCADRÉ 9
Le partenariat mondial sur les bioénergies

Le Partenariat mondial sur les bioénergies pour l’économie de l’hydrogène, le


(GPEB), lancé à la quatorzième Session de Programme méditerranéen pour les
la Commission des Nations Unies pour le énergies renouvelables, le Partenariat
développement durable en mai 2006, est méthane aux marchés, le Réseau de
une initiative internationale créée pour l’énergie renouvelable pour le XXIe siècle,
mettre en œuvre les engagements pris par le Partenariat pour l’énergie renouvelable
les pays du G8+5 émergents1 dans le Plan et l’efficacité énergétique et l’Initiative
d’action adopté au sommet de Gleneagles sur les biocarburants de la Conférence
en 2005. Il encourage le dialogue au des Nations Unies sur le commerce et le
plus haut niveau sur les politiques développement (CNUCED) et les tâches
bioénergétiques, appuie l’élaboration qui y sont rattachées prises en charge
de politiques bioénergétiques et par l’Agence internationale de l’énergie.
l’ouverture de marchés au niveau En outre, le Partenariat a formé un
régional, favorise l’utilisation efficace groupe de travail pour harmoniser des
et durable de la biomasse, développe méthodologies d’analyse du cycle de vie
des activités de projets dans le domaine et élaborer un cadre méthodologique à
des bioénergies, favorise les échanges cette fin. Toutes ces initiatives permettent
bilatéraux et multilatéraux d’informations, de fournir une aide importante aux
de compétences et de technologies, et pays en développement et développés
facilite l’intégration des bioénergies dans qui mettent en place des cadres
les marchés de l’énergie en s’efforçant réglementaires nationaux pour l’utilisation
d’éliminer les obstacles rencontrés dans les des bioénergies.
filières d’approvisionnement.
Le Partenariat est présidé par
l’Italie. La FAO, qui est un partenaire,
en héberge le Secrétariat GBEP. Le 1
Le groupe G8+5 comprend les pays du G8
Partenariat coopère avec la Plateforme (Allemagne, Canada, États-Unis d’Amérique,
internationale sur la bioénergie de Fédération de Russie, France, Italie, Japon et
Royaume-Uni) et les cinq économies émergentes
la FAO, le Forum international des les plus importantes (Afrique du Sud, Brésil,
biocarburants, le Partenariat international Chine, Inde et Mexique).

positif et durable sur les efforts de protection industriels de monoxyde de carbone, de


du climat. Du fait de la complexité des particules, d’oxyde d’azote, de sulfates et
facteurs liés au changement d’affectation de composés organiques volatils (Dufey,
des terres, ils n’ont pas été pris en compte 2006). Cependant, dans la mesure où les
dans la plupart des analyses du cycle de biocarburants peuvent remplacer la biomasse
vie des bioénergies, mais ils continuent à traditionnelle, comme le bois de chauffage
constituer des informations essentielles et le charbon de bois, ils peuvent aussi
dont les gouvernements doivent tenir permettre des améliorations spectaculaires
compte pour l’élaboration de leur politique de la santé publique, en particulier pour les
bioénergétique. femmes et les enfants, grâce à la réduction
En plus des impacts de la production de des maladies respiratoires et des décès
matières premières sur les émissions de gaz à occasionnés par la pollution de l’air dans les
effet de serre, le traitement et la distribution domiciles.
des biocarburants peuvent aussi avoir Dans certains cas, des réglementations
d’autres incidences sur l’environnement. nationales exigent des importateurs qu’ils
Comme dans le secteur des hydrocarbures, certifient la culture durable des terres
le traitement des matières premières pour agricoles, la protection des habitats naturels
les biocarburants peut affecter la qualité de et un niveau minimum d’économies de
l’air local, en raison du rejet par les processus dioxyde de carbone pour les biocarburants.
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Certains pays et organisations régionales la production de biocarburants. Lors de


(comme les États-Unis d’Amérique et l’UE) l’évaluation des émissions que pourraient
ont suggéré que les bilans nets de gaz à entraîner l’accroissement de la production
effet de serre relatifs aux biocarburants de biocarburants, il faut bien saisir dans
soient de 35 à 40 pour cent inférieurs à quelle mesure cet accroissement sera couvert
ceux du pétrole. Une analyse minutieuse par l’amélioration de la productivité des
de ces problèmes est importante pour terres ou par l’extension des zones cultivées;
tous les acteurs, en particulier pour les dans ce dernier cas, la catégorie de terres
exportateurs de cultures ou de combustibles a aussi son importance. Les techniques de
bioénergétiques, comme base de leurs production agricole influent également
décisions d’investissement et de production sur les bilans des gaz à effet de serre. Ces
et pour garantir que leurs produits sont deux types de facteurs auront aussi d’autres
commercialisables. impacts sur l’environnement, en ce qui
concerne les sols, l’eau et la biodiversité.
Au cours des cinq décennies écoulées,
Changement d’affectation la majeure partie de l’accroissement de la
des terres et intensification production mondiale de produits agricoles
de base (environ 80 pour cent) est venue
La section précédente soulignait l’influence des augmentations de rendement, le reste
du changement d’affectation des terres étant dû à l’extension des zones cultivées
sur les bilans des gaz à effet de serre de et à une plus grande fréquence des cultures

ENCADRÉ 10
Les biocarburants et le Convention-cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques

Bien qu’il n’existe pas d’accords atteindre un développement durable


internationaux spécifiques sur les et à contribuer à l’objectif ultime de la
bioénergies, la Convention-cadre des Convention. Il aide également les Parties
Nations Unies sur les changements incluses dans l’Annexe 1 à répondre à leurs
climatiques (CCCC) invite les États engagements en matière de limitation et
membres à «tenir compte, dans la mesure de réduction quantifiées d’émissions de
du possible des considérations liées aux gaz à effet de serre. Depuis la création
changements climatiques dans leurs du MDP en 2005, les projets axés sur le
politiques et actions sociales, économiques secteur industriel et énergétique sont
et écologiques et à utiliser des méthodes les plus nombreux, y compris ceux ayant
appropriées ... pour réduire au minimum trait aux bioénergies. Dans le domaine
les effets − préjudiciables à l’économie, des bioénergies, il existe plusieurs
à la santé publique et à la qualité de méthodologies qui peuvent s’appliquer
l’environnement − des projets ou mesures à des projets utilisant la biomasse pour
qu’elles entreprennent en vue d’atténuer produire de l’énergie. Il faut cependant
les changements climatiques ou de s’y noter que le nombre de méthodologies
adapter» (CCCC, 1992, Article 4). Le approuvées pour les biocarburants est
protocole de Kyoto, qui expire en 2012, limité. Une méthodologie concernant les
fournit un cadre moderne et robuste biocarburants fabriqués à base d’huiles
pour la promotion des technologies usagées est actuellement disponible. Une
propres liées notamment aux énergies autre, relative aux biocarburants produits
renouvelables. en utilisant de la biomasse cultivée est en
Le Mécanisme de développement cours d’élaboration.
propre (MDP) est l’un des mécanismes
de flexibilité du Protocole de Kyoto. Il
a été conçu pour aider les Parties qui Source: FAO, sur la base d’une contribution du
ne sont pas incluses dans l’Annexe 1 à Secrétariat de la CCCC.
LES BIOCARBURANTS: PERSPECTIVES, RISQUES ET OPPORTUNITÉS

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(FAO, 2003; Hazell et Wood, 2008). Le Extension des superficies
taux d’accroissement de la demande de Sur les 13,5 milliards d’hectares de superficie
biocarburants au cours des dernières années totale des terres, environ 8,3 milliards
dépasse de loin les taux traditionnels de sont actuellement constitués d’herbages
croissance de la demande de produits ou de forêts et 1,6 milliard sont cultivés
de base agricoles et des rendements des (Fischer, 2008). Deux milliards d’hectares
cultures. Ce phénomène suggère que la supplémentaires sont considérés comme
question du changement d’affectation des potentiellement adaptés à la production
terres – et les incidences sur l’environnement de cultures non irriguées, comme le montre
qui y sont associées – peut encore gagner la Figure 24, bien que ce chiffre doive être
en importance dans le contexte des considéré avec la plus grande prudence. La
technologies de la première comme de la majeure partie des terres constituées de
deuxième génération. À court terme, cette forêts, de milieux humides ou consacrées
demande peut être satisfaite principalement à d’autres usages rendent des services
par l’accroissement de la zone cultivée pour précieux en matière d’environnement, dont
les biocarburants, alors qu’à moyen et long la fixation du carbone, la filtration de l’eau
termes, le développement de meilleures et la préservation de la biodiversité; c’est
variétés de culture pour les biocarburants, pourquoi l’expansion de la production des
la modification des pratiques agronomiques cultures dans ces zones pourrait être nuisible
et les nouvelles technologies (comme la à l’environnement.
conversion cellulosique) pourront commencer Après avoir exclu les forêts, les zones
à dominer. Des améliorations notables des protégées et les terres nécessaires pour
rendements et des progrès technologiques satisfaire la demande accrue pour les cultures
seront essentiels pour la production vivrières et le bétail, on estime la superficie
durable de matières premières pour les des terres potentiellement disponibles pour
biocarburants, afin de réduire au minimum l’augmentation de la production de cultures
les changements rapides d’affectation des (Fischer, 2008) à une fourchette de 250 à
terres dans les zones déjà cultivées et la 800 millions d’hectares, dont la majeure
conversion de terres non encore cultivées, partie se situe dans les zones tropicales
telles que les herbages ou les forêts.

FIGURE 24
Potentiel d’extension des cultures

Millions d’hectares
1 200

1 000

800

600

400

200

0
Amérique Afrique Pays Pays en Asie de l’Est Asie du Sud Proche-Orient
latine et subsaharienne industriels transition et Afrique
Caraïbes du Nord

Terres arables en utilisation, Autres terres ayant un potentiel


1997-99 pour les cultures non irriguées

Source: FAO, 2003.


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d’Amérique latine ou en Afrique (Fischer, Comme signalé au Chapitre 4, les


2008). terres utilisées pour la production de
Une partie de ces terres pourrait servir biocarburants et de leurs produits dérivés
directement à la production de matières devraient d’après l’AIE augmenter de trois
premières pour les biocarburants, mais à quatre fois au niveau mondial, suivant
l’augmentation de la production de les politiques qui seront suivies dans les
biocarburants sur les terres cultivées prochaines décennies et plus rapidement
existantes pourrait aussi entraîner ailleurs encore en Europe et en Amérique du Nord.
l’accroissement de la production de cultures Les projections de l’OCDE-FAO (2008)
ne servant pas aux biocarburants. Par suggèrent que cette augmentation sera
exemple, l’augmentation de la production de assurée par un passage aux céréales à
maïs pour le bioéthanol au centre des États- l’échelle mondiale pendant la prochaine
Unis d’Amérique a pris la place du soja sur décennie. Le reste des terres nécessaires
certaines terres déjà cultivées, phénomène viendra de terres arables non plantées en
qui, à son tour, peut se traduire par céréales en Australie, au Canada et aux
l’augmentation de la production de soja et la États-Unis d’Amérique, de terres mises
conversion d’herbages ou de forêts dans un de côté dans l’UE ou dans le cadre du
autre endroit du monde. Par conséquent, les Programme de conservation des terres
changements aussi bien directs qu’indirects des États-Unis d’Amérique et de terres
d’affectation des terres occasionnés par nouvelles, actuellement non cultivées, en
l’augmentation de la production de particulier en Amérique latine. Certaines
biocarburants doivent être pris en compte terres qui n’étaient peut-être pas cultivées
pour comprendre l’ensemble des impacts de manière rentable par le passé peuvent
potentiels sur l’environnement. devenir profitables avec l’augmentation
On estime qu’en 2004, à l’échelle des prix des matières premières et la
mondiale, 14 millions d’hectares étaient zone économiquement rentable devrait
utilisés pour produire des biocarburants et se modifier du fait de l’accroissement de
leurs dérivés, soit environ 1 pour cent du la demande de biocarburants et de leurs
total mondial des terres arables (AIE, 2006, matières premières (Nelson et Robertson,
p. 413)13. La canne à sucre est actuellement 2008). Par exemple, 23 millions d’hectares
cultivée sur 5,6 millions d’hectares au Brésil ont été retirés de la production agricole
et 54 pour cent de la récolte (quelque (principalement des céréales) dans des
3 millions d’hectares) servent à produire de pays comme le Kazakhstan, la Fédération
l’éthanol (Naylor et al., 2007). Les exploitants de Russie et l’Ukraine à la suite de
des États-Unis d’Amérique ont récolté du l’éclatement de l’ancienne Union des
maïs sur 30 millions d’hectares en 2004, républiques socialistes soviétiques; sur ce
dont 11 pour cent (environ 3,3 millions total, on estime à 13 millions d’hectares
d’hectares) on servi à produire de l’éthanol la superficie qui pourrait retourner à la
(Searchinger et al., 2008). En 2007, les zones production sans dommage majeur pour
plantées en maïs aux États-Unis d’Amérique l’environnement, si les prix des céréales et
ont augmenté de 19 pour cent (Naylor et les marges bénéficiaires restent élevés et
al., 2007; voir aussi Westcott, 2007, p. 8). Si si les infrastructures nécessaires dans les
la superficie plantée en soja aux États-Unis domaines de la manutention, du stockage et
d’Amérique a baissé de 15 pour cent, au des transports sont réalisées (FAO, 2008e).
Brésil elle devrait augmenter de 6 à 7 pour Au Brésil, la zone plantée en canne
cent pour atteindre 43 millions d’hectares à sucre devrait presque doubler pour
(FAO, 2007c). atteindre 10 millions d’hectares au cours de
la prochaine décennie; ajouté à l’extension
de la superficie du soja dans le pays,
13
Pour la plupart des matières premières pour les ce phénomène pourrait remplacer les
biocarburants de la première génération (comme le maïs, la pâturages pour le bétail et d’autres cultures,
canne à sucre, le colza et l’huile de palme), on ne peut pas accroissant indirectement la pression sur
distinguer l’utilisation finale au stade de la production de
les terres non cultivées (Naylor et al., 2007).
la culture, si bien que la superficie des matières premières
pour les biocarburants est déduite des données sur la La Chine s’est «engagée à empêcher le
production de biocarburants. retour à la production de cultures en ligne»
LES BIOCARBURANTS: PERSPECTIVES, RISQUES ET OPPORTUNITÉS

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des terres inscrites dans son programme 21 pour cent. Au Brésil, le prix des terres
de Reconversion des terres en pente, mais devrait selon les estimations doubler en
cela pourrait intensifier la pression sur raison de l’accroissement de la demande de
les ressources d’autres pays, comme le céréales, de graines oléagineuses et de sucre
Cambodge et la République démocratique de canne, ce qui suggère que les obligations
populaire lao (Naylor et al., 2007). en matière de biocarburants de l’UE et des
L’importance potentielle du changement États-Unis d’Amérique pourraient exercer
indirect d’affectation des terres entraîné par une pression considérable sur les écosystèmes
les biocarburants est illustrée par une analyse dans d’autres régions du monde, comme
récente de Searchinger et al. (2008). Selon la forêt pluviale amazonienne. Banse et al.
leurs prévisions, la superficie plantée en maïs (2008) prévoient aussi des augmentations
pour la production d’éthanol aux États-Unis significatives de l’utilisation agricole des
d’Amérique pourrait augmenter jusqu’à terres, en particulier en Afrique et en
12,8 milliards d’hectares ou plus d’ici à 2016, Amérique latine, du fait de l’application des
suivant la politique suivie et les conditions politiques d’incorporation obligatoire de
du marché. Les réductions de la superficie biocarburants en Afrique du Sud, au Canada,
consacrée au soja, au blé et aux autres aux États-Unis d’Amérique, au Japon et
cultures qui y sont associées feraient monter dans l’UE.
les prix et entraîneraient une augmentation
de la production dans d’autres pays. Cela Intensification
pourrait conduire à la mise en culture à Si l’extension de la superficie en vue de la
l’échelle mondiale de 10,8 millions d’hectares production de matières premières pour les
de terres, y compris une extension des terres biocarburants contribuera probablement de
arables de 2,8 millions d’hectares au Brésil (en façon significative à satisfaire la demande
majorité du soja) et de 2,2 millions d’hectares accrue de biocarburants au cours des années
en Chine et en Inde (principalement du à venir, l’intensification de l’utilisation des
maïs et du blé). Si l’extension des cultures terres grâce à l’amélioration des technologies
prévue suit la configuration observée dans les et des méthodes de gestion devra compléter
années 90, elle proviendrait en premier lieu cette option, en particulier pour que la
des forêts en Europe, en Amérique latine, en production soit stable à long terme. Les
Asie du Sud-Est et en Afrique subsaharienne augmentations des rendements agricoles
et principalement des herbages dans les ont traditionnellement été plus marquées
autres régions du monde. Une des hypothèses en Asie, région densément peuplée, qu’en
essentielles de ce scénario est que les Afrique subsaharienne et en Amérique
augmentations de prix n’accéléreront pas la latine, et cela vaut davantage pour le riz et
croissance des rendements, au moins à court le blé que pour le maïs. Des investissements
terme. publics et privés de grande ampleur
D’autres études soulignent aussi les concernant la recherche destinée à améliorer
changements indirects possibles d’affectation les matériaux génétiques, les intrants et
des terres résultant des politiques relatives l’utilisation de l’eau ainsi que les pratiques
aux biocarburants (Birur, Hertel et Tyner, agronomiques ont joué un rôle essentiel
2007). La réalisation des obligations et pour obtenir ces gains de rendement (Hazell
objectifs actuels concernant les biocarburants et Wood, 2008; Cassman et al., 2005).
dans l’UE et aux États-Unis d’Amérique En dépit de gains significatifs dans
augmenterait sensiblement la part de la les rendements des cultures à l’échelle
production nationale de matières premières mondiale et dans la plupart des régions, les
allant aux biocarburants, tout en réduisant rendements sont restés à la traîne en Afrique
les exportations de produits de base et en subsaharienne. Les rendements réels restent
faisant monter la demande d’importations. inférieurs à ce qu’ils pourraient être dans la
Parmi les effets, on trouverait une extension plupart des régions – comme le montre la
des terres consacrées aux céréales secondaires Figure 25 – ce qui laisse penser qu’il reste
au Canada et aux États-Unis d’Amérique une marge considérable pour accroître la
de 11 à 12 pour cent d’ici à 2010 et de la production sur les terres arables existantes.
superficie consacrée aux graines oléagineuses Evenson et Gollin (2003) ont démontré
au Brésil, au Canada et dans l’UE de 12 à la présence d’un grand décalage dans
72 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 8

FIGURE 25
Potentiel d’accroissement des rendements de certaines cultures destinées
à la fabrication de biocarburants

MAÏS CANNE À SUCRE

Rendement (tonnes/ha) Rendement (tonnes/ha)


10 100

8 80

6 60

4 40

2 20

0 0
États-Unis Argentine Chine Brésil Mexique Inde Mexique Brésil Thaïlande Inde Chine Pakistan
d’Amérique

COLZA PALMIER À HUILE

Rendement (tonnes/ha) Rendement (tonnes/ha)


3.5 6
3.0 5
2.5
4
2.0
3
1.5
2
1.0
0.5 1
0.0 0
Allemagne Royaume- France Chine Canada Inde Chine Malaisie Colombie Indonésie Thaïlande Nigéria
Uni

Rendement actuel Rendement potentiel

Note: Dans certains pays, les rendements actuels dépassent les rendements potentiels grâce Source: FAO.
à l’irrigation, aux cultures multiples, à l’utilisation d’intrants et de diverses pratiques de production.

l’adoption de variétés de cultures modernes certain nombre d’études analytiques


à haut rendement, particulièrement en commencent à évaluer les changements
Afrique. L’Afrique a aussi accumulé du retard d’affectation des terres qu’on peut
dans l’utilisation des autres technologies attendre de l’augmentation de la demande
d’amélioration des rendements, telles que les de biocarburants, mais peu de données
systèmes de gestion intégrée des éléments concrètes sont encore disponibles pour
nutritifs et de lutte contre les ravageurs, prédire la manière dont les rendements
l’irrigation et le travail de conservation seront affectés – soit directement soit
du sol. indirectement – et à quel rythme. Dans un
Tout comme l’augmentation de la exemple, les experts de l’éthanol au Brésil
demande de biocarburants entraîne pensent que, même sans améliorations
des changements directs et indirects de génétiques de la canne à sucre, les
l’affectation des sols, on peut aussi s’attendre rendements pourraient augmenter d’environ
à ce qu’elle déclenche des modifications 20 pour cent au cours des 10 prochaines
des rendements, directement dans la années, grâce uniquement à une meilleure
production des matières premières pour gestion de la chaîne de production (Squizato,
les biocarburants et indirectement dans la 2008).
production d’autres cultures – sous réserve Une partie des cultures actuellement
que les investissements nécessaires soient utilisées comme matières premières dans la
réalisés pour améliorer les infrastructures, production de biocarburants liquides exige
la technologie et l’accès à l’information, des terres agricoles de grande qualité et
à la connaissance et aux marchés. Un des intrants importants en termes d’engrais,
LES BIOCARBURANTS: PERSPECTIVES, RISQUES ET OPPORTUNITÉS

73
de pesticides et d’eau pour obtenir des ressources en eau et pollution, dégradation
rendements économiquement viables. du sol, réduction des éléments nutritifs et
L’importance de la concurrence pour les perte de la biodiversité sauvage et agricole.
ressources entre les cultures énergétiques
et la production de produits alimentaires Impacts sur les ressources en eau
pour les humains et le bétail dépendra, La rareté de l’eau, plus que celle des sols,
entre autres, des progrès réalisés en ce pourrait être, dans de nombreux cas,
qui concerne les rendements des cultures, le facteur principal de limitation de la
l’efficience des produits alimentaires pour production de matières premières pour les
le bétail et les techniques de conversion biocarburants. Environ 70 pour cent de l’eau
des biocarburants. Avec les technologies douce prélevée à l’échelle mondiale sert à
de la deuxième génération fondées sur les l’agriculture (Évaluation exhaustive de la
matières premières lignocellulosiques, cette gestion de l’eau dans l’agriculture, 2007).
compétition pourrait être réduite par les Les ressources en eau pour l’agriculture
rendements plus élevés que permettraient deviennent de plus en plus rares dans de
d’obtenir l’utilisation de ces nouvelles nombreux pays, en raison de la concurrence
technologies. accrue avec les utilisations domestiques
ou industrielles. En outre, les incidences
attendues du changement climatique en
Comment la production de termes de réduction des précipitations et du
biocarburants affectera-t-elle l’eau, ruissellement dans certaines grandes régions
les sols et la biodiversité? productrices (dont le Proche-Orient, l’Afrique
du Nord et l’Asie du Sud) vont exercer une
L’intensification des systèmes de production pression plus importante sur des ressources
agricole pour les matières premières servant déjà rares.
aux biocarburants et la conversion des terres Les biocarburants représentent
arables existantes et nouvelles auront une actuellement environ 100 km3 (soit 1 pour
incidence sur l’environnement, au-delà de cent ) de toute l’eau transpirée par les
leur impact sur les émissions de gaz à effet cultures au niveau mondial et quelque
de serre. La nature et l’ampleur de cette 44 km3 (soit 2 pour cent ) de tous les
incidence dépendent de facteurs tels que prélèvements d’eau d’irrigation (de Fraiture,
l’échelle de production, le type de matières Giordano et Yongsong, 2007). Un grand
premières, les méthodes de culture et de nombre des cultures actuellement utilisées
gestion des terres, la localisation et les pour produire des biocarburants – comme la
voies de traitement en aval. Les données canne à sucre, le palmier à huile et le maïs
sur les impacts spécifiquement associés à – ont des besoins en eau relativement élevés
la production intensifiée de biocarburants pour atteindre des rendements commerciaux
restent limitées, même si la plupart des (voir Tableau 10) et sont par conséquent
problèmes sont similaires à ceux déjà liés plus adaptées à des zones tropicales à fortes
à la production agricole – diminution des pluies, sauf si ces cultures sont irriguées. (La

TABLEAU 10
Besoins en eau des cultures énergétiques
Rendement Évapotranspiration Évapotranspiration
MATIÈRE Rendement Équivalent de Besoins en eau des
annuel possible potentielle de la des cultures
PREMIÈRE énergétique l’évapotranspiration cultures irriguées
en carburant culture pluviales

(Litres/litre de (Litres/litre de
(Litres/ha) (GJ/ha) (mm/ha) (mm/ha) (mm/ha)1
carburant) carburant)

Canne
6 000 120 2 000 1 400 1 000 800 1 333
à sucre
Maïs 3 500 70 1 357 550 400 300 857

Palmier
5 500 193 2 364 1 500 1 300 0 0
à huile
Colza 1 200 42 3 333 500 400 0 0

1
Une efficacité d’irrigation de 50 pour cent étant supposée.
Source: FAO.
74 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 8

production en sec des matières premières élevé sur la base des ressources en eau et
pour les biocarburants est importante au des terres, la marge réelle d’augmentation
Brésil, où 76 pour cent de la canne à sucre de la production irriguée de biocarburants
est produite sans irrigation et aux États- sur des terres existantes ou nouvellement
Unis d’Amérique, où 70 pour cent de la irriguées est limitée par les besoins en
production de maïs n’est pas irriguée.) infrastructures nécessaires pour garantir
Mêmes les plantes pérennes, comme le les livraisons d’eau et par les systèmes de
jatropha et la pongamia, qui peuvent être propriété foncière qui peuvent ne pas
cultivées dans des zones semi-arides sur des être adaptés aux systèmes de production
terres marginales ou dégradées peuvent commerciale. De même, l’expansion peut
exiger un peu d’irrigation lors des étés être restreinte par des coûts marginaux plus
secs et très chauds. En outre, le traitement élevés du stockage de l’eau (les sites les plus
des matières premières pour en faire économiques ont déjà été utilisés) et de
des biocarburants peut utiliser de larges l’achat des terres. La Figure 26 montre que le
quantités d’eau, principalement pour le potentiel de croissance pour le Proche-Orient
lavage des plantes et des semences et pour le et l’Afrique du Nord atteint ses limites. Si les
refroidissement par évaporation. Cependant, ressources en eau restent abondantes dans
c’est la production irriguée de ces matières le sud, l’est et le sud-est de l’Asie, les terres
premières clés pour les biocarburants qui disponibles pour l’extension de l’agriculture
aura le plus grand impact sur les bilans des irriguée sont très rares. La majeure partie de
ressources en eau locales. De nombreuses l’expansion est limitée à l’Amérique latine et
régions irriguées productrices de sucre dans à l’Afrique subsaharienne. Cependant, dans
le sud et l’est de l’Afrique et dans le nord- cette dernière région, il est prévu que les
est du Brésil atteignent déjà les limites volumes actuellement bas des prélèvements
hydrologiques de leurs bassins fluviaux d’eau pour l’irrigation n’augmenteront que
associés. Les bassins fluviaux de l’Awash, lentement.
du Limpopo, du Maputo, du Nil et du São L’accroissement de la production de
Francisco sont concernés. cultures pour les biocarburants affectera
Si le potentiel d’expansion des zones la qualité de l’eau comme sa quantité. La
irriguées peut sembler dans certains cas conversion de pâturages ou de forêts en

FIGURE 26
Potentiel d’extension des zones irriguées

Millions d’hectares
160

140

120

100
80

60

40

20

0
Asie du Sud Asie de l’Est Amérique latine Proche-Orient Afrique
et du Sud-Est et Caraïbes et Afrique subsaharienne
du Nord

Zones irriguées, 2001 Zones adaptées à l’irrigation

Source: FAO.
LES BIOCARBURANTS: PERSPECTIVES, RISQUES ET OPPORTUNITÉS

75
champs de maïs, par exemple, peut exacerber Les pesticides et les autres produits
les problèmes tels que l’érosion des sols, agrochimiques peuvent se diluer dans les
la sédimentation et le ruissellement des organismes aquatiques, ce qui est mauvais
éléments nutritifs excédentaires (azote pour la qualité de l’eau. Le maïs, le soja et les
et phosphore) dans les eaux de surface et autres matières premières des biocarburants
l’infiltration dans la nappe phréatique due ont des besoins en engrais et en pesticides
à l’augmentation de l’apport d’engrais. très différents. Parmi les principales matières
L’excès d’azote dans le système du fleuve premières, le maïs a le plus fort taux
Mississippi est une des principales raisons de d’apport en engrais comme en pesticides par
l’existence d’une «zone morte» totalement hectare. Par unité d’énergie économisée,
privée d’oxygène dans le Golfe du Mexique, les biocarburants tirés du soja et d’autres
où de nombreuses formes de vie marine ne biomasses des prairies à faibles intrants et
peuvent plus survivre. Runge et Senauer très diversifiées ne demandent d’après les
(2007) estiment que, du fait que les rotations estimations qu’une fraction de l’azote, du
maïs-soja sont remplacées aux États-Unis phosphore et des pesticides exigés par le
d’Amérique par la culture en continu du maïs, ce qui entraîne un plus faible impact
maïs pour la production d’éthanol, des sur la qualité de l’eau (Hill et al., 2006;
augmentations importantes de l’apport et du Tilman, Hill et Lehman, 2006).
ruissellement d’engrais azotés vont aggraver
ces problèmes. Impacts sur les ressource en terres
La production de biodiesel et d’éthanol Le changement d’affectation des terres et
entraîne la contamination organique l’intensification de la production agricole
des eaux usées qui, si elles sont relâchées sur les terres déjà cultivées peuvent avoir
sans traitement, peuvent augmenter des effets négatifs importants sur les sols,
l’eutrophisation des organismes aquatiques mais ces effets – comme pour toute culture
de surface. Toutefois, les technologies – dépendent essentiellement des techniques
actuelles de traitement des eaux usées d’agriculture utilisées. Des méthodes de
peuvent régler efficacement le problème culture inadaptées peuvent réduire les
des polluants et des déchets aquatiques. Les matières organiques des sols et augmenter
systèmes de fermentation peuvent réduire leur érosion en supprimant la couverture
la demande biologique en oxygène des eaux permanente du sol. La suppression des
usées de plus de 90 pour cent, si bien que déchets végétaux peut réduire le contenu
l’eau peut être réutilisée pour le traitement, en éléments nutritifs des sols et accroître
et le méthane capturé dans le système les émissions de gaz à effet de serre par des
de traitement et utilisé pour produire de pertes de carbone dans le sol.
l’électricité. En ce qui concerne la distribution D’un autre côté, le travail de conservation
et les phases de distribution et de stockage du sol, les rotations des cultures et les autres
du cycle, les impacts négatifs potentiels sur pratiques d’amélioration de la gestion
les sols et les eaux venant des fuites et des peuvent, dans les conditions adéquates,
débordements sont réduits par rapport à réduire les impacts négatifs ou même
ceux des combustibles fossiles. améliorer la qualité de l’environnement
Au Brésil, où la canne à sucre pour en liaison avec la production de matières
l’éthanol est cultivée principalement premières pour les biocarburants. La culture
sans irrigation, la disponibilité de l’eau de plantes pérennes comme la palme, les
n’est pas un problème, mais sa pollution rotations courtes des taillis, la canne à sucre
associée à l’apport d’engrais et de produits ou le panic érigé (switchgrass) au lieu des
agrochimiques, à l’érosion des sols, au cultures annuelles peut améliorer la qualité
lavage de la canne à sucre et à d’autres des sols en accroissant la couverture du sol
étapes du processus de production de et la quantité de carbone organique. En
l’éthanol est très préoccupante (Moreira, combinaison avec l’absence de culture et
2007). La majeure partie de la vinasse est la réduction de l’usage des engrais et des
utilisée pour l’irrigation et la fertilisation des pesticides, on peut obtenir des effets positifs
plantations de canne à sucre, ce qui réduit sur la biodiversité.
à la fois la demande en eau et les risques Toutes les matières premières n’ont pas les
d’eutrophisation. mêmes impacts sur les sols et ne demandent
76 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 8

pas les mêmes éléments nutritifs ni la même impacts sont négatifs, comme c’est le cas
quantité de préparation du sol. L’AIE (2006, lorsque les paysages naturels sont convertis
p. 393) remarque que l’impact de la canne à en plantations de cultures énergétiques ou
sucre sur les sols est en général moindre que les marais drainés (CDB, 2008). En général,
celui du colza, du maïs et des autres céréales. la biodiversité des espèces sauvages est
La qualité des sols est maintenue par le menacée par la perte d’habitat lorsqu’une
recyclage des éléments nutritifs à partir des zone cultivée est étendue, alors que la
déchets des sucreries et des distilleries, mais biodiversité agricole est vulnérable dans le
l’utilisation d’une plus grande quantité de cas d’une monoculture à grande échelle,
bagasse comme intrant énergétique pour la qui est fondée sur une réserve étroite de
production d’éthanol réduirait le recyclage. matériel génétique et peut aussi conduire
Les systèmes de production extensifs exigent à une réduction de l’utilisation des variétés
la réutilisation des résidus pour recycler les traditionnelles.
éléments nutritifs et maintenir la fertilité du Le premier pas vers la perte de biodiversité
sol; généralement, seuls 25 à 33 pour cent est la perte d’habitat à la suite de la
des résidus de récolte disponibles provenant conversion des terres pour la production de
des herbages ou du maïs peuvent être cultures, par exemple à partir de forêts ou
récoltés d’une manière durable (Doornbosch d’herbages. Comme le note la CDB (2008), de
et Steenblik, 2007, p. 15, citation de nombreuses cultures actuellement destinées
Wilhelm et al., 2007). En créant un marché à la fabrication de biocarburants sont bien
des résidus agricoles, l’augmentation de la adaptées aux zones tropicales. Cela accroît
demande d’énergie pourrait, si elle n’est pas les incitations économiques dans les pays
correctement gérée, détourner les déchets qui possèdent un potentiel de production
vers la production de biocarburants, ce de biocarburants à convertir les écosystèmes
qui pourrait avoir des effets négatifs sur naturels en plantations de matières
la qualité des sols, en particulier sur leurs premières (comme le palmier à huile), ce qui
matières organiques (Fresco, 2007). entraîne une perte de la diversité des espèces
Hill et al. (2006) ont découvert qu’aux sauvages dans ces zones. Les plantations de
États-Unis d’Amérique, la production de soja palmiers à huile n’exigeant pas beaucoup
pour le biodiesel requiert beaucoup moins d’engrais ou de pesticides, même sur les
d’engrais et de pesticides par unité d’énergie sols pauvres, leur expansion peut conduire
produit que le maïs. Toutefois, ils estiment à une perte de forêts pluviales. Même si
que ces deux matières premières demandent une perte dans les habitats naturels due à
plus d’intrants et des terres de meilleure la conversion des terres pour y pratiquer
qualité que ne le feraient les matières des cultures de matières premières pour les
premières de la deuxième génération, biocarburants a été signalée dans plusieurs
comme le panic érigé, les plantes ligneuses pays (Curran et al., 2004; Soyka, Palmer et
ou divers mélanges d’herbes de prairie Engel, 2007), on ne dispose toujours pas des
et de forbs (voir aussi Tilma, Hille et données et des analyses nécessaires pour
Lehman, 2006). Les plantes pérennes évaluer son ampleur et ses conséquences.
lignocellulosiques comme l’eucalyptus, le Nelson et Robertson (2008) ont étudié la
peuplier, le saule ou l’herbe demandent une manière dont la hausse des prix des matières
gestion moins intensive et moins d’intrants premières entraînée par l’augmentation
en énergie fossile et peuvent aussi être de la demande de biocarburants pouvait
cultivées sur des terres de qualité médiocre, induire un changement et une intensification
le carbone du sol et la qualité des sols ayant de l’utilisation des terres au Brésil et ils
tendance à augmenter au fil du temps (AIE, ont découvert que l’expansion agricole
2006). occasionnée par la hausse des prix pouvait
mettre en danger des zones présentant des
Impacts sur la biodiversité espèces d’oiseaux très diversifiées.
La production de biocarburants peut avoir La deuxième grande étape est la perte
quelques effets positifs sur la biodiversité des de biodiversité agricole, entraînée par
espèces sauvages et la biodiversité agricole, l’intensification sur les terres arables,
par exemple moyennant la restauration sous la forme d’uniformité génétique des
des terres dégradées, mais nombre de ses cultures. La plupart des plantations de
LES BIOCARBURANTS: PERSPECTIVES, RISQUES ET OPPORTUNITÉS

77
matières premières pour les biocarburants des pesticides sont appliqués, mais que ses
sont basées sur une espèce unique. La faible performances sur les sols médiocres n’égalent
diversité génétique des graminées utilisées pas celles de diverses plantes pérennes
comme matières premières, comme la natives.
canne à sucre, est aussi préoccupante (The
Royal Society, 2008), car elle augmente la
vulnérabilité de ces cultures à des maladies Peut-on produire des biocarburants
et des organismes nuisibles nouveaux. À dans des zones marginales?
l’inverse, c’est le contraire qui se passe
pour une culture comme le jatropha, dont Les zones marginales ou dégradées se
la diversité génétique est extrêmement caractérisent souvent par le manque
élevée, tout en n’ayant pas encore été d’eau, qui limite à la fois la croissance des
prouvée pour sa plus grande part, ce qui plantes et la disponibilité des éléments
entraîne l’existence d’une large gamme de nutritifs, et par la faible fertilité du sol et
caractéristiques génétiques qui diminue sa des températures élevées. Les problèmes
valeur commerciale (FIDA/FAO/Fondation couramment rencontrés dans ces zones sont
pour les Nations Unies, 2008). la dégradation de la végétation, l’érosion
En ce qui concerne les matières premières hydraulique et éolienne, la salinisation, le
de la deuxième génération, une partie compactage et l’encroûtement du sol et
des espèces promues sont classées comme la diminution des éléments fertilisants. La
espèces envahissantes, ce qui donne lieu à de pollution, l’acidification, l’alcanilisation et
nouvelles préoccupations quant à la manière l’engorgement peuvent aussi se rencontrer
de les gérer et d’éviter des conséquences dans certains endroits.
involontaires. En outre, la plupart des Des cultures pour biocarburants
enzymes nécessaires à leur conversion sont qui peuvent tolérer des conditions
génétiquement modifiées pour accroître environnementales que les cultures vivrières
leur efficacité et devraient être gérées avec pourraient ne pas supporter peuvent
prudence dans des processus de production offrir l’occasion de donner une utilisation
industriels fermés (FCP, 2007). productive à des terres dont les avantages
Des effets positifs sur la biodiversité économiques sont actuellement faibles. Des
ont été notés dans les zones dégradées cultures comme le manioc, le ricin, le sorgho
ou marginales, où ont été introduites des à sucre, le jatropha et la pongamia sont des
combinaisons d’espèces pérennes afin de candidats potentiels, comme les cultures
restaurer le fonctionnement de l’écosystème arboricoles qui tolèrent un climat sec, telles
et d’accroître la biodiversité (CDB, 2008). que l’eucalyptus. Il faut toutefois noter que
Des données expérimentales recueillies les terres marginales fournissent souvent des
sur des parcelles tests de sols dégradés et moyens de subsistance aux ruraux pauvres,
abandonnés (Tilman, Hill et Lehman, 2006) dont de nombreuses activités agricoles
montrent que les combinaisons à faibles réalisées par les femmes. La question
intrants et à haute diversité de graminées de savoir si les pauvres vont profiter ou
pérennes natives – qui offrent une large souffrir de l’introduction de la production
gamme de services pour l’écosystème, dont de biocarburants sur les terres marginales
un habitat d’espèces sauvages, la filtration de dépend essentiellement de la nature et de la
l’eau et la fixation du carbone – produisent sécurité de leurs droits fonciers.
aussi des économies nettes d’énergie plus Il n’est pas inhabituel d’entendre affirmer
élevées (mesurée par l’énergie relâchée lors que des étendues importantes de terres
de la combustion), de plus fortes réductions marginales existent et pourraient être
des émissions de gaz à effet de serre et consacrées à la production de biocarburants,
une moindre pollution agrochimique que réduisant ainsi le conflit avec les cultures
l’éthanol de maïs ou le biodiesel de soja vivrières et offrant un nouvelle source de
et que les performances augmentent avec revenus aux agriculteurs démunis. Même
le nombre d’espèces. Les auteurs de cette si ces terres seraient moins productives
étude ont aussi découvert que le panic et sujettes à des risques plus élevés,
érigé peut être très productif sur les sols leur utilisation pour des plantations
fertiles, en particulier lorsque des engrais et bioénergétiques pourrait avoir des avantages
78 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 8

ENCADRÉ 11
Jatropha – une plante «miracle»?

Plante énergétique, Jatropha curcas (L.) L’intérêt pour le jatropha et ses atouts
(jatropha) fait beaucoup parler d’elle se sont traduits par la mise en œuvre
dans les médias. Il s’agit d’une plante de nombreux projets de production à
résistante à la sécheresse qui croît sur des grande échelle de biodiesel et d’huile et
terres appauvries et se contente de 300 à le développement de petites exploitations
1 000 mm de pluies par an. Elle s’adapte rurales. Les investisseurs nationaux et
facilement au milieu ambiant, peut internationaux se pressent pour acquérir
contribuer à la remise en valeur de terres des terres afin de cultiver cette plante
érodées et sa croissance est rapide. Ces à grande échelle dans les pays suivants:
caractéristiques intéressent de nombreux Belize, Brésil, Chine, Éthiopie, Gambie,
pays en développement qui, concernés par Honduras, Inde, Indonésie, Mozambique,
la diminution de la couverture végétale Myanmar, Philippines, République-Unie
et de la fertilité des sols, recherchent des de Tanzanie et Sénégal. Le projet le plus
plantes énergétiques qui ne concurrencent ambitieux est celui du Gouvernement
pas forcément les plantes vivrières. Par indien. Baptisé «Mission nationale», il
ailleurs, cet arbuste produit des semences a pour but de cultiver 400 000 ha de
de deux à cinq ans après sa plantation. Les jatropha de 2003 à 2007 (Gonsalves, 2006).
graines contiennent 30 pour cent d’huile, D’ici 2011-12, l’objectif est de remplacer
une huile déjà utilisée pour fabriquer du 20 pour cent de la consommation de
savon, des bougies et dont les propriétés diesel par du biodiesel à base de jatropha.
médicales sont proches de celles de Les cultures, qui occuperaient près de
l’huile de ricin. L’huile de jatropha sert 10 millions d’hectares de terres stériles,
également à la cuisine et à la production procureraient un emploi à cinq millions
d’électricité. Provenant de l’Amérique de personnes (Gonsalves, 2006; Francis,
latine, du Nord et centrale, le jatropha Edinger et Becker, 2005). Ce projet est
compte trois variétés originaires du peut-être trop ambitieux. En effet, selon
Nicaragua, du Mexique (caractérisée par Euler et Gorriz (2004), seule une partie
sa toxicité plus faible ou inexistante) et des 400 000 ha affectés au jatropha par
du Cap-Vert. La troisième de ces variétés le Gouvernement indien est actuellement
s’est établie au Cap-Vert avant de se cultivée.
propager dans certaines régions d’Afrique Le jatropha est aussi très répandu en
et d’Asie. Au Cap-Vert, cette plante a Afrique, souvent sous forme de haies qui
été cultivée à grande échelle afin d’être séparent les propriétés dans les villes et
exportée au Portugal pour l’extraction les villages. Le Mali compte des milliers
d’huile et la fabrication de savon. À son de kilomètres de haies de jatropha.
point culminant, en 1910, les exportations Elles protègent les jardins du bétail et
de jatropha dépassaient les 5 600 tonnes contribuent à réduire les effets nocifs de
(Heller, 1996). l’érosion due au vent et à l’eau. La graine

secondaires, comme la restauration de la nutritifs aboutira à des rendements moins


végétation dégradée, la capture du carbone élevés. Le jatropha résistant à la sécheresse
et des effets bénéfiques sur l’environnement. et le sorgho à sucre ne font pas exception
Cependant, dans la plupart des pays, on a à la règle. Pour obtenir des rendements
peu de renseignements sur la capacité de ces commercialement acceptables, les plantes
terres à servir à une production durable de et espèces arboricoles ne peuvent pas être
biocarburants. sollicitées au-delà de certaines limites;
La pratique d’une culture, quelle qu’elle en fait, elles tireront avantage d’apports
soit, sur des terres marginales avec de faibles supplémentaires modestes. Ainsi, alors que
quantités d’eau et d’apports en éléments des cultures améliorées peuvent offrir un
LES BIOCARBURANTS: PERSPECTIVES, RISQUES ET OPPORTUNITÉS

79

est déjà utilisée dans la fabrication du jatropha peut, à petite échelle, contribuer
savon et à des fins médicinales, et l’huile à la conservation des terres et des eaux,
de jatropha est aussi recommandée par à la remise en valeur des terres, à la lutte
une organisation non gouvernementale contre l’érosion, voire servir à des fins
pour alimenter en énergie des plates- diverses: haies vives, bois de feu, engrais
formes multifonctionnelles au moyen d’un vert, combustible d’éclairage, production
moteur diesel à vitesse lente contenant locale de savon, insecticides et applications
une presse à huile, un générateur, un petit médicinales. Les auteurs concluent
chargeur de batteries et un moulin de cependant qu’il n’existe pas de preuves
broyage (PNUD, 2004). Des petits projets scientifiques montrant que l’on peut
pilotes d’électrification promouvant simultanément obtenir des rendements en
l’utilisation du jatropha sont mis en œuvre huile élevés et une faible consommation
dans des zones rurales en République-Unie de nutriments (fertilité du sol), d’eau, de
de Tanzanie et dans d’autres pays africains. main-d’œuvre, une moindre concurrence
Malgré des investissements et des avec des plantes vivrières et une résistance
projets considérables exécutés dans accrue aux organismes nuisibles et aux
de nombreux pays, il n’existe aucune maladies. Les lacunes les plus criantes
publication de données scientifiques sur à cet égard sont le manque de variétés
l’agronomie du jatropha et peu d’études améliorées et de semences disponibles.
sur le lien entre les rendements et des Le jatropha n’a pas encore prouvé qu’il
variables comme le sol, le climat, la gestion était une plante de culture dont les
des cultures et le matériel génétique performances sont fiables.
sur lesquelles fonder des décisions Il y a tout lieu de penser que
d’investissement. Les données existantes l’engouement pour le jatropha repose sur
font état de rendements très divers qui ne des données irréalistes et qu’il se soldera
peuvent pas être associés à des paramètres par de lourdes pertes financières et une
pertinents comme la fertilité du sol et la perte de confiance des communautés
disponibilité de l’eau (Jongschaap et al., locales, un thème récurrent dans de
2007). Dans les années 90, des projets de nombreux pays africains. Les incertitudes
plantations de jatropha comme le projet qui pèsent sur la production et la
«Tempate» au Nicaragua, exécuté de 1991 commercialisation du jatropha devront être
à 1999, se sont soldés par des échecs (Euler levées si l’on veut maintenir durablement
et Gorriz, 2004). les plantations. Il conviendrait d’étudier la
Il semble en effet que les nombreuses pertinence du matériel génétique ainsi que
qualités dont est parée cette plante les rendements dans diverses conditions, et
n’aient pas été véritablement démontrées de mettre en place des marchés pour que
dans des projets de longue durée. Selon le développement durable de cette plante
Jongschaap et al. (2007), la culture du soit assuré.

certain potentiel à long terme, des éléments De nombreuses études confirment que
nutritifs, de l’eau et des moyens de gestion la valeur des rendements économiques
en suffisance restent nécessaires pour plus élevés obtenus sur des bonnes
assurer des rendements économiquement terres agricoles compense en général tous
significatifs, ce qui implique que même les coûts supplémentaires. Il est donc fort
les cultures de pleine terre pratiquées probable que la demande soutenue de
sur des terres marginales continueront à biocarburants intensifiera la pression sur
concurrencer les cultures vivrières pour les les bonnes terres, qui permettent de réaliser
ressources telles que les éléments nutritifs de meilleurs rendements (Azar et Larson,
et l’eau. 2000).
80 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 8

De bonnes pratiques agricoles combinées


Assurer une production à de bonnes pratiques forestières pourraient
de biocarburants durable sur sensiblement réduire les effets négatifs sur
le plan environnemental l’environnement liés à la promotion possible
d’une intensification durable aux limites des
Bonnes pratiques forêts. Des méthodes basées sur l’intégration
Les bonnes pratiques visent à utiliser les de l’agriculture, de la sylviculture, des
connaissances disponibles pour aborder la pâturages et de l’élevage du bétail
dimension de développement durable de la pourraient aussi être envisagées lorsque les
production, de la récolte et du traitement cultures bioénergétiques font partie de la
sur l’exploitation des matières premières combinaison.
pour les biocarburants. Cet objectif
s’applique aux problèmes de gestion des Normes, critères de durabilité
ressources naturelles tels que les terres, et conformité
le sol, l’eau et la biodiversité ainsi qu’à Bien que les impacts multiples et divers sur
l’analyse du cycle de vie utilisée pour estimer l’environnement du développement de la
les émissions de gaz à effet de serre et bioénergie ne diffèrent pas sensiblement
déterminer si tel ou tel biocarburant est de ceux des autres formes d’agriculture,
plus adapté au changement climatique il faut encore étudier la manière dont ils
qu’un combustible fossile. En pratique, peuvent être au mieux évalués et reflétés
la protection des sols, de l’eau et des dans les activités de terrain. Les techniques
cultures, la gestion de l’énergie et de l’eau, existantes d’évaluation de l’impact
la gestion des éléments nutritifs et des sur l’environnement et les évaluations
produits agrochimiques, la préservation de stratégiques environnementales constituent
la biodiversité et des paysages, la récolte, un bon point de départ pour analyser
le traitement et la distribution sont autant les facteurs biophysiques. En outre, de
de domaines où de bonnes pratiques sont nombreuses connaissances techniques
nécessaires pour aborder le développement ont été tirées du développement de
durable de la bioénergie. l’agriculture au cours des 60 dernières
L’agriculture de conservation est une années. Les nouvelles contributions du
pratique qui a pour objet d’obtenir une secteur de la bioénergie comprennent un
agriculture durable et rentable pour les cadre analytique pour la bioénergie et
agriculteurs et les habitants des campagnes la sécurité alimentaire et pour l’analyse
en bouleversant au minimum le sol et d’impact de la bioénergie (FAO, à paraître
en assurant une couverture organique (a) et (b)); des travaux sur l’impact
permanente du sol et des rotations de global sur l’environnement, y compris
cultures diversifiées. Dans le cadre de l’accent l’acidification des sols, l’utilisation excessive
actuellement mis sur le stockage du carbone des engrais, la perte de biodiversité, la
et les technologies qui réduisent l’intensité pollution atmosphérique et la toxicité des
énergétique, cette méthode semble pesticides (Zahi et al., 2007); et des études
particulièrement adaptée. Elle semble aussi sur les critères de durabilité sociale et
répondre à des situations où les labours sont environnementale, y compris les limites
rares et où il faut préserver l’humidité et la de la déforestation, la concurrence avec la
fertilité des sols. Des interventions comme le production vivrière, les impacts négatifs
travail mécanique des sols sont réduites au sur la biodiversité, l’érosion des sols et le
minimum et des intrants comme les produits lessivage des éléments nutritifs (Faaij, 2007).
agrochimiques et les éléments nutritifs Le secteur des biocarburants se caractérise
d’origine minérale ou organique sont par un large éventail d’acteurs aux intérêts
appliqués au niveau optimal et en quantité divers. Cette configuration, combinée à
qui ne mettent pas en danger les processus l’évolution rapide du secteur, a conduit à une
biologiques. L’agriculture de conservation prolifération d’initiatives destinées à assurer
s’est révélée efficace dans une large gamme un développement durable de la bioénergie.
de zones agroécologiques et de systèmes Actuellement, de nombreux organismes
d’exploitation. publics et privés envisagent la mise au point
LES BIOCARBURANTS: PERSPECTIVES, RISQUES ET OPPORTUNITÉS

81
D’une part, étant donné qu’il est
de principes, de critères et d’exigences, impossible de distinguer la plupart
assortis de mécanismes de conformité des impacts des biocarburants sur
permettant d’évaluer les performances et l’environnement de ceux provenant de
de guider le développement du secteur. l’augmentation de la production agricole
La cellule d’intervention du Partenariat en général, on peut estimer que les mêmes
mondial sur les bioénergies travaillant sur normes doivent être appliquées partout. En
les méthodologies relatives aux gaz à effet outre, le fait de restreindre les changements
de serre et sur la durabilité et la Table ronde d’affectation des terres pourrait empêcher
sur les biocarburants durables sont parmi les pays en développement de bénéficier
eux, au même titre que de nombreuses des opportunités offertes par la demande
autres initiatives publiques, privées et sans accrue de produits agricoles de base.
but lucratif. Cette diversité suggère qu’un D’autre part, les producteurs agricoles et les
processus d’harmonisation des diverses décideurs devraient tirer des leçons fortes
approches pourrait être utile, en particulier des erreurs commises par le passé et éviter
du fait des obligations et objectifs politiques les impacts négatifs sur l’environnement qui
qui servent à stimuler encore davantage la avaient accompagné la conversion des terres
production de biocarburants. agricoles et l’intensification des cultures.
Les critères sont en majorité mis au Pour résoudre ce dilemme, il faudra
point dans les pays industrialisés et visent instaurer un dialogue et des négociations
à garantir que les biocarburants sont prudentes entre les différents pays, si l’on veut
produits, distribués et utilisés d’une manière à la fois obtenir la croissance de la productivité
durable sur le plan de l’environnement, agricole et la durabilité environnementale.
avant d’être commercialisés sur les marchés On pourrait commencer par établir pour
internationaux. La Commission européenne, la production durable de biocarburants de
par exemple, a déjà proposé des critères bonnes pratiques, qui pourraient ensuite aider
qu’elle considère comme compatibles avec les à transformer les pratiques d’exploitation pour
règles de l’OMC (communication personnelle, les cultures non destinées aux biocarburants. À
E. Deurwaarder, Commission européenne, plus long terme, et en liaison avec des mesures
2008). Jusqu’à présent toutefois, aucun n’a de renforcement des capacités pour les pays
encore été testé, notamment en liaison avec qui en ont besoin, des normes et des systèmes
les dispositifs publics de soutien comme les de certification plus sévères pourraient être
subventions ou dans le cadre des traitements mis au point.
préférentiels du commerce international Une possibilité à explorer serait de
(Doornbosch et Steenblik, 2007; CNUCED, payer les services environnementaux
2008). fournis en liaison avec la production de
Le terme de «normes» implique des biocarburants. La rémunération des services
systèmes rigoureux de mesure des environnementaux a été examinée en détail
paramètres par rapport à des critères dans l’édition 2007 de La situation mondiale
définis, au titre desquels la non-conformité de l’alimentation et de l’agriculture. Ce
empêcherait un pays d’exporter son mécanisme rémunérerait les agriculteurs qui
produit. Ces systèmes établis par des accords fournissent des services environnementaux
internationaux existent déjà pour un certain spécifiques en appliquant des méthodes
nombre de domaines relevant de la sécurité de production plus durables pour
alimentaire, de la chimie et de la santé l’environnement. Les paiements pourraient
publique. Le secteur des biocarburants être liés à la conformité à des normes et
est-il suffisamment développé pour qu’on des programmes de certification ayant fait
établisse un tel système et les risques l’objet d’un accord à l’échelle internationale.
sont-ils suffisamment grands pour que son Les mécanismes de paiement pour les services
absence fasse peser des menaces importantes environnementaux, s’ils sont difficiles et
et irréversibles sur la santé publique ou compliqués à mettre en œuvre, pourraient
l’environnement? Les biocarburants doivent- constituer un outil de plus pour garantir
ils être traités plus sévèrement que les autres que les biocarburants sont produits dans des
produits agricoles de base? conditions durables.
82 L A S I T UAT I O N M O N D I A L E D E L‘A L I M E N TAT I O N E T D E L‘AG R I C U LT U R E 2 0 0 8

essentiels pour atténuer la pression


Messages clés du chapitre sur l’utilisation des sols exercée par
les cultures vivrières comme par les
• Les biocarburants ne sont qu’un des cultures énergétiques. Il faudra réaliser
éléments d’une série de moyens pour des recherches ciblées, investir dans les
réduire les émissions de gaz à effet de technologies et renforcer les institutions
serre. Selon les objectifs politiques fixés, et les infrastructures.
d’autres options peuvent se révéler • Les impacts sur l’environnement
plus efficaces par rapport aux coûts, varient sensiblement selon les matières
dont différentes formes d’énergie premières, les méthodes de production
renouvelable, une meilleure efficacité et la situation géographique et
et conservation de l’énergie et la dépendent fortement de la manière
réduction des émissions provenant de la dont le changement d’affectation des
déforestation et de la dégradation des terres est géré. Le remplacement de
sols. cultures annuelles par des matières
• Étant donné que les impacts de la premières pérennes (comme l’huile
production accrue de biocarburants de palme, le jatropha ou les herbes
sur les émissions de gaz à effet de pérennes) peut améliorer les bilans en
serre, les sols, l’eau et la biodiversité carbone des sols, mais la conversion
varient sensiblement selon les pays, de forêts tropicales à la production de
les biocarburants eux-mêmes, les cultures, quelles qu’elles soient, peut
matières premières et les méthodes de relâcher des quantités de gaz à effet de
production, il faut absolument mettre serre bien supérieures aux économies
immédiatement au point des approches annuelles que permettraient de réaliser
harmonisées de l’analyse du cycle de vie, les biocarburants.
des bilans des gaz à effet de serre et des • La disponibilité des ressources en
critères de durabilité. eau, plafonnée par des facteurs
• Les bilans des émissions de gaz à effet techniques et institutionnels, limitera
de serre ne sont pas positifs pour le volume de la production de matières
toutes les matières premières. Afin de premières pour les biocarburants dans
répondre au changement climatique, les des pays qui auraient eu sans cela un
investissements doivent être dirigés vers avantage comparatif à pratiquer cette
les cultures qui ont les bilans d’émission production.
de gaz à effet de serre positifs les plus • Les approches réglementaires des normes
élevés, assortis des coûts sociaux et et des certifications ne constituent pas
environnementaux les plus bas. forcément la première ou la meilleure
• Des impacts sur l’environnement peuvent manière d’obtenir une participation
être générés à tous les stades de la large et équitable à la production de
production de matières premières pour biocarburants. Les systèmes qui intègrent
les biocarburants, mais les processus liés les bonnes pratiques et le renforcement
au changement et à l’intensification des capacités peuvent donner à court
de l’utilisation des sols tendent à terme de meilleurs résultats et assurer la
occuper la première place. Au cours de flexibilité nécessaire pour l’adaptation
la prochaine décennie, une croissance à l’évolution des circonstances. Le
rapide de la demande de biocarburants paiement des services environnementaux
due aux politiques mises en place devrait peut aussi être un des moyens
accélérer la conversion de terres non d’encourager la conformité à des
agricoles à la production de cultures. Ce méthodes de production durables.
phénomène interviendra directement • Les matières premières pour les
pour la production de matières biocarburants et les autres cultures
premières pour les biocarburants et vivrières et agricoles devraient être
indirectement pour les autres cultures traitées de la même manière. Les
remplacées par des cultures existantes. inquiétudes quant à l’environnement
• Des rendements améliorés et une pour la production de matières
utilisation prudente des intrants seront premières destinées aux biocarburants
LES BIOCARBURANTS: PERSPECTIVES, RISQUES ET OPPORTUNITÉS

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sont les mêmes que pour l’impact matières premières, comme les herbes
de l’accroissement de la production ou les arbres, peuvent diversifier les
agricole en général; des mesures visant systèmes de production et contribuer
à assurer la durabilité doivent donc être à amender les terres marginales ou
appliquées de façon cohérente à toutes dégradées.
les cultures. • Les politiques nationales doivent devenir
• De bonnes pratiques agricoles, telles que plus conscientes des conséquences
l’agriculture de conservation, peuvent internationales du développement des
réduire l’empreinte carbone et les biocarburants. Le dialogue international,
effets négatifs pour l’environnement souvent mené dans le cadre de
de la production de biocarburants mécanismes existant déjà, peut aider à
– de la même façon qu’elles le font élaborer des obligations et des objectifs
pour la production agricole extensive réalistes et réalisables en matière de
en général. Les cultures pérennes de biocarburants.

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