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CHAPITRE DEUXIEME : la preuve des transactions électroniques :

Du moment qu’une grande partie des échanges se font aujourd’hui sur la toile, la preuve
s’avère donc un élément fondamental pour assurer la sécurité des transactions électroniques.
Cela a poussé le législateur Tunisien à élaborer un cadre juridique adapté au commerce
électronique.

Section 1ère : la signature électronique


La signature est la manifestation de la volonté. C’est la matérialisation du consentement qui
sera opposée à son propre auteur. Classiquement la signature manuscrite est apposée sur l’acte
juridique qui prend la forme d’un écrit. Depuis la loi n° 2000-57 du 13 juin 2000 qui a
modifié certains articles du COC ; la signature peut être donnée par voie électronique ce qui
entraîne la disparition du support matériel.

§1/ Présentation de la signature électronique.


A/ définition : L’art 453 al 2 considère que la signature électronique « consiste en l’utilisation
d’un procédé d’identification fiable garantissant le lien entre ladite signature et le document
électronique auquel elle se rattache ». Elle peut donc être considérée comme le résultat de
différents moyens et processus d’identification permettant de remplir les fonctions de la
signature. C’est donc une donnée électronique qui permet l’authentification.
B/ les fonctions de la signature électronique : Elle a les mêmes rôles que la signature
manuscrite sur support papier :

1. L’identification du signataire :
Grâce à la signature numérique, les documents et lettres électroniques sont
reconnus immédiatement par les destinataires. En effet, cette forme de signature
est souvent créée à l’image de son utilisateur. Le législateur Tunisien considère
que c’est un procédé d’identification : La signature électronique permet
d’identifier formellement le signataire du contrat et de confirmer son lien avec le
document signé.
Ceci n’est valable que pour une signature électronique dite « avancée », c’est-à-
dire délivrée par un prestataire de services de certification électronique.
2. Exprime la volonté, elle a la même valeur juridique que la signature manuscrite :
elle exprime la volonté et l’accord sur le contenu de l’engagement. Elle engage
donc les signataires. Cette idée rejoint le principe énoncé par la loi puisque le
contrat est formé dès l’échange des consentements, l’écrit n’est exigé que comme
moyen de preuve.

§2/ La fiabilité de la signature électronique.


Le législateur dispose dans l’art 453 al2 du COC que la signature électronique est un procédé
d’identification fiable. La fiabilité est donc présumée par la loi jusqu'à preuve du contraire.
A/ qualification de la présomption : la fiabilité de cette signature ne se vérifie que si elle
vérifie certaines conditions qui ont été déterminée par l’arrêté du ministre des
télécommunications du 19 juillet 2001 qui a prévu dans l’art 2 ce qui suit : « Toute personne
désirant créer une signature électronique doit utiliser un dispositif comprenant :
 Une paire de clés propre à lui, composée d’une clé privée utilisée pour la création de
la signature et d’une clé publique utilisée pour la vérification de la signature
 Un mot de passe ».

En Tunisie la signature doit être obligatoirement certifiée c'est-à-dire accompagnée d’un


certificat délivré par le fournisseur de services de certification accrédité. Ainsi, une signature
certifiée et vérifiant le dispositif annoncé par l’arrêté ministériel ; a pour effet de faire
supporter la charge de la preuve à celui qui conteste le document. La présomption instaurée
par le législateur est simple puisqu’elle admet la preuve du contraire.
B/ La sécurisation de la signature :
La signature électronique se différencie de la signature écrite par le fait qu’elle n’est pas
visuelle mais correspond à un nombre ou une suite de nombres. En effet, l’action de signer
numériquement produit une information binaire appelée communément signature
électronique. Un document peut contenir plusieurs signatures électroniques. Les signatures
électroniques sont créées et vérifiées grâce aux certificats électroniques
Un certificat électronique est un document sous forme électronique qui a pour but
d’authentifier l’identité de la personne signataire : c’est la carte d’identité du monde
électronique
 Qui délivre ce certificat
Le certificat électronique doit être délivré par une autorité de certification (AC) qui est un
organisme reconnu comme étant compétent pour délivrer des certificats. C’est donc un
fournisseur de services de certification muni d’une autorisation de L’Agence nationale de
certification électronique sous tutelle du ministère des technologies de la communication et de
l’économie numérique.
Elle s'engage sur l'identité des personnes à qui elle délivre les certificats.
Elle est responsable (vis-à-vis de ses clients, mais aussi de toute personne se fiant à un
certificat électronique qu'elle a émis) de l'ensemble du processus de certification, et, de la
validité des certificats qu'elle émet.
L’objectif est d’assurer l’efficacité de cette signature comme moyen de preuve et son
admissibilité en justice ; ainsi qu’une parfaite confiance dans la signature. Le certificat délivré
est une pièce d’identité sur internet.
Ce tiers certificateur est responsable du préjudice subi par toute personne qui s’est fiée de
bonne foi au contenu du certificat.

Section 2ème : le document électronique :


Traditionnellement, qui dit contrat, dit écrit, donc un support matériel. Mais du moment que
les besoins de contracter plus vite se sont exprimés par les professionnels et par les clients, il a
donc fallu opter pour l’écrit électronique. Le législateur Tunisien a introduit la notion de
document électronique dans le COC à travers la loi du 13 juin 2000 dans l’art 453 (bis).
§1/ La notion du document électronique :
L’art 453 (bis), définit le document électronique comme étant : « … l’écrit composé d’un
ensemble de lettres et chiffres ou autres signes numériques y compris celui qui est échangé
par les moyens de communication à condition qu’il soit d’un contenu intelligible, et archivé
sur un support électronique qui garantit sa lecture et sa consultation en cas de besoin … »
D’après cet article on peut dégager des conditions liées à la forme et d’autres liées au contenu
du document électronique.
A/ La forme : le document électronique est toujours un écrit mais il prend une forme
électronique à condition qu’elle soit intelligible. Le support et les modalités de transmissions
sont donc différents. Il peut être transmis sous format électronique tel qu’E-mail, lien de
téléchargement, clé USB, CD…
B/ le contenu : L’idée est celle d’attribuer au document électronique les mêmes
caractéristiques attribuées au document matériel pour qu’il remplisse les mêmes fonctions.
L’art 453 (bis) du COC, dispose que cette admissibilité dépend de l’archivage, qui doit être
sur un support électronique pour faciliter sa consultation en cas de besoin c'est-à-dire pour sa
mise à l’épreuve. Bien évidemment, l’archivage doit être fiable. Selon l’art 4 de la loi n°2000-
83, il faut qu’il, permette une conservation assurant l’intégralité de son contenu mais aussi de
permettre une traçabilité de son origine et sa destination. Ces conditions sont directement liées
à la recevabilité de ce document comme moyen de preuve.
Il faut donc que cet archivage permette d’assurer le fait que ces supports ne soient pas altérés
(modifiés), manipulés ou encore falsifiés après leur création et leur publication. Ce rôle est
celui du tiers certificateur qui assure la confidentialité du contenu ; il est assimilé au « notaire
électronique ».
§2/ Le document électronique : moyen de preuve.
La dématérialisation de l’écrit, ne lui fait pas perdre sa force probatoire. L’écrit sur support
électronique est reconnu comme instrument de preuve. L’art 453(bis) du COC alinéa 2
dispose que « le document électronique fait preuve comme acte sous seing privé… ». Il n’est
donc pas possible de l’assimiler à un acte authentique. Par conséquent, toutes les conventions
qui ne peuvent être accomplies que sous formes d’actes authentiques, ne peuvent pas être
électroniques. Mais pour que l’écrit électronique acquière cette force probante, il faut qu’il
vérifie les conditions énoncées.

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