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Droit des transactions électroniques

CERAP Dr Ibrahim COULIBALY


Master 2 Droit des Affaires 08 00 97 24
2019-2020 coulibai@yahoo.fr
Notion de « transaction électronique »
La notion se rapporte aux « échanges ou transactions, de quelque nature
qu’ils soient, prenant la forme d’un message ou d’un document électronique
».

Par document, il faut entendre « le résultat d’une série de lettres, de


caractères, de chiffres, de figures ou de tous les autres signes ou symboles qui
a une signification intelligible, quels que soient leur média et leurs modalités
de transmission.

Message électronique désigne « toute information créée, envoyée, reçue ou


conservée par des moyens électroniques ou optiques ou des moyens
analogues, notamment, mais non exclusivement, l'échange de données
informatisées (EDI), la messagerie électronique, le télégraphe, le télex et la
télécopie.
Les transactions électroniques font l’objet d’une double
règlementation au niveau régional et national.

Au niveau régional, ce sont :


- Acte additionnel A/SA.2/01/10 portant transactions
électroniques dans l’espace de la CEDEAO, 16 février 2010
(CEDEAO)
- Convention sur la cyber sécurité et la protection des données
à caractère personnel, 2014 (Union Africaine), dite
Convention de Malabo

En Côte d’Ivoire, il s’agit de la Loi n° 2013-546 du 30 juillet 2013


relative aux transactions électroniques
PLAN

Partie 1 : Cadre juridique général des transactions électroniques


Chapitre 1 : L’écrit sous forme électronique
Chapitre 2 : La sécurisation des transactions électroniques
Chapitre 3 : L’archivage électronique

Partie 2 : La conclusion des contrats par voie électronique


Chapitre 1 : Généralités sur conclusion des contrats par voie électronique
Chapitre 2 : La publicité par voie électronique
Chapitre 3 : Le commerce électronique
Partie 1 : Cadre juridique général des transactions
électroniques

Chapitre 1 : L’écrit sous forme électronique

Section 1 : L’admission de la validité de l’écrit sous forme électronique


§ 1 – Principe de l’admission
§ 2 – Conditions de l’admission

Section 2 : La caractérisation de l’écrit numérique


§ 1 – Modalités générales relative à l’écrit sous forme électronique
§2 – Exclusions
Section 1 : L’admission de la validité de l’écrit sous
forme électronique

§ 1 – Principe de l’admission

l’écrit sous forme


Article 6.6 de la Convention de Malabo, «
électronique est admis en preuve au même titre que
l’écrit sur support papier et a la même force probante
que celui-ci, sous réserve que puisse être dûment
identifiée la personne dont il émane et qu’il soit établi
et conservé dans des conditions de nature en garantir
l’intégrité ».
Définition de l’écrit

« toute suite de lettres, de caractère, de chiffres ou de tout autre signes ou


symboles dotés de signification intelligible, quels que soient leur support et
modalités de transmission ».

Définition neutre, indépendante du support.


Fin du monopole du papier.
L’écrit n’est pas exclusivement sous forme papier. Il peut être électronique.
Article 3. a de la Convention, « la
copie ou toute reproduction
d’actes passés par voie électronique a la même force
probante que l’acte lui-même lorsqu’elle est certifiée
conforme par les organismes agréés par une autorité
de l’Etat Partie ».
Selon l’article 23 de la loi ivoirienne relative aux transactions électroniques, «
l’écrit sous forme électronique est admis comme mode de preuve au même
titre que l’écrit sur forme papier et a la même force probante que celui-ci,
sous réserve de l’identification de la personne dont il émane et de sa
conservation dans des conditions de nature à en garantir l’intégrité ».

Exemple concrets :

- Livre foncier numérique


- Déclaration et paiement des impôts en ligne (télé procédures)
- Actions en justice par voie électronique
- Ordonnance relative aux échanges électroniques entre les usagers et les
autorités administratives et entre autorités administratives
§ 2 – Conditions de l’admission de la validité de l’écrit
sous forme électronique

Validité de l’écrit sous forme numérique «


sous réserve que puisse
être dûment identifiée la personne dont il émane et
qu’il soit établi et conservé dans des conditions de
nature en garantir l’intégrité ».

* Identification de l’auteur de l’écrit


* Garantie de l’intégrité de l’écrit (création et conservation)
* Certification
L’identification de l’auteur de l’acte
- Une condition nécessaire
- Moyens d’identification de l’auteur de l’acte

* Signature électronique

Définition « une donnée sous forme électronique, qui jointe ou liée


logiquement à d’autres données électroniques et qui sert de procédé
d’identification ».

Article 4. a de la Convention, « une signature électronique créée par un


dispositif sécurisé que le signataire puisse garder sous son contrôle exclusif et
qui repose sur un certificat numérique est admise comme signature au même
titre que la signature manuscrite ».
Présomption de fiabilité jusqu’à preuve contraire
Distinction entre deux niveaux de signatures électroniques :

• La signature électronique de base, non certifiée

• La signature électronique avancée, basé sur un certificat et qui a la même


valeur que la signature manuscrite.
Garantie de l’intégrité du document

Intégrité dans la création du document et intégrité dans la conservation

* Signature électronique

* EDI (échange de données informatisées)


« le transfert électronique, d’un ordinateur à un autre, de données
commerciales ou administratives sous la forme d’un message EDI structuré
conformément à une norme agréée, pour autant que l’accord relatif à cet
échange prévoie l’utilisation de procédures garantissant l’authenticité de
l’origine et l’intégrité des données ».
La valeur probante de l’écrit sous forme numérique repose
essentiellement sur des considérations techniques :

* Sécurité dans la création et intangibilité lors de la conservation de l’écrit


constituent les exigences techniques nécessaires pour que l’écrit sous forme
électronique soit équivalent au papier.

* L’exigence d’intégrité ou de fiabilité de l’écrit sous forme numérique résulte


du recours à un processus technique : « cryptographie »

« la science relative à protection et à la sécurité des informations notamment


pour la confidentialité, l’authentification, l’intégrité et la non répudiation ».
« Un dispositif sécurisé de création de signature électronique doit :

1. Garantir par des moyens techniques et des procédures appropriées que


les données de création de signature électronique :
a) Ne peuvent être établies plus d’une fois et que leur confidentialité est
assurée ;
b) Ne peuvent être trouvées par déduction et que la signature est protégée
contre toute falsification ;
c) Peuvent être protégées de manière satisfaisante par le signataire contre
toute utilisation par les tiers.

2. N’entraîner aucune altération du contenu de l’acte à signer et ne pas faire


obstacle à ce que le signataire en ait une connaissance exacte avant de le
signer ».

Directive européenne 1999/93/CE


Processus de création de la signature électronique (cryptage à
clés asymétriques »

1ère étape : l’émetteur du message crée d’abord des clés asymétriques


constituées par une clé privée et une clé publique

2ème étape : l’émetteur s’adresse à un « tiers certificateur » en lui


communiquant son identité, sa clé publique et son procédé de hachage. Le
tiers certificateur lui délivre « un certificat électronique chiffré par sa clef
privée ».

3ème étape : l’émetteur envoie le message au destinataire en insérant un


certificat électronique, une empreinte du message

4ème étape : le destinataire utilise la clé publique du certificateur pour


déchiffrer le certificat joint au message envoyé.
Fiabilité et validité de l’écrit électronique (application)

• e-mail
• Signature scannée
• Signature par « double-clic »
Jurisprudence sur l’écrit électronique

E-mail : refus d’admission comme écrit électronique. Au sujet d’un congé


donné dans le cadre d’un bail d’habitation. Le bailleur contestait être l’auteur
de mails qu’ont lui imputait.
Ni les conditions de création, ni celles de conservation d’un e-mail ne
correspondent aux exigences légales de fiabilité (C. cass., 1ere civ., 30 sept,
2010)

Signature scannée : « si la mention écrite par la partie qui s’engage n’est plus
nécessairement manuscrite, elle doit toutefois résulter de procédés
d’identification conformes aux règles qui gouvernent la signature
électronique ; or la signature scannée de M. (…) est insuffisante pour
s’assurer de l’authenticité de son engagement juridique comme ne
permettant pas une parfaite identification de son signataire » (Fort-de-
France, 14 déc. 2012)

« double-clic » : idem signature scannée


Section 2 : La caractérisation de l’écrit numérique

§ 1 : Modalités générales relatives à l’écrit sous forme électronique

Obligation d’établir une équivalence fonctionnelle entre l’écrit électronique et


les versions papiers
Obligation à la charge de l’Etat lorsque l’écrit est exigé pour la validité des actes.
A cet égard, selon l’article 27 de la loi ivoirienne, « lorsqu’un écrit est exigé pour la
validité d’un acte juridique, il peut être établi et conservé sous forme
électronique ».
Quant à l’Ordonnance relative aux échanges électroniques entre les usagers et les
autorités administratives et entre autorités administratives, elle prévoit en son
article 7 que, « lorsqu’une formalité est exigée par la législation ou la
règlementation en vigueur, l’autorité administrative concernée met en œuvre les
moyens techniques sécurisés permettant aux usagers d’accomplir lesdites
formalités par voie électroniques ».
Reproductibilité de l’écrit
Article 6.2.c de la Convention, « l’exigence d’un envoi en plusieurs exemplaires et
réputée satisfaite sous forme électronique si l’écrit peut être reproduit sous une
forme matérielle par le destinataire ».

Effectivité de la remise de l’écrit


Article 6.4 de la Convention, « la remise d’un écrit sous forme électronique est
effective lorsque le destinataire, après en avoir pris connaissance, en accuse
réception ».

Validité et force probante de la copie d’un document numérique


Selon l’article de la loi 25 ivoirienne, « la copie ou la reproduction d’un acte passé
par voie électronique sur support papier a la même force probante que cet acte,
sous réserve de la preuve de l’intégrité du document copié ou reproduit ».
Pouvoir d’appréciation du juge

Article 7.2 de la Convention, « lorsque les dispositions


légales des pays membres n’ont pas fixé d’autres principes,
et à défaut de convention valable entre les parties, le juge
règle les conflits de preuve littérale en déterminant par tous
les moyens possibles le titre le plus vraisemblable, quel
qu’en soit le support ».

Pouvoir d’appréciation du juge mais interdiction par


principe de privilégier le papier.
Article 24 de la loi ivoirienne
§ 2 – Exclusions

Les dispositions relatives à l’admission et la validité de l’écrit sous forme


numérique ne s’appliquent pas pour les :

- les actes sous seing privé relatifs au droit de la famille et des successions ;
- les actes sous seing privé relatifs à des sûretés personnelles ou réelles, de
nature civile ou commerciale en conformité avec les législations
nationales, sauf s’il sont passés par une personne pour les besoins de sa
profession

Il s’agit de matières dans lesquelles les conséquences juridiques pour les


parties peuvent être particulièrement graves.
Chapitre 2 : La sécurisation des transactions
électroniques

Cela repose essentiellement sur la signature électronique et le


recours à la cryptologie.

Section 1 : La signature électronique


Section 2 : La cryptologie
Section 1 : La signature électronique

Définition. La signature électronique est définie par l’article 1 de la loi


de 2013 sur les transactions électroniques comme « toute donnée qui
résulte de l’usage d’un procédé fiable d’identification garantissant son
lien avec l’acte auquel elle s’attache ».

Selon l’article 36 de la loi ivoirienne, « la signature nécessaire à la


perfection d'un acte juridique identifie celui qui l'appose. Elle manifeste
le consentement des parties aux obligations qui découlent de cet acte.
Lorsqu'elle est électronique, elle consiste en l'usage d'un procédé fiable
d'identification garantissant son lien avec l'acte auquel elle s'attache ».

Le recours à la signature électronique est libre, en principe. En effet,


selon l’article 39 de la loi ivoirienne, « sous réserve d’une disposition
légale, nul ne peut être contraint de signer électroniquement ».
Utilité de la signature électronique
La signature électronique a pour effet de réduire les
déplacements et d’accélérer les échanges. Ses usages
sont multiples :
• sécuriser les emails ;
• assurer la gestion de contrats, bons de commandes,
etc. ;
• payer des factures ;
• accéder à des sites sécurisés ;
• répondre aux appels d’offres ;
• effectuer des déclarations fiscales et sociales.
Si la signature électronique n’est pas un but en soi, elle
est un élément constitutif indispensable des
transactions réalisées par Internet et de la validité
juridique des documents électroniques.

C’est, en effet, elle qui permet de garantir l’identité


d’un signataire, l’intégrité de la provenance d’un
document et, le plus largement, l’établissement de la
confiance dans les échanges numériques.
§ 1 : De l’admission de la validité de la signature électronique

« Une signature électronique créée par un dispositif sécurisé que le


signataire peut garder sous son contrôle exclusif et qui repose sur un
certificat numérique est admise comme signature au même titre que
la signature manuscrite » (article 37 de la loi ivoirienne).

Equivalence entre signature électronique et signature manuscrite


Une signature électronique ne peut être déclarée irrecevable au seul
motif qu'elle se présente sous forme électronique ou qu'elle ne repose
pas sur un certificat qualifié ou qu'elle n'est pas créée par un dispositif
sécurisé de création de signature.

La signature électronique sécurisée liée à un certificat électronique


qualifié a la même force probante que la signature manuscrite.
§ 2 : De la signature électronique sécurisée

La sécurisation de la signature électronique par le


recours à la certification

Selon l’article 37 alinéa 2 de la loi ivoirienne, « la


fiabilité d’un procédé de signature électronique est
présumée jusqu'à preuve contraire, lorsque ce procédé
met en œuvre une signature électronique sécurisée,
établie grâce à un dispositif sécurisé de création de
signature électronique et que la vérification de cette
signature repose sur l’utilisation d’un certificat
qualifié ».
Autrement dit, la signature électronique sécurisée est
celle qui établie grâce à un dispositif sécurisé de
création de signature électronique et liée à un certificat
électronique qualifié (c’est-à-dire délivré par un
prestataire, un tiers de confiance ou un organisme
habilité, certifié et enregistré par des autorités
publiques : Autorité de Certification).

« Une signature électronique sécurisée est une


signature électronique qui satisfait aux exigences fixées
par décret pris en Conseil des Ministres ».
Deux décrets importants doivent être ici mentionnés :

- Décret n° 2014-104 du 12 mars 2014 portant définition des


conditions de fourniture des prestations de cryptologie ;

- Décret n° 2014- 106 du mars 2014 fixant les conditions


d’établissement et de conservation de l’écrit et de la signature
sous forme électronique
- Décret n° 2014- 106 du mars 2014 fixant les conditions
d’établissement et de conservation de l’écrit et de la signature
sous forme électronique

Aux termes de l’article 4 décret, « toute création de signature


électronique est subordonnée à l’utilisation d’un dispositif sécurisé ».

Le dispositif sera dit sécurisé s’il répond aux exigences posées par le
décret à savoir :
- il garantit, par des moyens techniques et des procédures
appropriées que les données de création de signature électronique
ne peuvent être :
• Établies plus d’une fois et que leur confidentialité est assurée ;
• Trouvées par déduction et que la signature électronique est
protégée contre toute falsification
- Il protège le signataire contre toute utilisation non
autorisée par des tiers ;

- Il n’entraîne aucune modification du contenu de


l’acte à signer et ne fait pas obstacle à ce que le
signature en ait une connaissance exacte avant de le
signer.
Selon l’article 4 du décret : « une signature
électronique sécurisée doit répondre aux exigences
suivantes :
- Être propre au signataire ;
- Être créée par des moyens que le signataire garde
sous son contrôle exclusif ;
- Garantir avec l’acte auquel elle s’attache un lien tel
que toute modification ultérieure de l’acte est
détectable ;
- Utiliser un dispositif sécurisé de création de
signature électronique ».
- Du certificat électronique qualifié
Un certificat électronique est un document sous forme
électronique attestant du lien entre les données de vérification
de signature et un signataire.

Aux termes de l’article 9 du décret n° 2014- 106 du 12 mars


2014, « un certificat ne peut être considéré comme qualifié que
s’il est délivré par un prestataire de service de certification agréé
par l’ARTCI… ».

Un prestataire de service de certification électronique (PSCE) est


toute personne agréée par une autorité de certification
reconnue par l’ARTCI, qui délivre des certificats électroniques et
fournit d’autres services en matière de signature électronique.
Agrément des PSCE
Les conditions d’agrément des PSCE sont prévues à l’article
10 du décret du 12 mars 2014.
Pour être agréé, un PSCE doit remplir plusieurs conditions
dont notamment :
- Faire la preuve de la fiabilité des services de certification
électronique qu’il fournit ;
- Assurer le fonctionnement, au profit des personnes
auxquelles le certificat électronique est délivré, d’un
service d’annuaire recensant les certificats électroniques
de ces personnes ;
- Prendre toute disposition physique et technologique
propre à prévenir la falsification des certificats
électroniques ;
- etc.
Exemple

Décision n° 2015-0062 du Conseil de Régulation de l’ARTCI en


date du 27 avril 2015, portant agrément provisoire de prestataire
de service de certification électronique à la société Document
Knowledge Business (DKB-SOLUTIONS).
Section 2 : La cryptologie

La cryptologie est la science relative à la protection et à la


sécurité notamment pour la confidentialité,
l’authentification, l’intégrité et la non répudiation

Selon l’article 46 de la loi sur les transactions électroniques,


« les moyens de cryptologie ont principalement pour objet
de garantir la sécurité du stockage ou de la transmission de
données, en permettant d'assurer leur confidentialité, leur
authentification ou le contrôle de leur intégrité ».
La fourniture de prestations de cryptographie est
encadrée eu égard aux impératifs de défense nationale,
de sécurité intérieure de l’Etat.

§ 1 : Conditions de fourniture des prestations de


cryptologie

§ 2 : Responsabilité et sanctions en cas de faute


§ 1 : Conditions de fourniture des prestations de
cryptologie

Il faut spécifiquement se référer ici au Décret n° 2014-


104 du 12 mars 2014 portant définition des conditions
de fourniture des prestations de cryptologie.

Par activité de cryptographie, il faut entendre « toute


activité ayant pour but la production, l’utilisation,
l’importation, l’exportation ou la commercialisation des
moyens de cryptologie ».
Les moyens de cryptologie s’entendent eux de
l’ensemble des outils techniques ou scientifiques,
matériels ou logiciels, qui permettent de chiffer et/ou
de déchiffrer des informations, des signaux ou des
symboles ou de tout matériel ou logiciel conçu ou
modifié pour transformer des données, qu’il s’agisse
d’écrits ou de signaux, à l’aide de conventions sécrètes
ou pour réaliser l’opération inverse avec ou sans
convention sécrète.
Autorité compétente

En Côte d’Ivoire, la fonction d’autorité de cryptologie est


exercée par l’ARTCI.
A ce titre, elle est chargée :
- De délivrer les autorisations d’exercer la profession de
prestataire de cryptologie ;
- D’établir des normes techniques adoptées dans le
domaine de la sécurité des systèmes d’information en
général et de la cryptologie en particulier
- De mener des enquêtes et de procéder au contrôle des
activités des prestataires de services de cryptologie ainsi
que des produits fournis par ces derniers;
- Etc.
L’agrément des prestataires de cryptologie

Selon l’article 9 du décret n° 2014-104 du 12 mars 2014,


« l’exercice de la profession de prestataire de cryptologie
par un organisme, est soumis à l’agrément de l’ARTCI ».

L’agrément est assorti d’un cahier des charges qui définit les
conditions auxquelles sont soumis les prestataires.

Le contenu du cahier des charges est prévu à l’article 15.


§ 2 : Responsabilité et sanctions en cas de faute

Le principe de la responsabilité civile des prestataires de services de


cryptologie est posé par l’article 48 de la loi sur les transactions
électroniques et repris par l’article 24 du décret n° 2014-104 du 12
mars 2014.

Selon l’article 48, « sauf à démontrer qu'elles n'ont commis aucune


faute intentionnelle ou de négligence, les personnes fournissant des
prestations de cryptologie à des fins de confidentialité sont
responsables, nonobstant toute stipulation contractuelle contraire, du
préjudice causé aux personnes leur confiant la gestion de leurs
conventions secrètes en cas d'atteinte à l'intégrité, à la confidentialité
ou à la disponibilité des données transformées à l'aide de ces
conventions ».

Il s’agit donc d’une responsabilité pour faute.


On peut en déduire donc que le prestataire est tenu d’une obligation
de moyens dans l’accomplissement de ses missions.
Selon l’article 24 du décret, « les prestataires de cryptologie
à des fins de confidentialité, sont responsables du préjudice
causé, dans le cadre desdites prestations, aux personnes
leur confiant la gestion de leurs conventions secrètes, en cas
d’atteinte à l’intégrité, à la confidentialité ou la disponibilité
des données transformées à l’aide de ces conventions. Toute
clause contraire est réputée non écrite.

Le prestataire de cryptologie est tenu d’indemniser les


utilisateurs qui ont subi un préjudice de son fait. Il peut
néanmoins s’exonérer de sa responsabilité et échapper à
l’obligation d’indemnisation s’il n’a commis aucune faute
intentionnelle ou de négligence ».
La responsabilité du prestataire de cryptologie sera
également dégagée à l’égard de personnes qui ont fait un
usage non autorisé de ses produits ou services.
Sanctions

Les sanctions aux manquements aux règles prévues en


matière de cryptologie sont prévues aux articles 29 à 31 du
décret n° 2014-104 du 12 mars 2014.

Il résulte de ces dispositions que le prestataire de


cryptologie peut se voir appliquer des sanctions
administratives ou pénales en cas de manquements à ses
obligations.
Ainsi notamment, selon l’article 29, « lorsqu’un prestataire
de service de cryptologie, même à titre gratuit, ne respecte
pas les obligations auxquelles il est assujetti, l’ARTCI peut,
après audition de l’intéressé, prononcer :
- l’interdiction d’utiliser ou de mettre en circulation le
moyen de cryptologie concerné ;
- le retrait provisoire de l’autorisation accordée, pour une
durée de trois mois ;
- le retrait définitif de l’autorisation ;
- des sanctions pécuniaires dont le montant est fixé par
l’ARTCI en fonction de la gravité des manquements et en
relation avec les avantages ou les profits tirés de ces
manquements ».
Chapitre 3 : L’archivage électronique

« L’archivage électronique désigne l’ensemble des actions


visant à identifier, à recueillir, à classer et à conserver des
informations, en vue de la consultation ultérieure, sur un
support électronique adapté et sécurisé, pour la durée
nécessaire à la satisfaction des obligations légales ou des
besoins d’information et de preuve ».

Les règles relatives à l’archivage électronique sont prévues


aux articles 40 à 45 de la loi sur les transactions
électroniques.
Ces dispositions sont complétées de celles du Décret n°
2016-851 du 19 octobre 2016 fixant les modalités de mise
en œuvre de l’archivage électronique.

Section 1 : Généralités sur l’archivage électronique


Section 2 : Prestataires de services d’archivage et de
conservation électronique
Section 1 : Exigences générales relatives à l’archivage
électronique

§ 1 : Durée d’archivage des documents électroniques


Aux termes de l’article 40 de la loi sur les transactions électroniques,
« Sous réserve des dispositions légales prévoyant un délai plus court, la
conservation des documents sous forme électronique doit se faire
pendant une période de dix (10) ans et dans les conditions suivantes :
1) l'information que contient le document doit être accessible pour
être consultée ultérieurement ;
2) le document doit être conservé sous la forme sous laquelle il a été
créé, envoyé ou reçu, ou sous une forme dont on peut démontrer
qu'elle n'est susceptible ni de modification ni d'altération dans son
contenu et que le document transmis et celui conservé sont
strictement identiques ;
3) les informations qui permettent de déterminer l'origine et la
destination du document, ainsi que les indications de date et d'heure
de l'envoi ou de la réception, doivent être conservées si elles existent.
La durée légale de conservation des documents
électroniques est de 10 ans, au regard de la loi sur les
transactions électroniques.

D’autres lois peuvent, cependant, instituer d’autres délais


plus longs.

Il importe de préciser, conformément à l’article 43 de la loi,


que « les règles de l’archivage électronique s’appliquent
indifféremment aux documents numérisés et aux
documents conçus initialement sur support
électronique ».
§ 2 : Valeur juridique des documents archivés
électroniquement

Rappel : validité juridique du document numérique.


Conformément à cette règle, l’article 44 rappelle que « la
valeur juridique des archives ne peut être déniée du seul
fait de l’archivage électronique mis en œuvre ».

Autrement dit, un document archivé électroniquement a la


même valeur juridique qu’un document papier.
A cet égard, l’article 3 du décret n° 2016-851 du 19 octobre
2016 fixant les modalités de mise en œuvre de l’archivage
électronique, prévoit que « lorsqu’une obligation de
conservation d’un document est imposée, de manière
expresse ou tacite, par un texte légal ou règlementaire,
cette obligation peut être satisfaite par le recours à un
procédé d’archivage électronique ».

Ainsi, par exemple, la copie numérique a la même valeur


probante que l’originale lorsqu’elle est réalisée par un
prestataire de service d’archivage électronique ou de
conservation.
Section 2 : Prestataires de services d’archivage et de conservation
électronique

Un prestataire de service d’archivage électronique et de conservation


désigne tout prestataire de service de numérisation ou de
conservation qui exerce à titre principal ou accessoire, des activités
d’archivage et conservation.

L’archivage électronique consiste à mettre en place des actions, des


outils et des méthodes pour conserver à moyen et à long terme des
informations sélectionnées dans le but de les exploiter ou de les
réutiliser.

Les données concernées doivent être structurées, indexées et


conservées sur des formats appropriés à la conservation et à la
migration.
La conservation désigne quant à elle l’activité qui consiste à
conserver une copie ou un original numérique en
garantissant son intégrité.

§ 1 : L’agrément des prestataires


§ 2 : Les obligations des prestataires
§ 1 : L’agrément des prestataires

L’exercice de la profession de prestataire de service


d’archivage électronique ou de conservation est soumise à
l’agrément de l’ARTCI.
Pour ce faire, une demande doit être adressée à l’ARTCI. Les
éléments constitutifs de la demande sont prévus à l’article 7
du décret du 19 octobre 2016.
Le demandeur doit notamment fournir un référentiel
documentaire composé au moins de la politique
d’archivage, la déclaration des pratiques d’archivage, le
cahier des charges pour mettre en place le système
d’archivage électronique, etc.
L’agrément peut être retiré ou suspendu par l’ARTCI.

Selon l’article 30 du décret, « l’ARTCI peut procéder à tout


moment à la suspension ou au retrait de l’agrément du
prestataire de service d’archivage électronique ou de
conservation en cas de découverte de tout événement,
circonstance ou incident de nature à causer ou à avoir
causé, une violation par le prestataire de service d’archivage
des dispositions du décret ».
§ 2 : Obligations et responsabilité des prestataires

Les prestataires de services d’archivage électronique ou de


conservation sont tenues de nombreuses obligations énoncées
par le décret de 2016.
Obligations
Selon l’article 8 du décret, « tout prestataire de service
d’archivage électronique ou de conservation doit :
- prendre les mesures nécessaires au maintien de la lisibilité des
données au moins pendant toute la durée de conservation légale
ou règlementaire ;
- mettre en œuvre les moyens nécessaires en vue d’empêcher,
lors de la conservation, de la consultation ou du transfert, toute
modification des données électroniques conservées….;
- mettre en œuvre les moyens nécessaires en vue de détecter
les opérations, normales ou frauduleuses, effectuées sur les
données et veiller, dans la mesure du possible, à permettre
l’identification des auteurs de ces opérations ;
- Etc.

Pèse sur les prestataire une obligation générale de sécurisation


des données numériques.

L’article 11 prévoit, à cet égard, que « le prestataire de service


d’archivage ou de conservation met en œuvre les moyens
nécessaires en vue de protéger les données qui lui sont
transmises et qu’il transmet contre tout acc-s non autorisé ».
Les prestataires de services sont également tenus d’une
obligation d’information à l’égard des utilisateurs de leurs
services.

Ceux-ci doivent être informés sur les modalités et


conditions précises d’utilisation des services ; la procédure
suivie pour la numérisation ou la conservation ; les normes
et procédures mise en œuvre ainsi que les caractéristiques
techniques essentielles des installations utilisées pour la
réalisation des prestations ; les effets juridiques attachés à
ses services, etc. (article 12 du décret).

Les prestataires de services doivent garantir la


confidentialité des données.
La prestation d’archivage et de conservation fait l’objet d’un
contrat. Ce contrat n’entraine aucun transfert de droits sur
les données au profit du prestataire. Il ne dispose, par
ailleurs, d’aucun droit de rétention sur les données.

Ainsi, le prestataire de service d’archivage électronique ou


de conservation est tenu d’une obligation de restitution des
données à la fin du contrat d’archivage ou de conservation.

Comme le précise l’article 19 du décret, « lorsque le contrat


d’archivage électronique prend fin, pour quelque motif que
ce soit, le prestataire d’archivage électronique de service
demande par envoi recommandé au détenteur quel est le
sort à réserver aux données qu’il lui a confiées ».
A la fin du contrat, le détenteur peut demander :
- La restitution ;
- La transmission des données à un autre prestataire ;
- La destruction des données.

Le prestataire de service d’archivage électronique et de


conservation peut engager sa responsabilité dans le cadre
de son activité.

Cette responsabilité est prévue à l’article 22 du décret.


Responsabilité
Selon cet article, « le prestataire de service d’archivage
électronique ou de conservation est présumé en faute
jusqu’à preuve du contraire si les données qui lui sont
confiées :
- ne sont plus lisibles pendant la durée de conservation
convenue avec le détenteur du service ;
- sont modifiées, sous réserve des modifications relatives à
leur support ou à leur format numérique ;
- ne sont pas restituées, transmises à un autre prestataire
ou détruites… ».

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