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République de Côte d’Ivoire

Union-Discipline-Travail

DROITS ET OBLIGATIONS DU FONCTIONNAIRE ET


PROCEDURES DISCIPLINAIRES DANS
L'ADMINISTRATION PUBLIQUE
SOMMAIRE
INTRODUCTION
I. Droits et obligations du Fonctionnaire
Titre 1 : Droits, libertés individuelles et collectives du Fonctionnaire
A- Les droits sociopolitiques : les libertés individuelles et collectives des fonctionnaires
B- Les droits matériels
Titre 2 : Les obligations du fonctionnaire
A- Les obligations dans l’exercice de la fonction
B- Les obligations en dehors de l’exercice de ses fonctions

II. La discipline dans l’Administration


A- Les fautes qui exposent le fonctionnaire
B- Les sanctions disciplinaires
C- La procédure disciplinaire
D- Les voies de recours
INTRODUCTION
• L’article premier du Statut General de la Fonction Publique définit le
fonctionnaire comme toute personne nommée à titre permanent pour
occuper un emploi dans l’Administration Centrale de l’Etat, dans les
services extérieurs qui en dépendent, les établissements publics et
titularisée dans un grade de la hiérarchie administrative. Ce Statut ne
s’applique pas aux magistrats de l’ordre judiciaire, au personnel militaire et
au personnel de la Sureté Nationale.
L’Administration, poursuivant une mission d’intérêt général, se trouve au
dessus des intérêts catégoriels ou partisans. Dans ce contexte, le fonctionnaire
doit servir l’intérêt général et assurer sa mission de service public avec loyauté,
dignité, intégrité et dévouement. Dans cette mission, le fonctionnaire bénéficie
de droits et est assujetti à des obligations.
I- Droits et obligations du Fonctionnaire

L’ensemble des règles qui régissent toute société humaine est appelé DROIT. Cette
discipline connait diverses spécialisations selon l’organisation dont se dote tout corps
constitué. Ainsi, des règles ont été éditées pour encadrer l’exercice des fonctions
dans l’Administration Publique.
Institution ayant en charge la gestion de la carrière des fonctionnaires et agents de
l’Etat, la Fonction Publique, pour leur épanouissement, reconnait aux personnes qui y
accèdent des Droits et, en retour, leur impose un ensemble d’Obligations à respecter
dans leur mission. Quels sont ces Droits et Obligations du fonctionnaire ?
Titre 1 : Droits, libertés individuelles et collectives du Fonctionnaire

Les droits du fonctionnaire sont constitués par l’ensemble des dispositions que
contient le Statut Général de la Fonction Publique (1992) et concernent les
avantages liés à sa qualité de citoyen.

A.Les droits sociopolitiques : les libertés individuelles et collectives


des fonctionnaires
Le fonctionnaire, comme tous les citoyens, au-delà de ses liens privilégies avec
l’Etat (l’Administration Publique) qui est son employeur, jouit de droits appelés
aussi libertés publiques. Ce sont les libertés d’opinion, d’expression et de circuler,
les droits syndicaux et de grève.
1. Les libertés individuelles

a. La liberté d’opinion
La liberté d’opinion est reconnue aux fonctionnaires par l’article 16 du Statut Général de la
Fonction Publique qui stipule qu’il ne doit être faite de distinction entre eux à raison de leurs
opinions politique, philosophique ou religieuse (exemple : adhérer à un parti politique,
fréquenter la confession religieuse de son choix) et être libre de ses choix. Mais l’expression
de ces opinions ne doit pas mettre en cause les principes affirmés par la Constitution et
autres textes qui régissent la Fonction Publique et même en dehors du service avec la
réserve appropriée aux fonctions exercées par l’intéressé.
b- La liberté de circuler
La liberté de circuler est reconnue aux
fonctionnaires. Toutefois, certaines catégories de
fonctionnaires sont tenues d’obtenir une autorisation
avant tout déplacement. C’est le cas des
Ambassadeurs, du corps préfectoral et certains
fonctionnaires des Administrations douanière et
fiscale.
2. Les libertés collective
La liberté d’association est reconnue aux fonctionnaires à condition de mettre en commun
leurs connaissances et leurs activités pour la réalisation d’un but non lucratif. Egalement, la
liberté de réunion est reconnue aux fonctionnaires mais ceux-ci doivent respecter l’obligation
de réserve d’une part et veiller au bon fonctionnement du service d’autre part. Pour défendre
leurs intérêts professionnels individuels et collectifs, les fonctionnaires peuvent s’organiser en
syndicats professionnels et cela est reconnu par le Statut Général de la Fonction Publique et
énoncé dans le préambule de la Constitution en vertu duquel, tout homme peut défendre ses
droits et ses intérêts par l’action syndicale et adhérer au syndicat de son choix. Pour la
défense de ses intérêts, le fonctionnaire dispose d’un droit très important : le droit de grève.
La grève, qui doit s’exercer dans le cadre de la loi, et consiste à une interruption partielle ou
totale et concertée par un groupe d’agents en vue d’appuyer des revendications
professionnelles.
B- Les droits matériels

Autant le fonctionnaire a des droits relatifs a sa qualité de


citoyen, autant l’Administration lui reconnait des droits
relatifs à son statut. Ce sont : la rémunération, les
avantages sociaux et professionnels.
1. La rémunération
C’est la contrepartie du service fait. Elle est composée comme suit :
- Le traitement soumis à retenue pour pension
- L’indemnité de résidence
- Eventuellement des indemnités et prestations diverses instituées par un texte législatif ou
réglementaire. Exemple : les allocations familiales.
2. Les avantages socioprofessionnels
Le fonctionnaire, en activité, bénéficie, en plus de sa rémunération, d’un certain nombre de
prestations sociales et avantages sociaux reconnus par le Statut Général de la Fonction
Publique. Ce sont : le congé annuel, les congés de maladie, les congés de maternité et les
périodes d’allaitement, les autorisations d’absence, les permissions spéciales pour
événements familiaux, la pension de retraite, la formation et la protection.
La loi No 92-570 du 11 septembre portant Statut Général de la Fonction Publique reconnait
aux fonctionnaires et agents de l’Etat le droit aux congés en contrepartie du travail.
a. Le fonctionnaire, en activité, a droit à un congé annuel d’une durée de trente
(30) jours avec rémunérations.Toutefois, l’Etat peut échelonner ou reporter sur
l’année suivante ces congés compte tenu des nécessités du service. Il peut,
pour les mêmes motifs, s’opposer au fractionnement du congé.En cas de report
sur l’année suivante, le fonctionnaire peut bénéficier, à titre exceptionnel, d’un
congé de deux (02) mois au maximum.
b. Le fonctionnaire a droit à des autorisations d’absence spéciales.
Le fonctionnaire, candidat, a droit à des autorisations spéciales d’absence lors des
concours et examens professionnels. Il a droit également à des autorisations
spéciales d’absence lors d’élections politiques pendant la durée de la campagne
électorale.
c. Le fonctionnaire peut aussi bénéficier de permissions spéciales avec
traitement pour événements familiaux dans les conditions ci-après:
• En cas de décès d’un ascendant ou d’un descendant en ligne direct : cinq (05)
jours.
• En cas de mariage de l’agent ou d’un enfant de l’agent : deux (02) jours.
• En cas de naissance survenue au foyer du fonctionnaire : trois (03) jours.
d. Le fonctionnaire a droit à un congé de maternité et des périodes de repos
pour allaitement avec rémunération accordée par la législation du travail de la
femme fonctionnaire.
e. Le fonctionnaire bénéficie enfin de congé de maladie. Le fonctionnaire a droit à des congés
maladie d’une durée
maximum de six (06) mois pendant une période de douze (12) mois consécutifs. Il a droit à
l’intégralité de sa rémunération pendant les six (06) mois.
Si après la période de six (06) mois l’état de sante du fonctionnaire exige la poursuite des
soins, sur proposition du Conseil de Santé, il est mis en congé maladie de longue durée et
perçoit l’intégralité de sa rémunération pendant six (06) mois. A l’issue de cette période, la
rémunération est réduite de moitié.
Si au terme de trente six (36) mois y compris les six (06) premiers mois de congé maladie, l’état
de santé du fonctionnaire ne lui permet toujours pas de reprendre son service, il est déclaré
invalide sur avis du Conseil de Santé et admis d’office à la retraite.
Le fonctionnaire, victime d’un accident ou d’une maladie professionnelle survenu(e) dans l’exercice de ses
fonctions, a droit à un congé exceptionnel de maladie. Ce congé est limité à 60 mois au cours desquels, il perçoit
l’intégralité de sa rémunération et le remboursement des honoraires et des frais médicaux entrainés par la
maladie ou l’accident.
Au terme de cette période, il est admis à faire valoir ses droits à la retraite si son état de santé ne lui permet pas
de reprendre son service et après avis du Conseil de Santé et de la Commission de Reforme.
Le fonctionnaire atteint d’une invalidité suite à un accident de service ou atteint d’une maladie professionnelle a
droit à une allocation temporaire d’invalidité cumulable avec sa rémunération. Les conditions d’attribution ainsi
que les modalités de concession, de liquidation et de révision de l’allocation temporaire d’invalidité sont fixées
par décrets en Conseil de Ministres.
En outre, l’Etat a le devoir de protéger le fonctionnaire si une faute personnelle détachable du service ne lui est
pas imputable. Il doit être protégé contre les menaces, les violences, les voies de fait, les injures, les
diffamations ou outrages dont il pourrait entre victime dans l’exercice de ses fonctions et de réparer, le cas
échéant, le préjudice qui en résulterait.
Titre 2 : Les obligations du fonctionnaire

A.Les obligations dans l’exercice de la fonction

1.Les obligations liées à l’exercice de la fonction


Le fonctionnaire doit assurer son activité professionnelle de manière pleine et
entière. Il doit occuper l’emploi à titre personnel, exercer ses fonctions de
manière continue et se consacrer exclusivement à celles-ci.
2. Les obligations liées au principe de légalité

a. Respect du principe de légalité


L’Administration est soumise au principe de légalité ainsi que le fonctionnaire lui-même. Il
doit agir dans le respect des règles, normes et procédures nationales et internationales en
vigueur.

b. Le devoir d’obéissance
Le fonctionnaire est tenu d’obéir aux instructions écrites ou verbales émanant de ses
supérieurs. Cependant, il se doit, sans pour autant se départir de la considération due à son
supérieur hiérarchique, de refuser d’obéir à tout ordre manifestement entaché d’illégalité.
3.Les obligations liées au comportement du fonctionnaire
Le fonctionnaire ne doit pas porter atteinte à la bonne image de l’Administration.

a.L’obligation de neutralité et d’impartialité


L’obligation de neutralité implique que le fonctionnaire ne doit pas être au service d’intérêts
partisans, mêmes si c’est un citoyen qui a le droit de voter pour le parti politique de son
choix.
L’obligation d’impartialité contraint le fonctionnaire à traiter sur un pied d’égalité tous les
usagers, sans distinction de sexe, de race, de religion ou d’autres critères de discrimination.
b. L’obligation de probité et de désintéressement
Cette obligation de probité et de désintéressement interdit au fonctionnaire, dans le cadre de
l’exercice de ses fonctions, de solliciter, directement ou indirectement auprès d’un prestataire
de service ou d’un usager, des dons, des présents ou des avantages quelconques de nature à
compromettre son indépendance.

c. L’obligation de secret et de discrétion professionnels


Le fonctionnaire est tenu au secret professionnel dans le cadre des règles instituées par le
Code Pénal. Le fonctionnaire doit faire preuve de secret et de discrétion professionnels pour
tous les faits dont il a connaissance dans l’exercice de ses fonctions.
toutefois, le fonctionnaire a le devoir de satisfaire aux demandes d’informations du public
dans le respect des règles mentionnées dans le Statut Général de la Fonction Publique.
B- Les obligations en dehors de l’exercice de ses fonctions
Le fonctionnaire, en dehors de l’exercice de ses fonctions, est le représentant de l’Etat dans
la société. De ce fait, il est soumis à certaines obligations pour préserver le crédit et
l’honorabilité de l’Administration.

a. L’obligation de dignité
Le fonctionnaire doit avoir une conduite irréprochable dans sa vie privée.

b. L’obligation de réserve
L’obligation de réserve est une obligation de discrétion dans l’expression des opinions et de
retenue dans le langage.
II. La discipline dans l’Administration

A.Les fautes qui exposent le fonctionnaire


1.Les manquements aux obligations professionnelles
Ce sont :
- Les absences régulières ou non autorisées
- L’abandon de poste
- Le refus de rejoindre le poste d’affectation
- L’insubordination
- Etc.
2. Les infractions de droits commun
a. Les infractions de droit commun commises à l’ occasion du service:
- La corruption
- Les détournements de deniers ou de biens publics
- L’abus de confiance
- Etc.
b. Les infractions de droit commun commises en dehors du service
- L’escroquerie
- Le vol
- Le meurtre
- L’attentat à la pudeur
- Etc.
B. Les sanctions disciplinaires

1.Les sanctions du premier degré


Les sanctions du premier degré sont prononcées par l’autorité hiérarchique du
fonctionnaire (le Ministre technique, le Préfet ou le Directeur de
l’établissement). Ce sont :
- L’avertissement
- Le blâme
- Le déplacement d’office.
2. Les sanctions du second degré
Ce sont :
- La radiation du tableau d’avancement
- La réduction du traitement dans la proportion maximum de 25% et pour une durée ne
pouvant excéder trente (30) jours
- L’exclusion temporaire pour une durée ne pouvant excéder six (06) mois. Cette sanction
entraine la perte de toute rémunération à l’exception des allocations familiales.
- L’abaissement d’échelons
- L’abaissement de classe
- La révocation avec ou sans suspension des droits a la pension. Dans ce dernier cas, l’avis du
Président de la République est requis avant la décision du Ministre en charge de la Fonction
Publique.
C. La procédure disciplinaire

1.Le déclenchement de la procédure


La procédure débute par une demande d’explication écrite et adressée au mis en cause par le
supérieur hiérarchique direct. Après analyse de la réponse, le supérieur hiérarchique peut
infliger une sanction de premier degré. Si le supérieur hiérarchique direct juge la faute
suffisamment grave, il en informe l’autorité hiérarchique supérieure qui saisit le Ministre en
charge de la Fonction Publique par un rapport circonstancié dans un délais de quinze (15)
jours après le constat de la faute pour faire traduire le concerné devant le Conseil de
Discipline qui déclenche la procédure disciplinaire par un arrêté de comparution signé de son
Président
2. Le déclenchement de l’audience
Dans le respect des droits des défenses, le Président du Conseil de Discipline permet au mis
en cause de faire des observations écrites ou verbales après communication intégrale de son
dossier individuel et de tous documents annexes. Puis la parole est ensuite donnée au
représentant de la tutelle pour recueillir son avis sur l’affaire. Ensuite interviennent le ou les
témoins, l’avocat de l’intéressé pour sa défense.
La parole est ensuite redonnée a l’intéresse pour son mot de fin. L’audience prend fin avec le
retrait des membres du jury pour la délibération.
Un rendez vous d’un (01) mois est donné au mis en cause pour prendre connaissance de la
suite réservée à son audition. Si le fonctionnaire estime la sanction injustifiée ou abusive, il
peut exercer un recours qui peut être administratif ou juridictionnel.
D. Les voies de recours
Deux voies de recours s’offrent au fonctionnaire en cas de sanction injustifiée
ou abusive :
- Le recours administratif
- Le recours juridictionnel

1.Le recours administratif


Le fonctionnaire dispose d’un délai de deux (02) mois à compter de la date
de notification de la sanction pour l’exercer. Le recours administratif peut être
soit gracieux, soit hiérarchique.
a. Le recours gracieux
Il s’exerce auprès du Ministre en charge de la Fonction Publique,
auteur de la sanction.

b. Le recours hiérarchique
Il est exercé auprès du Président de la République, supérieure
hiérarchique du Ministre en charge de la Fonction Publique
2. Le recours juridictionnel
Apres un recours administratif infructueux, le fonctionnaire dispose d’un délai de deux (02)
mois pour exercer un recours juridictionnel qui peut prendre deux formes :
- Un recours pour excès de pouvoir
- Un recours de pleine juridiction

a.Le recours pour excès de pouvoir


Dans ce cadre, le fonctionnaire saisit la Chambre Administrative de la Cour Suprême en vue
d’obtenir l’annulation de la sanction du Ministre en charge de la Fonction Publique.
b. Le recours de pleine juridiction
A ce niveau, le fonctionnaire qui estime que la sanction du Ministre en charge de la Fonction
Publique lui cause un préjudice dont il veut obtenir réparation, saisit le Tribunal de Première
Instance à cet effet.
E. Le retrait de la sanction disciplinaire
Le fonctionnaire qui désire le retrait de la sanction disciplinaire de son dossier ou tout
document administratif, après l’expiration des délais, peut introduire une requête auprès du
Ministre en charge de la Fonction Publique qui sollicite l’avis du Conseil de Discipline
Après examen du dossier, s’il s’avère que l’intéressé a eu un comportement exemplaire
durant la période probatoire ci-dessous mentionnée, il peut être fait droit à sa requête par le
Ministre en charge de la Fonction Publique :
• 05 ans pour la sanction du premier degré
• 10 ans pour la sanction du second degré (exception faite des décisions ayant entrainé la
cessation définitive des fonctions).
Apres le retrait de la sanction, il ne peut être fait état des antécédents disciplinaires du
fonctionnaire dans son dossier, de même que dans tout document administratif.
Conclusion
En définitive, le fonctionnaire est soumis au respect de la
déontologie de la Fonction Publique qui réglemente son
comportement. C’est toute la puissance et la magnificence de
l’Administration qu’il s’agit de protéger mais aussi l’indépendance du
fonctionnaire contre toutes pressions extérieures. Le respect de ces
DROITS et OBLIGATIONS assure le bon fonctionnement de
l’Administration.
M E R C I D E V O T R E
AIMABLE ATTENTION

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