Sujet : En quoi la pièce intitulée Andromaque de Racine est-elle tragique ?
Arguments :
1- L’amour malheureux
2- Les victimes du destin
3- La mort omniprésente
Son apogée correspondant au règne de Louis XIV, le mouvement
littéraire, culturel et artistique du classicisme s’inscrit sous l’égide de l’ordre, de l’équilibre et de l’harmonie et rejette la vision baroque du monde. La pièce de théâtre intitulée Andromaque de Racine relève de l’esthétique classique qui privilégie, entre autres, le genre tragique, genre auquel appartient l’œuvre objet de l’étude. Dans ce qui suit, nous nous demanderons à quelles caractéristiques génériques répond cette pièce. Nous mettrons l’accent sur l’amour malheureux, la fatalité et la mort.
Premièrement, tous les personnages principaux sont victimes de leur
amour malheureux dans le sens où leur bien-aimé(e) ne partage pas les sentiments qu’ils éprouvent envers lui (elle). Prenons comme exemple Pyrrhus: bien que Hermione lui soit promise, il la dédaigne et tombe amoureux de sa captive troyenne Andromaque, donc de son ennemie, qui, elle, tient à rester fidèle à son mari défunt, Hector. Il en est de même pour Oreste, le fils du roi Agamemnon : la reine de son cœur, Hermione, n’éprouve pas d’amour envers lui, elle n’a d’yeux que pour le roi d’Épire. Il s’agit donc d’une chaîne amoureuse à sens unique qui est source de souffrance pour les personnages principaux.
Deuxièmement, la fatalité, caractéristique du genre tragique, occupe
une place primordiale dans cette pièce de théâtre. Les dieux s’avèrent responsables du sort des personnages qui ne peuvent que se soumettre à leurs désirs. Tel est le cas d’Hermione qui considère que la colère du ciel contre elle se traduit par le dédain de Pyrrhus de la princesse grecque et la décision de ce dernier de se marier à Andromaque. Oreste est lui aussi une victime du destin : il se sent toujours ciblé par les dieux qui font tout leur possible pour le punir, punitions dont l’apogée est la folie du fils du roi Agamemnon. Ce héros perd donc la raison lorsqu’il apprend que Hermione s’est suicidée juste après le meurtre de Pyrrhus.
Troisièmement, la mort, thème majeur de toute tragédie, est
omniprésente dans cette œuvre racinienne : les personnages en parlent dans la scène d’exposition et la pièce se clôt sur le décès de deux d’entre eux. Le massacre des Troyens et la mort d’Hector durant la Guerre de Troie hantent toujours l’esprit d’Andromaque qui, tout au long de la pièce, relate ce qui est arrivé avec beaucoup de peine, ne pouvant tourner la page. D’ailleurs, sa vie et celle de son fils Astyanax sont sans cesse menacées ; cependant, ce ne sont pas ces personnages qui retrouvent la mort à la fin de cette tragédie. Le dénouement correspond à une scène de meurtre et de suicide : Oreste venge Hermione en assassinant Pyrrhus, puis la princesse grecque se met à mort dès qu’elle entend cette nouvelle.
En conclusion, tous ces éléments contribuent à la création d’une
atmosphère tragique dans cette œuvre racinienne : les personnages se battent en vain pour leur amour puisqu’ils sont victimes du destin et sont hantés ou condamnés à mort. Le spectateur et le lecteur sont alors invités à se libérer de leurs émotions négatives en vivant leurs angoisses et leurs passions à travers les personnages auxquels ils s’identifient : il s’agit de la catharsis qui donne ainsi une dimension morale à la tragédie classique.