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LETTRE DE SIDI AHMED TIJANI 3 : CONSEILS ECRITS

Par le Nom d’Allah, loué soit-Il, et prière et salut sur l’Envoyé d’Allah. Que la paix
soit sur vous ainsi que la miséricorde d’Allah et Sa bénédiction.

Je vous recommande ainsi qu’à moi-même de préserver les commandements


de la parole prophétique suivante :

« Il existe trois causes de salut et trois causes de perdition :

– Quant aux causes du salut, elles sont la crainte d’Allah (taqwa Allah) en
secret et en public, la parole véridique dans l’agrément comme dans la
colère, et la modération dans la richesse comme dans la pauvreté.

– Quant aux causes de perdition, elles sont : une avarice obéie, une
passion suivie, et l’amour excessif de soi-même. »

Et sa parole (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) qui dit : « Il n’y a pas
en dessous de la voûte céleste une divinité adorée en dehors d’Allah plus
grande qu’une passion suivie. »

Et sa parole (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) qui dit : « Fait partie
du bel Islam de quelqu’un de délaisser ce qui ne le concerne pas. »

Et sa parole (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) qui dit : « Ne souhaitez
pas la confrontation avec l’ennemi et demandez à Allah le salut et si vous
tombez face à l’ennemi, alors patientez. »

Même si cela concerne la lutte sur le sentier de Dieu afin de combattre les
mécréants, à notre époque cela se rapporte à la nécessité d’être indulgent face
aux maux provenant des gens. Celui qui désire, par son cœur, provoquer du mal
à autrui, Allah orientera ces personnes contre lui, de telle sorte qu’il ne pourra
rien contre eux.

Le serviteur doit demander à Allah la sauvegarde de sa propre personne afin de


ne pas provoquer les maux des gens et la discorde. Si leurs maux l’atteignent
sans cause préalable de sa part, l’idéal de ce qu’impliquent la science est de
rendre le bien en échange du mal. S’il en est incapable, qu’il se montre indulgent
car le pardon éteint les feux de la discorde. Il doit alors patienter face au
déroulement du destin et ne doit pas répondre à leurs torts. Si les feux de leurs
maux s’attisent, qu’il se défende alors de la plus belle manière, avec douceur et
bonté. Si cela n’aboutit toujours pas, il doit si possible fuir et quitter le lieu où il
se trouve. S’il lui est difficile de s’en aller ou qu’il n’en trouve pas la force, qu’il
se défende le moins possible contre les dommages qu’il pourrait subir.

Qu’il fasse cela en apparence, tout en multipliant ses supplications envers Allah,
lui demandant secrètement et avec endurance d’ôter les maux qui s’abattent sur
lui, jusqu’à ce qu’Allah lui apporte le soulagement. Toutes ces étapes évoquées
sont recommandées par la science.

Gare, et gare encore, à celui qui subit le mal de répliquer par le mal, à cause de
son tempérament impulsif, des ténèbres de son ignorance et de son amour-
propre. Celui qui agirait de la sorte, même s’il est injustement traité, se verra
inondé par l’océan malfaisant des créatures et aura mérité ainsi la perdition dans
ce bas-monde et l’au-delà. C’est sa punition, car il s’est détourné d’Allah, et ce,
depuis le début.

En effet, s’il s’était réfugié auprès de Lui, en l’évoquant avec humilité tout en lui
présentant ses plaintes, reconnaissant sa propre impuissance et sa faiblesse,
Allah aurait ôté le préjudice subi, sans cause, ou avec une cause sans contrariété.
Ou bien Il aurait distrait Ses créatures par des préoccupations, les rendant ainsi
impuissants. Ou encore Il aurait fait descendre sur ce serviteur Son entière
douceur ou une belle patience, lui permettant ainsi de faire face à ses tourments
par les qualités citées, jusqu’à ce qu’Allah lui accorde le soulagement. De cette
façon, il aurait été récompensé dans ce bas-monde et dans l’au-delà.

La récompense de celui qui agit conformément à cela sera, d’abord dans ce bas-
monde, la meilleure des fins et la manifestation de sa victoire sur les créatures,
en accord avec sa station. Sa récompense dans l’au-delà sera l’acquisition de ce
qui dépasse son espérance, conformément à la promesse d’Allah faite aux
patients.

Allah – qu’Il soit glorifié et exalté – dit :

« Et la très belle promesse de Ton Seigneur sur les enfants d’Israël


s’accomplit pour prix de leur endurance. » (Sourate 7 Al Araf, verset 137)

« Ô les croyants ! Cherchez secours dans l’endurance et la prière, car Allah


est avec ceux qui sont endurants. » (Sourate 2 La vache, verset 153)

« Et si vous punissez, infligez une punition égale au tort qu’on vous a fait.
Et si vous endurez, cela est bien meilleur pour les patients. » (Sourate 16 Les
abeilles, verset 126)
« Quiconque craint et patiente, très certainement Allah ne fait pas perdre
la récompense des bienfaisants. » (Sourate 12 Joseph, verset 90)

Ainsi que d’autres versets.

Et du fait que les gens ne prêtent guère considération à ce que nous venons
d’évoquer, tu les verras dans une souffrance perpétuelle, chacun subissant les
maux de l’autre. Ainsi, il leur est infligé la grande perte dans ce bas-monde
comme dans l’au-delà, excepté pour celui qui bénéficie d’une préservation
divine. Le commun, vu son éloignement d’Allah et de Ses prescriptions, ne voit
seulement dans la manifestation des maux que l’image de celui qui les
provoque. Ainsi, il se lève pour affronter lui-même les dommages qu’il subit, par
sa propre puissance et sa propre ruse, sous l’emprise terrible de son ego. Par
conséquent, il ne cesse de subir les maux et est, pour toujours, prisonnier des
châtiments.

Certainement, l’intelligent et le raisonnable, lorsqu’il subit un mal quelconque


des gens, ne voit en cela qu’une théophanie divine à laquelle personne ne peut
faire face, sauf avec un appui divin. Son action et sa raison l’orientent à fuir vers
Allah et à trouver asile auprès de Lui, tout en persistant dans l’invocation et en
reconnaissant sa propre impuissance et sa faiblesse. Il s’immunise avec l’aide de
la protection divine pour affronter les créatures. Sans aucun doute, Allah
éloignera de lui les maux sans grande difficulté. Et même si les feux du mal
s’attisent autour de lui, ils ne peuvent lui porter atteinte puisqu’il a pris refuge
auprès d’Allah. Celui qui s’attache à Allah, personne ne peut le dominer.

Allah – qu’Il soit glorifié et exalté – dit : « […] Et quiconque craint Allah, Allah
lui ménage une issue favorable [2], et Il lui accorde Ses dons par des
moyens auxquels il ne s’attend pas. Et quiconque place sa confiance en
Allah, Allah lui suffit. [3] » (Sourate 65 Le divorce, versets 2 et 3).

À notre époque, tout le monde a besoin de ce que nous venons d’évoquer. Celui
qui s’évertue à suivre ce chemin aura le succès dans ce bas-monde et dans l’au-
delà. Quant à celui qui s’en écarte, Allah le livrera à lui-même. Il fera face aux
maux des gens par sa propre force et sa propre ruse et est par conséquent
complètement perdant à court comme à long terme. Tout ce dont nous avons
traité à ce sujet est suffisant.

Ensuite, attachez-vous à remercier Allah pour Ses bienfaits, qu’il y ait une cause
ou qu’il n’y en ait pas, et le remerciement se fait par l’obéissance à Allah s’il est
possible de la faire dans sa totalité, sinon ce qui est entaché est meilleur que ce
qui est complètement noir. Le plus bas degré du remerciement est celui adressé
par la langue, et il n’y a pas plus grande paresse que de ne pas être capable de
l’effectuer par ce moyen. De plus, cela doit s’accomplir par le biais des formules
de remerciement les plus complètes.

Le plus haut degré du remerciement par la langue est la récitation de la Fatiha


afin de remercier Allah pour Ses dons. Il faut mettre l’intention, lors de la lecture,
de remercier Allah pour tous les bienfaits que, dans Sa Science, Il nous a
octroyés, que cela soit apparent ou caché, palpable ou abstrait, connu par le
serviteur ou ignoré de lui, immédiat ou à venir, ancien et récent, durable et
passager. Avec cette intention, il récite une à cent fois la Fatiha, selon sa capacité.
Celui qui fait cela, Allah l’inscrit parmi les reconnaissants et sa récompense sera
l’augmentation, proportionnelle à sa station, des bienfaits divins à son égard.
Cela conformément à Sa promesse véridique.

Il y a beaucoup de formules intégrales pour le remerciement, sur lesquelles on


ne s’attardera pas. Parmi elles, cette parole prophétique qui dit : « Je ne peux
pas Te rendre hommage. Toi seul est capable de faire Tes propres louanges.
»

Ainsi que cette invocation : « Ô mon Dieu ! A Toi la louange et à Toi le


remerciement, autant que l’ensemble de Ta science peut cerner de Tes
Attributs et de Tes Noms et de Tes louanges par lesquelles Tu T’es loué Toi-
même par Ta propre parole, et par lesquelles T’ont loué chacune de Tes
créatures, avec toutes les expressions de louange par lesquelles Tu T’es
évoqué Toi-même et par lesquelles T’ont évoqué l’ensemble de Tes
créatures et à la dimension de ce que cerne Ta science et pour tous les
bienfaits à mon égard que Ta science englobe ».

Ceci est une louange qui englobe toutes les formes de remerciement et qui
s’étend à l’ensemble des bienfaits. Je mets en garde toute personne à qui Allah
accorde un bienfait d’en faire usage dans ce qu’Il n’agrée pas, tels l’achat de vin
et le fait de succomber à la fornication, de l’utiliser pour l’usure ou pour
accaparer le pouvoir et la puissance en vue de nuire aux musulmans, versant leur
sang, confisquant leur bien, et portant atteinte à leur honneur ou même leur
causant le moindre préjudice.

Celui qui agira de la sorte avec Ses bienfaits, il mérite qu’Allah l’en prive et risque
alors Sa colère et Son abomination. S’il fait ces choses, ou quelques-unes parmi
elles, avec ce qu’Allah lui a octroyé comme bienfaits, sans qu’Allah le dépouille,
qu’il sache alors qu’il fait partie de ceux sur qui s’abattra le courroux d’Allah et
Son mécontentement dans ce bas-monde et dans l’au-delà. Quant au
bienheureux, s’il tombe dans cela, il craint alors l’imminence du châtiment et son
cœur est mis en garde vis-à-vis d’Allah ; il se rend compte que la privation d’Allah
est une punition pour ses agissements…

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