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Bérangère OSSART
Année 2009/2010
REGION DES PAYS DE LA LOIRE
RESUME
Mots clefs :
- Prévention
- Education
- Implication
- Suivi
SOMMAIRE
1 INTRODUCTION ..................................................................................................... 1
12 DISCUSSION ...................................................................................................... 21
13 CONCLUSION .................................................................................................... 23
1 INTRODUCTION
Aujourd’hui, de 3% à 24% des femmes dans la période de post partum déclarent une
incontinence urinaire [1]. Néanmoins certaines femmes ne présentent pas d’incontinence
urinaire mais montre cependant de multiples facteurs de risque. Une rééducation leur est
parfois proposée ; est-il intéressant de la faire ?
C’est le cas de Mme J., jeune maman primipare de 27 ans, qui se présente en
rééducation périnéale sans jamais avoir été gênée par l’apparition de fuites et ne montrant par
son ressenti aucun signe de prolapsus (pas de sensation de pesanteur). Pour une femme
souffrant d’une incontinence urinaire après l’accouchement, l’intérêt de la rééducation est
évident. Chez cette patiente, nous montrerons quel est l’intérêt de la rééducation périnéale en
post partum chez une patiente ne présentant aucun symptôme urinaire, ni gêne de la sphère
génitale.
1
essentielle pour le rééducateur, c’est par son intermédiaire que l’on développe les qualités
musculaires du plancher pelvien [4].
- Les ischio-coccygiens.
Plan moyen :
Fig. 1
L’accouchement par voies naturelles altère à la fois la qualité du support urétral et les
capacités contractiles des muscles du plancher pelvien, autant de mécanismes potentiellement
inducteurs de l’incontinence urinaire d’effort et/ou du prolapsus.
2
3 COMMENT S’EXPLIQUE L’INCONTINENCE URINAIRE D’EFFORT ?
L’incontinence urinaire résulte d’une rupture d’équilibre entre les forces d’expulsion
(muscle vésical, pressions abdominales transmises à la vessie lors d’un effort) et les forces de
retenue (plicature urétro-vésicale, appareil sphinctérien, trophicité de la muqueuse urétrale,
mise en tension par la musculature périvésicale des hamacs sous-vésicaux et sous-urétraux sur
lesquels l’urètre s’écrase à l’effort) [6]. Trois types d’incontinence existent, l’incontinence
urinaire d’effort, celle par urgenturie et la mixte.
Dans le cas de Mme J., seule la prévention de l’incontinence urinaire d’effort nous
intéresse ; de ce fait, nous n’aborderons que celle-ci.
L’incontinence urinaire d’effort se définit par toute fuite involontaire d’urine lors d’un
effort physique, lors de la toux et d’éternuements [7]. La théorie d’Enhörning et celle de De
Lancey nous en font l’explication.
Selon Enhörning (fig.2), lors d’un effort, la contraction des muscles du plancher
pelvien assure le maintien de la vessie et de l’urètre au sein du caisson manométrique
abdominal. Cette contraction permet ainsi une transmission équilibrée des pressions
abdominales (A). Néanmoins lorsqu’une atteinte des éléments suspensifs et de soutènement
est présente l’urètre proximal et le col vésical ne sont plus maintenus dans l’enceinte
manométrique se qui provoque un déséquilibre dans la transmission des pressions
abdominales. Dans ce cas, seule la vessie subit les pressions ce qui provoque la fuite urinaire
d’effort (B) [8].
Fig. 2
3
Selon De Lancey [9] la vessie et l’urètre sont maintenus à leur partie postérieure par un hamac
muscolo-aponévrotique sur lequel s’amarrent les muscles releveurs de l’anus (fig.3).
Le prolapsus est une hernie à travers la paroi vaginale qui s’extériorise par le hiatus
uro-génital, point faible de l’anatomie pelvi-périnéale. Il est la cause d’un désordre de la
statique pelvienne. Pour comprendre lors du bilan, quels sont les éléments déficitaires
amenant ce prolapsus, il est important de rappeler ce qui assure un bon maintien des organes.
Au sein de l’organisme trois systèmes participent à cet équilibre, ce sont les suivants:
4
Chaque releveur droit et gauche envoie des expansions qui cravatent l’urètre proximal,
celles-ci forment le hamac sous vésical (fig. 4). La tension de celui-ci, permise par la
contraction du levator ani, est indispensable au bon maintien et soutien de la vessie, du col
vésical et de l’urètre.
Fig. 4
5
naissance d’un bébé dépassant les 3.700 kilos, la présence chez l’enfant d’un périmètre
crâniens supérieur à 35 centimètres, la parité, l’utilisation de matériel tel que les forceps ou la
ventouse augmentent également la prévalence [11]. De plus, la littérature résume que tout ce
qui entraîne une augmentation de pression abdominale comme l’activité sportive, les
professions obligeant le port de charge et la station debout, l’obésité, la toux chronique et la
constipation sont aussi prédictifs [12].
Le bilan initial de prise en charge en gynécologie s’effectue lors des deux premières
séances. Nous réalisons ainsi, selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé
(HAS) [13], un interrogatoire détaillé lors de la première séance, suivi d’explications sur
l’intérêt de la rééducation et les pratiques utilisées, afin d’obtenir le consentement délibéré de
la patiente. Ce premier rendez-vous se poursuit par un examen clinique lors du second rendez-
vous. L’accomplissement du bilan de début de prise en charge en deux temps est primordial
afin de mettre en confiance la patiente et de la rassurer par rapport à une rééducation
particulière touchant son intimité. Cette première étape nous permet ainsi de définir avec
précision un diagnostic kinésithérapique élaboré à partir des déficits, limitations d’activité et
restrictions de participation (CIF) [14] trouvés chez la patiente. Ce diagnostic aboutit à la mise
en place par le kinésithérapeute d’objectifs et de moyens adaptés au profil de la patiente mais
permet également d’évaluer l’évolution des résultats et juger de l’efficacité du traitement.
6.1 L’interrogatoire
L’interrogatoire est constitué d’une série de questions posées à la patiente sur son
mode de vie, ses antécédents, ses habitudes mictionnelles, ses éventuels troubles urinaires et
sa qualité de vie. Nous lui expliquons ainsi, le contenu de chaque question posée, afin qu’elle
comprenne l’intérêt de cet entretien. Cette phase de la prise en charge est primordiale pour la
construction du bilan initial. Elle l’est aussi dans le but de créer un climat de confiance et
d’obtenir le consentement de la patiente vis-à-vis de la rééducation.
6
D., qui devra s’appliquer sur 10 séances. Cet hôpital ne lui est pas inconnu puisqu’elle s’y est
rendu pendant sa grossesse afin d’assister aux cours de préparation à l’accouchement, à
l’information sur l’incontinence ainsi que pour y accoucher. Cette jeune maman primipare de
27 ans épanouie, souriante et dynamique débute l’interrogatoire dix semaines après son
accouchement dont la date précise est le 22 novembre 2009. Désirant d’autres enfants, elle
souhaite venir en rééducation pour ainsi garder un bon périnée. Durant l’entretien, nous
apprenons qu’actuellement Mme J. se consacre entièrement à son bébé et que, par conséquent,
elle n’a pas encore repris son métier de vendeuse dans le prêt-à-porter (la reprise est prévue
début mars). Elle nous explique néanmoins, que durant ses journées de travail, elle est
continuellement debout et qu’occasionnellement elle déplace quelques cartons de vêtements
qui lui sont livrés. Elle nous informe également qu’elle vit avec son mari et son enfant dans
une maison possédant un étage, en Vendée et que la pratique d’un sport n’est pas dans ses
habitudes.
La fréquence des selles et des mictions est normale chez cette femme puisqu’elle est
égale à une fois par jour pour les selles et quatre à cinq fois pas jour pour les mictions. La
quantité hydrique journalière est également respectée car Mme J. boit un à un litre et demi
d’eau tous les jours. Elle ne ressent aucune difficulté à retenir ses selles, n’a pas d’urgenturie
ni de fuites urinaires ou anales pour le moment. Le fait de n’avoir aucun signe de pollakiurie
ni d’urgenturie (désir soudain, impérieux et fréquemment irrépressible d’uriner [7]) nous
montre qu’aucune instabilité vésicale n’est présente.
7
6.1.4 Gène ressentie
Mme J. nous dit avoir eu, en post-partum immédiat, une sensation de pesanteur au
niveau du plancher pelvien qu’elle ne ressent plus actuellement.
-Examen locorégional
-Examen neurologique
-Examen musculaire
8
6.2.1 Examen locorégional
Cet examen est basé essentiellement sur l’observation. Nous réalisons ainsi un examen
morphostatique, cutané, trophique et circulatoire vulvaire et vaginal. Nous regardons l’état
des muqueuses, de la peau, la présence de prolapsus et de probables écoulements.
Sur le plan morphostatique, en position debout, nous ne retrouvons aucun trouble (pas
d’antéversion du bassin).
Sur le plan cutané, nous constatons chez Mme J. la présence d’une cicatrice médiane
légèrement indurée affichant quelques brides, résultant de sa déchirure et de son épisiotomie
lors de son accouchement.
Sur le plan trophique et circulatoire, la patiente montre une bonne trophicité vulvaire
c'est-à-dire une vulve rose, non asséchée ainsi qu’une bonne trophicité du sphincter anale
présentant aucune absence de plis radiés. Nous mesurons une distance ano-vulvaire de deux
centimètres.
Nous notons également une légère béance vulvaire. Nous demandons alors à la
patiente d’exercer une poussée et nous constatons l’existence d’une urétrocèle. L’effet des
releveurs de l’anus sur ce prolapsus est modéré. Cela signifie que les releveurs assurent une
tension du hamac sous vésical, mais que cette tension n’est pas maximale et qu’elle peut être
améliorée.
Nous faisons ici le test du piquer-toucher à la patiente dans les divers territoires
vulvaires afin de vérifier si l’extéroception est bonne. Nous recherchons, par le biais de ce
test, l’existence d’éventuelles atteintes neurologiques périphériques sensitives déclenchées par
l’accouchement. Pour la réalisation de celui-ci, nous demandons à Mme J. de fermer les yeux
et de nous dire si elle a la sensation que nous la piquons ou que nous la touchons. La patiente
répond correctement à chaque stimulation, ce qui signifie qu’il n’y a pas d’atteinte
neurologique sensitive.
9
6.2.3 L’examen musculaire
Nous cherchons en premier lieu s’il existe une atteinte motrice périphérique découlant
de son accouchement. Ainsi nous vérifions si les différents réflexes sont présents :
Nous ne décelons aucune atteinte motrice périphérique puisque tous ces réflexes sont
validés. Ensuite, nous testons la force musculaire des muscles releveurs de l’anus, la tenue et
la fatigabilité de ceux-ci en nous basant sur les cotations du testing de Mansoor (tableau I)
recommandé par la HAS [13].
Tableau I : Cotation du testing des muscles releveurs de l’anus, d’après Mansoor, 1993
(27).
Les muscles releveurs de l’anus, bilatéraux et profonds sont les seuls concernés par la
rééducation périnéale. Pour apprécier la cotation de ceux-ci d’après le testing, le
kinésithérapeute place son index dans le vagin de la patiente selon l’orientation de celui-ci,
c'est-à-dire (en position gynécologique) oblique vers le bas et l’arrière. Une fois à l’intérieur
du vagin le doigt est mis en crochet afin de pouvoir parfaitement être en contact avec les
muscles. Par cette technique chaque côté peut être testé individuellement.
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Le périnée souvent mal connu par les patientes est de ce fait difficile à contracter.
Ainsi, pour que Mme J. puisse correctement le solliciter, nous lui conseillons de faire comme
si elle se retenait d’uriner. La patiente réussie avec cette comparaison à contracter son
plancher pelvien sans inversion de commande mais avec de légères syncinésies abdominales.
Une cotation de 3 à droite et de 3- à gauche.
7 DIAGNOSTIC KINESITHERAPIQUE
La grossesse de Mme J. a provoqué des déficits de structure des ligaments, des fascias,
du levator ani distendus. L’accouchement par voie basse d’un gros bébé (obligeant une
épisiotomie après déchirure) aggrave le déficit de structure des muscles périnéaux entrainant
ainsi un déficit de fonction musculaire du levator ani (3 à droite et 3- à gauche). Ce déficit
musculaire additionné aux déficits de structure, donne lieu à une limitation d’activité puisque
le maintien de l’équilibre de la statique pelvienne n’est plus assuré (cf. 4.). La présence d’une
urétrocèle est alors retrouvée.
De plus, la patiente pratique un métier qui l’oblige à se tenir debout toute la journée et
occasionnellement à porter des charges. Elle désire d’autres enfants et présente un périnée
déficitaire faisant suite à une expérience obstétricale difficile. Tous ces éléments montrent que
la patiente est à risque d’incontinence urinaire d’effort, même si actuellement elle n’en
présente pas.
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12
8 OBJECTIFS DE REEDUCATION
- Suivre la patiente afin de savoir si aucun trouble urinaire n’est apparu depuis la fin de
la rééducation.
- S’assurer d’un maintien dans le temps des résultats obtenus suite à la rééducation.
9 PRINCIPES DE REEDUCATION
13
- Assurer une rééducation infra-douloureuse chez une patiente qui appréhende.
- Permettre une rééducation adaptée et progressive.
- S’adapter à l’état de fatigue de la patiente.
• Explications anatomiques
L’éducation commence par une information visuelle et orale fondée sur des
explications simples de ce qu’est le périnée. Ainsi, pour faciliter toute compréhension,
l’exposé s’appuie sur un dessin réalisé devant la patiente reprenant l’anatomie (fig. 6).
Nous commençons par énoncer à Mme J. la définition du périnée (cf. 2). Nous
n’entrons pas dans le détail musculaire mais précisons l’existence de 3 plans anatomiques
agissant dans la continence et le maintien des viscères. Lors de la réalisation de ce dessin,
nous insistons sur les releveurs de l’anus en précisant à Mme J. que c’est à cette musculature
que le kinésithérapeute s’intéressera lors de la rééducation pour développer les qualités
musculaires du périnée. Cette information nous permet ainsi plus facilement de justifier lors
des séances l’application de techniques invasives (biofeedback et touché vaginal). En effet,
par la visualisation sur le dessin de l’emplacement de ces muscles, la patiente comprend que
le seul moyen d’y accéder est de passer par le vagin.
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Fig. 6
Dans un premier temps nous abordons le thème de l’incontinence urinaire d’effort (cf.
3) avec la patiente. Nous lui expliquons simplement et de façon imagée que l’incontinence
urinaire se produit quand le périnée n’est pas assez fort pour résister à des augmentations de
pression à l’intérieur du ventre. Et que ces augmentations de pression interviennent lors des
efforts, des éternuements ou de la toux.
Notre exposé se poursuit alors par une prise de conscience concrète des répercutions
de son accouchement sur les muscles du plancher pelvien. Nous nous servons pour cela de
notre dessin précédent. Sur ce schéma, nous dessinons d’une couleur différente la taille du
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vagin lors du passage du bébé (fig. 7). Mme J. se rend compte alors de l’importante distension
périnéale causée par son accouchement. Pour imager, le rééducateur compare alors les lésions
musculaires liées à l’accouchement par voie basse à un claquage, occasionnant la diminution
de force musculaire périnéale. Par ces quelques mots et avec la réalisation du dessin, elle
s’aperçoit alors que même si elle n’a aucune fuite pour l’instant, le fait de présenter une
faiblesse musculaire montre qu’elle peut déclarer une incontinence urinaire
d’effort.
Fig. 7
De plus, nous lui expliquons que même si elle ne le ressent pas, elle présente une
urétrocèle, signifiant que son périnée n’est pas assez puissant pour assurer le maintien des
organes. Pour qu’elle prenne conscience de sa béance vulvaire, une photo (de sa propre
béance vulvaire) lui est montrée. Nous insistons sur le fait que sans rééducation, lorsqu’elle
reprendra son travail, la position debout prolongée risque d’aggraver l’affaiblissement
musculaire par la pression continue des viscères sur ses muscles périnéaux. Cet
affaiblissement risque d’aggraver son prolapsus et probablement faire apparaitre des fuites, ce
qui risque d’altérer sa qualité de vie.
Nous faisons prendre conscience à Mme J. que, pour obtenir de bons résultats lors de
cette rééducation, les exercices faits pendant la séance ne représentent que 50% du travail. Un
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investissement personnel est nécessaire. Nous lui expliquons que, sans ce travail intensif au
quotidien, aucune amélioration ne sera permise. Suite aux explications données, Mme J. est
motivée et adhère complètement à la rééducation.
Nous informons Mme J. que tous les muscles du périnée ont une innervation
commune. Par conséquent, la contraction du sphincter urétral comme celle du sphincter anal
aboutit à la contraction du plancher pelvien. Nous précisons alors que, pour réaliser cette
contraction, il lui suffit seulement de reproduire ce qu’elle fait depuis toute petite pour se
retenir d’uriner ou d’aller à la selle.
Cette représentation passe d’abord par le toucher vaginal. La patiente est placée dans
une position facilitant la contraction. La têtière est relevée à 45° pour détendre les
abdominaux. Les genoux sont posés sur des repose-genoux afin de détendre totalement les
membres inférieurs (fig. 8).
Fig. 8
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Dans cette position, le thérapeute pratique le toucher vaginal en mono digital pour
cibler les différents muscles et faisceaux. Nous exerçons d’abord sur chaque pubo-coccygien
des pressions/dépressions digitales plus ou moins fortes pour faire prendre conscience de
l’emplacement des muscles à contracter. Nous faisons constater à la patiente que ce geste ne
génère pas de douleur et qu’elle ne doit pas appréhender le rapport sexuel. Dans un même
temps nous lui conseillons l’utilisation d’un lubrifiant.
Nous lui montrons ensuite par un toucher externe l’emplacement du noyau fibreux
central et lui rappelons que cette partie doit s’élever lors de la contraction. Puis le doigt du
kinésithérapeute se place ensuite sur celui-ci demandant à la patiente de le faire monter. Au
départ, pour que Mme J. ressente la contraction, les pressions doivent être appuyées sur le
noyau fibreux, puis une dépression est permise pour que la patiente réalise la montée du doigt.
Les contractions demandées à la patiente sont sous maximales ce qui permet de diminuer les
contractions parasites. Lors de cette prise de conscience, nous travaillons sur l’abolition des
contractions abdominales et sur la régularité de celles-ci.
Nous introduisons une sonde dans le vagin de Mme J.. Celle-ci est munie à sa surface
de capteurs de pressions qui enregistrent la contraction et la transposent sous forme de tracé
visualisé sur ordinateur. Ce tracé varie en fonction de l’intensité et de la régularité de la
contraction.
Des séries de contractions sous maximales, maintenues 5 secondes sont faites par
Mme J.. Elle perçoit alors que, lors des contractions, le tracé oscille, signifiant que ses
contractions ne sont pas régulières. Par essai/erreur après quelques séances, la patiente réussit
à maintenir une contraction constante.
10.2 Travail musculaire périnéal [3], [10], [13], [20], [21], [22]
• Manuel
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stimuli, un stimulus verbal et un stimulus sensitif. C'est-à-dire que la patiente réalise la
contraction lorsqu’elle sent la pression exercée par le kinésithérapeute (stimulus sensitif) ou
lorsque nous lui demandons (stimulus verbal). Chez madame J. le recrutement des fibres de
type 1 comme celle de type 2 est nécessaire.
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• Biofeedback manométrique
Lors des contractions, nous constatons que la patiente respire normalement. Nous
l’encourageons à continuer et lui disons que c’est ce qu’il faut faire.
Au début des séances, nous laissons la patiente se concentrer sur son travail. Puis, en
progression et afin d’automatiser les contractions, nous discutons avec elle pour qu’elle
parvienne à réaliser plusieurs choses à la fois.
• Personnel
Au début, nous conseillons de réaliser les séries en position assise ou allongée puis
dans toutes les positions et activités de la vie quotidienne.
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En plus du travail de fond, nous demandons à Mme J. de réaliser le verrouillage
périnéal avant chaque effort important (toux, éternuement, port de charge).
A chaque séance de rééducation, nous interrogeons Mme J. sur les séries d’exercices
qu’elle réalise tous les jours. Nous cherchons à connaitre la fréquence, le nombre, la durée des
contractions et les positions prises. Ainsi, nous pouvons nous assurer du travail exécuté par la
patiente et l’orienter sur la progression à effectuer. Elle accomplit toujours avec sérieux les
exercices demandés.
Après dix séances de rééducation, nous notons une amélioration de la force musculaire
des muscles releveurs de l’anus. Ceux-ci sont cotés à 4 à droite et à 3+ à gauche alors
qu’initialement leur cotation était de 3 à droite et 3- à gauche. L’effet des releveurs de l’anus
sur le prolapsus n’est plus modéré mais important, c'est-à-dire que la contraction maximale de
ceux-ci permet une bonne remontée du prolapsus. La béance vulvaire et l’urétrocèle sont
inchangés. L’appréhension de la douleur étant levée, la patiente a pu reprendre des relations
sexuelles. Aucune fuite urinaire, ni sensation de pesanteur ne sont retrouvées.
12 DISCUSSION
L’intérêt d’une rééducation peut être mis en question pour ce type de patiente ne
présentant ni fuite urinaire, ni symptôme de prolapsus. Cependant la mise en évidence de
nombreux facteurs de risque de l’incontinence urinaire d’effort, (station debout prolongée,
faiblesse périnéale, accouchement par voie basse, utilisation de ventouse, bébé de 3,870 kg,
désir d’un autre enfant), associés à la présence d’une urétrocèle chez Mme J. (révélé par
l’examen clinique) montre l’importance de cette rééducation dans la prévention de
l’incontinence et de l’aggravation de la statique pelvienne.
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Néanmoins, ce gain de force n’a pas diminué la béance vulvaire, ni l’urétrocèle. En effet, si
ces troubles de la statique sont encore présents, c’est que fascias et ligaments distendus sont
des éléments sur lesquels la rééducation ne peut agir. Cependant, nous pouvons penser que la
cotation 4 obtenue, permettant d’après le testing de résister à une opposition modérée, semble
être suffisante pour maintenir l’urètre et limiter toute aggravation des altérations
ligamentaires. Ainsi, l’intérêt de cette amélioration musculaire est d’assurer un traitement
conservateur du prolapsus, visant à long terme à éviter une chirurgie réparatrice. Cette
prévention ne prend sens que si la pérennité des résultats est assurée, ce qui est réalisable
seulement si la patiente adhère totalement au projet rééducatif et continue seule le travail
musculaire personnel.
Les techniques d’éducation et les explications utilisées semblent être ici le point fort
de la rééducation. Celles-ci ont permis à la patiente de comprendre les complications qu’elle
pourrait rencontrer. Ce sont ces informations données par le professionnel qui permettent à la
patiente de s’investir pleinement dans sa rééducation. C’est ainsi, grâce à l’assiduité et au
sérieux de Mme J., réalisant les exercices quotidiens, que la récupération de la force
musculaire est permise.
Néanmoins, tout ce qui est acquis n’a d’intérêt que si la patiente continue sa
rééducation régulièrement. C’est pour cette raison que des rendez-vous de contrôle à long
terme sont mis en place afin de s’assurer du maintien de ses efforts. Si le kinésithérapeute
constate une baisse de ceux-ci, il travaillera sur le psychisme de la patiente en utilisant des
arguments pertinents, de nouvelles stratégies visant une fois de plus à stimuler celle-ci.
22
13 CONCLUSION
Dans cette prise en charge l’examen clinique et l’interrogatoire ont permis de déceler
les facteurs de risque d’incontinence urinaire et de mettre en évidence une urétrocèle chez une
patiente asymptomatique. Ainsi, grâce à ces examens, nous en avons conclu la nécessité de
cette rééducation, basant celle-ci sur la prévention des aggravations de l’urétrocèle et des
fuites urinaires d’effort, qui ne trouvent leur intérêt seulement si un contrôle à long terme est
réalisé.
Cette prise en charge suppose que ce n’est pas parce qu’une femme ne présente aucune
sensation de pesanteur, ni aucune fuite urinaire, qu’elle ne présente pas d’anomalies cliniques.
Cela montre l’importance d’un bilan permettant de détecter prolapsus et risque d’incontinence
urinaire, nécessitant la mise en place d’une éventuelle rééducation.
23
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