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EMC Devoir 1

Document 1

, le 2 décembre 2017

Sur l’esclavage moderne, « La prise de conscience est faible et dérisoire »


Propos recueillis par Jeanne Cavelier

A l’occasion de la Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage, samedi 2 décembre, l’anthropologue et économiste
franco-sénégalais Tidiane N’Diaye revient sur ce phénomène. Africain, musulman, il a dénoncé en 2008 treize siècles de traite
arabo-musulmane sur le continent noir dans son essai Le Génocide voilé (Gallimard), réédité en poche en mars 2017.

Le Monde : Comment définissez-vous l’esclavage moderne ?

Tidiane N’Diaye : C’est le contraire du travail décent. On estime le nombre de victimes à environ 46 millions d’individus.
L’esclavage moderne s’étend du travail forcé aux mariages forcés : c’est le droit abusif que des hommes se sont octroyé, pour
user, disposer, parfois abuser des services d’une personne qui ne peut exprimer librement sa volonté, ni bénéficier de justes
revenus de son travail.

Qui sont les principales victimes ?

Ce sont pour 71 % des femmes, dont une partie est mineure. La plupart sont exploitées sexuellement. Des travailleurs et
travailleuses domestiques, également, se voient confinés entre les quatre murs du domicile où ils sont exploités, sans pouvoir
disposer de leur passeport. Ils ne peuvent rapporter les nombreux abus dont ils sont victimes.

En 2013, une affaire de trafiquants de femmes qui convoient des candidates à l’immigration en Arabie saoudite pour les vendre
comme des esclaves, avait défrayé la chronique au Sénégal. Il semble que ce réseau soit toujours actif. Celles qui réussissent à
s’enfuir n’ont nulle part où se réfugier et se retrouvent dépouillées de tout statut légal.

Est-ce un phénomène en recrudescence ?

C’est le cas en Afrique subsaharienne, où ce fléau touche généralement les enfants. L’esclavage moderne s’accroît
principalement à cause du sida. Nombre de ces enfants exploités sont orphelins, contraints d’assurer un revenu familial à la suite
du décès de l’un de leur parent séropositif. L’ONG Human Rights Watch a pointé le problème et le fait que les gouvernements ne
se mobilisent pas assez pour y mettre un terme.

Quelles sont les formes d’exploitation les plus courantes de ces enfants ?

Par exemple, la moitié du chocolat produit aux Etats-Unis provient de cacao récolté par des mineurs travaillant en Côte d’Ivoire.
Ils sont généralement recrutés dans les pays voisins comme le Mali et le Burkina Faso. Des filles sont souvent embarquées sur
des bateaux à destination du Gabon, où elles travaillent comme domestiques ou sur les marchés. Elles sont forcées de travailler
jour et nuit, se déplaçant sur les marchés pour y vendre des marchandises, assurant la corvée d’eau et les soins à de jeunes
enfants.

Document 2
Contre le vote des femmes
« La moyenne des hommes et des femmes sont également incapables de juger actuellement des choses politiques. Elles
dépassent infiniment leurs capacités d'attention et de compréhension.
... Les femmes étant encore plus livrées que les hommes aux forces émotives seront emportées plus massivement encore par
ces vastes ondes... La masse électorale nouvelle en s'ajoutant à l'ancienne ne fera qu'amplifier les vibrations de l'opinion
régnante ».
1
Romain Rolland, Le nouveau monde, 1925.

Le droit de vote accordé aux femmes

« De même que nous prétendons rendre la France seule et unique maîtresse chez elle, ainsi ferons-nous en sorte que le peuple
français soit seul et unique maître chez lui. En même temps que les Français seront libérés de l'oppression ennemie, toutes leurs
libertés intérieures devront leur être rendues. Une fois l'ennemi chassé du territoire, tous les hommes et toutes les femmes de
chez nous éliront l'Assemblée nationale qui décidera souverainement des destinées du pays ».
Déclaration du général de Gaulle, le 23 juin 1942, Publiée en France dans les journaux clandestins.
« L'Assemblée consultative d'Alger a commencé à débattre de la future organisation des pouvoirs publics en France à la fin de
janvier 1944. La question du vote des femmes a été posée dès ce moment par le délégué communiste Fernand Grenier. Se
référant aux déclarations du Général de Gaulle, Fernand Grenier souhaitait que l'Assemblée consultative affirme que la femme
est électrice et éligible « afin que nous lui manifestions notre solidarité et notre volonté de ne plus la traiter en mineure, en
inférieure ».
Jusqu'au bout, des résistances, réticences et prétextes firent obstacle à la réalisation de ce vœu. Beaucoup de délégués, parmi
lesquels les radicaux, firent valoir la difficulté d'organiser en temps utile l'inscription des femmes sur les listes électorales, le
risque de déséquilibre politique qu'entraînerait un électorat majoritairement féminin, avant le retour des prisonniers et
déportés...
Du fait des tensions entretenues au sein de l'Assemblée consultative provisoire notamment par les radicaux, le projet
d'ordonnance sur l'organisation des pouvoirs publics après la Libération comportait encore le 24 mars 1944 le texte : « les
femmes sont éligibles dans les mêmes conditions que les hommes ». Ce n'est qu'après le vote d'un amendement
vigoureusement défendu par Fernand Grenier qu'y seront substitués les termes : « les femmes seront électrices et éligibles dans
les mêmes conditions que les hommes ». Grenier a pu écrire dans ses Mémoires : C'est de cette séance du 24 mars 1944 que
date en fait le vote des femmes de France »
C'était ainsi, souvenirs, Fernand Grenier, Éditions sociales, 1959, p. 167.
Source : site de L’Assemblée Nationale

Travail à Réaliser

1) Analyse du premier document :


a) Comment Tidiane N’Diaye définit-il l’esclavage ?
b) Pourquoi est-il liberticide ?
c) Quelles sont les conditions liberticides nommées ou évoquées par Tidiane N’Diaye ? (Conditions vues en cours)
b) Quels groupes subissent le plus radicalement la suppression des libertés ?

2) Analyse du second document :

a) Quels arguments présentent les opposants au droit de vote des femmes ? (Vous tiendrez compte de tous les
paragraphes du document 2)

b) Pour quelles raisons le droit de vote féminin est-il inaliénable ? (Vous tiendrez compte des éléments des textes, du
cours et des recherches que vous réaliserez)

3) Travail de recherche :

a) Quel est le premier Etat à avoir accordé le droit de vote aux femmes ?

b) L’Etat français fait-il partie des premiers Etats à avoir accordé le droit de vote aux femmes ? (Vous justifierez votre
réponse)

c) Vous choisirez deux pays pour lesquels vous présenterez les conditions de l’exercice de la liberté de voter ?
(Conditions libératrices ou liberticides, liberté restreinte, universelle, droit ou devoir de vote…)

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